VILLAGE AGROECOLOGIQUE DES ÉDITIONS FRANCE AGRICOLE
Bienvenue
Pour la troisième édition consécutive, nous vous accueillerons au village Agroécologique des Éditions France agricole lors d’Innov-Agri. Une vingtaine d’ateliers seront consacrés aux pratiques alternatives, sur lesquels vous pourrez parfaire vos connaissances techniques et agronomiques et rencontrer les meilleurs spécialistes français de l’agroécologie, du machinisme et de l’agronomie. Venez apprendre, approfondir et partager avec nous sur les systèmes agricoles de demain.
Camille Atlani-Bicharzon
Voilà trois ans que la question “comment
définissez-vous l’agro-écologie ?” figure
dans toutes mes interviews. Lorsque j’ai
commencé, la Loi d’Avenir n’était pas
encore adoptée et l’agroécologie était
loin de recevoir l’attention médiatique
d’aujourd’hui. Au fil des années, j’ai
constaté que si les définitions variaient,
un principe fondamental semblait s’im-
poser : l’agroécologie consiste à favoriser
des processus ayant cours spontané-
ment dans la nature pour les mettre au
service de la production agricole.
Apporter de l’azote grâce aux légumi-
neuses (M. Archambeaud, P. Sauzet, J.
Labreuche) utiliser les racines des arbres
(F. Liagre) ou favoriser la faune du sol
(J. Pousset, P. Anfray) pour nourrir les
plantes cultivées, réinviter des prédateurs
naturels pour lutter contre les ravageurs
(C. Waligora)... sont autant de moyens
d’utiliser, à son profit, des processus
naturels.
Parfois, l’objectif de telles pratiques sera
de limiter l’impact sur l’environnement,
ou encore de répondre à une demande
des consommateurs. Souvent cependant,
le premier objectif poursuivi par les
agriculteurs est de gagner en autono-
mie. Autonomie économique d’abord,
puisque la mise en œuvre de ces proces-
sus gratuits permet de réduire les coûts de
production. Mais aussi autonomie dans
la conduite de son métier, car l’agroécolo-
gie invite à trouver ses propres moyens,
adaptés aux situations de chacun.
Comme nous le dira H. Pillaud, “l’agri-
culture passera d’une utilisation inten-
sive d’intrants à une utilisation intensive
de connaissances”.
Loin d’être un retour en arrière, l’agro-
écologie est une invitation à innover
toujours et encore, que ce soit à l’échelle
de ses parcelles ou de son territoire.
C’est une approche plus qu’un catalogue
de techniques, un processus plus qu’un
cahier des charges. Avant toute chose,
c’est une démarche d’ouverture faisant
place à chacun. Le Village Agroécologique
proposé cette année à Innov-Agri est la
marque de ces changements. Ouvert
à tous, il a été conçu comme un lieu
de rencontre, d’échange et d’inspiration.
Pour, toujours, continuer à innover.
Spécialiste de l’agroécologie comme discipline,
Camille Atlani est aussi chargée
de mission indépendante.
Directrice de collection aux Éditions
France agricole, elle animera les
conférences de nos auteurs.
INNOV-AGRI 201630
Accueil Villageagroécologique
Fossepédagogique
Nouvelles technologies
Allée centrale
Semences
de couverts
et fourragères
Fertilisation
alternative et
probiotiques
Retardateur de
minéralisation et
engrais starter
Céréales
sous couvert
permanent
Agroforesterie
Colza associé
Associations
Semis direct sous couvert
Binage et sur-semis
Strip-till
Liste des ateliers5 minutes pour comprendre la dégrada-tion des sols :
Agriculture de conservation.
Agroécologie des systèmes alimentaires.
Colza associé :
Désherbage mécanique :
Fertilisation :
La faune auxiliaire à votre service !
La vie cachée des sols :
L'agroforesterie :
Les couverts permanents dans les céréales :
Qualité de l'eau :
Qualité du sol, fertilité et desherbage :
Réussir ses couverts végétaux et doper la fertilité de vos sols.
Semis direct :
Stimuler la vie du sol :
Striptill :
Une agriculture des mécanismes naturels :
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et doper la fertilité de vos sols
VILLAGE AGROECOLOGIQUE DES ÉDITIONS FRANCE AGRICOLE
Passionné d’agronomie et d’écologie,
Matthieu travaille sur les systèmes de production,
leur flore, leur faune et leurs interactions. Il forme et conseille agriculteurs et
techniciens autour de l’agroécologie, aussi
bien en agriculture de conservation des sols,
qu’en agriculture biologique ou qu’en viticulture.
Il anime depuis 2007 le site Internet
agriculture-de-conservation.com Auteur de deux livres sur le
sujet aux Éditions France agricole, il est le directeur
scientifique du Village agroécologique.
/// L’agriculture de conservationPar la réduction du travail du sol,
l’agriculture de conservation permet
de réduire fortement les coûts à plusieurs
niveaux : mécanisation, carburant,
temps et charge de travail... L’agriculture
de conservation permet donc d’être
moins fragile économiquement et
de gagner en autonomie. Ce type d’agri-
culture, fondé sur la fertilité du sol,
permet aussi de répondre aux préoccu-
pations actuelles de la société quant à
l’impact de l’agriculture sur l’environne-
ment. Avec un sol qui fonctionne, il est
possible de produire mieux, des produits
de meilleure qualité, en polluant moins.
Pour développer cette fertilité, le sol doit
retrouver un fonctionnement naturel, ce
qui passe notamment par la réduction ou
la suppression du travail du sol. L’activité
biologique doit aussi être favorisée grâce
à une couverture des sols et à l’apport de
matière organique.
L’agriculture de conservation présente
beaucoup d’atouts mais sa mise en œuvre
est assez technique. Il faut commencer
par une phase d’apprentissage afin que
l’agriculteur, le sol et le système évoluent
ensemble vers ces nouvelles pratiques.
