diagnostic nature en ville - master urba paris ouest...
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Diagnostic territorial La place de la nature sur le territoire de l’ACTEP Dans quelle mesure la mise en place de la nature en ville est facteur de bien être pour les citadins et outils de
développement pour l’ACTEP ?
2014
BOURGEOIS Mélissande, EHRHARDT Paul Edouard, FONTAINE Elsa, GAJEAN Pierre, HUYNH Jonathan, MASSAOUD Mustapha, NANNETTE Célia, TROCHIN Julien
Paris Ouest Nanterre-La Défense 01/01/2014
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Table des matières Introduction ............................................................................................................ 2
I. L'ACTEP, un territoire aux paysages multiples… mais quelle(s) nature(s) ? ... 3
Une nature « du quotidien » ....................................................................... 3 A.
Les parcs : une nature aux accents « urbains » .......................................... 4 B.
La Marne : une nature « d'exception » ....................................................... 6 C.
II. Appréhension des espaces de nature vécus : quelle offre au sein de
l’ACTEP ? ................................................................................................................. 8
Quelle attractivité pour les pôles porteurs de l'identité du territoire ? ..... 8 A.
Les pôles « secondaires » : quelle proximité et à quel prix ? ...................... 9 B.
Les « pôles tertiaires » : quelle offre de nature à l'échelle communale ? 10 C.
III. Repenser les rapports Homme/ Nature en milieu urbain ........................ 11
Renaturer la ville ....................................................................................... 11 A.
Sensibiliser les citadins à l’éco-citoyenneté .............................................. 13 B.
Conclusion : ........................................................................................................... 14
Bibliographie ......................................................................................................... 16
Sitographie ............................................................................................................ 16
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N
8567hab/km² sur
l’ACTEP contre
6000hab/km²
pour la petite
couronne
Introduction A l’heure de la
densification des villes,
la question de la place
de la nature en ville est
primordiale. Avec
l’émergence des
préoccupations
environnementales de
nombreuses études ont
prouvées l’utilité des
espaces verts au sein
des villes : réduction de
la pollution, diminution
du stress, création de
liens sociaux… Pourtant
dans un contexte de
tensions foncières très
fortes en Île-de-France
et à plus forte raison en
petite couronne
parisienne, le moindre mètre carré non construit est recherché par les promoteurs. Les
mairies doivent donc pallier à la demande de logement tout en
maintenant les espaces verts présents qui représentent un
élément clé dans la promotion des territoires actuellement.
Ces préoccupations sont centrales pour les 14 communes de
l’ACTEP, espace fortement urbanisé de la petite couronne à
l’Est de Paris.
Nous avons pu constater l’importance de la place de la
nature en ville pour les citadins de l’ACTEP. Les 250 questionnaires
remplis à propos de la perception des espaces verts par les habitants, de leurs activités et
de leurs envies pour le futur, nous ont montré à quel point la place de la nature en ville
est donc au cœur des préoccupations des habitants de l’ACTEP. Si chacun s’accorde sur
ce point, tous ne définissent pas la nature au sein de leur ville de la même façon. Dans le
terme nature, les résidents de l’ACTEP semblent plus entendre les espaces verts
aménagés comme les nombreux parcs qui ponctuent leur lieu de vie que les espaces
rudéraux peu présents.
� Dans quelle mesure la mise en place de la nature en ville est facteur de bien
être pour les citadins et outils de développement pour l’ACTEP ?
Les territoires urbanisés de petite couronne peuvent-ils aujourd'hui concilier ces deux
enjeux ? Dès lors, comment envisager une nature au service de la ville et de ses habitants,
à la fois récréative, instructive et sociale dans le territoire de l'ACTEP ?
Notre pratique régulière du territoire de l’ACTEP nous a permis de réaliser une
typologie de la nature qui ponctue le territoire. Nous avons également pu comprendre
les usages et attentes des citadins concernant les espaces verts et la nature sur leur
commune grâce au questionnaire rempli par 250 résidents. A partir de l’avis des usagers,
de nos constats et d’exemples nous nous attarderons en dernière partie sur quelques
propositions qui pourraient renforcer la place de la nature sur le territoire de l’ACTEP et
dans la vie des citadins.
L’ACTEP, territoire de 14 communes de 56km² accolé à Paris
Point méthodologique :
�Recherches diverses sur Internet à propos de l’ACTEP
�Parcours fréquents du territoire à différentes périodes (weekend,
semaine, vacances scolaires…) et à différents horaires (matin, midi, après-
midi et soir)
�Relevé systématique des activités constatées
�Prise de photographies
�250 questionnaires remplis par des résidents de l’ACTEP de 8 à 72ans de
toutes catégories socio-professionnelles interrogés dans les parcs et sur les
bords de Marne
3
I. L'ACTEP, un territoire aux paysages multiples…
mais quelle(s) nature(s) ?
Le territoire de l’ACTEP est composé d’une réelle mosaïque paysagère. Il s’agira
ici d’en rendre compte par quelques exemples représentatifs de cette diversité. Cette
multitude de paysages va de pair avec les différentes façons d’approcher la nature en
ville. Celle-ci passe aussi bien par la végétation qui ponctue les espaces publics et privés,
que par les étendues vertes créés pour et par l’homme que constituent les parcs et
squares aménagés ou encore par les espaces naturels hérités de l’histoire qui expliquent
en partie la géomorphologie et qui ont été appropriés par les citadins depuis quelques
décennies. Dans cette première partie, il s'agira donc pour nous de créer une double
typologie croisée : de la nature par la taille des espaces et des espaces de nature par le
degré d'artificialisation.
A. Une nature « du quotidien » Cette nature que l'on appellera « nature du quotidien » est une forme de nature
de proximité, une nature que le citadin est amené à côtoyer... au quotidien, dans la ville,
sur la ville. Par nature du quotidien on entendra donc diverses choses : des plantés
d'arbres le long des axes de circulations (qu'ils soient piétons ou automobiles), des pots
et bacs à fleurs sur les trottoirs, au sol ou suspendus aux lampadaires, sur les places
publiques ou encore sur les ronds-points aménagés, des toitures vertes, des balcons et
jardins végétalisés, des pelouses (qu'elles soient
entretenues ou abandonnées)... C'est une nature
essentiellement (mais pas que) d'agrément,
décorative, qui vient orner l'espace urbain et lui
fournir une teinte plus « verte ». Celle-ci, qui se
présente donc sur le territoire sous diverses
formes, est le fruit de deux principales
dynamiques : une dynamique publique et une
dynamique privée.
Dynamique publique : Il s'agit là d'une nature
« créée » sous l'impulsion du pouvoir public,
autrement dit, la commune dans une logique
d'amélioration du cadre de vie (urbain en
l’occurrence), on pourrait parler d'une
nature « publique ». De fait, elle peut faire
l'objet de politiques spécifiques. A
Joinville-le-Pont, une charte du patrimoine
arboré a ainsi été mis en place avec pour
objectif à la fois de promouvoir l'arbre en
ville d'une manière générale mais aussi de
sensibiliser les habitants sur leur rôle et
impact sur le milieu urbain (il y en a 3500
sur la commune) et sur leur préservation.
L'outil le plus parlant pour définir cette nature du quotidien reste encore le label "Ville
Fleurie". Celui-ci est détenu par 6 communes de l'ACTEP et notamment Champigny qui a
obtenue trois fleurs en 2002 pour ses 115 « spots » nouvellement fleuris chaque année et
ses 200 000 plantes à massifs repiquées pour un total de près d'un million de m²
d'espaces végétaux.
