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DOSSIERDEPRESSE

Sapinhaut,uneboufféed’airfolk|1

SOMMAIRE

PITCH 2

RESUME 3

INTERVIEWDUREALISATEUR 4

CONTRE-CULTUREALAMONTAGNE 6

CONTEXTEHISTORIQUEDUFILM 8

LESPROTAGONISTES 10

«SAPINHAUT,UNEPHEMEREBONHEUR» 14

PORTEFOLIOS 15

GENERIQUE 16

PCTcinématélévisionPierre-AndréThié[email protected]


PITCH

Àquatrereprises,entre1971et1976,laclairièredeSapinhaut,surleshauteursdelacommunevalaisannedeSaxon,futl’écrinenchanteurdel’émergencedelacontre-culture pop-folk, des luttes libertaires et écologistes en Suisse romande. Quatredécenniesplus tard, lecinéastePierre-AndréThiébaudrevient,à travers leregarddesesacteurs,témoinsetcontemporains,surlemythiqueFestivaldeSapinhaut,lescombats et les utopies qu’il a portés. Il en révèle, avec grâce et poésie, toute lasingulièreportéedansl’histoireduValaisetdelaSuissemodernes.

«C’était la première fois qu’on faisait une chose pareille dans une Suisseromandeencoreendormie.Etc’étaitàSapinhaut.[…]

LeFestival de Sapinhaut, gratuit, pleindesbruits, des joies et desmusiquesdenotrejeunesse,c’étaituneutopie.Maislesutopiessontcommedesarbreslorsquevient l’hiver. Elles perdent leurs feuilles, d’abord sans qu’on le remarque, puisd’uncoup,toutestparterre.[…]

Ilauraitfalludevenircommerçants:lesorganisateursontlaissétomber.Ilsontabandonnéàd’autreslacréationdefestivalsderenomméeinternationale.[…]

Cetteépoqueétaitànulleautrepareille:c’étaitcelledemajeunesse.Etquandjedis: “Sapinhaut, j’y étais!”, je neparlepas seulementdu lieu et de l’époque, jeparle de moi aujourd’hui, parce que Sapinhaut, c’était pour moi le début dumonde,ettoutesttoujourslà,enchâssébienàl’abrisousmapeau,par-delàlesannées.»

Extraitsdelavoixoffdufilm.


RESUME

ÀtraversleValaisdesannées1970etlesquatreéditionsduFestivaldeSapinhaut,modesteetpassionnéerépliquevalaisannedesgrandsrassemblementsque furentWoodstock en 1969 ou l’île de Wight en 1970, le film jette un regard sur lagénération du baby-boom, en lutte pour changer la vie, changer lemonde, face àl’ordreétablietlamoralerigided’unesociétéconservatriceétouffante,surfonddehauteconjonctureéconomique,deprogrèstechnologiquesetdetensions liéesà laGuerrefroide.

Le documentaire s’ouvre sur une radieuse journée de retrouvailles à Sapinhaut,quaranteansaprèsl’ultimeéditionduFestival.Lacamérasaisitl’émotiondesvieuxcopainsquirigolentd’avoirtellementchangéetquiregardent,entreémerveillementetnostalgie,desphotosdel’époque.

Delà,aufild’une2CVremontantvalléesetforêtcommeonremonteletemps,lefilmcollectelessouvenirsetrécitsdesacteurs,témoinsetcontemporainsduFestival.Ilrestitue,au-delàdelamusique,l’espritdecommunionjoyeuse,defête,departageetd’utopiesquifleurit,éphémère,danscetteclairièredeRobindesboisàl’acoustiqueexceptionnelle.

Convoquantdesimagesd’archives, lefilméclaireaussilecontexteparticulierdanslequel Sapinhaut a surgi: votation pour le droit à l’avortement, guerre contre lapollutionaufluordanslarégiondeMartigny,implantationàÉcônedescatholiquestraditionalistes de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X, intrusion du tourisme demasseaveclaconstructiondesstationsdeski«champignons».

Sans tristesse ni complaisance, la puissance du documentaire est qu’il donnefinalementàsentircequ’aétéetcequidemeurede«l’espritdeSapinhaut»,malgrélesdécennies et le rouleau-compresseurde l’Histoire etdes illusionsperdues: unsouffle vivant, une aspiration à la liberté, qui interroge toujours, en passage detémoin,nosdestins,nosrêvesetnosvaleursfaceaumondequivient.


