distribution des m dicaments u n e lo g is … · 24! p r e s ta t io n s s o u s t e m p r a t u r...

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24 ! PRESTATIONS SOUS TEMPÉRATURE CONTRÔLÉE DES RISQUES À CALCULER . . . . . . . . P. 26 ! POUR LES SPÉCIALISTES DU DERNIER KILOMÈTRE 22 462 OFFICINES À LIVRER . . . . . . P. 30 ! MÉTIER DE DÉPOSITAIRE PHARMACEUTIQUE DES APPÉTITS AIGUISÉS . . . . . . . . . . . P. 33 RÉALISÉE PAR ERICK DEMANGEON Plusieurs évolutions modifient les circuits de distribution et le périmètre d’intervention de chacun des acteurs. Sous l’effet d’une réduc- tion des dépenses publiques, elles concer- nent essentiellement les médicaments sou- mis à remboursement et se traduisent par une pression tarifaire tout au long de sa chaîne logistique, transport inclus. Cette ten- dance de fond coïncide avec le recentrage des laboratoires autour des fonctions pro- duction et commerciale ainsi qu’une volonté affichée de se rapprocher des officines dont le rôle de prescripteur a été démultiplié avec l’apparition des génériques. Conséquences de ces deux facteurs chez les laboratoires : l’externalisation croissante des opérations logistiques (et d’autres) auprès de dépositai- res et, en parallèle, le développement de leurs livraisons directes vers les officines (avec ou sans l’aide de leurs dépositaires) sur le mo- dèle éprouvé pour les matériels médicaux, articles de parapharmacie et du bien-être. Contre une quantité minimum associée à des conditions de ventes compétitives, ces livraisons directes entrent en concurrence avec le schéma de distribution historique des médicaments, cœur de l’activité des grossis- tes – répartiteurs. MARGE ENTRE 0 ET 9,93 % 20 % des flux de médicaments vers les offi- cines sont livrés directement depuis les la- boratoires et dépositaires contre 80 % par les grossistes-répartiteurs. Lesquels sont sou- L a distribution des médicaments sou- mis à remboursement ou en vente li- bre est encadrée par le Code de santé publique. Lequel impose des procé- dures de sécurité strictes et identifie 30 acteurs dans la distribution du médicament agréés par l’Agence Française de Sécurité Sanitaire des Produits de Santé (AFSSAPS). Parmi eux, les laboratoires fabricants, dépositaires pharma- ceutiques et grossistes-répartiteurs sont au cœur des besoins logistiques de la filière. A l’in- térieur, le transport routier sous-traité ou in- tégré à l’aide de véhicules en propriété ou loués, représente jusqu’à 50 % des coûts avec une contrainte de poids fortement suggérée par les Bonnes Pratiques de Distribution du secteur : « L’interdiction de mixer les médica- ments avec d’autres produits » rappelle Philippe Kessler, P-dg des Transports Kessler (68). Ce marché comprend aussi les matériels médi- caux, les articles de parapharmacie et du bien- être (cosmétique, hygiène…). Non réglemen- tée, leur distribution est ouverte à tous les professionnels de la logistique, dépositaires compris, avec pour donneurs d’ordres des la- boratoires, industriels, importateurs… Sauf à passer par un dépositaire avec une offre inté- grée, l’essentiel du transport routier y est sous- traité auprès de transporteurs publics (express, messagerie, lot et complet). Autre point essen- tiel : sur les deux segments, les besoins logis- tiques sont très variés, notamment en termes de températures tant dirigées (positive et né- gative) qu’ambiante. AU SOMMAIRE DOSSIER L’Officiel des Transporteurs – N°2580 du 14 janvier 2011 Dans les produits de santé, la distribution des médicaments traverse de profondes mutations. La réduction des dépenses publiques affecte tous les maillons de la chaîne logistique à la recherche de nouveaux modèles. Où se placent les transporteurs ? DISTRIBUTION DES MÉDICAMENTS UNE LOGISTIQUE OUVERTE

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! PRESTATIONS SOUSTEMPÉRATURE CONTRÔLÉE

DES RISQUES À CALCULER . . . . . . . . P. 26

! POUR LES SPÉCIALISTESDU DERNIER KILOMÈTRE

22 462 OFFICINES À LIVRER . . . . . . P. 30

! MÉTIER DE DÉPOSITAIREPHARMACEUTIQUE

DES APPÉTITS AIGUISÉS . . . . . . . . . . . P. 33

RÉALISÉE PAR ERICK DEMANGEON

Plusieurs évolutions modifient les circuits dedistribution et le périmètre d’intervention dechacun des acteurs. Sous l’effet d’une réduc-tion des dépenses publiques, elles concer-nent essentiellement les médicaments sou-mis à remboursement et se traduisent parune pression tarifaire tout au long de sachaîne logistique, transport inclus. Cette ten-dance de fond coïncide avec le recentragedes laboratoires autour des fonctions pro-duction et commerciale ainsi qu’une volontéaffichée de se rapprocher des officines dontle rôle de prescripteur a été démultiplié avecl’apparition des génériques. Conséquencesde ces deux facteurs chez les laboratoires :l’externalisation croissante des opérationslogistiques (et d’autres) auprès de dépositai-res et, en parallèle, le développement de leurslivraisons directes vers les officines (avec ousans l’aide de leurs dépositaires) sur le mo-dèle éprouvé pour les matériels médicaux,articles de parapharmacie et du bien-être.Contre une quantité minimum associée àdes conditions de ventes compétitives, ceslivraisons directes entrent en concurrenceavec le schéma de distribution historique desmédicaments, cœur de l’activité des grossis-tes – répartiteurs.