D'une manière générale, on observe depuis ces 6 dernières années un intérêt particulier
renouvelé pour la valorisation de la nature en ville. Ce constat s'illustre parfaitement à
travers les engagements pris lors du Grenelle de l'environnement et la loi Grenelle I votée
en 2009 dont l'un des objectifs majeur est la préservation des espèces animales et
végétales par l'intégration de trames vertes et bleues au sein des territoires. Autrement
dit : mise en place de « corridors verts » et création de transitions douces entre les
espaces à travers une implantation plus poussée de la nature en ville (donc arbres, fleurs,
pelouses...). Le PADD de Joinville-le-Pont illustre bien cette volonté de « reconnecter »
ses espaces entre eux (ici le bois et l'entrée de ville notamment) par des aménagements
paysagers plus « volontaires » dans une logique de préservation et d'amélioration de la
qualité de l'environnement et donc du cadre de vie. Néanmoins, il s'agit d'une nature
encore très policée, aux végétaux « artificialisés » (des végétaux nécessairement sains et
beaux) nécessitant un entretient constant qui s'intègre de façon bien précise et
« ordonnée » dans le paysage urbain d'une commune : les plantations de fleurs ou
d’arbustes apparaissent surtout en centre-ville (le « lieu des échanges ») et ses abords,
tandis que les plantées d'arbres se répartissent sur toute la commune aussi bien le long
de grandes avenues que le long de petites routes en zones pavillonnaires. Mais cette
nature ne relève pas uniquement de la sphère publique...
Rez de jardin arboré
Elsa FONTAINE, 2014
4
Dynamiques privée : Outre les communes, les citadins peuvent également participer, de
manière privée (individuelle ou commune), à la constitution d'une nature en ville, à
travers la végétalisation des façades des bâtiments et des maisons, des rez-de-jardin, des
jardins privés ou encore des balcons, terrasses et fenêtres. Cette « nature privée »
s'illustre généralement par des formes plus variées et une diversité accrue des espèces
végétales: plantation de plantes, fleurs et arbres exotiques, compositions végétales
originales (mélange d'espèces...) ou encore façades et zones « abandonnées » à la
végétation (façades de lierre...). En somme, une autre façon de produire de la nature en
ville. Par ailleurs, cette « nature privée », outre son rôle d'ornement décoratif, peut
parfois jouer un rôle de « production » . Les arbres fruitiers et les potagers de légumes
dans les jardins privées en sont une bonne illustration.
Mais cette nature du quotidien peut revêtir une forme différente, une sorte
d'« entre-deux » : publique ou privée, c'est une « nature abandonnée ». Dans des villes
de plus en plus fortement aménagées, ce type d'espace devient moins courant. Pourtant,
il joue son rôle de « nature en ville » au même titre que des pots de fleurs ou des parcs
urbains. Il s'agira généralement d'espaces de pelouses à la végétation « dispersée »
(quelques arbres, quelques buissons...) situés sur des parcelles ou des cheminements
(corridors) abandonnés envahis par la végétation ou sur des sites difficilement
accessibles et/ou inconstructibles (notamment autour des réseaux de transports). C'est
une nature qui apparaît bien souvent comme une nature « temporaire » qui n'est pas
destinée à perdurer. L'attention qui lui est portée est donc relativement faible.
Du fait de son caractère purement « décoratif » et ornemental, les perceptions
de cette nature sont très variables. Dans l'ensemble, les citoyens de l'ACTEP interrogés
reconnaissent le rôle d'embellissement que cette nature « quotidienne » octroie à
l'espace urbain en général. Elle est souhaitable. Néanmoins, nous avons pu constater
qu'une grande majorité des habitants ne prenait pas tellement en compte « cette »
nature comme une « vraie nature ». Peu nombreux étaient ceux qui citaient
spontanément les allées plantées ou les jardins privées. C'est finalement une forme de
nature presque « oubliée » (bien qu'elle soit en réalité « fréquentée » si on la considère
intégré à l'urbain), une nature de passage où l'on ne s'attarde pas et par conséquent à
laquelle on n’accorde pas forcément beaucoup d'attention. Il est clair que
l’aménagement des espaces de détente et d’accès à la nature favorise le contact avec
celle-ci, conforte le lien social, concourt à réduire la pollution tout en embellissant la ville.
De plus, la nature apporte de nombreux bienfaits sur la santé des citoyens, en effet, des
études scientifiques démontre cette vérité à travers la psychologie de l'environnement
où la nature serait un remède efficace contre certaines maladies comme le stress ou
l'anxiété, il est donc vivement conseiller à l'homme de se tourner d'avantage vers la
nature.
B. Les parcs : une nature aux accents « urbains » Comme nous avons pu le constater lors de nos enquêtes de terrain, pour la
grande majorité des citadins interrogés, ce sont les parcs qui font la nature en ville. Ceux-
ci peuvent relever diverses formes (parcs ouverts / fermés, boisés, herbacés …) et
diverses tailles (du petit square de quartier de quelques m² au parc urbain de plusieurs
centaines d'hectares). Généralement, les espaces verts de type « parcs » constituent un
véritable atout pour les villes (et leurs habitants) et peuvent être réel attrait pour
certaines populations qui recherchent spécifiquement leur présence (la présence d'un
parc proche peut être une des conditions d'un déménagement par exemple). Les prix de
l'immobilier, plus élevés à proximité des espaces verts, le confirment : pour un
promoteur, construire près d'un parc représente un avantage certain. Il ne s'agit plus ici
nécessairement d'une « nature de passage » simplement décorative. Ce sont des espaces
aménagés au fort pouvoir d'attraction qui offrent une nature essentiellement
« contrôlée » conçue pour les loisirs et la détente. Ce sont donc des « espaces choisis »
(la présence de parkings uniquement dédiés à leur accès le confirme) qui n'appartiennent
plus à la sphère « passive » du quotidien. L'on s'y rend volontairement (seul, avec sa
famille, ses amis...) pour y pratiquer une activité (quelle qu'elle soit) ou tout simplement
profiter de l'espace à disposition pour s'y promener notamment lors des beaux jours et
les week-ends. Ce sont de véritables équipements à part entière ouverts à tous
Dans le cadre de ce diagnostic, nous avons donc cherché à classifier ces parcs en
3 « stades » construit à partir du degré d'artificialisation des espaces.
Dans le premier « stade » on évoquera les parcs fortement artificialisés. Ces
espaces verts se caractérisent par une emprise forte de l'Homme. Il peut s'agir de petits
squares et jardins de quartiers comme de grands parcs urbains. Ils sont généralement
soigneusement travaillés et organisé (pour les plus grands, on pourrait presque parler de
« zonage »), soigneusement entretenus (les arbres sont taillés, les pelouses
régulièrement tondues...). C’est une nature très aménagée et domestiquée, destinée à
satisfaire les besoins des citadins en leur fournissant équipements et aménités multiples
dans un environnement voulu « vert » mais encadré (il y a des horaires d'ouvertures et
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de fermetures, en 8h et 19h en moyenne). Le parc illustrant le mieux notre propos est
peut-être le parc du Tremblay à Champigny-sur-Marne.
Fort de ses 75 hectares, le parc du Tremblay est un espace vert majeur dédié aux
pratiques sportives (stades de football, stades de rugby, pistes de course, terrains de
tennis, parcours de golf...) et à la détente (grandes pelouses essentiellement, chemins,
aires de jeux pour les enfants...). Il s'agit là d'un parc très largement artificialisé (multiples
équipements et aménagements) et ordonné (de larges étendues de pelouses bien
entretenues ponctuent le parc...) dans lequel les activités pratiquées, bien qu'en plein air,
apparaissent peu liées au cadre naturel en lui-même qui les accueille. La nature apparaît
ici plus comme un « cadre aseptisé » et ce d'autant plus que la flore y semble
relativement peu diversifiée (les mêmes plantes et les mêmes arbres reviennent souvent)
et la faune peu présente. Finalement, le parc du Tremblay (on peut en relever d'autres,
comme le parc du Croissant Vert à Neuilly-sur-Marne par exemple) représente une
nature « cadre » très urbaine destinée avant tout aux loisirs des citadins à l'intérêt
écologique encore relativement limité.
