delly exilee

7/29/2019 Delly Exilee

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Delly

Lexile

BeQ


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Delly

Lexileroman

La Bibliothque lectronique du Qubec

Collection Classiques du 20e

sicleVolume 101 : version 1.0


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Delly est le pseudonyme de Marie Petitjean dea Rosire (Avignon 1875 Versailles 1947).


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I

Les nuages staient un instant carts, un viayon de soleil davril frappait le vitrage du bow-

window o Myrt reposait, sa tte dlicate

etombant sur le dossier du fauteuil, dansatmosphre tide parfume par les violettes et

es muguets prcoces qui croissaient dans lesaisses, lombre de palmiers et de grandes

ougres.Ctait une miniature de petite serre. Tout au

lus, entre ces caisses et ces quelques plantesertes, demeurait-il la place ncessaire pour le

auteuil o stait glisse la mince personne deMyrt.

Elle reposait, les yeux clos, ses longs cilsors frlant sa joue au teint satin et nacr, ses

etites mains abandonnes sur sa jupe blanche.es traits, dune puret admirable, voquaient leouvenir de ces incomparables statues dues au


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iseau des sculpteurs de la Grce. Cependant, ilstaient peine forms encore, car Myrt navaitas dix-huit ans... Et cette extrme jeunesseendait plus touchants, plus attendrissants le pli

ouloureux de la petite bouche au dessin parfait,e cerne bleutre qui entourait les yeux de laeune fille, et les larmes qui glissaient lentemente ses paupires closes.

Sur sa nuque retombait, en une coiffureresque enfantine, une lourde chevelure auxarges ondulations naturelles, une chevelure dunlond chaud, qui avait certains instants des

olorations presque mauves, et semblait, peuprs, dore et lumineuse. Ses bandeauxncadraient harmonieusement le ravissant visage,oucement clair par ce gai rayon de soleilerant entre deux giboules.

Myrt demeurait immobile, et cependant ellee dormait pas. Quand mme sa sollicitude filialee let pas tenue veille, prte courir lappele sa mre, la douloureuse angoisse qui la serraitu cur laurait empche de goter un vritableepos.


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Bientt, demain peut-tre, elle se trouveraitrpheline et seule sur la terre. Aucun parent neerait l pour laider dans ces terribles momentsedouts dmes plus mres et plus

xprimentes, aucun foyer nexistait qui ptaccueillir comme une enfant de plus. Elle avaita mre, et celle-ci partie, elle tait seule, sansessources, car la pension viagre dont jouissait

madame Elyanni disparaissait avec elle.Myrt tait fille dun Grec et dune Hongroise

e noble race. La comtesse Hedwige Gisza avaitompu avec toute sa parent en pousant Christos

lyanni dont la vieille souche hellnique neouvait faire oublier, aux yeux des fiersmagistrats, que ses parents avaient drog en

occupant de ngoce, et que lui-mme ntaituun artiste besogneux.

Artiste, il ltait dans toute lacception duerme. pris didal, il vivait dans un rveerptuel o flottaient des visions de beauturhumaine. La jolie Hongroise, vue un jour aris, une fte de charit o Christos stait

aiss entraner par un ami, lavait frapp par sa


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rce dlicate, un peu thre, et la douceuradieuse de ses yeux bleus. Elle, de son ct,vait remarqu cet inconnu dont les longsheveux noirs encadraient un visage si diffrent

e tous ceux qui lentouraient un visage demdaille grecque, o le regard rayonnant duneontinuelle pense intrieure mettait un charmendfinissable. Elle se fit prsenter lartiste, obtint

e la vieille cousine qui la chaperonnait quehristos ft son portrait, et, un jour, elle offrille-mme sa main au jeune Grec qui avaitusque-l soupir en silence, sans oser seclarer.

Elle tait majeure, sans parent proche, etourvue dune fortune peu considrable, maisndpendante. Elle devint madame Elyanni... Ete fut un mnage la fois heureux et malheureux.

Heureux, car ils taient unis par un amourrofond et ne voyaient rien au-del lun deautre... Malheureux, car ils avaient des dfauts

dentiques, des gots trop semblables. Alors quea nature rveuse et trop idaliste de Christos etemand, en sa compagne, le contrepoids dune


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aison ferme, dun jugement mri et dhabitudesratiques, il ne devait trouver, en Hedwige, quunharmant oiseau adorant les fleurs, la lumire, lestoiles claires et chatoyantes, incapable dune

ense srieuse et ignorant tout de la conduiteune maison.

Aprs avoir vcu pendant deux ans dans laatrie de Christos, ils taient venus stablir

aris. Le peintre aimait cette ville o il tait n, tait morte sa mre, une Franaise. Il espraiturtout arriver percer enfin, atteindre quelqueotorit, raliser le rve de gloire qui chantait en

on me.Mais il navait aucunement le got de la

clame, et ses uvres, par leur caractreidalisme trs haut, ne sadaptaient pas aux

endances modernes. La russite ne vint pas, laortune dHedwige se fondit peu peu, et le jour Christos mourut, dune maladie due aucouragement qui stait lentement infiltr enui, il ne restait madame Elyanni quune renteiagre, relativement assez considrable, laisseu peintre, et aprs lui sa veuve, par un vieux


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ousin qui stait teint quelques annesuparavant dans lle de Chio.

Myrt avait cette poque douze ans. Ctaitne enfant vive et gaie, idoltre de ses parentsn admiration devant sa beaut et sonntelligence. Une pit trs ardente et trsrofonde, la direction dune vieille institutrice,emme dlite, lavaient heureusement prserve

es consquences que pouvait avoir lducationonne par ces deux tres charmants et bons,

mais si peu faits pour lever un enfant... Et lamort de Christos, on vit cette chose touchante et

xquise : la petite Myrt, dominant la douleurue lui causait la perte dun pre trs chri et laue du dsespoir de sa mre, se rvlant tout oup presquune femme dj par le srieux et leugement, organisant, avec laide dun vieil amie son pre, une nouvelle existence, soignantvec un tendre dvouement madame Elyanni donte chagrin avait abattu la sant toujours frle.

La mre et la fille sinstallrent Neuilly, dansn trs petit appartement, au quatrime tageune maison habite par de modestes employs.


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Madame Elyanni, que lexprience navait pasorrige, fit ajouter la fentre de sa chambre ceow-window et voulut quil ft continuellementarni de fleurs.

Je me passerais plutt de manger que de neas voir des fleurs autour de moi, avait-ellepondu au tuteur de Myrt qui avanaitiscrtement que les revenus ne permettraient

eut-tre pas... Oh ! monsieur, il ne faut pas que maman soit

rive de fleurs ! avait dit vivement Myrt.

Il fallait aussi que madame Elyanni et uneourriture dlicate... Et, comme elle abhorrait lesuances fonces, elle exigeait que sa fille ftoujours vtue de blanc lintrieur, coutumeconomique, car la fillette, qui remplissait

ourageusement avec une souriante attention,ien des menus devoirs de mnagre, devaitemplacer frquemment ces costumes que sa

mre ne souffrait pas voir tant soit peu dfrachis.

Il en tait ainsi de nombreux dtails, et malgres conomies que Myrt, devenue un mnagreccomplie, russissait raliser sur certains


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oints, le budget squilibrait parfoisifficilement.

Il avait fallu compter aussi avec les frais deon instruction. Grce une extrme facilit, auxdmirables dispositions dont elle tait doue, ellevait pu les rduire au minimum. Elle avaitonquis, lanne prcdente, son brevet suprieur,t avait russi acqurir, en prenant de temps

utre quelques leons dun excellent professeur,n remarquable talent de violoniste.

Telle tait Myrt, petite me exquise, ardentet pure, cur dlicatement bon et dvou,

hrtienne admirable, enfant par sa candidemplicit, femme par lnergie et la rflexionun esprit mri dj au souffle de lpreuve etes responsabilits.

Car tous les soucis retombaient sur elle.Madame Elyanni, languissante dme et de corps,e laissait gter par sa fille et dclarait ne pouvoiroccuper de rien. Depuis quelques annes, elle

e voulait plus sortir et passait ses journestendue, soccupant de merveilleuses broderiesu rvant, les yeux fixs sur le dernier tableau


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eint par Christos, et o le peintre staiteprsent entre sa femme et sa fille, dans sonetit atelier illumin de soleil.

Elle stait tiole ainsi, htant la marche de lamaladie qui lavait terrasse enfin deux joursuparavant. En voyant la physionomie soucieuseu mdecin appel aussitt, Myrt avait comprisue le danger tait grand... Et en entendant, la

eille, sa mre demander le prtre, elle stait ditue tout tait fini, car lme insouciante de

madame Elyanni tait de celles qui attendent leserniers symptmes avant-coureurs de la fin pour

ser songer se mettre en rgle avec leur Dieu.Ce matin, on lui avait apport le Viatique... Et

tait autant pour la laisser faire en touteanquillit son action de grces que pour drober

son regard les larmes difficilement contenuesendant la crmonie, que Myrt stait rfugieans le bow-window.

Elle aimait profondment sa mre, dune

endresse qui prenait, son insu, une nuance derotection trs explicable par la faiblesse moralee madame Elyanni. Son cur avait besoin de se


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onner, de spancher en dvouement surautres curs souffrants, faibles, ou dcourags.a mre disparue, ce serait fini de cetteollicitude de tous les instants quexigeait, depuis

uelques mois surtout, madame Elyanni.ersonne naurait plus besoin delle... moinsuelle ne se ft religieuse pour dverser sur sesrres en Jsus-Christ les trsors de tendresse

voue contenus dans son cur. Mais, jusquici,a voix divine navait pas parl, Myrt ignorait sille avait la vocation religieuse.

Dans le silence qui rgnait, peine troubl de

emps autre par la corne dun tramway, uneoix faible appela :

Myrt !

La jeune fille se leva vivement et entra dans la

hambre aux tentures claires, aux meubles deaque blanche. Des plantes vertes, des gerbes deeurs en ornaient les angles, garnissaient les

ables et la chemine... Et sur une petite table

ouverte dune nappe blanche, dautres fleursncore spanouissaient entre les candlabresors et le crucifix.


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Myrt savana prs du lit, elle se pencha verse ple visage fltri, entour de cheveux blondsrisonnants.

Me voil, maman chrie. Que voulez-vouse votre Myrt ? demanda-t-elle en mettant unendre baiser sur le front de sa mre.

Je veux te parler, mignonne... coute, jaiompris depuis... depuis que je sens venir la

mort...

Maman ! murmura Myrt.

Les yeux bleus de la malade envelopprent la

eune fille dun regard navr. Il faut bien nous faire cette pense,

nfant... Jai donc compris que je nai pas tour toi une bonne mre...

Maman ! redit encore Myrt avec un gestee protestation.

