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  • 7/25/2019 Dossier Conf NDDL

    1/12

    la cration du Collectif des organisations professionnelles

    agricoles indignes par le projet daroport de Notre-Dame-des-

    Landes (Copain, voir p. II-III), les structures nimaginaient pas dans

    quelle aventure elles se lanaient. Le but tait de se regrouper

    pour lutter contre un projet daroport consommant 1 650 hec-

    tares de terres, projet en contradiction complte avec les valeurs

    portes par les adhrents : destruction de nombreuses fermes,

    gaspillage hont de foncier, massacre cologique et ruine dun

    fort potentiel de circuits courts en proximit de Nantes. Il sagis-

    sait dtre forts ensemble pour soutenir la rsistance ce pro-

    jet, celle des paysannes et paysans locaux, puis assez rapidement

    aussi celles des occupant.e.s.Aprs la dfense de la zone en 2012, deux axes ont permis

    davancer ensemble : la prise de la ferme de Bellevue (cf.p. V) pour

    la sauver de la destruction, et le dveloppement de la produc-

    tion agricole et marachre chez les occupant.e.s pour tre plus

    autonomes, mais surtout comme moyen de lutte et de rsistance.

    En ce dbut 2016, nous vous invitons un voyage sur

    les terres de la Zad de

    Notre-Dame-des-Landes,

    o se ctoient et se rencon-

    trent une multitude de personnes.

    Nous ne prtendons pas rendrecompte de la multiplicit

    des expriences qui se

    vivent ici, mais

    vous prsenter quelques facettes pour vous donner envie de venir

    nous rencontrer, de continuer vous battre contre le projet, et

    aussi vous aider comprendre lavenir que nous aimerions

    construire ici aprs la victoire.

    Il se peut que vous lisiez des philosophies contradictoires entre

    diffrents portraits : cest normal. Chaque tmoignage nengage

    que ses auteur.e.s. Ce qui nous engage toutes et tous, cest notre

    rflexion pour lavenir dcrite en six points (cf.p.XI). Nous consi-

    drons que si notre diversit peut tre complique grer, elle

    est surtout notre richesse et notre force.

    Notre-Dame-des-Landes est pour beaucoup une lutte embl-

    matique. Cest aussi un vaste champ des possibles, un lieu o sevivent des alternatives. Ici, largent nest pas roi, rduire son

    empreinte carbone nest pas une rflexion mais une action, et la

    solidarit est une valeur de base.

    lheure o 196 pays sortent de ngociation Paris pour matri-

    ser le rchauffement climatique, chez nous, la procdure adminis-

    trative visant rendre tous les habitants de la Zad (histo-

    riques ou non) expulsables

    est en route. Notre magni-

    fique convoi vers la Cop, fin novembre

    (cf.p.16), a bien eu raison de dnon-

    cer toutes ces incohrences.Sylvie Thbault, paysanne

    Notre-Dame-des-Landes

    (Loire-Atlantique)

    Notre-Dame-des-Landes Un vaste champdes possibles, paysans, alternatifs et solidaires

    Dossier

    Campagnes solidaires N 313 janvier 2016 / I

  • 7/25/2019 Dossier Conf NDDL

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    Le dcret qui institua la Zone dam-nagement diffr (Zad) en janvier 1974a donc 42 ans ce mois-ci ! 42 ans que

    ces terres entre Vigneux et Notre-Dame-des-Landes, 28 kilomtres au nord-ouest deNantes, sont rserves pour la construc-tion dun projet daroport international (1).

    Le socle du projet daroport, cest dabordune vaste opration foncire. Le projet a sus-cit une rsistance paysanne dtermine dsle dbut. Sy sont ensuite joint.e.s des habi-tant.e.s concern.e.s par le projet, des mili-tant.e.s de divers horizons, des squatteurs et

    squatteuses des villes, donnant cette rsis-tance une diversit de pratiques et dides enri-chissante, bien que parfois complexe com-prendre. Sur la Zad, lamnagement duterritoire a pris des formes moins visiblesquen dautres points de la mtropole: pas deremembrement, pas de nouvelles construc-tions (lotissements, zones commerciales, etc.).Pendant 40 ans, toute construction de mai-son fut interdite. Tous les terrains furent pr-empts par le conseil gnral jusquen 2003.Le fait que ces terres furent si longtemps

    rserves la construction dun aroport estparadoxalement lune des raisons pour les-quelles ce bocage est tel quil est aujourdhui.

    En 2014, alors que le mouvement pour-rait obtenir labandon dfinitif du projetdaroport, commence dj une secondelutte, et non des moindres. Une lutte surlavenir de ces terres, de ces haies et de ceschamps, de ces cabanes et de ces maisons,sur le devenir de ce territoire.

    1 650 hectares concernsLa premire Dclaration dutilit publique

    (DUP) est passe en 2008 et a dfini la Zad.La DUP stend sur 1650 hectares:

    1450 hectares de terres correspondent lemprise de laroport dont les travauxseraient pris en charge par la socit Aro-ports du Grand Ouest (AGO), filiale de Vinci (2). 200 hectares concernent un barreau rou-tier dont les travaux seraient pris en chargepar ltat (Direction rgionale de lenviron-nement, de lamnagement et du logement).

    Une seconde DUP concerne llargisse-ment dautres routes daccs.

    Le propritaire des terres de la Zad nest plus lheure actuelle le conseil gnral, mais l-tat. Il a octroy sur ces terres une concessionde 55 ans AGO pour ce qui concerne lem-prise de laroport. Cela signifie quen termes

    de foncier, ce sera ltat qui sera logiquementdcisionnaire si le projet daroport est annulet que la DUP tombe. La DUP est thorique-ment valable 10 ans jusquen 2018. Ltat peutlabroger nimporte quel moment mais ilpeut aussi la faire durer plus longtemps.

    La proprit des terres (tableau 1)Sur 1650 hectares : 850 hectares de terres, ainsi que des mai-sons, ont t achets par le conseil gn-ral par droit de premption, petit petit,entre1973 et 2003. La plupart de ces terres

    (sauf celles du barreau routier) furent trans-fres en 2012 AGO, qui en est donc leconcessionnaire pour 55 ans. 800 hectares environ appartenaient ainsiencore des propritaires privs en 2003.Depuis, prs de 150 hectares ont t ven-dus, les propritaires ayant sign un contratde vente amiable avec AGO, qui ltatconcde ces terres. Ltat est donc aussi,dsormais, propritaire de ces terres.

    La majeure partie des propritaires a refus,pour une surface denviron 650 hectares,

    toute ngociation avec AGO. Les terres font

    lobjet de procdures dexpropriation. Cespropritaires sont une cinquantaine et serunissent rgulirement pour faire le pointsur les dossiers dexpropriation.

    Lusage des terres (tableau 2)Dans le secteur, les paysans ne sont gn-

    ralement pas propritaires des terres, ils leslouent pour une grande partie, sous contratde fermage.1250 hectares de champs et prs, et envi-ron 400 hectares de btis, routes, chemins,bois et friches. Les friches sont en grande

    partie des terres anciennement rachetes parle conseil gnral et qui sont libres de bauxdepuis des annes. Depuis 2007, suite lap-pel dhabitant.e.s de la zone, des personnessont venues habiter, construire des cabanes,cultiver, occuper certaines de ces friches poursopposer sur le terrain aux travaux et conti-nuer faire vivre le territoire. 47 exploitations agricoles sont impactespar le projet. Il ne sagit pas seulement despaysan.ne.s ayant leur corps de ferme surla Zad, mais de tous ceux et celles qui y ont

    des terres.

