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Dossier de présentation de la lecture mise en espace "On l'appelait Camus"Textes : Albert CamusPar Mélanie Del Din et Ali KhelilCréation de la Compagnie les Charmilles - 2012.

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Page 1: Dossier "On l'appelait Camus"
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On l'appelait Camus

Lecture mise en espace

Texte : Albert Camus

Comédiens : Mélanie Del Din, Ali Khelil

Durée : 55 minutes

Tout public à partir de 15 ans

Jauge : 60 personnes

Cette lecture-mise en espace est une occasion de re/découvrir l'univers littéraire d'un écrivain

majeur du XXème siècle : Albert Camus (1913 – 1960). La Compagnie les Charmilles vous invite à un

voyage parmi ses souvenirs, ses combats et ses rêves.

Les images et les odeurs imprégnant ses écrits autobiographiques, philosophiques, théâtraux

et romanesques, sont autant d'invitations à se promener parmi les œuvres qui jalonnent le destin

exceptionnel de cet enfant pauvre devenu prix Nobel de littérature.

C'est dans un salon chaleureux, sous une lumière tamisée, que Mélanie Del Din et Ali Khelil vous

feront partager la beauté, la force et l'humour des textes de celui qu'on appelait Camus.

Des extraits sonores, des projections photos et vidéos viendront enrichir cet univers.

Les textes lus seront des extraits de "le Premier Homme", "l'Envers et l'Endroit", "Caligula",

"l'Etranger", "l'Etat de Siège", "l'Homme révolté", "la Chute", "l'Exil et le royaume" et "l'Eté".

[©Gallimard].

Bande son :

Qurb, album Thimar d'Anouar Brahem.

Kashf, album Thimar d'Anouar Brahem.

Editeur : ECM

Vidéos :

"De la résistance à l'existentialisme" 1977. INA Atlantique.

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Note d'intention :

Pourquoi cette lecture …

En 2010, lors de la commémoration du cinquantenaire de la mort d'Albert

Camus, la Médiathèque de Plérin (Côtes d'Armor) recevait une exposition sur

la vie et l'œuvre de l'écrivain. A cette occasion, elle nous a contactés pour faire

une lecture d'extraits de ses textes.

Nous nous sommes donc replongés avec plaisir dans son œuvre. Elle nous a

interpelés d'une part, par la finesse et la beauté de la langue et, d'autre part,

par la contemporanéité de ses thèmes. L'absurdité du monde, la beauté de la

nature, la révolte de l'homme face à sa condition, l'acceptation des différences, sont autant de sujets

qui touchent les problématiques fondamentales de notre société. De là vient notre envie de continuer

ce travail et de le faire partager.

… mise en espace ?

La "lecture mise en espace" est la forme scénique qui nous semblait la plus à même de

permettre au spectateur de s'immerger dans l'univers camusien, sans pour autant lui imposer un point

de vue. Elle donne à entendre la langue, les mots et le sens qui s'en dégage. Le public peut recueillir

les images et les sons qui forment les ambiances lumineuses ou sombres de l'auteur.

Nous avons choisi une scénographie sobre, à l'image de Camus : une table, deux chaises, un

fauteuil, deux lampes de chevet et des livres.

Pour mettre en avant la rythmique propre à chacun des textes lus, nous avons opté pour une

mise en espace épurée reposant sur différentes dynamiques de jeu (lent, rapide, neutre, incarné, etc).

Pourquoi ces textes ?

Ayant voyagé à travers l'œuvre de Camus, nous voulions à notre tour proposer au public de

sentir la diversité et l'intensité de ces écrits. Le spectateur pourra réentendre certains extraits majeurs

et découvrir d'autres fragments moins connus mais tout aussi intéressants. A travers les passages,

représentatifs de l'écriture de Camus, nous espérons donner l'envie aux personnes de ré/ouvrir ses

livres.

Page 4: Dossier "On l'appelait Camus"

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La Compagnie les Charmilles

«Charmille» : autre nom de l'arbre, le charme, taillé le plus souvent en haies.

Une idée de l'observation de la vie, sans la déranger ; on peut y voir à travers sans être vu, et en avoir

une vision particulière.