Si, ma chrie, cest la vrit. Je taieaucoup aime, cest vrai, mais autrement, je

ai rempli aucun des devoirs maternels. Jaiaiss ta petite me courageuse toutes lesesponsabilits, tous les soucis, je nai su que


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menfermer dans mon chagrin et dpensergostement tout notre petit revenu, au lieu deonger conomiser pour toi.

Ctait juste, maman, ctait bien ainsi ! Moie suis jeune, je travaillerai...

Tu travailleras !... Pauvre mignonne aime !ue pourrais-tu faire ! La concurrence estnorme... et dailleurs tu ne peux vivre seule,

Myrt. Il te faut labri dun foyer, la scurit aumilieu dune famille srieuse... jai donc song ma cousine Gisle. Tu sais que, seule de toute maamille, elle a continu se tenir en rapports avec

moi, par quelques mots sur une carte auer janvier, par des lettres de faire-part. Elle avaitpous, trois ans avant mon mariage, le princeigismond Milcza. Un fils est n de cette union.

lle mapprit quelques annes plus tard soneuvage, puis son second mariage, la naissancee quatre enfants, et enfin un nouveau veuvage.ous nous aimions beaucoup, et jai song quen

ouvenir de moi elle accepterait peut-tre deaccueillir.

Myrt se redressa vivement.


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Maman, voulez-vous que jaille mendier larotection et lhospitalit de ces parents qui nontas voulu accepter mon cher pre ?

Oh ! les autres, non ! Mais Gisle na jamaisess de me considrer comme de la famille.

Cependant, maman, il ne me parat pasdmissible que je sois la charge de la comtesseolanyi ! dit vivement Myrt.

Non, mais elle doit avoir des relationstendues et trs hautes, car les Gisza, les Zolanyi,es Milcza surtout sont de la premire noblesse

magyare. Ces derniers sont de race royale, et leurortune est incalculable. Gisle pourra donc,

mieux que personne, taider trouver uneosition sre, elle sera pour toi une protection, unonseil... Et je voudrais que tu lui crives de ma

art, afin que je te confie elle. Ce que vous voudrez, mre chrie !

murmura Myrt en baisant la jolie main amaigrieose sur le couvre-pied de soie blanche un peu

aunie.Sous la dicte de sa mre, elle crivit un


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mple et pathtique appel cette parentenconnue delle. grand-peine, Mme Elyanniarvint y apposer sa signature... Myrtemanda :

O dois-je adresser cette lettre ?

Depuis son second veuvage, Gisle maonn son adresse au palais Milcza, Vienne. Jeuppose quaprs la mort du comte Zolanyi, elle a aller vivre prs de son fils an, qui nest peut-tre pas mari encore. Envoie la lettre cettedresse. Si Gisle ne sy trouve pas, on ferauivre.

Myrt, dune main qui tremblait un peu, mit lauscription, apposa le timbre, et se leva enisant :

Je vais la porter chez les dames Millon.une ou lautre aura certainement occasion deortir ce matin et de la mettre la poste.

Les dames Million occupaient un logement sure mme palier que Mme Elyanni. La mre tait

euve dun employ de chemin de fer, la filleavaillait en chambre pour un magasin de fleurs


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rtificielles. Ctaient dhonntes et bonnesratures, serviables et discrtes, qui admiraient

Myrt et auraient tout fait pour lui procurer lemoindre plaisir. Isole comme ltait la jeune

lle, Mme Elyanni nayant jamais voulu nouer deelations, elle avait trouv plusieurs fois une aide

matrielle ou morale prs de ses voisines, et elleeur en gardait une reconnaissance qui se

aduisait par des mots charmants et de dlicatesttentions, Myrt ntant pas de ces cursaniteux et troits qui considrent avant toutehose la situation sociale et le plus ou moins deistinction du prochain.

La porte lui fut ouverte par Mlle Albertine,rande et belle fille brune, au teint ple et auegard trs doux.

Mlle

Myrt ! Entrez donc, mademoiselle !Et elle seffaait pour la laisser pntrer dans

a salle manger, o Mme Millon, une petiteemme vive et accorte, tait en train de morigner

n petit garon de cinq six ans, un orphelin quea mort de sa fille ane et de son gendre avaitaiss sa charge... elle savana vivement vers la


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eune fille en demandant :

Eh bien ! mademoiselle Myrt ?

Elle est si faible, si faible ! murmura Myrt.

Et un sanglot stouffa dans sa gorge. Pauvre chre petite demoiselle ! dit Mme

Million en lui saisissant la main, tandisuAlbertine se dtournait pour dissimuler une

arme. Je suis venue vous demander un service,

eprit Myrt en essayant de dominer leemblement de sa voix. Quand vous descendrez,

oulez-vous mettre cette lettre la bote ? Mais certainement ! Albertine a justement

ne course faire dans cinq minutes, elle neoubliera pas, comptez sur elle.

Moi aussi, jirai porter la lettre, dit le petitaron qui stait avanc et posait clinement saoue frache contre la main de Myrt.

Oui, cest cela, Jeannot... et puis tu feras

ussi une petite prire pour ma chre maman, dita jeune fille en caressant sa petite tte rase.


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Nous lui en faisons dire une tous les soirs,mademoiselle Myrt... Et vous savez, si vousvez besoin de nimporte quoi, nous sommes l,outes prtes vous rendre service.

Oui, je connais votre cur, dit Myrt enendant la main aux deux femmes. Merci, merci...

Maintenant, je vais vite retrouver ma pauvremaman.

Lorsque la jeune fille eut disparu, madameMillon posa la lettre sur la table, non sans jeter unoup dil sur la suscription.

Comtesse Zolanyi, palais Milcza... Cesames ne nous ont jamais dit grand-chose surlles-mmes, mais jai ide, Titine, quelles sontune grande famille. Lautre jour pendant quetais prs de madame Elyanni, jai remarqu,

ur un joli mouchoir fin dont elle se servait, uneetite couronne brode.

Et mademoiselle Myrt a des manires derincesse qui lui viennent tout naturellement, cela

e voit, si elle pouvait donc avoir des parents quiaccueillent, qui laiment comme elle le

mrite !... Car la pauvre dame na plus gure


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ivre, maman.

Hlas ! non ! Si elle passe la nuit, ce seraout... Pauvre petite demoiselle Myrt ! a meend le cur, vois-tu, Titine !

Et lexcellente personne sortit son mouchoir,andis que sa fille, serrant les lvres pour domineron motion, entrait dans la chambre voisine pour

mettre son chapeau.

Pendant ce temps, Myrt, rentre dans lahambre de sa mre, soccupait dfaire le petitutel. Elle allait et venait doucement,ncomparablement lgante et svelte, avec des

mouvements dune grce infinie. Myrt !

Elle sapprocha du lit... Madame Elyanni saisit

a main en disant : Regarde-moi, Myrt !

Les yeux bleus de la mre se plongrent danses admirables prunelles noires, veloutes,

ayonnantes dune pure clart intrieure. Touteme nergique, ardente, virginale de Myrt tait... Et madame Elyanni murmura doucement :


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Que je les voie encore, tes yeux, tes beauxeux !... Myrt, ma lumire !

Maman, ne parlez pas ainsi ! supplia la jeunelle. Il ny a quune vraie lumire, cest Dieu, etne faut pas...

Oui. Il est la lumire, mais cette lumirencre se communique aux mes pures, et celles-i la rpandent autour delles... Ne ttonne pase mentendre parler ainsi, mon enfant. Depuisier, ta pauvre mre a bien rflchi, elle aompris ce que tu avais t pour elle, ce que Dieuui avait donn en lui accordant une fille telle que

oi, et comment il lui aurait t impossible deivre sans lange quelle a sans cesse trouv sests. Je te bnis, Myrt, mon amour, je te bnise toute la force de mon cur !

Ses mains se posrent sur la chevelure blonde.Myrt, sanglotante, stait laiss tomber

enoux...

Ne pleure pas, chrie. Pense que je vais

etrouver mon cher Christos. Tous deux, de l-aut nous veillerons sur toi...


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Elle sinterrompit, bout de forces, en laissantetomber ses mains que Myrt pressa sur sesvres... Et elles demeurrent ainsi, immobiles,avourant la douloureuse jouissance de ces

ernires heures.


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II

Enveloppe dans ses crpes, un peu courbeous son long chle noir, Myrt marchait commen un rve, entre les dames Millon. Elle revenait

ers le logis vide do tait partie tout lheure lapouille mortelle de madame Elyanni.

Elle se sentait anantie, presque sans pense.Albertine avait doucement pris sa main pour la

asser sous son bras... Et cette marqueaffectueuse attention avait mis un lger baumeur le cur bris de Myrt.

En arrivant sur le palier du quatrime tage,

madame Million demanda : Vous allez rester djeuner et finir la

ourne chez nous, mademoiselle Myrt ?... Emme y coucher, si vous le voulez bien, car ce

erait trop triste pour vous...Myrt lui prit les mains et les pressa avec


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orce.

Merci, merci, madame ! Mais je prfreentrer tout de suite, mhabituer cette solitude, a pense de ne plus la voir l...

Sa voix se brisa dans un sanglot.

... Demain, si vous le voulez bien, jeiendrai partager votre repas... mais aujourdhui,

e ne peux pas... Ne men veuillez pas, je vous enrie !

Oh ! bien sr que non, ma pauvreemoiselle ! Faites ce qui vous cotera le moins...

Mais je vais aller vous porter un peu deouillon...

Non, pas maintenant, je ne pourrais pas. Ceoir, jessaierai...

Elle leur tendit la main et entra dansappartement o la femme de mnage soccupaittout remettre en ordre.

Myrt se rfugia dans sa chambre, une petite

ice meuble avec une extrme simplicit. Ellenleva son chapeau, son chle, et sassit sur unge bas, prs de la fentre.


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Tout lheure, en se voyant seule derrire lehar funbre, elle avait eu, pour la premire fois,a conscience nette du douloureux isolement quitait le sien... Et voici que cette impression lui

evenait, plus vive, dans ce logis o elle avait,endant des annes, prodigu son dvouement a mre dont elle tait lunique affection.

Lorsque le pnible vnement stait trouv

ccompli, elle avait aussitt tlgraphi sonuteur. Celui-ci, vieil artiste clibataire, vivaitetir sur la cte de Provence. Il avait rpondu pares condolances, mettant en avant ses

humatismes qui lui interdisaient toutplacement. Doffres de service sa pupille, pasn mot.

La comtesse Zolanyi navait pas rpondu.

eut-tre ne se trouvait-elle pas Vienne... Etailleurs, Myrt comptait si peu sur cette grandeame qui ne souciait sans doute aucunementune jeune cousine inconnue et trs pauvre !orsquelle aurait domin ce premiernantissement qui la terrassait, elle envisageraitettement la situation et chercherait, avec laide


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e dames Millon, un moyen de se tirer daffaire.

Mais aujourdhui, non, elle ne pouvait pas !lle se sentait faible comme un enfant...

