divisio operis et paratexte dans la tradition manuscrite du roman médiévale

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Divisio operis et paratexte dans la tradition manuscrite du roman médiéval Anatole Pierre Fuksas Università di Cassino Université Catholique de Louvain Centre d’Études sur le Moyen Age et la Renaissance

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Le paratexte des manuscrits médiévaux offre au lecteur des points de repère démarquent des limites textuels en lui rendent accessible les contenus divers. En ce sens là, ces indications paratextuels sont l'ancêtre du mot-dièse (#) et de l’arobase (@). Le paratexte qui constelle les romans en vers du moyen âge est typiquement articulé en systèmes qui différent d’un manuscrit à l’autre. Miniatures, rubriques, tituli, lettres et lettrines champies, feuillées, ou filigranées de module variable sont les éléments principaux, utilisées en combinaisons variables par copistes et éditeurs qui avaient certainement bien clair le plan de leur livre, la sériation et l’articulation des œuvres à copier. On pourra observer que le placement des tituli et des lettrines peut impliquer un certain degré de plasticité textuelle, en corroborant l’idée que le paretexte soit la mise en texte d’une divisio operis opérant au niveau conceptuel, c’est a dire la division de l’histoire en segments dues d’une consistance épisodique. En plus, on remarque que dans certaines manuscrits l’organisation du paratexte varie d’une oeuvre a l’autre, en dénotant de choix différents qui remontent éventuellement aux manuscrits-source desquels les compilateurs tirent les romans à publier dans leur livres.

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Page 1: Divisio Operis et Paratexte dans la tradition manuscrite du roman médiévale

Divisio operis et paratexte dans

la tradition manuscrite du

roman médiéval

Anatole Pierre FuksasUniversità di Cassino

Université Catholique de Louvain

Centre d’Études sur le Moyen Age et la Renaissance

Page 2: Divisio Operis et Paratexte dans la tradition manuscrite du roman médiévale

Le paratexte des manuscrits

médiévaux offre au lecteur des points

de repère qui marquent des

limites textuels en lui rendant

accessibles les différents contenus.

En ce sens, ces indications

paratextuelles sont l'ancêtre du mot-

dièse (#) et de l’arobase (@)

Texte et Paratexte

Page 3: Divisio Operis et Paratexte dans la tradition manuscrite du roman médiévale

Repère textuel: tituli et lettrines

Montpellier, Bibliothèque Interuniversitaire, Section médecine, H

252, f. 3 col. a

Le paratexte des romans en vers du moyen âge est articulé en

systèmes qui différent d’un manuscrit à l’autre. Miniatures,

rubriques, tituli, lettres et lettrines champies ou filigranées

de module variable sont les éléments principaux, utilisés en

combinaisons variables par copistes et éditeurs qui avaient

bien clair le plan de leur livre, la sériation et l’articulation des

œuvres à copier.Dans le Chevalier au Lion de

Montpellier, on remarque une combinaison de tituli et lettres filigranées de module variable.

Page 4: Divisio Operis et Paratexte dans la tradition manuscrite du roman médiévale

Indexation de la matière

Cfr. K. Busby, Absence de l'image dans le ms. Montpellier, BIU, Sect. Méd. H252, in Mouvances et jointures. Du manuscrit au texte médiéval, éd. Par M. Mikhaïlova, (Actes du colloque international organisé par le CeReS, Université de Limoges, 21-23 novembre 2002), Orléans, Paradigme (Medievalia, 55), 2005, pp. 19-27, p. 28.

Le titulus indexe les contenus de la section introduite par la grand lettrine (qui est erronément une “D”, tandis qu’elle devrait normalement être une “L”: Da damoisele par la main )

«Conment la damoysele qui avoit gardé monseignor / Yvain de mort le mena devant la dame qui / Le haoit a mort pro son seignor que il avoit / Ocis mes tantost comment elle le / Vit elle fut si esprise de s'amore qu el /Le ne poroit durer pour luy».

