Observatoire du Management AlternatifAlternative Management Observatory
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Fiche de lecture
Ecologie, communauté et style de vieArne Naess
2008
Margaux Vinez – Mars 2011Majeure Alternative Management – HEC Paris – 2010-2011
« Ecologie, communauté et style de vie » – Mars 2011 1
Ecologie, communauté et style de vie
Cette fiche de lecture a été réalisée dans le cadre du cours « Histoire de la critique » donné par Eve Chiapello et Ludovic François au sein de la Majeure Alternative Management, spécialité de troisième année du programme Grande Ecole d’HEC Paris.
Editions MS, Paris, 2008 Première date de parution de l’ouvrage : 1976
Résumé : La crise écologique ne fait plus débat, elle est une réalité quotidienne. Comment répondre à cet enjeu ? Pour Arne Naess, les mouvements écologistes font fausse route en se concentrant sur la gestion des ressources et sur la pollution. C'est non seulement le mode de production capitaliste et techno-industriel qu'il faut remettre en cause, mais également notre rapport à la vie et au monde qui nous entoure. Jusqu'ici, les philosophies ont échoué à penser la nature. Naess nous propose, à travers sa propre philosophie environnementale, de changer de vision du monde en repensant profondément le rapport de l'homme à la nature et de définir des principes d'action cohérents. Ce livre est le plus emblématique du mouvement de l'écologie profonde.
Mots-clés : Ecologie profonde, Capitalisme.
Ecology, community and lifestyle
This review was presented in the “Histoire de la critique” course of Eve Chiapello and Ludovic François. This course is part of the “Alternative Management” specialization of the third-year HEC Paris business school program.
Editions MS, Paris, 2008 Date of first publication: 1976
Abstract: We are going through a deep ecologic crisis. It is no longer a debate, but an everyday reality. Until now, ecological movements seem unable to provide solutions. They are misguided by focusing only on resource management and pollution, instead of challenging the capitalist and techno-industrial way of life. In this book, Arne Naess provides the basis for a deep ecology philosophy and movement: we have to completely rethink the relationship between mankind and nature. This book is emblematic of the deep ecology movement. He provides the philosophical basis and principles for a consistent action.
Key words : Deep ecology, Capitalism.
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Table des matières
1. Un philosophe sans concession.............................................................................................41.1. Arne Naess, un homme hors du commun.................................................................41.2. Communauté et style de vie, emblèmes de l'écologie profonde...............................5
2. Résumé de l'ouvrage.............................................................................................................62.1. Plan de l'ouvrage.........................................................................................................62.2. Principales étapes du raisonnement et principales conclusions................................10
3. Commentaires critiques......................................................................................................17 3.1. L'avis d'autres auteurs sur l'ouvrage........................................................................17
3.1.1. La critique de Bryan G Norton.....................................................................173.1.2. Critique de l'écologie sociale et par l'écoféminisme....................................183.1.3. Critique des écoféministes : Val Plumwood.................................................19
3.2. Avis de l'auteur de la fiche........................................................................................20
4. Bibliographie.......................................................................................................................22
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1. Un philosophe sans concession
1.1. Arne Naess, un homme hors du commun
Naess, de son nom complet Arne Dekke Eide Naess, est né le 27 janvier 1912 en Norvège, et décédé en 2009. Il fit des études de philosophie et de sémantique, et réalisa un doctorat de sociologie des sciences à l'Université d'Oslo. Après des recherches à Berkeley sur la théorie du langage, il devient le plus jeune professeur titulaire de l'histoire de l'Université d'Oslo, où il enseigne de 1939 à 1969. Il quitte ensuite son poste et ses activités d'enseignement pour se consacrer à une réflexion sur nos modes de vie et fonder l'écologie profonde. Il avait déjà participé à de nombreux mouvements pacifistes et était présent au cercle de Vienne 1970. A partir de 1970, il milite activement pour l'écologie, et poursuit ses travaux de philosophie, influencé par Spinoza, le bouddhisme, ou encore Gandhi. Sa revue interdisciplinaire, fondée en 1958 sous le nom d'"Inquiry", connaît un grand succès. Par ailleurs, il consacre beaucoup de temps à l'écriture : son œuvre comprend une trentaine de livres et une centaine d'articles, traduits dans de nombreuses langues et agrémentées de nombreuses références.
Il semblerait que l'ouvrage de Rachel Carson publié en 1962, Silent Spring, ait eu une influence déterminante sur sa conception du monde. Il tenta de regrouper l'écologie et les principes de non violence gandhienne, et se lança dans de nombreuses actions écologistes. Par exemple, en 1970, il s'enchaîna à un rocher en face de Mardalsfossen, une chute d'eau dans un fjord norvégien, refusant de descendre tant que le projet de construction n'était pas abandonné. Cette manifestation, très soutenue, lança le mouvement écologiste norvégien. En outre, Naess est actif politiquement car il s'est présenté une fois comme candidat au Parti norvégien vert. Son rapport très particulier à la nature semble être né de son amour pour la montagne, et notamment d'une expédition dans le massif Tvergastein, au cours de laquelle il est resté coincé dans les montagnes. Hébergé dans une cabane par un homme d'une extrême simplicité mais dont il perçoit que sa vie est très riche de joies et sensations, il a alors, pour la première fois, l'intuition, qu'il tentera ensuite de partager, de l'importance de s'identifier comme une partie de la nature, un tout infiniment plus grand que soi mais auquel nous participons tous.