Un coup de sonnette retentit. La femme demnage alla ouvrir, Myrt entendit un bruit deoix... Puis on frappa la porte de sa chambre...

Mademoiselle, cest une dame qui demande

vous parler.Une envie folle lui vint de rpondre :

Pas aujourdhui !... Oh ! pas aujourdhui !

Mais elle se domina, et, se levant, elle entra

ans la pice voisine.Une dame de petite taille, en deuil lger et

une discrte lgance, se tenait debout aumilieu de la salle manger. Sous la voilette,

Myrt vit un fin visage un peu fltri, des yeux quiui rappelrent ceux de sa mre, et quixprimaient une sorte de surprise admirative ene posant sur la jeune fille...

Linconnue savana vers Myrt en disant enanais, avec un lger accent tranger :


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Jarrive donc trop tard ? Ma pauvreHedwige ?...

Oui, cest fini, dit Myrt.

Et, pour la premire fois, depuis deux jours,es larmes jaillirent enfin des yeux de la jeunelle.

Ma pauvre enfant ! dit ltrangre en lui

renant la main et en la regardant avecompassion. Et dire que jtais Paris, queaurais pu accourir aussitt prs dHedwige !

Mais votre lettre ma t renvoye de Vienne, jeai reue ce matin seulement.

Quoi, vous tiez Paris ! dit Myrt dun tone regret. Oh ! si nous avions pu nous en douter !

Mais asseyez-vous, madame !... Et permettez-moie vous remercier ds maintenant dtre accouruevite lappel de ma pauvre mre. Ctait chose toute naturelle, dit la comtesse

n prenant place sur le fauteuil que lui avanaitMyrt. Hedwige et moi, bien que cousines assez

loignes, avons t leves dans une grandentimit. Jen ai toujours conserv le souvenir,


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malgr... enfin, malgr ce mariage qui avaitmcontent notre parent.

Le front de Myrt se rembrunit un peu, tandisue la comtesse continuait dun ton calme, oassait un peu dmotion :

Je nai donc pas hsit venir, esprant biena trouver encore en vie... Mais la concierge mappris que... tout tait fini.

Oui, cest fini, fini ! dit Myrt.

Elle stait assise en face de la comtesse, et leour un peu terne clairait dune lueur grise son

licieux visage fatigu et pli, sur lequel lesarmes glissaient, chaudes et presses.

La comtesse parut touche, son regard mobileembua un peu... Elle se pencha et prit la main

e la jeune fille. Voyons, mon enfant, ne vous dsolez pas.n souvenir dHedwige, je suis prte vousider, vous accorder cette protection que ma

auvre cousine me demandait pour vous...acontez-moi un peu votre vie, parlez-moi dellet de vous.


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On ne pouvait nier quelle ne se montrtienveillante, bien quavec une nuance deondescendance qui nchappa pas Myrt.ependant, la jeune fille avait craint de se heurter

la morgue de cette parente inconnue, et elleprouvait un soulagement en constatant en ellene certaine dose damabilit et mme deympathie.

Elle fit donc brivement le rcit de leurxistence depuis la mort de M. Elyanni. Parfois,a comtesse lui adressait une question. Entreutres choses, elle sinforma de ltat des

nances de lorpheline. Myrt lui apprit quil neui restait rien, sauf un mince capital reprsentantne rente de quatre cents francs.

Oui, vous me disiez cela dans votre lettre,

mais je pensais que vous possdiez peut-treuelques autres petites ressources. Hedwige avaite fort beaux bijoux, des diamants pour uneomme considrable...

Tout a t vendu au moment de la maladiee mon pre, sauf une croix en opales laquellema mre tenait beaucoup.


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Oui, cest un bijou de famille qui venaitune aeule. Ainsi donc, vous ne possdez rien,

mon enfant ?... Et vous navez aucune parent dut paternel ?

Aucune, madame. La famille de mon pretait dj compltement teinte lpoque de son

mariage.

La comtesse passa lentement sur son front samain fine admirablement gante.

En ce cas, mon enfant, il me parat que monevoir est tout trac. Vous tes une Gisza parotre mre cela, personne de notre parent neeut le discuter vous avez donc droit labri de

mon foyer...

Madame, je ne demande quune chose !nterrompit vivement Myrt. Cest que vous

maidiez trouver une situation srieuse, dansne famille sre... Car mon seul dsir est deagner ma vie, et je naccepterais jamais de meouver votre charge.

Les sourcils blonds de la comtesse seoncrent lgrement.


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Une situation, dites-vous ?... Et laquelleonc ? institutrice, demoiselle de compagnie ?...out dabord, je vous rpondrai que vous teseaucoup trop jeune, et que... enfin, que vous

vez un visage... des manires qui rendrontifficile pour vous une position de ce genre.

Myrt rougit et des larmes lui montrent auxeux. Elle tait si totalement dpourvue de

oquetterie que le compliment implicite contenuans la constatation de son interlocutrice ne luivait caus quune impression pnible, en luiaisant toucher du doigt lobstacle qui slevait

evant ses rves de travail. Mais cependant, il faut que je gagne ma vie !

it-elle en tordant inconsciemment ses petitesmains.

Mon enfant, laissez-moi vous dire quil mearat impossible de vous laisser remplir desonctions subalternes quelconques, du moment oous tes ma parente. Il me dplairait fort, je

ous lavoue, quune jeune fille pouvant se direma cousine devnt, par exemple, la demoiselle deompagnie dune de mes connaissances... Non,


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cidment, il ny a quun moyen, du moins poure moment : cest que vous acceptiez mon aide,our vivre dans une pension de dames, o vousous trouverez en scurit...

Et dans ce cas, en serai-je plus avance dicieux ans, dici cinq ans ? scria Myrt. Non,est impossible, il faut que je travaille, je neeux pas tout devoir votre charit !

La comtesse, surprise, considra quelquesnstants la charmante physionomie empreinteune fire rsolution.

Cest que me voil fort embarrasse,lors !... Je ne vois vraiment pas trop... moinsue... Mais oui, cela arrangerait tout ! scria-t-lle dun ton triomphant, en se frappant le front.

Vous mavez dit que vous aviez des diplmes ?

Oui, mes deux brevets. Vous tes musicienne ?

Violoniste.

Oh ! parfait ! Mes filles adorent la musique,t vous enseigneriez le violon Renat... Vousessinez peut-tre aussi ?


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Mais oui, un peu.

Tout fait bien !... Connaissez-vous laangue magyare ?

Comme le franais. Nous parlionsndiffremment lun et lautre, ma pauvre mamant moi. Je parle galement le grec, et un peuallemand.

Allons, mon enfant, je crois que tout vaarranger ! dit la comtesse dun ton satisfait, enaisissant la main de la jeune fille. Voici ce que jeous propose : Fraulein Lnig, linstitutriceavaroise de mes enfants, doit nous quitteranne prochaine. Voulez-vous accepter de la

emplacer ? Comme son engagement avec moiourt pendant un an encore, et que je nai aucun

motif de lui infliger le dplaisir dun renvoi avant

heure, vous demeureriez en attendant avec nous,ous donneriez des leons de violon mon petitenat, vous feriez de la musique avec mes fillesnes... Enfin, vous trouverez vous occuper,

uand ce ne serait qu me faire la lecture, meseux se fatiguant beaucoup depuis un an.

De cette manire, oui, jaccepte avec


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econnaissance ! dit Myrt dont la physionomieclairait soudain. Je vous remercie, madame.

Ne me remerciez pas encore mon enfant, careci nest quun projet tout personnel, que jesire fort voir aboutir, mais pour lequel il meaut lapprobation du prince Milcza, mon filsn. Je vis chez lui, et je ne puis vous prendreour ainsi dire sous ma tutelle sans savoir ce quil

n pensera... Mais ne craignez pas trop, il est fortrobable quil me rpondra que la chose luimporte peu... Quant la question desppointements, je ferai comme pour Fraulein

nig...Un geste de Myrt linterrompit.

Avant toute chose, il vous faudra juger,madame, si je suis capable de remplacer

institutrice de vos enfants. Cette question pourraonc sarranger plus tard, il me semble.

Oh ! certainement !... Voulez-vous venir dsmaintenant avec moi, si vous vous trouvez trop

eule ici ? Jaimerais rester encore dans cet


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ppartement, dit Myrt dont les yeux semplirente larmes.

Comme vous le voudrez, mon enfant. Je vaisonc crire immdiatement mon fils, afin queous soyons fixes le plus tt possible. Esprezeaucoup. Je lui parlerai de lobligation pourous de ne pas laisser labandon une jeune filleui a dans les veines du sang de Gisza. Cest la

eule considration capable de le toucher, carssayer de lattendrir serait peine perdue... Mais,ites-moi, quel est votre prnom, enfant ?

Myrt, madame.

Myrt ! rpta la comtesse dun ton surprist mcontent. Pourquoi Hedwige ne vous a-t-elleas donn un nom de notre pays ?... tes-vousatholique, au moins ?

Oh ! oui, madame, comme ma chremaman !... Et je mappelle Gisle-Hedwige-Myrt. Cest mon pre qui a voulu que lon me

onnt habituellement ce nom.

Enfin, cela importe peu, dit la comtesse ene levant. Puisque vous prfrez rester ici


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ujourdhui, voulez-vous venir djeuner avecous demain ?... Nous naurons personne, soyezans crainte, ajouta-t-elle en voyant le regard quea jeune fille jetait sur sa robe de deuil.

Bien que Myrt et fort envie de refuser, ellee fora raisonnablement rpondre par uncquiescement, et prit ladresse que lui dictait laomtesse.

Je vais maintenant me faire conduire auimetire, dit cette dernire en lui tendant la

main. Je veux prier sur la tombe de ma pauvreHedwige... demain, mon enfant.

Oui, madame, et merci de votre sympathie,t de lespoir que vous mouvrez ! dit Myrt avecmotion.

Appelez-moi votre cousine, je nai pasintention de me faire passer pour une trangreis--vis de vous... Allons, au revoir, Myrt...enez, je vais vous embrasser en souvenirHedwige.

Elle lui mit sur les deux joues un lger baisert sloigna, laissant dans la salle manger un


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ubtil parfum.

Myrt rentra dans sa chambre, elle sassit deouveau prs de la fentre et appuya son front sura main.

Cette visite venait de soulever lgrement leoids trs lourd qui pesait sur son jeune cur.lle avait senti chez la comtesse Zolanyi uneertaine dose de sympathie, et le dsir sincre deaider sortir dembarras. Comme elle avaitraint de se heurter la morgue patricienne deette cousine de sa mre, elle ne songeait pas seire que la comtesse et pu montrer envers elle

n peu plus de chaleur, insister pour lenlever a solitude, pour lui faire connatre ses filles, neas laisser si bien voir, en un mot, quelle neemplissait quun devoir strict command par ses

ens de parent avec Myrt, peut-tre un peu,ussi, par laffection conserve pour sa cousineHedwige.