INTERVIEWDUREALISATEUR

Commentestnéel’idéedufilmSapinhaut,uneboufféed’airfolk?J’aivécumajeunessedanslesannées1970.Sionjetteunregardsuperficielsurcettepériode,toutsemblaitcalmeettranquille.Lemondeoccidentalétaitplusoumoinsen paix, pas de chômage demasse, une extrême-droite somnolente. Nous vivionsencoresurl’appeld’airdemai68enFrance,surlesouvenirradieuxdesfestivalsdeWoodstock et de l’île deWight. Pourtant, ce sont des années de rupture ou touts'invente, tout se transforme: les nouvelles technologies, la musique, l'idéologienéolibérale…Onpeutdirequelafindesannées1970clôtdéfinitivementlapériodede l’après-guerre. C’est une rupture vers unmonde plus dur que nous subissonsencoreaujourd’hui.C’estlepointdedépartdecefilm.

Unautreélémentimportantquiajoué,c’estquesi,aujourd’hui,onparlebeaucoupdesÉtats-Unis,del’AngleterreetdelaFrance,laSuisseromandeetleValaisdecetteépoque sont passés sous silence. Pourtant, on a, dans ce minuscule territoire dequelques kilomètres carrés autour de Sapinhaut, un concentré de l’histoireeuropéenne d’alors, avec la fin dumonde agricole, la perte d’influence de l’Églisecatholique,lecombatcontrel’autoroute,laluttedesfemmespourledroitdevoteetà l’avortement, la lutte contre l’ordre établi, lanon-violence,… Il ne s’agitplusdeconflitdeclassessocialesmaisd’unconflitdegénérations.

Deplus,entre1974et1976,jefaisaismesétudesdecinémaàl’InstitutNationalduSpectacle à Bruxelles, je n’ai donc pas pu participer aux festivals. Il m’était doncindispensabledefairecefilm.

A-t-ilétésimplederéunirlesélémentsiconographiquesquialimententlefilm?Rien n’a été simple. À cette époque, il n’y avait ni Internet, ni réseaux sociaux, nitéléphonesmobiles.Pourlanouvellegénération,c’estinimaginable.Pourimprimerles tracts, les journaux marginaux très répandus à l’époque, on utilisait laduplicationàl'alcoolavecdesstencils.C’étaitunefeuilleparaffinéequirecevaitundépôtd'encreprovenantd'unpapiercarbone.

Audébutdemon travailde recherchequia commencéen2012, jen’avaisqu’unevidéo,unreportagedelaTSR–l’actuelleRadio-TélévisionSuisse–:unfilmdecinqminutes tourné en 16mm inversible, intitulé «Dans les bois», pour l’émissionUnjouruneheure.Puis,patiemment,j’airetrouvé,avecl’aidedesprotagonistesdufilm,les archives de Boris Ryser, l’un des principaux initiateurs du festival, puis lesarchivesd’AntoineGesslersurl’underground.


La recherche de photographies a été encore plus compliquée. À la MédiathèqueValaisdeMartigny, le fondsdu journalisteetphotographePhilippeSchmidn’étaitpasàl’époquetotalementinventorié.Sesphotographiessontmagnifiques.En2013,est paru le livre Saxon, entre ombre et lumière:mille ans d’histoire au pied de lapierreAvoi,coordonnéparArnaudMeillandetChristinePayotetpubliéauxÉditionsMonographic.Enfin!UnarticledefondsurlesfestivalsdeSapinhaut,parJulieEggelaveclacollaborationdeSarahLouBeltrami!Sontitreestévocateur:«Larévolutionàlamontagne:lefestivaldeSapinhaut(1971-1976)».

Il y avait dans cette publication de superbes photographies de Jean-Paul Maederpourunjournalzurichois.Petitàpetit,lepuzzles’estmisenplace.J’aicommencéàtournerauprintemps2015.

Etlamusique?HenriFollonierpossédaitdesarchivessonoresdufestivalde1974enregistréesavecunRevox.Commelesbandes-sonétaientchères,leresponsabledel’enregistrementrataitrégulièrementledébutdumorceau!C’estundocumentexceptionnelquej’aireçucommeuncadeau.Maisencorea-t-ilfalluretrouverlenomdesmusicienssurces 9 heures 30demusique!Nous avons fait uneminutieuse écoute. Finalement,nous avons retrouvé des musiques de Michel Buhler, Gabby Marchand, AristidePadrygrosetd’ungroupeallemandmythique, leReleaseMusicOrchestra.Dans, lefilm, j’aimixécesbandesavecdesmusiquesenregistréesdurant le tournage,avecJackyLagger,PascalReichleretlegroupedeflamenco«elTrioNuevoyOctaviadela Vega». J’ai mis aussi une musique de Monsieur Jean qui a joué à Sapinhaut.L’ensembleestainsiuntémoignagedescourantsmusicauxdel’époque.

