debpea report

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Les PEA, un facteur d’intégration régionale Pour faire face au double enjeu de la sécurité alimentaire et de la croissance économique, les pays de l’Union Économique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) ont fondé leurs politiques agricoles respectives sur des stratégies d’intensification de systèmes de production agricole, d’amélioration du potentiel productif des sols et d’accès des petits producteurs au crédit, aux marchés nationaux, régionaux et internationaux. Ces stratégies reposent sur des entreprises agricoles reconnues et sécurisées, capables d’identifier et de valoriser leurs potentiels agro-écologiques, de nouer des relations contractuelles solides tout au long d’une chaîne de valeurs où interagissent différents acteurs directs et indirects, tous ayant une vision commune du marché et des intérêts partagés. Cela constitue la trame de l’approche CASE (Systèmes et Entreprises Agricoles Compétitifs) développée par l’IFDC, avec comme premier pilier la formation des Pôles d’Entreprises Agricoles (PEA). Editorial DEBPEA infos N° 02 IFDC-Mali www.ifdc.org Le Président du PEA fibre dah, le spécialiste de la finance rurale de DEDPEA et le Directeur de FIMA, en visite dans un champ de dah. Fibre dah : le contrat de l’espoir Assurance agricole : un levier de sécurité alimentaire et et de croissance économique Les brèves Warrantage : comment professionnaliser le système ? Gestion des impayés : la confiance restaurée Dans ce numéro 2 5 7 En colllaboration avec AAA Bridge Accelérer l’ Agribusiness en Afrique Un vecteur de croissance durable Ainsi, l’IFDC accompagne aujourd’hui plus de 200 PEA dans sept pays de la Communauté Economique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) : le Bénin, le Burkina Faso, le Ghana, le Mali, le Niger, le Nigeria et le Togo. Le PEA fibre dah (lire en page 2) qui fait partie de ces modèles d’organisation dont 65 sont au Mali, démontre comment il est possible de réaliser l’intégration économique et d’atteindre les objectifs du millénaire pour le développement (OMD). Le succès de ce modèle à l’échelle régionale invite à une plus grande implication des opérateurs privés et des gouvernements. Cela permettra d’accroître les investissements dans l’agribusiness et faire du secteur agricole le moteur d’une croissance forte et durable. Avec AAA Bridge et DEBPEA, l’IFDC contribue à cette dynamique d’intégration et d’accélération de la croissance économique. Ce faisant, même si les méthodes changent, trois valeurs restent constantes : l’équité dans l’accès à l’information, la responsabilisation des acteurs à la base et la durabilité. Développement Economique à la Base par les Pôles d’Entreprises Agricoles Aïssatou NOBRE, Coordinatrice DEBPEA.

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DEBPEA Report

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Page 1: DEBPEA Report

Les PEA, un facteur d’intégration régionale

Pour faire face au double enjeu de la sécurité alimentaire et de la croissance économique, les pays de l’Union Économique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) ont fondé leurs politiques agricoles respectives sur des stratégies d’intensification de systèmes de production agricole, d’amélioration du potentiel productif des sols et d’accès des petits producteurs au crédit, aux marchés nationaux, régionaux et internationaux. Ces stratégies reposent sur des entreprises agricoles reconnues et sécurisées, capables d’identifier et de valoriser leurs potentiels agro-écologiques, de nouer des relations contractuelles solides tout au long d’une chaîne de valeurs où interagissent différents acteurs directs et indirects, tous ayant une vision commune du marché et des intérêts partagés. Cela constitue la trame de l’approche CASE (Systèmes et Entreprises Agricoles Compétitifs) développée par l’IFDC, avec comme premier pilier la formation des Pôles d’Entreprises Agricoles (PEA).

Editorial

DEBPEA infos

N° 02 IFDC-Maliwww.ifdc.org

Le Président du PEA fibre dah, le spécialiste de la finance rurale de DEDPEA et le Directeur de FIMA, en visite dans un champ de dah.

