des camps de réfugiés espagnols de la guerre civile dans l’hérault

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Mélanges de la Casa de Velázquez Nouvelle série 41-1 | 2011 La España del Frente Popular Des camps de réfugiés espagnols de la guerre civile dans l’Hérault Campos de refugiados españoles de la guerra civil en el Hérault Spanish civil war refugee camps in Hérault Vincent Parello Édition électronique URL : http://mcv.revues.org/3943 ISSN : 2173-1306 Éditeur Casa de Velázquez Édition imprimée Date de publication : 15 avril 2011 Pagination : 233-249 ISBN : 978-8496820678 ISSN : 0076-230X Référence électronique Vincent Parello, « Des camps de réfugiés espagnols de la guerre civile dans l’Hérault », Mélanges de la Casa de Velázquez [En ligne], 41-1 | 2011, mis en ligne le 15 avril 2013, consulté le 30 septembre 2016. URL : http://mcv.revues.org/3943 Ce document est un fac-similé de l'édition imprimée. © Casa de Velázquez

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Mélangesde la Casa de VelázquezNouvelle série 41-1 | 2011La España del Frente Popular

Des camps de réfugiés espagnols de la guerre civiledans l’HéraultCampos de refugiados españoles de la guerra civil en el HéraultSpanish civil war refugee camps in Hérault

Vincent Parello

Édition électroniqueURL : http://mcv.revues.org/3943ISSN : 2173-1306

ÉditeurCasa de Velázquez

Édition impriméeDate de publication : 15 avril 2011Pagination : 233-249ISBN : 978-8496820678ISSN : 0076-230X

Référence électroniqueVincent Parello, « Des camps de réfugiés espagnols de la guerre civile dans l’Hérault », Mélanges de laCasa de Velázquez [En ligne], 41-1 | 2011, mis en ligne le 15 avril 2013, consulté le 30 septembre 2016.URL : http://mcv.revues.org/3943

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Des camps de réfugiés espagnols de la guerre civile dans l’Hérault

Vincent ParelloUniversité Montpellier III

La politique d’accueil réservée aux populations réfugiées espagnoles dans l’Hérault ne diffère pas fondamentalement de celle mise en œuvre au niveau national1. Les soldats de l’armée régulière de la République, les membres des Brigades internationales et les hommes en âge de combattre relevant du ministère de la Défense et de la Guerre furent parqués dans un « camp de concentration », tandis que les femmes, les enfants et les hommes non-combattants relevant du ministère de l’Intérieur furent répartis dans des structures d’hébergement aménagées dans différentes communes du dépar-tement.

D’après les documents que nous avons pu consulter2, il est possible de dis-tinguer quatre types de camps dans l’Hérault :

— Le « camp de concentration », à savoir, au sens étymologique du terme, un espace clos où des gens sont concentrés, rassemblés et internés à titre administratif. Rappelons qu’en 1939, l’expression « camp de concentra-tion » n’était pas synonyme de camp de déportation et encore moins de camp d’extermination, connotation sinistre qu’elle acquit pendant et sur-tout après la Seconde Guerre mondiale3.

— Le « camp d’hébergement », à savoir un lieu public ou privé aménagé pour accueillir des femmes et des enfants ainsi que des vieillards, c’est-à-dire, dans la nomenclature alors en vigueur dans l’administration française,

1 Bennassar, 2004 ; Dreyfus-Armand, 1999.2 La plupart des informations se trouvent aux Archives départementales de l’Hérault (ci-dessous :

ADH) dans le fonds « Police des étrangers », sous-série 4M. En 1939, la cinquième division de la préfecture (Police générale et étrangers) était dirigée par M. Fournera, chef de division, et M. Por-talès, chef de bureau.

3 Tuban, 2003, p. 6 : « Toutes les cotes d’archives dépouillées lors de cette recherche sur le camp spécial du Château royal de Collioure attestent, à plus de 90%, l’usage de “camp de concentration” concernant les camps de Saint-Cyprien, Argelès-sur-Mer, Barcarès, Agde, Sepfonds, Le Vernet-d’Ariège et Gurs pour l’année 1939 » ; Wieviorka, 1997.

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des hommes âgés de plus de 50 ans. Parallèlement au terme de « camp d’hé-bergement », on trouve les appellations suivantes : « camp d’internement », « centre d’hébergement », « centre d’accueil et refuge ».

— Le « camp de triage », à savoir un camp de transit où, après identifica-tion et vaccination, les internés étaient « triés », « étiquetés » et dirigés vers des centres de l’Hérault ou d’autres départements de l’intérieur.

— Le « camp spécialisé » qui, comme son nom l’indique, hébergeait des catégories bien précises de réfugiés, regroupés en fonction de leur origine géographique, de leur statut social, de leur âge et de leur sexe.

Le cadre légal de l’internement administratif

Avant d’entrer dans le vif du sujet, il convient de dire quelques mots sur le cadre juridique et légal de l’internement administratif.

L’histoire des réfugiés espagnols de la guerre civile est, en effet, étroite-ment liée à l’histoire des camps français qui vit le jour à la fin de la Troisième République, avec la création du camp de Rieucros en Lozère en 1939, et se prolongea jusqu’après la Libération, avec la disparition du camp des Alliers en Charente, en 19464.

Afin de combattre efficacement l’immigration clandestine et les « étrangers indésirables » qui ne pouvaient faire l’objet d’un arrêté d’expulsion ou d’une mesure d’emprisonnement, le décret-loi du 2 mai 1938 instaura la peine d’as-signation à résidence prononcée sur décision du ministre de l’Intérieur. Cette peine qui réduisait considérablement la liberté de mouvement de l’étranger à l’intérieur du territoire national, constituait un prélude aux mesures d’inter-nement administratif qui allaient voir le jour quelques mois plus tard :

Art. 11. L’étranger pour lequel il sera démontré qu’il se trouve dans l’impossibilité de quitter le territoire français ne sera pas assujetti aux dispositions des articles 8 et 9 du présent décret-loi ; toutefois, le ministre de l’Intérieur pourra astreindre ledit étranger à résider dans des lieux qu’il fixera et dans lesquels l’intéressé devra se présenter périodiquement aux services de police ou de gendar-merie. Les étrangers ainsi visés qui n’auraient pas rejoint, dans le délai prescrit par le ministre de l’Intérieur, la résidence assignée, ou qui ultérieurement aurait quitté cette résidence sans autorisation du ministre de l’Intérieur, seront passibles d’un emprisonnement de six mois à trois ans5.