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1.2. Communauté et style de vie, emblèmes de
l’écologie profonde.
Cet ouvrage est emblématique du mouvement de l'écologie profonde. Arne Naess y
présente tous les grands principes de sa philosophie environnementale. Il pose les bases
métaphysiques d'une réflexion sur l'environnement. La traduction française est fondée sur la
version anglaise, Ecology, community and lifestyle, en partie fondée sur la version
norvégienne, publiée en 1976. Cette version anglaise a été rédigée par David Rothenberg, qui
a pour cela passé de nombreux mois aux côtés d'Arne Naess.
Communauté, Ecologie et Style de vie est le premier ouvrage traduit en français de
l'auteur, en 2008. Il est intéressant de constater que cette traduction est extrêmement tardive
alors même que l'ouvrage avait déjà été traduit en cinq langues et que l'œuvre de Arne Naess
influe profondément les mouvements écologistes aux Etats Unis et en Europe depuis plus de
trente ans.
Cet ouvrage se présente sous la forme d'un livre de trois cent soixante-douze pages,
consacré au développement de la philosophie environnementale de Naess sous forme logique.
Il est emprunt de philosophie et de sémantique, mais s'adresse également à des questions très
pratiques relatives aux modalités d'action possibles, à l'activisme ou encore à l'action
politique. Il développe les éléments principaux de l'écologie profonde et permet de se défaire
de tous les préjugés qui y sont associés et de mieux comprendre ce mouvement complexe.
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2. Résumé de l’ouvrage
2.1. Plan de l’ouvrage
1) La crise environnementale et le mouvement de l'écologie profonde
1. La gravité de la situation
2. production et consommation : idéologie et pratique
3. Notre savoir écologique est strictement limité : les conséquences écopolitiques de notre
ignorance
4. Le mouvement de l'écologie profonde
5. Une plateforme pour l'écologie profonde
6. Comment les thèmes de l'écologie profonde sont présentés dans ce qui suit
2) De l'écologie à l'écosophie
1. Ecologie, écophilosophie, écosophie
a) Ecologie
b) Ecophilosophie et écosophie
c) Les dangers de l'écologisme : faire de l'écologie la science ultime
2. L'évaluation normative
a) La science objective ne peut pas fournir de principes d'action
b) Normes et hypothèses, les systèmes normatifs
c) Le généraliste en nous
d) La biologie de la conservation
3. Les descriptions objective, subjective, et phénoménologique de la nature
4. Les qualités primaires, secondaires et tertiaires : existent elles dans la nature?
5. La théorie protagoréenne du “à la fois X et Y”
a) Le champ relationnel
b) Le monde des contenus concrets
6. Gestalt et pensée gestaltiste
7. Emotion, valeur et réalité
8. De l'émotion à l'évaluation
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3) Faits et valeurs
1. Annonce avec détermination tes priorités de valeurs
2. Les systèmes totaux : des modèles de systèmes normatifs en forme pyramidale
3. La pensée systématique écologiste
4. La recherche des fins ultimes : plaisir, joie ou perfection?
5. La réalisation de Soi : une norme supérieure et l'expression clé d'un but ultime
4) Ecosophie, technologie et style de vie
1. Conscience écosophique et style de vie
2. La coopération dans le style de vie écosophique : the future in your hands
3. Les effets du changement de mentalité
4. Technologie et style de vie
a) Le progrès purement technique n'existe pas
b) “ On peut résoudre la crise environnementale par la technique”
c) La technologie légère de l'écosophie
d) L'invasion des technologies dures dans le tiers-monde
e) Ecosophie et technologie : un résumé
5) Les sciences économiques dans l'écosophie
1. Le contact avec les vues totales
2. Le manque d'intérêt du mouvement de l'écologie profonde pour les sciences économiques
3. D'un point de vue purement économique
4. Un fragment de système de mesure économique
5. Le produit national brut
6. Des raisons d'ignorer le PNB dans les pays industrialisés
a) Un arrière plan historique pour la réévaluation du PNB
b) Le PNB n'est pas une mesure du bien être : pourquoi ?