Fibre dah : le contrat de l’espoir

Assurance agricole : un levier de sécurité alimentaire et et de croissance économique

Les brèvesWarrantage : comment professionnaliser le système ?Gestion des impayés : la confiance restaurée

Dans ce numéro

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5

7

En colllaboration avec AAA Bridge Accelérer l’ Agribusiness en Afrique

Un vecteur de croissance durable

Ainsi, l’IFDC accompagne aujourd’hui plus de 200 PEA dans sept pays de la Communauté Economique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) : le Bénin, le Burkina Faso, le Ghana, le Mali, le Niger, le Nigeria et le Togo. Le PEA fibre dah (lire en page 2) qui fait partie de ces modèles d’organisation dont 65 sont au Mali, démontre comment il est possible de réaliser l’intégration économique et d’atteindre les objectifs du millénaire pour le développement (OMD). Le succès de ce modèle à l’échelle régionale invite à une plus grande implication des opérateurs privés et des gouvernements. Cela permettra d’accroître les investissements dans l’agribusiness et faire du secteur agricole le moteur d’une croissance forte et durable. Avec AAA Bridge et DEBPEA, l’IFDC contribue à cette dynamique d’intégration et d’accélération de la croissance économique. Ce faisant, même si les méthodes changent, trois valeurs restent constantes : l’équité dans l’accès à l’information, la responsabilisation des acteurs à la base et la durabilité.

Développement Economique à la Base par les Pôles d’Entreprises Agricoles

Aïssatou NOBRE,Coordinatrice DEBPEA.

Page 2: DEBPEA Report

Par l’entremise de l’IFDC, un contrat de 120 000 000 F CFA lie désormais l’entreprise Fibre dah du Mali (FIMA) et l’usine Filature Tissage Sac (FILTISAC) basée en Côte d’Ivoire. Solidaire dans la forme -avec l’implication de 104 petits producteurs répartis dans trois villages de la région de Sikasso au Mali, ce partenariat est aussi solide dans le fond, son socle étant un plan d’affaires multi-acteurs orienté vers un marché spécifique : la fourniture à FILTISAC, avant fin décembre 2011, de 300 tonnes de fibre dah d’une qualité supérieure ou égale à 10 kgf, la norme de référence sur le marché international. Communément appelé « dalen fu», le dah ( une variété d’ hibiscus) est une fibre textile très utilisée pour la fabrication de sac d’emballage naturel ( jute) des produits agricoles comme le café, le cacao, le coton et les céréales.

Oser entreprendre

La dimension d’un tel défi ne se mesure pas seulement à l’exigence de quantité et de qualité du marché. Elle se jauge aussi à la diversité des acteurs à mettre en synergie : les producteurs à informer et à former pour saisir cette opportunité dans le temps, les banques à rassurer de la rentabilité de l’affaire- malgré un risque pays assez dissuasif, des micro-entreprises capables de confectionner des balles sur mesure, des transporteurs à même d’assurer la livraison du produit, des services de douane et de transit pour la fluidification du circuit commercial, ou encore les fournisseurs d’engrais. Ce sont autant de maillons essentiels pour atteindre les objectifs de productivité et de qualité définis dans le plan d’affaires. Ali Mohamed, spécialiste de la finance rurale de l’IFDC-Mali, voit dans ce partenariat un

Fibre dahle contrat de l’espoir

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modèle d’entreprenariat agricole compétitif, capable de répondre aux exigences du marché et même de les anticiper : « Le socle de toute entreprise, c’est la confiance de tous dans le réalisme et la faisabilité du plan d’affaires. Une fois qu’ils ont confiance dans le marché, les gens osent, agissent et assument». En effet, c’est l’audace d’entreprendre et la confiance des acteurs, principalement des producteurs, qui auront permis à la FIMA de livrer en Côte d’Ivoire, à une époque pour le moins critique, un premier chargement d’environ 160 tonnes de fibre dah, aussitôt après avoir reçu du client, via la BNDA, un premier acompte de 40 000 000 F CFA destiné à préfinancer la campagne.

Une source de richesse et de sécurité

Au-delà la sécurité alimentaire (parce que l’argent de la fibre dah permet surtout aux petits producteurs de financer les campagnes de cultures vivrières), ce modèle de partenariat fait de l’entreprenariat agricole le moteur d’une économie rurale qui crée de la richesse et des emplois. C’est l’exemple des micro entreprises de fourniture de balles, lesquelles ont bénéficié d’une commande d’une valeur de 2 850 000 F CFA, tandis que les producteurs du PEA recevaient du premier acompte une part de 34 388 175 F CFA. À une période de précampagne où les producteurs ont d’énormes besoins de financement pour leurs cultures vivrières, ce contrat vient à point nommé, affirme Adama Sidibe, Président du PEA fibre dah de Yanfolila : « En plus de nos besoins sociaux de tous les jours, certains vont pouvoir acheter des équipements de récolte, d’autres des semences de riz et de maïs et des engrais». Si donc le dah ne se mange pas, il nourrit et stimule fortement l’économie locale.

