despre religie in ue

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Jeudi 20 novembre 2014 - 70 e année - N o 21723 - 2 € - France métropolitaine - www.lemonde.fr Fondateur : Hubert Beuve-Méry Algérie 180 DA, Allemagne 2,40 €, Andorre 2,20 €, Autriche 2,50 €, Belgique 2 €, Cameroun 1 800 F CFA, Canada 4,50 $, Côte d'Ivoire 1 800 F CFA, Croatie 19,50 Kn, Danemark 30 KRD, Espagne 2,30 €, Finlande 3,80 €, Gabon 1 800 F CFA, Grande-Bretagne 1,90 £, Grèce 2,40 €, Guadeloupe-Martinique 2,20 €, Guyane 2,50 €, Hongrie 950 HUF, Irlande 2,40 €, Italie 2,40 €, Liban 6 500 LBP, Luxembourg 2 €, Malte 2,50 €, Maroc 12 DH, Norvège 28 KRN, Pays-Bas 2,40 €, Portugal cont. 2,30 €, La Réunion 2,20 €, Sénégal 1 800 F CFA, Slovénie 2,50 €, Saint-Martin 2,50 €, Suède 35 KRS, Suisse 3,40 CHF, TOM Avion 450 XPF, Tunisie 2,40 DT, Turquie 9 TL, USA 4,50 $, Afrique CFA autres 1 800 F CFA Les affaires qui font trembler le football français ÉCONOMIE LE TRAFIC DE MÉDICAMENTS, NOUVELLE ACTIVITÉ DES MAFIAS LIRE CAHIER ÉCO PAGE 2 À JÉRUSALEM, LE CHAGRIN ET LA VIOLENCE LIRE PAGE 24 CULTURE LA RETRAITE (PROVISOIRE) DE STROMAE LIRE PAGE 20 INTERNATIONAL LES RELATIONS SE TENDENT ENTRE L’ALLEMAGNE ET LA RUSSIE LIRE PAGE 2 IMMIGRATION SOUS LA GAUCHE, LES EXPULSIONS DE SANS-PAPIERS RESTENT ÉLEVÉES LIRE PAGE 12 Vincent Labrune, lors du match Reims-Marseille, le 14 mars. ANTHONY BIBARD/ FEP/PANORAMIC Les dirigeants de l’OM ont été placés en garde à vue pour des transferts litigieux En Ligue 2, la justice soupçonne l’existence de matchs truqués LIRE PAGE 14 Les échecs à répétition d’Areva menacent la filière nucléaire française Areva se trouve en grande difficulté financière en raison du recul du marché mondial du nucléaire et des graves retards de ses réacteurs EPR Le groupe, qui emploie 45 000 personnes, devrait afficher une perte supé- rieure à 1 milliard d’euros en 2014. Le cours de l’action a dévissé de 20 % Selon nos informations, des réflexions sont en cours pour envisager une recapitalisation par l’Etat, déjà actionnaire à hauteur de 87 % EDF a annoncé un nou- veau retard dans la mise en service du réacteur EPR de Flamanville, désormais prévue pour 2017 CAHIER ÉCO LIRE PAGE 3 macenta (guinée) – envoyé spécial L e centre de traitement français de Macenta, en Guinée, a tout juste ouvert ses portes, mardi 18 novembre, qu’arrivent les deux premiers malades, suspectés d’être porteurs du virus Ebola. Koto, petite fille de 7 ans, le regard inquiet, est im- médiatement prise en charge par les membres de la Croix-Rouge française, revêtus des tenues jaune et blanc de protection personnelle, les « PPE », qui les font ressembler à des spationautes. Son frère, plus âgé de quelques années, Bala, a l’air un peu plus as- suré. Infirmières et hygiénistes les prennent par la main pour les mener dans la zone isolée qui ac- cueille les « suspects ». C’est ici, au cœur de la Gui- née forestière, que l’épidémie de fièvre hémorragi- que s’est déclarée en mars 2014. Huit mois plus tard, le virus continue de ravager la population. Au 16 no- vembre, le pays, selon le bilan des autorités, comp- tait 1 192 personnes mortes, pour 1 971 cas. Avec 657 cas et 404 décès, la préfecture de Ma- centa, aux portes du Liberia, reste la région la plus touchée de Guinée. LIRE SUITE PAGE 7 Au début, tout le monde était sceptique au sujet de Bachar Al- Assad et de son armée en loques. Puis, à la fin de 2012, ses hélicoptè- res se sont mis à lâcher des barils d’explosifs pour bombarder des villes, villages et positions passés sous contrôle des rebelles. Ces bombes-barils, aussi rudimentai- res que destructrices, sont utili- sées en masse par le régime. Elles sont faites d’explosifs, de combus- tible et de bouts de ferraille. Et tuent avant tout des civils. LIRE PAGE 4 REPORTAGE EN GUINÉE, UN ESPOIR CONTRE EBOLA par rémi barroux Les bombes- barils de Bachar Al-Assad, massacre artisanal ENQUÊTE LE REGARD DE PLANTU www.cinna.fr Fauteuil HARRY Créé par Eric Jourdan LES JOURS DU 14 AU 24 NOVEMBRE

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Cum priveste un ziar francez problema.

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  • Jeudi 20 novembre 2014 70e anne No 21723 2 France mtropolitaine www.lemonde.fr Fondateur : Hubert BeuveMry

    Algrie 180 DA, Allemagne 2,40 , Andorre 2,20 , Autriche 2,50 , Belgique 2 , Cameroun 1 800 F CFA, Canada 4,50 $, Cte d'Ivoire 1 800 F CFA, Croatie 19,50 Kn, Danemark 30 KRD, Espagne 2,30 , Finlande 3,80 , Gabon 1 800 F CFA, Grande-Bretagne 1,90 , Grce 2,40 , Guadeloupe-Martinique 2,20 , Guyane 2,50 , Hongrie 950 HUF, Irlande 2,40 , Italie 2,40 , Liban 6 500 LBP, Luxembourg 2 , Malte 2,50 , Maroc 12 DH, Norvge 28 KRN, Pays-Bas 2,40 , Portugal cont. 2,30 , La Runion 2,20 , Sngal 1 800 F CFA, Slovnie 2,50 , Saint-Martin 2,50 , Sude 35 KRS, Suisse 3,40 CHF, TOM Avion 450 XPF, Tunisie 2,40 DT, Turquie 9 TL, USA 4,50 $, Afrique CFA autres 1 800 F CFA

    Les affaires qui font trembler le football franais

    CONOMIELE TRAFIC DE MDICAMENTS, NOUVELLE ACTIVIT DES MAFIAS LIRE CAHIER CO PAGE 2

    JRUSALEM,LE CHAGRIN ET LA VIOLENCE LIRE PAGE 24

    CULTURELA RETRAITE (PROVISOIRE) DE STROMAE LIRE PAGE 20

    INTERNATIONALLES RELATIONS SE TENDENT ENTRE LALLEMAGNE ET LA RUSSIE LIRE PAGE 2

    IMMIGRATIONSOUS LA GAUCHE,LES EXPULSIONS DE SANS-PAPIERS RESTENT LEVES LIRE PAGE 12

    Vincent Labrune,lors du match

    Reims-Marseille,le 14 mars.

    ANTHONY BIBARD/

    FEP/PANORAMIC

    Les dirigeants de lOM ont t placs en garde vue pour des transferts litigieux En Ligue 2, la justice souponne lexistence de matchs truqus L IRE PAGE 14

    Les checs rptition dAreva menacent la filire nuclaire franaise Areva se trouve en grande difficult financire en raison du recul du march mondial du nuclaire et des graves retards de ses racteurs EPR

    Le groupe, qui emploie 45 000 personnes, devrait afficher une perte suprieure 1 milliard deuros en 2014. Le cours de laction a dviss de 20 %

    Selon nos informations, des rflexions sont en cours pour envisager une recapitalisation par lEtat, dj actionnaire hauteur de 87 %

    EDF a annonc un nouveau retard dans la mise en service du racteur EPR de Flamanville, dsormais prvue pour 2017CAHIER CO L IRE PAGE 3

    macenta (guine) envoy spcial

    L e centre de traitement franais de Macenta, enGuine, a tout juste ouvert ses portes, mardi18 novembre, quarrivent les deux premiersmalades, suspects dtre porteurs du virus Ebola. Koto, petite fille de 7 ans, le regard inquiet, est immdiatement prise en charge par les membres de la CroixRouge franaise, revtus des tenues jaune etblanc de protection personnelle, les PPE , qui lesfont ressembler des spationautes. Son frre, plusg de quelques annes, Bala, a lair un peu plus as

    sur. Infirmires et hyginistes les prennent par la main pour les mener dans la zone isole qui accueille les suspects . Cest ici, au cur de la Guine forestire, que lpidmie de fivre hmorragique sest dclare en mars 2014. Huit mois plus tard,le virus continue de ravager la population. Au 16 novembre, le pays, selon le bilan des autorits, comptait 1 192 personnes mortes, pour 1 971 cas.

    Avec 657 cas et 404 dcs, la prfecture de Macenta, aux portes du Liberia, reste la rgion la plus touche de Guine.

    LIRE SUITE PAGE 7

    Au dbut, tout le monde tait sceptique au sujet de Bachar Al Assad et de son arme en loques. Puis, la fin de 2012, ses hlicoptres se sont mis lcher des barils dexplosifs pour bombarder des villes, villages et positions passs sous contrle des rebelles. Ces bombesbarils, aussi rudimentaires que destructrices, sont utilises en masse par le rgime. Elles sont faites dexplosifs, de combustible et de bouts de ferraille. Et tuent avant tout des civils.

    LIRE PAGE 4

    REPORTAGE

    EN GUINE,UN ESPOIR

    CONTRE EBOLApar rmi barroux

    Les bombes-barils de Bachar Al-Assad, massacre artisanal

    ENQUTE

    LE REGARD DE PLANTU

    www.cinna.fr

    Fauteuil HARRYCr par Eric Jourdan

    LES JOURS

    DU 14 AU 24 NOVEMBRE

  • 2 | international JEUDI 20 NOVEMBRE 20140123

    Le foss se creuse entre Moscou et BerlinLa visite de M. Steinmeier Moscou met en lumire le refroidissement des relations entre les deux pays

    moscou - correspondante

    Premier ministre des affaires trangres delUnion europenne serendre en Russie depuis

    lannexion de la Crime il y a neufmois, Frank-Walter Steinmeier na pas cherch donner lechange. Il ny a pas de fondementpour loptimisme dans la situation actuelle , a convenu, mardi 18 novembre, le chef de la diplo-matie allemande lors dune con-frence de presse commune avec son homologue russe, Sergue La-vrov. En diplomates chevronns,les deux hommes sen sont tenus au maigre fil des accords de Minsk, signs le 5 septembre pourinstaurer un cessez-le-feu en Ukraine qui seffiloche de jour enjour. Mme sil y a des raisons de se dire que les obligations les plusimportantes nont pas t rem-plies, labandon de ce document

    serait toutefois une grande perte ,a relev M. Steinmeier avant dtre reu dans la soire par Vla-dimir Poutine, comme il lavaitt, avec la mme discrtion, lorsde sa dernire visite en fvrier.

    Dure mission que celle de len-voy spcial de la chancelire An-gela Merkel : maintenir le dialo-gue avec Moscou alors que dans lest de lUkraine, domin par les sparatistes prorusses, la situationcontinue de se dgrader, et alors que la quasi-reconnaissance par la Russie du scrutin sparatiste de dbut novembre a torpill la par-tie politique de ces accords de Minsk, qui prvoyaient la tenue dun scrutin local organis con-jointement avec Kiev.

    Situation dangereuse

    Faisant cho son interlocuteur, le ministre des affaires trangresrusse a concd lui aussi que les accords de Minsk [ntaient] pas

    parfaits, mais cest la seule chose qui a t soutenue par tous les ac-teurs-cls : lUnion europenne, les Etats-Unis, les parties du conflit ukrainien et la Russie . Le foss, cependant, ne cesse de se creuser.

