diagnostic agraire de la paroisse d’octavio cordero...

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1 AGRO MONTPELLIER CNEARC ESAT 1 Fondation écologique Mazan DIAGNOSTIC AGRAIRE DE LA PAROISSE D’OCTAVIO CORDERO PALACIOS (CANTON DE CUENCA, PROVINCE D’AZUAY, EQUATEUR) Mémoire présenté par : WILLOT Mélise, en vue de l’obtention du Diplôme d’Agronomie Approfondie de l’Agro Montpellier et du Diplôme Tropical du CNEARC. Maître de stage : Robles Isabelle, FEM. Directeur de mémoire : Bainville Sébastien, CNEARC Octobre, 2004.

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AGRO MONTPELLIER

CNEARC ESAT 1

Fondation écologique Mazan

DIAGNOSTIC AGRAIRE DE LA PAROISSE D’OCTAVIO CORDERO PALACIOS (CANTON DE CUENCA, PROVINCE

D’AZUAY, EQUATEUR)

Mémoire présenté par :

WILLOT Mélise, en vue de l’obtention du Diplôme d’Agronomie Approfondie de l’Agro Montpellier et du Diplôme Tropical du CNEARC.

Maître de stage : Robles Isabelle, FEM.

Directeur de mémoire : Bainville Sébastien, CNEARC

Octobre, 2004.

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AGRO MONTPELLIER CNEARC ESAT 1

Fondation écologique Maza

DIAGNOSTIC AGRAIRE DE LA PAROISSE D’OCTAVIO CORDERO PALACIOS (CANTON DE CUENCA, PROVINCE

D’AZUAY, EQUATEUR)

Mémoire présenté par :

WILLOT Mélise, en vue de l’obtention du Diplôme d’Agronomie Approfondie de l’Agro Montpellier et du Diplôme Tropical du CNEARC.

Maître de stage : ROBLES Isabelle, FEM.

Directeur de mémoire : BAINVILLE Sébastien, CNEARC

Membres du jury :

BAINVILLE Sébastien, CNEARC

COCHET Hubert, INA-PG

RASSE-MERCAT Elizabeth, CNEARC

WAMPFLER Betty, CNEARC

Octobre, 2004

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RÉSUME

Le présent document est le fruit de cinq mois de travail au sein du projet « diagnóstico-investigación de las dinamicas socio-económicas de la cuenca alta del río Paute » dans la paroisse d’Octavio Cordero Palacios (canton de Cuenca, province d’Azuay) située au cœur du sillon interandin équatorien.

Ce travail s’intègre au projet mis en place par la Fundación ecológica Mazan appuyée par diverses institutions équatoriennes et françaises. Quatre diagnostics agraires ont été réalisés afin d’identifier les dynamiques socio-économiques de l’agriculture paysanne du Haut Bassin versant de la rivière Paute. Ces études sont basées sur des enquêtes utilisant l’approche systèmique comme cadre conceptuel pour comprendre la diversité et la complexité des réalités agraires.

Au fil de l’histoire les exploitants agricoles ont su mettre à profit les atouts et contraintes des différents étages agro-écologiques de cette zone, dont l’altitude est comprise entre 2600 et 3600 m. Jusqu’aux années 50, les terres les plus fertiles de l’étage bas étaient dédiées aux cultures tandis que les animaux étaient menés à pâturer quotidiennement dans les zones communales de l’étage haut, permettant ainsi un transfert de fertilité horizontal. La minifundisation des exploitations combinée aux changements des règles d’accès aux communaux remet en cause tout le fonctionnement de ce système agraire. La mobilité de la main d’œuvre familiale selon les opportunités de travail extra-agricole est adoptée comme moyen de survie, ma is les exploitations n’en sont que plus fragilisées. Cette fragilité est révélée lors de la crise économique, qui affecte encore l’Equateur. C’est le début de la migration internationale.

Les principaux facteurs de différenciation des types d’exploitation sont l’accès à la terre et aux innovations techniques. Effectivement se côtoient sur cette zone des exploitations de polyculture-polyélevage en pleine crise de fertilité, des exploitations maraîchères et de moyennes et grandes exploitations laitières. Chacune a ses propres pratiques selon les objectifs du chef d’exploitation et les moyens dont il dispose. Cette inégale répartition du foncier a un impact direct sur la viabilité des exploitations. Aujourd’hui la majorité des exploitants minifundistes d’Octavio Cordero Palacios ne peuvent subvenir aux besoins de base de leur famille. On assiste donc à un véritable exode de la population, qui ne résout en rien les problèmes de fond actuels de l’agriculture paysanne équatorienne.

Mots clés

Andes équatoriennes, minifundisation, autoconsommation, migration internationale, pluriactivité, intensification en capital,

maraîchage, élevage laitier, cultures vivrières

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SUMARIO

El presente documento es el resultado de cinco meses de trabajo para el proyecto « diagnóstico-investigación de las dinámicas socio-económicas de la cuenca alta del río Paute » de la parroquía de d’Octavio Cordero Palacios (departamiento de Cuenca, provincia de Azuay) ubicada en el corrazón de las valles interandinas ecuatorianas.

Este trabajo se integra en el proyecto iniciado por la fundación ecológica Mazan apoyada por varias instituciones ecuatorianas y francesas. Cuatros diagnósticos agrarios fueron elaborados con el fin de identificar las dinámicas socio-económicas de la agricultura campesina de la cuenca alta del río Paute. Esos estudios son realizados a partir de encuestas de terreno usando el analisis sistemico como estructura conceptual para entender la diversidad y la complejidad de las agriculturas.

Con el tiempo, los campesinos lograron valorizar los elementos favorables y limitantes de los varios pisos agro-ecológicos de esta zona cuya altura varia de 2600m a 3600m. Hasta los años 1950, las tierras más fertiles del piso bajo estaban dedicadas a los cultivos mientras los animales estaban conducidos cada día a pastear en las zonas comunales del piso alto, asi que había un traspaso horizontal de la fertilidad. La minifundización de las fincas ligada a los cambios de reglas de acceso a los comunales no permiten que los sistemas agrarios sigan funccionando de la misma manera. Dado que la mobilidad de la mano de obra familial según las oportunidades de trabajo non agrícola fue elegida para sobrevivir, las fincas se encuentran más fragilizadas. Esta debilidad se pone de relieve con la crisis económica que sigue afectando el Ecuador. Es el principio de la.migración internecional.

Los principales factores de diferenciación de tipos de explotación son el acceso a la tierra y a las inovaciones técnicas. De hecho, en esta zona, co-existen fincas de policultivos y poliganadería en crisis de fertilidad, de fincas de hortalezas y de medias y grandes fincas lecheras. Cada una tiene sus propias prácticas según los objetivos del jefe de explotación y de los medios disponibles. Esta repartición desigual de la tenencia en tierra tiene un impacto directo sobre la sostenibilidad de las fincas. Hoy, la mayoría de las fincas minifundistas de Octavio Cordero Palacios no pueden asumir las necesidades de base para vivir. Se observa un real éxodo de la población, lo que no resuelve nada de los problemas centrales de la agricultura campesina ecuatoriana.

Palabras claves

Sierra ecuatoriana, minifundización, migración internacional, pluriactividad, intensificación en capital, autoconsumo, hortalizas,

ganadería lechera.

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ABSTRACT

This document is the result of a 5 month-long work within the project called « diagnostico-investigacion de las dinamicas socio-economicas de la cuenca alta del rio paute »in Octavio Cordero Palacios village (Cuenca district, province of Azuay), situated in the heart of the interandean equatorial furrow.

This study is part of the project built by the "Mazan foundation", with the help of several equatorial and french establishments. Four agrarian diagnostic assessments, based on surveys using systemic analysis as a conceptual environment in order to understand the diversity and complexity among the farming systems, have been made in order to identify socio-economic dynamics in the high river basin of the Paute river.

Throughout history, farmers have learnt to benefit from the assets and constraints of the different altitudinal vegetarian strips of this area, where the altitude varies from 2600 to 3600 m. Until the 50's, the most fertile soils located in the low part were used for the crops as the animals bred were taken to graze daily to the communal places in the upper part; this organization permits a natural transfer of the fertility. But the minifundisation of the family-run farms combined to the changes in the rules dealing with the access to the communal calls all the working of this agrarian system in question. The labour's mobility depending on whether there are extra agricultural work is adopted as a mean way for survival. But the farms are weakened. This weakness was revealed during the economical crisis which is still present in equator. This is the beginning of an international migration.

The main differentiating factors of the various farming systems that emerged from historical practices are the access to land and to technical innovations. Indeed this zone harbours some crop/breeding farms struck by a fertility crisis, market gardening farms, as well as medium- to large-scale dairy farms. Each and everyone of them has its own practices determined by the head of the farm's goals and the means he can use. This unequal estate distribution has a direct impact on the farms variability. Today, a majority of the minifundist farms in Octavio Cordero Palacios can't even feed their family. as the population exodus increases, the equatorial peasant agriculture inner problems are exacerbated.

Key words

Andes equatorial, minifundisation, self-consuming, dairy breeding, vegetable growing, international migration, capital intensification .

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REMERCIEMENTS

Je tiens tout d’abord à remercier la Fundación Ecológica Mazan pour m’avoir offert l’opportunité de venir travailler au sein de ce projet, ainsi que pour son appui précieux tout au long du travail sur le terrain.

Un merci particulier à Isabelle Robles pour le suivi de nos travaux, ses conseils et son aide constante.

Pour m’avoir supportée et beaucoup aidée un grand merci à Marco.

Je remercie également mes chers camarades, Virginie Warzyniack, Pierre Leray et Arthur Herbreteau pour leur écoute et tous les bons moments passés.

Je tiens aussi à remercier Pierre Gondard pour nous avoir fait profiter de sa connaissance de l’Equateur, ainsi que Marc Dufumier pour nous avoir convié à un atelier de discussion sur l’impact de la migration internationale sur l’agriculture paysanne.

Merci à Elizabeth Rasse-Mercat et Sébastien Bainville pour leurs judicieux conseils lors de leur visite sur le terrain.

Je tiens très sincèrement à remercier toutes les familles d’Octavio Cordero Palacios, qui m’ont toujours grand ouvert leur porte. Je les remercie de m’avoir parler de leur histoire et de leur vie. Un grand merci pour leur hospitalité et leur patience.

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SOMMAIRE

SOMMAIRE.............................................................................................................................................................................7

INTRODUCTION...................................................................................................................................................................2

1 PARTIE 1 : LA NECESSITE DE COMPRENDRE LES ENJEUX ACTUELS DE L’AGRICULTURE PAYSANNE DU HAUT BASSIN VERSANT DE LA RIVIERE PAUTE . .....................3

1.1 LE PROJET “DIAGNOSTICO-INVESTIGACION DE LAS DINAMICAS SOCIO-ECONOMICAS DE LA CUENCA ALTA DEL RIO PAUTE – FASE 1”. ......................................................................................................................................... 3 1.2 LE DIAGNOSTIC AGRAIRE : DEMARCHE SCIENTIFIQUE POUR COMPRENDRE UNE REALITE RURALE.......... 5

2 PARTIE 2 : UN PAYSAGE AGRAIRE ORGANISE SELON LES ETAGES ALTITUDINAUX. ......9 2.1 ATOUTS ET CONTRAINTES DU MILIEU BIOPHYSIQUE VARIANT EN FONCTION DE L’ALTITUDE.................. 9 2.2 UN MILIEU ARTIFICIALISE PAR LES HOMMES. ................................................................................................. 11

3 PARTIE 3 : UNE DIFFERENCIATIO N D’ACCES AUX FACTEURS DE PRODUCTION PRODUIT DE L’HISTOIRE. ............................................................................................................................................14

3.1 DE 1900 À 1950 : UN SYSTEME AGRAIRE BASE SUR LA COMPLEMENTARITE DES DIFFERENTS ETAGES ECOLOGIQUES ET SUR L’INTERACTION CULTURE ELEVAGE.......................................................................................... 15 3.2 DE 1950 A 1970 : UN SYSTEME AGRAIRE EN TRANSITION : CRISE DE LA FERTILITE ET MINIFUNDISATION............................................................................................................................................................... 17 3.3 DE 1970 A AUJOURD’HUI : MIGRATION INTERNATIONALE ET INTENSIFICATION EN CAPITAL................. 21

4 PARTIE 4 : MISE EN VALEUR ACTUELLE DU MILIEU BIOPHYSIQUE : SYSTEMES TECHNIQUES DE PRODUCTION ET ORGANISATION SOCIALE. ..............................................................26

4.1 LES MODES D’EXPLOITATION DU MILIEU OU COMMENT VALORI SER AU MIEUX LE FACT EUR DE PRODUCTION LIMITANT : LA TERRE .................................................................................................................................. 26 4.2 LES RELATIONS SOCIALES AUTOUR DE L’ELEVAGE ET L’AGRICULTURE.................................................... 44 4.3 LA PROXIMITE DU MARCHE DE CUENCA.......................................................................................................... 46 4.4 LA PLURIACTIVITE ET LA MIGRATION INTERNATIONALE COMME SOURCES DE REVENU.......................... 46

5 PARTIE 5 : LES DIFFERENTES EXPLOITATIONS AGRICOLES . ......................................................48 5.1 L’ACCES A LA TERRE, COMME CLE DE LA DIFFERENCIATION....................................................................... 48 5.2 PLURIACTIFS, MARAÎCHERS ET LAITIERS : ORIGINE ET CARACTERISTIQUES DES DIFFÉRENTS SYSTEMES DE PRODUCTION.................................................................................................................................................................. 48

6 PARTIE 6 : QUELLES PERSPECTIVES D’AVENIR ? ...............................................................................55 6.1 LA DYNAMIQUE EN PLACE VA-T-ELLE PERDURÉR ?....................................................................................... 55 6.2 LA MIGRATION INTERNATIONALE : UNE SOLUTION ? .................................................................................... 56

CONCLUSION ......................................................................................................................................................................58

BIBLIOGRAPHIE................................................................................................................................................................60

TABLE DES ILLUSTRATIONS ......................................................................................................................................62

TABLE DES SIGLES ET ABREVATIONS..................................................................................................................63

TABLE DES MATIÈRES ...................................................................................................................................................64

TABLE DES ANNEXES .....................................................................................................................................................67

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INTRODUCTION

Les agriculteurs ont de bonnes raisons de faire ce qu'ils font.

C'est sur ce principe que se fonde l'enseignement dispensé en première année au Centre national d'études agronomiques des régions chaudes. L’objectif de cette formation est l’acquisition d’une démarche, le diagnostic agraire permettant de comprendre comment ils le font et principalement pourquoi.

La présente étude, fruit de quatre mois et demi de travail de terrain au sein de la paroisse d'Octavio Cordero Palacios située au niveau du sillon interandin équatorrien, fait suite à une demande émanant de deux institutions équatoriennes la FEM et le SIPAE. Elle s'inscrit dans le cadre du projet « diagnóstico-investigación de las dinamicas socio-económicas de la cuenca alta del río Paute », dont l'objet est la compréhension des dynamiques socio-économiques de la population rurale au sein de la partie andine de la province d'Azuay.

Comprendre les dynamiques actuelles de l'agriculture familiale suppose de connaître les modalités d'exploitation agricole du milieu passées et présentes, ainsi que les causes ayant conduit à leur évolution. C'est pourquoi quatre diagnostics agraires ont été réalisés sur des zonesont les problématiques agricoles semblaient a priori différentes.

Après avoir resitué ce projet dans son contexte national et local, nous expliciterons la démarche sur laquelle repose cette étude. Dans une seconde partie, nous présenterons le milieu bio-physique et l’occupation actuelle de la zone d’étude. Toutefois, cette lecture du paysage ne permet pas de comprendre l'organisation agricole présente. C'est pourquoi dans une troisième partie, nous nous sommes intéressés à l'histoire agraire de la zone. Au fil de cette histoire, les exploitants ont mis en œuvre un ensemble de pratiques agricoles selon leurs objectifs et les moyens, dont ils disposaient. Les différentes activités agricoles, que l'on rencontre aujourd'hui sur la zone en résultent. Dans une quatrième partie, nous allons analyser les différentes modalités d'exploitation du milieu, mais aussi leur raison d'être. Dans une cinquième partie, nous identifierons les grands types d'exploitation, qui combinent un ensemble d'activités choisies selon l’accès aux différents facteurs de production. Finalement, à partir de la dynamique générale identifiée au cours de l'histoire et des performances économiques des grands types d'exploitation, nous présenterons les potentielles évolutions de l'agriculture familiale d'Octavio Cordero Palacios.

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1 PARTIE 1 : LA NECESSITE DE COMPRENDRE LES ENJEUX ACTUELS DE L’AGRICULTURE PAYSANNE DU HAUT BASSIN VERSANT DE LA RIVIERE PAUTE .

1.1 LE PROJET “DIAGNOSTICO-INVESTIGACION DE LAS DINAMICAS SOCIO-ECONOMICAS DE LA CUENCA ALTA DEL RIO PAUTE – FASE 1”.

1.1.1 L’Equateur, un pays d’une grande diversité.

L’Equateur, est un petit pays (272 045 km²) du nord ouest de l’Amérique du Sud frontalier de Pérou et de la Colombie. En 2001, sa population représentait 12,2 millions d’habitants (Banco Central del Ecuador, 2003). Il dispose d’une remarquable diversité de paysages. En effet, on distingue trois grandes régions géographiques caractérisées par des conditions bio-physiques d’une différence notable. Cette grande diversité permet à ce pays de développer une production agricole des plus variées.

1.1.1.1 La Costa, plaine littorale consacrée aux cultures de rente.

La Costa, partie occidentale équatorrienne, couvre un peu plus d’un quart du pays. Il s’agit d’une plaine sédimentaire aux sols très fertiles associée à une chaîne de faible altitude (800 m). Son climat tropical chaud est propice aux cultures de banane, de cacao et de cannes à sucre. Ces diverses productions cultivées au sein de grandes haciendas sont destinées à l’exportation. C’est ici que se concentre 51 % de la population équatorienne. Le grand pôle urbain de cette région est Guayaquil.

1.1.1.2 La Sierra, hautes terres centrales aux productions diverses.

La Sierra, hautes terres centrales, est composée d’une double cordillère parallèle de montagnes élevées et massives. La Cordillère occidentale comprend le sommet le plus élevé du pays, le Chimborazo, qui culmine à 6 310 m. Elles sont séparées par un fossé médian « le couloir andin » qui est une succession de bassins de remblaiement. C’est en ces lieux que se trouve la capital, Quito. Le climat est tempéré associé à des précipitations annuelles très variables en fonction de l’altitude. Les productions agricoles de cette zone sont diverses : du maraîchage à la production laitière en passant par la floriculture, la céréaliculture et la production de pomme de terre. Elles se destinent au marché national et à l’exportation.

1.1.1.3 L’Oriente, forêt amazonienne dédiée à l’exploitation du bois.

L’Oriente, jungle orientale, couvre plus de la moitié du territoire équatorien. Située à l’Est des Andes, cette zone est caractérisée par un climat de type tropical hyperhumide avec des températures moyennes aux alentours de 38°C et des précipitations annuelles atteignant 4000 mm. Cette région peu peuplée constitue une zone majeure d’exploitation du bois, mais aussi des hydrocarbures. En effet, le pétrole est la principale exportation de l’Equateur.

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1.1.1.4 Le secteur agricole, un secteur primordial dans l’économie nationale.

Le secteur agricole contribue de manière importante à l’économie nationale de l’Equateur. En effet, il représente 17,3% du PIB en 2001 (SICA, 2002). Mais c’est principalement en fournissant un revenu à 34 % de la population équatorienne, qu’il tient un rôle clé. Dans un pays, où le taux de chômage urbain est très élevé (42 % pour la ville de Cuenca (Banco Central Ecuador, 2003)), l’agriculture familiale en maintenant toute sa main d’œuvre au sein de sa propre exploitation tient un rôle primordial en limitant l’extension de la crise. C’est de ce constat qu’est né le projet « “diagnóstico- investigación de las dinámicas socio-económicas de la Cuenca Alta del río Paute – fase 1”.

1.1.2 Demande et cadre institutionnel.

Le diagnostic agraire de la paroisse d’Octavio Cordero Palacios s’intègre à un projet plus vaste. Il s’agit de la première partie du projet: « Diagnostic recherche des dynamiques socio-économiques de la Haut Bassin versant de la rivière Paute ». Cette étude dirigée par la Fondation Ecologique Mazan (FEM) a pour finalité la création de connaissances analytiques sur les dynamiques socio-économiques rurales et territoriales du Haut Bassin versant de la rivière Paute. Pour cela, quatre diagnostics ont été réalisés dans différentes paroisses dans la province d’Azuay. Chacun de ces diagnostics a été réalisé en binôme par un étudiant du Centre national d’études agronomiques des régions chaudes (CNEARC), et un étudiant équatorien. Ces quatre études participent à la réalisation par la FEM d’une proposition d’intervention pour le Conseil de programmation pour les opérations d’urgence de la vallée de la rivière Paute (COPOE), organisme d’Etat, qui vient de bénéficier de financements de l’Union Européenne pour ce projet global.

Par ailleurs, d’autres institutions sont impliquées dans le suivi de ce projet, comme l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD) et le Système d’Investigation sur les Problématiques Agraires d’Equateur (SIPAE). Créé en 2002, le SIPAE est un espace alternatif de recherche, production et diffusion de connaissances articulant des efforts réalisés aux niveaux locaux, régionaux et nationaux. Il regroupe neuf entités : l’Université Centrale d’Equateur, l’Université de Cuenca, la Confédération des Nationalités Indigènes d’Equateur (CONAIE), cinq organisations non gouvernementales et le Consortium de la Gestion des Ressources Naturelles Renouvelables (CAMAREN), qui est actuellement à la présidence du SIPAE.

Les questions de départ soumises à l’analyse diagnostic sont les suivantes :

1. Quels sont les causes et les impacts de la migration sur les systèmes d’activités de la famille ?

2. Comment en sommes nous arrivé à une telle dégradation du milieu ?

3. Comment a évolué la rentabilité des activités agricoles, pourquoi et quelles en ont été les conséquences ?

4. Quelles ont été les conséquences des politiques agraires sur la zone ?

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5. Quels ont été les processus de différenciation sociale ?

Les quatre zones d’étude ont été sélectionnées a priori afin de représenter au mieux la diversité et la complexité de l’agriculture du Haut Bassin Versant de la rivière Paute selon des critères d’accès au marché, d’accès à la terre et à l’eau et de l’importance de la pluriactivité.

1.1.3 La paroisse d’Octavio Cordero Palacios.

La zone d’étude se situe au sud de l’Equateur dans la partie andine de la province d’Azuay. La paroisse d’Octavio Cordero Palacios appartient au canton de Cuenca à 22 Km du pôle urbain du même nom. Cuenca est la troisième plus grande ville d’Equateur de part sa population qui s’élève à 300 000 habitants. Cette paroisse se trouve sur le versant interne de la cordillère occidentale des Andes équatoriennes et s’étend sur 22 Km². Elle est limitrophe des paroisses de Checa (province d’Azuay), de Sidcay et de Deleg (province de Cañar).

Cette zone a été retenue pour diverses raisons. D’une part, pour analyser les stratégies mises en place par les exploitants afin de profiter de la proximité d’un grand bassin de consommation. D’autre part, afin de comprendre les processus qui ont conduit, d’une part, cette zone à une minifundisation extrême des exploitations et, d’autre part, les causes de la migration internationale en ce secteur, qui est l’un des premiers à avoir vu sa population migrée.

1.2 LE DIAGNOSTIC AGRAIRE : DEMARCHE SCIENTIFIQUE POUR COMPRENDRE UNE REALITE RURALE.

1.2.1 Le diagnostic agraire : une démarche reposant sur l’approche systémique.

La réalité agraire est un objet d’étude complexe, car dépendant de nombreux facteurs techniques, écologiques, sociaux et économiques. De plus, son évolution est continuelle. Afin d’appréhender cette complexité, nous ferons appel à la notion de système, c'est-à-dire « une représentation synthétique d’un ensemble complexe dont le fonctionnement résulte des relations qui s’établissent entre les éléments de cet ensemble » (Jouves, 1992). Le concept de système agraire permet d’analyser cette réalité. Il s’agit de l’« association des productions et des techniques mises en œuvre par une société rurale pour exploiter son espace, gérer ses ressources et satisfaire ses besoins » (Jouve P.,1992).

La demande de cette étude consiste en l’analyse des dynamiques socio-économiques de la population d’Octavio Cordero Palacios. Ceci passe par la compréhension de l’évolution du système agraire au fil de l’histoire selon les crises, auxquelles il est soumis et les différentes possibilités d’y faire face. Les différents types d’exploitation en place ne répondent pas de la même façon à ces crises. Ceci conduit à un processus de différenciation est la mise en place d’un nouveau système agraire. Pour comprendre la structure et le fonctionnement des exploitations agricoles, nous nous baserons sur la notion de système de production, « ensemble structuré de moyens de production (force de travail, terre, équipement,…) combinés entre eux pour assurer des productions végétales et/ou animales en vue de satisfaire les objectifs du chef d’exploitation et de sa famille ».(Jouve P.,1992).

Le système de production étant lui-même une combinaison de différents sous systèmes :

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ð Les systèmes de culture : « ensemble des parcelles cultivées de façon homogène et en particulier soumises à la même succession culturale » (Jouve P., 1992), qui se caractérise par la succession culturale sur la parcelle, l’itinéraire technique appliqué, les produits obtenus, leur rendement et leur destination.

ð Les systèmes d’élevage : « ensemble des techniques et des pratiques mises en œuvre par un ou des éleveurs pour exploiter, dans un espace donné, des ressources végétales par des animaux, dans des conditions compatibles avec leurs objectifs et les contraintes du milieu » (Jouve P., 1992).

1.2.2 Les différentes étapes de travail.

1.2.2.1 Analyse historique pour comprendre la différenciation actuelle.

La première étape de la démarche du diagnostic consiste à étudier le milieu agro- écologique. La lecture du paysage a permis de distinguer les grands ensembles homogènes en terme de atouts et de contraintes bio-physiques, et d’en effectuer un zonage. De plus, les cartes topologiques, géologiques et pédologiques au 50 000ième de la zone d’Azogues réalisées par l’ORSTOM ont été utilisées.

Cependant, bien que l’étude des sols, du climat et de la topographie exp lique en partie la zonification des activités agricoles, cette étape d’observation ne permet pas de déterminer les origines d’une telle occupation. Seule une approche historique de l’agriculture nous conduira à la compréhension de la zone et à l’identification des grands groupes d’exploitation présents sur la zone et les raisons historiques de leur existence.

Comprendre les changements passés amène à s’adresser à des personnes dépositaires de la mémoire de la paroisse. Dans un premier temps, il s’agit donc de réaliser des entretiens non directifs auprès des anciens dans les différentes grandes zones identifiées. Puis émergent peu à peu des pistes, qu’il est nécessaire d’approfondir. Il s’agit :

ð De l’accès au foncier en propriété et l’évolution de l’accès aux communaux.

ð De l’origine de la crise de la fertilité.

ð De l’origine des stratégies de pluriactivité et de la migration internationale.

ð De l’accès aux différentes innovations techniques.

C’est pourquoi ont été rencontrés des personnes ressource telles que les présidents des organisations de producteurs, les familles des premiers migrants.

Durant un mois, de nombreux entretiens ont été réalisés afin de reconstituer l’histoire agraire d’Octavio Cordero Palacios et de comprendre l’évolution de l’accès au foncier, élément primordial des dynamiques, mais éminemment conflictuel, ce qui ne facilite pas l’accès à l’information. Cette source d’information fut enrichie ultérieurement par des recherches bibliographiques.

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1.2.2.2 L’analyse des systèmes de culture et d’élevage.

Il s’agit de comprendre la logique agronomique de chaque système, et sa raison d’être en fonction des contraintes agro-écologiques, de l’accès aux facteurs de production et des objectifs du chef d’exploitation.

Cette phase est toujours basée sur des entretiens avec les paysans. Dans un premier temps non directifs et associés à la visite des parcelles, ils ont permis d’établir de premières hypothèses sur le fonctionnement et la rationalité des diverses pratiques. Par la suite, les enquêtes sont plus affinées afin d’approfondir certains points. L’échantillonnage des personnes enquêtées s’est faite en utilisant le zonage agro-écologique et les différents types d’exploitation identifiés.

Une fois les modalités de mise en œuvre et leur logique déterminées, les performances des systèmes d’élevage et de culture ont été étudiées. Pour se faire un ensemble de concepts a été introduit. Il est présenté en annexe. Etant donné la très grande diversité des systèmes de culture et d’élevage sur la zone seuls certains ont été retenus. Il s’agit des systèmes les plus représentatifs par leur but et leur mise en œuvre des grandes zones agro-écologiques identifiées.

1.2.2.3 La typologie et analyse économique.

Après l’étude des systèmes de culture et d’élevage, les différents types d’exploitation existant sur la zone ont été plus clairement définis. Cette typologie nous permet donc de raisonner l’échantillonnage des exploitations pour le recueil de données quantitatives utiles à l’évaluation technico-économique. Une vingtaine d’exploitation a ainsi été enquêtée.

Etant donné l’importance de la pluriactivité au sein de la zone d’étude, ces activités ont également été analysées. En effet, le chef d’exploitation ne raisonne pas l’utilisation des différents facteurs de production seulement en fonction des activités agricoles, mais selon l’ensemble des activités propres au groupe familial. Ceci est particulièrement vrai pour la main d’œuvre.

L’ultime étape de traitement des données s’est réalisée à Cuenca, à la FEM, où nous avons pu bénéficier de matériel informatique. Elle vise à chiffrer les résultats économiques des différents systèmes de production afin d’en comparer l’efficacité économique selon certains critères.

Dans un premier temps, nous avons choisi de nous intéresser à la richesse crée ou Valeur ajoutée nette (VAN) rapportée au travail total investi (travail de la main d’œuvre familiale, mais aussi extérieure) en fonction de la superficie disponible. Nous avons alors représenté :

VAN/actif agricole = f(SAU/actif agricole)

Puis nous nous sommes intéressés au revenu agricole par actif familial (Raf) en calculant :

Raf/ actif familial = f(SAU/actif familial).

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Pour visualiser la part de la pluriactivité dans le revenu agricole, il nous a semblé intéressant de comparer celui-ci au revenu total par actif familial.

1.2.2.4 Restitution des résultats.

Les premiers résultats des quatre diagnostics ont fait l’objet d’une restitution le 25 août 2003 à Cuenca, aux organismes impliqués dans le suivi et le financement de ce projet. Afin d’amorcer un dialogue entre les différents acteurs, les paysans ont été également conviés. Au préalable, une présentation du travail suivi d’une discussion des résultats avait eu lieu au sein de chacune des paroisses.

1.2.2.5 Le travail de groupe et le soutien extérieur.

Durant toute la durée du stage, la FEM a organisé des réunions de suivi, rassemblant les étudiants participant aux quatre diagnostics. Ceci nous a permis de suivre l’avancée de ces quatre études et donc de confronter nos différentes hypothèses. Ces réunions étaient l’occasion de recevoir les conseils et les orientations de notre maître de stage Isabelle Robles, ainsi que de l’ensemble des membres de la FEM.

La migration constituant une problématique importante en Equateur, nous avons également été conviés à participer à un atelier de discussion présidé par Marc Dufumier sur le processus migratoire en Equateur. Cette journée fut riche en analyse et en hypothèses, que nous avons ensuite pu approfondir en les confrontant à la réalité de nos zones d’étude.

Nous avons également pu profiter des visites sur nos zones de travail de Pierre Gondard, géographe et chercheur de l’IRD en Equateur, ainsi que de Elisabeth Rasse-Mercat et Sébastien Bainville, directeurs de mémoire du CNEARC. Ces visites nous ont permis d’orienter notre étude en apportant de nouvelles questions et hypothèses.

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2 PARTIE 2 : UN PAYSAGE AGRAIRE ORGANISE SELON LES ETAGES ALTITUDINAUX.

2.1 ATOUTS ET CONTRAINTES DU MILIEU BIOPHYSIQUE VARIANT EN FONCTION DE L’ALTITUDE.

2.1.1 Deux petits bassins versants d’origine sédimentaire.

La formation du bassin versant de Cuenca a pour origine la subduction de la plaque océanique datant du Crétacé Supérieur sous la plaque continentale sud-américaine, phénomène associé à un volcanisme important. Cet évènement est suivi d’une phase de remplissage de ce bassin selon une succession d’épisodes de sédimentation, d’érosion et de plissements (WINCKELL A., 1997). La géologie d’Octavio Cordero Palacios en témoigne.

La roche affleurante la plus ancienne date du Crétacé supérieur. Il s’agit d’une roche calcaire dure de couleur jaune d’origine marine. Sur cette première formation repose une séquence sédimentaire détritique riche en argile de couleur rose, appelée formation de Santa Rosa. La paroisse d’Octavio Cordero Palacios étant située sur le flanc ouest d’un synclinal d’orientation nord-ouest sud- est, ces deux couches sédimentaires sont inclinées vers le sud est. Cet ensemble est recouvert par une formation sédimentaire discordante de type conglomérat.

