don quichotte

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Don Quichotte par Jacovitti paru pour la première fois dans l’hebdomadaire italien Il Vittorosio en 1950. La version que nous rééditons aujourd’hui provient d’une édition italienne de 1953.

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Page 1: Don Quichotte
Page 2: Don Quichotte
Page 3: Don Quichotte
Page 4: Don Quichotte

Traduction : Catherine SinéMaquette : Aude Charlier

Page 5: Don Quichotte

JACOVITTI(bibliographie française)

Les aventures de Zorry Kid (3 tomes) – Éditions Garnault 1982-1983Kamasutra – É ditions Artefacts 1983

Jacovitti, Don Quichotte – Éditions Futuropolis 1983Jacky Mandoline, jo Balordo – Éditions Libération Le Cygne 1983

Pinocchio – Éditions Les Rêveurs 2009Jacovitti, Don Quichotte – Éditions Les Rêveurs 2010

Pour découvrir l’ensemble de l’œuvre de Benito Jacovitti se reporter au site officiel : www.jacovitti.it

Page 6: Don Quichotte

Conçu dans une intention satirique, le roman Don Quichotte est vite devenu un mythe littéraire intemporel. Tel Ulysse pour les Grecs de l’Anti-quité, Gargantua et Pantagruel pour les Français, le pâle prince Hamlet pour les Anglais, le Faust des Allemands et Pinocchio ou Dante en vadrouille dans l’au-delà pour les Italiens, le preux cheva-lier de la Mancha représente pour les Espagnols une icône littéraire impérissable, projetée dans l’imaginaire collectif planétaire. Ainsi, malgré ses cinq cents ans bien sonnés, la figure hallucinée de ce redresseur de torts idéaliste, avec son armure et son chétif destrier, nous est-elle parfaitement familière. Ses hauts faits aventureux, vécus en compagnie d’un partenaire fruste et subalterne qui l’épaule dans les causes perdues, continuent à susciter les plus diverses interprétations picturales et graphiques. Les médias du xxe siècle ont sans conteste contribué de manière non négligeable à amplifier la diffusion de l’icône Don Quichotte, la transmettant pratiquement dans son intégrité à l’époque actuelle. À l’affut de sujets et de person-nages, le théâtre, la télévision, les bandes dessinées et le cinéma ont, avec plus ou moins de bonheur, amplement puisé à son mythe pétri d’intentions tantôt comiques, tantôt morales. Et il ne faut pas s’en étonner puisque l’histoire du chevalier fou luttant contre les moulins à vent (devenus prover-biaux grâce à lui) renferme dès le début, par la volonté même de son auteur, un mélange de diver-tissement et d’enseignement spirituel. Personnage ridicule et extravagant, il est empreint d’une irré-pressible détermination rédemptrice et s’engage jusqu’aux ultimes conséquences dans la défense de l’Amour et de la Justice (les majuscules ne sont pas un hasard).En 1605, lorsqu’il le crée dans l’œuvre intitulée à l’origine El ingenioso hidalgo don Quijote de la Mancha, son « papa » Miguel de Cervantès y Saavedra (1547-1616) veut insuffler une touche de ridicule dans les romans chevaleresques, en déclin à l’époque où il écrit. D’après le romancier espagnol, en effet, il est grand temps de prendre ses distances avec ces œuvres littéraires au style redondant farcies de circonstances invraisembla-bles, en particulier du point de vue esthétique.

Sauf qu’au fil du temps, on dirait que l’auteur s’est tellement attaché à son personnage qu’il le prend au sérieux, tout en lui attribuant ces valeurs qu’au moment de sa création, il avait peut-être seulement l’intention de mettre à mal.Dans les registres de l’état civil, le héros de ce roman parodique s’appelle Alonso Quijano. Cervantès nous informe qu’au moment où sa folie survient « il frisait la cinquantaine ; de complexion robuste, sec de corps et de visage ; il se levait de bon matin et était grand amateur de chasse ». Aussi follement passionné de lectures chevaleresques que noble d’âme, notre maigre hidalgo se pique d’imposer à l’humanité sa vision désenchantée du monde, dégagée des conventions sociales et complète-ment à l’opposé des misères que la vie quotidienne distribue à pleines mains. Ainsi, après avoir changé son nom pour le ronflant don Quichotte de la Mancha, le bon Alonso Quijano se métamorphose en une sorte de redresseur de torts, commençant à errer dans toute l’Espagne avec la ferme convic-tion d’être un chevalier. Selon l’usage médiéval, don Quichotte entend défendre les faibles contre les abus de pouvoir des puissants, remettant à la mode des idéaux tombés en désuétude depuis des siècles. Au cours de son périple moralisateur, chevauchant son fidèle cheval émacié Rossinante, don Quichotte trimbale aussi avec lui un homme rencontré en chemin, un certain Sancho Panza, auquel il promet une partie du royaume qu’il va conquérir, en échange de ses services d’écuyer. Puis, par amour d’une paysanne qu’il prend pour une princesse et rebaptise Dulcinée de Toboso, notre fol hidalgo se lance dans l’accomplissement de hauts faits d’inspiration héroïque.