MARGE ENTRE 0 ET 9,93 %20 % des flux de médicaments vers les offi-cines sont livrés directement depuis les la-boratoires et dépositaires contre 80 % par lesgrossistes-répartiteurs. Lesquels sont sou-

L a distribution des médicaments sou-mis à remboursement ou en vente li-bre est encadrée par le Code de santépublique. Lequel impose des procé-

dures de sécurité strictes et identifie 30 acteursdans la distribution du médicament agréés parl’Agence Française de Sécurité Sanitaire desProduits de Santé (AFSSAPS). Parmi eux, leslaboratoires fabricants, dépositaires pharma-ceutiques et grossistes-répartiteurs sont aucœur des besoins logistiques de la filière. A l’in-térieur, le transport routier sous-traité ou in-tégré à l’aide de véhicules en propriété ouloués, représente jusqu’à 50 % des coûts avecune contrainte de poids fortement suggéréepar les Bonnes Pratiques de Distribution dusecteur : « L’interdiction de mixer les médica-ments avec d’autres produits»rappelle PhilippeKessler, P-dg des Transports Kessler (68). Cemarché comprend aussi les matériels médi-caux, les articles de parapharmacie et du bien-être (cosmétique, hygiène…). Non réglemen-tée, leur distribution est ouverte à tous lesprofessionnels de la logistique, dépositairescompris, avec pour donneurs d’ordres des la-boratoires, industriels, importateurs… Sauf àpasser par un dépositaire avec une offre inté-grée, l’essentiel du transport routier y est sous-traité auprès de transporteurs publics (express,messagerie, lot et complet). Autre point essen-tiel : sur les deux segments, les besoins logis-tiques sont très variés, notamment en termesde températures tant dirigées (positive et né-gative) qu’ambiante.

AU SOMMAIRE

DOSSIER

L’Officiel des Transporteurs – N° 2580 du 14 janvier 2011

Dans les produits de santé, la distribution des médicamentstraverse de profondes mutations.La réduction des dépensespubliques affecte tous lesmaillons de la chaîne logistiqueà la recherche de nouveauxmodèles. Où se placentles transporteurs ?

DISTRIBUTION DES MÉDICAMENTS

UNE LOGISTIQUE OUVERTE

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mis par le Code de santé publique à une obli-gation de service public pour la distributionde médicaments vers les pharmacies. A cetitre ils doivent : « Posséder en stock au moins9/10ème des références de médicaments, dis-poser d’un stock garantissant deux semai-nes d’approvisionnement, garantir une li-vraison sous 24 h, assurer un serviced’astreinte les week-ends, jours fériés et dansles situations d’urgence », précise EmmanuelDéchin, secrétaire général de la ChambreSyndicale de la Répartition Pharmaceutique(CSRP). Pour remplir ces missions, les gros-

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L’Officiel des Transporteurs – N° 2580 du 14 janvier 2011

Circuits de distribution du médicamenten France métropolitaine

Acteurs Ventilation des flux (en valeur)

Laboratoires et industrielsde la santé

• 56,7 % vers dépositaires• 25 % vers grossistes-répartiteurs• 8,2 % vers hôpitaux publics et privés, cliniques (livraisons directes)• 10 % vers officines (livraisons directes)

Dépositaires Sur 56,7 % (base 100) remis par les laboratoires :• 80 % vers grossistes-répartiteurs• 11,5 % vers hôpitaux publics et privés, cliniques (livraisons directes)• 8,5 % vers officines (livraisons directes)

Grossistes – répartiteurs Sur les flux remis par les laboratoires et les dépositaires (base 100) :• 99,4 % vers officines• 0,6 % vers hôpitaux publics et privés, cliniques

Les principaux acteurs surla chaîne du médicament

en FranceActeurs Nombre

Laboratoires 326

Dépositaires 117*

Grossistes-répartiteurs 36*

Officines 22 462

Hôpitaux publicset privés, cliniques 2 610

Source : CSRP (Chambre Syndicale de la RépartitionPharmaceutique) et AFSSAPS (Agence Française de SécuritéSanitaire des Produits de Santé)* Au travers de leurs filiales, certains groupes ontplusieurs fois le statut de dépositaires pharmaceuti-ques ou de grossistes-répartiteurs. Cas par exemplede Geodis Logistics, dépositaire via ses filiales ré-gionales Champagne Ardennes Est, Ile-de-France,Méditerranée, Rhône-Alpes et Sud-Ouest.

Source : Réalisé à partir des données du LEEM (Les Entreprises du Médicament), de la CSRP (Chambre Syndicale de laRépartition Pharmaceutique), de la DREES (Direction de la Recherche, des Études, de l’Évaluation et des Statistiques)du ministère de la Santé, et d’Aexxdis FM Logistic Health.

sées dans le cadrede l’obligation deservice public », re-prend EmmanuelDéchin. La Chambreconstate par ailleursl’apparition depuis peude nouveaux grossistes-ré-partiteurs appelés « short-liners » qui nerespecteraient pas les missions de servicepublic comme la possession en stock d’aumoins 9/10ème des références. #

Réalisé par ERICK DEMANGEON

AUX OPPORTUNITÉS

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sistes-répartiteurs achètent les médicamentsauprès des laboratoires et leur marge, fixéepar arrêté, est comprise entre 0 et 9,93 % se-lon quatre paliers dégressifs.

Pour limiter à partir de leurs propres mé-dicaments la concurrence des grossistes ré-partiteurs dans les pays étrangers, soumis àd’autres règles de distribution et de prix, leslaboratoires contingentent depuis les années2000 les ventes à ces derniers. Ces quotas au-jourd’hui contestés par la CSRP au motifqu’ils « sont à l’origine de ruptures de stockset d’une dégradation des prestations réali-

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Hors matériels médicauxet emballages, lesmutations observées dansla distribution des produitsde santé modifientl’organisation des réseauxen place marquée par unedemande croissantede prestations soustempérature contrôlée.Réponses et stratégiesdiffèrent pour répondreà ces défis et aux risquesassociés…

A ccéder aux produits desanté est banal en France.Ce service cache cepen-dant des organisations

logistiques pointues, contrôlées ettracées en permanence. En amont,le laboratoire assure l’approvision-nement de la chaîne où le transportroutier est à sa charge (ou à cellede son dépositaire) pour livrer :100 % des grossistes-répartiteurs,l’essentiel des hôpitaux publics etprivés, 20 % des médicaments re-çus par les officines et la majoritéde leurs produits de santé non rem-boursés (OTC).