    1200 hectares de terres agricoles

    II \ Campagnes solidaires N 313 janvier 2016

    Dossier

    Une Zone dfendre, des terres sauverLa Zad, cest pour les amnageurs la Zone damnagement diffr ; pour les paysan.ne.s et tous les occupant.e.s du site,cest une Zone dfendre contre un monstrueux projet dun autre temps: un aroport international. tat des lieux.

    850 hectaresIssus du droit de premption du conseil gnralde 1973 2003, proprit transfre ltat en2012, qui la concde pour 55 ans AGO-Vinci

    650 hectaresPropritaires refusant de vendre lamiable AGO et sous procdure

    dexpropriation

    150 hectares vendus lamiablepar leurs propitaires ltat,

    via AGO qui en est concessionnaire

    Tableau 1 Proprit : 1650 hectares Zad

    800 hectares dont lavenir serait imaginer et construire

    400 hectaresPaysans en place,

    rsistants, poursuivant

    le travail de leurs terres

    200 hectares occups ettravaills par divers projets (zadistes)

    600 hectares redistribus parAGO-Vinci chaque anne, sous

    convention de mise disposition (CMD) (gnralement

    aux anciens exploitants)

    450 hectaresFriches

    boischemins

    Tableau 2 Usage : 1650 hectares Zad

  • 7/25/2019 Dossier Conf NDDL

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    11 exploitations agricoles en lutte ontrefus de ngocier quoi que ce soit avecAGO, elles se trouvent donc confrontes des procdures dexpropriation et dans unesituation trs prcaire. Les terres cultivespar ces fermes reprsentent environ400 hectares sur la Zad. Notons qu lex-ception dun cas, tous les agriculteurs quiavaient leur corps de ferme sur la Zad ontrefus de signer avec AGO.

    800 autres hectares sont redistribuschaque anne. Ces 800 hectares incluent: les terres dagriculteurs qui ont cess leur

    activit; les terres des exploitations qui ont sign

    un accord amiable avec AGO en changedindemnits. En signant, les agriculteurs

    ont renonc leurs droits sur les terresquils exploitaient sur la Zad. Mais AGO lesleur redistribue depuis 2012 avec des bauxannuels (convention de mise disposition,CMD), dans lattente du dmarrage des tra-vaux. Ce qui veut dire que ceux qui ontcd AGO ont touch largent maiscontinuent exploiter leurs anciennes terres,et sont aussi prioritaires pour louer ou rache-ter des terres lextrieur.

    Ceci dit, parmi les agriculteurs ayant signavec AGO Vinci, tous nont pas fait les mmeschoix et ne sont pas logs la mmeenseigne: certains nont pas repris de terres lextrieur et ont une grande partie de leursterres sur la zone, quils cultivent donc demanire prcaire avec les baux annuels. Ceux-

    l ont touch largent et ont cd AGO maisnen ont pas pour autant profit pour agran-dir leur exploitation. Ils peuvent aussi tre dansune situation assez inconfortable.

    noter: les 200 hectares de terres du bar-reau routier, sont rpartis entre les 450 hec-tares de friche, btis, chemins et routes, les400 hectares de terres des paysans rsistantset les 800 hectares en redistribution. Pour ces200 hectares, les services concerns de ltat

    (Direction rgionale de lenvironnement, delamnagement et du logement) nont pasopr de redistribution et ont laiss la chambredagriculture grer, sans baux officiels. Sur les 800 hectares en redistribution,220 hectares, sont occups et majoritaire-ment travaills sur divers projets agricoleset alimentaires, notamment depuis la cra-tion de Sme ta Zad (voir encadr Lexique)et limplication de Copain (cf. p. IV) sur leterrain. Il est noter que les terres tantgeles pour la construction dun aroport,il nest pas possible de sinstaller lgale-ment sur les terres de la Zad pour un pro-jet agricole ou de faire de quelconques pro-jets lgaux de construction.n

    Source : Foncier, un tat des lieux Pour penser

    lavenir de la Zad de Notre-Dame-des-Landes ,

    document de 20 pages tlchargeable sur:

    acipa-ndl.fr/images/PDF/Divers/2015/foncierzadfinalrefait.pdf

    (1) Une vido difiante: le reportage tl de lpoqueexpliquant pourquoi il faut construire un nouvel aroport Notre-Dame-des-Landes avant 1990 : aller surwww.youtube.com et taper sur le moteur de recherche dusite : 1974 : l aroport Notre-Dame-des-Landes (NDDL).(2) AGO, comme Aroports du Grand Ouest, est une

    socit cre fin 2010, lorsque Vinci a t dsign commeconcessionnaire par ltat pour le projet daroport. VinciConcessions, filiale de Vinci, en dtient 85 % sous le nom deVinci Airports. Les 15 % restants sont dtenus par laChambre de Commerce et dIndustrie (CCI) Nantes/Saint-Nazaire et par lentreprise de BTP ETPO-CIFE.

    Campagnes solidaires N 313 janvier 2016 / IIICampagnes solidaires N 313 janvier 2016 / III

    Dossier

    LexiqueQuelques mots sur les collectifs et organisations qui sont plus spcifiquement impli-qus sur la Zad dans les questions agricoles et foncires LAdeca, Association de dfense des exploitants concerns par laroport, regroupedepuis 1972 les paysan.ne.s impact.e.s par le projet et sy opposant. Certains adhrents sont

    trs engags dans la lutte contre laroport, dautres moins. Trois habitent encore sur la Zad,les autres continuent y cultiver des terres sans y habiter. Copain 44 (Collectif des organisations professionnelles agricoles indignes par le projet da-roport): le collectif, cr au printemps 2011 regroupe diverses organisations agricoles de largion (Gab44, Civam, Confdration paysanne, Terroirs44, Manger Bio, Accueil paysan) dansle cadre de la lutte contre laroport. Des paysans de Copain sont venus dfendre la ferme duRosier, puis la Chat-Teigne, avec leurs tracteurs en novembre 2012. Le collectif a lanc loc-cupation de la ferme de Bellevue en janvier 2013 et simplique dans son fonctionnement depuis,ainsi que dans diverses autres initiatives de la lutte (cf. p. IV) LAcipa, Association citoyenne intercommunale des populations concernes par le projetdaroport de Notre-Dame-des-Landes, a men bon nombre de recours juridiques et sest atta-che historiquement fdrer de nombreux opposant.e.s laroport, localement et au-del.www.acipa-ndl.fr Sme ta Zad est une assemble bihebdomadaire ouverte, fonde par des occupant.e.s de

    la Zad, des paysan.ne.s de lAdeca, de Copain et dautres personnes impliques dans la lutte.Lassemble sest lance en amont de la manifestation du 13 avril 2013 Sme ta Zad quia vu lclosion officielle dune dizaine de nouveaux projets paysans sur le site. Elle est les-pace o les diffrentes composantes discutent du devenir de ces terres et o slaborent lesstratgies doccupation. zad.nadir.org

    Saint-

    Nazaire Nantes

    NOTRE-DAME-

    DES-LANDES

    Sites prsents pages IV X1-Bellevue 5-Wardine2-Liminbout 6-Fosses Noires3-Saint-Jean-du-Tertre 7-Rouge et Noir4-Riotire 8-100 Noms

    n Parcelles des fermes impactes en lutten Parcelles occupes par le mouvement

    en lutten Parcelles redistribues par AGO/Vinci,

    la Dreal et la chambre dagriculture44Paysan.ne.s habitant et exerant sur placeLieux doccupationBarreau routier

    carte n3 [groupe cartoZ]Parcelles agricoles et occupation(s) avril 2015

  • 7/25/2019 Dossier Conf NDDL

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    Sylvie et Marcel Thbault sontpaysanne et paysan au Liminbout,au Nord-Ouest de la Zad.