Le relief de la zone d’étude s’organise autour des rivières Sidcay et Paluncay en deux petits bassins versants orientés nord sud compris entre 2600 et 3600 m d’altitude. Ce modelé est issu de phénomènes de plissement et d’érosion différentielle.

La roche mère calcaire plus dure émerge au nord ouest de la paroisse, partie située au dessus de 2900 m d’altitude. Le modelé, qui lui y est associé se compose de pentes fortes voire abruptes le long du réseau hydrique. Les mécanismes d’altération et d’érosion plus intenses subis par la roche détritique ont donné naissance à une zone plane. Ce plateau légèrement incliné vers le sud est découpé par les nombreux cours d’eau le parcourant. Les zones, où le conglomérat subsiste, sont facilement identifiables dans le paysage. En effet, il s’agit des zones légèrement surélevées de part et d’autre de la rivière Sidcay.

2.1.2 Un climat tempéré très humide contrasté selon l’altitude.

Le climat de la zone d’étude est de type tempéré très humide. Celui-ci est caractérisé par une saison sèche de deux mois (juillet et août) et par une saison pluvieuse répartie sur le reste de l’année. Durant cette période, les précipitations sont distribuées de façon inégale avec une nette diminution des pluies en janvier et février. Les précipitations annuelles moyennes sont comprises entre 800 et 1000 mm.

Les températures mensuelles moyennes sont constantes, au alentour de 14°C. Toutefois l’amplitude thermique quotidienne est très marquée avec des températures diurnes pouvant atteindre 30°C et des températures nocturnes descendant en dessous de 0°C. Les gelées sont principalement localisées durant les mois de juillet et août.

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De plus, le climat varie selon un gradient altitudinal. En effet, avec l’altitude les températures moyennes diminuent et le risque de gelée est plus important, tandis que les précipitations moyennes augmentent et que la saison sèche est moins marquée.

2.1.3 Une couverture pédologique organisée selon une toposéquence.

Le régime hydrique associé à la géologie en place donne naissance à des sols argileux moyennement évolués. On rencontre trois grands types de sols organisés selon la toposéquence.

ð Au dessus de 2900 m d’altitude, les sols présents sont argilo- limoneux de couleur brun jaune et caractérisés par une structure fragmentaire anguleuse fine. L’argile dominante est la kaolinite. L’horizon S est peu profond.

ð Entre 2600 et 2900 m d’altitude, il s’agit de sols argileux bruns roses associés à une structure fragmentaire polyédrique de quelques centimètres. L’argile prédominante est la montmorillonite, encore appelée argile gonflante. L’horizon S est plus développé (plus d’un mètre).

ð Les sols des zones, dont l’altitude est inférieure à 2600 m sont des vertisols, sols argileux de couleur sombre et de structures fragmentaires de type plaquette oblique. Cette structure est caractéristique d’une proportion importante d’argile de type montmorillonite. Ces sols profonds se trouvent dans les fonds de vallée.

Il semblerait que cette différenciation de la couverture pédologique soit due à une migration des ions silice et cations alcalins selon la pente. Dans les zones plus basses, où se concentrent ces éléments, les argiles néoformées sont plus riches en silice. De plus, les dynamiques d’altération des roches mères sont fonction de leur nature, mais aussi des conditions de température. Ceci explique pourquoi selon un gradient altitudinal décroissant, l’horizon S des différents types de sols est plus développé.

Des sols peu différenciés d’érosion sont localisés au niveau des pentes abruptes non recouvertes par la végétation. Ce type de sol développé sur la roche mère détritique est peu profond et très meuble. Les risques de glissements de terrain liés à ces sols sont particulièrement élevés après de fortes pluies.

La fertilité chimique des sols de la zone augmente selon un gradient altitudinal décroissant. En effet, la capacité d’échange cationique du complexe adsorbant augmente avec la proportion en argile et, plus particulièrement avec la proportion d’argile de type montmorillonite. Tandis que la fertilité physique évolue selon un gradient inverse. En effet, le comportement des argiles gonflantes diminue le volume explorable par les racines et la circulation des fluides en période humide. Ces sols riches en montmorillonite augmentent beaucoup de volume et sont très adhérents lorsqu’ils s’humidifient. Lorsqu’ils se dessèchent, ils se fissurent donnant des blocs très durs.

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2.1.4 La végétation spontanée associée à ces conditions bio-physiques.

La végétation spontanée que l’on pourrait rencontrer dans cette zone s’organiserait de la façon suivante. A partir de 3400 m d’altitude se développe une formation végétale basse et dense composée essentiellement de graminées résistantes au froid. L’espèce dominante est Stipa ichu, appelée paja. Il s’agit des zones de páramo connues pour leur grande capacité de rétention d’eau. C’est ici que naissent les principales sources alimentant le réseau hydrographique de la paroisse. Directement en dessous de celle-ci se trouve une formation végétale ligneuse basse (inférieure à 4 m). Les ligneux présents ont un port buissonnant rendant ce milieu difficilement pénétrable. Il s’agit du matorral, transition entre le páramo et les bois de moyenne altitude. La limite supérieure de cette formation végétale composée de ligneux hauts serait aux alentours de 2800 m d’altitude.

2.2 UN MILIEU ARTIFICIALISE PAR LES HOMMES.

2.2.1 Une densité de population très élevée.

D’après le dernier recensement de population réalisé en Equateur en 2001, la population de la paroisse d’Octavio Cordero Palacios s’élève à 2 178 habitants et se concentre sur 22 Km². Avec une dens ité de 100 habitants par Km², cette paroisse peut être considérée comme une zone de densité de population rurale élevée. Les habitants d’Octavio Cordero Palacios de disent aujourd’hui métis. Seuls les plus âgés parlent encore quichua.

La population se répartit sur 16 communautés (cf. Figure 7). La communauté correspond à un découpage administratif de la paroisse. Il est important de les nommer ici, car leur situation géographique et leur histoire en font aujourd’hui des zones notablement différentes. Les communautés situées sur la rive droite de la rivière Sidcay sont rassemblées sous les noms de San Luis et Illapamba. Le territoire de San Luis regroupe les communautés de San Luis et du Barrio Santa Marianita. Le territoire de Illapamba s’étend sur les communautés de San Bartolo, Cisne, Nube de la Virgen, Cristo del Consuelo et Dolorosa. Sur la rive gauche sont présentes les communautés de Adobe Pamba, Azaphud, Patron Santiago, San Jacinto, Corazon de Jesus et à l’extrémité nord Rocio.

Le paysage de la zone d’étude est donc fortement marqué par cette présence humaine. De plus, il s’organise selon un gradient altitudinal selon les différents atouts et contraintes du milieu présentés précédemment (cf. Figure 8).

2.2.2 Etagement du paysage

L’étage bas compris entre 2600 et 2900 m d’altitude, caractérisé par un plateau aux sols très fertiles d’un point de vue chimique et un climat tempéré, est dédié aux cultures et aux habitations. Le paysage se décline comme une mosaïque de parcelles, dont la superficie varie entre 400 et 2000 m². L’association maïs, haricot, fève, zambo et cultures fourragères du type avoine et vesce domine le paysage. De petites surfaces de luzerne sont aussi présentes dans les zones dépressionnaires plus humides ou près des ruisseaux. A proximité des cultures, sur des superficies restreintes non clôturées pâturent au piquet un à trois bovins accompagnés de quelques ovins. Il s’agit de pâturages naturels au sein desquels domine le chiendent (Pennisetum clandestinum). Les bords enherbés de routes, chemins et champs sont pâturés

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selon les mêmes modalités. Quelques potagers et serres destinés au maraîchage sont éparpillés dans l’ensemble de cet étage. Le paysage est fortement marqué par la présence d’eucalyptus le long des voies de communication et du réseau hydrographique. Ils occupent aussi les zones pentues impropres à l’agriculture. Leur réseau racinaire dense permet de conférer une certaine stabilité aux sols peu différenc iés, qui s’y développent. C’est ici que se concentre la population. L’habitat est dispersé avec toutefois une tendance à se grouper le long des axes de communication. Cet étage est traversé par de nombreuses pistes non asphaltées. Se côtoient maisons neuves de ciment et maisons traditionnelles de adobe, qui sont pour la plupart vacantes. Enfin, au sud est de la zone d’étude quelques parcelles sont en friche.

L’étage médian compris entre 2900 et 3200 m d’altitude est associé à des pentes plus fortes, des sols moins riches en montmorillonite et un climat plus froid. Le paysage de cette zone est constitué principalement de pâturages naturels et artificiels de superficies plus grandes (environ un demi hectare) généralement clôturés. Des bovins y pâturent au piquet. Quelques parcelles d’extension réduite sont cultivées. En plus, des différentes espèces cultivées rencontrées plus bas est présente la pomme de terre. Ces parcelles sont à proximité des quelques habitations présentes situées le long des axes de communication au nord est de la paroisse. Cette zone est dans l’ensemble peu peuplée. En effet, aujourd’hui on y trouve principalement des maisons abandonnées. Des eucalyptus bordent toujours les chemins et ruisseaux et de petits îlots de matorral sont aussi présents.

L’étage haut compris entre 3200 et 3400 m d’altitude est dominé par des formations végétales ligneuses de type matorral. Il s’agit d’un matorral différent de l’originel, car exploité par l’homme (coupe de bois). Au dessus de 3400 m d’altitude s’étend une zone de páramo actuellement peu exploitée. Il s’agit de terres aux atouts agronomiques moindres, les sols y étant moins profonds et le climat beaucoup plus froid.

Le paysage agraire actuel d’Octavio Cordero Palacios est le résultat de l’artificialisation du milieu par l’homme en fonction des atouts et contraintes des différents étages agro-ecologiques :

L’étage bas compris entre 2600 et 2900 m d’altitude caractérisé par un plateau aux sols à fertilité chimique remarquable est dédié aux cultures.

L’étage médian entre 2900 et 3200 m d’altitude correspondant à des zones accidentées associées à des sols de fertilité chimique moindre, un climat plus humide, mais plus enclin au gel est consacré aux pâturages.

L’étage haut au dessus de 3200 m d’altitude plus froid et humide se compose d’une couronne de matorral relique de l’écosystème originel dominée par les plaines d’altitude, páramos aujourd’hui peu exploités.

Au fils de l’histoire, les exploitants selon leurs objectifs et les moyens, dont ils disposaient ont su mettre en valeur cette zone. Aujourd’hui, il est surprenant d’observer des associations de culture très complexes, témoin d’une forte pression foncière, à proximité de friches agricoles. Pour comprendre le système agraire actuel et les dynamiques qui lui sont associées, il est nécessaire de retracer l’histoire agraire de cette zone.

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3 PARTIE 3 : UNE DIFFERENCIATION D’ACCES AUX FACTEURS DE PRODUCTION PRODUIT DE L’HISTOIRE.

L’origine de l’agriculture dans la Sierra équatorienne est datée de 2000 av. JC. Il s’agit tout d’abord d’une agriculture itinérante basée sur une reproduction de la fertilité par un système de défriche brûlis d’une friche boisée de longue durée. Les cultures principales sont le maïs et la pomme de terre (.Gondard P., Huttel C.et Zebrowski C., 1999).

Avec l’augmentation de la densité de population, un tel système demandant de vastes étendus par famille pour fonctionner est remis en cause. On passe ainsi à une agriculture sédentarisée vers 600. La province d’Azuay est peuplée par les Cañaris. Des traces de leur présence ont été découvertes dans le canton de Cuenca. Le début du XV siècle est marqué par la conquête Incas. Le système agraire inca est basé sur l’exploitation manuelle des différents étages altitudinaux selon leurs atouts et contraintes agronomiques.

L’arrivée des espagnols dans la province d’Azuay est datée de la fin du XVI siècle. Ils bouleversent le système agraire en place. Dans un premier temps, l’économie de la colonie est basée sur l’extraction minière. A partir du XVII siècle se développent les haciendas, grands domaines fonciers reposant sur la propriété privée aux mains des espagnols. Elles sont exploitées par une main d’œuvre indienne servile. En parallèle, les populations indiennes sont regroupées sur des territoires restreints, les réductions. Ces populations indépendantes sont soumises au tribut en nature ou en travail dans les haciendas alentours. Peu à peu, le tribut en nature est remplacé par un tribut en argent destiné au trésor public (Mazoyer M., Roudart L., 1998).

Il semble que ce schéma d’organisation sociale, réduction et hacienda, ait été mis en place au cours du XVII siècle au sein de la zone d’étude. Un grand propriétaire terrien installe cinq caciques1, ainsi que leur famille sur la rive droite de la rivière Sidcay. Probablement, dans le but de s'approprier plus tard ces terres. Ce propriétaire perdit le contact avec les communautés d'Octavio Cordero Palacios. Ainsi rive droite de la rivière Sidcay se trouve une réduction. Quant à elles, les terres situées sur la rive gauche de la rivière Sidcay font partie d’une hacienda se dédiant probablement à l’élevage ovin. En 1850, la partie de l’hacienda appartenant au territoire de l’actuelle paroisse d’Octavio Cordero Palacios est vendue à quelques familles venant de Checa et Deleg. Il s’agit de l’actuelle communauté de Rocio. Ainsi à partir de 1850, la paroisse d’Octavio Cordero Palacios correspond à une réduction cernée par les haciendas des paroisses voisines Sidcay, Checa et Deleg (Rodosa J., vinifio O., 1991).

Les espagnols amèneront avec eux de nouvelles espèces végétales et animales. C’est pourquoi les producteurs indiens commencent à cultiver les fèves, le blé, l’orge, l’avoine et la luzerne. L’élevage se diversifie avec l’introduction des bœufs, des moutons, de la volaille, des porcs et des chevaux. Ces différentes espèces font rapidement partie intégrante des exploitations d’Octavio Cordero Palacios.

1 Autorité locale propre des confédérations de la cordillère équatorienne avant la conquête espagnole chargée de la coordination et de l'organisation sociale de la production agricole

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3.1 DE 1900 À 1950 : UN SYSTEME AGRAIRE BASE SUR LA COMPLEMENTARITE DES DIFFERENTS ETAGES ECOLOGIQUES ET SUR L’INTERACTION CULTURE ELEVAGE.

3.1.1 Un paysage agraire organisé selon les étages altitudinaux.

A cette époque la paroisse peut être découpée en deux grands ensembles :

Ø La zone inférieure à 2900 m d’altitude, la tenure du foncier est la propriété privée.

Ø La zone supérieure à 2900 m d’altitude correspond à une zone communale, dont la gestion et l’utilisation est collective.

Les cultures et les habitations sont concentrées dans la zone inférieure à 2900 m d’altitude. A proximité des maisons faites de terres, et dont les toits sont couverts de paja, se trouvent les cultures destinées à la consommation familiale. Il s’agit de maïs tendre, haricot, zambo, blé, orge, fève et petits pois. Une partie du terrain est laissé en jachère et destinée à recevoir les bovins et ovins durant la nuit. C’est aussi à cet étage que se rencontrent les élevages de petits animaux tels que les porcs, les cobayes et la volaille. A partir de 2900 m d’altitude se rencontrent les communaux, terres gérées de façon collective. La rivière Sidcay délimite les communaux des communautés vivant rive droite de ceux des communautés vivant rive gauche. Ces terres aux sols plus pauvres et aux conditions climatiques plus froides sont moins propices aux cultures de maïs. C’est pourquoi les paysans y cultivent des tubercules andins tels que la pomme de terre, le melloco ou encore l’oca suivis d’une friche de moyenne durée (retour d’une végétation arbustive basse) ou de l’installation de pâturages communaux. Les pâturages communaux sont entourés de matorral, formation qui domine le paysage à cet étage. Le matorral tient un rôle très important au sein de cette société agraire. En effet, il s’agit d’une source de bois de chauffe et de construction et aussi d’une réserve de chasse. Les páramo sont situés à plus de 3400 m d’altitude

3.1.2 Reproduction de la fertilité grâce à l’interaction culture élevage.

Le système agraire de cette époque est caractérisé par la complémentarité de l’agriculture et de l’élevage. Les trois principaux systèmes de culture coexistant dans les exploitations d’Octavio Cordero Palacios sont basés sur la rotation maïs, haricot et zambo en association durant plusieurs années suivis de la culture pure de blé ou d’orge ou de fève suivi de petit pois sur une année succédée parfois par une jachère d’une année ((M+H+Z / jachère)x // (blé / petit pois)1 // (jachère)1), ((M+H+Z / jachère)x // (orge / petit pois)1 // (jachère)1, (M+H+Z / jachère)x // (fève / petit pois)1 // (jachère)1)). Pour ces différents systèmes de culture, la traction légère et l’araire, introduites par les espagnols, sont utilisées. Elles permettent de travailler le sol et de lutter contre les mauvaises herbes au moment de la préparation du sol. De plus, la reproduction de la fertilité des parcelles cultivées est assurée par un transfert horizontal de biomasse via les animaux. Les ovins et bovins de race rustique sont conduits quotidiennement sur les pâturages communaux, où est pratiquée la libre pâture, et ramenés chaque soir sur la parcelle en jachère destinée à cet effet. Ils y sont attachés au

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piquet. Les déjections animales sont récupérées et utilisées pour fertiliser les cultures. Le fonctionnement de ce système agraire est comparable à celui des systèmes agraires à jachère et cultures attelées défini par M. Mazoyer et L. Roudart (1998) caractérisé par un transfert de fertilité via les animaux du saltus, zone de pâturage aux contraintes climatiques plus marquées vers l’ager, zone plus fertile cultivée.

L’alimentation des ovins et bovins se composent principalement de fourrage sur pied des pâturages naturels des zones communales, où domine le chiendent. Durant les années sèches, en juillet et août les animaux sont amenés à pâturer les páramos, zones plus humides. Les résidus de culture, dont la canne de maïs, sont également utilisés pour alimenter les animaux.

3.1.3 Les différentes catégories d’exploitation.

3.1.3.1 De petites exploitations associant activités agricoles et artisanales.

La majorité des exploitations de la zone sont de petites fermes familiales peu liées aux haciendas voisines. Il s’agit pour la majorité d’indiens descendant des premières familles, qui ont colonisé la zone ou de familles venant des zones avoisinantes ayant fuit les terres des haciendas. Ces paysans cultivent leurs propres terres. Les productions agricoles sont destinées à l’alimentation de la famille, tandis que les produits artisanaux sont vendus à des négociants au sein de la paroisse. Afin de payer les différents impôts auxquels sont soumis les producteurs indiens indépendants, mais aussi afin d’acheter une partie de leur alimentation (sucre et sel) et d’autres biens de consommation, ces paysans dédient une partie importante de leur temps à l’artisanat. Jusqu’au début du XIX siècle, les paysans filent et tissent la laine de leur propre troupeau ovin. Puis, suite à l’indépendance et à la guerre contre le Pérou, les circuits de commercialisation des produits textiles sont rompus. A partir de 1820, la main d’œuvre familiale se consacre à la confection de chapeau de paja toquilla, célèbre panama. Les fibres utilisées pour la confection proviennent d’une Cyclanthacae, plante caractéristique des zones humides et hyperhumides côtières. En complément sont vendus des tissages réalisés à partir de la laine de leurs moutons. Ces exploitations sont de superficies réduites aux alentours de 5 hectares et possèdent une vingtaine d’ovins jusqu’à cinq têtes de bétail bovin (une paire de bœuf, un à deux vaches laitières et leurs veaux). La main d’œuvre familiale travaille au sein de l’exploitation et se dédie à l’artisanat.

3.1.3.2 .Des exploitations se dédiant à l’élevage bovin.

Les familles ayant racheté les terres de l’ancienne hacienda (communauté de Rocio) possèdent un peu plus de terres que les exploitations présentées précédemment (10 à 15 hectares). Bien que pratiquant les mêmes cultures que les exploitations précédentes, elles sont plus orientées vers l’élevage bovin mixte avec une dizaine de têtes de bétail. Le lait, ne pouvant être conservé, est vendu transformé sous forme de fromage frais dans les villes voisines. Elles mettent aussi à profit les pâturages communaux issus de l’ancienne hacienda et les páramos pour faire paître leurs animaux.

Les pics de travail au sein des différents types d’exploitation sont gérés par un système d’échange de travail entre différentes familles : échange jour de travail contre jour de travail ou échange jour de travail contre jour de labour pour les exploitations sans bœuf.

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3.1.4 L’avancée du front pionnier.

La paroisse d’Octavio Cordero Palacios est entourée de toute part par des haciendas. La majorité des terres des paroisses de Checa, Sidcay et Deleg sont aux mains de grands propriétaires terriens se dédiant à l’élevage bovin et à la céréaliculture. C’est pourquoi avec l’augmentation de la population de génération en génération et l’arrivée de nouvelles familles fuyant le travail dans les haciendas alentours, on assiste à un recul des zones boisées et une diminution des terres communales. Entre 1900 et 1950, des familles viennent s’installer dans les zones communales inhabitées. Avec la colonisation de ce milieu, de nouvelles pratiques apparaissent. En effet, les températures plus froides sont défavorables à la culture du petit pois, tandis que les sols plus légers, car moins riches en montmorillonite sont plus propices à la culture de tubercules andins. Ainsi, après une première phase de défriche brûlis suivie de plusieurs cycles de tubercules, les paysans de cette zone mettent en place un système de culture basé sur la rotation jachère herbeuse, maïs associé, blé, orge ou fève suivi d’un à deux cycles de tubercules andins.

Le mode d’acquisition de ces propriétés est très vague. Il semble que la limite entre zone communale et propriété privée n’était pas clairement définie. Effectivement, une partie des familles s’approprient ces terres, tandis que d’autres les achètent ou en héritent. Pour ce second cas, les titres de propriété sont très anciens datant du XIX siècle (leur origine n’a pas pu être déterminée). Ainsi la zone dédiée aux habitations et aux cultures s’étend peu à peu jusqu’à 3000 m d’altitude. Dans ce contexte, l’extension de la propriété privée au détriment des zones communales devient rapidement source de conflits.

3.2 DE 1950 A 1970 : UN SYSTEME AGRAIRE EN TRANSITION : CRISE DE LA FERTILITE ET MINIFUNDISATION.

Aux alentours de 1945 la route reliant Octavio Cordero Palacios à Cuenca est construite, facilitant ainsi l’acheminement de marchandises vers Octavio Cordero Palacios, mais aussi vers Cuenca. Certains habitants d’Octavio Cordero Palacios y voient la possibilité d’étendre leur réseau commercial. Les nouvelles dynamiques, qui vont en découler, vont conduire à de violents conflits concernant l’accès aux communaux.

3.2.1 Les communaux, terres à enjeux : conflit et changement des règles d’accès.

Même si les conséquences sont similaires, l’histoire n’est pas la même rive droite et rive gauche de la rivière Sidcay.

3.2.1.1 Rive gauche : d’un usage commun à la privatisation.

Les éleveurs de bovins vivant au nord est de la paroisse ont développé une activité de contre bande d’alcool. Ceci leur a permis d’augmenter le nombre de têtes de bétail de leur troupeau bovin. L’amélioration des voies de communication leur permet d’accéder plus facilement au marché de Cuenca, et ainsi de vendre une partie plus importante de leur production. Ils commencent donc à défricher et à brûler le matorral des zones communales pour en faire des pâturages. Cette extension des zones de pâture est associée à un phénomène d’appropriation. Peu à peu les familles habitant dans les zones plus basses ne peuvent plus accéder à ces terres hautes.

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3.2.1.2 Rive droite : des communaux aux communes.

Rive droite, de violents conflits éclatent quant à la gestion des communaux et ceci pour plusieurs raisons. D’une part, les fabriques familiales de tuiles situées dans les communautés de Cristo del consuelo, Virgen de la Nube et de Cisne voient leur demande augmenter avec l’amélioration des voies de communication. Pour produire plus elles ont besoin de plus de bois pour alimenter leur four. Rapidement l’achat de bois à des particuliers devient insuffisant. Elles commencent donc à se fournir directement au niveau des zones boisées des communaux. D’autre part, la superficie des communaux ne cesse de diminuer avec l’installation de nouvelles familles. Enfin quelques exploitants vivant à proximité des pâturages communaux au sein de la communauté de la Dolorosa ont pu eux aussi capitaliser en bétail bovin grâce à des activités de contre bande d’alcool. Les petits exploitants craignent donc une appropriation des terres communales selon un schéma similaire à celui de la zone voisine. La pression régnant sur ces terres à forts enjeux se manifeste par de violents conflits opposants les habitants des communautés de San Luis à ceux des communautés de Illapamba. Ainsi un fossé est construit afin de séparer les terres communales entre ces deux zones. Cette limite est source d’affrontements, parfois violents.

Dans les années 60, le ministère de l’agriculture intervient et de nouvelles règles d’accès sont définies. Les communaux situés sur la rive droite de la rivière Sidcay sont divisés en deux communes, dites « comunas » de San Luis pour la partie ouest et de Illapamba pour la partie est.

Les communes sont des organisations juridiquement reconnues par le gouvernement et sous la tutelle du ministère de l’agriculture. Le cadre légal de ce type d’organisation est créé en 1937 et est renforcé en 1974 avec la troisième loi de réforme agraire. Il s’agit de formaliser les règles d’accès et d’usage des terres gérées de façon collective afin de mettre fin aux conflits, qui règnent sur ces zones à forts enjeux.

Les nouvelles règles de gestion des communes de San Luis et de Illapamba sont déterminées en concertation avec le ministère de l’agriculture. L’accès n’est plus libre. En effet, pour utiliser ces terres les exploitants doivent payer une cotisation annuelle et y travailler un à deux jours par semaine. L’utilisation de ces terres change aussi. Effectivement, les paysans ne peuvent plus y conduire leur propre troupeau. Seules les productions collectives sont permises. De plus, des programmes de protection et de reforestation de certaines parties en interdisent leur utilisation.

Il semble que la population d’Octavio Cordero Palacios n’a pas joué un grand rôle dans la définition de ces nouvelles modalités d’accès. En effet, elles vont à l’encontre de l’intérêt de la majorité des exploitants en leur interdisant l’accès aux pâturages communs. Ceci se traduit par un nombre très faible d’adhérents aux communes dés leur début (seulement 30 familles pour la commune de Illapamba sur environ 300).

Le changement d’accès aux communaux remet en cause le fonctionnement des exploitations basé sur la complémentarité agriculture élevage. Elles se retrouvent dans l’impasse, car cette restriction d’accès à la terre s’ajoute à une minifundisation2 extrême.

2 Miniaturisation des exploitations paysannes, qui conduit à une superficie insuffisante pour alimenter et employer pleinement la main d’œuvre familiale. Ce phénomène est aussi associé à l’exploitation de terres aux atouts agronomiques moindres.

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3.2.2 Minifundisation concernant toutes les catégories d’exploitations.

Le niveau de minifundisation des exploitations familiales de la paroisse d’Octavio Cordero Palacios est des plus critiques. En effet, d’après une étude réalisée par le CREA en 1974, 51 % des paysans d’Octavio Cordero Palacios exploitent moins d’un demi hectare et 92 % moins de 2 ha. L’exploitation la plus étendue possède 25 ha. Les communes de San Luis et Illapamba correspondent aux deux exploitations de plus de 50 hectares.

Au niveau de la paroisse, il s’agit d’un phénomène de minifundisation par fractionnement des exploitations de génération en génération. Même les phénomènes d’appropriation n’ont pas conduit à une concentration forte du foncier par quelques propriétaires. Toutefois, à une échelle plus globale telle que le canton de Cuenca, il est clair que ce problème de minifundisation est du à une forte inégalité quant à la répartition du foncier. En effet, il ne faut pas oublier que la zone d’étude ne représente qu’un espace limité entouré de toutes parts par des haciendas.

3.2.3 Changements des pratiques agricoles selon le type d’exploitation.

Suite à la disparition des communaux, se pose très rapidement un problème pour la majorité des producteurs de la zone. Où faire pâturer les animaux ?

Les producteurs minifundistes n’ayant plus accès aux terres hautes ne peuvent maintenir leur troupeau ovin et bovin sur les terres qu’ils possèdent. En effet, ils devraient sacrifier une partie de leur culture. Par conséquent, le nombre de bovin et ovin diminue dans ces exploitations. La jachère pâturée est maintenue, mais le faible nombre d’animaux ne permet pas une correcte reproduction de la fertilité. Ceci a un impact direct sur les cultures avec une diminution de la production due en partie au développement de maladie. Peu à peu le blé et l’orge en culture pure disparaissent du système de culture basé sur la rotation maïs en association, blé, orge ou fève suivi d’un cycle de petits pois. Ces céréales non associées à des légumineuses sont, semble-t-il, plus affectées par la carence en éléments minéraux et sont, donc, plus sensibles aux ravageurs. En effet, une des raisons d’abandon souvent invoquées par les producteurs est l’augmentation des maladies. Dans les années 70, le riz produit en grande quantité et à bas prix par les grandes propriétés côtières les remplace définitivement dans l’alimentation quotidienne.

En parallèle de cette crise de la fertilité on assiste à une intensification en travail des différentes activités agricoles au sein des exploitations pour faire face à la réduction des surfaces exploitées par famille. Les quelques têtes de bétail qui sont maintenues, sont élevées selon de nouvelles modalités. Elles pâturent sur des superficies très réduites (bords de champs, de chemins et petites parcelles en propriété). Seul le pâturage au piquet est pratiqué étant donné la proximité des cultures et la nécessité d’optimiser la pâture. Leur alimentation est assurée en partie par des fourrages de coupe produits sur l’exploitation et par les résidus de culture. En effet, le blé et l’orge ne disparaissent pas totalement des exploitations. Ces céréales sont intercalées tous les trois à cinq rangs dans l’association basée sur le maïs. Cette manière de semer les cultures fourragères s’appelle le cachil. Dans ce cas, elles sont récoltées en partie en vert et destinées à l’alimentation animale. Cette intensification en travail concerne également les cultures destinées à l’alimentation humaine avec une augmentation des

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productions par unités de surface. La culture de la fève est délaissée en culture pure pour être intégrée à l’association. La surface en jachère diminue.

Dans ces conditions, la survie de la famille et le maintien de l’exploitation sont fortement conditionnés par les activités artisanales, principalement par la vente de chapeau de paja toquilla. Or, dés 1950, la demande de cette production destinée principalement à l’exportation diminue.

Les exploitations d’élevage bovin de la Dolorosa vendent une partie de leur troupeau pour acheter des terres destinées à devenir des pâturages. Ainsi les exploitations laitières de la Dolorosa et de Rocio développent un élevage bovin mixte. Les produits tels que le fromage frais sur les marchés de Cuenca ou Deleg sont vendus sur les marchés de Cuenca ou des villes voisines. Les bovins élevés sont de race rustique mixte, appelée criollo. Ils sont conduits quotidiennement dans les pâturages naturels et ramenés pour la nuit à proximité des cultures. Une partie des animaux (animaux jeunes, vaches taries, taureaux) sont libres dans les páramos, restés communs. La reproduction de la fertilité est toujours assurée par transfert de matière du saltus vers ager via les bovins et ovins.

3.2.4 Une nouvelle dynamique : la mobilité de la main d’œuvre familiale.

3.2.4.1 Migration temporaire et définitive à la Costa et à l’Oriente.

A partir de 1940 l’Equateur rentre dans un nouveau cycle économique, celui de la banane. Suite à l’augmentation de la demande mondiale, la transnationale nord américaine, United Fruit, commence à s’intéresser aux terres côtières d’Equateur pour y développer de grandes plantations bananières. De plus, à la même époque, les plantations d’Amérique Centrale sont ravagées par une maladie. Les transnationales, qui y avaient investi, déplacent leurs capitaux vers l’Equateur. Cette production demande une main d’œuvre importante, ouvriers agricoles permanents ou saisonniers dans les plantations, mais aussi au sein des villes portuaires telles que Guayaquil pour le transport des marchandises, la construction de logements et l’aménagement portuaire. (Rudel C., 1992). Les paysans d’Octavio Cordero Palacios ne possédant pas suffisamment de terres pour la survie de leur famille et touchés de plein fouet par la crise de la fertilité y voient une nouvelle opportunité pour occuper leur main d’œuvre. Ainsi une partie de la main d’œuvre masculine de la paroisse partage son temps entre le travail à la ferme et le travail comme saisonnier dans les grandes plantations côtières ou comme porteurs ou marchands ambulants dans la ville de Guayaquil. Quelques un vont travailler dans les grandes entreprises d’exploitation forestière situées dans la partie amazonienne d’Equateur.

Dans les années 60, il est question de réforme agraire en Equateur. En effet, le gouvernement militaire équatorien fortement encouragé par les Etats-Unis amorce un processus de réforme agraire, qui se décline en trois axes : attribution de terres vierges de la Costa et de l’Oriente, redistribution des terres de l’Etat, l’Eglise et des grandes propriétés foncières et remise de titre de propriété aux petits paysans occupant des terres illégalement. (Rudel C., 1992). Une partie de jeunes hommes d’Octavio Cordero Palacios profitent de cette politique de distribution des terres vierges pour quitter la paroisse, tandis que d’autres s’installent de manière définitive à Guayaquil. Le recensement de population réalisé en 1974 montre en effet une différence importante entre le nombre d’hommes et de femmes pour les

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tranches d’âge moyennes. Dans un premier temps, ce départ définitif concerne principalement les petits producteurs des communautés situées rive gauche et privés de l’accès aux communaux.

