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Ojai, le 16 Juillet 1949
I
n peut trouver la satisfaction, mais il est bien certain quon ne
peut pas trouver le bonheur (p. 8).
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Source :Krishnamurti et la rvoltee, par Andr Niel, p. 128. 1953. Le Cercle du Livre, Paris. 204 pp.
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Ojai, le 17 Juillet 1949
II
l me semble que nous devrions tre capables dcouter ce qui se dit icisans le rejeter ni laccepter. Nous devrions tre en mesure dcouter detelle sorte que, si quelque chose de nouveau est dit, nous ne le rejetions
pas demble. Cela ne veut pas dire que nous devons accepter tout ce qui
est dit, ce qui serait vraiment absurde, car nous ne ferions alors querenforcer lautorit. Or l o lautorit existe, il ne peut y avoir ni rflexion,ni sentiment ; il est impossible de dcouvrir ce qui est nouveau. Noussommes, pour la plupart, prts accepter ce qui nous est dit avecempressement, sans vritablement le comprendre. Le risque existe doncque nous lacceptions sans rflexion ni enqute, et sans y regarder de prs.Dans cette causerie, il se peut que je dise quelque chose de nouveau, ou que
je prsente les choses de faon diffrente, et que vous ny fassiez pasattention si vous ncoutez pas dans la paix et la tranquillit qui permettent
de comprendre.Je voudrais aborder un sujet qui peut tre assez ardu, celui de laction,
de lactivit et des relations que nous tablissons. Mais auparavant, nousdevons comprendre ce que nous entendons par action et comment nouscomprenons lactivit, car toute notre existence semble reposer sur l'actionou plutt sur lactivit. Je voudrais diffrencier l'activit de laction. Nousparaissons si profondment engags dans le faire ; nous sommes siagits, si consums par le mouvement, tenus de faire quelque chose toutprix, davancer, de rechercher la russite. Quelle est la place de lactivit
dans les relations qui sont les ntres ? Car la vie est faite de relations. Rienne peut exister dans lisolement, et si la relation nest quune activit, ellena gure dimportance. Je ne sais si vous avez remarqu quau momentmme o vous cessez dagir, vous prouvez immdiatement un sentimentdapprhension craintive. Il vous semble que vous ntes pas en vie, pas enveil, de sorte que vous devez continuer dagir. cela sajoute la craintedtre seul, daller vous promener seul, dtre en tte tte avec vous-mme, sans livre, sans radio, sans parler ; la crainte de rester assistranquillement, sans que vos mains, votre esprit ou votre cur saffairent
sans cesse.
Pour comprendre lactivit, nous devons donc srement comprendre cequest la relation, nest-ce pas ? Si nous traitons la relation comme une
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distraction, comme une chappatoire, la relation nest plus quune activit.Nos relations ne sont-elles pas le plus souvent que de simples distractions,ce qui fait que la relation nest autre quune srie dactivits ? Comme je laidit, la relation ne prend son vritable sens que si elle est un moyen de nousrvler nous-mmes, lorsquil sagit de nous rvler dans l'action mmede la relation. Mais pour la plupart, nous ne voulons pas que la relationrvle qui nous sommes. Au contraire, nous faisons de la relation un
moyen de masquer nos propres insuffisances, nos ennuis, nos incertitudes.La relation devient donc simple mouvement, simple activit. Je ne sais si
vous avez remarqu que la relation est trs douloureuse. Tant quelle nestpas une dmarche de rvlation et de dcouverte de soi, la relation nestquun moyen dchapper vous-mme.
Je crois quil est important de comprendre cela, car la question de laconnaissance de soi tient lpanouissement des rapports que lonentretient avec les objets, les gens ou les ides. La relation peut-elle sefonder sur une ide ? Assurment, tout acte qui repose sur une ide nest
que la continuation de cette ide, qui est activit. Laction ne repose pas surune ide. Laction est immdiate, spontane, directe, et ne fait pas appel auprocessus de la pense. Mais lorsque nous fondons laction sur une ide,elle devient activit, et si nous fondons notre relation sur une ide, cetterelation nest assurment plus quune activit, dnue de comprhension.Elle se rduit la mise en application dune formule, dun schma, duneide. Parce que nous voulons que la relation nous apporte quelque chose,la relation de ce type limite, restreint, emprisonne toujours.
