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Éditorial

Comme dans de nombreux pays en développement, l’immense ma-jorité de la population de la RDC n’a pas accès au secteur ban-

caire classique : sa capacité d’épargne et ses besoins de crédit sont trop faibles par rapport aux coûts que ces opérations en-gendreraient pour les banques.

Or, l’accès aux services financiers (la pos-sibilité d’obtenir un crédit, la sécurisation de l’épargne et la mise à disposition de moyens de paiement) est essentiel pour réduire la vulnérabilité de ces populations face aux aléas de la vie (maladies, décès, etc.) et pour permettre le dével-oppement d’un tissu de petites en-treprises privées, source de dyna-misme économique plus inclusif, de création d’emplois et d’augmentation des revenus.

La microfinance a prouvé qu’elle pouvait répondre à ces besoins en proposant des produits divers de crédit et d’épargne. Dans le cadre de la lutte contre la pau-vreté, l’Agence Française de Développe-ment (AFD) a pour objectif de favoriser l’accessibilité financière par l’émergence d’institutions de microfinance (IMF) pé-rennes financièrement et institutionnelle-ment. En RDC, depuis 2008, l’AFD a ainsi ac-compagné, entre autres : Finca, Procredit, Advans-Bank et plus récemment Oxus.Répondant à un fort besoin des popula-tions, la croissance de la microfinance s’est accélérée en RDC. Depuis 6 ans, le nombre des comptes ouverts (plus de 1,5 millions) a quasiment triplé.

On peut s’en féliciter, mais pour répondre durablement aux besoins de leurs clients, les IMF doivent construire leur viabilité finan-cière à long terme. La pérennité des IMF suppose également leur viabilité institution-nelle, c’est-à-dire une bonne gouvernance,

dans un cadre réglementaire adapté. La qualité de la gouvernance est essentielle pour maintenir une vision et une stratégie à long terme, quelle que soit la forme juridique de l’IMF : association, mutuelle ou coopéra-tive, société anonyme. Les IMF s’inscrivent

dans le cadre législatif et réglementaire na-tional, qui doit donc tenir compte des spé-cificités de la micro-

finance par rapport aux opérations ban-caires classiques.

L’AFD a ainsi également appuyé les efforts de la Banque Centrale du Congo (BCC), pour améliorer le cadre réglementaire du secteur de la microfinance de RDC et ren-forcer ses capacités de supervision.

Aujourd’hui, les institutions de microfinance de la RDC se sont bien structurées ; nom-bre d’entre elles sont devenues des institu-tions financières viables et réglementées et représentent aujourd’hui un compartiment à part entière du système financier.

La microfinance « en plein boom » a donc encore de beaux jours devant elle en RDC. Ce nouveau magazine vient fort à propos illustrer cet essor, à travers ses acteurs, et le faire partager. Bonne lecture !

AU COEUR DE LA MICROFINANCE

Jean-Christophe Maurin Directeur GénéralAgence Française de Développement

Répondant à un fort besoin des populations, la croissance

de la microfinance s’est accélérée en RDC

La MicroFinance Juin-Août 2016 3

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MicroFinance juin-Août 2016

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5 ÉDITORIALAu coeur de

la Microfinance

8A LA UNELa Microfinance à l’èrede la croissance inclusive

20MICROFINANCE & ASSURANCESLa libéralisation desassurances va apporter plus d’options aux clients

26GROS PLANFINCA RDC : Des innvotions attendues courant 2016

34COIN DE L’EXPERTEntretien avec le SG de l’ANIMEFPromourvoir une croissancebénéfique et inclusivepour tous

39BANQUES & IMFLa RDC attend l’exécution de son Programme national d’éducation financière

51ÉVÉNEMENTForum Branchless Banking

Mobile Money

68VUE D’AILLEURSKenya : Pionnier du MobileBanking dans le monde

71AU PIED DE LA MICROFINANCENécessité de capitaliserle Mobile Banking dans l’inclusion financiére

N° 00/Juin-Août 2016

Trimestriel édité par AGENCE PRIVILÈGE

www.agenceprivilege-rdc.com

Directrice de PublicationMamisa Nzigire Poindron

Rédacteur en chefAmédée Mwarabu Kiboko

MaquetteIsaac Mulombi Sakala (graphiste)

PhotoLéon Mbuyamba

André KANDE Christian

DistributionKay Bwanakazadi

Pitshou Mavungu Umba

WebmasterJojo Makiese

Impression AGB

Service commercialTél. : 00 243 99 27 95 630/ 82 10 32 680

[email protected]

[email protected]

Sommaire

Chères lectrices, chers lecteurs,

Nous sommes ravis de vous présenter « LA MICROFINANCE », le magazine d’informations sur les banques, les IF, les IMF, les coopératives d’épargne et de crédit.

Une publication de l’agence Privilège, une agence conseil en communication marketing ,événementiels et édition, œuvrant à Kinshasa en République Démocratique du Congo.

Ce magazine est un support de communication spécialisé dans la microfinance, un moyen d’informer et de communiquer sur les questions d’actualité, innovations des produits et des services dans le secteur

des banques, les IF, les IMF, les coopératives d’épargne et de crédit. Le nom du magazine est « LA MICROFINANCE », nommé comme tel et facilement repérable

et identifiable par les différentes cibles. 76 pages, 15 000 tirages par numéro, publication trimestrielle et une distribution gratuite. Sa présence est garantie durant toute l’année à Kinshasa et dans les villes

suivantes : Matadi, Goma, Bukavu, Lubumbashi, Kisangani, Mbuji-Mayi, Gemena. Disponible dans les points de distribution suivants : Banques, entreprises, Institutions financières, Institutions de microfinance, Ministères, Primature, Présidence, Assemblée nationale, Sénat, Ambassades, organismes internationaux,

Aéroports, Universités.

A chaque édition, nous apporterons les informations, la qualité, la rigueur et l’exigence qui conviennent à une publication, désormais de référence, dans le secteur des finances. Nous espérons que vos remarques et vos commentaires envoyés à notre adresse mail : [email protected], nous

permettront d’améliorer encore ce magazine afin qu’il réponde beaucoup mieux à vos attentes.

Mamisa Nzigire Poindron

42Microfinance Verte

41Télécoms & Microfinance

16ACTU Macroéconomique

32Les bons élèves de la Microfinance

5 La MicroFinance Juin-Août 2016

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Les Brèves

Nord-Kivu : des microcrédits accordés aux femmes déplacées de guerre

Plus de 100 femmes déplacées de guerre du Mugun-ga et d’autres vulnérables du territoire de Nyiragon-go, dans la Province du Nord-Kivu, ont bénéficié le jeudi 10 mars 2016 d’un microcrédit individuel évalué à 90 USD, selon une dépêche de l’Agence Congo-laise de Presse ( ACP). Selon Adèle Bazizane, Ministre Provinciale en charge du Genre, cet acte du gou-vernement provincial vise à soutenir les bénéficiaires dans le cadre de l’entrepreneuriat féminin prôné au cours du mois dédié à la femme. Ces microcrédits rotatifs seront remboursés dans un délai ne dépas-sant pas 12 mois, a précisé Adèle Bazizane, avant d’annoncer que l’expérience devra s’étendre sur toute la province.

Fonction Publique : 683 812 fonctionnaires bancarisés

Les effectifs des fonctionnaires de l’Etat bancarisés sont passés de 669 066 unités fin décembre 2014 à 683 812 unités fin décembre 2015, propos du Minis-tre d’Etat en charge du Budget, Michel Bongongo Ikoli. Cette annonce faite à l’ouverture de l’atelier sur la bancarisation de la prime de rétrocession des services d’assiettes tenu en mars dernier à Kinsha-sa. Cette amélioration dit-il, est due notamment à l’assainissement progressif du fichier de la paie, en extirpant des listings les doublons, les fictifs et les dé-serteurs. Elle est aussi le fruit de la bancarisation de la paie des rentiers, de retraités ainsi que des anciens combattants et inactifs des FARDC. Cette opération a permis de réaliser des économies de l’ordre de CDF 546 498 851.

La «Banque Commerciale Kenyane» bientôt à Kinshasa

La Banque commerciale Kenyane (Kenya commer-cial Bank), compte s’implanter à Kinshasa d’ici l’an 2020, avant de se déployer au Mozambique et en So-malie rapporte l’Agence Congolaise de Presse citant une source congolaise. Selon le Directeur Général de cette institution, Joshua Oigara, cette banque va également s’implanter dans au moins dix pays afri- cains, au cours de la même période. La Banque Commerciale Kenyane compte développer une politique d’investissements axée sur la diversification des produits, première du Kenya en termes d’actifs. Cette banque a réalisé 24% des bénéfices avant le payement de l’impôt, soit 261 millions de dollars amé-ricains dont 191 millions ont été réalisés en neuf mois.

La Poste veut fonctionner comme La Poste veut fonctionner comme

une institution financière

La Société commerciale des postes et des télécom-munications (SCPT) s’est assignée comme objectif de faire de son service de compte chèque et man-dat postal (CCMP) une véritable institution financière devant fonctionner avec tous les attributs et services que l’on retrouve dans une banque, a confié le Directeur Provincial de la Poste de Kinshasa, Joseph Mondio Ekonde, dans un entretien accordé à l’ACP fin mars dernier. Outre le CCPM, la Poste a introduit le service MEI (Mandat électronique international)et veut à travers ce service devenir une banque de proximité où la population pourrait opérer les opéra-tions de dépôt, de retrait et de transfert de fonds. L’Hôtel des Postes de Kinshasa compte 16.799 abon-nés aux boîtes postales.

Mbuji-Mayi : des mutuelles pour soutenir lesétudes des filles

Les parents d’élèves de 67 écoles de la ville de Mbuji-Mayi se sont organisés en associations d’épargne et de crédits, sous forme de mutuelle, à raison de 25 par-ents par groupe, dans le but de prendre en charge les études de leurs enfants, particulièrement des filles, selon l’ACP. Cette décision des parents d’élèves des écoles publiques fait suite à la sensibilisation faite par les animateurs de l’ONG internationale « Save the children », dans le cadre de la pérennisation de son projet « Vas-y fille ». Ce projet permet d’octroyer des bourses d’études pour encourager les filles à terminer leurs études. Kolwezi : redynamisation des activités des coopératives minières Les responsables des coopératives minières opérant à Kolwezi se sont retrouvés le jeudi 24 mars dernier au Centre d’accueil Immaculata du lycée Umoja dans la commune de Dilala pour discuter ensemble des questions relatives à l’exploitation minière artisanale, secteur dans lequel ces coopératives évoluent. Selon Théo Mafo, Président Provincial des Associations de Coopératives Minières, cette rencontre a pour ob-jectif de sensibiliser les coopératives sur l’ordre qui doit régner dans ce secteur notamment par la régle-mentation et la structure organisationnelle. La ville de Kolwezi compte plus de 20 mille creuseurs. L’octroi de leurs propres carrières pourrait résoudre des con-flits incessants entre les industriels et ces creuseurs qui opèrent frauduleusement dans des concessions minières.

6 MicroFinance juin-Août 2016

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Chiffres clés

Le secteur financier

Le système financier congolais est peu profond et sous-développé. Il comprend 18 banques agréées, 1 société nationale d’assurances (Sonas),1 Institut national de sécurité sociale (INSS), 5 institutions spécialisées, 21 IMF, 104 coopératives, 59 institutions de transfert de fonds, 5 institu-tions de paiement mobile, 16 bureaux de change. Il n’existe ni marché d’actions, ni marché de titres de créances en RD Congo.

Le secteur bancaire

Les banques représentent l’essentiel du secteur financier de la République Démocratique du Congo. Les avoirs globaux des banques, estimés à 3,6 mil-liards USD (soit environ 13 % du PIB à la fin 2012), représentent environ 95 % des avoirs globaux du système financier.

Les dépôts bancaires représentent la majorité des dépôts globaux (95 % des dépôts du secteur financier), le solde étant détenu par les IMF. Parmi les plus grandes banques, quatre sont locales et une autre contrôlée par des hold-ings étrangers (liés à des intérêts congo-lais). Le secteur est concentré : à la fin 2012, les cinq plus grandes banques dé-tenaient près de 65 % des dépôts ban-caires et plus de 60 % du total des avoirs bancaires.

Paiement mobile

• En République Démocratique du Con-go, le volume des transactions de paie-ment mobile est passé de 6 millions USD, en 2014, à 54 millions, en 2015, selon la BCC. Il existe 12,5 comptes de paiement mobile dont 1,9 million sont actifs. • En Afrique subsaharienne, les récentes études montrent que la technologie mobile pourrait fortement renforcer l’inclusion financière. 34 % des adultes possèdent désormais un compte contre 24 % en 2011. 12 % des adultes de la ré-gion possèdent un compte bancaire par téléphonie mobile contre seulement 2 % à l’échelle mondiale.

• Le Kenya détient 58 % des taux de dé-tention des comptes par téléphone con-tre des taux d’environ 35 % pour la Tan-zanie et l’Ouganda. 13 pays de la région affichent un taux de pénétration des comptes bancaires par téléphone de 10 % ou plus.

• En Afrique subsaharienne, 48 % des adultes sont émetteurs ou bénéficiaires d’envois de fonds intérieurs.

• Entre 2011 et 2014, 700 millions de per-sonnes ont ouvert un compte auprès d’une banque, d’une institution finan-cière ou d’un prestataire des services bancaires par téléphonie mobile, et le nombre de personnes “non bancarisées“ a reculé de 20 % à 2 milliards d’adultes selon un nouveau rapport publié en 2015.

Le monde compte 2 milliards d’adultes privés de services

bancaires

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A la Une

La microfinance à l’ère de la croissance inclusive

La République Démocratique du Congo réalise une croissance économique sans discontinuité depuis une dizaine d’années. Il s’ensuit une stabilité macroéconomique mais sans impact significatif dans l’amélioration des conditions de vie des masses populaires. Soucieux de faire bénéficier désormais cette embellie économique à un plus grand nombre de Con-golais, le gouvernement a mis le cap sur une croissance inclusive. Dès lors, la microfinance, en tant que moteur de développement économique et levier incontournable dans la redistribution du revenu national, doit capi-taliser ce virage en vue de l’émergence d’une classe moyenne nationale.

La volonté exprimée depuis 2015 par le gouvernement de la république de mettre le cap sur une croissance économique inclusive doit inciter les

acteurs majeurs du monde de la microfi-nance et des coopératives à attraper la balle au bond. À travers cette nouvelle ori-entation, les dirigeants congolais veulent générer une croissance qui offre davan-tage de possibilités de développement so-cioéconomique au plus grand nombre de personnes, avec une attention particulière aux groupes vulnérables. Dans cette perspective, l’exécutif congo-lais est dans l’obligation de mettre l’accent non plus seulement sur le niveau du taux mais aussi sur le type de croissance à créer en République Démocratique du Congo. D’autant plus que la croissance inclusive est celle qui, non seulement repose sur une base large d’acteurs socioéconomiques et sur une forte création d’emplois productifs, mais qui accorde aussi une attention sig-nificative aux groupes défavorisés dont les chômeurs, les jeunes, les femmes ou encore les populations rurales. Notons que 63% des Congolais vivent sous le seuil de pauvreté. La particularité de la microfinance est just-ement de s’intéresser principalement à ces couches vulnérables de la population, en leur permettant de créer un emploi, de bé-néficier des services financiers, même dans le milieu rural où les banques classiques pointent souvent aux abonnés absents.

L’objectif étant d’inciter ces populations à faibles revenus à l’autonomisation et à un développement économique et social.

Nécessité de soutenir les Micros PME

L’option d’une croissance économique inclusive impose aux dirigeants d’œuvrer désormais pour un développement signifi-catif des petites structures du secteur privé telles que les micros, petites et moyennes entreprises.

Cependant, au moment où le gouverne-ment se résout à faire bénéficier de ses performances économiques au plus grand nombre, l’économie mondiale ralentit et af-fecte les perspectives de la RDC. La baisse des cours du pétrole et du cuivre sur le mar-ché international va occasionner une perte de l’ordre de 2 milliards USD dans le budget 2016. Pour parer à cette perte, le gouvernement a pris une batterie de 28 mesures urgentes, fin janvier 2016, destinées à accroître les re-cettes publiques et à assurer la résilience de l’économie nationale. Ces mesures con-sistent, entre autres, à l’encadrement et à l’appui financier et technique aux PME/PMI; à la création des banques spécialisées, notamment la Banque Agricole, la Banque du Crédit immobilier, la banque de déve- loppement des PME/PMI, du Fonds National d’Investissements, la récapitalisation de la Cadéco et de la Sofidé. Ce qui est une

8 MicroFinance juin-Août 2016

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A la Une

Marché de MATETE

bonne nouvelle pour la microfinance, en particulier, et le soutien au développement à la base, en général. Aussi, ce nouveau challenge doit-il pousser l’exécutif national et ses partenaires, les bail-leurs de fonds internationaux, à s’attaquer aux disparités entre les hommes et les femmes dans l’accès aux microcrédits, d’un côté, mais aussi entre les villes et les milieux ruraux en ce qui concerne l’implantation des structures de microfinance et des coopéra-tives, de l’autre.L’heure a sonné pour que le gouvernement mette en cohérence sa politique économ-ique, désormais tournée vers une croissance inclusive, et la nécessité de faire de la mi-crofinance un moteur de développement économique et social, un moyen de redis-tribution du revenu national et un levier ma-jeur de l’émergence d’une classe moyenne congolaise.

Un terrain propice à la promotion

de la microfinanceLes indicateurs macroéconomiques sont au vert pour permettre aujourd’hui, plus que jamais, au secteur de la microfinance de la RDC de tirer son épingle du jeu dans l’économie nationale. Depuis plus de dix ans, le pays jouit de la stabilité de ses insti-tutions. La croissance économique est au rendez-vous de manière continue avec un taux supérieur à la moyenne africaine (7,7% en 2015). La stabilité du taux de change du Franc congolais, la monnaie nationale, par rapport aux devises étrangères est devenue un acquis permanent pour éviter toute sur-chauffe des prix sur le marché intérieur. La maîtrise de l’inflation ou encore l’existence d’un matelas financier en devises étrangères font partie des conditions favorables au cli-mat des affaires dans le pays.

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A la Une

Au-delà de cette stabilité du cadre mac-roéconomique, le secteur de la microfi-nance lui-même est en phase de la consoli-dation. Il existe une loi sur la microfinance en RDC. Un maillon de plusieurs institutions de microfinance est implanté à des endroits stratégiques, notamment à l’intérieur des marchés dans les grandes villes comme Kin-shasa et dans les zones de forte concentra-tion d’activités commerciales. Il y a même une tendance des institutions de microfi-nance (IMF) à se professionnaliser et même à se développer dans l’arrière-pays. De même, la confiance retrouvée progres-sivement de la population sur les IMF après les années sombres de morosité économ-ique, de pillages des unités de production, de même que la forte demande de la pop-ulation pour les services financiers, notam-ment les crédits et l’épargne, ne peuvent que favoriser le développement du secteur.Tout autant, l’économie informelle (plus de 80%) reste une opportunité pour le dével-oppement de la microfinance en RDC. Un portefeuille important des francs congolais et des devises étrangères circule en dehors du système bancaire traditionnel, voire som-meille encore sous les matelas des particu-liers. La microfinance, qui a la particularité d’aller vers les populations, peut récupérer ces potentiels capitaux en travaillant à la culture de l’épargne auprès de ces popula-tions. Ainsi, ces capitaux peuvent-ils rentrer dans le circuit formel de l’économie nation-ale. La quête de ces milliards de dollars amé-ricains en circulation dans l’informel reste un chantier qui demande une stratégie de bancarisation de masse. Profitant de la stabilité des institutions poli-tiques, des bailleurs de fonds étrangers sont de plus en plus engagés dans la microfi-nance. Au nombre des bailleurs de fonds et grands partenaires de la microfinance en RDC on peut citer la Banque Mondiale, le PNUD, la Banque Allemande pour le Dével-oppement (KWF), GIZ, CTB, l’Agence Suédo-ise de Coopération pour le Développement International (SIDA), le FPM (fonds pour l’inclusion financière), l’UNCDF (United Na-

tions for Capital Development Fund). Autant d’atouts qui s’offrent aujourd’hui comme une opportunité à la promotion de la microfinance en RDC.

