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CERES-ERTI Centre d'Enseignement et de Recherches sur l'Environnement et la Société

Environmental Research and Teaching Institute

CERES-ERTI 24 rue Lhomond 75005 Paris

www.environnement.ens.fr

ATELIER LES DECHETS

1er semestre - Année 2013-2014

Les déchets liés aux technologies vertes

L’exemple des panneaux photovoltaïques et

des ampoules fluo-compactes

FAURE Emmanuel, SERENI Laura

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Les déchets liés aux technologies vertes

Exemple des panneaux photovoltaïques et des ampoules fluocompactes

I. Présentation générale

1) Composition

2) Usages et réglementation

II. Élaboration : de la matière première à la technologie prête à l'emploi

1) Extraction de la matière première

2) Fabrication : exemple des panneaux photovoltaïques

III. Traitement des déchets

1) Prise en charge des déchets

2) Le processus de recyclage

3) Mercure et recyclage des LFC

4) Recyclage des terres rares des LFC

Bilan

Afin de pouvoir comparer l’impact environnemental de différents produits ou services, une méthode

standardisée s’est développée sous le nom d’analyse du cycle de vie. Le principe est de

comptabiliser les ressources utilisées, les émissions occasionnées et les déchets produits au cours

des différentes étapes de la vie d’un produit, à savoir aussi bien au cours de son élaboration que de

son fonctionnement et de son traitement en fin de vie. Nous nous intéresserons ici plus

particulièrement aux installations photovoltaïques et aux ampoules fluocompactes. Les dommages

environnementaux et nuisances occasionnées par le fonctionnement (bruits, odeurs….) sont en

général pris en compte dans les analyses de cycle de vie, mais dans le cas des technologies étudiées,

ceux-ci sont négligeables et seules les étapes de début et fin de vie pèsent dans les analyses. Nous

commencerons par présenter ces technologies, dans leur contexte sociétal ; avant d'étudier les

déchets qu'elles produisent au cours de leur cycle de vie, et notamment après emploi. Les

installations photovoltaïques seront étudiées sur la base d’une durée de vie de 30 ans pour les

panneaux à proprement parler, et nous considérerons donc chacun des autres composants en

fonction du nombre de remplacement qu’il va nécessiter. Concernant les ampoules fluocompactes,

la durée de vie moyenne est de 8000 h (1).

I. Présentation générale

1)

Composit

ion

¤

Panneau

x

photovolt

aïques :

Les

panneaux

photovolt

aïques

Illustration 1: Schéma de raccordement en

sortie 12 V d'une installation autonome

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absorbent l’énergie des photons pour la convertir en énergie électrique. Ils sont essentiellement

constitués de :

-cellules ou modules photovoltaïques (convertisseurs de l'énergie solaire en énergie électrique),

-régulateurs de charge (dont le but est de limiter la diminution de la durée de vie d'une batterie suite

à des charges incomplètes ou trop fortes)

-convertisseurs de tension pour transformer la tension continue fournie par les panneaux ou les

batteries en une tension continue différente ou en une tension alternative (il s'agit alors d'onduleurs).

-batteries dans le cas des systèmes photovoltaïques autonomes.

Cha

cun de ces

éléments

existe sous

différents

types, dont

les coûts

de

fabrication et rendements sont très variables.

Les cellules photovoltaïques, doivent posséder à la fois des propriétés optiques et

électriques ce qui nécessite l’emploi de matériaux très particuliers.

Elles sont réparties selon 2 grands types :

-les cellules cristallines qui utilisent des cristaux de silicium formant une plaquette ronde ou

pseudo carrée de 150 à 200 µm d'épaisseur, découpées dans un lingot puis connectées les unes aux

autres au sein d'une résine d'éthylène vinyl-acétate (EVA) avant d'être posées et collées sur la face

arrière du verre de protection. La matière première est toujours du silicium (Si), mais sous forme de

monocristalline, multicristalline ou amorphe.

-les cellules en couche mince, où une fine couche uniforme composée d'un ou plusieurs

matériaux réduits en poudre est déposée sous vide sur un substrat. Les technologies au tellurure de

cadmium (CdTe) et à base d'un alliage de cuivre, indium et sélénium (CIS) sont les plus

développées.

Les

cellules

photoélectri

ques en

silicium

représentant

la plus

importante

part du

marché (93%

en 2006 ),

nous allons nous pencher plus spécifiquement sur ces types de modules, mais on notera néanmoins

que les cellules en couches minces sont une technologie nouvelle qui se développe fortement,

malgré des matériaux très toxiques pour l'environnement et l'homme (CdTe cancérigène).

Illustration 2: Agencement d'un module photovoltaïque cristallin

Illustration 3: Répartition des productions en 2011

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¤ Ampoules

fluocompactes

En première approche,

une ampoule fluocompacte (ou

LFC, lampe fluocompacte) est

constituée de deux parties : le

tube spiralé, où est émise la

lumière, et le ballast,

composant électromagnétique

d'où part le courant ionisant qui

traverse le tube.

Le tube correspond à un

long tube fluorescent, plié

plusieurs fois, et de diamètre compris entre 7 et 20 mm. Sa paroi, faite d'oxydes de manganèse et de

plomb, est couverte sur sa partie interne par un revêtement de poudres phosphorescentes (phosphor

coating sur la figure 1), à base de terres rares, étalées sur trois couches. Elles émettent dans le

rouge, le bleu et le vert. On trouve, à l'intérieur du tube, un gaz inerte (argon) à basse pression et des

vapeurs de mercure, à raison de 5 mg par ampoule de 75 W (quantité en diminution grâce aux

normes européennes).

Le ballast électronique contient un petit circuit avec des redresseurs, un condensateur de

filtrage, et deux transistors de commutation connectés en série. Ses composants sont

majoritairement plastiques et métalliques, avec une base en PVC et un circuit imprimé contenant

des polymères plastiques et du cuivre, du fer, de l'aluminium et du plomb.

2) Usages et réglementation

¤ Panneaux photovoltaïques

En 2012, les installations photovoltaïques du monde représentaient près de 100 GW.

L'Europe culminait à la première place de la production électrique solaire en produisant près de 70

GW. L'augmentation mondiale des installations photovoltaïques est moins forte en 2013(plus 9%

alors qu'elle avait doublé entre 2011 et 2012), mais l'Europe reste leader sur les nouvelles capacités

installées (16,8 / 30 GW). En France, 1,08 GW de nouvelles installations photovoltaïques ont été

installées en 2012, amenant le parc français installé à plus de 4 GW (ce qui correspond à un parc

d'environ 318.106 m2), contribuant ainsi à 35 % de la capacité électrique du pays. Les systèmes

résidentiels inférieurs à 3 kWc représentent 16% (0,64 GW) de la capacité totale, les installations de

250 kWc environ 40% (1,6 GW) et celles de plus de 250 kWc, 44 % (1,76 GW) (3). Cependant, cette

augmentation concerne majoritairement des installations industrielles puisque le nombre

d'installations a diminué de 58% (4).