Lide est issue dun besoin, dun dsir, de la recherche dun but. Si jesuis en rapport avec vous parce que jai besoin de vous, que ce soitphysiquement ou psychologiquement, ce rapport repose videmment surune ide, puisque jattends quelque chose de vous. Cette relation fonde surune ide ne peut tre un moyen de vous rvler vous-mme. Ce n'estquun lan, une activit, une routine dans laquelle lhabitude sinstalle.Cest pourquoi cette relation est toujours tendue, douloureuse ; elle estlutte et dsaccord, et cause pour nous dinsupportable douleur.
Est-il possible que la relation stablisse en dehors de toute ide,
demande ou possession ? Pouvons-nous tre les uns avec les autres encommunion ce qui est la vritable relation tous les divers niveaux deconscience si notre relation passe par un dsir, un besoin physique oupsychologique ? Peut-il y avoir relation sans ces causes dterminantes quirelvent du dsir ? Comme je lai dit, il sagit dun problme trs difficile. Ilfaut lexplorer trs profondment et trs silencieusement. Il ne sagit pasdaccepter ou de rejeter.
Nous savons ce que sont actuellement nos relations elles sontdiscorde, lutte, douleur ou simple habitude. Si nous sommes capables decomprendre pleinement, compltement, la relation au singulier, peut-treavons-nous la possibilit de comprendre la relation plurielle, cest--dire larelation avec la socit. Si je ne comprends pas la relation singulire, je necomprendrai certainement pas ma relation avec le tout, avec la socit,
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avec la multitude. Si ma relation singulire repose sur un besoin, sur lagratification, il en sera forcment de mme de ma relation avec la socit.Il y aura donc discorde, que le vis--vis soit unique ou multiple. Est-ilpossible de vivre au niveau individuel ou collectif, sans exigence ?Certainement, cest l quest le problme nest-ce pas ? non seulemententre vous et moi, mais entre moi et la socit. Et pour comprendre ceproblme, pour ltudier de trs prs, vous devez aborder la question de la
connaissance de soi, car faute de vous connatre tel que vous tes, de savoirexactement ce qui est , vous ne pouvez videmment pas avoir derapports justes avec les autres. Vous aurez beau faire fuir, prier, lire,aller au cinma, couter la radio. Tant que vous ne vous comprenez pas
vous-mme, vous ne pouvez avoir de relations justes ; do la discorde, lalutte, lantagonisme, la confusion, non seulement en vous, mais en dehorset autour de vous. Aussi longtemps que nous ne nous servons de nosrapports avec autrui que comme moyen de gratification, de fuite ou dedistraction, il ne peut y avoir connaissance de soi. Mais la connaissance de
soi est perue, dcouverte, sa dmarche est rvle par la relation, condition que vous soyez prt examiner la question de la relation et de
vous y impliquer. Aprs tout, vous ne pouvez pas vivre sans rapports avecles autres. Mais nous voulons utiliser ces rapports pour nous sentir bien,pour tre gratifis, pour tre quelque chose. Autrement dit, nous nousservons dune relation qui se fonde sur une ide, ce qui signifie que lesprit
joue un rle important dans la relation. Or lesprit sefforce toujours de seprotger, de rester dans les limites de ce qui est connu, il rduit touterelation au niveau de lhabitude ou de la scurit et la relation nest donc
plus quune activit.
Vous voyez donc que la relation peut, si nous ly autorisons, tre unprocessus de rvlation de soi. Mais puisque nous ne le lui permettons pas,elle nest plus quune activit gratifiante. Tant que lesprit se contentedexploiter la relation pour sa propre scurit, cette relation ne peutquentraner la confusion et lantagonisme. Est-il possible de vivre enrelation sans aucune ide de demande, de dsir, de gratification ?
Vous ne pouvez pas penser lamour. Vous pouvez penser la personneque vous aimez, mais cette pense nest pas lamour, de sorte que la pensese substitue peu peu lamour... Une relation peut-elle reposer sur uneide ? Si cest le cas, il ne sagit pas dune activit complte en elle-mme.Nest-il donc pas invitable quelle saccompagne de discorde, de conflit et
de dtresse ?