Notre second « stade »
d'artificialisation concerne les parcs,
certes aménagés, mais offrant une
nature plus fournie (flore et faune) qui
revêt un intérêt paysager et écologique
certain. Dans ces parcs, la nature (la
végétation) prend une place plus
centrale. On pourra notamment évoquer
le parc des Coteaux d'Avron, situés sur
les communes de Neuilly-sur-Marne et
Rosny-sous-Bois, dans lequel on retrouve
une zone Natura 2000 (lesquelles consistent en un ensemble de sites naturels européens
identifiés pour la rareté ou la fragilité des espèces sauvages, animales ou végétales et de
leurs habitats qu'ils abritent). Pour la mairie, il s'agir d'un site qui « a été aménagé de
manière à maintenir des milieux naturels variés (clairières, boisements, haies...) tout en
créant des espaces dédiés aux loisirs et à la détente (prairie de 2ha, pistes piétonnes et
cyclables, aires de jeux et de pique-nique, mobiliers urbains, espaces de liberté pour
chiens, signalétiques...), l'objectif étant de favoriser une cohabitation entre l'accueil du
public et la préservation du patrimoine naturel. ». Il s'agit d'un véritable espace
d'équilibre qui marie activités de loisirs et de détente (prairie de 2 hectares, pistes
piétonnes et cyclables, aires de jeux et de pique-nique...) à une nature préservée.
Le parc des Carrières à Fontenay-sous-Bois constitue un autre exemple d'espace
vert aménagé dans un cadre naturel aux aspects encore « sauvages » (on pourra
également relever, dans une moindre mesure, le parc Decesari à Rosny-sous-Bouis ou
encore le parc des Olympiades à Fontenay-sous-Bois). Les anciennes carrières de gypse
ont été ainsi transformées en « éco-parc » constituant l'un des « maillons » de la coulée
verte de la ville avec le parcs des Beaumonts, le parc de l’Hôtel de Ville et le talus des
Grands Chemins au cœur de la ville représentant un espace arboré de 22700m². Les
espaces de prairies (qui constituent une grande partie du parc) offrent une diversité
d'arbres, arbustes et graminées qui fournissent nourriture et abris à une faune variée
(plusieurs espèces de papillons, d'insectes et d'oiseaux s'y côtoient). Par ailleurs,
plusieurs aménagements ont été mis en place pour réintroduire et développer la
biodiversité au sein du parc comme la promenade des Crêtes avec la création d'une
passerelle franchissant un petit vallon qui permettra de diversifier les conditions
d'exposition de la végétation et de générer de nouveaux milieux écologiques avec des
plantes plus humides. Enfin, il est intéressant de noter que les zones boisées restent
interdites au public...
Le troisième « stade » que l'on pourra relever s'illustre à travers le parc du bois
de Vincennes. Il ne s'agit plus d'un simple espace vert, mais bien d'un espace d'exception
où la nature (à travers les nombreux bois et la faune qu'ils abritent) est omniprésente.
Si celui-ci n'y est pas administrativement rattaché il a pour particularité d'être
« englobé » par le territoire de l'ACTEP étudié. En effet, le bois de Vincennes et ses 995
hectares font partie intégrante du 12ème arrondissement de la capitale (dont il est le
plus grand espace vert en superficie devant le bois de Boulogne), et apparaît, de fait,
comme une excroissance du Paris intra-muros « étalé » sur la petite couronne de l'Est
Parisien. Ainsi, si celui-ci ne fait pas partie de l'ACTEP, de par sa situation géographique
particulière, sa taille et son histoire, le bois de Vincennes influence à la fois la perception
De grandes étendues d’herbe dans le parc très urbain du Tremblay
- Mélissande BOURGEOIS, 2014
Prairie reconstituée dans le parc des Coteaux
d’Avron
Source : http://www.mairie-
neuillyplaisance.com/
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de la nature en ville et les pratiques de cette même nature pour un grand nombre
d'habitants de notre territoire.
Le bois de Vincennes est ce qu'il reste d'une ancienne forêt qui recouvrait les
environs de Paris durant l'Antiquité. Après avoir été un domaine de chasses royales, le
bois est devenu un parc public sous l'impulsion de Napoléon III qui charge l'ingénieur
Jean-Charles Alphand de l'aménager. Essentiellement boisé (sur environ la moitié de sa
superficie), le parc est aujourd'hui un espace de détente et de loisirs majeur pour Paris et
sa proche banlieue à l'Est. En effet, un nombre important d'installations et
d'aménagements divers font de cet espace un espace fortement attractif qui draine un
grand nombre d'habitant à la fois de Paris et des communes de l'Est. On y retrouve, entre
autres, le parc zoologique de Vincennes, le château et le fort de Vincennes, des
installations sportives comme l'hippodrome de Vincennes, le vélodrome Jacques-
Anquetil, une ferme, un temple bouddhique, des théâtres... Ces nombreux
aménagements s'intègrent dans un espace naturel de grande qualité qui se caractérise
par les nombreux bois du parc. Mais on y retrouve également, outre les bois en eux
même, des espaces de nature variés comme le parc floral, le jardin tropical près de
Nogent-sur-Marne ou encore des lacs (au nombre de 3). De fait, toutes sortes d'activités
sont possibles dans le bois de Vincennes (activités sportives, culturelles et pédagogique,
activités de détente et de promenade...) ce qui lui confère un caractère particulièrement
exceptionnel notamment compte tenu du milieu fortement urbanisé dans lequel il se
trouve. Par ailleurs, la taille et la densité des zones boisées, la diversité de sa flore et de
sa faune (près de 150 espèces d'oiseaux différentes) permettent d'offrir un lieu de
dépaysement complet qui se « défait » de son milieu urbain, de la ville pour faire nature.
Une nature cette fois plus « libre », moins « urbaine » que celle que l'on retrouvera
généralement dans les communes de l'ACTEP...
La Marne : une nature « d'exception » C.
Comme nous venons de le soulever, le bois de Vincennes revêt une importance
toute particulière. Mais la Marne reste l'élément « identitaire » structurant, de par sa
taille, son histoire et l'influence qu'elle exerce et a exercée, du territoire de l'ACTEP qui
en tire une partie de son identité.
Longue de 514 km, la Marne est la plus longue rivière française et le principal
affluent de la Seine (au niveau de Charenton-le-Pont / Alfortville). Il s'agit d'un cours
d'eau aujourd'hui emblématique (3 départements en reprennent le nom, dont le Val-de-
Marne) qui traverse 9 des 14
communes du territoire de
l'ACTEP. En ce sens, la Marne unit
ces communes en constituant
aujourd'hui un véritable symbole
« commun » partagé par
l'ensemble du territoire. Si la
Marne est si emblématique, c'est
pour une part du fait de son tracé
sinueux et du méandre qu'elle
forme (les célèbres boucles de la
Marne, typique des cours d'eau de
plaine) qui a façonné un paysage atypique de coteaux boisés, luxuriant et vert. Mais c'est
aussi parce que la Marne renvoie à une histoire... une histoire à part en tant que lieu de
villégiature « historique » au passé riche qui continue de raisonner aujourd'hui.
En effet, c'est à partir de la fin du XIXème siècle que les bords de Marne (et l'Est
Parisien d'une manière plus générale) deviennent un espace de loisirs et de détente. Ce
phénomène prendra de l'ampleur durant toute la première partie du XXème siècle. Dès
lors, la Marne va attirer à la fois riverains et riches parisiens. On y vient pour profiter de
l'eau (on s'y baigne, on y pratique des activités comme le canotage ou l'aviron) et de la
végétation qui la borde (on y vient se ressourcer, se promener et se détendre...). Mais on
y vient également pour s'amuser dans les casinos et faire la fête dans les célèbres
guinguettes. Une ambiance de « campagne » paisible autour d'une Marne qui offrait
alors à la fois espaces de loisirs et espaces de détente et de promenade dans une
végétation luxuriante que la Seine, plus « industrielle », commençait à perdre. Cette
image est aujourd'hui restée, et dans l'imaginaire collectif, la Marne est synonyme de
détente et de nature... c'est ce qui fait encore sa valeur. La rivière renvoie à un passé plus
« ruraliste », moins « urbain ».
Aujourd'hui, avec l'urbanisation, les communes ont perdues leur aspect rural et
la Marne demeure l'ultime vestige de cette nature, de cet esprit de villégiature qui
caractérisait l'Est Parisien. Cette nature traverse aujourd'hui un espace pleinement
artificialisé et urbanisé qui a inéluctablement conduit à une évolution des paysages et des
ambiances et à une dégradation de la rivière. En effet, d'une part il n'est désormais plus
autorisé de s'y baigner (interdiction par arrêté préfectoral en 1970), à la fois pour des
Berges de Marne aménagées
Elsa FONTAINE, 2014
7
raisons de sécurité et d'hygiène) ou d'y pêcher et d'autre part les berges ont subies de
profonds changements.