Des mesures soutenant la filière photovoltaïque ont été prises par un arrêté gouvernemental

du 7 janvier 2013. Ainsi, les installations domestiques peuvent ont des tarifs de revente à EDF (qui

varient entre 29,1 c€/kWh pour une installation intégrée au bâti à 7,55 c€/kWh pour une installation

au sol) augmentés de 5% pour des installations en intégration simplifiée au bâti. En France on

notera cependant l'obligation de connexion au réseau et de rachat de l’électricité par EDF alors

IIllustration 4: Les différents composants d'une LFC (2)

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qu'une installation individuelle moyenne produit l'énergie nécessaire à une famille de 4 personnes.

Cependant, le marché du photovoltaïque autonome continue à se développer, bien que plus

lentement que celui des installations connectées (croissance évaluée à 15%). Il représentait ainsi 25%

du marché du photovoltaïque mondial en 2003, mais est en pleine expansion dans les pays

émergents (en Inde le nombre de foyers équipés de panneaux photovoltaïques autonomes à

quasiment triplé entre 2000 et 2012 passant de 500 000 à 1,4 millions) puisqu'il permet l'accès à de

nouveaux équipements sans pour autant être raccordé aux réseaux (ce qui est le cas d'1,3 milliards

de personnes) (5) (6).

¤ Lampes fluocompactes

D'abord assez mal acceptées par le public en raison de leur esthétique et de la lumière

« froide » qu'elles émettent, ainsi que de leur temps à l'allumage, les ampoules fluocompactes ont

commencé en France à éclairer un nombre important de foyers à partir du début des années 2000 et

n'ont cessé de progresser depuis. En 2001, 44 %

des foyers français utilisaient au moins une

ampoule basse consommation, ce taux était de

68,3 % en 2009 (7). Cette augmentation est liée,

d'une part à une amélioration du design des

ampoules par les fabricants, sensibles à la

critique par les consommateurs, et d'autre part

à de nombreuses législations à plusieurs

échelles visant à encourager l'achat

d'ampoules à basse consommations (et de

LFC en particulier) ; les ampoules à

incandescences sont par exemple interdites à

la vente depuis le 1er janvier 2013. Ainsi, au XXIe siècle, le nombre de LFC vendues annuellement

est passé de 12 millions d'unités en 2003 à 64,4 millions en 2011 (8).

A l'échelle européenne, une première directive (2005/32/CE) a été émise en 2005,

introduisant la notion d'« écoconception » pour de nombreux appareils électroménagers ; il y a alors

une nécessité de contrôler la production des LFC, du fait de leur volume de ventes de plus en plus

important. En 2009 est voté le règlement n°244, imposant des normes de fabrication des LFC qui

correspondent aux exigences de l'UE en termes d'écoconception. Les fabricants ne respectant pas

ces règles ne peuvent commercialiser leurs ampoules en Europe ; ce règlement les contraint donc à

adapter leur production, par paliers (les normes sont plus exigeantes au fil des années). Le but était

d'interdire totalement la commercialisation d'ampoules à incandescence pour 2013.

En parallèle, en France, le Grenelle de l'environnement a provoqué la mise en place d'une

convention sur le retrait de la vente des ampoules à incandescence et la promotion des LFC

(signature en septembre 2008), convention impliquant le gouvernement, les fabricants et les

organismes intéressés (EDF, l'ADEME et Récylum, organisme chargé de la collecte des LFC

usagées). Cette application des législations européennes avait aussi pour échéance l'année 2013,

mais a finalement été repoussée à 2016.

II. Cycle de vie : de la matière première à l'emploi domestique

1) Extraction de la matière première

¤ Panneaux photovoltaïques

La matière première composant essentiellement les panneaux solaires est le silicium. Il

Illustration 5

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représente environ 25% de l'écorce terrestre, et on peut le considérer comme inépuisable. On le

retrouve entre autre dans le quartz et les alumino-silicates, mais il n'est utilisable à des coûts

énergétiques et économiques raisonnables que sous forme de quartz . L'industrie photovoltaïque

consommerait ainsi chaque année près de 4000 tonnes de silicium issues de quartz, dont

l'acquisition n'est pas (en soi) polluante. Cette silice doit néanmoins être très purifiée, et ces étapes

nécessitent beaucoup d'énergie.

¤ Lampes fluocompactes

Les retombées environnementales de l'extraction minière et pétrolière correspondent

beaucoup plus à de la pollution (notamment dans les mines d'étain, de cuivre et de plomb) qu'à des

problèmes de déchets ; on ne s'intéressera pas ici au traitement des déchets miniers. Par ailleurs,

l'extraction des terres rares pour les LFC ne pose aucun problème environnemental direct (les

métaux ne sont pas dangereux en tant que tels (9) ). En revanche, elle implique de creuser de grands

volumes de terre, éventuellement dans des zones de radioactivité naturelle ; il faut alors traiter ces

« déchets » miniers de manière particulière.

La méthode de purification de l'europium et du cérium -les deux principales terres rares- fait

intervenir des acides forts (sulfurique, nitrique, chlorhydrique) et des bases fortes (soude,

ammoniaque), pouvant tous être aisément neutralisés.

2) Fabrication : exemple des panneaux photovoltaïques

Le silicium de grade solaire devant atteindre une pureté de 99,9999% (en réalité, une pureté

moins grande pourrait suffire pour le solaire, mais il est en général issus des mêmes filières que

celles du silicium électronique, qui lui doit être extrêmement pur), il subit deux grandes étapes de

purification très énergivores.

¤ La silice du quartz est d'abord transformée en silicium métallurgique selon une réduction

carbothermique :

SiO2 +2 C → Si +2 CO

2 CO +O2 → 2 CO2 Réduction de la silice par le carbone à 1700°C

On obtient alors un silicium de qualité dite métallurgique, pur à 99% .

Ce procédé est très énergivore : on compte 14 kWh électriques pour produire 1kg de

silicium. Par ailleurs les émissions de CO2 sont également importantes : il faut compter 3,14 kg de

CO2 rejeté pour produire 1 kg de silicium.

Dans un deuxième temps, le silicium métallurgique est transformé en silicium solaire. Cette

transformation peut se faire selon une voie chimique (quasi totalité du marché) en suivant le

procédé Siemens ou selon une voie métallurgique.Le procédé Siemens, est le plus répandu car il est

utilisé pour l'industrie électronique, dont l'industrie solaire ne s'est pas détachée.Il a cependant un

rendement faible de 25% pour une consommation de 150 Kwh EF(énergie finale)/kg et génère un

dégagement gazeux de HCl et de SiHCl .

Une fois le silicium de qualité solaire obtenu il est dopé par ajout de bore puis refondu sous forme

de lingots avant d'être découpé en plaques ou wafers. Ce processus a des rendements en matière

assez faible (20%) quelle que soit l'option choisie mais on peut distinguer :

• le silicium monocristallin ou sc-Si, constitué d'un seul cristal, qui donnera les meilleurs

rendements électriques d'environ 15% mais nécessite le plus d'énergie

• le silicium polycristallin, dont la mise au point est moins énergievore mais donne des

rendements plus faible de 12%. C'est la technique la plus répandue.

• le silicium en ruban présente un rendement de 15%, mais est une technique difficile à

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mettre en place. On notera qu'un procédé développé en 2002 pourrait avoir amené à doubler le

rendement matière. Cette technique reste néanmoins peu répandue.