Sur ce marché, une minorité detransporteurs spécialisés avecmoyens dédiés et plusieurs réseauxgénéralistes interviennent en ex-press, messagerie, lot, complet, soustempérature contrôlée et am-biante… dont la définition impré-

cise est source de tensions et de ris-ques importants. D’un côté, les la-boratoires et dépositaires y classentl’essentiel de leurs produits soumisà une température contrôlée supé-rieure à + 8°C, soit 80 % de leursvolumes. Partant, ils considèrentcette prestation comme banaliséeet souhaitent la rémunérer commetelle. De l’autre, leurs fournisseursen charge du transport et de la dis-tribution, garants du maintien decette température contrôlée à l’aidede moyens adéquats, revendiquentdes tarifs adaptés.

TSE EN POINTEBasée à Lyon, TSE Express Médicalappartient à la catégorie des trans-porteurs à la tête d’un réseau inté-gré et dédié. Spécialisée dans letransport de colis liés à la santé hu-maine sous température dirigéeavec livraison jusqu’au domicile ouau lit d’hôpital, l’entreprise filiale dugroupe Biomnis (ex LaboratoireMérieux) déclare un chiffre d’affai-res de 41 M! en 2010. « TSE emploie500 personnes dont des conducteursformés aux Bonnes Pratiques deDistribution du secteur et titulairesde certificats ADR. Composée pourl’essentiel d’utilitaires légers tri-tem-pératures (-30, 5, 22 °C), notre flottede 400 véhicules est équipée de son-des pour le suivi des températuresen temps réel et de GPS. Elle estadossée à un réseau national de 25agences sécurisées, opérationnelles24h/24, 7 jours sur 7, qui hébergent

des chambres froides tri-tempéra-tures. A Chilly-Mazarin (91), Lyon(69) et Montmarault (03), trois hubsstructurent le réseau où les produitsles plus sensibles sont transportésà l’aide de 4000 bacs de 4 à 49 l. decapacité identifiés par code-barre »,présente Daniel Valent, P-dg.

Certifiée ISO 9001 V2008,Certipharm « et ISO 14001 en2011 », cette offre s’est renforcée de-puis 2002 pour répondre notam-ment « aux exigences du marché entermes de délais. Le nombre d’agen-ces est passé de 18 à 25 et début 2011une 26ème sera ouverte en Corse. TSEgarantit aujourd’hui des délais d’in-tervention inférieurs à 24 h. Depuis2002, le chiffre d’affaires a doublé etest désormais réalisé à 50 % avec legroupe Biomnis et à 50 % avec d’au-tres clients (laboratoires, réparti-teurs, Établissement français dusang, Banque d’organes, Établisse-ment des empreintes généti-ques…) ». Une croissance en dépitd’une « pression tarifaire », relèveDaniel Valent qui estime entre 2 à5 % la baisse des prix ces cinq der-nières années « compensée par uneaugmentation des volumes de 5 à7 % ». Autre constat : « la banalisa-tion de la qualité malgré des exigen-ces accrues sur la conservation destempératures et la traçabilité.L’équation devient complexe et fra-gilise les acteurs spécialisés. Jusqu’àprésent, notre politique d’investis-sements a été maintenue. Sur unmarché où un litige se paie cash et

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DISTRIBUTION DES MÉDICAMENTSDOSSIER ""

! PRESTATIONS SOUS TEMPÉRATURE CONTRÔLÉE

DES RISQUES À CALCULER

Jean-Marc Bruère, directeur généraladjoint du pôle transport, STEF-TFE

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Scan de la cellule à +22°Cdu véhicule avant le char-gement des produits parTSE Express Médical.

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«DEPUIS 2002,LE CHIFFRED’AFFAIRESA DOUBLÉ»

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peut mettre en péril la vie de l’en-treprise compte tenu des valeurstransportées, TSE est l’un des rarestransporteurs français à encore pro-poser une assurance ad valoremgrâce, justement, à cette politiqueen faveur de la qualité et de la sé-curité de nos process reconnue parnos assureurs ».

KESSLER, GANDON, OLLIER ETLE BERRE ASSOCIÉS

Sauf à prendre le contrôle d’un ac-teur spécialisé déjà présent, « dansles conditions actuelles, il est impos-sible de se lancer sur le marché destransports des produits de santéavec une offre dédiée », selon DanielValent. Pourtant la filière semble de-mandeuse d’un réseau national delots et complets sous températurecontrôlée avec moyens dédiés. Sila création ex nihilo paraît difficile,d’autres voies existent comme lepartenariat. C’est sur ce principeque les transporteurs Kessler,Gandon, Ollier et Le Berre ont crééle nouveau réseau Trans EuroPharma.L’un de ses initiateurs, GandonTransports (53) déclare un chiffred’affaires de 19,5 M! dont 35 % réa-lisé dans les produits de santé. Avecun effectif de 200 personnes, l’en-treprise compte quatre agences àMayenne (53), Rungis (94),Bourguébus (14) et depuis novem-bre 2010, à Nonancourt (27). Sur unparc de 150 moteurs, 60 véhiculesfourgons frigorifiques composés

d’ensembles, porteurs et utilitairessont affectés aux produits phar-maceutiques sous températurecontrôlée + 2/8 °C et + 15/25 °C pourle compte de laboratoires, déposi-taires et grossistes-répartiteurs ennational et à l’international. « Lesexigences en termes de qualité et decontrôle sont identiques quelle quesoit la température : traçabilité etsuivi en temps réel avec alerte duconducteur et à l’exploitation si unécart est anormal constaté dans lesfourgons équipés de GPS, ouverturedes portes sécurisée, groupes frigoavec montée en froid régulée, infor-matique embarquée avec GPS/GPRSet bouton panique anti-agression,service d’exploitation 24h/24,7 jourssur 7, conducteurs formés auxBonnes Pratiques de Distribution etjustifiant d’au moins six mois d’an-cienneté avant d’intervenir dans letransport de produits de santé », listeJoël Gandon, le P-dg.