De fait, aujourd'hui la Marne est une rivière qui apparaît dans l'ensemble
fortement aménagée. Il n'empêche qu'elle conserve un charme certain qui s'illustre dans
les différentes « ambiances » qu'elle offre aujourd'hui. D'une commune à l'autre, d'une
berge à l'autre, d'un quartier à l'autre, les ambiances et les paysages varient au grès des
tissus urbains traversés (quartiers résidentiels et petits parcs paisibles, centres villes
actifs et bruyants...) des architectures (villas bourgeoises centenaires qui côtoient
cabanes et immeubles collectifs modernes) et des matériaux (pierre de taille, bois,
briques, béton...) ou encore que ce soit au grès des différents types de végétation et
d'ambiances paysagères (des espaces « isolés » et « protégés » par la nature, luxuriants
et ombragés, des espaces plus ouverts à une végétation plus basse et dispersée...).
Les aménagements (les voies de circulations, les équipements et le mobilier
urbain...) participent également à modifier les perceptions d'un coin à l'autre de la
Marne. Tantôt tourné vers l'automobile (voies rapides, autoroute...) dans des ambiances
plus « minérales » et « dégagées », tantôt tourné vers les piétons et les cyclistes
(passants et promeneurs...) dans des espaces plus « végétalisés » et « protégés ». Cette
différence dans le traitement des bords de la Marne témoigne d'une variété d'activités et
de fonctions pratiquées autour de la Marne qui « dissipe » aujourd'hui l'image originelle
d'une Marne « campagnarde » tourné sur les loisirs mais qui rend également compte de
la difficulté qui représente la gestion et la protection d'un tel patrimoine dans un milieu
fortement urbanisé.
En effet les enjeux sont nombreux. La Marne assure la production d'une eau à la
fois potable et industrielle mais doit aussi pouvoir continuer à être un lieu de loisirs et de
navigation (commerciale ou de plaisance) tout en préservant un milieu qui participe à
l'équilibre écologique de toute la région. C'est pourquoi il devenait nécessaire de mettre
en place un outil réglementaire adapté. Actuellement, un Schéma d'Aménagement et de
Gestion des Eaux pour la Marne est en phase d'élaboration. Apparus en 1992, les SAGES
sont des outils de planification (montés à l'initiative des acteurs locaux) qui ont pour
objectif la mise en place d'une politique de l'eau cohérente et commune aux territoires
concernés. L'ACTEP, traversée de part en part par la Marne, entre bien entendu
pleinement dans le processus d'élaboration du SAGE Marne Confluence lancé en 2007. Le
SAGE constitue un véritable « guide de la gestion de l'eau » qui recherche un « équilibre
durable entre protection des milieux aquatiques et satisfactions des usages » (industriels,
commerciales...) notamment à travers une prise en compte accrue dans les politiques
d'aménagement dans une logique de préservation et d'amélioration du « patrimoine
commun » qu'est la Marne.
Le syndicat mixte « Marne Vive » (dont le territoire s'étend sur le Val-de-Marne
et la Seine-Saint-Denis) a piloté (avec les services de l’État) un premier diagnostic global
du territoire, parue en 2009, justifiant la mise en place d'un SAGE. Aujourd'hui, « Marne
Vive » œuvre pour une Marne protégée et conservée, à travers le SAGE, mais également
le « Contrat de bassin 2010-2015 ». Il s'agit d'un ensemble de projets qui vise à améliorer
la qualité de la Marne (le programme complet correspond à un investissement de près de
153 millions d'euros pour les 5 années) en favorisant des actions d'assainissement, de
gestion des eaux de pluie, en développant la biodiversité, en travaillant sur les berges
(faire des berges plus « naturelles ») ou encore en luttant contre le rejet de pesticides.
Au-delà de ses eaux en général, certains espaces font déjà l'objet d'un soin tout
particulier et c'est notamment le cas des îles de la Marne dont certaines ont été classées
Réserve Naturelle Départementale : les îles des Gords, l'île de Pissevinaigre et l'île de
l'Abreuvoir. Celles-ci offrent un cadre à part typique de la Marne qui se voit aujourd'hui
protégé (au point d'en interdire l'accès au public) pour préserver pleinement la diversité
de la faune (aquatique et terrestre) et la flore. En effet, ces îles, aux berges naturelles
conservées, offrent un paysage sauvage authentique et unique sur la Marne qu'il est
primordial de protéger tant dans une logique écologique que patrimoniale. Il s'agit ici des
espaces naturels parmi les mieux préservés du territoire de l'ACTEP et l'ultime « stade »
dans notre typologie de l'artificialisation des espaces vue plus haut : une nature
« réelle », protégée de l'Homme dans un espace préservé et peu modifié.
Finalement, la Marne offre une nature à part, une nature d'exception dans un
milieu urbain. Donc une nature (dans le sens d'espace) à protéger, de grande valeur... Si
on ne peut pas parler de nature de proximité (s'y rendre apparaît plus fastidieux que de
fréquenter un square ou un jardin de quartier), l'influence de la Marne sur les communes
proches et son pouvoir d'attraction sur les habitants (il est certainement plus agréable de
fréquenter les bords de Marne qu'un petit square de quartier pourtant plus proche) est
indéniable. Par ailleurs, la Marne renvoie à un passé, une histoire et par conséquent on
pourra parler d'une nature « identitaire », celle de l'Est parisien, celle de l'ACTEP...
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Mais la question sera de savoir comment est pratiquée cette nature par les
habitants ? Qu'apporte son caractère exceptionnel dans la pratique de la nature en ville
pour les habitants de l'ACTEP et notamment par rapport à des espaces plus
« communs » ? C'est ce que nous allons voir dans la seconde partie.
II. Appréhension des espaces de nature vécus : quelle
offre au sein de l’ACTEP ?
Comme évoqué précédemment, l'intégration de la nature au sein de l'ACTEP
nécessite la prise en compte de multiples éléments et des contraintes qui en découlent.
L'urbanisation conséquente propre à la petite couronne parisienne ; les grandes
infrastructures de transports et le patrimoine industriel historique confrontés à l'offre de
nature, contribuent à former une multitude de paysages propres au territoire de
l'ACTEP ; des paysages qu'une étude du DSA d'architecte-urbaniste de Marne-la-Vallée
qualifie « d'urbains contemporains ». L'appréhension de la relation entre les habitants,
leur perception de la nature et leur pratique de l'espace (notamment par le biais d'une
enquête de terrain auprès de 250 habitants) nous a notamment permis d'établir un
rapport entre l'âge, la proximité des espaces dits « verts » et la recherche d'une nature
spécifique (sauvage, aménagée...). Nous nous sommes ensuite basés sur celui-ci pour
confronter l'offre et la demande de nature au sein du territoire.
« Selon vous, quelle est la place de la nature en ville pour un bon cadre de vie ? ».
A cette question, plus de 90% des usagers ont répondu : « essentielle », ce qui traduit une
très forte sensibilité des habitants à leur environnement. Mais de quelle nature parle-t-
on véritablement ? A cette question, les réponses varient fortement d'un individu à un
autre. Et pour cause, pour certains interrogés, elle se limite à la présence de la Marne ou
du Bois de Vincennes ; pour d'autres elle comprend des espaces de nature plus maîtrisés,
des plantées d'arbres, des jardins privés ou des squares aménagés. Sélectives et souvent
réductrices les perceptions varient donc fortement en fonction des individus. Selon nous,
elles ne doivent pour autant pas être assimilées a des idéaux ou des aspirations
différentes mais davantage à des pratiques spatialisées, résultant d'une offre de nature
plus ou moins proche, d'une mobilité variable selon les classes d'âges ou d'interférences
avec une offre de nature privé. La quantification des pratiques individuelles a ainsi
constitué le point de départ de notre réflexion et a abouti à la classification des différents
espaces définis en tant qu'espaces de nature.