Vousavezaussiutilisédesarticlesdelapressevalaisanne?Commentexpliqueruneépoque,une idéologiesansutiliser lesarticlesdepresse?La presse suisse est particulièrement bien archivée. J’ai utilisé le Nouvelliste etFeuilled’AvisduValais et leConfédéré. LeNouvelliste, c’était LE journal du Valais.C’était le porte-parole de l’ordre établi, de la société conservatrice, de l’Églisecatholique.Lesdeuxjournauxontsuivil'évolutiondufestival,parfoisencourageant,parfois condamnant. Par exemple, leNouvelliste a titré en 1974: «Que les jeunesécoutent de lamusique, oui,mais qu’ils semêlent de politique, non!» Et dans lecourrierdeslecteursduConfédéré,onpouvaitlirelamêmeannéeuncourriertitré«Sapinhaut,fêtepop.INCONSCIENCE».

Quelleestlaleçondevotrefilm?

C’est d’abord une leçon d’histoire sur le monde et ses évolutions. Tout a terriblement changé. Dans les retours que je reçois des premiers spectateurs, bien évidemment la « génération Sapinhaut » aime le film. Il y a une page active sur Facebook1 avec 446 abonnés. Les plus jeunes sont aussi intéressés par ce qu’ils découvrent : une période d’euphorie, de contestations, d’utopies. J’ai aussi reçu un message de quelqu’un qui disait avoir beaucoup aimé le film, et pour qui Sapinhaut, c’était vraiment plus qu’un festival. C’est l’ancêtre des festivals suisses, tels que le Paléo à Nyon.

1Voirhttps://www.facebook.com/sapinhaut/


CONTRE-CULTUREALAMONTAGNE2

Printemps2017.Quereste-t-ildel’espritdeSapinhaut?Ledégagementaupieddelaparoirocheuseestaménagéd’unrefugepourpique-niqueurs.LarouteenlacetsquimèneduvillagedeSaxon,danslaplaine,àSapinhaut,estcertainementidentiqueà celleempruntéedans lesannées70par les spectateursdupremier festivalpop-folkdeSuisse.Cesontles4et5septembre1971,unweek-end,queprèsdecinqcentspersonnesrejoignent lamanifestation «musicale et poétique» de Sapinhaut et assistent auxconcertsdegroupesdemusiquelocauxquiseproduisentpourlapremièrefoissurce site, aménagé d’une scène rudimentaire. L’entrée est libre. Les fraisd’aménagement et de nettoyage sont comblés par les ventes des boissons et desrepas.Laquarantained’organisateurs,soutenuspar lepasteurPierreHérolddeSion,ontréussil’exploitdefairevenirdumondedansuneambiancebonenfantquirespectelesconditionsfixéesparlacommune.LajeunesseréunieàSapinhautserevendiquecontre-culturelle, libérée, elle porte des cheveux longs, des pantalons jeans, desrobesbariolées,quandellen’estpassimplementdévêtue,enlacéeetbienheureuse,cequidétonneaveclarigueuretladroituredel’époque.LequotidiendedroiteLeNouvellistesuitdeprèslamanifestationetladénonceavecvirulence.L’annéesuivante,en1972, ce sontplusdemille jeunesquigagnent la clairièredeSapinhaut.Troisjoursdeseptembreconsacréscettefois-ciàlamusique,authéâtreetaucinéma.L’organisationdufestivals’estétoffée,unstandd’informationcontrelesexportationsd’armesestinstallésurlesiteetlamêmebonnehumeurrègneaupiedde laparoi rocheusequi faiteffetdechambred’échoet renvoie lesriffspop-folk surMartigny et Chamoson. Cette deuxième édition a progressé et fait naîtrechezlesorganisateursl’envied’accroîtreleuraction.Déception,l’éditionde1973estrefuséeparlacommune.Galvaniséettenace,lecomitéd’organisation,fortdesexpériencesprécédentesetdusoutieninflexibledupasteurHérold,obtientlatenuedufestivalen1974.Entièrement autogéré, le festival propose gratuitement un service de garderie,organiseunservicedesécurité,sanitaireetparking.Desstandsdenourrituresetdeboissons sans alcool, ainsi que la vente de t-shirts servent à financer lamanifestation. La protection civile et l’équipe antidrogue duCentre de Contact deSionapportent leuraide.Lapoliceveille toujours.Despoliciersencivilseglissentdans la foule qui les montre du doigt, les agents sont reconnus malgré leurdéguisement.Pourcettetroisièmeédition,cesontplusdetroismille jeunesquibénéficientd’unprogramme enrichi de conférences-débats. De nombreuses personnalitésvalaisannes et suisses participent aux forums. L’on y trouve Gabrielle Nanchen,première valaisanne élue au Conseil national, le sociologue Bernard Crettaz,l’écologiste Franz Weber et Narcisse Praz, d’autres encore. Les thèmes dediscussions sont multiples: Valais d’hier et d’aujourd’hui, lutte antimilitariste et2Tiré de Julie Eggel et Sarah Lou Beltrami, «La révolution à la montagne: le festival de Sapinhaut (1971-1976)», inArnaudMeillandetChristinePayot (dir.),Saxon,entreombreetlumière:milleansd’histoireaupieddelapierreAvoi,Sierre:Éd.Monographic,2013.