Sous l’effet de la minifundisation, qui touche toutes les catégories d’exploitations, la migration temporaire à la Costa et en moindre mesure à l’Oriente se généralise et devient rapidement une source de revenu complémentaire nécessaire pour les paysans d’Octavio Cordero Palacios. La circulation de la main d’œuvre de la paroisse jusqu’à la zone côtière est facilitée par l’existence dés 1950 d’importantes voies de communications en partie carrossables entre Cuenca et Guayaquil. L’argent issu de ces activités salariales est utilisé pour acheter une partie de l’alimentation familiale et parfois pour acheter un lopin de terres aux familles, qui s’en vont de manière définitive ou qui décapitalisent suite à des problèmes de trésorerie.

Dans les années 70, le système agraire en place est fragile. En effet, la majorité des exploitations a un accès très restreint au facteur de production terre. Cette contrainte engendre des problèmes quant à la reproduction de la fertilité. A ceci s’ajoute l’impossibilité de faire vivre et d’occuper toute la main d’œuvre familiale au sein de l’exploitation. En réponse à cette minifundisation, les exploitants ont intensifié en travail leur système d’élevage et de culture. Ils ont de plus renforcé leur stratégie de pluriactivité. En effet, la solution adoptée par les paysans est de vendre leur force de travail, là où ils en ont l’opportunité. La survie de la famille dépend donc d’activités économiques, qui échappent totalement au contrôle du chef d’exploitation et qui sont soumises aux fluctuations du marché.

3.3 DE 1970 A AUJOURD’HUI : MIGRATION INTERNATIONALE ET INTENSIFICATION EN CAPITAL.

3.3.1 La fin du cycle économique de la banane, premier pas vers la crise équatorienne.

Dés 1960, le secteur bananier équatorien montre des signes de ralentissement. En effet, les transnationales contrôlant en grande partie la commercialisation et la production de la banane équatorienne se désintéressent peu à peu de l’Equateur. Les plantations équatoriennes sont abandonnées au profit de celles d’Amérique Centrale avec l’introduction d’une nouvelle variété résistante.

A partir des années 70, l’économie équatorienne reposant essentiellement sur l’exportation de matières premières s’appuie sur l’exploitation pétrolière. Au début des années 80, ce pays, fortement dépendant du marché mondial et des investissements étrangers, voit sa demande en pétrole diminuer. De plus, de violentes inondations frappent le pays suite au phénomène « El niño » affectant de manière préjudiciable la production agricole et l’économie en générale. C’est le début d’une crise économique contre laquelle les différents gouvernements se trouveront impuissants.

En 1982, afin de faire face à cette récession et d’éponger la dette extérieure, le gouvernement en place passe sous ajustement structurel. Les politiques économiques d’austérité et nombreuses dévaluations ne permettent pas de redresser l’économie du pays. Ainsi, en 2000, pour mettre un terme à la crise monétaire et bancaire, la monnaie nationale, le Sucre, est remplacée par le Dollar Américain. Cette substitution, encore appelée dollarisation,

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se fait selon le taux de change 1 Dollar US pour 25 000 Sucres. Concrètement, ces différentes politiques économiques se traduisent au niveau des populations rurales équatoriennes par une diminution du pouvoir d’achat. En effet, l’ouverture du marché équatorien aux denrées vivrières d’autres pays d’Amérique latine ou de pays occidentaux associée à la dollarisation a entraîné une diminution du revenu agricole. La dollarisation a pour conséquence une diminution des prix réels des produits importés sur le marché équatorien, dont les produits agricoles, ce qui entraîne une diminution des prix versés aux producteurs.

3.3.2 La migration internationale comme conséquence de la crise économique sur des exploitations fragiles.

Les exploitants d’Octavio Cordero Palacios se retrouvent donc dans une situation économique des plus critiques. Cette crise met en évidence la fragilité des exploitations, dont le maintien dépend d’activités extra-agricoles salariées. En effet, les paysans sont impuissants face à la disparition de cette source de revenu, qui était nécessaire à leur survie. Ne pouvant toujours pas alimenter leur famille grâce à leur ferme, ils cherchent une nouvelle opportunité de travail complémentaire. Les propositions de travail dans la région sont, semble-t- il, limitées. De plus, la paroisse d’Octavio Cordero Palacios est frontalière de la paroisse de Deleg, zone de migration internationale depuis les années 1950. Dans les années 60, les agriculteurs de Deleg commencent à migrer principalement vers les Etats-Unis. Ainsi un important réseau se met en place comptant des prêteurs, des passeurs et aussi des migrants prêts à aider les nouveaux venus. Les paysans de la zone d’étude profitent de cette organisation et commencent à leur tour à migrer.

Cette migration clandestine concerne dans un premier temps uniquement les fils des familles les plus capitalisées de la paroisse, les éleveurs bovins. En effet, afin de payer le passeur, encore appelé coyote, les paysans doivent emprunter auprès de prêteurs. Des garanties telles que l’hypothèque des terres sont généralement nécessaires. Si les terres en propriété ne sont pas suffisantes, le prêt est refusé. De plus ces familles sont plus liées à celles de Deleg. En effet, elles vivent dans les communautés frontalières et se dédient également à l’élevage bovin.

Avec la dégradation de la situation économique équatorienne et la formation d’un important réseau de migration au sein de la paroisse, le départ de la population à l’étranger se généralise quelque soit le niveau de capitalisation des exploitations. Entre 1990 et 2001, plus d’un tiers de la population fuit vers les Etats-Unis ou encore vers l’Europe.

La minifundisation des exploitations et ceci dans un contexte économique défavorable à l’agriculture familiale, ainsi que la proximité d’un réseau de migration international ont conduit à un processus d’exode massif de la main d’œuvre familial de la paroisse d’Octavio Cordero Palacios vers les pays industrialisés.

3.3.3 Les conséquences de la migration internationale. Les migrants envoient régulièrement de l’argent à leur famille pour lui permettre de survivre, mais aussi d’investir. Cette nouvelle source de capital associé à l’exode de la population jeune de la paroisse conduit à d’importants changements du système agraire. De 1990 à aujourd’hui, on assiste à une véritable intensification en capital des différentes activités agricoles permettant de solutionner certains problèmes auxquels étaient confrontés les exploitants d’Octavio Cordero Palacios.

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3.3.3.1 Intensification en capital des systèmes de cultures et d’élevage.

3.3.3.1.1 L’achat d’engrais comme solution à la crise de la fertilité.

Un nouveau mode de reproduction de la fertilité est adopté. En effet, à partir des années 90, l’achat d’engrais minéraux NPK (30 10 30) et d’urée se vulgarise. Depuis environ cinq ans, ceux-ci sont remplacés par des engrais organiques en provenance de la Costa (mélange de son de riz et guano de volaille) vendus directement au sein de la paroisse. C’est la fin du transfert de fertilité basé sur la complémentarité élevage culture. En effet, peu à peu la jachère pâturée se restreint à un simple passage des animaux entre deux cycles de culture. Cette intensification en capital concerne aussi les pratiques de lutte contre les ravageurs avec l’achat d’insecticides et de fongicides.

De nouvelles espèces fourragères sont introduites. L’avoine et la vesce, dont les semences sont achetées, remplacent peu à peu le blé et l’orge au sein du cachil. Elles se destinent à l’alimentation des bovins.

De plus, dès les années 95, la traction animale est en partie remplacée par le tracteur pour les différentes étapes de préparation du sol. En effet, étant donné la pénurie de bœuf de traction au sein de la paroisse, il devient plus rentable de louer un tracteur quelques heures plutôt que de payer un laboureur pendant une journée.

3.3.3.1.2 Le maraîchage une nouvelle source de revenu.

Suite à la dollarisation en 2000, les exploitants (percevant ou non une aide de l’étranger) ont vu leur pouvoir d’achat diminué. Pour survivre, 60 familles, profitant de la proximité du marché de Cuenca et de l’émergence de la demande en produits frais, développent une nouvelle activité agricole : le maraîchage. Cette initiative est lancée par le prêtre Jaime. En effet, celui-ci enseigne aux exploitants comment cultiver les légumes, les aide à s’organiser en association pour avoir accès au marché de Cuenca et facilite l’accès à l’engrais. Les productions maraîchères sont cultivées soit en plein champs soit sous serres. La mise en place de cette nouvelle activité a été permise grâce à une impressionnante capacité d’organisation, grâce à la facilité d’accès au marché de Cuenca due à l’augmentation de voitures au sein de la paroisse et principalement grâce à l’accès au capital. En effet, comme nous le verrons plus tard, cette activité requière un investissement important et liée à une forte prise de risque. Elles est donc généralement soutenue (au moins les premières années) par des revenus extra-agricoles.

3.3.3.1.3 L’élevage bovin vers une augmentation de la productivité de la terre.

A partir des années 60, les grands producteurs laitiers du Nord du pays, ayant fortement investi en capital, font pression sur le gouvernement pour que celui-ci instaure un marché intérieur favorable à cette production. Ceci se traduit par des politiques agricoles protectionnistes permettant ainsi le maintien d’un prix rémunérateur du lait. A ceci s’ajoute une augmentation de la demande urbaine en produits laitiers liée, d’une part, à la croissance de cette population et, d’autre part, à un changement de mode d’alimentation. Une partie des exploitants d’Octavio Cordero Palacios vont profiter de cette opportunité pour s’orienter vers l’élevage bovin lait. Dans un premier temps, cette nouvelle tendance se manifeste par une augmentation des surfaces fourragères au détriment des cultures ou des zones encore boisées. Au milieu des années 90, une partie des éleveurs laitiers de la zone d’étude vont intensifier en

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capital leur élevage afin d’augmenter la productivité de la terre. Concrètement, ceci se traduit par une amélioration des races et de l’alimentation avec la mise en place de pâturages de meilleure valeur nutritive et l’achat d’aliments complémentaires. Les páramos sont peu à peu abandonnés.

3.3.3.1.4 Changements aussi pour les autres systèmes d’élevage.

Le système d’élevage ovin perd son importance. En effet, avec la chute du prix de la laine et l’utilisation d’intrants pour assurer la reproduction de la fertilité, le nombre d’ovin diminue fortement dans les exploitations. Les races porcines sont améliorées. De même, une partie de l’alimentation pour les élevages de petits animaux commencent à être achetée.

3.3.3.2 Une nouvelle organisation du paysage.

Suite au départ massif de la population d’Octavio Cordero Palacios et au développement de nouvelles activités agricoles, on assiste à une réorganisation spatiale de cette société agraire.

Les habitations de terres dispersées sont peu à peu abandonnées pour des habitations de ciment concentrées le long des axes routiers. Pour se fournir en bois après les changements de règles d’accès aux terres communales, les paysans d’Octavio Cordero Palacios ont introduit des eucalyptus, qui se sont rapidement dispersés par la suite.

La zone comprise entre 2900 et 3000 m d’altitude difficile d’accès se vide de sa population à l’exception des zones de la Dolorosa et de Rocio. Les terres boisées ou cultivées comprises entre 2900 et 3200 m d’altitude sont peu à peu remplacées par des pâturages. Dans l’étage bas, la proportion de culture diminue au profit des pâturages ou parfois des friches agricoles. A proximité de leurs habitations, quelques familles ont mis en place des potagers et construit des serres.

3.3.4 Evolution des différentes catégories d’exploitation.

3.3.4.1 Les exploitations d’élevage bovin profitent de la réforme agraire.

La migration internationale commence au sein de la communauté de Rocio en 1965 suivi de celle de la Dolorosa. En effet, les fils des éleveurs bovins de cette zone, partent en premier. En 1974, le gouvernement équatorien vote la seconde loi de réforme agraire, qui a pour but la vente des terres des haciendas dans les zones de forte densité de peuplement. Une partie de ces exploitations profitent donc de l’argent issu de la migration internationale pour acheter les pâturages de l’hacienda de la paroisse de Deleg et y développer un élevage laitier intensif en capital.

3.3.4.2 Des parcours très différents pour les petits producteurs.

Le départ des jeunes hommes au sein des exploitations minifundistes commence dans les années 80. Les premiers partis achèteront des terres situées entre 2900 et 3000 m d’altitude à des familles, qui s’en vont à leur tour ou qui décapitalisent. Ils développeront un élevage laitier intensif. Ceux partant plus tard ne pourront profiter de cette libération de terres. Ils investissent dans leur exploitation pour valoriser au mieux ces petites surfaces : achat d’intrants, orientation vers le maraîchage. Certains exploitants profitent des nouveaux secteurs d’activité se développant dans la paroisse pour maintenir leur exploitation. Finalement

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quelques familles des plus démunies ne peuvent partir et n’ont donc pas accès aux innovations techniques.

Jusque dans les années 70, les différents types d’exploitation agricole de la paroisse d’Octavio Cordero Palacios ont vu leur accès à la ressource terre ne cesser de diminuer. Cette minifundisation est de plus associée à une crise de la fertilité. Les stratégies alors mises en place se fondent sur la mobilité de la main d’œuvre familiale vers les zones, où elle a l’opportunité de vendre sa force de travail. Se met alors en place un nouveau système agraire fragile, car fortement dépendant de revenus extra agricoles. Cette fragilité est mise en évidence dans les années 70 lors du début de la récession économique, qui frappe encore l’Equateur. Commence alors un processus de migration de grande ampleur vers les Etats-Unis et l’Europe. Cette nouvelle dynamique modifie totalement l’accès aux différents facteurs de production au sein des exploitations. Ainsi différents types de systèmes de production apparaissent, le principal facteur de différenciation étant l’accès au foncier. Dés deux types d’exploitations existant au début du siècle, on voit apparaître sept différents types d’exploitations :

Ø Les exploitations familiales polyculture-polyélevage sans appui financier extérieur ;

Ø Les exploitations familiales polyculture-polyélevage avec des activités complémentaires ;

Ø Les exploitations familiales maraîchères ;

Ø Les exploitations familiales laitières moyennes ;

Ø Les exploitations familiales laitières et maraîchères moyennes.

Ø Les exploitations familiales laitières grandes.

Ø Les exploitations patronales laitières.

Au-delà des changements de distribution des facteurs de production, les relations sociales entre les différents d’exploitation sont elles aussi bouleversées. C’est cet actuel système agraire que nous allons présenter dans les parties suivantes.

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4 PARTIE 4 : MISE EN VALEUR ACTUELLE DU MILIEU BIOPHYSIQUE : SYSTEMES TECHNIQUES DE PRODUCTION ET ORGANISATION SOCIALE.

Comme nous l’avons présenté dans les parties précédentes, la zone d’étude se compose de différents secteurs aux conditions bio-physiques variables. Les pratiques agricoles, fruits d’une longue histoire agraire et d’une parfaite connaissance du milieu, sont raisonnées afin de valoriser au mieux chaque étage altitudinal. Cette valorisation dépend bien entendu des objectifs des exploitants et des moyens, dont ils disposent. Ceux-ci résultent, d’une part, des opportunités, qui se sont présentées aux différents types d’exploitations au cours de l’histoire, mais aussi des réseaux auxquels ils s’insèrent.

Dans la partie qui suit, nous allons présenter les diverses pratiques mises en œuvre par les paysans d’Octavio Cordero Palacios et la rationalité, qui leur est associée. Ces pratiques sont conduites afin de valoriser au mieux le facteur limitant, la terre.

4.1 LES MODES D’EXPLOITATION DU MILIEU OU COMMENT VALORISER AU MIEUX LE FACTEUR DE PRODUCTION LIMITANT : LA TERRE.

4.1.1 Les systèmes de culture vivriers : derrière une apparente homogénéité une grande diversité.

La culture de maïs domine le paysage de la zone d’étude. En effet, de 2900 à 3100 m d’altitude, des parcelles de 400 à 2000 m² sont destinées aux cultures vivrières. Tous les systèmes de culture sont organisés autour de l’association culturale complexe de maïs, haricot, fève, zambo et fourrages de coupe, tels que l’avoine et la vesce suivie d’une jachère courte. Mais derrière cette apparente homogénéité se cache une grande diversité de pratiques.

Les différents résultats, qui vont être présentés dans cette partie, sont détaillés en annexe.

4.1.1.1 La reproduction de la fertilité.

Aujourd’hui la majorité des divers types d’exploitation d’Octavio Cordero Palacios se servent des intrants pour reproduire la fertilité des parcelles cultivées. Il s’agit principalement d’un engrais organique à base de guano de volaille et de son de riz. En moindre mesure est aussi utilisée l’urée. Le mélange de guano et de son de riz est produit dans la région de la Costa, zone d’élevage avicole intensif et de riziculture. Il est vendu directement dans la paroisse par des commerçants ambulants. Le prix du sac d’un poids de 13 kg est normalement de 1 $, mais il s’élève à 1,5 $ lors de la période de semis. Ces intrants ont permis de compenser le déficit de fertilité suite à la diminution du nombre d’animaux dans les exploitations. Aujourd’hui même les fermes possédant un troupeau laitier ont adopté ce mode de fertilisation.

Les animaux ne sont plus ramenés à proximité de la maison durant la nuit et ceci pour deux raisons. L’élimination du déplacement quotidien des animaux permet une économie de

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temps et le travail du sol des parcelles en est facilité, les animaux ayant tendance à le compacter.

Certaines exploitations n’ont pas accès à ces intrants. Elles restent donc sur un système de reproduction basé sur l’utilisation des déjections des animaux d’élevage : cobayes, volaille, si elle possède un poulailler, porcs et moutons.

Certaines espèces cultivées jouent aussi un rôle important dans la gestion de la fertilité. En effet, les légumineuses telles que le petit pois, la vesce, la fève et le haricot participent également à la reproduction de la fertilité grâce à la fixation d’azote dans leur système racinaire. Lors de la récolte, les racines restent en terre sur la parcelle.

4.1.1.2 Le travail du sol.

La préparation du sol peut être exécutée selon trois modalités. En effet, les outils de travail du sol peuvent tractés par des bœufs (araire) ou par un tracteur (disques rotatifs), sinon elle peut être réalisée manuellement grâce à une houe. Lorsque les exploitants font appel aux services d’un propriétaire de tracteur, un labour d’une profondeur de 25 cm est réalisé grâce à une charrue à disque. Durant la même journée, deux passages sont accomplis selon des directions orthogonales. Les familles n’ayant pas recours au tracteur utilisent l’araire tirée grâce à une paire de bœuf. Dans ce cas, il ne s’agit plus d’un labour, mais d’un griffage du sol plus superficiel. Le premier passage, appelée arado, est suivi d’un second (cruze). Celui-ci, réalisé dans la direction perpendiculaire à celle des sillons de l’arado, a pour objectif de casser les mottes. Généralement, en plus de la personne, qui conduit les bœufs, une autre passe derrière l’araire pour affiner la structure du sol à l’aide d’une houe. Quelques uns n’ayant ni accès au tracteur, ni à l’araire effectuent un travail du sol manuel munis d’une houe.

La principale époque de travail du sol a lieu de août à octobre en fin de période sèche. Etant donné le comportement des argiles gonflantes, il n’est pas surprenant que cette opération corresponde à un investissement en travail important. Selon les outils utilisés et la nature des sols, le temps de travail est très variable. En effet, la préparation du sol motomécanisée dure 2 hj3 pour un hectare, mécanisée 17 hj pour un hectare et manuelle 50 hj pour un hectare pour les sols argileux riches en montmorillonite. Ce travail réalisé à l’aide d’une traction attelée pour les sols moins compacts de l’étage médian dure environ 5 hj en moins.

Les exploitants, possédant suffisamment de terre et la main d’œuvre familiale nécessaire pour la conduite, maintiennent une paire de bœuf. En effet, sa possession permet une certaine souplesse dans le choix des époques de travail et de semis. Les exploitations font généralement appel aux tracteurs à condition de disposer de l’argent pour pouvoir le payer et que la parcelle soit facile d’accès. En effet, le tracteur, en plus d’un travail du sol plus profond permettant une meilleure élimination des mauvaises herbes, est plus économique. Labourer une parcelle de 1000 m² de l’étage bas avec un tracteur revient à 20 $, avec une paire de bœuf

3 L’homme jour est une unité de temps de travail. Un homme jour correspond à 8 heures de travail pour une personne.

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38 $. Toutefois le tracteur ne peut remplacer les bœufs lors du semis celui-ci nécessitant l’ouverture et la fermeture de sillon et étant manuel.

4.1.1.3 La lutte contre les mauvaises herbes.

La lutte contre les mauvaises herbes est une opération primordiale au sein des différents systèmes de culture. Les cultures sont généralement semées en début de saison humide. Ce retour des premières pluies et l’apport d’engrais ne profitent pas uniquement aux plantes cultivées. En effet, une importante population d’adventices, dont le chiendent, peuple les parcelles dés le début du cycle. Or, c’est à cette époque que les cultures sont le plus sensibles à la compétition pour l’eau, la lumière et les éléments minéraux. C’est pourquoi les paysans réalisent généralement un mois après le semis un premier sarclage total à la pelle ou à le houe, suivi généralement d’un second un mois plus tard. Le temps nécessaire à la réalisation de ces opérations est très important. Les paysans disposent de deux semaines pour le réaliser au-delà les chutes de rendement sont telles que parfois la culture est tout simplement abandonnée. Il s’agit donc d’un pic de travail pour lequel la main d’œuvre familiale seule ne suffit. C’est pourquoi les exploitations font appel à de la main d’œuvre extérieure soit sous forme d’échange de travail soit en employant des journaliers.

Pour certaines cultures, moins exigeantes, les paysans pratiquent un semis très dense ne permettant pas aux mauvaises herbes de se développer.

4.1.1.4 Les différents systèmes de cultures vivriers : compromis entre objectifs du chef d’exploitation et possibilités économiques et biophysiques.

Comme nous l’avons vu dans la partie précédente, avec la minifundisation des exploitations, on assiste à une intensification des systèmes de culture, c'est-à-dire une augmentation de la quantité de travail et des productions par unité de surface. Ainsi des cultures, qui étaient cultivées à part, se retrouvent associées de façon relativement complexe.

4.1.1.4.1 Une association ubiquiste.

L’ensemble des systèmes de culture vivriers, que l’on rencontre dans la paroisse d’Octavio Cordero Palacios est organisé à partir de l’association culturale caractérisée par les espèces végétales suivantes :

ð Le maïs (Zea mays L.) suave ou amylacé de variété traditionnelle. La durée du cycle cultural de cette céréale est comprise de 8 à 10 mois. Elle s’allonge avec la diminution des températures selon un gradient altitudinal croissant. Les épis récoltés frais et sec (à maturité) sont destinés à l’alimentation humaine. La canne et les feuilles sont utilisées pour l’alimentation animale.

ð Le haricot (Phaseolus vulgaris L.) de variété traditionnelle destinée à l’alimentation humaine en vert et à maturité. La récolte de cette légumineuse mûre a lieu 7 mois après le semis.

ð La fève (Vicia faba L.), légumineuse qui est récoltée aussi en vert et mûre 7 mois après le semis.

ð La zambo (Cucurbita sisifolia), curcubitacée rampante qui se consomme en vert et à maturité (7 à 9 mois).

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ð L’avoine (Avena bizantina) et la vesce (Vicia sativa). Cette céréale et cette légumineuse sont coupées avant maturité (à 3 ou 4 mois) pour nourrir les animaux.

Ces différentes espèces sont arrangées dans l’espace de manière intercalée (cf. Figure 14).

Sur une même ligne, le maïs et le haricot sont semés ensemble en poquet. Au milieu de deux poquets, distants de 80 cm à 1 m, se trouve la fève. Les cultures fourragères sont cachil, c'est-à-dire que tous les trois à cinq rangs de maïs, haricot et fève est intercalé un rang d’avoine et de vesce. Ces deux espèces sont semées en mélange et de façon très dense. Parfois, d’autres espèces végétales leur sont associées comme le petit pois (Pisum sativum L.), la lentille (Lens esculenta Moench.), le blé (Tricum sativum) et l’orge (Bromus catarticus). Quelques plants de zambo sont dispersés dans la parcelle.

L’itinéraire technique de cette association culturale est fortement conditionné par le climat (cf. Figure 16). En effet, les différentes espèces végétales sont toutes semées au début de la saison humide et sont récoltées à maturité au début de la saison sèche (à l’exception des fourrages, qui sont coupés plus précocement). Ainsi leur germination est favorisée par les premières pluies et elles ne souffrent pas d’un stress hydrique durant le cycle de culture.

Au sein d’une même exploitation la période de semis s’étale sur les mois d’octobre et novembre. Au dessus de 3000 m, comme le cycle cultural dure plus longtemps, les exploitants sèment un à deux mois plutôt (les opérations préculturales sont donc concentrées sur les mois de juillet à août). Les premiers semis, précédés du travail du sol d’août à octobre, sont réalisés avec le retour de pluies plus abondantes. Généralement, cette opération requière au minimum trois personnes : le conducteur des bœufs, le semeur et une responsable de la fertilisation. La densité de semis du maïs varie entre 60 kg à 80 kg par hectare. La quantité d’engrais organique apportée est d’environ 500 kg par hectare.

Dés le premier mois, les adventices apparaissent. Le premier sarclage est exécuté manuellement un mois à un mois et demi après le semis. Un mois après ce premier désherbage, les paysans effectuent un buttage. A l’aide d’une pelle, la terre de l’interrang est disposée en monticule autour des plants de maïs et haricot. Cette intervention a deux objectifs :

ð Empêcher la verse du maïs sous le poids de ses propres épis et du haricot, qui l’utilise comme tuteur.

ð Réaliser un second désherbage. Celui-ci est partiel et ne consiste qu’à l’enfouissement des adventices.

Parfois cette opération est accompagnée d’un apport d’azote sous forme d’urée (40 kg par hectare).

La récolte manuelle des différentes productions est répartie de janvier à juin. L’avoine et la vesce utilisées comme fourrage vert pour les bovins et les cobayes sont coupées 3 à 4 mois après le semis à l’aide d’une serpe. La récolte est répartie sur une à deux semaines à raison de deux coupes par jour (une le matin, l’autre en fin d’après midi).

Dés le mois d’avril commence la récolte de la fève et du haricot en vert, qui va durer un à un mois et demi. Les quantités récoltées dépendent de la consommation familiale. Selon le

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même principe, les exploitants récoltent le choclo (épi de maïs frais) de mai à juin. La canne est donnée aux porcs et aux bovins. Cette récolte en vert permet de libérer une partie de la parcelle pour y installer la culture de contre saison. De plus, des 4 à 5 grains de maïs semés, un à tous ont pu germer. Pour diminuer la compétition intraspécifique au moment du remplissage des grains, sur chaque poquet sont maintenus un à deux plants de maïs. Sont laissés les plus développés.

Durant le mois de juin débute la récolte des gousses mûres de fève. La partie végétative reste sur la parcelle. Deux semaines à un mois plus tard, les cannes de maïs sont coupées à l’aide d’une serpe ou d’une machette environ à 50 cm de hauteur. Cette récolte ayant lieu en début de saison sèche permet un pré-séchage des épis suivi d’un premier séchage en plein champ (les cannes sont posées le long d’un mur ou en tas pour sécher). Après quelques jours, les épis secs sont sortis de leur rafle et les gousses de haricot sont recueillies. Les fruits du zambo sont récoltés au fur et à mesure de leur maturation.

Les ovins et bovins sont conduits sur la parcelle pour manger les restes de cultures et les adventices (cf. Figure 17). Généralement, ils y restent jour et nuit. Il s’agit d’une stratégie pour alimenter les animaux et non pas une pratique visant à reproduire la fertilité.

Les épis de maïs et les gousses de haricot et fève sont mis à sécher sur des nattes dans une pièce sèche de la maison. Le séchage est une étape primordiale pour la conservation des grains. Si leur taux d’humidité est trop élevé, des moisissures et mycotoxines peuvent se développer. Une partie des grains secs est destinée au semis de l’année suivante. Les semences sont sélectionnées en fonction de leur taille, les plus grosses étant choisies. Les cannes de maïs sèches, appelées calcha, sont regroupées en un tas. Celui-ci est généralement construit sur une planche de bois surélevée dans la parcelle durant une époque sans pluie. Ainsi les cannes peuvent être conservées à l’abri de l’humidité du sol et des précipitations (les cannes en contact avec l’extérieur jouent le rôle d’isolant).

Les rendements de maïs sont affectés par une larve (Diatrasae sp), qui pénètre au niveau du collet, creuse des galeries jusqu’aux épis desquels elle se nourrit. Le principal ravageur du maïs est le rat, qui s’alimente des épis dès le stade choclo.

Comme nous l’avons vu précédemment, le facteur limitant des exploitations d’Octavio Cordero Palacios est l’accès à la terre. C’est pourquoi on retrouve cette association culturale au sein de tous les types d’exploitation. D’une part, celle-ci permet d’augmenter les productions par unité de surface en optimisant l’occupation du sol (espèces, dont la durée des cycles est différente) et en associant des espèces, dont les interactions sont positives. En effet, le maïs joue le rôle de support mécanique au haricot, qui lui partic ipe à l’apport d’azote dans le sol. Le zambo, plante couvrante, permet de maintenir l’humidité du sol et limite l’invasion des mauvaises herbes. D’autre part, elle permet une meilleure gestion du risque climatique. En effet, les mois de janvier et février peuvent être relativement peu humides et durant cette époque, il peut geler. Les différentes espèces végétales réagiront différemment aux aléas climatiques assurant ainsi une récolte minimale. L’étalement de l’époque de semis est aussi une réponse aux aléas climatiques. Elle permet de plus d’étaler les périodes de pic de travail, telles que le sarclage. Cette association culturale joue de plus un rôle très important pour l’alimentation animale.

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4.1.1.4.2 Les divers systèmes de cultures : choix de la culture de contre saison et de la rotation.

Les exploitants d’Octavio Cordero Palacios, cherchant à occuper au maximum les faibles surfaces qu’ils possèdent, introduisent une culture de contre saison. Par culture de contre saison nous entendons une culture implantée entre deux cycles de l’association culturale et par conséquent en période sèche. Toutefois, toute la parcelle n’est pas semée. En effet, bien que les cultures choisies soient de cycle court (3 à 4 mois), elles empiètent sur le cycle de l’association culturale. Soit un espace est libéré en mai grâce à la récolte en vert soit le cycle suivant sera retardé. Dans le premier cas, les grains frais ne pouvant être conservés, la récolte se limite, à ce que peut consommer la famille. Dans le second cas, le retard du semis décale l’époque de remplissage des grains à la saison sèche, ce qui a un impact sur les rendements.

C’est pourquoi on trouve les systèmes de culture basés sur la rotation : (association culturale suivie d’une jachère courte) répétée de 2 à 5 ans puis (association culturale suivie d’une culture de contre saison). Dans la suite de l’exposé, ils seront présentés de la façon suivante : (M+H+F+Z cachil/jachère) 1 à 5 // (M+H+F+Z cachil/culture de contre saison)1.

Plus la superficie en propriété est restreinte, plus les exploitants intensifient en travail et en production. Ceci se visualise par une diminution de la superficie laissée en jachère de juillet à octobre.

La rotation la plus répandue est (M+H+F+Z cachil/jachère) 2 // (M+H+F+Z cachil/culture de contre saison)1. Le choix de la culture de contre saison dépend des objectifs et des moyens, dont disposent les exploitations.

La rotation (M+H+F+Z+cachil / jachère)2 // (M+H+F+Z+cachil / petit pois)1.

Cette rotation se rencontre uniquement dans la zone inférieure à 2900 m d’altitude. En effet, en deçà, les températures plus basses ne permettent pas la fructification de la culture de petit pois.

En avril et mai, une partie de la parcelle recouverte par l’association est récoltée au fur et à mesure libérant ainsi un petit espace (autour de 400 m²). Un unique travail du sol mécanique ou manuel est réalisé permettant d’enfouir les semences, qui ont été préalablement semées à la volée. La densité de semis est élevée. Ainsi le couvert végétal très dense limite l’apparition d’adventices. La récolte est partiellement réalisée en vert 3 mois après le semis et est finie, lorsque les grains sont secs à 4 mois. Le petit pois est coupé à l’aide d’une serpe. Les gousses sont séparées de la partie végétative destinée aux animaux. Cette récolte en vert permet de limiter les chutes de rendements dues aux oiseaux friands des grains secs et de libérer au plutôt l’espace pour la préparation du sol du cycle suivant.

Le semis du petit pois peut être réalisé en 2 à 3 fois durant le mois de mai permettant ainsi de se soustraire du risque climatique. Parfois le petit pois est encore présent à l’époque du travail du sol (août). Dans ce cas, la période de semis de l’association est repoussée au mois de novembre.

Le climat idéal pour le début du cycle du petit pois est un climat sec et froid. Le mois de mai, mois de transition entre la saison humide et la saison sèche, est caractérisé par un temps

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variable. En effet, les précipitations peuvent y être importantes ou faibles. Or, un sol trop humide est défavorable à la germination des graines de petit pois. C’est pourquoi, selon la période de semis et le climat de l’année, les paysans sèment le petit pois associé à l’avoine et à la vesce plus exigeantes en eau. Ainsi une année pluvieuse sera favorable aux fourrages et une année sèche au petit pois. Au-delà de la gestion du risque, ce type d’association met en évidence la compétition existant entre cultures destinées à l’alimentation humaine et l’alimentation des animaux d’élevage.

La rotation (M+H+F+Z+cachil / jachère)2 // (M+H+F+Z+cachil / avoine + vesce)1.