Les contraintes sont surmontables

La RDC est en quête de l’émergence économique à l’horizon 2030. Cette ambi-tion légitime ne peut se réaliser que si toutes les stratégies de développement sont mises à contribution à bon escient. La microfi-nance est un support essentiel à la réduc-tion de la pauvreté et donc à la création des richesses, au moment où l’objectif déclaré du gouvernement est la démocratisation de ses performances économiques. La RDC n’a atteint aucun des 8 Objectifs du Millé-naire pour le Développement (OMD) durant les quinze ans (2000-2015) de leur mise en œuvre. Cet échec est aussi celui de la mi-crofinance puisque retenue comme un des moyens privilégiés pour atteindre les OMD. Au moment où les Nations Unies lancent, pour les 15 prochaines années, les Objectifs du Développement Durable (ODD), la RDC, engagée dans la croissance inclusive, est appelée à changer son fusil d’épaule pour ne pas rater ce nouveau challenge.

Les experts sont d’avis que « le déficit de développement est largement tributaire du fait que seule une minorité de la popula-tion accède aux besoins sociaux de base à savoir l’alimentation, la santé, l’éducation, l’habitat ». Le non accès à ces besoins vi-taux est notamment le fait de l’absence des services financiers inclusifs et donc la ca-pacité de susciter une autopromotion par les activités génératrices de revenus qui sont de l’apanage de la microfinance.

De tous les temps, la contrainte majeure à la promotion de la

microfinance en RDC a toujours été l’absence des

financements conséquents.

Le ministère qui a la tutelle de la microfi-nance est celui des Petites et Moyennes En-

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A la Une

treprises (PME). Ce ministère a toujours fait partie de ceux qui sont les moins bien lotis du gouvernement. Ce, malgré le dynamisme des PME en RDC et l’enthousiasme, presque légendaire, des Congolais envers le com-merce et l’entrepreneuriat.

S’investir dans la sensibilisation à la microfinance

Le manque de volonté politique fait que l’État congolais n’a jamais eu une poli-tique digne de ce nom pour promouvoir les micros, petites et moyennes entreprises, pourtant moteur de développement dans une économie libérale comme celle de la RDC. Ce manque de moyens affecte directement les institutions de microfinance qui n’ont sou-vent recours principalement qu’à des opé-rateurs économiques privés et aux bailleurs de fonds étrangers. Il n’existe pas à ce jour une stratégie nationale de la microfinance. Il s’ensuit une absence de cohérence et de synergie entre les acteurs impliqués dans le secteur de la microfinance (les coopéra-tives, les IMF, les banques, les ONGD, les bail-leurs de fonds, l’État).Aussi, le manque de culture d’épargne chez la plupart des congolais doit-il pousser l’État et tous les acteurs du secteur à s’investir da-vantage dans la sensibilisation sur les avan-tages des services financiers(épargne, crédit, dépôt,assurance). La RDC n’enregistre qu’environ 13 millions de comptes bancaires

ouverts, pour une population adulte estimée à plus de 40 millions de citoyens.L’absence d’infrastructures (routes, électrici- té, bâtiments en matériaux durables) dans certaines villes et cités impose des coûts importants d’exploitation pour les IMF. Ce qui n’incite pas au déploiement du secteur dans l’arrière-pays. En somme, la République Démocratique du Congo, à l’ère de la croissance inclusive, a tout à gagner en renforçant l’inclusion finan-cière de ces populations pauvres et à faible revenu, y compris par la microfinance. Car, plus un grand nombre des Congolais partici-pe pleinement à l’activité économique, plusils pourront améliorer leurs conditions de vie et plus la croissance restera économique-ment et socialement soutenable sur le long terme.

Amédée Mwarabu Kiboko

La MicroFinance Juin-Août 2016 11

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Matata Ponyo Mapon, Premier Ministre de la RDC

Gouvernement 28 mesures urgentes

pour stabiliser l’économie

Au cours de la 8ème réunion extraordinaire du Conseil des ministres, tenue le mardi 26 janvier 2016 à Kinshasa, sous la présidence de Joseph Kabila Kabange, le Gou-vernement de la République Démocratique du Congo a arrêté 28 mesures urgentes pour la stabilisation et la relance de l’économie nationale. Ces mesures sont consécu-

tives à la chute des cours des matières premières sur le marché international. Cette situation a induit, selon le gouvernement, un net ralentissement de la croissance de la production, une baisse du moral des chefs d’entreprises, une chute marquée des exportations (cuivre et pétrole) et des réserves internationales du pays ainsi qu’une contraction des réserves budgétaires à la disposition de l’État. Le gouvernement évalue à un milliard de dollars de perte des recettes attendues dans son budget 2016 à la suite de la baisse des prix à l’exportation de ses deux produits phares. L’objectif visé par l’exécutif congolais à travers ces mesures est d’accroître les ressources finan-cières, améliorer la qualité de la dépense et mettre en œuvre les réformes structurelles à impact rapide.

ACTU Macroéconomique

12 MicroFinance juin-Août 2016

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Ces 28 mesures portent respectivement sur:

1-La lutte sans concession contre la fraude fiscale, douanière, dans les secteurs économique, des télécommunications et des transports par la constitution d’équipes mixtes à cette fin, l’évaluation et l’audit des contrats d’amodiation et de partenariat conclus avec les sociétés minières de l’État, plus de rigueur dans l’octroi des exonéra-tions, la réduction des taxes d’exportation de certains produits, l’encadrement des principaux centres d’ordonnancement du pays, le contrôle accru dans le secteur des transports, la stricte application de la limita-tion du nombre des services opérant

aux frontières, le marquage moléculaire du carburant, le renforcement du contrôle des Sim box et l’autorisation donnée à l’Autorité de Régulation de la Poste et des Télécom-

munications du Congo (ARPTC) de signer des contrats de partenariat avec des so-ciétés spécialisées ;

2- L’évaluation de la réforme instituant la Taxe sur la valeur ajoutée (TVA) ainsi que les mécanismes d’amélioration de la collecte de ladite taxe et la diversification des taux en réduisant par exemple le taux prélevé sur certains produits de première nécessité, comme les biens alimentaires.

3- La diversification de la production minière en s’appuyant sur les minerais polymétalliques-de l’Est, l’or et les terres rares ;

4- Le contrôle de la qualité et de la hauteur des investissements dans le secteur minier ;

5- La maximisation des ressources internes et

ACTU Macroéconomique

Hôtel du Gouvernement à Kinshasa

La MicroFinance Juin-Août 2016 13

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externes par la mobilisation de l’épargne inté-rieure privée, le déploiement du guichet unique, l’émission des obligations du Trésor sur le mar-ché financier international, la numérisation du cadastre et la sécurisation des titres fonciers, la mercuriale foncière et l’amélioration de la col-lecte de l’impôt foncier, l’accélération de la migration vers la télévision numérique terrestre (TNT) en vue de libérer les fréquences devant servir à l’implémentation de la 4G ;

6- Le renforcement des sanctions positives et négatives à l’égard des agents du fisc et des opérateurs économiques par la libération des montants dus au titre de la rétrocession aux ser-vices générateurs des recettes, la répression des agents impliqués dans la fraude et la corruption, la déclaration du patrimoine des mandataires des régies financières avant et après leur man-dat ;

7- Le recouvrement effectif de l’Impôt Profes-sionnel sur Rémunérations (IPR) à charge de tous les membres des institutions publiques nationales et provinciales et sur les rémunérations du per-sonnel des entreprises et établissements publics ;

8- Le renforcement des contrôles aux frontières afin de limiter l’exportation illégale des billets de banque et des matières précieuses ;

9- Le renforcement et l’encadrement de la fis-calité et de la parafiscalité forestière ;

10- La réduction du train de vie des institutions publiques ainsi que l’encadrement et la ration-alisation des dépenses publiques par une action d’harmonisation des salaires et émoluments au sein desdites institutions, le contrôle de la paie des fonctionnaires et des frais de fonctionne-ment et le strict respect de la loi relative à la procédure de passation des marchés publics pour les dépenses liées aux élections, le respect de la chaîne des dépenses ;

11- La relance des travaux d’infrastructure etéquipements notamment ceux de l’électrification et de desserte en eau potable dans les chefs-lieux de nouvelles provinces par les énergies renouvelables ;

12- Le relèvement du niveau des dépenses d’investissement et de leur taux d’exécution

13- L’encadrement et l’appui financier et technique aux Petites et Moyennes Entrepris-es/Petites et Moyennes Industries (PME/PMI) ;

14- L’évaluation et la poursuite de la réforme des entreprises du Portefeuille ;

15- La création des banques spécialisées, notam-ment la banque agricole, la Banque du Crédit Immobilier, la Banque de Développement des PME/PMI, du Fonds National d’Investissements, la transformation du Fonds de Promotion de I’Industrie (FPI) en Banque d’Investissements In-dustriels et la récapitalisation de la Cadéco et de la Sofidé ;

16- L’assouplissement des conditions d’émission des garanties souveraines de l’État notamment pour l’octroi d’une telle garantie aux projets por-teurs par le Ministre des Finances ;

17- La création de trois zones économiques spéciales et l’essaimage des parcs agro-industriels dans les provinces, l’encadrement des paysans ainsi que la diversification et l’intensification de la production agricole ;

18- La mise en place rapide de l’Autorité de Ré-gulation et de Contrôle des Assurances (ARCA) ;

19- La poursuite des Réunions du Cadre Perma-nent de Concertation Économique (CPCE) pour l’amélioration du climat des affaires dans notre pays ;

20- La redynamisation de l’Autorité de Régula-tion des Marchés Publics et son déploiement dans toutes les provinces pour faire respecter rigoureusement les procédures de passation des marchés publics ;

21- La poursuite de l’installation des compteurs à prépaiement par la SNEL pour le recouvre-ment des factures de consommation d’énergie électrique ;

22- L’organisation sans délai d’une concerta-tion avec la SNEL et la Régideso pour la mise en œuvre d’un programme d’électrification et de desserte en eau potable dans les zones rurales ;

23- La relance des activités touristiques notam-ment par la réaffectation du Fonds de Promo-

ACTU Macroéconomique

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tion du Tourisme à sa vocation et la sécurisation des sites touristiques ;

24- La mise sur pied d’un train de mesures incita-tives en faveur du secteur privé en synergie avec la Fédération des Entreprises du Congo (FEC) et les autres organisations similaires ;

25- Le financement des études de faisabilité d’une série de projets à financer pour la période 2016-2020 notamment dans les secteurs des in-frastructures, de l’énergie et des transports ;

26- L’examen urgent par l’exécutif du projet de loi sur le Partenariat Public - Privé notamment sur le BOT à soumettre au parlement pour adoption;

27- La mobilisation et la canalisation des ressour- ces extérieures notamment par l’assouplissement des conditions de concessionnalité dans le cadre du financement des projets d’infrastructures et

des PME/PMI ainsi que l’autorisation par le min-istre des Finances de l’octroi de la garantie de l’État pour le fnancement des infrastructures et autres projets porteurs ;

28- La certification des réserves minières et en hydrocarbures grâce aux travaux géophy-siques d’évaluation et de certification desdites réserves.

ACTU Macroéconomique

Inclusion financière

Amédée Mwarabu Kiboko

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RDC-Banque Mondiale 15 millions USD pour les PME

La Banque mondiale compte débloquer un crédit de 15 millions de dollars améri- cains en faveur des Institutions Financières qui seront au préalable sélectionnées pour

accorder des prêts aux Petites et Moyennes En-treprises congolaises (PME). C’est le Directeur des Opérations de la Banque Mondiale en RDC, Moustapha Ndiaye, qui a livré cette informa-tion le mardi 2 février 2016 à Kinshasa au cours d’une réunion de haut niveau entre le ministère des Petites et Moyennes Entreprises et les parte-naires techniques et financiers de la République démocratique du Congo.Dans son intervention, le ministre congolais des PME, Pancrace Boongo Nkoy, a déclaré que dans le cadre du programme d’encadrement

et d’accompagnement des PME pour cette an-née, « je sollicite l’appui à tous les efforts du gou-vernement, de tous les partenaires. Et, je leur de-mande aussi de définir les axes stratégiques et les actions ciblées » sur lesquelles ils vont « con-sentir les efforts ». Les difficultés auxquelles sont confrontées les PME congolaises ont été passées en revue au cours de ces échanges. Il a été ainsi souligné particulièrement le manque de financement et les contraintes managériales parmi les con-traintes qui ne permettent pas aux PME de jouer pleinement leur rôle dans le développement économique de la RDC.

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Assurances : la loi en veilleuse, une année

après sa promulgation

La libéralisation du secteur des assurances en République Démocratique du Congo n’est encore que sur papier. Une année après la promulgation, le 17 mars 2015, de

la loi n°15/005 portant code des assurances, la mesure n’est pas effective sur le terrain. En effet, les dispositions de cette loi prévoient son entrée en vigueur une année après sa promulgation. Cependant, au 17 mars 2016, les animateurs de l’Autorité de Régulation et de Contrôle des As-surances (ARCA), structure qui doit gérer les de-mandes des opérateurs des assurances et leur délivrer la licence le cas échéant, ne sont pas encore nommés par le gouvernement.La loi portant code des assurances est l’un des plus importants dispositifs dans les réformes initiées par la RDC en vue de moderniser et

de libéraliser certaines activités des secteurs économique et financier du pays, dont celui des assurances. La RDC pourrait générer environ 500 millions de dollars des recettes dès la première année de la libéralisation du secteur des assurances, selon le cabinet international d’audit Ernest and Young.La Sonas est la seule compagnie d’assurances sur le territoire congolais depuis 1967. La sécurité juridique étant un des soucis majeurs des inves-tisseurs et donc une condition du développe-ment économique, la RDC a vu juste en optant pour la libéralisation de ce secteur.

La Microfinance

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Photo de famille de la conférence Internationale sur les investissements privés dans la Région des Grands Lacs Africains

Grands Lacs Africains : conquérir la paix par les affaires

La République Démocratique du Congo a organisé, du 24 au 25 février 2016 à Kin-shasa, une Conférence Internationale sur les investissements privés dans la Région des

Grands Lacs Africains. C’est le chef de l’État, Joseph Kabila, qui avait ouvert les travaux de cette conférence à la Cité de l’Union africaine, en présence du secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-Moon.Sous le thème « Investir dans la région des Grands Lacs : faire la paix et promouvoir les affaires et le développement », ce forum, le premier du genre organisé par la RDC en partenariat avec l’Union africaine (UA) et les Nations unies, a connu, en outre, la participation de la Représentante de la présidente de l’UA, du représentant du prési-dent en exercice de la CIRGL, des envoyés spé-ciaux de la région, des délégués de tous les pays

concernés ainsi que des milieux d’affaires de la sous-région des Grands lacs.

L’indispensable État de droit

Dans sa déclaration de circonstance, Ban Ki-Moon s’est dit chaque fois « fasciné » par les potentialités énormes de la région mais dont les millions de populations ne profitent toujours pas. «La région possède d’abondantes ressources naturelles et l’on sait que ses habitants sont très travailleurs. La succession des conflits et souf-frances les a empêchés de réaliser leur poten-tiel», a-t-il regretté devant l’assistance.

Pour le patron de l’ONU, la région des Grands Lacs mérite mieux que l’instabilité, les conflits, les guerres. Ainsi s’inscrit-il pour un développement construit sur des bases solides dans le respect des droits de l’homme.

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Promouvoir l’intégration économique

Le chef de l’État congolais a appelé à la « pro-motion de l’intégration des économies...

C’est une nouvelle ère qui s’ouvre pour l’intégration économique dans la région. Le prochain tournant de notre action devra por-ter sans aucun doute sur la promotion de l’intégration de nos économies », a-t-il déclaré. Selon Joseph Kabila, cette conférence « devrait aider à tourner définitivement la page sombre de la violence dans la région des Grands Lacs, permettre la consolidation de la montée en pu-issance de la croissance et matérialiser la créa-tion des emplois ».

« Dans ce cadre, nous sommes réconfortés par le choix de 25 projets intégrateurs impliquant plusieurs projets de la région et qui couvre sept secteurs prioritaires dont le développement est indispensable à l’émergence souhaitée », s’est-il réjoui. Il s’agit, a précisé le chef de l’État congolais, du développement de l’agro-industrie, de l’élimination de tout obstacle à la libre circula-

tion des capitaux, de la lutte contre le fléau de la corruption, de l’amélioration du climat des af-faires, du redressement de l’appareil judiciaire, de la traçabilité des ressources naturelles, de l’éradication des conflits armés et de la pau-vreté.

Appel à l’appui des PME

Présent à cette rencontre, le patron de la Fé-dération des Entreprises du Congo (FEC), Albert Yuma, a salué l’initiative tout en plaidant pour la consolidation de la paix, la compétitivité des facteurs de production, la diversification de l’économie, le renforcement de l’intégration fi-nancière, le développement et l’appui aux Pe-tites et Moyennes Entreprises, l’harmonisation de la règlementation et l’amélioration du climat des affaires dans la région des Grands Lacs.

AMK

ACTU Macroéconomique

Joseph Kabila Kabange Président de la RDC

La MicroFinance Juin-Août 2016 19

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Microfinance & Assurances

Henry E. BRAUN

Henry Emile Braun est à la tête de Braun Underwriting Office “ BUO ” depuis huit ans. Sa société intervient dans l’assurance con-seil auprès de grandes entreprises. BUO expérimente également une structure, « Lisungi », qui intervient dans l’assurance des person-

nes. Lisungi a obtenu un partenariat avec le gouvernement pour permet-tre aux fonctionnaires d’avoir un minimum de confort par le biais des soins médicaux à moindres frais. Un exemple unique de Partenariat Public-Privé dans le domaine de l’assurance maladie. Henry E. Braun nous parle ici de la libéralisation du secteur des assurances tout en faisant un lien avec la microfinance.

PDG de BUO

La libéralisation des assurances va apporter plus d’options aux clients

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Microfinance & Assurances

LA MICROFINANCE : Pouvez-vous brièvement présenter votre entreprise ?Henry E. BRAUN : BUO est une société d’assurances conseil établie en République dé-mocratique du Congo. Présent depuis huit ans, nous donnons principalement des conseils aux clients pour obtenir une bonne couverture en assurances au bon prix. Jusqu’il y a peu, la Sonas détenait le monopole. Cela fait que BUO travail-lait au pays comme une structure agréée par la Sonas pour tout ce qui a trait à l’assurance ob-ligatoire. Et nous faisions de la réassurance pour les contrats plus importants vers l’extérieur. Nous faisons la réassurance des biens, c’est-à-dire les véhicules en tous risques, les flottes de camions en tous risques, les banques, le transport des fonds, l’aviation, les miniers, la responsabilité civile, etc….

Le but de BUO, dans un premier temps, est de bien comprendre ce que fait le client ainsi que ses vrais besoins. En discutant

avec lui, nous lui proposons le bon produit au bon prix avec la bonne garantie derrière

qui lui permet, en cas de sinistre, de pou-voir revenir dans son bon droit par le paie-

ment du sinistre.

Le plus important pour BUO est le mot « service » et c’est entre autres accompagner un client en cas de sinistre jusqu’à ce qu’il rentre dans son droit. Nous avons une deuxième structure, « Lisungi », qui fait l’assurance des personnes. Dans Lisungi, il y a le volet fonction publique et le volet particuliers/sociétés. Avec une particu-larité pour les fonctionnaires, vu l’enveloppe globale qu’ils ont par mois. Nous sommes arrivés à négocier un prix intéressant qui leur permet de se faire soigner dignement à un coût de 10 dol-lars américains par mois qui couvrent les soins et les médicaments. LMF : Depuis la libéralisation du secteur des as-surances, qu’est-ce qui a vraiment changé con-crètement sur le terrain ?

HEB : Aujourd’hui, il n’y a pas grand-chose qui a changé même si la loi a été promulguée. L’instance qui doit statuer sur l’acceptation de tel ou tel dossier d’une compagnie d’assurances (NDLR : Autorité de Régution et de Contrôle des Assurances, ARCA) n’a pas encore été mise en place.

Légalement, la seule compagnie d’assurances qui existe c’est la Sonas. Donc, elle n’a pas encore de concurrents du fait qu’aucune au-tre société n’a encore été agréée. On reste un peu dans un flou artistique pour l’instant. Une fois que nous aurons d’autres fournisseurs d’assurances, nous travaillerons dans un con-texte de compétition. S’il existe plusieurs com-pagnies d’assurances, le client pourra choisir celle qui présente la meilleure offre. Je pense qu’il va y avoir une vraie compétition dans un proche avenir. LMF : Quelles sont les opportunités qui s’offrent à vous avec la libéralisation du secteur des assu- rances ?