Non, Myrt remerciait Dieu qui lui laissait

ntrevoir une lueur desprance dans la douleur venait de la plonger la perte de sa mre, elleongeait quil serait moins dur, aprs tout, de


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emplir ce rle dinstitutrice prs de parentslutt quenvers des trangers quelconques... Ete lui fut une pense consolante de se dire quellellait peut-tre connatre le pays de sa mre, la

Hongrie toujours aime dHedwige Gisza.


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III

Le temps tait froid et brumeux, il tombait uneluie fine lorsque Myrt prit, le lendemain, leain pour Paris. Un peu dangoisse loppressait

a pense de pntrer dans ce milieu inconnu, oous nauraient peut-tre pas pour elle la mmeienveillance que la comtesse Gisle.

Un tramway la dposa dans le faubourg Saint-

Germain, non loin de la rue o habitait laomtesse... Bientt la jeune fille sarrta devantn ancien et fort majestueux htel qui portait,raves dans un cusson de pierre, des armoiries

ompliques. Un domestique en livre noire fitaverser Myrt le vestibule superbe, puis unmmense salon dcor avec une splendeur svret artistique, et lintroduisit dans une pice eine plus petite, tout aussi magnifiquementrne, mais qui avait un certain aspect familialrce une corbeille ouvrage, des livres


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ntrouverts, un certain dsordre dansarrangement des siges, et aussi la prsenceun petit chien terrier, blotti dans un nichelgante.

Cette pice tait dserte... Le domestiqueloigna, dun pas assourdi par les tapis, et

Myrt jeta un coup dil autour delle.

Son regard fut attir tout coup par un tableaulac au milieu du principal panneau. Ileprsentait un jeune homme de haute taille, trsvelte, qui portait avec une incomparablelgance le somptueux costume des magnats

ongrois. La tte un peu redresse dans une poseltire, il semblait fixer sur Myrt ses grandseux noirs, fiers et charmeurs, qui tincelaientans un visage au teint mat, orn dune longue

moustache dun noir dbne. Sa main fine etlanche, dune forme parfaite, tait pose sur leolbach garni dune aigrette retenue par unegrafe de diamants. Tout, dans son attitude, danson regard, dans le pli de ses lvres, dcelait uneert intense, une volont imprieuse et laanquille hauteur de ltre qui se sent lev au-


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essus des autres mortels.

Du moins, ce fut limpression premire deMyrt... Et pourtant, quelque chose dans cette

hysionomie attirait et charmait. Mais Myrt neu pas dfinir exactement la nature de ceayonnement que le peintre avait mis dans leegard de son modle.

Le bruit dune porte qui souvrait, de pasgers dans le salon voisin, fit retourner Myrt.lle vit savancer une jeune fille grande et mince,t une fillette laspect fluet. Toutes deux avaientes mmes cheveux dun blond argent, les

mmes yeux gris trs grands et un peumlancoliques, la mme coupe longue de visage,t le mme teint dune extrme blancheur.

Soyez la bienvenue, ma cousine, dit lane

n tendant la main Myrt. Ma mre, en nousacontant hier sa visite, nous avait donn le dsire vous connatre... Mais il faut que nous nousrsentions nous-mmes. Voici ma jeune sur

Mitzi. Moi, je suis Terka.Presque aussitt apparut la comtesse, suivie de

es deux autres enfants, Irne et Renat. Irne tait


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ne jeune fille de seize dix-sept ans, petite et uneu forte, aux cheveux noirs coquettementoiffs, au visage irrgulier, mais assez piquant.lle tait vtue avec une lgance trs parisienne,

t semblait poseuse et fire.Renat, un garonnet dune dizaine dannes,

ui ressemblait beaucoup, et paraissait en outreun caractre difficile, ainsi que Myrt put le

onstater pendant le repas. Sa mre semblait leter fortement, Fraulein Lnig, une grandelonde lair srieux et paisible, navaitvidemment aucune autorit sur lui... Ce futur

lve promettait de durs moments Myrt.Heureusement la blonde Mitzi avait laireaucoup plus calme et plus douce.

Myrt se sentait un peu oppresse dans cette

alle manger magnifique, au milieu desecherches dun luxe raffin qui lui tait inconnurecherches auxquelles sadaptaient cependant

ussitt, sans hsitation, ses instincts deatricienne. Elle sentait chez ses parents laorrection de femmes bien leves, accomplissantn devoir strict, mais aucun lan vers elle,


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orpheline, dont le cur meurtri avait soif duneu de tendresse. On laccueillait parce que sa

mre avait t une Gisza, mais elle comprenaitien quelle ne serait jamais traite comme tant

ompltement de la famille.Irne surtout semblait froide et altire. Elle

renait, en sadressant sa cousine, un petit airondescendant auquel Myrt prfrait la

anquille indiffrence quelle croyait saisir sousa rserve de Terka. La comtesse Gisle luiemblait, de toutes, la mieux dispose songard.

Et cependant, une phrase dHlne vint rvlerMyrt un fait qui montrait clairement que la

omtesse Zolanyi navait plus nanmoinsonsidr tout fait des siennes Hedwige

lyanni.La jeune fille parlait de Paris et dclarait

uelle aurait voulu y vivre toujours.

Les deux mois que nous y passons chaque

nne me consolent un peu du long sjour quilous faut faire au chteau de Voraczy, ajouta-t-lle.


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Deux mois !... Et jamais la comtesse Gisletait venue voir sa cousine !

Limpression pnible prouve par Myrt seefltait sans doute dans son regard, car laomtesse regarda sa fille dun air contrari etrienta sur un autre terrain la conversation enarlant de Voraczy, la rsidence du prince

Milcza, o elle passait avec ses enfants le

rintemps, lt, et une partie de lautomne. Si la rponse de mon fils est favorable, cest

o nous vous emmnerons, Myrt. Vous verreze plus magnifique domaine de la Hongrie...

Je laimerais mieux moins magnifique, avecuelques ftes, des runions, de grandes chassesomme autrefois ! soupira Irne. Heureusement,ous avons les rceptions chez les chtelains du

oisinage, mais nous ne pouvons leur rendre leursolitesses que par de petites runions sansmportance, alors que Voraczy est un tel cadreour tout ce que limagination peut rver des

tes incomparables ! Moi jaime Voraczy, dit Mitzi qui navait

as parl jusque-l. Lair y est si bon !... et on y


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st plus tranquille qu Paris, Vienne ou udapest.

Je laime aussi ! dclara Renat. Je mymuse bien... except quand il faut que jamuse

Karoly.

Ces derniers mots furent prononcs mi-voix,omme sil craignait dtre entendu par quelqueersonnage invisible.

Le front de la comtesse se plissa un peu, tandisuun lger effarement passait dans le regard de

Mitzi.

Je tai dj dit, Renat, quil ne fallaitamais... jamais... Tu le sais bien, voyons !

Le regard hardi de lenfant se baissa commeous une mystrieuse menace, qui ne semblait

ependant pas exister dans le ton presque apeure sa mre.

Dans le salon, aprs le repas, la conversatione trana un peu. Les gots, les habitudes de

Myrt taient trop diffrents de ceux de sesarentes, trs mondaines, du moins la comtesse etne, car Terka semblait beaucoup plus paisible.


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Aussi, Myrt ne se heurta-t-elle qu de faiblesnstances lorsquelle se leva bientt pour prendreong.

Attendez au moins un peu, le temps que lonttelle pour vous conduire la gare, dit laomtesse. Et revenez un de ces jours, quand ilous plaira. Jespre avoir bientt une rponse de

mon fils... Comme je la suppose favorable, il

audrait songer par avance ce que vous ferez deos meubles, car notre dpart pour Vienne estx dans une dizaine de jours. Je pense que vousevrez les vendre...

Jaurais aim conserver la chambre de mamre, dit Myrt dune voix un peu tremblante.

lle na quune faible valeur, les meubles tantieux et dfrachis.

Je comprends ce dsir, mon enfant, maisuen ferez-vous ?... Certes, je naurais pas

mieux demand que de les faire enfermer ici,ans une des chambres du second tage, mais

ette demeure appartient au prince Milcza, etintendant qui gre les proprits que mon filsossde en France se refusera certainement


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aire entrer ici quoi que ce soit sans lassentimente son matre. Et ni lui, ni moi noserions crireu prince pour une chose de si petite importance.

Je rflchirai... je verrai si je ne puis trouverne combinaison, dit Myrt.

Cest cela... Peut-tre ces voisines dont vousmavez parl vous donneront-elles une ide... Et

ites-moi mon enfant, ne craignez pas, sil vousmanque quelque chose...

Myrt rougit un peu et rpliqua vivement :

Merci, ma cousine, mais jai suffisamment,

e vous assure. Ma pauvre maman venait deecevoir son trimestre de pension...

Un domestique vint annoncer que la voituretait avance. Myrt serra les mains de ses

arentes, et fut reconduite jusquau vestibule parerka et Mitzi...

Les deux surs rentrrent ensuite dans lealon, au moment o Irne disait dun ton

ontrari : Ce sera amusant davoir cette jeune filleour institutrice ! Je ne comprends pas que vous


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yez song, maman... !

Cest vrai quelle est dune beautavissante, dit la comtesse dun ton de regret. Jaieut-tre t un peu vite, lautre jour... Mais laauvre enfant me faisait compassion, si seule, siiste... Et aprs tout, si elle est pieuse et srieuseomme elle le parat, la chose ne sera peut-treas aussi ennuyeuse que tu le crains, Irne.

aturellement, elle restera en dehors de toutesos relations, nous la confinerons dans son rleinstitutrice...

Je le pense bien ! Croyez-vous que je serais

harme de prsenter dans le monde cette cousinenconnue...

Si jolie et si admirablement patricienne,outa la voix calme de Terka.

Irne rougit et lana sa sur un coup dilrit.

Moi, je pense que je pourrai faire avec elleout ce que je voudrai, dclara Renat, occup

corer les oreilles du petit terrier avec descheveaux de soie enlevs la corbeille


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uvrage de sa mre.

Mais je crois que tu ne ten es jamais privvec Fraulein Rosa, remarqua paisiblementerka. Allons, Mitzi, il est lheure de ta leon deessin. Si Renat est dispos aujourdhui, il nousejoindra.

Non, Renat nest pas dispos ! riposta leetit garon en senfonant dans son fauteuil.enat dteste le dessin, il naime au monde que la

musique... Mais jai bien peur que votre Myrt neoit un mauvais professeur, maman, ajouta-t-ildaigneusement.

*

Pendant ce temps, la voiture emportait Myrters la gare. Il et paru naturel quune de sesousines laccompagnt jusque-l. Mais cettede ntait vraisemblablement pas venue

esprit daucune des jeunes comtesses, Myrtpprenait dj quil existerait pour elle une limiteans les gards et dans la sympathie.