Don Quichotte, dans une nouvelle version réalisée en 1974 pour la galerie de personnages qui ouvre un gros album anthologique sur Jacovitti édité par Piero Dami.

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Page 7: Don Quichotte

Mais en 1600, l’Espagne de Cervantès s’avère très différente de celle des romans de chevalerie. Du coup, pour le dernier des chevaliers, chaque entreprise ne tarde pas à virer régulièrement à la défaite, d’autant qu’elle se base sur des méprises et des malentendus. Don Quichotte confond des moulins à vent avec de gigantesques bras tour-noyants, il prend de simples marionnettes pour des créatures maléfiques, transforme des troupeaux de brebis en armées ennemies. Pour lui, le couronne-ment de toute bataille sera le mépris des gens, qui lui plaquent l’étiquette de fou.

DON QUICHOTTE EN BANDES DESSINÉES

Père du roman moderne d’après le critique György Lukács, Don Quichotte présente aussi dans sa trame un formidable matériau à exploiter pour une ou plusieurs bandes dessinées. Ou dans les dessins animés, comme le fait Ub Iwerks avec son studio, en 1934, après avoir commencé son activité avec Walt Disney en animant et en dessinant les premières images de Mickey. Iwerks intitule Don Quixote un court-métrage en couleur du cycle Comicolor, distribué dans les salles de cinéma par le produc-teur Pat Powers. Le 26 novembre de cette année, débute la brève parabole sur les écrans du cheva-lier fou qu’Iwerks représente, sans hésiter, dès les premières scènes dans une clinique psychiatrique, enfermé dans une cellule aux murs capitonnés. Il va échapper à son surveillant obèse, mais à la fin du court-métrage, il sera bien content de retourner derrière les barreaux, réalisant que, somme toute, le monde extérieur est bien moins accueillant que sa cellule.En Italie, la première version en bandes dessinées du chef-d’œuvre de Cervantès est due au grand scénariste Federico Pedrocchi (qui se cache sous le pseudonyme de G. Mellini), l’un des princi-paux auteurs de « publications à petits nuages » de l’entre-deux guerres. Le dessin de cette adapta-tion du Don Quichotte en bande dessinée, rare et méconnue, est l’œuvre d’un autre grand inter-prète graphique, cette fois-ci : l’illustrateur turinois Angelo Bioletto, né en 1906, qui s’est aussi adonné pendant un certain temps, jusqu’au début des années 50, à l’art de la séquence. Dessinateur humoristique pour le quotidien La Stampa, Bioletto était devenu très populaire à la fin des années 30 (du siècle dernier, naturellement) pour ses dessins comiques et grotesques des vignettes Perugina, inspirées par l’émission radiophonique Les 4 Mousquetaires des humoristes Angelo Nizza et Riccardo Morbelli. C’est en 1939 que, dans sa chambre d’hôtel à Paris, où il se trouve pour le lancement du concours lié à ces vignettes légen-daires, Bioletto réalise les planches dessinées du Don Quichotte adapté par Pedrocchi, qui seront publiées par Arnoldo Mondadori entre janvier 1938 et juillet 1939 sur l’illustré L’Audace (numéros 262-291).Il s’agit de la première approche de Mondadori avec le rêveur fou de la Mancha, qui trouvera son digne