    Il faudra entreprendre des ef-forts considrables pour quune scission de lEurope nait pas lieu, etpour trouver une voie commune , a averti le ministre allemand, qui est apparu plus pessimiste que ja-mais son arrive Moscou. Sur son compte Twitter, son minis-tre affichait : Vingt-cinq ans aprs la chute du Mur, nous faisonsde nouveau face au mutisme plu-tt quau dialogue, la confronta-tion plutt qu la coopration. Tout au long de la journe, il estvrai, la pression na cess de mon-ter. De Kiev, o il stait rendu le matin mme, M. Steinmeier est reparti avec la conviction que la si-tuation, dangereuse , ne faisaitque saggraver .

    En vingt-quatre heures, six sol-dats ont t tus et neuf autres per-sonnes blesses, selon les autori-ts ukrainiennes, qui ont fait tat, en plus des tirs, de lutilisation de mines artisanales. Au mme mo-ment ou presque, depuis Bruxelleso il rencontrait les ministres europens de la dfense, Jens Stol-tenberg, secrtaire gnral de

    lOTAN, dressait un tableau inqui-tant : Nous voyons des mouve-ments de troupes, dquipements, de tanks, dartillerie et aussi de sys-tmes de dfense antiarienne mo-dernes. Cest un renforcement mili-taire trs grave () la fois en Ukraine et sur le ct russe de la frontire . En visite chez lalli bi-lorusse, M. Lavrov envoyait pour sa part de Minsk le message sui-vant, propos des relations de la Russie avec lUnion europenne : Nous esprons que le point de non-retour na pas t atteint.

    Chantage

    Cest tout lenjeu du moment. Ber-lin, qui sest donn le rle de der-nier mdiateur possible dans la crise, zigzague entre les cueils pour viter la rupture avec Mos-cou. Mme Merkel se voit contrainte de prner le dialogue tout en dnonant des manuvres russesquelle juge menaantes. Mais cest un maigre compromis quest parvenu, mardi, M. Steinmeier : confirmer la validit dun accord auquel plus personne ne croit vrai-ment, de moins en moins respectde part et dautre.

    Son homologue russe en adailleurs cit un autre, plus an-cien. M. Lavrov a rappel que, le 21 fvrier, lactuel premier minis-tre ukrainien, Arseni Iatseniouk, avait sign, en prsence des minis-tres des affaires trangres alle-mand et franais, un document prvoyant la mise en place dun gouvernement dunit nationale. Le lendemain, la place Madan ob-tenait le dpart du prsident Ia-noukovitch. Cette rfrence a serviau diplomate russe pour mettre envidence le peu de cas que ses in-terlocuteurs font de ces docu-ments quand cela les arrange.

    Mercredi matin, devant le Parle-ment, le ministre a renchri sur la responsabilit des Occidentaux : La crise en Ukraine est le rsultat de vingt-cinq ans de politique de lOuest qui a renforc sa dfense au dtriment des autres , a dit M. La-

    Le ministreallemand

    des affairestrangres,

    Frank-WalterSteinmeier,

    et son homologuerusse,

    Sergue Lavrov,lors dune

    confrencede presse

    Moscou, mardi18 novembre.IVAN SEKRETAREV/AP

    vrov aux dputs, prvenant que la Russie nest pas prte cder auchantage .

    Mais M. Lavrov est apparu nette-ment plus dtendu que son homo-logue allemand, limage du prsi-dent russe qui, mardi, a fait con-natre son sentiment. Visitant une exposition Moscou consacre des produits fabriqus en Russie, M. Poutine sest arrt devant un engin, mi-chemin, selon lagencerusse Interfax, entre un vhicule de transport blind et une voiture ,et baptis blind poli un terme devenu trs populaire en Russie pour dsigner les militaires qui ont pris sans violence posses-sion de la Crime. Des blinds po-lis ? On peut obtenir beaucoup plus avec un mot poli et une arme quavec un seul mot poli , a ironisle chef du Kremlin, paraphrasant son got une citation clbre dAlCapone. p

    isabelle mandraud

    lattitude adopter face Moscou fait nouveau lobjet dun vigoureux dbat en Allemagne. Lundi 17 novembre, lissuedun discours tenu en Australie devant lInstitut Lowy pour la politique internatio-nale, Angela Merkel a tenu des propos tonnamment peu diplomatiques. Rpon-dant aux questions du directeur de cet ins-titut, la chancelire a dclar au sujet dudroit des peuples dcider de leur avenir : Il ne sagit pas seulement de lUkraine. Il sagit aussi de la Moldavie. De la Gorgie. Et si a continue, est-ce quil faudra aussi se poser la question de la Serbie ? Des Balkans occidentaux ? Ce nest en aucun cas compa-tible avec nos valeurs.

    Depuis le dbut de la crise avec la Russie,en mars, cest la premire fois quun diri-geant allemand exprime aussi franche-ment sa vision de la stratgie de VladimirPoutine. Si Angela Merkel a prouv le be-soin dtre aussi explicite, cest sans doute parce quelle nattend plus rien de VladimirPoutine avec lequel elle a eu plus de 35 conversations tlphoniques depuis

    mars et quelle estime quil faut que lemonde entier prenne conscience de ce qui est en train de se jouer en Ukraine.

    La teneur de ces dclarations ne consti-tue pourtant pas une surprise. Ds aot 2012, Angela Merkel a pris la peine de se rendre quelques heures en Moldavie. Son message tait explicite : lUnion euro-penne ne laissera pas la Russie dstabili-ser ce petit Etat dont une des rgions, la Transnistrie, revendique son indpen-dance. De la mme faon, si Berlin a orga-nis fin aot 2014 une grande confrence sur lavenir des Balkans occidentaux,ctait aussi pour raffirmer que lavenir mme lointain de ces pays tait de re-joindre lUnion europenne.

    Politique traditionnelle

    La CDU et les Verts ont approuv la fermetdes dclarations dAngela Merkel, mais cel-le-ci ne fait pas lunanimit en Allemagne. Ancien prsident du parti social-dmo-crate, Matthias Platzeck, qui prside aujourdhui le Forum germano-russe, un

    groupe qui runit des dirigeants politiqueset conomiques des deux pays, a appel reconnatre lannexion de la Crime par la Russie. Il faut trouver aprs coup une so-lution conforme au droit international pourlannexion de la Crime afin que celle-ci soit acceptable par tous , a-t-il expliqu dansun journal rgional, avant dtre critiqu par Niels Annen, dput SPD spcialiste de politique trangre.

    Si, videmment, Frank-Walter Stein-meier (SPD), ministre des affaires trang-res, ne peut se permettre de critiquer la chancelire, son dplacement Moscou mardi est aussi une faon dindiquer que lAllemagne entend maintenir le dialogueavec la Russie. Une position traditionnelle tant de la part du SPD que du ministre desaffaires trangres. Si Vladimir Poutine areu mardi soir ce simple ministre, cestsans doute aussi pour tenter de jouer sur les divisions au sein du gouvernement al-lemand. p

    frdric lematre

    (berlin, correspondant)

    Merkel exprime ouvertement son opposition aux vises russes

    VERBATIM

    Qui aurait pu simaginer,vingt-cinq ans aprs la

    chute du mur de Berlin, aprs la fin de la guerre froide et dun monde divis en deux blocs, que quelque chose de ce genre pour-rait se produire au cur de lEu-rope ? Les anciennes faons de penser en termes de sphres dinfluence, qui ngligent les lois internationales, ne doivent plus tre acceptes.

    Angela Merkel devant le Lowy Institute de Sydney, lundi 17 no-vembre. Dans son discours, la chancelire allemande a toute-fois expliqu que la sensibilit russe un ventuel rapproche-ment de lUkraine avec lOTAN devait tre prise en compte, mais pas celui avec lUnion europenne.

    Il faudra

    des efforts

    considrables

    pour quune

    scission

    de lEurope

    nait pas lieu

    FRANK-WALTER STEINMEIER

    ministre allemanddes affaires trangres

  • 0123JEUDI 20 NOVEMBRE 2014 international | 3

    A Jrusalem-Est, la logique infernale du talionLe gouvernement renforce les mesures scuritaires aprs lattaque contre une synagogue ayant fait cinq morts

    jrusalem - correspondant

    Abed Abou Jamal entredans la chambre deson fils. Il sagenouilledevant le canap et le

    lit renverss, les papiers parpills, lcran de tlvision jet au sol. Puis il sassoit sur un fauteuil, laiss intact par les policiers israliens. Abed Abou Jamal prie en la mmoire dOuda, 21 ans. Sans une pense ni un mot de compas-sion pour les quatre rabbins et lepolicier druze que celui-ci a tu, mardi laube, avec son cousin Ghassan, dans une synagogue du quartier ultraorthodoxe de Har Nof, lautre bout de Jrusalem. Grce Dieu, mon fils sest sacri-fi. Il sest sacrifi pour la mosque Al-Aqsa, o les Israliens veulent nous empcher de prier. Cest le lieule plus sacr qui soit pour tout mu-sulman. Cest tre, ou ne pas tre.

    Des animaux humains , a l-ch dans la soire le premier mi-nistre isralien, Benyamin Nta-nyahou, pour qualifier les deux terroristes palestiniens. Il avaitutilis la mme expression le 30 juin, au sujet des assassins de trois adolescents juifs, enlevstrois semaines plus tt en Cisjor-danie. Les mdias, de leur ct, sinterrogeaient mardi sur une af-filiation des deux hommes un groupe islamiste, pour trouver un

    semblant de logique, une chane de commandement dans ce mas-sacre. La pulsion individuelle est une hypothse vertigineuse, qui invite au mimtisme. Ouda, agent de nettoyage, et Ghassan, employ dans une picerie de Har Nof et pre de deux enfants, ont tu par balles et avec un couteau de boucher de simples croyants juifs en train de prier. Troisavaient la double nationalit is-ralo-amricaine, le dernier tait isralo-britannique. Les fun-railles ont t charges dmotion.

    Durcissement scuritaire

    Les responsables politiques isra-liens de droite ont redoubl de bravades et de conseils adresssau chef du gouvernement, pourmater par la force la vague de vio-

    lences qui transforme Jrusalem en cuvette irrespirable. Benya-min Ntanyahou a rclam une condamnation mondiale de cetacte terroriste et mis une nou-velle fois en cause le prsident de lAutorit palestinienne, Mah-moud Abbas, dans cette bataillepour Jrusalem . Celui-ci a pour-tant dnonc lattaque contre descivils. Pas assez , a jug le chefdu gouvernement isralien, carM. Abbas serait linspirateur des terroristes, de mme que le Ha-mas. Yoram Cohen, le patron duShin Bet, le service du renseigne-ment intrieur, a pourtant dli-vr une autre analyse, devant unecommission parlementaire. Ab-bas na pas intrt la terreur etny incite pas. Il ne le fait mme pasderrire portes closes.

    M. Ntanyahou joue une parti-tion classique : celle du bouclier et du glaive contre un ennemi multiforme, dshumanis. Dun ct, il propose un gouvernementdunion nationale, quil sait inac-ceptable pour lopposition. De lautre, il annonce un nime dur-cissement scuritaire, dont lesmesures prcdentes navaient en rien dnou les tensions. Des effectifs supplmentaires sont d-ploys en Cisjordanie. Le permisde porter une arme feu sera faci-lit pour les anciens policiers et militaires israliens. Les quartiersarabes de Jrusalem-Est, en proie aux troubles, ont t ferms, grce de lourds blocs de cimentaux entres. Enfin, les maisonsdes terroristes seront dtruites. Celle dAbdel Rahman Shaludi,

    Silwan, responsable de lattaque la voiture blier du 22 octobre qui avait fait deux morts, la t ds mardi soir.

    Celle o sest agenouill AbedAbou Jamal est aussi promise la pelleteuse. Le clan familial occupe tout un bloc de rsidences modes-tes, la peinture dlave, dans le quartier de Jebel Mukaber, au sud de Jrusalem. Les proches affluent en petit nombre, en cet aprs-midio le quartier semble ptrifi. Per-sonne dans les rues, stores de ma-gasins tirs. Les femmes sisolent dans la maison, les hommes dis-cutent voix basse dans la cour, en buvant un caf. Un gamin de 13 ans en baskets rouges reste l, au milieu des adultes. Cest le seul filsdAbed Abou Jamal laiss libre par la police isralienne. Il partageait la chambre dOuda. Que lui dit-onsur le destin de son frre ?

