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54 Dossier : la loi Transition énergétique 3e-4e trimestre 2015

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54Dossier : la loi Transition énergétique n°3e-4e trimestre 2015

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???Cahiers de la profession # 54 - 3e-4e trimestres 20152

Belvédère des vautours, Truel (48), 1998, Navecth arch. © architecte

Les Cahiers de la profession sont disponibles en version Adobe PDF sur www.architectes.org/Cahiers-de-la-profession

Éditeur : Conseil national de l’Ordre des architectesTour Maine Montparnasse, 33 avenue du Maine, BP 154, 75755 Paris cedex 15Tel. : (33) 1 56 58 67 00 - Fax : (33) 1 56 58 67 01Email : [email protected] - Site internet : www.architectes.orgFacebook : www.facebook.com/conseil.national.ordre.architectes

Directrice de la publication : Catherine Jacquot Rédacteur en chef : François RouanetCoordination : Chantal FouquetMaquette : Etienne CharbonnierImpression : publi2MDépôt légal : décembre 2015 - ISSN 1297-3688

SommairePortrait2

Portrait

2 “Mon Meilleur Projet”

Édito

3 La vie c'est aussi la ville, pour une conception humaniste et responsable de notre cadre bâti !

Viedel’institution

Conseilnational

4 La loi CAP 5 Les architectes ouvrent leurs portes 5 Architectes.org fait peau neuve

Conseilsrégionaux

6 Pour une Région Architecture en Alsace – Champagne-Ardenne – Lorraine (ACAL)

8 Une charte pour encourager les bonnes pratiques en matière de commande publique en Loire-Atlantique

9 Une déclaration en faveur de l’architecture à Clermont-Ferrand

International

10 COP21, les architectes ont répondu présents

Dossier

12 La loi Transition énergétique : quels impacts pour les architectes ?

22 Le point de vue des architectes experts sur la transition énergétique : Chronique du Collège National des Experts Architectes Français

Profession

23 L’architecture et ses métiers

24 Le nombre d’inscrits à l’Ordre des architectes reste stable pour la sixième année consécutive

26 Évolutions des formations et des métiers de la maîtrise d’œuvre - les Assises de la Formation à Toulouse

Publi-reportage

Le nouveau cahier des charges des contrats responsables

InfoDoc

30 Sensibiliser ! S’engager ! avec le Réseau des maisons de l'architecture

32 Allez à la rencontre des maîtres d’ouvrage sur “Architectes pour tous” !

Extension de l’Institution Saint-Louis de Gonzague, Perpignan (66), 2014, Edificat/Rosello & Sangenis arch. © Nicolas Bonafé - Edificat

Mon Meilleur Projet”Le Prix d’Architecture Languedoc-

Roussillon, instauré en 2001 par

le Conseil régional de l’Ordre,

met à l’honneur chaque année

le travail d’architectes issus de

5 départements ; une vingtaine

d’entre eux, sélectionnés par un

jury indépendant, voit depuis 7

ans leur travail édité sous forme de

recueil récurrent. Ce livret, envoyé

à tous les architectes de la région

et déposé en librairie, contribue à

diffuser l’excellence de l’architecture

auprès de la profession et du grand

public. Après le logement individuel,

collectif, les lieux de travail,

d’enseignement, la réhabilitation, ou

encore « l’architecture modeste et

magnifique », le thème a porté, cette

année, sur « Mon Meilleur Projet » ;

laissons le président du CROA,

Philippe Capelier, en parler :

« Tout architecte connaît cette

douleur, mais aussi cette excitation,

ce plaisir, de créer. Ex nihilo. Il y a bien

un « bouleversement du monde »

dans l’architecture ; il y a un avant, il y

a un après. Quelle que soit l‘évolution

de notre société, l’architecture

restera une activité de création ;

c’est son essence. N’en déplaisent

à mille contingences. Le Grand Prix

d’Architecture Languedoc Roussillon

2015 veut témoigner de cette énergie

positive, veut partager cette joie.

Mon Meilleur Projet

C’est certainement, d’abord, un

résultat ; le bâtiment est là, on en est

fier. Celui-là, plus que d’autres que

j’ai dessinés, m’est sympathique. Je

le reconnais, il me reconnaît. Il me

dit, de moi, aux autres.

Certainement, ensuite, on se

rappelle l’histoire de sa conception,

sa gestation, la naissance et la

construction de ce projet ; et l’on

revoit tout le parcours partagé avec

nos compagnons de construction,

et surtout, celui pour qui on l’a

construit : le maître de l’ouvrage.

Et quand ce bâtiment, qui semble

tant dire de moi-même, est reçu

par celui qui va l’occuper dans la

satisfaction partagée, oui, c’est bien

Mon Meilleur Projet ».

Philippe CAPELIERPrésident du Conseil régional de l’Ordre des architectes

[email protected]

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La vie c’est aussi la ville, pour une conception humaniste et responsable de notre cadre bâti !

L’année 2015 a été terriblement assombrie par les attentats du

13 novembre. Parmi les victimes dix architectes et étudiants

en architecture ont été blessés ou ont disparu ; j’exprime ma

profonde tristesse au nom de l’Ordre des architectes, aux

familles et aux amis des victimes. Des fanatiques s’attaquent à

notre culture, à notre mode de vie. Ils utilisent des lieux publics,

un stade, une salle de concert, les terrasses de café, les rues

qui dans nos villes sont les lieux de la convivialité où ensemble,

nous vivons une culture partagée, ouverte, tolérante.

Nous, architectes, continuerons à façonner les villes et les

bâtiments de demain que la pensée humaniste nous a laissés

en héritage.

Le projet de loi “Création artistique, Architecture, Patrimoine”

a été adopté en première lecture à l’Assemblée nationale, les

articles du chapitre architecture de la loi sont issus du rapport

du député Patrick Bloche (rapporteur de la loi) et de la Stratégie

nationale que Fleur Pellerin, ministre de la Culture et de la

Communication, a initiée au début de l’année 2015.

“Pouraméliorerlaqualitédel’architectureordinaire,

cellequiestlesubstratdenosterritoiresetdenos

villes,laloiproposed’étendrelechampd’intervention

del’architectedanslaconstructiondesmaisons

individuellesquireprésente40%dulogementneuf

construitenFranceparannée.

En abaissant le seuil de recours à l’architecte, en incitant

les particuliers à avoir recours à un architecte par un permis

simplifié en-dessous du seuil s’il est déposé par un architecte

et en imposant un architecte dans les permis d’aménager, le

législateur prend acte de la médiocre qualité architecturale

des maisons individuelles en France et de la nécessité

de radicalement transformer, à l’ère de la lutte contre le

réchauffement climatique, l’aménagement des périphéries de

nos villes et bourgs.

Le projet de loi conforte ce qui est la clé de voûte de la qualité

des constructions publiques : le concours d’architecture, en

l’inscrivant dans la loi, et soumet tous les contrats globaux,

conception réalisation et contrat de globaux de performance à

la loi MOP.

La loi sera débattue au Sénat au mois de février; les architectes

et tous ceux, maîtres d’ouvrage, élus qui sont attachés à la

qualité architecturale dans notre pays, doivent se mobiliser

pour que le projet de loi soit voté conforme par les sénateurs.

Nous proposons d’aller plus loin avec plusieurs amendements

en faveur d’une architecture de qualité dans les projets privés

lorsque des fonds publics sont engagés, et pour que l’équipe de

maîtrise d’œuvre soit clairement identifiée, et indépendante dans

ses missions de conception et de suivi des travaux, dans tous les

contrats globaux.

Avec les études du GIEC (Groupe d'experts intergouvernemental

sur l'évolution du climat), la prise de conscience que le

réchauffement climatique sera un désastre planétaire si nous

ne le contenons pas, va nous conduire à changer de paradigme

dans la conception de notre cadre bâti.

Le colloque organisé par l’UIA, le Conseil des architectes

d’Europe et les institutions représentant les architectes français

a permis de mesurer combien conception et réhabilitation des

bâtiments, des villes et l’aménagement du territoire sont au

carrefour des enjeux environnementaux.

Un habitat et un aménagement urbain écologiques ne peuvent

être un assemblage de solutions techniques, fussent-elles

numériques. Smart city et autres villes connectées et parfois

privatisées, ne peuvent être les modèles de la ville de demain ;

si les techniques sont des outils indispensables, la ville de

demain appartient à un écosystème où tous les citoyens auront

accès à un logement sobre en énergie.

Je souhaite à tous les architectes une bonne année 2016, que

nos projets portent avec responsabilité l’enjeu de l’écologie et

d’une conception humaniste de la vie collective. n

Catherine JACQUOTPrésidente du Conseil national de l'Ordre des architectes

Édito Cahiers de la profession # 54 - 3e-4e trimestre 2015 3

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LOI CAP

Trente-huit ans après le vote de la loi sur

l’architecture, ce texte exprime très clairement

le rôle fondamental joué par l’architecture dans

la fabrication de nos espaces urbains et ruraux.

L’architecture est au carrefour de nombreux

enjeux liés à l’aménagement de notre cadre

de vie et c’est cette conviction que porte la loi

C.A.P., ambition que l’Institution, au service de

l’intérêt général, partage pleinement.

C’est ainsi, pour que le savoir-faire de

l’architecte bénéficie au cadre de vie quotidien

des citoyens et à la qualité des paysages, le

projet de loi prévoit plusieurs mesures pour

en élargir le recours, en particulier :

● L’intervention de l’architecte pour

établir le projet architectural, paysager

et environnemental faisant l’objet de la

demande de permis d’aménager des

lotissements. Cette mesure vise à assurer

désormais l’intervention de véritables équipes

pluridisciplinaires pouvant regrouper les

architectes, les géomètres, les paysagistes,

les urbanistes, et favoriser ainsi l’évolution

qualitative des lotissements ;

● La fixation du seuil d’intervention de

l’architecte à 150 m2 de surface de plancher.

Cette mesure, fortement symbolique, déjà

préconisée par l’Inspection générale des

affaires culturelles et le Conseil général de

l’environnement et du développement durable

dans un rapport conjoint de septembre 2013,

permet, dans les faits, de revenir aux équilibres

d’origine (150 m2 de surface plancher égalant

170 m2 de surface hors œuvre nette, seuil fixé

de 1977 à 2012). Ce seuil permet également,

comme l’ont estimé les auteurs du rapport,

de respecter les exigences de la RT 2012 sans

augmenter les coûts de la construction ;

● Le permis simplifié qui a pour objet de

raccourcir les délais d’instruction des

demandes de permis de construire

présentées par des particuliers ou des

exploitants agricoles qui choisissent de

recourir à l’architecte en dessous du seuil

obligatoire. Cette mesure de simplification

administrative est destinée à faciliter les

formalités des particuliers qui font le choix

de la qualité architecturale.

Ces trois dispositions, destinées à inverser

le rapport qui s’est établi depuis des années

en défaveur des architectes, devront passer

le cap en première lecture du Sénat, et à

cette fin, le travail de conviction que pourront

mener les organisations professionnelles tant

au niveau régional que national est essentiel.

Outre ces trois premières dispositions fortes, le projet de loi prévoit également de :1. Mieux protéger le patrimoine architectural

contemporain par l’attribution d’un

label spécifique et d’apposer le nom de

l’architecte auteur d’un bâtiment et la date

d’achèvement des travaux sur l’une des

façades extérieures ;

2. Déroger à titre expérimental et pour

une durée de 7 ans à compter de la

promulgation de la loi, à certaines règles

en vigueur en matière de construction pour

la réalisation d’équipements publics ;

3. Consacrer le principe du concours d’archi-

tecture dans la loi ;

4. Soumettre tous les contrats globaux à

savoir contrats de conception-réalisation

et contrats globaux de performance aux

dispositions de la loi MOP ;

5. Mieux lutter contre les faux et les

signatures de complaisance qui nuisent

à la profession, en posant l’obligation

d’apposer sur tout projet la signature de

tous les architectes qui ont contribué à son

élaboration ;

6. Renforcer le rôle des CAUE ;

7. Réformer l’Institution, en permettant

notamment d’assurer une représentation

équilibrée des territoires au sein des

Conseils régionaux de l’Ordre.

Mais l’Institution souhaite aller plus loin pour

affirmer tant l’importance de l’architecture

ordinaire que le rôle joué par les architectes

pour y parvenir. C’est pourquoi, elle proposera

devant le Sénat, plusieurs amendements

tendant notamment à :

● Réintroduire les passations de marchés

de maîtrise d’œuvre de logements sociaux

dans les procédures vertueuses prévues

pour les collectivités territoriales ;

● Conforter l’indépendance de la maîtrise

d’œuvre dans les marchés de conception-

réalisation et les contrats globaux de

performance en imposant l’identification

de l’équipe de maîtrise d’œuvre chargée de

la conception de l’ouvrage et du suivi de la

réalisation ;

● Rendre le concours d’architecture

obligatoire pour tous les acheteurs publics,

quel que soit le contrat conclu, y compris les

PPP ;

● Étendre la procédure du concours aux

opérations privées d’initiative publique ou

engageant des fonds publics ;

● Élargir encore le recours à l’architecte en

prévoyant son intervention dans les cités

historiques, aux abords de monuments

historiques ou en site classé, quel que soit

le seuil ;

● Accentuer la lutte contre les faux et les

signatures de complaisance en imposant

à l’auteur du projet architectural d’afficher

son nom en même temps que l’affichage

des autorisations d’urbanisme ;

● Étendre au secteur du logement social,

l’expérimentation des dérogations aux

normes de construction prévues pour les

équipements publics ;

● Prévoir la réalisation d’un diagnostic global

préalable pour certaines opérations de

construction.

Après examen par le Sénat, le projet de

loi, dont on peut espérer une publication

pour l’été, reviendra en deuxième lecture à

l’Assemblée nationale. n

Isabelle MOREAUDirectrice des relations extérieures et institutionnelles du Conseil national

Viedel’institutionConseilnational4 Cahiers de la profession # 54 - 3e-4e trimestre 2015

Création Architecture et Patrimoine, 38 ans après la loi de 1977, un projet de loi en faveur de la qualité architecturale En juillet 2014, Patrick Bloche, député de Paris, a rédigé un rapport unanimement salué pour « libérer la création architecturale ». Ce rapport et la Stratégie nationale pour l’architecture mise en place début 2015 par

Fleur Pellerin, ministre de la Culture et de la Communication, ont directement inspiré le projet de loi « Création, Architecture et Patrimoine ». Ce projet de loi adopté en première lecture par l’Assemblée nationale le 2 octobre dernier, sera en février 2016, soumis à l’examen du Sénat.

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Viedel’institutionConseilnational 5Cahiers de la profession # 54 - 3e-4e trimestre 2015

Les architectes ouvrent leur portes : rendez-vous les 3 et 4 juin 2016Le Conseil national et les Conseils régionaux

de l’Ordre ont décidé de poursuivre cette

action de communication en

direction du grand public. Elle doit s’inscrire

dans la durée et devenir un rendez-vous

incontournable au début de chaque été…

Forte d’un véritable succès auprès du public

puisqu’en 2015 les architectes ont accueilli

50 % de visiteurs en plus, l’édition 2016

devrait faire encore mieux. Les modalités

d’inscription seront simplifiées et la charte

graphique revue puisqu’une consultation

vient d’être lancée.

Pour en savoir plus, lisez attentivement les

BlocNet, inscrivez-vous en ligne dès l’ouverture de

www.portesouvertes.architectes.org, rappro chez-

vous de votre Conseil régional de l’Ordre et de

la Maison de l’architecture de votre région.

Préparez-vous à accueillir les visiteurs les

vendredi 3 et samedi 4 juin : le succès de

cette manifestation dépend aussi de votre

mobilisation. n

Architectes.org fait peau neuve !

Un outil de communication adapté aux usages actuels

● Une compatibilité parfaite avec

les smartphones ou tablettes et une

maquette adaptée à la consultation sur les

outils « nomades »

● Une mise en avant des actualités de la

profession et des actions de l’Institution ordinale

● Une navigation plus rapide : des pages et

documents plus facilement accessibles et

un nombre de « clics » réduit pour accéder à

toutes les informations recherchées

● Une intégration avancée avec les réseaux

sociaux : tous les contenus sont à partager !

● La possibilité pour chaque visiteurs de

s’abonner aux informations de l’Ordre et de se

créer un compte personnel pour publier des

annonces et sélectionner ses contenus favoris

● Une rubrique regroupant les informations et

documents essentiels pour les visiteurs et

architectes étrangers, traduits en anglais

● Le respect des standards d’accessibilité web.

Des sites pour les Conseils régionaux de l’Ordre

Chaque Conseil régional de l'Ordre dispose

d'une version régionale du site. Ces pages

régionales seront enrichies au fil du temps.

À venir : Architectes pour tous

Début 2016, Architectes.org s’enrichira d’un

outil de mise en relation des maîtres d’ouvrage

avec les architectes proches de chez eux :

« Architectes pour tous » (voir aussi page 32).

Cet outil présentera les agences d’architecture

et leurs projets en fonction des attentes et de la

géolocalisation des futurs maîtres d’ouvrage.

Le nouvel Architectes.org se veut donc

résolument tourné vers ses publics.