L’an passé, cette offre a été enri-chie d’un nouveau service. BaptiséGandon Logistique Pharma, « il estdédié à la distribution de proximitéà l’aide d’utilitaires. A court terme,

nous avons également le projetd’aménager une chambre froide àRungis ». Echo au constat dressé parDaniel Valent, le président note« une dégradation des niveaux deprix alors que les exigences et les ris-ques encourus augmentent et nousamènent, sans demande de la partde nos clients, à solliciter auprès denos assureurs des extensions de ga-rantie ».

KESSLER LE PIONNIERAutre partenaire du réseau TransEuro Pharma, les Transports Kessler(68) emploient 95 salariés et exploi-tent un parc d’une centaine de car-tes grises dont 57 moteurs. Premiertransporteur français couvert en2005 par un système de manage-ment intégré QSE (ISO 9001, 14001plus OHSAS 18001), son chiffre d’af-faires s’élève à 10 M! dont 20 % réa-lisé dans la filière « pharma » viadeux activités. « Certifié Certipharm,

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$$ DOSSIERDISTRIBUTION DES MÉDICAMENTS

Définies par les laboratoires lors de leur de-mande d’autorisation de mise sur le marchéfrançais (AMM), de nombreuses gammes detempératures sont rencontrées dans la filièresanté. Exigée pour les vaccins ou autres bio-technologies, la tranche + 2/8°C est en crois-sance de 20 % par an tandis que la fourchette+ 15/25°C regroupe la plupart des produitsqualifiés indûment d’ambiants. Apparaissentégalement des gammes jusqu’à + 30°C,+ 2/25 °C et + 8/15 °C ainsi que des seuilsnégatifs de – 15 à – 20 °C. « La sensibilité desproduits aux variations de température dé-pend de la nature de son ou de ses princi-pes actifs ainsi que de ses excipients, sonconditionnement, ou encore de l’intensité etde la durée d’exposition », note GéraldCavalier, directeur exécutif du Cemafroid.Modification du principe actif, effet physico-chimique et microbiologique… les consé-quences sont variables sur les patients etpour les transporteurs. « Les produits de

santé font peser un problèmede responsabilité et d’assu-rance dans le transport où lesprix pratiqués sont sans au-cune mesure avec la valeurdes produits transportés etleurs conséquences en cas delitige. Un étiquetage clair etuniformisé contribuerait pourpartie à abaisser ces risques ».En attendant, plusieurs textessont à connaître avant de selancer dans le transport de produits de santé :« le Code de la santé publique renforcé en2008 pour la chaîne du froid avec une aug-mentation sensible des amendes en cas d’in-fraction, les guides de Bonnes Pratiques dontde Distribution et de Fabrication, et le dos-sier AMM associé à chaque produit ».S’ajoutent une série de recommandationsreprises « dont les Bonnes pratiques appli-quées au transport des produits de santé,

le Guide pratique de distribu-tion des médicaments enchaîne du froid, et celles à pa-raître sur le référentiel qua-lité relatif aux transports.Gestion, maîtrise, vérificationde manière prédictive etcontrôle de façon factuelleavec des équipements adap-tés et appropriés sont les gran-des règles de ce contexte ré-glementaire qui pose le défi

de la traçabilité pour toute la chaîne logisti-que », note Gérald Cavalier. A partir del’exemple de la commission mixte créée en-tre l’Association Française du Froid (AFF) etla Société Française des Sciences etTechniques Pharmaceutiques (SFSTP), cedernier est convaincu que professionnels dutransport et de la santé ont tout à gagner àse rapprocher « pour trouver des solutionscommunes ».

LARGES GAMMES DE TEMPÉRATURE

Gérald Cavalier,directeur exé-cutif, Cemafroid.

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Joël Gandon, présidentde Gandon Transports.

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Gandon Transports,partenaire du réseauTrans Euro Pharma avecles transporteurs Kessler,Ollier, et Le Berre.

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«GANDONCROÎT AVEC

LES PRODUITSDE SANTÉ»

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le transport sous température diri-gée de lots et en complet est la pre-mière. Elle s’adresse aux laboratoi-res pour la gestion de leurs fluxinter-usines, vers les grossistes-ré-partiteurs et les dépositaires. Le parcdédié à cette activité est composé de42 ensembles frigorifiques équipésde traceurs GPS autonomes et enre-gistreurs avec alarme à distance encas de changement anormal detempérature, groupes frigo avecmontée en froid régulée, informati-que embarquée GPS/GPRS… Lesconducteurs sont formés auxBonnes Pratiques de Distributiondu secteur et à l’ADR » présentePhilippe Kessler à sa tête.

Cette flotte intervient dans ungrand quart nord-est de la France etses pays européens limitrophes.Adossée à une plateforme de3 000 m2 dotée de chambres froides+ 2/8 °C et + 15/25 °C qualifiéesGDP/GMP, quais avec niveleurs etsas réfrigérés, la logistique est laseconde activité. « Avec aire sousdouane, cette capacité d’entrepo-sage s’adresse aux laboratoires et in-dustriels de la santé notammentpour leurs produits destinés à lagrande exportation, et héberge lehub européen Cold Chain RoadFreight de DHL Europe ».Dans le transport, le président re-connaît une tension sur les prix« proportionnelle à ce que connaîtle general cargo ou les produitsagroalimentaires, alors que les in-vestissements nécessaires sont plusimportants. Beaucoup fantasmentà tort sur cette filière qui reste uneniche. Et si 12 % du parc français estcomposé de matériels frigorifiques,peu sont organisés pour le transport

de produits de santé qui exige descompétences spécifiques ». En logis-tique, l’entreprise ambitionne sousdeux ans la diversification de sonoffre « avec le recrutement d’unpharmacien responsable et la de-mande d’un agrément d’établisse-ment pharmaceutique ».