    Sylvie sest installe en 1999, soit unan avant la relance du projet daro-port. Nous reprenions la ferme der-

    rire un tiers, avec 43 hectares et 180000litres de lait de droit de production. La Zad,alors entendue comme Zone damnage-ment diffr, existait depuis 1974, et il a falluse battre pour conserver les quotas laitierscorrespondant aux terres acquises par leconseil gnral.

    Nous avons construit des btiments etquipements confortables pour la dimension

    de llevage, et nous avons mis en place unsystme herbager conome. Le projet da-roport est devenu une pe de Damocls au-dessus de notre tte. Nous avons cependantchoisi de vivre en lignorant et en comptantsur notre force collective pour gagner.

    Nous avons agrandi la ferme en 2004,portant la surface 63 hectares, tandis quele droit de production augmentait chaqueanne par consolidation, atteignant 305000litres en 2014-2015.

    Les btiments sont devenus le facteur

    limitant et nous ont contraints intensi-fier la conduite des vaches laitires.Une fois que nous avons pris confiance en

    nous, notre objectif a t de passer en bio.

    Mais linscurit sur les terres est un obs-tacle administratif, et nous ne pouvons pasmettre toute notre nergie la fois dans lalutte et dans la rvolution de notre sys-tme de production.

    Pour nous, labandon de la dclaration duti-lit publique (DUP) (1) que nous attendonsavec impatience nous permettra de pas-ser progressivement en bio. Mme si les pra-tiques actuelles des paysans permettent une

    belle biodiversit sur la Zad, ce sera bon pourle bocage. Nous esprons aussi que ce seraun plus pour la transmission de notre ferme.Nous continuerons ctoyer nos voisin.ne.s

    occupant.e.s, changer et mettre en placedes solidarits avec eux, comme des prts dematriels et des changes culturaux.

    Il nous tient cur que les terres sauvesdu bton servent trs peu lagrandisse-ment, mais permettent laccueil de por-teurs et porteuses de projets dagricultureofficielle, mais aussi hors cadre . Notrediversit peut compliquer la vie, mais cestnotre force et notre richesse, nous tenons

    la conserver. n

    (1) Procdure administrative en droit franais qui permetde raliser une opration damnagement sur des terrainsprivs en les expropriant pour cause dutilit publique.

    Comment tes tu retrouv impliqudans la vie sur la Zad ?Je suis paysan Vigneux et membre de

    Copain 44, mais aussi du Civam (1) et dugroupement des agriculteurs bio de Loire-Atlantique. Proche de la lutte contre la-roport depuis longtemps, jai pris part divers vnements, comme la tracto-vloen 2011 (2). Tout sest acclr durant lhi-ver 2012-2013. Les fermes expulses etdmolies ont rendu ncessaire la protectionde celles qui taient encore debout. a sestconcrtis avec louverture et loccupationde la ferme de Bellevue, en fvrier2013, pro-tge par la chane de tracteurs du groupeCopain, comme cela avait t fait sur le site

    de la Chat-Teigne quelques mois plus tt.Malgr le froid et la boue de lhiver, ctaitune aventure qui prenait aux tripes, moti-ve par lenvie daider des jeunes qui veu-lent sinstaller dans la dure.

    En ce moment comment participes-tuaux projets agricoles sur la Zad?

    Lide principale, cest partager exprienceet savoir-faire travers des changes decoups de main. Cela se passe souvent Bel-levue, avec le groupe vache (3), Saint-Jean-du-Tertre avec Wilhem (3) et la Cur-cuma (3). Je viens souvent avec un tracteuret des outils, et en change les habitant.e.sde la Zad viennent chez moi faire des chan-tiers collectifs o il y a besoin de plusieurspaires de bras. Ce sont des gens volontairesqui, comme moi, font les choses par pas-sion. Ce qui se passe sur la Zad est pour moiun aboutissement. Dhabitude, on pousseles gens la productivit et ils se retrou-

    vent vachement isols dans leur ferme. L,cest diffrent, il ny a pas de contrainte surles rendements, limportant cest de faireensemble car on est plus fort. Pour vivredune activit agricole, il ny a pas forcment

    besoin dargent, de dossiers rallonge oude demandes de subventions.

    Comment envisages-tu lavenir surla Zad?Je pense quavec Copain, sur la Zad, il reste

    des choses merveilleuses faire, commecontinuer installer de nouveaux paysanset de nouvelles paysannes qui veulent don-ner un sens leur activit, produire et spa-nouir avec les autres. Il faut que la Zone resteun lieu dchange dides et de brassage desmodes de vie pour que cela fonctionne.n

    Propos recueillis par Cdric

    (1) Centres dinitiatives pour valoriser lagriculture et le

    milieu rural - www.civam.org(2) Du 6 au 12 novembre 2011, dplacement en tracteurset vlos jusqu Paris pour interpeller les dcideurs natio-naux, peser sur les ngociations entre partis pour les prsi-dentielles 2012 et dnoncer encore une fois laberration dece projet .(3) Voir articles sur ces sujets.

    IV \ Campagnes solidaires N 313 janvier 2016

    Dossier

    La transmission des savoirs paysansJean-Luc est paysan, membre de lassociation Copain 44 (cf. p. III). Il tmoigne de la transmission des savoir-faire sur la Zad.

    Une ferme historique de la Zad

  • 7/25/2019 Dossier Conf NDDL

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    Campagnes solidaires N 313 janvier 2016 / V

    Dossier

    Bellevue, le groupe vache est

    constitu de six personnes, de quatrevaches laitires prtes par des pay-sans en lutte, ainsi que des veaux ns laferme. Nous transformons le lait deux foispar jour, en fromage, crme, beurre, fro-mage blanc, yaourt. Tout ceci sert ravitaillerle non march sur la zone (cf. encadrp. VII), des repas au gr des vnements dela lutte, mis en partage dans un frigo o cha-cun.e peut se servir. Chaque semaine, unetraite est rserve pour soutenir desmigrant.e.s Nantes.

    Nous ne vendons rien, il y a simplementune caisse de soutien pour couvrir les frais.Ce que nous faisons na pas de prix! Nousne voulons pas quantifier le temps, le plai-sir ou la contrainte que cela implique, niles rencontres et les amitis que cela tisse.Ce que nous faisons est partie prenante dela lutte et ne pourrait exister sans elle :loccupation de la zone, les solidarits, lesactions et manifs, les dbats, les liens, le par-tage et lorganisation collective plein deniveaux diffrents. Ce qui est importantici, cest un brassage et une confrontation

    entre des mondes qui ne se rencontrent pastrs souvent, avec toutes les richesses quea apporte. Cest ainsi que nous avons toutappris sur les vaches, les cultures, les trac-teurs, la transfo et les prairies ici, plong.e.s

    dans un monde, accompagn.e.s du sou-

    tien, de la patience, la pratique et la pas-sion des paysan.ne.s et de tout un tas degens.

