desmoulins, nadine toussaint. l' économie des médias
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QUE SAIS-JE ?
L'economie
des medias
NADINE TOUSSAINT DESMOULINS
Professeur emerite il 'universite deParis IIAncien directeur de I'Institut francais de prcsse
I-Juifieme edtuo» mise a [our
36' miT!e
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...: .
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IS"" 918-2-1 )-058611-L
Depot k:,ga l- l '~edi tiou : 1978
go ! edition mise ajour : 2011,j.aovjer
© Presses Universiraires de France, 19186,avenue Rei.le, 75014 Paris
INTRODUCTION
Les bouleversements success ifs qui affectent depuis
quelques annees I e monde des medias conduisent it
accorder un interet croissant aux phenomenes economi-
ques qui gouver nent ce secteur. I I n'en a pas toujours
e re ainsi, Comment expJiquer l' emergence tardive de
" analys e economique des medi '! s pui s [ 'i nt eret croi s-
sa:nt(ju 'elle suscite ?
Plusieurs raisons de diverse nature ant fau, e t fon t
encore, obstacle it [ 'eventue)Le curiosite que certainspourraient manifester it ! 'egard des media s abordes sous
l' angle economique.
Lapremiere tient aufait que, pour lamajorite du public,
l es med ia s n 'ont d 'interet qu' eu [ouct ion de leur contenu
et"des messages qu';'[s vehlcu[ent. Les informations, q O O lque sci t l eu r genre - pol lt ique , cu lturei , d ist ra ct if , e tc . - ,
sont avant tout des donnees immaterielles dont la produc-
tion res te entouree d'une certaine aura: IIexis te encore un
certain rornantisme du journalis rne qui voit le journaliste
comme un her os dont I'arme est la plume, le micro ou l a
camera, tandis que I 'animateur de televis ion participe du
star-system. L':y:gent necessalfe a la conceptiQI) et it la
diffusion des contenus n'est pas Ieplus important et l'on
se dernande plus: « Comment devLent-on jOLLrnaliste? »
que: « Combien cou te un repor tage? )
La deuxieme l ient au f ait que cer tains, tout en ayant
conscience des actlVltes economiques qui sous-tendent
la production et [a diffusion de I 'information, !:SJ?_ugnent
a assimiler les medias a des marchandises sourilises aux
'I
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l oi s de [ 'o tf re et de 13dem3nde, o ffer te s par des ent re r i"
ses a 13 recherc e e pr our eux, a onctlOn d'i -
former est cons] er ee comme une «llJ iss ion de servi;;&
pUblic ». Cela induit une conception economique particu-
'fiere qUI'implique s inon la gratuite apparente des medias,
du mains I 'egal it e d 'a cces des consornma teurs su r l a bas e
d'un prix qui nest pas forcement Ie reflet des couts et,
partant , I 'acceptation dentreprises en situation de deficit
permanent. Dans Ierneme esprit, certa ins estiment que les
medias, camille d'autres produits culturels , doivent bene-
ficier d 'un regime dexception qui les protege conu e la
concurrence nationale ou internationale et les aide it sur-
vivre et it se developper, a lors merne que l 'ideologie libe-
rale e t des t ra it es intemat ionaux v isent it interdire toute
entrave it Ial iberte du commerce au toute aide susceptible
de f ausser la l ibr e concurrence. Les lois du marche sont
alors eludees au profit d'objectifs sociocultnrels.
Entin, sans minorer I e role des medias, certains ont
1~I~ps estime qu'il ne s'agissait pas d'une activit~
economigue Impor tante e t qu' el le ne mer it ai t pas qu'un
economiste s 'y interess at , Ce tt e a ss er tion e ta i t d 'autan t
facil itee gu' elle demeurait incontestable en raison du der-
n ier et tnl s inlportan t obstac le it la recherche economi-
que; I 'absence au I 'insuf fi sance de don ees stat is tiques .
Pa radoxa ement le monde des medias , avide de sou lever
Ievoi le sur tous les a spec ts de la soc iete, demeure ret if aI 'inves tigation et avare de renseignements chiffres veri-
fiables , base de toute analyse serieuse. A ce s tade preli-
minai re, mai s fondamental , de son t rava il , Ie che rcheur
va se heurter a des mur s de silence on n' o btenir que des
donnees f loues, con trad ic to ires, heterogenes . .. ~ma 'o ri te des ca s, j 'en trepri se mediat ique es t loin d 'e tre
la « maison de verre » qu avalen t appe ee e leu rs Vcel lX ,e t
de leurs textts, les legis la teurs franyais a la Liberation.
4
Cependant, depuis Ie debut des annees 1980, un
changement s' est oper e. Les medIas sont entres dans Ie
champ de ranul se economl ue et de j 'e conom]e l lldus-
tr iel Ie, al or s meme gue les sources st atlS Igues emeu
ren t encore l imi tees, Plus ieu rs facteu rs exp liquen t cet te
evolution ainsi que 1a reconnaissance du concept de
marchandise appliquee aux medias .
Le premier tient aux mutat ions acceleree s de l'of-
fre des medias et it leur industria lisation croissante.
Avec la deregulation tout d'abord qui, it I'oree des
annees 1980, met f in en France cornme dans d'autres
pays au monopole public de I "audiovisuel et f ait i nt er-
vernr de nouveaux ac teurs en concurrence. Avec ensu it e
la conver tnee de donne ~. lunl(~risees sur lat<"Ievis ion
'or di nateur, I e telephone, ainsi que sur divers « bala-
deurs » , qui penne t I ' emergence de nouveaux canaux
et supports de diffusion SOllvent interactifs . Les tech-
nologies et Ie savOlT-faIre qui caracterisent ces pro-
cedes exigent de lourds invest issements initiaux que
seuls peuvent affronter de grands groupes industriels
au f inanciers p rive s, des ope ra teu rs de telecommuni -
cat ion au des acteurs publics: Etat, coll ectivites loca-
les. De meme, pour financer leur fonctionnement, les
medias on t un besoin c ro is sant de capi taux . l is ont a insi
recours a d ivers types de f inancement . ven te s a I 'uni te,
abonnement, mais aussi f ormes di verses de publ icite
et daides. Enfrn, les couts eleves lies a la creation de
contenus ecrits au audiovisuels conduisent a leur recher-
cher des debouches accrus tant sur Ie rnarche inter ieur
quexterieur t 2, :l t en mult ip li an t l eu rs modes de yalor i-
sa tion par l 'u ti li sat ion d 'un meme con tenu sur p lusieurs
~. Ainsi se developpent des lieux d'echange qui
sent autant de cham s de ba . . . iue et de ter-
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Aux modi fi ca ti onsde I 'of fre correspond une evo Iu tion
rap ide e t impor tante de la dernande , La consommat ion
des medias chan e moins sous I'effet de I'elevation du
pouvo!r 'achat, du niveau cultUr el et du temps de lo,llir
qu'en raison de Taccr oissement du nombre de vecteur s
et des modes de reception : nouveaux titres de presse,
nouvelles radios et chaines de television, nouveaux
supports de I'image et du son, telephone i nt elligents
( « smar t phone »), Internet, video a la demande, ADSL,
TNT ... o.n assiste a une fragmentation des audiences , aune consommat ion I res {(mobi le ) ), it l a const ruc tion de
programmes « a la carte ». ees changements de prati-
ques tout comme les reactions des consommateur s aux
variations de prix sollicitent I'attenhon des economistes
qui s 'inter rogen t aUSS lsur les s trat eo je s des ent re r ise sface aces mutatlOos. est one desormais impossi-
hled'eluder le pOids de I'economique et I e problerne
de sa v oir qui finance I'Information et quel type d'in-
formation.~:ma la celebre question dl! sociologue
rD. H.Lass':Xl<ll : « QUI di t quo i, par que l cana l, it qui , et
avec quels effets ? » , i l conv ient aussi de s e demander :
« ~i..naye quai, pour qui e ;; avec guels m~) .