HEB : BUO étant un consultant, la libéralisation du secteur des assurances lui apporte un plus parce qu’il pourra proposer aux clients plus d’options en assurances. BUO voit plus loin et veut à un certain moment pouvoir représenter des com-pagnies d’assurances ici en RDC, voire, à plus long terme, créer une compagnie d’assurances.Il y a des opportunités qui s’ouvrent. Mais, il ne faut pas oublier que nous sommes dans un pays qui est très vaste avec une nombreuse popula-tion. Aujourd’hui, au regard du pouvoir d’achat, on ne peut pas espérer trouver la majorité de la population en possession d’un budget assur-ances. Certes, à moyen terme, on espère que la classe moyenne, qui commence à se créer aujourd’hui à Kinshasa et dans certaines villes du pays, sera sensibilisée par rapport à l’assurance des biens et des personnes. C’est après cette étape qu’il pourra surgir la demande. Personnel-lement, je crois que c’est un processus qui est en train de voir le jour mais nous devrons être patients.Par contre, je crois beaucoup aujourd’hui dans les opportunités que représente Lisungi. Ce que nous voulons, c’est d’accompagner les struc-tures existantes sur le terrain afin de faire profiter aux Congolais de faibles revenus d’un minimum de confort en soins médicaux. On le voit, les gens continuent à adhérer à Lisungi parce qu’ils se rendent compte des avantages réels. Ils savent qu’en payant 9 500 FC, ils seront soignés pendant un mois.Le raisonnement est simple : « Je tombe malade, je ne suis pas à Lisungi, je dois aller chercher 25 dollars pour aller me faire soigner une seule fois.

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Microfinance & Assurances

Je suis à Lisungi, ma dépense est de 9 500 FC pour moi et ma famille pendant un mois. Le budget frais médicaux est relativement im-portant pour les gens à bas revenus. Un système comme celui-ci peut fonctionner en circuit fermé et susciter une grosse demande de la masse. Cette opportunité, en partenariat avec les instances de l’État, est une vraie occasion aujourd’hui car elle vient en aide à la popula-tion. Nous avons mis en place un système in-formatique/biométrique du nom de HOITO qui permet de suivre l’évolution de la situation : le nombre de malades, les médicaments adminis-trés. Ce système limite les fraudes au maximum. Il nous permet de maîtriser les coûts. Avec le sys-tème Lisungi, si l’on n’arrive pas à maîtriser les coûts, il ne peut pas marcher. Nous travaillons aussi sur la sensibilisation des patients. Nous avions au début des pics de malades. Ils sont venus en masse, dans un premier temps, pour voir ce qu’était Lisungi et son fonctionnement. Mais, au fur et à mesure qu’on avançait, le nombre de malades a baissé. Pourquoi ? Parce que les gens se font soigner quand ils tombent malades et ils n’attendent plus la dernière minute. Les officiels nous encouragent à continuer avec le système Lisungi. LMF : Comment êtes-vous parvenu à convaincre le gouvernement de la nécessité d’un tel projet ? Quelle est la vision de Lisungi ?

HEB : Le gouvernement a été l’un de nos grands soutiens. Nous sommes venus lui expliquer nos ser-vices et proposer de collaborer avec lui sans de-mander son financement. Nous avons démontré que nous allions travailler avec le système hospi-talier qui existe, avec le concours des médecins affectés dans les hôpitaux de référence, et celui des infirmiers de l’État. Nous devons employer le personnel en place, à bon escient. Donc, déjà, comme nous ne demandions pas de l’argent, c’était un dossier abordable. C’était déjà un plus. Comme le gouvernement a des lignes budgétaires « frais médicaux et frais funéraires » pour accompagner les fonctionnaires en des moments difficiles, nous avons suggéré que ces fonds soient alloués partiellement à Lisungi. La proposition est toujours à l’étude. Entre-temps, depuis deux ans, Lisungi est opérationnel dans divers hôpitaux publics de référence. Sur 10 dol-lars que paye chaque fonctionnaire adhérent,

45% sont reversés aux hôpitaux, une autre partie au Département provincial de la Santé et une autre à l’achat des médicaments. En fait, nous mettons à la disposi-tion des patients des médicaments. Nous ne les vendons pas. Cela fait partie du package de 10 dollars qu’ils payent. Dans chaque hôpital, nous avons positionné un agent d’accueil, un médecin, un pharmacien, et cela sept jours sur sept, 24h/24. Nous le faisons aussi dans les hôpitaux privés mais à des conditions différentes. L’avantage de Lisungi, est qu’on n’est pas obligé d’arriver avec 100 personnes à la fois. Il n’y a pas de quo-ta d’acceptation. On peut même accepter l’adhésion d’une seule personne. C’est aussi une des particularités de notre système.

Notre vision ? Aujourd’hui, nous sommes àKinshasa, Lubumbashi, Kolwezi, Likasi, NBanda-ka. Nous voulons grandir au fur et à mesure, ou-vrir d’autres centres pour couvrir toute l’étendue

de la RDC.

Le but est que le maximum des personnes bé-néficie de ce service sans que ne circule néces-sairement l’argent. Dès que circule l’argent, il y a coulage d’une façon ou d’une autre. Le pa-tient qui reçoit 5 dollars pour acheter des mé-dicaments serait tenté d’acheter des unités s’il a un besoin urgent de communiquer. Puis, il n’aura plus d’argent pour acheter le médicament et son problème reste entier. Ce que nous faisons, c’est le travail en circuit fermé mais en totale transparence avec nos partenaires. Comme tout est informatisé, nos partenaires peuvent à tout moment vérifier sur l’ordinateur le nombre de visites et les médicaments administrés.Ceci a toujours été une des spécificités de Lisun-gi. C’est notre politique à nous. Cela fait deux ans que nous sommes là ; nous améliorons le sys-tème, au point que la situation commence vrai-ment à prendre forme. Nous avons une bonne chance de pouvoir pérenniser l’expérience dans le long terme. Lisungi n’est pas là pour le court terme. Avec l’argent déjà investi, Lisungi vise les générations suivantes.

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Microfinance & Assurances

LMF : Quels sont les chiffres clés du projet Lisungi ?HEB : En investissement, nous sommes à 1,5 mil-lion USD (mise en place, achat des médica-ments, salaires, soins médicaux). C’est un travail de longue haleine qui a commencé en 2012 et qui a pris forme en 2014. Chaque mois, nous avons de 2 000 à 3 000 visites des patients. De mai à décembre 2014, nous avons eu 24 000 pa-tients traités. En 2015, nous avons eu 42 166 pa-tients traités.

En termes d’encaissement brut, en 2014 nous avons réalisé 364 000 USD de chiffre d’affaires. En 2015, le chiffre d’affaires brut se situait à 663 000 USD. Tout ceci est fait sur fonds propres.

LMF : Quels sont vos besoins en termes de par-tenariats ?HEB : Pour BUO, la venue des compagnies d’assurances de renommée internationale sera une bonne chose. Nous aurons un vrai marché d’assurances à proposer à nos clients en RDC.En ce qui concerne le volet médical, nous sommes en train de jeter les fondations d’un pro-

jet voulu plus grand, plus audacieux. Mais il faut commencer quelque part. Mais si l’on n’a pas des bonnes fondations, ça va s’écrouler comme un château des cartes. Nous, ce qu’on veut c’est de trouver des partenaires qui nous viennent en aide par exemple avec des médicaments. Nous cherchons des partenaires financiers pour les hôpitaux avec lesquels nous sommes en parte-nariat et qui peuvent nous accompagner dans la modernisation et la gestion de ceux-ci.

LMF : Quelles sont les perspectives de BUO pour 2016 ?HEB : BUO cherche à consolider ce qu’il a déjà réalisé. Nous savons qu’avec la libéralisation, il va y avoir des nouveaux acteurs. Il va y avoir la guerre des prix. 2016 - 2017 seront des années compliquées. Finalement, ce qui est bien pour nous c’est de fidéliser notre clientèle. La meil-leure façon de fidéliser un client, c’est de lui pro-poser un service à la carte.Pour Lisungi, bien que nous soyons dans une pé-riode difficile, je crois que nous allons avoir une progression qui ne sera pas négligeable. Nous

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Microfinance & Assurances

avons prouvé aux responsables politiques la per-tinence d’aider Lisungi pour le bien-être de la population. Nous sommes arrivés à une période charnière où nous devons évaluer les retombées de tous les efforts fournis depuis trois ans.

LMF : Quel lien voyez-vous entre BUO et la mi-crofinance?HEB : Tout ce qui touche à la microfinance et aux assurances est intimement lié. Nous faisons déjà de l’assurance-crédit avec les banques. Quelqu’un qui vient prendre un microcrédit pour son petit commerce, s’il tombe malade, son activité ne va pas tourner, mais lui doit rem-bourser. Dès qu’il y a un grain de sable dans la machine, c’est tout le système qui risque de se gripper. Nous, en tant qu’assureur-conseil, nous pouvons accompagner les banques ou les in-stitutions de microfinance avec l’assurance des personnes, l’assurance des biens. Que la per-sonne tombe malade, décède ou fasse un ac-cident, l’assurance peut intervenir par rapport au bénéficiaire de microcrédit ou à l’institution de microfinance. Nous pouvons accompagner le système financier de telle manière qu’en cas de sinistre, les gens retrouvent la possibilité de continuer leur com-merce. C’est là qu’il y a une interaction entre les assureurs et le monde de la microfinance.

LMF : Partant de votre expérience dans les af-faires en RDC, comment comptez-vous continuer à travailler avec le gouvernement ?HEB : Cela fait huit ans que nous existons ici en RDC. On va vers un mieux chaque fois. Mais, on ne peut pas tout faire, tout seul. Je crois qu’il y a de partenariats public-privé qui peuvent fonctionner très bien pour autant qu’il y ait une transparence totale. C’est à cette condition qu’on peut faire des grandes choses. C’est vrai, l’accompagnement du gouvernement prend des fois du temps. Mais c’est normal. Le gou-vernement est une énorme machine qui ne peut pas se mettre en marche tout de suite. L’avantage du privé est qu’on est plus réactif et autonome. Si l’on signe un accord avec le gou-vernement, on peut commencer sans attendre que les rouages du gouvernement se mettent en place. Et dès que tous éléments du puz-zle sont réunis, on peut intégrer la part du gou-vernement dans le projet, mais entre-temps le privé aura déjà mis les soubassements. Je crois

qu’entre le privé et le public il peut y avoir une bonne coopération pour le bien de la popula-tion. Lisungi en est la preuve.

Amédée Mwarabu Kiboko

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Gros Plan

FINCA RDCDes innovations attendues

courant 2016

En pôle position des institutions de microfinance (IMF) en République Démocra-tique du Congo, « FINCA RDC S.A. » veut y demeurer encore longtemps. C’est dans cette perspective qu’elle annonce plusieurs innovations au courant de 2016 afin de répondre aux besoins de sa clientèle et d’élargir son envergure dans la promotion de l’inclusion financière en RDC.

La République Démocratique du Congo compte 21 institutions de microfinance. La plus grande d’entre elles est FINCA RDC S.A. Opérationnelle au pays depuis 2003, FINCA

RDC S.A. s’est donnée comme ambitieuse mis-sion de « réduire la pauvreté grâce à des solutions durables qui permettent aux gens d’accumuler des richesses durables, de créer des emplois, d’améliorer leur niveau de vie ». Dès lors, tout ce que fait FINCA RDC rentre dans cet objectif auquel elle « n’entend pas se dérober », selon son Chargé des initiatives stratégiques Monsieur Jean Kabongo. Pour intervenir efficacement dans cette mission, FINCA RDC a mis en place une gamme variée des produits et services au premier rang desquels l’épargne et le crédit, les services à valeur ajou-tée et un réseau d’agents « FINCA Express ». Parmi les services à valeur ajoutée, elle offre des services SMS Alertes pour que tout client, à tout moment, puisse rester à jour avec ses transac-tions bancaires sur son téléphone ; le paiement des salaires aux fonctionnaires de l’État ou aux employés du secteur privé. « Nous assurons ce service à moindre coût comparativement à ce qui est proposé sur le marché », soutient Jean Kabongo. FINCA RDC, c’est aussi un service de découvert bancaire. Ce service permet au client de résoudre ses problèmes de liquidité temporaire qu’il peut rencontrer. Autant de produits et services mis à la disposition de la clientèle qui font la force de cette institution de microfinance.

Une clientèle sans cesse en croissance

FINCA RDC sert aujourd’hui plus de 260 000 Con-golais dont plus de 120 000 ont obtenu un crédit. En effet, le portefeuille total de crédit FINCA RDC environne 70 millions USD. Tandis que le porte-feuille d’encours d’épargne se chiffre à plus de 30 millions USD. Cette IMF, installée depuis 2003 en RDC, s’appuie sur ses 19 grandes agences réparties entre Kinshasa, Bukavu, Lubumbashi, Likasi, Kolwezi, Goma, Matadi et Boma. Misant sur la proximité avec sa clientèle, FINCA RDC a mis en place un réseau très large de dis-tribution constitué d’agents bancaires « FINCA express ». Il existe 750 points FINCA Express à ce jour. C’est cela-même la force et la particularité de FINCA RDC. FINCA Express, est le premier ré-seau d’agents bancaires lancés en RD Congo. C’est tout simplement un point qui utilise un ter-minal de paiement électronique FINCA RDC et permet aux clients FINCA d’effectuer des trans-actions de dépôt, retrait, transfert de compte en compte, vérification de solde et d’impression du relevé du compte. Voilà un facteur qui crée la proximité avec le client. Tout client est au-thentifié par son empreinte digitale. FINCA RDC est l’institution de microfinance qui détient un nombre plus élevé d’agents bancaires en RDC, rassure-t-on chez FINCA RDC. « Ce qu’aucune autre institution financière n’a atteint », selon le staff dirigeant de l’entreprise. Déterminée à élar-gir son réseau d’agences à travers le pays, FIN-CA RDC projette de s’implanter dans le Kasaï, et à Kisangani avec pour ambition d’être, in fine, partout en République émocratique du Congo.

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Point de presse: Partenariat FINCA RDC et FPM SA

Gros Plan

Spécialisée dans l’octroi de micro-crédits, FINCA RDC propose une gamme de petits crédits al-lant de 50 à 100 USD. Cependant, ses crédits aux petites et moyennes entreprises peuvent attein-dre 100 000 USD. L’une des particularités de FINCA est que les clients des produits épargne ne paient rien en termes de frais d’administration de compte, ceci vaut aussi bien sur les transactions effectuées aux guichets des agences qu’auprès d’agents bancaires FINCA Express. “ Nous donnons cette facilité à nos clients pour leur permettre de garder leur argent dans leur compte en toute sécurité et en toute quiétude”, assure-t-on chez l’IMF.

Des innovations attendues

Outre l’extension de son réseau d’agences à travers le pays, FINCA RDC va développer plu-sieurs autres produits et services susceptibles de répondre aux besoins de sa clientèle. « Nous sommes en train de travailler aussi sur certains

projets spécifiques qui permettront à nos clients de pouvoir bénéficier de beaucoup d’autres fa-cilités en termes de technologie », a confié Jean Kabongo, le chargé des initiatives stratégiques FINCA. Dans la foulée, la haute direction de l’entreprise ne cache pas son ambition de met-tre au courant de 2016 « une plateforme Mo-bile banking » qui permettrait aux clients FINCA d’accéder à leurs comptes via leur téléphone mobile. Bien plus, chez FINCA RDC, l’on planifie le lance-ment du crédit instantané. « Cela veut dire que le crédit peut vous être accordé 30 à 45 minutes après l’envoi de votre demande », ex-plique le staff dirigeant. Autant des projets sur lesquels FINCA RDC S.A. travaille dans l’optique non seulement de booster l’inclusion financière en RDC mais aussi de répondre à sa mission première, celle de contribuer à réduire la pau-vreté des Congolais par des solutions appro-priées.

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FINCA RDC S.A. L’ascension continue…

L’institution de microfinance s’est durablement forgée une place dans le secteur du microcrédit au prix d’innovations. Demeurant sur la même lancée, FINCA RDC continue son expansion autant en termes de réseau d’agents que dans la quête des innovations dictées par les besoins d’une clientèle en per-manente augmentation. Jean Kabongo, Chargé des Initiatives Stratégiques, livre ici quelques secrets de l’ascension continue de cette institutionfinancière.

Gros Plan

De quels moyens disposez-vous en tant qu’institution financière pour réaliser votre mis-sion de réduire la pauvreté des Congolais ?

Les moyens dont nous disposons sont les diffé-rents produits que nous mettons en place. FINCA offre des crédits. Nous offrons aussi des produits épargne. Au-delà de ces services phares, nous avons mis en place un grand réseau d’agents FINCAExpress pour faciliter à nos clients l’accès à leur compte et pouvoir réaliser d’autres opéra-tions bancaires. Nous offrons le service SMS pour que tout client, à tout moment, puisse rece-voir un message en cas de mouvement sur son compte. Nous avons aussi mis en place des ser-vices de paiement de salaires des fonctionnaires

de l’État ou du secteur privé. Nous assurons ce service à moindre coût comparativement à ce qui est proposé sur le marché. Nous avons le service de découvert bancaire. Il permet au client de résoudre son problème de liquidités temporaire. Nous travaillons aussi sur la mise en place des produits qui peuvent satisfaire les besoins des clients. Que veut notre client ? De quoi a-t-il besoin ? C’est en fonction de tous ces paramètres que nous parvenons à propos-er des services appropriés à notre clientèle.

L’un de vos slogans invite à « Transformez vos petits pas en des grands progrès ». Comment traduisez-vous concrètement cette ambition ?

Avant d’en arriver là, on avait comme devise “ Petit prêt, le grand changement”. Mainten-ant, nous avons « Transformé vos petits pas en des grands progrès ». Ce qui nous intéresse, c’est de prendre ceux qui ont un petit capi-tal - avec notre soutien par le crédit que nous leur accordons, par les produits d’épargne, par les produits de dépôt interne que nous leur offrons - de leur permettre de pouvoir évoluer et arriver à augmenter leur capital d’affaires et ainsi développer leur business. Nous disons simplement que derrière, nous essayons de réfléchir sur des solutions qui soient capables d’apporter une plus-value à celui qui se dé-cide d’entrer en relation d’affaires avec nous. Nous ne contractons pas avec nos clients pour qu’ils fassent du surplace mais pour leur per-mettre d’évoluer, d’accumuler effectivement des richesses comme c’est dit dans notre mis-sion, de s’auto-suffire. Je crois que nous ne

Jean Kabongo, Chargé des InitiativesStratégiques

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Gros Plan

mettons pas en place les produits pour le besoin de les mettre. Tout ce que nous faisons, nous le faisons pour le client. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle nous faisons un effort pour toujours garder un contact permanent avec les clients parce que nous souhaitons que les clients nous disent ce dont ils ont besoin. Comment les aider ? Comment les amener à évoluer C’est pour ce-tte raison que nous les exhortons : “ Transformez vos petits pas en des grands progrès “.

À Kinshasa, quand on parle de FINCA, les gens pensent crédit. Qu’en est-il exactement du crédit FINCA ?

FINCA a plusieurs types de crédits. Aujourd’hui, nous avons une spécialité : le crédit de groupe. C’est un crédit solidaire. Les gens se regroupent à 15 ou 20 personnes. Nous n’exigeons pas une garantie matérielle parce que les clients se gar-antissent eux-mêmes. Mais chaque membre du groupe obtient un crédit proportionnellement à la taille de son activité. Ce crédit a une éché-ance de 10 à 12 mois. Le remboursement se fait mensuellement. Par rapport à ce crédit, le taux reste abordable. Tout le monde n’a pas une maison à mettre en gage. Mais nous offrons à tout le monde la possibilité d’accéder au crédit. Nous avons aussi des crédits de petits groupes. Ici, 5 à 10 personnes peuvent se regrouper pour obtenir le crédit sur base de la garantie solidaire. Il y a aussi le crédit individuel que nous accor-dons aux PME. Il suffit d’avoir des documents at-testant de la légalité de votre activité et de vous inscrire dans l’une de nos agences, vous pouvez obtenir jusqu’à 30 000 USD de crédit. Nous avons aussi des crédits SI destinés aux PME. Ce crédit commence à partir de 30 000 USD et peut aller jusqu’à 100 000 USD. Exceptionnellement pour ce crédit, nous exigeons une garantie. Quels atouts nationaux pourraient contribuer à de belles perspectives de Finca en RDC ?

Il y a d’abord la taille de la population congo-laise : plus 70 millions d’habitants. Ceci est déjà un grand potentiel pour FINCA. Nous pensons que notre force, c’est d’abord la population. Sans clients, vous ne pouvez rien. Mais, avec les clients, vous pouvez tout. C’est pourquoi nous continuons à travailler nuit et jour pour trouver des solutions appropriées aux besoins de nos clients afin de leur permettre d’entrer en relation

d’affaires avec nous. Nous ne voulons pas nous limiter aux produits orientés uniquement vers le commerçant ou les PME. Nous voulons avoir une gamme très variée de produits qui peut faire que nous soyons capables de satisfaire les besoins dans divers domaines de la vie de toute la nation.La législation congolaise est aussi un avantage que nous avons dans la mesure où l’organe qui gère les institutions financières (NDLR : la Banque centrale du Congo) nous permet de travailler sur certaines innovations. Il nous donne égale-ment l’opportunité de mettre en place des in-novations même s’il n’existe pas encore des mesures d’application. Grâce à la législation, nous avons la possibilité de pouvoir nous lancer dans des projets de Mobile banking de manière à satisfaire une bonne partie de la population.