    Rafat Abou Jamal, 34 ans, estvenu lui aussi malgr la fatigue. Il est chauffeur de taxi la nuit. Un mtier stressant : par deux fois, des juifs ont tent de le tabasser. Ilnavait pas vu ses cousins depuisun moment, en raison de son tra-vail nocturne. Mais il assure quilsne pouvaient tre affilis un groupe quelconque. Ils ont ragide faon individuelle, normale. Les Israliens nous mettent sous pres-sion, alors on finit par exploser. La faon dont on nous traite, les ta-

    bassages, les arrestations, toutcela est humiliant. Mais de lhu-miliation lassassinat, ny a-t-il pas un gouffre ? Les juifs aussituent des innocents. Seuls les mu-sulmans ne pourraient pas lefaire ? , interroge-t-il en retour.

    Ce discours inaudible, tenu parles proches des deux terroristes, est celui de la lgitime dfense. La loi du talion passe au pilon tout sens moral. Les prcdents, rels ou exagrs, justifient tout. Lesrseaux sociaux, traverss par la haine et la paranoa, en sont la chambre dcho. Les proches ci-tent les crimes commis contre desPalestiniens par des juifs, maisvoquent surtout le sort de lamosque Al-Aqsa, que le gouver-nement isralien voudrait placersous sa coupe.

    Des fables , a rpt M. Nta-nyahou mardi. Ils citent les vio-lences policires, les interdictions rptes dy prier. La seule faonpour les jeunes dexprimer leur co-lre est dutiliser ce quils ont entre les mains , rsume AbousallahAbou Jamal, oncle dOuda. Une voiture, transforme en blier. Uncouteau. Un pistolet, la prove-nance inconnue. Et que penser duprsident Abbas, qui dnonce lat-taque contre la synagogue ? Quil aille en enfer, dit loncle. Il est le tratre parmi les tratres. p

    piotr smolar

    La seule faon

    pour les jeunes

    dexprimer

    leur colre est

    dutiliser ce quils

    ont entre

    les mains

    ABOUSALLAH ABOU JAMAL

    oncle dun des Palestiniens quiont tu cinq Israliens mardi

    La gurilla colombienne des FARC confirme la capture dun gnralAprs le rapt, le prsident Juan Manuel Santos a annonc la suspension des ngociations de paix lances il y a deux ans La Havane

    bogota - correspondante

    M ardi La Havane, lechef gurillero colom-bien Pablo Catatumboa reconnu devant les camras queles Forces armes rvolutionnai-res de Colombie (FARC) dte-naient le gnral Ruben Dario Al-zate, tomb aux mains de lorga-nisation dimanche 16 novembre, dans la jungle du Choco dans louest du pays.

    Ds dimanche soir, le prsidentcolombien, Juan Manuel Santos, dcidait la suspension des ngo-ciations de paix engage depuis deux ans avec les rebelles, jugeant inacceptable lenlvement du militaire. Le moment est venu pour les FARC de dmontrer leur en-gagement en faveur de la paix , expliquait-il lundi soir au cours dune brve intervention tlvise.

    Pour reprendre les pourparlers qui se tiennent Cuba , le chef de lEtat exige la libration du gnralAlzate, ainsi que celle des deux col-laborateurs qui laccompagnaient et de deux soldats capturs par la gurilla la semaine dernire.

    Les faits restent confus. Per-sonne ne sexplique encore com-ment et pourquoi un militaire ex-priment sest dplac en civil et sans escorte dans une zone parti-culirement dangereuse. A la tte dune unit dlite, la Task Force Titan, le gnral Alzate ne pouvaitlignorer. Les protocoles de scu-rit nont pas t respects , a ad-mis le ministre de la dfense, JuanCarlos Pinzon. Recueillis par lestlvisions locales, les tmoigna-ges des habitants du hameau deLas Mercedes sur le rio Atrato con-cordent : aucun affrontementarm na eu lieu dimanche. Et les

    hommes avec qui le gnral est parti ntaient apparemment pasarms. Les spculations sont al-les de bon train, daucuns vo-quant un montage de lextrme droite pour faire capoter le pro-cessus de paix.

    Mais, mardi, les FARC ont fait sa-voir quune unit mobile du Front 34 qui opre dans le Choco avait intercept le gnral Alzate,

    dtenu dsormais en tant que prisonnier de guerre . Les gu-rilleros refusent en effet le qualifi-catif d enlvement . La capture dun militaire est lgitime, disent-ils, puisque aucun cessez-le-feuna t convenu le gouverne-ment a choisi de ngocier la paix tout en maintenant la pressionmilitaire sur les rebelles.

    Tout en affirmant que le gnralAlzate a des comptes rendre la justice populaire , la gurilla sest engage garantir la vie etlintgrit physique des prison-niers, si larme nintervient pas.Mais une vaste opration mili-taire tait dploye ds dimanchedans le Choco. Une bavure depart ou dautres est craindre ,sinquite lanalyste Jairo Rivera.

    Selon M. Catatumbo, les FARCsouhaitent une solution rapide etsense au problme pose par la

    dtention du gnral. Mais, Bo-gota, le dbat est vif sur la conduite tenir. Jamais, en cinquante ans deconflit arm, les gurilleros desFARC navaient captur un gnral.

    Malaise de larme

    Les politiques ont soutenu quasi unanimement la dcision du pr-sident Santos de suspendre les n-gociations. Sous la pression de lopinion publique et des militaires, le chef de lEtat se devait de se mon-trer ferme , rsume lanalyste Leon Valencia. Les dtracteurs du processus de paix laccusent de brader le pays aux terroristes . Leur chef de file, lex-prsident Al-varo Uribe, devenu snateur, inter-prte et aiguise la lassitude de lopi-nion publique. Les ngociations durent depuis dj deux ans sans rsultats tangibles. Larme, elle-mme, ne cache plus son malaise.

    Depuis des mois, le ministre de la dfense critique ouvertement les ngociations de La Havane.

    Selon un rcent sondage, 55 %des Colombiens soutiennent en-core le processus de paix mais 53 % doutent quil arrive bonport. Pourtant, jamais la gurillanavait autant cd la table desngociations. Trois accords par-tiels ont dj t conclus, sur le d-veloppement rural, la participa-tion politique des gurilleros une fois dmobiliss et la lutte contre le trafic de drogue. La lenteur desngociations joue contre leur suc-cs, rsume Leon Valencia. Laprompte libration du gnral Al-zate serait un geste important, denature convaincre lopinion pu-blique que les FARC veulent vrai-ment la paix. Et un ballon doxy-gne pour le prsident Santos. p

    marie delcas

    Les dputs espagnols votent pour la reconnaissance de lEtat palestinienLe Congrs des dputs, la Chambre basse du Parlement espa-gnol, a adopt mardi 18 novembre une crasante majorit une motion appelant le gouvernement reconnatre lEtat palesti-nien. La motion, dpose par lopposition socialiste, prcise ce-pendant que cette reconnaissance doit tre la consquence dune ngociation entre les parties et demande au gouverne-ment de mener une action coordonne avec lUnion euro-penne. Le texte demande au gouvernement de reconnatre la Palestine comme Etat et sujet de droit international , tout en raf-firmant que lunique solution pour rsoudre le conflit est la coexistence de deux Etats, Isral et la Palestine .

    Les dtracteurs

    du processus

    de paix accusent

    le prsident

    Santos de

    brader le pays

    aux terroristes

    Classique Chronomtrie 7727

    BOU T I Q U E S B R EGU E T 6 , P L A C E V E NDME PAR I S + 3 3 1 4 7 0 3 6 5 0 0 2 6 , L A C RO I S E T T E C ANN E S +3 3 4 9 3 3 8 10 2 2

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  • 4 | gopolitique JEUDI 20 NOVEMBRE 20140123

    150 km

    SYRIE

    JORD.IRAK

    TURQUIE

    LIBANDamas

    Alep

    Deir Ez-Zor

    Homs

    CHEIKH-MAKSOUD(quartier informel

    socialement structurautour de lidentit

    kurde)

    VIEILLE VILLE AL-SHAAR

    HAIDARIYA

    HANANU

    1 km

    Aroportinternational

    Zone industriellemilitaire

    Souk

    GrandeMosque

    Tlvision

    Gare HpitalDar Al-Shifa

    Htel de ville,gouvernorat

    Une arme qui frappe les populations

    civiles de manire indiscrimine...

    ... largement employe par les forces

    gouvernementales

    Principaux bombardements (avec largage,entre autres, de barils dexplosifs) recenss

    entre le 31 octobre 2013et le 22 fvrier 2014

    entre le 22 fvrieret le 14 juillet 2014

    Limite approximative entreles quartiers aiss, peupls avant la guerre par les classesmoyennes et suprieures ( louest)et les quartiers populaires, habitat collectif et/ou informel ( lest)

    Ligne de front mouvante

    Quartier populaire contrl par les rebelles

    Quartier ais contrl par le gouvernement syrien

    SOURCES : HUMAN RIGHTS WATCH ; LE MONDE

    INFOGRAPHIE LE MONDE

    Charge explosive

    Ces bombes peuventcontenir jusqu900 kg de TNT.

    Shrapnel artisanal

    Ailerons

    Baril

    Ancien baril dhuileou de ptrole, ou ancien rservoirdeau

    TNT

    Une bombe artisanale faible cotApparues en 2012, en Syrie, les bombes-barils se composent dun contenant un ancien baril rempli dexplosif, de combustible et de bouts de ferraille. Ces armes sont produites localement.

    Comment est-elle employe ?

    Charges sur les hlicoptres de larme gouver-nementale syrienne, ces bombes sont largues manuellement sur la cible. Dpourvues de tout dispositif de tlguidage, elles tombent de faon alatoire. Depuis lobtention par les rebellesde systmes portatifs de dfense antiarien durant lhiver 2013, les hlicoptres doivent larguer les bombes une altitude leve (jusqu 2000 m), rduisant encore la prcision du tir.

    Nouvelle versionLes bombes-barils les plus rcentes ont t dotes de dtona-teurs, ainsi que dailerons pour augmenter leur stabilit et rduire le taux dchec. Celui-ci reste important, car le baril doit tomber sur le dtonateur afin dexploser. Les bombes-barils prsentent gnralementdes proportions semblables (1 mtre de large pour 2 mtres de haut).

    Anciennes versionsDans leurs premires versions, les barils dexplosifs taient dots dune mche, allume juste avant le largage. Les erreurs de calcul sur la longueur de la mche provoquaient des

    explosions prcoces, avant limpact au sol. Le taux dchec estim tait de 75%.

    Quels sont les dgts produits ?Largues par dizaines chaque jour, et de manire indiscrimine, les bombes-barils provoquentla destruction des immeubles et des infrastruc-tures et maintiennent les populations civilesdans un tat de crainte permanente.Malgr la rsolution 2139, adopte lunanimit par le Conseil de scurit des Nations unies du 22 fvrier 2014, qui demande larrt des violences indiscrimines contre les civils (...) telles que lutilisation des barils dexplosifs , ces procds nont pas t abandonns. A Alep, entre le 31 octobre 2013 et le 14 juillet 2014, plus de 1 000 sites touchs ont t recenss par lassociation Human Rights Watch.

    Syrie : la guerre des bombes-barilsAussi rudimentaires que destructrices,ces armes sont utilises en masse par le rgime Assad depuis plus de deux ans. Les civils en sont les premires victimes.

    A u dbut, tout le monde sestmoqu de Bachar AlAssadet de son arme en loques.Lorsque les premiers barils dexplosifs ont t utiliss par larme de lair syrienne pour bombarder les villes, villages et positions passs sous le contrle de la rbellion laide de cette arme rudimentaire, lesrares journalistes prsents en Syrie la fin de lt 2012 nen ont pas cru leurs yeux. Des hlicoptres militai-res utiliss comme de vulgaires cata-pultes du Moyen Age, do lon faisaitbasculer des fts de poix et dhuile bouillante ? Ctait le signe que la fin approchait, que les munitions man-quaient et que le rgime spuisait.