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Un peu damertume lui tait demeure de cesmoments passs lhtel Milcza. Pour la chasser,lle entra dans une glise et pria longuement,panchant son cur fatigu en laissant couler

oucement ses larmes. Puis, rconforte, elleagna son logis.

Sur le palier du quatrime tage, Albertineausait avec son fianc qui venait de djeuner en

ompagnie de sa future famille et retournaitmaintenant sa demeure. Ctait un gros blond,

on garon, trs gai, qui avait une excellentelace dans le commerce. Myrt le connaissait

j, madame Millon layant prsent madamelyanni aussitt que les fianailles avaient tonclues.

Eh bien ! mademoiselle Myrt, ce djeuner

est bien pass ? demanda Albertine aprs que laeune fille eut rpondu gracieusement au profondalut de Pierre Roland.

Mais trs bien... Seulement, je suis contente

e revenir chez...Elle allait dire comme autrefois : Chez nous...

t elle retint les larmes qui lui montaient aux


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eux en songeant quelle ne dirait plus ce mot sioux.

... Je suis si lasse de corps et desprit queavais hte dtre de retour ici, de ne plus avoir auser, couter.

Vous viendrez bien tout de mme goter otre soupe, mademoiselle Myrt ? demanda

madame Millon qui apparaissait sur le seuil, Jeanendu sa main. On ne causera plus beaucoup,our ne pas vous fatiguer.

Et je ne vous demanderai pas de me dire desistoires, ajouta Jean avec une gnrosithevaleresque.

Myrt avait bien envie de refuser, mais elleosa, craignant de blesser les excellentesratures qui lavaient entoure, durant tous cesistes jours, dattentions affectueuses etiscrtes...

Elle sassit donc le soir la table des Millon,t pas une minute la modeste toile cire, le

ouvert commun, les mets fort simples et leervice fait par ses htesses ne lui firent regretter


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a table splendide, le menu dlicat et le servicempeccable de lhtel Milcza. Ici elle se sentaitime, l-bas accepte seulement... Et Myrt taite celles qui font passer les satisfactions du cur

nfiniment au-dessus de celles du bien-tre et desaffinements dlgance.

*

Quelques jours plus tard, un billet de larincesse Zolanyi informait Myrt que le prince

Milcza acceptait que sa mre soccupt de la fillee sa cousine. Il fallait donc que la jeune filleapprtt aussitt pour son dpart, et prt toutes

es dispositions relatives la vente des quelquesmeubles qui ornaient le petit logement.

Ceux quelle dsirait conserver trouvrentlace chez une voisine qui acceptait, moyennantne faible rtribution, de les garder dans uneice inutilise. Les autres furent vendus

vantageusement par les soins de Mme Millon, ui Myrt confia quelques souvenirs trs chers


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mais trop encombrants pour tre emports.

Et je soignerai bien vos fleurs,mademoiselle ! dit la brave dame en tendant lamain vers le bow-window, le jour o Myrt

uitta dfinitivement le cher petit logis.

Ctait, pour la jeune fille, une consolation deenser quelle serait remplace ici par sesoisines, les dames Millon changeant, occasion du prochain mariage dAlbertine, leur

ogement pour celui-l dont les pices taientlus vastes.

Toutes deux, avec le petit Jean,ccompagnrent Myrt la gare lorsquelle futevenue du cimetire o elle avait t dire uneernire prire sur la tombe de sa mre. La jeunelle pleurait silencieusement en se sparant de

es humbles mais vritables amies, qui trouvaientmoyen, jusquau dernier moment, de lentourer

attentions.

Vous nous crirez quelquefois,

mademoiselle Myrt ? demanda Albertine enamponnant ses yeux gonfls.


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Oui, oh ! oui ! Jamais je noublierai combienous avez t bonnes, toutes deux !

Ah ! si nous avions pu seulement vousonserver prs de nous ! soupira madame Millon.

Le train sbranlait, Myrt vit bienttisparatre ces visages amis... Et elle senfonaans le coin du compartiment en se disant quuneouvelle vie, pleine dincertitudes, commenaitour elle.

La famille Zolanyi ne partant que leurlendemain, Myrt passa donc sa journe etelle du lendemain lhtel Milcza. Lattitude dees parentes se prcisa telle quelle lavait sentiej : chez la comtesse, une bienveillance un peuoide, chez Terka, une rserve polie, chez Irne,ne indiffrence lgrement ddaigneuse, et

ertains instants tant soit peu agressive. Quant Mitzi, elle semblait se modeler sur sa sur ane,t Renat, agit par la perspective du dpart, avaitutre chose faire que de soccuper de celle quil

ppelait la remplaante de Fraulein.Myrt comprit ainsi, ds le premier moment,

uelle serait moralement isole dans cette


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amille, et quil ne lui fallait pas compter trouverne amiti chez ces cousines de son ge qui neacceptaient pas tout fait comme une des leurs.

Les Zolanyi sarrtrent au passage huit joursVienne, o la comtesse avait quelques

rrangements rgler. Le prince Milcza possdaitans cette ville un palais magnifique, dcor avece luxe le plus exquis. Mais, pas plus que dans

htel de Paris, rien ne dcelait ici la prsenceabituelle ou mme accidentelle du matre.erka, qui Myrt fit un jour cette remarque enarcourant sa suite les admirables salons,

pondit brivement : Non, le prince Milcza ne quitte plus

Voraczy.

Dans les rares occasions o la comtesse et ses

nfants parlaient du prince, ces dernierssignaient toujours leur frre de cette faonrmonieuse, et tous, mme lindpendantenat, prenaient un ton o la dfrence se mlait

une sorte de crainte.Les voyageurs arrivrent par une belle soire

e mai la petite gare qui desservait le chteau


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e Voraczy. Deux voitures attendaient. Laomtesse et ses filles montrent dans la premire,

Myrt, Fraulein Rosa et Renat dans la seconde, prirent place aussi les femmes de chambre.

Le crpuscule tombait, Myrt ne vit queaguement le beau paysage verdoyant quitendait de chaque ct de la large route.

Tout a est au prince Milcza... tout a, touta ! disait Renat en tendant la main de tousts, vers les forts dont la ligne sombre barraithorizon. Je ne peux pas vous montrer jusquo,t il vous faudra longtemps pour connatre tout.

ous irons en voiture, cela mamusera de vousmontrer... Il y a un lac si joli !... Et le Danube

est pas loin, vous verrez. Le prince Milcza a unetit yacht, o il se promne quelquefois avec

Karoly. Qui est Karoly ? demanda Myrt.

Karoly, cest son fils.

Ah ! le prince est mari ? dit-elle avec

urprise, car jamais elle navait entendu fairellusion une princesse Milcza.


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Non, il ne lest plus... et puis il lest tout demme, rpondit Renat.

Voyons, que me racontez-vous l, Renat ?it-elle en souriant. Voulez-vous dire que votrere est veuf ?

Mais non ! fit lenfant avec impatience.Vous ne comprenez rien ! Je veux dire que... Ah !

ous voil arrivs ! Regardez, Myrt !

Les voitures, sortant dune magnifique alle,orme darbres normes, venaient de franchirne grille immense, dont les globes lectriquesclairaient la merveilleuse ferronnerie. Au-dele la cour dhonneur, digne dun palais royal,levait une construction superbe, daspect

majestueux et presque svre. Une lumirentense et cependant trs douce clairait tout la

aade, mais surtout le perron monumental, ouble rampe, sur lequel attendaient plusieursomestiques en livre blanche parementsouleur dmeraude.

Dans le vestibule, haut comme une glise,all de marbre, dcor de tapisseries

magnifiques, un personnage imposant, vtu de


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oir, sinclina devant le comtesse en disant :

Son Excellence la prince Milcza ma charge souhaiter la bienvenue Votre Grce et deinformer quil viendra lui prsenter sesommages aussitt le dner termin.

Ah ! merci, Vildy !... Montons vite, enfants,ne faut pas nous retarder... Katalia, montrez sa

hambre mademoiselle Elyanni.

Ces mots sadressaient une grande femmes correctement vtue de soie noire. Sur son

nvitation, Myrt la suivit au second tage,usqu une chambre fort bien meuble, et pourvuun confortable ignor par la jeune fille dans sahambre de Neuilly.

Et pourtant, comme elle et souhait seouver encore l-bas ! Que serait-elle dans cettepulente demeure, sinon une quasi-trangre, laousine pauvre que lon accepte et que londaigne ?

Refoulant les larmes qui gonflaient ses

aupires, elle se mit genoux et rconforta sonur par une ardente prire. Puis stant hte de


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e recoiffer et de changer sa robe de voyage, elleescendit un peu au hasard.

Un domestique lui indiqua la salle manger,ice fort lgante mais dont les dimensionselativement restreintes ne cadraient pas avecapparence du chteau.

Le dner fut un peu vite expdi. La comtesseemblait nerveuse, et elle se leva sans avoirchev son dessert lorsquun domestique vint larvenir que Son Excellence attendait dans lealon des Princesses .

Allons, venez vite, enfants... Renat, arrangen peu ton col. Laisse cette crme, mon enfant, ile faut pas faire attendre le prince. Myrt,emontez chez vous, reposez-vous bien. Je vousrsenterai un de ces jours, mais ce soir, il nest

as ncessaire.Elle sen allait tout en parlant, suivie de ses

nfants... Et Myrt remonta dans sa chambre,tonne au plus haut point de tant de correction et

tiquette dans ces relations de mre fils, deurs frre... Dcidment, mieux valaitappeler Millon et saimer la bonne


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anquette !... Et ce prince Milcza devait treuelque grand seigneur plein de morgue, quionsidrerait de bien haut Myrt Elyanni, sa trsumble parente.


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IV

Myrt se rveilla le lendemain son heureccoutume cest--dire de fort bonne heure t se leva rapidement, toute repose de la lgre

atigue du voyage et charme la vue du gaioleil qui entrait par les deux fentres.

Aussitt habille, elle alla vers lune delles etouvrit. Les jardins du chteau stendaient

evant elle, admirablement dessins. Mais quelsnguliers jardins ctaient donc ! Aussi loin que

a vue stendt, Myrt ny voyait pas une fleur.es corbeilles taient formes de feuillages dune

arit de tons inoue, de plantes vertes superbest rares. Dans des bassins de marbre, leauirisait et se moirait sous les rayons dor qui laappaient.

Pas de fleurs ! murmura Myrt avecistesse.

Comme sa mre, elle aimait ces dlicats chefs-


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uvre donns par Dieu lhomme pourharmer son regard... Et la vue de ces jardins sanseurs faisait descendre en elle une singulire

mpression de mlancolie.

