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Page 1: 148 Dégradation des propriétés biomécaniques du supraspinatus dans la rupture de la coiffe des rotateurs

2S98 79e RÉUNION ANNUELLE DE LA SO.F.C.O.T.

148 Dégradation des propriétés biomé-caniques du supraspinatus dans larupture de la coiffe des rotateurs

Saïd SLIMANI*, Xavier WANG, Blaise MICHEL,Jean-François STOLTZ, Pierre LASCOMBES,Henry COUDANE

INTRODUCTION. Un processus dégénératif peut être incri-miné dans la rupture du tendon du supraspinatus indépendam-ment de tout conflit ostéo-ligamentaire. Cette altération de laqualité tendineuse peut être aussi évoquée lors de ruptures itéra-tives après réparation chirurgicale. Les objectifs de cette étudesont de caractériser le comportement biomécanique du supraspi-natus sain et de quantifier le processus dégénératif du tendonrompu avec la recherche de facteurs prédictifs.

MATÉRIEL ET MÉTHODE. Le comportement biomécaniquede 8 supraspinatus rompus sans conflit mécanique décelable a étécomparé à 6 supraspinatus sains de pièces anatomiques. Chaquetendon sain a été étudié en individualisant un tiers antérieur,moyen et postérieur. Les échantillons de coiffes rompues étaientprélevés de part et d’autre de la rupture. L’âge du patient, l’ancien-neté de la rupture, l’aspect du tendon, la taille de la rupture, ledegré de rétraction et la dégénérescence du tendon étaient réperto-riés. Une fois calibré, chaque échantillon a bénéficié de plusieurstests de relaxation selon différents étirements avec un test destruc-tif final qui quantifie la contrainte maximale supportée. Le com-portement biomécanique de chaque tendon est caractérisé par sonmodule d’élasticité stationnaire (Eo), son module d’élasticitéapparente (E1), son module d’élasticité linéaire (Ee) et sa con-trainte maximale avant rupture (s max). Ces paramètres permettentune modélisation du comportement tendineux.

RÉSULTATS. L’hétérogénéité du comportement biomécani-que du tendon du supraspinatus est confirmée entre ses portionsantérieure, moyenne et postérieure au détriment des deux derniè-res (p < 0,05). Les résultats montrent une perte de 44 % de lacharge maximale (p = 0,01). Une perte de 49 % du moduled’élasticité stationnaire (composante élastique du tendon). Uneperte de 49 % du module d’élasticité linéaire. Une perte de 54 %du coefficient de viscosité (n). Il n’a pas été retrouvé de facteurprédictif de la dégénérescence du corps tendineux.

DISCUSSION. L’hétérogénéité du comportement biomécani-que du tendon évoquée par Itoï 1995, Soslowsky 2000 est à l’ori-gine d’une distribution inhomogène des contraintes mécaniques.La méthodologie utilisée doit faire face à plusieurs difficultéstechniques mais nos résultats apportent une quantification de ladégénérescence du tendon rompu.

CONCLUSION. La dénomination de « tendon du supraspina-tus » est restrictive et occulte l’hétérogénéité biomécanique dutendon. Cette mauvaise répartition des forces au sein d’un ten-don court est à l’origine de pics de contraintes préjudiciables àl’intégrité des fibres tendineuses. Ces sollicitations appliquéessur le supraspinatus pendant plusieurs décennies peuvent expli-quer l’incidence des ruptures tendineuses.

149 Résultat du traitement arthroscopi-que des ruptures de la face pro-fonde de la coiffe des rotateurs

Nicolas GRAVELEAU*, Franck JOUVE,Sébastien ZILBER, Jean-François LABRIQUE,Laurent NOVÉ-JOSSERAND ET LA SFA

INTRODUCTION. Classiquement, le traitement chirurgicaldes lésions partielles non perforantes de la face endo-articulairede la coiffe se résume à l’acromioplastie. L’analyse d’une sériede 126 patients traités par arthroscopie permet de préciser lesindications chirurgicales en fonction de la profondeur de lalésion tendineuse.

MATÉRIEL ET MÉTHODES. Il s’agit d’une étude rétros-pective multicentrique portant sur 126 patients ayant une rupturepartielle de la face endo-articulaire d’au moins un tendon. Lasérie comporte 70 hommes et 56 femmes. L’âge moyen était de52 ans (29-76 ans). Un traumatisme initial était invoqué dans24 % des cas. La durée moyenne d’évolution des symptômesétait de 26 mois (16-240 mois). Une asymétrie de force moyenneétait de 3 kg (5,9 v 8,9 kg). Le score moyen de Constant en préo-pératoire était de 53,9 (20-88). On retrouvait 120 lésions du ten-don du supraspinatus dont 9 % avec une extension au tendon del’infraspinatus, 6 lésions isolées du tendon du subscapularis et20 % d’atteinte associée du biceps. Nous avons classé les lésionsselon la classification de Ellman : 54 de grade I, 44 de grade II et20 de grade III. Le traitement arthroscopique a comporté uneacromioplastie chez 94 % des sujets associée, ou non, à un gestetendineux de débridement ou de réparation du tendon après exci-sion. Le recul moyen était de 59,5 mois. À la révision,91 patients ont eu une échographie appréciant l’épaisseur tendi-neuse.

RÉSULTATS. Subjectivement, 80 % des opérés étaient satis-faits ou très satisfaits. Le score de Constant absolu moyen étaitde 82 points (+28 points). La reprise des activités professionnel-les a été possible dans 94 % des cas. Les 3 types de traitementtendineux avaient la même efficacité sur les lésions de grade I.Le débridement donnait les moins bons résultats dans les lésionsde grade II. La réparation tendineuse donne les meilleurs résul-tats sur les lésions de grade III.

DISCUSSION. L’acromioplastie reste un traitement de choixquelle que soit la taille de la lésion mais les indications dudébridement doivent être pesées. Si l’acromioplastie arthrosco-pique est efficace sur les petites ruptures, les lésions les plussignificatives gardent un potentiel évolutif qui peut conduire àla rupture transfixante. Les bons résultats des réparations dansles ruptures sub-totales doivent inciter à entreprendre une répa-ration.

CONCLUSION. L’importance de la lésion tendineuse doitêtre prise en compte dans le traitement arthroscopique des ruptu-res partielles de la face endo-articulaire de la coiffe pour propo-ser une réparation tendineuse dans les lésions les plussignificatives.

*Saïd Slimani, Service de Chirurgie Arthroscopique et Trauma-tologique de l’Appareil Locomoteur, Hôpital Central, CO n°34,

54035 Nancy Cedex.*Nicolas Graveleau, Clinique Sainte-Anne-Lumière,

85, cours Albert-Thomas, 69003 Lyon.

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