successeur grâce à la main de Pier Lorenzo De Vita, autre père historique de la bande dessinée italienne, quasiment de la même génération que Bioletto, avec lequel il effectue un parcours commun. Dès 1938, âgé d’à peine 29 ans, De Vita avait monté une société lucrative avec Mondadori, reprenant des romans classiques ou épiques, vieux ou récents, dans ses grandes planches, sans lésiner sur la veine ironique et grotesque qui, dans ses aventures disneyennes, se muera en difformités somatiques bizarres chez les personnages secondaires. Entre-temps, lorsque Mickey est encore un journal anthologique et s’appuie sur les funny animals disneyens des pierres angulaires de l’aventure (made in Italy ou pas), De Vita illustre une transposition fantaisiste des Voyages très extraordinaires de Saturnin Farandoul du français Albert Robida (1938-1940). Pour Paperino e altre avventure (Donald et autres aventures), il dessine les feuilletons historique La Primula Rossa del Risorgimento (La primevère rouge du Risorgimento) (1938-1939) et d’aventure Il diamante azzurro (1939-1940) tout en se mesurant pour L’Audace au roman en costumes Capitan Tempesta (1940-1941). On peut aisément imaginer que, si le Don Quichotte de Pedrocchi n’avait pas été confié à Bioletto, il lui serait revenu de droit, tant les personnages du chevalier visionnaire et de son écuyer corpulent conviennent à l’écriture graphique de De Vita. Ce grand dessinateur réapparaît de manière indirecte après guerre quand, poursuivant sa collaboration avec Mondadori, après avoir publié plusieurs de ses histoires dans la collection Albi d’oro (L’escalier de la haine, La grande aventure de Marco Za, L’espion, La mariée d’un jour, L’épée de Domokos), il accepte les contraintes strictes et s’attaque, sans trop d’enthousiasme, aux personnages de Mickey et de Donald. Comme on le sait, en effet, à cette époque Mondadori bénéficie d’une licence d’exploita-tion de Disney et il est autorisé à en produire des histoires. Au début de son long militantisme auprès du nouveau Topolino1, non plus anthologique mais uniquement disneyen (qui sera en format de poche à partir de 1949), De Vita livre à l’histoire de la bande dessinée son interprétation du Don Quichotte, homo-nyme du roman de Cervantès, mais aussi appelé Donald et Don Quichotte pour des raisons logiques de différenciation (Topolino, numéros 137-139).L’ouvrage de De Vita est la deuxième longue aventure de ce célèbre cycle en bande dessinée qui sera connu par la suite sous le nom de « Grandi parodie », inauguré en 49 avec L’Inferno di Topolino (L’Enfer de Mickey), soit le premier chant de l’œuvre de Dante revisité sous un angle résolument sati-rique, avec les dessins de Bioletto et le scénario du volcanique Guido Martina, créateur de Pecos Bill.C’est au cours de l’année 1956 que Martina, sur une suggestion du directeur de Topolino Mario Gentilini, décide de ne pas faire de l’Enfer danto-disneyen une expérience isolée. Du coup, en collaboration avec De Vita, il colle l’irascible Donald Duck dans le rôle d’un jeune chevalier errant et, dans celui de l’écuyer Sancho Panse, ce pauvre Dingo, « faire-valoir » pour une fois d’un autre premier rôle que Mickey.

(1) En Italie, Mickey s’appelle Topolino et donne son nom à l’équivalent du Journal de Mickey.

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Page 8: Don Quichotte

Le Moyen Âge fut une période pleine de belles choses : Chevalerie, honneur, aventures, fantaisie, etc. etc. Jetez un coup d’œil ci-dessous et vous vous en rendrez compte.

Tout ce que vous voyez est un prétexte pour vous dire que, dès le prochain numéro du Vittorioso, vous décou-vrirez Don Quichotte, un Don Quichotte du soussigné. Ciao !

Oh ! Ce que j’ai honte !

Vous m’avez encerclé hein ? Mais je vendrai cher ma peau ! Cent écus !...

Chevalier, du courrier pour

vous !...

Eh, que fais-tu ? T’es fou ?

Mais t’as vu ça…

T’as pas d’armure ? Si tu veux venir dans la mienne, te gêne pas !...

Fais attention, hein !...

Je mets les merlons en

cage !...

Ce fichu baron m’a eu encore une fois ! Dieu sait où il s’est caché…

Vous voulez de l’huile bouil-

lante ? Passez la monnaie !

Avec ce panneau bien en vue, l’ennemi n’entrera

pas, même le pont abaissé.

Quelle heure

est-il ?

Eh non ! Il fallait que tu envoies

seulement la flèche.

3 boulets

1 sou

Passage interdit aux chevaux

Aïe ! Aïe ! Y me mord la main !

Y me fait mal !

Je le mange moi… Je l’ai vu en

premier !

Pauvres chéris… c’est moi qui

vais le bouffer !...

Non ! ce guerrier c’est moi

qui me le boulotte !

Avec cet hippogriffe j’aurais mieux fait de me munir d’un parachute.

ATTENTION

Au FANTôME

DE MINuIT !

QuelQue chose

Tailleur

Interdit de marcher

sur les fleurs

A ichage interdit

Affichage interdit

Affichag interdit

Affichage interdit

Affichage interdit

VILS FéLONS !

COuArDS !ALLEz !

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Page 9: Don Quichotte

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Aux abords d’un village perdu entre monts et vallées, un vieux château du XVIIe se dresse majestueusement. À l’in-térieur, vit un drôle de misanthrope qui lit beau-coup et rêve de fantastiques héros d’épopée. Il s’appelle Don Quichotte comme un de ses lointains ancêtres que Cervantès immortalisa dans son célèbre roman.

Voilà des années que Don Quichotte ne sort plus du château et ces lectures lui ont fait perdre la notion du temps.

un jour, Don Quichotte prend le mors aux dents, faisant accourir un vieux et gros major-dome qu’il appelle Sancho Pansu.

regarde ce portrait, félon : c’est mon trisaïeul au carré, Don Quichotte de la Mancha, un grand guerrier…

Tous ces chevaliers se battent et gagnent pour un idéal… Moi aussi je dois affronter le mal, sous quelque manière qu’il se présente !