c) Le PNB favorise les technologies dures et distantes
d) La croissance du PNB favorise les volontés et non pas les besoins
e) Le PNB induit une discrimination à l'égard des personnes qui travaillent à
domicile
f) La croissance du PNB soutient la consommation irresponsable et non solidaire
des ressources et la pollution globale
g) La non pertinence de la croissance économique
: «Ecologie, communauté et style de vie» – Mars 2011 7
h) Les tentatives déplacées de sauver le PNB
7. Notions de base de la théorie du bien-être économique
a) la notion de bien être économique
b) de la théorie du bien être aux systèmes normatifs
c) Du bien être à la réalisation de Soi
8. La recherche sur la qualité de vie ; de profonds entretiens
9. L'instauration d'un prix fantôme pour la nature
10. Résumé
6) L'écopolitique dans l'écosophie
1. Le mouvement écologique ne peut éviter la politique
a) Tout a une importance politique, mais tout n'est pas politique
b) L'analyse du pouvoir est nécessaire
c) La politisation de la conservation
2. Les trois pôles du triangle politique, les bleus, les rouges, les verts et les limites de l'analyse
triangulaire
3. Liste des problèmes écopolitiques dans leur extension
4. Autres commentaires sur ces domaines écopolitiques de base : la pollution, les ressources et
la population.
a) La pollution
b) Les ressources
c) La population
5. Renforcer le local et le global
a) L'autodétermination
b) Autonomie
c) La réalisation des communautés locales
6. L'action directe : les normes ganghiennes de la non-violence
7. Les pays riches et les pays pauvres : de l'exploitation à l'aide mutuelle
8. Les critiques envers Les Limites de la croissance
9. Les partis politiques verts sont-ils désirables ?
10. Le mouvement de l'écologie profonde et les grandes questions politiques
a) Les choix idéologiques fondamentaux
b) Socialisme et écosophie
11. La bureaucratie
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12. Le mouvement de l'écologie profonde et le mouvement pacifiste
13. Les programmes politiques verts au jour le jour
14. Remarques conclusives
7) L'écosophie T : l'unité et la diversité de la vie
1. Le droit universel à l'épanouissement de soi et la valeur intrinsèque corrélée de toute forme
de vie
a) L'écosophie lie ensemble toute vie et toute nature
b) L'épanouissement des potentialités est un droit
c) La vie en tant que vaste processus historique
d) le droit universel de vivre et de s'épanouir
e) Ne pas sous estimer la singularité de l'espèce humaine
2. Identification, unicité, totalité et réalisation de Soi
a) Identification et aliénation ; les idées d'unicité et de totalité
b) Identification et réalisation de Soi
c) “Ce qui n'au aucune valeur pour un être humain n'a aucune valeur du tout”
d) Frilutsliv : l'exubérance dans la naturelles
e) La cruauté dans la nature : la tragédie et la comédie de la vie
3. Une perspective historique 1: la Bible
4. Une perspective historique 2 : de Plotin à Descartes
5. Le respect de nous-même n'a pas comme unique raison norte propre importance : la voie
lactée impose aussi le respect
6. La non violence et la philosophie de l'unicité
7. La systématisation des normes logiques ultimes et les hypothèses de l'écosophie T
a) L'idée des modèles de relations logiques
b) La formulation des normes et hypothèses les plus fondamentales
c) les normes et les hypothèses qui prennent leur source dans l'écologie
d) La signification de la diversité, de la complexité et de la symbiose dans le
contexte de la réalisation de Soi
e) La dérivation des normes de la communauté locale
f) Les conditions minimums et la justice : les classes, l'exploitation
g ) Vue d'ensemble de l'Ecosophie T sous forme d'un diagramme
9) L'avenir du mouvement de l'écologie profonde
: «Ecologie, communauté et style de vie» – Mars 2011 9
2.2. Principales étapes du raisonnement et principales
conclusions
L’ouvrage de Naess part du constat de la gravité de la situation que nous vivons : nous
participons tous d'une culture globale, techno-industrielle, qui détériore nos conditions de vie
et celle des générations futures en ne s'attachant qu'aux aspects matériels de la vie bonne sans
se demander si cette vie est effectivement vécue comme telle. Cette crise peut être l’occasion
d'une renaissance :
Naess : « La crise des conditions de vie sur Terre peut nous aider à choisir une
nouvelle voie avec de nouveaux critères de progrès, d'efficacité et d'action
rationnelle »1.
Il faut mieux comprendre les mécanismes de ce système pour formuler ensemble des buts
nouveaux. L'ambition de Naess est de dégager à partir de cela des lignes d'action pour un
mouvement politique et social susceptible de fédérer toutes les bonnes volontés, quelles que
soient les convictions idéologiques, religieuses, ou autre de ses membre. Par ailleurs, cet
ouvrage se veut un appel à toutes les formes possibles d'activisme écologique.
Cet appel à une nouvelle définition de l'écologie part du constat que l'écologie dite
« superficielle » ne remet en cause que la pollution et l'épuisement des ressources, et est donc
vouée à l'échec. L'écologie profonde entend remettre en cause profondément nos modes de
vie, de consommation et de production. Il s'agit de s'interroger en profondeur sur l'origine
culturelle et historique de la crise environnementale contemporaine, et, à partir d'une nouvelle
vision du monde, pour créer sa propre vision du monde respectueuse de l'environnement, que
Naess appelle écosophie et qui peut se décliner de façon différente pour chaque individu.