La première étape n’est donc pas forcé-
ment la réduction du travail du sol,
mais plutôt la restructuration des sols
et le développement de l’activité biolo-
gique par la couverture permanente
des sols. Celle-ci est le premier élément
à maîtriser pour se lancer en agriculture
de conservation et plus la maîtrise de la
couverture progresse, plus il est possible
de complexifier son système.
/// Les couverts végétaux à Innov-AgriLes ateliers sur les couverts végétaux
aborderont l’agriculture de conserva-
tion de façon très pratique et concrète
grâce, notamment, à des plateformes
de couverts végétaux avec des profils
de sol. La conférence sur le sol permettra
d’échanger autour du sol et de sa ferti-
lité, et son impact en agriculture. Enfin,
le café-débat sur l’agriculture de conser-
vation fera intervenir des témoins qui
partageront leurs expériences.
Le Village agroécologique propose une
approche très pratique. Des exemples
très concrets de couverts végétaux,
d’agroforesterie, de semis ou encore
d’associations de cultures, seront présen-
tés par les meilleurs spécialistes français
de ces domaines. L’accent sera mis sur le
retour d’expérience et le format favorisera
l’échange et la discussion.
Matthieu ARCHAMBEAUD
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“L'agroécologie, la reconquête des sols et de leur fertilité”
11h15 mercredi 7 septembre
Animée par Matthieu Archambeaud
“ Les couverts végétaux souvent vécus comme une contrainte
peuvent être une vraie opportunité pour les agriculteurs.”
Conférence
Les coûts de mécanisation
peuvent être réduits de 25 à 50% via la
réduction de la puissance
de traction.
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VILLAGE AGROECOLOGIQUE DES ÉDITIONS FRANCE AGRICOLE
pour l’agriculture
Ingénieur en agriculture, Françoise Néron est enseignante. Au gré des réformes, elle a
assuré des cours de productions animales, productions végétales et
économie agricole, le tout en relation étroite
avec les agriculteurs. Elle est l’auteur de deux
ouvrages : Petit précis d’agriculture (2014) et Mémento d’agriculture
(2016) aux Editions France agricole.
Françoise NÉRON
/// L’évolution du monde agricoleL’agriculture d’aujourd’hui est façonnée
par une histoire plus que millénaire
mais tout s’est accéléré au cours de ces
60 dernières années. Pour comprendre ce
que nous vivons en 2016 il faut se replon-
ger dans cette histoire. La création de la
CEE en 1957 s’est faite dans une période
de sous-production. Les premières PAC
ont promu la productivité à tout prix. Puis
la surproduction est survenue en même
temps que les problématiques environ-
nementales émergeaient timidement.
Petit à petit la raison d’être fondamen-
tale de l’agriculture s’est profondément et
durablement modifiée. Le passage d’une
agriculture uniquement productiviste à
une agriculture qui doit produire en rela-
tion avec l’environnement bouleverse le
monde agricole : c’est l’agro-écologie,
source d’inquiétudes mais porteuse
de tellement de belles promesses.
/// L’agroécologieL’agro-écologie est une notion complexe
car elle fait intervenir un ensemble
de pratiques intervenant sur des
domaines très variés (biologie, écologie,
sociologie, économie …). Cette complexité
est à l’origine d’une multitude de défini-
tions qui varient selon les personnes et
les contextes. Mais globalement l’agro-
écologie rejoint l’objectif exprimé dans
l’Agenda 21 lors de la conférence de Rio
en 1992 : la durabilité.
L’agroécologie est une façon tout à
fait révolutionnaire d’aborder l’acti-
vité agricole. Auparavant l’homme se
demandait comment il pouvait plier la
nature à sa volonté en un combat sans
fin. L’agroécologie apaise les relations
entre l’homme et son environnement.
Désormais nous essayons de voir
comment la nature peut nous aider au
mieux dans notre activité agricole et pour
cela nous sommes prêts, à notre tour, à
lui fournir toute l’aide nécessaire. D’un
rapport de conflit nous sommes passés à
une relation de type “symbiose”.
/// Semences et fertilisationLes incroyables gains de productivité
obtenus en agriculture lors de ces 60
dernières années doivent beaucoup à la
sélection. Certes, il existe une « sélection
naturelle », mais ses objectifs ne sont pas
les mêmes que ceux des sélectionneurs.
Dans le premier cas seules les plantes
plus adaptées à un environnement
souvent hostile survivront et se multi-
plieront, dans le deuxième cas l’homme
va choisir les individus répondant le
mieux à ses objectifs (productivité, résis-
tances aux bioagresseurs …). La création
de nouvelles variétés est longue et
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La formidable capacité de l’agriculture à
s’adapter aux évolutions du monde moderne.
Le nouvel enjeu de l’agriculture : concilier
production et respect de l’environnement.
L’agro-écologie : à la fois un retour aux
sources et une incroyable modernité.
Semenciers et fabricants de fertilisants :
des acteurs de premier plan dans cette
mutation
coûteuse c’est pourquoi ce travail ne peut être fait que par
de grosses structures.
Cependant, à côté de cette sélection “classique”,
des systèmes alternatifs demandent à exister. Ce sont, entre
autres, les producteurs bios qui souhaitent pouvoir utiliser
de vieilles variétés adaptées à leur système, et ils déplorent
la rigidité réglementaire de l’organisation de la sélection en
France qui a, certes, servi efficacement la recherche mais ne
laisse pas de place aux agricultures non conventionnelles.
Pour que ces plantes sélectionnées puissent exprimer toute
leur potentialité il faut les implanter dans un environnement
“idéal” capable de nourrir ces “formules 1”. Pendant très
longtemps les agronomes ont pensé qu’ils suffisaient d’appor-
ter l’élément chimique manquant. Mais depuis, ils se sont
aperçus que les choses étaient beaucoup complexes qu’elles
n’en avaient l’air : certes, N-P-K est indispensable, mais les
conditions de milieu et, en particulier, les relations avec les
êtres vivants du sol contribuent également largement à la
bonne croissance de la plante.