Page 3: DEBPEA Report

Avec des plans d’affaires réalistes et équitables

Le crédit agricole est un crédit productif et à ce titre, il exige une capacité de remboursement démontrée et adéquate pour inspirer confiance. Le projet DEBPEA apporte donc un appui technique dans l’élaboration de plans d’affaires crédibles et bancables parce que fondés sur des principes de rentabilité et de viabilité. Le projet appuie également les acteurs des PEA dans le domaine de la production et de la commercialisation, par le biais des stratégies de vente groupée. Ce processus implique un dialogue inter-acteurs et une dynamique partenariale inclusive et responsabilisante.La base de ces partenariats reste des plans d’affaires axés sur des critères de résultat, de solvabilité et de viabilité. En effet, insiste Aissatou Nobre, Coordinatrice du projet DEB PEA, « pour qu’un partenariat s’inscrive dans la durée, il faut que chaque partie y trouve son compte, dans l’équité et dans la transparence. Aujourd’hui, il faut surtout que les acteurs à la base comprennent davantage que le plan d’affaires, c’est leur affaire à eux aussi, et qu’ils s’approprient les actions qui y sont définies ».

Lier les grandes entreprises aux petits producteurs

Les ressources financières et la somme d’expertises dont disposent les grandes entreprises en matière de logistique ou de démarche qualité, les prédisposent à assurer leur approvisionnement par le biais de grandes offres concurrentielles qui disqualifient bien souvent les petits producteurs. En effet, ces derniers sont défavorisés du fait de la difficulté d’accès au crédit et à l’information sur les besoins des marchés, de la complexité et de la lourdeur des procédures de contractualisation, et, principalement, de la faiblesse organisationnelle des acteurs à la base. L’approche CASE, dont le PEA fibre dah illustre l’efficacité, répond à cette nécessité de synergie par la formalisation de liens de partenariat entre les acteurs de chaînes de valeurs spécifiques. Ces liens sont d’autant plus solides qu’ils reposent sur une vision du marché, traduite en un plan d’affaires qui définit clairement les résultats à atteindre, identifie les moyens pour y parvenir et clarifie le rôle et les responsabilités des différentes parties prenantes. L’approche CASE contribue ainsi à la mise en place d’un système d’approvisionnement des grandes entreprises qui s’avère plus adapté aux conditions des petits producteurs, notamment par l’achat direct auprès de leurs organisations paysannes.

Assurer la qualité

Faire le pont entre grandes entreprises et petits producteurs implique fortement une culture de la qualité. De l’avis de M. Sidibe : « C’est la qualité qui rend durable le partenariat. L’innovation de l’IFDC réside dans son approche, qui autonomise les acteurs et les encourage à développer un esprit d’entreprenariat fondé sur une démarche qualité à même de satisfaire le client selon ses besoins et ses exigences. Nous y sommes déjà. Maintenant, il s’agit surtout de garder le cap ». En effet, résultat d’une rigoureuse démarche qualité dans laquelle se sont engagés tous les acteurs, la charge de rupture de l’échantillon dah du PEA a atteint un niveau record de 75 kgf, qui est nettement supérieur à la norme de 10 kgf initialement recherchée comme étant la meilleure qualité sur le marché international.

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Numéro O2 Novembre 2011

Page 4: DEBPEA Report

INTERVIEW

L’assurance agricoleUn levier de sécurité alimentaire et de croissance économique

Parce qu’il occupe en moyenne 30 pour cent du PIB des pays de l’Afrique de l’Ouest et touche plus de 80 pour cent de la population active, le secteur agricole constitue la pierre angulaire de la sécurité alimentaire dans la sous- région et à ce titre, il constitue une priorité dans tous les programmes de développement des pays membres de l’UEMOA. Toutefois, l’agriculture ouest africaine est de plus en plus soumise à des aléas multiples, de moins en moins prévisibles : sécheresses, inondations dévastatrices et autres calamités menacent la sécurité des investissements et des crédits accordés par les banques et les institutions de microfinance (IMF). Pour faire face à cette situation qui compromet la viabilité de la finance rurale et par conséquent, celle du développement économique à la base, l’IFDC travaille à renforcer les capacités des PEA afin d’améliorer leur pérennité, notamment par l’accompagnement dans la gestion des risques agricoles.

Ali Mohamed, Spécialiste de la composante finance rurale du projet DEBPEA,

fait le point sur la question de l’assurance agricole, perçue comme « un outil de création de richesse et de promotion d’un

entreprenariat rural compétitif et durable.