Dans cet ouvrage, Naess propose donc d'abord, à un premier niveau, de nous guider dans la
définition de notre vision du monde, ou écosophie. Cette définition passe d'abord par
l'intuition personnelle, et peut donc conduire à de multiples écosophies différentes. Cette
écosophie conduit à définir un ensemble de principes, que l'auteur appelle plateforme, qui
guident l'action. Enfin, Naess nous présente sa propre écosophie, l'écosophie T, présentée
comme sa déclinaison personnelle.
1Voir p. 57 Ecologie, Communauté et Style de vie.
: «Ecologie, communauté et style de vie» – Mars 2011 10
Niveau 1 : écosophie
Le but de l'écologie profonde est de changer les paradigmes comportementaux dominants
des sociétés industrielles. Pour cela, il faut d'abord soi-même élaborer des normes et des
valeurs correspondantes.
L'écosophie doit être le fruit d'une réflexion personnelle sur son propre engagement et sa
propre expérience du monde. Cette première étape consiste à mettre à jour les intuitions
philosophiques et religieuses qui sont à l'œuvre lorsque nous nous rapportons au monde. Cela
nous permet d'avoir un vision du monde totale. Comme cette vision du monde totale repose
sur l'intuition et l'expérience personnelle du monde, il y a autant de visions totales que
d'individus qui s'interrogent sur le monde et leur existence en ce monde.
Naess : « Comme je le vois, la modestie est de peu de valeur si elle n'est pas la
conséquence naturelle de sentiments beaucoup plus profonds et de notre conscience
propre de faire partie de la nature au sens large du terme. Cette conscience est telle que
plus nounous sentons petits par rapport aux montagnes, plus nous parvenons à prendre
part à leur grandeur. »
L’écosophie est donc une philosophie qui, partant du moi immédiat, conduit à la nature
dans toute son étendue. L'idée est que chacun parte de ses intuitions fondamentales sur
l'immensité et la valeur de la nature, et les développe selon son profil propre. Ensuite, Naess
développe une plateforme de caractéristiques communes à tous les membres de ce
mouvement. Ces points peuvent servir de guides à tout ceux qui pensent que pour venir à bout
de la crise écologique, il faudra plus que de simples solutions techniques de fortune.
Pour agir ensemble, il faut se mettre d'accord sur un certain nombre de points, mais il ne
faut pas noyer les différences de perspectives et de moyens propres à chacun. C'est pourquoi
ces principes, qui dérivent des intuitions fondamentales, découlent donc d'une variété de
visions du monde et de contexte. Si une vision du monde particulière conduisant à la
plateforme est exprimée dans des termes philosophiques, Naess l'appelle Ecosophie. Il appelle
sa propre écosophie « l'Ecosophie T ». Il peut donc y avoir en théorie beaucoup d'écosophies
particulières, en fonction de nos modes de raisonnement qui nous conduisent par des moyens
différents aux mêmes conclusions.
: «Ecologie, communauté et style de vie» – Mars 2011 11
Niveau 2 : La plateforme de l'écosophie T
La plateforme est constituée des huit thèses fondamentales du mouvement de l'écologie
profonde :
1) L'épanouissement de la vie humaine et non humaine a une valeur intrinsèque. La
valeur des formes de vie non-humaine est indépendante de l'utilité qu'elles peuvent
avoir pour des fins humaines limitées ;
2) La richesse et la diversité des formes de vie sont des valeurs en elles-mêmes et
contribuent à l'essor des formes de vie humaines et non-humaines sur Terre ;
3) Les êtres humains n'ont pas le droit de réduire cette richesse et cette diversité sauf
pour satisfaire des besoins vitaux ;
4) Actuellement, les interventions humaines dans le monde non humain sont excessives
et détériorent rapidement la situation ;
5) L'épanouissement de la vie humaine et des cultures est compatible avec une baisse
substantielle de la population humaine. L'épanouissement de la vie non-humaine
nécessite une telle baisse
6) Une amélioration significative des conditions de vie requiert une réorientation de nos
lignes de conduite. Cela concerne les structures économiques, technologiques, et
idéologiques fondamentales
7) Le changement idéologique consiste surtout à apprécier la qualité de vie plutôt que de
s'en tenir à un haut niveau de vie. Il faut se concentrer sérieusement sur la différence
entre ce qui est abondant et ce qui est grand, ou magnifique ;
8) Ceux qui adhèrent aux principes ci-dessus ont l'obligation morale d'essayer,
directement ou non, de mettre en œuvre les changements nécessaires.
Le processus de précisation qui conduit à la plateforme (niveau 2) :
Appelons T0 un énoncé peu précis laissant plusieurs interprétations possibles.