Il fait aussi la part belle à l’image et aux images

d’architecture. n

Le site du Conseil national de l’Ordre dévoilait sa nouvelle version le 2 novembre dernier : une évolution majeure pour le principal outil de communication numérique de l’Ordre. Nouvelle

identité graphique, nouvelle navigation, compatibilité avec smartphones et tablettes, sites régionaux, etc. : le nouvel Architectes.org se tourne plus encore vers ses publics.

Salle polyvalente et ateliers municipaux, Calce (66), 2014, Perris Perris arch. © Jean-Paul Bonincontro

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Pour une Région Architecture en Alsace – Champagne-Ardenne – Lorraine (ACAL)

Avec la fusion prochaine des régions, l’Alsace, la Champagne-Ardenne et la Lorraine vont constituer une nouvelle entité administrative, dont l’identité commune est source de nombreux débats. Les trois régions sont riches de patrimoines, de paysages, de cadres de vie et de savoir-faire variés. Réunies, elles constitueront une grande terre d’accueil et d’échange, en contact frontalier avec l’Allemagne, la Belgique, le Luxembourg et la Suisse, pays représentant à eux seuls près d’un tiers du PIB européen. Leurs entreprises et salariés sont reconnus pour la qualité de leurs produits et services ; leurs universités et grandes écoles pour leur rayonnement international et la solidité de leurs relations avec le monde professionnel. Avec sa vocation transfrontalière affirmée, regroupant 45 % des frontaliers français, l’Alsace – Champagne-Ardenne - Lorraine (ACAL) sera une véritable opportunité. 20e région la plus peuplée sur les 271 régions d’Europe, elle constituera un formidable relais de croissance pour ses territoires. Son attractivité contribuera au développement de ses entreprises et de ses emplois si toutefois les énergies, les compétences et les diversités culturelles sont fédérées et valorisées.

L’architecture et la filière du bâtiment

constituent un champ d’action privilégié pour

œuvrer concrètement à l’avènement d’une

région européenne compétitive, connectée,

vivante et attractive. En effet, l’architecture

dans ses formes passées, présentes et à venir,

structure le quotidien. Elle est la substance

même des villes et des campagnes, que les

habitants depuis toujours vivent et transforment.

L’architecture constitue un patrimoine commun,

support des identités et témoin de nos

innovations. Elle façonne un environnement

à taille humaine du vivre ensemble comme

de l’intime. Elle porte une vision globale et

matérialise l’action tout en agissant localement

pour abriter les usages et les cultures de tous.

Elle met en synergie naturellement, au sein de

la filière de la construction, les acteurs d’une

économie locale. Enfin, poursuivant son œuvre

d’innovation, l’architecture est aujourd’hui

appelée à accompagner, incarner et donner

sens aux grandes transitions de nos sociétés sur

le plan économique, énergétique, numérique.

Dans cette perspective, les acteurs de

l’architecture de l’ACAL ont le désir et

l’ambition de jouer un rôle moteur dans

la construction d’une région ambitieuse,

forte et attractive sur le plan économique

comme sur le plan culturel. Par le projet

d’une Région Architecture, ils proposent

de mobiliser leurs forces vives : les trois

Écoles d’architecture que compte l’ACAL,

leurs enseignants, chercheurs et étudiants ;

leurs deux mille entreprises d’architecture,

leurs associations et représentations

professionnelles ; leurs liens privilégiés avec

les universités et les écoles d’ingénieurs ;

avec les industries, les entreprises de

construction et les artisans.

“En prenant appui sur leurs atouts et en

synergie avec les acteurs qui le souhaitent,

le collectif Région Architecture propose

d’accélérer la marche vers une filière

d’excellence en architecture. À l’image

d’autres régions européennes avant eux,

comme le Vorarlberg, et en écho aux objectifs

ambitieux de la Stratégie nationale pour

l’architecture, ses partenaires souhaitent

stimuler la recherche, l’innovation et les

compétences. Ils désirent rendre à nouveau

possible l’expérimentation architecturale,

au service des habitants, de l’économie

et de la culture. De grands défis restent

à relever, comme ceux de la transition

énergétique, de la consolidation des filières

régionales de matériaux, comme le bois.

En stimulant le leadership de leur région,

ils souhaitent œuvrer à son édification et

à son rayonnement au cœur de l’Europe.”

C’est pourquoi ils ont lancé en juillet 2015 un

large appel aux forces vives de la future région

qui souhaitent rejoindre cette initiative et

devenir acteurs de cette ambition fondée sur

une alliance nouvelle et créative entre science,

culture, innovation, territoire et économie.

Région Architecture a collecté à la date du

20 novembre 2015 près de 800 signatures,

notamment celles d’architectes dont la

présidente du CNOA, Catherine Jacquot, des

grands prix nationaux de l’architecture Rudy

Ricciotti, Marc Barani, Anne Lacaton et Francis

Soler, mais aussi d’étudiants en architecture,

d’ingénieurs, d’entrepreneurs, de maîtres

d’ouvrage ou d’élus. Les premières Assises

d’Architecture de l’ACAL se sont déroulées

le 6 novembre à l’ENSarchitecture de Nancy,

et ont regroupé près de 200 participants,

de tous les milieux de la profession, de

l’enseignement et de la recherche, mais

aussi des filières locales de la construction.

Cette assemblée s’est dans un premier

temps répartie autour de 7 ateliers de

débats, dont les thématiques s’articulaient

autour de problématiques régionales : le

contexte transfrontalier des dynamiques

de la future région ; les patrimoines au sens

large comme autant de champs identitaires

de développement ; les filières innovantes

comme le bois et le numérique ; la recherche

et développement en agence ; la question

d’une excellence constructive ; les nouveaux

types et modalités de commandes que

connaît le métier d’architecte ; et enfin, la

médiation et le développement d’une culture

architecturale commune et partageable. Les

débats se sont alimentés d’une soixante-

dizaine de contributions collectées les

semaines précédentes, et accessibles,

comme la totalité des informations sur le

projet, à l’adresse www.regionarchitecture.eu.

Sur la base des débats et des participations

écrites qu’il a recueillis, le collectif Région

Architecture continue d’élaborer son projet

pour la filière architecture en ACAL. Partageant

6 Cahiers de la profession # 54 - 3e-4e trimestre 2015 Viedel’institutionConseilsrégionaux

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l’état d’avancement de ses réflexions, il vient

d’émettre les 9 propositions suivantes pour

l’architecture à l’intention des élus qui auront

à charge la nouvelle région Alsace-Champagne-

Ardenne-Lorraine :

● Mettre en place un cycle de grandes

expositions thématiques sur les

patrimoines architecturaux de l’ACAL, sur

des sujets transversaux tels que le matériau

bois, l’architecture et la viticulture, ou

le patrimoine de la reconstruction, pour

contribuer à la constitution d’une culture

architecturale régionale prenant en compte

les identités de chaque territoire.

● Créer une grande fresque numérique et

participative « Ma Région Architecture »

en ACAL, complétée par les habitants de

la région sur des édifices de leur choix,

commentée et documentée, afin d’attiser la

curiosité du public et de le placer dans un rôle

d’acteur de la sensibilisation architecturale.

● Constituer une Initiative science-innovation-

territoire-économie sur l’archi tec ture, et

doter la région des moyens nécessaires à

l’émergence d’une filière d’excellence dotée

d’une visibilité internationale.

● Ouvrir un Portail internet Région

Architecture, vecteur de développement

et d’export des savoir-faire locaux, qui

permettra de dynamiser les synergies

entre les acteurs, praticiens, enseignants,

chercheurs, entrepreneurs, artisans,

industriels et maîtres d’ouvrage réunis au

sein de la filière architecture.

● 50 réalisations expérimentales démon-

stratives au service des habitants de

l’ACAL, épaulées par des permis de faire

ou d’innover, pour de nouveaux usages,

intégrant des cycles économiques

locaux, et amenant à une reconsidération

intelligente et créative des normes.

● Organiser un palmarès triennal des acteurs

de l’édification en ACAL. Ces projets

exemplaires seraient identifiés grâce à

l’action d’un Observatoire des pratiques

architecturales, qui récompenserait les

coopérations remarquables entre maîtres

d’ouvrage, équipes de conception et artisans.

● Placer 50 doctorants dans les agences et

entreprises de la filière de l’architecture,

appuyés sur des dispositifs d’aides

existants comme les contrats de

doctorants en entreprise, stimulant la R&D

en situation professionnelle, offrant aux

chercheurs une expérience formatrice et

fortement valorisée, permettant aux écoles

de faire progresser les savoirs enseignés.

● Assurer une formation sur le BIM

favorisant les synergies entre étudiants,

architectes et entreprises, regroupés

dans ce processus numérique collaboratif

autour de l’acte de construire, et dont

l’adoption prochaine va changer les

pratiques et modes de coopérations entre

ces acteurs.

● Couvrir les territoires ruraux par l’action

d’une Union Régionale des CAUE, et

assurer comme elle devrait l’être la

présence de ces instances sur les territoires

qui n’en bénéficient pas encore.

● Créer un plan expérimental de 50 PLU

patrimoniaux ou architecturaux, pour

constituer le terrain d’une excellence

architecturale, par des actions de

conseil renforcé ou d’édification qui

pourraient être portées par des Ateliers

Ruraux d’Architecture, croisant pratique,

enseignement, recherche et construction.

● Région Architecture souhaite que ces

grandes propositions phares soient

soutenues par une politique publique

ambitieuse et dotée, représentée par une

vice-présidence à la tête d’une commission

régionale pour la stratégie architecturale

de la région. Poursuivant ses réflexions,

le collectif publiera en début d’année

prochaine un projet détaillé qui comprendra

de manière plus exhaustive une liste

de mesures concrètes qui permettront

de guider la politique architecturale de

l’Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine. n

7Cahiers de la profession # 54 - 3e-4e trimestre 2015

Laboratoire d’analyses médicales, Argelès-sur-Mer (66), 2013, Marc Dupré arch. © architecte

Viedel’institutionConseilsrégionaux

● Le Collectif Région Architecture :

● Les Conseils régionaux de l’Ordre des architectes d’Alsace, de Champagne-Ardenne et de Lorraine

● L’École nationale supérieure d’architecture de Nancy

● L’École nationale supérieure d’architecture de Strasbourg

● L’Institut national des sciences appliquées de Strasbourg, département architecture

● L’Union régionale des Conseils d’architecture, d’urbanisme et de l’environnement de Lorraine

● Le Conseil d’architecture, d’urbanisme et de l’environnement du Bas-Rhin

● La Maison de l’architecture de Champagne-Ardenne

● La Maison de l’architecture de Lorraine

● La Maison européenne de l’architecture – Rhin supérieur

● Les Syndicats des architectes d’Alsace, de Champagne-Ardenne et de Lorraine

Page 8: Dossier : la loi Transition énergétique n · 2015-12-21 · numériques. Smart city et autres villes connectées et parfois privatisées, ne peuvent être les modèles de la ville

8 Cahiers de la profession # 54 - 3e-4e trimestre 2015

Cette charte (disponible en téléchargement

sur www.architectes.org/pays-de-la-loire) est

née d’une volonté de rendre plus accessible

la commande publique à l’ensemble des

entreprises du territoire, quelle que soit leur

taille mais aussi et surtout de donner les bons

outils aux pouvoirs adjudicateurs pour les

mener à une pratique vertueuse.

Le critère du prix

Ainsi, en cette période économique difficile,

les donneurs d’ordres publics ne peuvent et

ne doivent surtout pas privilégier le critère

prix. Ce dernier a tendance à servir de valeur

refuge en temps de crise.

Au contraire, le donneur d’ordres devra prioriser

la qualité de l’ouvrage dans des conditions

financièrement acceptables. Le préfet Henri-

Michel Comet lui-même s’est exprimé sur le

fait que les offres anormalement basses sont

parfois une illusion, un mirage. Nous pouvons

ajouter qu’elles ne servent pas l’intérêt général

et font peser un risque important sur les deniers

publics du fait des risques opérationnels et

juridiques de mauvaise exécution du marché.

Ce sujet, qui est au cœur des préoccupations

de la profession a été entendu : celui de lutter

contre les offres anormalement basses et la

façon de les identifier sans nuire aux futurs

marchés publics.

Au cours d’une conversation avec certains

assureurs de notre profession, il nous a même été

rapporté que très souvent offres anormalement

basses et taux de sinistralité élevé allaient de

pair : et nous n’évoquerons pas les questions du

financement de l’entretien ou de la pérennisation

de bâtiments conçus dans un tel contexte.

Les grands principes de la charte

Au-delà du critère du prix, le texte se veut

fédérateur et mobilisateur autour de cette

commande publique qui porte toute une

partie de l’activité économique. Il précise les

bonnes pratiques et fournit les outils pour

aider à les concrétiser.

Dans un contexte économique tendu,

l’exemplarité des acteurs de l’acte de bâtir est

plus que jamais salutaire. Les acteurs publics

signataires de cette charte s’engagent à

améliorer la transparence, respecter les délais

de paiement, appliquer de manière raisonnée

les pénalités de retard selon le contexte.

La charte est également le moyen de rappeler

quelques évidences telles que les collectivités

sont les premiers investisseurs publics et la

commande publique est un outil efficace pour

soutenir l’activité économique et un levier

pour stimuler l’innovation des entreprises.

Pour conclure, cette charte invite les élus

locaux à privilégier une commande publique

de qualité en favorisant les offres innovantes

et respectueuses du développement durable.

Elle fait la promotion de mesures simples

à mettre en œuvre pour que chacune des

parties soit dans une situation de gagnant-

gagnant.

Nous souhaitons que la signature de cette

charte donne l’envie aux départements de la

région, et pourquoi pas au-delà, de faire de

même …

Les signataires de la charte

Le préfet de la Loire-Atlantique, le président

du Conseil départemental de Loire-Atlantique,

les présidents de plusieurs institutions et

associations : l’Association des maires de

Loire-Atlantique, la Chambre de commerce

et d’industrie de Nantes Saint-Nazaire (CCI),

la Chambre des métiers et de l’artisanat de

la région Pays de Loire-délégation de Loire-

Atlantique(CMA), le Conseil de l’Ordre des

architectes des Pays de la Loire (CROAPL),

l’Union nationale des syndicats français

d’architectes de Loire-Atlantique (UNSFA44),

la Fédération des syndicats des métiers de

la prestation intellectuelle du conseil, de

l’ingénierie et du numérique Ouest Bretagne-

Pays de Loire, la Fédération du bâtiment de

Loire-Atlantique, la Fédération des travaux

publics de Loire-Atlantique, la Confédération

de l’artisanat et des petites entreprises du

bâtiment de Loire-Atlantique. n

Philippe MARTIALPrésident du Conseil régional de l’Ordre des architectes en Pays de la [email protected]

Une charte pour encourager les bonnes pratiques en matière de commande publique en Loire- Atlantique

Les acteurs de la construction et de la commande publique s’accordent sur les bonnes pratiques à adopter. La qualité est au cœur d’une charte signée en clôture de l’assemblée générale des maires de Loire-Atlantique le 26 juin 2015. La particularité de cette charte est de tenir compte des spécificités et particularités de la maîtrise d’œuvre. Ainsi, au-delà des principes généraux posés, les critères relatifs au travail de l’équipe de maîtrise d’œuvre sont identifiés et différenciés de ceux applicables aux marchés de travaux.

Viedel’institutionConseilsrégionaux

Pôle Croix-Rouge française, Grabels (34), 2014, Ly-Sine Chou arch. © 2C2L-Architecture

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9Cahiers de la profession # 54 - 3e-4e trimestre 2015

C’est l’affirmation d’une volonté commune

de refonder un dialogue au moment où se

définissent de nouvelles ambitions pour

l’urbanisme et l’architecture de Clermont-

Ferrand. La Ville et les architectes engagent

des travaux pour l’écriture d’une charte

qui redéfinit les rapports entre puissance

publique édictant des normes d’urbanisme

et agissant en tant que maître d’ouvrage

d’une part, et la maîtrise d’œuvre privée

représentée par les architectes d’autre part.

Travailler en confiance, laisser la place à

l’imagination et à la créativité, telles sont les

grandes ambitions de cette déclaration. Elles

impliquent une responsabilité et un niveau

d’exigence renforcés vis-à-vis des Clermontois

pour la qualité du bâti, son esthétique, ses

qualités et performances d’usage.

En signant ce document, Olivier Bianchi, a

rappelé deux objectifs :

● Faire une ville plus belle : « Nous voulons

faire du beau, de l’attention à l’espace

public, pour une politique urbaine

différente et plus visible »,

● Montrer son attention à l’architecture,

« c’est de la culture dans la ville, dans

l’espace public et je suis sensible à ses

créateurs de bâtiments ».

Bruno Reyne, quant à lui, a expliqué que cette

déclaration d’intention était un acte préalable

à la signature d’une charte, aboutissement

d’une volonté d’échange qui dure depuis

de longs mois. Cette charte devant rappeler

à tous que nos projets doivent être à la

hauteur des enjeux urbains, sociétaux,

environnementaux et culturels d’aujourd’hui

et de demain :

« Nous devons former un couple solidaire.

