Au Clic
Le Sentier Cathare
De la Méditerranée au pied des Pyrénées, le sentier cathare notoireRemonte le cours de l’histoire à travers l’Aude et l’Ariège,
Par landes et genêts, à travers vignes et villages, ce fragment d’histoireDévoile par ses « citadelles du vertige » la vie des « Bonshommes » et leur
siège.
Au début du Moyen Âge ils ont goûté ce même parfum de vent,Écouté ces mêmes chants d’oiseaux sous le soleil occitan,
A la recherche d’or spirituel, ne laissant d’autres traces d’antan, Entre Corbières et Piémont pyrénéen, que des châteaux ruinant.
La tramontane, le cers et l’autan ont soufflé des siècles d’indifférenceSur ces ruines où l’intransigeante mystique du message des « Parfaits »,
Dans leur dualisme cathare entre royaume du Bien et monde du Mal concret,
Les a classés chez les hérétiques et voués comme tel au bûcher de l’insouciance.
Vivant aux environs de l’an 1200 selon les principes stricts de l’ÉvangileIls avaient suffisamment affaibli les positions de l’Église romaine habile
Pour que la Papauté lança une opération d’envergure jusqu’aux AriégeoisConduite par le francilien Simon de Montfort, la Croisade des Albigeois.
Il fallut des sièges, des batailles sanglantes, des bûchers de l’Inquisition,Pour que Rome vint à bout du Catharisme après un bon siècle de
punitions,Pendant lequel les Occitans attachés à leur liberté de conscience,
S’acharnèrent à défendre le « bien commun » avec une virile défiance.
Malgré l’influence capitale du Catharisme sur les mœurs languedociennes,Il ne reste aujourd’hui rien de ces croyances et de ces pratiques
anciennes,Toutefois les fondements de la volonté réformatrice du puritanisme,Se retrouveront quelques siècles plus tard dans le Protestantisme.
Le Catharisme dont le mystère des origines
demeure, vint des Balkans vers le X°s., entre Bulgarie , Macédoine et Bosnie, par
delà les mers et La Nouvelle, Sigean ou Gruissan purent en être la porte d’entrée
audoise
Tour de guet dominant le village en circulade, adossé à
la mer et au massif de La Clape, la Tour
Barberousse est tout ce qui reste du château
de Gruissan bâti au X° s. pour protéger la cité de Narbonne des invasions
maritimes
L’abbaye cistercienne de Fontfroide, datant de
1093 fut bâtie proche de la source « fons frigida » d’où elle tient son nom. Elle se trouvera aux avant-postes
dans la lutte contre l’hérésie cathare où elle fut
le fer de lance de l’orthodoxie catholique
En 1203 le moine Pierre de Castelnau y fut nommé légat
pontifical par le pape Innocent III
Après l’assassinat du légat du Pape, Pierre de Castelnau, par un écuyer du
Comte Raimon VI de Toulouse le 15/1/1208, le Pape déclenchera la
Croisade des Albigeois qui partira de Lyon le 24 Juin 1209 avec 6000 hommes
commandés par Simon de Montfort
« De Montpellier aux portes de Bordeaux tout rebelle doit être
abattu »
En Juillet 1209, Béziers fut assiégé et la folie des « ribauds » de l’armée conduite par Arnaud Amaury,
massacrera plus de 20 000 personnes sans distinction entre catholiques et
cathares pour semer la terreur
« Tuez les tous, car le seigneur connaît ceux qui sont à lui »
Ainsi se termina le "Gran Mazel", la grande boucherie
Vingt mille victimes de l'Intolérance y laissèrent leur vie,
Sur les ruines fumantes, une magnifique cathédrale gothique fut
bâtie,Lieu de pèlerinage que des milliers de mains respectueuses effleurent
encore aujourd'hui,Pierres noirâtres, témoins
indifférents d'une cruelle barbarie.
Après Béziers ce fut le siège de Carcassonne où le jeune
Raimond Roger Trencavel prépare la défense de la Cité qui avait
résisté à Charlemagne.
En 12 jours de siège dans la chaleur du mois d’Août, la soif et
l’épidémie affectèrent les habitants. Finalement Trencavel offrit sa reddition et fut mis dans
ses propres prisons où il mourut le 10 Novembre 1209.
Pour éviter de renouveler les horreurs de Béziers, l’abbé de Cîteaux interdira tout pillage.