TFE EN EMBUSCADESur le marché de la santé, TFE dé-clare 14 M! de recettes avec pourclients des laboratoires, dépositai-res et grossistes-répartiteurs.« Depuis quatre ans, ce volume eststable même si nous avons très clai-rement identifié le potentiel de cemarché. Les conditions actuelles nesont toutefois pas réunies pour undéveloppement plus soutenu », ex-plique Jean-Marc Bruère, directeurgénéral adjoint du pôle transport deSTEF-TFE. À la différence d’une of-fre dédiée, TFE s’adresse à tous lesproduits sous température dirigée.Leur traitement mutualisé au seind’un réseau dense au plan natio-nal où huit sites sont certifiésCertipharm et présent dans plu-sieurs pays d’Europe, « garantit ànos clients économies d’échelle et prixcompétitifs.Les exigences spécifiqueset les risques associés au transport deproduits pharmaceutiques s’intè-grent à cette offre à condition deprendre des précautions sur le su-remballage des produits ».

À l’honneur du prestataire, cettefranchise renvoie aux BonnesPratiques de Distribution du secteurqui suggèrent fortement de ne pasmixer les médicaments avec d’au-tres frets pendant le transport, etfixent une obligation de résultatpour le respect de la chaîne du froid

dans les tranches de températureconcernées. « Avec les donneurs d’or-dres du secteur et leurs clients dontles officines,nous recherchons des so-lutions au travers d’emballagesadaptés et une analyse des risques fi-nanciers qui soient en rapport avecles prix du transport. Nos clients ac-tuels ont accepté ces approches dansune logique de partenariat gagnant-gagnant.D’autres pistes sont envisa-geables,comme le compartimentagedans les véhicules ou la gestion detournées partiellement dédiées ».Viasa filiale STEF Logistique Santé,STEF-TFE est également dépositaireet compte un établissement phar-maceutique à Strasbourg de6700m2. Ouvert en 2009 et piloté parLaurent Senter, pharmacien respon-sable, le site propose des capacitésen froid positif et négatif et a de-mandé de nouveaux agréments àl’AFSSAPS pour élargir son bouquetde prestations. # E. D.

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DISTRIBUTION DES MÉDICAMENTSDOSSIER ""

Philippe Kessler,président,des Transports Kessler.

Plate-forme logistique multi-températures dédiée à la filière pharmaceutique des Transports Kessler à Ensisheim (68)

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Scan des produitsavant chargement parTSE Express Médical.

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A u service quasi exclusif des 22 462officines recensées en France, lesgrossistes-répartiteurs approvi-sionnement 80 % de leurs médi-

caments contre 20 % livrés en direct par leslaboratoires avec ou sans l’aide de déposi-taires. Après plusieurs rapprochements, qua-tre réseaux détiennent 97 % du marché na-tional : OCP (35 %), Alliance Healthcare(26,5 %), Réseau CERP (27 %) et PhoenixPharma (8,5 %). Un pharmacien travaille engénéral avec deux répartiteurs.

Ensemble, ils emploient près de 13000 per-sonnes et s’appuient sur 182 établissementsrégionaux placés sous la direction de phar-maciens responsables. « Pour le compte dela filière officinale, la profession gère et mu-tualise un stock de proximité de 40 000 réfé-rences ainsi que les préparations de comman-des et la distribution à l’aide de moyens propresà plus de 90 %. Elle évite aux pharmaciens detraiter en direct les relations avec 400 four-nisseurs et la multiplication des livraisons versleur point de vente », défend EmmanuelDéchin, secrétaire général de la ChambreSyndicale de la Répartition Pharmaceutique.« Pour répondre aux impératifs de réductiondes coûts et d’amélioration de la qualité de ser-vice, notre secteur est engagé depuis plusieursannées dans la rationalisation et l’industria-lisation de ses process ». Dans le transport,cette démarche s’est notamment traduite parune réduction de la fréquence quotidiennede livraison de trois à deux sauf chez CERPRouen. Le coût moyen de livraison d’uneboîte de médicaments s’élève à 0,56 ".

SOUS TEMPÉRATURE DIRIGÉEFiliale du groupe Celesio, OCP déclare enFrance un chiffre d’affaires de 6,9 Md! avecun réseau de 43 agences équipées de cham-

bre froide, et un effectif de 4 000 personnesdont 909 conducteurs. « En location, notreflotte est composée de 850 véhicules en ma-jorité des utilitaires – 3,5 t adaptés à la cir-culation en centre ville. A raison de deux fré-quences et une moyenne de quatre millionsde produits livrés, la livraison des officinesreprésente chaque jour la préparation et letransport de 100 000 bacs (de couleur vertechez OCP, ndlr). Les produits sous tempéra-ture dirigée sont placés dans des bacs isother-mes qui garantissent une conservation de 24à 48 h. A chaque tournée, le livreur déposeles caisses pleines et reprend les vides avec,le cas échéant, les colis de médicamentsnon utilisés pour le compte de Cyclamed »,présente Bruno Ach, responsable transport.Grâce à des process automatisés à 60 % enmoyenne nationale et jusqu’à 92 % sur lesnouveaux établissements, les commandes

reçues avant 12h30 sont livrées dès 13h surtout le territoire, et celles réceptionnéesl’après-midi partent la nuit avec livraisondans des sas sécurisés. A ce schéma s’ajou-tent des commandes urgentes traitées au filde l’eau. « Tracée de bout en bout, notre qua-lité de service approche les 100 % grâce à unedémarche d’amélioration et d’investisse-ments continus. Dans notre réseau, cette po-litique se concrétise par le regroupementd’agences, leur automatisation, et l’optimi-sation des plans de transport. En 2010, OCPa procédé ainsi au regroupement des sites deLorient, Brest et Saint-Brieuc dans un bâti-ment HQE situé à Carhaix, ainsi que desagences de Brive, Limoges et Périgueux dés-ormais dans un immeuble unique à Brive.En parallèle, des terminaux portables ont étédéployés. Chaque conducteur flashe désor-mais les colis et le lieu de livraison de jour

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DISTRIBUTION DES MÉDICAMENTSDOSSIER ""

! POUR LES SPÉCIALISTES DU DERNIER KILOMÈTRE

22 462 OFFICINES À LIVRERTrès concentrée, la répartition pharmaceutique est engagée dans la baisse des coûts de distribution. Lemouvement concerne l’ensemble de son réseau et des transports. D’autres chantiers sont en cours àl’heure où la concurrence des expressistes et messagers se renforcent.

