« LA TARIFICATION DES AMCS AU MAROC, EST
ELLE GÉNÉRATRICE D’INCLUSION SOCIALE »
Pr. Amina KCHIRID et Meryem BENHADDOUCH Doctorante
Laboratoire de Recherche Gestion des Compétences, de l’Innovation et des Aspects Sociaux (GECIAS)
Microfinance Insight Forum 18 - 8 & 9 Sept 2016- ESC DIJON
Équipe de Recherche sur les Innovations Sociales
et l’Entrepreneuriat
Sommaire
Introduction
La situation du micro crédit au Maroc
Les déterminants de couts de la microfinance
La tarifications des grandes AMCS
La tarifications des petites AMCs
Comparaison entre la tarification d’une AMC et
d’une société de crédit classique
Conclusion
Introduction
Les institutions de microfinance, comme tous les organismes
financiers sont dans l’obligation d’assurer leurs pérennités et
afficher une performance qui accroisse la valeur de leurs
entreprises, tout en répondant à leur mission principale qui est
d’offrir des produits financiers et non financiers à une
population exclue du système financier classique du fait de la
faiblesse et de la variabilité de leurs revenus
Introduction
La tarification dans le secteur de la microfinance constitue un
sujet de débat qui n'en finit pas, compte tenu de sa
particularité et de la singularité de son modèle.
Il s'agit de petits montants qui sont octroyés à des clients
résidants parfois dans des zones enclavées généralement peu
servi par le système financier classique. Ce qui oblige les AMC
à facturer des taux d'intérêts supérieurs aux taux bancaires
pour couvrir leurs coûts et être en mesure de continuer à
proposer ces services.
Introduction
Le microcrédit nécessite au préalable tout un
processus complexe, du fait qu’il faut tout d’abord
se rapprocher du client qui peut être parfois installé
dans une zone enclavée généralement peu servi
par le système financier classique
Ce client est souvent peu éduqué et dans une
situation de vulnérabilité
Introduction
Et avant l’octroi du prêt, l’IMF doit envoyer un agent
du crédit pour rendre visite à l’emprunteur à son lieu
de travail ou à son domicile, ce qui rend ceux ci
encore plus compliqué et coûteux dans les zones
enclavées et cela pour s’assurer de la pertinence et
de la véracité des informations fournies par ce
dernier au moment du montage du dossier de crédit
à travers des enquêtes de moralité
Introduction
Ces ressources et temps nécessaires pour
obtenir ces résultats ,avec des montants
unitaires faibles représentent le coût de
l’Inclusion . Ce savoir faire a permis de
remplacer progressivement les garanties
formelles
Dans quelle mesure la tarification peut être génératrice
d’inclusion sociale ?
La question qui se pose : c’est dans quelle mesure la tarification pratiquée par
les AMC est génératrice d’inclusion sociale ?
Pour répondre à cette problématique, nous allons essayer de montrer les
différences notables en ce qui concerne l'application de la tarification du
fait de la taille, du nombre de clients, et donc des possibilités d'économie
d'échelles rendues possible par le coût de l'inclusion.
Et ce à travers une analyse comparative du modèle financier adoptée par
deux associations : AL AMANA, ATTAWFIQ (grandes AMCs) et ALKARAMA
(moyenne AMC) par rapport à un modèle qui fournit un crédit de même
taille ou de taille comparable c’est le cas des sociétés de crédit à la
consommation.
Les déterminants des couts de la microfinance
Les couts opérationnels
- Ils concernent essentiellement les frais du personnel de l’AMC ,ainsi que
les frais de fonctionnement évaluées à et représentant les dépenses
informatiques, d’amortissement de matériel, de déplacement, de
recouvrement, etc.
- La majorité des AMC effectuent toutes leurs transactions en argent liquide
et doivent souvent se déplacer pour collecter l’argent, ce qui occasionne
des coûts opérationnels élevés (personnel, véhicules, agences, etc.). Ce sont
des coûts que les banques traditionnelles n’ont pas à supporter.
- Ces frais généraux se situent le plus souvent dans une fourchette de 10 à
25 %. C’est le facteur de coût qui pèse en moyenne le plus lourd dans la
fixation du taux : 62 %
1500 personnes pour enquêter sur les clients
Rendre visite à 10% des clients dès le retard à 15 j
, 5% au retard à 30 j et 3% au retards au delà en
comptant ½ heure par visite ,revient à consacrer
l’équivalent de 2 H en plus pour tous les clients ,
soient 925 personnes pour le recouvrement
2450 pour les agences
750 dans les sièges
Les déterminants des couts de la microfinance
Les coûts liés aux pertes sur crédits :
Celui-ci représente les provisions pour créances douteuses
nettes de récupérations. Ces coûts sont relativement
maîtrisables. De préférence, ce taux doit osciller entre 1 % et
2 % dans une entité financière performante
Les déterminants des couts de la microfinance
Les marges prises sur l’opération
Ceux-ci permettent en outre de capitaliser l’institution et
d’investir dans de nouvelles démarches comme une extension
de la couverture géographique ou encore la diversification de
l’offre de produits et services.