Une jeune femme de chambre en costumeational vint lui apporter son djeuner. Aprsvoir bu rapidement le chocolat mousseux, Myrtescendit limmense escalier, au bas duquel elle

ouva un domestique qui elle demanda lehemin de la chapelle. Il laccompagna, traverse larges corridors dalls de marbre, jusqu uneorte de chne sculpt quil ouvrit en sinclinant

espectueusement.La chapelle avait d faire partie de btiments

ntrieurs au chteau actuel, car elle semblait fortncienne. Comme elle tait assombrie par des

itraux foncs, Myrt ne vit tout dabord queautel, o un vieux prtre la longue barbeeigeuse commenait lIntrot.

Elle sagenouilla au hasard sur un antique

anc sculpt. Quelques serviteurs, seuls,ssistaient au saint Sacrifice. Devant le chur,ne range de fauteuils et de prie-Dieu armoris


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nnonait la place habituelle de la comtesse et dees enfants. Tout fait en avant, se voyaient deuxutres siges dune somptuosit svre,urmonts de la couronne princire.

La messe termine, Myrt fit le tour de lahapelle, elle admira les trsors artistiques dontes princes Milcza avaient orn le petit sanctuaire.uis, aprs une dernire prire, elle sortit et se

ouva dans une galerie immense qui prcdaimmdiatement la chapelle.

La paroi de gauche tait garnie duneuccession dadmirables vitraux qui rpandaient

ur le dallage de marbre des tranes de pourpre,indigo et de jaune dor. Celle de gauche seouvrait de tableaux religieux, uvres de matres,lternant avec danciennes tapisseries dune

aleur inestimable... En regardant ces merveillesui charmaient son me dartiste, Myrt atteignitinsi lextrmit de la galerie.

Par une porte de chne largement ouverte, elle

it un perron de marbre rouge, que balayait unomestique en tenue de travail. Au-deltendait la perspective des jardins et du parc.


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Elle descendit dans lintention de voir de prses tranges jardins et de sapprocher des serresuperbes dont le dme tincelait l-bas entre lesrbres. Peut-tre les fleurs staient-elles

fugies l ?Mais Myrt fut due. Derrire les vitres, elle

aperut que des plantes vertes, les plus rares,es plus magnifiques, et des feuillages de tous les

ons, depuis le pourpre intense jusquau vert plergent.

Malgr sa dsillusion, Myrt se sentait si bienmise en train par ce gai soleil et cette brise

matinale si frache, quelle rsolut de faire uneoute petite exploration dans le parc. Elle se mit

marcher dun pas vif et atteignit bientt lesrands vieux arbres magnifiques qui formaient

ne vote majestueuse aux alles, grandes etetites, sentrecroisant en tous sens.

Ce parc tait superbe, il devait trenterminable et renfermer mille coins charmants.

eulement, chose singulire, Myrt ny avait pasncore aperu une fleur. Fallait-il donc penserue cette terre se refusait en produire ?


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Ah ! si, voil quelle en dcouvrait une, blottieous les feuilles, une petite jacinthe qui semblaitoute honteuse de se trouver l. Sa vue panouite cur de Myrt, et la jeune fille, se penchant, la

ueillit et la glissa son corsage.Il fallait maintenant songer revenir, malgr

attrait qui let pousse toujours plus avant. Laeune fille prit une petite alle presque envahie

ar les arbustes croissant follement, en toutebert. Une herbe fine et rare couvrait le sol,iqu de points dor par le soleil lorsque celui-ciussissait percer lamoncellement de feuillage

ui formait une vote idalement frache.Tout coup, Myrt se vit au bout de lalle,

evant une prairie immense entoure de futaies.es aboiements retentirent, deux lvriers noirs

ondirent vers la jeune fille. Surprise et effraye,lle ne put retenir un lger cri...

Ici Hadj, Lula ! dit une voix brve.

Les chiens sarrtrent, et Myrt, tournant un

eu la tte, vit quelques pas delle un jeuneomme de taille haute et svelte, en costume deheval, qui se tenait appuy lencolure dun


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magnifique alezan dor, tout frmissant sur sesambes nerveuses. Elle rencontra deux grandseux sombres et irrits, et devant ce regard, elleouhaita soudain rentrer sous terre.

Linconnu souleva son chapeau, dun gesteleine de hauteur, et dtourna la tte. Myrtentra prcipitamment sous le couvert de lalle,lle revint sur ses pas et prit, un peu au hasard,

ne direction qui se trouva heureusement tre laonne, car elle atteignit bientt les jardins et vitevant elle la masse imposante du chteau, dorar le soleil qui faisait tinceler les vitres des

nnombrables fentres.Au moment o Myrt sen approchait, le bruit

un galop de cheval lui fit tourner la tte.inconnu de tout lheure arrivait, en droite

gne, faisant franchir lalezan les obstacleseprsents par les corbeilles de feuillages et lesassins de marbre. Il tait incomparable cavalier,une extrme lgance, absolument matre de late superbe et fougueuse quil montait.

quelques mtres du grand perron, lanimalarrta net. Le jeune homme sauta lgrement


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erre, jeta les rnes un des domestiques qui sercipitaient vers lui et gravit rapidement lesegrs du perron.

Terka sortait ce moment, une ombrelle lamain. Linconnu sarrta prs delle, lui tendit lamain et lui dit quelques mots. Myrt, qui nosait

lus avancer, voyait fort bien lexpression irritee son visage ce visage qui avait les traits de

elui du jeune magnat de lhtel Milcza, mais quiiffrait dexpression, nen ayant conserv,emblait-il, que la fiert altire.

Terka baissait les yeux, elle semblait fort mal

laide en rpondant son interlocuteur. Celui-cintra dans le vestibule, et la jeune filleescendit lentement les degrs.

Elle aperut Myrt qui savanait enfin.

Vous venez du parc, petite malheureuse ?it-elle dun air lgrement agit.

Mais oui... Ai-je commis en cela quelquehose de rprhensible ? fit Myrt, inquite.

Au fait, personne ne vous avait prvenue,ous ne pouviez pas savoir... Cest lheure de la


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romenade du prince, et il veut la fairebsolument solitaire. La moindre rencontre luiplat. Les gens de par ici le savent et scartente sa route ds quils entendent le galop de son

heval. Je regrette de navoir pas t prvenue. Jai

ommis sans le vouloir une indiscrtion qui aans doute vivement contrari le prince Milcza, si

en juge par lexpression de sa physionomieorsque je me suis trouve tout lheure devantui, dans le parc. Jai eu un peu peur, je lavoue,t jai fui comme une petite fille.

Oh ! vous ntes pas la seule ! Quand lerince est contrari, il sait le montrer de telleaon que lon souhaiterait trouver un trou deouris pour sy nicher... Enfin cette fois, jespre

uil ne vous en voudra pas trop. Je lui aixpliqu que vous aviez pch par ignorance, et ilparu accepter lexcuse. Pour plus de sret,

ous pourrez lui exprimer vous-mme vosegrets, la premire fois que vous le verrez...omment trouvez-vous ces jardins, Myrt ?

Ils seraient superbes sil y avait des fleurs,


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pondit franchement Myrt.

Terka jeta un coup dil effar vers leestibule o avait disparu tout lheure le prince

Milcza.

Ne parlez jamais de fleurs devant lui ! Il lesait, on nen voit pas une ici. Ses gardes, pour luiaire leur cour, poussent le zle jusquourchasser les pauvres petites malheureuses quiseraient spanouir dans le parc. Mais je suis deotre avis, Myrt, ajouta-t-elle voix basse.

Elle ouvrit son ombrelle et sloigna vers lesardins, dune allure nonchalante et un peu lasse.

Myrt rentra dans le chteau et russit, non sanseine, retrouver sa chambre. Il lui faudraituelque temps avant de sorienter dans cettemmense demeure... et peut-tre plus longtemps

ncore pour se faire des habitudes si trangresour elle, et connatre toutes les singularits dueigneur de Voraczy.

Quel misanthrope tait-il donc, si jeune

ncore ? Une grande douleur, peut-tre, avaiondu sur lui, et il navait pas su ragirhrtiennement, il senfonait dans une


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rgueilleuse mlancolie...

Myrt, tout en songeant ainsi, commenait faire sa malle. Une petite jacinthe tomba tout oup sur les piles de linge...

Oh ! ma pauvre petite fleur ! Heureusement,e prince Milcza ne ta pas vue, sans doute. Jeais te conserver bien prcieusement, puisque jee pourrai pas avoir dautres fleurs ici.

Elle entrouvrit son petit portefeuille et y posaa jacinthe, tout prs du portrait de la chreisparue. Longuement, elle considra le finisage aux yeux trs beaux, mais sansrofondeur... Mre chrie, je voudrais tant tre encore prs

e vous, dans notre humble petit logis !murmura-t-elle avec un sanglot.

*

Ce fut Terka qui assuma la tche de faireisiter le chteau Myrt. Sa froideur navait pasapparence de fiert presque ddaigneuse que


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evtait celle dIrne ; elle semblait faire partienhrente de son caractre, alors que la cadetteavait fort bien, selon les cas, se montrer aimablet empresse.

Myrt vit donc en dtail la magnifiqueemeure, elle admira en artiste, sans lombreenvie, les merveilles quelle contenait. Elleontempla les reliures anciennes et sans prix des

olumes contenus dans la bibliothque, leseintures admirables ornant les plafonds desalons meubls avec un luxe inou, les picesorfvrerie sans pareilles renfermes dans la

alle des banquets, o avaient lieu autrefois deomptueuses agapes, ainsi que Terka lapprit Myrt.

Maintenant, elle ne sert plus, car le prince

rend ses repas dans son appartement, avec sonls.

Cest un trs jeune enfant, nest-ce pas ?

Oui, il a cinq ans, et il en parat peine trois.

est un pauvre petit tre chtif, dontintelligence est par contre trs dveloppe. Il estidole de son pre, sa consolation.


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Je nai pas compris ce que ma dit Renat ; leour de notre arrive... que son frre ntait plus

mari, et quil ltait tout de mme ? Jai supposuil voulait expliquer par l que le prince tai

euf...Terka, qui franchissait en ce moment la porte

e la salle, tourna vers Myrt un visage assombri.

Non, il nest pas veuf, et lenfant avaitaison. Le prince Milcza est divorc.

Ah ! murmura tristement Myrt.

Il a obtenu le divorce en France, o il

sidait frquemment, aprs je ne sais quellesormalits et des difficults sans nombre. Elleussi bien que lui tait acharne le vouloir pourecouvrer sa libert... Donc aux yeux de certainsens, il nest plus mari, et pour nous, il lestoujours. Mais nous ne parlons jamais de cesistes choses, que nous navons pu empcher...h ! malheureusement non ! dit Terka avec un

oupir.

Et il a gard lenfant ? Oui ! grce Dieu ! Sil ne lavait pas


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btenu, je ne sais quelles extrmits il se seraitort !... Pauvre Arpad, la foi est morte en lui !

murmura mlancoliquement Terka.

Myrt secoua la tte.

La foi meurt-elle jamais compltement,erka ? Il me semble quil en reste dans touteme une tincelle cache, capable de jaillir unour.