¤ Les cellules sont par la suite améliorées grâce à différents procédés chimiques faisant

intervenir des agents chimiques tels que acide fluorhydrique , acide acétique, acide nitrique, soude,

potasse, alcool isopropylique IPA, CF4, silane, ammoniac, aluminium et argent....

Elles sont ensuite fixées dans une résine déthylvinyl acétate (EVA) et prises en « sandwich » entre

une plaque de verre (face supérieure) et une plaque de verre ou de polyvinyl-fluorure (PVF).

On a donc, pour la construction de module au silicium multicristallin, les consommations, déchets

et rejets suivants :

Les valeurs calculées prennent en compte un recyclage du silicium de l'ordre de 80%.

A ceci s'ajoute les déchets nécessaire à la fabrication de batteries et onduleurs qui ne sont

pas négligeables puisque ces éléments les plus fragiles sont généralement remplacés plusieurs fois

au cours d'une vie d'un panneau solaire.

¤ Les différents types de déchets émis peuvent donc se résumer ainsi :

Substances dangereuses : Plomb (additif pour doper les cellules, mais aussi en plus forte

quantité dans les batteries) et brome (retardateur de flamme dans les matières plastiques de

l'onduleur).

Autres matériaux : EVA : relativement inerte rend le démontage des panneaux délicat,

Tedlar : fabrication plus polluante que le verre et générant des émissions fluorées lors du recyclage

des modules)

Argent :les ressources mondiales sont limitées et c'est le premier facteur limitant de production de

panneaux photovoltaïques à grande échelle.

Tableau 1: Inventaire du

cycle de vie simplifié d'un module au silicium polycristalllin ; déchets et rejets étant encadrés

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Produits chimiques et rejets : nous résumons ceux issus de la fabrication des cellules au

silicium cristallin dans le tableau 2, et y ajouterons le SF6 (au pouvoir de réchauffement global

estimé à 22 200 contre 1 pour le CO2) issus de la fabrication d'aluminium.

Par ailleurs, la fabrication des modules en eux même rejette de nombreuses substances

chimiques (cf tableau supra) dont les traitements sont variables (5) :

-Les acides et bases inorganiques (HF, HNO3, HCl, NH3 et NaOH) sont absorbés dans de

l'eau qui est ensuite traitée.

-Les vapeurs de solvants sont condensées puis brûlées.

-Les gaz à effet de serre du type CF4 sont craqués à haute température ( >1100°C) afin de

les décomposer en éléments qui peuvent être traités dans une tour de lavage. Le traitement de ce

type de gaz (non réglementé) commence à se généraliser dans l’industrie photovoltaïque, son taux

est estimé à 70%.

-Le fluide de coupe des plaques, appelé slurry, est un mélange de solvant organique PEG

(polyéthylène glycol) et d’abrasif sous forme de micro-billes de carbure de silicium SiC, dont la

fabrication est énergivore ("10 MJ EP/kg). Lors du sciage, il se charge de particules de silicium et

de fer (provenant de l’acier du câble). La séparation du solvant et des particules est possible à

environ 80%, le taux de réutilisation estimé est supérieur à 80%.

¤ Les batteries sont la plupart du temps en plomb (même si certaines batteries en lithium ou

nickel se développent). Elles sont alors constituées d'un électrolyte d'acide sulfurique maintenu

(dans le cas des batteries fermées, plus utilisées) par un gel de silicate de sodium (ou absorbé dans

un séparateur de verre AGM, moins durable). L’électrode négative est fabriquée à base d'antimoine

(dans les batteries sans entretien il est remplacé par du calcium, de l'aluminium et de l'étain),

d'arsenic, d'étain, de cuivre, de soufre ou de sélénium ; l’électrode positive est constituée de plomb

et d'oxyde de plomb. L'élaboration d'une batterie nécessite une consommation énergétique de 8,33

kWh/kg. De plus, les batteries présentent des durées de vie courtes (5 à 7 ans) et très variables.

Tableau 2: Principaux produits chimiques utilisés pour la fabrication des cellules au silicium

cristallin

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Cette durée de vie dépend notamment du nombre de charge et décharge que subit la batterie,

puisqu'au fur et à mesure des cycles les batteries se chargent de moins en moins, et de la

température à laquelle elle est exposée. Cette durée de vie courte implique de remplacer les batteries

plusieurs fois (5 à 7 fois si le panneau solaire est maintenu 35 ans) au cours de la vie d'un panneau

photovoltaïque ; nous nous intéresserons par la suite au recyclage des batteries et à leur coût

énergétique.

¤ Un autre élément critique est l'onduleur dont la durée de vie est courte également (une

durée de 5 ans est garantie par le constructeur, les meilleures estimations l'amènent à 10). Cet

élément, petite boîte grise à proximité des panneaux nécessite d'une part d'être ventilé, donc

alimenté, et est d'autre part constitué de circuits électroniques (bobine, diodes, condensateurs, piles...

inclus dans une résine pour former un circuit intégré). La grande diversité des onduleurs ne permet

pas de chiffrage précis de la quantité de déchets qu'un onduleur génère, mais on peut dès lors retenir

qu'ils présentent tous une dizaine de composants électroniques.

On peut par ailleurs considérer que l'onduleur doit être compté pour 2 à 3 fois, puisqu'au

cours de la durée de vie d'un panneau il faudra changer celui ci 1 à 2 fois. De même pour les

batteries qui ne sont pas représentées ici mais comptent pour 5 à 7 fois. Les substances chimiques

issues de la fabrication des onduleurs et batteries sont variables selon les procédés industriels

utilisés (et notamment l'utilisation de condensateurs chimiques ou mécaniques dans l'onduleur),

mais on retrouvera les émissions classiques de construction d'élément électroniques.

III. Le traitement des déchets

1) Prise en charge des déchets

¤ Panneaux photvoltaïques

Les panneaux solaires ayant une durée de vie d'environ 30 ans, et 7 millions de tonnes ayant

déjà été installées en Europe, l'association européenne de recyclage des panneaux photovoltaïques

PVcycle considère que 130.000 tonnes devront être recyclées (ou éliminées) tous les ans en Europe

d'ici 2030. L'enjeu du recyclage des panneaux photovoltaïques est donc essentiel.Le traitement des

panneaux solaires en fin de vie est soumis à la directive européenne relative aux déchets

d’équipements électriques et électroniques (DEEE) depuis juillet 2012 (on notera que cette directive

existe pourtant depuis 2005). 75 % des panneaux photovoltaïques en fin de vie devront être

valorisés (récupérer des matières premières dites secondaires ou de l'énergie) et 65% recyclés

Illustration 6: Énergie primaire en MJ et masse des différents constituants pour l fabrication d'un

système PV raccordé au réseau de 1kWc

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(remplacer totalement ou partiellement une matière première vierge dans le cycle de fabrication) les

trois premières années, puis ces taux passeront respectivement à 80 % et 70 % les trois années

suivantes, pour atteindre 85 % et 80 % au-delà du 15 août 2018.