Page 5: Divisio Operis et Paratexte dans la tradition manuscrite du roman médiévale

Hierarchie des indications paratextuelles

Au même temps on peut apprecier deux niveaux du

paratexte, l’un bien evidencié par la grand lettre (“L” sur 6 lignes)

sur la colonne de gauche (précédé par le titulus comme on l’a vu), l’autre par la petite sur la

colonne de droite (“Y” sur 2 lignes).

Les grandes lettres indiquent le début des sections textuelles et

sont précédées par des tituli qui indexent leur contenu. Les

lettrines de module inférieur segmentent les sections en

morceaux plus petits, en articulant leur déroulement.

Montpellier, Bibliothèque Interuniversitaire, Section médecine, H

252, f. 5 verso

Page 6: Divisio Operis et Paratexte dans la tradition manuscrite du roman médiévale

2616 Ne le doit prester ne baillier

2617 Mes par chierte le vous bail gie

2618 Atant prent lors Yvains congie

2618a Et pleure forment de pitie.

Paratexte et tradition textuelle

On remarquera que la distribution des indications paratextuelles affecte le texte même. En fait, le vers qui précede la lettrine sur la colomne de droite n’est pas attesté par le reste de la tradition du roman (le Chevalier au Lion de Chrétien de Troyes). La lectio singularis est fautive, puisqu’elle porte trois verses à la même rime (vv. 2617-2618)

K. Meyer, Transcription synoptique des manuscrits et fragments du Chevalier au Lion par Chrétien de Troyes, Université d’Ottawa, Faculté des Arts, Laboratoire de français ancien (http://www.uottawa.ca/academic/arts/lfa/activites/textes/kmeyer/kpres.html)

Page 7: Divisio Operis et Paratexte dans la tradition manuscrite du roman médiévale

Texte et paratexte 1Le vers suivant (2619) placé

au debut du fol. 6 recto («Trop fort pleure au congie

prendre») est bien évidemment introduit par une autre lettrine (« T » sur deux

lignes).

Le vers 2618a est clairement interpolé de manière à définir une capfinidat entre la fin de

la section précédente et le début de la suivante, basée sur

la récurrence du verbe «pleurer».

Montpellier, Bibliothèque Interuniversitaire, Section médecine, H

252, f. 6 recto

Page 8: Divisio Operis et Paratexte dans la tradition manuscrite du roman médiévale

Texte et paratexte 2

Montpellier, Bibliothèque Interuniversitaire, Section médecine, H

252, f. 7 verso

Le vers 2891 est suivi part trois autres qui ne figurent que dans M:

2891 Qui li dura molt longuement2891a Et tant qu il fut en cel torment2891b Touz jours son repere si fut2891c Vers l’ermite qui bons hons fut.

Puis on lit le titulus (encre rouge): «Conment monseignor Yvain s

endormi en .i. bois tres / Tout nu et estoit fole et conment une damoy / Selle l oinst d un oignement dont il fut / Trestout sain gari. Et conment

la damoy / Selle ly bailla robes et cheval et chauces»

(Busby, Absence de l'image, cit., p. 28)

Page 9: Divisio Operis et Paratexte dans la tradition manuscrite du roman médiévale

Texte et paratexte 2

Montpellier, Bibliothèque Interuniversitaire, Section médecine, H

252, f. 7 verso

Fait intéressant, le vers qui introduit la nouvelle section

est également une lectio singularis du manuscrit M, qui

interpole le récit avec une apostrophe au public:

2891d Que vous iroie je contant

Page 10: Divisio Operis et Paratexte dans la tradition manuscrite du roman médiévale

Texte et paratexte 2

Montpellier, Bibliothèque Interuniversitaire, Section médecine, H 252, f. 7 verso