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Source :La relation de l'homme au monde, par J. Krishnamurti, pp. 32 -
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N
S
37. 1995. Le Rocher, Paris Trad. V. de Charrire. 230 pp. On Relationship, Gollancz, London, 1992.
ous aimons avec notre intellect, nos curs sont remplis des chosesde l'esprit, mais les fabrications de l'esprit ne peuvent videmmentpas tre de l'amour. On ne peut pas penser l'amour. On peut
penser la personne que l'on aime, mais cette pense n'est pas l'amour, desorte que graduellement la pense prend la place de l'amour. (p. 26)
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Source :De l'amour humain l'amour divin, par Robert Linssen, p. 17. 1953. Derain, Lyon. Prface du Dr R. Godel. Avant-propos de J. Herbert.168 pp.
i vous voulez bien que nous prenions, par exemple, un fait banal quise produit chez la plupart dentre nous : les esprits religieux essayentdimaginer ce quest Dieu, ou essayent de penser ce quest Dieu. Ils
ont lu dinnombrables livres, ils ont lu les dtails sur les expriences desdiffrents saints, de Matres et ils sefforcent de ressentir ou dimaginer cequest lexprience dun autre. En dautres termes, ils sefforcent de serapprocher de linconnu au moyen du connu. Mais peut-on faire cela ?Peut-on penser ce qui nest pas connaissable ? On ne peut penser ququelque chose que lon connat. (p. 28.)
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Source :Krishnamurti Psychologue de l're nouvelle, par Robert Linssen,p. 120. 1971. Le Courrier du Livre, Paris. 191 pp.
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S
Ojai, le 23 Juillet 1949
III
i je vous parle parce que je veux que vous changiez, ou que vousacceptiez ma faon particulire de penser, ou que vous apparteniez mon groupe, vous, en tant quindividus, devenez des non-entits, car
je ne moccupe que de vous transformer selon un certain point de vue [...]
Si vous coutez pour acqurir quelques ides nouvelles, ou une nouvellefaon de considrer la vie, vous serez dus car je ne vous donnerai aucuneide nouvelle. Si vous coutez pour prouver quelque chose que jai vcu,moi, vous ne faites quimiter en esprant capter quelque chose que vouscroyez que je possde. Les choses relles de la vie ne peuvent certes pastre vcues par procuration. [...] Ce que je fais nest pas enseigner, ce que
vous faites nest pas couter, mais nous explorons si possible, ensemble. Jenagis que comme un miroir dans lequel vous vous voyez vous-mme. Vouspouvez ne pas aimer ce miroir, et le rejeter. Mais sil vous arrive vraiment
de le regarder, faites-le clairement sans motion, sans le voile de lasentimentalit.
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Source :Krishnamurti ou L'insoumission de L'esprit, par Zno Bianu, pp.21 - 22. 1996. ditions du Seuil, Paris. 111 pp.
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Ojai, le 24 Juillet 1949
IV
i lon nest pas simple, on ne peut pas tre sensible : aux arbres, aux
oiseaux, aux montagnes, au vent, tout ce qui se passe autour de nous
dans le monde. On ne peut pas tre sensible aux messages intrieurs
des choses (...).tre simple dans le processus total de notre conscience est
extrmement ardu. Il faut que ne demeure aucune rserve intrieure, ilfaut une grande intensit dans lexploration du processus de notre tre, ce
qui veut dire capter chaque message intrieur, entendre chaque suggestion,
tre conscient de nos craintes, de nos espoirs.
LHomme rellement religieux nest donc pas celui qui se revt dune
robe ou dun pagne, ou qui vit dun seul repas par jour, ni celui qui a
prononc dinnombrables voeux afin dtre ceci ou de ntre pas cela, mais
celui qui est intrieurement simple, qui ne devient rien . Un tel tresveille une rceptivit extraordinaire, parce quil ny a pas de barrire, il
n y a pas de peur, il ny a rien en lui qui aille vers quelque chose ; parconsquent, il est capable de recevoir la grce , Dieu, mettez-y le nom
que vous voudrez. (pp. 64 et 62.)
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Source :Krishnamurti Psychologue de l're nouvelle , par Robert Linssen,p. 116 - 117.
