documents morgenthau (léon de poncins)

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  • Lon de Poncins

    les documentsMORGENTHAU

    the savoisien

    Dans lAllemagne vaincue, la fin de la guerre sera crite dans le sang.

  • Descendant d'une famille de parlementaires anoblis en 1696, le vicomte (de Montaigne) de Poncins tait un fervent catholique qui connut un certain succs dans les annes 1930. Lon de Poncins explique la plupart des grands bouleversements politiques et r-volutionnaires de la modernit par l'action de courants issus de certaines socits secrtes porteuses d'une foi oppose celle du christianisme : il vise notamment des mou-vements rvolutionnaires, juifs, sionistes ou autres, ainsi qu'une guerre secrte dirige par une foi de nature diabolique.

    Lon de Poncins collabora galement de nombreux journaux comme Le Jour, Le Figaro, L'Ami du peuple et Le Nouvelliste ; il dirigea galement la revue Contre-Rvolution de 1937 1939.

    Il fut un ami d'Emmanuel Malynski, avec qui il rdigea La Guerre Occulte, et de Jean Vaqui avec qui il crit dans Lectures franaises et Lecture et Tradition au ditions de Chir.

    Durant le Concile de Vatican II, suite au vote, le 20 novembre 1964, lors de la troisime session, du schma provisoire traitant de lattitude de lglise envers le judasme, Lon de Poncins a rdig une brochure, Le Problme juif face au Concile, qui fut distribue aux vques avant la quatrime et dernire session. Lauteur y constatait de la part des Pres conciliaires une mcon-naissance profonde de ce que constitue lessence du judasme . Les conseils de Poncins eurent un effet notable dans la rdaction du Nostra tate adopt le 28 octobre 1965.

    Thses sur l'influence dterminante des socit secrtesDans ses essais, il dnonce des complots maonniques (les liens entre

    la franc-maonnerie et la Rvolution franaise, la Socit des Nations, etc.) et l'influence juive dans les affaires catholiques. Jusqu' sa mort, il dnonce les forces occultes et les organisations qui mnent le monde et corrompent le christianisme.

    Il est dans la continuit de la Revue internationale des socits secrtes et des travaux de Mgr Jouin.

  • 3les documents MorgenthauMorgenthau Diary (Germany)

    Le Sous-Comit de Scurit Intrieure du Snat amricain en matire judiciaire a publi rcemment une srie de documents qui fournissent des renseignements trs complets sur ltrange activi-t du Ministre des Finances U. S. A. au cours des aimes cruciales 1934-1945( 1). Ces documents prsentent un intrt capital car cest toute lhistoire secrte de la politique trangre du gouvernement am-ricain qui sy droule sous nos yeux. Il sagit de deux normes volumes comportant au total 1 650 pages et qui traitent exclusivement de la poli-tique amricaine en ce qui concerne la guerre, lAllemagne et lEurope.

    Le gouvernement amricain voulant prsenter ces documents la Commission denqute du Snat, a charg le Dr Anthony Kubek, pro-fesseur dhistoire lUniversit de Dallas et chef de sa section histo-rique, de prsenter au Snat un rsum clair et concis des documents Morgenthau. Ce rsum constitue un rapport de quatre-vingts pages qui est publi en introduction aux documents Morgenthau propre-ment dits. Dans les pages qui suivent, je vais donner un rsum de cette introduction. Les passages reproduits entre guillemets sont des cita-tions intgrales du rapport Kubek.

    1. Prepared by the Subcommittee to investigate the administration of the interna ! Security act and other internal Security Iaws of the Com-mittee on the Judiciary United States Senate.November 20, 1967. U. S. Government Printing Office Washington D. C.

  • 4Ces documents, publis par le gouvernement des tats-Unis, ont donc un cachet officiel dauthenticit indiscutable. Ils nous montrent linfluence norme que ses conseillers juifs exeraient sur le Prsident Roosevelt : B. Baruch H. Morgenthau Harry Dexter White, etc

    A une poque cruciale de lhistoire, un groupe de politiciens juifs a orient secrtement la politique trangre des tats-Unis et a jou un rle capital dans le droulement des vnements europens. Il sagis-sait du ministre des Finances Henry Morgenthau, entour de collabo-rateurs et de conseillers exclusivement juifs, poursuivant une politique purement juive sans se soucier un seul instant des intrts amricains.

    Profitant de lamiti intime qui lunissait au Prsident Roosevelt, H. Morgenthau outrepassait compltement ses attributions, et, quoique simple ministre des Finances, il a dirig de 1934 1945 la po-litique trangre amricaine en passant par dessus la tte des ministres de la Guerre et des Affaires Etrangres, normalement qualifis pour cela mais qui taient impuissants sy opposer et qui parfois ignoraient purement et simplement les dcisions prises en secret par Morgenthau et Roosevelt.

    Tel fut le cas notamment de la fameuse Confrence de Qubec, o des dcisions capitales pour lavenir de lEurope furent prises entre Roosevelt et Churchill. Seuls taient prsents cette confrence Morgenthau et Harry Dexter White ; Stimson et Hull, ministres de la Guerre et des Affaires Etrangres en avaient t soigneusement carts.

    Lon se souvient peut-tre que labolition de toute diplomatie se-crte tait un des buts de guerre, formul en 1918 par Wilson, alors Prsident des tats-Unis, comme tant une des bases essentielles de la dmocratie.

    ** *

  • 5 Les documents prsents ci-dessous, nous dit le professeur Kubek, se rapportent la politique envers lAllemagne mene par le ministre des Finances au cours de la deuxime guerre mondiale et de la priode immdiate daprs-guerre. Ils montrent quel point ce mi-nistre outrepassait sa juridiction et exerait une pression abusive et incontrle sur la politique trangre.

    Les principaux collaborateurs du Prsident Roosevelt pour la politique trangre taient naturellement les ministres des Affaires Etrangres, de la Guerre et de la Marine. Mais il faut y ajouter, pendant la priode ci-dessus mentionne, le ministre des Finances, Morgenthau.

    Avant dtre nomm ministre des Finances, Morgenthau avait vcu vingt ans prs de la maison de Roosevelt, Hyde Park, N. Y., et on pouvait le considrer comme un de ses plus intimes et plus fidles amis.

    Cette amiti explique sa nomination et linfluence norme quil exera pendant toute la guerre sur la politique trangre des U. S. A.

    La conduite de la politique amricaine consomme aujourdhui une part si importante du budget annuel que le ministre des Finances et ses experts sont automatiquement mls aux dcisions diplomatiques de tous ordres. Mais lpoque de Roosevelt, le profond engagement du ministre Morgenthau dans les questions de porte internationale contraria beaucoup les autres membres du Cabinet et cra des frictions considrables avec le ministre des Finances

    Dans ses Mmoires, le ministre des Affaires Etrangres, Cordell Hull, en parle en ces termes : Sentimentalement boulevers par lascension de Hitler et sa perscution contre les Juifs, Morgenthau chercha souvent persuader le Prsident de devancer les Affaires Etrangres ou dagir contrairement nos meilleurs avis. Nous lavons parfois trouv en train de mener des ngociations avec les gouverne-ments trangers qui taient du ressort des Affaires Etrangres. Son

  • 6travail dans llaboration dun plan catastrophique concernant le trai-tement de lAllemagne aprs-guerre quil poussa le Prsident accep-ter sans consulter le ministre des Affaires Etrangres, fut un exemple flagrant de cette ingrence.

    Ailleurs, dans ses Mmoires, Hull reconnat que Morgenthau tait un administrateur comptent ayant une excellente organisa-tion habilement mene par Harry Dexter White . De fait, ce fut le Dr Harry Dexter White, principal conseiller de Morgenthau en ques-tions montaires, puis adjoint au ministre des Finances, qui dirigea la plupart des affaires importantes du ministre. Le Journal rvle lin-fluence de White qui fut considrable au cours des annes de la deu-xime guerre mondiale.

    Peu aprs que Morgenthau eut t nomm ministre, en 1934, White, qui avait enseign Lawrence College, Appleton (Wis.) et qui allait tre docteur de lUniversit de Harvard, vint le rejoindre comme analyste conomique.

    En 1938, le poste de directeur de la Recherche Montaire fut cr pour lui et au cours de lt 1941, il reut le titre et les fonctions supplmentaires d adjoint au ministre . Parlant haut, portant moustache et shabillant avec soin, il fut une des figures minentes des Finances, mais il resta inconnu du public jusqu ce quen 1945, des articles de journaux le dcouvrirent comme tant le rel architecte des projets montaires du ministre Morgenthau pour la priode de laprs-guerre.

    White soumettait ses plans et ses ides au ministre et celui-ci, trs souvent, les portait directement au Prsident, car Morgenthau avait accs auprs du Prsident beaucoup plus facilement que nim-porte quel autre membre du cabinet. Dans le cabinet, il tait au-des-sous du ministre des Affaires Etrangres, mais souvent Hull sest plaint de ce quil agissait comme sil avait autorit pour singrer dans le domaine des Affaires Etrangres

  • 7 Pendant des annes, White introduisit aux Finances et dans dautres services du gouvernement, de nombreux spcialistes en co-nomie, avec lesquels il travaillait troitement. White et ses collgues taient donc en mesure dexercer sur la politique extrieure amricaine une influence qui, selon Le Journal, aurait t profonde et sans prc-dent. Ils usrent de leur pouvoir de diffrentes manires pour prparer et promouvoir ce quon a appel le Plan Morgenthau concernant le traitement appliquer lAllemagne aprs-guerre. Leur pouvoir ne se limitait pas lautorit qui leur tait dlgue ; disons quil tait en fonction de laccs quils avaient auprs du ministre Morgenthau et de leur influence sur lui et sur dautres fonctionnaires.

    Or, White et plusieurs de ses collgues, qui taient les rels pro-moteurs de la politique nationale vitale pendant ces annes cruciales, furent identifis, par la suite, comme appartenant un rseau despion-nage communiste.

    Deux dentre eux, Frank Coe et Solomon Adler, avaient travaill pendant des annes pour le compte des communistes chinois en Asie. Dans Le Journal de Morgenthau, on peut glaner de nombreux dtails sur les vastes oprations despionnage politique de ce groupe, spciale-ment dans la zone de subversion politique.

    Leur activit communiste au sein du gouvernement fut rvle par Elizabeth Bentley et Whittaker Chambers, devant le Comit de la Chambre, en 1948, et dans les auditions devant le Sous-Comit de Scurit Intrieure du Snat, sur les oprations du groupe communiste au sein de l Institut des Relations dans le Pacifique ; le nom de White revenait sans cesse.