En plus, le verse 2892 «Une fois fut trouve dormant» est diffèrent par rapport aux autres

versions manuscrites. Essentiellement, M présente la situation en mode passif, la description se concentrant sur Yvain vu

comme le protagoniste, tandis que dans les autres versions les personnages actifs sont les deus demoiseles et la Dame de Noroison. Par

example:

Paris, BNF, fr. 794 (H) Princeton, University Library

Garrett 125 (R):

Qu il li dona tant longuemant Qui li dura tant longementC’un jor le troverent dormant C’un jor le troverent dormant

Page 11: Divisio Operis et Paratexte dans la tradition manuscrite du roman médiévale

Texte et paratexte 3

Montpellier, Bibliothèque Interuniversitaire, Section médecine, H

252, f. 9 recto

Le vers 3157 diffère par le reste de la tradition textuelle, qui a

«fiert el tas» au lieu de «isneletpas». Le segment est

conclu par 5 vers suivants qui n’apparaissent que dans M

(3157b-f):

3156 Messire Yvains isneletpas3156a Si a demande son destrier3156b D armes se fet appareillier3156c Et monte et s en va en l estour3156d Et lesse la dame en la tour3156e Qui prie Dieu qu il le ramaingne3156f Et sain et vive et ce aviengne».

Page 12: Divisio Operis et Paratexte dans la tradition manuscrite du roman médiévale

Texte et paratexte 4

Montpellier, Bibliothèque Interuniversitaire, Section médecine, H

252, f. 11 verso

Après le verset 3493 «Desouz le pin enmi le val», le manuscrit de

Montpellier présente une autre interpolation de 4 vers, afin de

souligner la référence récurrente au même endroit où Yvain avait

vaincu Keu (vv. 2222-2224 et suivants de Meyer, Transcription

synoptique) peu après son mariage avec Laudine e l’arrivée

du Roi Artu avec ses chevaliers auprès de son château:

3493a La ou abati du cheval3493b Messire Keu vousist ou non3493c Present le roy et si baron

Page 13: Divisio Operis et Paratexte dans la tradition manuscrite du roman médiévale

Texte et paratexte 4On remarquera que l’interpolation

précède une fois de plus le début d’une nouvelle section textuelle,

bien marque par le titulus: «Conment Monseignor Yvain

trouva .i. ser / Pent en une lande qui se combatoit / A un lyon. Et

conment monseignor Yvain / Tua le serpent. Et conment le lyon / Le

suivy par tout la ou il aloit» (Busby, Absence de l'image, cit., p.

29).

Montpellier, Bibliothèque Interuniversitaire, Section médecine, H 252, f. 11 verso

Page 14: Divisio Operis et Paratexte dans la tradition manuscrite du roman médiévale

Texte et paratexte 4H 3492 Tant qu’aventure a la fontainne P 3492 Tant c’aventure a le fontaineV 3492 Tant q’aventure a la fontaineF 3492 Tant qu’il vinrent a la fontaineG 3492 Tant qu’il vindrent a la fonteine A 3492 Tant qu’il vindrent a la fontainne S 3492 Tant qu’il vinrent a la fontaineR 3492 Tant k’il vinrent a la fontaineM 3492 Tant qu’il vindrent a la fontainne

H = Paris, BNF, fr. 794; P = Paris, BNF, fr. 1433; V = Rome, Vatican, Regina 1725; F = Paris, BNF, fr. 1450; G = Paris, BNF, fr. 12560; A = Chantilly,

Musée Condé 472; S = Paris, BNF, fr. 12603; R = Princeton, UL Garrett 125; M = Montpellier, BI Sec. méd., H 252 (Meyer, Transcription synoptique, cit.).

L’initiale filigranée introduit le verset 3493d «Desouz le pin si s’aresta», qui diffère du reste de la tradition en portant le verbe «arester» au lieu de «amener» ou «mener». Le texte du verset 3493 répond au changement syntactique du à la présence (abusive?) d’un sujet pluriel au verset 3492 (Yvain et le lion au lieu de l’aventure). Le passage présente une diffraction aux effets curieux.