/// Son intervention à Innov-AgriFrançoise Néron vous accompagnera dans la découverte
des intervenants issus du monde de la fertilisation et
des semences. Elle facilitera vos échanges avec ces entreprises
et complétera si nécessaire les réponses aux questions en
s’appuyant sur son expérience de pédagogue.
“ Fédérer l’ensemble des acteurs du monde agricole pour s’enrichir
mutuellement et progresser. ”
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VILLAGE AGROECOLOGIQUE DES ÉDITIONS FRANCE AGRICOLE
Aujourd’hui les techniques
la moitié des cultures d'hiver et 20% des cultures de printemps
Jean-Paul Daouze est ingénieur conseil en
production végétale à la Chambre d’agriculture
de la Marne. Son métier et sa curiosité l’ont amené à se former
auprès de nombreux spécialistes hexagonaux
de l’agronomie et du machinisme. Fort
d’une longue production d’articles dans le bulletin
HORIZON des GEDA marnais, il a corédigé
l’ouvrage“Gestion du sol et machinisme”.
Jean-Paul DAOUZE
/// Le travail du sol et la santé des plantesEn parallèle du conseil et de l’animation
de groupes de développement, Jean-Paul
Daouze s’est spécialisé en machinisme
pour les grandes cultures. Cette spécia-
lisation a pris forme en faisant très tôt
le constat que les accidents culturaux,
les sensibilités plus ou moins impor-
tantes des plantes cultivées aux para-
sites relèvent souvent de l’état du sol.
L’observation des effets des outils sur le
sol et leurs conséquences sur les végétaux
constituent la base de son expérience.
Aujourd’hui, il travaille à l’établissement
de références, au conseil auprès des agri-
culteurs et aux échanges et productions
collégiales entre conseillers en agroéqui-
pement sur les thèmes du travail du sol,
la pulvérisation, l’épandage des fertilisant
et le dimensionnement du matériel des
exploitations.
Il faut démystifier le travail du sol.
L’essentiel est que chaque agriculteur
maitrise le système qu’il s’est choisi, qu’il
en approfondisse sa connaissance régu-
lièrement, dans le respect de son capital
et de l’espace dans lequel il s’inscrit.
/// L’agroécologieSelon Jean-Paul Daouze : “l’agroécolo-
gie, prise sous l’angle sémantique, relève
de l’évidence, encore que l’inverse pour-
rait être considéré comme tout aussi vrai :
une “éco-agronomie” en quelque sorte,
où, pour pouvoir légitimer sa capacité
et sa mission à produire plus , l’agricul-
ture a l’obligation de s’inscrire dans une
approche écologique, c’est-à-dire une
prise en compte de la relation entre les
êtres vivants dans un environnement
défini. Ne parle-t-on pas d’ailleurs de rôle
écosystémique ? Cette approche diffère
d’une écologie qui pratiquerait l’agricul-
ture à ses propres fins. Le débat consis-
tant à définir le rôle de l’agriculture, en
particulier hexagonale, sous l’angle des
besoins alimentaires de la planète n’a pas
sa place dans ce bref exposé, mais il ne
faudrait pas en faire systématiquement
l’économie. Une agriculture a besoin
de cibler sa raison de produire, au
demeurant différenciée en fonction de sa
position géographique, démographique,
de l’organisation de l’espace qu’elle s’est
construit. C’est ainsi que l’agro-écologie
doit s’appliquer à respecter son environ-
nement pour en tirer le meilleur, pour
en être partie intégrante. Elle doit savoir
exploiter les ressources intrinsèques
des sols, leur activité biologique dans
l’articulation et la complémentarité entre
ses productions. Une chimie assistant
l’agriculteur dans la protection de ses
productions ne doit pas être exclue par
principe de ce concept, il suffit qu’elle
soit elle-même, par essence, respectueuse
INNOV-AGRI 201636
Le travail d’un sol agricole est indissociable
de sa texture, de la succession des cultures et
de la météorologie préalable et prévue
L’intensité des travaux de restructuration
d’un sol est fortement dépendante de son
statut organique et de la durée d’interculture
Le travail du sol retrouve une place importante
dans la quête de la triple performance
du système dans lequel elle est employée, donc écologique
au sens scientifique du terme. Une origine naturelle, non
synthétique, ou si peu, à l’exemple des purins.
/// La place du machinisme dans l’agroécologieSi l’on considère que la production biologique ne sera pas la
seule option d’avenir, une agriculture moderne passe aussi
par un meilleur ajustement des intrants, fertilisants dans un
premier temps, domaine dans lequel la précision du numé-
rique et des capteurs de toutes natures montre l’étendue des
possibilités actuelles et à venir. Les applications localisées et
modulées sont une clef majeure du “juste nécessaire, juste
à temps”.
/// Son intervention à Innov-AgriSur la plateforme Innov-Agri, Jean-Paul propose d’accompa-
gner et d’éclairer les visiteurs dans leurs questionnements,
leurs souhaits ou leurs freins quant à la mise en œuvre
des techniques présentées. Que sait-on de leur pertinence,
leur rentabilité, des risques à prendre ? Strip tillage et son
corollaire : la couverture des sols, désherbage mécanique,
applications localisées et calibrées à l’aide de l’imagerie four-
nie par la voie des airs, les drones en particulier.
1. strip Cat
2. lafarge
3. binage gros plan
“ Occupons-nous d’abord du sol, respectons-le et l’évidence de ce qu’il
promet fera le reste ! ”
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VILLAGE AGROECOLOGIQUE DES ÉDITIONS FRANCE AGRICOLE
produire de l’azote en culture
Passionné d’agronomie et de botanique, Jérôme
coordonne les activités d’Arvalis-Institut
du végétal sur les techniques culturales
simplifiées et le semis direct, les cultures
intermédiaires et les couverts permanents. Il
diffuse les résultats de ses travaux au travers
d’interventions, de formations ou
d’articles dans la revue “Perspectives Agricoles”.
