dossier de presse · spécialiste de la construction en bois et de l’architecture écologique,...

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dossier de presse Par Dominique Gauzin-Müller Diplômée de l’école d’architecture Paris-Tolbiac dans l’atelier de Roland Schweitzer, Dominique Gauzin-Müller vit à Stuttgart depuis 1986. Spécialiste de la construction en bois et de l’architecture écologique, elle partage son enthousiasme pour ces sujets lors de nombreuses conférences en France et à l’étranger. Elle collabore à plusieurs maisons d’éditions et travaille régulièrement avec des revues européennes : D’Architectures, Techniques et Architecture, L’archittetura naturale, La maison écologique, Archi Créé, Séquences bois, Le Moniteur des travaux publics, Detail, Deutsche Bauzeitung... Les derniers livres qu’elle a publiés aux Editions du Moniteur ont été traduits en plusieurs langues : Construire avec le bois (1999), L’architecture écologique (2001), 25 maisons en bois (2003) et 25 maisons écologiques (2005). Son prochain ouvrage sera dédié à l’exception culturelle du Vorarlberg et à ses acteurs. Dominique Gauzin-Müller est professeur associée à l’Ecole d’architecture de Nancy, où elle enseigne sur le thème “Développement durable et équitable dans l’architecture et l’urbanisme”. Vers une architecture et un urbanisme durables, écologiques et solidaires vendredi 8 décembre 2006 à 18 heures 30 Parc des Expositions - La Roche-sur-Foron dans le cadre de Natureva Le salon Bio des Alpes

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dossier de presse

Par Dominique Gauzin-Müller

Diplômée de l’école d’architecture Paris-Tolbiac dans l’atelier de Roland Schweitzer, Dominique Gauzin-Müller vità Stuttgart depuis 1986. Spécialiste de la construction en bois et de l’architecture écologique, elle partage sonenthousiasme pour ces sujets lors de nombreuses conférences en France et à l’étranger.

Elle collabore à plusieurs maisons d’éditions et travaille régulièrement avec des revues européennes :D’Architectures, Techniques et Architecture, L’archittetura naturale, La maison écologique, Archi Créé,Séquences bois, Le Moniteur des travaux publics, Detail, Deutsche Bauzeitung...

Les derniers livres qu’elle a publiés aux Editions du Moniteur ont été traduits en plusieurs langues : Construireavec le bois (1999), L’architecture écologique (2001), 25 maisons en bois (2003) et 25 maisons écologiques(2005). Son prochain ouvrage sera dédié à l’exception culturelle du Vorarlberg et à ses acteurs.

Dominique Gauzin-Müller est professeur associée à l’Ecole d’architecture de Nancy, où elle enseigne sur le thème“Développement durable et équitable dans l’architecture et l’urbanisme”.

Vers une architecture et un urbanisme durables, écologiques et solidaires

vendredi 8 décembre 2006 à 18 heures 30Parc des Expositions - La Roche-sur-Foron

dans le cadre de Natureva Le salon Bio des Alpes

““

Pourquoi est-il urgent d’agir ?

L’intégration des principes d’un développement durable etéquitable dans notre vie quotidienne et professionnelle estune chance pour nous tous. La démarche environnemen-tale met en valeur le patrimoine naturel et bâti ainsi que larichesse humaine, culturelle et économique d‘une ville,d’une région ou d’un pays. Elle impose cependant unchangement sensible de nos comportements, une remiseen cause de pratiques routinières et une nouvelle manièrede concevoir notre cadre de vie. L’architecte PhilippeMadec le précise avec justesse : "Le développement dura-ble porte non pas sur une évolution des habitudes, mais surune révolution dans la manière de réfléchir puis d'agir."

Le développement durable : enjeux et objectifsLe développement durable est un phénomène de sociétéplanétaire qui touche le bâtiment, bien sûr, mais aussi lesautres secteurs d’activités : santé, enseignement, agricul-ture, commerce etc. L’enjeu majeur est la préservation de laqualité de vie des générations futures. Les objectifs sont àla fois : le bien-être des enfants, des femmes et des hom-mes sur l’ensemble de la planète, une répartition plus équi-table des richesses entre pays émergents et industrialisés,le respect du milieu naturel et des écosystèmes, la fin dugaspillage des matières premières, la réduction des gaz àeffet de serre et la maîtrise des déchets. La réussite de cedéfi demande la participation de chacun, quels que soientson âge, sa nationalité et son domaine d’activité. Dans lesecteur du bâtiment, les solutions doivent s’appliquer demanière interactive à plusieurs échelles : l’aménagement duterritoire, les opérations d’urbanisme et la construction desimmeubles.