H 3493 Desoz le pin les amenaP 3493 Deseur le pin les amena V 3493 Desoz le pin les amenaF 3493 Desos le pin les amenaG 3493 Et desouz le pin les mena A 3493 Desous le pin la les menaS 3493 Desous le pin les amenaR 3493 Sos le pin quant il vinrent la M 3493 Desouz le pin enmi le valM 3493a La ou abati du chevalM 3493b Messire Keu vousist ou non M 3493c Present le roy et si baronM 3493d Desouz le pin si s’aresta

H 3494 Las par po ne reforsenaP 3494 La par poi ne se forsenaV 3494 La por .i. poi ne forsenaF 3494 La voie par pou n’esragaG 3494 La voie par poi n’enrajaA 3494 La voie por poi n’esragaS 3494 Pour poi de duel ne forsonnaR 3494 Por .i. poi que ne forsena M 3494 Lors par pou ne se forsenaS 3494a La voie pour poi qu’il n’enragaS 3494b Molt est dolens en son courageH 3495 Messire Yvains cele foiee P 3495 Mesire Yvains autre feie V 3495 Missire Yvains autre feie F 3495 Messire Yvains altre foie G 3495 Mesire Yveins autre foie A 3495 Mesire Yvains autre faiee S 3495 Mesire Ywains tout pour s’amieR 3495 Mesire Yvains a cele fieM 3495 Messire Yvains et son cuer mue

Page 15: Divisio Operis et Paratexte dans la tradition manuscrite du roman médiévale

La divisio operis mise-en-texteDonc, on pourra observer que la

distribution des tituli et des lettrines peut

impliquer un certain degré de plasticité

textuelle, en corroborant l’idée que le paretexte

soit la mise en texte d’une divisio operis

opérant au niveau conceptuel, c’est a dire la division de l’histoire

en segments dues d’une consistance épisodique.

Montpellier, Bibliothèque Interuniversitaire, Section médecine, H

252, f. 10 verso

Page 16: Divisio Operis et Paratexte dans la tradition manuscrite du roman médiévale

Indexation IconiquePareillement, la mise-en-texte du niveau supérieur (sections)

de la divisio operis peut se réaliser parmi la distribution

des initiales champies qui accompagnent les miniatures, comme il se passe dans le cas

du manuscrit de Princeton.Le niveau inferieur (segments)

est encore individué par la distribution des lettrines

filigranées.

Princeton, University Library, Garrett 125, f. 56

verso

Cfr. A. P. Fuksas, Hierarchical Segmentation of Chretien's Chevalier

au Lion in ms. Princeton, University Library, Garrett 125, in «Segno e

Testo» 10 (2012), pp. 389-409.

Page 17: Divisio Operis et Paratexte dans la tradition manuscrite du roman médiévale

Transitions narratives

Princeton, University Library, Garrett 125, f. 55

recto

Les deux genres d’indications paratextuelles coïncident avec des

transitions narratives pertinents, qui concernent souvent le temps et/ou

l'espace et/ou l’action qui introduisent une nouvelle situation narrative.

Souvent elles visent à reformuler et/ou résumer les derniers événements de la

section précédente avant que les transitions narratives aient lieu, parfois en

soulignant des éléments de capfinidat basés sur l'itération lexicale.

Parfois, ces indications paratextuels soulignent l'adoption d'une perspective

narrative différente basée sur un nouveau angle de perception ou d’interlocution, l'espace-temps et l'action des nouvelles

sections ou segments qu'elles introduisent en restant cohérents avec ceux suggérés par les événements décrits dans la partie

finale des précédentes.

Page 18: Divisio Operis et Paratexte dans la tradition manuscrite du roman médiévale

Paratexte et consistance épisodique

Princeton, University Library, Garrett 125, f. 55

recto

La différence entre les initiales champies qui suivent les miniatures et

les lettrines filigranées ne concerne pas la nature des événements décrits

aux vers mises en évidence par ces différents indications paratextuelles.

