La collection POIÊSIS souhaite une écriture des cinq éléments naturels. L’eau, l’air, la terre, le feu et l’amour en sont des composantes. Mais laissons parler les mots :absence, accueillir, ailleurs, altitude, atteindre, battement, brûler, ciel, corps, danser, désert, douceur, elle, errance, être, horizon, instant, instinct, intime, intense, lumière, mémoire, mouvement, nu, œil ouvert, orage, parole, passage, perdre, résonner, sang, secret, silence, simple, solitude, soir, souffle, suspendu, trembler, violence, vivre, etc.
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Tant de soleils dans le sang
Un livre-récital avec Pedro Soler
et sept poèmes-tractsavec Ernest Pignon-Ernest
ANDRÉ VELTER
ALPHABET DE L’ESPACE ÉditionsNicolas FOUGEROUSSE27 rue carnot74000 ANNECY
www.alphabet-espace.fr
ISBN 978-2-917145-00-5
ALPHABET DE L’ESPACE Éditions © Tous droits réservés.Ernest Pignon-Ernest © Tous droits réservés.
Mars 2008
Le genre donné à ce livre, récital, est sans doute inédit, et précisément fidèle à son mode de composition. L’écriture de chaque poème, de chaque ballade ou chanson, est venue dans le rappel et l’attente des musiques de Pedro Soler. Déclinés d’un chant profond andalou, mais aussi universel, les thèmes se sont imposés à l’oreille, au point que tout, ici, entre en résonance : le sens affirmé des mots à l’égal de l’engagement sonore.
Les poèmes-tracts réalisés avec Ernest Pignon-Ernest interviennent, au final, comme autant d’injonctions prises aux palissades, aux terrains vagues, aux façades, aux murs des rues. Ils forment un épilogue ouvert à tous les vents et aux mutineries joyeuses ou tragiques de la vraie vie.
L’Énergie est Délice Éternel.
William Blake
D’UN RYTHME DE FEU
ET DE LARMES
NOUS AVONS SECOUÉ
LE SABLIER DU CIEL
RAVIVÉ L’ÉCORCE DE LA TERRE
MIS LE DESTIN AU GALOP
ET SANS DOUTE EN DÉROUTE
15
Orphée par nuit noire
Tu étais à l’aube des mondes et n’avais pas de nom.Qui aurait pu t’appeler, te prier, te maudire ?Aucune voix pour crier de peur ou d’impatience,Aucun souffle pour chasser l’ombre d’on ne sait quelle
bouche.
Comme si l’énigme avait une ombre,Comme si l’absence avait une ombre,Comme si le vide avait une ombre,Comme si l’amour était une ombre.
Marcheur qui se cherchait des ailes,Tu ne croyais pas aux rives infernalesMais à l’échappée verticale par delà dédale et fournaiseAvec au fond de l’âme un regard calciné.
Quelle fureur pour se délivrer des furies,Quelle lutte pour éperonner la lumière,Quel assaut insensé pour arrimer le feu, ensauvager
l’horizon,Et quel blasphème pour transpercer le ciel !
Tu voulais chanter sans crainte, espérer sans espoir ni raison, danser comme on se sacrifie,
L’avenir était déjà une boule de cendre.Il n’y avait qu’à rêver à l’instinct, à inventer le jour sans
lendemain,Il n’y avait qu’à se surprendre et à se retourner quel qu’en
soit le prix.
L’éclair était là, aussi la force et la douceur,Une buée à perdre haleine, Un viatique à voler à la mort, Un refrain soudain qui se jouait du destin
Pour l’impossible corps à corps, L’impossible regard, L’impossible caresse D’un interdit changé en éternel instant.
AU TEMPO D’ALEXANDRE
19
J’aurai vécu comme un train lancé dans la nuit
De loin il m’est venudes éclairs dans le sang,
comme des étoilesde mer de désert et de ciel,comme des tremblements
d’infinis légués infinimentau vide des univers,
à l’éphémère des âges.
J’ai dévoilé ce qui m’aveuglait,commandé un peu au jeu des reflets,
mais un peu seulement.
J’aurai vécu comme un train lancé dans la nuit
20
Deux fois j’ai tenu la mort à bout de bras,
deux fois j’y ai laissé mon cœur.
21
Le plus grand des hasards n’était là que pour toi
Au tempo d’Alexandrej’ai remonté mes cavaleries,quand il n’y avait mêmeque de la peur à prendre
et de la soif aussi,ou quand j’allais à piedsans repère et sans but
les jours de sable, les jours de neige.
J’ai capté ce qui me hantait,dompté une part de l’indomptable,
mais une part seulement.
Le plus grand des hasards n’était là que pour toi
22
Ce n’était pas être seulqu’entrer à bras ouvertsdans la grande solitudedes horizons perdus,
avec l’écho trois fois ravivéd’une monodie d’azur.
23
Et j’ai vu dans le noir le feu noir de tes yeux
Tant de conquêtes,menées du bout des lèvres,qui ne tenaient qu’au fil d’un rien d’herbe tressée
dans les vergers de Bactriane,et le souvenir d’un cri vainqueur
qui ne se briserait plus.
J’ai désiré l’au-delà du désir,volé l’aile bleue d’un fabuleux envol,
mais une aile seulement.
Et j’ai vu dans le noir le feu noir de tes yeux
24
Ce que c’est vraiment que de vivreà l’aventure, à l’improviste :
on cueille des roses dans la brume,les ténèbres, les buissons
ou la dernière galaxie connue,sans voir ni penser
qu’on a les mains en sang.
25
Le soleil et la peau Le désert porte le rêve de l’horizonMirage à fleur de peauIvresse d’océan secEt le soleil comme un amoureux fou
Si loin, il y a ce qui ne revient pasLe feu inaccompliLa colère par pertes et profitsLa Bohémienne à jamais endormie
Tu avances vers une autre saisonLa cinquième sans douteQui garde les fleurs sous la neigeEt midi à la grâce du démon
Tu n’es pas du côté des fruitsLes bourgeons seuls vont renaîtreAux rives extrêmes de l’hiverOu dans le plein été, ici