non-violence, Église et contestation, Mass-média suisse et politique extérieure,libertéféminineetavortement.Sur scène se produisent des danseurs japonais, des représentations du ThéâtrePopulaireRomanddeLausanneetceluiduBoutduMondedeGenève,quitravaillelagestuelleetlemasqueàlanuittombée,danslaforêt,àlalumièredestorches.Lesstandsd’informationoffrentunetribuneàdesassociationscontre-culturellesetàdesjournauxsatiriquescommeLaPiluleouToutvabien.Lessujetslesplusvariéssontexposés, commeceuxde l’expériencepédagogiquede la colonied’Évolène, lasituationpolitiquedelaPalestine,delaTunisieetduChili,oudel’énergienucléaire.Cetteannée,desessaiscinématographiquessontprojetéssurgrandécran,ainsiquedesfilmspsychédéliques.Maisl’essencepremièredufestivalrestelamusique.Ungrandnombredechanteurspop et folk se produisent nuit et jour sur la scène de Sapinhaut. Ils viennent deSuisse, de France et d’Allemagne. Roger Cunéo,Michel Bühler, GabyMarchand etJackyLaggerontacceptédejouergratuitement,commec’estlecasdelaformationdu Release-Music-Orchestra de Hambourg, dont les danseurs, les mimes et lesacteurs semêlent aux spectateurs ravis, et les groupesdemusiqueLotus,Nature,Shifterquisesuccèdentsurscène,etlesGenevoisd’AristidePadygrosquirégalentlepublicdeleurshowdéjanté.Maxime Le Forestier, alors âgé de vingt-cinq ans, contestataire engagé et l’un desmeilleurschanteursfrançaisdumoment,contribuegrandementausuccèsdecettetroisièmeédition.Un succès grandissant qui se heurte au Conseil communal de Saxon qui refusequ’une édition75 soit organisée, sous prétexte que le festival ne respecte pas lesdifférentesréservesdesannéesprécédentes,quedeladroguecircule,quel’hygièneetlamoralesontdiscutables.Aveclamêmeténacitédesannéesprécédentes,lesorganisateursdufestivalvontsebattrepourquel’édition76soitautorisée,cequ’ilsvontréussir.Personnenesaitencorequec’estladernièreéditionduFestivaldeSapinhaut.Les3,4et5septembre,malgrélefroid,troismillepersonnesfréquententlefestivalpour entendre le folk romand du groupeBazoche, la formation anglaise pop-rockd’HenriCowetlessonsélectroniquesdujurassienF.-G.Laboratory.Levendredisoirseproduitlatêted’affichedufestival;AlanStivell,célèbrechanteurbreton, réinterprète de vieux airs celtiques au son de sa harpe. Outre uneprogrammationmusicaledequalité,lefestivalnedérogepasàlatenuedestandsetdeforums.Placéessouslethèmedelanature,lesconférences-débatstraitentdesabeauté et de son équilibre. René-Pierre Bille, réalisateur et photographe sierrois,présenteunlong-métrage,etl’écologisteFranzWeberexposesoncombatcontrelesdestructeurs de paysage. Puis, l’océanologue Jacques Piccard et Jacques Granges,présidentdelasectionvalaisannedelaLiguesuissepourlaprotectiondelanature,débattentdesproblèmesliésàlapollutionenmeretdanslesculturesfruitières.Après quatre éditions hautes en couleur, le Festival de Sapinhaut, déficitaire, estcontraintdes’arrêterdéfinitivement.


CONTEXTEHISTORIQUEDUFILM

Les années60 ont vu l’émergence ou le renforcement de plusieurs mouvementssociaux de contestation et de nouveaux enjeux (attitude face à la consommation,faceàladestructiondelanature).Diverslieuxdeluttes,plusoumoinsautonomes,se sont constitués (antimilitarisme, écologisme, féminisme, mouvementantinucléaire). De nouvelles formes d’expression culturelle naissent enmarge desinstitutionsofficiellesetserevendiquentcommetelles.

