dossier d’activité – spécialité ses 1ère générale

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Dossier d’activité – Spécialité SES 1 ère générale Comment se construisent et évoluent les liens sociaux ? Notre société est caractérisée par une multitude de liens sociaux qui unissent les individus entre eux de façon directe (liens familiaux, liens amicaux etc.) et de façon indirecte. Dès les années 1960, Stanley Milgram montre que nous sommes en réalité tous connectés les uns autres aux autres car notre monde est « petit ». Travail à faire : répondre aux questions du document 1 Document 1 : Réseau social et « petit monde » Photo de Stanley Milgram « Connaissez-vous la théorie des six degrés de séparation, celle qui veut que, de connaissance commune en connaissance commune, il n’y ait que cinq personnes entre vous et, au hasard, Barack Obama ? Cette théorie (…) a été prouvée dans les années 1960 par le psychologue Stanley Milgram à travers son expérience dite du « petit monde ». Il a demandé à 296 personnes de faire parvenir un pli* à destination d’un habitant de la banlieue de Boston, sans le lui envoyer directement, mais en choisissant des destinataires susceptibles de connaitre le destinataire final. Le nombre d’individus nécessaire pour faire parvenir le pli avait été de 5,2 personnes donc six degré de séparation. Armé d’un échantillon d’étude plus large – les 700 millions de membres de Facebook – les équipes du réseau social se sont attelées à une nouvelle vérification de cette théorie. Surprise : les chercheurs ont découvert qu’il y a seulement 4,75 degrés – soit moins de 4 personnes – entre deux individus pris au hasard sur le réseau social, « d’amis » communs en « amis » communs. Ce nombre passe à 3 si l’analyse est circonscrite à un seul pays. (*) Un pli : un courrier, une lettre etc. Questions 1) Décrivez l’expérience du « petit monde » et exprimez les résultats obtenus par Milgram 2) Quel constat font les chercheurs en refaisant l’expérience sur Facebook ? Correction 1) L’expérience du « petit monde » a été menée par Stanley Milgram dans les années 1960. L’hypothèse de Milgram était que les individus étaient tous reliés les uns aux autres par l’intermédiaire de « connaissances communes ». Les résultats de l’étude montrent en effet que les individus sont en moyenne séparés par seulement 5 personnes. 2) Facebook et ses chercheurs ont entreprise de remettre l’expérience de Milgram au goût du jour. Ils ont ainsi pu constater qu’avec les réseaux sociaux les individus n’étaient plus séparés que par 4 personnes.

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Page 1: Dossier d’activité – Spécialité SES 1ère générale

Dossier d’activité – Spécialité SES 1ère générale

Comment se construisent et évoluent les liens sociaux ?

Notre société est caractérisée par une multitude de liens sociaux qui unissent les individus entre eux de façon directe (liens familiaux, liens amicaux etc.) et de façon indirecte. Dès les années 1960, Stanley Milgram montre que nous sommes en réalité tous connectés les uns autres aux autres car notre monde est « petit ». Travail à faire : répondre aux questions du document 1 Document 1 : Réseau social et « petit monde »

Photo de Stanley Milgram

« Connaissez-vous la théorie des six degrés de séparation, celle qui veut que, de connaissance commune en connaissance commune, il n’y ait que cinq personnes entre vous et, au hasard, Barack Obama ? Cette théorie (…) a été prouvée dans les années 1960 par le psychologue Stanley Milgram à travers son expérience dite du « petit monde ». Il a demandé à 296 personnes de faire parvenir un pli* à destination d’un habitant de la banlieue de Boston, sans le lui envoyer directement, mais en choisissant des destinataires susceptibles de connaitre le destinataire final. Le nombre d’individus nécessaire pour faire parvenir le pli avait été de 5,2 personnes donc six degré de séparation. Armé d’un échantillon d’étude plus large – les 700 millions de membres de Facebook – les équipes du réseau social se sont attelées à une nouvelle vérification de cette théorie. Surprise : les chercheurs ont découvert qu’il y a seulement 4,75 degrés – soit moins de 4 personnes – entre deux individus pris au hasard sur le réseau social, « d’amis » communs en « amis » communs. Ce nombre passe à 3 si l’analyse est circonscrite à un seul pays. (*) Un pli : un courrier, une lettre etc. Questions

1) Décrivez l’expérience du « petit monde » et exprimez les résultats obtenus par Milgram 2) Quel constat font les chercheurs en refaisant l’expérience sur Facebook ?