1971. Le Courrier du Livre, Paris. 191 pp.
e conformisme peut vous donner lapparence de la simplicit que
possdent tant de personnes religieuses. Elles sexercent diffrentes
disciplines, adhrent des organisations, mditent dune faon
particulire mais, en dpit des rsultats apparents, ces conformismes
nengendrent pas la simplicit. Aucune contrainte daucune sorte ne peutlengendrer. Au contraire, plus vous refoulez, transfrez, sublimez, moins
vous tes simples. (p. 62.)
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Source :Krishnamurti Psychologue de l're nouvelle , par Robert Linssen,p. 116.
1971. Le Courrier du Livre, Paris. 191 pp.
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S
Ojai, le 31 Juillet 1949
VI
a vraie religion nest pas un ensemble de dogmes, de rituels, de
doctrines, de croyances, transmis par les gnrations et inculqu ds
lenfance. Croire en Dieu ou ne pas croire en Dieu na aucun rapport
avec le fait dtre religieux. Croire ne rend pas une personne rellement
religieuse. Celui qui lance une bombe atomique et qui dtruit en quelquesminutes des milliers et des milliers de vies, croit peut-tre en Dieu. Le
croyant ou lincroyant qui mnent une vie abtissante, ne sont pas plus lun
que lautre des personnes religieuses. La croyance et la non croyance nont
rien de commun avec la recherche de la ralit. Cest la perception vcue
de la ralit qui est la vrai religion. Cette perception du Rel nest obtenue
par aucune croyance, par aucune glise, par aucune connaissance venant de
lOrient ou de lOccident. La religion est la capacit de vivre par
exprience directe, ce qui est immesurable, ce qui ne peut tre mis en
mots. (pp. 103 et 104.)
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Source :Krishnamurti Psychologue de l're nouvelle, par Robert Linssen,
p. 115.
1971. Le Courrier du Livre, Paris. 191 pp.
il y a exprimentation dinstant en instant, il y a un perptuel
renouveau qui est cration. Mais cet lan crateur ne peut jamais
avoir lieu si lesprit laborde dans des vasions et sencombre de tout
ce que lon tient pour acquis. Voil pourquoi il nous faut r-examiner
toutes les valeurs que nous avons amasses dont lune des plus importantes
est celle des religions organises. Nous appartenons lune ou lautre de
ces organisations, sectes, ou socits parce quelles nous donnent uncertain sens de scurit. Nous identifier la plus grande des religions ou
la plus petite ou la plus slectionne, nous donne de la satisfaction. (p.
105.)
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Source :Krishnamurti Psychologue de l're nouvelle, par Robert Linssen,
pp. 115 - 116.
1971. Le Courrier du Livre, Paris. 191 pp.
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P
Ojai, le 7 Aot 1949
VIII
our connatre ou faire lexprience de limmortalit, ou pour
exprimenter cet tat, il ne faut pas quil y ait idation. On ne peut
pas penser limmortalit... beaucoup de choses sont impliques l-
dedans. Lesprit doit tre entirement calme, sans mouvement vers
larrire ou lavant, sans plonger ni slever. Cela veut dire que touteidation doit cesser compltement, et cest immensment difficile. Cest
pourquoi nous nous cramponnons des mots comme l'me, l'immortalit,
la continuit, Dieu ils ont tous des effets neurologiques, qui sont des
sensations. Et lesprit se nourrit de celles-ci ; si vous privez lesprit de ces
choses, il se sent perdu. Donc il se cramponne trs fort aux expriences
passes, qui sont maintenant devenues des sensations.
Est-il possible lesprit dtre assez calme pas partiellement, mais
dans sa totalit pour faire lexprience directe de ce quon ne peut pas
penser, de ce qui ne se met pas en mots ? (pp. 273 - 274.)
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Source :tre humain, par J. Krishnamurti, pp. 273 - 274.
2001. Le Courrier du Livre, Paris. Trad. Pascal Hanriot. 363 pp.
To Be Human, Shambhala, 2000.
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L
Ojai, le 14 Aot 1949
X
e qui se prolonge, ce qui continue, ne peut certes, ni renatre, nimme se renouveler. Ce n'est qu'en mourant qu'on se renouvelle. Ilest donc important de mourir chaque minute, de ne pas attendre la
mort par vieillissement, et cela veut dire mourir nos accumulations, nos
identifications, nos expriences moissonnes ; c'est l qu'est la vraiesimplicit, non dans la dure. (p. 181)
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Source :De l'amour humain l'amour divin, par Robert Linssen, p. 17. 1953. Derain, Lyon. Prface du Dr R. Godel. Avant-propos de J. Herbert.48 pp.