– Lemouvementhippie,néauxÉtats-Unisaudébutdesannées60,contestelesvaleurs dominantes autant dans le domaine de l’art que dans le domainesocial etpolitique.Notammenten recherchant l’épanouissement individuel,en pratiquant l’hédonisme et le détachement vis-à-vis des biensmatériels,ainsiquelanon-violenceetlepacifisme.

– La contre-culture, née aux États-Unis au milieu des années60, s’étend àl’ensemble des pays capitalistes par un phénomène de contagion etd’imitation.Elle semanifesteégalementà l’Estoùelleest répriméedans laviolence.

– Laconsommationdeproduitspsychotropes–cannabis,héroïne,etc.–etdeproduits hallucinogènes comme le LSD, se popularise parmi la jeunesse.Plusieursartistesenfontlapromotiondemanièreplusoumoinsouverte.

– Un renouveau de l’expression culturelle accompagne la contestationpolitique.Lesannées60sontcellesduprotestsong, (JohnBaez,BobDylan),descontestationsetrevendications,desfestivals.

– Lesmoyensde communicationdemasse – industrie dudisque, du cinéma,mais surtout la télévision – facilitent la diffusion de la contre-culture et sarécupérationpar lesmarchands.Lasociétédeconsommationfavoriseaussil’émergence d’une sous-culture jeune, portée sur la consommation etl’ostentation.

– Les événements demai 68 à Paris et dans le reste de la France ont renduvisiblelacassureentrel’anciennegénérationetlanouvelle,quin’apasconnulesravagesdelaDeuxièmeGuerremondiale.

– Le3juillet1969,BrianJones,fondateurdesRollingStonesestretrouvémortdans sa piscine. À sa suite, toute une série de stars de la musique popmeurentd’overdoseoud’abusdesubstances:JimiHendrixle18septembre1970,JanisJoplin15joursplustardetJimMorrisonle3juillet1971.

– En août 1969, le Festival de Woodstock est le moment culminant dumouvementhippie.400000personnesseréunissentduranttroisjourspourcélébrer «l’amour, la paix, lamusique». JimiHendrix y interprète l’hymneaméricain Star SplangledBanner de façon à évoquer les bombes pleuvantalors sur le Vietnam. Quelques mois plus tard, une manifestationmonstreradicaliselacontestationdelaguerrequelesAméricainsmènentauVietnam.

EnValais, lesannées60confirment lesatouts touristiquesde larégion.De1952à1965, le nombre de nuitées hôtelières triple. Les stations de Zermatt, de Crans-Montana,deVerbiersedéveloppentalorsqued’autressontérigéesexnihilosurlemodèle français: Anzère, Champoussin, Thyon2000. Maurice Chappaz dénoncera«lesmaquereauxdescimesblanches»,titredesonouvragepubliéen1976.La jeunesse découvre les loisirs urbains dans les discothèques de Verbier quiremplacentlebalchampêtredusamedisoir.


En1971, les femmesobtiennent ledroitdevoteauniveaunational.C’est la jeuneGabrielleNanchen,assistantesociale, licenciéeensciencessociales,quiestélueauConseilnational,remplaçantKarlDelberg,levieuxmilitantsyndicalistequisiégeaitdepuis1935!Cetteélectionsurpriseunejeunefemmed’origineitaliennedémontrequelagauchevalaisannes’élargitetdépasselemilieuouvrier.Le19juindelamêmeannée,futlancéel'initiativepopulairepourdécriminaliserl'avortement.LadéputéeCilette Cretton, du bureau de l’égalité entre femmes et hommes, s’engage à sesrisquesetpérilspourcettecampagne.L’initiativen’apasétéacceptée,maiselleaétélemoteurd'uneévolutionpositive.À Écône, sur le site de l’ancienne école d’agriculture, les milieux catholiquestraditionalistes développent un important foyer de résistance autour de l’évêquefrançaisMonseigneurLefebvre,quiyinstallelaFraternitésacerdotaleSaint-Pie-Xen1972.Lamêmeannée,enFrance,Jean-MarieLePenfondeunpartid’extrêmedroitenommé Front National, mouvement qui entretient des contacts étroits avec laréaction valaisanne regroupée dans le mouvement chrétien conservateur sous labannièreduPartiDémocrate-Chrétien.Cette volonté de maintenir vivantes la tradition catholique et les institutions del’ancien régime peut être mise en relation avec les importants bouleversementséconomiques que la vallée a connus entre 1950 et 1970. Au contraire, la viepolitique est dominéeparune élite conservatricequipeine à accepter la finde lasociété.Dans les années70, les artistes et les milieux culturels non institutionnels serevendiquentde lamarge.LesorganisateursduFestivaldeSapinhautontnomméleur manifestation «festival populaire» et non pas «contre-culturelle» ou«marginale» parce qu’ils se réclament de la «culture vraie, fondamentale ettotale».C’estpourchangerlemondearchaïquequemarginauxetgauchistesseréunissentàSapinhautoùlepasteurPierreWanner,dansunelibreopinionparuele8septembre1976,déclare:«lesdiscussionsontdémontréquenousn’ensommesplusàsensibiliserl’opinion publique, mais à préparer la lutte». Le festival draine des personnagesreconnusdel’opposition:lepasteurpacifisteRenéCruse,l’écologisteFranzWeberetl’inclassableNicolasMaienberg.Sapinhautestunedespremièresmanifestationsd’unejeunessequiremetencauseles valeurs de la société conservatrice valaisanne (rigorisme moral), conteste lesoptions de développement (agriculture intensive, développement des stations deski, construction de l’autoroute) et adopte d’autres expressions et attitudesculturelles (musique, vêtements, consommation de chanvre), tout en refusantégalement lemodèle de la société de consommation. Les visées subversives de lamanifestationsontdénoncéesparlesconservateursetlestenantsdurégime.


