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Cette part de rêve que chacun porte
en soi
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Introduction Pour bien comprendre la thématique, il est essentiel de bien cerner la définition du mot « rêve ».
Ce terme nous semble familier : nous l’utilisons quotidiennement, sans même nous en apercevoir…
Les expressions « fais de beaux rêves » ; « je veux réaliser mon rêve », prouvent que le rêve construit notre identité, nos actions, ce que nous sommes et devenons.
Le définir semble donc chose aisée. Mais, il faut déjà distinguer le rêve « nocturne » du rêve « diurne ».
a. Définitions
D’après le dictionnaire « le nouveau Petit Robert » (2007)
Nom commun, masculin, apparu en 1674, rare avant le XIXème
siècle. On distingue 3 sens principaux :
« suite de phénomènes psychiques se produisant pendant le sommeil »
Activité psychique pendant le sommeil, le rêve est à la fois vu comme échappant à la volonté et
comme associé à quelque chose d’agréable (contrairement au cauchemar) ;
« construction de l’imagination à l’état de veille »
Le rêve est alors une échappatoire face à la dure réalité : il devient illusion ou projet, chimère ou force
créatrice, selon les points de vue ;
(familier) chose très jolie, charmante
Le rêve représente alors l’idéal en la matière.
D’après le Littré (1873-1877)
(rè-v') s. m.
Combinaison involontaire d'images ou d'idées souvent confuses, parfois très nettes et très suivies, qui se présentent à l'esprit pendant le sommeil. Non-seulement ils [les rossignols] dorment, mais ils
rêvent, et d'un rêve de rossignol, car on les entend gazouiller à demi-voix et chanter tout bas,
[Buffon, Ois. t. IX, p. 151] Je demande que chacun réfléchisse sur les rêves, et tâche de reconnaître
pourquoi les parties en sont si mal liées, et les événements si bizarres ; il m'a paru que c'était
principalement parce qu'ils ne roulent que sur des sensations et point du tout sur des idées, [Buffon,
Disc. nat. animaux, Oeuv. t. V p. 325] Si les organes seuls produisent les rêves de la nuit, pourquoi ne
produiraient-ils pas seuls les idées du jour ? [Voltaire, Dict. phil. Somnambules.] C'est un état bien
singulier que celui du rêve, aucun philosophe que je connaisse n'a encore assigné la vraie différence
de la veille et du rêve, [Diderot, Salon de 1767, Oeuv. t. XIV, p. 253, dans POUGENS] Elle croit aux
songes ; quand elle a fait un mauvais rêve, la voilà de mauvaise humeur pour toute la journée,
[Genlis, Théât. d'éduc. la Tendresse matern. sc. 1] Ainsi de nos pensers nos rêves sont l'écho,
[Delille, Imag. 1] Le rêve du méchant est son premier supplice, [Delille, ib.] Là jamais ne s'élève
Bruit qui fasse penser ; Jusqu'à ce qu'il s'achève, On peut mener son rêve Et le recommencer,
[Lamartine, Harm. III, 10]
Sens figuré et familier
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Il a fait un beau rêve, se dit d'un homme qui a joui d'un bonheur très court, qui s'est bercé d'un espoir
trompeur.
Il se dit aussi d'un succès, d'un bonheur que rien ne pouvait faire attendre. Être d'un siècle entier la pensée et la vie, Émousser le poignard, décourager l'envie, Ébranler, raffermir l'univers incertain,
Aux sinistres clartés de la foudre qui gronde, Vingt fois contre les dieux jouer le sort du monde, Quel
rêve !... et ce fut ton destin, [Lamartine, Méditat. II, 7, Bonaparte.]
Sens figuré et familier Les histoires que vous nous contez là sont de beaux rêves, elles n'ont pas plus de suite, de
vraisemblance que si elles étaient des rêves.
Sens figuré et familier
C'est un rêve que de vous voir ici, on s'y attendait si peu qu'il semble qu'on rêve. Sens figuré
Le rêve de quelqu'un, ce à quoi il songe toujours. Sans vieillir, accablé de jours, La fin du monde est
mon seul rêve, [Béranger, Juif errant.]
Sens figuré
Il se dit de tout ce qui est comparé à un rêve. Ce n'est pas là un système de philosophie [la physique de
Descartes], c'est le rêve d'un homme en délire, [Voltaire, Dial. XXIX, 10] Délires insensés !
fantômes monstrueux ! Et d'un cerveau malsain rêves tumultueux ! [Chénier, l'Invent.] De ce rêve
enchanteur je goûtais le mensonge, [Chénier M. J. Fénelon, II, 3] Vous m'avez délaissé, doux rêves
de la vie, [Chénier M. J. la Prom.] Nos guerriers, instruits par vos leçons, Comme un rêve insensé
méprisent mes soupçons, [Delavigne, Vêp. sicil. III, 3] La gloire est le rêve d'une ombre,
[Lamartine, Médit. I, 11]
SYNONYME
RÊVE, RÊVERIE. Le rêve est d'un homme endormi ; la rêverie est d'un homme éveillé.
ÉTYMOLOGIE
Il est singulier que ce mot n'ait aucun historique. Pour plus de précisions, vous pouvez suivre le lien :
http://www.littre.org/definition/r%C3%AAve
Remarque : « rêver » lui-même a une étymologie incertaine.