Don Quichotte montre à Sancho Pansu une vieille armure couverte de toiles d’araignées pendue à un portemanteau.

Aidé par le vieux Sancho Pansu, Don Quichotte enfile laborieusement la cuirasse rouillée et tout ce qui s’ensuit.

Tu vois comme je ressemble à mon trisaïeul au carré ? Dorénavant je veux égaler ses exploits et je finirai tout ce qu’il a commencé…

Va t’habiller en écuyer… et amène-moi un cheval : tu vas me suivre dans mes futures

pérégrinations…

Je couperai les têtes des dragons et des Turcomans, là, là et là. Tzac !

Don Quichotte est saisi d’une étrange lubie et se met à manier l’épée à droite et à gauche.

J’embrocherai les ennemis de l’honneur et de la justice, là et là ! Je serai le pourfendeur de tout malheur !

Notre héros continue à distribuer des coups çà et là, tandis que du tableau, l’esprit du vrai Don Quichotte entre dans le corps de son descendant. Maintenant voilà le pompon !...

Excellence, me voici de retour… Je n’ai trouvé que cette rosse dans le château…

Sancho Pansu s’est habillé en vieil écuyer du XVIIe et traîne dans le salon un pauvre canasson mal en point…

Ah ! Lui je l’appellerai rossinante… Il est beau et vigoureux…

Dans son imagination surexcitée, Don Quichotte voit cette carne non comme elle est réellement mais comme si c’était un cheval de race. N’importe quoi !...

Voilà qui est fait, excellence. Je crois qu’il faut lubrifier un peu…

Cette armure lui appartenait… À compter d’aujourd’hui ce sera mon habit… époussette-la et mets-la moi…

Ah ! Magnifique… Cet Orlando sait vraiment y faire… Joli coup… Il est fort mon paladin…

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Page 10: Don Quichotte

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Tiens fermement ce fougueux destrier car je veux le monter… Avec lui j’affron-terai intrépide combats et batailles.

Les fantômes des héros qui peuplent la bibliothèque et l’imagination de Don Quichotte s’animent dans le grand salon du château pour saluer et souhaiter bonne chance à notre «héros» qui ne voit pas rossinante et Sancho Pansu tels qu’ils sont en réalité.

Bonne chance, grand et preux Don Quichotte !

Chevalier des cheva-liers… surpasse nos

entreprises passées…

Salut à toi, archi-chevalier !

Et même plus qu’archi-chevalier,

archi-commandeur !

Sois fort et loyal, avec ton épée !...

Ne perds la tête en aucune occasion !

Vive Don Quichotte

roi des paladins !

Le canasson que Don Quichotte prend pour un «fougueux destrier» s’effondre sous le poids de l’armure de notre drôle de héros.

Sancho Pansu, majordome du châtelain fou, aide la carne à reprendre la position d’un cheval normal… Sancho est obéissant car Don Quichotte lui doit encore plusieurs mois de gages en retard.

En avant, fier destrier ! Le monde a besoin de mon bras armé de Durandal !...

Nous allons quitter ce château pour partir à l’aventure comme tout chevalier qui se respecte. Il me manque un bouclier et une lance… Dès que je croise un chevalier ennemi, de cette épée j’obtiendrai écu et pique !

Excellence, ne vous agitez pas trop. rossinante pourrait se fracasser d’une seconde à l’autre !

écuyer Sancho Pansu, baisse le pont levis et commençons nos aventures !

Don Quichotte quitte le château sur son branlant rossinante tandis que Sancho Pansu, prudemment, ferme bien le portail.

En chemin, comme on le voit, Sancho Pansu se nantit d’une coiffure adaptée à sa nouvelle tenue d’écuyer.

Ne faites pas attention, brave homme… Il faut bien que j’obéisse

à mon maître !...

Les gens opprimés et les injus-tices terrestres attendent mon épée et mon courage !

Page 11: Don Quichotte

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De nombreux villageois viennent voir le drôle de trio formé par Don Quichotte, rossinante et Sancho Pansu. Ici et là, on rit et on se moque.

écartez-vous, vassaux. Laissez passer le chevalier sans taches et sans peur !

J’ai dit de me laisser passer, misérables serviteurs de la glèbe ! Je dois aller me

battre et vous me barrez la route !

Par pitié, excellence, arrêtez avec cette épée… Vous pourriez

faire mal à quelqu’un…

La foule passe à la contre-attaque et nos amis sont chassés du village manu militari.

Sancho Pansu est sur le point d’être rejoint par la foule déchaînée (il est à pied, le pauvre !)…

Mais en deux temps trois mouve-ments, il se procure une monture bovine.