Le décret-loi du 11 novembre 1938 représente un pas en avant dans la surveillance et le contrôle des étrangers séjournant en France. Il fixait les conditions dans lesquelles les étrangers pouvaient bénéficier des droits subordonnés à l’existence d’un domicile ou d’une résidence en France,

4 Peschanski, 2002.5 Journal Officiel, 3-V-1938, p. 4967.

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revenait sur les règles relatives au mariage des étrangers, modifiait la loi du 10 août 1927 sur les règles d’acquisition et de perte de la nationalité française et prenait, finalement, des mesures drastiques à l’encontre de « certains étrangers indésirables ». Ce dernier point constitue, sans aucun doute, la véritable nouveauté du décret-loi, dans la mesure où l’on y aborde expressément la question de l’internement administratif. La peine d’assi-gnation à résidence étant jugée, dans certains cas, insuffisante, il s’avérait nécessaire, dans l’intérêt de l’ordre et de la sécurité publiques, de diriger les « indésirables dangereux » vers des « centres spéciaux » où ils feraient l’ob-jet d’une surveillance militaire permanente. C’est ce que dit clairement la lettre-préambule du 12 novembre 1938, signée par le président du Conseil Edouard Daladier :

Sans doute, le ministre de l’Intérieur a-t-il le droit d’expulser les étrangers résidant en France, ou ceux qui sont dans l’impossibilité de trouver un pays qui les accepte, peut-il leur assigner une résidence dans une localité déterminée, mais il est de ces étrangers qui, en rai-son de leurs antécédents judiciaires et de leur activité dangereuse pour la sécurité nationale, ne peuvent, sans péril pour l’ordre public, jouir de cette liberté encore trop grande que leur conserve l’assignation à résidence. Aussi est-il apparu indispensable de diriger cette caté-gorie d’étrangers vers des centres spéciaux où ils feront l’objet de la surveillance permanente que justifient leurs infractions répétées aux règles de l’hospitalité6.

Un an plus tard, le décret du 19 novembre 1939 relatif aux « mesures à prendre à l’égard des individus dangereux pour la défense nationale ou la sécurité publique » institutionnalisait la peine d’internement administratif et prévoyait l’incorporation de cette catégorie d’étrangers dans des « formations spéciales »7 en vue d’accomplir tous travaux intéressant la défense nationale. Il faut dire qu’avec l’entrée en guerre de la France contre l’Allemagne, le cli-mat politique et social avait bel et bien changé. Pour ne plus être à la charge de la collectivité, l’étranger devait désormais participer à l’effort de guerre et contribuer, par la gratuité de son travail, au redressement de l’économie nationale. L’internement administratif servit ainsi de prétexte à l’utilisation massive de la main-d’œuvre étrangère.

La politique d’internement administratif, légalisée par les décrets du 2 mai et du 12 novembre 1938, fut mise en œuvre au cours des années 1939 et 1940 avec les réfugiés espagnols arrivés en France lors de la Retirada8. Dans un premier temps, les républicains furent hébergés dans des refuges provisoires le long de la frontière des Pyrénées-Orientales, en Cerdagne et dans le Vallespir, à Prats-de-Mollo, Arles-sur-Tech, Amélie-les-Bains,

6 Journal Officiel, 13-XI-1938, p. 12920-12923.7 Journal Officiel, 19-XI-1938, p. 13218.8 Dreyfus-Armand, Témime, 2001 ; Grando, Queralt, Febrès, 1991.

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Osseja, Bourg-Madame, Le Boulou, etc. Dans un deuxième temps, ils furent parqués sur les plages du Roussillon, à Argelès-sur-Mer, Barcarès et Saint-Cyprien, dans des camps de toile qui regroupaient près de 180 000 personnes à la fin du mois de février 1939. Finalement, à la fin du mois de février et au début du mois de mars 1939, des camps en dur furent créés dans les régions limitrophes pour désenclaver le département des Pyré-nées-Orientales arrivé à son seuil de saturation démographique. L’artisan de cette politique de désenclavement fut le général Ménard, chargé par le ministre de l’Intérieur d’assurer la coordination des différents camps au niveau national. Triés et étiquetés en fonction de leur sexe, de leur origine géographique, de leur statut de civil ou de militaire, de leurs aptitudes pro-fessionnelles, les réfugiés furent dirigés sur tel ou tel camp. Le camp de Bram, dans l’Aude, accueillit les civils, les vieillards et les intellectuels ; les camps de Rivesaltes dans les Pyrénées-Orientales et d’Agde dans l’Hérault reçurent de préférence les miliciens catalans ; le camp de Septfonds, dans le Tarn-et-Garonne, regroupa les ouvriers spécialisés qu’il fallait « reclasser dans l’économie française » ; et le camp de Gurs, dans les Basses-Pyrénées, hébergea principalement des Basques, des aviateurs et des anciens combat-tants des Brigades internationales. En marge de ces « camps spécialisés », on créa également des « camps spéciaux » à vocation purement discipli-naire. C’est ainsi que les combattants anarchistes de la colonne Durruti se retrouvèrent en bloc au camp du Vernet dans l’Ariège, que les femmes « indésirables » furent enfermées à Rieucros en Lozère, et que des hommes politiques et des syndicalistes atterrirent au château royal de Collioure, devenu officiellement un camp spécial le 4 mars 19399.

Sous le régime de Vichy, la logique de protection céda la place à une logique d’exclusion avec l’internement des francs-maçons, des communistes, des syn-dicalistes, des militants antifascistes, etc., pour s’inscrire en définitive dans une logique ouverte de collaboration et de déportation.

Le camp de concentration d’Agde

Installé près de la plage, à proximité du Mas Rigaud, propriété de M. Dus-four, et à deux cents mètres au sud-est du puits de M. Belluire, le long de la route reliant Agde à Sète, sur le terrain militaire désaffecté situé dans le prolongement de la caserne des gardes mobiles Mirabel, le camp d’Agde vit le jour au début du mois de mars 193910. En réalité, il serait plus exact de parler des camps d’Agde, au pluriel, car le site englobait trois camps de même nature numérotés de un à trois. À la fin du mois de mai 1939, par exemple, la population réfugiée se répartissait de la façon suivante : 7 208 individus

9 Boitel, 2000 ; Cohen, Malo, 1994 ; Laharie, 1993 ; Marcos, 2009 ; Pruja, 2003 ; Tuban, 2003 ; Zorzin, 2000.

10 ADH, 2W620, 2W622, 2W623 ; Parello, 2010, pp. 79-94.

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dans le camp n° 1, 8 002 dans le camp n° 2 et 9 014 dans le camp n° 3. La création dans l’Hérault de ce camp de concentration s’inscrivait dans le cadre de la politique nationale menée par le général Ménard, visant à désenclaver le département des Pyrénées-Orientales, « l’un des plus touchés par l’exode ». Au même titre que les camps de Saint-Cyprien et du Barcarès dans les Pyré-nées-Orientales, de Septfonds dans le Tarn-et-Garonne, de Gurs dans les Basses-Pyrénées, du Vernet dans l’Ariège et de Bram dans l’Aude, le camp d’Agde joua le rôle d’un camp de désenclavement en hébergeant des réfugiés qui avaient été précédemment internés dans les « camps sur la plage » du littoral roussillonnais.