Qu’en est-il des partenaires internationaux de FINCA ? Sont-ils prêts à l’accompagner pour at-teindre durablement ses perspectives de dével-oppement en RDC ? Nous avons plusieurs partenaires internationaux qui sont toujours prêts à nous accompagner dans tous les projets que nous développons. Je citerais l’agence de la banque mondiale IFC (Société financière internationale) qui est toujours là pour nous accompagner dans les grands pro-jets que nous mettons en place. Pour des parte-naires locaux, je parlerai de FPM (Fonds pour l’Inclusion Financière). Nous travaillons en étroite collaboration avec eux. Que ce soit sur le plan financier ou technique, leur accompagnement nous permet de réaliser tout ce que nous avons annoncé ici en termes d’innovations, de nou-veaux produits et services.

Propos recueillis par Amédée Mwarabu

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Les bons élèves de la microfinance

FINCA RDC : Retour sur les expériences réussies...

1. KAPINGA CÉCILE Vendeuse/ Cliente Finca

Cécile KAPINGA a 56 ans et vit avec son mari et leurs 5 enfants à Kinshasa.

Elle vend les pagnes WAX hollandais de marque Vlisco qu’elle achète auprès des importateurs. Elle a connu FINCA par le canal d’un de ses amis qui est employé d’une des banques installées à Kinsha-sa. Depuis 2003, Cécile KAPINGA est cli-ente de FINCA. Bénéficiaire d’un crédit solidaire, elle fait partie d’un groupe, « Vil-lage Banking », appelé « MAPENDO » dans lequel elle exerce la fonction de trésorière. FINCA lui a accordé un premier prêt de 80 USD. De cycle en cycle, elle a vu son crédit augmenter jusqu’à dépasser aujourd’hui plus de 4 500 USD ; ce qui a eu comme conséquence la croissance de son activi-té commerciale.

En plus du crédit FINCA, elle s’est constitu-ée une épargne importante qui lui permet de prendre soin de sa famille, de payer les soins médicaux de sa mère jusqu’à son décès. Grâce à FINCA, elle a vu sa ca-pacité financière s’accroître. Aujourd’hui, elle est un bras supplémentaire pour son mari qui est fonctionnaire de l’Etat. c’est elle aussi qui paie les frais scolaires de ses enfants dont l’un a étudié en Inde. Après le déces de sa mère, elle prend en charge des besoins substantiels de ses frères et sœurs. Actuellement cécile Kapinga a réussi à diversifier son commerce, en achetant une moto qui fait le Taxi et lui rapporte 280 USD par mois; et lui permet d’ouvrir un compte bloqué (Term deposit) à FINCA.

Cécile KAPINGA remercie FINCA pour tout ce qu’elle a réussi à faire grâce à son accompagne-ment.

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2. LUAMBA KAZADI Mariam Commerçante/Cliente Finca

Luamba Kazadi Mariam a 55 ans, mariée et mère de 4 enfants. Actuellement, elle finance les études de son fils et a la charge de deux membres de sa famille élargie.

Elle a débuté son commerce général en 1980. Mais, ses affaires n’ont pas marché comme elle aurait souhaité. C’est en 2004 qu’elle entend parler de FINCA par une de ses amies. Elle prend la décision d’adhérer à un groupe solidaire où elle bénéficie d’un crédit de 80 USD. Depuis, elle est restée fidèle à FINCA et son crédit est maintenant à hauteur de 4 000 USD.

Ce crédit lui permet de réaliser des projets dont son commerce de haricots. Alors que son stock d’haricots était au départ de 100 sacs de 100 kg, elle a triplé aujourd’hui son stock pour atteindre et dépasser 300 sacs de 100 kg. Ce, en dépit des difficultés de moyens de transport qu’elle rencontre. Aussi, a-t-elle résolu de diversifier son business en se lançant dans l’immobilier. Elle a aujourd’hui 11 locataires qui lui versent un loyer important lui permettant de faire face à certaines dépenses de ménage mais aussi d’augmenter son stock de marchandise.

« Je remercie FINCA DRC pour m’avoir donné l’opportunité de remonter la pente, au moment où mes affaires étaient en perte de vitesse ».

Les bons élèves de la microfinance

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3. KABONGO KAYEMBE N’SHIMBA George Pharmacien/POS Finca Express

Âge : 54 ansSituation familiale : Père de 11 enfants dont 10 scolarisés et un tout petit.

Début de l’activité : Georges Kabongo tient une pharmacie depuis 1995. Son business a très bien évolué jusqu’au moment où, après son 3ème enfant, la charge familiale est devenue pesante. Il a connu une baisse qui l’a poussé à se tourner vers FINCA. Il a obtenu un premier crédit de 500 USD en 2011. Actuellement, il continue à solliciter le crédit FINCA. Son dernier crédit en date est de 4 000 USD. Il n’a pas un autre travail que sa pharmacie qui a connu une grande évolution grâce à l’apport de FINCA. Il y a deux ans, il a entendu parler de FINCA EXPRESS. Il a signé un contrat avec FINCA. Cette activi-té lui procure aujourd’hui plus de 1 000 USD de bénefice par mois plus que, ce qu’il gagne dans sa pharmacie. Avec cet argent, il fait étudier sa fille à l’université de Tunis. Il a un autre enfant qui vient commencer l’université cette année. En plus, il a, à sa charge, un neveu étudiant à l’université,

quatre enfants à l’école secondaire ainsi que d’autres enfants qui sont à l’école primaire. Il répond aux besoins financiers de sa famille grâce au prêt FINCA. En même temps, il est en train de cons- truire une maison et ses affaires évoluent bien.

Les bons élèves de la microfinance

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4. Joseph KUELUSUKINA NZUZI Commerçant/client Finca

Age : 37 ansSituation familiale : Marié et père d’un enfant qui est en 3ème année des humanités. Il a quatre personnes sous sa charge dont trois font les études. Début de l’activité : Après ses études secondaires en 1992, il s’est décidé d’entamer des activités commerciales.

Il a ouvert en 2002 sa première boutique de commerce général. Dans le souci d’accroitre son activité, il s’est tourné vers FINCA en 2007. Il a reçu un prêt de 2 000 USD. Il continue à solliciter le crédit FINCA jusqu’à aujourd’hui. Après 7 ans de fidélité à FINCA, il a été intéressé à signer un contrat avec un FINCA EXPRESS.

C’est ainsi qu’il est devenu agent FINCA EXPRESS. Cela lui permit de créér 4 extensions de son commerce général et de prendre en charge son en-fant et ses 4 neveux qui vivent chez lui. Son business est aujourd’hui devenu prospère.

Les bons élèves de la microfinance

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Coin de l’expert

Promouvoir une croissance bénéfique et inclusive pour tous

LA MICROFINANCE : De quoi s’occupe exacte-ment l’Association Nationale des Institutions de Microfinance ?André MAYALA LUTETE : À l’instar des associations professionnelles de par le monde, l’Association Nationale des Institutions de Microfinance, ANIMF en sigle, s’occupe de la représentation et de la défense des intérêts de ses mem-bres. Cependant, nous avons des missions spécifiques, notamment assurer la profession-

André MAYALA LUTETESecrétaire Général ANIMEF

André MAYALA LUTETE est Secrétaire Général del’Association des Institutions de Microfinance (ANIMEF) en République Démocratique du Congo. Il fait ici le point sur le secteur de la microfinance,appelle à la promotion de la microfinance en ce moment où le gouvernement a opté pour une croissance inclusive de l’économie nationale.

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Coin de l’expert

nalisation et la promotion du secteur ; favoriser la coopération entre les membres à travers les échanges d’expériences ; assurer la formation des membres ; organiser et assurer la gestion des services communs de ses membres ; informer le public sur les activités entreprises.

LMF : Quel regard avez-vous, aujourd’hui, sur le secteur des IMF en RDC par rapport à son organisation, son évolution ainsi qu’à l’environnement économique ?

AML : Le secteur de la microfinance est aujourd’hui en pleine consolidation. Il y a quelques années, la population avait complète-ment perdu la confiance au regard des expé-riences malheureuses qu’a connues notre pays dans le domaine financier. Aujourd’hui, nous ob-servons un regain d’intérêts et une reprise de la confiance. Il y a nettement un regain d’intérêts de la part des pouvoirs publics, des partenaires et des investisseurs.

Par rapport à l’organisation du secteur, nous pouvons le structurer à trois niveaux. Nous avons le niveau macro. Là, nous avons le ministère de tutelle qui est le ministère des Petites et Moyennes Entreprises et des Classes moyennes. C’est vrai qu’il y a à dire et à redire là-dessus compte tenu du faible impact du ministère sur le secteur. Ailleurs, c’est plutôt le ministère des Finances qui assure la tutelle du secteur de la microfinance. Au niveau méso, nous avons les associations professionnelles, prestataires des services techniques, etc. Au niveau micro, nous avons des institutions de microfinance. Par rap-port à l’évolution, c’est un secteur en pleine consolidation et cela se traduit par la reprise de confiance de la population envers le secteur. Le secteur de la microfinance a contribué à l’amélioration des conditions de vie de plusieurs bénéficiaires des services financiers offerts par les IMF. Pour ce qui est de l’environnement, il y a lieu de noter des efforts considérables consen-tis par le gouvernement de la République dans la stabilisation du cadre macroéconomique, particulièrement par la maîtrise de l’inflation. Car, comme vous le savez, les IMF fonctionnent avec de l’argent. Lorsque la monnaie est sta-ble, les risques des pertes liées aux opérations de change sont faibles et cela a un impact positif sur la viabilité financière des IMF. Néanmoins, la modicité de revenus et la précarité de vie de la population ont un impact négatif sur les in-

stittions de microfinance étant donné que des gagne - petits constituent notre cible.

LMF : Justement, depuis dix ans, la RDC enregis-tre une croissance économique continue. Quel a été l’impact de cette croissance économique sur le secteur de la microfinance ? Est-ce que la microfinance a tiré profit de cette embellie économique ?AML : Sur ce point, nous ne pouvons qu’emprunter les propos du chef de l’État, Joseph Kabila, qui, lui-même, a fustigé, à maintes reprises, la faible incidence de la croissance sur le social de la population.

Autant notre population cible n’a pas bénéficié de cette embellie économique, autant le sec-teur n’en a pas bénéficié. C’est clair. Je pense qu’il y a des efforts à consentir. Je crois que le gouvernement va continuer à y travailler pour qu’il y ait une incidence positive de la crois-sance économique sur le vécu quotidien de la population. Sinon, ça risque d’être un simple slo-gan. La population veut que la croissance ait un effet sur son vécu quotidien.

LMF : Qu’en est-il de la législation sur la micro-finance ? Est-ce que l’arsenal juridique sur la microfinance est suffisant pour permettre son développement ?

AML : C’est ici qu’il me revient de souligner les efforts fournis par la Banque Centrale du Con-go avec l’appui des partenaires techniques et financiers au développement, pour la mise en place de l’arsenal juridique actuel, lequel per-met au secteur de bien évoluer. Il y a lieu de noter également qu’il y a encore des textes en chantier pour renforcer cet arsenal, notamment la règlementation sur la protection des consom-mateurs des services financiers, l’instruction sur les agents bancaires, l’instruction sur la détermi-nation du Taux Effectif Global «TEG ». À côté de cela, d’autres projets concernent l’élaboration de la stratégie nationale pour l’inclusion finan-cière, le programme national d’éducation fi-nancière, la mise en place de la centrale des risques, etc.

LMF : Quelles sont les pesanteurs qui freinent le développement de la microfinance en RDC ?AML : Les problèmes sont d’ordre endogène et exogène. Il y a le problème de gouvernance pour les institutions surtout du type mutualiste qui ont un mode de gouvernance particulier. Les

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Coin de l’expert

IMF ont un double objectif qui est à la fois social et commercial.

Ce qui fait que les dirigeants doivent avoir un esprit ’entreprise puisque, en réalité, ce sont des entreprises, même si elles ont un objectif social. Donc, les dirigeants doivent avoir des capacités managériales nécessaires pour concilier cette double mission. Sinon, on assiste à de faillites. Il faut un équilibre judicieux entre les deux. C’est-à-dire comment réduire la pauvreté et demeur-er viable et pérenne. L’autre pesanteur c’est le manque des finance-ments conséquents. Les besoins sont immen-ses mais les moyens sont très limités. Il se pose aussi un problème de manque d’infrastructures routières, de télécommunication, d’électricité. C’est ce qui fait qu’il existe des provinces non desservies par les institutions de microfinance. Il faut noter, en outre, le problème d’éducation financière de la population qui, selon l’analyse des données de l’enquête FinScope, s’avère réel et urgent. C’est ce qui justifie l’élaboration du programme qui comprend plusieurs volets, notamment l’épargne, le crédit, la budgétisa-tion, la négociation financière, la célébration au mois de mars 2016 de la semaine mondiale de l’argent et de la journée internationale de l’épargne au mois d’octobre prochain. LMF : Quelles sont les opportunités susceptibles de contribuer au développement de la microfi-nance en RDC ?AML : Par rapport aux opportunités, je pense que la population congolaise, estimée à plus de 70 millions d’habitants, l’immensité du ter-ritoire national, ses potentialités, constituent un capital très important. Le regain des partenaires techniques et financiers est un atout considé-rable aussi. Aujourd’hui, nous avons plusieurs programmes qui sont mis en œuvre. Il y a le Programme d’Appui au Secteur de la Microfi-nance (PASMIF) financé par le PNUD, l’UNCDF, l’ambassade de Suède, la Coopération Tech-nique Belge, le Programme de Développement des Infrastructures Financières et des Marchés (PDIFM) avec la Banque Mondiale, la Coopé-ration Technique Allemande (GIZ) à travers son Programme de Développement des Systèmes Financiers, qui, en passant, a, d’ailleurs, financé nos équipements.Il y a aussi le Fonds National de Microfinance (FNM) qui a été mis en place par l’État pour

appuyer les institutions locales et les aider à at-teindre un certain niveau de performance afin d’être éligibles à divers fonds des partenaires existants. Il est triste, cependant, de constater que le FNM, un outil important, n’a pas suffisam-ment des moyens pour accomplir sa mission. Nous demandons à l’État de le doter des moy-ens nécessaires pour qu’il joue pleinement son rôle à l’exemple du Fonds du Bénin qui a un por-tefeuille de plus 70 millions USD auprès des IMF partenaires.

LMF : Y a-t-il des pays africains dont la RDC devrait s’inspirer dans la microfinance et dans quel domaine ?AML : Parmi les pays que nous avons visités, le Cameroun par exemple, le secteur est suffisam-ment avancé. En Afrique de l’Ouest, la micro-finance est aussi suffisamment avancée. Au Bénin, il y a un ministère de la microfinance. En Côte d’Ivoire, il y a une direction de la micro-finance au ministère des Finances. Au Bénin, comme je l’ai dit, l’État a mis en place un fonds pour la professionnalisation et la promotion du secteur de la microfinance. On a mis par exem-ple un fonds agricole. En RDC, le monde rural est estimé à plus de 60%. Pourtant, les institutions de microfinance n’ont pas de moyen pour s’implanter dans le milieu rural, traité comme à haut risque. Ailleurs, l’État a mis le fonds, notamment pour la couverture de risques dans les zones rurales. Il y a aussi des fonds pour encourager les institutions de microfi-nance à s’y implanter. LMF : Quel sera l’apport de l’Association Nation-ale des IMF dans le développement du secteur de la microfinance en RDC malgré les con-traintes existantes ?AML : Notre apport ne peut se traduire qu’à tra-vers nos objectifs de la professionnalisation et de la promotion du secteur de la microfinance. L’année passée, nous avons organisé, en par-tenariat avec le PASMIF, une formation sur la problématique du financement du secteur agri-

Le secteur de la microfinance a contribué à l’améloriation

des conditions de vie de plusieurs bénéficiaires des services

financiers offerts par les IMF.

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Coin de l’expert

cole par l’approche « chaîne de valeur ». Nous avons aussi réfléchi sur la gestion axée sur les résultats qui est une approche incontournable. Cette gestion axée sur les résultats est aussi sensi-ble au Genre. Vous savez que toutes les études-indiquent que plus de 50% de micro-entreprises sont tenues par des femmes. Depuis les pillages de triste mémoire, ce sont les femmes qui tien-nent les ménages. Ce sont elles qui épargnent plus. Nous avons aussi tenu un grand atelier sur la professionnalisation qui va nous conduire ce-tte année à élaborer une charte de profession-nalisation. Nous avons pensé à travailler sur les faiblesses dans le système d’information de la gestion, la comptabilité, le contrôle interne. Nous allons aussi faire le lobbying sur un certain nombre des questions. Nous avons besoin du soutien des pouvoirs pub-lics. Parce que si les institutions sont profession-nelles, les populations vont bénéficier des servic-es de qualité et améliorer leur vécu quotidien. Et là, on parlera véritablement de la croissance inclusive. On n’aura pas de classe moyenne si nous n’avons pas des PME performantes. LMF : Selon vous, qu’est-ce que le gouvernement doit faire pour aider durablement le secteur de la microfinance ?AML : Je pense qu’il faut mettre des moyens à la disposition du secteur de la microfinance. Cela peut se faire progressivement en tenant compte de la taille de la RDC. On a entendu dire, par le passé, qu’il y avait des lignes budgétaires en faveur de la microfinance. Je me demande si des décaissements ont été effectivement effec-tués dans le cadre du Fonds National de Micro-finance. Aujourd’hui, il y a plusieurs programmes qui existent mais qui ne sont pas financés. Il faut, par exemple, mettre en place un fonds pour l’agriculture car notre population est rurale à plus de 60%. En RDC, notre potentiel agricole n’est pas suffisamment exploité. Les besoins sont pourtant énormes. La grandeur du Congo devrait se tra-duire à travers son budget. Aujourd’hui, on vient de lancer la Stratégie Nationale de Développe-ment de la RDC. Nous regrettons de n’avoir pas été associés à l’élaboration de ce programme.

LMF : Faut-il un budget et de quelle hauteur pour agir efficacement dans le secteur de la microfi-nance en RDC ?

AML : Globalement, nous devons parler du fi-nancement de l’économie congolaise. Plus de 2 345 000 km² avec toutes les potentialités que nous avons, on ne peut pas avoir un budget en-dessous de 10 milliards USD. Logiquement, ceci équivaut à un budget de la seule ville de Kin-shasa. Alors, comment traduire toutes les am-bitions sur le plan économique avec un faible budget. On parle du Congo émergent en 2030. Je ne veux pas être politique mais il y a nécessité de la bonne gouvernance. Il faut voir comment canaliser dans les secteurs productifs le peu de moyens que nous avons afin que cela ait des effets induits sur l’économie nationale. Donc, il y a une approche sociale dont il faut tenir compte. C’est là que nous disons que le secteur de la microfinance se présente comme un pilier pour pouvoir aider la population à sortir de la pauvreté. Dans la périphérie de Kinshasa, vous trouverez des mamans ambulantes qui n’ont besoin que d’un capital de 20 000 FC ou de 50 000 FC pour leurs activités. Vous allez au Bénin, le Fonds à travers les IMF partenaires fi-nance les toutes petites activités de jeunes en-fants qui vendent la noix de kola, des cireurs aux coins des rues. Nous disons que la jeunesse c’est l’avenir de demain. Il faut des moyens pour pousser nos jeunes vers l’entrepreneuriat.

LMF : Est-ce que la microfinance peut vraiment permettre l’émergence d’une classe moyenne ?AML : Je réponds par l’affirmatif. Autant on ne peut pas dissocier l’émergence des PME de l’émergence de la classe moyenne, autant on ne peut pas ignorer le secteur de la microfinance lorsqu’on veut créer une classe moyenne. La mi-crofinance est un outil efficace de lutte contre la pauvreté. Je pense qu’une population qui sait satisfaire ses besoins sociaux de base, peut tra-vailler pour la croissance économique. C’est de ces PME que naissent des emplois et l’épargne. La microfinance constitue aussi un pilier majeur pour l’émergence de la classe moyenne. Ce sont des choses qui sont en connexion directe et vous ne pouvez pas les dissocier.