    Ctait au dbut. Car, deux anneset demie plus tard, cette arme aussi rudimentaire que terrifiante est pro-bablement lorigine de la majorit des quelque 200 000 morts essen-tiellement des civils de lhca-tombe syrienne qui dure depuis mars 2011. Bien plus que larme chi-

    mique, utilise plusieurs reprisesen quantits limites et une seule fois massivement, le 21 aot 2013, causant 1 500 morts dans la plaine agricole et les villages qui entourent Damas. Mais, utilises par dizainesquotidiennement Alep, Homs,Deir ez-Zor ou dans les environs de Damas, les bombes-barils ont tu et dtruit bien plus de vies que touteautre arme en Syrie.

    Tactique du tiers-monde

    Les bombes-barils ne sont pas une invention syrienne. Larme souda-naise a terroris le Darfour dans les annes 2000, et aujourdhui le NilBleu et les monts Nouba, laide dexplosifs rudimentaires jets de-puis les soutes davions de transportAntonov afin de terroriser les villa-geois. Une tactique du tiers-monde destine chasser de pauvres hresface lavance de troupes et de mili-ciens au sol. Ce que larme syriennea invent, cest lindustrialisation de

    cette pratique, pas tant par manque de moyens Moscou ne lsine pas sur les livraisons que par mfianceenvers le corps des pilotes de chasse,dont plusieurs ont fait dfection.

    Les bombes-barils sont produites la chane en Syrie. Elles ne cotent presque rien, il suffit dun baril vide rempli dun mlange dexplosifs, deferraille (pour faire le plus de dgts humains possible), dengrais chimi-que et de combustible (pour accro-tre le pouvoir dtonant). Ces engins

    de mort sont largus la main de-puis des hlicoptres. On a vu, sur des vidos, des soldats allumer la mche avec un cigare ou un briquet au dbut. Par la suite, un petit dto-nateur limpact a t plac sur lesparois du baril, dot aussi dailerons pour stabiliser sa trajectoire.

    Vus du sol, les barils dexplosifs ontceci dinsupportable que leur trajec-toire est alatoire et leur chute lente.Entre le moment o lhlicoptre les largue et limpact, il peut scouler plusieurs secondes durant lesquelles on se voit littralement mourir. Lex-plosion est dvastatrice. Les engins, qui psent jusqu 500 kilos, pulvri-sent des immeubles entiers. Il arrive que mme les fondations et les caves cdent. A lusage, cette arme sest r-vle bien plus destructrice que cer-taines bombes guides, tires par desMig et cotant plusieurs dizaines de milliers de dollars pice.

    Le pouvoir de destruction des ba-rils rend trs difficile de sen prot-

    ger. Souvent, les occupants dun im-meuble sont ensevelis sous les d-combres et, sils ne sont pas mortsdans lexplosion, succombent des suites de leurs blessures sous plu-sieurs tonnes de gravats.

    En fait, les bombes-barils se sontavres une invention militaire g-niale face une gurilla sansmoyens antiariens. Rapportes leur prix, elles ont un potentiel de destruction immense et terrifient les combattants autant que les civils.Enfin, la communaut internatio-nale, notamment les diplomates etmilitaires occidentaux, a mis long-temps prendre cette arme au s-rieux. Il a fallu attendre septem-bre 2014 pour quune coalition de 130 ONG internationales lance un appel mettre fin ces attaques in-discrimines contre les civils. p

    christophe ayad

    infographie : henri-olivier,

    francesca fattori,

    vronique malcot

    A lusage, cette

    arme sest rvle

    plus dvastatrice

    que certaines

    bombes cotant

    plusieurs milliers

    de dollars pice

  • 0123JEUDI 20 NOVEMBRE 2014 international | 5

    Bataille de la dernire chance AlepLes brigades de lASL tentent de conserver laccs la ville, assige par larme syrienne

    gaziantep (turquie) -

    envoy spcial

    Cest une petite routede campagne qui dmarre dans les faubourgs nord dAlep et

    remonte vers la frontire turque, en zigzaguant entre les positions de larme syrienne et celles de lEtat islamique (EI). La route de Castello comme on la surnomme, du nom du restaurant qui marque son point de dpart, est lultime voie de ravitaillement des rebelles barricads dans la moiti est dAlep. Si les troupes rgulires, quisont moins de dix kilomtres, ve-naient couper cet axe vital, les quartiers aux mains des insurgs se retrouveraient encercls. Cest la dernire bouteille doxygne quil nous reste , rsume Jomah Al-Ka-sem, un militant de lopposition rfugi en Turquie.

    Il y a deux ans, la fin de lanne2012, la situation militaire tait in-verse. Les combattants anti-As-sad venaient de semparer de la base 46, louest dAlep, la princi-pale place forte du rgime dans la rgion. Les quartiers contrls par larme ne pouvaient plus tre ap-

    provisionns que par hlicoptre ou par des chemins dtourns, ex-poss aux tirs adverses.

    Mais, en novembre 2013, profi-tant des divisions suscites au seindu camp rebelle par la monte en puissance des groupes djihadistes,les forces gouvernementales sont reparties loffensive. Epaules par le Hezbollah, la milice chiite li-banaise, elles ont dabord repris le contrle des environs de laro-port international dAlep, au sud-est de la ville. Puis, au moyen de barils explosifs largus du ciel, les loyalistes se sont mis grignoter leterritoire de leurs ennemis, pro-gressant lentement mais sre-ment par lest et le nord.

    Dsorganisation

    La chute de la zone industrielle de Cheikh Najjar, en juillet, puis celle du village de Handarat, en octo-bre, ont coup les deux principa-les lignes dapprovisionnementdes anti-Assad, les obligeant se rabattre sur la route de Castello. Larme syrienne et ses suppltifs cherchent dsormais atteindre Zahra et Nubul, deux villages chii-tes assigs par les rebelles, ce qui scellerait la prise en tenaille dAlep.

    Par la bouche du gnral ZaherAl-Saket, le chef du conseil mili-taire local, les rvolutionnairesont rejet lide dun gel des combats, avance par le nouvel missaire des Nations unies pour la Syrie, lItalo-Sudois Staffan de Mistura. Ils redoutent quune trve Alep ne permette au pou-voir syrien, qui affecte dtre in-tress par le plan du diplomate onusien, denvoyer des renfortsvers Deraa, dans le sud du pays, oses troupes ont encaiss plusieursdfaites ces derniers mois.

    Dtermins tenir la route deCastello, synonyme de survie, les rebelles serrent les rangs. Les bri-gades estampilles Arme sy-rienne libre (ASL), qui reoiventdes armes des Etats-Unis via la Turquie, comme Noureddine Zinki, Jaych Al-Moudjahedin etHarakat Hazzm, ont accept dunir leurs efforts au sein dune nouvelle brigade, baptise du nom dAbdelkader Saleh, lun des plus fameux martyrs de la rbel-lion. Sur le papier, nous avonsbeaucoup dhommes, notre pro-blme tient notre dsorganisa-tion, la lenteur de nos processus de dcision, relve Fars Bayouch, un commandant rebelle. Les dji-

    hadistes du Front Al-Nosra ragis-sent beaucoup plus rapidement.

    Fin octobre, ces combattants af-fils Al-Qaida ont expuls plu-sieurs groupes apparents ASL, notamment Harakat Hazzm, de leurs positions dans la province dIdlib. Pour viter que les combatsne stendent, les chefs de Harakat Hazzm et Al-Nosra dans le gouver-norat voisin dAlep ont sign un pacte de non-agression. Mais ce rapprochement tactique, motiv par la progression du rgime, est mis rude preuve par les bom-bardements de laviation amri-caine, qui, outre lEI, a vis trois reprises Al-Nosra. Le refus des Etats-Unis de frapper les forces du rgime place les brigades soute-nues par Washington dans une position de plus en plus inconfor-table, non seulement face aux dji-hadistes, mais galement vis--vis de leur propre base.

    Avec lEI, le front est pour lins-tant gel. Les soldats du califat ,qui staient empars pendant lt de plusieurs villages des en-virons dAlep, concentrent pourlinstant leurs efforts sur Koban, la ville kurde, plus lest, o ils font face une rsistance plus ar-due que prvu. Quelle que soit lissue des combats de Koban, lEI pourrait dcider aprs de rallumer les hostilits avec lASL, en exploi-tant le fait quelle est la limite de ses capacits face aux troupes loyalistes , analyse Noah Bonsey, de lInternational Crisis Group. Pour les rebelles dAlep, la bataille de la route de Castello ressemble un baroud dhonneur. p

    benjamin barthe

    Dtermins

    tenir la route

    de Costello,

    synonyme de

    survie, les rebelles

    serrent les rangs

    200 000Cest le nombre approximatif de morts causes par le conflit syrien depuis mars 2011, selon les donnes recueillies par les Nations unies et plusieurs ONG. Selon le Haut-Commissariat aux rfugis, 7,2 millions de Syriens ont t dplacs lintrieur des frontires de leur pays, et 3,3 millions de Syriens ont fui ltranger.

    UNION EUROPENNE77 eurodputs contre la CommissionUne motion de censure a t dpose, mardi 18 novembre, contre la Commission du Luxembourgeois Jean-Claude Juncker, signe par 77 dputs europens. La plupart sont des europhobes de lEurope of Freedom and Direct Demo-cracy (EFDD) du Britannique Nigel Farage ou de la dlga-tion du Front national. Ils d-plorent les milliards deuros perdus suite au systme dva-sion fiscale () mis en place au Luxembourg , quand M. Junc-ker en tait le premier minis-tre. Les europhobes ne dispo-sent que dune centaine de siges sur les 751 du Parle-ment europen.

    ESPAGNEUn navire de Greenpeace saisi au large des CanariesLe navire de Greenpeace lArc-tic-Sunrise a t mis sous s-questre Arrecife, sur lle de Lanzarote, mardi 18 novem-bre, par les autorits espagno-les. Celles-ci doivent faire face une vague de protestation de la part des militants colo-gistes, mais aussi des lus locaux contre la campagne de prospection dhydrocarbures lance par la compagnie ptrolire Repsol, une cin-quantaine de kilomtres au large des Canaries. (AFP.)

    CORE DU NORDPremier pas lONU pour traduire Pyongyang devant la CPILa commission des droits hu-mains de lAssemble gn-rale de lONU a vot, mardi 18 novembre, une rsolution demandant au Conseil de s-

    curit de saisir la Cour pnale internationale (CPI) afin den-gager des poursuites envers la Core du Nord pour crimes contre lhumanit, 111 voix pour, 19 contre et 55 absten-tions. Le vote a provoqu la colre de Pyongyang esti-mant quil navait plus de rai-son de ne pas se retenir plus longtemps de conduire des es-sais nuclaires . La mesure, non contraignante, sera tu-die en dcembre par lAs-semble gnrale. (AFP.)

    TATS-UNISExcution au MissouriLeon Taylor, 56 ans a t ex-cut, mercredi 19 novembre, par injection ltale Bonne Terre dans le Missouri (cen-tre), a indiqu Mike OCon-nell, porte-parole du Depart-ment of Corrections du Missouri. Lexcution sest droule alors que quatre des neuf juges de la Cour suprme des Etats-Unis lui auraient accord un sursis. M. Taylor avait t condamn pour le meurtre dun pom-piste dans une station-service de Kansas City en 1994, devant la fillette de 8 ans de sa conjointe. (AFP.)

    Le Snat contre loloduc gant KeystoneLe projet de loi en faveur de loloduc gant Keystone XL, destin acheminer le p-trole extrait des sables bitu-mineux de lAlberta, au Ca-nada, jusquaux raffineries situes prs du golfe du Mexique, na pas obtenu la majorit qualifie de 60 s-nateurs mardi 18 novembre. Le prsident Obama avait laiss entendre quil pourrait opposer son veto cette in-frastructure. (Corresp.)

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  • 6 | international JEUDI 20 NOVEMBRE 20140123

    Le UKIP prospre sur les terres conservatricesLe parti xnophobe britannique est donn favori de llection partielle de Rochester and Strood, dans le Kent

    REPORTAGE

    rochester and strood

    (royaume-uni) - envoy spcial

    Stratgiquement situ ensurplomb de lestuaire dela Medway sur la route deLondres, le chteau de Ro-

    chester a rsist bien des inva-sions depuis le Moyen Age. Prot-gera-t-il David Cameron, jeudi 20 novembre, de lhumiliationdune nouvelle dfaite face au parti anti-europen et xno-phobe UKIP ? Rien nest moins sr.