    Par la suite, lorsque le Sous-Comit soccupa de lenchevtre-ment de la subversion dans les services du gouvernement, ses audi-tions dvoilrent de nouvelles donnes sur les activits de White et sur ses rapports avec les membres du groupe communiste qui oprait au sein du gouvernement. Le Dr White tait le centre de toute cette activi-

  • 8t. Son nom servait de rfrence aux membres du rseau despionnage lorsquils sollicitaient un emploi fdral. Il organisait leur transfert de bureau bureau, de ministre ministre. Il leur assignait des tches internationales Il se portait garant de leur loyaut et les protgeait lorsque le scandale les menaait.

    Lorsque lancien courrier communiste, Elizabeth Bentley, compa-rut devant le Sous-Comit, en 1952, elle donna une image atterrante du plan fondamental de la pntration communiste. Un des deux groupes quelle manipulait Washington , tait dirig par Nathan Gregory Silvermaster, fonctionnaire au ministre des Finances. Concernant les voies daccs pour placer certaines personnes dans des postes strat-giques, elle dclara : Deux de ces meilleures voies taient Harry Dexter White et Lauchlin Currie. Ils avaient une immense influence et ils connaissaient les gens et ce quils disaient tait accept lorsquils recommandaient quelquun.

    Canadien de naissance, conomiste de lUniversit de Harvard, Currie vint Washington en 1934 ; il entra aux Finances puis au Federal Reserve Board. En 1939, il fut nomm un des six adjoints administratifs au Prsident pour soccuper spcialement de la politique et des pro-blmes conomiques internationaux.

    Grce Currie, la Maison Blanche et White aux Finances, le scnario tait mont pour dvelopper ce que le ministre Hull a ap-pel le catastrophique programme de lorganisation de lAllemagne aprs-guerre, et connu sous le nom de Plan Morgenthau .

    nonc en quelques mots, lobjectif du Plan Morgenthau tait de dsindustrialiser lAllemagne et de rduire son peuple une existence pastorale, aprs la victoire. Si cela pouvait se raliser, les militaristes al-lemands ne se relveraient jamais plus pour menacer la paix du monde. Telle tait la justification de ce plan avou ; mais un autre motif se ca-chait derrire. Ce motif inavou a t dvoil par un article du New-York Herald Tribune, en septembre 1946, plus dun an aprs leffondrement

  • 9de lAllemagne. Le but rel du projet de condamnation de toute lAl-lemagne un rgime permanent de pommes de terre , tait la com-munisation de la nation vaincue. La meilleure faon de jeter le peuple allemand dans les bras de lUnion Sovitique , tait-il indiqu, tait de faire des tats-Unis le champion dune misre dure et aveugle en Allemagne . Et cest bien ce qui est apparu lorsque, dans un rcent discours, le ministre des Affaires Etrangres Molotov exprima lespoir que lUnion Sovitique transforme lAllemagne en un tat dmo-cratique et pacifique qui, en dehors de son agriculture, aura sa propre industrie et son commerce extrieur . La Russie a-t-elle vraiment for-m le projet de devenir le sauveur dune Allemagne prostre la suite du destin vengeur que les tats-Unis avaient tram contre elle ? Si tel fut vritablement le motif cach du Plan Morgenthau, que penser du principal auteur du projet ? Fut-ce l le motif de Harry White ? White agit-il en tant que communiste, mais sans instructions spcifiques ? Agit-il comme agent sovitique lorsquil rdigea ce plan ?

    Le Journal de Morgenthau ne mentionne pas expressment que White fut communiste ou agent des Soviets, mais il donne une singu-lire vraisemblance aux tmoignages de hauts personnages qui dcla-rrent quil tait lun et lautre, depuis son entre au service du gouver-nement des tats-Unis.

    Avant lentre des tats-Unis dans la seconde guerre mondiale, les principaux efforts du ministre Morgenthau se portrent sur larme-ment des Allis contre le Japon et lAllemagne. Personne Washington ne fut sans doute plus engag dans laide aux Allis et plus ardent favoriser la dfense nationale que Morgenthau. A lpoque, le ministre Hull craignait que la fervente croisade mene par Morgenthau naille trop loin dans la provocation des puissances de lAxe. Le Journal montre de vifs dsaccords entre les Affaires Etrangres et les Finances sur lad-ministration des contrles de lexportation et des fonds trangers en dpt aux tats-Unis.

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    Morgenthau entra souvent en conflit avec les Affaires Etrangres parce quil sarrogeait des prrogatives qui relevaient nettement de ce ministre : correspondance ou discussions avec les ambassadeurs et les hommes dtats trangers ; mainmise sur le contrle du matriel de guerre.

    Hull souffrait beaucoup de ce quil regardait comme une inqua-lifiable ingrence dans le domaine des affaires trangres que souvent dailleurs, Morgenthau connaissait mal.

    De mme, Morgenthau essayait de se procurer des documents qui ne concernaient en rien les Finances ou dintroduire dans les minis-tres et les commissions des hommes aussi dangereux que Lauchlin Currie ou Silvermaster qui travaillaient tous deux pour les Soviets et drobaient des documents la Maison Blanche ou aux Finances au profit de ceux-ci.

    En 1945, Morgenthau offrit Silvermaster un poste important aux Finances. Lactivit de Silvermaster en politique trangre y fut trs im-portante. Dans un mmorandum quil adressa Morgenthau le 19 juin 1945, il conseille dtablir une solide amiti sovito-amricaine et se rjouit de ce que le Prsident Truman se prpare avec ardeur la prochaine entrevue des Trois Grands Postdam et lencourage faire un voyage travers lUnion Sovitique.

    Un voyage travers lUnion Sovitique et la Sibrie permet-trait au Prsident de revenir de lentrevue des Trois Grands avec une connaissance personnelle plus intime et des relations personnelles plus directes avec de hauts personnages qui en savent plus que tout autre Amricain ou Anglais.

    Quiconque tudie Le Journal de Morgenthau ne peut manquer dtre profondment impressionn par lnorme puissance accumu-le dans les mains avides du Dr Harry Dexter White qui, en 1953, fut identifi par J. Edgar Hoover comme agent de lespionnage sovitique. Aprs la crise de Munich au printemps 1938, le ministre Morgenthau

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    invita White, alors chef de la Division de la Recherche Montaire, de-venir membre rgulier du Groupe 9.30 compos de ses principaux conseillers.

    Aprs Pearl-Harbour, M. Harry D. White, adjoint au ministre, as-suma la pleine responsabilit de toutes les questions du ministre des Finances se rapportant aux relations trangres puis bientt celle de toutes les questions financires et conomiques du ministre en liaison avec les oprations de larme et de la marine. Pour un agent sovitique, les occasions offertes par ces fonctions taient incalculables. Enfin, en dcembre 1944, Morgenthau fit pression sur le Prsident Roosevelt pour que White fut nomm ministre adjoint aux Finances.

    Linfluence de Harry Dexter White et de ses collgues dans llabo-ration du projet du Plan Morgenthau, qui liminait lAllemagne comme puissance mondiale pour le plus grand profit de lUnion Sovitique, fut considrable.

    En 1952, Elizabeth Bentley donna un aperu extraordinairement rvlateur de la manire dont White contrla le projet du programme du ministre Morgenthau pour la destruction de lAllemagne. Lorsque les membres du Sous-Comit du Snat de la Scurit Intrieure de-mandrent Miss Bentley si elle connaissait un Plan Morgenthau similaire pour lExtrme-Orient, elle rpondit :

    Non, le seul Plan Morgenthau que je connaisse est celui sur lAllemagne.

    Snateur Eastland : Vous avez bien dit quil y avait un com-plot communiste pour dtruire lAllemagne et laffaiblir pour quelle ne puisse plus nous aider ?

    Miss Bentley : Cest exact. Elle ne serait plus une barrire qui protgerait le monde occidental.

    Snateur Eastland : Et que M. Morgenthau, qui tait ministre des Finances des tats-Unis, tait utilis par les agents communistes

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    pour fomenter ce complot ? Miss Bentley : Oui, jen ai peur. En novembre 1953, J. Edgard Hoover devait tmoigner devant le

    Sous-Comit que tous les renseignements fournis par Miss Bentley qui avaient pu tre vrifis staient avrs exacts et furent par la suite corrobors par le tmoignage de Whittaker Chambers.

    Dautres hauts fonctionnaires tels que Joseph J. OConnell et Robert McConnell travaillrent aussi au programme des Finances sur le contrle de lAllemagne aprs-guerre, qui prvoyait le dmantle-ment de son industrie lourde au profit des Allis, de ses usines de p-trole, la fermeture de la Ruhr, le paiement dune somme globale en ressources matrielles, humaines et en territoire et la rducation du peuple allemand pour en faire une nation pacifique.

    Le plan que Roosevelt et Churchill approuvrent la conf-rence de Qubec, en septembre 1944, incorporait bien des ides fon-damentales recommandes par McConnell. Jai un rapport ici quil (McConnell) ma donn sur les aciries allemandes et sur lcono-mie de lAllemagne, crivait Dan Bell, un des principaux adjoints de Morgenthau. .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... ..

    Entre temps, le ministre des Affaires Etrangres avait termin, le 31 juillet 1944, ses propres propositions sur lAllemagne daprs-guerre. Intitules Rapport sur les Rparations, Restitutions et Droits de Proprit Allemagne , elles taient diamtralement opposes au plan des Finances en cela quelles prvoyaient la reconstruction rapide et la rhabilitation des rgions dvastes . Il ne devait pas y avoir un affaiblissement permanent sur une grande chelle de toute lindustrie allemande ; au contraire, le rapport demandait une ven-tuelle intgration de lAllemagne dans lconomie mondiale.

    Aprs la confrence de Bretton Woods en juillet 1944, White

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    obtint, sans doute de Frank Coe ou de Harold Glasser, un exemplaire des propositions du ministre des Affaires Etrangres, ce qui constitue sans doute le trait le plus important de sa carrire secrte dagent sovi-tique. Il le montra immdiatement Morgenthau.

    En aot 1944, Morgenthau, accompagn de White, se rendit en Angleterre pour rencontrer son reprsentant personnel ltat-major dEisenhower, le lieutenant-colonel Bernard Bernstein. Ayant appris que le gnral Eisenhower partageait ses vues sur le traitement de lAl-lemagne aprs-guerre il avait maintenant un puissant soutien quil allait utiliser efficacement pour dfier ces individus des ministres de la Guerre et des Affaires Etrangres qui prconisaient une paix molle.

    Le 12 aot, il organisa une runion de hauts fonctionnaires amri-cains qui se trouvaient Londres pour soccuper du problme de lAl-lemagne aprs-guerre, et en termes simples, il exposa pour la premire fois officiellement la substance du plan des Finances dont le but tait de dtruire lconomie allemande et sa puissance militaire.