Sous la double surveillance de l’état-major français et espagnol républicain, les miliciens du camp d’Agde — terme qui désignait les anciens combattants de l’armée républicaine espagnole — vécurent plusieurs mois coupés du monde, parqués dans des baraques de type « Génie » de 40 mètres de long sur 6 de large, dans des conditions de vie matérielles et psychologiques précaires, en proie à la promiscuité, à la maladie et à la souffrance morale. À l’image des prisonniers de guerre, ils furent soumis à une stricte discipline militaire, ponctuée par l’hymne au drapeau tricolore, les rassemblements et les défilés du dimanche.

Entre le mois de mars 1939, date de sa création, et le mois de septembre, date à laquelle les réfugiés espagnols durent quitter le camp n° 3 pour lais-ser la place aux soldats de la légion tchécoslovaque, celui-ci connut une double phase de flux et de reflux démographique. Jusqu’en mai, le nombre des réfugiés ne cessa de s’accroître passant de 7 766 en mars, à 15 794 en avril et à 24 224 en mai11. La plupart des internés étaient des miliciens des camps du Barcarès, de Saint-Cyprien et d’Argelès, et dans une moindre mesure des réfugiés de Montpellier ou de Béziers, arrêtés alors qu’ils se trouvaient en situation irrégulière dans le département de l’Hérault. À par-tir du mois de mai 1939, le nombre des internés alla en diminuant, passant respectivement de 22 383 en juin, à 16 903 en juillet, à 6 693 en août et à 2 600 à la mi-septembre. Parmi les causes de ce déclin démographique, il convient d’évoquer les rapatriements vers l’Espagne qui s’intensifièrent au printemps et s’accélérèrent au mois de septembre, avec la fermeture offi-cielle du camp d’Agde et l’entrée en guerre de la France contre l’Allemagne ; les diverses émigrations vers l’Amérique Latine et l’URSS ; les engagements dans les Régiments de marche de volontaires étrangers et la Légion étran-gère ; les réquisitions dans les Compagnies de travailleurs étrangers, etc. À ses débuts, le gouvernement français avait encouragé les rapatriements vers l’Espagne mais il se rendit très vite compte du profit que l’on pouvait tirer de cette main-d’œuvre étrangère pour l’économie du pays et la défense nationale, surtout en période de guerre. À travers le système des presta-

11 ADH, 4M1796. États statistiques transmis par le chef d’escadron Pignet commandant la 16e Région au préfet de l’Hérault au cours de l’année 1939.

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tions, les internés du camp d’Agde jouèrent un rôle clé dans l’économie héraultaise, en tant qu’ouvriers agricoles ou industriels12.

Parmi les réfugiés, il y avait une majorité de Catalans mais aussi des Espa-gnols originaires d’autres régions, des militaires et des civils, des intellectuels et des travailleurs manuels, des ouvriers agricoles et des ouvriers industriels, des individus peu politisés et des « meneurs politiques »13. Si les républicains modérés, membres de Izquierda Republicana ou de Esquerra Republicana de Catalunya, et les socialistes du Partido Socialista Obrero Español purent mener une vie relativement tranquille, en revanche, les communistes du Partido Comunista Español, du Partit Socialista Unificat de Catalunya et du Partido obrero de Unificación Marxista, ainsi que les anarcho-syndicalistes de la Federación Anarquista Ibérica et de la Confederación Nacional del Tra-bajo, firent l’objet d’une étroite surveillance et furent soumis à de lourdes sanctions : peines d’isolement dans des baraques à usage disciplinaire, trans-ferts au camp spécial de Collioure, expulsions du territoire national, etc.

Les camps d’hébergement de Sète, Lodève, Clermont-l’Hérault et Ceilhes-et-Rocozels

En raison de sa bonne infrastructure touristique, la ville de Sète disposait de nombreux locaux pour recevoir les réfugiés. Le camp des Jeunesses laïques républicaines, administré par Léon Bellivier et doté d’une capacité d’accueil de 700 lits, fut aménagé, dans un premier temps, en centre d’hébergement pour enfants et transformé, dans un deuxième temps, en hôpital tempo-raire pour les miliciens blessés14. En guise d’exemple, il hébergea, à compter du 2 mars 1939, 60 enfants en provenance de Lamotte-Beuvron (Loir-et-Cher), pris en charge par le Comité suisse d’aide à l’Espagne républicaine, et accueillit le 11 mars 193915, 225 miliciens blessés en provenance de Perpi-gnan16. Le camp fut entièrement évacué en date du 15 mars 1939. La colonie d’enfants qui l’occupait jusqu’alors se scinda en trois : une première partie trouva refuge dans un centre de l’Aude, une deuxième partie s’installa à Sète, à la villa « La Raimondière », route de la Corniche, et une dernière partie à la villa « Amélie », rue Haute Caraussane17. À partir de cette date, le camp ne reçut que des miliciens venus en train des Pyrénées-Orientales et, accessoire-ment, des Bouches-du-Rhône.

12 Au mois de septembre 1939, par exemple, 3 510 hommes furent mis à la disposition des mairies du département de l’Hérault pour effectuer les travaux des vendanges. ADH, 2W622. Rapport du colonel Lamotte (27-VII-1939).

13 ADH, 4M1800. Commissaire spécial Mazet, détaché au camp d’Agde au contrôleur général de la sûreté nationale en mission à Perpignan (23-VIII-1939).

14 ADH, 4M1795. Préfet de l’Hérault au ministre de l’Intérieur (15-V-1939).15 ADH, 4M1801. Commissaire divisionnaire spécial de Sète au préfet de l’Hérault (11-III-1939).16 ADH, 4M1801. Commissaire divisionnaire spécial de Sète au préfet de l’Hérault (2-III-1939).17 ADH, 4M1801. Commissaire divisionnaire spécial de Sète au préfet de l’Hérault (15-III-1939).