Cette rotation se rencontre de 2600 m à 3100 m d’altitude. L’objectif de système est d’avoir une ressource fourragère permettant de pallier la diminution de fourrage dans les pâturages durant la saison sèche. Ce fourrage est principalement destiné aux bovins.

Selon les mêmes modalités que celles du système présenté précédemment, l’avoine et la vesce sont semées (1/5 de vesce pour 9/5 d’avoine) d’avril à juillet mélangées à de l’engrais organique. Le peuplement végétal est dense. A trois mois (épiaison de l’avoine), le fourrage est coupé matin et soir pour être distribué aux animaux. Une fois sec, il est impropre à la consommation animale. C’est pourquoi il est semé en plusieurs fois avec un décalage de deux semaines à un mois.

Cette association culturale, sensible au stress hydrique, est semée plus précocement dans l’étage bas (en avril) pour profiter des derniers mois de la saison des pluies, tandis que dans la zone haute plus pluvieuse elle est semée de mai à juin.

La rotation (M+H+F+Z+cachil / jachère)2 // (M+H+F+Z+cachil / pomme de terre cycle court)1.

Dans la zone supérieure à 2900 m d’altitude, le petit pois est remplacé dans les systèmes de culture par la pomme de terre. En effet, le comportement en période sèche (dessèchement et formation de blocs très denses) des sols riches en montmorillonite de l’étage bas est peu propice à la culture de tubercules. A l’inverse, les sols à structures plus fines associés à une saison sèche moins marquée sont favorables à cette culture. Les variétés employées sont des variétés traditionnelles de cycle court comme la chaucha (4 mois).

En mai, après la libération d’une partie de la parcelle, un arado et un cruze ou un bêchage sont exécutés suivis du semis quelques semaines plus tard. Dans les sillons ouverts, sont déposés un à deux tubercules recouverts ensuite par de l’engrais et enterrés. Un premier sarclage est réalisé un mois après le semis suivi d’un buttage un mois après afin d’éviter le verdissement des tubercules. Deux fumigations sont réalisées à l’aide d’un pulvérisateur à dos, la première quinze jours après le semis et la seconde au moment du buttage. Les produits chimiques employés sont divers. Il s’agit d’insecticides pour lutter contre les pucerons, vecteurs de virus, de fongicides contre le mildiou et d’engrais foliaires.

Certaines familles utilisent des variétés de cycle long telles que la bolona (8 mois). Dans ce cas, il est question de cultures en relais. En effet, le cycle de la pomme de terre n’étant pas fini lors de l’époque de semis de l’association basée sur le maïs, celle-ci est semée dans les interrangs (avec une densité de semis plus faible de 40 à 50 kg par hectare). Dans ce cas, un deuxième buttage-désherbage est réalisé quatre mois après le semis, ainsi qu’une troisième fumigation. Les tubercules sont récoltés manuellement en décembre. La terre est déposée directement au pied du maïs correspondant ainsi à un buttage et à une fertilisation.

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Quelques familles vivant dans l’étage médian n’ont pas accès aux intrants. Elles cultivent tout de même des tubercules. Elles choisissent dans ce cas la variété chaucha, plus rustique, qui résiste mieux aux divers ravageurs.

La rotation (M+H+F+Z+cachil / jachère)2 // (M+H+F+Z+P+cachil / jachère)1.

L’objectif des exploitants mettant en place cette rotation est d’avoir une production de pomme de terre étalée sur toute l’année pour les vendre.

La pomme de terre de cycle court ou long peut être aussi cultivée au sein d’un autre type de rotation. En effet, après deux cycles de l’association culturale classique, en août les paysans vont semer la pomme de terre en association avec le maïs, le haricot, la fève et le zambo généralement sans cachil. Le tubercule est semé au pied du maïs. L’itinéraire technique correspond à une combinaison de ceux de la pomme de terre en culture pure et de l’association classique.

Quelque soient les rotations mises en place, elles tendent vers une optimisation de l’occupation de l’espace. Elles témoignent de plus de la compétition exis tante entre cultures destinées à l’alimentation humaine et à l’élevage. En effet, les superficies en propriété sont tellement restreintes que la culture de fourrage est nécessaire au maintien de quelques bovins et vient empiéter sur les cultures vivrières.

4.1.1.4.3 Des résultats très variables.

Etant donné la grande diversité des systèmes de culture présent sur la paroisse, seuls les plus communs vont être présentés dans la partie, qui suit.

ROTATION INTRANTS TRAVAIL SOL

SC1 (M+H+F+Z+cachil / jachère) 2 // (M+H+F+Z+cachil / petit pois) 1 oui mécanisé

SC2 (M+H+F+Z+cachil / jachère) 2 // (M+H+F+Z+cachil / petit pois) 1 non mécanisé

SC3 (M+H+F+Z+cachil / jachère) 2 //

(M+H+F+Z+cachil / pomme de terre cycle court) 1

oui mécanisé

SC4 (M+H+F+Z+cachil / jachère) 2 // (M+H+F+Z+cachil / petit pois) 1 non manuel

SC5 (M+H+F+Z+cachil / jachère) 2 // (M+H+F+Z+cachil / petit pois) 1

oui motomécanisé

Même si l’effet précédent de culture et les modalités de travail du sol ont un impact sur les rendements des différents systèmes de culture, c’est principalement le mode de reproduction de la fertilité et l’altitude, qui vont déterminer les résultats.

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Les rendements (en vert et à maturité) en maïs, haricot, fève et petit pois sont respectivement de 900 kg/ha, 360 kg/ha, 280 kg/ha et 300 kg/ha dans le système de culture mécanisé basé sur la rotation (M+H+F+Z+cachil / jachère)2 // (M+H+F+Z+cachil / petit pois)1 avec intrants (SC1). Pour un système de culture mécanisé basé sur la même rotation (SC2), mais fertilisé uniquement avec les déjections animales de l’exploitation, la production chute à 400 kg/ha de maïs, 220 kg/ha de haricot, 200 kg/ha de fève et 200 kg/ha de petit pois.

Les cultures de tubercule sont sarclées et fertilisées. De plus, elles améliorent la structure du sol. On peut donc penser que l’effet précédent de telles cultures est plus favorable au cycle qui va suivre que celui des cultures de petit pois. Or, les rendements de maïs, haricot et fève dans le système de culture mécanisé et fertilisé basé sur la rotation (M+H+F+Z+cachil / jachère)2 // (M+H+F+Z+cachil / pomme de terre cycle court)1 (SC3) sont inférieurs à ceux du système SC1. En effet, les résultats sont 800 kg/ha pour le maïs, 180 kg/ha pour le haricot et 200 kg/ha pour la fève et 4t/ha pour la pomme de terre de variété chaucha. Il semble donc que les températures plus faibles et les sols de fertilité chimique moindre ont un impact négatif sur les résultats, particulièrement pour le haricot.

Les faibles rendements associés au système de culture manuel et fertilisé uniquement avec des déjections animales basé sur la rotation (M+H+F+Z+cachil / jachère)2 // (M+H+F+Z+cachil / petit pois)1 (SC4) entraînent une productivité de la terre des plus basses. De plus, il demande beaucoup de travail (environ 230 hj par an pour un hectare). Il a donc une productivité du travail très faible, de l’ordre de 3 $ par jour. A l’inverse, la préparation du sol motomécanisée permet un gain de temps. Ainsi la productivité du travail du système de culture motomécanisé et avec engrais acheté basé sur la rotation (M+H+F+Z+cachil / jachère)2 // (M+H+F+Z+cachil / petit pois)1 (SC5) est supérieure à celle de SC1 (6,4 $ par hj pour 5,4 $ par hj). Malgré des rendements en grains plus faibles, le système SC3 est le système de culture vivrier permettant la meilleure valorisation de la terre. En effet, les résultats en pomme de terre sont élevés. Toutefois, la variabilité interannuelle est importante avec des rendements, qui peuvent être divisés par 4. En outre, l’investissement en travail est plus important (204 hj contre 175 hj), ce qui se traduit par une productivité du travail équivalente à celle de SC1.

Ces différents systèmes de culture permettant à la fois d’assurer l’autoconsommation pour les hommes et l’intraconsommation pour les animaux maximisent les productions par unité de surface. Toutefois il faut noter que l’importante quantité de travail requise associée à des prix agricoles peu rémunérateurs entraînent une productivité du travail faible. En effet, elle est inférieure au salaire journalier d’un ouvrier agricole (7 $ par jour de travail).

4.1.2 Le maraîchage activité entre forte productivité du travail et investissement en travail.

Depuis maintenant 5 ans, les paysans d’Octavio Cordero Palacios se sont lancés dans le maraîchage, dont les produits sont destinés à la vente sur les différents marchés de Cuenca. Les légumes peuvent être cultivés en plein champ (SC6). Il s’agit de petites parcelles de 150 à 500 m² entourées d’une clôture protégeant ainsi les cultures des animaux (principalement de la volaille). Les légumes sont aussi plantés sous serre (SC7). Les fondations sont en bois et recouvertes de plastique.

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Les principaux légumes cultivés en plein champ sont le chou, le chou fleur, le brocoli de la famille des Brassicacées, l’ail (Alium sativum), l’oignon (Alium cepa), la salade (Lactuca sativa) et la carotte (Daucus carota). Il s’agit de cultures de cycle court entre 3 et 4 mois, qui vont se succéder selon un ordre indéfini sur de toutes petites surfaces appelées plate bande.

L’objectif de l’exploitant est d’avoir chaque semaine une grande diversité de légumes en petite quantité pour avoir un étale fourni tout en limitant les invendus.

Pour se faire, chaque type de légume est planté toutes les deux semaines sur une surface d’environ 15 m². Avant l’implantation d’une nouvelle culture, le sol est bêché plusieurs fois à l’aide d’une houe permettant ainsi d’affiner sa structure et d’incorporer l’engrais organique (guano de volaille mélangé à du son de riz) préalablement répandu. Les quantités d’engrais apportées sont importante (environ 15 kg par plate bande). Puis, les légumes sont soit repiqués (cas du chou, du chou fleur, du brocoli et de la salade) ou semés (cas de l’oignon, la carotte et l’ail). Généralement les plants sont réalisés sur l’exploitation dans des pépinières, bacs remplis de terre mélangée à de l’engrais. Un à deux désherbages manuels sont réalisés durant le cycle cultural. Comme les légumes sont vendus en tant que produits limpios, c’est-à-dire biologiques, la lutte contre les différents ravageurs (principalement les larves de lépidoptères) se restreint à une à deux pulvérisations d’un insecticide biologique, le biol dilué dans l’eau. Il est réalisé sur l’exploitation. Il s’agit d’un mélange d’excréments bovins, d’orties, de piments, de luzerne et d’autres plantes locales. A ceci s’ajoute du sucre brut et de la levure permettant la fermentation de l’ensemble dans un tank étanche. La récolte s’étale généralement sur deux à trois semaines. Une semaine plus tard un nouveau cycle commence.

En plus des invendus, les pertes sont importantes (sur 100 plants de salade 50 seront récoltés). La limite principale à laquelle sont confrontés les maraîchers, est le manque d’eau. En effet, trois jours successifs sans pluie engendrent d’importante chute de rendement. Pour y palier, les jardins sont arrosés à l’aide d’un arrosoir avec l’eau de consommation (ce qui normalement est interdit). Ils sont plus fréquents durant la saison sèche. Le temps de travail est très élevé et réparti de manière régulière sur toute l’année (de l’ordre de 2 hj par semaine pour un jardin de 300 m² sans prendre en compte le temps dédié à la commercialisation).

Les serres sont dédiées à des cultures, qui ne pourraient être cultivées en plein champs : la tomate (Lycopersicum esculentum), le babaco (Carica pentagona), une variété précoce de petit pois et une variété précoce de maïs tendre.

Les serres d’une superficie de 140 m² sont munies d’un système d’irrigation goutte à goutte. Il s’agit d’un investissement important. Sa construction et le matériel coûtent environ 800 $ pour une durée de vie de 5 ans. L’eau de pluie recueillie dans un réservoir légèrement surélevé s’écoule par gravité. L’agencement est présenté Figure 22.

L’objectif des maraîchers est de valoriser au mieux la terre. Pour ce faire, ils cherchent à optimiser l’occupation du sol en choisissant une culture à forte valeur ajoutée, généralement la tomate, et en réduisant au minimum le temps entre deux cycles. Toutefois, il faut trouver un compromis entre occupation maximale de la serre et risque phytosanitaire. C’est pourquoi chaque cycle de tomate est suivie d’une période de repos du sol, sinon tous les deux cycles de tomates est intercalée un cycle de maïs et petit pois précoces.

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Le système de culture, que nous allons présenter, est le suivant : un cycle de tomate durant 8 mois suivi d’une jachère de 4 mois. Le premier travail du sol réalisé à la houe permet d’intégrer l’engrais organique au sol (125 kg pour 140 m²). Deux mois plus tard, le semis est précédé d’un second bêchage. 400 plants achetés sont introduits. Après un mois et demi, cette plante grimpante est tuteurée afin d’augmenter l’interception lumineuse et de limiter les risques de pourrissement. Les rameaux secondaires sont taillés. Toutes ces opérations sont faites manuellement et demandent un investissement en temps important (3 hj par semaine pour 140 m²). Durant le reste du cycle ces opérations sont répétées tous les quinze jours. La culture est sarclée à deux et quatre mois. Différents produits chimiques sont pulvérisés de la floraison jusqu’à la fin de la récolte :

ð Un à deux traitements contre l’oïdium. ð Trois à quatre traitements contre le botrytis. ð Un traitement contre les mouches blanches ou mouches des fruits.

Les exploitants passent régulièrement dans les serres pour observer les feuilles et les fruits afin de réagir au plus vite en cas de problème phytosanitaire.

Dés la floraison, la ferti- irrigation est utilisée afin de favoriser la fructification et d’éviter la chute des fruits. Tous les mois, à l’eau d’irrigation est ajouté un engrais contenant de l’azote et du potassium et une fois par semaine du biol. Tous les deux jours, les plants sont arrosés. Comme une plante produit jusqu’à huit inflorescences au court de sa croissance, la récolte manuelle s’étale du quatrième au huitième mois. Les rendements sont compris entre 1 à 2 tonnes par cycle.

Les exploitants vendant sous l’appellation limpios ne peuvent produire des cultures telles que le babaco et la tomate nécessitant des intrants chimiques. C’est pourquoi ils destinent leur serre à la culture de maïs ou petit pois précoce, mais aussi aux légumes. Toutefois ces productions à valeur ajoutée moindre ne justifient pas un tel investissement. En effet en prenant en compte l’amortissement annuel du matériel, on obtient des productivités de la terre et du travail faibles (respectivement 840 $/ha et 0,4 $/hj).

La production maraîchère permet une valorisation de la terre beaucoup plus importante que celle de toutes les autres activités agricoles présentes sur la zone, mais ceci au prix d’un investissement en travail très élevé. En effet, la surface maximale que peut cultiver un actif ne dépasse pas 1000 m² (contre 8000 m² pour SC1). De plus, il s’agit d’une production à risque. Les pertes en cas de maladie ou de sécheresse peuvent remettre ce système en cause. Ceci est particulièrement vrai pour le maraîchage sous serre. Pour que ce système fonctionne, il est nécessaire d’investir régulièrement pour renouveler le matériel et pour l’achat des intrants (plants et différents insecticides et fongicides). De plus, les entrées d’argent sont concentrées sur 4 mois par an. Il est donc difficile de faire face aux besoins de trésorerie. Le mode de production en plein champ répond mieux à ces contraintes. En étalant la production sur toute l’année, les accidents climatiques ont un impact moindre sur les résultats annuels. Les flux de trésorerie sont plus souples. Les entrées d’argent sont quasiment hebdomadaires et permettent d’acheter en petite quantité les semences et intrants nécessaires. Les consommations intermédiaires sont ainsi réparties sur toute l’année. Notons que, contre toute attente, la productivité du travail pour les activités maraîchères est égale ou supérieure à celle des systèmes de culture présentés précédemment. Ceci reflète le niveau d’intensification du travail atteint et les prix peu rémunérateurs des productions vivrières.

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4.1.3 Les systèmes d’élevage bovin : des grands systèmes selon l’accès à la terre.

Au sein de la zone d’étude, la majorité des familles dispose d’au moins une vache laitière. Certains exploitants, au niveau des communautés de la Dolorosa et de Rocio, possèdent entre 5 et 15 vaches laitières. Le facteur à l’origine de cette différenciation est l’accès à la terre. Deux grands types d’élevage ont pu être identifiés :

ð Un élevage bovin intensif en travail fortement dépendant des fourrages et résidus de culture produits sur l’exploitation.

ð Un élevage bovin intensif en capital, dont les vaches en production sont complémentées.

4.1.3.1 Caractéristiques générales du troupeau.

Les bovins de la zone sont croisés. Il s’agit d’un croisement Holstein * criolla. Les vaches de la race Holstein ont été sélectionnées pour leur haut potentiel laitier. Toutefois, elles sont peu adaptées aux froids et à l’altitude. C’est pourquoi elles ont été croisées avec une race rustique, appelée criolla. Ces petites vaches, qui produisent peu de lait, supportent mieux les conditions du milieu andin. De plus, leurs exigences alimentaires étant moindres, elles tolèrent mieux les époques de sous-alimentation. Ce croisement donne donc des animaux plus fragiles, mais avec une meilleure production laitière. Remarquons que le degrés de croisement n’est pas le même pour les différentes sortes d’élevage. Effectivement, selon l’accès au foncier, les paysans ont tout intérêt à favoriser des animaux à haut potentiel laitier ou des animaux moins exigeants.

4.1.3.2 Les systèmes d’élevage intensif en travail, des systèmes basés sur une complémentarité élevage-agriculture.

Les exploitations ayant un accès limité à la terre (surface agricole utile inférieure à 2 hectares) ont mis en place un système d’élevage bovin dépendant des cultures, qui leur permet de maintenir quelques animaux sur des surfaces très réduites. Avec un bovin adulte sur une superficie de 1500 à 2000 m² de pâturage, on peut parler d’élevage intensif en travail.

Selon la composition du groupe familiale vivant sur l’exploitation, on distingue deux types de système d’élevage intensif. Traditionnellement, seuls les hommes avaient le droit de conduire les bœufs. Aujourd’hui, avec la féminisation de l’agriculture de la zone, cette opération est aussi réalisée par les femmes, mais uniquement sur leur propre exploitation. De plus, maintenir des bœufs se fait au détriment des vaches laitières, qui elles sont productives la majorité de l’année. Pour ces exploitations minifundistes, il n’est donc intéressant d’avoir une force de traction que si l’on peut vendre sa force de travail (22 $ par jour de labour), donc si il y a des hommes vivant sur l’exploitation.

C’est pourquoi on distingue deux types d’élevage intensifs en travail :

ð Un élevage bovin intensif en travail laitier. ð Un élevage bovin mâle intensif en travail.

Ces paysans possèdent généralement une à deux bovins adultes croisés, mais avec un degrés criollo dominant.

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4.1.3.2.1 La conduite de l’alimentation.

Les animaux restent jour et nuit sur les pâturages situés généralement à moins de 2900 m d’altitude à proximité des habitations. Il s’agit de pâturages naturels de petite surface entre 1000 m² et un demi hectare. L’herbacée dominante est le chiendent (Pennisetum clandestinum). Comme cette graminée se reproduit de façon végétative, elle supporte mieux de fortes pressions de pâture. Ainsi un repos de un à deux mois selon la pluviométrie suffit entre deux coupes. Les pâturages sont parfois fertilisés. Toutes les deux coupes, l’engrais organique acheté est répandu à même le sol. Cette opération est réalisée par temps humide afin que l’engrais se décompose plus rapidement.

Les animaux pâturent au piquet et sont déplacés deux fois par jour (matin et soir). Il s’agit d’un mode de pâturage rotatif très efficace. Il permet d’éviter le gaspillage du fourrage en limitant le piétinement. Le cantonnement des bovins sur une partie restreinte permet une repousse plus rapide de l’herbe dans la parcelle.

Dans ce système, les pâturages seuls ne permettent pas de couvrir les besoins alimentaires des animaux durant toute l’année, et particulièrement lors de la période sèche. En effet, les seules parcelles nourriraient les animaux que deux à trois semaines. C’est pourquoi les cultures ont un rôle primordial (cf. Figure 25). En effet, de juillet à août, les exploitants font face au déficit fourrager des pâturages en utilisant les parcelles récoltées pour alimenter les bovins. Le reste de l’année, les animaux sont sur les pâturages naturels ou sur les bords de champ et de chemin. De août à décembre, l’alimentation des bovins est complétée par la calcha distribuée quotidiennement. En janvier et février, la production fourragère diminue de nouveau. Le fourrage du cachil récolté à cette époque permet d’y pallier. Ensuite, jusqu’au mois d’avril et mai (mois très pluvieux), les résidus de récolte en vert leur sont distribués. A cette même époque, les mauvaises herbes, qui se développent dans le champ de maïs, sont coupées hebdomadairement pour alimenter les bovins. Il semble que l’absence d’un troisième désherbage se justifie par l’importance des mauvaises herbes dans l’alimentation animale.

De plus, généralement, ces exploitants produisent en parallèle un peu de fourrage toute l’année. Sur de petite parcelle (200 m²), ils cultivent de l’avoine et de la vesce selon la répétition du cycle (avoine+vesce) durant 4 mois suivi d’un mois de repos. Dans les cuvettes ou à proximité des cours d’eau de la luzerne est cultivée. Cette légumineuse pérenne est maintenue durant 5 à 8 ans et est ensuite suivie de deux à trois cycles d’avoine et vesce pour nettoyer les parcelles des adventices. La luzerne est généralement semée durant un mois pluvieux après plusieurs bêchages permettant de conférer au sol une structure très fine. Elle est semée en plate bande. Cinq mois après le semis a lieu la première coupe, qui par la suite est répétée tous les deux mois. Après chaque coupe la luzerne est fertilisée et désherbée manuellement. Du fourrage est aussi produit selon le système de culture fondé sur la rotation (M+H+F+Z+cachil / jachère)2 // (M+H+F+Z+cachil / avoine + vesce)1. La production de ces différentes cultures très exigeantes en eau est très variable. En effet, si après le semis il ne pleut pas, peu de fourrages sera récolté. C’est pourquoi dans la majorité des exploitations, faute d’irrigation, ces cultures sont arrosées manuellement. Quand les fourrages et résidus de culture ne suffisent pas, les exploitants achètent en petite quantité de la farine de blé ou de la banane plantain.

Notons qu’au cours de l’histoire agraire d’Octavio Cordero Palacios, la dépendance des cultures à l’élevage s’est transformée en une dépendance de l’élevage aux cultures. En effet,

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d’un transfert de biomasse des zones de pâturages vers les parcelles cultivées, on passe à un transfert de matière des parcelles cultivées vers les zones pâturées.

4.1.3.2.2 Santé animale.

La campagne de vaccination appuyée par le Ministère de l’Agriculture et de l’Elevage a permis la généralisation de la vaccination contre la fièvre aphteuse, celle-ci ne coûtant qu’un dollar. De plus, un déparasitage et une vitanimisation sont réalisés tous les ans. Il s’agit d’une injection réalisée par le vétérinaire de la zone. Le prix de l’intervention s’élève à 5 $ par tête de bétail.

4.1.3.2.3 Le système d’élevage laitier intensif en travail.

Ce type d’exploitation ne possède pas de reproducteur. Il loue donc le taureau (20 à 22 $ la monte) aux exploitations laitières moyennes de la zone. Les vaches laitières ont un vêlage tous les 1 à 2 ans et sont réformées après 7 à 8 mises bas. Elles sont alors remplacées par une génisse de l’élevage. L’impossibilité de maintenir plus d’animaux limite la sélection au sein du troupeau. En effet, la faible superficie en pâturage ne permet pas de maintenir la vache laitière jusqu’au premier vêlage de la génisse. Celle-ci est donc choisie sans connaître son potentiel laitier. Si la production laitière est vraiment faible inférieure à 4 litres au pic de lactation et que l’exploitant dispose du capital nécessaire, la reproductrice sera vendue et remplacée par une achetée.

Le lait est destiné prioritairement à la consommation famille (SE3). La production est faible. En effet, durant les trois premiers mois de lactation, les vaches produisent entre 4 et 6 litres de lait par jour. Par la suite, la quantité de lait diminue environ de 30 % tous les 3 mois. La période de lactation dure 8 à 9 mois. Les exploitations possédant deux vaches laitières vont transformer une partie du lait en fromages frais, qui seront vendus aux négociants présents dans la paroisse (77 centavos pour un fromage frais d’un demi kilo) (SE4). Le processus de transformation est simple, mais demande un investissement en travail quotidien. Pour faire cailler le lait, il est chauffé et un ferment, la présure, est ajouté. Le lait caillé est ensuite coupé afin d’exsuder le petit lait et égoutté. Le petit lait est utilisé pour l’alimentation des porcs. Trois litres de lait sont nécessaires pour produire un fromage frais d’un demi kilo.

Les veaux et les velles sont vendus à 8 à 9 mois lorsque la vache laitière arrive en fin de lactation et que leur consommation en fourrage commence à devenir trop importante. Le déficit fourrager chronique de ces exploitations ne leur permette pas de les vendre engraisser. Les exploitants n’ayant pas la possibilité de transporter les animaux jusqu’aux foires aux bestiaux de Cuenca, ils les vendent aux négociants venant sur la paroisse. En cas de nécessité, ceux sont les adultes qui sont vendus.

4.1.3.2.4 Le système d’élevage bovin mâle intensif en terre.

Les bœufs sont achetés sur la foire aux bestiaux de Cuenca à l’âge de deux ans. Ils sont dressés et généralement revendus vers 5 ans à des négociants. Généralement, les animaux sont réformés lorsqu’ils deviennent plus difficiles à mener, voire agressifs. Les besoins alimentaires des bœufs sont plus élevés lors des journées de travail, c’est pourquoi les exploitants vont les nourrir trois fois par jour avec les fourrages et résidus de culture produits sur l’exploitation, mais aussi avec de la farine de blé et de la banane plantain non mûre. Les

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exploitants possédant des bœufs vendent leur force de traction et leur travail dans les exploitations voisines. Parfois, les journées de labour sont échangées contre deux journées de travail sur leur exploitation (très utiles à l’époque du désherbage).

4.1.3.3 Le système d’élevage bovin laitier intensif en capital.

Ce type d’élevage se rencontre dans des exploitations plus capitalisées en terre et en capital situées entre 2900 et 3200 m d’altitude. Les troupeaux sont généralement composés d’environ 5 vaches laitières, d’un taureau reproducteur et d’une paire de bœuf. Que lques familles possèdent jusqu’à 10 à 15 vaches laitières. Il s’agit d’animaux croisés améliorés présentant de bonnes aptitudes laitières. Les principales différences avec les systèmes présentés précédemment sont la charge et le mode d’alimentation. En effet, il s’agit d’un élevage beaucoup extensif en travail : 2 à 3 UGB par hectares.

4.1.3.3.1 La conduite de la reproduction.

Le reproducteur étant sur l’exploitation, la période entre deux mises bas est plus courte que pour les systèmes présentés précédemment. En effet, dès que les chaleurs sont détectées les reproductrices sont conduites au taureau. Ainsi les vaches mettent bas environ une fois par an et sont réformées après 5 mises bas. Afin de les remplacer tout en améliorant le troupeau, toutes les velles sont maintenues. Elles sont mises à la reproduction vers deux ans. Celles, qui produisent moins de 6 litres de lait sont destinées à la vente. Les taux d’avortement et de mortalité des jeunes sont faibles (moins de 20%). Les bœufs et reproducteurs sont réformés vers 5 ans. Des veaux sont donc gardés pour les renouveler. Les reproducteurs sont sélectionnés selon les qualités laitières de leur mère et selon leur conformation, les bœufs uniquement selon leur conformation. Afin d’augmenter la quantité de lait vendu, tous les jeunes sont sevrés à trois mois.

4.1.3.3.2 La conduite des pâturages.

La charge étant importante, les paysans pratiquent aussi la pâture au piquet pour optimiser l’exploitation des pâturages. De plus, une partie des pâturages sont artificiels. En effet, environ un cinquième de la superficie fourragère est semée en ray grass (Lolium mutiflorum) trèfle blanc (Trifolium repens), et dactyle (Dactylis glomerata). Dans ces zones, où les gels sont plus fréquents, ces espèces fourragères sont préférées. En plus de leur meilleure valeur nutritive, elles sont plus résistantes au gel que le chiendent. Ces pâturages sont fertilisés tous les ans durant les mois pluvieux d’avril et mai à raison de 3,7 à 5 t d’engrais (mélange de guano et de sons de riz) par hectare. Le temps de repousse entre deux coupes est d’environ trois mois. Cette durée correspond à celle du cycle du ray grass et permet ainsi aux pâturages de se renouveler naturellement. Toutefois, les adventices, principalement le chiendent, gagnent peu à peu du terrain. C’est pourquoi tous les deux à trois ans, ils sont semés de nouveau. Courant janvier, tous les 50 cm des sillons sont ouverts pour recevoir les semences mélangées. Les sillons ne sont pas refermés. En effet, c’est l’eau de pluie, qui par ruissellement va recouvrir le semis de terre. Le pâturage est fertilisé un mois après. Un autre mode de renouvellement des pâturages est basé sur la rotation (pomme de terre chaucha ou bolona / avoine et vesce)1 // (pâturage artificiel)3. Ce mode de renouvellement se rencontre uniquement dans quelques exploitations ayant une charge animale faible. Effectivement, elle va de pair avec une diminution de la surface de pâturage disponible.

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4.1.3.3.3 La conduite du troupeau.

Les animaux sont conduits en deux lots :

ð Les vaches laitières accompagnées de leur veau jusqu’à 3 mois sont regroupées avec les vaches en fin de gestation (8 mois) ;

ð Les vaches taries, les vaches gestantes, les génisses de renouvellement, les taurillons, les bœufs et le reproducteur.

L’alimentation des vaches laitières doit couvrir à la fois leur besoin d’entretien et de production. Afin de maximiser leur production laitière, les pâturages artificiels leur sont réservés. Elles sont complémentées deux fois par jour avec des aliments achetés : bananes plantains non mûres, farine de blé, farine d’orge, mêlasse de canne à sucre et sels minéraux. Le reste du troupeau pâture sur les pâturages naturels et ne sont pas complémentés (à l’exception des bœufs durant les époques de travail). Les résidus de cultures et les fourrages produits sur l’exploitation sont aussi distribués aux animaux, mais jouent un rôle moindre dans leur alimentation.

Le déficit fourrager en saison sèche est moins important étant donné qu’à cette altitude les précipitations sont plus importantes. Il implique toutefois une diminution de la production laitière. Les exploitants vont limiter cette chute en produisant des fourrages selon le système de culture basé sur la rotation (M+H+F+Z+cachil / jachère)2 // (M+H+F+Z+cachil / avoine + vesce)1 ou en augmentant les quantités d’aliment achetés (principalement de banane plantain). Ils ne peuvent se permettre de cultiver de grande quantité de fourrage. En effet, celle-ci empiète sur les cultures de contre saison destinée à l’alimentation familiale. De même, l’achat d’aliment supplémentaire est raisonné de telle sorte que les surcoûts engendrés ne soient pas supérieurs au gain de productivité. C’est pourquoi généralement la quantité de lait vendue à cette époque chute d’environ 30 %.

4.1.3.3.4 L’exploitation des produits animaux.

Le lait produit est destiné à la vente. Il est soit vendu aux collecteurs de lait passant quotidiennement dans les communautés de Rocio et de la Dolorosa (22 centavos le litre de lait) (SE1), soit vendu directement ou non sur les marchés de Cuenca (30 centavos le litre de lait et 1 $ le fromage frais d’un demi kilo) (SE2). La quantité de lait par vache laitière est élevée : de 10 à 12 litres en pleine lactation. La période de lactation s’étale sur 9 mois au cours desquels la production diminue de 30 % tous les trois mois.

Les veaux, qui ne sont pas gardés pour le renouvellement du troupeau sont vendus à trois mois, ainsi que les animaux de réforme et les vaches peu productives. Ils sont aussi vendus aux négociants présents dans la zone. Ils sont généralement mieux valorisés que ceux des systèmes présentés précédemment, car mieux conformés.

Les taureaux sont loués aux exploitations sans reproducteur. Généralement, des journées de labour sont échangées contre des journées de travail.

4.1.3.4 Des objectifs différents.

Il est difficile d’évaluer la surface réellement exploitée par les systèmes d’élevage intensifs en terre. En effet, elle ne se restreint pas aux zones de pâturages, les parcelles

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cultivées jouant un rôle déterminant. C’est pourquoi la productivité de la terre de ce type de système ne sera pas présentée.