Correction

1) L’expérience du « petit monde » a été menée par Stanley Milgram dans les années 1960. L’hypothèse de Milgram était que les individus étaient tous reliés les uns aux autres par l’intermédiaire de « connaissances communes ». Les résultats de l’étude montrent en effet que les individus sont en moyenne séparés par seulement 5 personnes.

2) Facebook et ses chercheurs ont entreprise de remettre l’expérience de Milgram au goût du jour. Ils ont ainsi pu constater qu’avec les réseaux sociaux les individus n’étaient plus séparés que par 4 personnes.

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A/ De l’individu à la société : le lien social Les liens sociaux sont l’ensemble des relations que les individus ou que les groupes d’individus entretiennent entre eux. Comme le montre E. Durkheim en 1893, ces derniers permettent à une société de « tenir » c’est à dire aux individus de « vivre ensemble ». D’une part, il existe une diversité de liens sociaux. D’autre part, ces liens sociaux contribuent à former des groupes sociaux. Chaque individu entretient donc une pluralité de liens sociaux à l’intérieur et entre plusieurs groupes sociaux. Au fond, les liens sociaux permettent de relier l’individu au groupe ou autrement dit, l’individu à la société. Travail à faire : répondre aux questions du document 2 et 3 Document 2 : lien social et groupe sociaux

1) Les individus forment un groupe social à condition que ces derniers entretiennent des liens sociaux et qu’ils aient le sentiment d’appartenir à ce groupe.

2) Un groupe de supporter est bien un groupe social car les individus qui composent ce groupe entretiennent des interactions sociales donc des liens sociaux. De plus, il se sentent évidemment appartenir à ce groupe. En revanche un rassemblement d’individus qui regardent un spectacle sur la place publique n’est pas un groupe social car ils n’entretiennent pas de liens particuliers et n’ont pas le sentiment d’appartenir à un groupe à part entière. Ils se contente de regarder un spectacle et ne partageront sans doute plus rien ensuite. Au fond, dans un groupe social, les individus entretiennent des liens sociaux mais partagent également une identité et une culture commune (normes, valeurs, pratiques sociales). D’où le sentiment d’appartenance.

3) Les PCS ne sont que des agrégats statistiques c’est à dire des regroupements d’individus sur la base de critères objectifs (emploi, revenu, qualifications) et non subjectifs. Si l’on peut effectivement souligner que la PCS « ouvrier » est un cas dans lequel on peut effectivement être en présence d’un groupe social (interactions sociales fortes, sentiment d’appartenance dans certains cas), il parait plus difficile de faire le même constat pour les « employés » qui est une PCS regroupant des situations trop hétérogènes pour que les individus en son sein forment un groupe social.

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Vous trouverez sur ce lien toutes les informations sur les PCS :

http://ses.webclass.fr/notion/categories-socioprofessionnelles-pcs Document 3 : les différents types de liens sociaux selon Serge Paugam

1/ Réponses

a. Lien de citoyenneté b. Lien de filiation c. Lien de participation élective d. Lien de participation élective et de citoyenneté e. Lien de participation organique f. Lien de participation organique

2/ Au-delà des exemples (qui sont nombreux dans chaque cas), ce qu’il faut retenir c’est que liens sociaux ont une double fonction :

- Donner une protection - Donner une reconnaissance

Être intégré à la société c’est donc être protégé et reconnu par les autres individus. Ainsi, il est évident que la fragilisation ou la rupture des liens sociaux peuvent rendre un individu vulnérable (moins de protection et moins de reconnaissance). B/ Comment les liens sociaux qui unissent les individus au sein de la société ont-ils évolué ? Depuis la Révolution Industrielle du XIXe siècle, la société s’est transformée. Si les changements économiques ont été importants (industrialisation massive, progrès technique, urbanisation de l’activité) la société est également marquée par des transformations socioculturelles profondes (baisse du poids de la religion, montée de l’individualisme). On passe ainsi d’une société traditionnelle à une société moderne. De ce fait, il s’agit de comprendre comment les liens sociaux se transformés en même temps que la société.