T1 est un énoncé plus précis, dont les interprétations possibles sont aussi des interprétations
possibles de T0, mais il existe au moins une interprétation possible de T0 qui n'est pas une
interprétation possible de T1. En somme, T1 précise T0 sans ajouter d'ambigüité. Ensuite, il y a
d'autres niveaux T11, T12 etc. à l'infini, à mesure que l'énoncé se précise. En revanche si
l'énoncé introduit une nouvelle information, on dit que c'est une élaboration ou spécification.
La plateforme doit donc être perçue comme un intermédiaire entre les intuitions et les
principes d’action. Les principes de la plateforme dérivent des intuitions par précisation,
: «Ecologie, communauté et style de vie» – Mars 2011 12
élaboration ou spécification ; et les principes d'action dérivent par précisation de l’élaboration
ou de la spécification des énoncés de la plateforme.
Donc, même si les éléments initiaux, les intuitions fondamentales, sont très différentes
chez des individus différents (et c'est inévitable), ces différences peuvent aboutir à des
principes d'action compatibles. Il encourage donc à tenter de regarder les problèmes
environnementaux sous des angles différents, pour que le pluralisme ne soit pas simplement
la tolérance des autres mais la reconnaissance de la complexité du problème. Il faut donc
utiliser des termes vagues et larges au niveau T0 et accepter qu'il puisse y avoir de nombreuses
précisations ou interprétations de ces énoncés, selon l'inspiration et la compréhension de
chacun.
L'écosophie T :
Il n'y a donc pas de référence prédominante, ni de norme philosophique qui fournirait la
norme ultime des actions à entreprendre en termes d'environnement. La multiplicité des
prémisses ultimes est irréductible. Ainsi, l'écosophie T n'est donc qu'une version, la sienne, de
la deep ecology, qui ne vaut en aucun cas mieux qu'une autre. Il nous invite à développer nos
propres écosophies.
Voici les trois thèses majeures de l’ouvrage :
• thèse de l'identification : pour se constituer sa propre identité, il faut dépasser le
processus d'individuation personnelle et s'identifier avec les toutes les autres formes de
vie ;
• thèse de la réalisation de Soi : cet élargissement de la conscience, qui consiste à
s'identifier chacun comme une partie de la vie universelle correspond à la réalisation
de Soi, au développement de ses propres potentialités ;
• thèse du holisme métaphysique : il n'y a pas de coupure ontologique dans les champs
de l'existence : il faut rejeter les approches qui conçoivent des entités différentes les
unes des autres dans le monde.
A travers le processus d'identification et de réalisation de Soi, la protection de
l'environnement devient donc pour chacun une manière de se protéger soi-même :
Arne Naess : « Toutes les formes de vie sont intimement liées les unes aux autres au
sein du soi élargi, et de cette intime connexion découlent la capacité à s'identifier avec
tout ce qui est, et la pratique de la non violence au titre de conséquence naturelle.
: «Ecologie, communauté et style de vie» – Mars 2011 13
Aucun effort de moralisation n'est requis, pas davantage que nous n'avons besoin de
morale pour respirer2. »
Identification et réalisation de Soi :
Si l'on se réalise, se développe réellement soi-même, au point d'inclure toute autre
personne et tout autre chose (la nature), alors l'altruisme devient inutile car le monde entier
fait partie de nos propres intérêts, et nous permet d'accroître notre propre réalisation. La
réalisation de Soi est donc un processus, une manière de vivre sa vie. Ce processus passe par
l’identification, la découverte que les parties de la nature sont des parties de nous-mêmes et
que nous ne pouvons pas nous réaliser sans elles. Ainsi, les besoins vitaux des autres espèces
sont-ils considérés comme mes propres besoins. Pour Naess, il ne faut mettre qu'une seule
norme, la “Réalisation de Soi !”, au dessus de notre pyramide de normes. Il faut que le fait de
bien traiter l'environnement soit une bonne action au sens kantien : il faut protéger
l'environnement par une inclination bienveillante, avec la joie et le respect qui lui est du pour
l'insatiable richesse qu'il nous offre. Cette recherche d'épanouissement personnel bonne pour
tous s'atteint par un long processus de maturation.
Le style de vie
La conscience de détruire l'environnement ne suffit pas pour changer de comportement.
Naess appel à aspirer à une vite faire de simplicité des moyens et de richesse des fins. Il
appelle chacun à chercher une vie écosophiquement meilleure, en fonction de sa perspective
globale. En outre il appelle à une distinction entre le niveau de vie et la qualité de vie.
La coopération dans le style de vie écosophique : the future in your hands
Les personnes qui essaient de vivre autrement font face à de nombreuses difficultés et à de
l'hostilité, il faut donc créer des centre d'information et d'organisation pour les aider à coopé-
rer, à l’image de l’organisation norvégienne « The Future is in your hands ».
