Ancienne église de Taulé (Finistère)
29 279 6
7/31 octobre 1996
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d'évaluation archéologique
Sous la direction de Fanny Tournier
Avec la collaboration de Eric Pierre
Commune de Taulé S.R.A. Rennes : 1996
Ancienne église de Taulé (Finistère)
29 279 6
7/31 octobre 1996
fouille d'évaluation archéologique sous la direction de Fanny Tournier
Avec la collaboration de Eric Pierre
Commune de Taulé S.R.A. Rennes : 1996
3
Les prises de notes et de photocopies sont autorisées pour un usage exclusivement privé et non destinées à une utilisation collective (article L 122-5 du code de la propriété intellectuelle). Toute reproduction du texte, accompagnée ou non de photographies, cartes ou schémas, n'est possible que dans le cadre du droit de courte citation, avec les références exactes et complètes de l'auteur et de l'ouvrage. Par ailleurs, l'exercice du droit à la communication exclut, pour ses bénéficiaires et pour les tiers, la possibilité de reproduire, de diffuser ou d'utiliser à des fins commerciales les documents communiqués (loi n° 78-753 du 17 juillet 1978, art. 10).
Le non respect de ces règles constitue un délit de contrefaçon puni par l'article 425 du code pénal.
4
SOMMAIRE
FICHE SIGNALETIQUE 5
INTRODUCTION 8
Cadre de l'opération 8
Méthode et implantation des sondages 8
PRESENTATION DU SITE 10
Géographie - Géologie 1 0
Historique 1 0
RESULTATS 17
CONCLUSION 27
5
FICHE SIGNALETIQUE
LOCALISATION DE L'OPERATION
Site N° : 29 279 6 Département : Finistère COMMUNE : Taulé
Lieu-dit ou adresse : Place de la Mairie
Année cadastre : Section(s) et parcelle(s) : hors parcelle
Coordonnées Lambert Zone : 1 Altitude : 90 m
x l = x2 = x3 =
yl = y 2 = y3 =
IDENTITE DE L'OPERATION
Autorisation n° 1996/093 valable du 1/10 au 31/10 1996 Nature : EV
TITULAIRE (nom et prénom) : TOURNIER Fanny Organisme de rattachement : AFAN
Propriétaire du terrain : Commune Protection juridique : Clocher classé MH
Motif de l'opération : Aménagement de la place de la Mairie
Maître d'ouvrage : Mairie de Taulé Coût global de l'opération : 59 558,00 F
Contraintes techniques particulières :
Surface ouverte : 300 m2 Surface estimée du site : 1000 m2
Emprise menacée entièrement fouillée : NON
Fouille menée jusqu'au substrat : OUI Sinon, altitude du fond de fouille
RESULTATS SCIENTIFIQUES
MOTS CLES : (3 à 5 par rubrique)
- Chronologie : Epoque moderne
- Vestiges immobiliers : Murs, embases de piles
- Vestiges mobiliers : Néant
COMMENTAIRE : Le but de cette opération étant uniquement de déterminer le plan général du
bâtiment, aucune fouille n'a été entreprise en raison de l'affleurement des structures sous le revêtement
actuel.
LIEU DE DEPOT : du mobilier : sans objet des fonds documentaires : SRA Rennes
N° des 10 à 20 diapos. les plus représentatives (fouille et mobilier) : 18/5, 13/5, 17/3, 9/3, 12/2; 17/1,
18/1, 4/6, 3/4, 3/1, 2/1, 19/3, 12/5, 4/2, 8/4 (le 1er chiffre = n° de dia, le 2nd = n° de pochette)
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES DU DFS
ANNEE : 1996 AUTEUR (nom, prénom) : TOURNIER Fanny
COLLABORATEUR^s) : PIERRE Eric
TITRE : Ancienne église de Taulé (Finistère)
Nombre de volumes : 1 nbre de pages : 29 nbre de fig. : 23 nbre de planches :
6
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Xoattudual Henguer Vers Morlaix D 58
Vers Morlaix
6,90 gr Ouest du
Figure 1 - Extrait de la carte I.G.N. au 1/25 OOOe
8
INTRODUCTION
Cadre de l'opération Un programme d'aménagement du centre-bourg de Taulé prévoyait, pour l'actuelle
place de la mairie, la restitution au sol du plan de la nef de l'ancienne église dont il ne
reste aujourd'hui que le clocher classé au titre des Monuments Historiques.