La démarche environnementale : des approches multiplesL’avance des pays scandinaves et germaniques dans ledomaine de la démarche environnementale s’explique parleur manière pragmatique d’aborder un sujet complexe. Au-delà des objectifs à long terme fixés par l’ONU et parl’Union européenne, ils se donnent des buts réalistes àcourt terme et avancent pas à pas en profitant du retourd’expérience à chaque étape, ce qui permet de tirer l’en-semble du secteur vers le haut. Ce principe du bottom upest favorisé par une longue culture « écologiste » et par lastructure fédérale des états. L’Allemagne se concentre surles économies d’énergie, avec des valeurs chiffrées ambi-tieuses : consommation de chauffage inférieure à 64kWh/m_/an pour de l’habitat neuf dans la réglementationthermique de 2002, inférieure à 15 kWh/m_/an pour l’ob-tention du label Habitat passif. Le reste se met en placenaturellement sous la pression de la population, prête àinvestir dans des produits sains et des équipements écono-mes en eau et en énergie, et avec le soutien des industriels,qui proposent des installations techniques et des compo-sants de plus en plus performants.

Faut-il normaliser la démarche ?En France, où le pouvoir des décideurs politiques et desgrandes entreprises est centralisé, on applique plutôt leprincipe du top down : une « élite », souvent déconnectéedes réalités du terrain, impose des mesures trop technocra-tiques pour motiver vraiment les acteurs du bâtiment. Les14 cibles HQE® peuvent servir de base à la réflexion, maisla juxtaposition de réponses pertinentes à des objectifsspécifiques n’est pas toujours juste. Pour normaliser ladémarche, d’autres pays ont développé des grilles à points,comme la Breeam en Angleterre ou l’Ecopass dans leVorarlberg. Contrairement à l’approche HQE® française,qui ne certifie que la démarche, ces grilles sont basées surdes objectifs quantifiés avec une obligation de résultat. Aces mesures objectives s’ajoute une dimension humaine

qui est l’âme du développement durable. La démarcheenvironnementale est donc avant tout une synthèse créa-trice qui englobe des préoccupations sociales, culturelles,écologiques et économiques, les quatre piliers d’un déve-loppement durable et équitable.

Vers un urbanisme durable

Un des problèmes majeurs de la planète est l’augmentationde la population, multipliée par quatre en un siècle, et saconcentration dans des zones urbaines de plus en plusétendues. Ce phénomène exige une gestion plus sensibledes sols et du patrimoine et la recherche de nouveauxmodèles, surtout dans le secteur résidentiel.

Les problèmes : mitage du paysage, gaspillage de l’éner-gie, pollutionConséquence de l’exode rural qui a commencé au débutdu 20ème siècle, 50 % de la population mondiale et 75 %de la population européenne vit en ville. Cette urbanisationgalopante a de nombreuses conséquences néfastes pourl’homme et la nature. Une des plus graves est l’augmenta-tion des déplacements, donc de la consommation d’éner-gie et des émissions de gaz à effet de serre ; l’autre sourcede problèmes est liée aux bâtiments. Les chiffres parlentd’eux-mêmes. Consommation d’énergie : bâtiment 46 %,transport 24 %. Emissions de CO2 : transports 28 %, bâti-ment 25 %, avec une tendance nettement à la hausse.L’étalement urbain a des conséquences à la fois écologi-ques et économiques : le tourisme est une des principalesressources de notre pays et les étrangers sont surtout atti-rés par la diversité et la beauté de nos paysages. Il esturgent d’agir pour les préserver et d’encourager un tou-risme « vert », plus respectueux du milieu naturel !