« Parmi les langues romanes, jusqu'à présent on ne connaît rêver que dans le français. Le P. Labbe,
Ampère et Génin ont supposé une parenté entre rêver et desver (voy. ENDÊVER). On a indiqué
l'anglais to rave, avoir le délire ; mais le mot anglais paraît venir du français, non le français de
l'anglais ; il en est de même du flamand reven, revelen, et du moyen haut-allemand reben. Diez
conjecture que rêve est une forme dialectique pour rage, et représente le latin rabies. Cette conjecture
ne satisfait ni à la forme (rabies ayant déjà donné rage), ni au sens (rever signifiant essentiellement vagabonder, faire le vaurien). On satisfait mieux à l'une et à l'autre en s'adressant au danois roeuve,
angl. to rove, errer, vagabonder, faire le bandit, d'où, en anglais, avoir le délire, et, en français, faire un
rêve. » D’après la définition du mot « rêver », dictionnaire Littré
Voyez également sur le site : http://www.littre.org/definition/r%C3%AAver
D’après La Pratique de la philosophie, de A à Z (2000)
2 sens peuvent être dégagés :
--Le rêve est une « activité psychique plus ou moins structurée », durant le sommeil. Le rêve est don indépendant de la volonté. En quelque sorte, l’homme n’a aucune réelle prise sur lui.
--Le rêve est une « construction de l’imagination à l’état de veille ». L’esprit produit de manière
fantaisiste des images, des représentations, qui le libèrent des contraintes du réel.
Le rêve serait alors, dans ce sens, un moyen d’échapper au réel et à ses pesanteurs.
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b. Récapitulons
Le terme « rêve » a 2 caractéristiques qui nous semblent essentielles :
mot relativement récent, ce qui signifie que son sens est sujet à bouleversements et à ambiguïtés.
le rêve est vu comme nocturne et diurne : dans ce dernier cas, il est souvent préféré à « rêverie ».
Nous nous efforcerons, quant à nous, de distinguer les 2 sens.
c. Dans l’histoire
Du XVIIème siècle à aujourd’hui, nous sommes passés du rêve à suspecter, au
songe à analyser, à, enfin, la théorie du rêve selon Freud.
Baillet décrit les rêves de Descartes, Voltaire le songe et Freud tente de décrypter le
rêve… Ensemble, ils mettent en évidence les idées suivantes :
Le rêve n’apparaît que pendant le sommeil, la nuit.
La volonté en est absente : le rêve est le moment où le jugement est suspendu.
Le rêve prend appui sur le réel mais le déforme.
Le rêve semble étrange, au sens d’étranger à nous-mêmes.
Il est nécessaire d’analyser le rêve pour en comprendre le sens profond.
Il y a une certaine méfiance à l’égard du rêve, mais également le besoin de percer son message
« mystérieux ».
Problématiques
L’intitulé propose une réflexion autour du rêve que chacun a dans son for intérieur. Il s’agit donc plus de réfléchir sur l’ambition individuelle, sur les désirs de chacun, les
rêves « diurnes », que sur les rêves « nocturnes ». Le thème « Cette part de rêve que
chacun porte en soi » est donc infiniment riche et vaste.
Il invite donc à envisager les rêves de chacun (les vôtres également !), mais également
leurs « moteurs » : pourquoi rêve-t-on de telle ou telle chose ? Pourquoi telle situation fait-elle rêver ?
Cela signifie qu’il faudra envisager l’importance du conditionnement, sociétal, parental, etc., dans ce
processus de construction des rêves.
Enfin, il sera nécessaire de s’interroger sur les limites et les obstacles que rencontrent les rêves. Car si
chacun porte une « part de rêve », peu d’entre nous réalisent pleinement leurs aspirations…
Pour commencer notre réflexion, méditons sur une citation :
« Fais de ta vie un rêve, et d'un rêve, une réalité. » Saint Exupéry
Et si nous faisions en sorte que la réalité soit aussi belle voire plus belle encore que les rêves les plus
fous ?…
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Chapitre I. Le rêve nocturne
En reprenant l’intitulé du thème « Cette part de rêve que chacun porte en soi », nous ne pouvons nous empêcher de penser aux rêves que nous faisons en dormant. Or
qui dit rêve dit sommeil. Ne dit-on pas tous les soirs « fais de beaux rêves » et le matin,
« as-tu fait de beaux rêves ? », comme si une bonne nuit était celle où les rêves avaient
été nombreux et, surtout, beaux.
Freud, L’Interprétation des rêves
Rêves énigmatiques et donc extraordinaires
Semblent révéler ce que nous sommes Citation : « Le jugement simpliste de l’homme éveillé admet que le rêve, même s’il ne veut
pas d’un autre monde, transporte cependant le dormeur dans un monde différent. »
Issu du monde réel, le rêve en est une manifestation, non réelle
Double signification du rêve :
ils permettent de « récupérer » des déceptions de la journée passée ;
ils sont prometteurs et annoncent un avenir radieux.
« gardien du sommeil » : permet d’évacuer les préoccupations de la veille et les nuisances
extérieures.
Rêve : souvent illogique et absurde. Double contenu : le manifeste (apparent) et le latent (qui doit être décrypté)
Le rêve est crypté pour échapper à la conscience
Procédés multiples : de la métaphore au déplacement, à la combinaison (voire confusion) d’images, en passant par des métonymies
1.
Le rêve est comme un langage : le travail d’analyse veut le décoder et l’interpréter.
Le contenu des rêves accessible à l'imagerie cérébrale
Article paru dans l’édition du www.lemonde.fr du 29.10.11
aujourd’hui, nous allons au-delà de la théorie freudienne : nous voulons véritablement
déchiffrer ce champ qui semble nous échapper. volonté se fait jour dans les années 1950, avec la découverte du sommeil paradoxal, moment
de surgissement des rêves.
le rêve est une activité cérébrale spécifique qui demande donc une approche
neurophysiologique
1 La métonymie est un procédé par lequel on remplace un terme par un autre qui lui est proche ou qui en désigne
une partie, un élément. Par exemple : « Les voiles s’en allaient vers l’horizon ». Ici les « voiles » remplacent les
« bateaux ».