On doit alors chercher a rnettre en lumiere la spe-
cificite econornique des medias, le mode de forma-
tion et la structure de leurs couts et de leurs moyens
de f inancernent , l 'o rgani sa tion de leurs marches. C 'e st
cet te demarche que nous adoptcrons en privi lcgian t p lus
particuliercrnent I'exemple francais de la presse et de
la radiotelevi sion, Ie modele economique des « webs
medias » netant pas au cceur de notre pr opos.
6
P REM IE R E P A RT IE
TRA ITS CENERAUX
ET SPEClFIC lTE ECONOMIQUE
D ES M ED IAS
Si, dans son ensemble, l'rndustrie des medias suit
une demarche comparable a celIe dautres activites
economiques, il n'en demeure pas moins que la natureparticuliere des pr oduit s qu'elle dif fuse lui confere une
specificite pr opr e et entraine des ef fets qui se repercu-
tent sur tout le processus de product ion et de distribu-
tion ainsi que sur la structure du rnarche des medias.
1 . - Une activite economique
comme les aut res
Par nombre de leurs aspects , les activites mediatiques
sapparentent a une activite econornique « ordinaire ».
1. Importance des moyens mis en oeuvre, diversi-
fication et concentration, - Pour repondre au besoin
universel de recevoir des informations quelle qu'en
so i t leur nature, les societes ont cr ee successivementdif ferent s « medias ) } : journaux e t per iodiques, rad ios
e t t el ev isions, Interne t, auxque ls ce rt ains ajoutent le
cinema et le livre. Pour satisfai re ce besoin, des entr e-
prises specialisees, les « entreprises rnediatiques », vont
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r eunir des matier es pr emieres immater iel les (repor-
tages, interviews, droits de reproduction ... ) et phy-
siques (papier ... ), utiliser des outils de production,
des relais de dif fusion et des circuits de commer ciali-
sation. Chaque etape du processus necessite I'inter-
venti on de main-d'oeuvr e specialisee et de capitaux.
Ainsi sont reunis Ies trois facteur s de production gue la \,.-
science ecol1omi ue distin ue : matiere remiere tra-
Y"ailet capital , gu' il soit d 'orig1l1e E U l igue ou privee.
De fai t l es ent repr is es mediat iques ent re ti ennen t des
relations avec des four ni sseurs de biens ou de ser vices
nornbreux etvaries qui se s ituent tant it ramont qu' it!' aval
ou a l a per ipher ie de leur acti vi te propre qui consiste aconcevoi r, fab riquer e t d if fuse r des tex te s, des SOilS et des
images. En arnont, pour alimenter Ie contenu de tous les
medias on trouve les agences de presse et d'images,
les banques de donnees , etun nornbre croissant de sources
sur Internet . La mdio e t l a t el ev ision ! louen t des relat ion§ .
economigues avec les o rgan isa teurs de spectac le s e t l es ,
diverses organjsations sportives. L~e.'!!.'§si d\,s
liens avec !.'indus!ri" musicale t ~ nd js . .. q !l e l a t < \h ] yi sj QO
~.iJ.~.Qu cinema et des producteurs audiovisuels
souvent repn~sen!es par des societes de gestiol1 de droits
~ diffusi<J.!)..Pour Ie contenant, I~re§se depend no tam. :-
ment de I'industrie a etiere et des 1m rimeries l andis
que pour curs emissions la radio et la t el ev ision ant
affaire aux prestataires techniques du son et de I'image
e t do ivent acque ri r ou Iouer des ma te ri el s denreg is tre-
ment e t de s stud ios. En aval , l iLd ist ribu tion de la I2ress e
met it contribution La Poste, les societes de trans ort
l~s.messagenes.. es sope!,"", ae et un feSeaU !res
diversifie de commercialisatioll. .L 'audiovisuel est tribu-
Cair e our sa di ffusi on des Telecommunications ( emet-
teurs, on es hertziennes, sa te ll it es, cables) pui s, pour
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s a recept ion , de l 'i ndust ri e e lec tron ique qui , it son tour,
e rnploie un reseau de loueurs, vendeurs, instal la teu rs et
reparateurs. Enfin, presse, rad io e t t el ev ision sont de p lus
el!...l1lus.,liees it Interne t qui d if fuse journaux, rad ios 0l !t.~ions en ligne ..
C~e dependance it la fois technologigue, culrurel]e
et economl ue ex li _ ue deja une double tentation.