Monsieur Garetta, Architecte des Bâtiments de France, d'accord avec ce projet, a
néanmoins souhaité que l'on restitue le plan exact de l'édifice disparu. Après des
recherches infructueuses dans différentes archives pour retrouver un plan ou des
documents figurés, il a donc été décidé d'entreprendre une opération archéologique
afin de mettre au jour les vestiges enfouis de la nef de l'église et d'en dresser le plan
précis.
Cette recherche, entièrement financée par la commune de Taulé, a été placée sous
la direction scientifique du Conservateur Régional de l'Archéologie de Bretagne et
gérée par l'AFAN1. Elle a été menée sur le terrain du 7 au 18 octobre 1996, soit
pendant 10 jours effectifs. L'analyse des résultats et la rédaction du rapport final de
synthèse se sont déroulées à Rennes du 21 octobre au 31 octobre 1996.
Elle a été exécutée par Fanny Tournier (responsable d'opération, AFAN) et par Eric
Pierre (technicien de fouille, AFAN).
Mise au net des plans : Eric Pierre.
Crédit photographique : Fanny Tournier.
Méthode et implantation des sondages Il a d'abord été procédé à l'enlèvement de l'enrobé, à l'aide d'un tracto-pelle muni
d'un godet à dents, sur toute la superficie présumée de l'ancienne église (figure 2).
Quelques maçonneries affleurant directement sous le revêtement bitumé, un
décapage des remblais superficiels, effectué avec un godet lisse, a permis de
retrouver la majorité des structures. Des vignettes ont ensuite été ouvertes
ponctuellement afin de compléter le plan en touchant le moins possible aux niveaux
archéologiques.
1 Association pour les Fouilles Archéologiques Nationales
9
Une seule tranchée profonde de 2,00 m de large par 4,00 m de long a été ouverte au
nord-est de la parcelle où aucune maçonnerie ne subsistait. Le substrat y a été
découvert à 1 m de profondeur sous la surface actuelle.
En l'absence de borne NGF accessible, l'ensemble du terrain a été nivelé en prenant
comme référence la dalle de granit marquant l'entrée est du porche du vieux clocher,
prise à une cote de niveau présumée égale à 90 mètres (carte au 1/25 000e de
l'I.G.N., figure 1)
Etant donné l'objectif de l'opération (déterminer un plan), le temps imparti à son
exécution (10 jours), la superficie à étudier (360 m2), une météo médiocre et les
difficultés liées à la nature difficile du terrain (remblais argileux très compactés sous
l'enrobé), aucune fouille manuelle n'a été entreprise. Seul un nettoyage des
structures mises au jour et de leur environnement immédiat a pu être mené à bien.
Quelques sépultures, effleurées, ont été laissées en place et non fouillées.
10
PRESENTATION DU SITE
Géographie - Géologie La commune de Taulé occupe une partie du plateau interfluve délimité par les
rivières de la Penzé à l'Ouest et de Morlaix à l'Est. Le bourg est situé sur le point
culminant du territoire communal (figure 1).
Le sous-sol est constitué de schistes du Dinantien1, qui, mis au jour, se présentent
sous forme de plaquettes de schiste en cours d'altération et dont les couches sont
orientées Est-Ouest.
De l'ancienne église il ne reste aujourd'hui que son clocher qui se dresse à l'ouest
d'une petite place entièrement recouverte de bitume et utilisée comme parking (figure
2). Le terrain présente un léger pendage orienté Sud-Est/Nord-Ouest.
Historique Taulé aurait été une paroisse primitive, un Plou-, privé de son préfixe et le nom de
Taulai est cité dès le début du Xlle siècle2. Elle appartenait à l'évêché de Léon et son
église était dédiée à saint Pierre. On ignore l'emplacement de l'église primitive qui,
d'après Bernard Tanguy, aurait été située à Henvic3.
L'ancienne église du bourg de Taulé n'est plus connue que par le plan cadastral
napoléonien, dressé au 1/2500e en 1828 (figure 3).
Elle était implantée dans un enclos au plan irrégulier formant cimetière. Cet ensemble
était situé à l'est d'un vaste quadrilatère délimité par des chemins et autour duquel
s'organisait l'habitat. La représentation de l'édifice le montre de plan rectangulaire aux
dimensions respectables (40 m de long y compris le clocher pour 17 m de large),
dépourvu de transept et de contrefort et au chevet plat. Le clocher est incorporé au
pignon Est.