Quelques heures plus tard, nous retrou-vons nos héros égarés sur une petite route de la campagne solitaire.

un long sifflement fait sursauter Sancho. Dans le virage, débouchant d’un tunnel, a surgi le direct de quatorze heures trois.

Le bœuf Gelsomino n’est pas de l’avis de Sancho et s’installe confortablement en plein sur les rails pour se reposer.

Tu veux dire le trainosaure… C’est ainsi que j’appellerais ce monstre qui fonce en ferraillant…

Ah !! Sauve qui peut ! Le train arrive !!...

Eh, qu’est-ce qui te prend ! Tu veux vraiment rester là ? Ce sont les rails du train… Lève-toi. Allez… Grouille !...

Mmmeeuh… Qu’est-ce que ça peut me faire ?

Le quatuor (il y a en plus le bœuf Gelsomino) tombe sur un passage à niveau dont les barrières sont abaissées.

La prenant pour une lance, Don Quichotte s’empare d’une des deux barrières.

Voilà la lance faite pour moi. Avec elle, j’abattrai dragons, géants et chevaliers ottomans !

Excellence, remontons à cheval et fuyons avant que le garde-barrière arrive !

Maintenant toi aussi, vil écuyer, tu possèdes un fougueux destrier. Te le serais-tu procuré en combat singulier ?

Allons-nous-en, écuyer Sancho. Cette glèbe servile ne comprend pas mes actes… Ah !

Ça doit être des mar-chands ambulants de vieille ferraille…

Les rires et les

railleries tapent sur

les nerfs de l’imma-

culé chevalier sans

peur, lequel brandit

son épée et frappe à

tour de bras !... C’est

la bousculade géné-

rale !

Page 12: Don Quichotte

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Le direct vrombissant qui vient de la grande ville renverse cheval et cavalier.

rossinante a été plus malchan-ceux que Don Quichotte. une giclée de vapeur comprimée fait jaillir le pauvre cheval…

Excellence, le train a emporté le cheval…

Assassins, saboteurs de voies ferrées !...

… Et le fait retomber, comme par hasard, sur le dos de Don Quichotte, pile au moment où celui-ci se redres-sait, quelques instants avant que le garde-barrière furibard ne déboule.

Fichons le camp… Le garde-barrière arrive !...

Don Quichotte monté par rossinante et Gelsomino par Sancho Pansu se carapatent précipitamment.

Plus tard, nos quatre amis (en comptant les bêtes) sont sur la route qui mène à la grande ville… Nous sommes en milieu d’après-midi…

Assassins… ravageurs de passages à niveau… Si je vous attrape…

Plus loin, le chevalier errant s’aperçoit qu’il a le cheval sur le dos. Il sort alors de ses gonds et s’en prend à son écuyer.

écuyer, j’ai l’estomac dans les talons… d’où la nécessité de nourriture…

Ah ! Mort au scorpion visqueux plein de pinces !

Or rossinante trébuche et la hampe rouge et blanche du chevalier errant casse en deux le poteau électrique. Mais… que se passe-t-il ?...

Le poteau tombe sur notre héros et un câble sectionné touche Don Quichotte, lui envoyant une bonne décharge électrique. Ce coup-ci, le chevalier n’y a pas été de main morte !

La lance en arrêt, Don Quichotte part à l’attaque, avec l’intention de transpercer ce qu’il croit être un monstre.

Aux yeux de Don Quichotte, surgit au loin un scorpion géant en train de grimper à un poteau. Ce n’est pourtant qu’un pauvre électricien au travail…

Excellence… voilà enfin une sage pensée…

écuyer à la noix… Tu m’as humilié et ennobli ce vil canasson… J’ai une envie folle de te couper la tête !...

Je sens quelque chose qui cloche… J’ai l’impression que je m’enfuis… et que j’ai un drôle de poids sur le dos…

Le train est passé et laisse sur la voie un Don Quichotte h. s. et un Sancho Pansu effrayé… Sans compter le bœuf G e l s o m i n o q u i souffre atrocement à certains spectacles. Et rossinante ? Où

a-t-il pu passer ?

Page 13: Don Quichotte

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un coup de klaxon interrompt les soins énergiques de Sancho…

C’est le tacot antédiluvien d’une demoiselle sur le retour qui approche. Qu’est-il arrivé, brave homme ?...

Vous avez besoin de quelque chose ?

Le chevalier batailleur tire son épée et bondit sur ce qu’il prend pour un lion… Courage, gente

dame, je vais tuer ce fauve…

La demoiselle plus très jeune détale pied au plancher, prenant Don Quichotte pour un fou furieux.Notre héros est ivre de joie et de surprise. Il a trouvé dans la femme de l’auto la demoiselle pour laquelle mener ses batailles de chevalier errant.

C’est Dulcinée ! J’en suis certain… Elle est ligotée à ce fauve en fuite… Il faut la délivrer… Mon cheval !...