    Aprs avoir cout Morgenthau et White exposer le plan, Philip Mosely, conseiller aux Affaires Etrangres dclara que leurs ides taient : extravagantes, enfantines et imbciles . Mais ces critiques ne firent aucune brche dans leur dtermination. Sans gard pour la faon dont les autres pouvaient ragir leurs ides, ils napportrent aucune modification. Je pensais que vos ides taient dj cristal-lises avant cela , dit plus tard White Morgenthau, et vous avez seulement essay de connatre leurs ides et de leur dire les vtres . La nature des arguments de Morgenthau rendait difficile lapplication dune analyse logique. Lorsque M. Morgenthau soutenait que lAl-lemagne devrait tre convertie en pays purement agricole , rappelle Penrose, jai fait remarquer quen plus des autres aspects de la ques-tion un tel changement tait impossible cause de la proportion entre la population et les terres cultivables. Sa rplique fut que le surplus de la population devrait tre dvers en Afrique du Nord ! Une telle dis-

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    cussion ne valait pas dtre poursuivie . Aprs son retour dAngleterre, Morgenthau tait visiblement branl. Le Prsident, pensait-il, allait devoir intervenir. Il va tre terriblement occup , dit Morgenthau son service. Rien na t fait en ce qui concerne lAllemagne. Je vais en parler Hull, car ses fonctionnaires sont les pires a va tre un joli travail . Dan W. Bell acquiesa. Il tait sr, dit-il, que les Affaires Etrangres voulaient tablir une Allemagne bien forte , entre les tats-Unis et la Russie Sovitique.

    Morgenthau se rendit chez le ministre Hull pour lui faire part des contacts quil avait eus Londres. Il lui expliqua quil avait demand au gnral Eisenhower de lui donner son point de vue sur le traitement de lAllemagne aprs sa reddition ; celui-ci lui avait dclar que pendant les premiers mois qui suivraient lentre des Allis en Allemagne, celle-ci devrait mijoter dans son jus .

    Le ministre de la Guerre Stimson ne partageait pas les disposi-tions du Plan Morgenthau et, en ce qui concerne la Sarre notamment, il voulait maintenir le statu quo social sous contrle international. Morgenthau lui opposa sa crainte de voir resurgir lHitlrisme.

    Stimson ayant reconnu cette ventualit, Morgenthau lana sa proposition sous forme de question. Ne croyez-vous pas quil fau-drait prendre exemple sur Hitler et retirer compltement ces enfants leurs parents, les mettre sous la tutelle de ltat et faire diriger ces coles par danciens officiers des armes amricaine, anglaise et russe pour leur apprendre le vritable esprit dmocratique ? Lorsque Stimson rpondit quil navait gure pens cela, Morgenthau lui annona quil allait prendre linitiative den parler au Prsident ; il fallait que celui-ci donne des instructions aux Affaires Etrangres, la Guerre et aux Finances pour que ces ministres prparent, en commun, un plan sur lAllemagne daprs-guerre. Il se garda bien dajouter que les fonction-naires des Finances travaillaient ce plan depuis plus dun an.

    Au dbut de 1944 avait t cre, Londres, sous lgide du Grand

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    Quartier Gnral des Forces Expditionnaires Allies (S H A E F), lUnit du Pays Allemand (German Country Unit) charge dlaborer des plans exacts sur loccupation militaire de lAllemagne aprs la guerre. Elle avait prpar trois projets dun Manuel pour le Gouvernement Militaire de lAllemagne dont les diffrences avec le Plan Morgenthau, sur la manire de traiter lAllemagne, taient considrables.

    Sous la pression de Morgenthau auquel un exemplaire de ce pro-jet avait t remis, sans doute par son agent personnel en Europe, le lieutenant-colonel Bernstein, la publication de ce manuel ne fut pas au-torise et le Prsident Roosevelt exigea une attitude plus dure lgard de lAllemagne et donna ordre que tous les exemplaires du manuel soient retirs immdiatement.

    Le projet fut remani par White dans un esprit tout fait diffrent de loriginal.

    En vrit, il est remarquable de voir comment les Finances in-tervinrent pour obliger le ministre de la Guerre changer sa politique fondamentale sur lAllemagne daprs-guerre. Si nous ntions pas alls en Angleterre dclara Morgenthau son service, et si Harry ne mavait pas donn le document du ministre de la Guerre (du 31 juillet) les choses auraient continu, le manuel (sic) aurait paru et personne naurait t plus avanc. Ils auraient pris les devants et ralis ce qui tait dans le manuel. .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... ..

    Selon le lieutenant-colonel John Boetiger, gendre du Prsident, Bernstein tait considr sur tout le thtre europen comme repr-sentant les ides de Morgenthau et comme extrmiste . Plus tard, il devait tre identifi par le Sous-Comit comme puissant partisan des causes pro-communistes. Il dfendait vigoureusement lUnion Sovitique, notamment dans sa manire dexcuter laccord de Postdam. Selon le Daily Worker du 21 fvrier 1946, lintress avait

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    dclar : Seuls les Russes ont montr quils voulaient exterminer le Fascisme et le Nazisme

    Linfluence du ministre des Finances dans llaboration de la po-litique amricaine est dramatiquement illustre par la position excep-tionnelle tenue par le colonel Bernstein.

    Il entretenait, en effet, les contacts les plus troits avec Morgenthau, White et autres fonctionnaires des Finances et sur simple demande, il pouvait se rendre Washington. Sa propagande tait trs active. La plupart du personnel de son bureau venait directement des Finances.

    Un autre protg de White qui joua un rle assez important fut Irving Kaplan, reprsentant les Finances la section de contrle des fonds trangers du U. S. Group Control Council qui avait remplac le German Country Unit . Son influence sur la politique doccupation en Allemagne tait considrable. En juin 1945, il fut nomm au mi-nistre des Finances par Frank Coe qui fut identifi par Miss Bentley comme agent despionnage sovitique.

    Comme ministre des Finances, Morgenthau participait naturel-lement la politique appliquer aprs-guerre lAllemagne. Mais il fouilla profondment les questions sans rapport avec lconomie.

    Tout le service de White travaillait activement la prparation de la politique amricaine lgard de lAllemagne de laprs-guerre. Le 28 aot 1944, un de ses subordonns, Henri J. Bitterman, soumit un mmorandum sur le partage de lAllemagne dans lequel taient int-gres les revendications de la Russie sur le territoire allemand.

    Les recommandations des autres ministres concernant le traite-ment de lAllemagne aprs la victoire des Allis, taient constamment remises en question par les Finances.

    Le 1er septembre 1944, le ministre des Affaires Etrangres pr-senta un projet intitul : Politique amricaine pour le traitement de

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    lAllemagne aprs sa reddition qui pressait le gouvernement de faire connatre sur quelles bases devait tre mene cette politique. Il y tait dit notamment :

    Si un vaste programme de destruction industrielle ou de dman-tlement tait accept, il apporterait de vastes et importants change-ments dans lensemble de lconomie europenne . Puisque les den-res alimentaires taient insuffisantes en Allemagne, il tait douteux quun plan faisant de lAllemagne un pays prdominance agricoles put tre ralis sans la liquidation ou lmigration de plusieurs millions dAllemands. De plus, lAllemagne tant un gros producteur de char-bon et de bauxite, un programme de naufrage pourrait avoir pour consquences une opposition considrable de lEurope cause de ses rpercussions sur lconomie continentale. Enfin, si un programme de rparations devait tre adopt, la destruction de lindustrie allemande le rendrait impraticable, sinon impossible.

    Morgenthau et White, qui napprouvaient pas cette analyse, avaient hte de faire accepter leur propre programme par le Prsident avant que les Affaires Etrangres et la Guerre puissent intervenir efficacement

    Le 1er septembre, les Finances, leur tour, sortirent un nouveau projet intitul : Suggestions pour un programme sur lAllemagne aprs la Reddition qui insistait une fois de plus sur la complte dmilitarisation de lAllemagne et la totale destruction de son industrie.

    La Ruhr devait non seulement tre dpouille de toutes les in-dustries existant ce jour , mais si affaiblie et contrle quelle ne pourrait plus dans un avenir prvisible, devenir une rgion industrielle efficace. Toutes ses installations devaient tre compltement dman-teles ou compltement ananties et ses mines dtruites .

    Le lendemain, White prsenta ce projet au cours dune runion de fonctionnaires des Affaires Etrangres, de la Guerre et des Finances,

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    organise par Harry Hopkins, dans son bureau de la Maison Blanche. Par la suite, le projet de White fut incorpor dans ce quon a appel le Plan Morgenthau tel quil fut rvl la confrence de Qubec. Le plan tait essentiellement fond sur la vengeance et non sur des principes de saine conomie. Il se refusait aveuglment considrer le fait fondamental que les Allis victorieux, en frappant lAllemagne, frapperaient le cur conomique de lEurope. Lconomie de lEurope qui, pendant des gnrations, avait dpendu de certaines matires pre-mires allemandes allait maintenant se trouver terriblement paralyse. De plus, lexcution du plan des Finances ne pouvait avoir pour rsultat que de laisser lUnion Sovitique dans une position privilgie pour dominer lEurope Centrale.

    Dans la prparation du projet des Finances, le Dr Harold Glasser, conomiste appartenant ce ministre depuis 1936, fut lui aussi troi-tement associ White.

    Le Journal de Morgenthau mentionne frquemment Glasser comme ayant travaill la prparation des projets daprs-guerre pour le contrle de lAllemagne. Daprs le tmoignage dElizabeth Bentley corrobor par celui de Wittaker Chambers, Glasser tait membre dune cellule communiste.

    Concernant le chtiment des chefs nazis, White suggra la pr-paration dune liste de criminels de guerre et sa prsentation aux officiers amricains qui taient sur place pour leur permettre diden-tifier convenablement les coupables et de les tuer sur-le-champ. John Pehle, lavocat des Finances, remarqua que ctait une bonne ide, mais il ajouta : Si lon fait quelque chose, il faut le faire tout de suite ou alors on ne fera rien.

    Dans toutes les discussions, Morgenthau et White revenaient sans cesse sur la ncessit de liquider la Ruhr, ce en quoi le Prsident Roosevelt tait daccord avec eux. Selon les propres paroles de ce der-nier, il fallait nourrir sa population avec les cuisines roulantes de lar-

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    me amricaine . Le bassin de la Sarre devait subir le mme sort. Si la Ruhr et la Sarre pouvaient devenir improductives et tre

    dpouilles de leurs machines, et si leurs mines pouvaient tre noyes, dynamites et dtruites (disait Morgenthau) lAllemagne serait impuissante faire la guerre. .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... ..

    Tel tait le caractre des avis mis par le ministre Morgenthau sur le traitement de lAllemagne aprs-guerre. Jamais dans lhistoire amricaine un programme aussi vindicatif lgard dune nation vain-cue navait t propos. Linfluence sans prcdent exerce par les Finances sur la dtermination de la politique amricaine envers lAl-lemagne avait permis aux sophismes, aux faux-fuyants qui ludaient les questions, et au mpris dlibr des relations conomiques essen-tielles, de se manifester dans le plan daprs-guerre tel quil avait t adopt. Il en rsultait quaucun papier, de quelque importance quil soit, traitant de loccupation de lAllemagne, ne pouvait tre mis en cir-culation sans lapprobation des Finances. Les ministres de la Guerre et des Affaires Etrangres taient devenus virtuellement les subordon-ns des Finances dans le domaine de leur responsabilit.