    Nous ne sommes pas des agris diplom.e.s,et ne comptons pas le devenir. Nos instal-lations ne sont pas conformes aux normes.Pour nous, rester hors des cadres institu-tionnels, cest faire nos propres cadres; vi-ter au possible un systme de contrles etpressions visant la comptitivit, cest se

    tenir distance des lois impitoyables du

    march.Nous ne sommes pas l pour vendre dulait, mais pour contribuer nourrir des rsis-tances, pour vivre et lutter dans ce bocage,contre la mtropolisation, la marchandisa-tion, pour dfendre des terres, des rves, despossibles, pour partager des fromages, desides, des connaissances, des motions, desmoyens de lutte, des doutes, des dsirs n

    Les trayeurs et trayeuses

    Le dimanche 27 janvier 2013, nous, pay-sans de Copain (cf. lexique p. III),sommes runis dans une grange. Nousnous demandons quel est le moment le plusjudicieux pour occuper la ferme de Bellevueafin dempcher sa dmolition. Le fermiera sign son dpart, accept les indemnitsdAGO-Vinci, alors il ny a plus qu par-tir du moment o nous occuperons la ferme,nous deviendrons squatteurs. En cela nousferons partie des occupant.e.s, paysan.ne.set habitant.e.s historiques qui rsistent laconstruction de laroport.

    Notre cul pos sur les bottes de foin bou-gera trs vite lorsque lun de nous dira : Nattendons pas demain pour prendre Bel-levue, cest maintenant et tout de suite! Unevidence pour tout le monde (a arrive).Arrivs sur place, les tracteurs senchanentautour des btiments, puis, on bloque lesaccs avec gravats et vieux matriel agricole.

    Dans la foule, beaucoup de gens viennenten soutien, des tours de garde sorganisentet une procdure judiciaire est lance.

    Les paysans ne peuvent rester en perma-nence. Mobiliss depuis de nombreusessemaines, ils manquent de temps pour assu-rer leur propre boulot. Ils passent donc le relais un collectif qui simprovise pour habiter lelieu et le remettre en tat. Pour celles et ceux-l, le dfil de visiteurs crera des momentscertes fabuleux, mais aussi trs durs.

    Dans un premier temps, les paysans essaientde sorganiser avec les nouveaux habitant.e.s.En juin 2013, lors dune opration de com-munication jointe lutilit doccuper les120 hectares de Bellevue, ils amnent des

    vaches. Un jeune de Copain cre un projetde transformation laitire, repris par desoccupant.e.s de la Zad. Confier des vaches des personnes qui, pour la plupart, dcou-vrent pour la premire fois les soins et las-

    treinte de la traite est une sacre aventure!La transmission de savoirs continue encore.

    Les activits de Bellevue lait, fromage,

    pain, levage de porcelets, atelier couturedoivent beaucoup aux changes. La possi-bilit de casser la crote ensemble le ven-dredi midi participe une convivialit indis-pensable pour sorganiser. Bellevue est unlieu identifi paysan, mais les gens qui yvivent ne sont pas forcment investis dansdes projets agricoles.

    Ce lieu est et doit rester une rfrence pourchanger des ides sur lagriculture paysanneavec lensemble des composantes de la lutteet de la socit. Dans un avenir sans aroport,Bellevue perdrait beaucoup de son identit

    symbolique redevenir une ferme parmidautres. Laprs sera une autre lutte, laquelleles paysan.ne.s doivent se prparer avec len-semble du mouvement de rsistance. n

    Michel

    Bellevue, toujours ferme

    Campagnes solidaires N 313 janvier 2016 / V

    Oh la vache ! :des vaches et une fromagerie Bellevue

    La ferme de Bellevue, le jour du retour des vaches, en juin 2013.

  • 7/25/2019 Dossier Conf NDDL

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    Y construire son avenirMicka, 27 ans, cultive avec cinq comparses lgumes, tournesol et crales, install dans un ancien corps de ferme vou ladestruction. Il espre continuer ses prochaines annes cultiver sur des terres communises , gres par le mouvement

    de lutte.

    Dossier

    VI \ Campagnes solidaires N 313 janvier 2016

    Jarrive sur la Zad au printemps 2011,BPREA en poche (1), hors cadre fami-lial, avec aucune possibilit prochedinstallation. Je suis en qute de perspec-tives plus rjouissantes que sendetter etsexploiter double temps plein pour pro-duire des lgumes livrs des citadins auxrevenus confortables.

    Avec cinq comparses, nous mettrons enculture une parcelle dun hectare, devenuefriche, en marachage diversifi. Objectif: uti-liser nos envies et savoir-faire paysans pouroccuper la terre contre laroport, crer dulien entre squatteurs et paysans historiqueset sprouver dans un projet agricole col-lectif.

    Arrivs sans matriel et avec les pers-pectives permanentes dexpulsion/des-truction, nous ne ferons pas dinvestis-sements, privilgiant le systme D, ainsique la solidarit des paysan.ne.s etcitoyen.ne.s alentours. Ni siret (2), ni sta-tuts, ni label. La production est vendue sur

    place, prix libre.Lautomne 2012 voit la fin de ce premier

    projet de production (cf. encadr), sous undluge de grenades et lacrymo. Depuis, noussommes installs aux Fosses Noires, dans

    un ancien corps de ferme vou la des-truction. Lgumes plein champ (un hec-tare), huile de tournesol (4 hectares lan-ne prochaine), ptes sches (objectif 4 5 tonnes de bl transformes par an) sontvenus remplacer le marachage diversifi. Lesparcelles sont en rotation avec dautresgroupes (herbes, crales). Les lgumes deconservation sont vendus par le bouche oreille.

    Labsence des contraintes conomiquesclassiques et lentraide permettent de pou-voir exprimenter des techniques culturalesparticulires: jentretiens mes lgumes laidedune jument de trait (photo), attele dematriels modernes. Tous les ans, un demi-hectare doignons est cultiv conjointementavec un comit de Rennes contre laroportde Notre-Dame: ici on assure le suivi tech-nique global, eux viennent 25 pour 2-3chantiers manuels. La production (6 tonnesen 2015) est ensuite partage selon lesbesoins. Une partie part gratuitement en sou-

    tien (Zads, aide aux sans-papiers, mouve-ments sociaux). Les frais de la culture sontassums conjointement.

    Dornavant enracin au territoire, jes-compte bien pouvoir continuer ces dix pro-

    chaines annes cultiver sur des terres communises , gres par le mouve-ment de lutte. Ici, le territoire est suffi-samment fertile pour exprimenter etconstruire un avenir radieux. n

    (1) BPREA : Brevet professionnel responsable exploitationagricole.(2) Numro dimmatriculation dune entreprise.

    Csar vaincu!