La Compagnie les Charmilles, compagnie théâtrale, a été créée en Octobre 2009 à Ploufragan

(Côtes d'Armor, Bretagne, France).

Elle interroge le lien fondamental entre texte et corporalité dans la création contemporaine. La

présence des deux auteurs et comédiens, Mélanie DEL DIN et Ali KHELIL, enrichit cette réflexion.

La recherche artistique de la compagnie se nourrit de l'extraordinaire quotidienneté des humains. Elle

la vit, la réfléchit, l'interroge, la regarde sous d'autres angles et la donne ainsi à voir pour mettre en

exergue ce qui en est notable, révoltant, beau, étonnant... Elle questionne en particulier la place des

minorités, des marginalisés…

Son premier spectacle "Vous, les Périscopés", montre une femme, schizophrène, observant la

vie d’autres êtres humains et la revivant sans cesse pour combler sa solitude.

Ce spectacle a été créé en 2010 et a tourné en 2011-12.

Cette création a bénéficié du soutien de la ville de Ploufragan, du Conseil Général des Côtes d’Armor,

de l’A.D.C.A 22-Itinéraires Bis, du G.F.E.N. 22 à la Maison Louis Guilloux à Saint-Brieuc, du Centre

Culturel de la Ville Robert à Pordic, du Centre Culturel Espace Victor Hugo à Ploufragan, ainsi que des

structures ayant mis à disposition des salles et de celles ayant accueilli le spectacle.

Sa prochaine création, Ras d'Eau (titre provisoire), est un duo de Mélanie Del Din et Ali Khelil à

l'écriture et au jeu. Le thème est une double rencontre des humains en exil, une journaliste venant

écrire sur les tragédies des traversées clandestines et un homme cherchant son frère ; une créature

vivant seule au milieu de la mer, et un jeune clandestin qui ne parle pas. Cette création se fera entre

la France, la Tunisie et l'île de Lampedusa (en Italie) de fin 2012 à fin 2014.

La Compagnie a mis en place des partenariats avec l’Agglomération de St-Brieuc, Itinéraires Bis,

la Passerelle-scène nationale de St-Brieuc, le Cap à Plérin, le service culturel de la ville de Guingamp,

le lycée agricole de Plouisy pour des actions culturelles en lien avec ses spectacles, des commandes de

mise en scène, de performance.

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Les comédiens :

Mélanie Del Din :

Elle a suivi des ateliers amateurs puis s'est formée au lycée avec des

intervenants du Théâtre de Folle Pensée. Elle a ensuite intégré une école

de théâtre bruxelloise de 2001 à 2004, de Kleine Academie (méthode Jaques Lecoq).

Parallèlement, elle a suivi des stages de clown et théâtre avec la Cie Vis Comica (22), Tom Roos

(Belgique), Denis Lebert (Rennes), Pol Pelletier (Montréal)…

En 2005, elle est revenue en France pour jouer avec plusieurs compagnies : Cie Vis Comica, Cie Mais

Comment Fait-Il ? (22), les Arrosoirs Cie (91), Cie Fiat Lux (22), Théâtre du Risorius (58). Elle travaille

sur des performances et diverses lectures, entre autres avec le Théâtre de Folle Pensée (textes de Jean

Grenier, …), Cie M.C.F.I. (Lettres de Poilus, …), Cie Fiat Lux (Voyage en Afrique, l'Extra Balle), Dominique

Potard (des Mots à la Bouche et les 100 Cris d'Amour).

Elle fonde la Compagnie les Charmilles en 2009. Elle est auteur et comédienne sur le premier

spectacle : Vous, les Périscopés, comme sur le second : Ras d'eau, avec Ali Khelil.

Elle intervient aussi dans différents ateliers de théâtre avec un public varié.

Ali Khelil :

Comédien tunisien né en France. Il vit ses premières années à Vénissieux, dans la banlieue lyonnaise.