Elle implique plutôt une différente pertinence à l'égard de la planification

générale du roman. Dans le cas a gauche est bien évident que le

mariage entre Yvain et Lunete, mis en évidence par la miniature et l’initiale

champie, introduit une nouvelle section du roman. Par contre, les

transitions narratives mises soulignées dans la colonne a (tous les deux du

discours direct au indirect) segmentent la partie finale de la

section précédente (Yvain celibataire à la recherche d’aventure, vv. 1-2061)

Page 19: Divisio Operis et Paratexte dans la tradition manuscrite du roman médiévale

Cohérence systématique du paratexte 1

Princeton, University Library, Garrett 125, f. 32

recto

Les manuscrits les plus cohérentes adoptent le même système

paratextuel pour segmenter tous les romans recueillies dans la

collection. Comme on le vit sur la gauche, c’est le cas du ms. de Princeton, University Library,

Garrett 125: l’initiale champie qui suive la miniature et la lettrine

filigranée apparaissent sur un folio contenant la Chevalerie de Judas

Maccabée de Gautier de Belleperche, qui est conservé dans

le manuscrit ensemble au Chevalier au lion et au Chevalier

de la Charrette de Chrétien de Troyes, et la chanson de Garin de

Monglaine.

Page 20: Divisio Operis et Paratexte dans la tradition manuscrite du roman médiévale

Cohérence systématique du paratexte 2

Princeton, University Library, Garrett 125, f. 34

recto

Encore, l’initiale champie qui suive (sur la colonne suivante) la miniature

et la lettrine filigranée apparaissent sur un folio contenant le début du

Chevalier de la Charrette. Dans la miniature: Meleagant arrive a

Carlion pendent le déjeuner. Par contre la lettrine est placé entre la fin du

prologue et le début du récit proprement dit (vv. 31-34):

A un jor d’une Ascensionfu venus devers CarlionLi rois Artus et tenu otCort mult riche a Camaalot Cfr. A. P. Fuksas, Ordine del testo e ordine del

racconto nella tradizione manoscritta del Chevalier de la charrette (vv. 1-398), in «Segno e Testo», III

(2005), pp. 343-389.

Page 21: Divisio Operis et Paratexte dans la tradition manuscrite du roman médiévale

Cohérence systématique du paratexte 3

Princeton, University Library, Garrett 125, f. 20

recto

Il semblerait que la chanson de Garin de Monglaine soit

seulement segmenté par des lettrines filigranées qui

introduisent chaque tirade, mais l’état fragmentaire du manuscrit

ne permet de tirer des conclusions définitives

concernant la différence du paratexte par rapport au type

textuel auquel les différents récits se rapportent.

Page 22: Divisio Operis et Paratexte dans la tradition manuscrite du roman médiévale

Cohérence du paratexte: le cas de Guiot

Paris, BNF, fr. 794

Le manuscrit de Guiot présente un système de paratexte qui

varie en relation aux contenus, indiqués dans la célèbre table

(cfr. A. Micha, La tradition manuscrite des romans de

Chrétien de Troyes, Genève, Droz, 1966, p. 34)

Page 23: Divisio Operis et Paratexte dans la tradition manuscrite du roman médiévale

Cohérence du paratexte: le cas de Guiot 1

Paris, BNF, fr. 794, c. 5 recto

Erec et Enide de Chrétien de Troyes, le premier roman collectionné dans le

manuscrit, est introduit par une initiale champie. Deux autres

pareilles apparaissent aux fol. 5 recto col. c et fol. 22 verso col. c. Ces

indications qui tombent sur la première lettre des vers 1171 («Yders

atant antre un La Porte») et 5827 («atant li rois Evrains le Leisse»), pourraient refléter une structure

tripartite du roman, en identifiant deux sections de la même longueur

(un peu entre 1100-1200 vers) au début et à la fin et une plus large

(quelques 4700 vers) au milieu. On voit bien que le système du paratexte contemple des lettrines filigranées de

module variable à démarquer des partitions de niveau inférieur

(segments).