Celie e ternalisatio orsqu'une entreprise confie it
aut re s en trcpnses tout ou pa rt ie d 'une e tape deproduc-
'/ tion au de diffusion pour limiter Ies risques et les inves-
t issernents , e .1 a contrario, celle de la.ffi9jic.el:ltmticii::;si
lon cherche iImieux ren tabi li ser l es equ ipements et l es
personae ~illJ;llQ,.~~ les recettes. n s'agira
de 1\L!i;.()n_centratioJ.L4gr~lorsque I'on souhaite
controler divers medias011
d iversc s act iv il es de m6111Lnature (< < chaine» .-;:j maux au reseau de televisions
par exemple); verticale 'i I'on souhaite contr61er I~div etes,.,d: ~ 'ere de roduction-distribution;
4jggqp,,~urimedia i I'o~.w.on,!ledesactivitg
ou des medias divers. Ces mouvements de concentration
dlITesponoent aussi Ii des strategi es de diversi}icatiJn
et d'internationalisation. Comme dans a'autres sec-
t e L i ' T s i ls ex Ii uent remer 'ence, pUIS la consolidation
de [f.youpes q u i . . ! . 1 . n Bnt de profiter es Ivers avanta£u
e£ ,.onomi9ues que peu t confe re r l a croi ss ance. Ainsi , en
repartissant rnieux les couts f ixes, I'augmentation des
quan ti te s produi tes e t l a mult ip li ca tion des types depro-
duit s p@'.et tent de realiser des economies d'echelle et
d' envergure, ce qui fait baisser Ie cout moyen de chaque
unite pr oduite. yes groupes deviennent la [lr oie d'ope-
r')liQlls financieres et de mouvements bours iers ll~ aux
s trateg ie s d 'invest iss eurs souven t ~ Ius souc ieux de ren-
t{lbili ser leurs ca itaux ue de s'im It uer daii'8f'erabO-
10
L'imbr ication souvent etr cite de certaines actrvi-
t es et l e recours it des ent repr ise s qui ne se consacren t
pas uniquement aux medias (imprimeries de labeur,
La Poste, industrie electr onique ... ) ernpechent toute
evaluation precise rant du personnel employe par les
medias que du chiff re d'af faires. Cette difficulte aug-
mente encor e avec lintrusion croissante doperateurs
exter ieurs au doma ine : co ll ec tivi te s t cr ri tor iai es , as so -
ciations, entr epr ises diver ses qui mettent au service de
medias une fr action de leur personnel et de leur budget
ou qui gcnercnt elles-memes des medias, souvent gra-
tui ts ( joumaux dent repri se ou d'admini st ra tion , rad ios
et TV locales) sans pouvoir etre pour autant assimilees
ct comptabi lisees en tant que ver itables entreprises
mediatiques,
A) Le chi/ire d'affaires. - En France on peu t es ti rner
le « chiffr e d'aff air es» des medias en additionnant les
depenses des menages consacree s aux achat s de pre sse ,
aux programmes et aux materiels audiovisuels, et les
recettes de publicite des medias. Cemontant peut sins-
crire dans un ensemble plus large qui tient compte du
li VTe, du cinema, et des divers supports du son et de
lirnage. Mais ce chiffre (voir tableau 1, p. 13) sous-
estime la realite, puisqu'j l exclut Jes achats de mate-
r iel s informatiques (6 milliards d'euros dachats par les
menages en 2009) , et la part des depcnses (10n reperees
consacrees it l acqui si tion d 'mfonna tion d ' ac tual it e via
Internet ou le telephone . On peu t rernarquer que ce total ,
qui correspond Ii2,3 % du PIB, est faible, et que lc bud-
get consacre par les menages aux medias au sens er roit
du terme est t re s infer ieur it leurs depenses de telepho-
nie (environ 26 milliards d'euros en 2009). Ce total est
aussi sous estime paree qu'il ne prend pas en compte les
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def ic it s impor tant s de cer ta ins medias a insi que Iepoids
des investissements , subventions ou dotations en capital
accordes chaque annee par I ,Etat e t l es invest is seurs pri -
ves. IIne tient pas compte non plus des depenses consa-
crees it l a communica tion interne des ent repr ise s ou des
ins ti tutions privees et publiqnes .
B) Les effectifs. - On estime que la pr esse ernploie
environ 200 000 personnes, Aux 67 000 salar ies en 2008
dans I es seules entreprises de presse et dimpr irnerie
de journaux de plus de 10 salar ies (sour ce: INSEE), il
faut ajouter ceux mal reper es qui oeuvr ent dans les tres
nornbreuses petites entr epr ises, les 12 000 salari es des
impnmeries de labeur qui impr iment des periodiques
et,en amont de
celles-ci,nne fraction des salaries deI'industrie papetiere. Mais c'est surtout Ia distribu-
tion qui mobilise un personnel fort important: plus
de 55 000 personues dans los 29 746 points de ventes
alimentes fin 2009 par Ies messageries de presse sans
cornpter les effectifs mal connus des milliers de vente
non specialisees propres a [a presse quotidienne regie-nale, les vendeurs-colpor teur s, l es 18 000 porteurs adomicile, les employes des messageries et de La Peste
qui ge rent et del iv ren t Ia pre ss e,
Les e ffec ti fs s alar ies de l 'audiov isuel son t ma ins e le -
YeS etant donne Ie petit nornbr e de chaines ( compare au
ncmbr e de titr es de presse) , la gestion automatisee des
reseaux cables au satellitaires qui ne sont souv ent que
des d if fuseurs techniques, et Iepersonnel t re s peu impor-
tant de nombreuses petites televis ions ou radios themati-
ques e t. loca les (envi ron 30 permanent s en moyenne pour
les chaines numeriques ) . .En 2008, Ies ef fec ti fs it temps
plein du secteur de I' audiovisuel au sens lar ge (radio,
television, cinema et video) sont estimes a environ
12
France: chiffre d'affaires brut des medias
en milliards d'euros en 2009
D epenses Pubiicite etTota l
d es r ne na ge s p et ue s a nn on ce s
Presse 7,34 3,75 11;09
Quotidiens 2,61 Pub 3,07
Periodiques 4,72 PA 0,67
Audluvlsuel 11,86 3,80 15,M
Dent achats r ecepteurs 5,61
D on t TV 4,92
Dent radio 0,69 Pub radio
Dont achats de programme 6,25 0)1
Dent redevance 2,50 P ub T V
Dont abcnnerncnt 3)5 3,09
Cinema 1,28 0,07 1,35
Total 1 20,48 7,62 28,10
Autres son et image 5,76
Appareils enrcgistrcurs 3,50
Disques, CD 0.,70
Videos, DVD 1,56
Livre 3,80
T.tal2 9,56 9,56
Total 30,04 7,62 37,66
Source: INSEE . IRE .P> CNC.
61 000 personnes : d ont 21 000 pour la televi sion, 9 500
pour la radio et 16000 pour l e cinema (source: lNSEE).
Mais il convient d'ajouter un nombre mal connu, mais
impor tant, dintenuit tents du spectacle estime it plusde 100 000, et de benevoles ( surtout en radio), cela sans
compter les quelqne 60 000 personnes qui vivent de la
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product ion, de la commer cialisati on et de 1' entr etien
des materiels electroniques divers. Enfin, on ne sau-
rait oublier l es personnes occupees dans les agences de
pre ss e e t t ine large par t des pro fe ssionne ls de la pub li ci te
(plus de 150000 personnes) ou des telecommunications
qui tr availlent pour les medias et t aus ceux travai llant
sur l es s it es internet don t on ignore le nombre .