A. Quelle attractivité pour les pôles porteurs de
l'identité du territoire ? Bien que se situant en dehors de l'ACTEP, le bois de Vincennes constitue l'un des
deux principaux pôles de nature du territoire. Sa taille (995 hectares) et son offre de
nature diversifiée suffisent à satisfaire la quasi-totalité des habitants des communes
adjacentes, quel que soit le sexe ou la classe d'âge (0-19 ; 20-34 ; 35-59 ; 60 ans et plus).
Son attractivité rayonne, en effet, sur la totalité des communes de Saint-Mandé ;
Vincennes ; Nogent-sur-Marne ; Joinville-le-Pont ; Saint-Maurice et Charenton-le-Pont et
décroit vers le Nord et l'Est du territoire (à savoir les communes de Champigny-sur-
Marne ; Le Perreux-sur-Marne et Fontenay-sous-Bois). Corrélé à l'indice de satisfaction,
lui aussi décroissant, ce constat nous amène aux déductions suivantes : �Le besoin de nature des habitants va de pair avec un besoin de proximité. �La nature telle qu'elle est perçue dans le bois de Vincennes, à savoir plus diversifiée,
plus « neutre » ou plus « sauvage » peut amener les habitants les plus mobiles (ici en
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fonction des classes d'âge) des communes plus éloignées à parcourir des distances plus
importantes. �Si l'attractivité du bois réside dans sa taille et dans son offre de nature, elle est
accentuée par les différentes lignes de bus (114, 210,325), de RER et de métro (ligne 1 et
8) qui le desservent.
Le second pôle perçu comme l'une des sources majeures de nature en ville, du
bien-être des habitants et « porteur » de l'identité du territoire est en réalité un axe
puisqu'il s'agit de la Marne. A l'instar du bois de Vincennes, l'enquête nous a montré que
son emprise sur les populations des villes attenantes (principalement Neuilly-sur-Marne ;
le Perreux-sur-Marne ; Bry-sur-Marne ; Nogent-sur-Marne ; Joinville-le-Pont ; Saint-
Maurice et Charenton-le-Pont) était considérable puisqu'elle était attractive pour toutes
les catégories d'âges à partir du moment où ses berges ont été aménagées et où les
infrastructures de transports n'influaient pas de manière négative (nuisances sonores ou
olfactives). Toutefois, passée une certaine distance au sein du territoire, son taux de
fréquentation diminue considérablement (les individus interrogés dans l'Est de
Champigny-sur-Marne ne se déplacent que très rarement jusqu'à la Marne). Par ailleurs,
certains témoignages ont mis en exergue une diminution dans le temps des « animations
des bords de Marne », la rendant, dès lors, moins attractive pour certaines catégories
d'âge.
Le bois de Vincennes et la Marne constituent donc les deux principaux porteurs
de l'identité du territoire de l'ACTEP. Bien que représentant les aires de chalandise les
plus conséquentes du territoire, leur attractivité se limite en grande partie aux
communes adjacentes. Autrement dit, cette nature est, d'un côté, fortement mise en
valeur dans l'imaginaire collectif et, d'un autre, perçue comme étant difficilement
accessible au-delà d'un certain périmètre. Si le bois de Vincennes est plutôt bien desservi,
des mesures concernant l'accessibilité à la Marne doivent être envisagées. Les usagers,
quant à eux, sont sensibles à cette offre de nature diversifiée, à la fois récréative et
instructive ; la présence de ces deux entités suffit d'ailleurs presque à elle seule à
satisfaire le besoin de nature des habitants des communes alentours.
B. Les pôles « secondaires » : quelle proximité et à
quel prix ? Si les deux principaux pôles évoqués en première sous-partie maximisent l'offre de
nature dans 9 des 14 communes de l'ACTEP, ils ne satisfont qu'une minorité des classes
d'interrogés dans les communes non-limitrophes et ce, particulièrement sur le critère de
la proximité. Notre enquête nous a notamment permis d'isoler des parcs
départementaux aménagés (allant de 10 à 75 Hectares) dont les aires de chalandise
dépassent celles des communes. Le Parc du Tremblay ; le Parc de la Haute-Ile ; le Parc
Watteau ; le Parc départemental du Plateau et le Parc des Coteaux d'Avron constituent
ainsi ce que nous appellerons au fil de cette partie les « pôles secondaires » de nature en
ville.
Leurs caractéristiques en termes d'offre de nature diffèrent de celles des deux
pôles principaux. Ils mettent ainsi en scène une nature aménagée (à des degrés variables
selon les parcs) complétée d'équipements sportifs (à l'image du Parc du Tremblay) et de
grandes esplanades. S'ils attirent des populations nombreuses, à la fois internes et
externes aux aires des communes dans lesquelles ils sont implantés, notre enquête nous
a révélé que les profils de celles-ci se limitaient généralement à certaines classes d'âges
(les 0-19 locaux, les 20-34 et plus faiblement les 35-59), et à certains types de loisirs (le
sport en grande partie ou la promenade occasionnelle) ; les autres usagers favorisant des
espaces plus lointains mais à l'offre de nature plus neutre ou, à l'inverse, des squares de
plus petite taille, à l'offre de nature limitée mais beaucoup plus proches et donc plus
accessibles aux piétons et aux cyclistes. Autrement dit, la mise en valeur d'une nature
tendancieuse, mieux équipée, plus propice à la détente et à la récréation qu'au
développement personnel et à l'instruction peut, ici, amener à exclure certaines
pratiques et donc certains usagers de ces espaces.
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Du point de vue de leur accessibilité dans la ville, les spécificités de ces pôles
secondaires diffèrent également de celles de la Marne ou du Bois de Vincennes et cela
peut notamment s'expliquer par une mobilité différenciée, propre à chaque classe d'âge.
En effet, si la fréquentation de ces espaces par les individus entre 0 et 19 ans se limite à
celle des locaux, c'est également parce que ceux-ci ne sont globalement pas connectés
ou desservis correctement par les réseaux ferrés de transports en commun (ces derniers
étant plus propices au déplacement des adolescents et des jeunes adultes). A l'inverse, la
présence de grands parkings et de grandes infrastructures de transports autour ou à
proximité de ces pôles, tend à favoriser les déplacements en voiture, et donc les
déplacements des individus compris entre 34 et 59 ans (le Parc départemental du
Tremblay se situe ainsi au croisement d'une autoroute et d'une départementale). Dans
une seconde acception, la présence de ces grandes infrastructures peut tout aussi bien
constituer une nuisance dans la mesure où elle inhibe l'intégration de ces pôles à la ville
et le sentiment de proximité avec la nature.
C. Les « pôles tertiaires » : quelle offre de nature à
l'échelle communale ? Au travers de la notion de « pôle tertiaire de nature en ville », nous entendons
intégrer tous les espaces définis en tant qu'espaces de nature inférieurs à un hectare, à
l'image des squares aménagés, des jardins publics ou partagés. Les enjeux autour de ces
espaces sont considérables ; d'une part pour les communes situées hors de l'aire de
chalandise de la Marne ou du bois de Vincennes ; d'autre part parce qu'ils sont les plus
nombreux sur le territoire. L'offre de nature des villes de Rosny-sous-Bois ; de Villiers-sur-
Marne ; du Nord de Fontenay-sous-Bois et de Neuilly-Plaisance ou du Centre-Est de
Champigny-sur-Marne dépend, en outre, quasi-exclusivement de ces espaces de petite
taille.
Comme nous avons pu le constater au sein du parc du Saut du Loup ; du Parc des
Cités Unies ; du Square du Colombier ; du parc Decesari et bien d'autres, l'attractivité de
ces territoires se limite, en effet, principalement au quartier. Certaines questions posées
aux habitants ont, par ailleurs, mis en valeur une dimension uniquement esthétique
recherchée par ces espaces de nature (rappelant dans certains cas les jardins français du
XIème siècle). Néanmoins, la présence permanente d'aires de jeux pour enfants
(Ludoparcs), le manque de pistes cyclables, de garages à vélos ou encore d'espaces
adaptés aux animaux de compagnie (la grande majorité de ces squares sont interdits aux
chiens)... limitent considérablement l'impact spatial de ces espaces, leur possibilité
d'usage et donc leur attractivité par rapport aux différentes classes d'âges ou aux
différentes localisations. Ici les questions : « Pour vous, quelle place devrait occuper la
nature en ville ? » et « Quelles activités y pratiquez-vous ? » ont donc été déterminantes.