La collecte et la gestion des déchets des panneaux solaires en fin de vie est à la charge des

constructeurs, qui font appel à de grandes compagnies (CERES, PV cycle en Europe). Néanmoins

ces processus complexes et coûteux peuvent amener (le 6/9/2013) à la cessation d'activité d'acteurs

économiques comme le CERES (Centre Européen de Recyclage de l'Energie Solaire, association à

but non lucratif qui misait sur la revente des matières premières recyclées) principal acteur du

recyclage en France . On notera néanmoins qu'une autre association européenne, PV cycle

(pionnière du recyclage des panneaux, basée elle sur le principe de responsabilité élargie du

producteur), récupère les accords signés préalablement par CERES .

On notera par ailleurs que la répartition actuelle des centres de collecte en France peut nécessiter de

faire parcourir plus d'une centaine de km à une installation en fin de vie avant qu'elle ne puisse être

traitée.

¤ Lampes fluocompactes

Les LFC représentent des déchets dangereux (ou DIS, classés 20 01 21 selon le catalogue

européen), car elles contiennent du mercure (10). A ce titre, elles ne peuvent pas suivre une loi

« classique » de traitement des déchets (décret européen 2002-540 du 18 juillet 2002), et doivent

être séparées des déchets ménagers avant d'être jetées, puis recyclées. 93% d'une LFC sont ainsi

recyclables, taux supérieur à celui imposé (80 %) à l'échelle européenne pour les déchets

d'équipement électrique et électronique, ou DEEE. Le décret européen 2005-829 réglementant ce

type de déchets impose aux distributeurs et aux déchetteries, depuis le 20 juillet 2005, la reprise

gratuite des lampes en fin de vie dans les entreprises, à hauteur de « 1 pour 1 ». La collecte peut

donc se faire par dépôt au point de collecte, par un prestataire ou, pour des volumes plus importants,

par l'organisme agréé Récylum. Pour les particuliers, des points de collecte sont également mis en

place par Récylum au niveau des points de vente, leur permettant un dépôt sans limitation de

quantité (11).

Récylum a été créé en mai 2005 (donc avant le décret européen sur les DEEE) ; cet éco-

organisme, agréé par les services publics, a pour vocation de collecter les lampes dites « à

décharge » du fait de leur mode de fonctionnement (décharge d'électricité à haute fréquence dans un

gaz contenant du mercure), ce qui regroupe les tubes fluorescents (ou « néons »), les LFC, LED,

lampes à UV, lampes de vidéoprojecteurs, etc. à condition que ces lampes soient encore intactes.

Cet organisme fonctionne donc, une fois la collecte effectuée, en partenariat avec des entreprises

spécialisées dans le recyclages d'éléments spécifiques des ampoules, et notamment pour les LFC :

mercure, composants électroniques et terres rares. Dès 2005, sur les 70 millions de LFC mises au

rebut, 14 millions ont été recyclées. Depuis le 15 novembre 2006, Récylum a été successivement

financé par une taxe d'« éco-contribution » de 0,30 € (TTC), puis de 0,18 € (TTC) depuis le 1er

janvier 2010, prélevée à l'achat de chaque lampe à décharge (100 millions en ont été vendues en

2007).

L'organisme a récolté 3700 tonnes de lampes à décharge en 2007, ce qui correspond à 35 %

des lampes vendues (100 millions d'exemplaires en tout) ; le taux de retour pour les LFC seules, en

revanche, n'est que de 18 % (soit 700 tonnes, pour l'année 2008). Ce faible taux peut s'expliquer par

une mise sur le marché plus tardive que les autres lampes à décharge (donc une sensibilisation du

public plus récente), et dans l'absolu par une durée de vie importante. Malgré cela, le taux de LFC

recyclées grâce à Récylum va augmentant : en 2012, 4270 tonnes de lampes ont été recyclées (soit

36 % des LFC et tubes arrivés en fin de vie cette année-là), contre 4042 tonnes en 2011 (35%).

Malgré cette augmentation annuelle, et des sondages montrant que la prise de conscience par la

population augmente, 65 % environ des LFC et tubes finissent avec les ordures ménagères, ce qui

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représente une forte exposition de l'environnement au mercure relargué par ces lampes ; l'objectif

de Récylum est d'arriver à 65 % de lampes recyclées d'ici 2019 (12).

2) Le processus de recyclage

a) Cas des panneaux solaires

¤ D'après EDF, 85% du poids d'un panneau solaire peut-être recyclé. Le traitement s'effectue

selon plusieurs étapes(13) :

On notera que les taux de recyclage indiqués ne prennent pas en compte les composants

annexes (tel que l'EVA) éliminé au cours de ces différents processus.

Lors du traitement thermique, la colle du cadre, les feuilles d'EVA (10% du poids d'un

module) et le cadre plastique du module seront brûlés. Le verre qui recouvre les modules est

transformé en granules et stocké.

Le cuivre qui relie les différentes cellules au sein d'un module et le verre sont séparés par un

traitement physique.

Le silicium est récupéré avec un traitement chimique à base de KOH ; le silicium issu des

Illustration 7: Étapes de recyclage d'un

panneau photovoltaïque

Illustration 8: Taux de recyclage

des différents éléments issus d'un module

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procédés de recyclage peut être intégré dans les processus de fabrication de cellules ou modules,

fondu et intégré dans les procédés de fabrication des lingots de silicium ou s'il est impur être

valorisé en tant qu'agrégat des fours de fonte. On étudiera les économies d'énergies que cette

valorisation permet dans le III.

¤ Les batteries et onduleurs sont à remplacer plus régulièrement. Ces deux composants

électroniques sont également soumis à la réglementation DEEE, mais si un effort sur le recyclage

des batteries semble réalisé, le manque d'informations sur le devenir des onduleurs laisse supposer

qu'ils ne sont pas du tout valorisés.

Dans le cas des batteries au plomb (14), le recyclage, bien que complexe du fait de la

multiplicité des matériaux peut atteindre 60% en Europe (mais il n'est que de 20% en Afrique où les

installations autonomes sont pourtant très répandues puisqu'elles permettent de fournir de

l’électricité aux villages isolés). Le polypropylène est vendu à des recycleurs de matières plastiques

tandis que le plomb alimente les usines de fabrication de batteries (jusqu'à 55% du plomb utilisé).

La filière de recyclage des batteries au plomb répond bien au minimum de recyclage de 65% en

poids fixé réglementairement. On notera cependant que la toxicité des batteries au plomb nécessite

un démantèlement très rigoureux et qu'un recyclage méthodique et plus poussé pourrait être attendu :

en effet, 40% des batteries au plomb ne sont pas recyclées. On ajoutera à ceci qu’une batterie au

plomb recyclée à 60% (moyenne en Europe,(14) ) récupère l’énergie grise dépensée à sa fabrication

en 155 cycles et qu’elle maintient une charge exploitable (80% de profondeur de décharge) sur 250

cycles ; les meilleures batteries au plomb peuvent laisser espérer stocker 5 à 6 fois l’énergie grise de

leur fabrique au cours de leur durée de vie, mais en réalité ce chiffre est nettement plus faible dans

le cas des systèmes solaires autonomes parce que 20 à 30% d’énergie sont perdus (par exemple

quand la batterie est pleine en été). On peut donc considérer qu’une batterie, même recyclée, ne

permet de stocker de l’énergie « propre » que pendant les 2 /3 de sa vie.

