Ll’UuNnIiıVvEeRrSs EeNn BbRrEeFf
Vol. 1, no 1 Bulletin de la corporation Univers culturel de Saint-Sulpice
Juin 2012
Un bulletin pour informer et partager Vous avez sous les yeux le premier numéro de L’Univers en bref, un bulletin publié par le personnel de la corporation Univers culturel de Saint-Sulpice à raison de trois numéros par année. Pourquoi un autre bulletin interne? Pour faire mieux connaître la corporation, sa fonction, son travail, ses orientations, ses réalisations. Pour mettre la question patrimoniale au cœur de la communauté afin qu’elle devienne une préoccupation constante et collective. Pour nous sensibiliser tous à l’histoire de Saint-Sulpice et à l’importance de garder cette histoire bien vivante. En faisant circuler l’information sur le patrimoine des Prêtres de Saint-Sulpice de Montréal, L’Univers en bref veut favoriser aussi l’échange et le dialogue entre les provinces sulpiciennes. Publié à l’intention de tous, le bulletin sera distribué au Canada et servira de moyen de partage avec nos collègues français et américains. Dans ce premier numéro, on donne un aperçu de la tâche qui incombe aux archives, aux biens mobiliers, aux livres rares dans la gestion des collections des Prêtres de Saint-Sulpice de Montréal. On fait découvrir des pièces de ces collections et on signale des projets en cours. Dans l’article suivant de la page éditoriale, on montre que la province canadienne a anticipé les attentes formulées en 2011 par le conseil général en créant, et ce progressivement depuis le début des années 1990, les structures nécessaires à la conservation de son patrimoine. Dans les éditions à venir, le bulletin donnera des nouvelles brèves sur les activités courantes de la corporation et sur des événements, internes ou externes, qui pourraient intéresser la communauté, touchant surtout à des aspects du patrimoine, qu’il soit religieux ou civil.
Avec ce bulletin, nous espérons démontrer qu’Univers culturel de Saint-Sulpice ne poursuit qu’un but : contribuer à la sauvegarde de l’héritage des Sulpiciens au Canada! Le patrimoine : un devoir de mémoire oui, mais une question surtout de vision et d’organisation Dans la lettre qu’il adressait, le 18 avril 2011, aux supérieurs provinciaux, aux archivistes et aux comités locaux responsables du patrimoine, monsieur Ronald D. Witherup, p.s.s, supérieur général de la Compagnie des Prêtres de Saint-Sulpice, s’étonnait qu’aucune province sulpicienne ne se soit dotée à ce jour d’une politique de gestion du patrimoine. Pour pallier à cette lacune, il donnait une liste de documents à lire sur cette question parmi lesquels figuraient des lettres émanant de la Commission pontificale pour la conservation du patrimoine artistique et historique de l’Église. M. Witherup énumérait par ailleurs une série de critères dont les provinces devraient tenir compte dans l’élaboration de telles politiques patrimoniales. Il mentionnait à cet effet les tâches d’inventaire, de documentation photographique, d’entreposage, de restauration, de mise en valeur des biens par la tenue d’expositions par exemple, ainsi que l’établissement de règles conditionnant les prêts de biens sulpiciens à d’autres institutions. Au moment où il écrivait cette lettre, monsieur Witherup n’avait pas encore reçu la Politique d’acquisition et d’aliénation que la corporation Univers culturel de Saint-Sulpice venait tout juste de publier. Or, cette Politique traite justement d’un des aspects de la gestion patrimoniale, soit les principes et procédures qui régissent l’entrée de biens dans les collections sulpiciennes, ou, le cas échéant, l’aliénation de tels biens sulpiciens.
L’Univers en bref, vol. 1, no 1, juin 2012 2
La lettre du supérieur général donnait suite aux décisions prises par le conseil général lors des réunions tenues à Rome au début de l’année 2011. Produite au même moment, la Politique d’acquisition et d’aliénation de la corporation Univers culturel de Saint-Sulpice venait démontrer en quelque sorte le bien-fondé de la structure que les Prêtres de Saint-Sulpice de Montréal s’étaient donnée en 2006 pour voir à la gestion de leur patrimoine. La Politique démontrait aussi que la corporation était sur la bonne voie. Mieux, elle avait même su anticiper les orientations de la Compagnie de Saint-Sulpice en matière de protection de son patrimoine.
Fig. 1 – Réserve de meubles, département des biens mobiliers Les Prêtres de Saint-Sulpice de Montréal avaient franchi un premier pas dans la bonne direction dès 1979 en se dotant d’un Comité du patrimoine auquel participaient MM. Bruno Harel, Gérard Aumont, Roger Lachapelle et Jean-Pierre Lussier, tous prêtres de Saint-Sulpice. En 1997, l’embauche d’un archiviste de formation permettait d’instaurer des méthodes scientifiques de traitement des archives.
Fig.2 – Archiviste déchiffrant une lettre
Deux autres étapes importantes étaient franchies en 2002 avec l’entrée en fonction d’une conservatrice des biens mobiliers et la création du Comité des archives et du patrimoine qui réunissait, sous la direction de
monsieur Jean-Pierre Lussier, p.s.s., les responsables des deux départements. Dès ce moment, l’inventaire des biens patrimoniaux de la communauté, tâche prioritaire entre toutes selon monsieur Witherup, était en cours.