    Au cours dune runion interministrielle du 2 septembre 1944, Harry Dexter White donna ce que James Riddleberger, expert alle-mand du ministre des Affaires Etrangres, a appel une interprta-tion plutt prolixe de son plan qui, dans sa teneur gnrale, tait plus extrme que le mmorandum lui-mme des Finances.

    La diffrence des points de vue entre les Finances et les autres mi-nistres clatait chaque runion. Si Hull favorisait llimination de lAllemagne comme premire puissance conomique dEurope, il nen suggrait pas moins ltablissement dun niveau de vie suffisant.

    Morgenthau, au contraire, insistait pour que la population alle-mande soit place en tat de famine. Stimson tait daccord avec les recommandations de Hull except quil prfrait un haut niveau de vie.

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    Aux Allemands, il voulait appliquer les principes de Christianisme et la bont . Les remarques de Stimson provoqurent la colre de Morgenthau et de Hopkins, qui tous deux insistrent sur llimination totale de lAllemagne comme facteur conomique europen avec un rgime moins que suffisant pour sa population. Hopkins argumenta mme contre toute acirie en Allemagne aprs-guerre.

    Lopposition opinitre de Stimson au Plan Morgenthau est une des rvlations principales du Journal. Tout fait oppos au programme des Finances sur la fermeture de la Ruhr, il prdit que trente mil-lions dhommes mourraient de faim si la Ruhr tait ferme.

    Dans une conversation tlphonique o Morgenthau et Hopkins ironisent sur la position prise par Stimson lgard de lAllemagne il est dit : Morgenthau : Et je pense que si nous pouvions approfondir un peu plus, nous dcouvririons que, comme quelques autres confrres, il a peur de la Russie.

    Le 6 septembre, Morgenthau, Hull et Stimson rencontrrent le Prsident. Morgenthau continua rclamer instamment une politique implacable lgard de lAllemagne.

    Roosevelt tait daccord pour dmanteler la Ruhr et noyer les mines ; il voulait donner lAngleterre les matires premires de cette rgion. Stimson sefforait de contrecarrer ses projets.

    Le 9 septembre, Morgenthau et ses collaborateurs runis, de nou-veau, dans le bureau du Prsident, prsentrent le dtail du plan quils avaient appel le Livre Noir (Black Book) et qui fut, une fois de plus, vigoureusement combattu par Stimson.

    Lorsque le Prsident quitta Washington au soir du 9 sep-tembre pour se rendre Qubec, la runion historique avec le Premier ministre britannique, il emporta un exemplaire du Livre Noir. Morgenthau accompagna Roosevelt la gare et dcida de partir dans le Nord. Lorsque le train sarrta le lendemain Hyde Park, Morgenthau se rendit sa ferme non loin de l. Mais il ne sattarda pas longtemps

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    Fishkill Hook. Ami de longue date de Roosevelt, il savait combien il tait facile au Prsident de remettre un projet plus tard ; et cette fois, personne ntait l pour saisir loccasion.

    Trois jours aprs, Roosevelt tlgraphia Morgenthau : Veuillez tre Qubec jeudi 14 septembre, midi . Immdiatement, Morgenthau prit la dcision demmener White. En prparant leurs ba-gages pour le voyage, ils noublirent pas de joindre un exemplaire du Livre Noir pour loffrir Lord Cherwell, un des conseillers les plus in-times de Churchill.

    Le plan sur lAllemagne daprs-guerre qui fut prsent la confrence de Qubec fut prcisment celui qui tait expos dans le Livre Noir de Harry Dexter White et de ses collaborateurs. Ce plan demandait le rejet de la Charte Atlantique signe par Roosevelt et Churchill trois ans auparavant.

    Au dbut, Churchill semporta violemment contre le plan, mais bientt il devait changer dattitude.

    Quest-ce donc qui incita Churchill changer davis et accep-ter le plan des Finances ? Cest que Harry Dexter White avait donn entendre Lord Cherwell, qui tait auprs de Churchill Qubec, que si le Premier ministre approuvait le plan amricain, les Britanniques pourraient recevoir le prt important quils recherchaient. Morgenthau avait compris quune garantie de continuer laide financire, mme aprs la fin de la guerre, lemporterait dans lesprit de Churchill.

    Un prt de six milliards et demi de dollars fut promis Churchill pour laider surmonter les difficults de la priode allant de la fin de la guerre en Europe jusqu la reddition du Japon.

    Du propre aveu de White, Morgenthau avait donc offert Churchill un prt en change de son acceptation du plan des Finances sur lAllemagne daprs-guerre. Mais plus importantes encore sont les questions suivantes : White conseilla-t-il ou encouragea-t-il ou inspira-t-il Morgenthau sur la manire dagir avec Churchill quil sa-

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    vait tre un obstacle ? Quelles discussions White eut-il avec Cherwell derrire les coulisses ? Quel fut le rle exact de White la confrence de Qubec ? Questions auxquelles il na pas t possible de rpondre jusquici car les documents officiels de la confrence restent encore publier.

    Bien que les affaires trangres et les questions militaires aient t discutes fond la confrence de Qubec, ni Hull ni Stimson ntaient prsents. Le ministre des Finances eut le pas sur les Affaires Etrangres et la Guerre dans les ngociations concernant lAllemagne. Les engagements pris par Roosevelt et Churchill furent dune grande importance pour White et ses collaborateurs... ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... ..

    White recommanda comme secrtaire de la dlgation am-ricaine dans les futures ngociations du prt-bail avec lAngleterre, son collaborateur de longue date aux Finances, Frank Coe (identi-fi par Elizabeth Bentley comme ayant t membre de la cellule de Silvermaster et qui devait, par la suite senfuir des tats-Unis. Il rside maintenant en Chine o il fait de lagit prop pour les communistes chinois). La position tait dlicate car par elle, Coe allait avoir autorit sur llaboration de la politique pour toutes questions intressant le fu-tur prt-bail britannique.

    Morgenthau devait crire par la suite que Qubec avait t le som-met de toute sa carrire gouvernementale.

    Les effets de la victoire de Morgenthau Qubec se firent rapi-dement sentir et provoqurent une irrparable scission entre ceux qui dirigeaient la politique Washington. La vieille fissure qui existait entre Hull et Stimson dune part, et Morgenthau de lautre, sapprofondit ir-rmdiablement lorsque le Prsident passa outre lavis des ministres des Affaires Etrangres et de la Guerre pour demander au ministre des Finances de prsenter son plan Qubec.

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    Hull avait conscience, et Stimson aussi, que Morgenthau aurait d tre tenu lcart des questions de politique gnrale.

    Lorsque Stimson sut que le Prsident avait adhr au plan des Finances Qubec, il rdigea rapidement un autre mmorandum cri-tique, bien quil comprit que cela tait une perte de temps.

    Il y disait notamment que le plan pastoral sur lAllemagne al-lait lencontre du but poursuivi par la victoire militaire, savoir la paix du monde par la stabilit sociale, conomique et politique, en rdui-sant un bas niveau de vie un peuple hautement industrialis.

    Le ministre Morgenthau fut en complet dsaccord avec les vues de Stimson.

    Dans un mmorandum du 20 septembre quil soumit au Prsident, Morgenthau rfuta tous les arguments de Stimson et prtendit que lais-ser lAllemagne son potentiel conomique intact, ctait sexposer une nouvelle guerre dici quinze ou vingt ans.

    Le public des tats-Unis tait en partie oppos au Plan Morgenthau mais non totalement dfavorable. Il sentait cependant que cette ca-tastrophique politique risquait de conduire lAllemagne la rvolte et de la rejeter vers lUnion Sovitique.

    De son ct, la presse dune faon quasi unanime manifesta une violente opposition lorsquelle apprit, par des fuites, que le Prsident avait accept le Plan Morgenthau. Arthur Krock, notamment, crivit dans le New-York Times une srie darticles dans lesquels il dnonait le prt-bail aux Britanniques qui cotait fort cher aux tats-Unis et les encouragements que Morgenthau avaient reus tant Washington qu Qubec.

    Morgenthau essaya de savoir comment Krock avait pu obtenir des renseignements aussi dtaills sur les ngociations de Qubec considres comme secrtes. .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... ..

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    Il ne fait aucun doute que les fuites dont bnficia la presse furent dsastreuses pour leffort de guerre, car rien ne pouvait provoquer un plus grand choc psychologique sur lAllemagne que laudacieux coup de Morgenthau Qubec, en septembre 1944. Jusqu cette date, il y avait quelque chance, selon les rapports des services secrets, que les Allemands abandonnent toute rsistance contre les forces amricaines et britanniques pour tenir en chec les Russes sur le front Est et vi-ter leffroyable destin dune occupation sovitique. Alors la guerre aurait pu tre courte de plusieurs mois et lclosion du vnneux Communisme, en Allemagne Orientale, qui empoisonne lEurope de-puis les vingt dernires annes, aurait pu tre empche.

    Plus ardent que jamais dans son dvouement envers le Prsident, Morgenthau tait de plus en plus inquiet, pour les prochaines lec-tions, de la raction du public amricain lgard de son plan. En mme temps, il craignait que, si tous les dtails taient rvls, le plan ne soit rellement sabot . Il esprait que le Prsident donnerait ordre Stimson et Hull darrter les fuites.

    Il craignait surtout que les articles de Krock nincitent le Prsident modifier le plan. Il pensait que : Les conclusions de Krock selon lesquelles lapprobation du plan par les Britanniques avaient t ache-tes, taient ignobles .

    Il na pas t possible jusqu maintenant de connaitre le respon-sable des fuites, chacun tant enclin accuser les autres, mais il est cer-tain que le Plan Morgenthau, ainsi rvl par les fuites, fut utilis par la presse nazie.

    Le Docteur Goebbels, chef de la propagande hitlrienne, tira grand profit du Plan Morgenthau dont il fit un cri de ralliement du peuple allemand pour rsister jusqu la dernire extrmit. Cest ce qui se produisit pendant plusieurs mois tandis que les bombardiers amricains crasaient et incendiaient par douzaines les villes alle-mandes et par centaines les installations industrielles que les contri-

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    buables amricains devraient, un jour, aider reconstruire pour corri-ger le dsquilibre de lEurope d, par suite dune erreur monumentale de calcul, leur victoire.

    La question de savoir comment serait traite lAllemagne vain-cue fut, pendant plusieurs mois, un conflit permanent entre les minis-tres des Finances, des Affaires Etrangres et de la Guerre.

    Le Journal fourmille de mmoranda sur cette controverse. En fait, ces conflits politiques dpassaient de beaucoup le seul destin de lAlle-magne ; lavenir de tout le continent europen tait en jeu.