'esprit ne peut jamais exprimenter ; il ne peut connatre que dessensations. L'exprience n'a lieu que lorsque l'esprit cesse d'trel'exprimentateur. L'tat d'amour vritable ne se ralise que par la
dissolution du processus du moi . (...) Il nous faut parvenir une fin,ce qui n'implique ni un dsespoir, ni une terreur. Connaissez le
fonctionnement de l'esprit ; voyez ses rouages, et lorsque vous l'aurez vudans son ensemble, il parviendra sa fin, sans que vous ayez eu imposer cette fin. Alors seulement sera possible ce renouveau qui est
ternel. (p. 183)
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Source :De l'amour humain l'amour divin, par Robert Linssen, pp. 7 - 8. 1953. Derain, Lyon. Prface du Dr R. Godel. Avant-propos de J. Herbert.48 pp.
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L esprit ne peut jamais vritablement connatre. Il ne peutexprimenter que des sensations. Lexprience na lieu que lorsquelesprit cesse dtre lexprimentateur. (p. 183)
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Source :Spiritualit de la matire : Essai sur la ralit fondamentale, parRobert Linssen, pp. 117 - 118. 1966. ditions Plante, Paris. 214 pp.
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L
Ojai, le 20 Aot 1949
XI
a vrit na, certes, aucun rapport avec aucun individu (p. 203).
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Source :Krishnamurti et la rvolte, par Andr Niel, p. 44.
1953. Le Cercle du Livre, Paris. 204 pp.
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Ojai, le 21 Aot 1949
XII
e nest seulement que lorsque nous nommons nos sentiments et parconsquent les renforons, que ceux-ci revtent un aspect decontinuit... Ils sont emmagasins dans ce centre de notre esprit o
nous leur donnerons diverses tiquettes pour les renforcer ou pour les
communiquer.Il est trs intressant dobserver le processus de lesprit, de voir quel
point il dpend des mots, combien les mots stimulent la mmoire,ressuscitent les expriences mortes et leur communiquent de la vie.
Dans ce processus, lesprit vit dans lavenir ou dans le pass.
Les mots ont une norme signification, aussi bien nerveusement quepsychologiquement.
Vous pouvez lexprimenter et observer vous-mme quel point vous
nommez rapidement les motions, les sentiments ds leur apparition dansvos actions.
Lobservation de ce processus dans sa totalit libre lesprit de soncentre. Lesprit ralisant alors un tat de quitude, peut recevoir ce qui estternel. (pp. 84, 85, 86)
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Source :Krishnamurti et la pense occidentale, par Robert Linssen, p. 96.
1951. ditions tre Libre , Bruxelles. 180 pp.
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Ojai, le 28 Aot 1949
XIV
l est vrai que les ides sparent, mais elles rassemblent aussi les tres.
N'est-ce pas l l'expression de l'amour qui rend possible la vie en
commun ?
Je me demande, lorsque vous posez une telle question, si vous vous
rendez compte que les ides, les croyances, les opinions, nous sparent ;que les idologies nous dsunissent, que les ides causent invitablementdes cassures. Les ides ne sont pas un facteur d'unisson entre les individus bien qu'on puisse essayer de rassembler des personnes adhrant desidologies divergentes et opposes. Les ides ne peuvent jamaisrassembler, car elles sont toujours susceptibles d'tre contrecarres etdtruites par le conflit. En dfinitive, les ides sont des images, dessensations, des mots. Les mots, les penses, les sensations, peuvent-ilsrassembler les tres ? Ou faut-il pour cela qu'intervienne quelque chose de
tout fait diffrent ? On constate que la haine, la peur et le nationalismesont des facteurs de rassemblement. La peur nous rapproche. Une hainecommune peut rapprocher des personnalits trs opposes, de mme quele nationalisme rassemble les membres de groupes opposs. A l'vidence, ils'agit l d'ides. Et l'amour est-il lui aussi une ide ? L'amour passe-t-ilpar la pense ? On peut penser une personne qu'on aime, ou tel groupede personnes qu'on aime. Mais est-ce cela, l'amour ? Lorsque la penseintervient propos de l'amour, est-ce encore l'amour ? L'amour, est-ce lapense ? Il va pourtant de soi que seul l'amour est capable de nous
rassembler, et non la pense pas plus que tel groupe en opposition avectel autre. L o est l'amour, il n'y a plus ni groupes, ni classes sociales, ninationalits. Il faut donc dcouvrir ce que l'on entend par l' amour .