A celles-ci, la totalité des habitants interrogés était d'une part désireuse d'une plus
grande place pour la nature en ville ; d'autre part limitée à la petite promenade, au
simple passage voire à aucun usage. Ces deux réponses traduisent, à la fois, l'incapacité
de ces espaces à répondre au besoin de nature de l'ensemble des classes d'âge (ces parcs
n'étant fréquentés que par des adolescents ou des adultes avec des enfants en bas-âge)
et le public visé trop restreint pour bénéficier d'un impact véritablement significatif sur la
population. En ce sens, à moins de viser une population plus large ou d'être intégrés aux
réseaux de circulation douce, ces espaces ne peuvent prétendre à combler les
populations locales.
Par leur taille et leur offre de nature très limitée, nous avons voulu nous
interroger au rapport entre leur fréquentation et la présence de l’offre de nature privée
11
(jardins privés). Notre enquête nous a tout d'abord révélé que le tissu urbain n'était pas
homogène, mais qu'il évoluait d'une majorité d'habitat collectif vers une majorité
d'habitat individuel selon axe Est-Ouest (bien que le territoire soit situé en petite
couronne). Les communes proches de Paris comme Vincennes et Charenton-le-Pont
comprennent ainsi davantage d’habitats collectifs, celles de Fontenay-sous-Bois et
Nogent-sur-Marne alternent entre habitat collectif et individuel, et celles situés plus à
l'Est comme Villiers-sur-Marne ou Neuilly-sur-Marne comprennent une majorité
d'habitats individuels. En ce sens, s'il est possible de corréler cette évolution à une plus
forte présence de squares, on ne peut, pour autant, établir un rapport entre présence de
jardins privés et diminution ou augmentation de la fréquentation des espaces verts.
Autrement dit, il nous est possible d'affirmer que leur place ou leur localisation peut être
conditionnée par le bâti. Leur fréquentation, elle, dépend de critères plus subjectifs et
propres aux besoins des usagers (physionomie, aspect paysager, accessibilité, offre
diversifiée).
Au-delà de la simple perception, notre réflexion a été initiée sur le principe que
la nature ne pouvait s'avérer réellement profitable que dans la mesure où elle pouvait
être vécue et parcourue par tous. En ce sens, si, comme évoqué plus haut, la présence
d'espaces verts en ville ne suffit pas à appréhender la nature dans sa globalité, elle
représente l'un des points clés de notre étude ; non seulement car elle contribue
fortement à façonner les paysages et l'identité du territoire mais aussi parce qu'elle
constitue un outil de promotion territoriale de taille pour les collectivités locales. Quant à
la satisfaction du besoin de nature des usagers, certaines contraintes – qu'il s'agisse de la
proximité ou de la mobilité – viennent ternir cette image de nature salvatrice.
Néanmoins, les habitants ont généralement conscience de l’évolution de leur territoire
par rapport à ces contraintes urbaines multiples. Ils sont divisés entre la satisfaction d’un
espace relativement naturalisé ayant été mis en plus en valeur avec le temps ; et le
besoin croissant d’une nature moins « maîtrisée ». En ce sens, la plupart estime
« raisonnable » et « difficilement améliorable » l'offre de nature en ville même s'il
demeure quelques réserves quant à l'irrespect des espaces de nature vécue (manque de
propreté, dégradations...). Pour autant des propositions d’amélioration de l’offre de
nature ont été émise par certains interrogés.
III. Repenser les rapports Homme/ Nature en milieu
urbain
Renaturer la ville A.
Comme nous l’avons vu précédemment, le territoire de l’ACTEP présente un
potentiel naturel intéressant avec son large panel de squares et parcs ainsi que ses bords
de Marne aménagés. Les résidents de l’ACTEP semblent satisfaits de leur cadre de vie
mais restent persuadés que celui-ci peut être amélioré. Ils sont nombreux à demander
plus de place pour les espaces verts. Comment renforcer la place de la Nature sur le
territoire si densément bâti qu’est l’ACTEP ? D’autres espaces soumis à ce genre de
dilemme ont trouvé des solutions. Montréal en est surement l’exemple premier. Tout
comme le territoire de l’ACTEP, Montréal possède de grands parcs. Les politiques de
cette décennie tentent de pérenniser ces espaces et leur conférer un plus grand intérêt
écologique.
Les parcs sur le territoire actepien présentent une nature fortement aménagée
et contrôlée par et pour les citadins. Les espèces plantées sont sensiblement les même et
sont généralement indigènes au biotope initial. Ces parcs et espaces verts, bien que
représentant une surface non négligeable, sont caractérisés par une densité et une
diversité végétale faible, le tout traité de manière formelle et utilitaire. Le biotope est
finalement de médiocre qualité, la faune et la flore étant peu diversifiées. Une des
possibilités pour le territoire de l’ACTEP est de renaturiser les espaces verts dont les
communes disposent. Un moins fort contrôle de la végétation est essentiel. Ce fut une
des premières politiques lancées dans la ville de Montréal. Cela passe par une tonte
moins systématique des pelouses ce qui permet notamment aux insectes de venir
butiner ou encore par la réintroduction d’espèces locales disparues aujourd’hui car peu
appréciées à une certaine époque. Favoriser la nature rudérale serait la preuve d’un réel
changement de position face à la nature urbaine : en finir avec la « gestionnite » aiguë
pour plus de naturalité. Cette nature ne sera pas, comme peuvent l’être les espaces
verts, directement accessible aux citadins. Pour rester un biotope de qualité il lui faut
rester isolé ou du moins peu fréquenté. Cette verdure dynamisée engendrera un regain
de présence de la faune ce qui ne peut être que bénéfique pour le bien-vivre des citadins.
La contribution au bien être des citadins sera donc indirecte. Que le végétal soit
nécessaire en quantité c’est une certitude mais la qualité est aussi à travailler. Des
plantes oui, mais lesquelles ? Il faut créer un végétalisation cohérente avec des plantes
locales appréciées par la faune présente.
12
Passerelle à
végétaliser pour
une meilleure
intégration
paysagère et
écologique
Un exemple très
parlant : La ville
de Montréal, qui
lutte activement
pour la
protection de sa
biodiversité, a mis en
place des corridors écologiques entre les
principaux espaces naturels afin de
permettre aux espèces de se déplacer et de
migrer plus aisément. Dans une même
logique, les questions du développement de
trames vertes et voies de circulations douces
sont essentielles sur le territoire actepien.
Lors de nos entretiens, les habitants se sont
souvent plains du manque de liens doux et
sécurisés (piste cyclable et chemin protégés par rapport aux réseaux automobile) entre
les grands parcs et bords de Marne qui parcourent le territoire.
Encore trop souvent la nature intervient de dernier recours, comme pour
maquiller les projets d’un peu de vert. C’est tout le contraire des démarches d’écologie
urbaine qui impliquent de composer avec la nature et d’imaginer de nouveaux
aménagements fonctionnels. Avec la création des nouvelles gares du Grand Paris qui vont
venir desservir le territoire de l’ACTEP, la question de la place de la nature dans ces
projets est primordiale. Les emprises ferroviaires et les autoroutes déjà très présentent
sur le territoire vont être encore renforcés. Ces lignes frôlent souvent les espaces de
nature et se révèlent être source de nuisances sonores et visuelles mais aussi de
pollution. Comment rendre écologiquement intéressant ces lourds aménagements qui
parcourent l’ACTEP ? Ces zones ont pour avantages d’être inaccessibles aux piétons donc
relativement isolées, de border de nombreux espaces verts tel que les bords de Marne, le
parc du Tremblay et autres squares mais aussi d’être inconstructibles. Ces parcelles ne
subissent donc pas la pression du foncier. L’idée est de laisser la nature rudérale y
reprendre ses droits dans la mesure où cela n’abîme pas les infrastructures et ne crée pas
de danger pour les utilisateurs tout en intégrant ces espaces au nouveau tracé des
trames vertes. De plus il est avéré que la présence de nature a pour avantage de favoriser
le sentiment de sécurité. C’est un point qui n’est pas négligeable dans le traitement des
nouvelles gares étant donné les problèmes que connaissent les gares construites
antérieurement.