INTENSIFICATION PRODUCTION SE1 capital lait SE2 capital fromages frais SE3 travail lait SE4 travail fromages frais

L’objectif des paysans minifundistes est de maintenir un à deux bovins sur des sur faces très réduites. En ce sens, les systèmes d’élevage bovin intensifs en travail sont très efficaces, mais ceci a un coût. L’investissement en travail est très important. Le temps dédié à une vache laitière est équivalent voire supérieur à celui des systèmes d’élevage intensifs en capital (80 hj) et ceci pour des résultats moindres (Figure 28). Ceci se traduit par une productivité du travail très faible, seulement de 2,8 $ par hj (Figure 27). Ceux qui possèdent un peu plus de terre peuvent valoriser leur travail (4,5 $ par hj) en vendant les surplus de lait transformés, mais au prix de plus de travail. De plus, les cultures fourragères se font au détriment des cultures vivrières. En effet, les paysans doivent choisir entre cultiver des cultures de contre saison destinées à l’alimentation de sa famille au risque de ne pas disposer de suffisamment fourrage pour maintenir ces quelques bovins ou cultiver des fourrages, mais manger moins.

Les systèmes d’élevage bovin lait intensifs en capital permettent de valoriser des terres soumises au risque de gel et accidentées (entre 600 et 800 $ par ha), mais l’investissement en travail et en capital est important. La productivité du travail est nettement supérieure à celle des systèmes d’élevages présentés précédemment et aussi à celle des différents systèmes de culture (à l’exception du maraîchage sous serre). En effet, elle varie de 6,8 à 7,9 $ par hj. La création de richesse due à la transformation et à la vente directe du lait est importante. Toutefois ceci demande plus de travail. Notons que, dans les résultats présentés le temps, de commercialisation n’est pas pris en compte, car il ne peut être affecté à une seule production.

4.1.4 Le petit élevage, un rôle important dans des exploitations minifundistes.

Toutes les familles possèdent quelques ovins, porcs, cobayes et volailles nécessaires à l’alimentation de la famille et parfois destinés à la vente.

L’élevage ovin, qui tenait une place importante dans les exploitations d’Octavio Cordero Palacios, est peu à peu abandonné suite à la chute des prix de la laine et à la mise en place du nouveau mode de fertilisation. En effet, aujourd’hui, les familles ne disposent plus que 2 à 3 adultes (un mâle et une à deux femelles). Chaque année les femelles mettent bas un petit, qui est maintenu pour le renouvellement. En effet, tous les ans 1 à 2 adultes sont tués à l’occasion d’une fête de famille. Suite à la diminution des prix de la laine, celle-ci n’est plus exploitée. Elle est brûlée. Les soins apportés aux ovins sont minimaux. Ils sont amenés le matin sur les bords de chemins ou de champs pour pâturer au piquet et ramener le soir dans une bergerie.

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Généralement les familles possèdent une truie issue du croisement d’une race rustique et d’une race à viande. Tous les 8 mois, elle met bas entre 5 et 6 jeunes, qui seront vendus vers 2 mois aux négociants de la paroisse à l’exception d’un mâle destiné à l’engraissement. Tous les 2 ans, une femelle est aussi maintenue pour remplacer la reproductrice. Le mâle engraissé et tué vers l’âge de 9 mois pour la consommation familiale. En cas de besoin, il peut être vendu. Les animaux sont attachés jour et nuit à proximité de l’habitation. Une part importante de l’alimentation est achetée. La reproductrice est nourrie quotidiennement avec de la farine de blé. Durant la période de lactation, son régime alimentaire est enrichi de bananes plantains. A partir de 4 mois, lorsque sa croissance est bien avancée, le mâle est engraissé avec de la farine de maïs. Bien que la majorité du fourrage et des résidus de culture produits sur l’exploitation soit réservée aux bovins, une partie est distribuée aux porcs. De plus, les restes de cuisine leur sont aussi donnés. Le coût élevé de l’alimentation et des différents traitements prophylactiques associé aux bas prix versés aux producteurs remet ce système en cause. En effet, sa rentabilité est nulle voire négative. Toutefois les sous-produits tels que les déjections et le saindoux n’ont pas été pris en compte dans les calculs économiques.

Trois systèmes d’élevage avicoles sont présents dans la paroisse. La majorité des familles possèdent 4 à 5 poules de race rustique pour la consommation familiale. Celles-ci sont libres toute l’année. D’autres familles se destinent à la vente d’œuf. Les poules sont alors attachées ou enfermées en période de cloaque, pour limiter le nombre de couvée par an et ainsi augmenter le nombre d’œuf pondu. Il s’agit généralement d’élevage plus important, de 10 à 20 reproductrices. Dans ces deux cas, la volaille est alimentée principalement avec du maïs dur produit sur la côte et avec le maïs produit sur l’exploitation impropre à la consommation humaine. En parallèle de la production d’œufs destinés à la vente, se développe l’élevage avicole hors sol viande. De 10 à 30 poussins de race améliorée pour la viande sont achetés à 3 semaines et engraissés sur l’exploitation durant un mois et demi. Quotidiennement les exploitants leur apportent du maïs dur dans le bâtiment dans lequel ils sont enfermés. La vente des œufs et des poulets a lieu sur les marchés de Cuenca.

Les cobayes tiennent une place importante au sein des familles d’Octavio Cordero Palacios. En effet, ils sont consommés lors des fêtes annuelles comme le Carnaval et principalement lorsque des journaliers ou les membres d’un groupe d’échange de travail viennent participer aux activités agricoles de l’exploitation. Cet élevage peut être conduit de deux façons. En effet, les animaux sont soit parqués dans de petits box, classés selon leur âge et leur sexe ou soit tous regroupés dans le même box. Dans le premier cas, un box est réservé au mâle reproducteur et aux femelles accompagnées de leurs petits. Ceux-ci sont séparés des mères vers l’âge de trois mois, les mâles d’un côté et les femelles de l’autre. Ainsi, la mortalité des jeunes et des adultes est moindre. En effet, lorsqu’ils ne sont pas séparés, ils sont plus agressifs et s’entretuent. De plus, la promiscuité est favorable à la propagation des maladies. Le régime alimentaire de ces animaux se compose principalement de fourrage coupés deux fois par jour (chiendent, ray grass, luzerne, avoine et vesce lorsqu’il y en a sur l’exploitation). Il s’agit d’animaux fragiles. Le fourrage ne peut leur être distribué si il est humide. C’est pourquoi les exploitants remplacent généralement le fourrage du matin par des aliments tels que la farine de blé, de maïs ou d’orge. Selon les objectifs de l’exploitant, autoconsommation ou vente sur le marché de Cuenca, le nombre d’animaux par élevage est très variable, de 10 à 30 mères.

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Le cheptel de cobaye au sein d’une même exploitation est soumis à de grandes variations. D’une part, la consommation est très irrégulière durant l’année. D’autre part, tous les 1 à 2 ans, une maladie (salmonellose) fait des hécatombes au sein de cet élevage (parfois plus de 80 % de mortalité).

L’élevage de petits animaux a une place importante au sein des exploitations d’Octavio Cordero Palacios. En effet, il permet de maintenir quelques animaux sans empiéter sur les surfaces cultivées. Le temps dédié à ces activités étant réduit, la productivité du travail est élevée pour l’élevage de cobaye et de volaille.

4.2 LES RELATIONS SOCIALES AUTOUR DE L’ELEVAGE ET L’AGRICULTURE.

Chaque exploitation est intégrée à un ensemble de réseau déterminant pour son bon fonctionnement. Les relations sociales s’articulent autour des systèmes d’élevage et de culture pour optimiser l’accès aux moyens de production : la main d’œuvre, la terre et le capital.

4.2.1 Les organisations paysannes : gestion d’espace commun et groupe de vente.

On trouve deux grands types d’organisation au sein de la zone d’étude : ð Les communes de San Luis et Illapamba. ð Les organisations de producteurs maraîchers.

Depuis le début des années 90, l’utilisation des zones communales a quelque peu changée. En effet, aujourd’hui, les membres des communes disposent d’un petit lot de terre pour faire pâturer leurs propres animaux.

Devant l’échec des productions collectives, la commune de San Luis, qui compte actuellement 150 membres, a totalement abandonné le travail en commun. Tous disposent d’une parcelle d’un demi hectare qu’ils gèrent individuellement. Aujourd’hui la majorité des terres a été déboisée et semée en pâturage. Une procédure de privatisation des lots a été entamée. Quelques 40 ha sont sur le point de passer du statut de terres communales à terres privées. L’accès au foncier dans cette commune est aujourd’hui figé. Ainsi des familles, qui n’habitent plus au sein de la paroisse, disposent encore d’un lot, qui est laissé à l’abandon.

Le fonctionnement de la commune de Illapamba a peu évolué. Les membres doivent toujours travailler 1 à 2 jours par semaine sur les parcelles cultivées collectivement. La production annuelle de maïs, pomme de terre, melloco et d’orge est partagée entre eux. Toutefois, les quelques 20 familles, qui font partie de cette organisation, ne le font pas pour les cultures, mais pour avoir accès à une petite parcelle leur permettant ainsi de maintenir 1 à 2 bovins. Cette association est en perte de vitesse. En effet, les faibles rendements associés à un règlement peu souple conduisent les membres à partir. Aujourd’hui cette organisation souffre d’un important manque de main d’œuvre.

Aujourd’hui encore des conflits persistent sur ces zones, quant à leur mode de valorisation et leur statut.

Les organisations de producteurs maraîchers sont au nombre de trois au sein de la paroisse, comptant entre 5 et 15 membres chacune. Les exploitants se sont regroupés pour être

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reconnus juridiquement par le municipio de Cuenca, responsable de distribuer les licences donnant droit de vendre sur les différents marchés de Cuenca. Cette association présente d’autres avantages. En effet, la mise en commun des productions permet de mieux répondre à la demande des clients. A tour de rôle les exploitants se rendent sur les marchés, ce qui leur permet d’accéder à plus de lieux de vente sans augmenter le temps consacré à la commercialisation par famille. De plus, elle permet la mise en commun des moyens de locomotion. En effet, quelques familles possèdent une voiture, qui est mise à la disposition du groupe. Les maraîchers travaillant individuellement louent une voiture une fois par semaine pour 5$. Ces organisations sont très dynamiques. Elles ont accès au conseil technique, participent à des formations et travaillent à la reconnaissance de leurs produits avec l’appellation limpios. Actuellement leur nombre d’adhérents est en augmentation, malgré un investissement en travail très important lié à la commercialisation et aux réunions hebdomadaires.

4.2.2 Relations sociales autour du travail.

La gestion des pics de travail au sein des exploitations passe généralement par l’appel à de la main d’œuvre extérieure selon deux modalités. Traditionnellement, le cambio de mano, littéralement « échange de main » était le plus répandu. Aujourd’hui, suite à l’exode de la main d’œuvre familiale jeune, ce système de réciprocité basé sur l’échange de travail décline et se restreint à des relations entre membres d’exploitations différentes, mais de la même famille. Il est peu à peu remplacé par la monétarisation du travail. En effet, d’une part, pour assurer leur survie, les exploitations les plus démunies ont besoin d’entrées d’argent pour acheter leur alimentation. D’autre part, les exploitations, dont certains membres sont partis à l’étranger, ne peuvent gérer seuls les pics de travail. Entre ces deux types d’exploitations une relation salariale s’est développée. Un journalier agricole travaille environ pour 5 $ par jour et trois repas (estimés à 2$ par jour). Un « laboureur » travaillant avec sa propre paire de bœufs est payé 22 $ par jour. Toutefois ce coût d’opportunité local est limité. Effectivement, les exploitants font appel à ce type de travailleur uniquement quelques jours par an, et ceci durant les périodes, où eux-mêmes ont beaucoup de travail sur leur ferme (époque de la préparation du sol, du semis et des désherbages).

4.2.3 Relations sociales autour de la terre.

Avec le départ de plus d’un tiers de la population la pression foncière a quelque peu diminuée dans la zone d’étude. Les migrants généralement clandestins peuvent être expulsés du pays, dans lequel ils travaillent. C’est pourquoi afin de sécuriser leur situation, ils ne vendent pas leurs terres. En effet, elles sont confiées à un membre de la famille, qui les exploite sans aucune contre partie. Il s’agit d’un accès précaire à la terre. Lorsque le propriétaire revient, il est obligé de les lui rendre. D’autres louent a media, c'est-à-dire que la production en grain sec est divisée entre l’exploitant et le propriétaire de manière égale. Ce type d’accès à la terre est associée au sein des exploitations à la propriété privée et permet ainsi d’augmenter la surface agricole exploitée.

Aujourd’hui, il est quasiment impossible d’acquérir de la terre dans la zone d’étude. D’une part, comme nous l’avons vu précédemment, elle n’est pas vendue. D’autre part, les prix du foncier sont exorbitants. Selon sa localisation, un hectare vaut entre 20 000 et 50 000$. Ce prix est totalement déconnecté des réalités agraires. Les productivités de la terre des différentes activités agricoles de la zone sont comprises entre 600 et 1200 $ par hectare (à

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l’exception du maraîchage). Aujourd’hui, l’argent venant de l’étranger est investi en priorité dans le foncier, mais ce n’est pas une terre agricole qui est achetée, mais un terrain à construire. En effet, en vue de la faible rémunération des activités agricoles, les migrants préfèrent investir dans un premier temps dans une maison, placement plus sûr que les activités agricoles.

4.3 LA PROXIMITE DU MARCHE DE CUENCA.

Plusieurs routes carrossables d’environ 20 km relient l’ensemble des communautés d’Octavio Cordero Palacios à Cuenca. De plus, un réseau de transport public dessert de façon très efficace cette zone. Toutes les heures des bus font le trajet en 45 minutes Cuenca-Octavio Cordero Palacios et Octavio Cordero Palacios-Cuenca, et ceci pour 40 cts.

La proximité d’un grand pôle urbain présente de nombreux avantages pour les exploitants, avantages quant à l’accés aux services (santé, éducation, …), mais également concernant la production agricole. Elle facilite l’accès au marché. Ceci a favorisé l’émergence de circuits courts de vente (sans intermédiaires entre le producteur et le consommateur) pour des productions facilement transportables telles que les légumes, les œufs et les produits laitiers. Toutefois cet accès au marché nécessite l’organisation des agriculteurs étant donné qu’aujourd’hui l’accès aux lieux de vente est soumis à réglementation.

L’écoulement des productions étant simplifié, l’accès aux intrants l’est également. En effet, l’achat de semences, de plants et de produits phytosanitaires se fait directement à Cuenca.

De plus, l’ouverture de cette zone confère aux exploitants une certaine marge de négociations des prix auprès des négociants et vendeurs ambulants d’intrants. Ceci est flagrant si l’on compare les prix en vigueur pour certains produits clés au sein de la paroisse de Pindiling située dans la province de Cañar à 80 Km de Cuenca, à ceux d’Octavio Cordero Palacios.

Prix à Octavio Cordero Palacios en $

Prix à Pindiling en $

Prix de vente 1 sac d’engrais 1 à 1,5 2

Prix de vente 1 sac de bananes plantains 1 2

Prix d’achat 1 l de lait par collecteurs 0, 22 0,18 à 0,20

4.4 LA PLURIACTIVITE ET LA MIGRAT ION INTERNATIONALE COMME SOURCES DE REVENU.

Comme nous l’avons souligné dans la partie sur l’histoire agraire, l’économie des exploitations familiales d’Octavio Cordero Palacios repose en grande partie sur le revenu tiré d’activités complémentaires. Leur gamme est particulièrement étendue allant de l’artisanat à la vente de sa force de travail à l’étranger.

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Les familles les plus démunies ont continué à confectionner des chapeaux de paja toquilla, malgré un prix des plus bas. La fabrication d’un chapeau demande en moyenne 8 heures de travail. La paja est achetée à Cuenca (10 centavos pour un chapeau). Ils sont vendus 2 $ pièce à un négociant vivant dans la paroisse. La productivité du travail est donc des plus faibles autour de 1,9 $/hj.

D’autres familles profitent des activités, qui se sont développées récemment sur la zone. En effet, les hommes travaillent jusqu’à 6 mois par an dans la construction de maison ou dans l’exploitations du bois. Les Eucalyptus, dont le bois est solide, sont utilisés en menuiserie. La journée de travail est rémunérée environ 10 $ à 15 $ pour ces deux types de travail. Toutefois ces opportunités sont limitées et ne peuvent à elles seules occuper toute la main d’œuvre libre d’Octavio Cordero Palacios.

L’aide financière venant de l’étranger est la source de revenu la plus répandue dans la zone. La migration internationale concerne principalement les hommes, même si depuis une dizaine d’année de plus en plus de femmes s’en vont. La majorité des migrants s’en vont à l’âge de 18 ans à destination des Etats-Unis ou de l’Espagne. Ils envoient régulièrement de l’argent à leur parent. Généralement, ils ne reviennent pas et essaient d’obtenir un titre de résident. Les hommes mariés migrent aussi. Dans ce cas, l’argent est envoyé régulièrement aux épouses, qui vont investir en priorité dans un logement et ensuite dans les activités agricoles. Les sommes reçues par les exploitations varient entre 100 et 1000 $ selon le nombre de migrants et les opportunités de travail rencontrées à l’étranger. On ne peut plus parler d’activités complémentaires, l’exploitation étant privée d’une partie de sa main d’oeuvre. En effet, les hommes s’en vont pour au moins 10 ans. Cette absence remet en cause tout le système d’organisation de l’exploitation. On assiste à une féminisation de l’agriculture. Aujourd’hui, ce sont les femmes, qui réalisent les différents travaux agricoles et qui gèrent la ferme.

A la vue des résultats économiques présentés précédemment, on comprend l’importance de l’accès à la terre. Que ce soit pour la production agricole ou pour les activités d’élevage, la rémunération du travail agricole pouvant varier de 2,5 $ à 17 $ par hj. Les différents types d’exploitation identifiés à Octavio Cordero Palacios combinent ces systèmes de culture et d’élevage selon des stratégies propres et selon les facteurs de production (terre, capital et main d’œuvre), dont ils disposent. En outre, les différents systèmes de production se distinguent également selon l’ensemble des relations sociales développées et la pluriactivité. En effet, le chef d’exploitation raisonne également la mobilisation des ressources au sein de l’exploitation en fonction des activités complémentaires.

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5 PARTIE 5 : LES DIFFERENTES EXPLOITATIONS AGRICOLES.

5.1 L’ACCES A LA TERRE, COMME CLE DE LA DIFFERENCIATION.

Comme nous l’avons vu au cours de l’histoire, l’accès à la terre a toujours été un facteur limitant dans la paroisse d’Octavio Cordero Palacios. Aujourd’hui les stratégies développées par les paysans dépendent principalement de la surface qu’ils peuvent exploiter. Or, la SAU par actif familial varie de 200 m² à 12 ha.

La comparaison des revenus agricoles par actif en fonction de la SAU par actif, pour les différents types identifiés sur la zone, montre une remarquable différence entre les exploitations selon leur accès au foncier (Figure 29). En effet, celles possédant moins d’un demi hectare par actif dégagent un revenu leur permettant à peine d’atteindre le seuil de survie4, c'est-à-dire le revenu minimal pour couvrir les besoins de base de la famille. Pour survivre, ces paysans vont soit développer des activités agricoles ayant une forte productivité de la terre soit chercher des sources de revenus extra-agricoles (Figure 30). Les exploitations plus capitalisées en terre dépassent le seuil de reproduction.

5.2 PLURIACTIFS, MARAÎCHERS ET LAITIERS : ORIGINE ET CARACTERISTIQUES DES DIFFÉRENTS SYSTEMES DE PRODUCTION.

5.2.1 Le type 1 : petites exploitations polyculture-polyélevage sans appui financier extérieur.

Ces exploitations se rencontrent généralement dans les communautés de Illapamba. Elles n’ont accès qu’à l’étage bas. Aujourd’hui seules quelques familles des plus démunies constituent ce groupe. Il s’agit généralement de personnes âgées en couple ou seules, de veuves ou de femmes abandonnées par leurs époux.

Les terres sont généralement héritées. Suite au fractionnement de l’exploitation parentale entre les différents enfants, la surface ne dépasse pas 1000 m² par actif familial. En effet, la surface exploitée se restreint à une parcelle de 500 à 2000 m² pour une main d’œuvre familiale de 1 à 3 personnes. Une telle SAU ne permet pas d’entretenir des bovins. Il s’agit de plus d’exploitations très peu capitalisées ne possédant que quelques outils (houe et pelle). La totalité du foncier est dédiée aux systèmes de culture basés sur la rotation (M+H+F+Z cachil / Jachère)1// (M+H+F+Z cachil / petit pois)1.

Pour compenser le manque de terre, les paysans restreignent la superfic ie de jachère entre deux cycles de maïs et peuvent intercaler d’autres cultures au sein de l’association telles que le chou, le blé, l’orge et la pomme de terre. Le travail du sol est réalisé manuellement. Les apports azotés se limitent généralement aux déjections des animaux d’élevage. Les rendements sont alors très faibles. Certains se plaignent d’une diminution de la production d’année en année. L’élevage gravite principalement autour des petits animaux. Cobayes, 4 Les calculs menant au seuil de reproduction et au seuil de survie sont présentés en annexe.

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poules, porcs et parfois 2 à 3 moutons sont nourris exclusivement avec les produits de l’exploitation, ce qui restreint leur nombre.

La production est destinée à l’autoconsommation. Toutefois elles ne permettent pas de couvrir les besoins de base de la famille ni d’occuper toute cette force de travail. En effet, pour les exploitations étudiées le temps de travail ne dépasse pas 18 hj par actifs familiaux. C’est pourquoi les activités agricoles sont associées à des activités complémentaires. Les secteurs de la construction et de l’exploitation du bois étant réservés aux jeunes hommes et ces familles ne pouvant migrer, elles se tournent vers l’artisanat avec la confection de chapeau de paja toquilla et la vente de leur force de travail comme journalier agricole. Les femmes, parfois même les hommes, se dédient à l’artisanat durant les époques creuses. La vente de travail dans les autres exploitations est prioritaire. En effet, si une opportunité se présente les exploitants retarderont le désherbage de leur propre parcelle pour la saisir.

Ces activités représentant jusqu’à 30 % du revenu total leur permettent tout juste d’atteindre le seuil de survie. Ces exploitations sont très sensibles aux aléas, qu’ils soient climatiques ou économiques. A tout moment, elles peuvent décapitaliser.

5.2.2 Type 2 et 3: les exploitations familiales associant activités agricoles et activités complémentaires.

Il s’agit d’exploitations légèrement plus capitalisées en terre. En effet, la superficie par actif familial est environ de 2000 m², avec une SAU comprise entre 2000 m² à 1,5 hectares, ce qui permet de maintenir quelques bovins selon un système d’élevage intensif en travail. Elles constituent la majorité des exploitations de la paroisse. La composition du groupe familial a des incidences directes sur les activités agricoles que l’on trouve au sein de ces exploitations. On peut donc distinguer deux types.

Le type 2 correspond aux exploitations au sein desquelles vit la famille toute entière, les hommes étant restés. La main d’œuvre familiale varie de 3 à 5 personnes. Les terres en possession sont héritées des parents. Souvent s’ajoutent les terres confiées par les frères et les sœurs, qui ont migré vers les villes ou à l’étranger ou des terres exploitées au sein des communes de Illapamba ou San Luis. Le parcellaire se compose d’un ensemble de petits lopins (3 à 6) dispersés au sein de l’étage bas. Parfois, ils ont accès à l’étage médian. Elles sont dédiées aux bovins et aux cultures selon un ratio 50/50.

Selon l’altitude, à laquelle se situent les terrains exploités, ces paysans mettent en place un système de culture soit basé sur la rotation (M+H+F+Z cachil/jachère) 2 à 4 // (M+H+F+Z cachil/ petits pois)1 soit sur (M+H+F+Z cachil/jachère) 2 à 4 // (M+H+F+Z cachil/ pomme de terre chaucha)1. Dans les deux cas des intrants sont achetés et le travail du sol est mécanique. En effet, l’élevage bovin intensif en terre se destine au maintien d’une paire de bœuf (parfois aussi d’une vache laitière). Ces animaux sont maintenus principalement grâce aux résidus de culture, mais aussi grâce aux fourrages qui peuvent être cultivés selon les différentes modalités présentées précédemment. En cas de saison sèche très marquée, ces exploitations achètent des aliments pour nourrir les bœufs, ceux-ci étant primordiaux au bon fonctionnement de l’exploitation. Du petit élevage est aussi présent sur l’exploitation. L’ensemble des productions est destiné à l’alimentation familiale. Le calendrier de travail s’organise principalement autour de deux ateliers. D’une part, l’élevage bovin demandant un

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travail journalier pour les différents déplacements et la coupe de fourrage durant certaines périodes. D’autre part, les différentes opérations sur les cultures vivrières se caractérisent comme des pics ponctuels de travail. Le revenu agricole par actif est généralement inférieur au seuil de survie. Afin de nourrir leur famille, les chefs de familles travaillent à l’extérieur.

Ils vendent leur force de travail pour « labourer » les parcelles des exploitations manquant de main d’œuvre. Même si cette activité se limite à quelques mois, il s’agit d’une source de revenu conséquente (22 $ par jour de travail). Le reste de l’année, ils recherchent des contrats dans la construction ou l’exploitation du bois à proximité d’Octavio Cordero Palacios. Généralement ils se consacrent 6 mois par an à ces activités. Les pics de travaux sont gérés de façon variable. Durant l’époque de travail du sol, la priorité est donnée à sa propre exploitation. A l’inverse, si une opportunité d’embauche se présente à l’époque du désherbage, la famille fait appel à des journaliers salariés. Il ne faut pas oublier que le salaire d’un journalier est de 7 $ par jour, tandis que celui d’un ouvrier s’élève à 10 $ par jour. Les revenus extra-agricoles représentent plus de 50% du revenu total. Cet argent est réinvesti dans le système de production. En effet, il permet d’acheter des engrais et une partie de l’alimentation animale. Ces exploitations dépendantes des opportunités de travail extérieures sont soumises aux risques que celles-ci disparaissent. En effet, si les familles de migrants arrêtent d’investir en Equateur, le secteur de la construction entrera en crise.

Dans le type 3, la composition familiale est quelque peu bouleversée. Il s’agit de femmes vivant seules avec leurs enfants, leur mari étant parti à l’étranger ou de parents âgés seuls, leurs enfants ayant migré. La main d’œuvre familiale ne dépasse 3 personnes. L’absence d’une force de travail masculine a d’importantes répercussions sur le système de production.

Les terres exploitées sont aussi héritées, confiées ou issues de la commune de San Luis. Les exploitations de ce groupe ne disposent pas de la main d’œuvre suffisante pour travailler 1 à 2 jours par semaine dans la commune de Illapamba. Dans la majorité des cas, les terres ont été récemment achetées. Ils en résultent donc un parcellaire particulièrement découpé. Ces exploitations qui initialement étaient plus proches du type 1, ont pu capitaliser quelque peu en terre en investissant l’argent de la migration internationale. La superficie cultivée et celle dédiée aux pâturages sont d’extension équivalente. Les systèmes de cultures sont identiques à ceux du type 2. Toutefois, les différents pics de travaux (travail du sol, semis, désherbage et buttage) sont réalisés par des journaliers agricoles. Lorsque la parcelle est accessible au tracteur, le travail du sol est motomécanisé, et ceci pour des raisons d’économie. Une à deux vaches laitières sont élevées pour la consommation familiale. Les surplus sont transformés et vendus sous forme de fromage frais aux négociants de la paroisse. L’élevage de petits animaux se destine à l’alimentation familiale. Parfois, les cobayes sont destinés à la vente. Ils sont alors élevés dans des box séparés et en partie alimentés avec de la farine de blé.

L’argent issu de la migration internationale soutient la production, en permettant aux exploitants d’acheter des intrants et de payer les journaliers venant travailler sur l’exploitation. Sans l’argent envoyé tous les mois de l’étranger, ses systèmes dépasseraient à peine le seuil de survie.

Dans ces deux cas, malgré une productivité de la terre très élevée, les revenus

agricoles sont faibles (autour du seuil de survie). Ceci est clairement lié à un accès restreint au foncier. Ainsi si ces deux types de systèmes de production sont privés de leur revenu complémentaire, leur revenu total diminuerait de plus de 50%. De plus, le revenu agricole chuterait aussi, les activités complémentaires soutenant la production.

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5.2.3 Type 4 : les exploitations familiales maraîchères. Il s’agit d’exploitations peu capitalisées en terre, la superficie par actif ne dépassant pas 5000 m², mais fortement capitalisées en capital. Le foncier a la même origine que celui des types présentés ci-dessus. Ces exploitations, qui initialement vivaient principalement de l’artisanat, ont vu leur niveau de vie diminué au moment de la dollarisation. Pour survivre elles s’orientent vers la production de cultures à forte valeur ajoutée avec le maraîchage en plein champ et sous serre. Les exploitations d’Octavio Cordero Palacios bénéficient en effet d’un avantage non négligeable : la proximité d’un grand bassin de consommation. Mais cette activité n’est pas à la portée de tous. D’une part, dans les exploitations de la zone d’étude la minifundisation est telle que l’empiètement des cultures maraîchères sur les cultures vivrières est un argument en leur défaveur. D’autre part, l’investissement initial est important, d’environ 800 $ uniquement pour la serre. C’est pourquoi les exploitations qui ont pu intégrer le maraîchage à leurs activités agricoles, disposent de plus de 2000 m² par actif et ont eu un appui financier extérieur. Souvent un membre de la famille émigré a donné ou prêté sans intérêt l’argent nécessaire. Etant donné qu’il n’est plus possible d’acheter des terres en grandes quantités, les migrants, qui reviennent vivre dans la paroisse, investissent aussi le capital qu’ils ont constitué dans ce type d’activité. La composition du groupe familiale est donc très variable. En parallèle des activités maraîchères, on trouve des systèmes de culture classiques, dont les produits sont destinés à la consommation familiale, mais aussi à la vente. En effet, les maraîchers profitent de l’accès au marché de Cuenca pour vendre des légumes, ainsi que du maïs, du haricot, de la fève et du petit pois en grains frais et, pour ceux qui ont accès à l’étage médian, des pommes de terre. Quelques uns vont même produire en contre saison, période durant laquelle les prix sont plus avantageux. Il s’agit toutefois de quantité très restreinte. De même, les produits du petit élevage, cobayes, œufs et poulets viande sont en partie commercialisés. Ces exploitations possèdent généralement une vache laitière, une truie et quelques ovins. Parmi les exploitations minifundistes, seuls les maraîchers arrivent à dégager un revenu agricole supérieur au niveau de reproduction, mais ceci au prix d’un investissement en travail très important. En effet, pour les deux exploitations présentées le temps de travail par actif par an s’élève à 200 hommes jours par an, dont la majorité est affectée à la production et à la commercialisation des légumes. En plus de valoriser au mieux de petites surfaces, le maraîchage en plein champ permet de mieux faire face aux aléas économiques. En effet, l’entrée d’argent est régulière. Cet argent est de suite réinvesti dans l’achat des intrants, dont une partie se destine aux productions vivrières. Pour les exploitations ne possédant pas de bœufs, il permet également de payer un conducteur de tracteur. Les pics de travail sont gérés par la main d’œuvre familiale. En effet, la répartition régulière des travaux sur les cultures maraîchères le permet. Ces exploitations peuvent ou non faire partie d’une organisation de vente. Les maraîchers individuels sont soumis à deux principales contraintes. D’une part, ils sont obligés de louer une voiture pour se rendre au marché. Les semaines où la production est faible, ils ne s’y rendent pas (la vente n’amortissant pas le prix de la location de la voiture). D’autre part, ne possédant pas de licence pour vendre sur les marchés de Cuenca, ils se voient souvent refuser l’accès à ces lieux et vendent alors dans la rue. Actuellement, la majorité des maraîchers est confrontée à un problème. Ils ne disposent pas de l’argent nécessaire au renouvellement du plastique des serres. A ceci s’ajoute le fait que certains ont peu à peu abandonné la culture de tomate ou babaco sous serre. En effet, les premières récoltes ont été très mauvaises faute d’un soutien technique efficace. Ils se sont donc orientés vers des cultures moins coûteuses (petits pois et maïs de variété précoce),

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mais aussi moins rémunératrices. C’est pourquoi de moins en moins se consacrent à la culture sous serre à moins d’être fortement aidés par des membres de la famille ayant migré.