Ainsi peut-on avancer que, en tenant compte de
to u tes les activites d'amont en aval, cc sont environ
500 000 personnes, soit pres de 2 % des actifs, qui
dependen t en France des medias.
2. Penetration sur Ie rnarche et freins au
develnppement
A) Couts d'entree eleves. - Comme dans d 'au tres
doma ines, des invest iss ements ini ti aux impor tant s sont
necessaires pour les medias « classiqucs »qui souhaitcnt
capter des audiences ou Ul lectorat irnportants : irnpri-
meries, s tudios , constitution d' equipes rcdactionnellcs ,
admini st ra tive s, t echniques et commerciales, systemes
de d if fusion . LeW" rnontan t es t fonct ion des ambit ions
de leurs initiateurs (de I'crdre de 20 millions d'euros
pour les dernieres operations de lancement de perio-
diques en 2007 hers impr imer ie) . La vive concurr ence
qui regne desormais au sein de chaque media impose
Ie recours a des techniques de marketing sophist iquees
pour mieux cibler Ie marche, puis it d impor tanres cam-
pagnes pub li ci ta ires de lancement pour fai re conna it re
Ie media que1'00
lance comme une «marque», avecdes r isques dechecs rap ides e leves ,
8) Seuil s de penetrat ion. concurrence et cycle de
vie. Pour l'audiovisuel, la penetration dun marche
14
depend en premier l ieu des revenus des cousommateurs
susccpt ibles dacquerir des materiels de reception au de
s 'abonner Ii des s ervice s. Quelques acheteurs for tunes
acqu ieren t des , equ ipements nouveaux e t souven t chers
du fait des pet ites series initiales. Ils permeuent ainsi
le demarrage de gran des series dont le prix de vente
unitaire va baisser et attirer les couches moyennes : ce
s chema s 'e st par fai tement app lique succes sivement aux
recepteurs de radio, de telev ision , aux magne toscopes e t
ma ter iel s de recep tion du son e t de l ' image d ivers. I Ipeut
et re t ranspose aux technolog ie s de d if fusion succcs si -
ves (television hertzienne, cablee, satelli ta ire, Internet,
ADSL . .. ) , et d'une certaine [avon aussi, aux diver s gen-
res de presse. Mais assez vite un produit se heurt e a des
concur ren ts qui dep lacent l a demande des consornma-leurs moti ves par !'evolution de pr atiques culturelles et
Iegout de l innovat ion. Aus si l es media s ont -i ls souven t
une courbe de vie en S qui passe par quatre phases:
naissance (ventes faibles), adolescence (phase exponen-
tielle avec des ventes qui pr ogressent IIUI1taux constant
eleve), maturite (ralentisseroent et baisse du taux de
d if fusion) e t, enf in , v iei ll es se (st agnat ion des ven te s) .
On peu t enf in a s si st er it Ia mort du produit : chute puis
cessation des ventes (voir schema, p. 16).
Pour les equipcmcnts audiovisuels, un premier seuil
de satur ati on est atteint quand le tau x de possession des
menages avo is ine les 95 %. Mais 011 depasse cc seuil en
jouant sur le multiequipement pour satisf air e les gout s
varies des membres de la famille it domici le et au-de-
hors. De la meme facon, une specialisation fine et deschangements de formule permettent de susciter au de
relance r l a ven te de pub li cat ions . Ent in , l a pene trat ion
d'un materiel peut etre activee par Ie recour s it la IDea-
t ion ou au c redi t.
15
-,\
-,
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%
10 0
9 0
S O
7 0
60
5 0
40
30
2 0
10
0
19551960 1970 1980 1990
T e l e ~ h o n ~:-c"""'=--~~------,..I!"%moDile
lemurO V O
.\--+----J'---+J--'Uoo. M a g n e t o s ( O p e
=*/---J'----+f----Pf % ~ t ~ ~ ~ : : o n s
1000 2010
A n n i e l
Ainsi, au fil du temps, I 'attraction des consomma-
leurs s 'est faite soit par transfert partie} : de la presse
vers La radio puis la television, et maintenant vers
ntemet et Ie telephone mobi le, soit par substitution
(du noir et blanc vers la couleur, de lanalogique au
numerique, de petits ecrans aux grands ecrans plats).
Si I'effet prix jouc pour arnorcer la diffusion, ce sent
ensu it e l es a tt itudes cul tu re l ie s qui expl iquen t Iedecrut -a 'un media , aussi l es ent repreneurs dOlvenf -I is rt:prier
r e poi i- i1( f'Tr if lexion de Ia courbe des ven tes d 'un media
ou de SOil audience de facon a preparer llne st rat eg ie de
relance ou d'innovation.
C) Fluctuations de fa demande. - Comme les aut res
marches, ceux des medias sont soumis Ii. de nombreu-
ses fluctuations qui traduisent des variations de la
demande dues it des pr atiques de consommation chan-
geantes selon les heurcs, l es jours 01.1 les saisons, ou a
16
des phenomenes conjoncturel s qui pes en t sur J epouvo ir
d'achat des usagers ou sur les investissements publici-
taires des annonceurs.
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contraire a favor iser la libre circulat ion des idees, des
capitaux et des rnarchandises.
11.- La specificite economique des medias
1 . le caracte re perissable des produits. - Si cha-cun des medias a sa specificite - qu'y a-t-il it premiere
vue de comparable entre une petite feuille locale et
une grande « drarnatique » ? -, il n'en demeure pas
moins que cer tai ns tr~its communs unissent la pr esse,
la radio et la tel.evision. I1s decoulent d'une simili"
tUdepremlere, sans aucun doute fondamentale pour
les-indiisfnes medlatlques , qUi res!de dans Ie caracte ,n;.
err.;memment penssable des Qroduits gu'elles diffu2, iloL
Dans la maJonfe des cas, Ie contenu des medias perd
tres vite sa valeur. IIdoit done et re concu et diffuse le
plus rapidement possible et il n' est pas exager e daffir
mer aujourdhui que l'information est non seulement
un produit perissable, mais aussi Ie pluspenssable de
(.