Marché de la répartition pharmaceutique en France

Grossistes-répartiteurs Entités Part de marché Nombre d’établissements

Groupe OCP OCP Répartition, Comptoir Pharmaceutique Méditerranéen 35,5 % 43

Alliance Healthcare France Alliance Healthcare Répartition, Ouest Répartition 26,5 % 55

Réseau CERP CERP Bretagne Nord, CERP Rhin-Rhône Méditerranée, CERP Rouen 27,0 % 62

Groupe Phoenix Pharma Phoenix Pharma, CERP Lorraine RTB Pharma 8,5 % 22

Source : CSRP (Chambre Syndicale de la Répartition Pharmaceutique).

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comme de nuit avec la pose de lecteurs dansles sas sécurisés. Nous consolidons ainsi unschéma de distribution articulé autour d’uneplate-forme centrale pour les produits raresouverte en 2006 à Roissy CDG et neuf gran-des agences régionales qui interviennent ensupport des autres établissements locaux ».

Parmi les chantiers en cours, l’unconcerne la sécurisation et la fiabilité destransports amont organisés par les labora-toires ou leurs dépositaires. « Nous devonsabsolument travailler avec eux pour sécuri-ser les flux amont. En effet, nous observonsun doublement des délais moyens de livrai-son qui sont passés de deux à quatre joursen quelques années, une multiplication deslitiges et un manque flagrant de processadaptés aux produits de santé. Il faut amé-

liorer la sécurisation de ces flux pour garan-tir de bout en bout de la chaîne, le mêmeniveau de qualité que celui assuré par la ré-partition. Une des pistes est notamment lamise en place d’échanges EDI dont l’avis d’ex-pédition DESADV ». L’optimisation du trans-port aval est une autre priorité d’OCP. « Avecle concours des pharmacies, l’objectif estd’augmenter les coefficients de remplissageafin de saturer nos moyens sur une tournéeprincipale, et mieux intégrer dans notre plande transport les flux intersites ».

POUR UNE TRAÇABILITÉ GLOBALEFiliale du groupe Alliance Boots, AllianceHealthcare est lui aussi confronté à des coûtsde non-qualité liés au manque de fiabilitédes transports amont. « Ils ont été partielle-ment supprimés depuis la mise en place d’unsystème de cadencement avec planificationdes rendez-vous. Sur ce maillon, il existeencore des gisements de productivité notam-ment en termes de délais qui, très variables,nous obligent à surdimensionner les stocksde certaines références », rejoint Frédéric Brut,directeur opérations et supply chain.National, le réseau d’Alliance, s’appuie sur55 agences et une flotte de 600 véhicules uti-litaires – 3,5 t « qui livrent les officines de jourexclusivement à heure fixe à raison de deuxfréquences quotidiennes. De 6 à 9 h et de12h30 à 16 h, deux vagues de livraisonssont organisées. Deux tiers sont réalisées parnotre flotte propre et un tiers par des affré-tés dédiés. 97 % des flux concernent des pro-

duits à température ambiante transportésà l’aide de bacs (de couleur bleue, ndlr), lesolde pour l’essentiel sur la tranche + 2/8°Cutilise des glacières spécifiques qui conser-vent la température pendant 48 h ».Déclarant un chiffre d’affaires de 5,2 Md!

et un effectif de 3 000 personnes, l’entreprisedéploie un schéma de distribution articuléautour de sept bases régionales auxquellessont rattachés les établissements locaux.« Entre 30 et 45 départs intersites sont lan-cés chaque nuit par complets fourgons avecenregistreurs de température par des trans-porteurs dédiés. En cas de changement brus-que de température et à la demande, ces four-nisseurs mettent à notre disposition desensembles frigorifiques ». Pour l’ensembledes affrétés, le répartiteur procède à des ap-pels d’offre annuels. « Ces procédures n’af-fectent pas la longévité de nos partenariatsmais visent à manager vers le haut nos trans-

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$$ DOSSIERDISTRIBUTION DES MÉDICAMENTS

Cathy Michaud, directrice des ventes Santé,Geodis Ciblex.

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Les 120 sites de TNT Express France sont certi-fiés Certipharm et hébergent 92 chambres froides.

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Avec le rachat de Ciblex en 2009,Geodis a renforcé son savoir-fairesur le secteur de la distributiondes produits médicaux.

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porteurs et à benchmarker nos coûts de dis-tribution pour qu’ils soient toujours en phaseavec l’évolution du marché »