Fig. 3 – Réserve des œuvres sur papier,
département des biens mobiliers Mais l’inventaire n’était qu’une des tâches à effectuer. Le Comité s’empressa donc de mettre en place les conditions matérielles pour assurer le traitement et l’entreposage des biens patrimoniaux (fig. 1, 2, 3). Il entreprit de faire restaurer les objets de valeur patrimoniale (fig. 4, 5). Il élabora les instruments nécessaires au bon fonctionnement des départements : bases de données, répertoires numériques des fonds d’archives, guide de documentation des collections, etc. Il favorisa la recherche sur les collections, l’organisation de visites guidées au Grand Séminaire de Montréal, la participation à des colloques et à des congrès, la présentation d’expositions, tout en intervenant dans d’autres dossiers, dont la présentation en 2005 d’un mémoire au ministère de la Culture, des Communications et de la Condition féminine.
En 2006, la corporation Univers culturel de Saint-Sulpice vint remplacer l’ancien Comité des archives et du patrimoine. Elle s’adjoignit alors un nouveau département : celui des livres rares, où tout le travail d’inventaire était à faire dorénavant.
La corporation fut l’un des acteurs importants de l’organisation des célébrations et expositions qui marquèrent le 350e anniversaire de la présence sulpicienne au Canada. À l’invitation du ministère de la Culture, elle présenta en 2008 un plan d’occupation de l’ancienne Bibliothèque Saint-Sulpice, lequel devait ensuite être révisé pour être adapté à l’aile Saint-Marc du Grand Séminaire de Montréal. Parmi d’autres réalisations, elle se dota aussi d’une politique de prêt ainsi que d’une position commune concernant le
L’Univers en bref, vol. 1, no 1, juin 2012 3
paiement des droits d’auteur et des droits de reproduction des biens sulpiciens. Depuis 2002, le travail sur le terrain avait fait mûrir l’idée de se donner une politique commune pour remplacer les critères qui, jusqu’alors, avaient guidé chacun des départements dans son travail de constitution des collections. En 2010, l’octroi d’une subvention permit à la corporation de définir ses propres principes et procédures d’acquisition et d’aliénation. Dans la foulée, elle repensa la définition des collections et les critères de sélection des artefacts qui pouvaient leur être destinés. Afin d’éviter que les collections deviennent des fourre-tout, particulièrement dans le domaine des biens mobiliers, elle conclut à la nécessité de soumettre tous les objets, même ceux provenant de la communauté, au filtre d’un comité qui verrait à l’application des critères de sélection et d’aliénation définis dans cette nouvelle politique.
Fig. 4 – La Descente du Saint-Esprit
d’après Charles Le Brun avant sa restauration
Collection des Prêtres de Saint-Sulpice de Montréal Photo : Pascale Bergeron
La corporation Univers culturel de Saint-Sulpice est un des moyens que se sont donnés les Prêtres de Saint-Sulpice de Montréal pour remplir leur devoir de mémoire envers les générations futures et la société en général. Elle est le fruit d’une vision qui s’est incarnée dans la réalité et qui, depuis plus de dix ans déjà, réalise concrètement certaines des conditions que le conseil général de la Compagnie des Prêtres de Saint-Sulpice a portées en 2011 à l’attention des provinces pour les inciter à prendre acte de leurs devoirs en ce qui a trait à leur patrimoine.
Or, si l’inventaire et la conservation sont des tâches essentielles en regard du patrimoine sulpicien, que dire de la diffusion et de la mise en valeur de ces biens? À quoi sert en effet de sauvegarder des documents anciens, des peintures, des objets de savoir, des livres rares si c’est à seule fin de les entreposer dans des réserves? Pour témoigner de l’histoire sulpicienne, il faut que cet héritage soit mis en relation avec la communauté qui l’a fait naître et avec un public qui a soif de connaître l’histoire de Saint-Sulpice au Canada.
Fig. 5 – La Descente du Saint-Esprit
d’après Charles Le Brun après sa restauration avec l’aide d’une subvention du Conseil
du patrimoine religieux du Québec Collection des Prêtres de Saint-Sulpice de Montréal
Photo : David Strong
L’Univers en bref, vol. 1, no 1, juin 2012 4
Dans les archives, Saint-Sulpice mur à mur Depuis le XIXe siècle, on compte 12 sulpiciens qui, pendant des termes plus ou moins longs au fil de leur carrière, reçurent le titre d’archiviste. Avant eux, on ne sait encore combien d’autres sulpiciens agirent dans la Communauté pour constituer la mémoire de Saint-Sulpice. Ils eurent la tâche d’être les « gardiens » des papiers de la Compagnie des Prêtres de Saint-Sulpice et de ses membres, de transmettre le savoir de leurs prédécesseurs et d’assurer la continuité de l’histoire sulpicienne. Depuis 1997, c’est avec la collaboration d’archivistes professionnels, laïques, que s’effectue ce travail et se mesure l’étendue des connaissances contenues dans ce patrimoine archivistique unique. Un patrimoine qui témoigne de la présence constante des Sulpiciens à Montréal et du rayonnement qui s’ensuivit dans l’Ouest du Canada (Edmonton), au Brésil (Brasilia, Crato), en Colombie (Bogota, Cali, Cucuta, Zipaquira), en Italie (Rome), au Japon (Fukuoka), pour ne nommer que les plus actuels. On peut déjà mesurer l’étendue du patrimoine archivistique sulpicien en chiffres. Des chiffres qui vivent et qui vont en augmentant puisque des sulpiciens il y a et des sulpiciens il y aura! Par conséquent, des archives il y aura. Nous estimons donc le patrimoine archivistique actuel à environ 1 000 mètres linéaires de documents textuels, environ 75 000 documents iconographiques (diapositives, photographies, négatifs), environ 8 000 cartes géographiques et devis techniques, environ 100 heures d’enregistrements sonores, autant d’heures d’enregistrements filmiques et une quantité non chiffrée de documents informatiques qui est amenée à croître au fur et à mesure que les sulpiciens utilisent les nouvelles technologies de communication.