L’exemple de la High Line de Manhattan, parc urbain suspendu aménagé sur une
portion (2,3 km) désaffectée des anciennes voies ferrées aériennes du Lower West
Side, pourrait inspirer dans une certaine mesure les projets pour l’ACTEP
En 2005, une étude faite par l’Evaluation des écosystèmes pour le millénaire, a
relevé quatre catégories de services que rend la nature et dont bénéficient les humains :
Passerelle surplombant l’autoroute
permettant de passer des bords de Marne
au Parc du Tremblay
Mélissande BOURGEOIS, 2014
13
- Services de régulation du climat, la régulation des eaux de ruissellement, la purification
de l’air, etc.
- Services d’approvisionnement, incluant la fourniture de biens comme la nourriture,
l’eau potable, le bois, les plantes médicinales, etc.
- Services culturels incluant l’esthétique des paysages, des espaces récréatifs et éducatifs
liés à la nature, etc.
- Services de soutien, de façon indirecte, il s’agit de la formation du sol, processus de
croissance des végétaux, et se retrouvent ainsi à la source de tous les autre services
rendus à l’homme.
Des solutions toujours plus innovantes doivent être trouvées pour les villes
soumises à des pressions démographique et foncière grandissantes. Le territoire de
l’ACTEP présente quelques réserves foncières. Etant donné le contexte, les politiques ne
vont pas en faveur de la création de nouveaux espaces verts sur ces réserves mais
tendent plutôt à leur transformation en habitations et entreprises. Il s’agit encore ici de
mettre la nature au cœur des futurs projets de l’ACTEP en alliant sa valeur esthétique et
écologique. Sans être la panacée à tous les maux qui affligent les villes, la toiture végétale
est l'une des solutions les plus écologiques et des plus adaptée à ce territoire densément
bâti qui tend à l’être encore plus. L’enjeu majeur de l’habitat de l’ACTEP est d’être
ancien, parfois vétuste et très peu économe en énergie. En trouvant de nouvelles voies
pour l’utilisation des espaces vides laissés sur les toits, on génère une nouvelle activité
économique tout en offrant une meilleure qualité de vie aux habitants. Le site
écohabitations.com liste les différents avantages des toits végétalisés : « Ajoute de la
valeur à l’immeuble. Prolongation de la durabilité de la membrane du toit et protection
des rayons ultra-violets. L’augmentation d’isolation du toit engendre une moins grande
perte de chaleur et donc une économie des couts d’énergie tout en insonorisant.
Création d’un nouvel espace agréable pour les occupants du logis. » Lors de nos
entretiens quelques citadins nous ont proposé la création de toits et murs végétaux. Ces
solutions semblent attirées les actepiens qui restent conscients du coût important que
cela engendre. Le développement de l’agriculture urbaine dans ces espaces pourrait
devenir un enjeu de taille pour le futur.
Des solutions adaptées au contexte de l’ACTEP pour favoriser la place de la
nature en ville peuvent être trouvées. L’objectif principal est de changer le regard que
portent les collectivités et les habitants sur la nature qui est réduite à l’esthétisme.
Elément clé de l’attractivité des territoires et du cadre de vie, les plantes sont essentielles
par les fonctions qu’elles exercent dans la ville et pour ses habitants. Finalement toute la
question est là : pour que les habitants apprécient et respectent ces nouveaux
aménagements, il est essentiel de les sensibiliser à la nature qui les entoure et à l’éco-
citoyenneté.
B. Sensibiliser les citadins à l’éco-citoyenneté La nature en ville dispense des aménités au citadin. Elle améliore son cadre de
vie, lui procure des lieux de promenade, de pratiques sportives en plein air, un refuge
contre le bruit, le stress et la pollution ou encore la possibilité de cultiver un jardin
familial. Elle remplit une fonction éducative en sensibilisant les enfants et les adultes à la
vie « sauvage ». La nature en ville apporte avant tout un agrément aux habitants.
L’embellissement par les plantes est une motivation importante. La diversité des formes,
de styles et d’harmonies contribue à la détente et suscite l’intérêt du citoyen. La
proximité avec la nature est un élément important, et certains espaces ont un rôle
intéressant pour les habitants. Les squares de proximité font partie des espaces verts les
plus plébiscités pour les promenades journalières ou la détente.
C’est pourquoi il est important de respecter la nature, mais aussi de la
comprendre, « La nature en ville est le meilleur moyen pour les citadins et spécialement
pour les enfants de découvrir la nature réelle, de percevoir le rythme des saisons » Serge
ORRU (WWF). En effet en plus de l’éco-citoyenneté du quotidien, relative à la gestion des
déchets ou à l’économie d’énergie, il est important de mettre en avant la valorisation et
la préservation de la faune et de la flore, et cela par des gestes simples.
Il est donc important que chacun – de la commune au citoyen – adopte une
démarche responsable dans le respect de la nature et de l’environnement en général.
Que chacun ait conscience de l’importance de l’environnement et des dangers qui le
menacent. Cette sensibilité écologique pourra s’expliquer pour les uns par un amour
pour la nature et un respect pour l’environnement, et pour les autres, par les effets des
campagnes de sensibilisation organisées par les instances gouvernementales qui n’ont
cessé d’éveiller chez eux le sens de la responsabilité et de développer leur implication à
l’égard de la cause écologique. Ces campagnes peuvent arborer des visages totalement
différents, allant d’un message dans un magazine d’information local à l’implantation de
mobilier pédagogique dans les espaces naturels de proximité. Du point de vue public,
l’implantation de panneaux pédagogiques présentant les diverses espèces animales et
végétales présents en des lieux déterminants peut permettre aux usagers de se
familiariser avec une part de nature qu’ils ne connaissaient peut-être pas, et ainsi de
commencer à se préoccuper plus sérieusement de l’habitat naturel dans lequel ils
14
évoluent. Ces panneaux indicatifs, pourront aborder un aspect pédagogique et ludique,
de telle sorte qu’adulte et enfant se retrouvent dans un apprentissage commun, et ainsi
développer une conscience écologique déterminante dans la préservation de ces espaces
au sein de leur ville.
Cette question est centrale pour le territoire très urbain de l’ACTEP. Les
questionnaires remplies nous permette de constater que la question de la nature dans
leur ville est au cœur des préoccupations des citadins mais que chacun défini
différemment cette nature en ville. Très peu d’interrogés ont ainsi coché la case
« animaux et insectes » comme élément représentatif de la nature en ville. « Des plantes
oui mais sans les insectes, après nous allons nous faire piquer. C’est comme les corbeaux
et les pigeons, il y en a de plus en plus en ville et ils créent beaucoup de dégâts » nous
confiait une habitante de Neuilly sur Marne lorsque nous lui disions que dans un but
écologique il était important de créer en ville des espaces propices à l’installation de la
faune. Cette anecdote montre qu’un certain nombre de citadins voient encore la nature
comme se réduisant à la végétation et à son intérêt esthétique. L’éducation de la
population est au cœur de la problématique de la place de la nature en ville
Comme nous l’avons constaté lors de nos déplacements au sein de l’ACTEP, une
large part de la nature en ville est privatisée. Aussi, la commune pourrait avoir pour
mission de stimuler les particuliers possédant des jardins ou des terrasses suffisantes à
les aménager, implanter des arbres, des espaces verts permettant d’habiller l’urbain de
verdure. Dans une période ou le foncier représente une denrée rare, cela a pour
avantages de ne pas en consommer, il n’est pas question ici de création de parc mais
d’utiliser l’urbain à bon escient : favoriser par exemple les toitures végétalisées ? Bien
sûr, tout en respectant un code assez homogène, une « trame écologique » permettant
d’utiliser des arbres et végétaux locaux, afin de limiter l’intrusion d’espèces exotiques
comme les palmiers ou les bananiers.