Parce qu’une belle architecture c’est un

bon architecte mais aussi un bon maître

d’ouvrage. »

Cette déclaration a été cosignée par Michel

Fuzeau, Préfet de Région et Catherine Jacquot

Présidente du Conseil national de l’Ordre

des architectes en présence d’Agnès Vince,

Directrice chargée de l’architecture au ministère

de la Culture et de la Communication. n

Bruno REYNEPrésident du Conseil régional de l’Ordre d’[email protected]

Une déclaration en faveur de l’architecture à Clermont-Ferrand C’est lors de l’inauguration de la nouvelle École nationale d’architecture de Clermont-Ferrand, le vendredi 16 octobre 2015, qu’Olivier Bianchi, Maire de Clermont-Ferrand et Président de Clermont Communauté et Bruno Reyne, Président du Conseil régional de l’Ordre des architectes d’Auvergne ont signé une déclaration d’intention architecturale.

Maison individuelle, Nîmes (30), 2013, Anthony Pascual arch. © Pascual Architecture

Viedel’institutionConseilsrégionaux

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10 Cahiers de la profession # 54 - 3e-4e trimestre 2015 Viedel’institutionInternational

Les engagements des architectes pour le climat de l’avenir

Nous, architectes du monde entier, appelons

inlassablement depuis de nombreuses

années, les organisations internationales

et gouvernements nationaux à prendre

conscience de l’impact du secteur de la

construction sur l’évolution du climat et des

solutions que peut apporter l’architecture.

Nous, architectes du monde entier, sommes,

par notre formation et notre expérience,

porteurs de propositions d’aménagement

urbain permettant l’installation de populations

dans des conditions dignes de sécurité, de

santé, de solidarité et d’humanité. Nous

disposons de l’expertise nécessaire pour

concevoir des environnements bâtis à faible

émission de carbone, économes en énergie,

résilients, sains et inclusifs, contribuant à

atténuer le changement climatique et à adapter

nos villes et nos bâtiments à ses effets.

Sans aucun doute, la 21e Conférence des

parties (COP-21) à la Convention cadre

des Nations Unies sur les changements

climatiques est celle de la dernière chance !

Mais nous architectes du monde entier,

acteurs majeurs du cadre bâti, sommes

convaincus que tout est encore possible, si

des mesures concrètes et innovantes sont

prises pour promouvoir un environnement

plus sobre en carbone et adapté aux nouvelles

conditions climatiques.

C’est pourquoi, dans l’exercice quotidien

de notre métier, et quelle que soit la taille

des projets, nous, architectes du monde

entier, nous engageons à promouvoir auprès

des maîtres d’ouvrage publics et privés les

mesures suivantes :

COP21, les architectes ont répondu présents

Bâtiment d’accueil du lycée Léonard de Vinci, Montpellier (34), 2013, Hellin-Sebbag arch. © Benoît Wehrle

Manifesteresponsablearchitecture

pour une

Pour une ville durable et résilientePlacer l’humain au cœur des projets de développement urbainLa ville durable est avant tout aimable et solidaire ;

sa première finalité est de créer du vivre ensemble et

de favoriser l’inclusion sociale pour les générations

présentes et futures. La ville durable n’est pas celle

de l’entre soi et de l’enfermement, mais une ville

passante, où les espaces publics sont restitués à

l’ensemble des citoyens.

Encourager le modèle de la ville compacte favorisant la mixité sociale et des fonctionsLa ville durable à bas carbone, allie de manière équilibrée

densité et intensité, et intègre de manière harmonieuse

logements, bureaux, commerces et équipements

collectifs. L’accessibilité et la mobilité en sont les axes

structurants. Bien habiter c’est habiter près des emplois,

des services et des transports en commun.

Privilégier la régénération urbaineLa ville bas-carbone doit avant tout être une ville

réversible, capable de se recomposer sur elle-même.

Privilégions, dans le respect de la conservation

du patrimoine, un urbanisme de projet rénové et

concerté et évitons, chaque fois que possible, la

création ex nihilo, de villes nouvelles.

Mettre en place des mécanismes de gouvernance partagés par tousUn urbanisme durable est un urbanisme concerté

associant tous les acteurs de la ville : élus, habitants

architectes ainsi que l’ensemble des acteurs du

cadre bâti. Leur intervention doit reposer sur des

mécanismes de gouvernance partagés par tous.

La conception, premier enjeu d’un bâtiment durableFavoriser les propositions innovantesLa conception d’un projet autour d’une architecture

partagée doit viser une utilisation plus rationnelle

des ressources. Encourageons lors de la conception

de bâtiments neufs ou de projets de rénovation

la recherche de solutions innovantes privilégiant

des espaces et des équipements mutualisés, et

adaptables à des usages multiples.

Valoriser les études de conceptionLa performance environnementale d’un bâtiment doit être

intimement liée aux solutions architecturales proposées

dès la phase de l’esquisse. L’orientation du bâtiment, sa

compacité, sont aussi importants que la performance

thermique des matériaux et systèmes utilisés.

Privilégier l’utilisation de ressources et de solutions locales pour la constructionUtilisons les ressources locales, adaptées au contexte,

acheminées par des circuits courts d’approvisionnement

pour réduire sensiblement l’empreinte carbone du

bâtiment et favoriser l’appropriation du projet par

les habitants. L’architecture est aussi un « processus

d’émancipation ».

Priorité doit être aussi accordée au contexte en privi-

légiant des solutions techniques éprouvées localement.

Construire des bâtiments correspondant aux besoins tout en imaginant leur reconversionConstruire durable exige de concevoir des bâtiments

en adéquation avec les besoins du territoire et

des usagers. Bien habiter, c’est habiter dans des

logements économes en énergie et adaptés aux

usages et aux évolutions des structures familiales.

L’obsolescence des bâtiments tertiaires et des

équipements publics peut être freinée en anticipant

l’évolution des attentes des usagers de demain.

Réfléchir au cycle de vie des bâtiments et aux scénarios de déconstructionConstruire durable et responsable c’est penser les

bâtiments tout au long de leur cycle de vie. C’est

prêter attention au recyclage et à la réutilisation des

matériaux de construction. C’est également prendre

en considération les déchets et réfléchir à des

scénarios de déconstruction des bâtiments.

Rénover le parc existantLa rénovation à grande échelle du parc immobilier

existant constitue une condition importante

pour atteindre les objectifs globaux de réduction

d’émissions de GES. C’est pourquoi, la rénovation

massive du parc existant doit être inscrite au cœur

des politiques publiques.

L’architecture est un puissant levier pour réduire à

moyen terme et à faible coût les émissions de gaz à

effet de serre, et adapter nos sociétés aux inévitables

effets du changement climatique. Par leur approche

globale, prenant en compte les aspects économiques,

sociaux, environnementaux, politiques et culturels

pour la conception de projets urbains, les architectes

contribuent à l’engagement de notre monde sur la

voie de la durabilité.

Pour mieux vivre ensemble demain, nous, architectes

du monde entier, appelons à la mise en place de

politiques fortes capables d’arrêter la croissance

anarchique des villes, enrayer l’injustice liée au

mauvais partage des ressources, ralentir l’exode

climatique, prévenir l’exposition aux risques naturels

ou industriels et mettre fin à la dégradation des

ressources naturelles de la planète.

Nous, architectes du monde entier, nous engageons ensemble,

dès maintenant, pour le climat de l’avenir !

Les engagementsdes architectespour le climatde l’avenirNous, architectes du monde entier, appelons inlassablement

depuis de nombreuses années, les organisations internationales

et gouvernements nationaux à prendre conscience de l’impact

du secteur de la construction sur l’évolution du climat et des

solutions que peut apporter l’architecture.

Nous, architectes du monde entier, sommes, par notre formation

et notre expérience, porteurs de propositions d’aménagement

urbain permettant l’installation de populations dans des

conditions dignes de sécurité, de santé, de solidarité et

d’humanité. Nous disposons de l’expertise nécessaire pour

concevoir des environnements bâtis à faible émission de

carbone, économes en énergie, résilients, sains et inclusifs,

contribuant à atténuer le changement climatique et à adapter

nos villes et nos bâtiments à ses effets.

Sans aucun doute, la 21e Conférence des parties (COP-21) à

la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements

climatiques est celle de la dernière chance !

Mais nous architectes du monde entier, acteurs majeurs du

cadre bâti, sommes convaincus que tout est encore possible,

si des mesures concrètes et innovantes sont prises pour

promouvoir un environnement plus sobre en carbone et adapté

aux nouvelles conditions climatiques.

C’est pourquoi, dans l’exercice quotidien de notre métier, et

quelle que soit la taille des projets, nous, architectes du monde

entier, nous engageons à promouvoir auprès des maîtres

d’ouvrage publics et privés les mesures suivantes.

ARCHITECTS’ COUNCIL OF EUROPECONSEIL DES ARCHITECTES D’EUROPE

Le 30 novembre dernier, les institutions représentatives de la profession d’architecte au niveau national, européen et international

ont accueilli à la Cité de l’architecture, devant un auditoire venu très nombreux (journée également diffusée en simultané sur Internet) architectes,

experts, décideurs politiques nationaux et européens pour débattre du rôle des villes et des bâtiments dans la lutte contre le changement climatique et affirmer leur engagement à concevoir des environnements plus sobres en carbone, économes en ressources et capables de s’adapter. L’ensemble des interventions sont en ligne sur www.architectes.org, www.uia.archi, www.ciaf.fr et www.ace-cae.eu. À cette occasion, le CNOA, le CIAF, le CAE et l’UIA ont publié un Manifeste « Pour une architecture responsable », manifeste qui a recueilli près de 1 000 signatures !C’est ce Manifeste que nous reproduisons ici.

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Pour une ville durable et résiliente

n Placer l’humain au cœur des projets de

développement urbain

La ville durable est avant tout aimable et

solidaire ; sa première finalité est de créer

du vivre ensemble et de favoriser l’inclusion

sociale pour les générations présentes et

futures. La ville durable n’est pas celle de

l’entre soi et de l’enfermement, mais une

ville passante, où les espaces publics sont

restitués à l’ensemble des citoyens.

n Encourager le modèle de la ville compacte

favorisant la mixité sociale et des

fonctions

La ville durable à bas carbone, allie de manière

équilibrée densité et intensité et intègre de

manière harmonieuse logements, bureaux, com-

merces et équipements collectifs. L’accessibilité

et la mobilité en sont les axes structurants.

Bien habiter c’est habiter près des emplois, des

services et des transports en commun.

n Privilégier la régénération urbaine

La ville bas carbone doit avant tout être une

ville réversible, capable de se recomposer sur

elle-même. Privilégions, dans le respect de la

conservation du patrimoine, un urbanisme de

projet rénové et concerté et évitons, chaque

fois que possible, la création ex nihilo, de

villes nouvelles.

n Mettre en place des mécanismes de

gouvernance partagés par tous

Un urbanisme durable est un urbanisme

concerté associant tous les acteurs de la

ville : élus, habitants architectes ainsi que

l’ensemble des acteurs du cadre bâti. Leur

intervention doit reposer sur des mécanismes

de gouvernance partagés par tous.

La conception, premier enjeu d’un bâtiment durable

n Favoriser les propositions innovantes

La conception d’un projet autour d’une

architecture partagée doit viser une utilisation

plus rationnelle des ressources. Encourageons

lors de la conception de bâtiments neufs

ou de projets de rénovation la recherche de

solutions innovantes privilégiant des espaces

et des équipements mutualisés, et adaptables

à des usages multiples.

n Valoriser les études de conception

La performance environnementale d’un

bâtiment doit être intimement liée aux

solutions architecturales proposées dès

la phase de l’esquisse. L’orientation

du bâtiment, sa compacité, sont aussi

importants que la performance thermique

des matériaux et systèmes utilisés.

n Privilégier l’utilisation de ressources et de

solutions locales pour la construction

Utilisons les ressources locales, adaptées

au contexte, acheminées par des circuits

courts d’approvisionnement pour réduire

sensiblement l’empreinte carbone du

bâtiment et favoriser l’appropriation du

projet par les habitants. L’architecture est

aussi un « processus d’émancipation ».

Priorité doit être aussi accordée au contexte

en privilégiant des solutions techniques

éprouvées localement.

n Construire des bâtiments correspondant

aux besoins tout en imaginant leur

reconversion

Construire durable exige de concevoir des

bâtiments en adéquation avec les besoins

du territoire et des usagers. Bien habiter,

c’est habiter dans des logements économes

en énergie et adaptés aux usages et aux

évolutions des structures familiales.

L’obsolescence des bâtiments tertiaires et

des équipements publics peut être freinée

en anticipant l'évolution des attentes des

usagers de demain.

n Réfléchir au cycle de vie des bâtiments et

aux scénarios de déconstruction

Construire durable et responsable c’est

penser les bâtiments tout au long de leur

cycle de vie. C’est prêter attention au

recyclage et à la réutilisation des matériaux

de construction. C’est également prendre

en considération les déchets et réfléchir

à des scénarios de déconstruction des

bâtiments.

n Rénover le parc existant

La rénovation à grande échelle du parc

immobilier existant constitue une condition

importante pour atteindre les objectifs

globaux de réduction d’émissions de GES.

C’est pourquoi, la rénovation massive du

parc existant doit être inscrite au cœur des

politiques publiques.

L’architecture est un puissant levier pour

réduire à moyen terme et à faible coût les

émissions de gaz à effet de serre, et adapter nos

sociétés aux inévitables effets du changement

climatique. Par leur approche globale, prenant

en compte les aspects économiques, sociaux,

environnementaux, politiques et culturels pour

la conception de projets urbains, les architectes

contribuent à l’engagement de notre monde sur

la voie de la durabilité.

Pour mieux vivre ensemble demain, nous,

architectes du monde entier, appelons à la

mise en place de politiques fortes capables

d’arrêter la croissance anarchique des villes,

enrayer l’injustice liée au mauvais partage

des ressources, ralentir l’exode climatique,

prévenir l’exposition aux risques naturels ou

industriels et mettre fin à la dégradation des

ressources naturelles de la planète.

“Nous,architectesdumondeentier,

nousengageonsensemble,dès

maintenant,pourleclimatde

l’avenir!” n

11Cahiers de la profession # 54 - 3e-4e trimestre 2015

Aménagement du centre-ville, Narbonne (11), 2013, Passelac &Roques arch. © architecte

Vie de l’institutionInternational

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DossierCahiers de la profession # 54 - 3e-4e trimestre 2015

Le secteur du bâtiment est le premier consommateur d’énergie devant

celui des transports et de l’industrie. Il est globalement responsable

d’environ 20 % des émissions de GES en raison d’un parc résidentiel plutôt

ancien et généralement peu performant. Le taux de renouvellement du parc

est seulement de 1 % par an. D’où le souhait du législateur d’inscrire le

secteur du bâtiment au cœur de la loi comme en témoigne le Titre II intitulé :

« Mieux rénover les bâtiments pour économiser l’énergie, faire baisser les

factures et créer des emplois ».

La loi fixe des objectifs ambitieux pour le secteur résidentiel et tertiaire

avec la réduction de 87 % des émissins de GES d’ici 2050 et de 28 % de la

consommation d’énergie d’ici 2030, soit des objectifs moyens supérieurs à

ceux assignés aux autres secteurs.

Les architectes, mais également l’architecture, sont donc directement

concernés par la loi TECV. En plus d’encadrer pour les prochaines années

les politiques publiques en matière d’aménagement du territoire, elle hisse

la rénovation du parc existant au rang de priorité nationale ; la loi faisant

davantage porter les contraintes sur l’existant que sur les bâtiments neufs.

Elle introduit également de nouveaux principes qui modifieront à terme les

pratiques de tous les acteurs de la construction, dont celles des architectes.

Les décrets d’application de la loi sont aujourd’hui en cours de rédaction.

Ils seront soumis avant leur promulgation à l’avis du Conseil supérieur de

construction et de l’efficacité énergétique (CSCEE), une nouvelle instance

de gouvernance placée auprès du Ministère en charge de la Construction

dont le Conseil national de l’Ordre fait partie. Sans attendre la publication

des décrets, voici les grandes orientations de la loi TECV.

En définissant de nouvelles règles, la loi TECV va structurer le marché de la rénovation énergétique pour le rendre plus mature et pérenne. La loi fixe dans les textes l’obligation de

rénovation énergétique jusqu’en 2050. Dans une conjoncture économique morose, elle laisse espérer un marché de la rénovation plus dynamique.

Desobjectifsambitieuxpourlarénovationduparcexistant

La loi TECV fixe l’objectif de rénover énergétiquement 500 000

logements par an à compter de 2017. Cet objectif ambitieux marque

la volonté du législateur de considérer le parc existant comme le

principal gisement de réduction de GES. Ce gisement est considérable

puisqu’une étude menée en 2014 par le ministère de l’Écologie classait

la majorité des logements du parc résidentiel principal (54 %) comme

ayant une performance énergétique médiocre (classé D & E). Toujours

selon l’étude, un tiers des résidences principales françaises était

considéré comme des passoires thermiques car classé F & G.