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Tableau 1. — Nombre de réfugiés espagnols accueillis au camp des Jeunesses laïques républicaines

Date Nombre

14 mars 1939 468

17 avril 1939 697

2 mai 1939 654

5 juin 1939 199

28 août 1939 205

21 septembre 1939 18

30 novembre 1939 13

Moyenne 322

Le lazaret protestant de la Corniche, qui appartenait au pasteur Leen-hardt, avait accueilli une colonie d’enfants espagnols à partir du 27 juillet 1938. En vertu d’un accord passé entre Juan de los Toyos, ministre du Tra-vail et de la Prévoyance du gouvernement basque, et le préfet de l’Hérault, Antoine Monis, le lazaret abrita des réfugiés basques à compter de la fin du mois de février 1939. Le camp était dirigé par Vicente Diez Rodríguez, ancien député basque. En mai, le nombre des réfugiés s’élevait à 313 : 127 hommes valides combattants, dont quatre médecins ; 115 hommes valides non-combattants, dont 80 fonctionnaires publics et 35 maires, députés, conseillers, etc. ; 22 vieillards ; 6 mutilés ; 5 vieillardes ; 20 enfants et 18 femmes. « Il y a lieu de considérer qu’il s’agit, en majeure partie (soit 80%) de fonctionnaires du Gouvernement d’Euzkadi et des Banques du Pays Basque, de conseillers municipaux et autres charges publiques ainsi que des vieillards »18. Le 20 mai 1939, à l’échéance du bail intervenu entre le pasteur Leenhardt et le Comité de l’ex-gouvernement du Pays Basque, les résidents du lazaret furent transférés au refuge basque de Pézenas, situé 19 rue Victor-Hugo19.

En date du 12 février 1939, le préfet de l’Hérault dirigea sur le lazaret catholique de Sète un groupe de 120 enfants espagnols, au compte de la Compagnie des filles de la charité de Saint-Vincent-de-Paul et de la Croix-Rouge belge20. L’héberge-ment fut de courte durée car, dès le 7 mars, Albert Isenberg, consul de Belgique à Sète, notifiait au préfet la décision du gouvernement et de la Croix-Rouge belges de faire cesser leur intervention dans les formations d’accueil qu’ils possédaient à Sète et à Perpignan21. De même, le 30 mars 1939, la sœur M. Chaplain, supérieure

18 ADH, 4M1804. Juan de los Toyos, ministre du Travail et de la Prévoyance du gouvernement basque au préfet de l’Hérault (24-II-1939).

19 ADH, 4M1804. Dr Laureano Lasa Oria, Directeur Général d’Assistance sociale du Comité de secours aux Basques à Paris au préfet de l’Hérault (7-V-1939).

20 ADH, 4M1819. Commissaire spécial de Sète au préfet de l’Hérault (12-IV-1939). Ces 120 enfants furent rapatriés en Espagne via Hendaye le 12 avril 1939.

21 ADH, 4M1819. M. Albert Isenberg, Consul de Belgique au préfet de l’Hérault (7-III-1939).

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générale de la Compagnie, indiquait qu’il ne lui était plus possible de prendre en charge les enfants sans l’aide de l’Etat et, a fortiori, de s’acquitter de la somme de 75 000 francs que lui réclamait l’administration des hospices de Sète. Pour éviter que les jeunes pensionnaires ne soient évacués à compter du mois d’avril, un accord fut trouvé entre le préfet et M. Bergougnoux, administrateur de la Com-mission administrative de l’hôpital-hospice Saint-Charles de Sète. Moyennant un forfait de neuf francs par jour, la Commission s’engageait à assurer l’hébergement des 309 réfugiés espagnols hébergés jusqu’alors par la Croix-Rouge et la Com-pagnie de Saint-Vincent-de-Paul, et des 263 femmes et enfants qui se trouvaient dans l’ancienne maison d’arrêt de Lodève22.

L’établissement héliomarin de Sète logea également des enfants espagnols, seuls ou accompagnés de leurs mères, jusqu’à la fin du mois de juin 1939, date à laquelle la Commission administrative des hôpitaux de Sète, réunie sous la présidence du maire, ordonna leur évacuation vers d’autres centres afin de restituer les locaux à leur usage habituel, autrement dit, l’accueil des vacanciers et des curistes français.

L’ancienne prison de Lodève, aménagée en centre d’hébergement provi-soire pour les femmes et les enfants, abrita jusqu’à 300 personnes dès le mois de février. Elle comportait un nombre important de « vastes salles aérées » et de « nombreuses commodités ». D’après le commissaire de police de Lodève, les conditions hygiéniques et sanitaires ainsi que la sécurité laissaient forte-ment à désirer. En effet, si la surface des dortoirs était suffisante, les espaces libres, couloirs et courettes, étaient trop exigus pour accueillir tout ce monde. Par ailleurs, le tirage des poêles défectueux et les dégagements de gaz nocifs faisaient peser une sérieuse menace sur la santé des occupants, dont bon nombre étaient des enfants encore au biberon ou au sein23. C’est en ces termes également que le docteur Maurice Bouchet, médecin-inspecteur, rapportait la visite médicale qu’il effectua à Lodève le 15 février 1939 :

À Lodève, j’ai visité l’installation des réfugiés à l’ancienne prison, accompagné de M. le Docteur Mas, Conseiller Général, de M. le Com-missaire de Police et de Madame Leduc, Médecin inspecteur d’hygiène. Mme Leduc a fait prendre toutes les mesures d’hygiène préventives indispensables. Elle a la lourde tâche du triage et des soins à donner à de nombreux éclopés. Elle est aidée par un personnel féminin béné-vole et deux infirmières du Service départemental. Comme au camp de Montpellier, il y a à Lodève beaucoup de réfugiés atteints de diarrhée et de bronchite. Quant aux personnes atteintes de gale, il s’en trouve encore quelques-unes malgré le transport à l’Hôpital de Montpellier d’une vingtaine de ces malades24.

22 ADH, 4M1801. Sœur M. Chaplain, Supérieure Générale de la Compagnie des Filles de la Cha- ADH, 4M1801. Sœur M. Chaplain, Supérieure Générale de la Compagnie des Filles de la Cha-rité de Saint-Vincent-de-Paul au préfet de l’Hérault (30-III-1939).