    Le 16 octobre 2012, ltat lance lopra-tion Csar pour dloger les zadistes.Plus de 1200 gendarmes et policiers inter-viennent, appuys par deux hlicoptres.Mais la rsistance est telle que lopra-tion na quune porte limite, malgr ladestruction de certains sites et btiments.Cette opration guerrire augmente lasympathie pour le mouvement des oppo-sants au projet daroport, lchellenationale. En raction, le 17 novembre,une manifestation de roccupation mobilise prs de 40 000 personnes. Ridi-

    cule, la prfecture de Loire-Atlantiquedcomptera 4 500 personnes dans lecortge et 13500 si on compte lensembledes personnes qui se trouvent dans lesecteur

    Lgumes en plein champ aux Fosses Noires

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    Campagnes solidaires N 313 janvier 2016 / VII

    Au fournil des Fosses Noires, nous fai-sons trois journes de pain parsemaine. Chaque journe, ce sontentre 60 et 100 kg de pain que nous ptris-sons et faonnons la main. Nous sommesune quipe denviron huit personnes serpartir le travail. Certain.e.s font une journepar semaine, dautres un peu moins, rguli-rement. Nous cuisons dans un petit four (20kgde pain), transportable en cas dexpulsion

    Nous achetions toute notre farine unpaysan meunier avec qui nous avons crun lien sur le long terme. Dornavant, unepartie de notre farine vient du bl et du sar-rasin cultivs et moulus sur la Zad. Notrepain 100 % sarrasin commence avoir un

    certain succs, aussi bien chez les intol-rant.e.s que chez les accros au gluten.

    Les lundis et jeudis, le pain est distribusur place; le vendredi, il est vendu sur le non-march (cf. encadr) o il rejointles laitages et lgumes produits sur la Zad.

    Ces moments sont loccasion pour leshabitant.e.s de la zone et des villages alen-tours de se croiser et dchanger.

    Comme notre travail, notre pain na pasde prix et la contribution est libre. Les gensqui le peuvent mettent de largent dans la

    corbeille, ceux qui ne peuvent pas repartentquand mme avec du pain.En gnral, nous rcoltons un peu plus

    dargent que nous en avons besoin pour lesfrais de production. a nous permet dendonner rgulirement Sme ta Zad, aucomit anti-rpression de la lutte et ponc-

    tuellement dautres initiatives : en cemoment, la cration dune boulangerie Calais en soutien aux migrant.e.s. Par choix,

    nous ne nous rmunrons pas.Dans lquipe, une seule personne a une for-mation de CAP de boulanger, toutes lesautres ont appris sur place. Nous continuonsrgulirement former des gens qui ontenvie de sinvestir dans le groupe, ou plus sim-plement dcouvrir le contact avec la pte.

    tre dans cette quipe, cest aussi dechouettes moments o lon se retrouve,que ce soit pour des journes de chantier

    bois pour le four , des runions, nos plan-nings, les approvisionnementsn

    La boulange des Fosses Noires

    Tmoignage dun vieux tracteurqui revit au sein de la Curcuma,la Cooprative dusure, de rparation,de casse et dutilisation du matrielagricole de la Zad.

    Salut tous et toutes! Jvais vous racon-ter ma vie ici, sur la Zad. Jsuis un 1 120 , famille John Deere, unancien! Jai pass ma vie prs dici, bos-ser avec un agriculteur rsistant, de ceux quiont t de toutes les batailles du monde pay-san, et il y en a eu ! Depuis les annessoixante, jpeux vous dire que jen ai faitdes manifs! Bon, depuis trois ans, jsuis sur

    la Zad : jai dabord barricad des routes etprotg des lieux contre les expulsions en2012. Quand il ny a plus eu dexpulsions,jsuis rest une paire dannes sous la flotte,sur un parking.

    Cest la Curcuma qui ma sauv de la rouille.La Curcuma, cest les gens dici qui soccu-pent de nous, tracteurs et outils agricoles.Ct tracteurs, on est toute une bande, cinqou six; des anciens, avec quatre zros aucompteur (quand il marche). On a t don-ns pour aider les projets agricoles qui se lan-aient. Comme ces projets sont pour beau-coup collectifs, ya plein de monde avec quion travaille, plusieurs dizaines de personnes.Cest des gens qui apprennent: les potes dela Curcuma se sont form.e.s avec les pay-san.ne.s de Copain; maintenant, ils et ellesapprennent aux nouveaux et nouvelles conduire, entretenir et rgler les machines

    agricoles, et les accompagnent.Une ou deux personnes sont rfrentes de

    chacun de nous: elles ont du boulot, parcequil faut bien dire quon a sale caractre, onpte vite une durite. Bon, dans ce cas-l, les

    responsables nous mettent en arrt maladiejusquau prochain chantier collectif. Les chan-tiers mcaniques, on sy retrouve 3 ou 4 trac-teurs, les rfrent.e.s de chaque tracteur ettoutes celles et ceux qui veulent participer.Parfois, ils sont 15 ou 20, faire aussi bienlentretien courant que des grosses rpara-tions ou prparer les repas.

    Au dbut, personne navait vraiment tou-ch la mcanique agricole il y en a bienquelques-un.e.s qui avaient bricol des voi-tures ou des vlos. Mais ils pluchent nosrevues techniques, cherchent sur Internet, symettent plusieurs, et a marche. Quand ilstombent sur un os, il y a toujours un mcanoplus confirm prt donner des conseils.

    Pour nous, les vieilles carcasses, cest

    chouette dtre ici : on nous offre unedeuxime vie et on permet plein de gensde se lancer dans des cultures plein champ.On est fiers de participer protger la Zad!n

    John 1 120 Deere

    Ptrissage du pain la boulange des Fosses Noires

    Le non-marchDepuis lt 2013 se tient sur la Zad, le ven-dredi soir, le non-march. De multiples col-lectifs de la Zad y amnent leurs productions(lait, fromages, lgumes, farine, pain, etc.). Toutle monde est invit a se ravitailler, zadistes mais

    aussi voisins des bourgs, de NantesLe tout est vendu prix libre et alimente uneseule et mme caisse, celle de Sme ta Zad.Le nom non-march est venu du fait quecet vnement veut sortir des rapports pro-ducteur-consommateur.

    Que jvous raconte la Curcuma !

    Dossier

    La boulangerie des Fosses Noires

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    VIII \ Campagnes solidaires N 313 janvier 2016

    Dossier

    Autoconstruction dun lieu de vie etdactivit agricole sur la Zad.

    Dbut 2013, le collectif des100 Noms sest install au centrede la Zad, sur une prairie ddie

    lorigine llevage (pturage et fauchage).Cette installation dun lieu habit et cul-tiv rpond deux objectifs. Le premierest de renforcer le mouvement en conti-nuant de vivre, cultiver et lutter sur cesterres aprs les nombreuses dmolitionsde lopration Csar, en octobre 2012 (cf.encadr p. VI). Lautre objectif est li auxaspirations du collectif exprimenter unmode de vie tourn vers lautonomie ali-

    mentaire et matrielle, en prise avec ceterritoire mis en partage.

    Le lieu sorganise autour dun grand pota-ger vocation vivrire et de la maison col-lective avec une cuisine, un sjour, un dor-toir et une salle de bain. Autour, en borduredes haies, se trouvent des toilettes sches,un poulailler, une bergerie, un atelier, uneyourte collective et une multitude des-paces personnels (cabanes, yourtes, cara-vanes).

    La majorit de ces habitats lgers ont t

    construits sur place par les habitant.e.s. Lesmatriaux de construction sont multiples etpossdent tous une histoire. Pour la mai-son collective, la charpente est en chtai-gnier prlev dans le taillis d ct.

    Cest un lieu lcart du rseau lec-trique et des routes. Pour pallier cet loi-gnement, diverses solutions sont ou vonttre mises en uvre. Une olienne auto-construite et des panneaux photovoltaquesont t installs pour fournir de llectri-cit. Un chemin daccs va tre rouvertlors dun grand chantier collectif fin jan-vier 2016 (1).

