Transcript

DIMANCHE 5 MAI 2013 – 20H

Avishai Cohen with strings

Avishai Cohen, contrebasse et chant

Nitai Hershkovits, piano

Ofri Nehemya, batterie

Cordelia Hagmann, violon

Amit Landau, alto

Noam Haimovitz Weinschel, alto

Yael Shapira, violoncelle

Yoram Lachish, hautbois

Fin du concert (sans entracte) vers 21h30.

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Avishai Cohen with strings

Quinze ans après ses débuts de leader et treize albums au compteur, on a du mal à réaliser

que Avishai Cohen s’est mis à la contrebasse sur le tard. Et pour ce qui est de la voix,

il lui a fallu décanter encore quelques années son approche de la musique avant d’être prêt.

Aujourd’hui, difficile de ne pas entendre l’évidence du chant quand il phrase sur la contrebasse

et l’épure du compositeur lorsqu’il fredonne les miniatures mélodiques que sont

ses chansons.

Avishai Cohen est né à côté de Jérusalem le 20 avril 1970. Une enfance entourée de parents

mélomanes et le piano jusqu’à l’âge de quatorze ans, avant d’être saisi d’une vénération

pour Jaco Pastorius, qui le décida à passer à la basse électrique. « Jaco Pastorius a changé

ma vie ! Dans le concept, c’était un artiste de pop moderne. Et en termes de jazz, c’était

un terrible innovateur. » Mais si on a aujourd’hui l’image d’un contrebassiste israélien très

enraciné dans sa culture, pour comprendre la trajectoire d’Avishai, il faut se souvenir

qu’il a commencé par un amour fou du jazz qui l’a poussé à partir tenter l’aventure

à New York à vingt et un ans. L’un des premiers avec son camarade guitariste Amos

Hoffman à initier là-bas une véritable pépinière de jazzmen israéliens.

« À New York, j’ai beaucoup appris, mais avant tout à devenir un homme », confiait-il

à Jacques Denis en 2009 pour le magazine Jazzman. Alors qu’il fréquente la New School

et le Mannes College of Music, il se lie d’amitié avec Brad Mehldau, le batteur Adam Cruz

ou le guitariste Kurt Rosenwinkel. Toute une génération qui va fréquenter assidument

la scène du Smalls, le club de Manhattan où ils se sentent chez eux. Mais à cette époque-là,

le rêve d’Avishai est de monter un orchestre qui sonnerait comme les Jazz Messengers

d’Art Blakey !

« Le jazz ne peut être réduit à un style daté et précis. Tout simplement parce qu’aujourd’hui

le monde entier est connecté. Nous échangeons et en savons plus sur chacun. En revanche,

le jazz est une manière d’aborder la musique, une façon de jouer ensemble. C’est un angle de

vue, un parfum de la rue, un peu sur le fil, un peu en argot. Pour moi, Zappa ou Paco de Lucía,

ça sonne comme du jazz. Parce qu’ils parlent leur langage, sans se soucier des polices

esthétiques. Le jazz, ce n’est plus seulement Duke Ellington ou Charlie Parker, que j’adore.

Quand ils créaient, eux-mêmes ne se souciaient d’ailleurs guère du qu’en-dira-t-on : il n’était

surtout pas question de singer une formule. Ils se sont juste préoccupés de créer une musique

qui leur ressemblait. C’est ça le jazz : une musique qui n’a cessé de changer et prendre des

formes totalement en phase avec l’époque. Le jazz aide à devenir adulte en musique.

Cela vous ouvre les yeux et les oreilles sur le monde. »

En tout cas, celui qui a ouvert les oreilles sur le tout jeune contrebassiste, en 1995,

c’est le pianiste Danilo Pérez, qui l’intègre dans son trio. Avait-il repéré la touche latine du jeu

d’Avishai ? Celui-ci venait de prendre quelques leçons avec Andy González. « J’ai beaucoup

appris avec la communauté afro-cubaine. Comment se mettre en scène, mais aussi tous

les aspects rythmiques », avouera-t-il. Dans la foulée, tout s’accélère. Chick Corea l’entend

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sur une démo, le teste à Chicago et l’embauche pour monter son groupe Origin. Avec

le batteur Jeff Ballard, ils poursuivront l’expérience au sein du New Trio de Corea.

Entre Origin et le New Trio, une collaboration de cinq ans qui fut une rampe de lancement

pour Avishai. D’abord parce qu’au fil des tournées de Corea sur les cinq continents,

il se révéla éblouissant de maîtrise rythmique, de justesse et d’interaction télépathique

avec ses partenaires. Ensuite parce que Chick lui permit d’enregistrer ses premiers disques

en leader sur son label Stretch.

Le casting du premier album, Adama, en 1998 en dit long : Avishai fait une réponse du berger

à la bergère à Corea qui lui avait emprunté son groupe en intégrant à son tour les musiciens

d’Origin. Pour le piano, il convoque un super casting, Brad Mehldau, Jason Lindner et Danilo

Pérez. Et pour le reste, ses copains de lycée à Jérusalem ou d’université à New York,

le guitariste et oudiste Amos Hoffman, les batteurs Jeff Ballard et Jordy Rossy (les mêmes

choix que Brad Mehldau…) ainsi que l’indispensable touche latine avec les percussions de

Don Alias et la voix de Claudia Acuña. Un premier autoportrait qui sera suivi de trois autres

albums sur Stretch avant qu’Avishai ne lance à son tour son propre label. Ce sera Razdaz

(le surnom que lui a donné sa sœur), sur lequel il enregistrera aussi ses amis.

Cette étape – produire lui-même ses albums – va s’avérer décisive pour Avishai Cohen.

C’est ainsi qu’il va se sentir libre d’explorer une voie résolument singulière. Celle de

compositions de plus en plus épurées et centrées sur son identité culturelle profonde.

Énorme succès : s’assumant « local », Avishai a un impact global. Il faut dire que le garçon

a un charisme naturel sur scène et que le rythme infernal de ses tournées lui a bâti un public

d’inconditionnels qui ont fait décoller un bouche à oreille en expansion continue…

Ses concerts en trio sont un ouragan d’énergie.

En 2003, un tournant. D’abord timidement, sur deux titres de Lyla, puis en club et en concert,

il s’essaie à chanter. Anecdotique ? Tout le contraire. C’est sa nature profonde de compositeur

mélodiste qui prend le dessus. « J’avais déjà chanté. Mais cette fois, le trait est renforcé :

tout ou presque tourne autour de la voix. Cette astreinte mélodique m’a permis de limiter

les effets, d’être plus réservé, d’aller à l’essentiel. La chanson, c’est le sol, la fondation. »

Aujourd’hui, Avishai Cohen choisit d’approfondir cette identité et réalise le rendez-vous

inévitable de tout chanteur avec des cordes. À Mathieu Durand, qui lui demandait pour

le mensuel So Jazz s’il avait encore des rêves à réaliser, Avishai répondait : « Oui, bien sûr !

Les rêves, ça ne finit jamais. Je caresse de plus en plus l’idée d’écrire pour un orchestre

symphonique. C’est un de mes prochains défis ».

Alex Dutilh

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