23 ADH, 4M1799. Situation des réfugiés de Lodève le 21-II-1939.24 ADH, 4M1799. Docteur Maurice Bouchet au préfet de l’Hérault (16-II-1939).

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Tableau 2. — Nombre des femmes et des enfants accueillis à l’ancienne maison d’arrêt de Lodève

Date Nombre

20 février 1939 300

25 mars 1939 332

14 avril 1939 303

15 mai 1939 289

14 juin 1939 257

7 juillet 1939 237

21 juillet 1939 0

À Clermont-l’Hérault, un autre camp d’hébergement situé à l’extérieur de la ville, au lieudit l’Enclos Roanne, fut aménagé à partir du mois de février 193925 : il hébergea jusqu’à 312 femmes et enfants26. Malgré des conditions matérielles relativement précaires — hangar vide avec de nombreuses ouvertures sous le toit, rats cavalant sur les poutres, absence de paille pour le couchage, etc. —, le maire de la ville, le médecin Ronzier-Joly, « socialiste et grand ami des républi-cains espagnols »27, fit tout ce qui était en son pouvoir pour rendre la vie plus amène aux internées. Il leur permit notamment de faire leur propre cuisine, mit à leur disposition un journal gratuit grâce auquel elles purent avoir des nouvelles des membres de leurs familles et apprendre les terribles conditions de détention des hommes au camp d’Agde, et en plaça certaines dans des familles de Clermont-l’Hérault en leur facilitant l’obtention de titres de travail.

Tableau 3. — Nombre des femmes et des enfants accueillis l’Enclos Roanne de Clermont-l’Hérault

Date Nombre

7 février 1939 29

13 février 1939 85

27 février 1939 350

4 avril 1939 304

17 avril 1939 298

15 mai 1939 315

31 mai 1939 261

27 mai 1939 234

À partir de l’été 1939, tous les réfugiés de la ville de Lodève furent transférés au camp de Ceilhes-et-Rocozels — appelé également camp de Roquere-donde —, créé à la fin du mois de juin 1939 pour libérer les trois camps de

25 ADH, 4M1795. Commissaire de Clermont-l’Hérault au préfet de l’Hérault (17-IV-1939). À cette date, le nombre des réfugiés était de 356 personnes réparties comme suit : 298 à l’Enclos Roanne, 10 à l’hôpital, 48 hébergés chez des particuliers.

26 ADH, 4M1801. Commissaire de police de Clermont-l’Hérault au préfet de l’Hérault (24-II; 22-IV 1-V; 8-V; 27-VI et 3-VII-1939).

27 Témoignage de Pepita Carpena, Bulletin du CIRA, Marseille, 1er semestre 1986.

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femmes et d’enfants existant alors dans le département de l’Hérault, à savoir Sète (Centre héliomarin), Clermont-l’Hérault (Enclos Roanne) et Lodève (Ancienne maison d’arrêt).

Ce camp, placé sous la direction du maire, M. Bénavenq, et situé à proxi-mité de la gare de Ceilhes, se présentait sous la forme d’un « grand bâtiment en bois de 60 mètres de long sur 50 de large, dépendant de l’Usine de l’Orb », une usine désaffectée de métallurgie et de sidérurgie28. Un premier convoi en provenance de Sète arriva à Ceilhes le 30 juin par le train de 11h30. À son bord, un milicien employé comme chauffeur, cinq hommes non-combat-tants, dont trois médecins, ainsi que 263 femmes et enfants. Afin de donner une instruction aux plus jeunes, le camp de Ceilhes créa sa propre école assurée par trois enseignants espagnols : Fernando Chao, licencié en histoire et ancien instituteur interné au camp d’Agde, Pilar Alduncín, son épouse, également ancienne institutrice soignée au sanatorium des Pins à Lamotte-Beuvron dans le Loir-et-Cher, et Rafael Gordillo Ramírez, ancien instituteur interné à Bram dont la femme se trouvait déjà au camp de Ceilhes29.

Tableau 4. — Nombre des réfugiés accueillis au camp de Ceilhes-et-Rocozels

Date Nombre Détail

30 juin 1939 269 1 milicien, 5 hommes non-combattants, 263 femmes et enfants

5 août 1939 668 1 milicien, 7 hommes non-combattants, 660 femmes et enfants

7 août 1939 687 1 milicien, 6 hommes non-combattants, 679 femmes et enfants

27 août 1939 707 2 miliciens, 21 hommes non-combattants, 684 femmes et enfants

20 septembre 1939 773 2 miliciens, 28 hommes non-combattants, 743 femmes et enfants

11 novembre 1939 675 25 hommes non-combattants, 330 femmes, 320 enfants

25 novembre 1939 652 28 hommes non-combattants, 315 femmes, 309 enfants

10 janvier 1940 592 25 hommes non-combattants, 279 femmes et 288 enfants

De façon générale, résidaient au camp de Ceilhes des femmes dont le mari ou le fils avaient contracté un engagement sous les drapeaux français, avaient été recrutés dans une Compagnie de travailleurs étrangers, étaient employés à des travaux agricoles ou séjournaient toujours dans un camp de concentration30.

28 ADH, 4M1801. Maréchal des Logis Giron, commandant la brigade de Lodève au lieutenant commandant la section (30-VI-1939) ; Préfet de l’Hérault au général commandant la 16e Région (8-VII-1939) ; Préfet de l’Hérault au président du Secours populaire (M. Chauvet) (18-VII-1939).

29 ADH, 4M1801. Directeur du Camp de Ceilhes au préfet de l’Hérault (16-VIII-1939).30 ADH, 2W602/1. Camp de Ceilhes-et-Rocozels (10-I-1940). Exemples : Francisco Montoro

Solana, époux de María Solana Crevillon, était soldat au 11 RMVE au camp de Valbonne dans

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Le camp de triage de Villodève

La ville de Montpellier hébergea temporairement des réfugiés au « camp de triage » de Villodève, une ancienne savonnerie appartenant à M. Baudra-nol, sise route du Pont Juvénal. Le camp, réquisitionné par le préfet au début du mois de février 193931, accueillit indistinctement des hommes, des femmes et des enfants qui, après identification par les autorités françaises, étaient soit reconduits à la frontière espagnole, soit dirigés vers des hôpitaux ou des camps du département ou de l’intérieur32.