Puis il suit sa famille qui s’installe à Gabès, en Tunisie. De 2000 à 2005, il travaille pour la compagnie

A.R.T (Tunisie) en tant que comédien, danseur et auteur. Il explore la création pluridisciplinaire mêlant

texte, musique, chant, vidéo et travail chorégraphique. Alternant les créations "intimes" (Les paroles

de l'âme, qu'est ce que j'attends, etc.) aux spectacles plus grandioses ("Parfum d'un temps" 15

comédiens-danseurs, 10 musiciens, jauge 3000 personnes ; "amours-souffrances" 8 danseurs, 8

comédiens, 2 poètes-lecteurs, 8 musiciens, jauge 3000 personnes, rediffusée à la télévision).

Parallèlement, il se forme auprès de grands noms du théâtre tunisien comme Anouar Chaafi (CDN

Médenine), Mounir Argui (Tunis), Ahmed Snoussi (Tunis)…etc. De 1997 à 2005, il travaille avec des

artistes des côtes d'Armor, Roland Fichet, Jean Marc Imbert et Nathalie Tarlet, dans le cadre de stages

de coopération. En 2005, il intègre un cours de théâtre à Montpellier et travaille entre autre avec :

Marc Nicolas, Charles Joris et Jacques Lassalle.

Il travaille pour la compagnie Vis Comica en 2007 et travaille aussi avec diverses compagnies, théâtre

de Folle Pensée (Saint Brieuc), Cie du Chien Bleu (Saint Brieuc), Cie les Charmilles (Ploufragan), Cie Joe

Bitume (Angers). Il sera auteur et comédien, avec Mélanie Del Din, pour la prochaine création (Ras

d'eau) de la Compagnie les Charmilles.

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L'auteur, Albert Camus :

Il est né dans un domaine viticole près de Mondovi, dans le département de Constantine, en

Algérie. Son père a été blessé mortellement à la bataille de la Marne, en 1914. Une enfance misérable

à Alger, un instituteur, M. Germain, puis un professeur, Jean Grenier, qui savent reconnaître ses dons

; la tuberculose, qui se déclare précocement et qui, avec le sentiment tragique qu'il appelle l'absurde,

lui donne un désir désespéré de vivre, telles sont les données qui vont forger sa personnalité. Il écrit,

devient journaliste, anime des troupes théâtrales et une maison de la culture, fait de la politique. Ses

campagnes à Alger Républicain pour dénoncer la misère des musulmans lui valent d'être obligé de

quitter l'Algérie, où on ne veut plus lui donner de travail.

Pendant la guerre en France, il devient un des animateurs du journal clandestin Combat. À la

Libération, Combat, dont il est le rédacteur en chef, est un quotidien qui, par son ton et son exigence,

fait date dans l'histoire de la presse.

Mais c'est l'écrivain qui, déjà, s'impose comme un des chefs de file de sa génération. À Alger, il

avait publié Noces et l 'Envers et l'endroit. Albert Camus écrit une œuvre articulée autour de l'absurde

et de la révolte. La Peste, commencé en 1941 à Oran, ville qui servira de décor au roman, symbolise le

mal. Contre la peste, des hommes vont adopter diverses attitudes et montrer que l'homme n'est pas

entièrement impuissant en face du sort qui lui est fait. Ce roman de la séparation, du malheur et de

l'espérance, rappelant de façon symbolique aux hommes de ce temps ce qu'ils venaient de vivre,

connut un immense succès.

L'Homme révolté, en 1951, ne dit pas autre chose. « J'ai voulu dire la vérité sans cesser d'être

généreux », écrit Camus. Cinq ans plus tard, La Chute semble le fruit amer du temps des désillusions,

de la retraite, de la solitude. La Chute ne fait plus le procès du monde absurde

où les hommes meurent et ne sont pas heureux. Cette fois, c'est la nature

humaine qui est coupable. « Où commence la confession, où l'accusation ? »,

écrit Camus lui-même de ce récit unique dans son œuvre.

Un an plus tard, en 1957, le prix Nobel est décerné à Camus, pour ses livres et

aussi, sans doute, pour ce combat qu'il n'a jamais cessé de mener contre tout

ce qui veut écraser l'homme. On attendait un nouveau développement de son

œuvre quand, le 4 janvier 1960, il a trouvé la mort dans un accident de voiture.