tous. Tand is. gu~ les. . in.dust ri es al imentai .res ou Chil l. i -ques ont trouve Ie moyen de conserver les denre~
le~lides et les gaz,_personne n'a encore reussi it
conserver sa f rarch em a une nou ve 11e vieill e de deux
fr jo~) --
La duree de vie des medias est cependant variable,
avec un ordre decroissant qui va du « flash» dinfor-
mation it la radio, ou sur Internet, jusquau telefilm en
passant par les diverses periodicites de la presse ecrite ,
18
a insi , l avaleu r marchande d 'un quo tidien se ra infer ieure
it vingt-quatre heures, celle d'un hebdomadaire infe-
ricurc a sept juurs, La duree de vie du support physique
n ' a r ien it voir avec la valeur marchande du « message»
quil contient,Les medias generen t a insi une ve ri tab le « cul tu re de
flot » car acterisee par l'obsolescence de ses produits, la
continuite et J'ampleur de sa d if fusion , qui s'oppose it
la « rnarchandise culturelle » formee de produ it s edi te s,
concus pour durer plus longtemps tels le livre, le film
ou le disque. Pour la television, on opposera aussi les
«programmes de stock» peu lies it I 'actuali te et dont la
diff usion peut etr e repet ee et faire t'objet de pl usieurs
ven tes de dro it de di ffus ion: f ic tion , documentai re, ani -
mation, cc qui l es apparente it des marchandises, aux
« programmes de flux » : information, sport , varietes,
debar s de plateau, diver tissements, jeux, qui perdcnt
p rat iquement tou te valeur une foi s d if fuse s, tou t cornme
la presse dactualite chaude.Les consequences de cet te duree de v ie redui te condi -
t ionnen t tou te I 'e conomie des medias.
A) Uneproduction onereuse deprototypes, - De fait,
l es p rodu it s mediat iques sont tous des pro to types, cest -
a-dire des rnodeles uniques que lon va dans certains
cas phys iquement dupJiquer : t irages de pre ss e, enreg is-
trements sur support demission. Merrie si la maquette
d'un journal ou l a g ri ll e de programmat ion d 'une rad io -
televis ion res te identique, Ie contenu n' en est jarnais le
rneme. Or on sait que la conception d'un pr ototype est
toujours onereuse, comparee it la phase de reproduction
ou de diffusion qui pennet des economies dechelle.
Quand, de surcroit, le produit ne peut et re valor ise que
sur une per iode extremement br eve (a la diff er ence de
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cer tains prototypes industriels), sa rentabilisation est
encore plus alcaroire. Aussi, pour cerner I 'actualite au
plus pres et devancer ses concurrents, chaque media
recherche des informations avec un maximum de rapi-
dite en multipliant les sources de renseignements :
correspondants permanents, envoi de repor ters, abon-
nement a des agences, utilisation de precedes de plus
en p lus complexes pour cor re spondre it dis tance. Cette
recherche ser a dautant plus couteuse quon souhaitera
obten ir I 'exclus iv it e d'une informa tion , Ie « SCOOP» qui
fait vendre.
Une fois I'infonnation obtenue, la mise en forme
necessite un materiel dont les per fectionnements sue-
cessifs ont pour but principal d'economiser du temps
(1 'objectif second etant deconomiser la main-d'reuvre).Dans I e seul domaine de la presse, et apres I'invention
de la rotat ive qui permi t dechapper ala lenteur de lim-
pression a pla t, l a t echno log ic n 'a ces se de bouleverse r
I 'imprimer ie pour gagner de precieuse s secondes, mats
ces ma ter ie ls nouveaux , don t l'obsolescence est rapide,
necessitent de constants investissements,
B) Le coia eleve de fa distribution. - Qu 'il y ait simul-
taneite entre Ierecit d'UD evenement qui se deroule et sa
d if fusion ( reportage end i rect ) ou decalage dans le temps
(presse ecrite ou emission en differe) , r oute diffusion
exige l 'o rgan is at ion d'un reseau souven t soph is tique ,
gene ra lernent one reux, sur tout au s tade des invest iss e-
ments initiaux, pour etr e rapide et eff icace. Tandis que
la radio e t l a t el ev ision mult ip li ent emet teurs e t reemet -t eu rs , deve loppent des systemes cab le s e t s atel li ta ires ,
et ont r ecour s au haut debit, la prcsse cherche a reduireson temps de distribution en ameliorant Ies modes de
transport utilises, en multipliant ses points de vente, en
20
« eclatant » ses centres dimpr ession pour les rappr o-
cher des zones de diffusion.
C) Les relations entre employeurs et salaries. - La
per te de valeur t re s rapide de nornbreux produi ts media-
tiques, et tout particulierernent de ceux lies a l'actua-lite immediate, interdit d'en differer la diffusion ou
de lcs stocker en vue d'une vente ulterieure. Les per-
tes financieres subies ell raison de retard ou de greves
sont done tres elevees, surtout pour la pre sse ecrite 0 1 ' 1
Ie producteur perd a jarnais le fruit des ventes man-
quees, De surcroit, tant pour lecrit que I 'audiovisuel,
il convient aussi de dedommager les annonceurs en cas
de perturbation. Cela explique que les personnels des
medias, et notamment les tcchniciens, rei ayes par dessyndicat s for ts, ai en t pu obten ir d impor tan ts avan tages
en ter rnes de remunerat ion e t d 'o rgani sat ion du t rava il ,
et qu ' a l eu r tour leg employeurs che rchen t a echapper
a ees con traintes en subst ituant du cap it al (machines )
au travail (main-d'ceuvre), fut-ce au prix d'investisse-
ments acc rus. L' au tre so lu tion pour l imi te r l es f ra is f ixe s
consiste it recourir it des non-salaries (pigistes, intermit-
tents) ou a des personnels, leis que les informaticiens,
generalement peu syndiques.
2. Specifici te de la demande et du marche
A) Une valorisation aleaioire. - Si la penetration
d'un marc he depend des revenus et des gouts, elle
bute aussi sur dautres seuils : v atphabeusation,l'if-
lettrisme. Ie degre de culture ( sans que ce lu i-ci pui sse
etre precisement me s ure) et la langue. U est en effet
vain de vouloir vendre de I'ecr it a des ana lphabetes ou
it des individus qui maitrisent mal la lecture comme
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c'est le cas meme dans les pays developpes. De meme,
la faiblesse du bassin Iinguistique francais (estime it .
175 mi ll ions de locuteurs ) expl ique enpa rt ie l es faibles
expor tations de la presse et des produits audiovisuels
francais,
La consommation des medias est egalernent tributaire
de I'inelasticile du temps. S'il est possible de lire en
ecou tant de la radio, e t si l e magne toscope, l a t el ev ision
de rattrapage (catch-up TV) et le podcasting permettent
de report er la vision ou l'ecoute d'une emission, le nom-
bre d'heures disponi bles ncst jamais infini, rneme si I e
temps de loisir saccroit ces dernieres annees. Ainsi,
lorsque les medias sent en concurrence, un choix va
s' exerce r et l imi te r l a t ai ll e des marches .