Les ides, les opinions, les croyances, nous savons ce que cela signifiepour nous mais qu'entendons-nous au juste par l' amour ? Est-ce unelaboration de l'esprit ? C'est effectivement le cas, lorsque le cur estenvahi par des notions manant de la pense. Et il en va ainsi pour laplupart d'entre nous. Nous avons laiss notre cur s'emplir de choses lies la pense, comme les convictions, les sensations, les croyances ; et c'estautour de ces notions, et dans ce contexte que nous vivons et que nousaimons. Mais est-ce cela, l'amour ? L'amour passe-t-il par la pense ?Lorsqu'on aime, la pense intervient-elle ? L'amour et la pense ne sont
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pas en opposition : ne les divisons pas comme tant deux ples opposs.Lorsqu'on aime, existe-t-il une notion de sparation, de rassemblement, dedispersion ou de rejet entre les tres ? Assurment, cet tat d'amour nepeut tre vcu que lorsque le processus de pense a cess ce qui nesignifie pas que l'on doive fatalement sombrer dans le dsquilibre mentalou la folie. Au contraire. Pour dpasser ce seuil, c'est la plus haute forme depense qui doit entrer en jeu.
L'amour ne procde donc pas de l'esprit, de la facult de penser. C'estseulement lorsque l'esprit est tout fait calme, immobile, silencieux,lorsqu'il n'attend plus, ne demande plus, n'exige plus rien, lorsqu'il cessed'tre possessif, jaloux, peureux, anxieux, ce n'est qu'alors que l'amourdevient possible. Quand l'esprit cesse de se projeter, de courir aprs lasatisfaction des sensations, des demandes, des besoins, des peurs secrtesqui lui sont propres, qu'il n'est plus en qute d'accomplissement personnel,ni esclave d'une croyance c'est alors, et alors seulement que l'amourdevient possible. Mais la plupart d'entre nous croyons que l'amour peut
aller de pair avec la jalousie, l'ambition, la recherche de vises et de plaisirspersonnels. Or il va de soi que l'existence de tels penchants exclut l'amour.
Donc, ce qui doit faire l'objet de nos proccupations n'est point l'amour,qui clt spontanment, sans sollicitation particulire, mais plutt tout cequi entrave l'amour, tout ce qui mane de la pense, et en se projetant faitobstacle l'amour. Et c'est pourquoi il est capital avant d'tre mme desavoir ce qu'est l'amour d'apprhender le processus de l'esprit, qui est lesige de l'ego. Et c'est aussi pourquoi il est essentiel d'approfondir
inlassablement la connaissance de soi au lieu de se contenter de dire : Il faut aimer , ou : L'amour rassemble , ou : Les ides sont facteur dedivision ce qui ne reviendrait qu' rpter des choses entendues etserait de ce fait dnu de toute utilit. Les mots nous emprisonnent dansleurs enchevtrements. Mais si nous parvenons comprendre lasignification des mcanismes de notre pense, de nos dsirs, avec leurcortge de qutes et d'ambitions, cette chose qu'est l'amour peut alors nousdevenir accessible ou comprhensible. Mais cela suppose une connaissancede soi hors du commun.
Lorsqu'il y a abngation, oubli de soi non point dlibr maisspontan lorsque l'oubli de soi, le dni de soi ne rsulte pas depratiques, de disciplines qui ne font que nous limiter alors l'amourdevient possible. Ce renoncement soi-mme se fait jour lorsque lemcanisme de l'ego est compris en totalit, consciemment mais aussiinconsciemment, l'tat de veille comme dans le sommeil et le rve. Oncomprend alors tout le mcanisme de l'esprit tel qu'il est l'uvre au seinde chacune de nos relations, au cur de chaque incident, de chaquerponse donne chacun des dfis rencontrs. C'est en comprenant tout
cela, et donc en librant l'esprit de tout ce processus d'auto-correction etd'auto-limitation qu'il s'inflige, que l'amour est rendu possible.