Don Quichotte se lance ventre à terre à sa poursuite, suivi par Sancho très contrarié…

Fonce, rossinante… Cette dame est en danger !

La demoiselle poursuivie force l’al-lure, de plus en plus effrayée. Allez !...

Tandis que le soir tombe après un bref crépuscule, la poursuite continue, de plus en plus acharnée.

Excellence… Faisons demi-tour… On approche de la grande ville !

Qu’est-ce que tu baragouines, perfide écuyer ? Presse le pas, avant qu’il soit trop tard !...

Je n’aurais pas dû trop m’éloigner de la ville… Oh, pauvre de moi !...

Permettez ?

À l’aide !

Il recommence !

Sur ce, Don Quichotte revient à lui et son imagination malade lui fait voir ainsi ce qui n’est en réalité qu’une voiture.

Ah, monde cruel !... une dame capturée par un lion ?!...

Oui madame, d’un asile !

Voyez ce que je dois faire pour ce fichu spécimen de dingo… rien que pour la paye, sinon…

Grâce à l’intervention du fidèle Sancho Pansu

qui retire le poteau cassé, Don Quichotte ne passe pas

l’arme à gauche. Il est juste évanoui à cause des fortes

décharges reçues. Le majordome-écuyer fait la respiration

artificielle au chevalier errant en compote.

Si ça ne lui a pas remis les idées en place cette fois, rien ne le fera plus…

Page 14: Don Quichotte

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Excellence, je vous en conjure… rentrons au château… J’aurais dû vous supplier dès le début… Il y a trop de monde ici… Ça va mal finir…

Je n’ai qu’un seul devoir, perfide écuyer : retrouver et délivrer Dulcinée !

une voiture conduite par un chauffeur bigleux embarque le cheval de notre héros.

Le paladin Quichotte est à présent à la merci de l’agent qui siffle longue-ment pour en appeler d’autres.

Vous ignorez qui je suis !

z’êtes qu’une hypoténuse !

Eh, laissez-moi… Je ne dois pas monter, moi…

Malotru !

Eh !... Dis !...

Permettez… je dois monter… permettez !

Quelle honte… La galanterie n’existe plus !...

Sancho et Gelsomino sont tout à coup poussés vers un tram par la cohue des piétons. Le spec-tacle est honteux : coups de pieds, de coudes, cris, imprécations…

Don Quichotte a vu l’écuyer dans cette foule déchaînée. Il se libère de l’agent et accourt épée au poing.

Courage, fidèle Sancho… Je vole à ton secours… Courage !...

Pourquoi fuyez-vous, bandits félons ? Attendez… Je vais vous étriper !...

Sancho Pansu parvient à attraper le fougueux paladin et à l’arracher à cette terrible mêlée… Où vont-ils atterrir ?...

Arrêtez-le !

Au fou !

écartez-vous, brigands à la manque… retournez dans vos antres !...

un trio de pandores survient, bien décidé à emmener nos amis en prison ou à l’asile. Don Quichotte prend les piétons qui entourent Sancho pour des brigands moyenâgeux…

Allez-y… Les voilà… Ce sont des fous furieux !...

Filons… Si on réussit à quitter la ville, on aura de la chance !

J’avais dit que ça finirait mal… Faut que j’essaie de le sauver…

ArrêT DES TrAMS

P. 68 À 100

Halte-là ! Vous êtes en contravention pour abus de cheval et port d’armes médiévales !

À moi, une contraven-tion ? Archi-traître à la noire cuirasse ! Je vais t’embrocher… Où as-tu caché Dulcinée ?

Pour ne pas se faire remarquer, Sancho Pansu s’est mêlé à une centaine de piétons qui attendent le tram. Pendant ce temps, rossinante valdingue çà et là.

Page 15: Don Quichotte

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Le fidèle Sancho entraîne le fougueux chevalier récalcitrant

dans une sombre ruelle.

Voilà qui est fait… Il ne me reste plus qu’à quitter la ville pour retourner dans notre pacifique château…

La foule des poursuivants (agents compris) passe devant eux sans voir les fuyards cachés.

Chemin faisant par les ruelles et les avenues désertes, le groupe arrive sur une petite place obscure. Surprise des surprises : Sancho retrouve le vieux cheval défaillant rossinante.

Ces forcenés oseraient nous tailler en pièces ?!... Ah, vils

félons !... Je vais les encercler et les anéantir. Allons-y !...

Désolé, excellence, mais je tiens à ma peau…

Sancho assomme le bouillant Don Quichotte et le charge sur Gelsomino.

Si on les chope, on les taille en pièces !

Qui voilà !… Comment a-t-il atterri ici ?!…

Bien malgré lui, le pauvre cheval est emmené par le craintif Sancho Pansu.

Ah ! Oh !... Qu’arrive-t-il ?... Ah ! C’est rossinante ?...