Cependant, avoir un comportement éco-citoyen ne doit pas être donné qu’aux
usagers mais aussi, et nécessairement, aux instances dirigeantes. Bons nombre
d’exemples de comportement responsable peuvent être mis en lumière. Par exemple, de
nombreuses espèces d’oiseaux utilisent les cavités présentes dans les arbres morts
comme site de reproduction, dortoir, abri ou garde-manger. En ville, ces arbres sont
souvent abattus pour des raisons de sécurité, conduisant à la désertion progressive des
sites par les oiseaux. Or, cette désaffection est préjudiciable à l’équilibre des
écosystèmes, compte tenu de la place que ces espèces occupent dans la chaîne
alimentaire. L’installation de nichoirs (dans les parcs ou chez les particuliers) peut donc
être une solution alternative à l’enlèvement des arbres morts qui sont les habitats
principaux de ces espèces. Autre comportement à bannir : l’utilisation par les services de
la ville d’insecticides et d’engrais chimique. Ils doivent être remplacés par des engrais
biologiques, tel que ceux constitués à base de tubercule (betterave notamment). La
prolifération des mauvaises herbes peut être évitée par le paillage des sols. Il permet de
limiter le besoin en eau des plantes car il retient l’humidité, ce qui par la même occasion
permet de diminuer le besoin d’un arrosage systématique.
Un exemple de comportement éco-
citoyen, la ville de Joinville-Le-Pont.
Il a été mis en place « La charte du
patrimoine arboré ». C’est un projet qui a été
porté par le Comité Consultatif Environnement.
Il témoigne de la volonté de promouvoir l’arbre
en ville, de faire connaitre aux habitants le rôle
majeur des arbres, leur valeur biologique,
paysagère et les moyens mis en œuvre par la
ville pour assurer la pérennité des quelques
3500 arbres présents à Joinville.
C’est un document qui témoigne activement de
l’engagement en faveur de ce patrimoine avec
le souci de la sécurité des espaces plantés par
la mise en œuvre d’un suivi régulier, une gestion des arbres en fonction de leurs
typologies et selon des méthodes de taille raisonnées et enfin une prise en compte des
besoins de l’arbre dans le cadre des nouveaux aménagements présents dans les
documents d’urbanisme.
Conclusion : Comme nous venons de l'exposer, on ne peut pas parler d'une seule et unique
nature en ville. Mais alors qu'est-ce-que la nature en ville ? Cette question est d'autant
plus complexe que la perception même de la nature en milieu urbain n'est pas la même
d'une personne à l'autre. En effet, nous avons pu constater différentes formes de nature,
de différentes tailles, aux ambiances variées, aux paysages multiples. Dans l'ensemble,
les habitants de l'ACTEP apparaissent satisfaits de « l'offre » dont ils disposent sur leur
Terrasses et jardins privés végétalisés à
Joinville-Le-Pont
Mélissande BOURGEOIS, 2014
15
territoire. Si cette satisfaction est générale, les raisons de ce contentement diffèrent
selon les individus tant la vision comparée entre ville et nature, béton et végétation peut
varier. Finalement, faire de la nature en ville relève autant d'une logique d'aménagement
que d'une logique d'abandon. Pour certains, le caractère sauvage de la nature ne peut
pas s'appliquer à la ville, milieu planifié par l'Homme pour l'Homme. Pour d'autres, la
nature ne peut être nature que si on la laisse tout simplement être. Ces deux pendants
peuvent et doivent cohabiter. Les bienfaits de la présence de végétation ou d'eau pour
l'homme n'est plus à prouver et comme il a été clairement relevé dans notre enquête,
une grande majorité des habitants de l'ACTEP sont favorables à une plus grande présence
de nature en ville. Or, le milieu urbain dans lequel évolue les communes de l'ACTEP ne
permet pas toujours (voir pas du tout, sur certaines communes) la création de nouveaux
espaces verts planifiés et aménagés comme il est coutume de les faire. La solution réside
dans l'introduction toujours plus poussée de nouvelles formes de nature directement par
le bâti et le tissu urbain. De nouvelles formes qui soient, à la fois intelligentes et utiles,
comme les toitures et façades végétalisées (maîtrisées et esthétiques) ou comme des
allées et des parcelles abandonnées à la faune et à flore (sauvages et écologiques). En ce
sens, il sera alors possible de créer une trame verte et bleue mieux intégrée à la ville et
plus vaste combinant à la fois une Marne assainie, retrouvée et reconnectée, des espaces
verts aménagés adaptés à la vie citadine et des espaces verts à la biodiversité accrue. Les
trois se complétant pour créer une véritable « nature urbaine » qui pourra profité autant
à la ville (en termes d'image et de foncier notamment) qu'aux habitants (par une
amélioration du cadre de vie notamment). Des exemples de plus en plus nombreux (c'est
le cas notamment à Montréal) montrent que la conciliation des enjeux du bien-être de la
population et du développement d'un territoire par la nature en milieu urbain
fonctionne. Si un travail général sur les accès est peut être nécessaire, les communes de
l'ACTEP ont parfaitement su produire des espaces de récréation variés et de qualité.
Aujourd'hui, l'un des enjeux réside dans la mise en place d'une politique de « pédagogie »
tournée sur la nature et d'une réflexion sur le caractère social des espaces verts. Bien
entendu, des « embryons », encore éparpillés, de cette nouvelle « nature urbaine »
récréative, instructive et sociale existent sur le territoire de l'ACTEP. Cela implique
l'élaboration d'une politique globale, ouverte et cohérente à l'échelle du territoire qui
viendrait permettre de reconnecter les espaces entre eux et compléter le maillage urbain
actuel. Néanmoins, dans un sens comme dans l'autre, encore faut-il une volonté forte,
qu'elle soit politique ou citoyenne...
16
Bibliographie
� Articles scientifiques
ARNOULD Paul et al., « La nature en ville : l'improbable biodiversité »,Géographie,
économie, société, 2011/1 Vol. 13, p. 45-68.
BARBOSA, Olga / TRATALOS, Jamie A. / et al. « Who benefits form access to green space?
A case study from Sheffield, UK”, Landscape and urban planning, mai 2007, vol.83, p.
187-195
BAILLY, Antoine Sylvain, BOURDEAU-LEPAGE, Lise. « Concilier désir de nature et
préservation de l'environnement : vers une urbanisation durable en France. »
Géographie, économie, société, 2011, vol. 13, p. 27-43
DWYER, John F. / MC PHERSON, E. Gregory / et al. « Assessing the benefits and costs of
the urban forest. Journal of Arboriculture », September 1992, vol. 18, n° 5, p. 227-234.
SAINT LAURENT Diane, « Approches biogéographiques de la nature en ville : parcs,
espaces verts et friches. »
Cahiers de géographie du Québec, vol. 44, n° 122, 2000, p. 147-166.
� Divers documents
Projet de territoire de l’ACTEP, Mai 2010
« Nature en ville, rapport technique », Alterre bourgogne, Septembre 2010
Patrick LEGRAND « La ville : urbanisme, réseaux, environnement » sous la direction de La
Villette, cité des sciences et de l'industrie, dans la collection "les entretiens de la villette",
Paris, Septembre 1994
Sitographie
� Sites officiels des communes
http://www.actep.fr/
http://www.bry94.fr/
http://www.champigny94.fr/
http://www.charenton.fr/
http://www.fontenay-sous-bois.fr/
http://www.ville-joinville-le-pont.fr
http://www.leperreux94.fr/
http://www.mairie-neuillyplaisance.com/
http://www.neuillysurmarne.fr/
http://www.ville-nogentsurmarne.fr/
http://www.rosny93.fr/
http://www.mairie-saint-mande.fr/
http://www.ville-saint-maurice.com/
http://www.vincennes.fr/
� Recherches diverses
http://www.developpement-durable.gouv.fr/-La-Trame-verte-et-bleue,1034-.html
http://www.driee.ile-de-france.developpement-
durable.gouv.fr/IMG/pdf/Plateau_Avron_Docob_SSD_080311_bassedef_cle04199f-1.pdf
Sites consultés
régulièrement durant
ces derniers mois.