GEODIS CIBLEX EN POINTESi 80 % des médicaments vendus par les of-ficines empruntent la répartition pharma-ceutique, 20 % font l’objet de livraisons di-rectes depuis les laboratoires et lesdépositaires. Lesquels approvisionnent éga-lement en direct des produits de santé nonremboursés (OTC) commercialisés dans lespharmacies et les hôpitaux publics et privés.A la recherche de délais courts voire tendus,cette cible est clairement identifiée par lesmessagers et expressistes. Couplé parfois àdes offres plus larges intégrant des presta-tions de transport national et international,freight forwading, douane et logistique, entémoigne le développement de solutions sec-torielles adossées à leur réseau polyvalentavec, pour la partie transport, des affrétéssouvent exclusifs. Fonction enfin du poidsdes produits de santé dans leur chiffre d’af-faires total, les Bonnes Pratiques deDistribution des produits de santé, qui sug-gèrent l’interdiction de mixer les produitsdans les véhicules, y sont « généralement »respectées.Par la voix de Cathy Michaud, directrice desventes Santé, Geodis Ciblex déclare 70 % deson activité dans la filière soit près de 110 M!.« Notre réseau certifié Certipharm, commetoute la division messagerie et express dugroupe Geodis, est du coup formaté à ses exi-gences. Chacun de nos 110 sites sécurisés sontainsi équipés de chambre froide et en Ile-de-France par exemple, 50 tournées qui desser-vent les hôpitaux sont dédiées et ne trans-portent que des produits de santé. Près de5 % de nos flux sont sous température diri-gée, pour l’essentiel négative et dans la tran-

che + 2/8 °C. Ils utilisent des emballages iso-thermes dans le cadre d’un partenariat nouéavec Emball’Iso dont les capacités de conser-vation correspondent aux délais proposéspar Geodis Ciblex : enlèvement jusqu’à 20 hen Ile-de-France et livraison en J + 1 avec plu-sieurs horaires de remises à partir de 8 h ».

A l’origine de 44 M! soit 7 % de son chif-fre d’affaires et de 20 000 expéditions/jour, lafilière santé est aussi identifiée comme unepriorité dans le plan triennal Essentiel 2010de Chronopost International. Cœur de sonoffre : Chrono Medical « certifié Certipharmcomme l’est l’ensemble de notre réseau.Médicaments, dispositifs médicaux et réac-tifs de laboratoires sont les principaux pro-duits traités dont 20 % sous température di-rigée, avec livraison en J + 1 avant 10 h ou13 h vers des officines, hôpitaux, cliniques,laboratoires et grossistes-répartiteurs. A lademande de nos clients qui sont des labora-toires, dépositaires et grossistes-répartiteurs,un emballage adapté à chaque produit peutêtre fourni par notre partenaire Cold PackSystem », explique Gaëlle Hulin chef de mar-ché santé. « Le réseau Chronopost compte 76agences toutes équipées d’installations fri-gorifiques. A l’intérieur, les colis ChronoMedical sont identifiés par un étiquetage spé-cial et placés dans des rolls affectés puis sou-mis à des procédures dédiées en termes de li-vraison, gestion des retours et des mises eninstance, informations et alertes délivréesaux clients, traçabilité… et d’assurance avecla possibilité de recourir à une couverture advalorem ».

Sur 350 000 colis traités chaque jour parTNT Express en France, « 15 % transportentdes produits de santé et matériels médicauxà destination des officines, hôpitaux et labo-ratoires d’analyses », déclare de son côtéAntoine Caby, directeur marketing. « Pour

répondre aux exigences spécifiques du sec-teur, les 120 sites de notre réseau certifiésCertipharm hébergent 92 chambres froidescapables de traiter dans les meilleurs condi-tions notre offre Clinical Medical qui com-prend la mise à disposition d’un emballageet éventuellement de réfrigérants. Les délaissont garantis en J + 1 avec plusieurs horai-res de livraison au choix dont avant 8 h ».Sur le même principe de prestation clé enmain, TNT a lancé il y a un an HôpitalExpress, « un service adapté à la livraison dematériels médicaux et prothèses dans les hô-pitaux ». # E. D.

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DISTRIBUTION DES MÉDICAMENTSDOSSIER ""

Dans la collecte et le recyclage des déchets, la filière pharmaceutiquea été pionnière avec la création de Cyclamed dès 1994 par les indus-triels du médicament associant tous les acteurs de la distribution, gros-sistes-répartiteurs et officines. Dédié à la récupération des médica-ments non utilisés par les ménages et à leur valorisation énergétique,l’éco-organisme est financé par les laboratoires (80 %) et Eco-embal-lage au titre de sa collecte d’emballages (20 %). L’an passé, Cyclameda traité 13 275 t, « tonnage en hausse de 8 % par rapport à 2008 quireprésente plus de 50 % du gisement estimé » souligne son présidentThierry Moreau Defarges. Dans le schéma en place, les grossistes-ré-partiteurs livrent aux officines les conteneurs cartons vides nécessai-res à la collecte lors de leurs tournées quotidiennes tandis que cha-

que pharmacien contrôle et trie les produits retournés par les particuliers. Les médicamentsnon utilisés et emballages autorisés sont ensuite déposés par le pharmacien dans les car-tons Cyclamed scellés une fois plein. A l’occasion d’une tournée quotidienne, le réparti-teur l’enlève et le retourne à son agence locale avant « de le placer dans des bennes mi-ses à disposition par Veolia et Sita, les deux prestataires sélectionnés par Cyclamed.À intervalles réguliers, les bennes pleines remplacées par des vides sont acheminéesvers l’une des 52 unités de valorisation partenaires sur le territoire français ».

Thierry Moreau Defarges,président, Cyclamed.

CYCLAMED : 13 275 TONNES COLLECTÉES EN 2009©

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Gaëlle Hulin, Chef de marché santé, ChronopostInternational.

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Armoire sous température dirigée intégréeà l’offre Chrono Medical de ChronopostInternational.

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L es dépositaires existantsont-ils une longueurd’avance ? Logisticienpharmaceutique agréé,

il est un acteur majeur de lachaîne de distribution des pro-duits de santé. Filiales de répar-titeurs, de laboratoires ou grou-pes familiaux, leurs origines sontdiverses. En témoigne la pré-sence de Geodis (qui compte15 établissements pharmaceuti-ques), Deret, STEF-TFE, Win-canton et FM Logistic. Tous sontengagés dans l’extension de leurpérimètre géographique et dansla diversification de leur bouquetde services pour croiser les nou-velles attentes des laboratoires.Stockage ambiant et sous tem-pérature dirigée (positive et né-gative) de produits finis, d’en-cours de production et/ou dematières premières et d’embal-lage, organisation du transporten qualité de commissionnaireou de transporteur, distribution,astreinte 24h/24, préparation decommandes, fabrication deconditionnements secondaires,laboratoire de contrôle, force devente et formation auprès desofficines, encaissement et factu-ration pour le compte des labo-ratoires, enregistrement d’auto-risation de mise sur le marché,traçabilité à l’unité… la palettedes prestations par la professionest vaste.