Jérôme LABREUCHE
/// Les cultures de céréales sous couvert permanentEncore peu répandue dans la Région
Centre, la plupart des agriculteurs la
pratiquant sont en phase d’appren-
tissage. Le premier bénéfice engen-
dré par cette technique concerne
la structure du sol, en particulier dans
des sols de limons sableux hydro-
morphes qui ne sont pas faciles à
conduire en travail du sol réduit
ou absent. La présence de racines
vivantes dans le sol améliore la struc-
ture réduisant ainsi le travail du sol ce
qui permet de diminuer les charges
de mécanisation et d’énergie pour aller
vers plus d’autonomie. Une meilleure
structure du sol favorise également l’in-
filtration de l’eau en hiver ce qui main-
tient les cultures d’hiver en bon état.
Des observations confirment déjà cela
sur des colzas associés et sur du blé
avec couverts permanents. Ce système
diminue aussi les besoins en fertilisation
azotée si la culture associée est une légu-
mineuse (fabacée). Bien entendu l’effica-
cité de cette technique dépend de la crois-
sance du couvert. Le couvert bien maitrisé
peut également concurrencer la levée
des mauvaises herbes. Cependant nous
manquons encore de recul sur cette tech-
nique très récente.
/// Agro-écologie et cultures sous couvertL’agroécologie met en avant des proces-
sus écologiques visant à remplacer les
intrants de synthèse. Le couvert perma-
nent, surtout s’il comprend des fabacées,
peut aller dans ce sens. Malgré tout,
la mise en œuvre de la technique
des couverts permanents reste complexe
et ceux-ci, à ce jour, ne peuvent totale-
ment remplacer les intrants.
/// Les couverts permanents à Innov-AgriJérôme Labreuche présentera les résultats
de ses études sur les couverts permanents
en expliquant notamment comment les
installer, comment les gérer, comment
adapter la conduite du blé… Il abor-
dera aussi l’impact de ces couverts sur
la culture du blé et sur la rotation. A
l’issue de 4 années d’expérimentations
complétées par des enquêtes, un premier
bilan peut être tiré sur ces pratiques. Il
devrait permettre la mise en évidence
des contraintes et des bénéfices apportés
par les couverts permanents et débou-
cher sur une meilleure connaissance
des différentes conduites à adopter pour
réussir son couvert.
INNOV-AGRI 201638
“ Les couverts végétaux permanents : quelques échecs mais des résultats très encourageants. ”
Conférence“Couverts permanents, une intensification écologique de la production céréalière”
12h30 jeudi 8 septembre
Animée par Jérôme Labreuche
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Le couvert permanent peut
limiter le développement des adventices et libérer de l’azote
pour la culture suivante
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VILLAGE AGROECOLOGIQUE DES ÉDITIONS FRANCE AGRICOLE
outil de capitalisation et source de biodiversité
Fabien Liagre a travaillé avec le CIRAD puis à
l'INRA de Montpellier. Il crée la société
Agroof en 2000 qui étudie la gestion et la faisabilité des projets
agroforestiers.
Il est également cofondateur
des Associations françaises
d'agroforesterie en 2007 et administrateur
de BASE (section Agroforesterie) afin
de réfléchir à la complémentarité entre
l'arbre et l'agriculture de conservation.
Fabien LIAGRE
/// L’agroforesterie en Région CentreEn Région Centre, les premiers projets
d’agroforesterie accompagnés par Fabien
Liagre ont débuté en 2007-2008 suivis
par la création de l’Association d’Agro-
foresterie de la Région Centre. Cette
dernière regroupe aujourd’hui 40 agri-
culteurs (conventionnel, bio, agriculture
de conservation…), avec 28 projets agro-
forestiers déjà réalisés. Malgré la jeunesse
des projets, les agriculteurs observent déjà
des résultats significatifs, notamment au
niveau la biodiversité. Dans la Région,
quasiment tous ceux qui se sont lancés
en 2007 ont replanté 4 ou 5 ans après.
Pour se lancer dans l’agroforesterie,
Fabien Liagre conseille d’abord de l’expé-
rimenter sur une partie de l’exploitation.
/// Les bienfaits de l’agroforesterieL’agroforesterie fonctionne sur des cycles
très longs donc les bénéfices, que ce soit
au niveau des services rendus par les
arbres ou, à fortiori, l’exploitation de ce
capital, n’arrivent qu’au bout de plusieurs
années. Franchir le pas aujourd’hui c’est
aussi prévenir le changement clima-
tique car l’agroforesterie peut aider
les systèmes de production à mieux
s’adapter aux périodes de forte chaleur,
de sécheresse ou même d’excès d’eau.
/// Agro-écologie et agroforesterieL’agroécologie consiste à tirer parti
des processus agronomiques et écolo-
giques existant sur ses parcelles – au
niveau du sol, du climat, de la biodiver-
sité, etc. – pour devenir plus autonome
vis-à-vis de l’extérieur. L’objectif n’est
pas la productivité mais l’amélioration
de la marge. L’agroécologie rend toute
sa noblesse au métier d’agriculteur qui
revient vers plus d’agronomie, d’inno-
vation, d’échanges… Pendant très long-
temps l’agriculture française a fonctionné
selon un système pyramidal : le cher-
cheur trouvait, le technicien conseillait
et l’agriculteur appliquait. Aujourd’hui,
tous les acteurs travaillent ensemble.
L’agroforesterie s’inscrit tout à fait dans
l’agroécologie car elle peut participer à
cette indépendance.
/// L’agroforesterie à Innov-AgriFabien Liagre présentera la complé-
mentarité de l’arbre et des systèmes
de production dans le contexte de la
Région Centre. Il parlera de la produc-
tivité, mais aussi des contraintes liées au
sol et les techniques de drainage en agro-
foresterie. Des agriculteurs agroforestiers
de la région Centre témoigneront lors
des ateliers animés par Fabien.