Dans ces Corbières aux coteaux aujourd’hui couverts de
vignobles et aux garrigues plus ou moins rases, à
l’époque de la Croisade, Durban possédait son « castel » dominant le village au confluent de la Berre
et du Barrou
Le Fort avec sa puissante enceinte protégeant la partie haute du village,
appartenant aux Seigneurs de Durban, opta lors de la croisade pour la bannière royale
Pour être maître du Pays, Simon de Montfort commence
la « guerre des châteaux »
Perché sur son rocher, entouré des profondes vallées de la Cesse et du Brian,
le « castrum » de Minerve semble imprenable
En juin 1210 les croisés installèrent leur siège et à l’aide de 4 trébuchets dont la
catapulte « Malvoisine », au bout de 5 semaines, privé d’eau, le vicomte Guilhem
de Minervois se rend sans conditions.
140 Parfaits refusant de renier leur foi périront sur le bûcher.
Les 4 Châteaux de Lastours, construits sur un éperon rocheux isolés par les profondes vallées
de l’Orbiel et du Grésilhou étaient le verrou du
Cabardès
Appartenant à la famille de Cabaret depuis 1067, Pierre
Roger, fidèle de Raimond Roger Trencavel sera très lié aux adeptes du Catharisme.
Le site résistera aux premiers assauts de la croisade en 1209 mais
capitulera en 1229
Situé face au Mont Tauch, au nord de Tuchan, le Pech d’Aguilard
verrouillait le passage des Corbières.
Le Château d’Aguilard appartenant à la puissante famille
de Ternes servira de rassemblement aux chevaliers qui se rallient à la révolte de Trencavel
contre le roi Louis IX
Occupé ensuite par les troupes de Simon de Montfort, le Comte
Raimon de Termes sera envoyé dans un sombre cachot à
Carcassonne
Au pied de la montagne d’Alaric, proche de
Carcassonne, vers 1165, la « forcia », fortification
secondaire de Padern est sous l’autorité de l’abbaye de Lagrasse
Pendant la croisade, le chevalier cathare Chabert de Barbeira,
surnommé « le lion de combat », seigneur de Puylaurens et Quéribus, s’empare de la
forteresse qui en 1283 reviendra à l’abbaye après la chute de
Quéribus
Au nord de Carcassonne, le Château de Saissac
fut la résidence d’une puissante famille,
branche cadette des Comtes de Foix, les
Saissac
Dans ce château construit sur un promontoire rocheux, le
seigneur Bertrand de Saissac aurait embrassé la foi
cathare et devint le tuteur de Raimond–
Roger Trencavel, héros et victime de la Croisade des
Albigeois
Sur une haute crête de la commune de Cucugnan veille la « sentinelle des Corbières », le
Château de Quéribus, « posé là comme un dé sur le
doigt » sur le « rocher des buis ».
Il sera le dernier refuge des cathares à tomber en mai 1255
Accroché à flanc de coteau le village de Cucugnan, couronné de ruines médiévales fut rendu célèbre par Alphonse Daudet
dans les Lettres de mon Moulin avec la légende « del curat
de Cucugnan ».
Le curé rêvant qu’il allait au Paradis puis au Purgatoire sans y rencontrer les habitants décédés, tous trouvés
en enfer. Il proposa alors de confesser tout le monde pour
leur redonner la foi
Le village de Termes sur le Sou de Laroque, affluent de
l’Orbieu, dont le château fut occupé par Olivier de
Termes, l’un des plus célèbres chevaliers opposant
de la croisade et protecteur des Cathares entre 1230 et
1240.
Il devint par la suite un fidèle de St Louis et mourut en Terre
Sainte à la tête des Croisés
Une fois passé le col « del Triby » le village de Dhuilac sur les rives du Verdouble, entre forêt, garrigues et
oliviers, offre le spectacle au dessus d’un damier de
vignes d’une crête calcaire où est juché le Château de
Peyrepertuse
La falaise portant l’édifice,
percée d’excavation
« petra pertusa »,
pierre percée en occitan,
a donné son nom
à ce véritable nid d’aigle
Cette véritable ville fortifiée d’énormes remparts, avec maisons,
église et réduits défensifs, surnommée la « Petite
Carcassonne céleste », abrita les « faidits », les seigneurs
dépossédés de leurs biens après leur révolte en soutien de Trencavel.
Après sa reddition, Peyrepertuse deviendra place royale avec les
fortifications du rocher San Jordy et la création de l’escalier St Louis
composé de 60 marches creusées dans le rocher, en lisière de l’à-pic
Sur le Mont Ardu dominant la vallée de la Boulzanne le Château de Puylaurens,
l’un des 5 fils de la cité de Carcassonne avec
Peyrepertuse, Aguilar, Quéribus, Termes, il sera commandé durant la croisade
par Guillaume de Peyrepertuse et accueillera
plusieurs « parfaits » en 1245
Tout en admirant le panorama des Pyrénées depuis le Col de
Corbasse, petite escapade rafraîchissante dans un havre
de fraîcheur déchiré par les cascades de l’Agly, les
Gorges de Galamus
Sur un balcon naturel à flanc de rocher, l’Ermitage de St Antoine de Galamus, occupé au Moyen –
Âge par Limoux Nègre, de St Paul de Fenouillet qui s’y était retiré pour tenter, comme Jésus, l’expérience
d’un jeûne de 40 jours.