Voûte aux archives
On peut aussi préciser que cela représente 310 fonds et collections d’archives, dont 35 fonds institutionnels (la Compagnie des Prêtres de Saint-Sulpice, le Collège de Montréal, le Séminaire de Philosophie, l'Oeuvre de
vacances du Lac Gémont, la Paroisse Saint-Jacques, le Cabinet de lecture paroissial, etc.), 258 fonds de sulpiciens (Olivier Maurault, René Marinier, Charles Prévost, Lucien Martinelli, Jean-Paul Labelle, etc.) et 17 fonds associés dont ceux de Fanny et Adine Maurault, et Aegidius Fauteux. La mémoire ne suffisant pas, on s’y retrouve grâce à une base de données contenant déjà plus de 40 000 enregistrements, mais beaucoup reste encore à faire. Le caractère de ce patrimoine est unique également sur le plan qualitatif. Il est reconnu par d’autres communautés religieuses, par un public plus spécialisé de chercheurs, de professionnels du patrimoine et par le grand public pour qui l’histoire de Montréal et de sa région, son histoire, est associée à celle de Saint-Sulpice. Chaque année, ce sont 200 demandes de recherche et de consultation qui sont adressées au département des archives. C’est autour de ces archives qu’un petit groupe d’irréductibles s’agite. Trois archivistes s’époumonent à souffler sur la poussière pour amener progressivement au grand jour ces témoignages sulpiciens. Le tout, avec la collaboration de M. Rolland Litalien, p.s.s., grand « connoisseur » de l’histoire de Montréal et de la place qu’y jouent les Sulpiciens, grâce aussi à l’action indéfectible de M. Jean-Pierre Lussier, p.s.s., qui n’a cessé de faire reconnaître ce patrimoine et de promouvoir sa mise en valeur. C’est sans compter la collaboration de dizaines d’étudiants, de stagiaires, d’archivistes contractuels tous aussi intéressés que renversés par ces richesses archivistiques. Correspondance en provenance des archives Au cours des derniers mois, mes collègues archivistes Caroline Laberge et David Émond, ont travaillé à l’organisation d’un ensemble de lettres grâce à l’appui du Programme national de développement des archives 2011-2012, administré par Bibliothèque et Archives Canada et livré par le Conseil canadien des archives. Cet ensemble porte le qualificatif évocateur de « correspondance sulpicienne et générale » en référence à la multiplicité des sujets abordés, touchant tant les différents aspects de la vie familiale, de la pratique religieuse, de la formation académique que des affaires administratives auxquelles participent les Sulpiciens. Cette correspondance d’un peu moins de 2 000 lettres, de la période de 1729 à 1912, est organisée autour d’un peu plus de soixante personnages, dont une majorité de
L’Univers en bref, vol. 1, no 1, juin 2012 5
sulpiciens canadiens, mais aussi américains et français. De plus, les correspondants traitant d’affaires administratives sont principalement les autorités du Séminaire de Saint-Sulpice de Montréal, mais aussi celles de Paris, les autorités ecclésiastiques du Québec, du Canada, des États-Unis et d’Europe, de même que les autorités civiles. Prenons l’exemple de M. Candide-Michel Le Saulnier, p.s.s., curé de la paroisse Notre-Dame de 1793 à 1830. Nous conservons de lui une correspondance notable témoignant non seulement de la fraternité entre les Sulpiciens français essaimés à travers toute l’Amérique, mais également des événements historiques qui ont marqué cette époque : les tensions politiques en Europe et leurs répercussions en Amérique; les démarches des Sulpiciens pour faire reconnaître leurs titres auprès des autorités britanniques; l’arrivée en masse au Bas-Canada des Irlandais et des Écossais; l’établissement de l’Église catholique dans les missions du Haut-Canada et des États-Unis. De plus, sa correspondance nous révèle qu’il a joué un grand rôle dans l’importation de livres d’Europe et dans leur distribution partout en Amérique. Parmi cette riche correspondance, il y a des lettres écrites par Mgr Benoît-Joseph Flaget, sulpicien français qui devint le premier évêque du diocèse américain de Bardstown, fondé en 1808. Ce diocèse, aujourd’hui disparu, couvrait alors une partie des États américains actuels du Kentucky, du Tennessee, du Missouri, de l’Illinois, de l’Indiana, de l’Ohio et du Michigan. Pour assurer le développement de son diocèse au cours de son épiscopat, qui dura près de 40 ans, Mgr Flaget, dû participer à des négociations territoriales avec les nations amérindiennes. À cette fin, il campa le 15 septembre 1818 sur les bords de la rivière Sainte-Marie d’où il écrivit à monsieur Le Saulnier. Voici des extraits : 15 septembre 1818 De la rivière Ste-Marie Bien cher et bien respectable confrère C’est du milieu d’un camp où il y a deux ou trois mille Indiens de différentes nations, une centaine de [marchands], une dizaine d’agents, une vingtaine d’interprètes, environ quatre-vingts soldats et officiers un grand nombre de curieux, enfin un prêtre et un évêque