    En 2016, des crales seront semes surla partie non utilise de la prairie. Cette par-celle, autrefois strictement agricole, mixeraalors habitat, cultures vivrires et grandescultures. Bien que le lieu soit juridiquementfragile (squat), on sy projette long terme.Il se construit au fil des saisons, des rythmesagricoles et des envies de ses habitant.e.s.Il offre la possibilit de construire un habi-tat autonome visant une production vivrireet des modes de vie en prise avec le monde

    daujourdhui et de demain. nLes 100 Noms

    (1) Un week-end de chantiers collectifs ouverts Lesappels doffres de la Zad est prvu les 30 et 31 jan-vier 2016 sur la Zone. Plus dinfos sur : Zad.nadir.org

    Il y a plus dun an maintenant naissaitdune prairie un lieu de vie o quelquescamarades de luttes se sont installs.

    Ils avaient un projet de marachage surplace, qui sest, de fil en aiguille,transform en projet de groupe.

    Ayant pour but lautosuffisance ali-mentaire, plusieurs habitant.e.s delieux diffrents sur la zone ont uniforce, connaissance et matriel. Un magni-fique potager de plus de 2500 m ainsi quetrois serres ont ainsi apparu aprs de nom-breuses heures de travail.

    Pour y arriver financirement, le groupesest principalement fait aider par Sme ta Zad

    et le collectif des Q de plomb, des famillesqui habitent l depuis des annes et refusentdtre expulses. Chacun.e y a aussi mis dusien, selon ses moyens respectifs.

    Cest ainsi que de magnifiques plants detomates, courges, aubergines, choux ont vule jour, mais aussi des varits de lgumesplus exotiques, tel locra, sorte deconcombre intrieur glatineux origi-naire dAfrique.

    En vue de garder un rythme de travailconstant, le groupe avait fix ds le dbutdes chantiers collectifs. Trois fois par

    semaine, on se rejoignait la Riotire, endroito se trouve le jardin, afin de faire aller lapelle. Puis, au fur et mesure que produi-saient les plants, une journe de chantiersest ajoute au cours de lt. On se retrou-vait donc tous les mercredis au lieu quideviendra plus tard lAuberge des Q deplomb (cf. p. XI) pour transformer leslgumes en coulis de tomates, ratatouilles,ou encore haricots en conserves.

    Qui plus est, le labeur na pas profit quaucollectif. Des kilos de lgumes ont tenvoys en soutien aux sans-papiers de

    Nantes, par exemple, et pratiquement toutesles semaines, les habitant.e.s de la zonepouvaient se procurer prix libre deslgumes au non-march.

    Avec le froid, le rythme se relche un peu ;les cultures dhiver remplacent les tomatesdans la serre et lengrais vert occupe lesbuttes extrieures. En attendant la pro-chaine saison. n

    Le collectif de la Riotire

    Aux 100 Noms La prospre Riotire

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    Le Rouge et Noir est un projet de petitmarachage dun demi-hectare. Onest cinq rfrent.e.s y penser les cul-tures, les suivre toute lanne et assu-rer les arrosages et rcoltes, mais la plusgrande partie du boulot est faite lors dunejourne de chantier collectif hebdomadaire,ouvert tou.te.s. Selon la saison, on y estentre 5 et 30, dont certain.e.s qui viennentpresque toutes les semaines et dautres quine passent sur la Zad que pour quelquesjours. a nous permet de produire deslgumes sans y passer tout notre temps etdavoir un moment rgulier dchange etdaccueil.

    Notre production contribue nourrir noscamarades de luttes et nos voisin.e.s quiviennent au non-march, un moment de

    partage hebdomadaire des rcoltes, pro-ductions, trouvailles. Cest prix libre, cha-cun-e prend ce dont il/elle a besoin et metce quil/elle peut ou veut dans la caisse. Onfonctionne avec la caisse collective de Smeta Zad: tous les projets participants met-tent en commun leurs dpenses, et oncherche ensemble des moyens pour finan-cer les projets (prix l ibre, vente de soutien,appel dons, ftes). On essaye de ne pastre dans des logiques de rentabilit dechaque projet, et que la vente de ce dont

    tout le monde a besoin pour vivre ne soitpas une ncessit.

    Le Rouge et Noir a commenc comme

    une action lors de la manifestation doc-cupation Sme ta Zad, au printemps 2013,aprs la vague dexpulsions de lautomne2012. A ce moment l, a ne paraissait pasgagn quon ait le temps de faire une rcolteavant de se faire expulser ! Mais on est tou-jours l, et on compte bien continuer long-temps contribuer faire vivre une agri-culture vivrire collective sur ce territoireo il est possible dimaginer sortir deslogiques conomiques marchandes. n

    Le collectif du Rouge et Noir

    Le Rouge et Noir

    Dossier

    Campagnes solidaires N 313 janvier 2016 / IX

    13avril 2013: la manif qui lancele mouvement Sme ta Zadraffirme loccupation des

    terres comme moyen de lutte, et, avec laidedun comit aveyronnais, nous installonsune cabane sur les ruines dune fermedtruite pendant lopration Csar, ctde la ferme de Saint-Jean-du-Tertre. Un anplus tard, le mouvement occupe aussi cettedernire, et nous y installons une meune-rie, des cellules de stockage et un atelier demcanique agricole.

    Nous ne sommes pas paysan.ne.s maisnous sommes attir.e.s par lappropriationde techniques et de savoirs vitaux.

    Saint-Jean-du-Tertre aujourdhui, lameunerie tourne pour les habitant.e.s de

    la Zad, des ami.e.s des alentours et dautrescomits. Nous avons sem et rcolt avecdes collectifs de diffrents endroits enFrance. La farine qui en est issue alimenteles boulangeries de la zone et partiraappuyer dautres luttes, comme Rennesou Calais. Autant que pendant lesmoments de dfense du foncier et lesaffrontements, le brassage et les changesdans le travail commun sont rendus plusriches par labsence de contraintes insti-tutionnelles ou marchandes.

    Si nous avons dcid de cultiver, cestparce que nous avons choisi de prendre partau conflit qui est n sur les questions dela terre et de son usage. Conflit qui sejoue avec ltat et Vinci, mais aussi au

    sein du monde agricole, et mme au seindu mouvement de lutte, concernant lerapport la nature. Cultiver ici cest sor-ganiser pour tenir des rapports de force,lors de prises de terres par exemple, cestse les rpartir dans des runions semes-trielles, en discuter lusage. Au-del de lapossibilit dalimenter une force politiqueautonome, de partager le travail agricoleet le plaisir de son fruit, il sagit deconstruire les conditions politiques et exis-tentielles pour assumer les consquences

    dun dcrochage rel et durable avec lesinstitutions. Cest tout cela que nousentendons par processus de communi-sation des terres. n

    Le groupe crales

    Opration Sme ta Zad, semailles en mai 2014.Sme ton bl

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    Notre collectif, compos et recom-pos au fil des annes, sest installdans les btiments de lancienne

    ferme de Saint-Antoine, suite aux expulsionsil y a trois ans. Avec un got dingue pourlorganisation de concerts enfivrs sur desstyles de musiques exprimentales et sou-vent inoues, nous essayons de faire porte-voix pour de nombreux groupes et artistesde passage qui viennent nous dlivrer, entreautres, leurs messages de soutiens po-tiques la Zad. Pour le public, ces concertset spectacles sont des occasions attendues

    pour lcher les corps et chauffer les mes,scarquiller les oreilles et se dboucher lesyeux.