On a vu qu'une des principales causes de dépenses énergétiques dans l'élaboration de

panneaux solaire était due à la purification et à l'élaboration des modules de silicium ; le recyclage

permet ainsi d'économiser jusqu'à 30% de l'énergie nécessaire à leur fabrication.

b) Cas des LFC

A leur arrivée dans les centres spécialement habilités dans leur recyclage et autorisés à

l'effectuer (Indaver, Artémise, SARP Industries, Lumiver et Coved pour la France (15) ), les lampes

sont broyées, dans le but d'être séparées en différentes fractions, notamment selon la nature

dangereuse ou non de leurs composants. Selon ce procédé, dit Helborn, il y a ensuite chauffage du

verre des lampes à 360°C. Le mercure est alors vaporisé et aspiré, puis passe par des filtres à

charbon actif, avant de se recondenser par distillation sous vide (voir illustration 9) ; les poudres

luminophores sont isolées et stockées hermétiquement. D'autres techniques peuvent être employées

pour le traitement des tubes fluorescents.

Dans les LFC, le verre (de type sodocalcique) est ensuite contrôlé, puis passe par une

chambre de post-purification, pour vérifier qu'il est totalement dépourvu de mercure (16) ; il est

ensuite envoyé chez des préparateurs de verre pour y être recyclé, notamment en nouvelles lampes à

décharge, ou en abrasifs et en isolants pour bâtiments.

Après contrôles, le culot, contenant le ballast, est quant à lui envoyé en centre de traitement

pour valoriser énergétiquement la carte électronique (notamment la résine époxy) et le plastique par

incinération. La partie métallique du culot est envoyée en fonderie pour être de nouveau utilisable.

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Le processus total de recyclage, ramené à une LFC, consomme ainsi 4,84.10-6 kg-équivalent

CO2. L'impact environnemental de ce recyclage est beaucoup plus marqué du fait du rejet de

matières polluantes en cas de bris des ampoules qu'à cause du rejet de gaz à effet de serre.

3) Mercure et recyclage des LFC

Le mercure est présent en faible quantité dans une LFC (environ 0,005 % du poids de

l'ampoule). Une fois le mercure issu des ampoules distillé (voir 2), il est récupéré dans des centres

spécialisés (18), à raison de plusieurs centaines de tonnes par an dans le monde (19). Le rôle

environnemental du recyclage est primordial en termes d'émissions de mercure : rappelons

qu'environ 65 % des LFC ne sont pas recyclées en France, et qu'il existe un risque de bris des

ampoules lors de leur utilisation, de leur transport, et de leur mise en décharge le cas échéant. Le

tableau 3 montre la corrélation entre quantité d'ampoules recyclées et les rejets de mercure

(calculés).

Taux de LFC recyclées Rejets de mercure dus aux LFC (kg/an)

20 % 1592

50 % 1027

100 % 462

Tableau 3: Recyclage des ampoules et rejets de mercure à l'échelle européenne (4,5 mg Hg par ampoule) (20)

Le tableau montre que même dans le cas d'un recyclage total, les rejets de mercure sont non

nuls. Ce résultat s'explique par les problèmes de bris des ampoules, et par le rejet de 16 ng de

mercure pour la production d'un kWh par une centrale électrique au charbon(21). Ainsi, tous types de

lampes confondus (y compris à incandescence), en 2007, 5264 kg de mercure ont été rejetés dans la

nature pour leur fabrication ou leur destruction. Cet élément chimique étant présent dans la plupart

des organismes, il est fortement toxique à partir d'une certaine dose : une concentration supérieure à

20 µg/m3 dans l'air ambiant a déjà des effets à long terme sur le système nerveux humain, avec une

valeur limite dans le sang de 100 µg/L (22). Des précautions très fortes sont donc prises dans les

Illustration

9: Broyage des lampes et tri de leurs éléments chez Indaver (Belgique) (17)

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usines de recyclage pour les ouvriers. Par ailleurs, dans la nature, le mercure Hg peut être

transformé en méthylmercure CH3Hg+, cancérigène, qui se concentre dans certains maillons de la

chaîne alimentaire.

Pour ces raisons, les quantités de mercure présentes dans les LFC vont décroissant (23) (5 mg

jusqu'à 2011, 3,5 mg en 2012 et 2,5 mg à partir de 2013 pour les ampoules de moins de 30 W),

grâce aux normes européennes. Le but est, à terme, d'empêcher l'emploi de mercure dans les

ampoules par les fabricants, les contraignant à trouver de nouvelles technologies.

4) Recyclage des terres rares des LFC

Contenues dans les poudres phosphorescentes (cf. I), les terres rares doivent faire l'objet d'un

traitement spécifique ; il y a encore quelques années, elles étaient enfouies, faute de pouvoir être

recyclées.

Actuellement, le seul industriel français – et mondial – à opérer leur recyclage est Rhodia (24)

(groupe Solvay), grâce à une technique particulière mise au point au début des années 2010. Elle

s'articule en deux étapes (25), séparées dans l'espace et dans le temps : la première, d'extraction d'une

poudre riche en terres rares à partir des poudres luminophores issues du broyage des LFC, a lieu à

St-Fons : celles-ci subissent d'abord une attaque chimique, puis sont filtrées par séparation solide-

liquide. Les effluents liquides issus de l'attaque chimique sont traités dans une station d'épuration

dédiée, et les évents gazeux dégagés par la séparation passent par une colonne de lavage où ils sont

réabsorbés. Les poudres conservées après séparation sont ensuite séchées, puis conditionnées pour

être envoyées à La Rochelle.

C'est là qu'a lieu la seconde étape, visant à extraire les terres rares purifiées de ces poudres enrichies.

Lors d'un premier traitement thermique, celles-ci passent dans un four tunnel, avant d'être remises

en suspension, puis filtrées et lavées. Les poudres non dissoutes subissent ensuite une attaque par

l'acide nitrique ; elles passent enfin dans des batteries, qui séparent les différentes terres rares. Les

déchets liquides et gazeux sont, de même, traités dans les centres appropriés.

Les terres rares extraites se divisent en terres dites « légères » (La, Ce) et en terres

« lourdes », d'intérêt majeur dans le domaine des nouvelles technologies (Y, Eu, Gd, Tb). Une fois

celles-ci obtenues, elles peuvent être réemployées dans l'industrie, et notamment dans la fabrication

de nouvelles LFC.

Bilan :

Les déchets résultant des installations photovoltaïques sont donc essentiellement des fluides

chimiques lors des phases de purification de la silice, des gaz issus de la combustion d'EVA ou du

verre et des déchets électroniques pour les installations raccordées au réseau, auxquels s'ajoute du

plomb en quantité importante pour les installations autonomes. Bien de gros progrès soient

réalisables quant au recyclage de la silice des modules et aux composants annexes, les panneaux

photovoltaïques présentent ainsi l'intérêt de ne pas laisser de déchets à durée de vie indéterminée.