que bien vous connaissez, que je désire m’entretenir avec vous afin de ne pas être dans une parfaite oisiveté. Le but de mon voyage, comme je l’ai marqué à M. Roux, est de redemander les terres qui appartenaient jadis aux Missions de tous ces pays du Nord. Les Mrs qui sont à la tête de ce traité me paraissent tous très dévoués et m’assurent qu’ils ne négligeront rien pour la réussite de mon projet. Dimanche dernier fête du nom de Marie sur les bords de la rivière du même nom, je préchai le matin en Anglais à tous ceux qui pouvaient l’entendre, les interprètes, après mon discours, qui fut au moins d’une heure traduisirent aux Sauvages ce qui pouvait leur convenir. Le soir je fis votre besogne en rassemblant tous vos Canadiens ou demi Canadiens auxquels je fis une lecture à côté de ma tente et sur laquelle lecture je fis plusieurs réflexions qui firent pousser plusieurs soupirs à ces pauvres malheureux – qui leur inspirèrent un désir passager de revenir à Dieu, et qui très probablement ne les rendront que plus coupables. […] Le distributeur des vivres est un Mr [Math Born] qui eut le bonheur, me dit-il, de faire votre connaissance il y a environ dix ou douze ans, il se rappelle les saintes communautés où vous l’introduisites et les conversations religieuses que vous eutes avec lui. Quel encouragement pour faire de bonnes œuvres ? Et puisque j’en suis à [?] de vos bonnes œuvres, m’avez-vous procuré la vie de N.S.J. dont vous m’avez dit des merveilles ? l’avez-vous [envoyé?] avec les autres livres, et le tout est-il en chemin pour m’être rendu au lieu convenu ? […] Bénédictions et amitiés à mon bien bon ami Mr Roux, à mon cher Mr Ciquard et à tous les autres confrères que je ne nomme pas faute de place, à toutes vos communautés enfin à tous ceux qui prennent quelqu’intérêt au pauvre évêque de Bardstown. Soyez bien sûr que je vous porte tous dans mon cœur et que je ne vous oublierai jamais au St-Sacrifice de la messe.[…]
Benoît Joseph évêque de Bardstown
Ce n’est là qu’une des nombreuses pièces que
nous pouvons trouver dans les divers fonds et collections d’archives. C’est donc une histoire à suivre… M. L.
L’Univers en bref, vol. 1, no 1, juin 2012 6
Une vitrine sur les livres rares Que peuvent bien contenir, derrière ces portes ver-rouillées, les réserves du département des livres rares? Quels trésors dorment sur les rayons et n’attendent que la curiosité du chercheur pour être réveillés ? Ces questions vous ont évidemment traversé l’esprit, sachant l’importance que les Sulpiciens ont accordé aux livres à toutes les époques. Dans ce tout premier numéro de L’Univers en bref, nous vous proposons un survol historique du département des livres rares afin de vous faire connaître la nature de cette collection ancienne.
Dès leur implantation à Montréal en 1657, les Sulpiciens accordèrent une place prépondérante aux livres. Des cargaisons de livres appartenant aux prêtres sulpiciens connurent les dures traversées de l’Atlantique en vue d’arriver dans la colonie française naissante de Ville-Marie. Petit à petit, une bibliothèque se forma autour du noyau central au Séminaire de Saint-Sulpice. Cette bibliothèque allait devenir une des plus imposantes en Nouvelle-France, rivalisant avec la bibliothèque du Collège des Jésuites de Québec. En humanistes avertis, les prêtres de Saint-Sulpice acquéraient des ouvrages témoignant des préoccupations de leur époque, en théologie, en histoire, en sciences, en philosophie, en littérature, dans les arts, etc… À compter du XVIIIe siècle, les Sulpiciens se firent pédagogues au sein d’une population montréalaise ayant soif d’instruction. Les institutions d’enseignement les plus prestigieuses, le Collège de Montréal et le Séminaire de philosophie, nécessitaient un approvisionnement constant d’ouvrages de toute nature qui allaient appuyer un enseignement de qualité au sein de ces institutions. Ceci allait culminer au début du XXe siècle avec la création de la Bibliothèque Saint-Sulpice, sur la rue Saint-Denis, qui allait devenir plus tard la pierre d’assise de la collection patrimoniale de Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ). C’est Aegidius Fauteux, bibliothécaire responsable de cette bibliothèque, qui sélectionna des ouvrages dans les différentes bibliothèques de Saint-Sulpice pour meubler la nouvelle collection.