5.2.4 Type 5, 6 et 7 : les exploitations familiales laitières. Ces types d’exploitation se rencontrent uniquement au nord de la paroisse dans les communes de la Dolorosa et de Rocio. Les terres de ces exploitations ont été achetées dans les années 80 par les premiers migrants. Certains possèdent des pâturages dans la paroisse voisine de Deleg qu’ils ont acquis lors du démantèlement des haciendas, suite à la troisième loi de réforme agraire. La main d’œuvre familiale est d’environ 2 à 3 actifs familiaux. Les types 5 et 6 sont caractérisés par une superficie par actif d’environ 2 ha, ce qui correspond à une SAU d’environ 5 ha. Les exploitations du type 6 sont généralement moins capitalisées en terre. Grâce à cette importante capitalisation en terre, ces exploitants ont mis en place un élevage laitier intensif en capital composé d’environ 5 à 8 vaches laitières de race améliorée. Environ 10 % de la surface est dédiée aux cultures, le reste correspondant à des pâturages artificiels et naturels. Les cultures sont à proximités des habitations, tandis que les pâturages se situent au niveau des zones plus hautes et plus froides, à l’exception des pâturages artificiels. En effet, ceux-ci sont généralement proche de l’habitation et des voies de communication, ce qui facilite la surveillance des vaches laitières et le transport du lait. Au sein des exploitations du type 5, exploitations familiales laitières moyennes, le lait est collecté quotidiennement par une laiterie. En contre partie, les exploitants sont payés tous les quinze jours. Malgré une valeur ajoutée de 5 centavos par litre de lait transformé, ces laitiers préfèrent vendre le lait cru à ces entreprises plutôt que transformé aux négociants, et ceci pour deux raisons. D’une part, la transformation d’une telle quantité de lait (20 à 40 litres par jour) exigerait quotidiennement 2 heures de travail supplémentaires. D’autre part, les paysans ont moins confiance en les négociants, qui paient de manière moins régulière. Les productions végétales permettent de couvrir en partie la consommation familiale. Les systèmes de culture mécanisés et fertilisés avec des engrais organiques achetés présents au sein de ces exploitation reposent sur les rotations (M+H+F+Z+cachil / jachère)2 // (M+H+F+Z+cachil / pomme de terre de cycle court)1 et (M+H+F+Z+cachil / jachère)2 // (M+H+F+Z+cachil / avoine et vesce)1. Les fourrages étant destinés à compenser le déficit fourrager de juillet à septembre. Le petit élevage tient dans ces exploitations une importance secondaire. La majorité du temps de travail est consacré à l’élevage. Chaque jour, pour un élevage de 5 vaches laitières, 8 à 12 heures sont dédiées à l’atelier élevage bovin seul. En effet, les pâturages de 3000 à 3200 m d’altitude peuvent être très éloignés des exploitations et dans des zones difficiles d’accès. Certains exploitants possèdent d’ailleurs des chevaux pour s’y rendre. Les pics de travail correspondant aux époques de labour et de désherbage sont gérés par la main d’œuvre familiale. Les entrées d’argent dues à la vente de lait permettent l’achat d’intrants : engrais et traitements phytosanitaires pour la pomme de terre. Les exploitations du type 6, exploitations familiales laitières moyennes et maraîchères, se consacrent en parallèle du système laitier intensif en capital au maraîchage en plein champ et sous serre. Elles ont développé cette sorte d’activité pour pallier à un accès à la terre limité et pour sécuriser le système de production en diversifiant les sources de revenu. La vente d’animaux a permis l’investissement initial. Il s’agit d’exploitations fortement capitalisées en capital. Le lait est vendu directement au consommateur cru ou transformé. En effet, ces exploitants, faisant ou non partie de groupes de vente, commercialisent le lait sur le marché de Cuenca, en plus des légumes et petits animaux d’élevage. Ils se dédient aussi à la vente de pommes de terre de cycle court ou long, produites selon la rotation (M+H+F+Z+cachil /

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jachère)2 // (M+H+F+Z+P+cachil / jachère)1. Le reste de la production est réservée à l’alimentation de la famille. Durant les pics de travail, les actifs familiaux se dédiant en priorité à l’élevage laitier et aux maraîchages ne suffisent pas. C’est pourquoi ils font appel à de la main d’œuvre extérieure salariée pour le désherbage, le buttage et le travail du sol (celui-ci peut être motomécanisé). Le revenu agricole dégagé par de telles exploitations est supérieur à celui des exploitations du type 5a, mais au prix d’un investissement en travail plus élevé. Le type 7 est un cas peu représentatif de la zone d’étude. En effet, seulement une dizaine familles est arrivée à ce niveau de capitalisation en terre (entre 15 et 30 hectares). Toutefois il permet de mettre en évidence les différences de revenu générées par l’inégale répartition du foncier entre les différentes exploitations de la paroisse. De plus, dans la paroisse voisine, ce type d’exploitation est des plus répandus. Elles ont pour origine l’achat de lots d’une ancienne hacienda. Les productions végétales sont destinées à la consommation familiale et animale et cultivées selon les mêmes modalités que celles mises en œuvre par le type 5. Dans le cas étudié, la charge animale est plus faible (1,5 UGB par hectare) étant donné qu’une partie des terres en propriété se situent dans les zones de páramos de la paroisse voisine. Il s’agit de systèmes d’élevage plus extensifs en travail, une partie des animaux étant libre dans les páramos (parcelles clôturées). Les vaches en lactation sont concentrées sur des pâturages artificiels de meilleure qualité nutritive. La gestion des pâturages artificiels est quelque peu différente. En effet, ils sont renouvelés selon la rotation (pomme de terre/avoine et vesce)1//(ray grass, dactyle et trèfle).

5.2.5 Le type 8: les exploitations patronales laitières. Depuis une dizaine d’années, des exploitations patronales apparaissent dans la communauté de Rocio. Il s’agit initialement d’exploitation de type 7, dont les exploitants ont investi dans d’autres secteurs d’activités à Cuenca et ont abandonné le travail à la ferme. Aujourd’hui ce sont des employés qui travaillent sur l’exploitation de 10 à 15 hectares. Nous avons préféré utiliser le terme patron à capitaliste et en conséquent analyser cette exploitation comme telle. En effet, à la vue de la « rente » générée par l’exploitation, il semble que le propriétaire garde ces terres n’ont pas dans un souci de profit, mais plus pour sécuriser sa situation. En effet, en cas de crise économique, il peut retourner exploiter ses terres. Les différents systèmes de cultures et d’élevage sont identiques à ceux du système 7. Les employés vivent sur l’exploitation avec toute leur famille. Les récoltes et les produits animaux sont partagés entre les exploitants et le propriétaire. De plus, ils perçoivent un salaire mensuel pouvant s’élever à 100 $.

La majorité des exploitations d’Octavio Cordero Palacios appartient aux types 2 et 3. Ceci signifie que la plus grande part des exploitations de cette zone génère un revenu agricoletrès faible. Cette moindre rémunération n’est pas liée à de bas rendements, mais à un accès à la terre très restreint et à des prix agricoles peu élevés. C’est pourquoi les petits producteurs de la zone ont mis en place des pratiques visant à optimiser la productivité de la terre dans un premier temps en intensifiant en travail et, plus récemment en intensifiant également en capital. Les laitiers, ayant principalement investi dans des terres de fertilité basse et situées dans des zones froides, cherchent à valoriser au mieux ces terrains grâce à des

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systèmes d’élevage intensif en capital. Toutefois, les laitiers ne possédant pas plus de 5 hectares sont relativement proches du seuil de reproduction. C’est pourquoi certains au prix d’un travail quotidien beaucoup plus important ont développé en parallèle des activités de maraîchage et de transformation.

Cette quatrième partie nous permet de mieux comprendre comment les familles

paysannes d’Octavio Cordero Palacios combinent les différents systèmes de culture et systèmes d’élevage identifiés selon les moyens, dont elles disposent. Il est clair que le principal facteur de différenciation de ces exploitations est l’accès à la terre. Ainsi la majorité des familles paysannes d’Octavio Cordero Palacios ne peuvent vivre de leur travail. A la vue des différents résultats économiques présentés dans cette partie, nous pouvons nous interroger quant à l’avenir de l’agriculture au sein de la paroisse.

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6 PARTIE 6 : QUELLES PERSPECTIVES D’AVENIR ?

6.1 LA DYNAMIQUE EN PLACE VA-T-ELLE PERDURÉR ?.

6.1.1 La dynamique actuelle : exode de la population rurale.

La dynamique actuelle du système agraire d’Octavio Cordero Palacios est clairement une fuite de la population. Aujourd’hui les classes d’âge moyennes sont peu représentées. De plus, lorsque les jeunes de la paroisse parlent d’avenir, ils parlent de migration internationale. Ce constat n’est pas surprenant. Malgré l’endettement et le coût social, les revenus issus de la migration internationale sont très attrayants (10 000 à 20 000 $ par an).

Au cours de l’histoire agraire d’Octavio Cordero Palacios, nous avons vu que les principales causes ayant conduit à ce processus d’exode de la main d’œuvre familiale étaient la limitation de l’accès à la terre, la diminution du revenu total et l’intégration à un réseau de migration internationale. Pour savoir si cette dynamique va persister, il faut donc s’intéresser à l’évolution de ces différents facteurs.

6.1.2 La probable évolution de l’accès à la terre et du revenu total.

Comme nous l’avons vu en fin de partie 4, l’accès au foncier est aujourd’hui compromis, les migrants gardant leurs terres et les prix étant exorbitants. Même si certains migrants après la dollarisation et l’obtention de titre de résident nord-américain commencent à vendre, seules quelques familles ayant un appui très important de la migration internationale ont pu concentrer quelques hectares et s’orienter vers de l’élevage laitier intensif en capital. Aujourd’hui un exploitant souhaitant acheter de la terre au sein de la paroisse est dans l’obligation de migrer pour constituer le capital nécessaire.

Il est actuellement question de traité de libre échange bilatéral entre les Etats-Unis et l’Equateur (TLC). Celui-ci vise à l’élimination de taxes douanières pour certaines productions entre ces deux pays à moyenne échéance. Les produits agricoles, dont le lait font partie des négociations. Le prix du lait versé au producteur, qui jusqu’alors était soutenu, risque de fortement diminuer avec l’arrivée sur le marché équatorien de lait en poudre subventionné. Il en est de même pour les céréales. La question se pose également pour les produits maraîchers. Ces denrées périssables sont peu aptes à l’exportation, ceci n’empêche pas une possible diminution des prix versés aux producteurs, mais en moindre mesure que les autres produits.

Aujourd’hui la majorité des familles appartient à un réseau de migration internationale. En effet, même les moins capitalisées partent grâce à l’appui financier d’un frère ou d’un cousin déjà émigré.

Quelles sont alors les différentes possibilités pour les différents types d’exploitation ?

6.1.3 L’avenir des différents types d’exploitation.

Pour les exploitations familiales polyculture-polyélevage, la chute des prix des productions vivrières entraînerait une diminution des surfaces, qui leur sont dédiées.

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Dans un cas extrême, on peut penser qu’elle conduirait à leur abandon. L’agriculture, qui jouait jusqu’alors un rôle de sécurité alimentaire, perdrait de son importance au sein de ces exploitations de plus en plus dépendantes des revenus de la migration. Cette tendance est très nettement marquée dans la paroisse de Checa. En effet, cette paroisse située à l’ouest de la zone d’étude anciennement agricole est aujourd’hui devenue tout simplement une zone résidentielle. Aujourd’hui les parcelles sont en friche ou destinées à la construction. Dans la paroisse, cette évolution du paysage commence à apparaître. En effet, les exploitations où la main d’œuvre manque, commencent peu à peu à diminuer les surfaces cultivées pour en faire des pâturages. Dans d’autres, les terres confiées ne sont pas exploitées. En effet, le surcoût lié à l’embauche de main d’œuvre pour les différents pics de travail conduit à une valeur ajoutée brute très faible des cultures vivrières (117 $ pour un hectare pour un système de culture motomécanisé et fertilisé avec des intrants, basé sur une succession association de type culturale/petit pois).

Plus probablement, ce type d’exploitation ayant accès au capital risque d’orienter sa production vers des cultures de rente à forte valeur ajoutée afin d’augmenter la productivité de la terre et le revenu agricole. Le maraîchage à condition que les prix restent attractifs semble convenir.

Les exploitations maraîchères, afin de faire face à une réduction des prix agricoles, devront produire plus. Or, il semble que sans une augmentation de la productivité du travail ceci est difficile, étant donné que leur surface réellement exploitée par actif est proche de la surface exploitable maximale selon les modes de production et de commercialisation actuels.

Pour les exploitations laitières, une chute du prix du lait peut être compensée par une augmentation de la production. Or, il paraît actuellement difficile d’augmenter les surfaces exploitées. Il faudrait donc augmenter la charge. Seule l’irrigation des pâturages le permettrait. Sinon elles peuvent combiner activités extensives en travail telles que l’élevage laitier à des activités plus intensives telles que le maraîchage. D’ailleurs c’est ce qu’on fait les exploitations du type 6.

La probable évolution des prix et de l’accès à la terre laisse à penser que les différents types d’exploitation de la zone d’étude vont devoir chercher de nouveaux moyens pour augmenter leur productivité de la terre et que le processus de migration internationale ne va pas s’arrêter voire plutôt s’intensifier dans la paroisse d’Octavio Cordero Palacios. Il faut donc se demander si ce processus est ou non dans l’intérêt de tous.

6.2 LA MIGRATION INTERNAT IONALE : UNE SOLUTION ?

Au terme de cette étude, il semble que la migration internationale soit une solution pour les exploitations d’Octavio Cordero Palacios. En effet, elle leur a permis d’accéder à d’importants capitaux. Ceci a entraîné une augmentation sans précédent de la productivité de la terre par intensification en capital des activités agricoles.

Les revenus de la migration internationale jouent un rôle de soutien de l’agriculture et limitent les phénomènes de décapitalisation des exploitations malgré la crise économique qu’elles traversent. Pour ces fermes n’ayant pas accès au crédit, ils permettent d’obtenir de grandes sommes d’argent pour investir. De plus, ils assurent un revenu minimal aux exploitations. Ainsi certains agriculteurs n’hésitent pas à se lancer dans des activités agricoles

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à fortes valeurs ajoutées, mais nécessitant une prise de risque importante telle que la culture de tomate ou babaco sous serre. Ainsi un échec ou un démarrage difficile ne conduit pas à la décapitalisation ou à l’endettement.

Toutefois, même si les résultats sont positifs, le moyen ne peut être considéré comme une alternative durable. Il ne faut pas oublier, qu’il est question d’une migration illégale basée sur l’exploitation d’une population clandestine. De plus, la fuite massive de main d’œuvre bon marché vers les pays occidentaux ne résout en rien les problèmes de fond de l’agriculture paysanne équatorienne. Au-delà des divers problèmes sociaux, qu’elle implique (perte de cohésion sociale au sein de la paroisse, éclatement des familles, dangers du trajet, exploitation de la main d’œuvre équatorienne dans les pays de migration), il s’agit d’une situation qui ne peut être durable. En effet, les émigrants ne possèdent aucune sécurité de l’emploi. De plus, le gouvernement équatorien n’a aujourd’hui aucun pouvoir quant au devenir de cette population. Si les pays occidentaux décident de limiter la migration clandestine ou si, ce qui est plus probable, la main d’œuvre équatorienne se retrouve en concurrence avec de la main d’œuvre émigrée vendant leur travail à un moindre prix, la migration internationale, tout comme le fût la migration à la Costa, ne permettra plus aux exploitations d’Octavio Cordero Palacios de survivre. Cette récession se fera sentir à l’échelle de tout le pays. En effet, en 2000, l’argent envoyé par les émigrants représenté 1 330 millions de dollars, soit la seconde source d’exportation après le pétrole (Acosta A., 2002). Ainsi l’exode de la population rurale s’orientera vers les villes, où elles viendront grossir la masse des plus pauvres, la majorité étant vouée au chômage et aux emplois précaires. En effet, le taux de chômage urbain équatorien est très élevé (42 % pour la ville de Cuenca (Banco Central del Ecuador, 2003)).

C’est pourquoi les organismes de développement et principalement le gouvernement équatorien doivent axer leurs futurs projets de développement et leurs politiques agricoles afin de se substituer à cette migration internationale et donc orienter leurs actions selon les axes :

Ø Soutien financier à la production ;

Ø Crédit et accès au capital ;

Ø Gestion et assurance du risque.

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CONCLUSION

En conclusion, comme nous l’avons vu au cours de ce document, le principal critère de différenciation des exploitations d’Octavio Cordero Palacios est l’accès à la terre. En effet, le foncier est une ressource à forts enjeux dans cette zone, où la minifundisation est généralisée. Il a été et est encore une source de conflits. Ainsi ont pu être identifiés sept types d’exploitations agricoles développant diverses stratégies.

Les exploitations de la Dolorosa et de Rocio, plus capitalisées en terre, ont pu mettre en place un système d’élevage laitier intensif en capital, leur permettant d’atteindre une bonne valorisation de leur travail. On peut s’interroger quant à leur avenir. En effet la reproduction de leur exploitation peut être compromise suite à une chute des prix. Les exploitations, dont la principale contrainte est l’accès au foncier, ont-elles aussi investi, mais cette fois en travail. La mise en place d’interactions complexes entre élevage et culture ont permis de valoriser au mieux la ressource limitante, mais ceci au prix d’une quantité de travail très élevée et surtout très mal rémunérée. La seule production agricole ne leur permet pas de survivre. C’est pour cela, qu’elles adoptent comme stratégie familiale la pluriactivité et la mobilité de la main d’œuvre. Les familles ayant pu profiter d’un appui extérieur se sont quant à elles lancées dans le maraîchage. Cette nouvelle activité très exigeante en travail au niveau de la production, mais aussi de la commercialisation permet actuellement à plus d’une cinquantaine de famille de la paroisse de vivre de leur seule exploitation.

Afin d’améliorer la situation agricole des exploitations de la zone, il serait intéressant d’approfondir certaines thématiques.

Les petites exploitations polyculture-polyélevage souffrent particulièrement d’un manque d’accès à la terre, qui se traduit par en empiètement de l’élevage sur les cultures. Or, n’oublions pas, que la paroisse compte deux communes de 220 et 180 ha chacune. Un changement des règles d’accès pourrait être envisageable. Pour la commune de San Luis, le gel actuel des terres lié à leur privatisation entraîne des abus. En effet, certains lots ne sont pas exploités, car les familles ne vivent plus sur la paroisse. Il serait donc envisageable de redistribuer ces lots, normalement communs, à ceux qui le nécessitent. Quant à la commune de Illapamba, les règles d’accès trop strictes ne permettent pas aux exploitations possédant peu de main d’œuvre d’y accéder. Là, encore le règlement pourrait être quelque peu assoupli en éliminant les jours de travail obligatoires et allouant aux différentes familles une petite parcelle. Bien entendu il ne s’agirait pas de superficie très étendue, tout au plus un demi hectare, mais elles permettraient à ces familles de maintenir quelques bovins supplémentaires.

Le maraîchage se présente actuellement comme l’unique solution permettant de vivre avec des surfaces très restreintes. C’est pourquoi cette initiative doit être soutenu par des institutions d’appui technique, telles que le CREA et par le municipio de Cuenca. Pour l’ensemble des maraîchers, il serait intéressant d’avoir accès à un appui technique, particulièrement pour les serres. En effet, pour les cultures de tomates et babaco, le contrôle des maladies étant relativement complexe un soutien est nécessaire afin de valoriser au mieux cet important investissement et permettre aux exploitants de renouveler le matériel. En outre, il serait intéressant de mener une étude plus approfondie sur les possibilités du marché de Cuenca et sur la commercialisation des produits limpios. En effet, il semble qu’il y ait une

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véritable demande des classes aisées de Cuenca. Il serait, de plus, nécessaire de travailler sur une certification de ces produits, mais à moindre coût.

Si le prix du lait diminue, les exploitations laitières ne pourront produire plus, elles pourront toutefois augmenter la valeur ajoutée du lait en le transformant et en profitant de la proximité du marché de Cuenca soit en vendant à des boulangeries ou autres commerces, soit en vendant directement aux consommateurs sur les marchés. En effet, la vente sur des circuits courts permet d’échapper quelque peu à la chute des prix nationaux. Mais pour cela, il est nécessaire de les appuyer dans la recherche de débouché et dans l’organisation de groupe de vente.

Toutefois les problèmes de fond de l’agriculture paysanne équatorienne, qui peuvent se résumer à une minifundisation dans un contexte économique défavorable, sont tels que c’est au niveau macroéconomique que sont les solutions. Elles passeraient par une redistribution des terres et un maintien des prix réels agricoles.

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Bibliographie

Bibliographie référencée dans le texte ACOSTA A. (2002). Breve historia económica del Ecuador.Quito :CEN, 406 p. GONDARD P., HUTTEL C.et ZEBROWSKI C. (1999). Paisajes agrarios del Ecuador.Quito: IPGH, IRD, 245 p. JOUVE P. (1992). Le diagnostic agraire en milieu rural : de la région à la parcelle. Approche systèmique des modes d’exploitation agricole du milieu. CNEARC, CIRAD, n°6. MAZOYER M, ROUDART L. (1998). Histoire des agricultures du monde : du néolithique à la crise contemporaine. SEUIL, 355 p. RODOSA J., VINIFIO O. (1991). Produccion agropecuaria y lineamientos para una propuesta de desarollo en las parroquias de daniel cordova y Mariano Moreno. Pp 24 – 30. RUDEL C. (1992). Equateur. KARTHALA. Pp 82-175. WINCKELL A.(1997). Los paysajes naturales del Ecuador : geografía basíca del Ecuador. IPGH, ORSTOM. Pp 138-164. Bibliographie non référencée dans le texte. BAINVILLE S., COCHET H., FERRATON N. (2002). Initiation à une démarche de dialogue : Etudes des systèmes de production dans deux villages de l’ancienne boucle du cacao (Côte d’Ivoire). Edition du GRET, 134 p. DUFUMIER M. (1996). Les projets de développement agricole. Manuel d’expertise. CTA-KARTAHALA, 354p. GALLEGOS, F.R. (2000). Equateur : la crise de l’Etat et du modèle néolibéral de développement. Problèmes d’Amérique Latine, n°36. Paris. Pp 77-88. GASTAMBINE, A. (2000). Equateur : crise bancaire de 1998 à crise politique de 2000. Problèmes d’Amérique Latine, n°36. Paris. Pp 61-76. GUERRERO, A. (1995). Equateur : discours et représentation politique indigènes. Problèmes d’Amérique Latine, n°19. Paris. Pp 51-76.

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JUNTA PARROQUIAL DE OCTAVIO CORDERO PALACIOS (2003). Plan de desarrollo de la parroquia Octavio Cordero Palacios. Cuenca. Pp. 1- 10. MONNIER B. (2002). Les agricultures des terres à risque de la zone haute de Tixan, Canton d’Alausi (Chimborazo-Andes équatoriennes) : des familles paysannes face au défi de la sécurité alimentaire. Mémoire ESAT 1 : CNEARC, 106 p. Documents électroniques : SICA (2003). Principales Indicadores Económicos SICA/MAG Ecuador. Site SISA [en

ligne]. http://www.sica.gov.ec

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TABLE DES ILLUSTRATIONS Figure 1 : Carte de l’équateur Figure 2 :Carte de la province d’Azuay Figure 3 : Transect de la zone d’étude : relief et hydrographie. Figure 4 : Transect de la zone d’étude : géologie Figure 5 : diagramme ombrothermique (source : données météorologiques de Cuenca

Ricaurte moyennes de 1930 à 1941 et de 1963 à 1970) Figure 6 : transect de la zone d’étude : pédologie. Figure 7 : les différentes communautés d’Octavio Cordero Palacios. Figure 8 : transect : paysage agraire d’Octavio Cordero Palacios. Figure 9 : paysage de l’étage bas : mosaïque de petites parcelles. (Cristo del Consuelo, Mai

2004, M. WIllot). Figure 10 : structure foncière d’Octavio Cordero Palacios en 1974 (source : SICA). Figure 11: structure foncière d’Octavio Cordero Palacios en 1974 : pourcentage

d’exploitations selon leur SAU (source : SICA). Figure 12 : Evolution de la population d’Octavio Cordero Palacios de 1974 à 2001 (source : :

VI censo de población y V vivienda, INEC, noviembre 2001). Figure 13 : sol argileux riche en montmorillonite labouré à l’aide d’un tracteur. (Santa Rosa,

Août 2004, M. Willot). Figure 14 : organisation spatiale de l’association culturale. Figure 15 : association maïs, haricot, fève et cachil d’avoine et de vesce. (Santa Rosa, Juin

2004, M. Willot) Figure 16 : Occupation du sol et itinéraire technique de l’association culturale. Figure 17 : vaches sur résidus de culture. (Santa Rosa, Juillet 2004, M. Willot). Figure 18 : la conservation de la calcha : reste d’une meule de l’année précédente. (Santa

Rosa, Mai 2004, M. Willot) Figure 19 : culture de petit pois et d’avoine en contre saison. (San Bartolo, Juillet 2004, M.

Willot) Figure 20 : productivité de la terre de différents systèmes de culture vivriers. Figure 21 : productivité du travail de différents systèmes de culture vivriers. Figure 22 : Schématisation d’une serre. Figure 23 : productivité de la terre des différents systèmes de culture. Figure 24 : productivité du travail des différents systèmes de culture. Figure 25 : calendrier fourrager du système d’élevage bovin intensif en terre. Figure 26 : traite du matin dans un élevage laitier de la Dolorosa. (La Dolorosa, Août 2004,

M. Willot). Figure 27 : Productivité du travail des systèmes d’élevage bovin lait. Figure 28 : temps de travail annuel par vache laitière. Figure 29 : revenu agricole par actif familial en fonction de la SAU par actif familial. Figure 30 : Revenu agricole total par actif familial selon la SAU par actif familial.

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TABLE DES SIGLES ET ABREVATIONS ALCA : Area de Libre Comercio de las Americas (Zone de libre échange des Amériques). COPOE : Consejo de programación para Obras Emergentes en la Cuenca del Río Paute, (Conseil de programmation pour les Opérations d’Urgences du Bassin versant de la rivière Paute). FEM : fundación ecológica Mazan (fondation écologique Mazan). IRD : Institut de recherche développement. SAU : surface agricole utile. SC : système de culture. SE : système d’élevage. SICA : Servicio de información agropecuaria del Ministerio de Agricultura y Ganadería del Ecuador. (Service d’information agricole du ministère de l’agriculture et de l’élevage d’Equateur). SIPAE : Sistema de Investigación sobre la Problemática Agraria del Ecuador (systèmes d’Investigacions sur la problématique agraire équatorienne). SP : système de production. UGB : unité gros bétail. VAB : valeur ajoutée brute.

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TABLE DES MATIÈRES

RÉSUME................................................................................................................................................................................... 3

SUMARIO ................................................................................................................................................................................. 4

ABSTRACT.............................................................................................................................................................................. 5

REMERCIEMENTS .............................................................................................................................................................. 6

SOMMAIRE............................................................................................................................................................................. 7

INTRODUCTION .................................................................................................................................................................. 2

1 PARTIE 1 : LA NECESSITE DE COMPRENDRE LES ENJEUX ACTUELS DE L’AGRICULTURE PAYSANNE DU HAUT BASSIN VERSANT DE LA RIVIERE PAUTE ...................... 3

1.1 LE PROJET “DIAGNOSTICO-INVESTIGACION DE LAS DINAMICAS SOCIO-ECONOMICAS DE LA CUENCA ALTA DEL RIO PAUTE – FASE 1”...........................................................................................................................................3

1.1.1 L’Equateur, un pays d’une grande diversité. ............................................................................................ 3 1.1.1.1 La Costa, plaine littorale consacrée aux cultures de rente. ......................................................................3 1.1.1.2 La Sierra, hautes terres centrales aux productions diverses.....................................................................3 1.1.1.3 L’Oriente, forêt amazonienne dédiée à l’exploitation du bois.................................................................3 1.1.1.4 Le secteur agricole, un secteur primordial dans l’économie nationale. ...................................................4

1.1.2 Demande et cadre institutionnel.................................................................................................................. 4 1.1.3 La paroisse d’Octavio Cordero Palacios................................................................................................... 5

1.2 LE DIAGNOSTIC AGRAIRE : DEMARCHE SCIENTIFIQUE POUR COMPRENDRE UNE REALITE RURALE...........5 1.2.1 Le diagnostic agraire : une démarche reposant sur l’approche systémique. ...................................... 5 1.2.2 Les différentes étapes de travail. ................................................................................................................. 6

1.2.2.1 Analyse historique pour comprendre la différenciation actuelle. ............................................................6 1.2.2.2 L’analyse des systèmes de culture et d’élevage.......................................................................................7 1.2.2.3 La typologie et analyse économique. .......................................................................................................7 1.2.2.4 Restitution des résultats. ..........................................................................................................................8 1.2.2.5 Le travail de groupe et le soutien extérieur. .............................................................................................8

2 PARTIE 2 : UN PAYSAGE AGRAIRE ORGANISE SELON LES ETAGES ALTITUDINAUX. ...... 9 2.1 ATOUTS ET CONTRAINTES DU MILIEU BIOPHYSIQUE VARIANT EN FONCTION DE L’ALTITUDE...................9

2.1.1 Deux petits bassins versants d’origine sédimentaire. .............................................................................. 9 2.1.2 Un climat tempéré très humide contrasté selon l’altitude....................................................................... 9 2.1.3 Une couverture pédologique organisée selon une toposéquence. .......................................................10 2.1.4 La végétation spontanée associée à ces conditions bio-physiques......................................................11

2.2 UN MILIEU ARTIFICIALISE PAR LES HOMMES...................................................................................................11 2.2.1 Une densité de population très élevée. .....................................................................................................11 2.2.2 Etagement du paysage.................................................................................................................................11

3 PARTIE 3 : UNE DIFFERENCIATIO N D’ACCES AUX FACTEURS DE PRODUCTION PRODUIT DE L’HISTOIRE.............................................................................................................................................14

3.1 DE 1900 À 1950 : UN SYSTEME AGRAIRE BASE SUR LA COMPLEMENTARITE DES DIFFERENTS ETAGES ECOLOGIQUES ET SUR L’INTERACTION CULTURE ELEVAGE...........................................................................................15

3.1.1 Un paysage agraire organisé selon les étages altitudinaux. ................................................................15 3.1.2 Reproduction de la fertilité grâce à l’interaction culture élevage.......................................................15 3.1.3 Les différentes catégories d’exploitation. ................................................................................................16

3.1.3.1 De petites exploitations associant activités agricoles et artisanales.......................................................16 3.1.3.2 .Des exploitations se dédiant à l’élevage bovin. ....................................................................................16

3.1.4 L’avancée du front pionnier. ......................................................................................................................17 3.2 DE 1950 A 1970 : UN SYSTEME AGRAIRE EN TRANSITION : CRISE DE LA FERTILITE ET MINIFUNDISATION................................................................................................................................................................17

3.2.1 Les communaux, terres à enjeux : conflit et changement des règles d’accès. ...................................17 3.2.1.1 Rive gauche : d’un usage commun à la privatisation.............................................................................17 3.2.1.2 Rive droite : des communaux aux communes. ......................................................................................18

3.2.2 Minifundisation concernant toutes les catégories d’exploitations. .....................................................19

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3.2.3 Changements des pratiques agricoles selon le type d’exploitation.....................................................19 3.2.4 Une nouvelle dynamique : la mobilité de la main d’œuvre familiale..................................................20

3.2.4.1 Migration temporaire et définitive à la Costa et à l’Oriente. .................................................................20 3.3 DE 1970 A AUJOURD’HUI : MIGRATION INTERNATIONALE ET INTENSIFICATION EN CAPITAL..................21

3.3.1 La fin du cycle économique de la banane, premier pas vers la crise équatorienne. ........................21 3.3.2 La migration internationale comme conséquence de la crise économique sur des exploitations fragiles. 22 3.3.3 Les conséquences de la migration internationale...................................................................................22

3.3.3.1 Intensification en capital des systèmes de cultures et d’élevage. ..........................................................23 3.3.3.1.1 L’achat d’engrais comme solution à la crise de la fertilité...............................................................23 3.3.3.1.2 Le maraîchage une nouvelle source de revenu. ................................................................................23 3.3.3.1.3 L’élevage bovin vers une augmentation de la productivité de la terre. ............................................23 3.3.3.1.4 Changements aussi pour les autres systèmes d’élevage. ..................................................................24

3.3.3.2 Une nouvelle organisation du paysage...................................................................................................24 3.3.4 Evolution des différentes catégories d’exploitation...............................................................................24

3.3.4.1 Les exploitations d’élevage bovin profitent de la réforme agraire. .......................................................24 3.3.4.2 Des parcours très différents pour les petits producteurs. .......................................................................24

4 PARTIE 4 : MISE EN VALEUR ACTUELLE DU MILIEU BIOPHYSIQUE : SYSTEMES TECHNIQUES DE PRODUCTION ET ORGANISATION SOCIALE. ..............................................................26

4.1 LES MODES D’EXPLOITATION DU MILIEU OU COMMENT VALORISER AU MIEUX LE FACTEUR DE PRODUCTION LIMITANT : LA TERRE . .................................................................................................................................26

4.1.1 Les systèmes de culture vivriers : derrière une apparente homogénéité une grande diversité. .....26 4.1.1.1 La reproduction de la fertilité.................................................................................................................26 4.1.1.2 Le travail du sol......................................................................................................................................27 4.1.1.3 La lutte contre les mauvaises herbes......................................................................................................28 4.1.1.4 Les différents systèmes de cultures vivriers : compromis entre objectifs du chef d’exploitation et possibilités économiques et biophysiques...................................................................................................................28

4.1.1.4.1 Une association ubiquiste. ................................................................................................................28 4.1.1.4.2 Les divers systèmes de cultures : choix de la culture de contre saison et de la rotation. .................31 4.1.1.4.3 Des résultats très variables................................................................................................................33

4.1.2 Le maraîchage activité entre forte productivité du travail et investissement en travail..................34 4.1.3 Les systèmes d’élevage bovin : des grands systèmes selon l’accès à la terre. ..................................37

4.1.3.1 Caractéristiques générales du troupeau..................................................................................................37 4.1.3.2 Les systèmes d’élevage intensif en travail, des systèmes basés sur une complémentarité élevage-agriculture. 37

4.1.3.2.1 La conduite de l’alimentation. ..........................................................................................................38 4.1.3.2.2 Santé animale....................................................................................................................................39 4.1.3.2.3 Le système d’élevage laitier intensif en travail. ...............................................................................39 4.1.3.2.4 Le système d’élevage bovin mâle intensif en terre...........................................................................39

4.1.3.3 Le système d’élevage bovin laitier intensif en capital. ..........................................................................40 4.1.3.3.1 La conduite de la reproduction. ........................................................................................................40 4.1.3.3.2 La conduite des pâturages.................................................................................................................40 4.1.3.3.3 La conduite du troupeau. ..................................................................................................................41 4.1.3.3.4 L’exploitation des produits animaux. ...............................................................................................41

4.1.3.4 Des objectifs différents. .........................................................................................................................41 4.1.4 Le petit élevage, un rôle important dans des exploitations minifundistes. .........................................42

4.2 LES RELATIONS SOCIALES AUTOUR DE L’ELEVAGE ET L’AGRICULTURE.....................................................44 4.2.1 Les organisations paysannes : gestion d’espace commun et groupe de vente. .................................44 4.2.2 Relations sociales autour du travail. ........................................................................................................45 4.2.3 Relations sociales autour de la terre. .......................................................................................................45

4.3 LA PROXIMITE DU MARCHE DE CUENCA...........................................................................................................46 4.4 LA PLURIACTIVITE ET LA MIGRATION INTERNATIONALE COMME SOURCES DE REVENU...........................46

5 PARTIE 5 : LES DIFFERENTES EXPLOITATIONS AGRICOLES .......................................................48 5.1 L’ACCES A LA TERRE, COMME CLE DE LA DIFFERENCIATION........................................................................48 5.2 PLURIACTIFS, MARAÎCHERS ET LAITIERS : ORIGINE ET CARACTERISTIQUES DES DIFFÉRENTS SYSTEMES DE PRODUCTION...................................................................................................................................................................48

5.2.1 Le type 1 : petites exploitations polyculture-polyélevage sans appui financier extérieur...............48 5.2.2 Type 2 et 3: les exploitations familiales associant activités agricoles et activités complémentaires. 49 5.2.3 Type 4 : les exploitations familiales maraîchères...................................................................................51 5.2.4 Type 5, 6 et 7 : les exploitations familiales laitières. .............................................................................52

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5.2.5 Le type 8: les exploitations patronales laitières. ....................................................................................53 6 PARTIE 6 : QUELLES PERSPECTIVES D’AVENIR ? ...............................................................................55

6.1 LA DYNAMIQUE EN PLACE VA-T-ELLE PERDURÉR ?.......................................................................................55 6.1.1 La dynamique actuelle : exode de la population rurale. .......................................................................55 6.1.2 La probable évolution de l’accès à la terre et du revenu total.............................................................55 6.1.3 L’avenir des différents types d’exploitation.............................................................................................55

6.2 LA MIGRATION INTERNATIONALE : UNE SOLUTION ?.....................................................................................56 CONCLUS ION ......................................................................................................................................................................58

BIBLIOGRAPHIE...............................................................................................................................................................60

TABLE DES ILLUSTRATIONS .....................................................................................................................................62

TABLE DES SIGLES ET ABREVATIONS .................................................................................................................63

TABLE DES MATIÈRES ..................................................................................................................................................64

TABLE DES ANNEXES .....................................................................................................................................................67

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TABLE DES ANNEXES

ANNEXE 1 : POPULATION DE LA PAROISSE D’OCTAVIO CORDERO PALACIOS............................68

ANNEXE 2 : LES UNITÉS DE MESURE EMPLOYÉE. .........................................................................................69

ANNEXE 3 : LES SYSTÈMES DE CULTURES ........................................................................................................72

ANNEXE 4 : LES SYSTÈMES D’ÉLEVAGE. ............................................................................................................77

ANNEXE 5 : FICHES RÉCAPITULATIVES DE 15 ENQUÊTES QUANTITATIVES .................................85

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Annexe 1 : Population de la paroisse d’Octavio Cordero Palacios.