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Une notion importante : l’individualisme

Processus par lequel l’individu s’autonomise, dans ses façons de penser et de se comporter, des prescriptions de son groupe d’appartenance (ex : sa famille). Ce mouvement historique, qui conduit à l’émancipation des individus des tutelles familiales ou religieuses, ne doit pas être confondu avec l’égoïsme. À la même époque, le sociologue Émile Durkheim réfléchit sur les conséquences de ces changements sociaux et en particulier sur la montée de l’individualisme. Il pose ainsi la question suivante : « Comme se fait-il, que tout en devenant plus autonome, l’individu dépende plus étroitement de la société ? ». Autrement dit, comment une société individualiste – comme la nôtre - dans laquelle chacun recherche son intérêt personnel peut-elle fonctionner et « tenir » ? Document 4

Consigne : remplissez le tableau par + ou –

Caractéristiques Solidarité mécanique

Solidarité organique

Différenciation entre les individus

_ +

Poids des contraintes collectives sur les individus

+ _

Degré d’individualisation _ + Degré d’interdépendance _

+

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Dans les sociétés modernes, les liens sociaux « organiques » (la solidarité organique) prédominent mais liens sociaux mécaniques n’ont pas pour autant disparu (famille, associations etc.). Cependant, le développement des nouvelles technologies de la communication (ex : les réseaux sociaux) et son impact sur le lien social doit également être interrogé. Activité : la sociabilité numérique, facteur d’isolement ou de renforcement du lien social ?

Pour accéder aux documents et aux questions, rendez-vous sur le lien : https://www.lelivrescolaire.fr/page/7041114

Correction de l’activité en ligne : DOCUMENT 1 1/ Il y a une corrélation positive entre l’âge et l’utilisation des réseaux sociaux. En effet, plus un individu grandit plus il a tendance à utiliser les sociabilités numériques. Par exemple, en 2008, 20% des enfants du primaire ont un compte FB contre 90% au lycée. Remarque : cependant, il faut bien noter que la corrélation s’inverse à partir d’un certain âge car on remarque que les personnes âgées utilisent encore peu les réseaux sociaux. 2/ L’intensité des liens sur les réseaux sociaux sont variables. En effet, il peut s’agir de personnes proches comme de personnes moins proches. Pour aller plus loin Dans un article de 1973, le sociologue des réseaux Mark Granovetter fait le distinguo entre les « liens forts » (proches) et les « liens faibles » (simples connaissances). En réalisant une étude sur le marché du travail et plus précisément les procédures de recherche d’emploi, Granovetter arrive à la conclusion contre intuitive qu’il existe une « force des liens faibles » (« The Strenght of Weak Ties »). En d’autres termes, les emplois les plus satisfaisants sont trouvés non pas grâce à l’entourage le plus proche (liens forts) mais grâce à des collègues ou anciens collègues de travail, des connaissances éloignées. Bref, des liens faibles. 3/ Question inutile et mal posée 4/ Les réseaux sociaux permettent, dans une certaine mesure, d’agrandir le nombre de ses contacts. Cependant, on se rend compte qu’ils ne permettent pas pour autant de rentrer en contact avec des individus appartenant à une autre classe sociale. Ou très peu. Ainsi, « on a toutes les chances de naviguer dans les mêmes univers sociaux » alors que les moyens de communication sont fortement simplifiés et permettent, a priori, de nouer des liens avec n’importe qui. DOCUMENT 2 1/ En France, selon l’INSEE, en 2016, presque 90% des 16-24 ans envoient et reçoivent des messages électroniques 2/ On peut établir une corrélation négative entre l’âge et l’utilisation d’internet. En effet, on observe que plus les individus vieillissent moins ils utilisent internet. Par exemple, 80% des 16-24 ans utilisent les réseaux sociaux contre seulement 10% des 65-74 ans.

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DOUCMENT 3 Réponses dans le texte. Pas difficultés particulières. Synthèse sur les sociabilités numériques Les sociabilités numériques permettent de créer du lien social. Cependant, il faut préciser que 1) cette affirmation est vraie surtout pour les jeunes générations 2) les sociabilités numériques peuvent créent surtout des liens faibles 3) les liens sont généralement créés avec des personnes issues de la même classe sociale C/ Par quels processus les liens sociaux d’un individu peuvent-ils se rompre ? Un individu est qualifié « d’exclu » lorsque tous les liens sociaux qui le rattache à la société sont rompus. Il est important de comprendre que l’exclusion sociale est un long processus dans lequel s’enchaine plusieurs étapes. Le sociologue français Robert Castel nomme ce processus la « désaffiliation sociale » Document 5 : le processus de « désaffiliation » Pour Castel (1991, 1992 et 1994), l’exclusion relève d’un double processus de décrochage : sur l’axe du rapport au travail, d’une part, et sur l’axe relationnel, d’autre part (rupture du lien social). Son approche transversale et qualitative met notamment l’accent sur la dynamique de précarisation généralisée qui caractérise les sociétés occidentales, en raison des mutations profondes qui se sont opérées sur les deux axes précédemment nommés. Les travaux de Castel suggèrent une vision nuancée du phénomène de l’exclusion, où n’existent pas uniquement des inclus ou des exclus, bien qu’un clivage de plus en plus net s’opère entre ces deux groupes. Le schéma explicatif qu’il propose selon l’axe du travail et l’axe de l’insertion relationnelle fait apparaître trois zones principales. À un pôle, une stabilité et une autonomie relatives impliquant un emploi satisfaisant ainsi que des relations sociales enrichissantes (famille, amis, réseau social, etc.) représentent la zone d’intégration. Au pôle opposé, une turbulence maximale et une dépendance où il n’y a plus de lien, ni dans l’axe du travail, ni dans l’axe relationnel (ce qui peut se traduire notamment par l’isolement social) définissent la zone de désaffiliation. La troisième, la zone de vulnérabilité (ou de précarité), se situe à la jonction des deux autres (Figure 1) et constitue la plus importante du point de vue de l’intervention à définir selon Castel (1994).