C Julii Caesaris quae extant ex emendatione Jos. Scaligeri. - Lugduni Batavorum [Leyde] : Ex Officina Elzeviriana, 1635. -
526, [34] p., [3] f. de pl. Collection des Prêtres de Saint-Sulpice de Montréal
Photo : Pascale Bergeron
Heureusement pour la communauté sulpicienne, une quantité appréciable de livres rares sont encore présents dans nos murs. En 2006, le département des livres rares, dont le but est de conserver et diffuser cette collection, voit le jour en même temps que la corporation Univers culturel de Saint-Sulpice. Les livres sont entreposés dans les réserves du Grand Séminaire de Montréal et au Séminaire de Saint-Sulpice. La bibliothèque conserve des ouvrages datant du début de l’imprimerie jusqu’à nos jours. Il s’agit d’une collection humaniste qui reflète les valeurs des Sulpiciens au fil de leur histoire à Montréal. Les livres proviennent des différentes maisons d’enseignement sulpiciennes ainsi que de dons de sulpiciens, du régime français à aujourd’hui. Pour le moment, le travail au département consiste principalement à dresser l’inventaire des livres rares. À ce jour, près de 9 000 notices ont été créées. Vers la fin de ce processus, le catalogue devrait contenir au moins 25 000 notices. F.S.
L’Univers en bref, vol. 1, no 1, juin 2012 7
De la plume sulpicienne… de Jean-Jacques Olier Le département des livres rares présentera dans les prochains numéros une série d’articles portant sur les écrits des Sulpiciens, principalement de France et du Canada, à diverses époques. Pour ce premier numéro, il allait de soi de mettre en valeur les écrits de Jean-Jacques Olier, fondateur de la Compagnie des Prêtres de Saint-Sulpice. Dès la fondation de la Compagnie, les supérieurs et les membres de la communauté ne tardèrent pas à intégrer le circuit de l’imprimerie, tout d’abord en France au XVIIe siècle et ensuite au Canada au tournant du XIXe siècle. Les écrits du premier supérieur de la Compagnie se rattachent à l’École de spiritualité française qui a pour caractéristique de mettre l'accent sur le mystère de l'Incarnation. Dans cette vision spirituelle, le prêtre devient le représentant du Christ sur terre et remet en valeur la place de la parole de Dieu. Le département possède certains ouvrages du XVIIe siècle écrits par Jean-Jacques Olier, dont voici quelques titres : Catéchisme chrétien pour la vie intérieure, publié à Paris chez Jacques Langlois et Emmanuel Langlois en 1662, 262 pages; Introduction à la vie et aux vertus chrétiennes, publié à Paris, chez Nicolas Pepie, en 1698, 370 pages; Lettres spirituelles de M. Olier, publié à Paris chez Jacques Langlois et Emmanuel Langlois, en 1672, 656 pages, édition originale; Traité des saints ordres, publié à Paris chez Jacques Langlois et Emmanuel Langlois, en 1676, 493 pages, édition originale;
Explication des cérémonies de la grande messe de paroisse, selon l'usage romain, publié à Paris, chez Jacques Langlois et Emmanuel Langlois, en 1661, 576 p. Le département possède également la première édition de la vie du fondateur de Saint-Sulpice : La vie de M. Jean-Jaques Olier, [s.l., s.n.], 1687, 154 pages, attribué à François Giry, de l’Ordre des Minimes. Vous constaterez avec étonnement que le seul ouvrage concernant la Nouvelle-France attribué à Jean-Jacques Olier, ne figure pas dans la collection des livres rares : Les véritables motifs de Messieurs et Dames de la Société de Notre-Dame de Montréal pour la conversion des sauvages de la Nouvelle-France, publié en 1643, 127 pages. Seulement 6 exemplaires sont connus à travers le monde et le seul exemplaire au Canada se trouve à BAnQ (exemplaire de l’ancienne collection Philéas Gagnon). Le département des livres rares possède le fac-similé de l’édition de 1643, dans l’ouvrage de Marie-Claire Daveluy, La Société de Notre-Dame de Montréal, 1639-1663 : son histoire ; ses membres ; son manifeste (Montréal : Fides, 1965). L’ouvrage Prophète dans la mission de Jésus, (Montréal : Bellarmin, 2007) analyse les propos tenus dans Les véritables motifs. F. S.