Les différentes données sont issues des recensements de la population équatorienne réalisés en 1974, 1990 et 2001 par l’INEC.

poblacion segun edad y sexo 1974

0

100

200

300

400

500

600

< 9 10 19 20 39 40 59 > 60

grupo de edad

num

ero

de h

abita

ntes

hombresmujeres

0

50

100

150

200

250

300

350

400

450

500

num

ero

de h

abita

ntes

< 9 10 19 20 39 40 59 > 60grupo de edad

poblaciòn segùn edad y sexo 2001

hombresmujeres

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69

Annexe 2 : Les unités de mesure employée.

LES MESURES DE POIDS.

Dans la présente étude toutes les mesures ont été retranscrites selon le système international.

Une livre : 0,5 kg.

Un galon : 3 litres.

Les récoltes sont toutes mesurées en galon. Les équivalences définies sont les suivantes :

MESURES DES SUPERICIES

Les exploitants de la zone d’étude ignorent la superficie, qu’ils exploitent. C’est pourquoi pour chaque exploitation enquêtée au moins une parcelle était visitée afin de mesurer par nous-même. Pour le reste de l’exploitation, une corrélation était faite entre superficie et densité de semis du maïs en prenant la parcelle mesurée comme référence.

unidad galon livras kg Maiz seco 1 5 2,5 Frejol seco 1 5 2,5 Haba seca 1 5 2,5 zambo seco 1 4 2 arveja seca 1 5 2,5 avena seca 1 3 1,5 vicia 1 6 3 cebada 1 4 2 trigo 1 5 2,5 papa chaucha 1 5 2,5 papa bolona 1 5 2,5 papa gabriela 1 5 2,5 papa superchaola 1 5 2,5 unidad galon livras kg Maiz tierno 10 1 Frejol tierno 1 2,5 Haba tierna 1 2,5 zambo tierno 1 3 1,5 arveja tierna 1 2,5

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MESURE DU TEMPS DE TRAVAIL.

Pour définir les calendriers de travail, l’unité retenue est l’homme jour. Un homme jour a 8 heures de travail.

Tous les travailleurs de l’exploitation ne dédient pas le même temps de travail au sein de l’exploitation. C’est pourquoi nous utilisons la notion d’UTA : Unité de Travail Agricole. Une UTA correspond à 300 hj par an.

type de travailleur UTA adulte temps complet 1 double actif 50/50 0,5 personne de plus de 65 ans 0,5 Enfant de moins de 12 ans 0 PRIX à l’achat ou à la vente directe.

Prix au kg Maiz seco 0,40 Frejol seco 0,60 Haba seca 0,60 zambo seco 0,70 arveja seca 0,60 avena seca 0,67 visia 2,00 cebada 0,40 trigo 0,48 papa chaucha 0,14 papa bolona 0,30 papa gabriela 0,20

papa superchaola 0,20 papa esperenza 0,20 alfalfa semilla 6

Maiz tierno 1 Frejol tierno 1 Haba tierna 1 zambo tierno 0,8 VENTA precio min precio max lechuga 0,2 0,4 brocoli 0,2 0,3 coliflore 0,2 0,3 coles repollo 0,3 0,4 coles chaucha 0,3 0,4 coles morada 0,2 0,3 ajo atados 0,4 0,5

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cebolla atado 0,2 0,5 zanaoria atados 0,4 0,5 rabanon atado 0,2 0,3

Pour les animaux, les prix sont directement présentés avec les systèmes d’élevage.

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Annexe 3 : Les systèmes de cultures

CONCEPTS UTILISES : L’unité utilisée pour calculer les calendriers de travail est l’homme-jour (hj) : il s’agit d’une unité correspondant au travail d’un homme pendant 8 heures. La surface maximale exploitable par actif : elle est calculée à partir de la pointe de travail dégagée par le calendrier de travail. Elle permet de définir la surface maximale dont une personne travaillant toute l’année peut s’occuper. On considère dans ce cas qu’un actif travail 28 jours par mois, chaque jour de travail étant de 8 heures. La création de richesse des différents systèmes est évaluée grâce à la valeur ajoutée brute, différence entre le produit brut et les consommations intermédiaires. Pour comparer leurs performances économiques est utilisée la productivité de la terre et du travail. La première correspondant à la VAB ramenée à la surface et la seconde à la VAB ramenée au travail investi. SC1(M+H+F+Z cachil/ jachère)2//(M+H+F+Z cachil/ petit pois)préparation du sol mécanisée 500 kg par hectare d'engrais organique + urée 40 kg par hectare

PARA 1 hectarea

tiempo de trabajo hj/ha Resultados en kgarrar 10 Mz 900cruzar 7 FJ 360siembrar 25 Hb 280des 35 Arv 300seg 25 proporcion seco tiernoRecol. 10 MZ 0,85 0,15cosecha total 25 Fj 0,7 0,3deshoje 15 HB 0,7 0,3desgranar 10 Arv 0,7 0,3

siembra 5recol. 10cosecha total 3SAU max 0,8

TOTAL 180

SUP. 300 - 2500 m2Hj/ha 180PB/ha 1118CI/ha 62VA/ha 1056VA/hj 5,9

Calendrier de travail en hj/ha

0,05,0

10,015,020,025,030,035,040,0

janvie

rfév

rier mars avril

mai juin juillet ao

ût

septem

breoct

obre

novem

bre

décem

bre

mois

hj/h

a

petit pois

association

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73

SC2(M+H+F+Z cachil/ jachère)2//(M+H+F+Z cachil/ petit pois)préparation du sol mécanisée déjection animale : ovin, cobaye et volaille

PARA 1 hectarea

tiempo de trabajo hj/ha Resultados en kgarrar 10 Mz 400cruzar 7 FJ 220siembrar 25 Hb 200des 35 Arv 200seg 25 proporcion seco tiernoRecol. 10 MZ 0,85 0,15cosecha total 20 Fj 0,7 0,3deshoje 15 HB 0,7 0,3desgranar 10 Arv 0,7 0,3

siembra 5recol. 10cosecha total 3SAU max 0,8

TOTAL 175

SUP.Hj/ha 175PB/ha 702CI/ha 0VA/ha 702VA/hj 4,0

0,0

5,0

10,0

15,0

20,0

25,0

30,0

35,0

temps de travail en hj

janvier mai septembre

mois

calendrier de travail SC1

petit pois

association

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SC3(M+H+F+Z cachil/ jachère)2//(M+H+F+Z cachil/ pomme de terre chaucha)préparation du sol mécanisée 2 fumigations : principalement ridomil 2 kg par hectare900 kg d'engrais organique et 40 kg d'urée

PARA 1 HECTAREA

Tiempo de trabajo hd para los labores

arrar 7 Resultados en kgcruzar 5 Mz 800siembrar 15 FJ 180des 30 Hb 200seg 20 papa chaucha 4000Recol. 10 proporcion seco tiernocosecha total 15 MZ 0,85 0,15deshoje 15 Fj 0,7 0,3desgranar 10 HB 0,7 0,3

chaucha 1 0

arrar 4cruzar 3siembrar 5des 15seg 15Fumigacion 11

cosecha total 25

SAU max 0,7

TOTAL 204

SUP. 1000-3000 m2Hj/ha 204PB/ha 1361CI/ha 140VA/ha 1221VA/hj 6,0 0,0

5,010,015,020,025,030,035,040,0

temps de travail en hj

janvier avril juillet octobre

mois

Calendrier de travail

chauchaassociation

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SC4(M+H+F+Z cachil/ jachère)2//(M+H+F+Z cachil/ petit pois)préparation du sol manuelledéjection animale : ovin, cobaye et volaille

PARA 1 HECTAREA

tiempo de trabajo hj/ha Resultados en kgarrar 50 Mz 400siembrar 40 FJ 220des 35 Hb 200seg 25 Arv 200Recol. 10 proporcion seco tiernocosecha total 20 MZ 0,85 0,15deshoje 15 Fj 0,7 0,3desgranar 10 HB 0,7 0,3

Arv 0,7 0,3siembra 20recol. 10cosecha total 3SAU max 0,5

TOTAL 239

SUP.Hj/ha 239PB/ha 702CI/ha 0VA/ha 702VA/hj 2,9

Calendrier de travail en hj/ha

0,010,020,030,040,050,060,0

janvie

rfév

rier mars avril

mai juin juillet

août

septem

breoct

obre

novem

bre

décem

bre

mois

hj/h

a petit poisassociation

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SC5(M+H+F+Z cachil/ jachère)2//(M+H+F+Z cachil/ petit pois)préparation du sol motomécanisée

500 kg par hectare d'engrais organique + urée 40 kg par hectare

PARA 1 HECTAREA

Tiempo de trabajo hd para los labores

Resultados en kgarrar 2 Mz 900cruzar 0 FJ 360siembrar 25 Hb 280des 35 Arv 300seg 25 proporcion seco tierno

Recol. 10 MZ 0,85 0,15cosecha total 25 Fj 0,7 0,3

deshoje 15 HB 0,7 0,3desgranar 10 Arv 0,7 0,3

siembra 5recol. 10cosecha total 3

SAU max en ha 0,8

TOTAL 165

SUP. 300 - 2500 m2

Hj/ha 165PB/ha 1118CI/ha 62VA/ha 1056VA/hj 6,4

calendarios de trabajo

calendrier de travail en hj/ha

0,05,0

10,015,020,025,030,035,040,0

janvie

rfév

rier mars avril mai juin juill

et août

septem

breoct

obre

novem

bre

décem

bre

mois

hj/h

a

petit poisassociation

Légume en plein champs tomates sous serres

Huerta venta Inv tomates

sin commercialisacion sin comercialisacioning. cada semana cada 6 meses

riesgo fuertededicado venta o/y autocons. ventaSup. 0,03 0,014hj/año 100 50PB 750 1150CI 150 200Desp/año 80SAU max 0,10 0,09

VA 600 870

VA/ha 20000 62143VA/hdia 6 17

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Annexe 4 : Les systèmes d’élevage.

L’évaluation du capital animal se réalise grâce à l’Unité Gros Bovin (UGB).dont un tableau d’équivalence est présenté en annexe. La charge animale (en UGB/ha): nombre d’UGB par unité de surface en prairies (permanentes ou temporaires). Elle permet de déterminer le degré d’intensification de l’exploitation ; Le temps nécessaire pour la gestion de l’élevage (en hj/UGB) : c’est la totalité du temps de travail sur l’année divisée par le nombre d’UGB.

SYSTEME D ELEVAGE BOVIN INTENSIF EN TERRE LAITIERLAIT AUTOCONSOManejo del hatoreproductoras 1 UBAS 1,8n° de partos por año 1 UBAS SCr VL 1,8n° de crias por parto 1mortalidad crias - CARGAS 9tasa mantanamiento vacuna 1 SUP ded. Scr VL 0,20

REPOSICION CON PROPRIO HATOtasa reposicion reproductoras 0,25

edad a la reproduccion hembras 2edad a la venta terneros 1edad a la venta ternera 1

n° de crias por año 1n° de crias vivos 1n° de ternera 0,5n° de ternero 0,5vacunas 0-1 año reposicion o venta 0,5vacuna 1-2 años 0,25VENTA venta ternera 0,25venta ternero 0,5venta reproductaras viajas 0,25

REPRODUCCIONn° de VL

monta 1

EXPLOITACIONPerioda de lactancia en mes 6n° de vaca en produccion por año 1

CANTIDAD POR VACA EN LACTANCIACantidad leche 1 mes despues parto l/dia 4Cantidad leche 2 meses despues parto l/dia 4Cantidad leche 3 meses despues parto l/dia 4Cantidad leche 4 meses despues parto l/dia 2,8Cantidad leche 5 meses despues parto l/dia 2,8Cantidad leche 6 meses despues parto l/dia 2,8Cantidad de leche por VL por perioda de lactancia en l 612CANTIDAD DE LECHE POR AÑO en litros 612

ALIMENTACIONPastos en ha 0,2

superficie rotacion en meses tiempo de descansopastos naturales en ha 0,2 1 2

Manejo de los pastosAbono cantidad en kg /ha n° por año superficie en ha kg por añoabono de aves 187,5 4 0,15 112,5

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PRODUCTO BRUTOVENTA ANIMALES cantidad precio TOTALventa ternera 0,25 90 22,5venta ternero 0,5 90 45venta reproductaras viajas 0,25 125 31,25

LECHE cantidad precio TOTALleche auto 612 0,4 244,8

PRODUCTO BRUTO VL 343,55ALIMENTACION VL cantidad candidad/cantidad de venta precio TOTALsema 300 6,5 9 58,7TRATAMIENTOS VL cantidad precio TOTAL mininjeccion vit. + desparasitacion 2 3 6vacunas fiebra aftosa 2 0,5 1PASTOS cantidad en kg precio TOTALabono de aves 112,5 0,08 9Fourragesprix semence + engrais 25monta 1 20 20

CI VL 119,70

VALOR AGREGADA VLPB 344CI 120VA 224VA por ha ?VA por h dia 2,8 VA por VL 223,9

CALENDARIO DE TRABAJOnº veces pers T TOTAL

TRABAJO DIARO por diamuda 3 1 0,5 548alimentacion 0,25 1 0,5 46TRABAJO PUNTUAL POR AÑOPRODUCCION DE FORRAJESC cultivo contra estacion avena y vicia 30SC alfalfa / avena + vicia 8Scultivos pastos 8TRABAJO PUNTUAL POR AÑOtratamineto 1TOTAL tiempo en h 639,125TOTAL tiempo en h dia 79,890625

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SE bovin intensif en terre lait et froamge fraisAUTOCONSO + VENTE

n°reproductoras 2 UBAS 3,2

n° de partos por año 0,75n° de crias por parto 1mortalidad crias 0tasa mantanamiento vacuna 1

REPOSICION CON PROPRIO HATOtasa reposicion reproductoras 0,3mortalidad reproductoras 0,04mortalidad reproductores 0,04

edad a la reproduccion hembras 2,5edad a la reproduccion machos 1

n° de crias por año 1,5n° de crias vivos 1,5n° de ternera 0,75n° de ternero 0,75

vacunas 0-1 año 0,75vacuna 1-2 años 0,75

VENTA venta ternera 0,25 7 moisventa ternero 0,75 7 mois

venta reproductaras viajas 0,25

HATO LECHERO

REPRODUCCIONn° de VL

monta 1

EXPLOITACIONPerioda de lactancia en mes 10n° de vaca en produccion por año 1,5

CANTIDAD POR VACA EN LACTANCIACantidad leche 1 mes despues parto l/dia 4,00Cantidad leche 2 meses despues parto l/dia 4,00Cantidad leche 3 meses despues parto l/dia 4,00Cantidad leche 4 meses despues parto l/dia 2,80Cantidad leche 5 meses despues parto l/dia 2,80Cantidad leche 6 meses despues parto l/dia 2,80Cantidad leche 7 meses despues parto l/dia 1,96Cantidad leche 8 meses despues parto l/dia 1,96Cantidad leche 9 meses despues parto l/dia 1,96Cantidad leche 10 meses despues parto l/dia 1,37Cantidad de leche por VL por perioda de lactancia en l 830

CANTIDAD DE LECHE POR AÑO en litros 1151,01

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QUESILLO cand. leche transf.candidad leche/quesi Candidad quesillo/año960 3 320

candidad por dia candidad por añoCANDIDAD LECHE AUTOCON. 0,5 182,5CANDIDAD LECHE VENTA 8,5CANDIDAD LECHE QUESILLO 960,0CANDIDAD QUESILLO AUTOCONS 0,4 146,0CANDIDAD QUESILLO VENTA 174,0

ALIMENTACION

Pastos en ha 0,5

superficie rotacion en meses tiempo de descansopastos naturales en ha 0,5 2 3

Tratamientosn° animales n° de veces por año cantidad por año

injeccion vit. + desparasitacion 6 2 12vacunas fiebra aftosa 4 1 4

PRODUCTO BRUTO

VENTA ANIMALES cantidad precio TOTALventa ternera 0,25 50 60venta ternero 0,75 50 60venta reproductaras viajas 0,25 125 200

LECHE cantidad precio TOTALleche auto 182,5 0,4 73leche venta 8,5 0,22 1,87319quesillo 1 liv. auto 146 1 146quesillo liv. venta 174 0,7 121,8

PRODUCTO BRUTO VL 663

produccion forraje (engrais et semence) 14TRATAMIENTOS VL cantidad precio TOTAL injeccion vit. + desparasitacion 12 3 36vacunas fiebra aftosa 4 0,5 2monta 1 20 20fermento 8 2 16

CI VL 74

VALOR AGREGADA VLPB 663CI 74VA 589VA por ha ?VA por h dia 5,1VA/VL 117,7

CALENDARIO DE TRABAJOnº veces pers T TOTAL

TRABAJO DIARO por diamuda 2 1 0,5 365ordeño 1 1 0,2 73TRANSF. CONSER.quesillo 1 1 1,2 438TRABAJO PUNTUAL POR AÑOPRODUCCION DE FORRAJEcorte forraje 56TRABAJO PUNTUAL POR AÑOTRATAMIENTOtratamineto 1TOTAL tiempo en h 932TOTAL tiempo en h dia 117

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SYSTEME D ELEVAGE INTENSIF EN CAPITAL ALIMENTATION COMPLEMENTAIRE LAIT VENDU AUX COLLECTEURS

REPRODUCTION

n° UBAS 13,7 reproductoras 5reproductores 1 UBAS SCrYUNTA 3,5 Yunta 2 UBAS SCr VL 10,2

n° de partos por año 1 CARGAS 3,0 n° de crias por parto 1mortalidad crias 0,20 SUP ded. Scr yunta 1,1 tasa mantanamiento vacuna 1

REPOSICION CON PROPRIO HATOtasa reposicion reproductoras 0,2tasa de reposicion reproductors 0,5tasa de reposicion yunta 0,33mortalidad reproductoras 0mortalidad reproductores 0mortalidad yunta 0edad a la reproduccion hembras 2edad a la reproduccion machos 2edad de trabajo yunta 2edad a la venta terneros 2-3 mesesedad a la venta ternera 0n° de crias por año 5n° de crias vivos 4n° de ternera 2n° de ternero 2

vacunas 0-1 año 2vacunos para reposicion 0-1 año 0,5

vacuna 1-2 años 2vacuno 1-2 años 0,5

vacuna 2-3 años 0vacuno 2-3 años 0

vacuno para yunta 0-1 año 0,666666667vacuno para yunta 1-2 año 0,666666667

VENTA venta ternera 0,00venta ternero 0,83venta reproductaras viajas 1,00vente reproductoras 1 parto + ternero 1,00venta reproductores 0,50venta vaca preñada 0,00venta yunta 0,67

HATO LECHERO

EXPLOITACION

Perioda de lactancia en mes 9n° de vaca en produccion por año 5

CANTIDAD POR VACA EN LACTANCIACantidad leche 1 mes despues parto l/dia 10Cantidad leche 2 meses despues parto l/dia 10Cantidad leche 3 meses despues parto l/dia 10Cantidad leche 4 meses despues parto l/dia 7Cantidad leche 5 meses despues parto l/dia 7Cantidad leche 6 meses despues parto l/dia 7Cantidad leche 7 meses despues parto l/dia 4,9Cantidad leche 8 meses despues parto l/dia 4,9Cantidad leche 9 meses despues parto l/dia 4,9Cantidad leche 10 meses despues parto l/dia 3,43

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82

Duracion verano en mes 2 julio y augusto% disminucion produccion durante verano 0,25CANDIDAD leche durante verano 648CANTIDAD DE LECHE POR AÑO en litros 9937

candidad por dia candidad por añoCANDIDAD LECHE AUTOCON. 1,5 547,5CANDIDAD LECHE VENTA 9389,9375CANDIDAD LECHE QUESILLO 0CANDIDAD QUESILLO AUTOCONS 0CANDIDAD QUESILLO VENTA 0

ALIMENTACION

Pastos en ha 4,5superficie rotacion en meses tiempo de descanso

pastos naturales en ha 3 3 3pastos artificiales en ha 1,5 2,5

Manejo de los pastos

Abono cantidad en kg /ha n° por año superficie en ha kg por añoabono de aves 7500 0,5 1,5 5625

Siembra superficie en ha 0,75cantidad por año en kg densidad kg /ha

Ray gras 1 1,3Trebol rojo 1 1,3Azule 1 1,3

duracion de renovacion en año 2

Alimentacion comprada candidad por dia livras unidad o kg/dia cantidad por lactancia

para 1 vaca en produccion 20verdes 20 0,07 0,035 5400sal mineral : crisal 0 9,45

TOTAL por año por el hato produccion lechecantidad en kg / año

verdes 27000sal mineral 47,25

HATO REPRODUCTORVenta monta nª veces por mes precio TOTAL

2 20 480

HATO YUNTA

yunta epoca de trabajo unidad o kg/dia duracion en mes cantidad en kg/añoverdes 20 1 317,5sema 2 1 31,75

TOTAL por año por el hato yuntacantidad en kg / año

verdes 635sema 63,5

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PRODUCTO BRUTOVENTA ANIMALES cantidad precio TOTALventa ternero 0,8 12,0 10,0 venta reproductaras viajas 1,0 125,0 125,0 vente reproductoras 1 parto + ternero 1,0 250,0 250,0 venta reproductores 0,5 450,0 225,0 venta yunta 0,7 500,0 333,3

LECHE cantidad precio min TOTALleche auto 547,50 0,40 219,00leche venta 9389,94 0,22 2065,79

PB PRODUCTO BRUTO VL 2669,8PRODUCTO BRUTO REPRODUC 225,0PRODUCTO BRUTO YUNTA 333,3

CONSUMOS INTERMEDIARIOS VLALIMENTACION VL cantidad candidad/cantidad de ventaprecio TOTAL verdes 27000,0 385,7 0,7 231,4sal mineral 47,3 1,0 56,0 57,5

289,0TRATAMIENTOS VLinjeccion vit. + desparasitacion 25calcio 20AID15 25TOTAL 70

PASTOS cantidad en kg precio TOTAL abono de aves 5625 0,08 450Ray gras 1 1,6 1,6Trebol rojo 1 5,6 5,6Azule 1 1,6 1,6

TOTAL 458CI VL 528,00

VALOR AGREGADA VLsin PB reproductorPB 2669,8CI 528,00 VA 2 141,8

con PB reproductorPB 2894,8CI 528,00 VA 2 366,8

CONSUMOS INTERMEDIARIOS YUNTAALIMENTACION YUNTA cantidad candidad/cantidad de ventaprecio TOTALverdes 635 9,1 0,7 6,4sema 63,5 1,4 9,0 12,4CI YUNTA 18,8

VALOR AGREGADA YuntaPB 333,3CI 18,8VA 314,6CALENDARIO DE TRABAJO

nº veces pers T TOTALTRABAJO DIARO por diamuda 1 1 3,5 1277,5alimentacion 1 1 5 1825TRABAJO PUNTUAL POR AÑOPRODUCCION DE FORRAJEScultivos pastos 40,5TRABAJO PUNTUAL POR AÑOTRATAMIENTO 2 1 5 10TOTAL tiempo en h 3143TOTAL tiempo en h dia 392,875VA/ha 595,9VA/hj 6,8

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84

SYSTEME D ELEVAGE INTENSIF EN CAPITAL ALIMENTATION COMPLEMENTAIRE LAIT VENDU DIRECTEMENT OU QUESILLO

CANTIDAD DE LECHE POR AÑO en litros 9937

QUESILLO cand. leche transf. candidad leche/quesi Candidad quesillo/año4968,7 3 1656

candidad por dia candidad por añoCANDIDAD LECHE AUTOCON. 1,5 547,5CANDIDAD LECHE VENTA 4421,2CANDIDAD QUESILLO AUTOCONS 0,2 331CANDIDAD QUESILLO VENTA 1325

LECHE cantidad precio min TOTALleche auto 547,50 0,40 219,00leche venta 4421,22 0,30 1326,37quesillo autoconso 331,25 1,00 331,25quesillo venta 1324,99 1,00 1324,99

cantidad por año precio unitad TOTALFermento (2 $ para 120 litros de leche) 41,41 2,00 43,41

VA VL 3239,2

TRABAJO Transf. T por dia n° pers. TOTAL por año en hj3 1 56,25

VA/ha 789,8VA/hj 7,9VA/VL 647,8

Il s’agit du même système que précédemment, à l’exception prés que le lait est vendu transformé.

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85

Annexe 5 : fiches récapitulatives de 15 enquêtes quantitatives

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Enquête 1

Grupo familiar

edad actividades UTAfjefe de familia 1 agricultura 1

esposa 1 agricultura (50%) + artesanea (50%)0,5 4 hijos < 12 escuela 0

TOTAL actif 2 1,5

LOCALISATION San bartolo

Superficie total 0,04

SC (M+H+F+Z cachil/desc.)1// (M+H+F+Z cachil/arveja)1 esterciole animal + pico

n ° reproductricesSE bovin intensif terre lait - SE bovin intensif yunta - SE porcin - SE ovin 3 SE cobaye 10 SE avicole mixte 8 SE avicole viande -

VAB SUP en ha SUP/UTAf VA/UTAfSC 37 0,04 0,03 25 SCrVL - 0,00 0 - SCrYunta - - SCrbov otro - - SCrporcin - - SCrovino 118 79 SCrcuyes 188 125 SCraves mixt 235 157 SCraves carne -

CI del SP 578,96 0,04 0,03 385,98

$/ añoTransporteAgua 0Cota comuna 0Cota grupo hortalizas 0TOTAL 0

DEPRECIACION DEL MATERIELnumero vida util precio desp.

asadon 3 3 8 8,0lampa 1 5 5 1,0

TOTAL 9,0VAN 569,96

IANimpuestos 0intereses creditos 0arriendo tierra (a media tambien) 0

TOTAL 0

IAN por SP 570,036 sombreros/ año60 dia jornal agricolaactividades complementarias 492,0

IAN total por SP 1062,0 .