Je ne sais... En tout cas, personne ici ne sesquerait tenter chez lui cette rsurrection

morale.

Oh ! pourquoi donc ? dit Myrt avecurprise.

Terka la regarda dun air stupfi.

Pourquoi donc ?... Il ne vous a donc pas suffi

e le voir, lautre jour, pour comprendre queamais il ne supporterait un mot ce sujet ?...on, pas mme de la part du Pre Joaldy qui lui aourtant fait faire sa premire communion !...

h ! vous ne savez pas encore ce quil est, Myrt,ans cela vous ne mauriez pas adress uneareille question !


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Cest que, dit doucement Myrt, je neomprends pas que lon puisse vivre prs duneme souffrante et spare de Dieu sans essayer dea gurir et de la ramener Lui.

Une autre, peut-tre... mais celle du princeMilcza, non ! Vous vous en rendrez compte en leonnaissant.

La fin de la visite du chteau ne causa plus Myrt le mme plaisir. Elle regarda distraitementa salle des Magnats, o se voyait le fauteuilrincier surlev de plusieurs marches, la sallees Ftes, le jardin dhiver, toutes merveilles qui

a laissaient maintenant singulirement froide.lle pensait au matre de ces magnificences, cettre qui souffrait peut-tre douloureusement, etautant plus que lesprance divine avait quitt

on cur. Une piti immense envahissait le cure Myrt pour ce grand seigneur qui se trouvaitinsi plus pauvre, plus dnu quelle, lhumblerpheline oblige de gagner son pain.

quoi lui servaient ses immenses richesses,ette demeure plus que royale, cette arme deerviteurs suprieurement dirige par Vildy, la


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majordome, et Katalia, la femme de charge ? Uneu de foi, un peu damour divin eussent t unaume infiniment plus doux sur les blessuresuil avait pu recevoir.

Jusquici, Myrt ne lavait plus revu. Il vivaitvec son fils compltement en dehors desolanyi. La comtesse Gisle nexerait ici aucuneutorit en dehors de son service priv, Vildy et

Katalia continuaient tout diriger, et Myrtemarquait parfois combien la comtesse et sesnfants semblaient gns et peu chez eux dansette demeure.

Renat avait commenc ses leons de violon.Aprs avoir entendu Myrt jouer admirablement

ne sonate de Beethoven accompagne parerka, il avait bien voulu dclarer quil acceptait

a cousine comme professeur. Comme il aimait lamusique, elle navait pas trop souffrir des cartse caractre quil rservait pour Fraulein Rosaont les leons lhorripilaient, prtendait-il.

Myrt faisait aussi de la musique avec sesousines, et la comtesse, apprciant le charmexquis de sa voix et dune diction trs pure, en


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vait fait sa lectrice.

Elle ne manquait donc pas doccupations,autant plus quelle accompagnait souvent sesousines dans leurs promenades pied ou enoiture. Irne la chargeait sans faon de tout ceui la gnait : ombrelle, manteau, sac ouvrage.

Myrt remplaait videmment pour elle uneemme de chambre. Renat, peu peu, imitait sa

ur, si bien que Myrt revenait parfois du parcs lasse et les bras briss de fatigue.

La comtesse et ses filles avaient repris leurselations avec les autres chtelains de la contre,

lles avaient reu de nombreuses visites, maisMyrt demeurait compltement lcart, elleestait invisible pour les trangers reus

Voraczy.

Les petites pines de sa situation se trouvaientompenses par la possibilit dassister chaqueour la messe et par lappui spirituel quelleouvait dans le Pre Joaldy, laumnier de

Voraczy, prtre instruit et pieux, me sereine quie sanctifiait dans le recueillement et dans laharit apostolique exerce envers les pauvres,


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s nombreux sur les domaines du prince Milcza,ont les ispans1 taient souvent durs et rapaces.

Une aprs-midi, les jeunes filles sattardrent availler dans le parc. Elles se htrent enfinarriver pour lheure du th... Au passage, Myrtit, en dsignant une alle du parc :

Je me demande pourquoi nous ne passonsamais par ici. Ce chemin doit tre beaucoup plusirect.

Oui, mais il nous conduirait au temple grecrs duquel le petit Karoly passe ses journes.

Eh bien ? dit Myrt en regardant Irne avecurprise.

Eh bien ! je ne me soucie pas du tout quunaprice de lenfant ou de son pre nous

mmobilise l ! Nous nallons prs de Karoly quear ordre... et cest bien assez, je vous assure !

Oh ! votre neveu, Irne ! fit malgr elleMyrt presque scandalise.

Irne, murmurait en mme temps Terka enetant sur elle un regard plein deffroi.1 Intendants.


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Irne baissa sa voix en rpliquant :

Ne crains rien, il ny a personne... Mais vousvez lair de penser, candide Myrt, que nousouvons agir prs de Karoly comme le fontnralement les tantes prs de leur neveu ?

Elle regardait sa cousine dun air mi-moqueur,mi-srieux.

Mais je me demande pourquoi ?... dit Myrt. Pourquoi ? Pourquoi ?... Eh bien ! parce

uil est le fils du prince Milcza !

Elle eut un petit clat de rire ironique en

encontrant le regard surpris de Myrt. Vous ne comprenez pas ?... Je vous

xpliquerai cela plus tard, maintenant nousavons pas le temps. Marchons plus vite.

En peu de temps, elles arrivrent prs de larande terrasse de marbre sur laquelle donnait lealon o se tenait habituellement la comtesseolanyi. Irne, tout en gravissant les degrs,

cria : Mes cheveux sont un peu dfaits, mais tant

is, je ne remonte pas ! Jai soif et je vais vite me


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ervir une tasse de...

Elle sinterrompit brusquement et sarrta net.eux lvriers noirs apparaissaient au seuil du

alon et slanaient vers elle...

Ciel ! le prince est l ! murmura-t-elle duneoix touffe. Et justement nous sommes si enetard !... Et mes cheveux !...

Redescends et cours vite ta chambre,onseilla tout bas Terka.

Pour le faire attendre davantage ?...ailleurs il ma vue certainement... Eh bien ! o

llez-vous, Myrt ? Venez, au contraire, voustournerez peut-tre un peu lorage.

Myrt entra la suite de ses cousines... Enace de la comtesse, le prince Milcza, vtu de

anelle blanche et demi enfonc dans unauteuil, feuilletait distraitement une revue. Ilourna vers les arrivantes ce regard sombre quivait si bien effray Myrt.

Vos montres retardent par trop, comtesses,it-il dun ton glac.

Il aperut ce moment Myrt qui se


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issimulait un peu derrire ses cousines et, seevant, il sinclina pour la saluer.

La comtesse sempressa de faire larsentation, dans lintention, sans doute, detourner lorage, comme disait Irne. Le princedressa quelques mots polis et froids Myrt, quiussit rpondre sans trop se troubler, malgrtrange timidit dont elle tait tout coup

aisie.Le prince Milcza tendit la main ses surs et

assit de nouveau en face de sa mre. Irneavana vers la table th pour remplir son

ffice accoutum. Mais la voix brve du princeleva...

Laissez Terka nous servir le th et allez vousecoiffer, Irne. Vous avez lair dune folle avec

os cheveux en dsordre.La jeune fille devint pourpre et sortit sans

rotester... Myrt stait assise prs de la table h, et, voyant que la comtesse travaillait

aiguille, elle prit elle-mme un ouvrageommenc.


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Le prince Milcza feuilletait de nouveau saevue dun air de dtachement hautain. Il parut eine sapercevoir que Renat, entr doucement,ontre son habitude, sapprochait de lui et lui

aisait la main.Myrt sentait autour delle une atmosphre

naccoutume. Sur la comtesse comme sur sesnfants, une gne trange semblait lourdement

eser. Renat, le turbulent Renat, demeurait assisrs de sa mre, aussi tranquille que la calme

Mitzi. Le soin mticuleux que Terka apportaitoujours la confection du th paraissait se

oubler aujourdhui, comme sil lui et fallubsolument atteindre la perfection... Et enentrant dans le salon, Irne, si frondeuse enaroles, se glissa silencieusement sa place,oulant sans doute viter dattirer sur elleattention de son frre.

Ctait la prsence du prince Milcza quiroduisait sur eux tous cet effet singulier... Myrtprouvait pour sa part. Mais cela, rientonnant, car elle ne le connaissait pas, elletait pour lui quune trangre, comme il lavait


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ettement marqu en lappelant tout lheuremademoiselle alors que les autres enfants de

a comtesse ne lui avaient pas refus le titre deousine.

En le voyant en pleine lumire, Myrt avaitonstat aussitt lextrme ressemblance durince avec le portrait de lhtel Milcza.eulement, il y avait entre eux la diffrence qui

pare un homme dans tout lclat de la jeunesset du bonheur de celui qui a vcu et souffert. Leeau visage du prince avait une expression duret altire, encore accentue par le pli ddaigneux

es lvres, et il fallait convenir que lattitudeautaine, le silence glacial ou les paroles brvese ce fils et de ce frre ntaient pas faits pourncourager les panchements de siens.

Les deux lvriers, qui staient couchs auxieds de leur matre, se dressrent tout coup etlancrent vers une des portes-fentres. La

omtesse, levant les yeux, dit vivement :

Ah ! cest Karoly !Une forte femme brune, jeune encore, portant

n riche costume national, apparaissait au seuil


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u salon. Elle tenait entre ses bras un enfant unle petit tre vtu de blanc qui ne semblait pasvoir dpass trois ans.

La comtesse se leva avec empressement et,avanant, prit lenfant des mains de la servante.erka, ses surs et Renat sapprochrent, ilsffleurrent dune caresse les cheveux noirs quiouvraient la tte du petit garon, en ayant lair

accomplir ainsi quelque rite dindispensabletiquette... Et la comtesse elle-mme ne montraitas plus dexpansion envers son petit-fils.

Karoly tourna vers son pre ses yeux noirs

op grands, sa ple petite figure souffrante et uneu maussade sclaira soudain, et il tendit lesras vers le prince... Celui-ci se leva, il vint versenfant et le prit entre ses bras.

Son visage dur et sombre stait soudainncroyablement adouci, ses yeux superbesimprgnaient dune caressante tendresse en seosant sur le petit tre blotti contre sa poitrine... Il

e semblait plus le mme homme, il taitraiment bien en cet instant le jeune magnat duortrait vu par Myrt.


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Karoly, la tte penche sur son paule,ontemplait son pre avec une sorte dadoration.es petits doigts maigres caressaient doucement

a chevelure sombre, extraordinairement paisse

t boucle, qui donnait la physionomie durince Milcza un caractre un peu trange.

Le regard de lenfant tomba tout coup surMyrt qui tait demeure assise et le regardait

vec un intrt compatissant. Il la considra unnstant, puis tendit le doigt vers elle.

Qui est-ce, papa ?

Il avait une toute petite voix douce ehantante, qui salliait bien sa frle apparence.