L’objectif affiché risque cependant d’être difficile à atteindre compte tenu

du rythme soutenu qu’il faudra maintenir pendant plusieurs décennies

pour le réaliser. Le Plan bâtiment durable estime que seulement 160 000

logements ont été rénovés en 2013 contre 145 000 en 2012, soit des

chiffres bien inférieurs à ceux inscrits dans la loi.

LeCarnetnumériquedesuivietd’entretiendulogement

La création du Carnet numérique de suivi et d’entretien du logement

constitue une avancée majeure puisqu’à ce jour, aucune documentation

technique n’accompagne l’acquisition d’un bien immobilier contrairement

à l’achat d’un produit de consommation courante. Le Carnet numérique

sera obligatoire pour toutes les constructions neuves en copropriété à

compter du 1er janvier 2017 et pour tous les logements faisant l’objet

d’une mutation à compter du 1er janvier 2025. Il ne concernera pas le

logement social.

12

La loi Transition énergétique : quels impacts pour les architectes ?

Les grandes orientations de la loi Transition énergétique pour la croissance verte

La loi Transition énergétique pour la croissance verte (LTECV) a été promulguée le 18 août 2015 après 150 heures de débat en séance publique (loi 2015-992 du 17 août 2015). Présentée par le Gouvernement comme l’une des principales mesures pour réduire les émissions de Gaz à effet de serre (GES) de 75 % à l’horizon 2050 par rapport à 1990 (Facteur 4), elle consacre à travers 215 articles un véritable changement de paradigme pour le modèle énergétique français.

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Dossier Cahiers de la profession # 54 - 3e-4e trimestre 2015

Il devra mentionner l’ensemble des informations utiles à la bonne

utilisation, à l’entretien et à l’amélioration progressive de la performance

énergétique du logement et des parties communes lorsque le logement

est soumis au statut de la copropriété.

La gestion du Carnet numérique par les architectes constitue un enjeu

important pour la profession, en particulier lorsqu’il sera étendu à

tous les logements. Les décrets d’application seront publiés dans les

prochains mois mais le Conseil national de l’Ordre a d’ores et déjà fait

part aux services de l’État de l’expertise des architectes pour assurer la

maintenance du Carnet numérique (voir aussi p.18-20).

Miseenplacedemécanismesinnovantspourlefinancementdes

projetsderénovation

La loi prévoit la mise en place de plusieurs mécanismes de financement

innovants dont la création d’un Fonds de garantie pour la rénovation

énergétique (Article 20). Ce fonds, dont les ressources seront définies

en loi de finance, sera destiné à faciliter le financement des travaux

d’amélioration de la performance énergétique des logements. Il concernera

le logement individuel et les copropriétés.

Citons également le renforcement du dispositif des sociétés de tiers

financement qui permettent aux particuliers souhaitant réaliser des travaux

de rénovation énergétique de bénéficier d’avances de fonds, mais aussi

celui lié aux certificats d’économie d’énergie (C2E), dédiés à la lutte contre

la précarité énergétique (Article 23). Les actions financées dans ce cadre

seront réalisées auprès de ménages à revenus modestes ce qui ouvre des

perspectives intéressantes pour la rénovation du parc locatif social.

La loi prévoit enfin la remise à plat des aides fiscales attachées à l’installation

de certains produits de la construction au profit d’une aide globale dont

l’octroi serait subordonné, pour chaque bâtiment, à la présentation d’un

projet complet de rénovation, le cas échéant organisé par étapes.

Unevolontémanifested’inscriredansladuréelespolitiques

publiquesenfaveurdelarénovation

Pour répondre aux enjeux, le législateur a souhaité inscrire dans la durée la politique publique en faveur de la rénovation. Le Gouvernement devra remettre au Parlement, tous les cinq ans, un rapport détaillant la stratégie nationale à l’échéance 2050 pour mobiliser les investissements en faveur de la maîtrise de l’énergie dans le parc national de bâtiments publics ou privés, à usage résidentiel ou tertiaire (article 4). Le rapport devra détailler l’analyse du parc national de bâtiments, au regard notamment de leur performance énergétique et présenter des stratégies de rénovation économiquement pertinentes.

L’ensemble de ces nouvelles règles est de nature à sécuriser l’intervention des professionnels du secteur de la construction en leur fournissant, on peut l’espérer, les gages d’un investissement de l’État sur le long terme.

La loi TECV inscrit dans les textes de nouveaux concepts, de nouvelles pratiques, qui à terme vont certainement modifier la façon dont les acteurs de l’acte de construire conduisent les projets.

Lanotiondecycledeviedubâtimentinscritdanslaloi

L’obligation de prendre en compte les émissions de GES sur l’ensemble

du cycle de vie du bâtiment est rappelée à plusieurs reprises dans le

texte de loi. À titre d’exemple, l’article 8 précise que « les bâtiments à

faible empreinte carbone, construits en minimisant leur contribution aux

émissions de gaz à effet de serre sur l’ensemble de leur cycle de vie, de

leur construction jusqu’à leur déconstruction, concourent à l’atteinte de

l’objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre. »

La notion de cycle de vie va faire faire évoluer la façon dont chaque

acteur participe au projet. Elle va obliger les maîtres d’œuvre à prendre

13

Musée de la mer, Sète (34), 2014, Nicolas Crégut & Laurent Duport arch. © Marie-Caroline Lucat

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DossierCahiers de la profession # 54 - 3e-4e trimestres 201514

en compte dès la phase de conception l’impact des solutions proposées

pour la construction, l’exploitation mais aussi la déconstruction ; cette

dernière phase restant à ce jour encore peu explorée. Pour la maîtrise

d’ouvrage, l’analyse en termes de cycle de vie exige de mieux définir lors

de la programmation du projet les objectifs à atteindre, en particulier

ceux concernant les phases d’exploitation.

Prioritédonnéeauxbâtimentsetauxterritoiresàénergiepositive

(BEPOS-TEPOS)

La loi prévoit le déploiement de bâtiments à énergie positive (bâtiments qui

produisent davantage d’énergie qu’ils n’en consomment) laissant entrevoir

les contours et les objectifs de la prochaine réglementation thermique. Le

concept d’énergie positive ne concerne pas uniquement le bâtiment. Il est

également appliqué aux territoires avec les TEPOS.

La conception de BEPOS et de TEPOS nécessite la mise en place d’une

nouvelle gouvernance entre les acteurs publics et privés porteurs de

projets. BEPOS et TEPOS reposent sur l’interdépendance des projets,

la surproduction énergétique de l’un compensant le déficit de l’autre.

Les projets ne peuvent plus être conçus de façon isolée, obligeant leurs

concepteurs et promoteurs à s’inscrire dans une chaîne d’acteurs beaucoup

plus vaste à l’échelle du territoire en vue d’une mutualisation optimisée.

L’émergence du critère de performance énergétique

La loi ne fait pas mention de l’objectif de garantie de performance

énergétique. Elle introduit uniquement dans l’article 12 la notion de critère

de performance énergétique. Pour autant, en précisant les modalités des

mécanismes de tiers-financement, elle en favorise la généralisation. Le

tiers-financement consiste à financer une partie des travaux de rénovation

par les gains financiers escomptés sur la facture énergétique. Ce mécanisme

repose sur la garantie que les travaux de rénovation dégageront bien les

économies prévues. Dans le cas contraire, le modèle financier devient

caduc ouvrant la voie à d’éventuelles recherches de responsabilités.

En tant que concepteurs, les maîtres d’œuvre seront directement concernés

par l’application de la garantie de performance énergétique. Dans les années

à venir, les progrès technologiques permettront de mesurer précisément la

performance intrinsèque d’un bâtiment au moment de sa livraison pour

ensuite confronter les résultats aux objectifs affichés en phase de conception.

Le respect de la performance énergétique pourrait être régle mentaire dans

la prochaine RT au même titre que le test d’étanchéité à l’air dans la RT

2012. Cette obligation de performance modifiera à la fois les relations

entre concepteurs et entre concepteurs et maîtres d’ouvrage. La garantie

de performance énergétique constitue aujourd’hui une toile de fond dont

les contours sont chaque jour plus précis.

La loi place les régions au cœur de la transition énergétique avec à charge pour elles de coordonner les études, diffuser l’information et promouvoir les actions en matière de rénovation énergétique.

Lesplateformesterritorialesdela

rénovationénergétique

Des plateformes territoriales de

la rénovation énergétique seront

déployées sur tout le territoire

national. Portées par les régions

où des établissements publics de

coopération intercommunale, elles

auront pour mission d’accompagner

et de conseiller les particuliers qui

souhaitent réaliser des travaux

de rénovation mais également de

garantir la bonne adéquation entre

l’offre et la demande de services de

rénovation. L’adéquation entre l’offre

de formation et les besoins de tous

les acteurs de la filière entrera aussi

dans leurs prérogatives.D’ici 2016, plus d’une centaine de plateformes devraient voir le jour. Les plateformes ne viseront pas à proposer des solutions de travaux, ni des prestations de maîtrise d’œuvre.

Extension du centre technique municipal, Saint-Jean-de-Védas (34), 2013, Chrystelle Sanaa arch. © Marie-Caroline Lucat

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Dossier Cahiers de la profession # 54 - 3e-4e trimestres 2015 15

Le Programme régional pour l’efficacité énergétique

Les Schémas Régionaux Climat, Air, Énergie (SRCAE) sont complétés avec

l’ajout d’un Programme régional pour l’efficacité énergétique. À l’échelle

de la région, ce programme définit les modalités de l’action publique

en matière d’orientation et d’accompagnement des propriétaires

privés, des bailleurs et des occupants pour la réalisation des travaux de

rénovation énergétique de leurs logements ou de leurs locaux privés à

usage tertiaire.

Le programme s’attachera plus particulièrement à définir un plan de

déploiement des plateformes territoriales, à promouvoir leur mise en

réseau en vue de la réalisation d’un guichet unique, mais aussi et surtout

à définir un socle minimal en matière de conseils et de préconisations.

En conclusion, la loi TECV introduit de nombreux mécanismes qui pris

dans leur ensemble concourent à fluidifier le marché de la rénovation

énergétique (obligation de travaux embarqués, obligation avant 2025

de rénover les bâtiments privés résidentiels consommant plus 330

kWhep/m2/an, possibilité pour les copropriétés de voter à la majorité

simple des travaux de rénovation énergétique, simplification des

opérations d’amélioration de l’efficacité énergétique à l’occasion de

travaux affectant les parties communes, etc.).

Il conviendra de veiller à ce que les mesures prises n’entraînent pas un

effet d’aubaine pour des acteurs peu ou pas formés pour réaliser des

projets de rénovation. Le Conseil national de l’Ordre recommande de

recourir au service d’un architecte pour tout projet de rénovation, peu

importe la taille. Réaliser des travaux sans maître d’œuvre, c’est faire

courir le risque aux générations futures d’être confrontées à grande

échelle à des pathologies graves du bâtiment et à une dégradation de la

qualité architecturale du bâti.

Ànoter: le Conseil constitutionnel a censuré 3 articles de la loi, dont

l’article 6 qui imposait à partir de 2030 la rénovation énergétique des

bâtiments privés résidentiels à l’occasion d’une mutation. Le Conseil

constitutionnel a censuré l’article au motif d’une définition non

approfondie des conditions et des modalités de l’atteinte au droit de

propriété qu’impliquait cette disposition.

Stéphane LUTARDChargé de mission maquette numérique et transition énergétique au Conseil national de l'Ordre

Concrètement pour les architectes : les principales mesuresDes objectifs généraux de rénovation

Lapolitiqueénergétiquenationale,définieparl’articleL.100-4-Idu

codedel’énergie,apourobjectifsde:

1° Réduire les émissions de gaz à effet de serre de 40 % entre 1990

et 2030 et de diviser par quatre les émissions de gaz à effet de serre

entre 1990 et 2050. La trajectoire est précisée dans les budgets carbone

mentionnés à l’article L. 222-1 A du code de l’environnement ;

2° Réduire la consommation énergétique finale de 50 % en 2050 par

rapport à la référence 2012, en visant un objectif intermédiaire de 20 %

en 2030. Cette dynamique soutient le développement d’une économie

efficace en énergie, notamment dans les secteurs du bâtiment, des

transports et de l’économie circulaire, et préserve la compétitivité et le

développement du secteur industriel ;

3° Réduire la consommation énergétique primaire des énergies fossiles

de 30 % en 2030 par rapport à l’année de référence 2012, en modulant

cet objectif par énergie fossile en fonction du facteur d’émissions de gaz

à effet de serre de chacune ;

4° Porter la part des énergies renouvelables à 23 % de la consommation

finale brute d’énergie en 2020 et à 32 % de cette consommation en 2030 ;

à cette date, pour parvenir à cet objectif, les énergies renouvelables

doivent représenter 40 % de la production d’électricité, 38 % de la

consommation finale de chaleur, 15 % de la consommation finale de

carburant et 10 % de la consommation de gaz ;

5° Réduire la part du nucléaire dans la production d’électricité à 50 % à

l’horizon 2025 ;

6° Contribuer à l’atteinte des objectifs de réduction de la pollution

atmosphérique prévus par le plan national de réduction des émissions

de polluants atmosphériques défini à l’article L. 222-9 du code de

l’environnement ;

7° Disposer d’un parc immobilier dont l’ensemble des bâtiments sont

rénovés en fonction des normes « bâtiment basse consommation » ou

assimilées, à l’horizon 2050, en menant une politique de rénovation

thermique des logements concernant majoritairement les ménages aux

revenus modestes ;

8° Parvenir à l’autonomie énergétique dans les départements d’outre-

mer à l’horizon 2030, avec, comme objectif intermédiaire, 50 %

d’énergies renouvelables à l’horizon 2020 ;

9° Multiplier par cinq la quantité de chaleur et de froid renouvelable et

de récupération livrée par les réseaux de chaleur et de froid à l’horizon

2030.

Le Conseil national de l’Ordre des architectes a récemment mis en ligne sur son site Internet un nouveau contrat type intitulé Contrat « Forfait rénovation ». Il est réservé exclusivement à des projets de rénovation simples, d’un montant de travaux inférieur à 50 000 e et ne nécessitant pas de dépôt de permis de construire. À télécharger : www.architectes.org/contrat-type-forfait-renovation

Dossier Cahiers de la profession # 54 - 3e-4e trimestre 2015 15

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DossierCahiers de la profession # 54 - 3e-4e trimestre 201516

La France se fixe comme objectif de rénover énergétiquement 500 000

logements par an à compter de 2017, dont au moins la moitié est occupée

par des ménages aux revenus modestes, cette rénovation devant permettre

une baisse de 15 % de la précarité énergétique d’ici 2020 (article 3).

Les bâtiments privés résidentiels existants dont la consommation en

énergie primaire est supérieure à 330 kilowattheures d’énergie primaire

par mètre carré et par an doivent faire l’objet d’une rénovation énergétique

avant 2025 (article 5).

Les bâtiments à faible empreinte carbone, construits en minimisant leur

contribution aux émissions de gaz à effet de serre sur l’ensemble de leur

cycle de vie, de leur construction jusqu’à leur déconstruction, concourent

à l’atteinte de l’objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre

fixé à l’article L. 100-4 du code de l’énergie.

Des règles destinées à favoriser la construction de bâtiments à énergie positive

1remesured’applicationimmédiate(art.8,I)

L’article L.123-1-5 du code de l’urbanisme prévoit que le règlement du

plan local d’urbanisme peut imposer une production minimale d’énergie

renouvelable par le bâtiment lui-même, dans le même secteur ou à

proximité de celui-ci.

Dans sa version antérieure, l’article L.123-1-5-III, alinéa 6° prévoit que

le règlement peut « Imposer aux constructions, travaux, installations et

aménagements, notamment dans les secteurs qu’il ouvre à l’urbanisation,

de respecter des performances énergétiques et environnementales

renforcées qu’il définit ».

Désormais, le règlement du PLU peut « Définir des secteurs dans lesquels

il impose aux constructions, travaux, installations et aménagements

de respecter des performances énergétiques et environnementales

renforcées qu’il définit. À ce titre, il peut imposer une production minimale

d’énergie renouvelable, le cas échéant, en fonction des caractéristiques

du projet et de la consommation des sites concernés. Cette production

peut être localisée dans le bâtiment, dans le même secteur ou à proximité

de celui-ci. »

À noter que les équipements de récupération de chaleur in situ sont

désormais considérés comme des équipements de production d’énergie

renouvelable (article 1er-VII).

NB : L’ordonnance du 23 septembre 2015 relative à la partie

législative du livre Ier du code de l’urbanisme abroge, à compter

du 1er janvier 2016, l’article L.123-1-5 et le remplace par les

articles L.151-8 et suivants du code de l’urbanisme.

C’est le nouvel article L.151-21 qui reproduit ces règles, il

précise que « Le règlement peut définir des secteurs dans

lesquels il impose aux constructions, travaux, installations et

aménagements de respecter des performances énergétiques

et environnementales renforcées qu’il définit. À ce titre, il peut

imposer une production minimale d’énergie renouvelable, le

cas échéant, en fonction des caractéristiques du projet et de la

consommation des sites concernés. Cette production peut être

localisée dans le bâtiment, dans le même secteur ou à proximité

de celui-ci ».