    Au fil des mois et des annes, nous avonstenu aussi ce que les lieux puissent ser-vir un tas dactivits politiques, au hasard:

    cyclocamp international, assembleReclaim the Fields (1), runions Construirele futur de la Zad , rencontres vidosautogres, projections et discussions rgu-lires. Cest aussi un lieu pour sessayer,rpter ou sentraner : graf, musiques,danses, cirque, self-dfense, tatouage...Une seconde piste vient dtre ouvertedans une sublime grange baptise selonlhumeur SBAM (Salle de Boxe Alain Mus-tire) (2) ou SPJMA (Salle Polyvalente Jean-Marc Ayrault).

    Il y aussi la Smala, un chantier en train

    daboutir aprs des mois de gestation. Dansla maison dorigine de la ferme et dansune grange attenante, la Smala est desti-ne accueillir les enfants de passage etles adultes qui les accompagnent. Ni cole,ni crche, nous voulons en profiter pour

    favoriser la rflexion sur la place des enfantsdans la lutte, en leur ouvrant un espace prio-ritaire au milieu de la fourmilire deszadultes.

    Avec ce quil nous reste de temps, nouscultivons tout de mme la Wardine, surdeux jardins et une serre magnifiques,pour abonder la grande table quotidienne,voire pour petit petit en refiler lext-rieur. Dehors, dans le potager multiformequi enserre tous les btiments, on est encontact direct avec la nature incroyablede la Zad. n

    Le Collectif de la Wardine

    (1) Reclaim the Fields est une constellation , un rseaude gens, jeunes et moins jeunes, qui portent un projet col-lectif et international de retour et de racccs aux terrespour rassumer le contrle de la production alimentaire:www.reclaimthefields.org(2) Leader local des pro aroport .

    Saint-Jean-du-Tertre, sur une fermesauve de la destruction, Wilhemconstruit son avenir paysan dans

    llevage laitier, en bio, en synergie avectoutes les autres activits de la Zad.

    Saint-Jean-du-Tertre, cest le nomdune victoire. En avril 2014, le mou-vement de lutte contre le projet da-roport obligeait la prfecture suspendrelexpulsion et la destruction de cette ferme.Jtais lun des quatre occupants avoirinvesti les lieux pour prserver et am-liorer lexistant afin de permettre une ins-tallation agricole . Trs vite, des activitsse sont mises en place dans le hangar atte-nant: la meunerie, latelier mcanique. Jtaisencore pour ma part salari plein-tempsdans une ferme du Sud de la Loire (1).

    En dcembre, suite au dpart de deux co-habitants, je suis venu Saint-Jean plein-temps. Une semaine plus tard, javais troisgnisses. Aujourdhui, je moccupe de quinzejeunes bovins qui mont tous t donns.Paralllement je suis en stage chez Sylvieet Marcel (cf. p. IV), via la Ciap (2). Mon pro-jet dinstallation na pas beaucoup varidepuis ma sortie du brevet professionnel

    (BPREA) en juin 2013 : cest de vivre duneferme avec 25 30 vaches laitires, leves lherbe et en bio. Ce qui change avec laZad, ce sont les perspectives que a ouvre.Sur les 60 hectares qui constitueront, je

    lespre, le parcellaire, une partie de lasso-lement sera partage avec mes camaradesdu groupe crales, et des prairies humidespourraient devenir des communaux.

    Sinstaller sans sendetter, mettre en placeun outil facilement transmissible qui puisseaussi faire vivre dautres personnes par dela transfo ou dautres ateliers, avoir de nom-breux voisin.e.s et devenir fermier duneterre devenue proprit collective: tels sontles enjeux qui mattachent ici.

    Aux multiples avantages ns de la lutteou encore construire sajoutent les atouts

    plus anciens du monde agricole local : uneCuma intgrale Notre-Dame-des-Landes(le matriel nest pas mon fort), desrseaux paysans remuants qui ont fondle Copain, etc.

    En attendant la premire venue du laitier(Biolait), des batailles restent mener: fairetomber le projet daroport, mais aussigagner la guerre du foncier. Il serait injusteque les terres sauves par le mouvementde lutte aillent lagrandissement de fermesqui en ont dj bien assez, surtout quandles exploitants ont ngoci avec AGO-Vinci.Nous avons loccasion de crer quelquechose de nouveau: saisissons-la! n

    Wilhem

    (1) Le dpartement de la Loire-Atlantique est coup endeux par le fleuve Loire. Notre-Dame-des-Landes est au nord.

    (2) Cre par des paysans et organisations membres ouproches de la Confdration paysanne, la Ciap de Loire-Atlantique est une socit cooprative dintrt collectif(Scic). Elle accompagne des porteurs de projets agricolesvers linstallation et la prennit de leurs activits, enmobilisant toutes les comptences des territoires et cellespropres la cooprative. Cf. CS n 305 (mars 2015).

    La WardineLa Zad est aussi un champ des possibles pour des quantits dactivits non agricoles : radio, cantine, mcanique, sans parler dunactivisme libr de contraintes... La Wardine tente, parmi dautres, de donner des moyens matriels pour ces autres activits.

    En attendant la premire venue du laitier

    X \ Campagnes solidaires N 313 janvier 2016

    Dossier

    Wilhem et ses veaux, en septembre 2015

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    Dossier

    Il a t rflchi au sein dune assemblergulire ayant pour objet de penser lavenir des terres une fois le projet

    daroport abandonn, assemble quiregroupe des personnes issues des diff-rentes composantes du mouvement delutte. Ce texte a t longuement dbattu, plusieurs reprises, dans de multiples com-posantes et espaces dorganisation dumouvement.

    Nous dfendons ce territoire et y vivonsensemble de diverses manires dans unriche brassage. Nous comptons y vivre

    encore longtemps et il nous importe deprendre soin de ce bocage, de ses habi-tant.e.s, de sa diversit, de sa flore, de safaune et de tout ce qui sy partage.

    Une fois le projet daroportabandonn, nous voulons:

    1 Que les habitant.e.s, propritaires oulocataires faisant lobjet dune procduredexpropriation ou dexpulsion puissent res-ter sur la zone et retrouver leurs droits.

    2 Que les agriculteurs et agricultrices

    impact.e.s, en lutte, ayant refus de plierface AGO-Vinci, puissent continuer decultiver librement les terres dont ils-ellesont lusage, recouvrir leurs droits et pour-suivre leurs activits dans de bonnes condi-tions.

    3 Que les nouveaux habitant.e.s venu.e.soccuper la Zad pour prendre part la luttepuissent rester sur la zone. Que ce qui sestconstruit depuis 2007 dans le mouvementdoccupation en terme dexprimentations

    agricoles hors cadres, dhabitat autocons-truit ou dhabitat lger (cabanes, caravanes,yourtes, etc), de formes de vies et de luttes,puisse se maintenir et se poursuivre.

    4 Que les terres redistribues chaqueanne par la chambre dagriculture pourle compte dAGO-Vinci sous la formede baux prcaires soient prises en chargepar une entit issue du mouvement delutte qui rassemblera toutes ses com-posantes. Que ce soit donc le mouve-

    ment anti-aroport et non les institutionshabituelles qui dtermine lusage de cesterres.