Propos recueillis par Amédée kiboko

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Banques & IMF

La RDC attend l’exécution de son Programme National d’Éducation

Financière

La République Démocratique du Congo a connu ces dix dernières années une expansion remarquable des banques commerciales, des institutions de microfinance ainsi que des coopératives de crédits et d’épargnes. Ce-pendant, le développement de ce secteur ne saurait se consolider sans une culture financière solide des populations. C’est dans cette perspective qu’un Programme National d’Éducation financière attend d’être validé au Conseil des ministres du gouvernement.

La Banque Centrale du Congo (BCC), en partenariat avec la coopération al-lemande notamment la GIZ, a contribué à l’élaboration du Programme National

d’Éducation financière (PNEF) de la République Démocratique du Congo. Le PNEF est déjà validé par la Banque Centrale du Congo, en sa qual-ité d’institution de pilotage de ce programme. Présentement, le document a été transmis au ministère des Finances qui devra le présenter, dans les mois qui suivent, en Conseil des Minis-tres pour adoption. C’est une fois adopté que

ce projet sera mis en œuvre en RDC.Le quitus du gouvernement est donc vivement attendu par les acteurs du secteur financier de la RDC. Ce programme est, en effet, un cadre fédérateur de l’éducation financière des Con-golais dans le noble objectif de susciter une population aguerrie, apte et capable d’utiliser les services et produits financiers de base pour une meilleure gestion de ses finances person-nelles afin de contribuer à l’amélioration de la croissance économique et, par ricochet, réduire la pauvreté.

38 MicroFinance juin-Août 2016

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La mise en œuvre du PNEF est pour une période de 10 ans. La première phase de ce programme devrait intervenir entre 2016-2020 au cas où le programme est adopté cette année par le gou-vernement. A termes, la majorité de la popu-lation congolaise est censée gérer de façon responsable ses finances personnelles et famil-iales afin d’améliorer son bien-être social d’ici à 2025. Cette campagne d’éducation financière devrait porter sur quatre domaines à savoir : la gestion budgétaire, l’épargne, le crédit et les négociations financières. Parmi les actions prioritaires retenues, le programme prévoit l’intégration de l’éducation financière dans les programmes scolaires, la formation des forma-teurs et des multiplicateurs, le développement et la diffusion d’une boîte à outils, l’organisation des événements de promotion de l’éducation financière. Les écoliers, jeunes, les femmes, les personnes vivant en milieu rural, les travailleurs et entrepreneurs constituent les groupes cibles du PNEF.

Un recueil des messages clés est d’ores et déjà élaboré pour augmenter l’impact de la com-munication sur l’éducation financière. Ces mes-sages clés ont été développés de façon partici-pative avec le groupe sur l’éducation financière et avec l’aide des experts techniques. Ces mes-sages clés ont été au préalable testés auprès des groupes cibles pour s’assurer de leur perti-nence et de leur qualité avant d’être vérifiés par les comités techniques d’éducation financière et validés par le comité de pilotage de la BCC. Ils ont été traduits en cinq langues (français,

kikongo, swahili, lingala et tshiluba) pour qu’ils soient compréhensibles par toute la population.Selon les experts du Fonds Monétaire Interna-tional, l’accès aux services financiers de base contribue à réduire la pauvreté. Cependant, en RDC l’utilisation des services financiers de base tant formels qu’informels reste très faible. Le taux de bancarisation est de 8,9% fin 2014, selon la Banque Centrale du Congo. Celui de l’inclusion financière est de 18%, selon les statistiques Fin-dex de la Banque Mondiale. L’on estime que 52% de la population congolaise sont en situa-tion d’exclusion financière.

Le challenge en RDC reste aussi bien de pro-mouvoir l’inclusion financière que d’éduquer les populations à l’utilisation, à bon escient, des ser-vices financiers de base.

La Microfinance

Banques & IMF

La MicroFinance Juin-Août 2016 39

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Le groupe français Orange a racheté l’opérateur de téléphonie cellulaire Tigo pour un montant de 160 millions de dollars américains. La transaction a été annoncée

le lundi 8 février 2016 par l’opérateur télécoms luxembourgeois Millicom, qui opère en Afrique et en Amérique latine sous la marque « Tigo ». Orange a finalisé l’acquisition de l’opérateur tigo le 21 avril 2016.

« Le marché du mobile en RDC connaît une crois-sance significative et est actuellement le plus grand marché du mobile d’Afrique centrale et de l’Ouest après le Nigeria avec plus de 40 mil-lions d’abonnés. Tigo RDC correspond parfaite-ment à Orange étant donné la complémentari-té de leurs opérations sur le plan géographique et sur le plan culturel », a souligné Orange dans un communiqué distinct cité par l’AFP.

« La cession de Tigo DRC est conforme à notre stratégie de participer au mouvement de con-solidation et de concentrer nos ressources sur nos marchés les plus prometteurs », a commenté pour sa part Mauricio Ramos, Directeur Géné-ral de Millicom, dans le bref communiqué de la société, relayé par la même agence de presse.

Le groupe français Orange est présent en RDC

depuis 2012. Une année plus tôt, il avait rache-

té les activités de Congo Chine Télécom (CCT) pour 143 millions d’euros. Selon Jeune Afrique, Orange a enregistré une

croissance très rapide en RDC, passant de

1,8 million d’abonnés début 2013 à 5,28 mil-lions d’abonnés fin septembre 2015. Tigo est le troisième opérateur en RDC avec 6,6 millions de

clients.

La RDC compte plus de 35 millions d’abonnés à la téléphonie mobile. Suite à la prise de contrôle

de la filiale de Milicom, Orange devrait détenir environ 26 % de part de marché, derrière les leaders Vodacom et Airtel (avec 33 % et 32 %), mais devant Africell (9 %).

La Microfinance avec AFP

Orange rachète Tigo RDC

Télécoms & Microfinance

40 MicroFinance juin-Août 2016

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Télécoms & Microfinance

Africell lance Afrimobile Money à Kinshasa

La République Démocratique du Congo enregistre un 5ème opérateur dans le paiement mobile. Africell, le plus petit opérateur de téléphonie cellulaire en RDC, a lancé le jeudi 24 mars 2016 à Kinshasa « Afrimobile Money ».

La République Démocratique du Congo en-registre un 5ème opérateur dans le paie-ment mobile. Africell, le plus petit opérateur de téléphonie cellulaire en RDC, a lancé

le jeudi 24 mars 2016 à Kinshasa “ Afrimobile Money “.

“ Le téléphone sera le porte-monnaie. Tous ceux qui n’ont pas accès aux opérations bancaires pourront le faire à travers leurs téléphones. Nous avons l’intention de booster l’autorisation de la Banque Centrale, pour qu’on arrive à faire des opérations internationales aussi », a déclaré le Directeur Général d’Afrimobile Money, Guylain Ndala Mbayo, donnant ses impressions au lancement de ce service.Le Directeur des Opérations Bancaires de

la Banque Centrale du Congo (BCC), Jean Louis Kayembe, a indiqué à cette occasion que grâce au mobile banking, le volume de transac-tion en RDC est passé de 6 millions USD, en 2014, à 54 millions, en 2015. La BCC se réjouit naturellement de l’apport des sociétés de télécoms dans le paiement mobile. Selon les statistiques de la Banque Centrale du Congo, le mobile money est venu répondre aux difficultés rencontrées par la population pour avoir accès aux services financiers de base. C’est sur cette base qu’Afrimobile money a reçu l’aval de l’autorité monétaire.

Afrimobile Money vient ainsi rejoindre les quatre autres sociétés de télécommunications qui font déjà du paiement mobile en RDC. L’utilisation des services financiers via le téléphone mo-bile constitue un moyen d’accroître le taux d’inclusion financière notamment en accord-ant des facilités aux populations les plus dému-nies qui n’arrivent pas à remplir les conditions d’ouverture d’un compte dans les banques commerciales classiques. Présentement, Afrimobile Money est disponible

dans quatre provinces où opère Africell. Son ambition est de s’étendre sur l’ensemble du ter-ritoire national. AMK

“ Grâce au mobile banking, le volume de transaction en RDC est passé de 6 millons USD, en 2014,

à 54 millons, en 2015 ” selon la BCC

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Microfinance Verte

Bio-Express

Bavon N’Sa Mputu Elima est économiste de formation, Inspecteur des Finances de profession, ancien Directeur Général d’une Régie Financière et Ministre honoraire de l’Environnement et Conserva-tion de la Nature. Actuellement, il est Député National et mem-bre de la Commission Environnement, Ressources Naturelles et Tourisme à l’Assemblée Nationale de la RDC. Il a l’avantage d’être économiste et de maitriser la problématique de la gestion durable.

Le verdissement de l’économie, selon le Pro-gramme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE), passe par la réalisation des conditions portant sur une faible émission de carbone, une utilisation rationnelle des ressources et une in-clusion sociale. Ce verdissement requiert des investissements publics et privés qui lui soient compatibles, d’où la quête des financements in-ternationaux et nationaux, publics et privés, pour y arriver.

LMF : Quel lien faites-vous entre la Finance, en général, et le développement durable aujourd’hui sous l’optique de l’après COP 21?

Bavon N’sa Mputu Elima : Le Développement Durable, perçu comme un objectif vital à long terme, est perçu suivant

la Commission Brundtland du nom d’une an-cienne Première Ministre norvégi-enne comme un modèle de d é v e l o p p e -ment répondant aux besoins du présent , sans compromett re la capacité des générations fu-tures à répon-dre aux leurs, et les experts sont unanimes à re-connaître que le

verdissement de l’économie s’impose comme le chemin obligé pour l’atteindre.

Le rapport du Comité d’Experts des Nations Unies sur le Finance-ment du Développement Du-rable, adopté par la 69ème Assemblée Générale de l’ONU, donne des orientations précises sur les sources de financement. Il convient de relever que les trois Conventions-cadre de l’ONU sur la durabilité environnemen-tale sont fondées notamment sur le principe de la responsa-bilité commune mais différen-ciée, dans l’effort mondial de lutte contre les changements climatiques. A propos de 3 con-ventions-cadre, il s’agit de la Convention-Cadre des Nations Unies sur les Changements Cli-matiques (CCNUCC), la Con-

“L’émergence économique

ne se réduit pas à la paupé-

risation de la biodiversité ”

Bavon N’sa Mputu Elima fait ici le lien entre la finance et le développement du-

rable. De son avis, la préser-vation de la biodiversité repose sur la disponibilité des ressources financières susceptibles d’incuber des alternatives économiques aux populations et les dé-tourner des pratiques ap-pauvrissantes sur les éco-systèmes.Par ailleurs, il encourage les décideurs à se saisir de différents instruments financiers créés par l’ONU dans la perspective de soutenir les investissements durable.

BAVON N’SA MPUTU ELIMAEconomiste

42 MicroFinance juin-Août 2016

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vention Cadre des Nations Unies sur la Diversité Biologique (CCNUDB), et la Convention Cadre des Nations Unies sur la Lutte contre la Désertific-tion (CCNULD). Différents instruments financiers ont été créés à cette fin, capitalisés substantiel-lement par les pays industrialisés de par leur re-sponsabilité historique dans l’accumulation des gaz à effet de serre dans l’atmosphère. Ainsi, le Fonds pour l’Environnement Mondial (FEM), le Fonds de partenariat pour le Carbone Forestier (FPCF), le Fonds vert Climat Mondial (FVC) et les différents fonds fiduciaires administrés et créés par la BAD, sont identifiés comme des instru-ments financiers pour soutenir les investissements durables, publics et privés.

LMF : Quelle peut être alors la contribution de la microfinance et des coopératives d’épargne et de crédits dans la préservation des écosys-tèmes de la RDC et dans la quête de la crois-sance économique inclusive prônée par le gou-vernement?BME : La RDC, identifiée comme un pays à mé-ga-biodiversité, est appelée à jouer sa partition dans la régulation des équilibres écosystémiques mondiaux. Cette partition repose justement sur la disponibilité des ressources financières susceptibles d’appuyer la mise en œuvre des politiques structurelles et la réalisation des inves-tissements compatibles avec cette ambition. L’engagement pris par le Président de la Répub-lique, Joseph Kabila, du haut de la tribune de la 68ème Assemblée Générale des Nations Unies, de nous orienter vers les modes de production et de consommation durables et propres, s’inscrit dans cette dynamique macroéconomique na-tionale de préservation et de gestion rationnelle des ressources naturelles ainsi que de lutte con-tre les changements climatiques. Il va de soi que la Microfinance et les coopéra-tives d’épargne et de crédits s’érigent comme des vecteurs sociaux de diffusion de proximité du large éventail des ressources financières in-ternationales et nationales, autant publiques que privées.

Pour la RDC, le modèle inclusif de croissance est celui qui assure la promotion socioéconomique de toute sa population, à l’image d’une écono-mie verte, en orientant les financements disponi-bles vers des secteurs d’adaptation aux effets des changements climatiques et d’atténuation des émissions des gaz à effet de serre.

Ces dernières sont porteurs d’innombrables emplois et revenus, telles que l’agriculture, la foresterie, la rétribution des connaissances tra-ditionnelles exploitées à l’échelle industrielle, l’eau douce, la pêche, la mine à petite échelle, l’énergie, l’écotourisme…

En fin de compte, la préservation de la biodi-versité repose sur la disponibilité des ressources financières qui soient à même d’incuber des alternatives économiques aux populations et les détourner des pratiques appauvrissantes des ressources naturelles comme l’agriculture sur brûlis, la carbonisation effrénée du bois, la pêche avec les moustiquaires, ... C’est à ce prix que la RDC peut espérer réussir son processus de réduction des émissions des gaz à effet de serre dans le secteur forestier REDD+.

LMF : Est-il possible, dans le cadre du Fonds Vert Climat Mondial, que la RDC oriente une partie de financements dans les secteurs de microfi-nance et de coopérative qui concernent poten-tiellement 70% de sa population afin d’atténuer les pressions anthropiques sur les écosystèmes?BME : Un pays, comme le Brésil, a démontré que son effort pour la croissance économique n’a pas contrarié son ambition de réduction de la déforestation. Ceci pour affirmer que l’émergence économique ne se réduit pas à la paupérisation de la biodiversité, dans un con-texte de renforcement et d’élargissement des structures marchandes de l’économie.

Le bois-énergie est identifié comme le premier moteur de la déforestation dans notre pays, talonné par l’agriculture comme deuxième moteur. À mon avis, ces deux moteurs ne sont pas forcément liés à la pauvreté mais plutôt à la structuration rudimentaire de notre économie marquée par une offre fort réduite de l’énergie électrique, sobre en carbone (l’hydro-électricité par exemple), et par la non prise en compte de l’impact environnemental et social dans les pro-jets agricoles. Les besoins en bois-énergie et en denrées ali-mentaires de base sont en corrélation positive avec l’explosion démographique et l’extension des agglomérations urbaines. Les villes, avec la classe moyenne qui s’y développe, mangent les forêts, si j’empruntais l’expression caricaturale, combien riche en renseignements, de M.J.N

Microfinance Verte

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Marien et Cie, dans leur ouvrage « Les défis du bois-énergie en Afrique Centrale ».Les découvertures forestières nécessitées par les exploitations industrielles, agricoles et minières, de même que le tracé des infrastructures routières et ferroviaires, sont prises en charge, depuis peu, par les mécanismes procéduraux relatifs à la pro-tection de l’environnement, lesquels imposent la réalisation préalable des études d’impact envi-ronnemental et social pour tout projet ou toute activité impactant l’environnement physique de nos populations.Un pays, comme le Brésil, a démontré que son effort pour la croissance économique n’a pas contrarié son ambition de réduction de la déforestation.Ceci pour affirmer que l’émergence économique ne se réduit pas à la paupérisa-tion de la biodiversité, dans un contexte de renforcement et d’élargissement des structures marchandes de l’économie.

LMF : Quelles sont les opportunités d’investisse- ment dans le secteur de l’environnement qui devraient intéresser les bénéficiaires des micro-finances ?BME : Je tiens à relever qu’en sus du principe de la responsabilité commune mais différenciée, deux autres principes régissent les Conventions-Cadre des Nations Unies précédemment men-tionnées. Il s’agit du principe de la propriété de chaque État sur ses ressources nationales et celui du droit au développement. Il va sans dire que chaque pays conçoit sa stratégie de dével-oppement en fonction de sa dotation factorielle en ressources naturelles. Notre pays, la RDC, dispose des avantages comparatifs réels dans les secteurs des mines, des forêts, du pétrole, de l’agriculture, de l’eau, des énergies renouvelables : solaire, éolienne, géothermique ....La construction d’une économie nationale por-tée vers la croissance et le développement so-cioéconomique de nos populations n’est pas incompatible avec l’impératif de protection de l’environnement.Notre pays s’est doté d’un cadre légal sur la protection de l’environnement, lequel sert de référence aux autres lois spécifiques régissant les secteurs porteurs de croisance afin d’atténuer les impacts sur l’environnement : code minier, code agricole, code des hydrocarbures, code sur les télécommunications, loi sur l’électricité, loi

sur l’eau…Dans le secteur des forêts, le code forestier et ses décrets d’application organisent l’exploitation forestière artisanale, l’exploitation des Produits Forestiers Non Ligneux (PFNL), l’écotourisme, l’agroforesterie et la conservation des forêts pour prétendre aspirer au paiement des services environnementaux. Ces pistes d’exploitation à petite échelle sont davantage organisées en faveur des populations rurales et attenantes aux forêts, par le décret portant sur les modalités d’attribution des forêts aux communautés lo-cales. Et comme j’y ai fait allusion, la conserva-tion des forêts dispose de deux grands compar-timents, celui consistant à agir sur les moteurs de la déforestation (bois-énergie, agriculture, mines,…) et celui portant sur la quête des alter-natives économiques, génératrices des revenus nouveaux aux populations, afin d’atténuer leur pression sur les forêts. Il se dégage que les opportunités s’offrent dans les secteurs de l’énergie par la reforestation et l’afforestation, en réponse aux besoins sans cesse croissants en bois-énergie, l’exploitation des PFNL, l’érection des pico et microcentrales hydroélectriques avec la loi sur l’électricité et la disponibilisation de l’Atlas interactif sur les éner-gies renouvelables, l’exploitation minière à pe-tite échelle (Small Scall Mining) organisée par le Code minier, l’exploitation de différents usages de l’eau à petite échelle prévus par la loi sur l’eau, l’élevage des petits ruminants, le recy-clage des déchets domestiques, …

LMF : Que doit faire la RDC pour être éligible aux différents fonds verts existants ? Comment intégrer les structures de microfinance dans le processus de financement des projets verts ? BME : Les différents instruments financiers nés des Conventions Internationales sur la Durabilité En-vironnementale se présentent sous forme des dons ou des prêts concessionnels. Compte tenu de l’éventail très élargi desdits instruments, il est vivement indiqué qu’au niveau de chaque État, une stratégie d’approche soit montée pour bien cerner les spécifications et les contours, et les mobiliser de manière optimale. Déjà, la 70ème Assemblée Générale de l’ONU de septembre 2015 a adopté le Plan stratégique de dével-oppement Durable pour les quinze prochaines années et que le gouvernement de la RDC a souscrit solennellement aux Objectifs du Dével-oppement Durable (ODD), succédant aux Ob-

Microfinance Verte

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jectifs du Millénaire de Développement (OMD) arrivés à échéance en 2015 et dont la réalisation a été fort mitigée par la faiblesse des ressources financières.La RDC pourra bien s’inspirer de l’expérience du Secrétariat Général des Nations Unies qui a mis en place en 2013 toute une superstructure d’experts ayant mission de réfléchir et d’identifier les sources de financement du Développement Durable, et dont le rapport, déjà indiqué, a été approuvé par la 69ème Assemblée Générale

de l’ONU de septembre 2014. Des pays africains, comme le Sénégal et le Tchad, ont mis en place des structures adé-quates avec l’ambition d’explorer des sources des financements à l’échelle internationale et nationale aux fins de soutenir, in fine, tous les projets s’insérant dans le processus du Dével-

oppement Durable.Si l’apport des structures de microfinance et des coopératives est déterminant pour des actions de proximité, de dissémination des revenus et, partant, de multiplication et de l’inclusivité de la croissance économique, vous conviendrez avec moi que celles-ci ont énormément besoin d’un accompagnement institutionnel tous azimuts de l’État dans la mobilisation des fonds verts. Par-ler du financement des projets verts revient tout simplement à épiloguer sur le financement de l’économie nationale. La RDC a tout intérêt à s’inspirer de l’expérience des autres pays africains comme le Sénégal et le Tchad. Le cadre légal prévoit la création d’un Fonds d’Intervention pour l’Environnement, doté d’une personnalité juridique, dans la per-spective de négociation de son accréditation internationale, d’homologation des projets à soumettre au FEM, au FVC, aux Mécanismes de Développement Propre (MDP) et dont le Conseil d’Administration devra être le plus inclusif possi-ble, pour garantir un maximum de transparence et d’adhésion, en l’élargissant aux partenaires de développement, au secteur privé et ban-caire ainsi qu’à la société civile. C’est cet atte-lage qui permettra également, de manière suf-fisamment concertée, d’explorer et de mobiliser le financement supplémentaire interne, comme le préconise le rapport de l’ONU sur le finance-ment du Développement Durable. Pour y parvenir, je propose l’organisation d’une table ronde multipartite dans le cadre d’une approche « marketing d’information » à l’attention des opérateurs économiques publics et privés sur les financements verts multiformes de l’économie, étant entendu que l’option du libéralisme économique fait du secteur privé, le moteur de la croissance économique.