Les coûts liés au fait de disposer des fonds prêtés
La plupart des Associations sont autonomes depuis de nombreuses années.
Aussi doivent-elles se financer sur le marché, ce qu’elles font à un taux
moyen de 5,5%, essentiellement par des crédits à moyen et long terme.
Toutefois, il y a lieu de rappeler que le secteur a bénéficié d’un soutien non
négligeable au démarrage de son activité aussi bien sous forme
d’assistance technique que de renforcement des fonds de crédit
Peut on pratiquer le micro crédit avec moins
d’agence et moins de personnel?
Peut on faire supporter les frais de déplacements
aux clients?
Peut on utiliser la technologie pour réduire les frais
des transactions?
Pas évidents, car les transactions se font souvent en
cash et rencontrer l’agent de crédit partie de
l’éducation financière
ANALYSE COMPARATIVE POUR ILLUSTRATION AVEC LES SOCIETES DE CREDIT A
LA CONSOMMATION - ANALYSE DES CLIENTS
41%
36%
12%
6% 5%
Clients du Credit à la Consommation
(Source BAM)
Fonctionnaires
Salariés du Privé
Retraités
Professions libérales
Artisans et commerçants
21%
16,40%
44%
15,30%
1,50% 1,70%
Clients du Microcrédit
Petits éleveurs
Artisans
Commerçants
Service
Sal Public
Sal privé
89% des Clients ont des
revenus sécurisés
11% sont artisans
commerçants sélectionnés
96,8 % des Clients ont des
revenus faibles et NON
sécurisés
95% gagnent moins que le
SMIC
45% gagnent plus de 4000 dh par mois
55% gagnent entre le SMIC et 4000 Dh
Tous les mois
Le revenu moyen des clients est estimé à
5500 Dh (source monographie APSF)
Taux d’intérêt mensuel pratiqué par l’association
ARDI et AL KARAMA
AMC Taux d’intérêt
mensuel
ARDI 2%
AL KARAMA 2%
Le Taux effectif globale sur la base d'une durée moyenne de 14 mois
n'est pas loin de 32% en y incorporant les frais de dossier en
général de l'ordre de 1,5% .
Taux de rendement effectif
Taux d’intérêt parmi les plus dans le monde;
Taux constants appliqués par l’ensemble du secteur;
Et si on se référé au taux pratiqués à l’échelle
international principalement dans la zone MENA,
le Maroc avec un taux de rendement de 27% se
retrouve dans la moyenne basse.
Sociétés de Crédit à la
consommation
MICROCREDIT
Garanties en cas de non
remboursement
Accès sécurisé aux revenus certains et
réguliers du client
Pas de garantie ou garantie symbolique
Enjeu essentiel Vérifier les pièces produites par les
clients
Amener à adopter un comportement de
bon payeur/ Traitement social
Coût de la Distribution Correspondants/ Concessionnaires Auto
/Conventions Entreprises/Agences
1500 agences en propre avec loyers
,sécurité et personnel qualifié
Nombre de salariés
nécessaires
2100 6500
Ampleur des encours gérés 43 Milliards 5 Milliards
Encours /Salarié 20,4 Mdh 0,8 Mdh
Montant prêt moyen 30 Kdh 6,2 Kdh
Charges d’exploitation
(RH+Dépenses de
fonctionnement)
2,5% de l’encours 15% de l’encours
Coût d’INCLUSION 0 % (n’adressent pas ce marché) 12,5%
Coût du financement 4,5% 5,5 à 6%
Coût du risque 1,2% 2%
Coût de revient 8,2% 23%
Mise en évidence du coût d’inclusion au Maroc : Analyse comparative pour illustration
Société de crédit à la consommation et Association AL AMANA pour le micro crédit
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Conclusion
Quelques pistes :La question qui se joue pour une IMF, c’est comment pratiquer un taux raisonnable et avoir une rentabilité suffisante , l’équilibre entre ces deux enjeux?
1. Il faudrait une bonne rentabilité des ressources dont dispose l’IMF, autrement dit que la majorité des ressources doivent être allouées au micro crédit
2. Il faudrait une bonne croissance du marché et de la pénétration , pour bénéficier des économies d’échelle
3. Une bonne maitrise des charges d’exploitation
4. Un portefeuille client solvable
5. La réduction des couts des ressources, il faudrait peut être un modèle mixte entre disposer des dépôts , ou d’appui des fonds de l’état , à coté de l’achat des ressources
6. Un accompagnement de proximité des clients , par la formation, l’aide à la commercialisation et le développement de leur activité
7. Offrir aux clients la possibilité de dépôt , pour réduire le couts des ressources
8. Diversifier les clients , en allant vers les TPEs
Pr Amina KCHIRID
Tel:212 661 32 37 04