Va le lui demander, mon petit chri, rpondite prince Milcza.

Il le mit terre, et lenfant fit quelques pasers Myrt.

Comme il tait petit et dlicat !... Le cur deMyrt se serra de piti. Elle se leva et, se

enchant vers Karoly, le prit entre ses bras. Je mappelle Myrt Elyanni, et je viens derance, dit-elle en enveloppant lenfant du doux


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ayonnement de ses prunelles veloutes.

Myrt... Myrt... rpta Karoly en passant saetite main sur celle de la jeune fille. Cest joli...t vous resterez ici ?

Mais je le pense.

Je suis content... Je veux rester avec vousujourdhui.

Et, dun geste confiant, lenfant passait sesras autour du cou de Myrt.

Voil une sympathie spontane dont Karolyest pas coutumier, dit le prince qui suivait cette

cne dun regard nigmatique. Vous devezimer beaucoup les enfants, mademoiselle, etelui-ci en aura eu lintuition ?

En effet, prince, je suis trs attache ces

hers petits tres, et jen ai lhabitude, car jemoccupais beaucoup, Neuilly, dun patronageoisin de notre logis.

Vous pouvez vous retirer, Marsa, dit le

rince en sadressant la servante demeure prse la porte. Servez-nous promptement le th,erka. Vous tes dune lenteur dsesprante,


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ujourdhui.

Il sassit de nouveau, tandis que Myrteprenait sa place en gardant Karoly sur sesenoux. Lenfant se blottissait contre elle etemeurait silencieux, mais son regard ne quittaitas son pre dont les yeux, chaque fois quilsencontraient ceux de Karoly, prenaient cettexpression de caressante douceur qui contrastait

ellement avec leur habituelle duret, dont la voix brve, si froidement imprieuse, avait des

ntonations incroyablement tendres en sadressantlenfant.

Le prince parlait fort peu, dailleurs, et lealon de la comtesse Zolanyi avait perdu ce soira physionomie accoutume, alors quIrne etenat lanimaient de leur vivacit et de leur

avardage. La comtesse elle-mme, qui aimaitort causer dordinaire, semblait avoir peine ouver quelques sujets de conversation, bien vitepuiss par le laconisme de son fils.

Le matre dhtel apporta pour Karoly du laitans un petit pot cisel qui tait une puremerveille. Lenfant voulut que Myrt elle-mme


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e lui verst dans une tasse, et quelle soutntelle-ci tandis quil buvait lentement.

Vous venez dobtenir un excellent rsultat,mademoiselle, dit le prince dun ton satisfait.

epuis quelques jours, Karoly ne voulait plusrendre son lait, et je nosais le forcer, craignantuil nen rsultt plus de mal que de bien. Maise jeune capricieux se dcide aujourdhui... en

otre honneur, probablement. Je laime bien, papa, dit la petite voix de

Karoly.

Vous pouvez tre fire, Myrt, lesympathies de Karoly ne sont jamais si promptes,ordinaire, dit en souriant la comtesse Gisle.

Cela na pas dinconvnient maintenant. Jeaurai lui apprendre plus tard la dfiance,pliqua le prince dun ton dur qui impressionnangulirement Myrt.

Il se leva et sortit sur la terrasse. Ayant allumn cigare, il se mit fumer en marchant de long

n large.Irne et Renat osrent alors remuer un peu et


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ommencrent parler dune voix assourdie.Mais leur mre mit bientt un doigt sur sa bouchen indiquant Karoly du regard. Lenfantendormait dans les bras de Myrt.

Le prince Milcza rentra doucement, il sassitt se mit lire jusquau moment o Karoly seveilla. Il se retira alors, emportant lenfant uneu ensommeill encore, et qui rptait en

dressant Myrt de petits signes de main : Je vous aime, Myrt. Vous viendrez vous

muser avec moi, vous me direz des histoires.aime beaucoup les histoires...

Lorsque la porte se fut referme sur le prince,e silence rgna encore un moment dans le salon.uis Renat se leva, stira brusquement etlana au dehors en murmurant :

Je nen peux plus !Irne sortit un mouchoir de batiste et lappuya

ontre son front en disant dune voix dolente :

Jai une atroce migraine ! Cest une choseorriblement fatigante davoir se surveillerinsi, quand on sait quun mot, un simple


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mouvement peut tre lobjet de critiquesvres... et injustes.

Irne ! dit la comtesse avec un coup dillein deffroi vers la porte.

Voyons, maman, vous nallez pas supposerue le prince Milcza coute au trou de la serrure !pliqua la jeune fille avec un petit rire ironique.

Mais un domestique peut entendre, monnfant !... Et si jamais un mot pareil arrivait sesreilles !... Tu ne veilles pas assez sur tes paroles,ne.

Cest quelquefois plus fort que moi, maman.ai des moments de rvolte, voyez-vous...Allons, je vais imiter Renat en faisant un petitour dans le parc pour me calmer les nerfs... Vousussi, Myrt ? dit-elle en voyant la jeune fille seever.

Non, je vais faire une prire la chapelle,ne.

Une petite lueur ironique et quelque peumchante passa dans le regard dIrne. Elle sortitn mme temps que Myrt, et, dans le corridor,


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osa une seconde sa main sur le bras de saousine.

Cest cela, allez prendre des forces, Myrt,ar, ou je me trompe fort, vous aurez sous peu ployer toute votre patience et votre... commentirais-je ? votre humilit. Karoly vous a enrande faveur... Or, vous saurez ce quil en cotee possder la faveur de Karoly.

Que voulez-vous dire, Irne ? fit Myrt en laegardant avec surprise.

Vous le saurez bientt... et je souhaiteharitablement que votre esclavage ne dure paslus longtemps que le mien.

Elle se mit rire dun air moqueur etloigna, laissant Myrt stupfie et perplexe.


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V

Le lendemain matin, en sortant de la chapelle,Myrt trouva la porte Constance, la femme dehambre parisienne de la comtesse Zolanyi, qui

informa que sa matresse dsirait lui parler.Myrt, un peu surprise, la suivit jusqu

appartement de la comtesse. Celle-ci taitncore couche. Elle tendit la main la jeune fille

n scriant : Arrivez vite, enfant ! Mon fils vient de

menvoyer un mot... Du reste, je my attendais,prs ce qui sest pass hier. Il parat que lenfant

a fait que parler de vous toute la soire, et cematin encore, peine veill. Le prince demande

onc que vous passiez la matine et laprs-midirs de son fils.

Si cela peut faire plaisir au pauvre petit,ertainement... Mais jai ce matin la leon deenat...


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La comtesse leva les mains au ciel.

Il sagit bien de Renat ! Karoly vous veurs de lui, le prince Milcza ordonne que nousous rendions au dsir de lenfant car le motdemander ne signifie pas autre chose sous sa

lume ou dans sa bouche, il faut vous mettre celaans lide, Myrt. Ni vous, ni moi ne sommesaisses libres de refuser... Allez donc vite

ejoindre lenfant. Vous le trouverez dans le parc,rs du petit temple grec. Par ordonnance

mdicale, il passe l toutes ses journes ds quee temps le permet. Emportez un livre, un

uvrage pour ne pas trop vous ennuyer... Ciel !allais oublier ! Mon fils demande que vous nemettiez pas une robe noire, il naime pas voir deouleurs sombres prs de lenfant.

Mais, je ne peux pas... je suis en grandeuil ! murmura Myrt.

La comtesse eut un geste dimpatience.

Mettez une robe blanche quand vous irez

rs de Karoly, vous la quitterez ensuite. Je vouse rpte, il ny a pas discuter une demande oun dsir du prince Milcza. Dpchez-vous,


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enfant vous attend avec impatience.

Myrt regagna sa chambre, elle sortit une desobes blanches quelle portait Neuilly. Desarmes lui montrent aux yeux tandis quelle senevtait, au souvenir de celle qui avait toujoursoulu la voir habille ainsi. Elle stait plie, parffection filiale, cette exigence purile etouvent gnante. Aujourdhui, une autorit

trangre lui imposait la mme obligation, et elleenait dprouver soudain la trs vive sensatione sa position dpendante, en entendant laomtesse lui faire nettement comprendre quelle

e pouvait songer seulement discuter lordreont elle tait lobjet.

Cependant, lme fire et nergique de Myrte se serait pas soumise si facilement sil ne

tait agi dviter peut-tre une impressionsagrable un enfant malade. Pour un motif dee genre seulement, elle pouvait faire trvextrieurement au grand deuil dont son curessentait le douloureux brisement.

Une demi-heure plus tard, elle pntrait danse parc. Elle ne connaissait pas encore le temple


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rec, dont les jeunes comtesses vitaientoigneusement lapproche. Aussi sarrta-t-elle,harme, devant la petite merveille qui se dressaitout coup au fond dune vaste clairire. Sur le

euillage environnant, le temple de marbreenlevait, tout blanc, dune puret de ligne

dale. droite, entre les arbres, tincelait leauleue dun petit lac sur lequel voguaient quelques

ygnes.Au bas des degrs du pristyle, le petit Karoly

tait tendu sur une chaise longue. quelquesas de l, Marsa, la servante qui tait son

ncienne nourrice, travaillait une broderie. Plusoin, sur un des degrs, tait assis un garonnetune dizaine dannes, petit blond lair craintit rveur, vtu dun riche costume hongrois.

Karoly tourna la tte, il aperut Myrt et jetan cri de joie en tendant les bras vers elle.

Oh ! venez vite, Myrt !... Je suis siontent !

mue de cette joie enfantine, elle sassit prse lui, et, tendrement, caressa la petite tte quiappuyait contre son paule. Le petit garon,


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avi, rptait :

Je suis content !... je suis content !... Et vousvez une robe blanche ! Je naime pas le noir,est vilain, cest triste.

Il fallut que Myrt lui racontt une histoire.uis, fatigu, il sendormit, appuy contre la

eune fille. Celle-ci, nosant faire un mouvemente crainte de lveiller, demeura inactive, enpparence du moins, car intrieurement, elleriait pour les mes qui lentouraient, pour ceauvre petit tre si fidle dont la faiblesse etaffection spontane faisaient vibrer les instincts

e tendresse maternelle trs dvelopps dans sonur. Les petits enfants du patronage de Neuillyavaient ce quil y avait pour eux de douceur, devouement, daimable gaiet chez la chre

emoiselle Myrt , et ce fils de prince, ce petitmagnat lavait devin aussitt dans le seul regarde Myrt.

Karoly sveilla au moment o apparaissait le

matre dhtel suivi de plusieurs domestiquesortant une table et les lments dun couvert.orsque le temps tait beau, le prince et son fils


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renaient leur repas ici, ainsi que Karoly lappritMyrt.

Et vous allez aussi djeuner avec nous,Myrt, dit lenfant en lui prenant la main.

Oh ! mais non, mon chri, cela ne se peutas ! d

delly exilee

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