Je précise que les financements verts, prélevés à l’international ou à l’interne, peuvent venir en renfort aux ressources traditionnelles affectées par la baisse des prix du pétrole et des princi-paux minerais à l’exportation, comme c’est le cas de notre pays.

Propos recueillis par Amédée Mwarabu

Microfinance Verte

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Une affaire à faire

« Je transforme les déchets plastiques en tubes PVC »

Le promoteur semi-industriel, Américain Kankonda Tshikololo, a trouvé son au-baine dans le ramassage et la transformation des déchets plastiques en ma-tériaux de construction notamment le PVC, le pavé ou encore les planches. Il nourrit l’ambition de construire une maison 100% écologique. Son génie de-meure, cependant, l’invention d’un collecteur des déchets flottants qu’il a jeté sur la rivière Kalamu à Kinshasa.

La salubrité est un casse-tête dans la capitale de la République Démocratique du Congo. À ce jour, l’Hôtel de ville de Kinshasa n’a ja-mais trouvé la recette miracle pour assainir

totalement ses agglomérations en les débarras-sant non seulement des déchets ménagers mais aussi de ceux que les Kinois jettent sur la place publique. Une poubelle toute naturelle pour les habitants de Kinshasa, ce sont les divers cours d’eau disséminés à travers les vingt-quatre com-munes de la ville-province. Ces rivières sont pol-luées avec toutes sortes de détritus allant des matières fécales aux bouteilles en plastique, en passant par des épaves d’appareils électron-iques. Ces pollutions affectent le fleuve Congo, où se jettent tous les cours d’eau.

Si un système cohérent d’assainissement de la ville fait défaut, les initiatives, tant des autorités publiques que des particuliers notamment des ONG de l’environnement et des PME, ne man-quent pas. C’est dans ce cadre qu’opère Con-go salubrité, une entreprise de collecte et de transformation des déchets plastiques … en ma-tériaux de construction.Avec des moyens du bord, Congo salubrité par-vient à collecter, sur les lieux publics et les cours d’eau, des déchets en plastique (bouteilles, bi-dons, flacons). Une fois ramassés, ces déchets sont transportés pour transformation dans les installations de l’entreprise, située à la 1ère rue dans la commune de Limete.

Américain Kankonda Tshikololo

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L’initiateur de ce projet, Américain Kankonda Tshikololo, est aussi l’Administrateur Directeur Général de Congo Salubrité. Entre 2004 et 2011, cet autodidacte a œuvré comme président des producteurs de l’eau en sachet, communément appelée « Eau pure ». L’idée de lancer ce projet, avec quelques amis, lui est venue à la suite des difficultés rencontrées dans la vente de l’eau en sachet. En 2007, l’autorité de la ville avait interdit ce commerce au motif qu’il salissait la capitale. Américain Kankonda Tshikololo a alors imaginé un palliatif pour gérer les déchets que constituaient les sachets en plastique. Il a, cette année-là, monté une usine semi-industrielle de transformation des déchets. Ainsi est né Congo Salubrité.

Tour de l’usine

En accueillant une équipe de reportage du Magazine La Microfinance, Américain Kankon-da l’a invitée à faire le tour de l’usine. De prime abord, il confie que le hangar dans lequel est installée l’usine lui a été accordé par l’Hôtel de ville de Kinshasa dans le cadre d’un partenariat sur l’assainissement de la capitale. En effet, son usine occupe une dépendance des infrastruc-tures du ministère des Travaux Publics.Dès l’extérieur de l’usine, le visiteur aperçoit un local où sont entassés des milliers de bouchons de flacons en plastique qui attendent leur trans-formation. Dans un autre coin, le propriétaire nous montre les régénérés étalés au soleil. Il s’agit en fait des granulés issus de la transforma-tion des flacons, des bouteilles et des bidons en plastique. Ces régénérés deviennent à leur tour la matière première utilisée dans la fabrication des tubes en PVC.L’Administrateur Directeur Général (ADG) nous

entraîne à l’intérieur de l’usine. Le bruit des dif-férentes machines dominent l’atmosphère. Une dizaine de travailleurs s’active chacun dans sa tâche. Le processus de transformation com-mence par le tri des déchets plastiques. Une fois triés, les plastiques passent successivement dans la broyeuse, puis la déchiqueteuse avant d’arriver au déballeur. À l’issue de ce processus, l’on obtient des régénérés. Ceux-ci sont amenés maintenant dans l’extrudeuse pour être fondus et transformés en tubes PVC. Congo Salubrité fabrique des tuyaux PVC de dimension 5/8ème, longs de 3 m. L’usine peut fabriquer entre 2 000 et 5 000 pièces par jour, selon la disponibilité de l’énergie électrique, confie Américain Kankonda. Comme la plupart d’unités de production à Kinshasa, Congo Sa-lubrité fait face au délestage intempestif de l’énergie électrique, handicap majeur au ren-dement de l’usine. En dépit de cet obstacle, l’entreprise parvient à écouler facilement ses produits auprès des grands distributeurs que sont les quincailleries de la ville. Les tubes PVC sont utilisés comme matériaux de construction. Ils servent notamment comme isolant dans le câblage électrique des maisons et des bâti-ments en construction.Outre les tubes PVC, le patron de Congo Salu-brité nous a montré un échantillon d’un pavé et d’une planche, matériaux fabriqués totalement à partir des déchets plastiques. L’entreprise cherche des partenaires qui peuvent financ-er leur production. Ces pavés peuvent servir à carreler les avenues, revêtir les allées d’une vil-la ou d’un bâtiment public. Il en est de même de planches qui peuvent servir dans la char-pente d’une maison. La production de ces ma-tériaux pour satisfaire le marché nécessite, au

Une affaire à faire

Les régénérés, obtenus après transformation des plastiques

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préalable, des investissements conséquents. Ce que cette entreprise cherche.

Une invention de génie sans financement

Congo Salubrité vient de jeter sur la rivière Kal-amu, au niveau du quartier un collecteur des déchets flottants. Ce dispositif métallique, long d’une dizaine de mètres, est destiné à stop-per tous les déchets flottant sur cette rivière. L’objectif est la dépollution de la rivière de ses déchets durs, notamment les bouteilles en plas-tique et les bidons que les riverains jettent et qui atterrissent généralement dans le fleuve Congo, situé en aval. En installant ce dispositif, Congo Salubrité en-tend collecter un grand volume des déchets en un seul lieu, situé à moins de 2 km de son usine, où ils seront transformés. La collecte se faisant à proximité de l’atelier, le coût de transport est sensiblement minimisé.« C’est une expérience pilote qui peut s’étendre sur plusieurs sites des cours d’eau de Kinshasa », précise notre hôte. Selon lui, il y a 200 sites sen-sibles à la pollution répertoriés sur lesquels peu-vent être installés les collecteurs des déchets flottants. Congo Salubrité a financé sur fonds propres le premier collecteur. Son coût est évalué à 23 500 USD. « Si des partenaires pouvaient m’épauler dans ce projet, je pourrais installer des collect-eurs de déchets flottants sur les 200 sites réper-toriés à Kinshasa », soutient l’ADG de Congo Sa-lubrité, lançant un appel de pied aux potentiels partenaires.

Dans l’immédiat, la technique de collect-eurs des déchets flottants présente l’avantage d’éviter des inondations fréquentes au niveau de ponts jetés sur les rivières Kalamu, Makelele, N’djili. L’autre gain est de nature environnemen-tale. En effet, la collecte des déchets sur les riv-ières évite la pollution du fleuve Congo par des bouteilles plastiques, matière non biodégrada-ble. Congo Salubrité se dit capable, par ailleurs, de produire une maison 100% écologique. Ainsi, les matériaux de construction de la bâtisse provien-draient tous de la transformation des déchets plastiques. Il n’empêche que face aux perspec-tives, ce dernier projet appelle aussi à des in-vestissements importants, spécialement dans l’acquisition de l’outil de production.

Le collecteur de déchets sur les rivières évi-tait la pollution du fleuve Congo notamment en bouteilles plastiques qui ne sont pas biodé-gradables. Par ailleurs, Congo Salubrité se dit capable de produire une maison 100% écologique. Les matériels de construction de cette bâtisse vien-draient tous de la transformation des déchets plastiques. Pour autant, cet autre projet appelle aussi à des investissements importants spéciale-ment dans l’outil de production.

AMK

Tubes PVC

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Événement

Forum Branchless Banking-Mobile Money

Le FPM Asbl et ÉLAN RDC, deux institutions œuvrant pour la promo-tion de l’inclusion financière en République Démocratique du Congo, ont organisé, le 28 avril 2016 à Kinshasa, le forum « Branchless bank-ing : Mobile money » (Banques à distance : paiement mobile). Les réflexions des experts ont permis de situer la place de la RDC dans l’univers des banques à distance, plus particulièrement dans le sect-eur de paiement mobile.

Par Amédée Mwarabu Kiboko

Le Forum « Branchless Banking : Mobile Money » a réuni les acteurs du secteur de la banque à distance, et plus particulière-ment du paiement mobile, parmi lesquels

des représentants des banques commerciales privées, des institutions financières de microfi-nance, des coopératives de crédit et d’épargne, des entreprises de téléphonie mobile, des institu-tions financières internationales, des bailleurs de fonds ainsi que des organismes internationaux œuvrant dans le secteur de l’inclusion finan-cière.

Hôte de ces assises, le Fonds pour l’inclusion fi-nancière (FPM) Asbl, par la bouche de son Di-recteur Général, Jean Claude Thetika, a sou-haité la bienvenue aux participants estimés à quelque quatre-vingts personnes. Dans sa brève allocution, il a circonscrit le contexte du forum et partagé avec l’assemblée quelques don-nées de son institution sur la problématique de l’inclusion financière en République Démocra-tique du Congo.

Jean Claude Thetika DG de FPM Asbl

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Événement

Lui ont succédé, d’abord, le patron d’Élan RDC, Nathan Hulley, coorganisateur du forum. En-suite, la Banque Centrale du Congo (BCC), in-stitution de régulation et de contrôle du secteur de paiement mobile en RDC, représentée par Serge Mputu, Responsable du Service Contrôle Permanent des Institutions de Microfinance.Le thème phare du forum, “ Branchless banking dans le monde et opportunités pour la RDC “, a été développé par Géraldine Baudien-ville de l’agence Altaï Consulting. Al Kitenge, DG de Synergy Group, a planché sur le “ Système d’Information de Gestion” (SIG). Quelques ex-périences de paiement mobile mises en place en RDC ont été respectivement présentées par trois opérateurs : FINCA RDC S.A. pour son service d’agent bancaire « FINCA Express », AIRTEL Con-go pour le produit « Libiki » ainsi que VODACOM M-Pesa pour son produit “Avance sur salaire“. Pour sa part, ÉLAN RDC a présenté les résultats des différentes études menées dans le domaine du paiement mobile en RDC. L’objectif de ces réflexions était de permettre aux acteurs du sect-eur non seulement d’échanger des informations mais aussi et surtout de cogiter sur les voies et moyens de développer le paiement via le télé-phone mobile en République Démocratique du Congo en vue d’accélérer l’inclusion financière. Les échanges ont permis de dégager un con-stat général favorable à l’industrie des banques

à distance et au paiement mobile en RDC. Ce constat se fonde sur la règlementation en vi-gueur, jugée propice au développement d’une industrie des banques à distance et particulière-ment au paiement mobile. Les échanges ont également conduit à identifier les facteurs de ce développement. Il a été ainsi relevé que la clé du succès dans le développement des paie-ments via le téléphone dépendra de la capaci-té des opérateurs (banques et télécoms) à met-tre en place un réseau d’agents plus étendu à travers le pays mais aussi à domestiquer la tech-nologie sans cesse en mutation. De toutes les façons, le développement gé-néral de la RDC incitera la mise en place d’un réseau vaste d’agents du paiement mobile. D’où l’urgence de l’éducation financière de la population pour l’inciter à utiliser à bon escient le paiement mobile. Cela nécessite des nou-veaux partenariats entre opérateurs des télé-coms et banques pour le développement du paiement mobile. Il y a exigence d’intégrer les acteurs (banques, opérateurs des télécoms) en vue de diminuer les charges et d’optimiser le sys-tème de paiement mobile, car, actuellement, il s’observe une absence d’interopérabilité entre acteurs du secteur. Quoi qu’il en soit, le besoin des études appropriées est réel pour faciliter la compréhension des opérateurs du secteur de l’environnement du paiement mobile.

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Événement

Nathan Hulley,Team Leader d’ÉLAN RDC

Le Team Leader d’ÉLAN RDC, Nathan Hulley, a, dans son mot de circonstance, souligné l’importance de ce forum dont la motiva-tion essentielle est de « renforcer l’inclusion

financière en soutenant les acteurs du secteur sur le développement du branchless banking afin de leur permettre de développer des stra-tégies appropriées ». De son point de vue, le secteur du Mobile Money connait aujourd’hui une mutation en termes de connaissance du service, du développement des produits et de l’amélioration du réseau de distribution. Ceci devrait inciter à avoir des études approfondies dans le secteur pour permettre aux acteurs de développer leurs produits et services en connais-sance des causes. C’est dans ce cadre qu’ÉLAN RDC, en collabo-ration avec les opérateurs de téléphonies mo-biles et la Banque Centrale du Congo, a mené, au quatrième trimestre 2015, une campagne

d’éducation pour augmenter la connaissance et la confiance de la population congolaise dans ce service, d’une part, et accroître l’utilisation de paiement via le téléphone portable, d’autre part. « Notre souhait est qu’à l’issue de ce fo-rum, vous, les participants, puissiez évaluer, vous-mêmes, les bénéfices liés à l’introduction du Branchless Banking – Mobile Money dans le renforcement de l’inclusion financière sur toute l’étendue de la République Démocratique du Congo, envisager des partenariats gagnants-gagnants et développer des stratégies à mettre en place », a déclaré Nathan Hulley. Rappelons qu’ÉLAN RDC est un Programme de développement du secteur privé, financé par la coopération britannique (DFID). Ce projet vise à améliorer le fonctionnement des divers marchés en RDC afin d’accroitre les revenus d’hommes et de femmes qui ont actuellement un très faible revenu.

ÉLAN RDC, insiste sur le besoin des études...

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Événement

Le responsable du Service Contrôle Perma-nent des Institutions de Microfinance, Serge Mputu, représentant la Banque Centrale du Congo, a centré son intervention sur les

engagements pris par l’Institut d’émission dans le cadre de l’amélioration de l’inclusion finan-

cière, les dispositions règlementaires, les actions menées pour un meilleur accès aux services fi-nanciers ainsi que les perspectives d’avenir.

« L’inclusion financière est devenue un thème d’actualité … en raison de la nécessité

La Banque Centrale du Congo s’attèle sur l’inclusion financière

Serge Mputu Responsable du Service Contrôle Permantent des Institutions de Microfinance / BCC

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Événement

d’améliorer le bien-être social de la population, lequel passe principalement par l’accès aux ser-vices financiers de base, à savoir l’épargne et le crédit », a dit Serge Mputu. Il est convaincu que les pays ayant un taux élevé d’inclusion finan-cière enregistrent également un taux de crois-sance inclusive importante, contribuant ainsi à réduire la pauvreté, de manière à atteindre les Objectifs de Développement Durable. Pour le délégué de la BCC, « l’inclusion financière permet ainsi d’élargir l’offre des services financi-ers adaptés aux personnes vulnérables afin de les autonomiser financièrement et de leur offrir des opportunités véritables de développe-ment et d’instruction ».C’est donc fort de ceci que la BCC s’est en-gagée, depuis mai 2012, lors des travaux de l’Alliance pour l’inclusion financière, dans le cadre de la déclaration de Maya, dans une sé-rie d’actions pour promouvoir l’inclusion finan-cière en RDC, pays ayant, avec la République Centrafricaine, le plus faible taux en Afrique sub-saharienne.

Parmi les actions en faveur de l’inclusion finan-cière, Serge Mputu a mis dans l’actif de la BCC la publication en novembre 2011 de l’instruction n° 24 relative à l’émission de la monnaie électro-nique et aux établissements de monnaie élec-tronique ; l’agrément de quatre établissements de monnaie électronique ; l’autorisation accor-dée à FINCA RDC d’utiliser les agents bancaires pour rapprocher les services financiers de la cli-entèle.

Aussi, la BCC vient-elle d’accorder à deux autres institutions financières l’autorisation d’utiliser les agents bancaires pour résoudre ainsi le problème de proximité, de convivialité et d’accessibilité de la clientèle aux services finan-ciers de base. Cependant, l’expert de l’Institut d’émission a insisté sur “ l’utilisation à bon es-cient “ des agents bancaires de manière à ce que les bénéficiaires profitent au maximum des avantages inhérents.

« Il a été constaté que chaque virement ou transfert d’une somme d’argent par la monnaie électronique est généralement suivi d’une de-mande d’espèces par le bénéficiaire au lieu de recourir au porte-monnaie électronique pour le

paiement futur. Cette pratique empêche no-tre système financier de jouir de l’opportunité qu’offre la monnaie électronique de réduire la forte circulation de la monnaie fiduciaire, si car-actéristique de notre économie », a fait remar-quer Serge Mputu. Il a interpellé les opérateurs de télécoms sur la nécessité d’une éducation financière au profit des utilisateurs du paiement mobile, d’une part, et sur le respect strict de la règlementation en la matière, d’autre part.

Parlant des perspectives d’avenir pour booster l’inclusion financière en RDC, le responsable du Service Contrôle Permanent des Institutions de Microfinance de la BCC a cité plusieurs actions en chantier, notamment, la publication “ inces-samment “ du projet d’instructions sur les agents bancaires ; l’élaboration en cours des textes rè-glementaires sur la protection des consomma-teurs (la résolution des plaintes, l’utilisation du Taux effectif global, la transparence) ; la présen-tation prochaine au Conseil des ministres du Pro-gramme National d’Éducation Financière (PNÉF) qui a été validé en mars 2016 par le comité de pilotage de la BCC ; l’élaboration d’une Stra-tégie nationale sur l’inclusion financière.

Amédée Mwarabu Kiboko MC du forum

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Événement

La RDC dans l’univers de paiement mobile

La première conférencière, Géraldine Baudienville dans son intervention a présenté un aperçu général sur les tendances du Branchless banking dans

le monde et les opportunités pour la RDC. Géraldine Baudienville, Directrice à Altaï Consulting, une agence internationale de re

cherche en stratégies. Pour elle, le concept Branchless banking, précise t-elle désigne “l’ensemble des systèmes de distribution de services financiers alternatifs aux branches bancaires traditionnelles“. Les banques à distance permettent, selon l’experte, une amélioration de l’accès aux services finan-ciers ( inclusion financière ) en diminuant les coûts de distribution de ces services tout en améliorant la qualité des services offerts aux clients : rapidité, coûts réduits.Pour l’oratrice, l’émergence de ces systèmes de distribution alternatifs a été largement favorisée par le développement des nou-velles technologies de l’information et de la communication. Elle a souligné que ces

systèmes alternatifs ne sont pas accessibles seulement via des téléphones mobiles mais aussi via différents équipements dont des Distributeurs automatiques de billets (DAB), l’Internet banking et les réseaux d’agents tiers. Cependant, Géraldine Baudienville a précisé que le paiement mobile, porté par

les opérateurs télécoms, domine aujourd’ hui l’industrie du branchless banking dans le monde.