    Bien que les ractions de la presse eussent rendu plus prudent le Prsident, il nen reste pas moins vrai que les traits fondamentaux du Plan des Finances furent intgrs aux directives militaires prpares par les chefs dtat-major interallis pour servir de guide aux forces mili-taires amricaines, leur entres en Allemagne, et connues sous le nom de J C S 1 067.

    Les J C S 1 067 refltaient la dure philosophie de quarantaine et de revanche imagine et prconise par Morgenthau, White et le personnel des Finances. Il est donc trs important de savoir que les directives rvises du 22 septembre 1944 ne furent quune version officielle, bien qudulcore, du Plan Morgenthau et quelles restrent officiellement en vigueur jusqu ce quelles fussent remplaces par de nouvelles directives politiques des chefs des tats-majors interallis, en juillet 1947.

    Pendant deux ans, ces directives, pierre angulaire de la politique amricaine en Allemagne, laissrent les communistes influencer la poli-tique du gouvernement militaire dans le sens des volonts sovitiques.

    Elles interdirent la fraternisation des Amricains avec les Allemands, ordonnrent un trs strict programme de dnazification stendant la fois la vie publique et aux affaires, empchrent laide amricaine une reconstruction de lindustrie allemande et souli-gnrent seulement la rhabilitation agricole. Selon cette philosophie,

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    les Allemands furent considrs comme collectivement coupables de crimes contre lhumanit et menace pour le monde, et comme tels ils devaient tre traits trs durement. Le chtiment devait tre assign lensemble du peuple allemand par une rigoureuse rduction de son standard de vie... ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... ..

    Immdiatement aprs la victoire de Roosevelt aux lections de novembre, White et ses collgues renouvelrent leurs efforts pour amener, grce au programme des Finances, la destruction permanente de lAllemagne.

    Par diffrentes voies, White avait rassembl des renseignements concernant le genre de directives politiques que les autres ministres avaient en prparation.

    Ces renseignements, il avait pu les obtenir grce un systme de trafic mis en route, sur son conseil, par Morgenthau ... ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... ..

    Morgenthau avait exig de ses collaborateurs que les runions quils avaient ensemble fussent tenues rigoureusement secrtes, excep-t pour les Russes auxquels par la suite, un certain nombre de rensei-gnements furent communiqus.

    Cependant, les chefs militaires allis dsiraient de plus en plus la reconstruction vitale de lindustrie allemande pour lui permettre de devenir le fournisseur des rgions dvastes de lEurope.

    Mais toutes les initiatives militaires prises dans ce sens, conti-nuaient parvenir Morgenthau et ses collaborateurs, par le truche-ment de hauts fonctionnaires qui avaient accs aux renseignements les plus secrets.

    La plupart dentre eux, tels William Henry Taylor, Harold Glasser, Frank Coe, William Ludwig Ullmann, Abraham George Silverman, Nathan Gregory Silvermaster, Lauchlin Currie, identifis comme ap-

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    partenant au rseau communiste des tats-Unis, passrent, en 1948, devant le Comit de la Chambre sur les Activits anti-amricaines ou en 1953, devant le Comit du Snat pour la Scurit Intrieure.

    En janvier 1945, Morgenthau rouvrit sa campagne pour imposer la politique des Finances sur lAllemagne daprs-guerre. Il soumit au Prsident un mmorandum sur les craintes quavaient les Finances de voir resurgir le militarisme de lAllemagne et sur la ncessit de d-truire son industrie.

    Pour Morgenthau, le motif rel de ceux qui sopposaient la des-truction de lAllemagne tait : tout simplement la crainte de la Russie et du Communisme. Cette ide vieille de 20 ans dlever un rem-part contre le Bolchvisme avait t une des causes de la guerre . Sa conclusion tait inquitante. Actuellement, il nest rien, mon avis, qui puisse davantage faire natre la confiance ou la mfiance entre les tats-Unis et la Russie que la position prise par le gouvernement sur le problme allemand.

    Morgenthau avait russi envoyer lun des siens assister une r-union o se discutait ce problme ; celui-ci raffirma les termes du m-morandum de Morgenthau, de janvier 1945.

    James C. Dunn, conseiller politique aux Affaires Etrangres en matire de questions europennes, parut surpris que les Finances puissent insinuer que ceux qui sopposaient au Plan Morgenthau taient anti-Russes ... ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... ..

    Pour montrer Morgenthau que les Finances avaient au moins lapprobation de quelques fonctionnaires sovitiques, Herbert Gaston soumit un mmorandum, le 25 janvier 1945, dcrivant un entretien quil avait eu avec Ladimir Pravbin.

    Daprs ce dernier, les desseins sovitiques taient les mmes que ceux du plan des Finances. Morgenthau ntait pas Yalta aux cts de

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    Roosevelt, mais Harry Hopkins qui avait travaill au plan juste avant Qubec sy trouvait.

    Il nest pas douteux que Churchill alla Yalta avec la ferme inten-tion de refrner les Russes : on ne peut en dire autant de Roosevelt. La diffrence provient de ce que Roosevelt avait t fortement influenc par le plan des Finances sur lAllemagne daprs-guerre, tel que tram par White et prsent assidment par Morgenthau au cours des six der-niers mois.

    La premire exigence de Staline fut le dmembrement de lAllemagne. Roosevelt proposa alors de demander aux ministres des Affaires Etrangres des Trois Grands de prparer un projet pour tu-dier la question dans les vingt-quatre heures et un plan prcis pour le dmembrement dans un mois.

    Les choses allaient plus vite que ne le dsirait Churchill mais Roosevelt avait entendu parler de ce plan prcis et lavait tudi depuis des mois. Ctait le plan des Finances de Harry Dexter White et du ministre Morgenthau.

    La seconde exigence de Staline, tout aussi urgente, tait celle des rparations, cest--dire du dmantlement des usines allemandes au profit des Allis.

    Nombreux sont les admirateurs de Roosevelt qui ont longtemps prtendu que le Prsident de lpoque de la guerre avait rejet rapide-ment et absolument le Plan Morgenthau aprs avoir brivement flirt avec lui avant et durant la confrence de Qubec, en septembre 1944.

    Et ils citent des paroles de Roosevelt lappui de leurs dires. Le rle du Prsident Yalta indique le contraire. Lesprit du Plan

    de Morgenthau et de beaucoup de ses dtails se refltent dans les dci-sions prises en Crime.

    Dans son livre Beyond Containment, William H. Chamberlain crit :

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    Laccord de Yalta a reprsent dans deux de ses caractris-tiques lapprobation par les tats-Unis du principe de lesclavage de lhomme. Une de ces caractristiques a t de reconnatre que le travail de lAllemagne pouvait tre utilis comme source de rparations Et laccord selon lequel les citoyens sovitiques qui se trouvaient dans les zones occidentales de loccupation devaient tre livrs aux autorits sovitiques, quivalait pour les nombreux rfugis sovitiques qui ne voulaient pas retourner, la promulgation dune loi sur les esclaves fu-gitifs. Ce jugement est substantiellement correct.

    La preuve la plus importante que le Plan Morgenthau eut de lin-fluence sur la confrence de Yalta, on la trouve dans la raction mme des fonctionnaires des Finances aux dcisions de Yalta. .

    Pour eux, les dcisions de Yalta corroboraient celles de Qubec. Aprs le retour de Yalta du Prsident Roosevelt, les fonction-

    naires des Affaires Etrangres saisirent loccasion de faire passer leur propre programme sur lAllemagne daprs-guerre , en soumettant le 10 mars 1945 un mmorandum sur de nouvelles directives pour loccupation militaire de lAllemagne qui remplaait les rigoureuses J C S 1 067.

    Lorsque Morgenthau vit un exemplaire du mmorandum des Affaires Etrangres, il devint si furieux quil tlphona immdiatement au sous-secrtaire dtat la Guerre, McCloy, pour lui exprimer son mcontentement. .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... ..

    Si le plan des Affaires Etrangres avait t adopt, cela aurait si-gnifi la dfaite complte de Morgenthau et de White.

    Mais Morgenthau ragit immdiatement auprs du Prsident et prpara une rfutation paragraphe par paragraphe du plan des Affaires Etrangres.

    Le 19 mars, au cours dune sance convoque durgence,

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    Morgenthau avait demand White, Coe et Harold Glasser de le conseiller au mieux pour aborder le Prsident , en vue de le convaincre.

    Mais dans la visite quil fit le lendemain Roosevelt, Morgenthau sopposa au major John Boettiger, gendre du Prsident, install la Maison Blanche pour prendre soin de la sant dclinante de son beau-pre.

    Les Soviets savaient-ils ce que les Amricains ignoraient savoir que le Prsident tait prs de la mort et sujet des syncopes tout moment ?

    A la suite dune runion interministrielle du 21 mars, dans la-quelle avaient russi se glisser Coe, Glasser et Dubois, ce dernier d-clara quune grande dcision commenait apparatre.

    La grande dcision, selon Dubois, se termina par un triomphe retentissant pour les Finances, le 23 mars. Ce jour-l, Morgenthau, dans le compte rendu jubilant quil en fit ses collgues, leur dit que le Prsident avait t persuad quil devait annuler le mmorandum du 10 mars des Affaires Etrangres et quil avait pleinement accept celui qui avait t fait ici, hier soir, avec White, Glasser et Dubois.

    Morgenthau crivait le soir mme dans son journal : Heureusement que nous avons le Prsident pour nous soute-

    nir Ils ont essay de le faire changer mais cette bande des Affaires Etrangres na pu y russir. Tt ou tard, il faudra bien que le Prsident nettoie sa maison, je veux dire cette bande hargneuse Et ils sont pour Herbert Hoover et Herbert Hoover nous a mis dans ce ptrin, et ils sont fascistes de cur Ce nest quune bande hargneuse qui tt ou tard devra tre extirpe. Cest cette bande sans principes qui nous a combattus

    Le rejet du mmorandum du 10 mars par le Prsident fut une grande dception pour les Affaires Etrangres qui avaient prconis un programme raisonnable sur lAllemagne.

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    Un point important de friction entre les Finances et le ministre de la Guerre tait le traitement des criminels de guerre allemands.

    Dsireux dempcher le Prsident de prendre une dcision h-tive sur les criminels de guerre lors de la future confrence de Qubec, Stimson fit connatre son point de vue la Maison Blanche. Il souligna au Prsident lavantage dun procs (global) sur la politique de faire feu premire vue prconise par Morgenthau. Une des recomman-dations du mmorandum du 6 septembre de Morgenthau tait ltablis-sement dune liste de grands criminels allemands qui ds leur arresta-tion et leur identification devraient tre passs immdiatement par les armes.