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87

Enquête 2

Grupo familiar

edad actividades UTAfmujere 42 agricultura 50 %+ artesanea 50%( 0,5madre 70 agricultura 0,51 hija < 12 escuela 0

TOTAL actif fam. 1,5 TOTAL actif agri 1

LOCALISATION San bartolo

Superficie total 0,05

SC (M+H+F+Z cachil/desc.)1// (M+H+F+Z cachil/arveja)1 sin abono + pico

n ° reproductricesSE bovin intensif terre lait - SE bovin intensif yunta - SE porcin 1 SE ovin 2 SE cobaye 15 SE avicole mixte 5 SE avicole viande -

VAB SUP en ha SUP/UTAf VA/UTAfSC 10 0,05 0,05 10 SCrVL - 0,00 0 - SCrYunta - - SCrbov otro - - SCrporcin 34 34 SCrovino 80 80 SCrcuyes 241 241 SCraves mixt 132 132 SCraves carne -

CI del SP 497,00 0,05 0,05 497,00

$/ añoTransporteAgua 0Cota comuna 0Cota grupo hortalizas 0TOTAL 0

DEPRECIACION DEL MATERIELnumero vida util precio desp.

pico 2 4 5 2,5lampa 1 5 5 1,0hoz 2 1 5 10,0

TOTAL 13,5

VAN 483,50

IAN

impuestos 0intereses creditos 0arriendo tierra (a media tambien) 0

TOTAL 0

IAN por SP 483,5

2 sombreros por semana10 dias de jornal agricola por añoactividades complementarias 274,0

IAN total por SP 757,5

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88

Enquête 3

Grupo familiar

edad actividades UTHjefe de familia 40 agricultura (50%) + asadero (50%) 0,5

esposa 1 agricultura 18 hijos < 12 escuela 01 hijo 16 agricultura (50%) + asadero (50%) 0,5

TOTAL actif fam. 3 TOTAL actif agri. 2

LOCALISATION San luis

Superficie total 0,56 lote de 0,5 ha comuna de San Luissocio comuna de San Luis

SC (M+H+F+Z cachil/desc.)1// (M+H+F+Z cachil/arveja)1 abono + yunta

n ° reproductricesSE bovin intensif terre lait 1 SE bovin intensif yunta 2 SE porcin 2 SE ovin - SE cobaye 5 SE avicole mixte 3 SE avicole viande

VAB SUP en ha SUP/UTH VA/UTHSC 41 0,06 0,0315 21 SCrVL 449 0,50 0,25 224 SCrYunta 138 69 SCrbov otro - - SCrporcin 161 80 SCrovino - - SCrcuyes 127 64 SCraves mixt 216 108 SCraves carne -

CI del SP 1 130,92 0,56 0,28 565,46

$/ añoTransporteAgua 0Cota comuna 24Cota grupo hortalizas 0TOTAL 24

DEPRECIACION DEL MATERIELnumero vida util precio desp.

asadon 2 3 8 5,3lampa 0 5 5 0,0pala 2 5 15 6,0pico 2 4 5 2,5machete 1 4 4 1,0hacha 1 20 25 1,3hoz 2 1 5 10,0arado 1 5 30 6,0yugo 1 5 20 4,0bidones 1 3 6 2,0bidones 0 6 600 0,0plastico 0 4 200 0,0bomba fumigacion 0 8 80 0,0

TOTAL 38,1

VAN 1 068,84

IAN

impuestos 0intereses creditos 0arriendo tierra (a media tambien) 0

TOTAL 0

IAN por SP 1068,8

trabajo como asadasero 6 meses por añoventa fuerza de trabajo para arrar 10 dias/añoactividades complementarias 1724,3

IAN total por SP 2793,2

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Enquête 4

Grupo familiar

edad actividades UTAfjefe de familia 40 agricultura (50%) + construction (50%) 0,5

esposa 1 agricultura 13 hijos < 12 agricultura + escuela 0

TOTAL actif fam. 2 TOTAL actif agri. 1,5

LOCALISATION Corazon de Jesus

Superficie total 0,18 socio comuna de San Luis

(M+H+F+Z cachil/desc.)1// (M+H+F+Z cachil/arveja)1

n ° reproductricesSE bovin intensif terre lait - SE bovin intensif yunta 2 SE porcin 1 SE ovin - SE cobaye - SE avicole mixte 3 SE avicole viande

VAB SUP en ha SUP/UTAf VA/UTAfSC 188 0,18 0,12 125 SCrVL - 0,00 0 - SCrYunta 248 0 165 SCrbov otro - 0 - SCrporcin (29) 0 19 - SCrovino - 0 - SCrcuyes - 0 - SCraves mixt 76 0 51 SCraves carne 0 -

CI del SP 482,95 0,18 0,12 321,97

DEPRECIACION DEL MATERIELnumero vida util precio desp.

asadon 0 3 8 0lampa 3 5 5 3pala 2 5 15 6pico 3 4 5 4machete 1 4 4 1hacha 1 20 25 1hoz 3 1 5 15arado 2 5 30 12yugo 2 5 20 8bidones 0 3 6 0invernaderos construccion 0 6 600 0plastico 0 4 200 0bomba de fumigacion 0 8 80 0

TOTAL 50

VAN 432,95

IANIAN por SP 432,9

trabajo como construccion 6 meses por añoventa fureza trabajo para arrar 8 dias por añoactividades complementarias 1176,0IAN total por SP 1608,9

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Enquête 5Grupo familiar

edad actividades UTAfjefe de familia 75 agricultura (50%) 0,5

esposa 75 agricultura 0,52 hijos 25 agricultura(50%) construccion(50%) 1

esposa de un hijo 25 agricultura 1TOTAL actif fam. 4 TOTAL actif agri 3LOCALISATION CalvarioSuperficie total 1,05 lote de 0,5 ha comuna de San Luis

socio comuna de San Luis

SC (M+F+H+Z cachil/desc.)5//(M+H+F+Z cachil/Arveja+Avena)1 abono + yuntaSC (M+F+H+Z cachil/barb)2/(M+F+H +Z cachil/ AV+Vi+Arv mezclada)1 abono + yunta SC (M+F+H+Z cachil/desc.)10// (alfalfa)3 / (av+ visia) abono + yunta

n ° reproductricesSE bovin intensif terre lait 1 SE bovin intensif yunta 2 SE porcin 1 SE ovin - SE cobaye 30 SE avicole mixte 5 SE avicole viande -

VAB SUP en ha SUP/UTAf VA/UTAfSC 168 0,24 0,04 56 SC 57 0,12 0,08 19 SC 187 0,25 0,23 62 SCrVL 411 0,69 0,00 137 SCrYunta (14) 0,00 0,00 5 - SCrbov otro - 0,00 - SCrporcin 244 0,00 81 SCrovino - - SCrcuyes 637 212 SCraves mixt 228 76 SCraves carne -

CI del SP 1 918,82 1,05 0,35 639,61

TOTAL 0

DEPRECIACION DEL MATERIELnumero vida util precio desp.

asadon 2 3 8 5,3lampa 2 5 5 2,0pala 4 5 15 12,0pico 6 4 5 7,5machete 3 4 4 3,0hacha 2 20 25 2,5hoz 3 1 5 15,0arado 2 5 30 12,0yugo 2 5 20 8,0bidones 2 3 6 4,0

TOTAL 71,3VAN 1 847,49 IANimpuestos 5TOTAL 5IAN por SP 1842,5trabajo construccion 6 meses por añoactividades complementarias 2880,0IAN total por SP 4722,5

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Enquête 6

Grupo familiaredad actividades UTH

jefe de familia 40 agricultura 1esposa 40 agricultura 11 hijo 16 agricultura 1

TOTAL actif fam. 3 TOTAL actif agri. 3LOCALISATION San luisSuperficie total 0,60 lote de 0,5 ha comuna de San Luis

socio comuna de San Luis

SC (M+H+F+Z cachil/desc.)1// (M+H+F+Z cachil/arveja)1 abono + yunta

n ° reproductricesSE bovin intensif terre quesillo 2 SE bovin intensif yunta - SE porcin - SE ovin - SE cobaye 25 SE avicole mixte 3 SE avicole viande

VAB SUP en ha SUP/UTH VA/UTHSC 50 0,10 0,03333333 17 SCrVL 960 0,50 0,16666667 320 SCrYunta - - SCrbov otro - - SCrporcin - - SCrovino - - SCrcuyes 838 279 SCraves mixt 289 96 SCraves carne -

CI del SP 2 137,24 0,60 0,20 712,41

$/ añoCota comuna 24TOTAL 24

DEPRECIACION DEL MATERIELnumero vida util precio desp.

asadon 2 3 8 5,3lampa 0 5 5 0,0pala 2 5 15 6,0pico 2 4 5 2,5machete 0 4 4 0,0hacha 1 20 25 1,3hoz 3 1 5 15,0

TOTAL 30,1VAN 2 083,15 IAN

TOTAL 0

IAN por SP 2083,2

REMESA 3 hijos a los EE UU

actividades complementarias 2700,0

IAN total por SP 4783,2

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Enquête 7

Grupo familiar

edad actividades UTAfjefe de familia 45 migracion internacional 0

mujeres 40 agricultura 24 hijos < 12 escuela 0

TOTAL actif fam 2 TOTAL actif agri en UTA 2LOCALISATION Santa marianitaSuperficie total 0,67 encargado de un lote de 0,5 ha

socio comuna de San Luis

SC (M+H+F+Z cachil/desc.)1// (M+H+F+Z cachil/arveja)1 abono + yunta

n ° reproductricesSE bovin intensif terre quesillo 2 SE bovin intensif yunta - SE porcin 1 SE ovin - SE cobaye 10 SE avicole mixte 9 SE avicole viande

VAB SUP en ha SUP/UTAf VA/UTAfSC 113 0,17 0,08665 56 SCrVL 578 0,50 0,25 289 SCrYunta - - SCrbov otro - - SCrporcin 210 105 SCrovino - - SCrcuyes 240 120 SCraves mixt 411 205 SCraves carne -

CI del SP 1 552,53 0,67 0,34 776,27

TOTAL 0

DEPRECIACION DEL MATERIELnumero vida util precio desp.

asadon 3 2 8 12,0lampa 4 5 5 4,0pala 2 5 15 6,0pico 4 2 5 10,0machete 0 4 4 0,0hacha 0 20 25 0,0hoz 0 1 5 0,0arado 0 1 30 0,0machete 0 5 20 0,0hoz 0 3 6 0,0bidones 0 6 600 0,0reja 0 4 200 0,0bomba fumigacion 0 8 80 0,0

TOTAL 32,0

VAN 1 520,53 IAN

TOTAL 0

IAN por SP 1520,5Migracion esposo a los EE UUactividades complementarias 2200,0IAN total por SP 3720,5

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Enquête 8Grupo familiar

edad actividades UTAfjefe de familia 30 agricultura 1

eposa 30 agricultura 1niño 2 0

TOTAL actif fam 2 2LOCALISATION Santa RosaSuperficie total 0,50

(M + F + H + Z cachil/desc.)4,5// M+F+H+Z cachil/ Av +V +Arv abono + tractor(M + F + H + Z cachil/desc.) abono + tractor(alfalfa)5//(M+F+H+Z cachil/desc.)5 abono + tractor hortalizas en campo libretomate bajo invernadero

n ° reproductricesSE bovin intensif terre lait 1 SE porcin 2 SE ovin 3 SE cobaye 6 SE avicole mixte 5 SE avicole viande 10

VAB SUP en ha SUP/UTAf VA/UTAfSC 314 0,18 0,09 157 SC 90 0,12 0,06 45 SC 3 0,03 0,015 1 SC hort en campo libre 200 0,01 0,005 100 SC hort invernaderos 1 603 0,014 0,007 801 SCrVL 121 0,15 0,075 60 SCrYunta 0 - SCrbov otro - 0 - SCrporcin 343 0 172 SCrovino 53 0 27 SCrcuyes 119 0 60 SCraves mixt 266 0 133 SCraves carne 122 0 61

CI del SP 3 233,31 0,50 0,25 1 555,87 $/ año

Transporte 255TOTAL 255DEPRECIACION DEL MATERIEL

numero vida util precio desp.2 3 8 5

asadon 3 5 5 3lampa 0 5 15 0pala 0 4 5 0pico 1 4 4 1machete 0 20 25 0hacha 2 1 5 10hoz 0 5 30 0arado 0 5 20 0yugo 1 3 6 2bidones 0 1 0invernaderos construccion 1 6 600 100plastico 1 4 200 50bomba de fumigacion 1 8 80 10

TOTAL 181VAN 2 796,98 IAN

TOTAL PRECIO TOTALmano de obra contratada 2 7 14jorn. 6,5 12 78tractor 0 22 0yunta TOTAL 92arriendo tierra (a media tambien) 49TOTAL 49IAN por SP 2656,0actividades complementarias 0,0IAN total por SP 2656,0

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Enquête 9Grupo familiar

edad actividades UTAfjefe de familia mujer 40 agricultura 1

TOTAL actif fam 1 1LOCALISATION Cristo del consueloSuperficie total 0,61

socio de organisacion de venta hortalizas

M+H+F+Z cachil/arv.)// vicia abono PicoM+F+H atrsado /papa chaucha /vicia abono picoM+F+H atrsado /arv/papa chaucha abono pico hortalizas en campo librearveja bajo invernadero

n ° reproductricesSE bovin intensif terre lait 2 SE porcin - SE ovin 3 SE cobaye 8 SE avicole mixte 10 SE avicole viande

VAB SUP en ha SUP/UTH VA/UTHSC 106 0,13 0,1275 106 SC 52 0,04 0,04 52 SC 33 0,02 0,02 33 SC hort en campo libre 547 0,06 0,0625 547 SC hort invernaderos 60 0,01 0,014 60 SCrVL 375 0,35 0,35 375 SCrovino 41 41 SCrcuyes 188 188 SCraves mixt 340 340

CI del SP 1 741,69 0,61 0,61 1 741,69

$/ añoCota grupo hortalizas 115TOTAL 115

DEPRECIACION DEL MATERIELnumero vida util precio desp.

2 3 8 5asadon 2 5 5 2lampa 2 5 15 6pala 1 4 5 1pico 1 4 4 1machete 2 20 25 3hacha 0 1 5 0hoz 0 5 30 0arado 0 5 20 0yugo 0 3 6 0bidones 1 1 0invernaderos construccion 1 6 600 100plastico 0 4 200 0bomba de fumigacion 1 8 80 10

TOTAL 128

VAN 1 498,60

IANTOTAL 0IAN por SP 1498,6actividades complementarias 0,0IAN total por SP 1498,6

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Enquête 10

Grupo familiar

edad actividades UTHjefe de familia 50 agricultura 1

eposa 50 agricultura 1hija 20 agricultura + tienda 0,5

TOTAL actif fam 2,5 TOTAL actif agri 2,5LOCALISATION RocioSuperficie total 4,46

SC (M+Z/desc)2//( M+Z/papa chaucha) abono + yunta y pico

n ° reproductricesSE bovin intensif capital lait 8 SE porcin 1 SE ovin - SE cobaye 5 SE avicole mixte 10 SE avicole viande -

VAB SUP en ha SUP/UTH VA/UTHSC 30,00 0,06 0,024 12,00 SCrVL 2 570,00 4,4 1,76 1 028,00 SCrporcin (90,00) 0 36,00 - SCrcuyes 127,00 0 50,80 SCraves mixt 590,00 0 236,00

3 227,00 4,46 1,78 1 290,80

CI del SP

DEPRECIACION DEL MATERIEL

numero vida util precio depreciacionasadon 3 3 8 8lampa 0 5 5 0pala 2 5 15 6pico 2 4 5 2,5machete 0 4 4 0hacha 0 20 25 0hoz 3 1 5 15arado 0 5 30 0yugo 0 5 20 0bidones 0 3 6 0

6 1 0invernaderos construccion 0 6 600 0plastico 0 4 200 0bomba de fumigacion 0 8 80 0

TOTAL 31,5VAN 3195,5IANarriendo tierra (a media tambien) 500TOTAL 500

IAN por SP 2695,5actividades complementarias1200,0IAN total por SP 3895,5

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Enquête 11

Grupo familiar

edad actividades UTAfjefe de familia 35 agricultura 1

eposa 35 agricultura 1TOTAL actif fam. 2 TOTAL actif Agri 2LOCALISATION DolorosaSuperficie total 4,93

SC (M+F+H+Z/desc)2//( M+Z+F+H+/papa chaucha) abono + yunta SC (M+F+H+Z/desc)2//( M+Z+F+H+/petit pois) abono + yunta SC (M+Z+F+H+/desc) abono + yunta

n ° reproductricesSE bovin intensif capital lait 5 SE bovin intensif capital yunta 2 SE porcin 1 SE ovin 2 SE cobaye 10 SE avicole mixte 10 SE avicole viande 5

VAB SUP en ha SUP/UTH VA/UTHSC 317 0,3 0,15 159 SC 36 0,05 0,025 18 SC 110 0,08 0,04 55 SCrVL 2 594 4,5 2,25 1 297 SCrYunta 310 0 155 SCrporcin (195) 98 - SCrcuyes 354 SCraves mixt 646 SCraves carne 40 20

4 212,00 4,93 2,47 1 606

CI del SPDEPRECIACION DEL MATERIEL

numero vida util precio depreciacionasadon 0 3 8 0lampa 2 5 5 2pala 2 5 15 6pico 4 4 5 5machete 3 4 4 3hacha 2 20 25 2,5hoz 3 1 5 15arado 2 5 30 12yugo 2 5 20 8bidones 4 3 6 8

0 1 0invernaderos construccion 0 6 600 0plastico 0 4 200 0bomba de fumigacion 0 8 80 0

TOTAL 61,5VAN 4150,5

IAN

impuestos 20TOTAL 20

IAN por SP 4130,5

actividades complementarias 0,0

IAN total por SP 4130,5

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Enquête 12

Grupo familiaredad actividades UTAf

jefe de familia 70 agricultura 0,5eposa 70 agricultura 0,52 hijas 40 agricultura 2

TOTAL actif fam. 3 TOTAL actif agri. 3LOCALISATION DolorosaSuperficie total 6,16

socio de organisacion grupo de venta hortalizas

SC (M+F+H+Z/desc)2//( M+Z+F+H+papa chaucha/desc) abono + yunta SC (M+F+H+Z/desc)2//( M+Z+F+H+papa superchaola/desc.) abono + yunta SC (papa chaucha/avena vicia) abono + yunta hortalizas en campo librebabaco bajo invernadero

n ° reproductricesSE bovin intensif capital quesillo 6 SE porcin 1 SE cobaye 30 SE avicole mixte 8

VAB SUP en ha SUP/UTAf VA/UTAfSC 392 0,3 0,10 131 SC 250 0,18 0,06 83 SC 45 0,05 0,02 15 SC hort en campo libre 1 379 0,1 0,03 460 SC invernaderos 523 0,028 0,01 174 SCrVL 3 196 5,5 1,83 1 065 SCrporcin 84 28 SCrcuyes 1 114 371 SCraves mixt 186 62

7 169,00 6,16 2,05 2 389,67

CI del SP

$/ añoTransporte 0Agua 0Cota comuna 0Cota grupo hortalizas 235TOTAL 235

DEPRECIACION DEL MATERIELnumero vida util precio depreciacion

asadon 3 3 8 8lampa 4 5 5 4pala 2 5 15 6pico 4 4 5 5machete 2 4 4 2hacha 1 20 25 1,25hoz 6 1 5 30arado 0 5 30 0yugo 0 5 20 0bidones 4 3 6 8invernaderos construccion 2 6 600 200plastico 2 4 200 100bomba de fumigacion 0 8 80 0

TOTAL 364,25VAN 6 569,75 IANmano de obra contratada TOTAL PRECIO TOTALjorn. 57,75 7 404,25tractor 6,5 12 78yunta 11,375 22 250,25

TOTAL 732,5impuestos 7TOTAL 7

IAN por SP 5830,3actividades complementarias 0,0IAN total por SP 5830,3

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98

Enquête 13

Grupo familiar

edad actividades UTAfjefe de familia 50 agricultura 1

hermana 45 agricultura 1nieto 16 agricultura 1

TOTAL actif fam 3 TOTAL actif agri 3LOCALISATION DolorosaSuperficie total 7,07

SC (M+F+H+Z/desc)2//( M+Z+F+H+papa /desc) abono + yunta hortalizas en campo librebabaco bajo invernadero

n ° reproductricesSE bovin intensif capital quesillo 6 SE bovin intensif capital yunta 2 SE porcin 2 SE cobaye 30 SE avicole viande 50 SE avicole mixte 20

VAB SUP en ha SUP/UTAf VA/UTAfSC 564 0,50 0,16666667 188 SC hort en campo libre 620 0,04 0,01333333 207 SC hort invernaderos 636 0,03 0,01 212 SCrVL 4 033 6,50 2,16666667 1 344 SCrYunta 964 0 321 SCrbov otro - 0 - SCrporcin (37) 0 12 - SCrovino 0 - SCrcuyes 363 0 121 SCraves mixt 814 0 271 SCraves carne 672 0 224

CI del SP 8 628,05 7,07 2,36 2 652 $/ año

Transporte 255Agua 0Cota comuna 0Cota grupo hortalizasTOTAL 255DEPRECIACION DEL MATERIEL

numero vida util precio desp.asadon 3 3 8 8lampa 1 5 5 1pala 3 5 15 9pico 2 4 5 3machete 1 4 4 1hacha 1 20 25 1hoz 3 1 5 15arado 2 5 30 12yugo 2 5 20 8bidones 4 3 6 8

0 1 0invernaderos construccion 1 6 600 100plastico 1 4 200 50bomba de fumigacion 1 8 80 10

TOTAL 226

VAN 8 147,30 IANmano de obra contratada TOTAL PRECIO TOTALjorn. 34 7 238tractor 0 12 0yunta 13 22 286

TOTAL 524impuestos 7intereses creditos 0arriendo tierra (a media tambien) 0

7TOTALIAN por SP 7616,3

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Enquête 14

Grupo familiar

edad actividades UTAfjefe de familia 45 agricultura 1

padre 70 agricultura 0,5hermana 30 agricultur 1

TOTAL actif fam. 2,5 2,5LOCALISATION RocioSuperficie total 31,90

SC (M+F+H+Z/desc)2//( M+Z+F+H+/avena + vicia) abono + yunta SC (papa/avena+vicia)//(patos art.)3 abono + yunta

n ° reproductricesSE bovin intensif capital lait 15 SE bovin intensif capital yunta 2 SE ovin 2 SE cobaye 10 SE avicole mixte 8

VAB SUP en ha SUP/UTAf VA/UTAfSC 201 0,45 0,18 80 SC 10 0,5 0,2 4 SCrVL 5 870 30,95 12,38 2 348 SCrYunta 500 0 200 SCrovino 118 47 SCrcuyes 469 SCraves mixt 310

7 478,00 31,90 12,76 2 680

CI del SP

DEPRECIACION DEL MATERIEL

numero vida util precio depreciacionasadon 4 3 8 11lampa 1 5 5 1pala 4 5 15 12pico 4 4 5 5machete 1 4 4 1hacha 1 20 25 1hoz 3 1 5 15arado 1 5 30 6yugo 1 5 20 4bidones 25 3 6 50

0 1 0invernaderos construccion 0 6 600 0plastico 0 4 200 0bomba de fumigacion 1 8 80 10

TOTAL 116VAN 7362,083333

IAN

mano de obra contratada TOTAL PRECIO TOTALjorn. 63,625 7 445tractor 0,375 12 5yunta 0,125 22 3

TOTAL 453

impuestos 5TOTAL 458

IAN por SP 6904actividades complementarias 0IAN total por SP 6904

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100

Enquête 15

Grupo familiar del empleadoedad actividades UTAf

jefe de familia 35 agricultura 1eposa 35 agricultura 1

3 niños < 12 escuela + agricultura 0TOTAL investisseur 1 TOTAL actif agri 2

LOCALISATION RocioSuperficie total 14,75

SC (M+F+H+Z/desc)3//( M+Z+F+H+/papa chaola) abono + yunta SC (M+F+H+Z/desc)2//( M+Z+F+H+/avena y vicia) abono + yunta

n ° reproductricesSE bovin intensif capital lait 12 SE bovin intensif capital yunta 2 SE porcin 1 SE ovin - SE cobaye 12 SE avicole mixte 12 SE avicole viande - SC VAB SUP en ha SUP/UTH VA/UTHSCrVL 105 0,25 0,125 53 SCrYunta 3 999 14,5 7,25 2 000 SCrbov otro 374 0 187 SCrporcin - SCrovino (255) 128 - SCrcuyes (91) 46 - SCraves mixt 302 151 SCraves carne 636 318

5 070,00 14,75 7,38 2 535 CI del SP

DEPRECIACION DEL MATERIEL

asadon numero vida util precio depreciacionlampa 1 3 8 3pala 0 5 5 0pico 3 5 15 9machete 2 4 5 3hacha 2 4 4 2hoz 2 20 25 3arado 6 1 5 30yugo 1 5 30 6bidones 0 5 20 0

0 3 6 0invernaderos construccion 0 1 0plastico 1 6 600 100bomba de fumigacion 0 4 200 0

0 8 80 0VAN TOTAL 155IAN 4915mano de obra contratadajorn. TOTAL PRECIO TOTALsalaire (100 $ par mois + une partie de la prod.) 33 7 231

1679TOTAL 1910

impuestos 10TOTAL 1920IAN por SP 2995actividades complementarias 0IAN total por SP 2995

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101

Annexe 6 : seuil de survie et seuil de reproduction

seuil de survieachats quantité prix coût/anassure 1,5 enfants pour TOUSalimentation 1,7 adulte 25$/mois/adulte 510vêtements pour 1 adulte et dép. 1pantalon/an 5 5

2 chemises/an 3 63 paires de botte/an 5 15

soins médicaux/actif+dep./an 50TOTAL/an/pers 586

COUT D'OPPORTUNITEsalaire minimum ecuador 6$/jour 1248

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102

Figure 1 : Carte de l’équateur

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103

Figure 2 :Carte de la province d’Azuay

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104

Figure 3 : Transect de la zone d’étude : relief et hydrographie.

Figure 4 : Transect de la zone d’étude : géologie

Loma Milmacruz3480

Loma de Tasqui3180

Loma Cuvilàn3340

Loma Verdeucsha3280

Loma Tipo3160

Loma Chiniloma3280

RIO SIDCAY

RIO CAH

UINA

RIO PALUNCAY

3060

3020

2980

2930

2870

3000

2650

2700

2800

2800

Nord

5 Km

Loma Milmacruz3480

Loma de Tasqui3180

Loma Cuvilàn3340

Loma Verdeucsha3280

Loma Tipo3160

Loma Chiniloma3280

RIO SIDCAY

RIO CAH

UINA

RIO PALUNCAY

3060

3020

2980

2930

2870

3000

2650

2700

2800

2800

Loma Milmacruz3480

Loma de Tasqui3180

Loma Cuvilàn3340

Loma Verdeucsha3280

Loma Tipo3160

Loma Chiniloma3280

RIO SIDCAY

RIO CAH

UINA

RIO PALUNCAY

3060

3020

2980

2930

2870

3000

2650

2700

2800

2800

Nord

5 Km

RIO SIDCAY

RIO CAH

UINA

RIO PALUNCAY

Nord

Roche calcaire

Roche détritique argileuse

conglomérat

RIO SIDCAY

RIO CAH

UINA

RIO PALUNCAY

Nord

RIO SIDCAY

RIO CAH

UINA

RIO PALUNCAY

Nord

Roche calcaire

Roche détritique argileuse

conglomérat

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106

0,0

20,0

40,0

60,0

80,0

100,0

120,0

140,0

janvie

rfév

rier mars avril mai juin juill

et août

septem

breoc

tobre

nove

mbre

décem

bre

0510152025303540455055606570

précipitations moyennestempératures moyennes

Figure 5 : diagramme ombrothermique (source : données mété orologiques de Cuenca Ricaurte moyennes de 1930 à 1941 et de 1963 à 1970)

Los suelos

RIO SIDCAY

RIO CAH

UINA

RIO PALUNCAY

.

.

Nord

5 Km

Sols jaunes argileux à kaolinite

Sols roses argileux à montmorillonite

Sols vertiques

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107

Figure 6 : transect de la zone d’étude : pédologie.

Figure 7 : les différentes communautés d’Octavio Cordero Palacios.

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108

RIO SIDCAY

RIO CAH

UINA

RIO PALUNCAY

Étage des paramos

Étage du matorral

Étage médian

Étage bas

N

5 Km.

Figure 8 : transect : paysage agraire d’Octavio Cordero Palacios.

Figure 9 : paysage de l’étage bas : mosaïque de petites parcelles. (Cristo del Consuelo, Mai 2004, M. WIllot).

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109

Figure 10 : structure foncière d’Octavio Cordero Palacios en 1974 (source : SICA).

sans terre

de 0,1 à 0,4 ha

de 0,5 à 0,9 ha

de 1 à 1,9 ha

de 2 à 5 ha

de 5 à 10 ha

> de 10 ha

Figure 11: structure foncière d’Octavio Cordero Palacios en 1974 : pourcentage d’exploitations selon leur SAU (source : SICA).

superficie en ha nombre d'EA superficie en ha proportion d'EA en % sin tierra 0 0 0 de 0,1 a menos de 2 683 400 91,68 de 2 a menos de 10 59 192 7,92 de 10 a menos de 50 1 26 0,13 de 50 a menos de 500 2 296 0,27

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110

Figure 12 : Evolution de la population d’Octavio Cordero Palacios de 1974 à 2001 (source : : VI censo de población y V vivienda, INEC, noviembre 2001).

0

500

1000

1500

2000

2500

3000

3500

1974 1990 2001

années

no

mb

re d

'hab

itan

ts

hommes

femmes

total

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111

Figure 13 : sol argileux riche en montmorillonite labouré à l’aide d’un tracteur. (Santa Rosa, Août 2004, M. Willot).

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112

Figure 14 : organisation spatiale de l’association culturale.

Figure 15 : association maïs, haricot, fève et cachil d’avoine et de vesce. (Santa Rosa, Juin 2004, M. Willot)

Maïs

Haricot

Fève

Zambo

Cachil

1 m

50 cm

Maïs

Haricot

Fève

Zambo

Cachil

Maïs

Haricot

Fève

Zambo

Cachil

1 m

50 cm50 cm

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113

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114

Figure 16 : Occupation du sol et itinéraire technique de l’association culturale.

Sem

isSa

rclag

e tot

al

Sarc

lage p

artie

l et b

uttag

eCo

upe d

u fou

rrage

Réco

lte à

matu

rité

trans

form

ation

Déce

mbre

Octobre

Nove

mbre

Janv

ierFé

vrier

Mars

Avril

Mai Juin

Juille

t

Août

Septe

mbre

Maïs

Fève

Haricot

Zambo

Avoine et vesse

0,0

20,0

40,0

60,0

80,0

100,0

120,0

140,0

0

5

10

15

20

25

30

35

40

45

50

55

60

65

70

Réco

lte en

vert

Prép

aratio

n du

sol

Occupation du sol

Récolte en vertPr

épara

tion

du so

l

Sem

isSa

rclag

e tot

al

Sarc

lage p

artie

l et b

uttag

eCo

upe d

u fou

rrage

Réco

lte à

matu

rité

trans

form

ation

Déce

mbre

Octobre

Nove

mbre

Janv

ierFé

vrier

Mars

Avril

Mai Juin

Juille

t

Août

Septe

mbre

Maïs

Fève

Haricot

Zambo

Avoine et vesse

0,0

20,0

40,0

60,0

80,0

100,0

120,0

140,0

0

5

10

15

20

25

30

35

40

45

50

55

60

65

70

Réco

lte en

vert

Prép

aratio

n du

sol

Occupation du sol

Récolte en vertPr

épara

tion

du so

l

Sem

isSa

rclag

e tot

al

Sarc

lage p

artie

l et b

uttag

eCo

upe d

u fou

rrage

Réco

lte à

matu

rité

trans

form

ation

Déce

mbre

Octobre

Nove

mbre

Janv

ierFé

vrier

Mars

Avril

Mai Juin

Juille

t

Août

Septe

mbre

Octobre

Nove

mbre

Janv

ierFé

vrier

Mars

Avril

Mai Juin

Juille

t

Août

Septe

mbre

Maïs

Fève

Haricot

Zambo

Avoine et vesse

Maïs

Fève

Haricot

Zambo

Avoine et vesse

0,0

20,0

40,0

60,0

80,0

100,0

120,0

140,0

0

5

10

15

20

25

30

35

40

45

50

55

60

65

70

0,0

20,0

40,0

60,0

80,0

100,0

120,0

140,0

0

5

10

15

20

25

30

35

40

45

50

55

60

65

70

Réco

lte en

vert

Prép

aratio

n du

sol

Occupation du sol

Récolte en vert

Occupation du sol

Récolte en vert

Occupation du sol

Récolte en vertPr

épara

tion

du so

l

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115

Figure 17 : vaches sur résidus de culture. (Santa Rosa, Juillet 2004, M. Willot).

Figure 18 : la conservation de la calcha : reste d’une meule de l’année précédente. (Santa Rosa, Mai 2004, M. Willot)

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116

Figure 19 : culture de petit pois et d’avoine en contre saison. (San Bartolo, Juillet 2004, M. Willot)

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117

0

200

400

600

800

1000

1200

1400

SC1 SC2 SC3 SC4 SC5

$/ha

Figure 20 : productivité de la terre de différents systèmes de culture vivriers.

0,0

1,0

2,0

3,0

4,0

5,0

6,0

7,0

SC1 SC2 SC3 SC4 SC5

$/hj

Figure 21 : productivité du travail de différents systèmes de culture vivriers.

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118

Figure 22 : Schématisation d’une serre.

10 m

14 m

1 m

Goutte à goutte

Tank surélevé

Écoulement de l’eau par gravité

10 m

14 m

1 m

Goutte à goutte

Tank surélevé

Écoulement de l’eau par gravité

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119

0

10000

20000

30000

40000

50000

60000

70000

SC1 SC2 SC3 SC4 SC5 SC6 SC7

$/h

a

Figure 23 : productivité de la terre des différents systèmes de culture.

0,0

2,0

4,0

6,0

8,0

10,0

12,0

14,0

16,0

18,0

20,0

SC1 SC2 SC3 SC4 SC5 SC6 SC7

$/hj

Figure 24 : productivité du travail des différents systèmes de culture.

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120

Figure 25 : calendrier fourrager du système d’élevage bovin intensif en terre.

0,0

20,0

40,0

60,0

80,0

100,0

120,0

140,0

0

5

10

15

20

25

30

35

40

45

50

55

60

65

70

Octobre

Novem

breDé

cembre

Janv

ier

Févri

erMars Av

ril

Mai Juin

Juille

t

Août

Septe

mbre

Déficit fourrager

Pâturage

Parcelle récoltée

Calcha

Cachil

Autres fourrages

0,0

20,0

40,0

60,0

80,0

100,0

120,0

140,0

0

5

10

15

20

25

30

35

40

45

50

55

60

65

70

Octobre

Novem

breDé

cembre

Janv

ier

Févri

erMars Av

ril

Mai Juin

Juille

t

Août

Septe

mbreOcto

breNov

embre

Déce

mbre

Octobre

Novem

breDé

cembre

Janv

ier

Févri

erMars Av

ril

Mai Juin

Juille

t

Août

Septe

mbre

Déficit fourrager

Pâturage

Parcelle récoltée

Calcha

Cachil

Autres fourrages

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121

Figure 26 : traite du matin dans un élevage laitier de la Dolorosa. (La Dolorosa, Août 2004, M. Willot).

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122

0,0

1,0

2,0

3,0

4,0

5,0

6,0

7,0

8,0

9,0

SE1 SE2 SE3 SE4

$/h

j

Figure 27 : Productivité du travail des systèmes d’élevage bovin lait.

0

20

40

60

80

100

120

140

SE1 SE2 SE3 SE4

hj /

vac

he

laiti

ère

Figure 28 : temps de travail annuel par vache laitière.

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0

500

1000

1500

2000

2500

3000

3500

4000

0 2 4 6 8 10 12 14 16

SAU/actif familial

Rev

enu

ag

rico

le/a

ctif

fam

ilial

EA type 1

EA type 2

EA type 3

EA type 4

EA type 5EA type 6

EA type 7

EA type 8

seuil de survie

seuil de reproduction

Figure 29 : revenu agricole par actif familial en fonction de la SAU par actif familial.

0

500

1000

1500

2000

2500

3000

3500

4000

0 2 4 6 8 10 12 14 16

SAU/actif familial

Rev

enu

to

tal/a

ctif

fam

ilial

EA type 1EA type 2EA type 3EA type 4EA type 5EA type 6EA type 7EA type 8seuil de survieseuil de reproduction

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Figure 30 : Revenu agricole total par actif familial selon la SAU par actif familial.

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