2e mesure d’application différée (article 8-II)

Toutes les nouvelles constructions sous maîtrise d’ouvrage de l’État et de

ses établissements publics ou des collectivités territoriales font preuve

d’exemplarité énergétique et environnementale et sont, chaque fois que

possible, à énergie positive et à haute performance environnementale.Les

exigences auxquelles doit satisfaire un bâtiment à énergie positive et un

bâtiment à haute performance environnementale seront définies par décret.

En outre, des actions de sensibilisation à la maîtrise de la consommation

d’énergie sont mises en place auprès des utilisateurs de ces nouvelles

constructions. Les collectivités territoriales peuvent bonifier leurs

aides financières ou octroyer prioritairement ces aides aux bâtiments

à énergie positive ou qui font preuve d’exemplarité énergétique et

environnementale.

3emesured’applicationdifférée(article8-IV)

L’article L.128-1 du code de l’urbanisme qui permet d’autoriser, dans les

zones urbaines ou à urbaniser un dépassement des règles relatives au

gabarit (dans la limite de 30 %) pour des constructions satisfaisant à des

critères de performance énergétique élevée est modifié pour étendre cette

possibilité aux constructions faisant preuve d’exemplarité énergétique ou

environnementale ou qui sont à énergie positive.

Il précise également que « La limitation en hauteur des bâtiments dans un

plan local d’urbanisme ne peut avoir pour effet d’introduire une limitation

du nombre d’étages plus contraignante d’un système constructif à l’autre ».

Les conditions d’application de cet article sont déterminées par décret.

NB : L’ordonnance du 23 septembre 2015 relative à la partie

législative du livre Ier du code de l’urbanisme abroge, à compter

du 1er janvier 2016, l’article L.128-1 et le remplace par le 3° de

l’article L.151-28 qui dispose que « Le règlement du plan local

d’urbanisme ou du document d’urbanisme en tenant lieu peut

prévoir, dans le respect des autres règles établies par le document

et notamment les servitudes d’utilité publique visées à l’article L.

151-43 et sous réserve des dispositions de l’article L. 151-29 (…)

3° Dans les zones urbaines ou à urbaniser, un dépassement

des règles relatives au gabarit qui peut être modulé mais

ne peut excéder 30 %, pour les constructions faisant preuve

d’exemplarité énergétique ou environnementale ou qui sont à

énergie positive. La limitation en hauteur des bâtiments ne peut

avoir pour effet d’introduire une limitation du nombre d’étages

plus contraignante d’un système constructif à l’autre. Un décret

en Conseil d’État détermine les conditions d’application de la

majoration (…) »

4emesured’applicationdifférée(article14-V)

L’article L.111-9 du CCH est modifié. C’est à partir de 2018 (au lieu de

2020) qu’il faudra tenir compte, pour les constructions nouvelles, du

niveau d’émissions de gaz à effet de serre dans la définition de leur

performance énergétique. C’est un décret qui doit déterminer ces

règles et qui doit définir une méthode de calcul de ces émissions sur

l’ensemble du cycle de vie du bâtiment, adaptée à ces constructions

nouvelles.

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Dossier Cahiers de la profession # 54 - 3e-4e trimestre 2015 17

Des règles destinées à favoriser la rénovation énergétique des bâtiments existants

De nouvelles dérogations aux règles d’urbanisme pour favoriser l’isolation

des bâtiments existants (article 7), d’application différée

Le nouvel article L.123-5-2 du code de l’urbanisme prévoit que l’autorité

compétente pour délivrer l’autorisation d’urbanisme (permis de construire,

permis d’aménager, déclaration préalable) peut par décision motivée

déroger aux règles relatives à l’emprise au sol, à la hauteur, à l’implantation

et à l’aspect extérieur des constructions contenues dans les documents

d’urbanisme (PLU, POS et PAZ) afin d’autoriser :

● La mise en œuvre d’une isolation en saillie des façades des constructions

existantes,

● La mise en œuvre d’une isolation par surélévation des toitures des

constructions existantes,

● La mise en œuvre de dispositifs de protection contre le rayonnement

solaire en saillie des façades,

Cette décision motivée peut comporter des prescriptions destinées à

assurer la bonne intégration architecturale du projet dans le bâti existant

et dans le milieu environnant.

La publication d’un décret fixant la limite des dérogations autorisées

conditionne l’entrée en vigueur de ces nouvelles dispositions.

NB : L’ordonnance du 23 septembre 2015 relative à la partie législative du

livre Ier du code de l’urbanisme abroge à partir du 1er janvier 2016 l’article

L.123-5-2 et le remplace par l’article L.152-5 qui en reproduit les termes.

Desnouvellesrèglesdeconstructionpourlarénovationdes

bâtimentsexistants

Règles générales concernant la performance énergétique et environne-

mentale et les caractéristiques énergétiques et environnementales

(article 14-I), d’application différée

L’article L.110-10 du code de la construction et de l’habitation (CCH) qui

définit les règles de construction applicables à la rénovation de bâtiments

existants est modifié de manière significative.

Il fixe désormais un objectif général :

« Tous les travaux de rénovation énergétique réalisés permettent

d›atteindre, en une ou plusieurs étapes, pour chaque bâtiment ou partie

de bâtiment, un niveau de performance énergétique compatible avec les

objectifs de la politique énergétique nationale définis à l’article L. 100-4

du code de l’énergie, en tenant compte des spécificités énergétiques et

architecturales du bâti existant et en se rapprochant le plus possible des

exigences applicables aux bâtiments neufs ».

Il introduit de nouvelles règles concernant les travaux de rénovation

importants, l’isolation effectuée à l’occasion de travaux de ravalement

importants, l’isolation de toiture effectuée à l’occasion de travaux

importants de réfection de toiture et les travaux d’aménagements de pièces

en vue de les rendre habitables et d’amélioration de leur performance

énergétique.

Ces nouvelles règles sont d’application différée, dans l’attente de la

publication d’un décret qui définira, selon les catégories de bâtiments ou

parties de bâtiments existants :

● L’obligation de réaliser, avant le début des travaux, une étude de

faisabilité technique et économique qui doit évaluer les diverses

solutions d’approvisionnement en énergie, en particulier celles qui

font appel aux énergies renouvelables. Le décret précise également le

contenu et les modalités de réalisation de cette étude,

● En cas de travaux de rénovation importants, les caractéristiques

énergétiques et environnementales et la performance énergétique et

environnementale, notamment au regard du stockage de carbone dans

les matériaux, des émissions de gaz à effet de serre, des économies

d’énergie, de la production d’énergie et de matériaux renouvelables,

de la consommation d’eau et de la production de déchets, de ces

Siège et lieu d’opérations du CIAS, Montredon-des-Corbières (11), 2015, Hervé Meyer arch. © José Hevia

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DossierCahiers de la profession # 54 - 3e-4e trimestre 201518

bâtiments. Ces caractéristiques sont également fonction de la nature

des travaux envisagés, ainsi que du rapport entre le coût de ces travaux

et la valeur du bâtiment,

● En cas de travaux de ravalement importants, l’obligation de procéder

à des travaux d’isolation, excepté lorsque cette isolation n’est pas

réalisable techniquement ou juridiquement ou lorsqu’il existe une

disproportion manifeste entre ses avantages et ses inconvénients de

nature technique, économique ou architecturale,

● En cas de travaux importants de réfection de toiture, l’obligation de

procéder à l’isolation de cette toiture, excepté lorsque cette isolation

n’est pas réalisable techniquement ou juridiquement ou lorsqu’il existe

une disproportion manifeste entre ses avantages et ses inconvénients

de nature technique, économique ou architecturale,

● En cas de travaux de rénovation importants, l’obligation d’installer

des équipements de contrôle et de gestion active de l’énergie,

excepté lorsque l’installation de ces équipements n’est pas réalisable

techniquement ou juridiquement ou lorsqu’il existe une disproportion

manifeste entre leurs avantages et leurs inconvénients de nature

technique ou économique,

● En cas de travaux d’aménagement de pièces ou de parties de bâtiment

annexes en vue de les rendre habitables, l’obligation de travaux visant

à l’amélioration de la performance énergétique de ces pièces ou de

ces parties de bâtiments annexes. Les types de pièces et de parties de

bâtiment annexes ainsi que la nature des travaux d’amélioration de la

performance énergétique, notamment en fonction de leur coût et de

leur impact sur la superficie des pièces sont également définies par

décret,

● Les caractéristiques énergétiques que doivent respecter les nouveaux

équipements, ouvrages ou installations mis en place dans des

bâtiments existants. Ces catégories d’équipements, d’ouvrages ou

d’installation sont également définies par décret.

NB : Ce décret devra être publié dans un délai d’un an à compter de

la promulgation de la loi n° 2015-992 du 17 août 2015 relative à la

transition énergétique pour la croissance verte, soit au plus tard le

17 août 2016.

Règlesparticulièresconcernantlesbâtimentsexistantsàusage

tertiaire(article17),d’applicationdifférée

L’article L111-10-3 du CCH impose que des travaux d’amélioration de la

performance énergétique sont réalisés dans les bâtiments existants à

usage tertiaire ou dans lesquels s’exerce une activité de service public

dans un délai de huit ans à compter du 1er janvier 2012.

Cette obligation de rénovation est désormais prolongée par périodes de

dix ans à partir de 2020 jusqu’en 2050 avec un niveau de performance à

atteindre renforcé chaque décennie.

L’objectif fixé par la loi sur la transition énergétique est que le parc

global concerné vise à réduire ses consommations d’énergie finale

d’au moins 60 % en 2050 par rapport à 2010 (ces consommations

étant mesurées en valeur absolue de consommation pour l’ensemble

du secteur).

Un décret déterminera la nature et les modalités de cette obligation

de travaux, applicable pour chaque décennie, notamment les

caractéristiques thermiques ou la performance énergétique à respecter,

en tenant compte de l’état initial et de la destination du bâtiment,

de contraintes techniques exceptionnelles, de l’accessibilité des

personnes handicapées ou à mobilité réduite ou de nécessités liées

à la conservation du patrimoine historique. Il précisera également les

conditions et les modalités selon lesquelles le constat du respect de

l’obligation de travaux est établi et publié en annexe aux contrats de

vente et de location.

La loi impose que le décret applicable pour la décennie à venir soit publié

au moins cinq ans avant son entrée en vigueur.

Règlesgénérales:caractéristiquesacoustiques(article14-II),

d’applicationdifférée

L’article L.111-11-3 du CCH impose désormais de prendre en compte,

lors de travaux de rénovation importants (ravalements, réfection de

toitures, aménagements de pièces en vue de les rendre habitables) les

caractéristiques acoustiques de nouveaux équipements, ouvrages ou

installations lorsque le bâtiment est situé dans un point noir du bruit ou

dans une zone de bruit d’un plan de gêne sonore

Les points noirs du bruit sont définis comme étant des bâtiments

d’habitation, de soins, de santé, d’enseignement ou d’action sociale

répondant à des critères liés à l’exposition sonore en façade (les seuils

d’exposition limite sont fixés par arrêté) et à la date de délivrance du

permis de construire (critère d’antériorité).

Un plan de gêne sonore (PGS) délimite, autour des aérodromes, des

zones dans lesquelles les riverains peuvent bénéficier d’une aide à

l’insonorisation de leur logement. Cette aide ne peut être allouée que

sous certaines conditions. Seuls les 12 principaux aéroports sont dotés

d’un PGS.

Il se présente sous forme d’un rapport et d’une carte à l’échelle 1/25

000 indiquant 3 types de zones :

● la zone 1 dite de très forte nuisance comprise à l’intérieur de la

courbe d’indice Lden 70

● la zone 2 dite de forte nuisance, entre la courbe d’indice Lden 70 et

Lden 65 ou 62

● la zone 3 dite de nuisance modérée inclut entre la limite extérieure

de la zone 2 et Lden 55.

Les modalités d’application seront fixées dans un décret.

Le Carnet numérique de suivi et d’entretien du logement (article 11), d’application différée

Le nouvel article L.111-10-5 du CCH crée le Carnet numérique de suivi et

d’entretien des logements.

Champd’application

Seuls les logements soumis au statut de la copropriété sont concernés.

Sont exclus :

● Les logements relevant du service d’intérêt général défini à l’article L.

411-2 du CCH qui appartiennent ou qui sont gérés par les organismes

d’habitations à loyer modéré (offices publics de l’habitat, SA d’HLM,

SCOP d’HLM sous forme de SA, SCIC d’HLM sous forme de SA et

fondations d’HLM), par les SEM de construction et de gestion de

logements sociaux agréés ou par les organismes concourant aux

objectifs de la politique d’aide au logement et bénéficiant d’un

agrément de maîtrise d’œuvre (au titre de l’article L.365-2 du CCH).

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Dossier Cahiers de la profession # 54 - 3e-4e trimestre 2015 19

NB : Quelques mots sur la notion de service d’intérêt général prévu par

l’article L. 411-2 qui comprend notamment :

- La construction, l’acquisition, l’amélioration, l’attribution, la gestion

et la cession de logements locatifs à loyers plafonnés, lorsque ces

opérations sont destinées à des personnes dont les revenus sont

inférieurs à des plafonds maximums fixés par l’autorité administrative

et dont l’accès est soumis à des conditions de ressources. Jusqu’au

1er janvier 2020, font également partie du service d’intérêt général, les

opérations destinées à des personnes de revenu intermédiaire sous

condition de ressources,

- La réalisation d’opérations d’accession à la propriété destinées à des

personnes dont les revenus sont inférieurs aux plafonds maximums,

majorés de 11 %, fixés par l’autorité administrative pour l’attribution

des logements locatifs conventionnés. Font également partie du

service d’intérêt général, dans la limite de 25 % des logements vendus

par l’organisme, les opérations destinées à des personnes de revenu

intermédiaire sous condition de ressources,

- La gestion ou l’acquisition en vue de leur revente, avec l’accord du

maire de la commune d’implantation et du représentant de l’État dans le

département, de logements situés dans des copropriétés connaissant

des difficultés importantes de fonctionnement ou faisant l’objet d’un

plan de sauvegarde destiné à résoudre les difficultés (article L. 615-1

du CCH) ou d’une opération programmée d’amélioration de l’habitat

(article L. 303-1 du CCH), etc.

Entréeenvigueur

Il sera obligatoire pour toute construction neuve dont le permis de

construire est déposé à compter du 1er janvier 2017 et pour tous les

logements faisant l’objet d’une mutation à compter du 1er janvier 2025.

En toute logique, cette obligation incombe aux copropriétaires, qui

pourront en confier la réalisation à des professionnels compétents.

La mise en œuvre du Carnet est conditionnée à la publication d’un décret

qui précisera certainement ces modalités.

Contenu

Le Carnet devra mentionner l’ensemble des informations utiles à la bonne

utilisation, à l’entretien et à l’amélioration progressive de la performance

énergétique du logement et des parties communes.

Il devra aussi intégrer le dossier de diagnostic technique (article L. 271-4

du CCH) qui comprend

● Un constat de risque d’exposition au plomb (art. L.1 334-5 et L.1 334-6 du

code de la santé publique - CSP),

● L’état mentionnant la présence ou l’absence de matériaux ou produits

contenant de l’amiante (art. L.334-13 du CSP),

● L’état relatif à la présence de termites dans le bâtiment (art. L.133-6 du

CSP),

● L’état de l’installation intérieure de gaz (art. L.134-6 du CSP),

Maison des Aires, Castries (34), 2014, « Cabinet-Cabinet Architectures » - Claveau de Lima & Delhomme arch. © architectes

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DossierCahiers de la profession # 54 - 3e-4e trimestre 201520

● L’état des risques naturels et technologiques, dans les zones couvertes

par un plan de prévention des risques technologiques ou par un plan de

prévention des risques naturels (art. L. 125-5-I du code de l’environnement),

● Le diagnostic de performance énergétique (art. L. 134-1 du CCH),

● L’état de l’installation intérieure d’électricité (art. L. 134-7 du CCH),

● Le document établi à l’issue du contrôle des installations

d’assainissement non collectif (art L.1331-11-1 du CSP),

● L’information sur la présence d’un risque de mérule, dans les zones

identifiées par arrêté préfectoral (art. L.133-8 du CCH).

Il devra comprendre tout ou partie des documents exigés lors de la

vente d’un lot ou d’une fraction de lot d’un immeuble soumis au statut

de la copropriété (art. L.721-2 du CCH)

● Les documents relatifs à l’organisation de l’immeuble (fiche

synthétique de la copropriété, règlement de copropriété et l’état

descriptif de division ainsi que les actes les modifiant, procès-verbaux

des assemblées générales des trois dernières années, sauf lorsque le

copropriétaire vendeur n’a pas été en mesure d’obtenir ces documents

auprès du syndic),

● Des informations financières : montant des charges courantes du

budget prévisionnel et des charges hors budget prévisionnel payées

par le copropriétaire, sommes susceptibles d’être dues au syndicat des

copropriétaires par l’acquéreur ; état global des impayés de charges au

sein du syndicat et de la dette vis-à-vis des fournisseurs, lorsque le

syndicat des copropriétaires dispose d’un fonds de travaux, le montant

de la part du fonds de travaux rattachée au lot,

● Le carnet d’entretien de l’immeuble,

● La notice d’information relative aux droits et obligations des

copropriétaires ainsi qu’au fonctionnement des instances du syndicat

de copropriété,

● Les conclusions du diagnostic technique global prévu par l’article

L.731-1 du CCH, dont l’entrée en vigueur est prévue au 1er janvier 2017.