Ce plan de l'ancienne église reporté sur le cadastre nouveau signale que plus d'un
tiers des vestiges du monument a été irrémédiablement détruit par l'aménagement
d'une route (figure 4).
1 Carte géologique de la France, feuille 11.16, Brest-Lorient, 1/320 000e 2 TANGUY B., Les noms de commune, trêves et paroisses du Finistère, Douarnenez, 199*, p. 217 3 TANGUY B., op. cit.
12
Figure 4 - Emplacement de l'ancienne église sur le plan cadastral actuel
13
L'église, à l'exception du clocher, a été rasée au début de ce siècle suite à un arrêté
municipal de 1904 qui stipule que le monument "n'a aucun intérêt artistique" et qu'il
"menace ruine". Les pierres provenant de la démolition ont été réemployées pour la
construction du mur d'enceinte du nouveau cimetière et le reste des matériaux
revendu par adjudication1. Cependant, vers la fin des années 1930, un érudit local
écrit à propos de l'ancienne église que l'on "a enlevé la toiture, mais ses murailles et
ses arcades se dressent toujours dans le cimetière au pied du vieux clocher"2.
Pourtant, les riverains âgés interrogés ne conservent pas de souvenir du bâtiment -
même en ruines.
Le vieux clocher, attribué à l'architecte Joseph Beaumanoir, est généralement daté
du début du XVIe siècle. Il est fait de grand appareil de granit et constitué d'une tour
carrée surmontée d'une balustrade et d'une flèche pyramidale. Sa face sud est
flanquée d'une tourelle cylindrique enfermant un escalier. Deux ossuaires sont
accolés à sa base nord et sud (figure 5).
Figure 5 - Dessin du vieux clocher par Erril Laugier3
1 Archives Municipales de Taulé 2 LE GUENNEC L., Le Finistère Monumental, Morlaix et sa région, T.1, Quimper, édition de 1979, p. 377. 3 Extrait de Taulé et son patrimoine, plaquette éditée par l'association Saint Herbot, Morlaix, 1995
14
Figure 6 - Façade est du vieux clocher
Sur sa façade Est on peut observer les traces ténues de l'accroche de la toiture de la nef, des trous de poutres et une limite horizontale d'un enduit blanc (figure 6). Il est probable que la nef ait été couverte de charpente comme cela est fréquent dans les églises finistériennes de la même époque.
Les deux contreforts Est trahissent les arrachements du pignon de la nef, rebouchés et parementés en pierres de schiste liées au mortier (figure 7).
Figure 7 - Arrachement sur le contrefort nord-est du clocher
Figure 8 - Plan général des sondages et des structures
17
RESULTATS
L'état d'arasement des vestiges et l'absence de fouille nous contraignent à rester
dans le domaine des hypothèses quant à la fonction d'une partie des structures
dégagées et à ne pas proposer de datations.
Sous des remblais de nivellement contemporains, d'une épaisseur de quelques
centimètres à l'ouest et variant de 30 à 40 cm à l'est, un ensemble homogène de
massifs maçonnés a été mis au jour. Il s'agit de murs pignons (M1 et M2), d'une
partie de murs gouttereaux (M3 et M4) et d'embases de piles. Ils composent une
grande partie du plan de la nef (figure 8). Celle-ci est divisée en trois parties, la nef
centrale et deux bas-côtés, délimitées par des embases de piles en forme de T. Une
ouverture latérale dans la façade méridionale est marquée par une grande dalle de
schiste (US 1040). L'extérieur ne comporte pas de contrefort et la façade sud est
longée par un caniveau composé de pierres de schiste (US 1038, 1041, figure 9). La
partie orientale de la nef, aujourd'hui effacée par la route, n'a évidemment pas été
recherchée.
Figure 9 - Détail du caniveau
18
Les vestiges des murs (figures 10, 11, 12) et des piles (figures 13, 14, 15, 16) sont
faits de dalles de schiste de taille moyenne en parement et d'un blocage en petites
pierres de schiste, le tout lié avec une terre argileuse jaune vif. La tranchée du
paratonnerre du clocher (US 1047) a coupé en partie le mur 2 et une canalisation
d'eau (US1009) a sectionné l'angle des murs 1 et 4. Il ne subsiste du mur 3 qu'une
petite section et une embase de pile ; toutefois, son tracé et l'empreinte d'une pile ont
pu être reconnus par la trace du remblaiement de leur tranchée de fondation (figure
17).