Page 24: Divisio Operis et Paratexte dans la tradition manuscrite du roman médiévale

Cohérence du paratexte: le cas de Guiot 2

Paris, BNF, fr. 794, c. 27 recto

Au contraire le Chevalier de la charrette de Chrétien de Troyes

est introduit par une initiale historiée «contenant une femme

assise, probablement Marie de Champagne»

(T. Nixon, Catalogue of Manuscripts, in Les Manuscripts de Chrétien de Troyes, ed. by K. Busby – T. Nixon – A. Stones –

L. Walters, Amsterdam, Rodopi, 1993, II, pp. 1-85, p. 30).

Page 25: Divisio Operis et Paratexte dans la tradition manuscrite du roman médiévale

Cohérence du paratexte: le cas de Guiot 2

Paris, BNF, fr. 794, c. 44 recto

Comme on l’a vu pour Erec et Enide, le paratexte réfléchit une divisio

operis du Chevalier de la charrette qui contemple deux niveaux de

segmentation. En fait, des lettrines filigranées de module variable

découpent les sections épisodiques en morceaux plus petits de mesure

variable.

Page 26: Divisio Operis et Paratexte dans la tradition manuscrite du roman médiévale

Cohérence du paratexte: le cas de Guiot 3

Paris, BNF, fr. 794, c. 54 recto

Une initiale feuillée sur champ d'or introduit le roman de Cligès. Donc on registre trois différents

choix de paratexte introductif relativement au trois romans de

Chrétien de Troyes.

Page 27: Divisio Operis et Paratexte dans la tradition manuscrite du roman médiévale

Cohérence du paratexte: le cas de Guiot 3

Paris, BNF, fr. 794, c. 69 recto

Le verset 4015 («Cligès et li dus are monte») est introduit par une initiale

champie en or sur champ bleu et vermillon, en tout pareille à celles

qu’on a déjà signale dans le texte de Erec et Enide et du Chevalier de la

Charrette, pourrait indiquer une bipartition du roman, comme on l’a déjà vu à propos du Chevalier de la

Charrette.En conséquence, le récit serait divisé

en une section plus large, couvrant l'histoire de Alixandre et Soredamor et

celle de Cligès et Fenice jusqu'à la préparation de la lutte individuelle

entre le protagoniste et le duc de Saxe, et une deuxième partie plus mince, qui décrit les événements

suivants jusqu'au mariage conclusif.

Page 28: Divisio Operis et Paratexte dans la tradition manuscrite du roman médiévale

Cohérence du paratexte: le cas de Guiot 3

Paris, BNF, fr. 794, c. 69 verso

Comme on l’a vu pour Erec et Enide et le Chevalier de la charrette, le

paratexte réfléchit la divisio operis de Cligès contemple deux niveaux de

segmentation. En fait, des lettrines filigranées de module variable

découpent les sections épisodiques en morceaux plus petits de mesure

variable.

Page 29: Divisio Operis et Paratexte dans la tradition manuscrite du roman médiévale

Cohérence du paratexte: le cas de Guiot 4

Paris, BNF, fr. 794, c. 79 verso

Une initiale feuillée sur champ d'or introduit aussi le Chevalier au

Lion, donc on voit ici répliquée le même choix de paratexte

introductif Qui caractérise le roman précèdent, celui de Cligès

Page 30: Divisio Operis et Paratexte dans la tradition manuscrite du roman médiévale

Cohérence du paratexte: le cas de Guiot 3

Paris, BNF, fr. 794, cc. 88 recto, 96 verso, 102 verso

Deux initiales champies en or sur champs bleus et vermillon introduisent les vers 2329 («Encontre le roi de Bretaingne») et 4541 («Quant messire Yvains Voit blecié»). Une autre était probablement due au verset 6141 («Quant grant piece s’estoit laisse») mais n’a jamais été peinte.