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Extraits de textes :

L'Etat de Siège

LE PÊCHEUR

Un certificat d'existence, pourquoi faire ?

LA SECRÉTAIRE

Pourquoi faire ? Comment vous passeriez-vous

d'un certificat d'existence pour vivre ?

LE PÊCHEUR

Jusqu'ici nous avions très bien vécu sans ça.

LA SECRÉTAIRE

C'est que vous n'étiez pas gouvernés. Tandis que

vous l'êtes maintenant. Et le grand principe de

notre gouvernement est justement qu'on a

toujours besoin d'un certificat […]

Monsieur le premier alcade, avez-vous les

formulaires ?

LE PREMIER ALCADE

Les voici. Curriculum vitæ. Vous devez indiquer

ici les événements importants de votre vie. C'est

une manière de faire votre connaissance !

LE PÊCHEUR

Ma vie est à moi. C'est du privé, et qui ne regarde

personne.

LA SECRÉTAIRE

Du privé ! Ces mots n'ont pas de sens pour nous.

Il s'agit naturellement de votre vie publique. La

seule d'ailleurs qui vous soit autorisée. […]

LE PREMIER ALCADE

Sentiments civiques ?

LE PÊCHEUR

J'ai toujours bien servi mes concitoyens. Je

n'ai jamais laissé partir un pauvre sans

quelque bon poisson.

LA SECRÉTAIRE

Cette manière de répondre n'est pas

autorisée.

LE PREMIER ALCADE

Il s'agit de savoir, mon brave, si vous êtes de

ceux qui respectent l'ordre existant pour la

seule raison qu'il existe ?

LE PÊCHEUR

Oui, lorsqu'il est juste et raisonnable.

LA SECRÉTAIRE

Douteux ! Inscrivez que les sentiments

civiques sont douteux ! Raisons d'être ? […]

LE PÊCHEUR

Les raisons ! Quelles raisons voulez-vous que

je trouve ?

LA SECRÉTAIRE

Vous voyez ! Notez-le bien, monsieur le

premier alcade, le soussigné reconnaît que

son existence est injustifiable. Nous en

serons plus libres quand le moment viendra.

Et vous, soussigné, vous comprendrez mieux

que le certificat d'existence qui vous sera

Page 8: Dossier "On l'appelait Camus"

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délivré soit provisoire et à terme. […] Mais

auparavant, il vous faudra fournir un certificat de

santé qui vous sera délivré, au moyen de

quelques formalités, au premier étage, division

des affaires en cours, bureau des attentes,

section auxiliaire. […]

LE PÊCHEUR

Je vous demande pardon...

LA SECRÉTAIRE

[…] Qu'est-ce qu'il y a encore ?

LE PÊCHEUR avec une fureur croissante.

Je viens du premier étage, et on m'a répondu

qu'il me fallait revenir ici afin d'obtenir le

certificat d'existence sans lequel on ne me

donnera pas de certificat de santé.

LA SECRÉTAIRE

C'est classique !

LE PÊCHEUR

Comment, c'est classique ?

LA SECRETAIRE

Oui, cela prouve que cette ville commence à être

administrée. Notre conviction, c'est que vous

êtes coupables. Coupables d'être gouvernés

naturellement. Encore faut-il que vous sentiez

vous-mêmes que vous êtes coupables. Et vous

ne vous trouverez pas coupables tant que vous

ne vous sentirez pas fatigués. On vous fatigue,

voilà tout. Quand vous serez achevés de

fatigue, le reste ira tout seul.

LE PÊCHEUR

Puis-je du moins avoir ce sacré certificat

d'existence ?

LA SECRÉTAIRE

En principe non, puisqu'il vous faut d'abord

un certificat de santé pour avoir un certificat

d'existence. Apparemment, il n'y a pas

d'issue.

LE PÊCHEUR

Alors ?

LA SECRÉTAIRE

Alors, il reste notre bon plaisir. Mais il est à

court terme, comme tout bon plaisir. Nous

vous donnons donc ce certificat par faveur

spéciale. Simplement il ne sera valable que

pour une semaine. Dans une semaine ; nous

verrons […] s'il y a lieu de vous le renouveler.