Comment lutter contre l’étalement urbain ?Ralentir l’étalement urbain est culturellement difficile : 80 %de la population rêve d’une maison individuelle sur unegrande parcelle. Le premier pas, c’est de renoncer à unpavillon de banlieue au profit d’une maison mitoyenne, d’unhabitat intermédiaire ou d’un logement dans un petit collec-tif avec des dépendances et des espaces extérieurs. Ilexiste d’autres alternatives : construire une deuxième mai-son sur une parcelle, agrandir les bâtiments existants grâceà une extension accolée, à l‘aménagement des combles oul‘ajout d‘un étage, par exemple avec une structure légère enbois. Toute transformation de l’existant doit bien sûr êtreaccompagnée de mesures pour économiser l‘énergie ! Unrenouvellement urbain éco-soutenable se traduit par le rem-plissage des dents creuses, par la densification des îlotsexistants et la restructuration des friches militaires, indus-trielles ou ferroviaires en ZAC combinant habitat, travail etservices. Plusieurs quartiers écologiques européens sontreprésentatifs de cette « ville compacte », conçue en res-pectant l’indispensable mixité sociale. Le plus convaincantest le quartier Vauban à Fribourg, capitale écologique del’Europe.

Comment réduire l’effet de serre ?Réduire les émissions de gaz à effet de serre, c’est d’abordlimiter le trafic automobile en faisant appel au sens civiquede la population. Dans ce domaine, les mesures sont nom-breuses et variées : favoriser la « ville des courts chemins »en rapprochant habitat et travail et en prévoyant dans lesquartiers résidentiels des écoles et des services de proxi-mité ; inciter les usagers à l’auto-partage, au co-voiturageet à l’utilisation des transports en commun (métros, bus,tramway) par la mise en place de tarifs et d’horaires attrac-tifs. On peut aussi encourager enfants et adultes à sedéplacer à pied ou en vélo, au moins sur de courts trajets,en réduisant la vitesse des véhicules, en étendant les zones

piétonnes et en construisant des pistes cyclables (300 kmà Fribourg, plus un parking vélo de 1 000 places près de lagare, pour favoriser l’intermodalité). Réduire les émissionsde gaz à effet de serre, c’est aussi minimiser les besoins enénergie dans les bâtiments. De nombreux logementsanciens, peu ou pas isolés, consomment chaque annéepour le chauffage et la climatisation 250 à 350 kWh/m_,alors qu’il existe aujourd’hui des milliers de bâtiments quin’ont besoin que de 15 kWh/m_/an (label Habitat Passif) etd’autres qui produisent plus d’énergie qu’ils n’en consom-ment (maisons à énergie positive à Fribourg et à Bedzed).

Privilégier les énergies renouvelablesA l’horizon 2050, sans doute plus tôt si la croissance de laChine et de l’Inde continue sur sa lancée, la plupart dessources d’énergie fossiles seront épuisées. Il est doncgrand temps de trouver des alternatives ! A l’échelle de laville, les responsables politiques peuvent privilégier les éner-gies renouvelables : champs d’éoliennes pour alimenter unport ou une zone industrielle, centrales de chauffage à labiomasse pour un quartier. D’autres techniques sont bienadaptées à l’échelle des bâtiments : capteurs solaires pourl’eau chaude sanitaire, pompes à chaleur, chaufferie aubois, cellules photovoltaïques etc. Des subventions peuventinciter particuliers et collectivités à les utiliser.

De l’urbanisme durable à l’architecture écologique

L’architecture écologique est basée sur un équilibre entretradition et modernité, entre low-tech et high-tech. EnEurope, les exemples les plus convaincants se trouventautour du lac de Constance et en particulier dans leVorarlberg. Respectueux de leurs traditions, fiers de leursproduits et de leurs savoir-faire locaux, mais ouverts aumonde et aux progrès technologiques, les habitants de cepetit land autrichien vivent au quotidien une exception cul-turelle qui s’appuie sur le pragmatisme, la sobriété et laconfiance.

Réduire les besoins en énergieLes concepteurs de l’architecture écologique commencentpar réduire les besoins en énergie en appliquant les princi-pes bioclimatiques, dictés à nos ancêtres par une bonneconnaissance du site et du climat local, et complètent avecdes installations techniques très performantes. Plusieursmesures ne coûtent que du bon sens : une implantation etune orientation permettant de profiter des apports solairesgratuits ; une isolation renforcée de l‘enveloppe et des élé-ments massifs apportant une inertie thermique ; l’utilisationde la végétation comme rideau naturel et des protectionssolaires pour éviter les surchauffes. L’organisation desespaces et la disposition des ouvertures peuvent favoriserla ventilation naturelle en créant une dépression qui attirel’air frais du nord vers les zones exposées au sud. Autantde solutions astucieuses, bien moins chères que la climati-sation, à (ré)inventer !