    Mme si lon ignorait les sonda-ges qui donnent une avance de12 points Mark Reckless, le d-put conservateur local qui, enfaisant dfection en faveur du UKIP, a provoqu cette lectionpartielle, des conversations en-tendues au hasard des rues de cette petite ville suffisent pren-dre la mesure de ladhsion un discours qui dsigne lestablish-ment politique et les immigrs comme les responsables de tous les maux.

    Casquette brune visse sur satte de cheminot rouquin, RichardMurray, 54 ans, boit son Pepsi sur un banc de Strood, la cit popu-laire spare de la ville historique par un long pont sur la Medway. Cet ancien de British Rail, compa-gnie privatise, dmarre au quart de tour : il en a marre des politi-ciens dconnects de la vie des gens, et des frontires ouvertes . Pour la premire fois de sa vie, il va, lui aussi, faire dfection aux grands partis. En-va-his , articu-le-t-il en parlant des trangers, pourtant moins nombreux (3 %) localement que la moyenne natio-nale. Quant lEurope, elle prend notre argent, puis nous renvoie la petite monnaie en dcidant notreplace quoi nous devons lutiliser .

    Si llection partielle de Roches-ter and Strood est considre

    comme cruciale , cest quelle nese contente pas de reproduire le scnario du scrutin qui, le 9 octo-bre, a envoy Westminster le premier dput UKIP, Douglas Carswell. Contrairement Clac-ton-on-Sea, station balnaire ladrive, la circonscription du Kent, quarante minutes de train de Londres, prsente une sociologie contraste. Les magasins bio, les antiquaires et les maisons colombages qui ont inspir Char-les Dickens balisent la High Streetde Rochester. Au-del du pont, cest un autre monde, la fois nud routier, centre commercial bas de gamme et lotissements populaires, sur fond de dsindus-trialisation. Une victoire du UKIP dans un tel microcosme de lAngleterre pourrait en annoncer bien dautres aux lections lgis-latives du 7 mai 2015.

    Dfaite annonce

    Le danger na pas chapp DavidCameron. Le premier ministre, aprs avoir dcrt la mobilisa-tion gnrale pour sauver un sige gagnable , a fait machine arrire lorsque les sondages ont donn lavantage au UKIP. Il tente dsormais de minimiser limpact dune dfaite annonce.

    En radicalisant son discours surlimmigration, la candidate con-servatrice, Kelly Tolhurst, a tay limpression de panique. Sur limmigration, il faut des actes, et pas seulement des mots , rpte-t-elle. Une insistance qui permet Mark Reckless dapparatre pres-que modr. La question nestpas raciale mais sociale, assure dun ton docte cet ancien consul-tant financier la City. Les gens dupeuple constatent que les tran-gers font leur travail pour moins cher. Ils rclament des restric-tions. Vomissant ladhsion britannique lUnion euro-penne De Gaulle avait rai-

    UKIP . Les employeurs choisis-sent les gens qui leur cotent lemoins cher, lance-t-il. Il fautcontrler limmigration. Et ne ditespas que je suis raciste : ma compa-gne est antillaise !

    Les rponses des travaillistes ces inquitudes sont quasi inau-dibles. Jugeant llection perdue, le parti na gure investi Roches-ter. Fait sans prcdent, DavidCameron a appel les travaillistes voter conservateur pour fairebarrage au UKIP. Le Labour, lui,

    apparat dsarm face la rhtori-que simple de la droite extrme.

    Pourtant, la circonscription deRochester a souvent t reprsen-te par un lu travailliste, comme en tmoignent les photos jaunies des anciens dputs au mur de la permanence de Naushabah Khan, la candidate du Labour, crdite demoins de 20 % des voix. La vraie rponse aux inquitudes sur lim-migration, cest de faire respecter un salaire minimum et dinterdire les petites annonces publies seule-

    ment ltranger , affirme-t-elle. Rguler le travail ? a ne se fera

    jamais dans ce pays. Les trangers auront toujours un avantage , rtorque Chris White, un chau-dronnier naval de Strood, lecteurtravailliste de toujours pass auUKIP. Cette lection marque la triste victoire de lignorance , sedsole en rponse Sally Oliver, un professeur danglais. Elle paratbien isole, sur High Street, Rochester. p

    philippe bernard

    Le candidat du UKIP Mark Reckless, en campagne Rochester (Kent), le 18 novembre. BEN STANSALL/AFP

    ENTRETIEN

    A ncien prsident du Sn-gal (1981-2000), AbdouDiouf termine, 79 ans,son troisime et dernier mandat en tant que secrtaire gnral de lOrganisation internationale de la francophonie (OIF), qui doit lui trouver un successeur au sommetde Dakar, les 29 et 30 novembre.

    Pensez-vous que le cas Com-paor au Burkina Faso, va faire changer davis les diri-geants africains qui projettent de modifier la Constitution pour se maintenir au pouvoir ?

    Je suis sr que cela les fera rfl-chir. La dclaration de Bamako,adopte en 2000, dit que la fran-cophonie est contre toute modifi-cation subreptice des Constitu-tions ou du droit lectoral quel-ques mois dlections. Lorsquelon veut modifier la loi fonda-mentale, il faut un consensus.

    Avez-vous mis en garde celui que vous appelez mon ami Blaise Compaor dans vos Mmoires , rcemment pu-blis (Seuil, 384 p., 24 ) ?

    Je ne renie pas mon amiti pourBlaise Compaor. Lorsque jtais chef de lEtat, nous avons travaillla main dans la main dans beau-coup de crises. Jai beaucoup ap-prci son rle dans la rsolution de la crise guinenne et au Togo.Au Mali, cest grce lui sil y a eu des lections aprs le coup dEtat.

    Lavez-vous appel pour tenter de le faire changer davis ?

    Non, je nai rien vu venir. Je pen-sais que Blaise Compaor avait ap-prci la situation chez lui, aussi bien quil apprciait les situations en dehors de son pays. Mais dautres efforts ont t entrepris. Ce nest plus un secret que la prf-rence du prsident Hollande tait que Blaise Compaor acceptt de venir me remplacer [ la tte de la francophonie]. Cet t magnifi-que : un homme habitu grer les crises aux cts dun adminis-trateur chevronn et comptent, Clment Duhaime, qui continuait grer le quotidien de lOIF et la coopration.

    Pourquoi ne pas avoir suspendu le Burkina Faso de lOIF, comme cela avait t le cas avec Madagascar ?

    Au Burkina, ce nest pas un coupdEtat. Nous avions un prsidentqui, face une contestation de la rue assez violente, a prfr d-missionner. Larme a combl le vide, rtabli lordre et la scurit.Elle a accept de quitter le pouvoirds que la charte constitution-nelle aura t adopte et quaura t dsign le nouveau chef de latransition civile.

    Plusieurs chefs dEtat africains veulent modifier leur Constitu-tion, est-ce le signe que la d-mocratie recule en Afrique ?

    Non, elle avance. Les peuples nepeuvent plus supporter que les

    mmes restent la tte de lEtat trop longtemps. Un mandat re-nouvelable une fois est suffisant.

    Est-ce que lOIF est toujours une organisation franco-phone ? Parmi ses 57 membres part entire, 25 nont pas le franais comme langue officielle ou co-officielle.

    Ce sont des pays francophiles.

    LOIF devait-elle accepter le Qatar comme membre associ en 2012 ?

    Le Qatar, qui a dvelopp lensei-gnement du franais, pouvait treconsidr comme un pays franco-phile, donc admissible au statutdobservateur de lOIF. Mais il r-clamait de devenir membre asso-ci. Dans la nuit avant louverture du sommet de Kinshasa en 2012, les Qataris ont fait le tour de tous les chefs dEtat africains et arabes pour les convaincre. Le lende-main, il y eut un tir group et, malheureusement, les pays du

    Nord nont rien dit. Ensuite, le Qatar na jamais pay sa contribu-tion, de 600 000 euros par anne.LOIF proposera au prochain som-met que le Qatar se contente dun statut dobservateur.

    Selon le rapport de lOIF, 274 millions de personnes sont capables de sexprimer en franais dans le monde. Et daprs les projections, en 2050,715 millions seront francopho-nes, dont 85 % en Afrique. Nest-ce pas optimiste ?

    Le franais continue de progres-ser dans le monde et la demande pour apprendre cette langue est suprieure loffre de cours. Mais le franais est un colosse aux piedsdargile : le maintien de cette pro-gression, en concomitance avec la croissance dmographique de lAfrique, suppose une politique ducative ambitieuse, qui sappuiesur les langues nationales. Actuel-lement, les moyens manquent.

    Quels sont vos plus grands regrets, aprs vos douze an-nes la tte de lOIF ?

    Je nai pas russi convaincre lesFranais, surtout les scientifiques,de ne pas recourir langlais dans les cnacles internationaux. Jaideux autres regrets : navoir pu obtenir que lAlgrie et Isral ad-hrent la francophonie, bien que jaie tout fait pour. p

    propos recueillis par

    christophe chtelot

    et martine jacot

    Au Burkina, ce

    nest pas un coup

    dEtat. Larme

    a rtabli lordre,

    puis accept

    de quitter

    le pouvoir

    ABDOU DIOUF

    son ! , il dit vouloir donner la priorit aux originaires du Com-monwealth pour immigrer, et ali-gner les Europens sur les ressor-tissants du reste du monde.

    Linsistance de M. Reckless proclamer sa dfense de lhpi-tal local, class parmi les pires dAngleterre, rpond au nouveau mot dordre du UKIP : attirer leslecteurs populaires du Labour. Avec un certain succs. Jeffrey Skipter, un installateur dascen-seur au chmage, veut essayer le

    LHISTOIRE DU JOUR En Asutralie, Franois Hollande dune guerre lautre

    canberra - envoy spcial

    F ranois Hollande souhaitait poursuivre, en Australie, soncycle mmoriel sur le centenaire de 14-18. Mais duneguerre lautre, cest surtout de celle livre contre lEtatislamique (EI) quil fut question dans ses changes avec Tony Abbott, le premier ministre australien, mercredi 19 novembre, Canberra. Nous sommes allis dans la lutte contre le terro-risme , a rappel le prsident de la Rpublique, soutenu par son ami Tony lors dune confrence de presse commune. Avant de se rendre au War Memorial pour un hommage aux quelque

    46 000 Australiens morts en Europelors de la Grande Guerre, les deuxhommes ont affich une grandeproximit de vue sur les questions in-ternationales.

    Une telle scne aurait t impensa-ble il y a quelques annes, quand lesessais nuclaires franais dans le Paci-fique empoisonnaient les relationsmutuelles. Mais aujourdhui, les voi-sins par lintermdiaire de la Nou-velle-Caldonie se sont retrouv desintrts communs, notamment mili-

    taires. Nous nous sommes rapprochs depuis la collaboration dans la force internationale pour le Timor oriental , explique un haut grad de larme.

    Les deux pays esprent que cette entente nouvelle dboucherasur un approfondissement des relations conomiques. Si la France affiche un excdent commercial de 1,7 milliard deuros, elle est trs loin de partenaires comme la Chine, avec qui lAustra-lie vient de signer un accord de libre-change. MM. Hollande et Abbott ont voqu tous deux un processus de ce type entre lAus-tralie et lUnion europenne. Paris souhaite se positionner sur diffrents marchs, comme les quipements en infrastructure eten tlcom de limmense territoire australien.