Le groupe familial CSP (63)illustre ce dynamisme. Sur lesdeux dernières années, l’entre-prise a procédé à plusieurs inves-tissements : capacité du siteMoussy-Le-Neuf (77) à proximitéde l’aéroport Roissy portée à64 000 m2 et celle à Cournon à50 000 m2, ouverture d’une nou-velle filiale à Houdeng enBelgique avec un bâtiment de26 200 m2, et création de nouvel-les agences transport à Nancy,Marseille et Toulouse. A l’excep-

tion de ceux originaires dumonde du transport et de la lo-gistique, CSP est le seul déposi-taire à proposer une offre detransport intégrée sous la mar-que Translab et un réseau de dis-tribution nationale. « Il compte15 agences articulées autour detrois hubs à Paris, Clermont-Ferrand et Lyon.Avec 290 véhicu-les dont 210 utilitaires,notre flotteéquipée de terminaux portablesintervient dans le transport deproduits de santé ambiant et soustempérature dirigée,notammentla tranche +2/8°C, avec desconducteurs formés aux nonnespratiques de distribution des pro-duits de santé. A ses moyens pro-pres s’ajoutent des partenaires ré-gionaux »,note Stéphane Baudry,Dg en charge du transport.« Notre objectif est de devenir untransporteur dédié à l’industriepharmaceutique quel que soit ledélai à l’aide d’un réseau souscinq ans de 40 agences ».

Avec un portefeuille de 120 la-boratoires et davantage dans letransport, la stratégie « répondà une demande de nos clientsdans la maîtrise du transportaval qui, couplé à notre offre lo-gistique capable de regrouper descommandes pour un même des-tinataire, se différenciera sur lemarché ». Certifié ISO 9001 et14001, une démarche OEA full en

cours et un projet de certificationOHSAS 18001, CSP déclare unchiffre d’affaires de 106 M", uneffectif de 1 300 personnes et unparc logistique de 140 000 m2 viacinq plateformes offrant des ca-pacités de stockage ambiant etsous température dirigée (néga-tive incluse), ainsi que des airessous douane. L’entreprise veutrelever le défi de l’Europe. « CSPBenelux a été créé en 2008 etnous étudions la meilleure façonde nous implanter en Allemagne,Grande-Bretagne et Espagne ».

AMBITIONS DE FMFinalisé en juillet 2010, le rachatd’Advanced and Expert Distri-bution Services (Aexxdis) à hau-teur de 51 % par FM Logistic (57)illustre l’engouement des pres-tataires logistiques pour le mé-tier de dépositaire. Né en 2004 dela cession des activités de distri-bution de Baxter Healthcare,Aexxdis se présente comme l’unspécialiste de la supply chain mé-

dicale avec un effectif de 300 per-sonnes. Dépositaire pharmaceu-tique agréé à la tête d’un bouquetde services étoffé, il gère 13 sitesen température ambiante etdirigée en France, Grande-Bretagne et Suisse, totalisant120 000 m2. Sous la conduite deSerge Kratz, l’entreprise certifiéeISO 9001, 13485 et 14001 a connuune croissance des revenus de 4à 40 M" entre 2004 et 2009 !

L’acquisition d’Aexxdis parFM est à l’origine d’une nouvelleentité Aexxdis FM Logistic Healthayant qualité de dépositaire.Lequel revendique déjà un chif-fre d’affaires de 60 M" et ambi-tionne 100 M" sous trois ans.Dans l’immédiat, elle dispose desept agréments nationauxen France, Espagne, Grande-Bretagne, Suisse, Pologne, Belgi-que et Roumanie où le déposi-taire vient d’achever un nouveaucentre de distribution dédié àSanofi-Aventis, un investisse-ment de 700 000 ". Situé àChiajna, l’entrepôt de 2 500 m2

avec cellules sous températuredirigée et ambiante qualifiéGSP/GDP a été réalisé en parte-nariat avec le laboratoire pourcinq ans. Il assurera la distribu-tion de ses produits fabriqués enRoumanie ainsi que dans l’Unioneuropéenne et la Turquie.Aexxdis FM Logistic Health sefixe pour objectif d’étendre sonoffre dans les autres pays où FMest implanté : Russie, Ukraine,Italie, République tchèque,Slovaquie et Hongrie. # E. D.

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Selon l’OMS, la contrefaçon de médicaments représenterait 10 %du revenu mondial de la filière. Pour lutter contre le fléau, l’obliga-tion de traçabilité passe par de nouvelles technologies d’identifica-tion automatique. Imposées par les législations américaines et eu-ropéennes, toutes les boîtes de médicaments comporteront àcompter du 1er janvier 2011 de nouveaux marquages. Le code CIPpassera de 7 à 13 caractères et sera complété du numéro de lot etde la date de péremption. Ces trois informations seront en outre re-prises sur un marquage 2D Data Matrix ECC200. Avantage de cecode par rapport à un codes-barres 1D : une capacité d’encodage25 à 100 fois plus importante, une sécurité accrue et une acquisi-tion plus rapide des données grâce à angle de lecture illimitée.

NOUVEAUX MARQUAGES AU 1ER JANVIER

! MÉTIER DE DÉPOSITAIRE PHARMACEUTIQUE

DES APPÉTITS AIGUISÉS

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Sur fond d’externalisation de la part deslaboratoires, la demande en logistique est en fortecroissance dans la filière santé. La bataille s’annoncerude pour les nouveaux entrants dans le secteur.

Préparation de commandessur chaîne sous tempéra-ture dirigée sur un site CSP.