Quel est l’enjeu de cette innovation agricole ?

Il est capital de viabiliser les PEA en maximisant et en sécurisant les investissements nécessaires à leur développement. Le projet DEBPEA appuie donc la mise en place de l’assurance agricole au Mali en accompagnant les acteurs des PEA dans le processus de compréhension du sujet d’abord, par la sensibilisation et la formation; ensuite dans la prise de décision et la création de synergie entre les acteurs.

L’environnement juridique est-il favorable à ce processus au Mali ?

Il y a un point de départ et d’ancrage institutionnel : c’est la loi d’orientation agricole (LOA) du Mali, dont le chapitre II porte sur la prévention et la gestion des risques majeurs et des calamités agricoles et dont l’article 58 stipule qu’ « il est institué un régime d’assurance agricole répondant aux besoins des exploitations familiales ». Toutefois, dans la pratique, ce dispositif n’est pas encore opérationnel et le modèle d’assurance agricole dont il est question ne concerne que les ouvrages ou les catastrophes de grande ampleur. Or, il faut, au-delà de ce dispositif, penser un modèle de couverture qui permettra de prendre en compte et d’indemniser aussi bien le groupement que le producteur individuel, même en l’absence de déclaration de catastrophe majeure. Par ailleurs, en termes de gouvernance, la LOA prévoit que la profession agricole participe nécessairement aux organes d’administration et de gestion de tout le système de financement du secteur agricole. L’IFDC est donc en phase avec cette stratégie d’appropriation à la base parce qu’elle est une valeur fondamentale de l’approche CASE, qui mise surtout sur l’implication des acteurs locaux et la pérennisation des actions à la base.

Les zones d’installation des PEA sont soumises à des risques multiples comme les incendies et les inonda-tions.

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Page 5: DEBPEA Report

Quels sont les objectifs du projet DEBPEA concernant l’assurance agricole ?

Notre objectif à court terme est d’asseoir les bases d’une compréhension de l’assurance au niveau le plus décentralisé, c’est-à- dire jusqu’au niveau des 31 villages pilotes qui impliquent environ 3 393 producteurs de maïs. Le projet DEBPEA est dans une logique de capitalisation des résultats avec aujourd‘hui 66 PEA opérationnels au Mali. C’est pourquoi nous avons lancé en septembre 2010, une série d’ateliers de diagnostic participatif afin de contribuer à la réflexion pour la mise en place d’un système d’assurance agricole au Mali qui soit cohérent avec les besoins des PEA.En 2010 donc, après une analyse cartographiée des pratiques et des expérimentations en matière d’assurance agricole dans la sous-région et au Mali, quelques pistes ont été dégagées, notamment la mise en place d’un fonds de garantie pour sécuriser l’investissement des PEA. Ce fonds garantirait l’accès à un capital pour financer les nouvelles campagnes, indépendamment des résultats des campagnes antérieures potentiellement tributaires des aléas climatiques. Dans cette optique, nous avons commencé un travail de sensibilisation des acteurs à la base et une étude est en cours pour orienter les futures actions.

Quels sont les atouts pour rendre effectif cet outil, et quelles sont les contraintes ?

La volonté manifeste du monde paysan de s’organiser et l’existence de PEA en voie d’autonomisation est un formidable atout. Mais nous avons aussi, hélas, beau-coup de difficultés, au nombre desquelles la faible capacité à gérer les crédits, la mauvaise gestion des impayés par les pouvoirs judiciaires, l’inexistence de dispositif pour la couverture des risques, l’absence de fonds de garantie pour les paysans, l’absence même d’une certaine culture de l’assurance. Ces contraintes, conjuguées au faible niveau de modernisation des pratiques agricoles, sont les handicaps de départ. Mais nos potentialités dépassent de loin ces problèmes, et l’espoir suscité à la base annonce une certaine révolu-tion en matière de finance rurale et de développement agricole, car il n’y pas de développement agricole

possible sans un système de finance rurale sécurisé, performant et viable.

Quelles sont les perspectives pour DEB PEA ?

Interview réalisée par Mahamane El hadji TOURE

Numéro O2 Novembre 2011

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Nous sommes dans une dynamique qui se veut endogène, et qui part des acquis de terrain. Il existe déjà le fonds de solidarité de l’union des coopératives de producteurs de pomme de terre dont le mécanisme est basé sur le prélèvement d’un certain montant sur chaque vente de semences aux producteurs membres de la coopérative. Ce fonds, en son état actuel, permet de venir en aide aux membres sinistrés de la dite coopérative en cas d’inondation. Comment améliorer ce dispositif et l’étendre aux autres PEA ? Comment formaliser cette forme d’assurance mutuelle agricole à moyen terme ?