    Mais le principal objectif reste les sous-marins dont lAustralieveut squiper. Ce march franchit allgrement la double dizainede milliards de dollars , se rjouissait-on dans lentourage du chef de lEtat. Alors que les Japonais semblent avoir une longueurdavance, la France espre que la relation centenaire avec lAus-tralie, dont les troupes ont t invites dfiler Paris le 14 juillet 2016, psera le moment venu. p

    nicolas chapuis

    FRANOIS HOLLANDE SEST RENDU AU WAR MEMORIAL EN HOMMAGE AUX 46 000 AUSTRALIENS MORTS EN EUROPE

    Les peuples africains ne supportent plus que les mmes restent au pouvoir trop longtemps Abdou Diouf, le secrtaire gnral de lOIF, souligne les avances de la dmocratie

  • 0123JEUDI 20 NOVEMBRE 2014 plante | 7

    En Guine forestire, un espoir contre EbolaA Macenta, alors que lpidmie continue de faire des ravages, Paris installe un centre de traitement de 50 lits

    suite de la premire page

    Lpidmie est loin dtre souscontrle et les humanitaires re-doutent mme un nouveau pic.Cest l, dans lpicentre dEbola, que la France vient de livrer son premier centre de traitement. Construit par Mdecins sans frontires (MSF), financ par legouvernement franais, il estgr par la Croix-Rouge. Le per-sonnel esprait une mise en ser-vice progressive pour se familia-riser avec les procdures et les lieux. Mais la fivre hmorragi-que ne laisse pas de rpit.

    A peine lambulance de la petiteKoto, dsinfecte, est-elle repartiepour le centre de transit de Ma-centa, situ derrire lhpital de laville et gr par MSF, quune autrearrive : une maman et sa petite fille en descendent. Le ballet des vhicules sanitaires est incessant. Mardi, en dbut de soire, unepoigne dheures aprs sonouverture, le tout nouveau centrede traitement dEbola (CTE) abrite dj cinq cas confirms, cinq pro-bables et dix suspects. Deux dcssont dnombrer et onze mala-des sont attendus dans la soire. Quatre-vingt-dix sacs mortuaires ont t livrs. La capacit du cen-tre, dune cinquantaine de lits,pourrait rapidement tre porte soixante-dix.

    La veille, lectriciens, logisti-ciens et ingnieurs watsan (chargs de lassainissement et deleau) taient encore pied duvre pour terminer le centre. Les personnels de la Croix-Rouge

    et de lEprus des rservistes re-groups au sein de lEtablisse-ment de prparation et de r-ponse aux urgences sanitaires ne sont arrivs, pour certains, quedepuis deux jours. Lundi soir, lorsdun ultime briefing, une ving-taine de volontaires franais rece-vait les dernires consignes de s-curit : zro contact, surveillance mutuelle pour viter toute conta-mination.

    Il faut tre vraiment prudent, ily a eu un cas rcent dans le quar-tier Bamala, l o se trouve notre base , insiste Jrme Guillau-mot, coordinateur des oprations pour la Croix-Rouge franaise. Lesquelque deux cents Guinens,gardiens, chauffeurs, cuisinires,lavandires, hyginistes peu-vent tre contamins lextrieurdu centre.

    A 7 heures du matin, mardi, lorsde la runion de coordination qui runit tous les partenaires (Croix-Rouge guinenne et franaise, MSF, OMS, Unicef, autorits loca-les, responsables dassocia-tions), sous lgide de la Direc-

    tion prfectorale de la sant, la journe commence par un bilan : nouveaux malades, dcs, actionsde dsinfection. Un coup de tl-phone informe de louverture dun nouveau foyer Ebola Mo-mokouedou. Il y aurait un dcs et deux malades svrement at-teints. De nombreuses personnes ont probablement t en contactavec le virus. La mauvaise nou-velle provoque limpatience deMichele Telaro, le responsable ter-rain de MSF Macenta. Ce foyer de Momokouedou nous interroge sur la capacit suivre les con-tacts, il faut renforcer ce travail , insiste-t-il. Les autorits locales annoncent 637 contacts suivis.Une statistique improbable quand on sait quune partie des

    visites qui doivent tre faites quo-tidiennement pour suivre la sant de chaque personne ayant t en contact avec le malade ou ledfunt se traduit souvent par un simple coup de tlphone.

    Dsorganisation importante

    Seule louverture de nouveauxcentres claire lhorizon. La Gui-ne forestire va bientt compter trois CTE. Celui de Guckdou,gr par MSF, Macenta, tenu par laCroix-Rouge, et NZrkor, con-fi lorganisation internationale Alima, avec lappui du Pro-gramme alimentaire mondial (PAM). Tout le dispositif imagin,lors du pic du mois daot, se met en place concrtement ; trois mois aprs, le systme devient enfin

    fonctionnel , se rjouit Marc Pon-cin, coordinateur de la rponseEbola pour MSF en Guine. De quoi envisager, selon lui, un recul possible de lpidmie dici deux trois mois.

    Le mdecin-colonel Rmy La-mah, ministre de la sant gui-nen, lui, veut croire une fin pro-che. Lors de linauguration offi-cielle du centre de Macenta le14 novembre, en prsence de la se-crtaire dEtat au dveloppementet la francophonie, Annick Gi-rardin, il a remerci les autorits franaises : Grce votre sou-tien, nous parviendrons bouter cette maladie hors de notre pays dici la fin de lanne.

    Malgr les rcents et impor-tants moyens financiers, mat-riels et humains, cet horizon pa-rat inatteignable. Quand un foyer semble rsorb, un autre ap-parat. La dsorganisation est im-portante, la coordination dans lesprfectures reste imparfaite. Lestemps de rponse sont souvent trop longs. Et puis, il reste lhosti-lit persistante de certaines com-munauts lgard des ONG.

    Des villages, comme Passima,ont install des barrages pour in-terdire les entres et contrler les sorties des habitants. Pris de vi-tesse, le personnel du centre de traitement de Macenta na pu ef-fectuer les visites de sensibilisa-tion ncessaires pour gagner laconfiance de la population.

    Mme Girardin, confirmant les d-clarations du chef de lEtat fran-ais le 18 septembre, a annonc denouvelles initiatives. En coupant

    le ruban symbolique, aux portes du CTE de Macenta, elle sest flici-te de voir lengagement franais se concrtiser et a annonc une aide pour la construction de deuxnouveaux centres Krouan etBeyla. Une unit de formationpour les personnels guinens doitaussi tre ouverte par la scuritcivile franaise. Les services sani-taires de larme vont, eux, grerun centre de prise en charge et de rapatriement pour les personnelsexpatris malades, proximit delaroport de Conakry.

    Nous avions pos comme lunedes conditions notre engage-ment le rapatriement le plus effi-cace possible, en 72 heures maxi-mum, des personnels malades ,explique Stphane Mantion, le di-recteur gnral de la Croix-Rouge franaise. A Macenta, personne ne veut penser lhypothse dunaccident. Le plus dur, cest de se dire qu la fin de notre mission, lpidmie sera toujours l , con-fie Valrie Tribolet, infirmire Montauban. p

    rmi barroux

    Guckdou

    Macenta

    150 km

    GUINE

    SIERRA

    LEONE

    LIBERIA

    CTE

    DIVOIRE

    MALI

    GUINE-

    BISSAU

    SNGAL

    Conakry

    Freetown

    Monrovia

    OcanAtlantique

    Malgr les rcents

    et importants

    moyens matriels

    et humains,

    bouter Ebola hors

    du pays dici la fin

    de lanne parat

    inatteignable

    Des villages

    ont install

    des barrages

    pour interdire

    les entres

    et contrler

    les sorties

    des habitants

  • 8 | france JEUDI 20 NOVEMBRE 20140123

    Budget : plus facile avec un Snat de droiteLe gouvernement sattend une discussion moins chaotique sur le projet de loi de finances pour 2015

    Vaut-il mieux, pour ungouvernement de gau-che, avoir affaire unSnat de droite ?

    Adopt mardi 18 novembre lAs-semble nationale, le projet de loi de finances pour 2015 va prsenttre discut au Snat partir dujeudi 20. Et cest un tonnant pa-radoxe quoffre la seconde Cham-bre, reconquise par la droite lors des dernires lections snatoria-les. A linverse des annes prc-dentes o, en dpit dune fragilemais toute thorique majorit degauche, lalliance des contraires entre la droite et le PCF aboutis-sait au rejet du projet de budget ds le vote de la premire partie,consacre aux recettes, emp-chant lexamen de la seconde par-tie, portant sur les dpenses, la discussion devrait, cette fois, aller son terme.

    Cest ce quassure le nouveaurapporteur gnral de la commis-sion des finances, Albric de Mon-tgolfier. Nous irons jusquau bout,promet le snateur (UMP) dEure-et-Loir. Nous ne dposerons pas de

    motion de procdure, il ny aura pas de rejet de la premire partie, on adoptera un texte et on ira jus-qu la commission mixte pari-taire , compose de sept dputs et de sept snateurs pour tenter deconcilier les positions des deux Chambres. Une volont quil par-tage avec la prsidente (PS) de la commission, Michle Andr, elle aussi dtermine ce que le Snat adopte un texte pour que le dbat se poursuive jusqu la CMP.

    Sauver le bicamrisme

    Une position dont le gouverne-ment se rjouit. Cest plus facilede dbattre avec un Snat de droiteanim de cet tat desprit quavec un Snat de gauche ingouverna-ble, constate le ministre des finan-ces, Michel Sapin. On va pouvoir enfin sintresser aux textes quiaboutissent plutt qu ceux quisont rejets.

    La droite snatoriale, soucieusede restaurer une image de linsti-tution passablement dgrade, entend dialoguer avec le gouver-nement et pouvoir peser surlvolution des textes, comme cela a pu tre constat sur le projetde loi dlimitant les rgions. La ligne, avant tout, cest de sauver le bicamrisme, de faire exister le S-nat, montrer que le Snat daujourdhui nest pas celui dhier,dfend le nouveau prsident du groupe UMP, Bruno Retailleau. On

    Syndrome de Stockholm la commission des finances

    C est un nouveau tan-dem, pour le moinsinattendu, qui, pour lapremire fois, va conduire les d-bats budgtaires au Snat. Un homme et une femme, respecti-vement rapporteur gnral (UMP) et prsidente (PS) de la commission des finances, et re-prsentatifs de limportant re-nouvellement des postes res-ponsabilit du Snat qui a suivi les lections du 28 septembre.

    A eux deux, Michle Andr (Puy-de-Dme) et Albric de Montgol-fier (Eure-et-Loir) ont tourn la page Philippe Marini, lindbou-lonnable rapporteur de la com-mission de 1998 2011 puis prsi-dent jusquen 2014. Alors que le s-nateur de lOise plaidait pour quela prsidence reste droite et sipossible lui , le poste a t rat-tribu la gauche, comme le veut lusage et, au groupe socialiste,Michle Andr la emport face lancienne ministre Nicole Bricq.Quant au poste de rapporteur, re-venant logiquement lUMP, il a

    galement chapp M. Marini qui, face une alliance du re-nouvellement des deux autres candidats et aprs avoir dj es-suy une cuisante dfaite pour laprsidence du Snat, a d laisser laplace Albric de Montgolfier.

    A la loyale

    Entre lavocat aux conseils de 50 ans, diplm de finance et march des capitaux, et lan-cienne directrice dtablissement social et ex-prsidente de la dl-gation snatoriale aux droits des femmes, de dix-sept ans son ane, le cocktail promettait dtredtonant. Il se rvle tonnant. Cest le syndrome de Stockholm ,plaisante un hirarque de lUMP, surpris de la rapidit avec laquelle le duo a trouv ses marques. Ds lapremire runion du bureau de la commission, ils se sont accordssur la mthode de travail. Avec Michle Andr, on sigeait au con-seil dorientation de la Banque pu-blique dinvestissement. Nousavons des diffrences de caractre

    et de culture mais nous nous som-mes mis daccord sur un mode de gouvernance et nous nous appr-cions sur le plan humain , assure le rapporteur gnral. Nous avons sig ensemble pendant sixans, nous nous opposons laloyale , poursuit la prsidente.

    Lui, plutt effac, a depuis sonlection au Snat, en 2008, d res-ter dans lombre de son devancier, peu enclin faire de la place ses collgues. Cest un gentil, pas un mchant, et ce nest pas un or-gueilleux , le dpeint un de ses amis politiques. Des qualits hu-maines qui, au Parlement, pour-raient faire figure de handicap. Un gros bosseur, qui aime la m-canique fiscale, extrmement vif, mme si sa pense va parfois plus vite que ses mots , renchrit un autre. A gauche comme droite, il est dcrit comme un libral prag-matique, pas un idologue .