LESPROTAGONISTES

BERNARD RAPPAZ, le «révoltépermanent»,aététrèstôtadeptedelanon-violence. Enfant de Saxon, il aparticipé au combat des paysans danslesannées70.Depuislors,soncombatpourlalibéralisationduchanvreetsesdémêlésavec la justiceont fait lebuzzdanslapresse.

HENRI FOLLONIER a été artisantisserand puis éducateur. Il a toujoursouvertsamaisonauxmarginauxetauxartistes. Ilacréé l’EspaceMagieVerte,une scène en pleine nature au-dessusdeSierre.

JACKY LAGGER, le «musicienheureux», est un esprit libre,indépendantetengagé. Il faisaitpartiedu groupe TRY avec RichardRobyr etMargot Schutz. Il vit à Saint-Maurice,enValais.Grâceàdesmécènes,ilacréé«LaBouchequirit»,unespacedestinéàlaproductionartistique.

DANIEL FORCLAZ et sa femmeFRANÇOISE sont inséparables. ÀSapinhaut, il assurait le transport desmusiciens pendant qu'elle faisait lessandwiches. Ils sont aujourd’huispécialisés dans la restauration demeubles valaisans. La foire à laBrocanteetauxAntiquitésdeMartignyestunpassageannuelobligé.


PASCAL REICHLER, dit «Mozart»,s'est mis à jouer de la guitare pourépater les filles. Il est maintenantvirtuosedecetinstrumentetjouedansdenombreuxgroupes.Iln'hésitepasàse rendre au fond de la vallée deConches pour enseigner dans despetitsvillages.

MARGOT SCHUTZ. Passionnée demusique, elle a chanté dans le groupeTRY avec ses amis d’adolescence. Elles’engage ensuite dans le mouvementnon violent valaisan et rencontreAlbert Roserens et Bernard Rappaz.Lors du 3ème Festival de Sapinhaut en1974, jeune mère, elle s’occupe de lagarderie.

ALBERT ROSERENS est un militantengagé qui s’est impliqué avec l’AbbéLugon,le«vicairerouge»,danslanon-violence et l’objection de conscience.En1974,àSion,ilfutl’organisateurdela conférence «Défense armée etdéfensesnonviolentes»quiconfrontale colonel de l’armée suisse à ungénéralfrançaisdevenunonviolent.

FRANÇOISPIOTaconsacrésavieà laluttecontrelefluor.Ilagérélacolonieprotestante de Sapinhaut dans lesannées1970.DanssonlivreBarouddesurvie: les abricots au fluor (Éd. d’enbas, 2010), il raconte les souvenirs decette dure bataille écologique etéconomique.


RICHARD ROBYR. Parallèlement à sacarrière de banquier, il a chanté dansdes groupes de rock en Suisse et àLondres. Aujourd’hui, il est consultantpour la télévision Canal 9 à l’Open deGolfdeCrans-Montana.

YVES HAENNNI a vécu encommunauté avec des Allemands etdes Autrichiens dans sa maison deVenthône. Le groupe s’appelait«Leichter als Luft», c'est-à-dire «Plusléger que l’air», une métaphore pourexprimer le besoin d'échapper auxannéesdeplombdel’après-guerre.

JOËL PERRIER dont le père fut unimmensemusicien, conserve le studioqu’il a créé à Saxon.Un lieu qui alongtempsété laplaque tournantedesgroupes et musiciens en Valais. Il estactuellementprogrammateurmusical.

ANTOINEGESSLER est l’archiviste del’underground.Ilaemmenésestrésorsavec luidans les lieux improbablesoùilarésidé.Danssesnombreuxcartonssont classés les exemplaires desprincipaux magazines undergroundromands et francophones. Il aégalement conservé de nombreuxdocuments sur les festivals deSapinhaut.