A titre de comparaison, la -volumineuse- dalle en béton qui sert à ancrer l'éolienne au sol ne

subit aucun démantèlement et reste dans le sol et seules les parties métalliques (acier, cuivre et

aluminium qui représentent respectivement 89,1 ; 1,6 et 0,8% du poids des pales ainsi que le mât)

des éoliennes (de durée de vie comparable) sont recyclées tandis que la colle, les plastiques (jusqu'à

3,5kg/turbine) ou les fibres de verre (21,8 kg/turbine) (26) sont brûlés et ne permettent qu'une

revalorisation énergétique. Les déchets des centrales nucléaires quant à eux ne sont recyclables qu'à

environ 10% (seul l'uranium qui constitue 95% des déchets l'est, mais il reste quasi

systématiquement en centre de stockage de déchets peu radioactifs). Les déchets ultimes (4% des

déchets du nucléaire énergétique) qui représentent environ 26t/an pour la France et concentrent 99%

de la radioactivité des déchets ; restent d'une dangerosité extrême pour plusieurs centaines de

milliers d'années et on ne sait pour l'instant que les stocker.

Le bilan déchet des éoliennes comme du photovoltaïque est donc intimement lié au progrès

qui pourront être réalisé dans la séparation des composants (EVA et fibres de verre), mais aussi, au

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vu des coûts encourus, aux politiques incitatrices de retraitement qui pourront être mises en œuvre.

En revanche, le traitement des déchets nucléaires semble être dans une impasse puisque toutes les

recherches faites dans ce domaine concernent stockage et enfouissement.

Malgré de grandes avancées dans le domaine de la réglementation et du recyclage autour des

lampes fluocompactes (et des lampes à basse consommation en général), elles demeurent une

préoccupation environnementale majeure pour l'Union Européenne, du fait de trop grands rejets

annuels de mercure ; la controverse dont elles font l'objet s'explique aussi par l'émission de

rayonnements électromagnétiques dangereux dans certaines conditions. Elles semblent en revanche

représenter une meilleure solution énergétique que les lampes à incandescence - d'ailleurs vouées à

disparaître. L'illustration 10 établit le bilan énergétique et environnemental établi par le CIRAIG

(centre interuniversitaire de recherche sur le cycle de vie des produits, procédés et services, basé au

Québec) afin de comparer ampoules à incandescence et LFC. Il apparaît ainsi que les déchets

d'emballage, ainsi que les déchets constitués par les ampoules elles-mêmes, sont plus importants en

masse pour les lampes à incandescence que pour les LFC (à raison d'une pour 10 lampes à

incandescence, selon l'étude) ; l'étude que nous avons menée a néanmoins montré que les déchets

dus aux LFC sont de traitement plus complexe, car celles-ci sont constituées de matériaux plus

polluants. Ainsi, si les LFC ont pour avantage de produire une moindre quantité de déchets, elles

ont aussi pour inconvénient d'être beaucoup plus longues à recycler, car elles impliquent une

purification des terres rares et du mercure, qui n'est souvent pas prise en compte dans les analyses

de cycle de vie. L'impact environnemental des LFC dû à leur aspect composite est notamment

visible, dans le tableau, au coût énergétique de la fabrication d'une LFC, trois fois plus important

que celui de 10 lampes à incandescence.

La technologie d'avenir dans le domaine de l'éclairage apparaît comme étant la LED, qui

répond à tous les critères auxquels ne répondent pas les deux autres types d'ampoules, consomme 2

fois moins d'énergie à luminosité égale et possède une durée de vie 5 fois plus longue que les LFC.

Toutes ces technologies vertes, dont le but est de produire de l'énergie sans rejet de gaz à

effet de serre ont en contrepartie un coup énergétique élevé à la fabrication ; l'impact énergétique et

le bilan-carbone de ces technologies est traité en annexe.

Illustration 10: Bilan comparatif du CIRAIG entre lampe à incandescence et LFC (27)

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Bibliographie : (1) NU-WAY SYSTEMS and DESIGN RECYCLE INC , Design Recycle Inc modification

le 9/02/2010 [http://www.designrecycleinc.com/led%20comp%20chart.html]

(2) ENERGY STAR, Learn about CFLs :

[http://www.energystar.gov/index.cfm?c=cfls.pr_cfls_about]

(3)LAPERCHE, Dorothée, Actu-environnement, 2/10/2013 [http://www.actu-

environnement.com/ae/news/production-industrielle-photovoltaique-mondilae-augmentation-

moindre-2012-19606.php4 ]

(4) GRENON, Georgina, BOUTOT, Romary, Rapport Panorama énergies et climat, p115-

120 [http://www.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/Panorama-energies-climat_E2013.pdf ]

(5) Systèmes photovoltaïques, fabrication et impact environnementale, HESPUL, juillet

2009 , photovoltaique.info

[http://www.photovoltaique.info/IMG/pdf/PV_Fab_Envt_final_26082009.pdf]

(6) TOTAL, AFP, LA RECHERCHE, 06/08/2010 (mise à jour le 09/12/2013), planete-

energies.com [http://www.planete-energies.com/fr/l-energie-au-quotidien/les-nouveaux-usages/le-

solaire-pourquoi-et-comment-/l-usage-du-photovoltaique-dans-le-monde-175.html]

(7) CONSOGLOBE, Planetoscope,2012 : [http://www.planetoscope.com/Source-d-

energie/517-ventes-d-ampoules-fluocompactes-lfc-en-europe.html]

(8) DAMIEN, Alain, Guide du traitement des déchets – 6e édition : Réglementation et choix

des procédés, Dunod/L'Usine Nouvelle, 2013

(9) SCIENTIFIC CONSULTING GROUP DE GAITHERSBURG,The Scientific consulting

group, INC Maryland (2010) Analysis and comparison of incandescents, compact fluorescent lamps,

and light emitting diode lamps in residential applications :

[http://www.scgcorp.com/docs/LightingReport.pdf]

(10) CONSOGLOBE, Planetoscope,2012 : http://www.planetoscope.com/recyclage-

dechets/327-collecte-et-recyclage-d-ampoules-en-france.html

(11)AFE, Avis de l'ADEME Les lampes basse consommation ,août 2009: [http://www.afe-

eclairage.com.fr/uploads/documentation/10223-ext.pdf ]

(12) RÉCYLUM : [www.recylum.com]

(13) solarpedia, recyclage d’après ADEME - Étude du potentiel de recyclage de certains

métaux rares

(14) LABOURET, Anne, VILLOZ, Michel, Énergie solaire photovoltaïque 3ème édition,

Édition Le moniteur, Dunod (Paris), 2007

(15) SOCIÉTÉ CHIMIQUE DE FRANCE, Le mercure :

[http://www.societechimiquedefrance.fr/extras/Donnees/metaux/hg/texhg.htm]

(16) ARTÉMISE, Traçabilité (2012-2014) : [http://artemise-

recyclage.com/services.php?s=tracabilite]

(17) INDAVER, Traitement des tubes néon et des autres déchets contenant du mercure :

[http://www.indaver.be/fr/traitement-des-dechets/recyclage/dechets-contenant-du-mercure.html]

(18) MBM ENERGIPOLE, Une technologie et des process uniques :

[http://mbm.energipole.com/index.php/category/8]

(19) CD2E, Mercure :[ http://www.cd2e.com/node/280]

(20) SCIENTIFIC COMMITTEE ON HEALTH AND ENVIRONMENTAL RISKS SCHER

« Opinion on Mercury in Certain Energy-saving Light Bulbs »,european commission,health and

consumers scientifics comittees:

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[http://ec.europa.eu/health/scientific_committees/environmental_risks/docs/scher_o_124.pdf

(21) VITO (2009) : [http://www.vito.be/VITO/Search.aspx ]