Equité : il faut chercher à avoir un niveau matériel qui puisse être universalisable sans cau-
ser la perte de l'environnement. Il faut donc à la fois agir politiquement et changer son propre
style de vie, simultanément. Il ne pas réduire l'importance de l'action individuelle. Changer les
consciences, et changer le système.
2 P 36 in Ecologie, Communauté et Style de vie.
: «Ecologie, communauté et style de vie» – Mars 2011 14
Technologie
L’essor de la technologie est rejeté par Naess car il est poussé par un mode de vie qu’il re-
jette. Au contraire, il faut faire d’objets simples les symboles de l'écologie profonde : la ma-
chine à pain, la bicyclette, le recyclage. Par ailleurs, il faut développer une conscience énergé-
tique, qui conduit à ne pas gaspiller, en satisfaisant avec joie ses besoins énergétiques et en
étant sensible à ceux qui n’en ont pas. Par exemple, l'abondance d'eau chaude en permanence
ne nous permet pas d'éprouver cette joie. Réduire notre consommation ne s'accompagne pas
d'une réduction de la qualité de la vie, bien au contraire, car s'ajoute à la joie de satisfaire ses
besoins, celle de la conscience énergétique. Se chauffer d'un bois que l'on a soi-même ramassé
et coupé est une grande source de joie. Prendre une douche chaude quand on peut le faire pen-
dant une durée limitée est source de joie. En outre, le progrès technologique n'est pas neutre,
il est lié aux structures sociales et un changement de technologie implique un changement de
culture. Or, dans notre monde, un changement de technologie est évalué selon la capacité d'un
pays à l'assimiler, à avoir le niveau de science requis pour l'intégrer. Plus la technologie pré-
suppose de connaissances, plus elle est jugée avancée. C'est donc ainsi que l'on évalue les
cultures des différents pays. Pour apprécier écosophiquement une technique, il faut évaluer
dans quelle mesure elle satisfait localement les besoins vitaux. L'écologie profonde n'entend
pas déprécier le progrès technologique ou l'industrie, mais insiste sur l'importance d'un
contrôle culturel général du développement.
Les sciences économiques
Le manque d'intérêt des membres du mouvement de l'écologie profonde pour l'économie
est regrettable. Nous avons besoin dans la société de personnes capables de comprendre ce
qui se joue dans les décisions économiques et politiques, et capable d'en informer le public sur
les conséquences de ces décisions. Il est très destructeur de se tenir à l'écart de ces discussions
sans les comprendre et de ne pouvoir agir par manque de compréhension par rejet des
sciences économiques. En outre, si la mise à prix de la nature est très critiquée à juste titre par
les membres de l'écologie profonde, Naess insiste sur le fait que les écologistes ne peuvent ré-
gler tous les conflits et influencer la législation que simplement en disant qu'il faut considérer
la nature comme un tout qui n'a pas de prix. Les écologistes auraient donc à gagner en effica-
cité s'ils considéraient plus sérieusement les estimations des économistes, et pour les utiliser
avec profit.
: «Ecologie, communauté et style de vie» – Mars 2011 15
Les choix politiques
Si l'on veut dessiner des lendemains possibles, des utopies vertes, la question politique est
inévitable. Il faut penser aux structures politiques. Pour Naess, la direction à prendre est révo-
lutionnaire, mais la voie est celle de la réforme. Une forte décentralisation nécessite des insti-
tutions centrales fortes et justes, pas de l'anarchisme. Pour le mouvement écologique réfor-
miste, ou superficiel, la politique consiste à faire passer des lois ou élaborer des régulations
pour changer les comportements et limiter la destruction. Pour l'écologie profonde, une telle
démarche revient à se subordonner aux objectifs de la société de consommation. Il faut
d'abord qu'il y ait des changements dans ce domaine. Il faut que de profonds changements de
priorité politique aient lieu, et que de nouveaux partis verts soient fondés. Les conditions de
vie empireront tant qu'un parti politique majeur n'essaie pas de poursuivre les buts formulés
ici.
: «Ecologie, communauté et style de vie» – Mars 2011 16
3. Commentaires critiques
3.1. L’avis d’autres auteurs sur l’ouvrage
Les travaux d'Arne Naess ont été peu et tardivement traduits en français, comme en
témoigne la date de parution du présent ouvrage, traduit en 2008, et qui reprend les idées d'un
ouvrage datant de 1973. Ainsi, l'auteur a-t-il eu en France un impact très minime, alors que
son œuvre a été traduite dans de nombreuses langues et eu une importance déterminante dans
les mouvements écologistes partout dans le monde. Depuis 1973 et la première distinction
qu'il a faite entre écologie superficielle et profonde, le mouvement de l'écologie s'est scindé
pour ne plus jamais se retrouver et de nombreux penseurs ont repris ses idées.