Les chiffres clés du paiement mobileLe Mobile Money est né à la suite du constat des chercheurs établissant que dans certaines sociétés africaines ayant une faible pénétration bancaire, les individus utilisaient les transferts de recharge mobile pour envoyer de l’argent aux proches, a soutenu la conférencière. Le premier service de Mobile money à succès a été lancé en 2007 au Kenya, le M-Pesa. Selon les chiffres fournis par Géraldine Baudien-ville, il existe présentement 271 services de paie-ment mobile dans le monde. Ces services sont portés essentiellement par des opérateurs de

Géraldine Baudienville faisant son exposé

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Événement

téléphonie mobile. 52% d’entre eux se trouvent en Afrique subsaharienne. Actuellement, il y a plus de 441 millions de comptes de paiement mobile à travers le monde. Mais, seulement 30% des comptes sont actifs pendant 90 jours et envi-ron 11% de services de paiement mobile ont plus d’un million d’utilisateurs. En 2015, les transactions effectuées via le télé-phone mobile s’élevaient à 18 milliards 9 millions de dollars américains. “ Bien que le Mobile money soit un outil remar-quable pour permettre aux populations non-bancarisées d’accéder aux services financi-ers mobiles, atteindre les plus vulnérables reste un défi”, a fait remarquer la conférencière. De son constat, contrairement aux idées reçues, l’utilisateur type des services de paiement mo-bile reste « un homme urbain qui adopte tôt les nouvelles technologies ». Toutefois, l’absence des données statistiques sur l’utilisation du paie-ment mobile chez au moins trois quarts des opé-rateurs de télécoms ne permet pas d’avoir des statistiques exhaustives. « Un enjeu important pour comprendre les seg-ments mal desservis, leurs usages et les difficul-tés d’accès aux services financiers mobiles est le manque de données : moins d’un quart des opérateurs connaissent le genre ou la répartition urbaine ou rurale de leur clientèle de paiement mobile », a-t-elle regretté.Aussi, à travers le monde, les services Mobile money restent-ils en grande partie limités à des usages élémentaires comme les recharges télé-coms. Cependant, les transferts de personne à personne représentent l’essentiel des revenus générés par les opérateurs. Pour l’experte d’Altaï Consulting, les réseaux d’agents sont un facteur clé du succès des services de paiement mobile, permettant de démultiplier les points de contact avec les clients, d’accroître et de gérer les transactions. Ainsi, les fournisseurs de Mobile money sont en compétition pour déployer les réseaux d’agents les plus larges. En 2015, il y avait 3,2 millions d’agents de Mobile money dans les pays en développement (contre 2,3 millions en 2014), au point que plusieurs fournisseurs font, à présent, face au défi des réseaux trop grands qu’il faut rationaliser.

Les grands enjeux du Mobile Money“Alors que les services de paiement mobile ont été jusqu’à présent largement dominés par les opérateurs mobiles, l’industrie voit aujourd’hui se démultiplier les acteurs entrant sur le marché “note Géraldine. Les banques, messageries fi-nancières, les réseaux sociaux débarquent de plus en plus sur le terrain du paiement mobile. L’industrie des banques à distance fait égale-ment face à des enjeux plus techniques, comme le développement de nouvelles interfaces et l’interopérabilité entre les services, et aussi lo-gistiques, comme la disponibilité du cash.À ceci s’ajoute la baisse des coûts des Smart-phones. Les téléphones intelligents offrent de nouvelles opportunités aux services de paiement mobile, notamment grâce aux applications, et permettent l’entrée de nouveaux acteurs sur le marché. Selon l’oratrice, environ 60% des ser-vices de paiement mobile sont aujourd’hui dis-ponibles via des applications offrant une inter-face plus simple et liant le compte de paiement mobile à d’autres fonctionnalités (contacts, carte, etc.) au bénéfice des utilisateurs.

L’autre enjeu, a-t-elle noté, c’est l’interopérabilité. Celle-ci permet le transfert d’argent entre différents services de Mobile money. Actuellement, l’interopérabilité est en place dans seulement sept pays au monde, dont la Tanzanie. Pour les usagers, l’interopérabilité offre de nouvelles possibilités puisqu’ils peu-vent transférer de l’argent à leurs amis et à leur famille même s’ils n’utilisent pas le même opéra-teur, souligne l’oratrice. Chez les fournisseurs de services, l’interopérabilité augmente les possibili-tés de retrait du cash pour les clients, pouvant ainsi générer des transactions électroniques ad-ditionnelles.

Banques à distance : des opportunités en RDCTous les observateurs sont unanimes de noter que la RDC a connu une croissance significa-tive ces dernières années dans le secteur ban-caire. En effet, la pénétration bancaire a rapi-dement progressé entre 2011 et 2014 en RDC, conséquence notamment de la bancarisation de la paie des fonctionnaires de l’État. Mais elle reste relativement basse et concentrée dans les grandes villes comme Kinshasa, Lubumbashi et les deux Kivu. Géraldine Baudienville explique

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Intervention d’un participant

Événement

cette ascension par l’implantation, ces dernières années, des groupes bancaires panafricains ayant des stratégies régionales à long terme, d’un côté, et par l’élargissement de l’offre dans le secteur bancaire, de l’autre.Pour autant, la géante RD Congo présente des opportunités certaines pour l’émergence du paiement mobile. Sur le plan de la législation, l’experte française note que la « réglementation mise en place en RDC sur le paiement mobile est standard et est propice au développement des services Mobile money par des opérateurs bancaires et non bancaires ». Cependant, « le succès futur des fournisseurs de services branch-less banking en RDC tiendra compte de leur ca-pacité à se positionner rapidement sur un mar-ché en pleine croissance et en mutation ». En clair, le succès dans l’émergence du Mo-bile Money dépendra de la robustesse du ré-seau des agents mais également de l’habileté à s’approprier la technologie. Tout autant, le développement général du pays boostera le paiement mobile. Sinon, les millions de Congo-lais non encore desservis par l’électricité, les banques, les télécoms, ne pourraient pas être concernés par l’inclusion financière. Bien plus, le marché des grandes entreprises générant un intérêt croissant pour le financement des PME, ajouté à une volonté du développement du segment « retail », à l’élargissement de l’offre des services et à l’extension des réseaux, ou en-core au besoin des ressources à moyen et long termes sont plutôt des atouts pour le développe-ment de l’industrie des banques à distance dans le pays, pense Géraldine.

Selon elle, les institutions de microfinance et les coopératives apportent une contribution signifi-cative à l’inclusion financière en RDC. Il existe environ 1,9 million de comptes ouverts dans les institutions de microfinance et les coopératives depuis 2012, année de lancement du paiement mobile au Congo Kinshasa. En parallèle, le pays a vu se développer les services de Branchless banking à l’initiative des opérateurs télécoms à travers les services de Mobile Money, aujourd’hui relayés par les banques. Néanmoins, les princi-paux services de Mobile Money accessibles en RDC sont portés par les opérateurs télécoms.

En somme, la RDC reste propice au développe-ment du paiement mobile. Le Branchless bank-ing offre un panel de solutions pour capter les opportunités du marché congolais : croissance économique forte ; importante population de près de 75 millions d’habitants, avec un taux de croissance annuel de 3,2% ; forte croissance annuelle du PIB et du PIB par habitant (respec-tivement 9% et 5,7% en 2014) malgré un ralen-tissement en 2015 (croissance PIB 2015: 7,7%) ; faible pénétration des services bancaires; en-vironnement légal régissant les services finan-ciers digitaux largement propice à leur dével-oppement ; marché des télécoms dominé par un faible nombre d’opérateurs qui ont initié l’émergence d’une société cashless via leurs services de Mobile Money ; contexte favorable à l’arrivée de nouveaux acteurs, notamment avec l’augmentation de l’utilisation des smart-phones.

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SIG, un système intelligent d’intégration

Dans son intervention sur le Système d’information et de gestion ( SIG ), le Directeur Général de Synergy Group, Al Kitenge, est d’avis que les opérateurs

de l’industrie des banques à distance devraient capitaliser la révolution technologique existante pour intégrer leurs services au lieu, comme c’est le cas présentement, de travailler chacun dans son coin. En effet, jusque-là, les banques, les entreprises de télécoms, les messageries finan-cières intervenant dans le Branchless banking opèrent chacun reclus dans son secteur. Ce qui rend le système plus coûteux en ce qui con-cerne les charges notamment.Selon l’expert, la technologie permet aujourd’hui d’intégrer tous les acteurs du Branchless Banking et d’optimiser leurs services. En effet, la révolution technologique fait que, quel que soit le type de téléphone ou tablette, chaque utilisateur, dans son appareil, détient plusieurs possibilités d’effectuer un paie-ment à distance : Facebook banking, Whatsapp banking, Viber banking, Twit-ter banking, Linkedin banking, Messenger banking. Al Kitenge soutient qu’il y a moyen d’effectuer des paiements (électricité, eau, minerval, frais d’assurances, loyers, sou-scriptions, taxes), des achats (crédit télépho-nique, tickets, matches, films, billets d’avion, coupons d’achat) ou même des transactions bancaires (comptes conjoints, soldes, transac-tions, demande de chéquiers, alertes grands montants, relevé de compte sur cartes de crédit, demande et suivi de crédit, ordre de paiements réguliers).Parlant des canaux utilisés, l’orateur propose que les marchands et agents utilisent les TPE (ter-minaux de paiement électronique) qui offrent plusieurs avantages : facteurs d’authentification (PIN, biométrique,…), géolocalisation, connec-tivité (GPRS, 3G, Multi-réseaux, Bluetooth, Wifi,…),

capture de signature, imprimante, lecteur de code-barres, batterie longue autonomie. Quant aux clients (consommateurs du système d’information de gestion), ils peuvent utiliser le téléphone portable, l’ordinateur, la tablette ou la carte bancaire. L’architecture de ce système permet ainsi de connecter toutes les institutions financières, rap-procher les marchands, connecter les services (électricité et eau), raccorder les opérateurs des réseaux mobiles (TNS). Tout aussi, cette archi-tecture permet d’assurer l’interopérabilité avec les opérateurs de téléphonie mobile, assurer l’intégration aux protocoles USSD (Unstructured Supplementary Service Data) et GPRS (General Packet Radio Service), bénéficier d’un modèle d’hébergement garanti (Cloud). Pour Al Kitenge, cette architecture ne nécessite aucune infrastructure matérielle informatique.

Au contraire, elle permet de minimi- ser les dépenses en investissement, ou-tre son caractère hautement sécuri-sé.Cette plateforme, qu’il appelle “multi-opérateurs mobiles et multi-

banques“ peut fonctionner simultanément avec n’importe quel opérateur de téléphonie mobile: réseaux GSM (Global Systems for Mobile Com-munication) ou CDMA (Code Division Multiple Access).

Par ailleurs, à en croire Al Kitenge, avec un tel système, les institutions financières n’ont aucun besoin de signer des accords avec les opéra-teurs de téléphonie mobile dans les pays où elles se sont implantées. Bien plus, ces institutions ont accès à plusieurs banques à l’aide d’une seule application.

Les avantages d’un système intégré sont nombreux. Al Kitenge cite, notamment :

augmentation du profit, réduction du coût d’exploitation, meilleure gestion des res-

sources, acquisition des clients, visibilité du marché, fidélité à la marque, fidélisation

de la clientèle.

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Événement

FINCA Express, un maillage réussi d’agents bancaires

L e représentant de FINCA RDC S.A., Jean Kabongo, Chargé des intiatives stra-tégiques, a été le premier à se prêter à l’exercice de partage d’expériences de

terrain pour promouvoir l’inclusion financière en RDC. Il a, à la demande des organisateurs, présenté le produit « FINCA Express », un réseau d’agents bancaires destiné à assurer la proxim-ité avec le client en vue de lui faciliter l’accès aux services financiers de base. Un agent « Fin-ca Express » a un profil TPE (Très Petite Entreprise: boutique, pharmacie, shop, magasin, etc.), précise l’orateur. Il opère sur base d’un terminal de paiement électronique (POS) biométrique, connecté à FINCA par un APN (Access Point Name) via un switch. Ainsi, les agents bancaires propriétaires de point FINCA Express peuvent offrir aux clients de FINCA plusieurs services fi-nanciers, notamment le dépôt et le retrait du cash, la vérification du solde de compte, l’impression du mini-relevé et le virement de compte à compte, la demande d’ouverture du compte d’épargne. Toutes les transactions qu’il effectue sont en temps réel. Le point FINCA Express est ouvert 6 à 7 jours par semaine. Dans le cadre du suivi de ses agents bancaires, l’agent FINCA Express est formé et reçoit la visite régulière du staff dédié de Fin-ca, en moyenne deux visites de monitoring

par semaine. L’agent FINCA Express doit avoir une forte capacité de liquidité pour assurer l’efficacité du service. « Le solde minimum à maintenir sur son compte varie entre 500 et 1000 dollars américains », soutient Jean Kabongo. En cas de découvert temporaire ou pérenne, cet

agent est soutenu financièrement. Aussi, est-il évalué très régulièrement par rapport à un standard fixé par la société. Il est au départ sélectionné sur base d’un critère bien défini.L’encours d’épargne est de 30 millions USD.

Cette institution financière de microfinance compte actuellement 19 Agences en plus d’un réseau de 750 agents bancaires FINCA Express répartis à Kinshasa, au Kongo central, au Katan-ga et dans les deux Kivu. Elle compte bientôt se déployer à Kisangani, Mbuji-Mayi et Kananga, selon le Charge des intiatives stratégiques de FINCA RDC.En perspective, FINCA RDC envisage d’augmenter son maillage d’agents bancaires

FINCA Express, s’implanter dans le milieu rural et nouer des partenariats stratégiques pour renta-biliser l’investissement.

Opérationnel dans le pays depuis 2003, FINCA RDC S.A. a comme mission principale de “ réduire la pauvreté grâce à des solutions du-rables qui permettent aux gens d’accumuler des richesses durables, de créer des emplois et d’améliorer leur niveau de vie”.

Avec son réseau d’agents bancaires, FINCA se présente

aujourd’hui comme l’une des plus grandes institutions de microfi-

nance en RDC. Son encours crédit est estimé à 70 millions USD avec 120 000 clients crédit et plus de

260 000 clients épargne.

Les agents bancaires FINCA Express travaillent entre 12 et 15 heures par jour. Ils assurent ainsi la continuité du service quand

les guichets de Finca sont fermés dans les agences.

62 MicroFinance juin-Août 2016

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Événement

M-PESA expérimente Avance sur salaire

L e Représentant de Vodacash S . A ., Morgan Kabongo, a décrit l’expérience du tout nouveau produit de M-Pesa, à savoir “Avance sur salaire “. M-Pesa est la solu-

tion Mobile-Money de Vodacom, lancée depuis Novembre 2012. Il permet à ses abonnés de faire des transactions financières à partir du télé-phone, partout où il y a la couverture du réseau Vodacom et la présence de distributeurs M-Pe-sa. Vodacash S.A. développe le produit “Avance sur salaire” en partenariat avec Sofibanque, une banque commerciale privée, depuis octobre 2015. L’objectif poursuivi avec « Avance sur salaire » est de venir en aide aux fonctionnaires de l’État.”Avance sur salaire” est un coup de pouce pour les fonctionnaires désireux d’avoir un peu d’argent avant la fin du mois au lieu du-tiliser le service d’une “ Banque Lambert dont les taux d’intérêts sont généralement onéreux”, a dit Morgan Kabongo. Vu le taux très faible de la bancarisation en RDC, Vodacash vise à amener une grande par-tie de fonctionnaires payés par les banques, à l’inclusion financière en leur faisant profiter des avantages de ce service. Ledit service est gra-tuit et la demande d’emprunt se fait sans trop de tracasseries administratives. Le client remplit une seule fois les formulaires de souscription à ce

service aux guichets de Sofibanque. Il ne peut plus effectuer de déplacement vers les guichets bancaires pour solliciter des nouveaux crédits. Il sera désormais servi auprès des shops Vodacom et d’autres agrégateurs M-Pesa qui se trouvent dans sa commune.

Concrètement, le fonctionnaire qui sollicite une avance sur salaire obtient jusqu’à 20 % de son salaire avant la paie. Le montant de l’emprunt varie de 5 000 FC à 20 000 FC. Ce qui évite aux agents de l’État de recourir à ce qu’on appelle communément “Banque Lambert”, c’est-à-dire des particuliers qui prêtent à des taux de rem-boursement allant de 50% à 100%.

La RDC compte 18 banques ; 80 % des effectifs des fonctionnaires de l’État sont payés princi-palement par trois banques : Sofibanque, TMB et Ecobank. En perspective, Vodacash S.A. compte at-tirer beaucoup plus de fonctionnaires au pro-duit “Avance sur salaire” dans le cadre de l’inclusion financière ; augmenter, en con-séquence le montant de l’Avance sur salaire ; signer des contrats de partenariat avec les autres banques commerciales au terme de la période d’exclusivité avec Sofibanque.

Morgan Kabongo Représentant de Vodacash S . A .

La MicroFinance Juin-Août 2016 63

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Événement

AIRTEL LIBIKI Le micro-crédit sans garantie

Une autre expérience de partenariat entre un opérateur télécoms et une banque commerciale s’appelle” Libiki”. C’est un produit proposé par AIRTEL Congo à tra-

vers sa branche de Mobile Money - Airtel Money en partenariat avec la banque commerciale privée UBA. “ Libiki” est donc une offre de mi-cro-crédits sans les garanties usuelles requises. Alain Tshumba, du service Business Development chez Airtel Money, a expliqué cette expérience d’inclusion financière. Au nombre d’avantages qu’offre “Libiki“ : un accès rapide et facile au

micro-crédit, une amélioration de la qualité de vie de la population, une incitation des masses à se bancariser. Destiné à favoriser l’inclusion financière, ”Libiki“, comparé au marché, s’octroie avec un taux d’intérêt faible. Le crédit est de 30 jours, sans ga-rantie ni hypothèques. Cependant, le challenge pour Airtel Money avec « Libiki » reste de renvers-er la tendance, étant donné que ce produit est sollicité à plus de 99,9% par les hommes. À peine 0,01% de femmes l’a sollicité. Il faudra, à dé-

faut de renverser la tendance, l’équilibrer car les disparités sont criantes sur le plan Genre dans l’accès à ce service. Ce qui passerait sans doute par une sensibilisation plus ac-crue de la gent féminine.Lancé depuis mai 2015, « Libiki » a déjà accordé environ 22 751 crédits d’une valeur totale de 154 143 USD. La moyenne journalière de crédit ac-cordé à travers ce produit est d’environ 471 USD. Malgré le faible taux de recouvrement à ce jour, 33%, Alain Tshumba croit aux chances de réus-site du projet qui a à peine une année de mise en œuvre.

Croyant sur l’importance de ce service dans la promotion de l’inclusion financière, Alain Tshum-ba pense qu’il est nécessaire d’œuvrer dans l’éducation financière pour sensibiliser davan-tage les clients potentiels.

UBA et AIRTEL S.A. ont 15 ans d’expérience en République Démocratique du Congo. Ils sont présents dans 18 pays d’Afrique.

Alain Tshumba, exposant sur AIRTEL LIBIKI

64 MicroFinance juin-Août 2016

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Événement

ÉLAN RDC investit dansl‘éducation financière

ÉLAN RDC a profité de la présence des banques, des entreprises de télécoms et des bailleurs de fonds au forum Branchless Banking pour présenter les résultats de ses

différentes campagnes d’éducation au paie-ment mobile.Xavier Desmoulin et Syntich Tshibanda d’ÉLAN RDC ont présenté les différents résultats, notam-ment l’étude de détermination de la portée des services mobile en République Démocratique du Congo réalisée au cours du deuxième tri-mestre 2014. Au deuxième trimestre 2015, une autre étude a été menée sur le renforcement du modèle de distribution des produits et ser-vices Orange Money. Au troisième trimestre 2015, ÉLAN RDC a contribué au lancement de la campagne d’éducation commune Airtel Mon-ey, Tigo cash & M-Pesa. Au quatrième trimestre 2015 une étude a été menée sur l’intégration des femmes micro-entrepreneuses au réseau d’agents Tigo cash.Selon les deux conférenciers, toutes ces études visent notamment à : partager l’information sur les marchés en vue d’influencer le changement de comportement ; introduire des innovations en faveur des défavorisés avec les acteurs in-fluents du marché ; renforcer les capacités des acteurs influents du marché pour adopter des changements en faveur des pauvres.

Dans sa vision, ÉLAN RDC est un programme de développement du secteur privé qui vise à mieux faire fonctionner les marchés afin d’avoir un impact positif sur les revenus de 1,7 million de personnes à faible revenu en RDC d’ici 2020.Dès cette année 2016, ÉLAN RDC propose aux différents acteurs (opérateurs télécoms et banques) de cofinancer plusieurs études qui cibleront directement les zones d’ombre dans leur compréhension respective du marché des services financiers sur mobile dans le pays. Ces études concernent principalement l’analyse du marché pour les banques et devraient couvrir les thèmes tels que “Cartographie de l’environnement concurrentiel“, “Usage du Mo-

bile Money”, “Usage du mobile”. Selon ÉLAN RDC, ces études permettront de construire un “ benchmark précis et exhaustif des différents services financiers (formels & informels)” à travers notamment les offres et leur contenu, les diffé-rents tarifs, les conditions d’accès et d’utilisation.