Maîtriser le cycle de l’eauSur l’ensemble de la planète, l’eau potable devient de plusen plus précieuse et il est urgent de la réserver aux emploisoù elle est indispensable. L’alternative au niveau desconstructions est de récupérer l’eau de pluie tombant sur latoiture, de la filtrer et de l’utiliser pour l’arrosage des espa-ces verts, les chasses d’eau des toilettes et le nettoyage. Al’échelle de la ville, les mesures favorisant la maîtrise ducycle de l’eau sont nombreuses et variées : reverdir leszones urbanisées en respectant la biodiversité et en privilé-giant les essences locales ; profiter de l’aménagementd’espaces verts pour traiter naturellement les eaux grisespar lagunage avec des plantes spécifiques ; planter lescœurs d’îlots et les zones de stationnement ; végétaliser les

toitures terrasse (une mesure obligatoire dans plusieurs vil-les allemandes). La lutte contre les inondations passe aussipar la minimisation de l’imperméabilisation des sols, afin depermettre à l’eau de pluie d’alimenter la nappe phréatique.En Allemagne, l’infiltration de l’eau de pluie sur la parcelleest obligatoire dans de nombreux quartiers.

Préserver les matières premièresLes exigences de « confort » augmentant sans cesse, cheznous comme dans les grands pays émergents, les ressour-ces naturelles s’épuisent et il est urgent que l’ensemble dela population prenne conscience de la finitude des ressour-ces. Dans le bâtiment, gérer économiquement les matièrespremières, c’est à la fois : utiliser le bois et les autres maté-riaux de construction renouvelables, ou à défaut des pro-duits recyclables ou recyclés, économiser la matière etcombiner les matériaux pour profiter des avantages de cha-cun. Bien sûr, il faut utiliser avec parcimonie les matériauxproduits à partir de ressources fossiles et ceux dont lecontenu énergétique est très élevé. Mais ce qui est vrai-ment écologique, c’est d’utiliser la juste quantité du bonmatériau au bon endroit !

N’utiliser que des matériaux sans risque pour la santéLes habitants des pays industrialisés passent en moyenne80 % de leur journée à l’intérieur des bâtiments : habitat,lieux de travail, écoles, salles de sports, commerces. Laqualité de l’air intérieur a donc une influence directe sur leursanté. Elle peut être altérée par la pollution atmosphérique,lors du renouvellement d’air, et par les émissions nocivesissues des matériaux de construction et des produits utili-sés par les usagers (mobilier, vêtements, détergents, aéro-sols). Le danger n'implique pas toujours le risque et la pré-sence dans le bâti d'agents chimiques, physiques ou biolo-giques dangereux n'entraîne pas obligatoirement une expo-sition des usagers, dont la réaction est variable selon leurâge et leur état physique et moral. Pour garantir santé etconfort, il faut cependant appliquer le principe de précau-tion et donner la préférence à des matériaux n’émettant pasde substances toxiques : bois sans traitement chimique,finitions à base de produits naturels etc.

Combien coûte la démarche environnementale ?Bien sûr, certaines mesures écologiques ont un coût, maisl’anticipation des problèmes est beaucoup moins chère(socialement et financièrement) que la correction deserreurs du passé. Les nombreux décès liés à l’amiante, ausaturnisme et à la légionellose nous le montrent malheureu-sement chaque jour ! La démarche environnementale s’ap-puie sur le long terme. Elle est basée sur une approche encoût global prenant en compte à la fois le coût d’investisse-ment d’une opération et tous les coûts induits : fonctionne-ment (chauffage, eau, électricité), entretien, maintenance,démolition en fin de vie et même dépollution des sols etremise en état du site, une mesure souvent très onéreuse. Mais réaliser un bâtiment écologique n’a de sens que si lesusagers adhèrent à la démarche et la prolongent.Conscients de leur responsabilité citoyenne, maîtres d’ou-vrage, maîtres d’oeuvre, industriels, entrepreneurs et utilisa-teurs doivent unir leurs efforts pour trouver ensemble dessolutions originales, créatives et généreuses !

Dominique Gauzin-Müller6 novembre 2006

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