CNRS, Prévention du risque chimique :

-(22) Le mercure, cycle et toxicité: [http://www.prc.cnrs-gif.fr/spip.php?article75]

-(23) Le mercure et les lampes basse consommation : [http://www.prc.cnrs-gif.fr/spip.php?article88]

(24) CLARKE, Baptiste, 26/09/2012, Actu-environnement : [http://www.actu-

environnement.com/ae/news/procede-recyclage-terre-rare-lourdes-16657.php4]

(25) SOLVAY-RHODIA, Objectifs du projet Loop Life, 2014 :

[http://www.rhodia.com/fr/about_us/businesses/rare_earth_systems/Loop_Life_project_objectives.t

cm]

(26) ELSAM, 20/10/2004, Vestas;

http://www.vestas.com/files%2ffiler%2fen%2fsustainability%2flca%2flca_v80_2004_uk.pdf

(27) CIRAIG (2008) Analyse du cycle de vie comparative d’ampoules électriques :

incandescentes et fluorescentes compactes, Rapport final , CIRAIG:

http://www.ciraig.org/pdf/ACV_Ampoules_Rapp_Final.pdf

(28) BEN, 28/02/2008 TheWatt : http://www.thewatt.com/node/175

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ANNEXE

L'impact énergétique des technologies vertes au cours de leur

cycle de vie.

Installations photovoltaïques

¤Fabrication et impact carbone :

On peut estimer la contribution à l’effet de serre (traduite par un équivalent CO2 par kWh produit)

d’un système photovoltaïque. Néanmoins ces calculs dépendent fortement de la productivité du

système (donc de la région où il est installé) mais aussi de la valeur en g C02 équivalent du pays

constructeur. Deux études réalisées l’une dans le cadre du projet espace-PV (cofinancé par

l’ADEME) et l’autre par le NREL (laboratoire national des énergies renouvelables aux Etats-Unis)

montrent ainsi des valeurs d’équivalent CO2 assez variables, résultant peut-être des différences de

valeurs du mix énergétique entre la France et les Etats-Unis.

Pour une irradiation du type Sud Europe de 1700kWh/m2/an, on trouve un équivalent de 35g

CO2-eq/kWh pour la fourniture électrique de la région Europe à l’UCTE (Union pour la

Coordination du Transport de l’Electricité en Europe, à 0,48kg de CO2-eq/kWh) mais seulement

23g CO2-éq./kWh pour le procédé Elkem (et non Siemens) de purification du silicium utilisé en

Norvège. A titre de comparaison la production d’électricité à partir de charbon, de technologie

nucléaire et d’éolien sont respectivement de 1000, 6 et 11 g CO2-eq/kWh .

Cependant ces valeurs ne considèrent que des installations raccordées au réseau,

puisqu’aucune de ces études ne prend en compte les batteries, dont on a vu qu’il convient de les

remplacer de nombreuses fois et qu’elles ont une fabrication coûteuse en énergie. Par ailleurs, ces

valeurs sont issues de la conversion MJ en CO2 éq. et ne tiennent peut-être pas compte des

émissions de CO2 inhérentes aux processus de fabrications des composants (on a notamment vu en I

que la purification du silicium émettait 3,14kg de CO2 par kg de silicium métallurgique fabriqué)

¤ Économies d'énergie et recyclage :

Les panneaux solaires représentant une source d’énergie dite « renouvelable » ou « propre »,

mais nous avons vu que la fabrication de panneaux solaire nécessitait beaucoup d’énergie, en

particulier en ce qui concerne l’élaboration des modules de silice. A l’énergie nécessaire à la

fabrication des modules photovoltaïques s’ajoute celle nécessaire à la fabrication d’onduleurs (nous

en compterons 2 puisque la durée de vie de 10 à 15 ans nécessite son remplacement). On peut donc

considérer que l’énergie nécessaire à l’élaboration et au maintient d’un système complet

Tableau 4: Empreinte carbone des différentes

technoogies photovoltaïques

(données 2005-2006), source NREL

Illustration 11: Empreinte carbone, source projet espace

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photovoltaïque de 1 kWc (le Wc correspond à la puissance électrique maximale pouvant être

fournie ; en occurrence 1kWc représente une installation de 5 à 10 m2 et peut fournir environ

1250kWh/an à Nice) est de 3201 + 1697 + 333 + 25891 + 99 + 2*1267 =33755 MJ si celui est

fabriqué de novo.

Si ce système est à vocation autonome il convient alors d'ajouter l'énergie nécessaire à l’élaboration

de batteries (nous en compterons 6 pour un panneau solaire) et il faudra alors 33755 +6*1199 =

40949 MJ .

Si l’on considère un recyclage de 60% du silicium et une économie d’énergie de 30% lors

de la fabrication de module à partir de silicium recyclé (cf tableau infer), on obtient une énergie

nécessaire à la fabrication du même système de 3201 + 1697 + 333 + 0,6*0,7*25891 + 0,4*25891

+ 99 + 2*1267 = 29094MJ. Ici aussi considérer le remplacement augmente de manière très

importante le coût énergétique de fabrication, puisqu'en considérant des batteries recyclées à 60%

(valeurs pour l’Europe) économisant 25% d’énergie, on obtient une énergie nécessaire à la

fabrication du même système de 29094 + 6*0,6*0,75*1199 + 6*0,4*1199 = 35209 MJ

On notera que la bibliographie [1] donne des valeurs de l’ordre de 20 à 25000 MJ ce qui est bien

inférieur, et résulte de la non prise en compte des batteries qui doivent être souvent remplacées.

On trouve dans les études ([1],[2]) que le temps de retour énergétique (c'est à dire le temps

nécessaire pour qu'un système photovoltaïque ai produit autant d'énergie qu'il a fallu à sa fabrication)

d’un système photovoltaïques est en moyenne de 3,3 ans pour des cellules multicristallines sous un

ensoleillement de 1700kW/m2/an.

LFC :

¤ Extraction de matières premières :

Il convient de noter qu'une LFC est plus lourde et plus complexe qu'une ampoule à

incandescence ; l'extraction des matières premières nécessaires à sa fabrication est donc plus

coûteuse énergétiquement. Les principaux composants métalliques des LFC étant en grande partie

extraits en Chine, lieu d'assemblage des ampoules, il y a une assez bonne optimisation des

transports du secteur primaire au secondaire donc relativement peu d'émissions de CO2 de ce point

de vue. On compte finalement 0,164 kg-équivalent CO2 pour l'extraction des matières premières

nécessaires au ballast, et 8,56.10-2 kg-équivalent CO2 pour la lampe.

¤ Fabrication :

Une LFC se composant principalement d'un tube fluorescent et d'un ballast électronique, ces

deux éléments nous intéresseront particulièrement pour l'étude de la fabrication des ampoules.

Lors de la fabrication d'un tube fluorescent, un long tube de verre est d'abord chauffé, puis

tordu de la manière désirée ; un séjour dans une solution contenant les poudres phosphorescentes

(ainsi que de l'oxyde de polyéthylène) permet d'en imprégner l'intérieur du tube. Celui-ci est ensuite

séché et placé dans un four à 550°C pendant 3 minutes, puis couvert d'un agent blanchissant

fluorescent. Ensuite, pendant que l'argon et le mercure y sont introduits, la cathode est chauffée – ce

qui permet de vaporiser le mercure, liquide, à l'intérieur du tube. Enfin, le tube est scellé, en

attendant d'être solidarisé avec le ballast.