B) Absence deprix de marche. - La valeur des pro-
duits mediatiqucs est tres mal percue par le public qui
a pris I'habitude dacheter des medias it un prix fixe
artificiellement bas afin d' en assurer leur diffusion
«<democrat.que », ou en contrepar tie d' un forfait inde-
pendant des quan ti te s consommees (abonne rnen t, rede-
vance) . Ma is c' es t s ur tout l e deve loppement impor tan t
depuis ie debut des annees 2000 de medias gratuits ou
quasi g ratui ts : p re ss e, Interne t, t el echargements (sou-
vent pirates i), qui accentue le decalage entre Ies couts
de certains produits et Ie prix que I'usager est pret it
payer. . . ou, plutot, it ne pas payer.
C) Un double marche . publicite et produit joint .
L'habitude, pour certains, de considerer les mediascomme des « se rv ices pub li cs» e t l a volon te de faci li te r
leur penetration sur le marche af in de pcrmet tre la dif-
fusion d'informat ion ... au de pr opagande ont conduit
les entrepreneurs it r ni norer volontairement leur pnx de
22
vente. Cette diff usion sur I e p remier marche - celui des
« usagers consommateur s » - a . un cout souvent infe-
rieur au prix de revient a pousse tres tot les ent repri ses
mediatiques a se tourner vers un second rnar che : celui
des petites annonces puis de In publicite. Ce second
marche, qui consiste it. vendre de lespace it . des annon-
ceurs, peut dans certains cas depasser par son impor-
tance le premier, puisque certains medias en tirent plus
de recettes que de la vente ou de I'abonnement. II peut
merne se subst ituer totalement au pr emier marche pour
aboutir a des journaux, des rad io te lev is ions on des si tes
gratuits.
Les en trepri se s media tiques ant ains i l a par ti cular it e
de proposer un produit joint qui incorpore it. la fois un
contenu cree ou programme par elles, susceptible d' in-t eresse r des ache teurs e t p lus largement L Ineaud ience , ct
un espace publici ta ire susceptibled' interesserdes annon-
ceurs . Ainsi ce produit double correspond-il a un doublemarche, II setabli t alors une relation triangulair e entre
les medias , l '' audience (qu i englobe non seu le rnent ceux
qui paient pour « consommer» un media, mais aussi
ceux qui lisent ou regardent sans payer) et les ann o n-
ceurs . Ces derniers, en achetant de I 'e space , acheten t en
f ait I 'audience du media pour autant que cette audience
leur paraisse susceptible dacquerir a son tour les pro-
duits ou services qui out fait I'objet d'une publicite.
Les medias son! alors de veritables « plates-formes »
ou dans un systeme de reseaux croises sc rencontrent
audiences e t annonceurs, e t cornme dans d ' aut re s syste-
mes de ce type (two sided market) I 'nccroi sse rnent de lafrequentation des acteurs d'un des ver sants du marche
ent ra ine I 'accroi ss ement de (a frequentation des acteurs
du second versant. Mais ce second mar che a scs propres
regles et contraintes.
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a) Des recettes limitees, Les investissements consa-
cres a la publicite ou aux petites annonces ( ou « annon-
ces classees ») different selon Ie type et Ie niveau de
I'activite econornique d'un pays, selon les secteurs et la
taille des cntreprises.
On evoque souvent le «sous-developpemellt publi-
citaire i de la France pour expliquer les difficultes
economiques des medias. nest vr ai qu'avec des inves-
t issements publici ta ires consacres aux « grands medias »
(presse, televis ion, radio, cinema, affichage et Internet),
de I.'or dre de 10,5 milliards d' eur os en 2009 (source:
Francel-ub), correspondant a 9,2 milliards de r ecettes
nettes pour les medias, soit 0,47 % du PIB, la France se
c la ss e en dessous de lamoyenne eurcpeenne (0,51) e t lo in
der ri ere le J apon (0,75) ou les Etat s-Vnis (0,89) (source :AD Barometer) . Les gros budgets sont peu nombreux et
concentres. Ainsi, en 2009, cinq secteur s realisent 46 %
des invest is sements bru ts g rands media s: d is tr ibut ion,
au tomobi le -t ranspor ts, al imentat ion, cu lture- Io isi rs,
banque-assurance (source: TNS Media Intelligence). Les
annonceurs sont auss i t res concen tres , a insi en 2009 , sur
les 19 108 annonceurs qui ont investi dans les supports
na tionaux, 68 (so it 0 ,35 %) ont realise a eux seuls 40 %
des invest iss ernen ts b ru ts , l andi s qu' a l 'aut re ext reme ,
line kyr iell e de pet its annonceurs (18 577) , reflet de la
pet it e t ai ll e des ent repr is es f ranca is es , a rea li se 20 % de
ces investissements (source: UDA et INS Media).
De·plus , des reglementations variables selon les pays,
l es medias e t Ie moment l imi tent encore ces invest is se -
meri ts . Tantot on interdi ra cer taine s formes de pub li ci re(publicite politique) ou la publicite pour certains pro-
duits juges nocifs (tabac, alcool), Oll dont I'usagc doit
e tre cont role (medicaments) , t an to ! on interdi ra l ' acce s
de certains secteurs it certains medias afin d' eviter de
24
penal ise r l es pet it es ent repr ise s incapab le s de f inancer
des camp agnes one reuse s (press e e t edi tion intcrdi te s de
publicite a La te levi sion f ranca is e jusqu' cn 2004) , t an to t
on cherchera a pro teger un media cen tre la concur rence
d 'un aut re (grande d ist ribu tion interdi te de pub li ci te a latelevi sion hertzienne jusqu'a janvier 2007 pour defen-
dre les interets de 1a pr esse quotidienne) , tantot enf in
on limitera I'apport publicitaire en imposant des seuil s
de sur face, de temps ou de rece tt es a . ne pas depasser ou
en interdi san t ou res treignan t l es coupure s de cer ta ines
emissions.
b) Des recettes selectives. Plusieurs niveaux de
concurrence existent au sein des medias. Pour reali-
ser leur s campagnes, les annonceur s peuvent d'abord
choisir ent re le « hors-mcdias » : promotion, publicitedirecte sur le lieu de vente, expositions, marketing
direct, relations publiques, salons ... , qui recueille en
France 64,8 % de I 'ensemble des invest iss ements pub li -
citaires en 2009, et les « grands medias» au scin des-
quels sexer ce une vive concur rence doubl ee d'une non
mains vive concur rence au sein de chaque media.