    Stimson, au contraire, dsirait quun minimum de formes lgales soit respect. Un mmorandum fut prpar pour rejeter la position de lgalit de Stimson. Mais entre temps, Roosevel mourait et Truman arrivait la Maison Blanche. Morgenthau ne jugea pas propos de lui prsenter le mmorandum.

    Un autre sujet de controverse entre les Finances dune part, et les Affaires Etrangres et la Guerre dautre part, tait la question des rparations.

    En plus de la confiscation et de lenlvement des marchandises importantes et de la masse fiscale, le ministre des Finances proposait carrment la cession relle de territoire allemand aux vainqueurs et lutilisation des Allemands des travaux forcs pour reconstruire les rgions dvastes par les armes hitlriennes et cultiver le sol des pays librs pour nourrir leurs habitants.

    En aucune faon Morgenthau nadmettait le paiement de dom-mages de guerre long terme qui supposait la reconstruction de lin-dustrie allemande sur une grande chelle.

    Le ministre des Affaires Etrangres soutenu par la Guerre prco-nisait, au contraire, des contrles tendus sur de larges secteurs de lconomie allemande afin dempcher la famine qui menaait.

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    Le Prsident, de son ct, avait dclar quil dsirait que des ordres fussent donns ladministration allemande pour quelle assume elle-mme ces contrles.

    Le 12 mars 1945, le Dr Lubin fut nomm la tte de la dlga-tion amricaine de la Commission des Rparations.

    Depuis longtemps il sintressait aux affaires russes. Selon le Daily Worker, ds 1930, il avait parl sous les auspices des Amis de lUnion Sovitique, organisation cite comme subversive par le pro-cureur gnral.

    Lubin avait le soutien total des Finances. Avec leur aide, il prpara un mmorandum pour le Prsident disant que le programme des rpa-rations prconis par les Affaires Etrangres laisserait lAllemagne as-sez dindustrie pour retrouver son potentiel de guerre.

    Au cours des runions interministrielles slevaient souvent de violentes discussions sur cette question entre les Finances et les autres membres du cabinet.

    Le 10 avril 1945, un document trs secret circula dans plu-sieurs ministres intresss. Il suggrait diverses mesures prendre au sujet des rparations. Parmi celles-ci : se trouvait le curieux concept des rparations humaines lide quune grande force ouvrire four-nie par les Allemands pour satisfaire les revendications des autres pays en matire de dommages de guerre, devrait tre recrute en par-ticulier parmi les groupes nazis, la Gestapo, les organisations S S, les officiers de la Wehrmacht et ces lments de la population qui avaient coopr au financement et ldification de la machine nazie.

    Ce concept fut nergiquement combattu par la Guerre et les Affaires Etrangres, notamment par Clayton.

    Entre temps, le 21 avril, le puissant financier de New-York, Bernard Baruch, en sa qualit de conseiller du Prsident, assista une runion du cabinet de la Guerre. On lui demanda ce quil pensait du

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    problme allemand. Selon le compte rendu que donna Morgenthau ses collaborateurs, Baruch rpondit quil rentrait dun rcent voyage en Europe plus convaincu de la ncessit dune dcentralisation de lAllemagne quau moment de son dpart. Le plan des Finances tait beaucoup trop mou, et son auteur une vraie poule mouille . Il (Will Clayton) devrait sarracher le cur sil ne sait se conduire , dclara le financier sorcier, en ajoutant non sans menace : il ne pour-rait rester Washington si jen terminais avec lui . Clayton devait fi-ler droit dans cette affaire allemande ou quitter la ville . Baruch fut inflexible. Toute ma raison de vivre maintenant, dit-il, est de voir lAllemagne dsindustrialise et totalement. Je ne laisserai personne se fourrer dans nos jambes . Il devint si mu que les larmes jaillirent de ses yeux. Je nai jamais entendu un homme parler avec une telle fer-met exulta Morgenthau et en ajoutant quil avait acquis de Baruch le sentiment de limportance de lamiti avec la Russie...

    Soucieux de ne pas compromettre les relations daprs-guerre avec lUnion Sovitique, les fonctionnaires des Finances exprimaient frquemment leurs craintes de voir la Russie encercle par lOccident. Le 24 avril, Josiah Dubois soumit un mmorandum Morgenthau lui manifestant sa sympathie pour la Russie.

    Il y crivait, entre autre, que ceux qui utilisaient lAllemagne contre la Russie taient assurment responsables dun grand nombre de diffi-cults entre Washington et Moscou.

    De son ct, Lauchlin Currie craignait que le dveloppement de blocs opposs ne soit une menace pour la paix future du monde.

    Le 3 mai, une runion interministrielle sur lAllemagne en g-nral, et sur les rparations en particulier, eut lieu dans le bureau de Morgenthau. La question des pouvoirs du Conseil de Contrle Alli , cr Yalta pour le dmantlement et lenlvement des ins-tallations allemandes, souleva les premires difficults. White insista pour que les dcisions du Conseil fussent prises lunanimit, laissant

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    par l, chaque alli, le droit de veto pour empcher que lquipement industriel allemand de sa zone particulire ne soit enlev. Au contraire, Clayton, des Affaires Etrangres, Lovette, de la Guerre, et Crowley, du F E A, voulaient que les dcisions fussent prises majorit car ils crai-gnaient que la Russie ne fasse trop de bruit, et dautre part, ils ne vou-laient pas que le remplacement de lquipement industriel allemand se fasse au dtriment des dollars amricains.

    En aucun cas, les tats-Unis ne devraient accepter une po-litique dont le rsultat serait de faire payer les rparations par les tats-Unis

    Une querelle plus vive encore sleva sur la question du travail obligatoire des Allemands au titre de restitution pour dommages de guerre en Russie. Les fonctionnaires des Finances prconisaient, ni plus ni moins, la cration dune grande force ouvrire sans contrles extrieurs.

    Mais les autres membres se refusaient lide mme de faire faire un travail desclaves deux ou trois millions dAllemands.

    Cest alors que Morgenthau jeta dans la discussion le poids de son influence au cabinet. Lensemble de la question du travail obliga-toire avait dj t rsolu Yalta, annona-t-il, et les Affaires Etrangres devraient montrer Crowley les clauses de laccord de Yalta. Il ntait plus question de savoir sil y aurait ou non du travail desclave , car cela avait t rgl par laffirmative. Nous ne faisons quexcuter lac-cord de Yalta , sexclama-t-il, et si Monsieur Crowley proteste cest contre Yalta quil proteste .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... ..

    Clayton tait profondment troubl. Il navait pas remarqu, dit-il, que laccord de Yalta allait jusqu dire que les armes allies seraient requises pour recruter des travailleurs dans leurs zones et les livrer de force aux Russes. Ce quoi Harold Glasser rpondit dun air

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    narquois : Cest sous-entendu . Dubois rpta alors ce que Lubin avait dit au sujet de lenqute Gallup, savoir quun fort pourcentage dAmricains se prononait en faveur de la reconstruction de la Russie par trois ou quatre millions dAllemands

    Mais Clayton restait intransigeant sur la ncessit de faire sur-veiller lutilisation du travail obligatoire par un quelconque systme international de contrle , ce en quoi sopposaient les membres des Finances.

    Dans la cruciale runion du 3 mai plus encore que dans toutes les autres, les hommes de Morgenthau furent srs deux, pleins de har-diesse et assoiffs de vengeance contre lAllemagne nazie. La bande de loups des Finances se mettait hurler.

    Le Journal rvle que Robert H. Jackson, de la Cour Suprme de Justice, puis procureur gnral aux procs de Nuremberg, lorsquil apprit le projet des Finances, souleva une objection contre lillgalit du travail obligatoire. .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... ..

    Jackson soutint quaucune sentence ne pouvait tre rendue sans procs et la directive ne prvoyait aucun procs. Pas plus quon ne pou-vait condamner davance ces organisations tant quun procs nen avait dtermin le caractre de conspiration.

    Je pense, dit Jackson, que le plan de faire entrer un grand nombre de travailleurs dans un service tranger, ce qui revient les parquer dans des camps de concentration, va ruiner grandement la position morale des tats-Unis dans cette guerre.

    Pour lui, lide mme de camp de concentration devait tre abolie. Aussi importante que ces dcisions politiques tait la question

    de savoir qui allait interprter et faire excuter les directives politiques. Il tait vital pour les Finances davoir un de ses membres les plus srs auprs du gnral Lucius Clay qui venait dtre nomm haut commis-

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    saire amricain en Allemagne. Le 4 avril 1945, le gnral Clay avait de-mand Morgenthau de dsigner un fonctionnaire des Finances pour se charger compltement des finances effondres de lennemi battu. White nomma immdiatement son vieil ami Bernstein.

    Cette candidature nayant pas t retenue. White suggra les noms de Lauchlin Currie ou du Dr Abraham G. Silverman qui, selon Elizabeth Bentley, dirigeait une cellule communiste Washington.

    La mort de Roosevelt en avril 1945 fit entrer la Maison Blanche un pouvoir excutif qui allait rapidement manifester son an-tipathie lgard du plan des Finances sur lAllemagne daprs-guerre. Mais Morgenthau semble avoir sereinement ignor les difficults qui se prsentaient.

    Lui et ses collaborateurs taient rsolus tendre leur influence aussi loin que possible. Mais larrive de Truman la Maison Blanche provoqua des changements fondamentaux dans la politique trangre amricaine. Entre autre, les Affaires Etrangres reprirent en main lla-boration de cette politique.

    Dans la mesure o linfluence des Finances diminua aprs la mort de Roosevelt, une nouvelle orientation se fit jour graduelle-ment et fut marque par un abandon progressif des principes du plan Morgenthau.

    Le 5 juillet 1945, la veille du dpart du Prsident Truman pour Potsdam, la dmission dHenry Morgenthau fut annonce Washington. Il avait voulu accompagner le Prsident Potsdam et avait menac de dmissionner sil ne faisait pas partie de la commission.

    Truman qui napprouvait ni le plan ni le rle jou par les Finances en politique trangre accepta sa dmission. Mais les hommes de Morgenthau , agripps leurs postes longtemps aprs la dmission de leur chef, continurent jouer leur rle.

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    A la fin de 1945, il ny avait pas moins de cent quarante spcia-listes des Finances dans les postes importants du Gouvernement mili-taire en Allemagne. Ils jetaient le poids de leur influence considrable dans la balance pour mener la politique amricaine dans la direction quavait prise Morgenthau. Comme lcrivait Le Journaliste populaire du New-York Times, Drew Middleton, le corps des Finances servait de contre-poids eu gard ces fonctionnaires qui, par crainte de lUnion Sovitique ou toute autre raison, voulaient reconstruire lAllemagne.

    Le traitement de lAllemagne fut le sujet principal de la conf-rence de Potsdam en juillet 1945. Les Trois Grands furent daccord pour draciner le militarisme allemand et le nazisme. Mais laccord de Potsdam contenait aussi une clause autorisant les commandants allis des quatre zones prendre toute mesure pour empcher la famine, les pidmies et lagitation dans leur propre secteur. A peine plus dun an aprs, laccord de Potsdam tait lobjet dune vaste critique.