Il fut brûlé vif le 10 Septembre 1329
« Dins aquel roc pelat que trauco la sabinoOun l'aglo dins soun bol gausabo soul beniPenjat per un courdel ambe la barrominoL'home coumo l'ausel a troubat un cami »
Quatrain occitan, de Léonses Rives, gravé en 1892 à l'entrée du
tunnel
Dans ce roc pelé que troue la SabineOù l'aigle dans son vol osait seul venirPendu par une corde avec la barre à
mineL'homme comme l'oiseau a trouvé un
chemin
A la limite des Fenouillèdes catalane on entre dans le
massif des Hautes Corbières au vaste plateau semi
désertique dominé par le Pech de Bugarach, la « montagne inversée »
culminant à 1230 m.
Souvenez-vous du 21 Décembre 2012 où certains « illuminés »
avaient interprété le calendrier maya, prétendant que seul ce
village échapperait à l’apocalypse!
Depuis les 200 Bugarachois ont retrouvé leur quiétude dans ce bourg traversé par le sentier
cathare
Après avoir quitté les Hautes Corbières on s’achemine vers les
vallonnements boisés de la Hte vallée de l’Aude
et de la ville de Quillan
Le sentier nous conduit au Château Albedun de
Bézu où les seigneurs Bernard Sermon, père et
fils, participèrent activement à la
résistance contre Simon de Montfort
A l’entrée du défilé de la Pierre Lys, Quillan s’étale sur les 2 rives de l’Aude. Au hasard de ses ruelles et placettes, cet
ancien centre de la chapellerie possède de beaux vestiges du
17°s., l’Hôtel de ville, l’Hôtel des Seigneurs d’Espezel, le Couvent
de l’Ange Gardien et le Vieux Pont
Sur une éminence dominant le cours de la rivière, le Château de Quillan, fut pris par
l’armée du Nord vers 1210 et confié à Guy 1er de
Lévis, seigneur de Mirepoix, maréchal de la
Croisade
En 1777, l’abbé Félix Arnaud aidé durant 5 ans de ses paroissiens, le pic
à la main, ouvrira un passage pour désenclaver le pays de Quillan, appelé
depuis « le Trou du Curé ».
L’inscription sur le tunnel porte ces mots :
Arrête Voyageur! Le Maître des Humains a fait descendre
ici la force de la Lumière, Il a dit au Pasteur, accomplit mes desseins,
Et le pasteur des monts a brisé la barrière.
Le sentier nous fera passer par le « Défilé de la Pierre Lys », sorte
de canyon long de 4 km, creusé par l’Aude
En 1231 après la capitulation de Termes,
Simon de Montfort s’attaqua au village de Arques situé dans le
Razès au bord du Rialsès
Il confiera cette région à son lieutenant, Pierre de Voisins pour surveiller la
route menant aux Corbières.
Après la croisade un château y fut érigé avec son enceinte et un haut donjon carré de 25 m en grès doré, cantonné de 4
tourelles
La limite méditerranéenne franchie, nous passerons des
vignobles et de l’olivier aux verts pâturages de la « Terre
privilégiée » du Kercorb avec Puivert sur les rives de l’Hers,
dominé par son « mirador de pierre », château français ayant
remplacé le château primitif
S’il fut le château des troubadours vers 1170, le
Seigneur des lieux, Bernard de Congost y vécut avec
Alpaïs, sœur du seigneur de Montségur, qui reçut en
1208 le « consolamentum » réservé aux cathares sur leur
lit de mort
Petite incursion dans l’enclave du Donezan, le petit « Québec
ariégeois » qui faisait partie lors de la Croisade du Comté de Foix.
Les Seigneurs d’Alion bien que ralliés aux croisés se mirent du côté des cathares en particulier dans le Château d’Usson qui servit de refuge à de nombreux
« parfaits »
Le Château de Quérigut appartenait à Bernard d’Alion
qui épousa Esclarmonde de Foix, « Parfaite » sœur du Comte de
Foix.
Il fut arrêté en 1258 et brûlé à Perpignan pour avoir apporté de
l’aide aux assiégés de Montségur
Après la traversée de
l’entablement calcaire
du plateau de Sault,
les Pyrénées Ariégeoises
s’ouvrent à nous
Le sentier cathare se faufilera
dans la belle forêt de sapins
de Bélesta pour plonger dans
les Gorges de la Frau
Après le Col de la Couillade, premier aperçu sur le « Pog de Montségur » le « Vatican de l’église Cathare »
Vers 1204 les communautés cathares devenant très
nombreuses, les « Parfaits » du clergé demandèrent au seigneur des lieux, Raimon de Péreille de
relever les ruines du château primitif.