En cas de location, il devra comporter le dossier de diagnostic technique

prévu à l’article 3-3 de la loi n° 89-462 du 6 juillet 1989 tendant à

améliorer les rapports locatifs

Le contenu de ce dossier comprend tous les éléments du diagnostic

technique prévu par l’article L.271-4 du CCH (ci-dessus) sauf l’état

relatif à la présence de termite, le document établi à l’issue du contrôle

des installations d’assainissement non collectif et l’information sur la

présence d’un risque de mérule, dans les zones identifiées par arrêté

préfectoral.

Règles générales de construction : l’encadrement de la cotraitance (article 18), d’application immédiate

Le nouvel article L.111-3-2 du CCH a pour objet de préciser le contenu

obligatoire des marchés privés de bâtiment en cas de cotraitance, lorsque

le montant du marché est inférieur à 100 000 euros HT.

Il est d’application immédiate.

Désormais, les marchés privés de bâtiment portant sur des travaux et

prestations de service réalisés en cotraitance comportent, à peine de

nullité, les mentions suivantes :

Groupe scolaire Ludovic Massé, Perpignan (66), 1997, Philippe Pous & Jaume Feixe arch. © Olivier Martin Gambier

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Dossier Cahiers de la profession # 54 - 3e-4e trimestres 2015

1° L’identité du maître d’ouvrage ainsi que celle des cotraitants devant

exécuter les travaux ou prestations de service,

2° La nature et le prix des travaux ou prestations de service devant être

réalisés par chaque cotraitant de façon détaillée,

3° La mention expresse de l’existence ou non de la solidarité juridique des

cotraitants envers le maître d’ouvrage,

4° Le nom et la mission du mandataire commun des cotraitants. Cette

mission, qui consiste notamment à transmettre des informations et

documents ainsi qu’à coordonner les cotraitants sur le chantier, ne peut

être étendue à des missions de conception et de direction de chantier

assimilables à une activité de maîtrise d’œuvre.

Les missions des plateformes territoriales de la rénovation énergétique (article 22), d’application immédiate

Le service public de la performance énergétique de l’habitat assure

l’accompagnement des consommateurs souhaitant diminuer leur

consommation énergétique. Il assiste les propriétaires et les locataires

dans la réalisation des travaux d’amélioration de la performance

énergétique de leur logement et leur fournit des informations et des

conseils personnalisés.

La loi sur la transition énergétique organise la mise œuvre de ce service.

Elle crée un nouvel article L.232-2 du code de l’énergie qui prévoit que le

service public de la performance énergétique de l’habitat s’appuie sur un

réseau de plateformes territoriales de la rénovation énergétique.

Ces plateformes sont prioritairement mises en œuvre à l’échelle d’un ou

de plusieurs établissements publics de coopération intercommunale à

fiscalité propre. Ce service public est assuré sur l’ensemble du territoire.

Elles peuvent être notamment gérées par les collectivités territoriales

ou leurs groupements, les services territoriaux de l’État, les agences

départementales d’information sur le logement, les agences locales

de l’énergie et du climat, les conseils d’architecture, d’urbanisme et de

l’environnement, les espaces info énergie ou les associations locales.

Contenu de la mission des plateformes

Elles ont une mission d'accueil, d'information et de conseil du

consommateur :

● Elles lui fournissent les informations techniques, financières, fiscales et

réglementaires nécessaires à l'élaboration de son projet de rénovation,

● Elles peuvent également assurer leur mission d'information de

manière itinérante, notamment en menant des actions d›information à

domicile, sur des périmètres ciblés et concertés avec la collectivité de

rattachement et la commune concernée,

● Les conseils fournis sont personnalisés, gratuits et indépendants.

Ces plateformes peuvent favoriser la mobilisation des professionnels et du

secteur bancaire, animer un réseau de professionnels et d›acteurs locaux

et mettre en place des actions facilitant la montée en compétences des

professionnels.

L’encadrement de la mise en œuvre de la garantie décennale en cas de surconsommation énergétique (article 31), d’application immédiate

Le nouvel article L.111-13-1 du CCH précise que “ En matière de performance

énergétique, l›impropriété à la destination, mentionnée à l›article L. 111-

13, ne peut être retenue qu'en cas de dommages résultant d›un défaut

lié aux produits, à la conception ou à la mise en œuvre de l›ouvrage, de

l›un de ses éléments constitutifs ou de l›un de ses éléments d›équipement

conduisant, toute condition d›usage et d›entretien prise en compte et

jugée appropriée, à une surconsommation énergétique ne permettant

l›utilisation de l›ouvrage qu'à un coût exorbitant”.

Ce nouvel article a pour objet d’encadrer la mise en œuvre de la garantie

décennale en cas de surconsommation énergétique.

Le maître d’ouvrage va devoir démontrer l’existence de 3 conditions

cumulatives :

● Tout d’abord, et c’est une condition essentielle, il faut prouver l’existence

d’un dommage, ce qui signifie qu’une simple surconsommation qui ne

s’accompagne pas de désordres matériels ne peut justifier la mise en

œuvre de la garantie décennale,

● Il faut aussi démontrer que le dommage résulte soit d’un défaut lié aux

produits, soit à la conception ou à la mise en œuvre de l’ouvrage ou de

l’un de ses éléments constitutifs ou d’équipement dans une situation où

l’ouvrage a été entretenu et utilisé dans des conditions « appropriées »,

● Il faut enfin que la surconsommation ne permette l’utilisation de

l’ouvrage qu’à un coût exorbitant, ce qui signifie que le maître d’ouvrage

devra démonter une surconsommation telle que l’ouvrage n’est pas

utilisable.

La jurisprudence ne manquera pas d’apporter un éclairage plus concret sur

ces nouvelles dispositions.

Lydia DI MARTINODirectrice du service juridique du Conseil national de l'Ordre

21

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22 Cahiers de la profession # 54 - 3e-4e trimestre 2015 DossierExpertise

● Pour l’instant et jusqu’aux décrets

d’application de la dernière loi, les

dispositions de l’actuelle réglementation

thermique pour les bâtiments existants1

restent applicables dans de nombreux cas. Il

s’agit de règles précisant les performances

thermiques minimales, paroi par paroi,

pour les équipements de chauffage et

de production d’eau chaude et pour le

recours aux énergies renouvelables. Il faut

absolument s’y référer pour tous travaux

de rénovation (sauf rénovations lourdes

de bâtiments de plus de 1000m2) et pour

les constructions neuves en extension de

moins de 50m2 (ainsi que, avec en sus,

quelques règles issues de la RT 2012 pour

les surfaces comprises entre 50 et 100m2) ;

● Avant d’engager des travaux de

transformation, il nous faut, aujourd’hui

comme hier, parfaitement connaître

l’existant, bien se pénétrer de sa logique

constructive, et pour cela exiger une

mission de diagnostic global : structure,

nature et performances des matériaux

(isolation, transfert et stockage de vapeur

d’eau, inertie,...), ventilation, etc…, et

informer le maître d’ouvrage des points

qui ne pourront être éclaircis que par des

investigations complémentaires, voire au

moment des démolitions. Les diagnostics

obligatoires, dont le but est d’informer

avant transaction, ne sont pas suffisants

pour engager des travaux ;

● Il nous faut toujours rester conscients de

tous les enjeux et n’en négliger aucun :

stabilité, acoustique, qualité de l’air

intérieur, confort d’été et d’intersaison,

valeur patrimoniale,... Une isolation

thermique par l’intérieur mal réfléchie peut

causer des dégâts !

● Il nous incombe de rester vigilants pour

éviter les écueils techniques révélés par

les nouvelles pathologies, notamment le

risque de condensation à l’intérieur des

parois composées et sur les lignes de pont

thermique, mais aussi le séchage en phase

chantier, la complexité des équipements et

systèmes de pilotage, etc...

Qu’en retenir, par ailleurs, pour ce qui concerne nos responsabilités ?

● La nouvelle loi de transition énergétique

modifie les règles de responsabilité des

constructeurs en matière de performances

énergétiques en insérant dans le Code de

la Construction et de l’Habitation un nouvel

article L111-13-1, issu des discussions entre

le gouvernement, le CNOA et les assureurs,

notamment la MAF. Cet article exclut du

régime de la garantie décennale les défauts

d’isolation sans conséquence autre qu’une

surconsommation exorbitante2 ;

● Cette disposition se combine avec une

jurisprudence récente, favorable aux

architectes, issue d’un arrêt de la Cour de

Cassation de mars 2013, validant la clause

d’exclusion de solidarité pour les seules

responsabilités contractuelles, l’in solidum

restant de règle pour les garanties légales ;

● Donc, dans le champ de la garantie

décennale, celui des dommages menaçant

la solidité ou entraînant impropriété à

destination, nous restons exposés en

première ligne. Il nous faut faire valoir la

nécessité d’une perspective globale de

rénovation patrimoniale, en sachant que

notre responsabilité est importante pour

ce qui concerne la bonne appréhension des

données de l’existant.

● Mais désormais les dommages

n’ayant d’autre conséquence qu’une

surconsommation raisonnable entreront

dans le cadre de notre seule responsabilité

contractuelle, c’est-à-dire que nous

ne pourrons être tenus responsables

que pour les conséquences de fautes

prouvées : les coûts des dommages

notamment immatériels seront imputés

à chacun selon ses manquements à ses

obligations contractuelles. Donc, vigilance

dans la rédaction de nos contrats: pas

d’engagement inconsidéré, notamment

dans le cadre des labels, et insertion

impérative de la clause d’exclusion de

solidarité3.

Michel JEMMINGArchitecte - Président du CNEAF

FORMATIONS DU CNEAFFormation à l’expertise judiciaire à Paris26-27 janvier 2016 et Juin 2016Tables rondes nationales techniques et juridiques à la Maison de l’architecture d’Ile de France, ParisLe 28 janvier : Acoustique et impropriété à destinationLe 31 mars : Responsabilité de l’architecte de copropriété et du syndic. Le rôle de l’architecte conseil auprès d’une copropriété au cours d’une expertiseRenseignements et inscriptionswww.cneaf.frtél : 01 40 59 41 [email protected]

Notes : 1- RT élément par élément, arrêté du 3 mai 2007

2- Article L111-13-1 « En matière de performance énergétique, l’impropriété à la destination, (...) ne peut être retenue qu’en cas de dommages résultant d’un défaut lié aux produits, à la conception ou à la mise en œuvre de l’ouvrage, de l’un de ses éléments constitutifs ou de l’un de ses éléments d’équipement conduisant, toute condition d’usage et d’entretien prise en compte et jugée appropriée, à une surconsommation énergétique ne permettant l’utilisation de l’ouvrage qu’à un coût exorbitant"

3- Voir contrats types de l’Ordre : hors champ décennal, « L’architecte ne peut être tenu responsable de quelque manière que ce soit, ni solidairement ni in solidum, à raison des dommages imputables aux autres intervenants participant à l’opération. »

Le point de vue des architectes experts sur la transition énergétique

Essayons de mettre en perspective les lois Grenelle de 2009 et 2010, la RT 2012 applicable depuis janvier 2013, la loi de transition énergétique votée cet été, et la jurisprudence.Qu’en retenir, pour nous architectes, d’abord au plan technique ?

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Profession 23Cahiers de la profession # 54 - 3e-4e trimestres 2015

Grille de classification et métiers

Les acteurs sociaux administrant la Branche

professionnelle nationale, organi sations

professionnelles et syndi cales patronales

et salariées, ont signé le 10 septembre 2015

un accord national de mise en œuvre d’une

nouvelle grille de classification pour les

entreprises d’architecture.

Cet accord est le fruit d’un diagnostic auprès

de salariés et d’employeurs et a conclu à une

forte volonté politique de réformer ce point

essentiel de la convention collective nationale,

afin d’être en phase avec les évolutions et les

dynamiques de nos métiers et de la profession

dans son ensemble. Le travail s’est formalisé

par la mise en œuvre d’un comité technique

(sous-commission de suivi de la convention

collective nationale) composé d’employeurs

et de salariés de la Branche de toutes les

régions compris les DROM, et concrétisé par

l’aboutissement des négociations au sein

de la Commission paritaire Nationale de la

Négociation Collective (CPNNC).

Le projet politique a été porté par toutes les

organisations patronales et une majorité

d’organisations de salariés. Celui-ci va permettre

de mettre en place les conditions de valorisation

de nos emplois, à l’embauche et durant toute sa

carrière. Il est ici nécessaire de rappeler qu’un

contrat de travail n’est pas qu’une formalité, il

doit être discuté et se négocier, dans le cadre légal

et conventionnel, entre le salarié et l’employeur.

Ceci participe d’une cohérence globale et

d’une intelligence de liens contractuels clairs à

construire entre les salariés et les employeurs,

le tout dans un objectif de sécurisation des

parcours professionnels comme dans un objectif

de prospective et de dynamique stratégique de

l’entreprise.

Cette nouvelle grille de classification permet

d’établir et de visualiser des emplois repères,

des métiers et catégories d’emplois clairement

identifiés, des coefficients hiérarchiques plus

identifiés.

L’aboutissement de ce projet illustre vérita-

blement l’urgence que la Branche profes-

sionnelle avait à adapter cet outil de gestion :

● De l’évolution de carrière professionnelle

pour les collaborateurs,

● Du personnel pour les dirigeants

d’entreprises.

Elle sera applicable à l’ensemble des entreprises

dès son extension par le ministère du Travail.

L’employeur aura six mois pour se mettre en

conformité avec la grille, tout en garantissant

à minima les conditions de salaires et d’emploi

acquises par les salariés avant l’extension du

dit accord. L’occasion de mettre en perspective

l’avenir de la profession et de son emploi pourra

se concrétiser lors des entretiens professionnels

entre le salarié et l’employeur.

Labellisation des formations 2016

La Branche professionnelle de l’architecture

confirme que sa Commission Paritaire Nationale

de l’Emploi et de la Formation Professionnelle

(CPNEFP) vient d’attribuer le Label Formation

aux organismes de formation ayant fait leur

demande sur une ou plusieurs priorités définies

en amont et répondu correctement aux critères

de jugement garantissant aux entreprises et

aux salariés une qualité de formation. Le Comité

Technique de Labellisation (CTL) a produit

un travail assidu d’expertise cet été. La liste

des formations et organismes labellisés sera

disponible sur www.branche-architecture.fr.

L’info de la Branche

● La Branche vous informe qu’elle organise

le 18 mars 2016 le Colloque National de la

Branche Professionnelle de l’Architecture

sur le thème « Le niveau pertinent de

négociation du dialogue social ».

● Le prochain article traitera des accords

signés le 17 septembre 2015 sur la création

du Fonds d’action sociale, l’avenant aux

régimes de complémentaire santé et de

prévoyance, et sur le champ d’application

de la convention collective nationale. n

Stéphane CALMARD, présidentJean-François CHENAIS, vice-présidentAPGPBranche Professionnelle Nationale de l’Architecture 8 rue du Chalet - 75010 [email protected] www.branche-architecture.fr

L’ architecture et ses métiersLa Branche professionnelle nationale de l’architecture signe un accord national pour l’avenir de la profession

Jeux de cubes, crèche 60 berceaux, Carcassonne (11), 2014, Caroline Serra arch. © architecte

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24 Cahiers de la profession # 54 - 3e-4e trimestre 2015 Profession

Le nombre d’inscrits à l’Ordre des architectes reste stable pour la sixième année consécutive

En effet chiffres d’affaires et revenus présentent

une baisse moyenne de plus de 10 % entre 2013

et 2014, et les premières estimations de l’année

2015 n’annoncent aucune amélioration. Les

chiffres des permis de construire des logements

et des mises en chantier sont toujours

extrêmement bas et les difficultés économiques

des collectivités locales se traduisent par une

diminution nette du nombre de marchés publics

de maîtrise d’œuvre.

La stabilité du nombre d’architectes

s’accompagne d’une augmentation lente mais

constante de la durée d’inscription. Il convient

de remarquer que si la carrière d’un architecte

s’étale logiquement sur 35 à 40 ans, la durée

moyenne d’appartenance à l’Ordre était en

2014 d’un peu plus de 18 ans soit à peu près la

moitié d’une carrière professionnelle.

“L’observationdelacourbedu

tableaun°4permetdemieux

comprendrelephénomène.

Nous constatons tout d’abord qu’environ

un tiers des architectes sont inscrits à

l’Ordre depuis moins de 10 ans avec un

creux remarquable pour les inscriptions des

années 2008 et 2009, traduisant l’effet de la

crise sur les inscriptions. Un quart seulement

des architectes ont une durée d’inscription

supérieure à 25 ans.

La durée moyenne d’appartenance à l’Ordre

ne préjuge pas de l’âge. En effet, la moyenne

d’âge à l’inscription est 36 ans, et débute

environ 10 ans après la fin des études ; celle

des sortants est de 55 ans soit une dizaine

d’années avant l’âge de la retraite.