Sincères remerciements Le département des livres rares tient à remercier M. Guy Guindon, p.s.s., et les séminaristes qui ont pris part au déménagement de boîtes de livres au cours du printemps 2012. Grâce à leur aide, un temps précieux a été sauvé pour le déplacement des boîtes. F. S. Département des livres rares
L’Univers en bref, vol. 1, no 1, juin 2012 8
Le Catalogue Montgolfier : Reflet d’une bibliothèque du Régime français Dès l’arrivée des premiers sulpiciens à Ville-Marie, les livres firent partie de leur quotidien. La plupart d’entre eux possédaient une bibliothèque personnelle qu’ils cédaient à leur décès soit à un collègue soit à la bibliothèque du Séminaire. Les ex-libris manuscrits laissés par les sulpiciens dans leurs livres, conservés dans les deux séminaires et dans la collection Saint-Sulpice de BAnQ, nous permettront, je l’espère, de dresser une liste presque complète de chacune de ces bibliothèques personnelles. Mais que contenait la bibliothèque du Séminaire au XVIIIe siècle? Heureusement un catalogue manuscrit de cette bibliothèque fut (re)découvert aux Archives des Prêtres Saint-Sulpice de Montréal en 2000. Angélique Da Silva, qui complétait sa maîtrise en histoire sur M. Étienne Montgolfier, p.s.s., (1712-1791), supérieur puis grand vicaire, fut en mesure d’attester que le catalogue était de la main de monsieur Montgolfier. Sauf une courte section à la fin datée de 1853, le catalogue principal fut probablement rédigé autour de 1780. Il nous apprend qu’il y avait deux bibliothèques : une « petite bibliothèque » et une « bibliothèque du séminaire de Montréal ». La liste des livres de la petite bibliothèque s’étend sur 40 pages et contient 564 notices. Celle de la bibliothèque principale, sur 111 pages, contient 1 685 notices. Bien sûr, certains titres se retrouvent dans les deux bibliothèques et aussi dans différentes sections de la même liste, mais on peut affirmer que cette collection comprenait plus de 2 000 ouvrages différents. Le classement par sujets reflète les divisions habituelles des bibliothèques de l’époque : théologie, pères de l’Église, vies des saints, philosophie, littérature classique, mais également des sections pour les sciences, le droit et la médecine. Par contre, les notices sont brèves et ne donnent habituellement que le titre et l’auteur, le format, le nombre de volumes et le nombre d’exemplaires, mais rarement des dates d’édition. Plusieurs notices nécessitent un laborieux exercice d’identification mais il nous semble possible de retracer, au moins partiellement, cette bibliothèque décrite par monsieur Montgolfier. La méthode la plus efficace est d’identifier
dans les collections de Saint-Sulpice et de BAnQ les ouvrages qui pourraient être les meilleurs candidats et de les comparer aux notices du catalogue manuscrit. Les exemplaires recensés jusqu’à maintenant proviennent
Livre portant la signature de monsieur Pierre Rémy, p.s.s., curé de Lachine (1680-1706)
Collection des Prêtres de Saint-Sulpice de Montréal Photo : Pascale Bergeron
surtout des collections personnelles de sulpiciens comme Vachon de Belmont, Antoine Déat, Simon Saladin, et plusieurs autres. Ce travail de reconstitution est primordial car la bibliothèque des Sulpiciens est la plus ancienne bibliothèque de Montréal et le catalogue Montgolfier et le catalogue Dudevant, au Séminaire de Québec, sont les deux plus anciens catalogues de bibliothèque au Canada. M. B.
En-tête de la table des matières de la « petite bibliothèque »
L’Univers en bref, vol. 1, no 1, juin 2012 9
Pourquoi un département des biens mobiliers? La corporation Univers culturel de Saint-Sulpice a été mandatée par le conseil provincial pour assurer la gestion du patrimoine sulpicien. Pour accomplir cette tâche, elle s’est dotée de trois départements : les archives, les livres rares et les biens mobiliers. On peut comprendre le besoin d’un service des archives dans une communauté qui participa à la fondation de Montréal et eut à remplir un rôle apostolique et culturel de par ses tâches pastorales et d’enseignement. Cela sans parler de son action sur les plans économique, social et institutionnel, en raison de la charge qu’elle eut à assumer dans l’administration des seigneuries de l’île de Montréal, de Saint-Sulpice et du Lac-des-Deux-Montagnes pendant deux longs siècles. On peut comprendre aussi que des prêtres aient eu besoin de livres pour remplir leurs fonctions spirituelles et pédagogiques. Mais pourquoi un département des biens mobiliers? Parce que les Sulpiciens n’ont pas limité leur action à l’administration du culte dans les paroisses et à l’établissement de missions d’évangélisation. Ils ont aussi été des enseignants, des seigneurs, des gens qui s’impliquaient dans la cité de par leurs œuvres et dans leurs nombreux champs d’intervention. Dans tous ces domaines, ils ont développé inévitablement une culture matérielle. Ils ont construit des résidences, des séminaires, des écoles, des églises, des bibliothèques. Ces immeubles ont été meublés, décorés, pourvus d’objets de toutes sortes, autant pour suppléer aux besoins du culte et aux exigences des œuvres sulpiciennes que pour soutenir leurs entreprises sur le plan spirituel, matériel ou intellectuel. Personne ne contestera l’intérêt patrimonial et artistique des œuvres d’art qui ornaient autrefois des églises, des chapelles ou des résidences sulpiciennes. De même pour les pièces d’orfèvrerie, les chasubles tissées de fil d’or et d’argent et autres vêtements liturgiques qui ont été commandés autrefois à des ateliers réputés, puis conservés précieusement. Mais où s’arrête la tâche du département en ce qui a trait aux types d’objets à conserver? Doit-il tout conserver? Doit-il s’inquiéter par exemple du sort des instruments scientifiques et des spécimens de sciences naturelles qui firent autrefois les belles heures du musée du Collège de Montréal? Doit-il recueillir des
objets communs qui servaient à la vie de tous les jours, ou encore des outils et des appareils technologiques, tels cette presse à imprimer, cette lanterne de projection, cet astrolabe datant de 1631?