Des réflexions sont menées sur ces questions avec des partenaires techniques, l’Association des Organisations Professionnelles Paysannes (AOPP) et les producteurs à la base, en l’occurrence les acteurs de la filière pomme de terre.

Sur un autre plan, l’IFDC travaille à l’élaboration d’une Convention avec PlaNet Guarantee (PG), qui apporte sa solide expertise dans la mise en place d’une plate-forme régionale de micro-assurance agricole indicielle, notamment pour le maïs et le coton. Toutefois, le produit d’assurance proposé par PG est exclusivement basé sur un indice d’évapotranspiration relative, ce qui exclut les cas d’inondation ou autres risques comme les invasions acridiennes. Il faut donc élargir le champ de recherche en partant du niveau local. Le projet DEBPEA appuie cette dynamique pour favoriser la mise en place d’un mécanisme qui puisse prendre en compte les besoins spécifiques des acteurs des PEA. Pour y parvenir, il reste un important travail d’informa-tion et de renforcement des capacités des parties pre-nantes, y compris les IMF, les opérateurs privés et l’Etat. C’est un processus de longue haleine, mais chaque pas vers l’assurance agricole est un pas vers la sécurité alimentaire et la croissance économique durables.

Page 6: DEBPEA Report

LEs BRèvEs Warrantage : comment professionnaliser le système ?

CASE

Le warrantage est un système de stockage des produits agricoles susceptibles d’augmenter leur valeur. Il permet de garantir un meilleur prix, d’améliorer la sécurité alimentaire, d’assurer l’approvisionnement en intrants et d’asseoir une stratégie de vente groupée.

Parce qu’il permet un contrôle des inventaires en un lieu sûr, le warrantage apparaît aussi comme une façon adéquate de couvrir les avances de fonds faites à des producteurs, tout en leur permettant d’organiser la mise en marché afin d’étaler dans le temps la vente de leur produit.

A cette fin, le projet DEBPEA a conduit une étude en vue d’améliorer les documents de gestion du warrantage au niveau des PEA. L’objectif est de parvenir à la tierce détention ou au récépissé d’entreposage, qui sont des outils fondamentaux du système.

Le mécanisme de sécurisation des crédits doit s’opérer avec vigilance afin de préser-ver les stocks des dommages ou des pertes qui seraient causés par des conditions d’entreposage inappropriées.

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Systèmes et Entreprises Agricoles Compétitifs.....................................

........................................................pour une coopération concrète

Page 7: DEBPEA Report

Le warrantage est un système de stockage des produits agricoles susceptibles d’augmenter leur valeur. Il permet de garantir un meilleur prix, d’améliorer la sécurité alimentaire, d’assurer l’approvisionnement en intrants et d’asseoir une stratégie de vente groupée.

Parce qu’il permet un contrôle des inventaires en un lieu sûr, le warrantage apparaît aussi comme une façon adéquate de couvrir les avances de fonds faites à des producteurs, tout en leur permettant d’organiser la mise en marché afin d’étaler dans le temps la vente de leur produit.

A cette fin, le projet DEBPEA a conduit une étude en vue d’améliorer les documents de gestion du warrantage au niveau des PEA. L’objectif est de parvenir à la tierce détention ou au récépissé d’entreposage, qui sont des outils fondamentaux du système.

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Gestion des impayésLa confiance restaurée

La composante finance rurale du projet DEBPEA a conduit une étude dont il ressort que les impayés des acteurs de PEA dans la région de Sikasso sont à la base du manque et des retards de financement de leurs plans d’affaires. Le montant total des prêts en souffrance se chiffrait à 193 006 994 F CFA, avec un taux d’impayés avoisinant les 75 pour cent. Un atelier de restitution de l’étude a permis d’établir un plan de remboursement dont l’effet fut de renforcer la relation de confiance entre les différents acteurs des PEA.

De l’avis de Oudjery Yaafa, Chef d’agence de la Banque Nationale de Développement Agricole (BNDA Sikasso), même s’il reste à parfaire le dispositif de commercialisation en ayant un chronogramme plus consensuel : « L’organisation des acteurs en PEA a permis de renforcer leur crédibilité et la sécurité des financements. Grâce au travail d’intermédiation et de dialogue mené par l’IFDC dans la gestion des impayés, la confiance est revenue entre nous. Par ailleurs, le plaidoyer nous a valu l’intervention salutaire du gouvernement pour indemniser certains acteurs sinistrés. Les financements ont repris, et rien que pour les crédits de la campagne 2010, nous sommes déjà à 99 pour cent de remboursement ».