    Des mots que lon retrouve chezMichle Andr, ancienne secr-taire dEtat charge des droits des femmes dans le gouvernement de

    Michel Rocard (1988-1991) et qui garde de son mentor une devise : pragmatisme et vrit . Soutien indfectible de la politique du gouvernement, cette femme aucaractre bien tremp dont les antagonismes avec lancien sna-teur (ex-PS) Michel Charasse, luiaussi lu du Puy-de-Dme, sont rests fameux se dit traumati-se par les deux dernires annesvides qui ont montr que le Snat pouvait ne rien faire et donc posla question de son utilit .

    Aprs avoir t la premirefemme vice-prsidente du Snat, celle qui est aussi vice-prsidente de la Fraternelle des parlementai-res devient la premire femme prsider la commission des finan-ces. Elle affirme ne pas constater de misogynie dans la maison : Simplement, quand on a une oc-casion de remettre en place un homme, on le fait, on ne va paspleurer. Monsieur le rapporteur gnral est prvenu. p

    hlne bekmezian

    et patrick roger

    Le ministre des finances, Michel Sapin, lAssemble nationale, mardi 18 novembre, lors du vote du budget 2015. F. LAFITE/WOSTOK PRESS

    La ligne,

    cest de montrer

    que le Snat

    daujourdhui

    nest pas

    celui dhier

    BRUNO RETAILLEAU

    prsident du groupe UMP

    ne fait pas de coups. Sur les r-gions, il ntait pas envisageable que le Snat renvoie une copie blanche. Il fallait imprimer notre marque et bousculer les clivages. Jepense que Valls a eu lintelligencede le comprendre. Le pari est aux trois quarts gagn.

    Drive

    Ces dispositions nouvelles rsis-teront-elles lpreuve du bud-get ? Il faut tre conscients quen matire budgtaire, plus que dans toute autre, linitiative appartientau gouvernement et le dernier motappartient lAssemble natio-nale , rappelle M. de Montgolfier,qui se veut raliste . Nous nal-lons pas prsenter un contre-bud-get, nous nen avons ni les moyens ni les outils, explique le rappor-teur gnral. Mais nous devons aussi tre responsables : le texte qui sortira du Snat nentranera pas daggravation du taux de pr-lvements obligatoires, et mmelamliorera. Le Snat essaiera demarquer son empreinte sur la fis-

    amendements visant rtablir lesjours de carence dans la fonction publique, limiter les crations de postes dans lEducation natio-nale et portera notamment le fer contre laide mdicale de lEtat (AME), cette couverture maladiegratuite, cre en 2000, rserveaux trangers en situation irrgu-lire. La droite en a fait son cheval de bataille, estimant quelle est un

    calit familiale et sur le soutien auxpetites et moyennes entreprises.

    LUMP dfendra, loccasion dece projet de loi de finances, despropositions qui seront autant de marqueurs . Elle entend rduire substantiellement le dficit de lEtat tel quil ressort, 75,8 mil-liards deuros, de lexamen en pre-mire lecture lAssemble natio-nale. Elle prsentera donc des

    encouragement limmigration illgale. Son cot augmente rgu-lirement et, chaque anne, les crdits prvisionnels sont syst-matiquement dpasss : 677 mil-lions deuros sont prvus dans le budget 2015 (+ 12 % par rapport 2014). Il nest pas question de lais-ser filer ce poste , slve M. Re-tailleau, qui dnonce une d-rive .

    Elle devrait aussi attirer latten-tion sur deux budgets son avis particulirement malmens : la dfense On ne peut pas vouloir la fin sans les moyens , estime le prsident du groupe UMP et les collectivits territoriales. LEtatne peut pas demander aux collecti-vits de faire des conomies et ac-crotre paralllement leurs efforts,dfend M. de Montgolfier. Nousavons trs peur de leffet rcessif sur leurs investissements. Aussi dispose soit-elle au dialogue, la droite snatoriale nen oublie pas pour autant quelle reste danslopposition. p

    p. rr

    La future prime dactivit dvoileLe premier ministre, Manuel Valls, devait prsenter, jeudi 20 no-vembre en conseil des ministres, les contours de la future prime dactivit appele se substituer la prime pour lemploi (PPE) et au revenu social dactivit (RSA). La suppression de la PPE, qui est un crdit dimpt, est prvue dans le projet de loi de finances rectificative qui va tre examin en dcembre afin de sappliquer en 2016. Le futur dispositif devrait bnficier aux mnages mo-destes, la prestation tant verse individuellement aux membres du foyer exerant une activit salarie rmunre jusqu environ 1,2 smic. Les jeunes de moins de 25 ans, qui ntaient pas ligi-bles au RSA activit, pourront y prtendre. La rforme se fera crdits constants en cumulant les 2 milliards deuros consacrs au RSA et 1,9 milliard deuros dconomies ralises grce la suppression de la PPE. Un texte de loi sera prsent en 2015.

    266dputs ont vot le PLF

    LAssemble nationale a vot pour lensemble du projet de loi de finances (PLF). 245 membres du groupe socia-liste ont vot pour, 37 se sont abstenus et Chantal Ber-thelot et Fanny Dombre-Coste ont vot contre par er-reur. Le budget a t approuv par 3 cologistes, le reste du groupe sabste-nant, et 14 membres du groupe radical, rpublicain et progressiste sur 17. La droite et le PCF ont vot contre.

    - CESSATIONS DE GARANTIE

    COMMUNIQUE - 104539

    En application de larticle R.211-33 du livre II du code du tourisme,

    LASSOCIATIONPROFESSIONNELLEDE SOLIDARITE DUTOURISME (A.P.S.T.)

    dont le sige est situ : 15, ave-nue Carnot - 75017 PARIS, an-nonce quelle cesse daccorder sagarantie :

    COSMOPOLITE VOYAGESImmatriculation :

    IM 031 12 0034SARL au capital de 7500

    Sige social : 39 routede TARBES 31170TOURNEFEUILLE

    Lassociation prcise que la cessa-tion de sa garantie prend effet 3jours suivant la publication de cetavis et quun dlai de 3 mois estouvert aux clients pour produireles crances.

    COMMUNIQUE - 104541

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  • 10 | france JEUDI 20 NOVEMBRE 20140123

    A lUMP, les blessures sont toujours vives Les militants du parti de droite choisissent leur prsident le 29 novembre. Partags entre doutes et espoir

    Ils scandent des Nicolas !Nicolas ! lors dun meetingen Indre-et-Loire, dialo-guent avec Herv Mariton

    dans un troquet de Tourcoing (Nord) ou manifestent bruyam-ment leur soutien Bruno LeMaire Nmes. Ils , ce sont les quelque 266 000 adhrents UMP, qui nont pas quitt le navire mal-gr les dfaites lectorales de 2012,le fiasco de la guerre Cop-Fillonfin 2013 ou le scandale Bygmalion,dbut 2014. Partags entre amer-tume et espoir, ils sont appels lire le 29 novembre le successeurde Jean-Franois Cop la prsi-dence du parti de droite.

    Avant cette chance, la base mi-litante est partage entre les trois candidats en lice : Nicolas Sarkozy,Bruno Le Maire et Herv Mariton. Les inconditionnels de lancien chef de lEtat restent les plus nom-breux. A la diffrence des autres,les militants sarkozystes manifes-tent le plus denthousiasme. Ils se pressent ces meetings comme sils allaient voir un concert deleur chanteur prfr, tiennent bout de bras des pancartes et rientsans retenue lhumour pince-sans-rire de leur idole.

    Il parle bien

    La plupart dentre eux vouent unevraie dvotion leur Nicolas , avec qui ils entretiennent une re-lation passionnelle, quasi affec-tive. La preuve : Nice, fief sarko-zyste par excellence, la majorit des militants admirent moins ses ides que sa personnalit. Ce quejapprcie chez lui, cest son cha-risme. Il parle bien et surtout, il est rassurant au moment o il y a tel-lement de problmes , estime Da-nuta Majkut, une rceptionniste de 56 ans trs apprte. Jaime Nicolas Sarkozy car cest un homme qui a de la classe. Il repr-sente mieux la France linterna-tional que Franois Hollande ! , abonde Louise Almas, retraite de68 ans, qui habite Antibes. A ses yeux, lancien chef de lEtat estlhomme providentiel dont la France a besoin : Lui seul peut re-lever le pays. Jaime lnergie de Sarkozy, poursuit Jean Seren, 82 ans, encarte lUMP depuis

    2002. La France est un pays ingou-vernable donc pour faire passer des rformes, il faut quelquun qui puisse taper du poing sur la table.

    Inquiets par la pousse du FN etattrists de voir certains adh-rents quitter le bleu pour le bleufonc, dautres mettent en avant la capacit de M. Sarkozy contrerMarine Le Pen. Il est le mieuxplac pour rcuprer llectorat du FN grce ses ides sur limmigra-tion, notamment sur Schengen , souligne Jordan Galtier, un lycende 17 ans habitant Nice. EmmaLemaot fait la mme analyse : Il porte un discours assez ferme pour dissuader les lecteurs de droite daller au FN. Ses proposi-tions sur limmigration peuvent enretenir une partie , estime cette tudiante en sciences de lduca-tion de 22 ans, qui fait partie ducollectif des tudiants avec Nico-

    las Sarkozy. Dans les Alpes-Mariti-mes, le discours droitier de lex-prsident rencontre un franc suc-cs. Sarko, il est le seul proposerdes mesures assez dures pour em-pcher les Roms et les immigrs de nous envahir , semporte Grard-Michel Dupont, retrait de 71 ans, qui rside Juan-les-Pins.

    Un avis qui nest pas partagdans tous les dpartements. En Sa-voie, lune des plus petites fdra-tions avec ses 2 300 militants, les tracts contre le niqab envoys par le sige parisien du parti, en 2013, sont passs directement la pou-belle. Vous me voyiez aller distri-buer a sur les marchs de Cham-bry ? , ironise Florian Maitre, res-ponsable des jeunes UMP dans le dpartement. Adhrent depuis 2006, ce jeune homme de 24 ans

    est venu la politique dans le sillage de M. Sarkozy. Aujourdhui, il penche pour Bruno Le Maire par dfaut car il ne veut pas con-fondre les chances lectorales : La question centrale est de savoir qui a le meilleur profil pour redres-ser le parti. LUMP ne peut pas tre un simple marchepied pour lEly-se. Julien D., membre des jeunesactifs du parti en Savoie, voit, lui, Nicolas Sarkozy comme le mieux mme de fdrer la droite . Mais comme dautres, ce militant de 30 ans doute des chances de lex-pr-sident en 2017 cause de son as-pect trop clivant .

    Mme sils ne soutiennent pasle mme candidat, tous les mili-tants ont un point commun : ils restent traumatiss par le conflitCop-Fillon. Certains, inquiets de

    voir que la bataille pour 2017 estdj engage droite, se mon-trent effrays par le retour anti-cip de Nicolas Sarkozy. Partir encampagne deux ans et demi avant lchance, cest se couper les jam-bes avant de commencer mar-cher , juge Damien P., manageur de musiciens et militant depuis 2007. Pour ce trentenaire, qui ne sait pas encore pour qui voter, lancien chef de lEtat prend le ris-que de se rabaisser en repassant par la case UMP : Nicolas Sarkozyse place au mme niveau que Cop.Une fois la tte du parti, il va de-venir ladversaire de Jean-Christo-phe Cambadlis, de Franois Bay-rou ou de Marine Le Pen alors quil est ancien prsident.

    Dans un contexte de rejet de laclasse politique, le besoin de re-nouveau credo de Bruno LeMaire est bien rel chez une par-tie des militants. Je me mfie de plus en plus de la peopolisation de

    la vie politique, des personnes qui passent la tl pour finalementne rien changer. Jai limpression quil faut un homme neuf , expli-que Patricia, avocate de 27 ans Chambry.