Les budgets obtenus ser ont fonction de la strategie
publi citaire des agences qui s'appuient sur des techni-
ques de plus en plus sophistiquees, Pour Simplif ier , on
pent dire que, en foncti on de ce que I'on cherche it pro-
mcuvoir ( un bien, un ser vice, une Image de marque), le
choix se portera soit sur les medias a large public sil
s'agit d'un produit de gr ande consommation, soit sur un
media a public « cible » sil sagit d 'un produi t speci -
f i e . Ainsi, deux facteurs principaux jouent : la taille deI'audience, mesur ee non seulement par ceux qui paient
Iusage du media, ma is aus si par ceux qui l is en t, feu il le t-
t en t, ecou ten t, regarden t, e t sonprofil socio-economiqueexprime en termes d'age, de sexe, niveau de formation,
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type et l ieu d'habitat et surtout niveau et style de vie. Acela s'ajoute leclivage qui oppose les medias en fonction
de leur zone de diffusion - nationale, regionale, locale _
etlou de leur contenu - generaliste ou specialise. Selon
Ie cas , Ie choix du publ icita ire i ra soit vers un support
national et/ou generaliste, soit vers un support regional
et/ou specialise, afinde toucher sa « cible utile ». Enfin,
il semble que les publicitaires evitent de passer de s mes-
sages dans des medias trap marques poli tiquement ou
ideologiqucment, soit parce que ces derniers ne concer-
nent qu'un petit nombre dindividus, soit parce qu'ils
estnnent que Iusage de ces medias neva pas de pair
avec les preoccupations souvent plus terre II terre que
vehicule la publicite. II va de sal que la recherche du
lecteur au de I'auditeur « utile» penalise les supportsboudes par les annonceurs et que ceux dont I'audience
est formee dejeunes cadres urbains seront privilegies au
detriment de ceux qui proposent une audience de ruraux
ages a faib le pouvoir d 'achat. Dans un contexte di ff i-
ciie pour Ie marchc publicitaire, avec des recettes tota-
les quasi stationnaires de 2000 a 2008 et en forte baisseen 2009, il faut souligner I'attractivite qu'exerce ces
dern ieres annees l 'Internet dont Ie taux de croi ssance
des recettes (encore assez mal reperees) a ete tres eleve
(+ 45 % en 2006 et + 32 % en 2007) pour un montant
qui depasse depuis 2007 celui de la presse quotidienne
nationale, ce qui ne laisse pas d'Inquieter cette dcmicre
mais aussi l 'ensemble des medias. Aussi , pour conser-
ver des investissernents publicitaires et notamment les
petites annonces qui tendent II leur echapper, les medias« traditionnels » declinent leur presence sur Internet en
creant ou en achetant des sites landis que naissent des
«webs medias» uniquement alimentes par la publiciteet done gratuits pour leurs usagers,
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Recettes publicitaires des grands medias
2009 et rappel 1987
Montant ten Parts deParis de
morchemillions marche
en 1987d'euros) ell 2009 (ell % )
(en %)
Pressel 3751 40,6 56,9
Quotidiens nationaux 260 2,8
Quotidiens regionaux 98 4 10,6
Magazines 1161 12,5
Specialises 418 4,5
Gratuits 799 8,6
Hebdos regionaux 128 1,3
Television 3094 33,5 22,4
Espaccs classiques 2924 31,6
Parrainage 170 1,8
Radio 710 7,7 7,4
Cinema 77 0,8 1,1
Internet 482 5,2 0
(publicire classique)!
Allichagc 1127 12,2 12,2
Total 9231 100 100
1Dont petites annonces 672 million .s d'curos
1Estirne, hors liens sponso-ises, shopping et annuaires.
Source _l1Z£P,le marche publici ta ire francais bars. taxes, remises
dedi.ires.
c) Des recettes irregulieres. Les investissements publi-
citaires epousent de nombreuses variations: celles de laconjoncture economique au polit ique, celles du rythme
de campagnes des annonceurs, celles des.pratiques ceo-
nomiques au culture lies des audiences (vacances, sorties
de fin de semaine, etc.) Ces fluctuations de ressources
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posent de delicats problernes de tresor er ie aux medias
dont la production et la diffusion, en revanche, sont
rcgulieres et saccomrnodent mal de ces a-coups. Ell es
vont influer taut sur la pagination de la presse, les pages
redactionnel les etant tributaires des ressources et done
des pages publicitaires, que sur la grill e de programme
des rad io telev is ions . C 'e st a insi notanunen t que sexpl i-
quent en ele la faible pagination des news magazines et
les changements de grille des televis ions .
E n M F
1500 -- ~ ._-
P I . . ss /''''' __
"':_---"\ .
d) Une influence sur le contenu. Outre ces variations,
l adependance a legard de lapub li ci te condui t l es medias,
souve~lt plus soucieux de plaire aux annonceur s que de
satis faire les gouts minoritaires Oil peu « rentables » de
certains usagers, .it vivre I'ce il r ive sur les sondages. Pour
reunir Ie public Ie plus large possi ble on eliminera Ies
contenus ecrits ou audiovi suels susceptibles de u'intc-
resser que des audiences lirnitees. Cette att itude conduit
parfois les medias aussi a pra tiquer une autocensure
de peur de mecontenter un annonceur, Cependant les
28
dirigeants des medias affirment au contraire que L'ac
croi ss ement de leu rs budge ts pub li ci ta ires et l a d iversi te
des annonceur s leur permettent d' etre independants - la
crainte de perdre un budget s'attenue - et de foumir un
contenu ameliore gr ace a !eUIS ressources accrues . C'est
pourquo i ce rt ains von t meme jusqu' a af fi rmer que mieux
vaut quelques grands medias riches en publicite pl utot
qu' une multitude de petits medias pauvres incapables
d 'o ff ri r une reel le var ie te de con tenus .
e) Un facteur de concentration. Au gre de leur choix,
l es pub li ci tai res favor is en t t el ou tel med ia et destab il i-
sent tel autre. En all a nt vers les « grands », la publicite
confor te leur position et leur perr net dall eger leur pr ix
de vente et done d 'augmente r l eu rs ventes, e ll e a li rnente
ains i un « cercIe vertueux » ; en boudant les « pet it s » ,el le accen tue leu rs d if fi cu lt cs et l es con traint a pratiquerun Pl;X e leve . .. qui f re ine leu r ven te !
Ce tt e d istorsion est accen tuee par Iemode de f ixat ion
des pr ix de vente de l'espace publicitaire. Les supports
determinent ce tarif en t enant compte des deux criteres
evoques : I 'aud ience et son profi l s ocio-econornique. I ls
fixer ont des tarifs dautant plus eleves qu'il s of frent ces
atouts, Ai nsi, la meme sur face (exprimee en millime-
tr es, lignes, pages), ou Ie meme temps ( secondes, minu-
tes ), se vendra it un tar if d if fe rent s elon I 'uud ience . L aresi de la cle du fossc qui peut separer deux medias dont
par a il leurs l es cou ts de product ion sont pa rfoi s voi sins.