INNOV-AGRI 201640
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“ L’arbre joue un rôle tampon dans les situations climatiques extrêmes :
canicule, sécheresse ou excès d’humidité. ”
Conférence“Agroforesterie, augmenter la productivité des systèmes agricoles et profiter de services agroécologiques”
11h15 mardi 6 septembre
Animée par Fabien Liagre
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Certains agriculteurs précurseurs arrivent
à la retraite avec 2 000 à
5 000 arbres dont la valeur peut
dépasser le million d’euros.
41INNOV-AGRI 2016
VILLAGE AGROECOLOGIQUE DES ÉDITIONS FRANCE AGRICOLE
Colza associé : optimisation des rendements, réduction de la fertilisation et de la phytoprotection
Gilles Sauzet travaille à Terres Inovia,
ex-Cetiom, depuis 1980. Spécialisé dans le colza,
il est persuadé que l’amélioration
de son potentiel passe par une meilleure qualité
d’implantation et de gestion des bio-agresseurs
et une amélioration plus globale du système
de culture. Il accompagne les agriculteurs vers
des démarches innovantes, performantes
et respectueuses de l’environnement.
Gilles SAUZET
/// Les bénéfices d’une asso-ciation colza-légumineuseIls sont nombreux :
- Le fait d’ augmenter la quantité
de racines présentes dans le sol et
de changer le type de rhizosphère faci-
lite son amélioration structurale, porale
et organique. Elle favorise le drainage et
limite les problèmes d’hydromorphie.
- L’association avec des légumineuses
accroît les quantités d’azote disponibles
pour les cultures (le colza, mais aussi les
céréales suivantes).
- L’augmentation de la surface foliaire
et de la quantité de biomasse par mètre
carré entraîne un phénomène de compé-
tition avec les adventices pour l’eau,
l’azote et la lumière réduisant ainsi leur
développement.
- Une association colza/féverole réduit
les dégâts par les ravageurs à l’automne.
Mais une association colza-légumineuse
n’apportera des bénéfices que si l’im-
plantation du colza est réussie. Dans ce
cas l’association permet non seulement
des bénéfices écologiques, mais aussi une
optimisation des performances du colza
en termes de quantité et productivité.
/// Colza et agroécologieJusqu’ici la réussite en céréaliculture
s’appuyait surtout sur les intrants.
Désormais l’avenir est dans la mise
en place de cultures robustes dont les
performances ne seront pas liées exclu-
sivement aux apports d’intrants. Il faut
imaginer d’autres modes d’alimentation
des plantes, d’autres moyens de lutte
contre les bioagresseurs… Mais pour
aller vers l’agro-écologie il est nécessaire
d’entrer dans une démarche globale
de changement au niveau du système
de culture afin de favoriser les interac-
tions positives. Le colza associé ne peut,
à lui seul, transformer la situation, il
faut l’associer à d’autres innovations.
La réflexion doit s’appuyer sur une
démarche agronomique très poussée.
Avant de travailler sur les associations
il est également indispensable d’amélio-
rer le colza, sa qualité, sa robustesse, sa
capacité à lutter contre les bio-agresseurs.
/// Le colza associé à Innov-AgriL’exposé de Gilles Sauzet portera sur la
réussite de l’implantation du colza préa-
lable indispensable à une association
réussie. Il évoquera également les diffé-
rentes espèces pouvant être associées au
colza selon les contraintes et les contextes
pédoclimatiques. Il insiste sur le fait que
les bénéfices d’une telle association
doivent s’évaluer sur l’ensemble de la
rotation et pas uniquement sur l’année
“colza associé”.
INNOV-AGRI 201642
“ 4e culture française en surface derrière le blé tendre, les orges et
le maïs, le colza occupe une sole de 1 503 000 ha en 2016. ”
Conférence“Colza associé : améliorer les performances techniques, économiques et environnementales”
15h30 mardi 6 septembre
Animée par Gilles Sauzet.
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1. colza associé à de la lentille, de la gesse et du fenugrec (source Matthieu ARCHAMBEAUD)
2. mélange de colza et de sarrasin semé directement derrière une céréale (source F. THOMAS)
le sol. (source Fabien LABRUNIE)
Une association colza-légumineuse
apportera des bénéfices que si l’implantation du colza est réussie.
43INNOV-AGRI 2016
VILLAGE AGROECOLOGIQUE DES ÉDITIONS FRANCE AGRICOLE
de l’information
Hervé Pillaud, producteur laitier
vendéen, est passionné par la race montbéliarde qui l’a amené sur maints
salons et concours. Il assume également
de nombreux engagements
professionnels. Sa conviction : l’accélération
des mutations tant technologiques que
sociétales n’épargne pas l’agriculture et, parmi
elles, le numérique peut se révéler une
formidable opportunité. Il est l'auteur
d'Agronumericus aux Éditions France agricole.
Hervé PILLAUD
/// Un ouvrage à succès : “Agronumericus, l’internet est dans le pré”
Ce livre était une commande des Editions
France Agricole qui souhaitaient publier
un ouvrage sur le rôle de numérique en
agriculture. L’angle choisi pour aborder
ce sujet a été de montrer les changements
anthropologiques liés au numérique, à la
fois dans la vie de la société en général
et dans la vie de l’agriculteur. L’ouvrage
porte donc essentiellement sur les chan-
gements de société liés à la technologie,
car il existe réellement un “avant” et un
“après” l’ère numérique. Hervé Pillaud
souligne l’importance d’adopter et
de dompter le numérique. Être réticent
et méfiant à son égard revient à être
dépendant de la machine, tandis que se
l’approprier dans son intégralité permet
de la dominer. Ce n’est qu’ainsi que nous
pourrons saisir toutes les opportunités
du numérique.
/// L’agroécologieTrois éléments essentiels définissent
l’agro-écologie : l’arrêt du gaspillage, la
montée en puissance du renouvelable
à tous les niveaux et le passage d’une
utilisation intensive d’intrants à une utili-
sation intensive de connaissances. Le
numérique permet d’agréger, de traiter
et de mettre en œuvre les connaissances
générées par cette approche comme
jamais auparavant.