Montségur, le « Mont sûr » renaîtra
Pendant plus de 10 ans, de 1232 à 1243, près de 600
personnes dont 300 « parfaits » vécurent dans
« l’ostal », les maisons communes et les cabanes réparties sur le plateau
sommital sous la protection de Pierre Roger de Mirepoix
Au pays du Seigneur Aton d’Alion, le chemin reliant le Pays de Sault au Sabarthès par le col
de Marmare, passe par Montaillou où de nombreux hérétiques trouvèrent refuge
dans son château dont il ne reste que les ruines d’une
tour médiévale
L’ancien château de Mirepoix pris en
même temps que la cité le 22 Septembre 1209
fut donné à Guy de Lévis, lieutenant de Simon de Montfort
Face au pic de Calmont le Château de Lordat
offre un beau panorama sur le Sabarthès, la ville de Luzenac et le
Pic St Barthélémy culminant à 2348 m
Siège d’une importante seigneurie du Comté de Foix
vers 1150 il était la propriété de Guillaume de
Lordat et son épouse Béatrix de Fossat. En
plein cœur de la croisade il devint un haut lieu de
refuge pour les cathares persécutés
Dans la vallée de Vicdessos, le seigneur Arnaud de Miglos,
propriétaire du château, interrogé par l’Inquisition admit en 1244 avoir reçu des « Parfaits » ce qui lui
coûta 4 ans d’emprisonnement
Proche de la commune de Bouan, les spélougas ou
« caougno paredado », grottes murées, ont servi de refuges
aux persécutés cathares, guidés par la croix à double
traverse gravée dans la roche
Emblématique de l’Ariège, le Château comtal de Foix
devint chef-lieu du Comté dès 1034.
Durant 2 siècles le château des Comtes de Foix sera l’âme de la
résistance occitane et pendant la Croisade contre les Albigeois
le comté deviendra le refuge privilégié des Cathares
Figure du catharisme, Esclarmonde de Foix, fille de Roger Bernard 1er, recevra le
« consolement » en 1204 pour devenir « Parfaite »
Par la suite le château fut agrandi sous le règne du très puissant
Gaston Fébus, le « Lion des Pyrénées » de 1343 à 1391 sous sa devise « Toco y se gaousos »
Touches moi si tu oses
Entre Foix et Lavelanet, juché sur une haute falaise calcaire, le château de Roquefixade, bâti au-dessus de la faille du rocher « roca fisada », fut le théâtre en l’an 1200 du mariage de Raimon de Péreille avec Corba de Lanta
fervente partisane du Catharisme
Après l’attentat d’Avignonnet, le 28 mai 1242 dans le
Lauragais , où des hommes dirigés par Pierre Roger de Mirepoix tuèrent à coups de
hache 11 membres du Tribunal de l’Inquisition, le concile de
Béziers en Avril 1243 et le Pape Innocent IV décident de
« trancher la tête du dragon » dans « la synagogue de
Satan » à Montségur
Sous la conduite de Hugues d’Arcis, sénéchal de
Carcassonne et Pierre Amiel, archevêque de Narbonne,
l’armée s’installe au pied du « pog ».
Près d’un an plus tard, le 2 Mars 1244 les assiégés se
rendirent etle 16 Mars 1244, 205 cathares résolus périrent dans le bûcher
du « Prat dels Cramats »
La stèle commémorative où est incrist :
Als catars, als martirs del pur amor crestian Aux catares, aux martyrs du
pur amour chrétien
Montségur restera le symbole de ceux qui ont lutté pour défendre leur liberté spirituelle contre l’intolérance de
Rome et l’Indépendance politique et culturelle du Pays d’Oc.
Tombeau et réceptacle d’un mythe éternel
Quant à Simon de Montfort, tué le 25 Juin 1218 lors du siège de Toulouse, 8 siècles plus tard une expression en patois ariégeois
nous dit:
" Qué alta taouridou qué Simoun dé Mounfort " Il est aussi mauvais que Simon de Montfort .
Napoléon Peyrat, pasteur et poète ariégeois de mon village natal de Les Bordes sur Arize, publiera en 5 volumes en
1860, « l’Histoire des Albigeois » dans une version moderne du mythe de Monségur, son « Temple du St
Esprit »
Conception et Quatrains de l’ ARIÉ….JOIEPhotos personnelles et du Net
Musique Médiévale de Frédéric Laurent
Réalisation Mars 2014