Ainsi, le 10 février 1939, 800 réfugiés y furent-ils logés avant d’être transfé-rés le lendemain vers Hendaye, Sète et Lodève. Le 12 février 1939, le délégué sanitaire de la 1ère circonscription de Montpellier faisait savoir au préfet que l’organisation improvisée du camp de Villodève était suffisante pour un court passage, mais incomplète si le séjour devait être prolongé. À ce titre, il était indispensable d’obturer les ouvertures qu’offraient les parois, notamment celles exposées au Nord, de réparer la toiture délabrée pour faire face à d’éventuels épisodes pluvieux, d’installer un poste de douches pour permettre aux méde-cins d’opérer « le nettoyage complémentaire des galeux et pouilleux renvoyés de l’Hôpital et de remédier à la saleté repoussante de certains », d’augmenter la ration individuelle de paille en raison de la « fraîcheur » des nuits (doux euphé-misme !) et d’installer quelques extincteurs en cas d’incendie. Par ailleurs, en raison du nombre de porteurs de poux, des risques d’apparition du typhus et de son extension en ville, il convenait d’interdire l’accès du hangar à toutes personnes étrangères au service. Seuls les délégués officiels de contrôle devaient être admis sur présentation d’une carte signée du préfet.

Dans une petite infirmerie de secours installée avec des moyens de fortune, le docteur Bouchet et le docteur Boucomont devaient procéder tant bien que mal aux visites médico-chirurgicales, aux vaccinations et aux soins des éclo-pés et des opérés :

Au cours de l’Inspection médicale de contrôle passée ce jour, Dimanche 12 février, j’ai (délégué sanitaire de la 1ère circonscription de Montpellier) vacciné tous les arrivants, soit 276 le matin et 31 l’après-midi, total : 307. Mes collègues, Dr. BOUCHET et Dr. BOUCOMONT, ont pendant toute la matinée passé la visite médico-chirurgicale d’entrée et retenu dans le lot des nouveaux venus une trentaine de galeux et pouilleux qui ont été envoyés à l’Hôpital pour y subir le traitement de nettoyage approprié. Quelques autres évacuations sur les Services de Médecine et de Chirurgie

l’Ain. Le mari de Victoria García Camarero, Mariano de la Fuente, avait été envoyé dans la 17 CTE de Bonifaccio. Le mari de Genova González Huelva, Armando Sánchez Gasco, travaillait pour le compte de propriétaires viticoles à Saint-Gély-du-Fesc. Francisco Santisteban Ricol, époux de Pal-mira Blanco Noguere, était interné à Gurs dans les Basses-Pyrénées.

31 ADH, 4M1823. Réquisition par le préfet Antoine Monis de l’ancienne savonnerie Villodève (Route du Pont Juvénal) appartenant à M. Baudranol (13-II-1939).

32 ADH, 4M1799. Délégué-Sanitaire de la 1ère Circonscription de Montpellier au préfet de l’Hérault (12-II-1939).

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ont été effectuées. Le Rapport de Police doit vous en fournir le détail. Enfin, une courte visite de tous les occupants de la veille a été opérée le matin par mes confrères. Dans le courant de l’après-midi, de 14h30 à 18h30, j’ai revu tous les éclopés et opérés (62 pansements d’importance diverse). À 18 heures, M. le Dr. BOUCHET a revu quelques fébriles et prescrit le travail médical de la nuit. Le total des vaccinations atteint à ce jour 905 contrôlées et 80 environ non-contrôlées33.

Compte tenu du mauvais état du local, insuffisamment protégé contre les intempéries et impossible à chauffer en hiver, le camp de Villodève ne tarda pas à fermer ses portes34. Le 23 février 1939, un communiqué paru dans le journal Le Petit Méridional faisait savoir que la plupart des occupants avaient été dirigés sur Rodez, Millau et Angers, et qu’il ne restait plus au camp que 31 personnes dont les enfants ou les parents étaient en cours de traitement dans l’un des hôpitaux de Montpellier35.

Les camps spécialisés de Béziers, Pézenas et Saint-Bauzille-de-Putois

À la fin du mois de janvier 1939, les miliciens et les civils valides logés chez des particuliers et ne possédant aucune autorisation de séjour des autorités administratives françaises furent dirigés sur la caserne Maraussan de Béziers, mise spécialement à disposition du préfet par l’armée36.

Tableau 5. — Nombre des réfugiés accueillis à la caserne Maraussan de Béziers

Date Nombre Détail

30 février 19/39 245 Civils valides et déserteurs

25 mars 1939 900 Réfugiés

25 mars 1939 508 79 hommes non-combattants, 3 femmes et enfants, 426 blessés hospitalisés

14 avril 1939 600 1 milicien, 94 hommes non-combattants, 5 femmes et enfants, 500 blessés hospitalisés

15 mai 1939 542 11 miliciens, 94 hommes non-combattants, 5 femmes et enfants, 432 blessés hospitalisés

14 juin 1939 572 2 miliciens, 90 hommes non-combattants, 5 femmes et enfants, 475 blessés hospitalisés

7 juillet 1939 535 62 hommes non-combattants, 5 femmes et enfants, 468 blessés hospitalisés

7 août 1939 496 61 hommes non-combattants, 5 femmes et enfants, 430 blessés hospitalisés

25 septembre 1939 0

33 ADH, 4M1799. Délégué-Sanitaire de la 1ère Circonscription de Montpellier au préfet de l’Hérault (12-II-1939).

34 Motte, 1986, p. 79.35 Le Petit Méridional, 23-II-1939.36 ADH, 4M1795. Préfet de l’Hérault au ministre de l’Intérieur (27-II-1939).

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Dirigée par M. Labatut, ancien secrétaire en chef de la sous-préfecture de Béziers, et administrée par M. Laurent, ancien chef de bureau de la mairie de Montpellier, cette caserne qui faisait à la fois office de camp et d’hôpi-tal auxiliaire, fonctionna grâce à un personnel mixte. Le personnel français était composé d’un médecin chef (Lucien Misermont), d’un chirurgien (Paul Guibal), d’un interne (Jean Robert), de deux infirmières diplômées d’État, de quatre infirmières SSBM et de quatre infirmières UFF. Le personnel espa-gnol, de loin le plus nombreux, comptait neuf médecins, quatorze étudiants et infirmiers, un pharmacien, neuf infirmières, un stérilisateur, deux désin-fecteurs et doucheurs, cinq veilleurs de nuit (un par pavillon), vingt-quatre garçons de salle, dix cuisiniers et trente ouvriers et artisans (peintres, menui-siers, tailleurs, coiffeurs, etc.)37.