L'amour n'est ni le sentiment, ni le romantisme, ni la dpendanceenvers quoi que ce soit, et un tel tat est extrmement difficile
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apprhender, ou vivre car notre esprit ne cesse d'interfrer, de poserdes limites, d'empiter sur son domaine d'action. Il importe donc decomprendre en priorit l'esprit et ses mcanismes ; faute de quoi nousresterons pigs dans des illusions, dans des mots et des sensations quin'ont que peu d'importance. Pour la plupart d'entre nous, les ides neconstituent qu'un refuge, une chappatoire ; et, naturellement, lorsqu'ellesse muent en croyance, les ides font obstacle la plnitude de la vie, la
plnitude de l'action, la justesse de la pense. Il n'est possible de penserjuste, de vivre librement et intelligemment, que lorsque la connaissance desoi se fait toujours de plus en plus large et de plus en plus profonde. (pp. 51- 55)
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Source :De l'amour et de la solitude, par J. Krishnamurti, Chapitre 5. pp.51 - 55. 1998. ditions Stock, Paris Trad. Colette Joyeux. 252 pp. On Love And Loneliness, Harper San Francisco, San Francisco, 1993.Extrait du compte rendu de la causerie publique donne Ojai, le 28 aot1949, in The Collected Works of J. Krishnamurti, vol. V, The KrishnamurtiFoundation of America, 1991.
l est important avant que nous puissions savoir ce qu'est l'amour, deconnatre le processus de l'esprit, qui est le sige du moi . Voilpourquoi il est important de pntrer de plus en plus profondment
dans la connaissance de soi. Il faut une comprhension extraordinaire desoi-mme et une abngation, un oubli de soi pour qu'il y ait possibilitd'amour. L'abngation ne nat que lorsque tout le processus du moi estcompris, tel qu'il se droule tout le temps, dans nos rapports, au cours dechaque incident. Comprendre ce fonctionnement c'est librer l'esprit des
constructions dont il s'entoure, qui l'enferment en lui-mme, et alors il y aune possibilit d'amour. (p. 246)
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Source :De l'amour humain l'amour divin, par Robert Linssen, p. 18. 1953. Derain, Lyon. Prface du Dr R. Godel. Avant-propos de J. Herbert.168 pp.
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7/29/2019 Confrences d'Ojai, 1949, par J. Krishnamurti
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Ne sommes-nous pas en perptuelle qute de bonheur ?Pour pouvoir rpondre cette question, et en saisir pleinement lesens et la porte, ne faudrait-il pas au pralable apprhender cette ide dequte ? Pourquoi sommes-nous en qute de bonheur ? Pourquoi cetteincessante course au bonheur, la joie, au vouloir tre ? Pourquoi cetterecherche, pourquoi cet norme dploiement defforts pour le trouver ? Si
nous parvenons comprendre cette qute, en sonder les raisons, peut-tre saurons-nous ce quest le bonheur, sans avoir le chercher.
Car, en dfinitive, le bonheur est un sous-produit, un effet driv,dimportance secondaire, et non une fin en soi : sil est une fin en soi, il napas de sens. tre heureux, quest-ce que cela signifie ? Boire un verre rendcertains hommes heureux. Certains se rjouissent de lcher une bombe surune multitude dautres : ils disent quils sont heureux ou que Dieu est deleur ct. Des sensations fugaces, voues disparatre, donnent cetteimpression dtre heureux.
Le bonheur est assurment li autre chose dessentiel. Car le bonheur,comme la vertu, nest pas une fin en soi. La vertu nest pas une fin en soi :elle donne la libert, et cette libert est loccasion dune dcouverte. La
vertu est donc une chose essentielle. Alors que lindividu dnu de vertu estun tre qui subit, en proie au dsordre, lagitation fbrile, la confusion,un tre dsorient. Mais considrer la vertu ou le bonheur comme une finen soi na gure de sens. Le bonheur, donc, nest pas une fin en soi. Cestun effet secondaire, un -ct, un plus qui se manifestera, pour peu quelon comprenne quelque chose dautre. Ce qui compte, ce nest pas lasimple qute du bonheur, mais la comprhension de cette autre chose.
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Source :Face soi-mme , p. 185 - 186. 2011. Presses du chtelet, Paris. Trad. Colette Joyeux. 303 pp. Reflexions On TheSelf, 1997..