Comme le montre le tableau n° 5, le nombre

d’architectes exerçant au sein d’une société

d’architecture est en croissance constante et

régulière depuis une dizaine d’années, alors

que la baisse des effectifs libéraux s’accentue

depuis 2011.

Les tableaux ci dessous mettent à jour

pour 2014 et 2015 certains éléments

statistiques parus dans Archigraphie il

y a maintenant un an. Le document est

consultable sur www.architectes.org et peut

être envoyé par courrier sur demande à

[email protected] n

François ROUANETVice-président du Conseil national de l’Ordre des architectes

La croissance forte des effectifs, constatée durant sept années de 2002 à 2009, à été interrompue par la crise. Pour 2015, le chiffre provisoire en novembre est de 29 814 inscrits. Les difficultés économiques auxquelles sont confrontées les agences françaises, confirmées par la baisse significative des chiffres d’affaires et des revenus des architectes, n’incitent pas à la création d’entreprises d’architecture.

Le nombre des architectes se stabilise après la hausse du début des années 2000 Effectifs au sein de l’Ordre, 2000-20151

31000

30000

29000

28000

27000

26000

25000

24000

2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015

2703126714

2669627028

27496

28035

28633

2941629690

3011829876

2993329910

2983029861

29814

Une durée moyenne d'appartenance à l'Ordre qui tend à s'allonger Durée d'appartenance moyenne 2000-2014

Note de lecture : en 2000, la moyenne d'appartenance au sein de l'Ordre était de 15.4 années, en 2008 de 17.2 et en 2014 elle est de 18.2. Cela confirme l'allongement de d'appartenance à l'Ordre.

2000 2000 2008 2012 2014

15,4

16,517,2

17,718,2Moyenne

chiffre provisoire

3

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Profession 25Cahiers de la profession # 54 - 3e-4e trimestres 2015

Note de lecture : en 2014, il y avait 11842 associés, 14757 libéraux, 1152 salariés, 1023 fonctionnaires, 468 architectes exerçant exclusivement à l’étranger et 621 architectes n’exerçant pas la profession. Source CNOA

L'émergence des associés, en partie au détriment du statut libéral Évolution des effectifs d’architectes par types d’activités, 2000-2014

2000 2001

20000

18000

16000

14000

12000

10000

8000

6000

4000

2000

02002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014

Libéraux

Exclusif à l’étranger

Fonctionaires

Associés

N’exerçant pas la profession

Salariés

79100614961733

5321

17388

1152

6211023

468

11842

14757

5

Une durée d'appartenance à l'Ordre qui tend à s'allonger Durée d'appartenance à l'Ordre en 2014

Architectes

1400

1200

1000

800

600

400

200

01 3 5 7 9 11 13 15 17 19 21 23 25 27 29 31 33 35 37 39 41 43 45 47 49 51 53 55 57 59 61 63

Durée d’apartenance (en années)

Note de lecture : on constate un creux pour les architectes entre 15 et 23 ans d'expérience.

4

La relative stabilité des âges d'entrée et de sortie de l'Ordre Evolution de l'âge moyen des architectes entrant et quittant l'Ordre, 2001-2014

Un tiers des architectes sont inscrits depuis moins de 10 ans. Source : CNOA2001

37,736,4

40,538,4

37,1 37,1 3839,2 38,7

35 36,1

53,1 52,7 53,4 54,155,4 55,1 55,2 55,1 55,2 55,6 56,2 56,3 55 55,07

30

65

2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014

Anné

e

35,6 36 36,6

Quitant l’Ordre

Entrant à l’Ordre

2

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Que la formation continue !

À l’heure où la transition écologique constitue

un enjeu technique majeur, où la crise

économique affecte la commande publique

et privée. Les professionnels de la maîtrise

d’œuvre, se trouvent dans l’obligation

d’interroger collectivement leurs pratiques

professionnelles.

La polyvalence et l’adaptation constitueraient

une première réponse. En effet, comment

résister aux mutations si les acteurs du secteur

ne s’emparent pas de toutes les missions

telles que l’accompagnement à la maîtrise

d’ouvrage, ou encore celles inhérentes aux

opérations de réhabilitation. S’adapter c’est

embrasser les nouveaux codes du travail

collaboratif, multidisciplinaire.

Voilà pourquoi la formation professionnelle

continue est devenue hautement stratégique

pour le secteur de la maîtrise d’œuvre :

facteur déterminant d’employabilité des

salariés et également facteur de pérennité

des organisations sur le long terme.

La réforme de la FPC (formation professionnelle continue) : quels impacts ?

Lesnouveautéspourlessalariés:

leCPFetl’entretienpersonnel

Intervention de Frédéric Lafage, vice-président du

CINOV, chargé des affaires sociales et de la formation

La loi du 5 mars 2014 relative à la formation

professionnelle a réformé en profondeur les

rouages techniques et philosophiques.

Les premiers changements portent sur la

fiscalité et de financement, et cette réforme

concerne essentiellement le droit à la formation

des salariés avec :

● Le remplacement du droit individuel à la

formation (DIF) par le compte personnel de

formation (CPF),

● L’apparition des entretiens professionnels

obligatoire, complémentaires des entretiens

annuels.

Autre changement de poids, les formations

non diplômantes, qui restent finançables

grâce aux plans de formation, ne sont plus

financées dans le cadre des CPF. Désormais,

seules les formations dites qualifiantes,

certifiantes ou diplômantes sont prises en

charge si elles sont inscrites sur « la liste

de branche professionnelle » ou dans les

listes interprofessionnelles nationales et

régionales. Cela nécessite pour le secteur

de l’architecture d’être bien représenté dans

les instances où sont orientés les fonds de

formation !

Si cette réforme a pour ambition première

de sécuriser le parcours professionnel des

Évolutions des formations et des métiers de la maîtrise d’œuvre - les Assises de la Formation à Toulouse

Cette journée a mis en perspective les évolutions des métiers des professionnels de la maîtrise d’œuvre avec les évolutions majeures de la formation professionnelle continue. Cette démarche collaborative et interprofessionnelle visait à identifier les nouvelles compétences métiers et les adaptations à venir à l’occasion de tables rondes et d’ateliers. Nous vous proposons un avant-goût de ces actes en lisant la synthèse des tables rondes de cette première partie de journée.

Ferme oléicole du mas Palat, Gignac (34), 2014, Alain Fraisse arch. © David Giancatarina

Profession26 Cahiers de la profession # 54 - 3e-4e trimestre 2015

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27Cahiers de la profession # 54 - 3e-4e trimestre 2015Profession

salariés, elle est aussi le moyen de renforcer

la culture formation au sein des entreprises.

Ces nouveaux dispositifs (CPF, entretien

professionnel…) doivent être perçus non

comme des contraintes supplémentaires

pour les employeurs, mais avant tout comme

des outils qui permettent de fidéliser et de

motiver davantage les salariés. Ils permettent

surtout aux deux parties de mieux s’adapter

aux évolutions professionnelles que traverse

le secteur du cadre bâti.

L’étatdeslieuxdelaformationpourles

libéraux

Intervention de Gérard Brandely, trésorier du FIF PL

Même s’ils ne sont pas concernés par la

réforme de la formation professionnelle, les

architectes libéraux – qui représentaient 51 %

des architectes inscrits à l’Ordre en 2013,

contre 83 % en 1983* ont vu les conditions de

prise en charge de leurs formations continues

fortement évoluer ces derniers mois.

Chaque architecte libéral s’acquitte d’une

contribution à la formation professionnelle (CFP)

auprès du FIF PL (Fonds interprofessionnel de

formation des professionnels libéraux) qui

fonctionne sur le principe de la mutualisation.

Dans le cas de la branche professionnelle

« cadre de vie », dont dépendent les

architectes, si le fond n’est pas complètement

consommé il est automatiquement reversé

aux autres professions libérales. Ce cas

de figure s’est souvent produit pour les

architectes, ce que regrettait d’ailleurs en

* Chiffres de l’observatoire de la profession d’architecte 2014

2013 le CNOA. Néanmoins les chiffres actuels

montrent un changement notable.

2014 a connu une véritable « explosion »

des demandes en formation - tous secteurs

d’activité confondus -, conduisant à un

fort déséquilibre entre les cotisations

collectées et les fonds engagés. Si cette

situation de surconsommation n’apparaît

pas encore dans la branche « cadre de

vie », le nombre de formations financées

a cependant fortement augmenté**.

Devant l’inflation des demandes, les

organisations professionnelles ont décidé

temporairement de baisser les montants de

prise en charge.

Chiffresclésàretenir

4 % : c’est le nombre des architectes ayant fait

appel au FIF PL en 2013.

3 438 architectes ont bénéficié d’une

formation financée par le FIFPL en 2014,

soit + 41 % par rapport à 2013.

800 € : c’est le montant FIF PL annuel

maximum auquel les architectes libéraux ont

droit depuis juin 2015. Ce montant était de

1 750 Regular en 2014.

La formation comme outil stratégique de développement de compétencesInterventions de Nathalie Perrot architecte, Alphonse

Bérard gérant BET, Berengère Py et Séverine

Verhaeghe CNOA et Frédéric Lafage CINOV

** Se référer au cartouche ‘ chiffres clés à retenir’

Lepointdevuedel’architecte

Pour Nathalie Perrot, cogérante d’une agence

d’architecture toulousaine dans laquelle

elle est associée avec son mari ingénieur,

la formation revêt une grande importance.

Au début de leur association, la formation a

permis d’acquérir les compétences qui leur

faisaient défaut. Ensuite parce que l’agence a

embauché, il a fallu former les jeunes recrues

au gré des projets décrochés.

L’entrée dans un programme de certification

a renforcé cette « culture formation », avec

notamment l’obligation de mettre en place des

entretiens annuels. Depuis, chaque année,

à l’issue de cette revue d’effectif, le Plan de

formation est construit. En plus de contribuer

à la motivation des troupes, l’intérêt de la

formation réside dans le renforcement des

compétences internes et au doublement

de certaines d’entre elles. L’agence a pris

l’habitude de capitaliser les formations

suivies en externes en organisant des

formations en interne qui peuvent d’ailleurs

être financées : ainsi « les personnes formées

forment à leur tour leurs collègues ».

Lepointdevuedubureaud’études

La première chose qu’Alphonse Bernard a

initiée dans sa structure, est la mise en place

de la gestion prévisionnelle des emplois

et des compétences (GPEC). Il a ainsi pu

anticiper les besoins futurs du marché et

les matérialiser dans un Plan de formation

ambitieux complété depuis 2 ans déjà par un

CPF.

Salle de spectacle, Céret (66), 2014, Boyer-Percheron-Assus & associé arch. © Didier Boy de la Tour

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Profession28 Cahiers de la profession # 54 - 3e-4e trimestre 2015

Pour lui, la formation n’est donc pas une

contrainte mais un investissement sur le long

terme. D’ailleurs, l’entreprise n’hésite pas à

consacrer près de 4 % de sa masse salariale à

la formation - allant au-delà des 1,6 % légaux.

Dès lors, toutes les formules de formation sont

sollicitées (du contrat de professionnalisation

au contrat de génération), et le fait qu’elles ne

soient pas intégralement remboursées n’est pas

un frein. De la même manière, si les formations

donnent lieu à des baisses de productivité et

à d’éventuelles renégociations salariales en

interne - jugées déstabilisatrices par certains

-, elles restent très bénéfiques : « notre

anticipation des compétences s’est soldée par

la prise de nouvelles parts de marché ».

LepointdevueduConseilnationalde

l’Ordredesarchitectes

Pour l’Ordre des architectes, représenté par

la conseillère Bérengère Py, la montée en

puissance des compétences par le biais de

la formation continue se situe au cœur de la

réussite des agences. Depuis 2005, l’Ordre

multiplie les actions en ce sens avec pour

objectifs principaux, le déploiement d’une

formation de qualité en adéquation avec

les besoins du terrain et le renforcement

de l’accessibilité à la formation - et plus

particulièrement l’accessibilité géographique.

Dans la perspective d’un meilleur maillage

de la formation sur le territoire, le CNOA a

encouragé les Conseils régionaux de l’Ordre

à se doter d’organismes de formation

indépendants - lorsqu’ils n’en avaient pas - ou

à fortifier ceux déjà existants.

En parallèle, l’Ordre a encouragé la création

du Réseau pour la formation continue

d’architectes (REFC'A) afin de coordonner

et professionnaliser les organismes de

formation en région. À une autre échelle, il

a tenu à instaurer un dialogue constructif

avec des partenaires institutionnels tels

que l’ADEME - notamment dans le cadre du

Plan Bâtiment (FEE Bat) ou plus récemment

du Plan Numérique. La question de la

dématérialisation de la formation avec la mise

en place de MOOC est un point d’actualité.

De manière plus radicale, l’Ordre entend

faire évoluer plus profondément les choses,

en réformant les textes qui encadrent

l’obligation de formation de la profession

d’architecte. Après le règlement intérieur,

c’est le code de déontologie de la profession

qui va se réformer.

LepointdevueduCINOV

Le CINOV construction fait partie des acteurs

qui aident les entreprises à franchir le pas

de la formation, car « lorsqu’on envoie des

salariés se former, ils ne produisent pas ! »

Il s’agit notamment de soutenir financièrement

les entreprises qui voient un de leurs salariés

partir en formation continue de longue

durée (au moins plus de 70 heures). On leur

propose alors une aide dédiée au tuteur

(150 euros/mois pendant 3 à 6 mois) et/ou

une aide permettant d’amortir le différentiel

entre le montant de prise en charge octroyé

à l’entreprise et le coût final (somme pouvant

varier entre 4 à 5 euros par heure de formation).

Autre point de levier pour doper la formation,

le CINOV développe des actions collectives

nationales : définies par typologie de métier

(formations internes ou intra entreprises),

leurs frais peuvent être remboursés à 100 %

sans être prélevés sur les fonds spécifiques

des entreprises adhérentes.

Le financement de la formationChristophe Yuen, co-responsable des affaires

juridiques et sociales à l’UNSFA, siégeant à

la CPNEFP et Fabrice Roussel, Uniformation.

La loi du 5 mars 2014 et l’accord du 12 mars

2015 ont chamboulé la fiscalité relative à la

formation professionnelle.

L’effort de financement fait maintenant appel

à une contribution moins importante (pour

une collecte moins importante), adaptée à

la taille des entreprises et collectée en une

fois par un seul organisme, l’OPCA. Il modifie

également l’orientation des fonds. En effet,

si jusqu’en 2014, un peu plus de la moitié

des fonds collectés au titre de la formation

professionnelle (soit 0,9 % sur les 1,6 % de la

masse salariale des entreprises concernées)

servait au financement des Plans de

formation, la nouvelle fiscalité va amenuiser

cette partie. Pour les structures de plus de

10 salariés, ce taux va s’abaisser à 0,2 (voire

0,1 % selon leur taille) et la part réservée au

Plan de formation va même être supprimée

pour les structures de plus de 300 salariés.

Pour autant, si la baisse de la fiscalité

légale - qui peut d’ailleurs être compensée

par des obligations professionnelles de

branche - constitue le changement majeur,

dans les faits, c’est la perte de visibilité qui

dérange les entreprises. Alors que jusqu’ici

les entreprises connaissaient à l’avance les

droits à formation auxquels elles pouvaient

prétendre (en fonction de leur cotisation),

aujourd’hui ce n’est plus tout à fait le cas. La

formation entre dans une nouvelle logique

financière.

Remerciements au comité de rédaction de ces

Assises, au Pôle Formation Midi-Pyrénées et

plus particulièrement à Anne Péré, Sandrine

Giner et Echocité n

Les interventions et ateliers de l’après-midi

ont permis de faire des prospectives sur

les futurs besoins en formation, venez les

découvrir dans les actes complets sur

www.architectes.org

Villa tranquille, Tressan (34), 2015, Artelbo arch. © MC Lucat

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Publi-reportage 29Cahiers de la profession # 54 - 3e-4e trimestre 2015

De nouveaux critères

Depuis 2006, la Loi avait déjà imposé des

garanties planchers. Désormais, les contrats

devront aussi prévoir des plafonds de

remboursement instaurés dans un objectif de

maîtrise des dépassements d’honoraires et

des tarifs en optique.

La prise en charge des dépassements

d’honoraires des praticiens qui n’adhérent

pas au Contrat d’Accès aux Soins (CAS) est

plafonnée à 125 % du tarif de responsabilité

(100 % à partir de 2017) et doit être inférieure

d’au moins 20 % à celle des dépassements

d’honoraires de médecins adhérents au CAS.

Pour les frais d’optique : les garanties qui

prévoient une prise en charge au-delà du

ticket modérateur, doivent respecter, par

période de deux ans et selon les corrections,

six combinaisons de planchers (50 à 200 €)

et de plafonds (470 € à 850 €) dont 150 €

pour la monture.

Des garanties minimales : prise en charge

de l’intégralité du ticket modérateur sur

l’ensemble des dépenses de santé y compris

les actes de prévention (sauf cure thermale,

médicaments pris en charge à 15 ou 30 %

et homéopathie), du forfait journalier

hospitalier pour une durée illimitée, et d’un

forfait de 18 € pour les actes coûteux.