Figure 10- Le mur 1 vu vers le Nord. Au premier plan, la tranchée 1009 ayant détruit l'angle sud-ouest du pignon.
19
Figure 11 - Murs 2 et 3 vus vers l'Est. A droite du cliché, les gravillons de remplissage de la tranchée du paratonnerre qui coupe le mur 2.
Figure 12 - Mur 4 vu vers l'Ouest On distingue 5 embases de piles
incluses dans le mur
20
Figure 14 - Parement ouest du pilier 1033
21
Figure 15 - Embase du pilier 1051. En haut du cliché, le pilier 1033
22
Figure 16 - Embase du pilier 1052 vu vers l'ouest On distingue dans la section, la tranchée de récupération de la pile remblayée de terre jaune.
Figure 17- Tranchée de vol du mur 3, visualisée par son remblai jaune.
23
Figure 18- Dalle de schiste marquant l'entrée latérale
24
La pierre de l'entrée latérale (US 1040) est une belle dalle de schiste de 2,50 m de
long X 0,90 m de large, dont les croix latines gravées aux angles et une petite cavité
au centre nous font penser qu'elle est une pierre d'autel remployée (figures 18,19).
Figure 19 - Détail du côté est de la dalle.
25
Les sols, très vraisemblablement récupérés lors de la démolition, n'ont pas été
retrouvés. Quelques indices peuvent cependant nous renseigner sur leur altitude : la
limite basse d'un reste d'enduit (figure 20) sur le clocher (89,74 m), la dalle de l'entrée
(90,18 m), les deux dalles de granit subsistant dans l'angle sud-ouest (89,71 m) et le
pavement du porche du clocher encore en place (89,85 m). Ces altitudes se situent
sensiblement au même niveau que les arases des murs (entre 90,14 m et 89,67 m)
qui correspondent selon toute vraisemblance à des fondations. Il faut en outre noter
que les matériaux provenant de l'église et remployés au nouveau cimetière sont des
blocs de granit formant un grand appareil, semblable à celui du clocher, dont
élévations de la nef devaient être construites.
Figure 20 - Vestige d'enduit blanc à la base du clocher, à l'intérieur de la nef
26
Un aménagement maçonné (murs 7, 8 et piles 1005 et 1061), disposé parallèlement
au clocher évoque le soubassement d'une tribune. La petite dalle de granit 1050
comporte une gravure très émoussée dont la représentation suggère la base d'une
croix. Orientée Est-Ouest, elle constitue peut-être une dalle de sépulture.
L'organisation des structures M5, M6, 1063 ainsi que la pile 1016 laisse penser à une
délimitation de l'espace réservé aux fonds baptismaux. Deux dalles de granit (US
1062) disposées à plat dans l'angle sud-ouest de cet espace pourraient alors être les
ultimes restes du support des fonds baptismaux.
Les sépultures observées, tant à l'extérieur de l'église qu'à l'intérieur, sont orientées
Est/Ouest et les défunts inhumés en pleine terre dans des cercueils de bois
(présence de nombreux clous).
27
CONCLUSION
La courte durée de cette opération n'a pas autorisé une fouille qui aurait certainement
permis de préciser la fonction des structures annexes au bâtiment principal et
d'avancer des datations. Mais les éléments retrouvés sont suffisants pour restituer
fidèlement la partie du plan de l'ancienne église conservé sur la place de la Mairie. Le
plan de restitution proposé ici (figure 21) ne retient que l'ossature de la nef. Les tiretés
représentent des parties détruites ou non reconnues formellement mais
reconstituables avec vraisemblance. L'emplacement d'un pilier dans la partie nord-
est du terrain n'a pas été sondé pour des raisons techniques de circulation du tracto-
pelle. Un traitement différenciant ces parties serait cependant à envisager.
Les dessins en "pierre-à-pierre" représentés sur les plans sont des échantillons à
l'échelle destinés à guider la restitution au sol des maçonneries. Il faut de nouveau
préciser ici que ces appareillages correspondent à des fondations et non pas à des
élévations et qu'il conviendrait, par souci d'exactitude, de les faire apparaître au
niveau du sol.
Les murs et piles mis au jour, liés à la terre argileuse, déjà altérés et fragiles, devront
être protégés et conservés dans leur état d'origine. Il faudra d'ailleurs être
particulièrement vigilant envers certains éléments qui affleuraient sous l'enrobé
(figure 22).
Figure 21 - Proposition de restitution
29
45
Figure 22 - Plan du nivellement général