La fabrication du ballast commence par l'élaboration d'une carte de circuit imprimé (carte

PCB), composée d'une couche conductrice (généralement une fine couche de cuivre) et d'une

couche isolante diélectrique (résine époxy). Le cuivre est ainsi collé sur le substrat isolant, puis

l'excédent est éliminé alors qu'une « gravure » permet de laisser uniquement les motifs voulus ;

plusieurs cartes PCB ainsi formées peuvent ainsi être assemblées, formant des cartes multi-couches.

La carte est ensuite percée par de petits morceaux de tungstène solide, les trous étant ensuite

comblés par des anneaux métalliques – ce qui permet une connexion entre des conducteurs situés de

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chaque côté de la carte. Le circuit imprimé ne sera fonctionnel qu'après assemblage de ces cartes

PCB avec d'autres composants électriques, grâce à un joint métallique assurant une cohérence

mécanique et électrique.

Le bilan énergétique de la fabrication d'une LFC est donné en comparaison à celui d'une

ampoule à incandescence dans le tableau 1 :

LFC Incandescence

Verre 0,17 0,11

Plastique 0,68 0

Electronique 0,66 0

Laiton 0,18 0,18

Bilan 1,69 0,29

Tableau 1: Coût énergétique des composants des ampoules (en kWh) (28)

La différence de coût énergétique entre les ampoules à incandescence et fluocompactes se

joue donc lors de leur fabrication, les LFC étant beaucoup plus compliquées d'assemblage –

notamment à cause de l'introduction très délicate du mercure dans les tubes, qui nécessite un

conditionnement parfois indisponible dans les usines. Par ailleurs, du fait du lieu de fabrication des

LFC, la forte demande en énergie qu'elle implique se traduit par d'assez importantes émissions de

CO2, car la Chine emploie essentiellement du charbon pour sa production énergétique ; le transport

des pièces d'une usine à l'autre, rendu nécessaire par la complexité du ballast, augmente encore ce

coût énergétique. Ainsi, selon une étude du RMI (Rocky Mountain Institute), 7,2 % de l'équivalent

CO2 (soit 1,85.10-2 kg) produit au cours de la vie d'une LFC de 23 W sont dus à sa fabrication ;

l'équipement électronique est le plus demandeur en énergie.

Il ne faut pas conclure trop vite qu'une LFC est écologiquement moins viable qu'une

ampoule à incandescence : il faut bien sûr prendre en compte les économies d'énergie réalisées

pendant l'usage des LFC.

¤ Distribution :

Entre l'étape de fabrication des LFC et leur distribution, a lieu l'étape d'emballage. Une

ampoule est généralement emballée avec un support de carton recouvert par du plastique ; le coût

énergétique de ce processus pour une ampoule est de 2,94.10-4 kg-équivalent CO2, ce qui est très

faible. Cependant, l'impact environnemental de la fabrication du carton blanchi se mesure

principalement en terme de matières polluantes ; on ne s'y intéressera pas ici.

Le transport des LFC commence à Shanghai, où la plupart d'entre elles sont fabriquées ;

elles sont ensuite transportées par camion, jusqu'au port chinois d'où elles partent par bateau dans le

monde entier. En supposant un transport maritime jusqu'à Los Angeles puis un acheminement par

camion vers Denver (exemple de l'étude du Scientific Consulting Group de Gaithersburg), où se

trouve un centre de stockage, 1,73.10-3 kg-équivalent CO2 au total est dû au transport d'une LFC

emballée. Ce résultat est supérieur à celui obtenu pour les ampoules à incandescence (qui ne sont

pas nécessairement fabriquées en Chine), mais négligeable devant la part de la fabrication elle-

même sur l'équivalent CO2 d'une LFC.

¤ Usage :

Qualifiées de « lampes à basse consommation », les LFC se distinguent en effet des

ampoules à incandescence par leur longévité et leur faible consommation énergétique, qui

compensent leur coût énergétique de fabrication, et permettent un moindre rejet de gaz à effet de

serre (CO2). Les résultats suivants seront cependant fournis en kWh ; la conversion en kg-

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équivalent CO2 se fait à raison de 66 g de CO2 rejetés pour 1 kWh fourni grâce au nucléaire, 664 g

grâce au fioul et 960 g grâce au charbon.

Par ailleurs, comme le montre le tableau 2, une LFC est consommatrice d'une puissance électrique

en moyenne quatre fois moins grande qu'une ampoule à incandescence, pour une même luminosité

émise.

Luminosité (lumen) Consommation d'une

lampe à incandescence (W)

Consommation

d'une LFC (W)

450 40 9-13

800 60 13-15

1100 75 18-25

1600 100 23-30

2600 150 30-55

Tableau 2: Consommation comparée des deux types d'ampoules

Les LFC sont ainsi construites pour durer 8000 heures en moyenne (à condition de ne pas

les éteindre/allumer trop souvent), contre 1200 pour leurs homologues à incandescence. Le bilan

des déchets dus à une LFC doit donc être comparé à celui de 6 ampoules à incandescence (qui

nécessitent plus de kWh pour leur cycle de vie complet qu'une LFC).

Enfin, l'énergie consommée par une LFC est convertie à 80 % en lumière et à 20 % en

chaleur (70°C), alors qu'une ampoule à incandescence la convertit en chaleur à 95 % (jusqu'à

150°C). Cette propriété peut être avantageuse, ou non, en terme de chauffage intérieur ; en effet, si

l'on désire chauffer le logement, il paraît plus intéressant d'employer des ampoules à incandescence,

alors que s'il faut le rafraîchir, celles-ci augmenteront les frais de climatisation. Or, les besoins de

chauffage sont plus importants en hiver, donc lorsque les jours sont plus courts et que l'on s'éclaire

plus. La prise en compte de ces paramètres s'appelle « scénario de l'effet croisé », et n'a été

effectuée que dans l'analyse de cycle de vie menée par le CIRAIG. Cette analyse (menée pour le

Québec) conclut qu'il faut, du point de vue énergétique, encourager les LFC, car bien que le

chauffage par les lampes à incandescence soit moins polluant que le chauffage au mazout ou au gaz

naturel, 70 % des logements québécois se chauffent à l'électricité. Cette conclusion est néanmoins

discutable au vu des résultats de l'étude ; il semble en réalité plus intéressant, pour des climats aussi

rigoureux, de s'éclairer avec des lampes à incandescence, quelle que soit la source de chauffage.

¤ Recyclage :

La voie du recyclage permet d'éviter au maximum la quantité de déchets plastiques incinérés,

déjà importante dans les LFC par rapport aux lampes à incandescence. En tant qu'éco-organisme,

Récylum s'est également engagé à minimiser l'impact environnemental de la collecte des LFC en

termes de CO2, en optimisant le trajet des camions récupérant les ampoules usagées ainsi que leur

chargement, mais aussi en soutenant financièrement les véhicules éco-conçus. A titre indicatif, aux

États-Unis, on estime à 9,15 g-équivalent CO2 l'empreinte carbone de la collecte d'une LFC.


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