DANIELROSSELLATlanceàl’âgede19ans les premiers concerts au Folk,aujourd’hui le Paléo FestivalNyon. Il ajonglé plusieurs années entre sesresponsabilités au sein de Paléo, desétudes d’ingénieur et un stage dejournaliste pour finalement s’inventerun métier alors inédit: directeur defestival.IlestaussiSyndicdeNyon.

GABRIEL BENDER. Sociologue trèsprésentdanslesmédias,GabrielBenderestaussitravailleursocialetécrivain.Ila créé le quartier culturel de l’hôpitalpsychiatrique de Malévoz, un lieud’exposition, de conférence et dethéâtre. Il a recueilli puis conservé lesarchivesdeBorisRyser,lecoordinateurdes «fêtes populaires de Sapinhaut»dès1971.

LILIANEVARONE a travaillé dès 1969à1980,pourlaTribunedeLausanne-LeMatinetlaFeuilled'AvisdeLausanneencollaboration au début avec FrançoisDayer. Elle a révélé de nombreuxscandales, parfois en prenant desrisques pour sa sécurité, telle l’affaireSavro qui a secoué la politiquevalaisanne.

FRANÇOIS DAYER est d’abordjournalisteauJournaletFeuilled’AvisduValaispuis responsablede la rédactionvalaisanne de la Tribune de Lausanne,puis il devient correspondant de laTélévision suisse romande (actuelleRTS). Il est un observateur avisé de lapolitiquevalaisanne.

CILETTECRETTONaétéunepionnière.Ferme,obstinée,elleestalléetouteseuleau fond des vallées affronter des assemblées d’hommes pour leur parlerd’avortement.PremièrefemmedéputéeauGrandConseilvalaisan,ellelutteencorepourl’enseignementdel’éducationsexuelle,ledroitdesfemmesàdisposerdeleurcorpsetlaparitéhomme-femme.


«SAPINHAUT,UNEPHEMEREBONHEUR»

ParÉricFelley,inl’1DexMagN°1,décembre2016,p.50.LecinéastePierre-AndréThiébaudjetteunregardsurlesannées70etleFestivaldeSapinhautau-dessusdeSaxon.Uneboufféedenostalgieautempsheureuxdelacontestation.Ledocumentaires'ouvresurunejournéederetrouvailles,40ansaprèsledernierFestivaldeSapinhautde1976.Lesoleilestaurendez-vous. Ilya làdesvieuxpotesquiregardentdesphotos et s'étonnentd'avoir tellement changé. La caméra tourneautourd’eux sur leslieuxdecequi fut leremakevalaisan,modesteetpassionné,duFestivaldeWoodstockde1969.Àl'initiatived’uncercleundergrounddeSionetenvirons, lapremièreédition(1971)s'estorganiséedemanièrespontanéedanscecoindenatureidéale,perchéau-dessusdeSaxonaupiedd'unefalaisecachéedanslaforêt.LegéniedulieuestalorsBernardRappaz,futurchanvrieràscandale,trèstôtversédanslesexpériencescommunautairesetd'autogestion.Les photos d’archives et autres affiches nous plongent dans cette époque avec lesexplications de Gabriel Bender, Antoine Gessler ou les journalistes Liliane Varone etFrançoisDayer. Il s'agit du premier conflit de générations que vit le Valais. Le vent de lacontre-culturevenudesÉtats-Unisoudemai68afiniparatteindreleValais,oùdesjeunesouvrent les hostilités contre parents et autorités conservatrices de l’époque. Ils seretrouventalorsautourd’uncertainBorisRyser,àSion.Il n'y a jamais eu les grandes foules à Sapinhaut. De 500 personnes en 1971 à quelquesmilliers en 1976. Tour à tour, Pierre-André Thiébaud donne la parole aux acteurs outémoinsde l’époque: leguitaristePascalReichler,ditMozart,RichadRobyr, JackyLagger,JoëlPerrier,MargauxSchutz,HenriFollonierouDanielForclaz.Ilmetenperspective l'espritdu festivalavec l'actualitéduValaisde l’époque: lavotationpourl’avortement, laguerrecontrelefluor, laconstructiondesstationsdeskioul’arrivéedes traditionalistes à Écône. Les jeunes qui se réunissent à Sapinhaut revendiquentévidemmentdesvaleursantagonistes.Lefestivalestunlieudecontestationoùl’ondéfendl'objectiondeconscience,l'émancipationdesfemmesoulatolérance.Maisilestcertainquele festival dérange à Saxon, où on veut l’interdire pour des raisons «de sécurité etd’hygiène».Danslefilm,onsuitune2CVrougequiremontelavalléeduRhôneetgrimpedanslaforêt.C’est un symbole de cette époque où, avec peu de choses, les gens rêvaient de grandeschoses,deremodelerlemonde.Etvoilà,celan’apasduré.L’espritdeSapinhautétaitaussiceluidel’improvisation.Aprèsladernièreédition,lepoidsdel’organisations’estfaitsentir.Les pionniers ont emprunté des chemins divers que dévoile le documentaire. En mêmetemps, à Nyon, Daniel Rossellat lançait son festival sur le chemin de la gloire, dans unenvironnementmoinshostile.Dansledocumentaire,ilconstatequedepuislesévénementssesontmultipliés:«Lesfêtesauvillagesontdevenusdesfestivals…».ÀSaxon,non.Lamagiedulieuafonctionnéunefois.LarichessedudocumentairedePierre-AndréThiébaudestdetraiterlanostalgiequ’inspireSapinhautcommeuninstantdegrâce,deremiseenquestion,uniqueetemportéindéfinimentparl’Histoire.