    Au dbut de septembre 1946, Lord Beveridge, aprs une visite de la zone britannique doccupation, dclara dans un discours radiodiffus :

    Dans la sombre priode de colre et de confusion Potsdam, en juillet 1945, nous avons abandonn la Charte Atlantique de 1941 qui indiquait que nos buts taient pour tous les pays, de meilleures condi-tions de travail, de progrs conomique et de scurit sociale ; pour tous les tats, vainqueurs et vaincus, dgales conditions daccs au n-goce et aux matires premires du monde qui taient ncessaires leur prosprit conomique. .

    Quel fut leffet rel du plan Morgenthau ? Bien quil ne fut jamais compltement appliqu, il nen eut pas moins une grande influence sur la politique amricaine dans les derniers moments de la guerre et pendant la premire phase du gouvernement militaire, jusquau chan-gement radical de politique avec le ministre Byrnes. Il cra une grande confusion dans lindustrie allemande et beaucoup de dsespoir parmi les Allemands.

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    Il est un point en tout cas sur lequel les recommandations de Morgenthau furent intgralement appliques. Il faut en effet citer au passif de Morgenthau et de Yalta certaines clauses telles que celle-ci : Les Allis acceptaient de livrer aux Russes tous les ressortissants qualifis de citoyens sovitiques , cest--dire tous les Russes an-ti-communistes rfugis en zone anglaise, amricaine et franaise dEurope Centrale, ainsi que tous les rfugis des pays satellites tels que Hongrie, Roumanie, Bulgarie, etc Cette clause fut lobjet de drames sans nombre, des annes durant et au cur mme de Paris, des policiers du N. K. V. D. firent la chasse aux ressortissants sovitiques ou ex-sovitiques.

    Les Franais de la zone doccupation allemande comprirent vite que les Russes ainsi livrs, taient bons pour la dportation, ou un coup de pistolet dans la nuque ; ils sarrangrent pour en livrer le moins pos-sible. Les Anglais furent plus longs comprendre, mais cessrent un moment donn les livraisons. Les Amricains persistrent longtemps, et ne cessrent qu la suite de tragdies atroces et lorsque leurs rap-ports avec les Soviets furent devenus trs tendus.

    Bien que le Prsident Roosevelt et le Premier ministre Churchill aient par la suite reconnu la folie de ce quils avaient approuv Qubec, Morgenthau, White et lquipe des Finances purent voir que lesprit et la substance de leur plan avaient prvalu dans la politique officielle comme cela se refltait dans la directive punitive.

    Dune manire trs prcise, les J C S 1 067 avaient dtermin les lignes principales de la politique des tats-Unis en Allemagne pendant plus de deux ans aprs la capitulation. Vers la fin de 1945 il est vrai quune nouvelle tendance se manifesta dans la politique amricaine et amena par la suite la rpudiation formelle de la directive en juil-let 1947. Mais jusqu ce quelle fut officiellement rvoque les che-lons infrieurs de ladministration durent appliquer ses pnibles dispo-sitions. Comme les instructions des J C S 1 067 taient virtuellement

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    des ordres, les administrateurs amricains navaient dautre choix que linterprtation rigide de leurs dispositions et leur application zle,

    La dnazification, entre autre, provoqua le renvoi dans un grand nombre dentreprises dAllemands hautement qualifis, ex-membres du Parti. Dans les chemins de fer, le rsultat sen fit durement sentir. Cette malheureuse exprience dura plusieurs mois, du moins dans la zone amricaine. Car les zones franaise, anglaise et russe nappliqu-rent jamais aussi brutalement ces mesures, ou les abandonnrent rapi-dement comme impraticables.

    Durant les deux premires annes de loccupation allie, le pro-gramme des Finances concernant le dmontage des industries fut vi-goureusement poursuivi par les fonctionnaires amricains. La produc-tion industrielle devait descendre de 70 75 pour cent du niveau de 1936 . Mais les Amricains ne furent pas longs comprendre quil ne pouvait y avoir dEurope forte sur le plan conomique si lAlle-magne tait faible.

    La dsindustrialisation de lAllemagne entrana, par voie de cons-quence, limpossibilit de raliser le programme agricole prconis par les Finances, faute de matires premires ncessaires la construction de machines agricoles et elle rduisit le pays une conomie mdivale de troc.

    Ainsi que lavait certainement prvu White, la condition co-nomique de lAllemagne fut dsespre entre 1945 et 1948. Les villes restrent des monceaux de dtritus et lasile fut en vogue car un flot impitoyable de rfugis sans qualification se dversa sur les zones occidentales o la ration alimentaire de 1 500 calories par jour tait peine suffisante pour lentretien de la vie. Lincertitude concernant la valeur future du Reichmark comme monnaie effective et lattente dune rforme montaire donnrent lieu un stockage gnral des marchandises.

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    La remise en route de toute lconomie europenne se trouva re-tarde par leffondrement de lindustrie allemande.

    Pour permettre lEurope de se rtablir, le Plan Marshall fut imagin en 1947. Il rejeta enfin la philosophie du programme White-Morgenthau. Les rformes montaires changrent la situation du jour au lendemain. Ces mesures si longtemps attendues suppri-mrent les pires entraves et cest alors que commena la prodigieuse renaissance conomique de lAllemagne Occidentale. .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... ..

    Le plan des Finances sur lAllemagne fut la ngation absolue de tous les principes dmocratiques chers aux tats-Unis et pour les-quels ils ont fait deux fois la guerre en une gnration. Sil avait t excut sous sa forme originale, il aurait certainement constitu le plus grand acte de gnocide de lhistoire moderne. Le totalitarisme et le barbarisme des Nazis furent, coup sr, suffisants pour convaincre les Amricains les plus charitables que seul un programme fortement res-trictif pourrait efficacement liminer lAllemagne comme menace pour la paix dans lavenir. .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... ..

    Aprs tout ce qui a t dit, une question implicite hante lhisto-rien. La voici : Ce plan Morgenthau qui a t si psychopathiquement anti-allemand, na-t-il pas t tout aussi consciemment et dlibrment pro-russe ? Jusqu maintenant, les spcialistes en histoire ont manqu de rpondre cette question vitale, voire mme de la poser, dans leurs tudes, par ailleurs si compltes, sur la diplomatie amricaine pendant et immdiatement aprs la seconde guerre mondiale. Cependant, cette question est dune telle importance historique quil faudra bien un jour y rpondre dune manire prcise.

    Le ministre des Finances na jamais ni que son plan soit anti-al-lemand mais personne dans son ministre na jamais reconnu quil ft pro-russe. Le plan Morgenthau qui, selon le marchal Knappen, cor-

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    respondait troitement ce que lon pouvait prsumer tre les dsirs russes sur la question allemande , ne fut-il pas une rponse un obs-tacle soudain et inattendu des vises sovitiques ?

    Que Harry Dexter White ait t le rel architecte, voire mme le constructeur, du plan Morgenthau, cela ne peut plus tre srieusement contest. Document aprs document, Le Journal rvle linfluence constante de White, tant dans llaboration de la pense que dans les dcisions finales du ministre Morgenthau.

    Ignorant de la haute conomie et des mystres de la finance in-ternationale, le ministre ne cessa jamais de sappuyer fortement sur son quipe dexperts pour toutes sortes davis gnraux et spcifiques.

    White fut lanimateur de lquipe des Finances et dans la question de lAllemagne, il mit tout en branle ds le dbut. Cest lui, entre autre, qui fit livrer au gouvernement sovitique par le Bureau des Gravures et Impressions, en avril 1944, le double des planches servant imprimer les marks de loccupation militaire qui taient la monnaie lgale de lAl-lemagne daprs-guerre. Ce qui provoqua une forte inflation dans toute lAllemagne occupe que les contribuables amricains durent amortir pour une somme de plus de deux cent cinquante millions de dollars( 1).

    1. Pour le dtail de cette trange histoire, voir : Transfert des Planches Papier dOccupation Phase Espionnage , Rapport intri-maire du Comit des Oprations gouvernementales, 15 dc. 1953 (Was-hington : Bureau des Impressions du Gouvernement, 1953). Le 14 avril 1944, dans le bureau de Morgenthau se tint une runion laquelle furent prsents White, lAmbassadeur sovitique Gromyko et Alvin W. Hall, directeur du Bureau des Gravures et Impressions. Morgenthau dclara que le gouvernement des EtatsUnis, soucieux de cooprer avec tous ses allis, avait dcid quil soit fourni la Russie le double des planches qui servaient imprimer les Marks militaires allis pour lAllemagne daprs-guerre. Il serait heureux denvoyer des techniciens du Bureau des Gravures Moscou pour mettre en place les oprations, Ces Marks M. A. ainsi que lancien reichmark allemand devenaient la monnaie

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    Mais qui inspira ou quel motif guida le cerveau et la main de White ? Les similitudes frappantes de conception et de dtail qui existent entre le plan des Finances et les desseins sovitiques concer-nant lAllemagne daprs-guerre peuvent ntre que pure concidence, et Le Journal ne nous donne aucune indication sur les machinations de White et de ses collaborateurs derrire les coulisses.

    Harry Dexter White fut-il un agent actif de lespionnage sovi-tique, comme le dclara J. Edgar Hoover, du F B I ? Il avait incontes-tablement des contacts tendus lintrieur et lextrieur du gouver-nement avec des marxistes et dautre part, ses activits lui donnaient accs des documents trs secrets des divers ministres.

    La concentration de sympathisants communistes au ministre des Finances et en particulier la division de la Recherche Montaire, est maintenant un fait indiscutable. White en fut le premier directeur ; ceux qui lui succdrent furent Frank Coe et Harold Glasser. Furent galement attachs la division de la Recherche Montaire William Ludwig Ullman, Irving Kaplan et Victor Perlo. White, Coe, Glasser, Kaplan et Perlo furent tous identifis, par tmoignage sous serment, comme participants de la conspiration communiste.

    lgale du pays occup. Les Marks M. A. imprims aux tats-Unis furent utiliss pour payer les salaires du personnel amricain, anglais et fran-ais des zones occidentales : 250 millions de dollars furent mis par les Amricains, 180 millions de dollars par les Anglais et 58 millions de dollars par les Franais. Mais aucune information na t donne sur la valeur des marks qui out t imprims par le gouvernement sovi-tique. Malgr toua leurs efforts, les fonctionnaires des tats-Unis nont pu obtenir ces renseignements vitaux. Mais les marks sovitiques provo-qurent une terrible inflation jusqu la rforme montaire de 1948. Hall et le sous-secrtaire Dan W. Bell furent contre le transfert des planches au gouvernement sovitique, mais White se pronona loquemment en faveur dune monnaie commune pour toutes les zones doccupation. Il nest pas discutable que lide fut lance par White.