    Amateurisme

    Ceux qui ont donn pour le Sarkothon lt 2013 se mon-trent sensibles aux discours dHerv Mariton et de Bruno Le Maire sur le besoin de transpa-rence : Des gens ont t pays pour surveiller les comptes de lUMP et de la campagne de 2012. Mais comme ils ont t dfaillants, on a d payer pour rembourser la dette du parti Le constat dama-teurisme est terrible , se dsole Flo-rian Maitre. Il est rejoint par Nol Traversier, un autre militant de Sa-voie, qui rejette le projet de NicolasSarkozy visant renommer lUMP : Les blessures sont tou-jours vives et ce nest pas en chan-geant le nom du parti que lon fera des miracles. Combien de fois la-t-on rebaptis depuis de Gaulle ?

    Sils redoutent que les rivalitsfassent exploser le parti, les adh-rents ont, eux aussi, dj la tte la primaire droite pour la prsi-dentielle. Trs loin de la rue deVaugirard ou des plateaux de BFM-TV, les inconditionnels deNicolas Sarkozy se projettent dj dans la comptition avec Alain Jupp, le principal rival de lex-pr-sident. Mais ils ont surtout la dentdure avec Franois Fillon, nayant pas digr la manire dont il arompu avec lancien chef de lEtat.

    Laffaire du djeuner de lancienpremier ministre avec le secr-taire gnral de lElyse, Jean-Pierre Jouyet, na pas amlior sa cote de popularit. Il navait pas frquenter les gens que lon ne doit pas frquenter , semporte,par exemple, Marcelle M., mili-tante de 76 ans, venue couter Ni-colas Sarkozy Caen. Mais avant que la course lElyse nenve-nime un peu plus ces tensions naissantes, tous nont quun hori-zon : le scrutin du 29 novembre. p

    matthieu goar

    et alexandre lemari

    Quand Jean Sarkozy sinvite chez Bruno Le MaireLe conseiller gnral des Hauts-de-Seine assistait au meeting du concurrent de son pre

    U ne silhouette la cheve-lure bonde savance lelong dune rue de Neuilly(Hauts-de-Seine). Les camras se mettent au garde--vous, projec-teurs allums. Puis elles la pres-sent, la bousculent avant de sen-gouffrer avec elle jusquau premierrang du cinma Le Village, lieu du 84e meeting de Bruno Le Maire, candidat la prsidence de lUMP. Tiens voil la deuxime star de la soire , ironise un membre de lquipe de M. Le Maire.

    Le nom Sarkozy fait vendre. Et lesjournalistes interrogent dj Jean Sarkozy qui sest invit une ru-nion publique du principal con-current de son pre. Les proches deM. Le Maire prcisent quil a en-voy un message pour prvenir de sa prsence. Javais dj assist

    la runion publique dHerv Mari-ton. En tant que conseiller gnral de ce canton, cest la moindre des courtoisies que de venir accueillir les candidats , explique le vice-prsident des Hauts-de-Seine, vi-tant soigneusement les questions piges sur les rcentes polmiquescomme labrogation du mariage pour tous. Si cest la seule chosequi vous parat tre la ligne de cli-vage, je suis trs optimiste sur cette famille politique , glisse-t-il.

    Lauriers

    Les militants trpignent, deman-dent aux journalistes de quitter la salle. Aprs avoir patient, M. Le Maire fait son entre sous les Bruno prsident ! scands par ses jeunes militants. Lobjectif est de montrer limage dune autre fa-

    mille rassemble : celle de lUMP. Dans cette campagne, on offre limage la droite et aux Franais dune famille politique qui na pas peur du dbat, de la comptition , introduit Jean Sarkozy.

    Bruno Le Maire, qui na jamaiscritiqu en meeting Nicolas Sarkozy, se flicite du niveau de la campagne : Oui, les projets ne sont pas les mmes. On la vu sa-medi. Quest ce que a voudrait dire une dmocratie interne si les pro-jets taient similaires ? Avant de dvelopper ses thmes comme la parit, la transparence financire ou lautorit de lEtat, le candidat tresse des lauriers celui qui avait t au cur de lactualit quand il avait failli devenir prsident de lEtablissement public damnage-ment de la Dfense : Jean a gagn

    sa lgitimit par le suffrage univer-sel (). Tu niras pas loin en politi-que parce que tu tappelles Sarkozy mais parce que tu tappelles Jean. Etjaurai plaisir travailler avec toi dans les annes venir. Avec les-poir davoir limin le pre dici l.

    Aprs avoir reu en cadeau le li-vre de M. Le Maire, Jean Sarkozy sextirpe de la salle. Et rpond une dernire question dun jour-naliste comparant M. Le Maire Nicolas Sarkozy qui, en 1983, fit de Neuilly son tremplin : Bruno nest plus aussi jeune puisque Nico-las Sarkozy avait alors 28 ans. Mais si vous voulez dire quil est sarko-zyste, a je nen ai jamais dout. Mais moi jai toujours pens que le renouveau ctait Nico. Famille quand tu nous tiens p

    matthieu goar

    A gauche, runion publique de Nicolas Sarkozy, Caen, le 10 novembre. CYRIL BITTON / FRENCH-POLITICS

    POUR LE MONDE

    A droite, meeting de Bruno Le Maire Royan (Charente-Maritime), le 20 aot. FRDRIC DESMESURE/

    SIGNATURES POUR

    LE MONDE

    Sils redoutent

    que les rivalits

    fassent exploser

    le parti, les

    adhrents ont,

    eux aussi, dj la

    tte la primaire

    268 341adhrents UMP jour de cotisation

    Les adhrents du parti de droite sont invits dsigner le nouveau prsident de lUMP, le 29 novembre. La majorit dentre eux sont concentrs dans quelques fdrations : Paris, Hauts-de-Seine, Alpes-Maritimes, Bouches-du-Rhne, Yvelines et Var. Lancien prsident de la Rpublique Nicolas Sarkozy, le dput de lEure Bruno Le Maire et celui de la Drme Herv Mariton sopposent lors de ce vote lectro-nique. Un second tour est prvu le 6 dcembre, si besoin.

    Rencontres avec Herv Mariton La Motte-Servolex (Savoie), mardi 28 octobre. SYLVAIN FRAPPAT POUR LE MONDE

    MARC VOINCHET ET LA

    RDACTION

    DU LUNDI AU VENDRED

    I / 6H30-9H

    Retrouvezla chroniqu

    e de Jean Birnbaum

    chaque jeudi 8h55

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  • 0123JEUDI 20 NOVEMBRE 2014 france | 11

    Des moyens et des postes en plus pour renforcer lducation en Seine-Saint-DenisFace la pnurie denseignants, un concours spcial devrait tre organis dans lacadmie

    A paisera ? Napaisera pas ?A la veille dun appel lamobilisation lanc en Sei-ne-Saint-Denis par des syndicats denseignants, leur ministre de tu-telle, Najat Vallaud-Belkacem, de-vait avancer, mercredi 19 novem-bre, les neuf mesures dun plan triennal pour changer la donne ducative dans le dparte-ment le plus jeune et le plus pau-vre de France mtropolitaine.

    Un territoire hors normes enmatire de difficults sociales etscolaires, du ct des lves (dont le taux de russite aux examens est infrieur de 4 points au taux national) comme pour les ensei-gnants : un sur trois selon lUNSA demande chaque anne quitter le dpartement. Pour tenter de pallier le manque de professeurs, lducation natio-nale avait, jusqu prsent, faitmassivement appel des contrac-tuels au moins 300, estime-t-on en cette rentre , qui nont gure bonne presse auprs des parents.

    Elle franchit un pas supplmen-taire en remettant en cause desrgles immuables , a soulign laministre sur France Info mercredimatin, par la cration dun con-cours supplmentaire en 2015. Propre lacadmie de Crteil, il doit offrir 500 postes pourvoir la session prochaine, en plus des 1 685 dj ouverts.

    En dplacement Bondy (Seine-Saint-Denis), la ministre devait galement annoncer la mise en

    place, ds la rentre 2015, duneformation en alternance pour lestudiants inscrits lEcole sup-rieure du professorat et de ldu-cation (ESPE) de Crteil, et ce ds lemaster 1, alors quil leur faut en principe passer le concours et ar-river en master 2 pour dbuter leur anne de stage et percevoir leur premier salaire denseignantstagiaire.

    Troisime annonce trs atten-due, celle concernant la rparti-tion des rseaux dducation prio-ritaire (les REP ) : la Seine-Saint-Denis obtient 78 des 130nouveaux rseaux dvolus laca-dmie, soit 13 de plus que prc-demment, dont 27 REP +, le noyau dur de lducation prio-ritaire, o les professeurs des co-les bnficieront dune indem-nit de 200 euros mensuels et de 18 demi-journes libres dans lanne au primaire (1 h 30 de d-charge par semaine dans le secon-daire). Cela suffira-t-il viter au dpartement les mobilisations que lon voit stendre dans des quartiers de Paris, Toulouse ou Dijon ? A voir.

    Des six autres mesures que Mme

    Vallaud-Belkacem devait d-tailler, on connaissait dj lessen-tiel : poursuite des crations de postes, meilleure rpartition des enseignants titulaires et stagiai-res, rorganisation administra-tive, renforcement du suivi et dela formation des contractuels A leur attention, outre six demi-journes de formation, un con-cours spcifique pour les encoura-ger devenir enseignants sera ouvert ds 2016.

    Quinze ans aprs le plan de rat-trapage de 1998, qui avait fait por-ter leffort sur les moyens avec 3 000 postes crs dans les co-

    les, collges et lyces , cest sur le facteur humain que la Rue de Gre-nelle entend mettre laccent. Len-jeu : accrotre le vivier densei-gnants dans un territoire o le problme nest plus tant de crer des postes 500 nouveaux em-plois sont promis sur les trois prochaines rentres, 800 au total sur le quinquennat que de les pourvoir.

    Vivier local

    Ouvrir un concours spcifique et prrecruter, cela va dans le bonsens, ragit Christian Chevalier,du syndicat SE-UNSA, puisquon largit le vivier par les deux bouts : le vivier externe, en proposant des jeunes recals dans dautres acadmies slectives de se porter une deuxime fois candidat ; le vi-vier local, puisquon permet des jeunes du dpartement, parta-geant bien souvent les codes deleurs futurs lves, de passer les concours en leur fournissant untravail salari.

    Reste savoir comment ces an-nonces seront reues par les autres syndicats, dont le SNUipp-FSU-93, majoritaire, appelant dbrayer le 20 novembre. Dans une lettre adresse la ministre le17, sa secrtaire dpartementale,Vanessa Schneider, a rclam riende moins que 4 100 postes pour raliser le saut qualitatif permet-tant dengager rellement la lutte contre les ingalits scolaires . p

    mattea battaglia

    Lenjeu : accrotre

    le vivier de profs

    dans un territoire

    o le problme

    nest plus tant

    de crer des

    postes que

    de les pourvoir

    2,5 MILLIONSdeuros

    Aprs les rvlations sur son compte en Suisse ouvert en 1992, lancien ministre du budget Jrme Cahuzac a reconnu devant les juges dins-truction tre au courant de lexistence dun compte bancaire non d-clar, crdit de 2,5 millions deuros, ouvert par son ex-pouse en 1997 dans lle de Man. M. Cahuzac connaissait lexistence de ce compte, mais ny a jamais transfr dargent, nen a pas reu, il ignore ce qui a t fait avec , a dclar une source anonyme au quotidien Sud Ouest du mercredi 19 novembre.

    DJIHADISMEUn second Franais parmi les bourreaux de lEtat islamiqueUn second Franais serait en passe dtre identifi parmi les djihadistes ayant pris part la dcapitation dotages en Syrie. Selon une source proche du dossier, il sagirait de Michal Dos Santos, un jeune converti de 22 ans originaire de Cham-pigny-sur-Marne (Val-de-Marne). Le parquet de Paris na pas confirm cette infor-mation, mais a fait tat de fortes prsomptions et pr-cis que les enquteurs tra-vaillaient bien sur ce nom de-puis dimanche 16 novembre. Lindividu, qui se fait appeler Abou Uthman, apparaissait dj dans une information ju-diciaire ouverte fin 2013 dans le cadre dune enqute sur le dmantlement dune filire de djihadistes vers la Syrie.

    PATRIMOINEBernard Brochand vis par une enqute prliminaireLe dput UMP des Alpes-Ma-ritimes est sous le coup dune enqute prliminaire, ouverte par le parquet de Paris, mardi