Lefilmàvoiren2017«Sapinhaut,uneboufféed’airfolk.»réaliséparPierre-AndréThiébaud.


GENERIQUE

CefilmrendunhommageparticulieràBorisRysersansquileséditions1974et1976duFestivaln’auraientjamaisatteintlamêmedimension.Avec:GabrielBender,CiletteCretton,FrançoisDayer,HenryFollonier,FrançoiseetDanielForclaz,AntoineGessler,YvesHaenni,JackyLagger,JoëlPerrier,FrançoisPiot, Bernard Rappaz, Pascal Reichler, Richard Robyr, Albert Roserens, DanielRosselat, Margot Schutz, Liliane Varone; Allgemeine Musikschule Oberwallis(amo);PrimarschulhausGrengiols;IsabelImhof,LynnZeiter.

Aveclavoixde:CarolineGasser.Réalisation:Pierre-AndréThiébaud.Scénario:Pierre-AndréThiébaudencollaborationavecPatrickDelachaux.Commentaire:NicolasCouchepin,FrançoisBaumberger,FloraThiébaud.Assistantederéalisation:SusannahDavies.Image:PatrickTresch,HeidiHassan,GaëlMétroz,ÉtienneKarlen.Son:VincentKappler,MarcVonStürler,ValentinDupanloup,YoussefKharbouch.Régie:YvesHerren.Montage:DanielGibel.Assistantmontage:ÉtienneKarlen.Mixage:StudioMasé,DenisSéchaud,ElonoraPolato,ValentinDupanloup.Étalonnage:RecTV,PeterGuyer,UeliMüller.Assistantsdeproduction:AlineSaudan,SamyThiébaud.Archives photographiques: Philippe Schmid (Médiathèque Valais – Martigny),Joseph Couchepin (Médiathèque Valais –Martigny), Jean-PaulMaeder, AntoineGessler,Keystone.

Archivesiconographiques:fondsBorisRyer,fondsAntoineGessler.Archivesfilmiques:Unjouruneheuredu24septembre1974,RTSRadioTélévisionSuisse.WienerKollectivMichaelBrauner.Paléo2014.Musique:LiveSapinhaut1974,avecl’aimableautorisationdeHenriFollonier.«Toutvabien»,MichelBühler.«Sautelemur»,«Julon»,GabbyMarchand.Troupe de flamenco «el Trio Nuevo y Octavia de la Vega», Octavia de la Vega(danse),AndresGils(chant),StephanMontangero(percussions),PascalReichler(guitare).

«Paspourlesenfants»,JackyLagger(composition-chant-guitare),LéoChevalley(piano),ÉlisabethBarbey(batterie),IsisGaber(chant),NicolasGachoud(basse),NathanGros(régisseur).

«Tryagain»,«Ladansedelaforêt»,JackyLagger.TrioMagieverte,YueyinLu,JérémiePellaz,HariMaharjan.ReleaseMusicOrchestra:Manne(claviers),Zabba(batterie),Norbert(clarinette).«RockOutN°2»,MonsieurJean.«Monsieur le Curé», Aristide Padygros: Daniel Benaroya (mandoline), OlivierCabanel (sistre), RobertMettraux (accordéon), GérardMermet (violon), StevenRoberts(guitare),UrsWäckerli,(violonistedepassage).


ProduitparPierre-AndréThiébaudPCTcinématélévisionEncoproductionavecRTS Radio Télévision Suisse une entreprise – SSRSRG, Irène Challand, GaspardLamunière.AveclaparticipationdeCinéforometlesoutiende laLoterieRomande,Fondsdeproductiontélévisuelle(TPF),Succèscinéma,Succèspassageantenne.

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