Renforcement des capacités : 16 PEA balisent leur terrainLa composante finance rurale du projet DEBPEA, en marge des ateliers de planification des activités des nouveaux PEA 2011, a assuré la formation des acteurs des 16 PEA sélectionnés en 2011 sur des thèmes comme : les conditions d’accès au crédit, les éléments constitutifs d’un plan d’affaires et enfin les exigences des banques et institutions de microfinance. La formation a concerné 50 participants dont 8 femmes et permettra de baliser le terrain pour les futurs plans d’affaires.

Financement octroyé pour 35 plans d’action

Au 30 juin 2011, les plans d’action de 35 PEA reçus et validés par l’IFDC-Mali ont été financés pour un montant global de 200 268 243 F CFA. La contribution de l’IFDC dans le financement de ces budgets s’élève à 134 123 716 FCFA (soit 67pour cent). Le nombre de contrats signés à cette date était de 168, impliquant 102 PEA dans sept pays de la CEDEAO et un montant total de 367 231 953 F CFA. En ce qui concerne le Mali, un montant de 83 102 509 F CFA a été avancé aux Bureaux de services aux entreprises pour l’accompagnement des PEA dans la mise en œuvre de leurs plans d’affaires.

Un contrat passé entre le PEA warrantage mil de Tissala/Ségou et P4P (Purchase for Progress) a permis de livrer 91, 700 tonnes de mil durant la campagne 2010-2011. Pour la campagne 2011-2012, un contrat de 100 tonnes a été signé pour un montant de 14 000 000 F CFA. Ce contrat rapportera aux producteurs acteurs du PEA un bénéfice net de 1 062 530 FCFA dont 20 pour cent seront destinés à l’organisation paysanne pour assurer son bon fonctionnement et 80 pour cent iront aux producteurs individuels.

AMEDD signe un contrat de près de 182 millions pour le financement des Centres de services post récolte

L’Association Malienne d’Eveil au Développement Durable (AMEDD) a procédé à la signature des contrats financiers additionnels avec l’Association Française de Développement International (AFDI) pour la Coopérative des Exploitants Motorisés de Koutiala (CEMK), le Centre International de Recherche pour le Développement (CRDI) pour le fonio et Sasakawa Africa Association (SAA)/Alliance pour une Révolution Verte en Afrique (AGRA) . D’un montant global de près de 182 millions de FCFA, ce contrat vise à la mise en place de Centres de services post récolte.

Financement innovant et solidaire : le P4P et le PEA mil concluent un marché pour 91 700 tonnes

Page 8: DEBPEA Report

Produire pour le marhé...................................

L’information à valeur ajoutée et en temps réel est désormais une matière pre-mière indispensable pour garantir aux acteurs des revenus substantiels. Produire pour le marché et à la demande du marché, c’est cela l’enjeu de la veille

commerciale, et c’est l’objectif de la plateforme Senekunnafoniso : collecter, trai-ter et partager des informations utiles sur l’évolution et les tendances des marchés

des produits agricoles.Le site est conçu avec les principaux acteurs des Organisations Économiques Rurales

(OER) appuyés par le programme Développement Economique Rurale de la Région de Koulikoro (DERK) et ceux des PEA accompagnés par l’IFDC. Au total 14 unions et 438 coo-

pératives sont impliquées dans ce système de veille commerciale, une dynamique endogène qui favorise la durabilité et la pérennisation du système. Les producteurs sont eux-mêmes générateurs, collecteurs et agents de diffusion, grâce à un réseau de « cellules d’information de proximité » animées par des correspondants locaux” ou ’’ Lasigidew” en langue bambara.

Contact/InformationIFDC Mali B.P. E 103 - Bamako Badalabougou-Est Fleuve

Rue 33, Villa Lot #6. Tél +223 4490 01 22 / Fax +223 4490 01 21

Email: [email protected] Site: www.ifdc.org

Avec l’appui de l’Ambassade des Pays-Bas au Mali

...............................................................à la demande du marché

www.senekunnafoniso.com

DEBPEA Infos n°2

sous la direction deKetline Adodo

Conception/rédactionMahamane E. Touré

InfographieMeg Ross, MET.

Crédits photosPhotothèque DEBPEA