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1/ Pourquoi le lien de participation organique (travail) est-il si important dans notre société moderne ? Faites le lien avec le document 4 pour répondre à cette question. 2/ Quels sont les deux facteurs qui entrainent une « désaffiliation sociale » selon Robert Castel ? 2/ Quelles sont les différentes étapes de la désaffiliation sociale ? Utilisez le texte et la figure 1 pour répondre. Correction 1/ Le lien de participation organique est important car nous vivons dans une société (moderne) basée sur la division sociale du travail. Chaque individu est accepté par la communauté car, en se spécialisant dans une tâche, il devient nécessaire aux autres (complémentarité des fonctions). Par ailleurs, comme le rappelle Serge Paugam en 2005 dans son ouvrage Le lien social, le travail permet d’apporter une forme de reconnaissance sociale mais également une protection. Par exemple, un emploi stable donne une protection financière et sociale à un individu (revenus du travail, protection juridique liée au statut de salarié, droits aux allocations chômage en cas de licenciement etc.) Pour aller plus loin : « la déstabilisation des stables » selon R. Castel Dans son ouvrage célèbre de 1995 intitulé La métamorphose de la question sociale, Robert Castel (sociologue français) montre que depuis les années 1970/1980 la société salariale d’après-guerre dans laquelle régnait le plein emploi commence à s’effriter. De ce fait, le lien de participation organique – même s’il n’utilise pas cette expression – est alors doublement remis en cause par : 1) la montée d’un chômage de masse qui prive un nombre important d’individu d’un travail 2) la montée des emplois précaires (ou emplois atypiques) comme les CDD, les stages, les intérims qui rendent fragiles et incertaines l’intégration des individus dans le monde du travail. C’est dans ce contexte de précarité et de précarisation grandissante que Castel parle de « déstabilisation des stables » s’accompagnant d’une montée des phénomènes de pauvreté et d’exclusion sociale 2/ Plutôt que de parler « d’exclusion sociale », Castel préfère le terme de « désaffiliation sociale ». Un individu se désaffilie lorsque ses liens sociaux professionnels, amicaux et familiaux se rompent. Dans cette situation, l’individu se trouve dans « zone de désaffiliation » où il fait face à l’isolement social et se trouve vulnérable face aux risques de l’existence (maladie, vieillesse, accident etc.) 3/ Le processus de désaffiliation fait « voyager » l’individu d’une zone à une autre : 1) Zone d’intégration 2) Zone de vulnérabilité (fragilité relationnelle) 3) Zone de désaffiliation. C’est pour cela qu’il faut considérer l’exclusion sociale non pas de manière statique mais dynamique en tant

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qu’elle est un processus de long terme et non un simple état. Ce qu’il faut retenir de l’analyse de Castel, c’est ce que depuis la fin des Trente Glorieuses, la zone de vulnérabilité s’est agrandie dans notre société (voir encadré question 1 sur la « déstabilisation des stables »). Actuellement, le phénomène « d’ubérisation » (augmentation du nombre de travailleurs qui exercent leur activité sur le modèle de Uber) de l’économie est un bon exemple du constat fait par Castel. Activité 2 : portrait d’un SDF

https://www.la-croix.com/France/Exclusion/VIDEO-Erve-ancien-SDF-Jaurais-moi-meme-crever-rue-2019-04-03-1201013225

Questions 1/ Quelle est la mission du Collectif des Morts de la rue ? 2/ Comment Ervé est-il devenu SDF ? Est-il passé par les étapes du schéma décrit par Castel ? 3/ Entretenait-il des liens sociaux avec d’autres individus ?