/// Le numérique s’exposeHervé Pillaud est le président du salon
Tech’Elevage créé en 2013 dans l’op-
tique de démystifier l’outil numérique
et de présenter les apports possibles
des nouvelles technologies dans l’éle-
vage. Dans le prolongement de cette
manifestation a été créé Agreen’Startup,
qui récompense chaque année
des projets répondant à un besoin dans
le domaine de l’agriculture et de l’inno-
vation.
/// Le numérique à Innov-AgriA Innov-Agri, Hervé Pillaud assurera une
conférence et animera un café-débat avec
un objectif commun : démystifier l’outil,
car il est indispensable de dompter la
machine pour ne pas en être esclave.
Cependant il ne faut pas oublier que le
numérique n’est pas une finalité en soi,
mais un simplement un moyen pour
atteindre des objectifs. Au-delà de l’agri-
culture, le numérique permet de relier
tous les hommes entre eux. La véritable
démocratie participative est celle permise
par les réseaux sociaux et le numérique.
INNOV-AGRI 201644
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Conférence
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2
“Les nouvelles technologies de l’information au service de l'agriculture”
12h30 mercredi 7 septembre
Animée par Hervé Pillaud.
L’agriculture passera d’une utilisation
intensive d’intrants à une utilisation
intensive de connaissances.
“ Toute innovation doit correspondre à un besoin, sinon
ce n’est qu’un gadget. ”
45INNOV-AGRI 2016
VILLAGE AGROECOLOGIQUE DES ÉDITIONS FRANCE AGRICOLE
venez observer et diagnostiquer un sol
Pierre Anfray se définit comme un agro-
écologue, spécialiste de la biologie du sol.
Il observe la micro et la mésofaune qui sont des indicateurs
biologiques révélateurs du fonctionnement
du sol. Ses interventions autour de l’agriculture
de conservation prennent toujours un
tour très concret.
Pierre ANFRAY
/// Son parcoursPierre Anfray travaille sur l’étude
de l’agroécosystème et plus particulière-
ment sur la faune du sol. Il a adopté une
approche globale incluant l'ensemble
des populations faunistiques de toutes
tailles : acariens, collemboles, cloportes,
etc. Chaque espèce est un bio-indicateur
de la présence des ressources nécessaires
à sa survie.
Pierre Anfray a constaté qu’en apportant
de la matière organique à des systèmes
qui en étaient dénués, les populations
telluriques augmentaient de manière
considérable et avaient un impact positif
sur la réduction des maladies du végé-
tal. Les activités des différentes espèces
se complètent, certaines dégradant la
roche-mère, d’autres décomposant la
matière organique, elles mettent ainsi
des éléments nutritifs à la disposition
des plantes cultivées les rendant plus
saines et robustes.
Plus la diversité d’espèces présentes dans
le sol est grande, plus la plante profite
de cette biodisponibilité.
Au sein de son bureau d’études Pierre
Anfray a développé une stratégie
de diagnostic lui permettant de travail-
ler avec et pour les agriculteurs. L’objectif
étant d’échanger et de mutualiser leurs
connaissances pour pouvoir résoudre
rapidement les problématiques.
Parallèlement il continue ses recherches
et observations sur la faune édaphique,
en lien avec des parcelles cultivées.
/// Ses actionsLes agriculteurs qui font appel à lui
souhaitent réduire leurs coûts de produc-
tion et l'utilisation de produits phytosa-
nitaires, deux objectifs que le « vivant »
est capable d'assumer en grande partie.
Grâce à des analyses de sol, il détermine
l’origine de l’alimentation des plantes :
engrais chimiques ou activité du sol.
Pierre Anfray en déduit les pratiques
qui permettront de rééquilibrer le sol, en
particulier des apports de matières orga-
niques, mais celles-ci ne seront efficaces
que si la faune est au rendez-vous. Pour
favoriser son développement il convient
d’éviter les produits phytosanitaires et
de limiter le travail du sol.
La solution est de mettre en place
des stratégies alternatives et naturelles
intégrant la faune et le végétal, en se
basant sur des observations et expé-
rimentations au champ. Le système
sous-sol/sol/air doit générer, sans apport
de fertilisants chimiques, des quantités
de biomasse suffisantes pour alimenter
les plantes.
Plus des sols sont dégradés, plus ils seront
longs à remettre en marche.
INNOV-AGRI 201646
Un sol vivant abritant une faune riche et
variée pour mieux nourrir les plantes.
Des pratiques réfléchies avec peu
d’interventions que ce soit au niveau
des intrants ou du travail du sol.
Des observations sur le terrain et
des échanges avec les agriculteurs pour
un enrichissement mutuel.
Une finalité : nourrir le sol pour nourrir
les plantes pour nourrir les hommes.
/// Sa vision de l’agroécologieL’agroécologie est une manière de remettre en relation toutes
les composantes biologiques d’une ferme – dont l’homme –
le tout centré autour de la production végétale.
L’agro-écologie ne s’arrête pas aux portes de la ferme, elle va
jusqu’au consommateur. Pierre Anfray pousse l’expérimen-
tation jusqu’à la consommation. Il travaille, par exemple, sur
du blé avec un paysan-boulanger dont les pains issus des
différents itinéraires techniques expérimentés seront testés
par un panel de consommateurs.
Il faut arriver à mettre autour d’une table scientifiques, agri-
culteurs, consommateurs et cuisiniers – tous les gens gravi-
tant autour de cet élément fondamental : se nourrir.
/// Son intervention à InnovagriPierre Anfray va présenter des échantillons pour montrer
toutes les composantes de la vie du sol qu’il est possible
d'extraire ou d'observer au champ. Il souhaite mettre en
évidence la richesse de la faune du sol et son impact sur
la dégradation de la matière organique et la stimulation
des populations microbiennes L’équilibre entre ces popu-
lations évite que certaines ne deviennent prédatrices ou
ravageurs.
Son intervention à Innov-Agri sera donc axée sur la gestion
de la matière organique.