L’analyse de chaque cas particulier peut seule dire si tel ou tel objet présente un intérêt pour les collections sulpiciennes. Retenons toutefois que cette presse pourrait renseigner sur le rôle des Sulpiciens dans la diffusion de l’imprimé à Montréal. Que cette lanterne pourrait dire quelles furent leurs méthodes d’enseignement. Que cet astrolabe pourrait témoigner des explorations territoriales qu’effectuèrent les premiers missionnaires. De tels objets peuvent être des témoins éloquents de l’apport de la communauté à l’histoire des sciences et des technologies au Québec, de son apport dans le domaine de l’enseignement à Montréal et, plus loin dans le temps, dans la découverte de nouvelles terres en Amérique. Il ne s’agit pas de tout conserver pour le simple plaisir de conserver, mais de choisir avec soin les objets les plus signifiants. De ce point de vue, des meubles aussi usuels qu’une table de réfectoire, un pupitre d’écolier, un coffre en bois peuvent trouver leur place dans les collections sulpiciennes à condition toutefois qu’ils aient quelque chose à dire sur la communauté. Mais comment faire parler des objets qui, par définition, sont muets?
En les sélectionnant avec soin et en documentant leur histoire avant de les faire entrer dans les collections. L’existence de l’ancien musée de la basilique Notre-Dame peut nous aider à identifier des biens qui ont un intérêt patrimonial ou culturel. Les archives doivent être consultées aussi à cet égard. Tous les membres de la communauté sont en mesure également de nous apporter leurs connaissances. La tradition orale n’est pas à négliger non plus. Dans certains cas, on peut s’en remettre aux photographies qui ont été prises à diverses époques dans les maisons sulpiciennes. Comment la recherche sur un objet pourra-t-elle nous convaincre qu’il a sa place dans les collections?
En nous faisant découvrir, par-delà son apparence, sa provenance, sa fonction, son histoire. Une table peut être intéressante sur le plan décoratif, mais n’avoir rien d’autre à dire. Par opposition, une simple étagère rustique pourrait nous apprendre qu’elle servait dans une église à y déposer les miches de pain destinées aux
L’Univers en bref, vol. 1, no 1, juin 2012 10
pauvres. Si par malheur cette étagère était en mauvais état, la tentation sera grande de la mettre aux poubelles. Or, tout ou presque peut être restauré, à condition toutefois que sa valeur patrimoniale ou culturelle le justifie. Ce qui nous ramène à la case recherche.
Car, au final, c’est la recherche qui nous dira si un objet est porteur de sens, et dans quelle mesure il peut enrichir la connaissance que nous avons de l’histoire de Saint-Sulpice au Canada.
Le département des biens mobiliers sert à cela justement : éviter que les objets qui ont une valeur de témoins se perdent ou perdent leur sens par simple négligence ou ignorance. Rare portrait d’un ancien supérieur de la province canadienne
Étienne Montgolfier, p.s.s. (1712-1791)
Collection des Prêtres de Saint-Sulpice de Montréal Restauré en 2010-2011, avec l’aide d’une subvention du
Conseil du patrimoine religieux du Québec Photo : David Strong
Natif de Vidalon-les-Annonay, en Ardèche, Étienne Montgolfier fit ses études au séminaire de Viviers et fut ordonné en 1741. Après être entré dans la Compagnie de Saint-Sulpice, il enseigna pendant neuf ans dans des séminaires français avant de s’embarquer pour le Canada, le 3 mai 1751.
Dès janvier 1759, il remplaçait monsieur Louis Normant Du Faradon comme supérieur de la Compagnie de Saint-Sulpice au Canada, mais aussi curé de la paroisse Notre-Dame, vicaire général de l’évêque de Québec pour la région de Montréal et administrateur des seigneuries appartenant aux Sulpiciens. Quelques mois plus tard, c’est lui qui accueillit au séminaire de Montréal Mgr de Pontbriand qui avait fui la ville de Québec assiégée par les navires britanniques. Pendant plus de 30 ans, monsieur Montgolfier allait présider, en tant que supérieur provincial, aux destinées de la Compagnie de Saint-Sulpice au Canada. Il devait le faire cependant dans les conditions les plus difficiles qui soient, puisque la colonie était devenue une possession anglaise en 1760. Une de ses tâches les plus importantes serait donc d’empêcher que les Sulpiciens soient chassés du pays, comme le furent les Jésuites et les Récollets, d’éviter que leurs biens soient spoliés et que leur mission apostolique en Amérique soit compromise. On a pensé tout d’abord que ce portrait de monsieur Montgolfier avait été peint de son vivant. Or, l’analyse de la matière picturale nous révèle qu’il a été peint après 1804. En réalité, il pourrait dater de la fin du XIXe siècle. Il n’est pas impossible en effet que la communauté l’ait fait exécuter vers 1891 pour marquer le centenaire du supériorat de monsieur Montgolfier. L’artiste, un Canadien très certainement, se serait alors inspiré du seul portrait connu de Montgolfier : celui que l’on attribue au sculpteur et peintre Philippe Liébert (1733-1804), et qui fut réalisé en 1791 à la demande des Sœurs Grises de Montréal. Dans l’œuvre de Liébert, le supérieur est représenté assis dans un fauteuil capitonné. Il est coiffé d’une calotte et porte un surplis sans manche par-dessus sa soutane. Détail intéressant : il tient dans sa main gauche un dessin d’architecture représentant des colonnes doriques.