LE PÊCHEUR

Et s'il n'est pas renouvelé ?

LA SECRÉTAIRE

Votre existence n'ayant plus sa garantie, on

procédera sans doute à une radiation.

Monsieur l'alcade, faites établir ce certificat

en treize exemplaires. […] Un pour

l'intéressé et douze pour le bon

fonctionnement.

L'Exil et le Royaume

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La femme adultère

Aucun souffle, aucun bruit, sinon, parfois, le crépitement étouffé des pierres que le froid

réduisait en sable, ne venait troubler la solitude et le silence qui entouraient Janine. Au bout d'un

instant, pourtant, il lui sembla qu'une sorte de giration pesante entraînait le ciel au-dessus d'elle.

Dans les épaisseurs de la nuit sèche et froide, des milliers d'étoiles se formaient sans trêve

et leurs glaçons étincelants, aussitôt détachés, commençaient de glisser insensiblement vers

l'horizon. Janine ne pouvait s'arracher à la contemplation de ces feux à la dérive. Elle tournait avec

eux et le même cheminement immobile la réunissait peu à peu à son être le plus profond, où le froid

et le désir maintenant se combattaient. Devant elle, les étoiles tombaient, une à une, puis

s'éteignaient parmi les pierres du désert, et à chaque fois Janine s'ouvrait un peu plus à la nuit.

Elle respirait, elle oubliait le froid, le poids des êtres, la vie démente ou figée, la longue

angoisse de vivre et de mourir. Après tant d'années où, fuyant devant la peur, elle avait couru

follement, sans but, elle s'arrêtait enfin. […] Alors, avec une douceur insupportable, l'eau de la nuit

commença d'emplir Janine, submergea le froid, monta peu à peu du centre obscur de son être et

déborda en flots ininterrompus jusqu'à sa bouche pleine de gémissements. L'instant d'après, le ciel

entier s'étendait au-dessus d'elle, renversée sur la terre froide.

Le Premier Homme

1ère partie : Recherche du Père / 6ième chapitre : la Famille

Le cinéma de quartier se trouvait à quelques pas de la maison et il portait le nom d'un poète

romantique comme la rue qui le longeait. Avant d'y entrer, il fallait franchir une chicane d'éventaires

présentés par des marchands arabes et où se trouvaient pêle-mêle des cacahuètes, des pois chiches

séchés et salés, des lupins, des sucres d'orge peints en couleurs violentes et des « acidulés » poisseux.

D'autres vendaient des pâtisseries criardes, parmi lesquelles des sortes de pyramides torsadées de

crème recouvertes de sucre rose, d'autres des beignets arabes dégoulinant d'huile et de miel. Autour

des éventaires, une nuée de mouches et d'enfants, attirés par le même sucre, vrombissaient ou

hurlaient en se poursuivant sous les malédictions des marchands qui craignaient pour l'équilibre de

leur éventaire et qui du même geste chassaient les mouches et les enfants. Quelques-uns des

marchands avaient pu s'abriter sous la verrière du cinéma qui se prolongeait sur un des côtés, les

autres avaient placé leurs richesses gluantes sous le soleil vigoureux et la poussière soulevée par les

jeux des enfants.

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Lecture soutenue par :

Conseil Général 22, Saint-Brieuc Agglomération, Médiathèque le Cap à Plérin, Centre Culturel

Espace Victor Hugo à Ploufragan.

Cette lecture a été jouée :

Médiathèque le Cap à Plérin ; Festival Objectif 373/Itinéraires Bis-ADCA : Médiathèque d’Erquy,

chez l’habitant à Dinan, Crêperie le Goëlic à Trégomeur. Librairie-café le Bel Aujourd'hui à Tréguier ;

Médiathèque de Plédran ; Lycée François Rabelais à Saint Brieuc ; Bibliothèque Albert Camus à Saint-

Brieuc ; CFA de Pommerit Jaudy.

cie-les-charmilles.blogspot.com