“ Pour moi, l’agroécologie ne s’arrête pas aux portes de la ferme,
elle concerne tous les hommes. ”47INNOV-AGRI 2016
VILLAGE AGROECOLOGIQUE DES ÉDITIONS FRANCE AGRICOLE
à votre service !
Biologiste et agronome, Cécile Waligora est
journaliste depuis 2000 dans la presse agricole.
Auparavant elle a travaillé à la protection
des végétaux puis en lycée agricole et en
Chambre d’agriculture. Elle est passionnée
depuis toujours de faune sauvage et
élève des chevaux. Elle a récemment sorti un ouvrage sur la faune
auxiliaire et la lutte biologique aux Editions
France agricole.
Cécile WALIGORA
/// Les ravageurs et la faune auxiliaireCertains animaux deviennent des rava-
geurs lorsqu’ils ne sont plus contrôlés
par leurs prédateurs naturels et que leur
population devient trop importante. Ils
se transforment alors en menace. Cécile
Waligora a surtout travaillé sur le campa-
gnol des champs et le rat taupier qui font
de plus en plus de dégâts. Il est possible
d’éviter les méthodes de lutte chimiques
ou de piégeage en se faisant aider gratui-
tement par leurs prédateurs naturels,
appelés faune auxiliaire. Parmi ceux-ci
se trouvent les renards, les petits musté-
lidés, les rapaces diurnes et nocturnes…
Les campagnols représentent plus de
50% de leur régime alimentaire. Cette
faune est donc extrêmement utile pour
répondre aux problèmes de campagnols.
Pour que la faune auxiliaire s’installe,
il faut que l’environnement proposé lui
convienne. Conserver un coin herbeux,
un bosquet ou un arbre près d’une
parcelle agricole est un bon moyen
d’attirer ces auxiliaires. Il est également
possible d’installer des perchoirs pour
les rapaces, car ces structures facilitent
leur chasse. A l’échelle des territoires
la mise en place d’infrastructures
agro-écologiques est indispensable. Il
s’agit de planter des arbres, aménager
des points d’eau, entretenir et dévelop-
per des haies, le tout avec une continuité
entre ces infrastructures, ce sont les corri-
dors écologiques. Enfin, il faut interve-
nir à bon escient et entretenir les bords
de champs en automne ou en hiver,
plutôt qu’au printemps qui est la période
de reproduction de ces auxiliaires.
/// L’agro-écologie et la faune auxiliaireL’agro-écologie implique de se réappro-
prier les principes de fonctionnement
des écosystèmes en général et plus
particulièrement des agroécosystèmes.
Ces derniers offrent des services, effi-
caces pour peu que nous les laissions se
mettre en place et agir, ce sont les services
écosystémiques.
/// La présentation de la faune auxiliaire à Innov-AgriCécile Waligora parlera des campa-
gnols et expliquera le fonctionnement
des cycles de pullulation et comment
ces cycles sont liés à leurs prédateurs
naturels. Ces derniers sont nombreux et
peuvent se charger de réguler les popu-
lations de campagnols à condition de les
laisser s’exprimer et vivre. A cet effet, un
nichoir et un perchoir seront présentés
lors des ateliers.
INNOV-AGRI 201648
“ Moins il y a de prédateurs sur un territoire plus leurs espèces
proies se multiplient et deviennent alors des ravageurs. ”
Conférence“Lutter contre les campagnols, la faune utile des bords de champ”
11h15 jeudi 8 septembre
Animée par Cécile Waligora.
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Les campagnols représentent
au moins 50 % du régime alimentaire des renards, petits
mustélidés et rapaces.
49INNOV-AGRI 2016
VILLAGE AGROECOLOGIQUE DES ÉDITIONS FRANCE AGRICOLE
Dix clés
Depuis 1975 Yves Le Guay, ingénieur
en agriculture, a toujours travaillé en relation avec les agriculteurs sur leurs
organisations, sur le travail en équipe, sa richesse et
ses difficultés. Il est l’auteur de “Vivre et travailler en équipe,
un GAEC sur le vif” aux Editions France agricole.
Depuis 2003 Sophie Marçot, ingénieur
agronome, est consultante au Bureau technique de promotion laitière. Elle forme, accompagne et
conseille les agriculteurs sur la gestion technico-
économique, l’organisation du travail, les relations
humaines. Elle est l’auteur de “J’ai décidé de gagner
du temps” aux Editions France agricole.
Yves LE GUAY et Sophie MARÇOT
/// Leurs ouvragesCes ouvrages traitent de l’humain dans
les exploitations. A côté des questions
d’économie et de technique, le capital
humain, c’est-à-dire les hommes et les
femmes travaillant dans les exploita-
tions, est souvent oublié. Yves aborde ce
thème humain sous l’angle de la relation
de groupe, tandis que Sophie met plutôt
l’accent sur le temps et les conditions
de travail.
Une évidence : la réussite de tout projet
agricole dépend avant tout des acteurs
et de leur engagement. Pour améliorer
l’existant, les agriculteurs doivent avoir
des objectifs clairs. L’ouvrage de Sophie
se penche sur l’amélioration de la situa-
tion initiale préalable à toute réflexion
avant des investissements ou de l’em-
bauche. Le livre de Guy démontre que
la réussite de tout collectif dépend de la
qualité des relations entre les personnes.
Le temps et l’énergie dépensés en frustra-
tions et conflits ne sont pas disponibles
pour l’activité productive. La bonne
entente entre les membres du groupe
est nécessaire à la réussite performante
et durable de l’entreprise.
/// Leur définition de l’agroécologieL’agroécologie est une démarche
de cohérence entre les pratiques des agri-
culteurs et le sol, le climat, les ressources
utilisées (dont les humains), les objectifs
poursuivis.... Travailler sans gaspiller
de temps, communiquer efficacement
dans son GAEC, définir des objectifs
communs, bien manager son salarié sont
aussi des manières de gérer durablement
son exploitation.