Ah ! Nous y voilà… Je dois utiliser des moyens

persuasifs !...

Oui ! Je vois qu’en attaquant à visage découvert je n’arrive à rien ! Tu as

raison… Nous agirons en silence !...

Prudemment, le groupe se met en route. un poivrot solitaire assiste à cette scène insolite.

D’une porte voisine surgit «Dulcinée» accompagnée d’un gamin déguenillé. Don Quichotte se calme et, sidéré, il écoute les paroles furieuses de la dame. Sublime Dulcinée… J’ignorais

que ce lion était domestiqué… Je suis confus et honteux… Je mets mon invincible épée à ton service… Sur un signe de toi, je donnerai ma vie !...

Peu après, Don Quichotte sursaute de joie. Il a vu ce qu’il croit être un lion, à savoir l’auto de la demoiselle prise pour Dulcinée !

Ah ! Voilà ce lion ravisseur de la dame de mon cœur !...

écoutez-le, chère madame… Il est un peu exalté mais

il est inoffensif !...

Le paladin errant s’est agenouillé devant «Dulcinée», l’âme repen-tante et lui donne son cheval.

Si j’ai rendu ton lion inutilisable, prends mon destrier pour aller où tu veux… Je te le donne !...

Eh… Que faites-vous à ma voiture ?...

Á l’aide !...

Qu’avez-vous fait, espèce de fou ? Honte à vous… Á votre âge, traiter ainsi les pauvres tacots antédiluviens !...

Brute immonde… Où as-tu caché Dulcinée ?... rugis ou tu es mort !...

un cheval… un bœuf… un antique guerrier… Hum ! Je dois vraiment être fin soûl

pour voir tout ça !

Taisez-vous, excellence. La ville est pleine d’ennemis féroces et retors… Il faut agir avec prudence si vous voulez délivrer Dulcinée…

Don Quichotte revient à lui et s’empare aussi sec du cheval avec des ardeurs comba-tives redoublées.

Viens… Viens voir ton dingo de maître… On rentre tous dans notre vieux château !

Page 16: Don Quichotte

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Don Quichotte a à moitié déglingué le moteur de l’auto de Dulcinée. Celle-ci exige réparation de nos amis qu’elle prend pour deux pauvres fous.

Avec la queue de Gelsomino, la troupe «hétérogène» tracte la quatre-chevaux dans les rues et les ruelles de la périphérie… La soi-disant Dulcinée habite là…

Entrez… Voici mes protégés… Ils sont vingt et, avec vous deux, ce soir, ma maison hébergera vingt-deux sans-famille. … car je sais que vous êtes

l’élue des nécessiteux. Vous aidez ceux qui n’ont rien et moi je vous aiderai, ô sublime damoiselle. Mon robuste bras est à votre disposition…

Ah ! vous me comblez, douce Dulcinée… Je suis un chevalier qui s’est mis à votre service… Je vous suis maintenant doublement dévoué…

Depuis quelques mois, je fais le tour des rues de la ville pour ramener chez moi les indigents, les sans-abri, les orphelins. Jusque là, je n’ai trouvé que des enfants… Tous seuls au monde… Vous, l’échalas, vous devez être très pauvre pour ne pas avoir une tenue décente…

Don Quichotte et Sancho Pansu suivent Dulcinée à l’intérieur de ce qui ressemble à un pensionnat. Ils sont en effet accueillis par le tapage joyeux d’une vingtaine de gamins entre six et treize ans.

Vous êtes sérieux ? En fait, toute seule je ne suffis plus à toute cette maisonnée… Je vais vous montrer… Suivez-moi dans la cuisine…

Voilà… Je suis un de vos admirateurs… Vous me racontez une de vos mille aventures ?... Par exemple… l’histoire des moulins à vent ?...

Ah ! Ah ! Ah ! Je ne suis pas celui-là, je suis son descendant direct… Mais moi aussi, j’en ai des vertes et des pas mûres à raconter…

Don Quichotte et son fidèle écuyer se retrouvent en train de préparer le dîner pour toute la tribu.

Installe-toi, petit coquin… Je vais te raconter l’épisode de la page précédente…

Oh oui… Merci… Et puis vous me racon-terez vos prouesses des premiers épisodes ?...

Peu après, Don Quichotte est entouré de tous les protégés de Dulcinée.

Donc… Alors j’attrapai le machin… Je machinai çà et là avec le truc, et une chose amenant l’autre, voilà que je chose le machin…

Mais écoutez-le. Il en balance plus qu’un mortier de 420 !

Tandis que notre héros tient l’audi-toire en haleine, Sancho Pansu ne cesse de ronchonner tout en préparant le dîner pour tout le monde.

Tais-toi, vassal… Je suis fier de… cuisiner pour la Dulcinée de mon cœur. Elle est digne de toute mon aide… Elle a tant de petits à protéger…

Excellence… J’ai été majordome pendant vingt ans… Mais faire le cuistot avec votre excellence… non, c’est trop !

un galopin tout frisotté interrompt les paroles de notre chevalier ex errant.