Une application progressive

Le principe Ces dispositions s’appliquent

à tous les nouveaux contrats souscrits ou

renouvelés le 1er avril 2015.

Des exceptions La DSS distingue le sort des

contrats collectifs obligatoires, qui peuvent

bénéficier d’une période transitoire, de celui

des contrats individuels ou collectifs facultatifs.

Les contrats individuels ou collectifs facultatifs

Un contrat conclu ou renouvelé avant le

1er avril 2015, doit être mis en conformité d’ici

sa prochaine échéance. Un contrat conclu

ou renouvelé après le 1er avril 2015, doit

appliquer les nouveaux critères dès sa prise

d’effet.

Les contrats collectifs obligatoires

Les actes fondateurs des régimes Frais de

santé (Décision unilatérale, référendum,

accord collectif ) conclus ou modifiés avant le

19 novembre 2014, bénéficient d’une période

transitoire jusqu’au 31 décembre 2017.

Si l’acte est conclu ou modifié après le

19 novembre 2014, l’employeur doit se

mettre en conformité :

● au prochain renouvellement du contrat

d’assurance (en général le 1er janvier

2016), si ce contrat intègre les nouvelles

dispositions avant le 1er avril 2015 ;

● sans délai, si le contrat d’assurance

intègre les nouveaux critères après le

1er avril 2015.

Attention La DSS définit de manière très exten-sive la notion de modification de l’acte fondateur, en retenant toutes les modifications y compris celles résultant d’une mise en conformité avec la réglementation (ex : portabilité).

Quels impacts pour les employeurs qui ne respectent pas ce nouveau cahier des charges ?

À défaut de respecter ce nouveau cahier des

charges, les avantages sociaux et fiscaux

qui se rattachent aux contrats collectifs

obligatoires sont supprimés et le montant de

la taxe sur les contrats d’assurance (TSCA)

est doublé (de 7 % à 14 %).

Les employeurs doivent donc vérifier s’ils

peuvent ou non prétendre au bénéfice d’une

période transitoire, en étant attentifs à toute

modification de l’acte fondateur, après le

19 novembre 2014. Ils doivent aussi examiner

le contenu de leurs régimes frais de santé

afin d’engager rapidement, si nécessaire, des

négociations pour le modifier.

http://accord-de-branche.humanis.com/ Rubrique « Architectes » Renseignements : lundi au vendredi de 9 heures à 19 heures.

www.malakoffmederic.com/entreprises/conventions-collectives.htmRubrique « Architecture et maîtrise d’œuvre en bâtiment ».

Nouvel office de tourisme, La Grande Motte (34), 2013, Robin & Carbonneau arch. © architecte

Le nouveau cahier des charges des contrats responsables

En application de la Loi de Financement de la Sécurité sociale 2014, qui a renforcé la réglementation des contrats « responsables », un décret du 19 novembre 2014 et une circulaire de la Direction de la Sécurité Sociale (DSS) du 30 janvier 2015 détaillent les nouvelles modalités de prise en charge à respecter pour qu’un contrat complémentaire santé soit qualifié de « responsable » et bénéficie d’avantages sociaux et fiscaux.

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InfoDoc30 Cahiers de la profession # 54 - 3e-4e trimestre 2015

La sensibilisation est un engagement pour la création architecturale

Reste à définir le contenu de la sensibilisation,

ses formes et ses moyens dans le contexte

d’un territoire et de représentations en

cours de bouleversement. Les Maisons

de l’architecture, quels que soient leur

histoire et leur territoire, ont en commun

de rassembler des femmes et des hommes

généreux et désintéressés dont l’objectif est

de « transmettre » une culture de l’espace, de

l’aménagement, de l’architecture.

Ils le font pour que les donneurs d’ordre et les

citoyens se saisissent d’une connaissance qui

n’est pas enseignée bien qu’elle touche au

quotidien, à la nécessité et au bien-être. Leur

objectif est de permettre à tous les publics de

comprendre les lieux de notre vie, le « déjà

là » et sa transformation, afin de pouvoir

intervenir sur qui est, va ou peut advenir.

Si d’André Malraux à Jack Lang, au travers

du « Patrimoine » l’impératif de transmettre

une culture, une histoire a fini par paraître

comme quelque chose allant de soi, cette

vision est pourtant largement démentie par

les faits pour ce qui concerne l’architecture

contemporaine. La reconnaissance de la

création contemporaine n’est pas seulement

une question de connaissance, il s’agit d’une

connaissance partagée qui n’existe donc pas

sans lien social2. Autrement dit, il n’y a pas

de qualité urbaine sans exigence populaire,

aussi est-il nécessaire de construire des

concepts susceptibles de produire des

consensus sociaux suffisamment larges pour

que la création architecturale contemporaine

trouve une place légitime dans la société.

La transmission du « nouveau » se heurte

toujours à des acquis auxquels le plus grand

nombre d’individus semble tenir par-dessus

tout. Le « nouveau » en se substituant à

« l’ancien » semble constamment mettre en

péril des certitudes précieuses. Le nouveau

exige toujours une dépense psychique

supérieure et engendre une attente anxieuse.

À l’inverse, l’ancien par l’inscription dans une

généalogie culturelle rassure. Elle s’oppose

également au traitement que les hommes

politiques font de la question de l’« étranger »

et de la prétendue « tradition » qu’ils se

contentent jusque-là de lui opposer et de

lui imposer.3 La transmission de la culture

La Stratégie nationale pour l’architecture, présentée le 20 octobre 2015 par Fleur Pellerin, ministre de la Culture et de la Communication à l’ENSA de Paris Belleville place « la sensibilisation » et le

développement de la connaissance de l’architecture au tout premier rang des six axes retenus. Un « événement annuel et national célébrant l'architecture » est envisagée dès l’automne 2016. Une « journée nationale de l'architecture dans les classes » sera testée en primaire à titre expérimental au cours de l’année scolaire 2016-2017, dans une région pilote en partenariat avec les DRAC et les rectorats. Un document de « sensibilisation aux formes et à l’espace » sera publié à l’attention des enseignants. Les Maisons de l’architecture (MA)1 ont déjà mis en place de telles initiatives sur l’ensemble du territoire français et autres territoires francophones. Elles se félicitent de voir les CAUE, ENSA, AUE, VPAH et quelques autres institutions prendre place dans une démarche concertée. La sensibilisation de tous les publics et de l’ensemble des acteurs publics et privés de la construction, initiée depuis des décennies par les Maisons de l’architecture se trouve désormais reconnue au rang de politique publique et prend ainsi un caractère officiel. La sensibilisation est un engagement pour la création architecturale

Sensibiliser ! S’engager ! avec le Réseau des maisons de l'architecture

Groupe scolaire, La Colle-sur-Loup (66), 2013, Boyer-Percheron-Assus & associé arch. © Didier Boy de la Tour

1 Suivre leurs actions sur www.archipedagogie.org 2 Bernard Toulier, conservateur du patrimoine (DGP), « les patrimoines du XX° siècle », actes du séminaire national de I.N.H.A (Institut National d’Histoire de l’Art), 2005

3 J. Hassoun, Les contrebandiers de la mémoire, éd. Paris, Syros, 1994

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InfoDoc 31Cahiers de la profession # 54 - 3e-4e trimestre 2015

contemporaine est ainsi à contre-courant

de la manière dont est aujourd’hui traitée

l’information véhiculée principalement par

des images et des propos aussi fugitifs et

foisonnants qu’envahissants.

Transmettre, ne peut donc se passer de

pédagogie, c’est donner les clefs pour

analyser, comprendre, formuler un avis et

mettre celui qui « reçoit » en position d’agir

sur son environnement. C’est cet effort que

portent les Maisons de l’architecture dans une

démarche inédite et indépendante de tous les

pouvoirs ; nous appelons tous les architectes

à s’y engager et à apporter leur contribution.

Se transformer avec le territoire

La Stratégie nationale pour l’architecture va se

déployer dans un contexte de bouleversement

des territoires administratifs. Les régions se

réunissent, les communes se rassemblent,

des communautés et des métropoles se

forment. Cette évolution administrative

accompagne un mouvement qui de 1870 à

nos jours a vu la population française passer

de 70 % de ruraux à 70 % de citadins. Dans

ce début de XXI° siècle le nombre des citadins

est supérieur à la totalité de la population

en 1950. Les territoires, paysages naturels

fécondés par la culture, se transforment

selon des processus semblables et aux

effets communs ; les métropoles croissent,

s’étalent, s’élèvent, se complexifient ; les

territoires ruraux quant à eux subissent des

mutations erratiques.

Pourquoi et comment vivons-nous dans

ces territoires ? Sait-on les reconnaître,

les décrire, les interpréter ? Les aimons-

nous en sachant pourquoi ? Les détestons-

nous par impuissance à les comprendre

ou à les transformer ? Comment se forgent

notre compréhension et nos convictions

émotionnelles de l’espace ? Les acteurs de

ces mutations sont à l’œuvre mais qui sont-

ils ? Comment et avec qui prennent-ils leurs

décisions ? Quels sont leurs motivations et

leurs objectifs ? Comment agir ?

Répondre sérieusement à ces questions exige

compétence, rigueur, moyens et indépendance.

Le territoire administratif réorganisé transfor-

mera avec lui la spatialisation des institutions

qui concernent l’architecture (MA., CROA, ENSA,

STAP, CAUE, VPAH…). Certaines Maisons de

l’architecture, aujourd’hui associées à d’autres

institutions, CROA, DRAC, CAUE, vont devenir

orphelines par le mouvement qui s’opère vers

les métropoles chefs-lieux. Leur survie pour

conserver un maillage culturel est un enjeu

inédit qui s’ajoute à la recherche toujours plus

difficile de financement tant public que privé et

à la demande de reconnaissance par l’État et les

collectivités. Sera-t-on encore à la bonne place

ou faut-il se déplacer ? Suivre le mouvement de

regroupement ou s’ancrer dans les lieux pour

ne pas disparaître ? La réponse est double, il

faut mailler le territoire homothétiquement à

sa transformation et conforter sa place dans

les grands pôles urbains.

Nos ambitions pour 2016

C’est, conscient de ces nécessités nouvelles,

que le Réseau des maisons de l’architecture a

considéré prioritaire de renouveler le diagnostic

2010-2015 des MA. Ce nouvel « Observatoire »

témoignera de la vigueur et de l’étendue des

actions des Maisons de l’architecture sur

leurs territoires, il identifiera également leurs

ressources, les disparités de traitement, les

stratégies et bonnes pratiques à mettre en

commun.

Le Réseau, dans le même esprit, a lancé un

appel à projets des MA, qui va permettre de

soutenir des actions que des associations

isolées ne pourraient pas porter : une

méthodologie de travail pour construire

l’action nationale de l'architecture dans les

classes » ; le développement d’applications

internet permettant de présenter sur

« smartphone » des parcours de découverte

de l’architecture et des territoires ; la

constitution d’une base nationale de

données cinématographique et vidéo ; une

mise en cohérence de créations communes

à plusieurs MA, la description de territoires

d’échelles spécifiques (le littoral ou

l’architecture du bord de l’eau) ou des

manifestations sur des sites multiples.

L’aboutissement de ces projets permettra au

Réseau, d’organiser à l’automne prochain, à

Nantes, un événement commun à toutes les

Maisons de l’architecture et à ses partenaires

et célébrera les nouvelles voies pour la

création architecturale contemporaine.

Les 32 MA membres du Réseau seront

également et évidemment au premier rang

pour l’organisation d’un « événement annuel

et national célébrant l’architecture » comme

pour la « journée nationale de l’architecture

dans les classes » initiées par la Stratégie

nationale pour l’architecture.

Dominique TESSIERPrésident du Réseau des maisons de l'architecture

Réseau des maisons de l’architecture

[email protected]

et www.archicontemporaine.org

Et aussi …Architectes, montrez vos réalisations de logements collectifs et sociaux au MIPIM du 15 au 18 mars 2016

Pour la deuxième année consécutive, le

Conseil national de l’Ordre sera présent sur

un stand, aux côtés de l’AFEX et de la MAF

dans l’espace réservé par le ministère de la

Culture, à proximité des espaces animés par

les architectes allemands et à deux pas du

Pavillon présentant les projets du « Grand

Paris ».

Le MIPIM 2016 est organisé sur le thème

« Housing the world », un thème auquel les

architectes ne peuvent qu’être sensibles. Le

Conseil national souhaite mettre l’accent

sur les programmes de logements sociaux.

Le Réseau des maisons de l’architecture

s’associe à cette démarche et vous

propose de publier vos réalisations

sur www.archicontemporaine.org afin

que les bâtiments qui s’inscrivent dans

ces programmes soient mis en avant.

(Parmi les mots-clés qui doivent figurer

dans vos textes de présentation: logements

sociaux-intermédiaires-résidences sociales-

foyers d'accueil-centres d'hébergement).

Un écran vidéo montrera les réalisations

d’architectes français en matière de logement

collectif et social.

Publiez vos réalisations avant le 31 janvier

pour que les photos soient extraites et

visionnées au MIPIM.

Le ministère de la Culture présentera une

sélection des lauréats des AJAP depuis 1980

ainsi que les grands prix de l’architecture.

À l’occasion du MIPIM, l’AFEX annoncera

la liste des 10 réalisations retenues pour le

grand Prix AFEX qui récompense tous les deux

ans la construction d’un bâtiment réalisé par

un architecte français à l’étranger.

Palmarès grand public Archicontemporaine

Une 3e édition sera organisée fin 2016 et

sera suivie d’une exposition itinérante qui

débutera à la Cité de l’architecture et du

patrimoine à Paris, grâce au partenariat

établi entre la Cité et le Réseau. Une

motivation supplémentaire pour continuer

à enrichir www.archicontemporaine.org

Page 32: Dossier : la loi Transition énergétique n · 2015-12-21 · numériques. Smart city et autres villes connectées et parfois privatisées, ne peuvent être les modèles de la ville

InfoDoc32 Cahiers de la profession # 54 - 3e-4e trimestre 2015

L’Ordre des architectes lance « Architectes pour tous », un ser-

vice Internet de mise en relation géolocali-sée entre maîtres d’ouvrage et architectes. Déjà expérimenté en Alsace, en Champagne-Ardenne, en Bourgogne et en Franche-Comté, il va être étendu à l’ensemble de la France début 2016.

Soyez présents vous aussi sur « Architectes

pour tous » . Présentez votre agence et vos

projets !

Dès maintenant, créez votre profil !

● Depuis le 2 novembre : vous pouvez préparer

votre Book « Architectes pour tous »,

présenter vos projets et votre agence.

● Janvier 2016 : ouverture au public ; les

books deviennent visibles pour tous, et le

service de mise en relation géolocalisé est

lancé.

Qu’est-ce qu’ “Architectes pour tous” ?

“Architectes pour tous” est un site Internet qui

s’adresse aux particuliers, aux professionnels et

aux collectivités à la recherche d’un architecte.

À partir de quelques informations fournies

par le futur maître d’ouvrage sur son projet,

« Architectes pour tous » lui propose une

carte qui géolocalise ,

● Des réalisations architecturales similaires

à son projet,

● Des agences d’architecture réalisant des

projets similaires.

Le maître d’ouvrage peut ensuite se rendre

sur la fiche de chacune des agences qui

l’intéresse, consulter leurs réalisations et

prendre contact avec elles.

Pourquoi être présent sur « Architectes pour tous » ?

Tous les architectes ont intérêt à être présents

sur « Architectes pour tous » :

« Architectes pour tous » guide les maîtres

d’ouvrage et les particuliers vers les

architectes dont ils ont besoin pour leur

projet. Avec « Architectes pour tous »,

vous bénéficiez d’une visibilité et d’un

référencement accrus !

Plus nombreux seront les architectes sur

« Architectes pour tous », plus le service sera

utile aux maîtres d’ouvrage et aux particuliers.

Et plus il deviendra LA RÉFÉRENCE !

À l’heure où fleurissent sur Internet les sites

les plus fantaisistes proposant prestations,

plans, et mises en contacts, « Architectes

pour tous » offre aux maîtres d’ouvrage

et aux particuliers une base unique de

professionnels compétents avec toutes

les garanties de l’Ordre des architectes.

« Architectes pour tous » est un service

totalement gratuit (pour les architectes comme

pour les maîtres d’ouvrage et les particuliers)

et l’Ordre communiquera largement sur cet

outil auprès d’eux.

Comment être présent sur « Architectes pour tous » ?

Créer son « book » sur « Architectes pour

tous » est très simple et ne demande aucune

compétence technique.

Reportez-vous au mode d’emploi :

www.architectes.org/architectes-pour-tous-

mode-d-emploi

Vous disposiez déjà d’un portfolio sur le site

www.architectes.org ? Les contenus de ce

portfolio sont repris et refondus dans le nouveau

book. Pensez à mettre vos informations à jour !

Vous étiez déjà inscrit sur la version régionale

de « Architectes pour tous » ? Vos données

sont reprises et refondues dans le nouveau

book. Pensez à mettre vos informations à

jour ! n

Allez à la rencontre des maîtres d’ouvrage sur “Architectes pour tous” !

Grotte de la Salamandre, Saint-Privat de Champclos (30), 2013, Jean-François Daures arch. © SAS Grande Salamandre