D’après les informations fournies par le médecin chef Lucien Misermont, 1 238 personnes auraient été soignées à l’hôpital auxiliaire entre le 20 mars et le 14 juin 1939 dans des conditions relativement satisfaisantes, le « taux de mortalité étant de 1,83%, chiffre absolument infime ». Au rang des patholo-gies récurrentes, figurent les plaies, les fractures, les fistules, les ankyloses et les amputations des membres inférieurs (270 cas), la tuberculose pulmonaire (89 cas), les infections intestinales fébriles (78 cas), la typhoïde (60 cas), les néphrites (45 cas), les gastro-entérites (39), les affections des voies pulmonaires (37 cas), le paludisme (36 cas), les fistules des membres supérieurs (34 cas), les érysipèles (33 cas), les pneumonies (32 cas) et les rhumatismes (28 cas)38.

Quant aux Basques qui avaient exercé des responsabilités politiques au sein de l’ex-gouvernement d’Euzkadi et leurs familles, ils furent logés à Pézenas à la fin du mois de mars 1939 dans un local loué par la mairie. À la mi-mai, lors de la fermeture du lazaret protestant de Sète, 320 compatriotes vinrent les rejoindre39. Le refuge basque de Pézenas avait été loué par Juan de los Toyos, ministre du Travail et de la Prévoyance du gouvernement basque, auprès du maire de la ville, Jean Bene, à la fin du mois de février 1939. Il était dirigé par Victoriano Gil Furrundareña, ancien maire de San Salvador del Valle, et administré par Eusebio Gorrochategui, ancien chef de la Sûreté de la frontière espagnole, en remplacement de M. Cebrian, jugé trop laxiste par le Docteur Laureano Lasa Oria, directeur général d’assistance sociale du Comité de secours aux Basques40. Initialement prévu pour loger 200 per-

37 ADH, 4M1799. Dossier sur la politique sanitaire et hospitalière dans l’Hérault.38 ADH, 4M1799. Maladies ou blessures soignées à l’hôpital auxiliaire Maraussan depuis le

20-III-1939 jusqu’à mai 1939.39 ADH, 4M1804. Docteur Laureano Lasa Oria, directeur général d’assistance sociale du Comité

de secours aux Basques à Paris au préfet de l’Hérault (7-II-1939) ; Sous-préfet de Béziers au préfet de l’Hérault (10-V-1939) ; Liste de réfugiés basques hébergés au camp de Bram qui demandent à être autorisés à rejoindre le refuge basque de Pézenas (24-V-1939).

40 ADH, 4M1804. Docteur Laureano Lasa Oria, directeur général d’assistance sociale du Comité de secours aux Basques à Paris au préfet de l’Hérault (24-V-1939)

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sonnes, le refuge en accueillit, dans la pratique, plus de 35041. Les premiers réfugiés du camp de Bram dans l’Aude, au nombre de onze, débarquèrent à Pézenas le 29 mars 1939.

Ils furent rejoints le 18 mai 1939 par 312 ressortissants basques qui se trou-vaient au lazaret protestant de la Corniche à Sète ; le 24 mai 1939, par 18 réfugiés basques hébergés au camp de Bram ; le 22 août 1939, par 7 personnes du camp de Barcarès, 15 personnes du camp de Bram, 9 personnes de l’hôpi-tal La Roseraie à Bidart (Basses-Pyrénées) ainsi que 8 personnes du camp de Gurs ; et, finalement, au mois de novembre 1939, par un groupe de Basques qui résidaient dans un refuge de Narbonne situé quai de Lorraine42.

La plupart de ces réfugiés appartenaient à une moyenne bourgeoisie constituée de marchands, d’employés de banque, de fonctionnaires et d’ouvriers spécialisés de l’industrie : machiniste naval, métallurgiste, mécanicien, tourneur, etc.

Le refuge basque de Pézenas ferma ses portes au début de l’année 1940, comme en témoigne cette lettre du commissaire de police de Pézenas adres-sée au sous-préfet de Béziers au mois d’août 1939 :

J’ai l’honneur de vous faire connaître que le Directeur du Refuge Basque de notre ville s’est présenté tout à l’heure devant nous et nous à fait savoir confidentiellement que l’Ancien Gouvernement Basque avait décidé pour des raisons d’ordre purement financier la ferme-ture du refuge de notre ville. Les intéressés ne seront pas avisés de cette décision avant quelques jours. Désireux d’éviter tout incident et animé du souci de procéder avec ordre, le Directeur nous a expliqué qu’il serait organisé des départs successifs à destination de l’Espagne. Chaque convoi ne comprendrait que 20 à 30 réfugiés désignés par le Directeur. Ce dernier estime qu’à la fin du mois de février au plus tard, le refuge Basque de Pézenas serait complètement évacué. Je vous signale également un léger mécontentement et un petit sentiment de jalousie à l’égard des réfugiés autorisés à résider dans notre commune chez les ouvriers agricoles locaux. Ces derniers, qui avaient assisté avec indifférence à l’installation d’un refuge, ont manifesté (discrètement d’ailleurs et verbalement seulement) une certaine impatience en appre-nant que les Espagnols arrivés chez nous après la défaite des Armées républicaines pourraient participer aux travaux des vendanges43.

Le camp de Saint-Bauzille-de-Putois administré par Louis Metge, indus-triel à Béziers, et dirigé par son frère Pierre Metge, instituteur à Capestang, logea dans les bâtiments de la Colonie de vacances des « Lutins Cévenols », des réfugiés espagnols précédemment rassemblés à Perpignan, Narbonne et Béziers par la fédération des Jeunesses laïques républicaines et les Loges

41 ADH, 4M1804. Juan de los Toyos au préfet de l’Hérault (24-II-1939).42 ADH, 4M1804. « Lista de personas cuya autorización se ha solicitado de la prefectura de Mon- ADH, 4M1804. « Lista de personas cuya autorización se ha solicitado de la prefectura de Mon-

tpellier para que vengan a albergarse en la residencia vasca de Pézenas » (22-VIII-1939).43 ADH, 4M1804. Sous-préfet de Béziers au préfet de l’Hérault (22-VIII-1939).

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maçonniques44. Au fil des mois, la population du camp ne fit que s’accroître passant de 181 en mars à 235 au mois d’août 1939.