/// La gestion de la ressource humaine présentée à Innov-AgriLa conférence d’Yves et Sophie portera
sur les points qui leur semblent essen-
tiels pour vivre et travailler sereinement
et durablement sur son exploitation, seul
ou en groupe, que ce soit au niveau de la
personne (comment optimiser son temps
de travail, comment prendre du recul et
se ménager du temps pour soi …) ou de la
relation avec les autres (comment s’enga-
ger dans un projet collectif et lui donner
du sens, comment définir des objectifs et
des règles de fonctionnement, comment
communiquer...). L’objectif ultime étant
l’épanouissement des hommes pour une
exploitation durable.
INNOV-AGRI 201650
“ En 2013, les exploitations sous forme sociétaire représentaient plus de 65 % des exploitations
françaises. ”
Conférence“Dix clés pour une exploitation humainement vivable et durable”
15h30 mercredi 7 septembre
Animée par Yves Le Guay et Sophie Marçot.
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Il est crucial que les hommes et les femmes travaillant sur l’exploitation soient en pleine
forme et épanouis.
51INNOV-AGRI 2016
VILLAGE AGROECOLOGIQUE DES ÉDITIONS FRANCE AGRICOLE
la culture biologique
Joseph Pousset avec sa double casquette
d’agriculteur et de vulgarisateur a
toujours été convaincu de l’importance de protéger la nature.
Il souhaite partager ses convictions
avec tous sans les imposer. L’évolution
est ainsi certes moins spectaculaire mais les
résultats plus lents à obtenir sont aussi
plus durables.
Joseph POUSSET
/// Les mécanismes autour de la fertilité du solJoseph Pousset est agriculteur sur une
petite exploitation céréalière de 25 ha
sur des limons argileux médiocres. Il
y pratique un travail de recherche et
de vulgarisation, convaincu qu’une
agriculture naturelle, sans intrants, est
possible à condition de redonner au
sol les moyens de restaurer sa fertilité,
essentiellement sous forme d’apport
de matières organiques.
Trois exemples complémentaires pour
illustrer ces mécanismes de restauration
de la fertilité:
- L’azote, abondant dans l’atmosphère, est
utilisable par les plantes principalement
grâce à deux phénomènes :
>La voie symbiotique pratiquée par
les fabacées (légumineuses) qui s’asso-
cient avec des rhizobiums captant l’azote
atmosphérique et fournissant à leurs
plantes hôtes l’azote nécessaire à leur
croissance. L’insertion de légumineuses
dans la rotation ou en association avec
une culture enrichit donc le sol en azote.
>La voie non symbiotique où les
azotobacters, bactéries libres, fixent
l’azote atmosphérique. L’agriculteur
peut favoriser leur activité en apportant
des matières organiques (substrat nutri-
tif) et en créant des conditions de milieu
optimales (structure aérée).
- Les plantes à enracinement profond
remontent des éléments minéraux vers
la surface, les rendant disponibles pour
d’autres plantes.
- La matière organique, outre son rôle
d’alimentation des plantes à travers sa
minéralisation, est aussi capable d’atti-
rer des éléments minéraux présents dans
l’air (phénomène électrique). C’est ainsi
que les aérosols marins fournissent beau-
coup de potassium.
Joseph Pousset fait une analogie entre
un sol fertile et une usine : il y a des bâti-
ments (le couple sol-climat), de la main
d’œuvre (l’activité biologique) et une
clientèle (les plantes). Toutes les plantes
ont leur rôle, même les adventices que
cet agriculteur a l’habitude d’appeler
“l’engrais vert du bon dieu” car, bien
maîtrisées, elles peuvent jouer un rôle
positif sur la fertilité du sol même si
cette maitrise est le principal problème
de l’agriculture sans pesticides.
/// L’agroécologiePour Joseph Pousset, l’agroécologie
comme “l’agriculture raisonnée” ou
“l’agriculture paysanne” n’a pas de défi-
nition unique et précise. Evidemment,
dans « agro-écologie » il y a agro et écolo-
gie, donc c’est une agriculture qui cherche
à faire fonctionner les mécanismes natu-
rels pour obtenir une production satisfai-
INNOV-AGRI 201652
Associer la recherche et les agriculteurs.
Répondre aux demandes sociétales sans
pénaliser le revenu des agriculteurs.
Accepter la multiplicité et la variabilité
des définitions de l’agro-écologie.
Joseph Pousset transmet ses convictions
notamment à travers deux ouvrages : “Traité
d’Agroécologie, pour une Agriculture naturelle”
et “Engrais verts et Fertilité des sols”.
sante avec un minimum d’intrants. Les praticiens de l’agricul-
ture de conservation font de l’agro-écologie, mais en utilisant
aussi les traitements de l’agriculture de synthèse. C’est une
approche tout à fait respectable, mais celle de Joseph Pousset
est différente : pour lui, l’agro-écologie correspond en gros à
l’agriculture biologique, c’est-à-dire une absence de produits
de synthèse et le respect d’un cahier des charges rigoureux.
Chacun a donc sa définition de l’agro-écologie et il est impor-
tant, pour quiconque en parle, de bien la définir.
/// Son intervention à Innov-AgriA Innovagri, Joseph Pousset présentera les principes de base
d’une agriculture naturelle pour faire réfléchir les partici-
pants sur la manière dont ils pourraient inclure cela dans
leur pratique. L’agriculteur doit pouvoir vivre de son métier.
Il ne peut guère jouer sur les cours des produits agricoles
donc il doit travailler sur la réduction des charges. C’est le
message de Joseph Pousset : il est possible de diminuer ses
charges de production en faisant fonctionner les mécanismes
naturels à son profit.
L’agriculteur doit aussi répondre aux demandes de la société
actuelle : produire plus pour nourrir une population crois-
sante sans polluer ni utiliser d’énergies fossiles. Ce défi ne
pourra se relever qu’en faisant appel aux mécanismes natu-
rels en agriculture.
“ Observer les mécanismes de cette nature et tâcher de les utiliser ou de les
imiter est la solution. ”
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