Page 31: Divisio Operis et Paratexte dans la tradition manuscrite du roman médiévale

Cohérence du paratexte: le cas de Guiot 4

Paris, BNF, fr. 794, c. 102 verso

L'espace vide correspond au double d'une typique Q filigranée (par example c. 81 col. d) et

d'environ 3/5 de l'espace nécessaire à une Q champie (par example c. 96 col. e). C’est à dire que l’initiale champie à tracér au fol. 102 verso

col. b aurait été la même taille des initiales sur 4 lignes qui divisent Erec et Enide, (par example

fol. 5 col. c) a cause da sa position au fond de la colonne.

Page 32: Divisio Operis et Paratexte dans la tradition manuscrite du roman médiévale

Cohérence du paratexte: le cas de Guiot 4Les trois indications auraient du diviser le roman en quatre sections morcelles en sous-unités grâce aux lettrines filigranées, comme on l’a vu pour les romans qui précèdent. En fait, la première et la deuxième section sont de longueur plus ou moins égale (2329 et 2212 vers). La première commence au début du roman et s’arrête âpres l'arrivée Arthur et ses chevaliers au château de Laudine. La deuxième est introduite par la description de l'hospitalité que le roi Arthur reçoit au château de Laudine et continue jusqu’à la partie finale du combat entre Yvain et les trois opposants contestant l'honneur de Lunete. La troisième partie, un peu plus mince (1600 vers), commence avec Yvain qui défait rapidement ses adversaires et narre les événements menant au milieu de la lutte entre le protagoniste et Gauvain. La dernière section, certainement la plus petite (665 vers), est un épilogue couvrant les événements qui mènent de la partie finale du combat entre Gauvain et Yvain à la réconciliation finale du protagoniste avec son épouse. Difficile à dire si le fait que le dernier initiale champie n'aie pas été peint indique ou pas le choix de “dernière minute“ d’une divisio operis tripartite, donc un découpage du récit en trois sections de longueur égale.

Page 33: Divisio Operis et Paratexte dans la tradition manuscrite du roman médiévale

Cohérence du paratexte: le cas de Guiot 5

Paris, BNF, fr. 794, c. 106 recto

Une initiale feuillée sur champ d'or introduit aussi Athis et Prophilias,

comme il arrive dans les deux qui le précedent (Cligès, Chevalier au

lion).Mais le paratexte qui constelle le roman ne présente pas d’initiales

champies. Plutôt, beaucoup de lettrines filigranées sur 2 ou trois

lignes divisent le texte en segments plus petits de ceux qui résultent par

leur distribution dans le texte des romans de Chrétien.

Page 34: Divisio Operis et Paratexte dans la tradition manuscrite du roman médiévale

Cohérence du paratexte: le cas de Guiot 6

Paris, BNF, fr. 794, c. 184 recto

Une initiale feuillée sur champ d'or introduit aussi le Roman de

Troie.

Page 35: Divisio Operis et Paratexte dans la tradition manuscrite du roman médiévale

Cohérence du paratexte: le cas de Guiot 6

Paris, BNF, fr. 794, cc. 212 recto, 225 recto, 228 verso, 232 verso

Le paratexte qui constelle le Roman de Troie présente 6 initiales filigranées (4-6 lignes) qui devraient indiquer les partitions de niveau supérieur (sections) d’une divisio operis hiérarchique. Les lettrines filigranées (1-3 lignes) morcellent les sections en segments comme d’habitude.