Tableau 6. — Nombre des réfugiés accueillis au camp de Saint-Bauzille-de-Putois (1939)

Date Nombre Détail

6 février 1939 108 20 hommes, 60 femmes, 28 enfants

30 mars 1939 181 40 hommes, 90 femmes, 51 enfants

13 mai 1939 220 80 hommes, 90 femmes, 50 enfants

15 juillet 1939 190 81 hommes, 59 femmes, 50 enfants

30 juillet 1939 218 90 hommes, 70 femmes, 58 enfants

30 août 1939 235 94 hommes, 74 femmes, 67 enfants

En dépit de la surpopulation qui obligea certains réfugiés à résider dans l’en-ceinte du village, les conditions de vie au camp étaient relativement satisfaisantes. Les Espagnols mangeaient correctement, faisaient l’objet d’une surveillance dis-crète de la part de la brigade de gendarmerie de Ganges et étaient relativement libres de leurs mouvements, du moins jusqu’au printemps, date à laquelle le pré-fet prit des mesures coercitives en interdisant les sorties nocturnes :

Mon attention ayant été appelée sur le fait que des réfugiés espa-gnols de votre Camp circulant la nuit dans Saint-Bauzille et faisant du tapage nocturne troublaient la tranquillité des habitants de ce village, j’ai l’honneur de vous informer en conséquence, qu’il est de toute nécessité d’interdire les sorties de ces réfugiés à partir du coucher du soleil45.

L’originalité du camp de Saint-Bauzille réside dans le fait qu’il joua le rôle d’un centre de regroupement familial pour des familles entières qui, par la suite, continuèrent à résider dans l’Hérault, retournèrent en Espagne ou émi-grèrent à destination de l’Amérique Latine (Colombie, Argentine, Mexique). C’est ainsi que Fernando Martín López et son épouse Africa Flores Muñoz séjournèrent à Saint-Bauzille avec leurs sept enfants : Africa, née en 1917, Carmen née en 1919, Fernando né en 1921, Antonio né en 1928, Concha née en 1929, Maria Luisa née en 1932 et Juan José né en 193546, ou que Francisco Iral Iglesia, interné au camp civil d’Argelès-sur-Mer, put retrouver sa femme et sa fille à Saint-Bauzille avant de s’embarquer pour le Mexique :

M. Francisco Iral Iglesia, ancien magistrat de la République Espa-gnole, dont la santé est à l’heure actuelle très précaire, désirerait être autorisé à séjourner à Saint-Bauzille de Putois, dans votre départe-

44 ADH, 4M1804. Préfet de l’Hérault à l’administrateur du Camp des Lutins Cévenols (6-V-1939).45 ADH, 4M1801. Préfet de l’Hérault à l’administrateur du Camp des Lutins Cévenols (6-V-1939).46 ADH, 4M1801. Commissaire spécial de Montpellier au préfet de l’Hérault (25-IV-1939).

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ment. Cela lui permettrait de retrouver sa femme et sa fille qui habitent dans cette localité où elles reçoivent des secours réguliers d’un parent habitant Mexico. De cette façon, M. Iglesia pourrait mener une vie plus conforme à son état de santé, et la famille entière pourrait poursuivre les démarches faites d’accord avec son parent mexicain, afin de gagner prochainement ce pays47.

Les réfugiés, originaires principalement du Pays Basque, de Catalogne et de Castille, constituaient une véritable élite politique et sociale. La plupart travaillaient dans le secteur tertiaire et exerçaient des professions libérales, appartenaient à des Loges maçonniques et avaient occupé des fonctions poli-tiques de tout premier plan au sein de l’ex-gouvernement de la République espagnole.

Citons, au titre d’exemple, les noms de Manuel de Castro Tiedra, né à Grenade en 1872, écrivain et directeur au ministère des Finances ; de Rafael Bonmati Valero, né à Alicante en 1905, président du Tribunal spécial de garde n° 2 à Barcelone ; de Roberto Ruiz García, né à Madrid en 1897, chef de comptabilité à la Marine marchande ; de Fernando Jacques Roma Ors, né à Béziers en 1916, auxiliaire du juge d’instruction de Figuéras ; de Felix Soler Carrión, né à Madrid en 1877, procureur à la Cour des Comptes ; de Maria Agustina Martínez Castroverde, née à Murcie en 1917, employée au ministère de l’Agriculture ; de Gil Junquera Bosch, né à Gérone en 1893, secrétaire à la mairie de Gérone ; de Daniel Labarta, né à Pampelune en 1882, dentiste ; de Mercedes Vidal Laosa, née à Barcelone en 1910, directrice d’école ; de Magin Miro Vives, né à Valls en 1887, médecin ; de Fernando Nuñez Villatoro, né à La Linea en 1898, sergent de police ; de Jaime Coma Font, né à Barcelone en 1889, comptable, etc.

En guise de conclusion, nous dirons que la politique d’internement admi-nistratif menée dans l’Hérault par le préfet Antoine Monis poursuivait un triple but : venir en aide aux étrangers « désirables », par le biais de l’aide gouvernementale et humanitaire ; discipliner les étrangers « indésirables » et « dangereux » susceptibles de porter atteinte à la sûreté nationale et à l’ordre public, par le biais de la coercition ; et, intégrer les réfugiés dans le circuit pro-ductif, par l’utilisation d’une main-d’œuvre nécessaire au redressement de l’économie nationale. Cette politique, ambiguë s’il en est, reprend mot pour mot les directives d’humanité et de fermeté prônées par le président du Conseil et le ministre de l’Intérieur. Inspirée d’un idéal de justice et de miséricorde, elle repose sur l’encouragement au rapatriement et à l’émigration, sur l’aide huma-nitaire apportée aux femmes et aux enfants, ainsi que sur la surveillance étroite des hommes et des miliciens perçus comme une source de danger potentiel48.

47 ADH, 4M1801. Ministre de la Santé publique (M. Marc Ruart) au préfet de l’Hérault (2-V-1939).48 ADH, 4M1795. Circulaire du ministre de l’Intérieur au préfet de l’Hérault (5/05/39) : « En bref,

l’ordre, la discipline dans les centres d’hébergement, la fermeté n’excluant nullement la bienveillance

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Abreviaturas

ADH Archives départementales de l’HéraultCIRA Centre International de Recherches sur l’Anarchisme (Marseille)CTE Compagnie de Travailleurs ÉtrangersSSBM Société de Secours aux Blessés MilitairesUFF Union de Femmes de France

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Zorzi, Sylvain (2000) Le camp de Setfons : soixante ans d’histoire et de mémoires (1939-1999), Bordeaux.

Palabras clave

Guerre civile espagnole, Hérault, Internement administratif, républicains espagnols,

Retirada

dans votre action quotidienne doivent, à mesure que le séjour des réfugiés se prolonge, être plus que jamais les caractéristiques de votre intervention et de celle de vos collaborateurs ».