3.1.1. La critique de Bryan G Norton
De la distinction entre deep ecology et superficial ecology
Cependant, Bryan G Norton insiste sur le tort immense causé par la distinction faite par
Arne Naess en 1973 entre écologie profonde et écologie superficielle. Selon lui, bien que cette
distinction soit pertinente, elle aurait enlisé le mouvement dans des querelles interminables au
lieu de les rassembler pour faire entendre leurs voix dans les décisions de politiques
publiques.
Bryan G Norton estime qu'en matière d'environnement, ce n'est pas de principes que l'on a
besoin mais d'éléments d'aide à la décision rationnelle pour savoir concrètement quelles
mesures politiques il faut mettre en oeuvre. En fait, Arne Naess a beaucoup regretté cette
distinction qu'il avait faite de façon heuristique, pas du tout censée épuiser la réalité, qui dans
son esprit ne visait pas à scinder le mouvement. Arne Naess perçoit sa philosophie,
l'écosophie T, comme une vision du monde parmi d'autres, et de la plateforme il est en fait
possible de dériver des énoncer compatibles avec de nombreuses visions du monde.
: «Ecologie, communauté et style de vie» – Mars 2011 17
Pluralisme
Bryan G Nortan pose également la question de savoir si Arne Naess a réussi le pari de faire
fleurir une multitude de versions de la deep ecology comme il le souhaitait.
En fait, s'il faut reconnaître qu'il est à l'origine de la naissance d'un mouvement mondial, de
nombreuses versions de par le monde, et qu'il a eu une influence forte sur les activistes
écologistes du monde entier, la diffusion de son œuvre ne s'est pas accompagnée de la
diversification doctrinale que l'on aurait pu attendre d'une philosophie qui se veut pluraliste.
Les prémisses et les normes ultimes définies par Arne Naess n'ont jamais été discutées et ce
sont souvent dans les développements que d'autres ont tenté d'apporter des variations.
Il n'a pas été démontré que le consensus requis sur les principes de la plateforme peut être
obtenu à partir d'autres prémisses que celles d'Arne Naess, ni que les huit principes sont aussi
neutres que l'auteur le voudrait pour fédérer toutes les bonnes volontés.
Anthropocentrisme
En outre, la deep ecology reprend à son compte l'idée que l'humain est égoïste et que le
seul moyen pour le faire s'engager à protéger l'environnement est d'élargir la sphère de ses
intérêts à la nature, soit en faisant l'éloge du sacrifice de soi. Les intérêts du soi l'emportent
sur tous les autres, l'homme ne voit l'utilité que dans ce qui lui est utile. Cette thèse est donc
anthropocentriste, car elle fait dépendre la protection de l'environnement des intérêts humains.
3.1.2. Critique de l'écologie sociale et par
l'écoféminismeMurray Bookchin, le père de l'écologie sociale du vingtième siècle, a également formulé
des critiques sur l'oeuvre de Naess.
Besoins vitaux
Tout d'abord, selon lui, si la satisfaction des besoins humains vitaux est la limite à ne pas
dépasser dans l'exploitation des ressources naturelles, alors il convient de définir ces besoins
vitaux ! Ensuite, il estime que les principes politiques de la plateforme ne prennent pas en
compte l'analyse des contextes socioculturels dans lesquels ils se développent, et sont donc
inutilisables : sans instruments pour analyser le contexte social qui engendre les activités
humaines, il est difficile de les modifier.
: «Ecologie, communauté et style de vie» – Mars 2011 18
Critique de la démographie :
D'après Bookchin, l'approche de Naess est beaucoup trop simpliste. En effet, l'économie de
marché capitaliste ne manquerait pas de dévorer toute la biosphère, que l'on soit dix millions
ou dix milliards d'habitants. En outre la science démographique est une science extrêmement
complexe, et les comportements reproductifs sont conditionnés par de nombreux éléments
sociaux, religieux, culturels, qui ne sont pas du tout évoqués par Naess.
3.1.3. Critique des écoféministes : Val PlumwoodLa principale difficulté de la deep ecology est d'avoir échoué à donner les outils pratiques
pour aider à l'élaboration d'une politique environnementale. Leur grand apport est d'avoir su
poser le problème central de la discontinuité métaphysique entre les êtres humains et la
nature. Leur force est donc d'avoir reconnu la primauté de l'ontologie par rapport à l'éthique,
mais cela conduit à sa principale faiblesse qui est de penser qu'il suffit de dire cette différence
pour s'en défaire. D'après les écoféministes, cela ne suffit pas, car cette différence est
intrinsèquement liée à la distinction entre le masculin et le féminin : la nature a été féminisée,
comme l'émotion, ou le matériel. Il y a donc plein de dichotomies qui fonctionnent ensemble :
la domination de la nature par l'homme, la subordination des femmes aux hommes, la
domination de la raison sur les passions... La deep ecology n'analyserait donc pas assez en
profondeur l'ensemble des valeurs, et idées qui sous tendent le rapport dominant de l'homme à
la nature. Il ne suffit donc pas de constater la dichotomie entre homme et nature et de relever
la valeur de la seconde. Il faut repenser ce qu'est un être humain, re-conceptualiser, en
critiquant le système d'oppositions dans lequel il s'inscrit.