D’autres études devraient porter sur les besoins et la consommation des services financiers. Ce qui permettrait de mesurer les niveaux de con-sommation des services financiers (les pénétra-tions et volumes d’usage, les perceptions, les satisfactions et les frustrations, les appétences aux nouveaux services).

ÉLAN RDC compte aussi dupliquer la campagne d’éducation dans les autres provinces, dévelop-per des produits plus adaptés à la cible et aider à l’amélioration quantitative et qualitative du réseau d’agents.ÉLAN RDC intervient comme facilitateur, fournis-sant une expertise et des conseils pour inciter les acteurs du marché à s’attaquer aux contraintes des secteurs au profit des pauvres, avec un ac-cent particulier sur les femmes.Financé par le Coopération britannique (UKAID) et mis en œuvre par l’organisation Adam Smith International (ASI), ÉLAN RDC fonde son travail sur l’établissement des partenariats étroits avec les secteurs privé et public.

Exposé de Xavier Desmoulin et Syntich Tshibanda d’ÉLAN RDC

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Interview de Jean-Claude THETIKA ( DG de FPM ASBL Intervention de Alain TSHUMBAAIRTEL CONGO

Nathan HULLEYTeam Leader ÉLAN RDC ( au centre)

Intervention de Xavier Desmoulin & Syntich TSHIBANDA ÉLAN RDC

Intervention de la DGA de la Procrédit bank

De gauche à droite, Yvonnik Peyraud (DG d’Advans Banque Congo), Xavier Desmoulin ( ÉLAN RDC), AL KITENGE ( SINERGY GROUP)

Arrivée & accueil de staff G I Z

66 MicroFinance juin-Août 2016

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DIRIGEANTS DES COOPEC ET IMF

CERTIFICATS MODULES FRAIS KINSHASA / KIKWIT BUKAVU / GOMA CIBLES

MEMBRES DES ORGANES ET GÉRANTS

(UN DIRIGEANT + UN GÉRANT PAR INSTITUTION)

COMPTABLES, ANALYSTES FINANCIERS

ET CONTRÔLEURS DE GESTION

MANAGERS

GESTIONNAIRES DES RISQUES,

CONTRÔLEURS ET AUDITEURS INTERNES

COMPTABLES ET CONTRÔLEURS DE GESTION

MANAGER OIT 1

GESTIONNAIRES DES RISQUES, AUDITEURS/

CONTRÔLEURS INTERNES

Rôles et responsabilités des dirigeants

2 pers/

institution

250 USD

02 et 03/05

04 au 06/05

06 au 10/06

04 au 08/07

09 au 10/05

11 au 13/05

13 au 17/06

11 au 15/07

08 au 13/08

13 au 24/06

16/05

18 au 21/05

20 au 24/06

18 au 22/07 25 au 29/07

27/06 au 01/07

24 au 27/05

23/05

04 au 15/07

01 au 05/08

04 au 08/07

06 au 10/06

04 au 06/05

02 et 03/05

11 au 15/07

13 au 17/06

11 au 13/05

09 au 10/05

200 USD

par participant

250 USD

par participant

200 USD

par participant

Précis de la réglementation : présentation, analyse

et compréhension des textes (besoin de conformité)

Gouvernance CGAP

Analyse institutionnelle et stratégies d’entreprises

Comprendre le guide comptable des établissements

de crédit (banques et IMF)

Comprendre les IFRS/IAS

Schéma comptable et analyse des écritures

Méthodes d’analyse des coûts/Comptabilité analytique

Analyse financière par la méthode des ratios

Introduction à la gestion de la micro finance

Marché et marketing

Gestion des risques

Architecture institutionnelle

Vers une efficience et une efficacité accrues

Introduction à la gestion des risques :

environnement, évaluation et cartographie des risques

Gestion des risques CGAP

Contrôle interne : dispositif, outils et procédures

Audit interne : dispositif, outils et procédures

PROGRAMME DE FORMATION

SESSION 2016

Pour inscription, contacter : Great Lakes Consulting (GLC SARL), [email protected], Tél: +243 99 78 35 462

FPM ASBL, [email protected], Tel: +243 099 200 61 39

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Pionnier du Mobile Banking

dans le mondeLe Mobile Banking est l’un des domaines où l’Afrique peut donner des leçons au reste du monde. Car, le Kenya est leader dans le paiement mobile. Au pays du safari, les sociétés de télécoms rivalisent avec les banques pour gagner les parts de marchés dans la bancarisation via la téléphonie mobile.

L‘histoire de Mobile Banking rime avec le Kenya, ce pays de l’Afrique de l’Est où est né M-Pesa (M pour mobile et pesa, argent en swahili). C’est un “système de micro-

financement et de transfert d’argent par télé-phone mobile”, lancé en 2007 par Vodafone pour Safaricom et Vodacom, deux plus grands opérateurs de téléphonie mobile au Kenya et en Tanzanie. Il s’est, depuis, étendu à l’Afghanistan, l’Afrique du Sud, l’Inde et, en 2014, l’Europe de l’Est. Le système est simple. Il permet aux utilisateurs de déposer de l’argent sur un compte stocké sur leur téléphone portable, et d’en envoyer en uti-lisant un numéro d’identification personnel (PIN) et un SMS sécurisé. Ils peuvent ainsi payer des biens et des services et de réclamer des verse-ments réguliers. L’opérateur perçoit une petite commission, comparativement aux banques traditionnelles, lorsqu’ils envoient ou retirent de l’argent par le système. M-Pesa est un opéra-teur financier ne relevant pas de la branche bancaire ; les clients de M-Pesa peuvent re-tirer et déposer de l’argent auprès d’un réseau d’agents revendeurs de crédit téléphonique et des points de vente agissant comme des inter-médiaires bancaires.

Un « success story » africain

Sur leur téléphone portable, 24h sur 24 et 7 jours sur 7, près de 20 millions de Kenyans ont la pos-sibilité d’envoyer et de recevoir de l’argent.

Développé entre 2003 et 2006 par Sagentia, en-treprise spécialisée dans le développement des produits technologiques, pour le compte de Sa-faricom, filiale de Vodafone, l’innovation satisfait à la fois les lettrés et les illettrés. Il suffit juste de savoir utiliser les bases fondamentales d’un télé-phone portable pour souscrire gratuitement au service M-Pesa. Une fois abonné, le client dispose sur sa carte SIM d’un e-compte dans lequel il peut verser de l’argent, le recevoir ou encore le transférer à un tiers. Dès sa mise en service en mars 2007, M-Pesa se limitait à la réception et à l’envoi d’argent via le téléphone. Le service est très vite adopté par les populations kenyanes. Son marketing repose sur un simple slogan de trois mots : Send money home (envoyer l’argent à la maison). Il séduit cinq millions d’abonnés dès les deux premières années de lancement. Et le succès va grandis-sant.Le succès rencontré par M-Pesa, aujourd’hui cité comme exemple dans le monde entier, est la résultante de trois facteurs : le boom de la téléphonie mobile dans le pays ; la sim-plicité, l’accessibilité et ses faibles coûts ; et enfin l’action de la Banque Centrale Kenyane pour la validation du service.

Innovations permanentes

À ce jour, comme on peut le constater sur son site web, M-Pesa ne se limite plus seulement au transfert d’argent. Depuis 2010, Safaricom a mis

Vue d’ailleurs

KENYA

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sur pied M-Kesho, un service subsidiaire à M-Pesa qui permet d’avoir un compte ban-caire (épargne) dans une banque traditionnelle à travers son téléphone portable. C’est avec Equity Bank, une grande banque commerciale offrant des services de microfinance, que M-Kesho a été lancé. Moins de deux ans après, 700 000 comptes ont été ouverts pour un total de quelque 8 millions de dollars de dépôts.

Sur le site web de l’entreprise, on peut con-stater que ce n’est plus la seule possibilité d’avoir un compte bancaire. À travers le ser-vice « M-Pesa to Bank » ou encore « Bank to M-Pesa », il est possible aux abonnés du ser-vice d’avoir accès à leur compte bancaire ou d’effectuer des opérations bancaires à partir de leur téléphone portable. Les banques concernées sont Barclays Bank,

Vue d’ailleurs

La MicroFinance Juin-Août 2016 69

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Commercial Bank of Africa, Consolidated Bank, Cooperative Bank, Equity Bank, Family Bank, Housing Finance, KCB Bank, K-Rep, National Bank, NIC Bank, Post Bank, Standard Chartered et Transnational Bank. “Avec M-Pesa to Bank et Bank to M-Pesa, les clients ont la possibilité de déposer de l’argent sur leurs comptes bancaires à partir de leur M-Pesa, et de retirer de l’argent de leur banque pour le mettre sur leur compte M-Pesa sans vis-iter la banque”, explique Safaricom. Le coût des transactions M-Pesa - banques est fixé par les banques et diffère d’une banque à l’autre.

Ce succès a même suscité la concurrence en-tre les banques et les opérateurs de téléphonie mobile, qui ont lancé des services similaires au M-Pesa. Ainsi, trois autres banques (KCB Con-nect, Pesa-Connect et Family Bank’s Pesa Pap) ont introduit des produits de paiement mobile,

et les opérateurs de téléphonie mobile tels que Zain ou Essar ont également lancé leur service: Zap pour Zain et Yu Cash pour Essar. Ils n’ont cependant pas connu le même succès que M-Pesa, qui a une longueur d’avance sur ses con-currents. M-Pesa permet désormais de payer les frais de scolarité, de payer des factures (super-marchés, taxis, billets d’avion, hôpitaux, etc.), d’effectuer des prêts sociaux, ou encore de col-lecter des fonds. Plus encore, en 2010, le service M-Pesa incluait déjà la possibilité d’envoyer de l’argent via Western Union dans 45 pays.

La Microfinance avec l’Agence Ecofin.net

Vue d’ailleurs

70 MicroFinance juin-Août 2016

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Nécessité de capitaliser le Mobile Banking

dans l’inclusion financière

La République Démocratique du Congo accuse un très faible taux de ban-carisation (6%), laissant plus de 40 millions d’adultes en dehors du circuit bancaire. Pourtant, plus de 35 millions de congolais sont connectés à la télé-phonie mobile. Dans sa quête à l’inclusion financière, la RDC peut booster significativement son faible taux de bancarisation par la popularisation de l’utilisation des services financiers de base via le téléphone portable. Pour autant, la culture des services financiers devrait s’enraciner dans le chef des congolais pour que le Mobile Banking enregistre un véritable succès comme c’est le cas ailleurs en Afrique.

Au pied de la microfinance

La MicroFinance Juin-Août 2016 71

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Le”Mobile Banking” n’est rien d’autre que l’utilisation des services financiers via la télépho-nie Mobile. Et, on parle de Mobile Banking au sens strict lorsque le numéro de la carte SIM de l’usager du téléphone mobile est connecté à un compte bancaire. La pratique fait des émules en Afrique de l’Est et de l’Ouest depuis quelques années. En République Démocratique du Congo, ce-tte innovation n’est pas encore suffisamment domestiquée. Certes, tous les cinq opérateurs de télécoms d’envergure nationale font déjà le « Mobile Money », le paiement mobile (trans-fert d’argent, épargne, recharge des crédits de communication, paiement des factures d’électricité et d’eau), sans que le numéro de téléphone de l’abonné ne soit connecté à un compte dans une banque classique.

Le Mobile money congolaisDans le monde de télécoms en RDC, AIRTEL CONGO (plus de 7 millions d’abonnés) a été le premier à lancer sur le marché son « Airtel-money », le 20 mars 2012. Le leader dans la téléphonie cellulaire en RDC, VODACOM (plus 11 millions d’abonnés), a suivi la même année avec son” M-Pesa”. TIGO (6,6 millions d’abonnés de téléphonie cellulaire) fait aussi du Mobile Money avec son Tigo-Cash lancé le 20 juillet 2012. Très récemment, ORANGE RDC (5,2 millions d’abonnés) a largué en 2015 son”Orange Mon-ey”. Seul AFRICELL (3 millions d’abonnés) était en retard jusque-là. Mais depuis fin mars 2016, AFRICELL a lancé à Kinshasa “Afrimobile Money” et embarque dans le train du paiement mobile. On estime aujourd’hui à 2 millions les utilisateurs des services financiers à partir du téléphone en RDC sur un total de 35 millions d’abonnés à la téléphonie cellulaire. Ce n’est qu’un petit pas même si l’on sait que cette innovation est ré-cente dans le pays. Le plus encourageant est que les opportunités dans le secteur restent in-tactes. Au Congo Kinshasa, le taux de bancarisation est de 6%, soit 13 millions de comptes ouverts dans les banques. Plus de 40 millions d’adultes con-golais n’ont pas encore un compte dans une banque classique. Et ce, en dépit de l’expansion du secteur bancaire observée ces cinq dern-ières années. De 2010 à 2014, on est passé de 3 millons de comptes ouverts à plus de 13 mil-lions. Cependant, la grande majorité de ces

comptes ouverts appartiennent aux citadins. Le milieu rural reste très peu desservi en agences de banque.C’est dire que le chantier de l’inclusion finan-cière, définie comme la proportion d’individus et d’entreprises qui utilisent des services financi-ers, est quasi intact.

Mobile banking : les facilités

attendues de la BCC

Avec 35 millions d’usagers du téléphone mobile, la monnaie électronique s’érige en véritable op-portunité de décupler l’inclusion financière en RDC. D’abord, parce que l’usage du téléphone est de plus en plus répandu à travers le pays. Les compagnies cellulaires, par leurs agences et le réseau des revendeurs des cartes des crédits, sont de loin mieux implantées dans le pays que les agences des banques. Ensuite, la monnaie électronique est une in-novation simple et ne nécessite pas un niveau élevé de connaissances. Il suffit de savoir manier un téléphone pour effectuer toutes les opéra-tions (dépôt, transfert, paiement d’une facture d’électricité). Enfin, il reste seulement à l’État, par le truche-ment de la Banque Centrale du Congo (BCC), institution qui supervise le commerce de la mon-naie en RDC, d’accorder plus de flexibilités dans le système bancaire pour booster le “mobile Money” vers le “ Mobile Banking”, en renforçant le dispositif juridique et prudentiel pour la mon-naie électronique, les opérations e-banking, la monétique. Le M-PESA kenyan, par exemple, in-clut aussi la possibilité d’envoyer de l’argent, via Western Union, dans 45 pays à travers le monde.

Le modèle kenyan

Au Kenya, leader africain dans le Mobile Banking, le succès de cette innovation africaine n’est pas le fruit du hasard. Le M-Pesa kenyan (plus de 20 millions d’utilisateurs de paiement mobile pour plus d’un milliard de dollars améric-ains de flux financiers chaque mois), aujourd’hui cité comme exemple dans le monde entier, est le fruit de la conjugaison des trois facteurs : le boom de la téléphonie mobile dans le pays ; la simplicité, l’accessibilité et la faiblesse des coûts des transactions ; et enfin l’action de la Banque Centrale Kenyane pour la validation du service.

Au pied de la microfinance

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La RDC, avec seulement 56 millions usd de flux financiers qui passent par le paiement mobile peut s’inspirer de l’exemple kenyan et réaliser un accroissement exponentiel des abonnés au paiement via le téléphone mobile. Au regard de l’expérience kenyane, la RDC remplit déjà les deux premiers facteurs. Il reste seulement à l’État, à travers la BCC, de s’investir davantage dans l’octroi des facilités aux sociétés de télé-coms afin de rendre effectif le Mobile Banking. Ce qui permettra d’accroître le taux de ban-carisation d’une part, et de ramener dans le cir-cuit formel la masse monétaire qui circule dans l’informel, d’autre part.La RDC a donc un pas à faire pour que l’utilisation des services financiers migre vers le“Mobile banking” au sens strict. Cette muta-tion permettra de sécuriser davantage le paie-ment mobile d’autant qu’en associant le numé-ro de la carte SIM d’un abonné à un compte bancaire, l’usager du téléphone devra donner plus d’informations sur lui. C’est ici que la législation congolaise en la mat-ière doit évoluer, comme c’est le cas au Ken-ya, en Tanzanie et dans les pays d’Afrique de l’Ouest.

Le Mobile banking au service de la microfinance

L’accès aux services financiers via le téléphone mobile est aussi une opportunité de promouvoir les activités des institutions de microfinance (IMF) et des coopératives d’épargne et de crédit. En effet, le paiement mobile permet d’aider les IMF et les coopératives à rationaliser leurs opérations du fait que le coût des transferts d’argent est

réduit. Ainsi, ces institutions financières décen-tralisées peuvent offrir des taux d’emprunt plus compétitifs à leurs utilisateurs qui sont souvent des populations pauvres et à faibles revenus.

Toutefois, une campagne d’éducation s’avère indispensable pour aider les populations cibles des institutions de microfinance et des coopé-ratives d’épargne et de crédit à comprendre la nécessité de s’approprier le Mobile banking. Dans la même perspective, il faudra former et éduquer les agents des IMF et des coopératives aux spécificités de cette innovation moins con-nues en RDC.Il y a une évidence : le faible niveau de dével-oppement économique de la RDC (740 USD de PIB/habitant, selon le gouvernement), comme celui de la plupart des pays africains, néces-site des moyens de financement pour inciter l’activité de production, maintenir la croissance et impulser l’amélioration des conditions de vie des populations (63% des Congolais sont con-frontés à l’insécurité alimentaire).

Alors que la République Démocratique du Con-go se situe au premier rang des demandeurs des services financiers, il est d’une extrême urgence que le gouvernement, par le truchement de la BCC, s’investisse afin que les prestations ban-caires jouent un rôle prépondérant en tant que « faits pourvoyeurs et collecteurs à court et long terme des ressources indispensables à la vie des nations “. Amédée Mwarabu

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L’inclusion financière, facteur de croissance

Les études empiriques du Fonds Monétaire International (FMI) tendent à montrer que “plus une économie est financièrement inclusive, plus elle a de chance de croître rapidement”. Elles montrent aussi que « les inégalités de revenus tendent à diminuer à mesure que l’inclusion financière augmente (avec toutefois un accroissement des inégalités de revenus lors des tout premiers stades du développement financier car les plus aisés en bénéficient les premiers) ».

Au regard de ces études menées en 2014, moins de 5% d’adultes vivant en Afrique subsa-harienne (ASS) ont reçu un crédit auprès d’une institution financière formelle dans les douze mois précédant l’enquête. Pourtant, sur la même période, près de la moitié des adultes ont emprunté, mais de manière informelle pour 9 sur 10 d’entre eux (comptes débiteurs en ma-gasin, emprunts auprès des proches ou de prêteurs sur gage, emprunts en nature…). En effet, parce qu’ils manquent de garanties, d’antécédents de crédit et de connaissance en matière financière, les pauvres sont les plus touchés par le manque d’accès au crédit formel.

Au final, les populations d’ASS qui vivent en dehors de l’économie formelle dans des régions éloignées, souvent dépourvues de succursales bancaires classiques, dépendent massive-ment de systèmes financiers alternatifs, onéreux et risqués pour effectuer leurs opérations financières de base.

Au final, à côté des services bancaires formels, les services déployés par les Institutions de microfinance (IMF) et les opérateurs de téléphonie mobile ont permis d’accroître l’inclusion financière en ASS à 39% des adultes. Toutefois, les besoins restent immenses. Plus de 60% d’adultes sont encore dépourvus des services financiers de base. Dans certains pays, l’exclusion financière des populations pauvres et à faible revenu est encore immense,au moins 80 millions de personnes au Nigeria et 48 millions en RD Congo, selon le MIX (Microfi-nance Information Exchange).

Le taux d’inclusion financière des adultes est encore trop faible pour produire des résultats macroéconomiques significatifs en ASS. En revanche, les résultats microéconomiques sont positifs. Les populations pauvres et à faible revenu qui bénéficient d’un accès à des services financiers de base, abordables et fiables, en retirent une utilité (réduction des coûts de trans-ferts, sécurisation de l’épargne, lissage de consommation) et des externalités positives (les personnes apprennent à gérer un compte bancaire, à administrer une petite entreprise). Leur sécurité alimentaire s’améliore tandis que les ménages pauvres qui souscrivent aux produits d’épargne dédiés spécifiquement à constituer une réserve pour les problèmes de santé sont mieux préparés à faire face à des chocs sanitaires.

Extrait de “L’inclusion financière en Afrique subsaharienne”, FMI, septembre 2014, Jean-Loïc Guièze.

Au pied de la microfinance

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