Excusez-moi, monsieur, j’ai entendu dire que vous êtes le fameux Don Quichotte de la Mancha…

Au bout d’une demi-heure, nos amis s’arrêtent devant un portail branlant.

Au milieu des gigantesques immeubles gris, se dresse une timide maisonnette blanche qui est la seule de la ville à posséder un jardinet sur le devant.

Nous voilà arrivés… Aidez-moi à mettre la voiture au garage !... Si vous voulez, mettez-y aussi vos bêtes.

Damoiselle de mon cœur… Je suis prêt à toute réparation… J’ai estropié votre lion domestique, et…

Quel lion domestique !?… C’est une quatre-chevaux… Maintenant vous allez m’aider à tirer la voiture jusque chez moi… Ensuite nous verrons que faire.

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Pendant et après le dîner, les vingt orphelins sont surexcités et ne tiennent pas en place… Ils sont fascinés par ce que leur a raconté Don Quichotte.

Levez l’épée, ô chevalier de la table ronde ou plutôt

rectangulaire !...

Je vais te tailler en rondelles, vil félon…

euh… vol félin…

Qu’avez-vous raconté à ces chenapans ? J’ai dû batailler dur pour les mettre au lit… Et pendant le dîner, ils n’ont cessé de se battre en duel en disant des choses bizarres… Venez par là, qu’on ait une petite discussion…

Dulcinée fait asseoir notre cheva-lier et lui parle longuement.

Vous devez savoir, homme vêtu de fer, que toute seule, j’ai fait de ces gamins de petits hommes. Maintenant,

vous venez leur mettre en tête des idées fantaisistes…

De cette Durandal, je te désarçonnerai de ton destrier et te ferai mordre la poussière…

Ah ! Ce félon de Papemonde… Il va avoir

affaire à moi… Mon épée le…

En pleine nuit, Don Quichotte et Sancho Pansu dorment à poings fermés.

Sitôt après, la matinale Dulcinée monte au grenier.

Bonjour, admirable Dulcinée… Qu’avez-vous à me dire de si bon matin ?...

Quelle honte… Á votre âge, pleurer pour si peu… et vous disiez que vous vouliez nous aider, les enfants et moi… Ce poêle est nécessaire… Sur vous, ça ne chauffait que vos quatre os filiformes, alors que maintenant…

Don Quichotte se persuade que pour aider Dulcinée dans sa mission, il doit vivre et agir comme tous les gens de 1950.

Allons calmez-vous, excel-lence, dans le fond, c’était une vieille ferraille…

Ah ! quelle horreur !... L’armure de mon trisaïeul réduite à un misérable poêle !... Oh pauvre de moi…

un instant… Je ne puis vous écouter sans mon armure… Bigre !... L’armure a disparu !?!...

Voilà… Monsieur Don Machin… Nous, ici, nous n’avons aucun chauffage… et du coup…

Oui… Je pourrais vous aider à vous habiller… J’ai cette

vieille veste… une dame des beaux quartiers me l’a donnée…

Excellence… Si nous devons rester ici pour aider Dulcinée et la protéger de Papemonde, il vaut mieux s’adapter aux usages de cette grande métropole et s’habiller comme les autres…

Maintenant on pourra cuire la nourriture plus facilement

et se chauffer l’hiver.

Bonjour Monsieur

Quichotte.

Pendant la nuit, Dulcinée a transformé l’armure chevaleresque de Don Quichotte en un bon poêle.

S’il vous plaît, ne faites pas de tapage… Les enfants dorment… Il faut que je vous dise une chose qui peut-être… mais restez calme…

Notre paladin du XXe

siècle fait un rêve lourd de sens. Il croit affronter

un monstre ayant les traits de l’ignoble

condottiere Papemonde.

Nos héros ont été installés dans le grenier. Sancho aide son maître à retirer son armure.

Demain, ce vil Papemonde aura affaire à moi… Je vais le défier en combat singulier…

Á l’aube, le chevalier ex errant est réveillé par de curieux bruits de ferraille.

Oulàlà !... Mon épée !...

Je crois que par les temps qui courent, plus que porter

plainte…

Eh !... Doucement avec les épées… On est en 1950, les épées sont passées de mode… Allez au lit cuver votre colère… On en reparlera demain…

Dulcinée dit à Don Quichotte qu’elle a besoin de son aide et de celle de Sancho Pansu pour faire tourner la maison qui est depuis quelque temps la cible du richissime

condottiere Papemonde. Il veut s’emparer du pavillon de Dulcinée pour construire un gratte-ciel à la place.

Sancho, retourne au château et ramène des vêtements plus convena-bles… Je serai un chevalier en pantalon, redingote et

canotier.

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