: «Ecologie, communauté et style de vie» – Mars 2011 19
3.2. Avis de l’auteur de la fiche
L'œuvre de Naess a eu un impact très important sur le mouvement écologique, et il
gagnerait sans nul doute à être plus diffusé, lu, et critiqué en France. Dans le contexte actuel,
il permet de reposer les termes du problème de l'écologie de façon originale et d'avoir un
cadre d'analyse particulièrement percutant, alors qu'il date de 1973. Il est triste de constater
que bien que les termes du problème avaient été posés de façon très précise dès le début des
années 1970, et que la critique du système sans concession que Naess effectue est toujours
aussi percutante. Les modes de production sont restés inchangés, et l'écologie superficielle est
omniprésente.
La critique démographique
Si la critique de l'écologie sociale concernant la question démographique nous paraît
pertinente et constituer le principal obstacle à l'adhésion aux thèses de Naess, il nous paraît
utile de souligner que cela constitue justement l'originalité des thèses de l'écologie profonde.
En effet, Naess ne nie pas que la démographie a une multitude de déterminants de toutes
natures. Cependant, il estime que l'on ne peut régler les problèmes environnementaux
simplement en ayant recours à des voies politiques ou juridiques. Il faut remettre en cause de
façon bien plus profonde notre façon de vivre, pas simplement le mode de production
capitaliste, et pas simplement les modes de production. Cette question mérite d'être posée, et
Naess ne prétend à aucun moment qu'il soit nécessaire de recourir à des mesures extrêmes de
limitation des naissances.
L'écologie profonde et l'action
L'écologie profonde est très sceptique face aux initiatives de taxes, d'investissement dans
les technologies renouvelables, de projets de compensation. Le problème de cette approche
est que cela ne fournit pas de clefs pour définir des lignes d'action, de schéma rationnel d'aide
à la décision. Même s'il on admet la vérité de la thèse selon laquelle le pillage généralisé
auquel la terre a été soumise depuis des siècles découle de la détermination métaphysique qui
fait de la terre une matière inerte offerte aux hommes, on peine à voir quelle autre
détermination permettrait de laisser toutes chose “reposer en elles mêmes” ou “s'épanouir à
: «Ecologie, communauté et style de vie» – Mars 2011 20
partir d'elles même”, et on regrette que des solutions pragmatiques ne puissent être
envisagées.
Réalisation de Soi
Enfin, l'idée de conception du moi comme une partie d'un tout plus grand, où l'intérêt du
Soi se fond dans celui du tout nous semble problématique. En effet, cette façon de mettre les
intérêts du tout, de la communauté, au dessus de tout peut justifier l'oppression ou le sacrifice,
et nous réduit à peu de choses.
Aujourd'hui, ce dont les individus ont besoin c'est justement de se réapproprier leur destin
pour résister au grand Tout de la globalisation et à l'homogénéisation, de se sentir exister et
capables d'influer le cours des choses. En outre, s'identifier à un tout immense, et donc se
soucier de toutes choses, stratégiquement parlant n'est pas très efficace. Cela revient
rapidement à ne se soucier de rien. L'écologie profonde ne nous semble pas aussi profonde
dans sa stratégie et ses modes d'action que dans sa philosophie.
: «Ecologie, communauté et style de vie» – Mars 2011 21
4. Bibliographie de l’auteur
L'œuvre d'Arne Naess est composée d'une trentaine de livres, d'une centaine d'articles,
écrits, traduits et publiés dans une douzaine de langues.
• 2008 - Ecologie, communauté et style de vie, Paris, Editions MF (376p ;
traduction française)
• 2005 - The Selected Works of Arne Næss, Volumes 1-10
• 2002 - Life's philosophy: reason and feeling in a deeper world , University of
Georgia Press (216p)
• 2002 - Mental Håndbak: a series of conversations with Norwegian children
between the ages of 7-17
• 1992 - Conversations with Arne Naess : Is it painful to think ? University of
Minnesota Press
• 1975 - Freedom, Emotion and Self-subsistence, the structure of a central part
of Spinoza's ethic, Oslo, Universitetsforlaget (132p)
• 1974 - Gandhi and Group Conflict, An exploration of satyagraha. Theoretical
background, Oslo, Universitetsforlaget (171p)
• 1972 - The Pluralist and Possibilist Aspect of the Scientific Enterprise, Oslo,
Universitetsforlaget (147p)
• 1949 - Interpretation and Preciseness, Oslo, Universitetets Studentkontor
• 1956 - Democracy, ideology and objectivity : studies in the semantics and
cognitive analysis of ideological controversy, Oslo, Oslo University Press◦ http://en.wikipedia.org/wiki/Arne_N%C3%A6ss
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