La chronique des Sœurs Grises veut en effet que ce soit monsieur Montgolfier qui ait dressé les plans de l’Hôpital général de Montréal. Or, un tel rôle n’a pas été démontré. Sans doute faudrait-il voir plutôt dans cette représentation un geste de reconnaissance des Sœurs Grises envers les Sulpiciens qui contribuèrent la somme de 15 000 livres pour la reconstruction de l’Hôpital
L’Univers en bref, vol. 1, no 1, juin 2012 11
général après l’incendie dévastateur dont il fut victime en 1765, tel que le rapporte l’historien Robert Lahaise dans son livre sur Les édifices conventuels du Vieux-Montréal. Réinterprété à partir de cette toile ancienne, le présent portrait montre le supérieur assis à sa table de travail mais tenant cette fois un livre entre ses mains. Posés tout près, l’encrier et la plume pourraient laisser croire qu’il s’agit plutôt d’un manuscrit. Sachant que monsieur Montgolfier rédigea le plus ancien catalogue connu de la bibliothèque du Séminaire de Saint-Sulpice de Montréal, on pourrait penser que c’est à la rédaction de ce document que le peintre voulut le représenter. Mais qui alors savait qu’il en était l’auteur? Une énigme à résoudre… Ce portrait du jeune François-Auguste Magon de Terlaye a été peint à Paris en 1754 peu après que le sulpicien François Picquet l’eût recruté pour aller servir avec lui à la mission de La Présentation.
Jacques (?) MANGEARD, François-Auguste Magon de
Terlaye, p.s.s. 1754, huile sur toile
Collection des Prêtres de Saint-Sulpice de Montréal Photo : Christine Guest
Le tableau a été conservé pendant longtemps à la résidence d’Oka, mais son mauvais état exigeait qu’il soit restauré. Grâce à une subvention du Conseil du patrimoine religieux du Québec, il est maintenant en voie d’être remis en état par les soins de madame Anita Henry, restauratrice. Or, récemment, en enlevant le rentoilage sur lequel la toile d’origine avait été collée, madame Henry a découvert une inscription au verso qui se lit à peu près comme suit : « Pinx par Mangeard en l’année 1754 […]cure [?] rue Saint-Antoine [?] gauche [ou proche?] La bastille et la rue des tournelles ». Sur la rue Saint-Antoine, à un jet de pierre de la rue des Tournelles, à Paris, se trouve l’ancienne église de La Visitation de Sainte-Marie, temple installé au XVIIe siècle à l’initiative de François de Sales et de Jeanne de Chantal. Est-ce là que le portrait fut peint? Et ce Jacques Mangeard dont nous avons retrouvé la trace et qui avait été curé avant la Révolution, aurait-il occupé une fonction dans cette église à l’époque de la réalisation du tableau? Ce prêtre était d’origine bretonne, tout comme Magon de Terlaye, qui était natif de Saint-Malo. Mais était-il peintre aussi à ses heures? Nous n’avons retracé par ailleurs aucun peintre du nom de Mangeard qui aurait été actif en France à cette époque. Pourtant, la facture de la toile montre que l’auteur possédait de solides rudiments en peinture. Il est possible d’ailleurs qu’il ait réalisé aussi le Portrait de François Picquet, p.s.s., qui est en voie de restauration également. Ces deux sulpiciens sont les seuls missionnaires du XVIIIe siècle dont nous ayons conservé les portraits peints. Nos recherches se poursuivent pour en savoir plus sur ce Jacques Mangeard, mais un fait est acquis désormais quant à l’origine du tableau. Il fut exécuté à Paris, lors du voyage que monsieur Picquet y avait fait en 1753-1754 pour aller obtenir du roi le financement et les secours requis pour poursuivre sa mission à La Présentation. H.S.
L’Univers en bref, vol. 1, no 1, juin 2012 12
Rendez-vous à Québec le 2 août 2012! Date du lancement de l’exposition Les arts en Nouvelle-France Qui présentera des artefacts provenant des collections des Prêtres de Saint-Sulpice de Montréal Lieu : Musée national des beaux-arts de Québec Durée : du 2 août 2012 au 28 avril 2013 Photo :
MBAM/Christine Guest Si vous voulez vous rendre à Québec pour le lancement de l’exposition, contactez-nous avant le 1er août 2012, au 514-935-7775
L’Univers en bref Bulletin de la corporation Univers culturel de Saint-Sulpice 116, rue Notre-Dame Ouest 2065, rue Sherbrooke Ouest Montréal (Québec) H2Y 1T2 [email protected] Montréal (Québec) H3H 1G6 Équipe de production : Pascale Bergeron, Michel Brisebois, David Émond, Caroline Laberge, Marc Lacasse, Frédéric Santerre, Hélène Sicotte. Collaborateurs : Nicolas Lazin, Jean-Pierre Lussier, p.s.s.