    5 Que ces terres aillent de nouvellesinstallations agricoles et non agricoles, offi-cielles ou hors cadre, et non lagrandisse-ment.

    6 Que ces bases deviennent une ralitpar notre dtermination collective. Et nousporterons ensemble une attention rsoudre les ventuels conflits lis leursmises en uvre.

    Nous semons et construisons dj unavenir sans aroport dans la diversit etla cohsion. Cest nous tout.e.s, dsaujourdhui, de le faire fleurir et de ledfendre.n

    Parce quil ny aura pas daroportCe texte en 6 points a pour but de poser les bases communes ncessaires pour se projeter sur la Zad une fois le projetdaroport dfinitivement enterr.

    Campagnes solidaires N 313 janvier 2016 / XI

    Nous dcouvrons le vrai visage de VinciIronie de lhistoire, cest en pleine ngociation de la Cop 21 que tous les occupant.e.s histo-riques de la Zad, 17 habitant.e.s et paysan.ne.s, se retrouvent assigns en rfr expulsion le10 dcembre 2015 Nantes. AGO-Vinci demande lexpulsion sans dlai des occupant.e.s his-toriques, protg.e.s par laccord politique de la grve de la faim de 2012 (pas dexpulsionavant la fin des processus juridiques de tous les recours), accord prolong lors des munici-pales pour prendre en compte les recours sur lenvironnement jusqu puisement. AGO-Vinci a donc lhonneur de demander la juridiction de lexpropriation: dordonner lexpulsion immdiate et sans dlai, et ce sous astreinte de 200 euros par jourde retard ; dautoriser AGO faire procder cette expulsion, au besoin avec le concours de la forcepublique et dun serrurier; dordonner lenlvement et la squestration de tous les meubles, animaux, matriels entre-

    poss sur les parcelles aux frais, risques et prils des occupants .Le 10 dcembre, laudience sest conclue par un retrait du rle. Cela signifie que la demandeest retire, mais elle peut tre rinscrite dbut janvier, car le gouvernement a prvu que lestravaux redmarrent en janvier

    Sylvie et Marcel Thbault

    Construire la Zad, le fim

    voir: le film vido Une rponse la

    Cop 21 et son monde: construire la Zad,

    25 minutes pour mieux connatre et voir cer-

    taines ralisations sur la Zad, de la meune-

    rie et boulangerie la Curcuma et lau-

    berge du Limimbout, lieu collectif construit

    par les zadistes partir de lancienne cu-

    rie dune ferme menace dexpulsion

    youtube. com/watch? v = CjTfxgHkmXA

    LAuberge des Q de plombs: cet t, un grand chantier public de rnovation de la grange du Liminbout apermis de rnover un btiment (charpente, couverture en ardoise, maonnerie) pour y installer une conser-verie, une auberge et une salle de banquet.

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    Toutes celles et tous ceux qui sont allsun jour Notre-Dame-des-Landes ontpu voir la formidable vie qui rgne l.De nombreuses initiatives se font jour. De mul-

    tiples formes de vie cohabitent, on y rinventele vivre ensemble, la dmocratie locale, la tol-rance Bref, prendre les diffrences comme desadditions et non pas comme des divisions.

    Il y a sur cette Zone dfendre des gensqui se rapproprient le mtier de paysan, desfemmes, des hommes qui luttent et qui pro-duisent: lgumes, crales, lait, viande Lagamme des productions prsente sur cecoin de terre est limage de ce pays .

    Il y a aussi des familles de paysans his-toriques qui sont dans des systmes deproduction traditionnels, des gens plus gsaussi qui sont ns dans ce pays, qui le fontvivre, qui donnent cette me particulire cette terre de rsistance si inspirante pourtout un tas dautres combats

    Ainsi, depuis des dcennies, des femmes etdes hommes rsistent par leur prsence, parleur activit agricole, par leurs choix de viescomplmentaires et si importants pour fairechec un projet daroport dun autre temps.

    Certains et certaines sont paysans depuisdes annes sur cette petite commune de

    Loire-Atlantique, dautres les ont rejoints dansleur lutte et se rapproprient cette zone vouedans la tte de nos narques de vastestendues de goudron et de bton Touteset tous ont un point commun: imaginer unautre rapport la vie, un autre rapport au dve-loppement qui fait de nous, paysannes etpaysans, la simple variable dajustement des

    profits sans fin des multinationales.Alors, au lendemain dune Cop 21 que ladiplomatie franaise qualifie de succs his-torique, le gouvernement Valls/Cazeneuvese prpare tout faire pour nettoyer laZad, le kyste comme le qualifiait avecbeaucoup de classe le Premier Ministre il ya quelque temps.

    Deux logiques saffrontent doncDun ct la vie, les projets alternatifs, des

    femmes et des hommes qui vivent, sim-plement qui font leur vie sur ce territoireet de lautre ct une logique policire etrpressive profitant de ltat durgence pourtraduire devant les tribunaux les histo-riques de la zone, pour assigner rsidenceles militants/opposants ce projet daro-port. Un gouvernement aux abois, min parses checs conomiques, sociaux et lec-toraux, qui fonce toute vitesse dans une

    politique scuritaire voue invitablement lImpasse.

    Nous, la Confdration paysanne, sommesfarouchement opposs ce projet inutile.

    La terre se doit dtre la disposition despaysans, de la production alimentaire.Chaque fois que les multinationales et lob-bies du btonnage arrachent des gouvernants

    un nouveau projet inutile et nous limposent,nous perdons pied sur notre mtier, notrefonction, notre capacit faire vivre et vivrede lagriculture et de lalimentation!

    Alors, si daventure le gouvernement socia-liste tente le passage en force en dbut dan-ne sur la Zad, nous, paysans confdrs,serons l pour revendiquer le droit fonda-mental des paysannes et des paysans dis-poser de la terre comme socle universel surlequel ils et elles travaillent et crent leurs vies.

    Bref, les habitants de Notre-Dame-Des-Landes pourront compter sur la forte mobi-lisation du rseau de la Confdration pay-sanne pour sopposer de quelque manireque ce soit aux petits soldats de Valls, quilsportent luniforme Vinci ou celui des gardesmobiles! n

    Laurent Pinatel, paysan dans la Loire,

    porte-parole national de la Confdration paysanne

    XII \ l d

    Dossier

    Notre-Dame-des-Landes, terre de luttes, terre de vies !

    Toutes et tous Notre-Dame-des-Landes le 16 janvier 2016!Suite aux procs ajourns du 10 dcembre 2015 visant expulser les habitant.e.s historiques (cf. p. XI), et dans un climat dannonces dex-pulsions et de reprise de travaux au dbut de lanne 2016, montrons ltat et Vinci que nous ne nous laisserons pas faire!Le mouvement contre laroport appelle une grande journe de mobilisation le samedi 16 janvier.

    Pour la rgion nantaise, une tractovlo et une marche pitonne se prparent.Les comits de soutien et tou.te.s les opposant.e.s sont appels imaginer ds maintenant comment participer cette journe par des actionssimilaires (ou autres), dans leurs rgions, ou nous rejoindre.Des membres de diverses composantes de la lutte de NDDL (dont lAcipa, lAdeca, Copain, des occupant.e.s de la Zad) runis en AG le 14 dcembre 2015 suivre sur : http://zad.nadir.org ou www.acipa-ndl.fr