En fai t, si , compares aux support s it faible audience, cer-
t ains g rands suppor ts demandent des tar if s e leves pour Ie
meme espace, en revanche le rapport entre Ie prix qu'ilsexigent et Ie public quils offrent joue en leur faveur,
puisque leur « cout au rni ll e » (somme que Pannonceur
doit verser pour esperer toucher I 000 usagers), est en
general egal, voire inferieur,
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La sclect i v it e ent retenue par les agences de publ ici te
est accentuee par les regies de publicite ou dannonces
auxquelles les medias confient le soin de trouver des
annonceurs. Les regies, qui ont la concession totale ou
partielle de la vente despace d'un support, cherchent
it le valoriser aupres dannonceurs. Elles poussent les
supports ii s 'unir pour offrir des audiences plus larges
et son! it lorigine sinon de concentrations, du moins
de regroupements qui en sont parf ois les premiers pas.
Ce sont soit des coup/ages publicitaires dans la pres se
(accor d han! plusieurs titres qui offrent en cornmun et
iiun tarif avantageux leurs espaces), soit des mises en
reseaux de radios et de televisions (diffusion du merne
programme iil a meme heure) , Les reg ies che rchent aussi
a obten ir une uni fi ca tion des pres en ta tions soi t au n iveaudu format, sort au niveau de la presentation elle-merne
de facon a uti liser Ie meme « typon » pour la pre sse ou
les memes supports son ou video dans I 'audiovisuel .
Tous ces elements conjugues font que la publicite est
en f in de compte. un faeteur de concen trat ion qui pouss e
les medias soit vers le monopole et la grande taille pour
s ' a ssurer des ren tree s publ ie it ai re s impor tan tes , so it ve rs
le contr61e de plusieurs supports par des groupes afin
de pra tique r l a compensat ion ent re t it re s, radios, t el ev i-
s ions et s ites Jntemet « pieges a pub » et les autres,
. D). L'influence des pouvoirsjJublics. ~ I I exi st e inde -
niablernent des liens entre I' Eta! et Ies medias, liens
parfois difficiles a mettre en lumiere mais qui pesent
sur I'economie des medias. Les medias sont ainsi des« biens sous tutelle ».
Les pouvoirs publics i nt erviennent de facon d irecte e t
ind irecte su r l a gcst ion des medias. Ce peut e tre bien evi -
demment en detcnant le capital de certains medias (comme
30
l a rad iotelev ision pub lique en France) ou en au to ri sant ou
non l'arrivee de nouveaux operateurs. Mais cest aussi en
empechant ou en imposant l a d if fusion de cer ta ins conte-
nus (censure, quotas de diffusion), en favorisant iarecher-
che-developpement et l'usage de certaines technologies,
en rcglementnnt certa ins prix et tarifs (papier, transports,
douanes , impots . .. ) , en controlant I 'organisation des mar-
ches (reglementaticn de la concentration, acces aux recet-
t es publ ici ta ires ), en accordant des aides dive rse s qu i ont
mains pour objectif dassurer I'emploi, comme cest Ie
cas dans bien dautres secteurs aides, que de permettre la
survie d 'ent rcpr ise s dont on souhai te voi r Ie «message»diffuse. Aussi peut-on affirmer que I'objectif de ces inter-
ventions est plus politique ou social queconomiquc, En
France, l es interventions economiques de la pui ssancepublique visent surtout a assurer Iepluralisme des medias,
l a d iversi te des contenus , et it limiter leur concentration.
El les adop tent des formes t re s va ri ees : aide s « directes »
sous forme de dotation en capital, de subventions ou de
pret s ; a ides « indirectes » plus subti les, qui consistent
non pas a . donner ou preter de l'argent, mais a ev it er ou
minorer la fiscaiite et certaines depenses, notamment
de t ranspor t. Enfin, l 'Etat peut o rgani se r des systemes de
fmancement qui s,apparelltent a une epargne forcee pa r Ie
biais de « foods de soutien » qui font trans iter des semmesprelevees aux uns pour aller aux autr es, que ce soil d'un
media Ii l 'au tre (de la telev ision vers Ie c inema) , ou d 'un
stade dactivite it I'autre (des diffuseurs aux producteurs).
Cet ensemble d'interventions amp ute les r eSSOUf-
ces pubiiques ou celles des entrepr ises mises a contri-bution. Aussi souleve-t-il I'insoluble probleme des
crireres de selection, des modalites et, du montan t
des aides allouees qui varient d' un pays a I' a utre. De
facon generate, on oppose laide «meutrc » accordee
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5/16/2018 DESMOULINS, Nadine Toussaint. L' economie des medias. - slidepdf.com
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it tous selon des criteres generaux qui ne tiennent pas
compte du contenu au de si tuat ions f inancieres par ti cu -
heres , et L 'a ide " differenciee », qui ne concerne qu'une
categoric de media choisi e en vertu de ses contraintes
ou de ses d if fi cu lt es par ti cu li eres (quot id ien po li tique,
radio associative, televis ion de service public).
E) M e ce na t. - C'e st aus si pour a ssu re r l ana iss ance e t
la survie de courants de pensee 0\1 de contenu den t l ad if -
f usion ne saurait etre rentabihsee par une demande suf -
f isante et susceptible d'attirer des annonceurs, que des
mecenats divers « entretiennent : des medias. Partis poli-
t iques, groupes de press ion, gouvernements , associations
ou entreprises , iudividus assurent ainsi lasurvie de medias
ecri ts ou audiovisuels au mepris des regles du mar che
(que certains par ail leurs contestent) en participant totale-
men! ou partiellement a leur fmancement pour en facil iter
la diffusion, rnais ce type de ressources est generalement
ma l connu. 11s' ag it par foi s d 'a ides occul tes que ron ne
decouvre qu'incidemment mais que 1on tend it developper
depui s 2009 en autor is an t l es dons def is ca li ses en faveur
de lapres se pap ie r au en l igne. Ma is ces aides sont precai -
res et ne duren t qu' au tant que leur d ispensateu r d ispose de
fonds e t que lemedia se rt s es interet s ou ses ideaux,
En fin de compte, I' cconomie des medias obeit I I des
mobil es complexes qui echappent en par tie aux lois de
l'of fre et de la demande, tandis que Ie financement tres
parti culier de la presse et de I'audiovisuel a pour conse-quence que le public per coit fort mal Ia valeur r eclle des
produits mediatiques , Ainsi sc perpetuent des deficits et la
difficulte, Iorsqu'on le souhaite, detablir unprix de mar-
che, tandis que Lapublici te pousse a Laconcentration.
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