Page 36: Divisio Operis et Paratexte dans la tradition manuscrite du roman médiévale

Cohérence du paratexte: le cas de Guiot 6

Paris, BNF, fr. 794, cc. 240 recto, 249 recto, 268 recto, 271 recto

Mais le paratexte qui constelle le Roman de Troie présente des éléments de complexite en contemplant aussi des initiales champies et feuillées de différent ampleur (4-6 lignes). Puisque la distribution n’est pas mélangée, on dirait que le peintre passe des initiales filigranées aux initiales champies à mi-chemin du texte, puis des champies à feuillée quand il se traite de peindre la dernière indication paratextuelle se référant au niveau supérieure de la divisio operis.

Page 37: Divisio Operis et Paratexte dans la tradition manuscrite du roman médiévale

Cohérence du paratexte: le cas de Guiot 7

Paris, BNF, fr. 794, c. 285 recto

Une initiale feuillée sur champ d'or introduit aussi le Brut de Wace.

Le paratexte qui constelle le récit historique ne présente pas

d’initiales champies. Beaucoup de lettrines filigranées peintes sur 1-3

lignes divisent le texte en segments de longueur variable,

parfois très minces, parfois extrêmement étendues.

Page 38: Divisio Operis et Paratexte dans la tradition manuscrite du roman médiévale

Cohérence du paratexte: le cas de Guiot 8

Paris, BNF, fr. 794, c. 343 verso

Une initiale feuillée sur champ d'or introduit aussi Les empereurs de

Rome.

Le paratexte qui constelle le récit historique ne présente pas

d’initiales champies. Beaucoup de lettrines filigranées peintes sur 1-3

lignes divisent le texte en segments de longueur variable,

parfois très minces, parfois extrêmement étendus.

Page 39: Divisio Operis et Paratexte dans la tradition manuscrite du roman médiévale

Cohérence du paratexte: le cas de Guiot 9

Paris, BNF, fr. 794, c. 361 recto

Une initiale feuillée sur champ d'or (8 lignes) introduit aussi le Conte

du Graal de Chrétien de Troyes.

Page 40: Divisio Operis et Paratexte dans la tradition manuscrite du roman médiévale

Cohérence du paratexte: le cas de Guiot 9

Paris, BNF, fr. 794, c. 378 recto, c. 381 recto, 385 verso, 388 verso

Le paratexte qui constelle le roman est assez complexe. Il présente 2 initiales filigranées (4 lignes) suivies par 2 initiales champies qui démarquent des sections morcellées en segments par des lettrines filigranées de module inferieur (1-3 lignes).

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Cohérence du paratexte: le cas de Guiot 9

Paris, BNF, fr. 794, c. 394 verso

Une initiale champie (4 lignes) introduit la première continuation

du Conte du Graal.

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Cohérence du paratexte: le cas de Guiot 9

Paris, BNF, fr. 794, c. 413 verso, 419 recto

Une initiale (“A” sur 4 lignes) était due au verset v. 4901 – 17790, mais n’a jamais été peinte. L’initiale feuillée qui représente la dernière indication paratextuelle indiquant le niveau supérieur de la divisio operis a la même taille, et probablement la même fonction, des initiales champies sur 6 lignes qui délimitent les sections épisodiques du Chevalier au lion, même si les initiales champies qui reflètent la division du Conte du Graal sont sur 4 lignes comme celles qui constellent le texte de de Erec et Enide.

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Cohérence du paratexte: le cas de Guiot

ConclusionsDonc on constate que les initiales filigranées de module supérieur (4-6 lignes) et feulliées ont la même fonction des initiales champies (4-6 lignes). Mais surtout que l’organisation du paratexte varie d’une œuvre à l’autre, en dénotant de choix différents qui remontent éventuellement aux manuscrits-source desquels Guiot tire les romans à publier dans son livre.

Quand même, on peut bien remarquer une certaine cohérence du système paratextuel adopté dans la copie des quatre romans de Chrétien qui ouvrent la collection, le Conte du Graal en étant sépare aussi pour ce qui concerne les choix de segmentation du texte qui réfléchissent la divisio operis du roman.