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    .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. ... .. Jamais dans le pass, lhistoire amricaine navait eu une bureau-

    cratie non lue de fonctionnaires furtifs, sans visage, qui exercrent un pouvoir aussi arbitraire et qui jetrent une ombre aussi sinistre sur lavenir de la nation, que Harry Dexter White et ses associs au minis-tre des Finances, sous la direction de Henry Morgenthau. Ce quils tentrent de faire en pervertissant curieusement les idaux amricains, et comment ils furent sur le point de russir pleinement, cest ce que dmontrent ces documents.

    Cest l ce qui est certain.Mais on ignore encore quels secrets inestimables furent envoys

    Moscou par le canal de la clandestinit communiste et quel tort rel ces sinistres individus causrent la scurit des tats-Unis.

    ** *A une poque cruciale de lhistoire, un groupe de politiciens juifs

    a orient secrtement la politique trangre des tats-Unis et a jou un rle capital dans le droulement des vnements europens. En fait, par leur intermdiaire, la puissance du gouvernement amricain a t mise en pleine guerre au service dune idologie rvolutionnaire et des intrts dIsral.

    Cette politique mene par Morgenthau en accord avec Roosevelt avait un double caractre : ctait une implacable politique de ven-geance juive, dirige non contre le seul gouvernement hitlrien mais contre le peuple allemand tout entier rendu collectivement respon-sable des fautes et des crimes dHitler. Ctait une politique rvolution-naire dentente avec le gouvernement sovitique en vue dimplanter le marxisme dans toute lEurope.

    On a maintes fois, dans lhistoire, accus les Juifs de constituer une minorit trangre inassimilable, un Etat dans ltat au sein des

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    nations. Les documents Morgenthau nous montrent prcisment un cas de ce genre et apportent une confirmation clatante du bien-fond de cette accusation.

    On a maintes fois, au cours du dernier demi-sicle, accus les Juifs de finance et les Juifs de rvolution linternationale de lor et linternationale du sang de travailler secrtement en commun la poursuite dun idal juif de conqute du monde par la dsagrgation des socits occidentales base chrtienne. Les libraux philosmites ont couvert de sarcasmes ceux qui mettaient de pareilles inquitudes. Or tout au long des documents Morgenthau, nous voyons effective-ment des magnats juifs de la haute finance, tels Morgenthau, Harry Dexter White et B. Baruch, mettre toutes les ressources de la politique amricaine au service des intrts de la Russie Sovitique en Europe Centrale.

    Il faut mme aller plus loin. Il ressort des documents Morgenthau que pendant toute la dure de la guerre, le ministre des Finances U. S. A. a constitu un foyer secret de trahison, despionnage et de sub-version au sein du gouvernement amricain puisque la plupart des chefs et des ttes de lquipe Morgenhau, Harry Dexter White, Harrol Glasser, Frank Coe, William Ludwig Ullmann, Abraham George Silverman, Nathan Gregory Silvermaster, Lauchlin Currie, Salomon Adler, etc.., ont t finalement dmasqus comme tant des agents se-crets despionnage sovitique.

    Le 16 aot 1948, Harry Dexter White prfra se suicider plutt que daffronter la Commission dEnqute du Snat amricain devant laquelle il tait convoqu et une dramatique confrontation eut lieu par la suite devant la tlvision amricaine entre le Prsident Truman et lAttorney gnral Brownell au sujet dHarry Dexter White.

    Tout au long du Concile Vatican II, les Juifs se sont levs avec fureur contre laccusation de dicide et contre le principe de la respon-sabilit collective dont on a charg le peuple juif en consquence de

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    cette accusation. Or, les documents Morgenthau nous montrent clai-rement que les Juifs ont appliqu lAllemagne ce principe de culpabi-lit collective et ont poursuivi une implacable politique de vengeance contre le peuple allemand rendu responsable des fautes et des crimes de Hitler.

    Ils repoussent donc avec fureur le principe de responsabilit col-lective quand ils en sont les victimes, mais ils le revendiquent avec non moins dpret lorsquils en sont les bnficiaires.

    Les Juifs se sont attirs la sympathie du monde civilis pour avoir t victimes de la sauvage rpression hitlrienne ; et depuis lors, ils arguent de leur six millions de morts pour interdire catgoriquement toute discussion du problme juif. En fait, depuis Nuremberg, le nom de Juif est un mot tabou, quil est interdit de prononcer dans la presse sous peine de se faire aussitt traiter de progromiste.

    Comme le disait rcemment Souslov, lun des principaux diri-geants du Comit central du Parti Communiste russe : Si on touche un cheveu seulement de nimporte quel Juif, tous les autres se mettent crier aux quatre coins du monde.

    Une simple phrase du gnral de Gaulle, lance loccasion de la guerre isralo-arabe : Les Juifs, peuple dlite, sr de lui-mme et do-minateur , a soulev une tempte de protestations, qui na peut-tre pas t trangre sa chute.

    Isral se plaint davoir t victime dun gnocide sans prcdent dans lhistoire. Hitler a trait les Juifs sans mnagement, nous le recon-naissons dautant plus volontiers quil ne sest jamais trouv personne en France, pas mme le plus farouche des antismites pour prner le massacre et le gnocide comme solution de la question juive. Mais ceci dit, il serait tout de mme bon de rappeler certaines vrits essentielles.

    Tout dabord concernant le nombre des victimes : six millions de Juifs auraient pri dans les camps de concentration dAuschwitz, de Sobidor, de Maidanik, de Treblinka, etc., tous situs en Pologne et

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    exclusivement rservs aux Juifs. Six millions de morts, nous dit-on, expliquent tout, excusent tout, justifient tout.

    Or ce chiffre de six millions a t affirm sans lombre de justifica-tion ni de preuve dans lhystrie de la Libration qui a suivi la fin de la guerre. Ce chiffre, depuis lors, a t largement diffus travers le monde, mais il est aujourdhui de plus en plus contest et on peut lapparenter aux fameux soixante-quinze mille fusills du Parti Communiste fran-ais. Aucune enqute srieuse, impartiale et documente na jamais t faite ce sujet ; mais un ancien dport de Buchenwald, socialiste de surcrot, Paul Rassinier, a fait sur ce point des recherches trs pous-ses et trs srieuses dans une srie de livres qui ont nom : Le mensonge dUlysse, Ulysse trahi par les siens, Le vritable procs Eichmann, Le drame des Juifs europens.

    Il est arriv la conclusion que le chiffre des victimes juives des camps de la mort oscillait autour dun million deux cent mille. Cest dj beaucoup, cest beaucoup trop, dautant quil y avait peu de grands Juifs parmi ce nombre, mais beaucoup de petits Juifs sans grande importance. Ce chiffre dun million deux cent mille aurait t, selon Rassinier, plus ou moins tacitement accept par certaines orga-nisations juives telles que le Centre Mondial de Documentation juive contemporaine.

    Mais enfin les Juifs nont pas t les seules victimes dHitler, loin de l ; Hitler a fait prir plus de Chrtiens quil na fait mourir de Juifs. Limpitoyable rgime hitlrien npargnait personne. Il faudrait par-ler du sort des prisonniers russes, de la politique de la terre brle en Russie et de beaucoup dautres svices. Les Allemands eux-mmes en ont t les premires victimes et une bonne partie des grands chefs de la Wehrmacht, des soldats couverts de gloire, ont t excuts par Hitler, souvent mme avec une sauvagerie extrme : le gnral Von Schleicher, les marchaux Rommel, Von Witzleben, Von Rundstedt, lamiral Canaris et combien dautres. Le marchal Von Witzleben, par

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    exemple, a t tortur et pendu un croc de boucher. De tous ceux-l, on ne parle presque jamais. Seules les victimes juives ont le don dmouvoir la conscience universelle.

    Et puis enfin, les Juifs occidentaux, Juifs amricains surtout, nont-ils pas attis eux-mmes les flammes de lincendie qui sest abattu sur leurs frres europens ? Reportons-nous, en effet, au livre de Kaufman (dont nous parlons un peu plus loin), aux documents Morgenthau, aux dclarations de Harry Dexter White, de Bernard Baruch et consorts, tous gens hautement influents dans la conduite de la guerre. Commenons par les documents Morgenthau.

    Ces documents, je le rappelle, nmanent pas dune officine de Goebbels mais ont un caractre dauthenticit officielle puisquils sont publis par le gouvernement des tats-Unis, prototype des gouverne-ments modernes, libres, clairs et dmocratiques.

    Morgenthau et son quipe rclamaient avec insistance lapplication intgrale de leur plan lAllemagne. Ce plan prconisait la destruction totale et dfinitive de toute lindustrie allemande, la Ruhr en tte, lAl-lemagne devant se contenter lavenir dtre un pays exclusivement pastoral et agricole.

    Le rsultat le plus immdiat et le plus clair de ce plan extravagant au-rait t que dans la seule Allemagne de lOuest, trente millions dAlle-mands seraient morts de faim. Cest ce que fit aussitt remarquer avec indignation le ministre amricain de la Guerre, Stimson, quand il eut connaissance de ce plan insens auquel Roosevelt et Churchill avaient donn leur accord Qubec. Cette ventualit laissait Morgenthau et son quipe compltement indiffrents. Si on les poussait bout, ils voulaient bien accepter quon dportt le trop-plein de ces Allemands en Afrique.

    Le plan Morgenthau prconisait en outre trois mesures essentielles :

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    1. Les autorits allies devaient dresser une liste trs complte des Allemands qualifis de criminels de guerre et ds leur arresta-tion, ceux-ci devaient tre abattus sur place sans jugement.

    2. Plusieurs millions dAllemands choisis parmi les Nazis, les officiers de la Wehrmacht et tous ceux qui de prs ou de loin avaient collabor avec le rgime, devaient tre remis aux Russes pour tre employs sans contrle comme forats la recons-truction des rgions dvastes.

    3. Tous les rfugis, qui avaient fui la Russie Sovitique avant et pendant la guerre, devaient tre livrs aux Russes o manifes-tement ils seraient soit fusills, soit dports dans les camps de concentration en Sibrie.

    Une longue et violente controverse opposa ce sujet Morgenthau aux ministres de la Guerre, des Affaires Etrangres et de la Justice. Mais tant que vcut Roosevelt, Morgenthau, fort de son appui, obtint raison sur la plupart de ces points, ainsi que tout lecteur pourra le constater en se reportant au rsum des documents Morgenthau que nous avons publi dans cet article.

    Les documents Morgenthau prsentent un intrt particulier du fait de lminente personnalit du ministre et de limportance des postes quil occupait, du fait aussi que ce sont des documents officiels du gouvernement amricain. Mais il existe dautres personnalits et dautres documents juifs, qui les confirment et mme les renforcent.

    A tout seigneur, tout honneur : Bernard Baruch. En tant quami per-sonnel de Roosevelt et conseiller politique des successifs Prsidents