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DE L A SOCIÉTÉ D'ANTHROPOLOGI E DE LYO N Fondée le 10 Février 188 1 TOME VINGT-DEUXIÈM E 190 5 LYON PAEtI S H . GEORG, LIBRAIRE MASSON & C ie , LIBRAIRE S PASSAGE D$ L'HOTRL•UIRU, 38-88 I 120, ®OUIEV►RD SAINT-GERMAI N 1904

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DE L A

SOCIÉTÉ D'ANTHROPOLOGI EDE LYO N

Fondée le 10 Février 188 1

TOME VINGT-DEUXIÈM E

190 5

LYON

PAEtI SH. GEORG, LIBRAIRE MASSON & C ie , LIBRAIRES

PASSAGE D$ L'HOTRL•UIRU, 38-88

I

120, ®OUIEV►RD SAINT-GERMAIN

1904

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d'une étroite vallée, et non loin du ruisseau (toute cett erégion est schisteuse) . Son orientation est à peu près sud -nord. La chambre mesure 1'"40 de hauteur, 1 mètre de lar-geur et 3"'50 de longueur . Il existe une dalle inférieure, quirésonne comme s'il y avait une cavité dessous . Dans tous le sautres dolmens, cette cavité inférieure semble exister . Lesblocs qui forment les parois latérales (il n'y en a que cieux )sont d'énormes bancs schisteux qui ont dn être amené sd'assez loin, probablement par la rivière .

Les dolmens que j'ai trouvés jusqu'à présent en Coréeétaient toujours dans des plaines à accès facile ou près d el'eau, mais cependant isolés dans des champs, loin des cen-tres actuels. (Cela est sans signification, puisque j'ai appris ,depuis mon retour à Séoul, qu'il y a, en plein village d eItchym, dans le liai-Oueun-To, deux cents de ces monu-ments . )

La dalle supérieure est en général très épaisse (0"'80) e tn'est guère plus grande que la chambre .

Les autres dolmens sont du même type, à dimensions peut -être moindres, surtout la hauteur au-dessus du sol . En somme ,ces dolmens me paraissent intacts - inconnus des cher-cheurs de trésors - (qui ne sont pas des Coréens qu'arrêt ela superstition) . Le peu de temps dont je disposais ne m'apas permis de faire des fouilles, niais j'espère revenir àSune-Sane-Hi et. faire de ces monuments l'étude qu'ils méri-tent, tant au point de vue de leur contenu qu'au point d evue du folk-lore .

RELIGION ET SUPERSTITION EN CORÉ E

Par M . Ey41LE BOURDARE T

Il n'y a pas, à proprement parler, de religion nationale enCorée . On y pratique trois cultes principaux : le culte confu-cianiste, le culte bouddhique et le culte des esprits . A mon

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avis, ce dernier est, de tous, le plus important, celui que tou s

les Coréens, depuis le grand fonctionnaire jusqu'à l'hmble tra-vailleur, accomplissent avec le plus de soin, car on peut dire

qu'ils sont, avant tout, des adorateurs d'esprits . Toutes le s

idées, toutes les croyances religieuses, doctrine de Confucius ,

religion de Fi), superstitions, magie, sorcellerie, géomancie

viennent de la Chine, qui fut l'éducatrice de la Corée en toute schoses, mais cependant le culte des forces de la nature, s i

vivant en Corée de nos jours, repose sur un fonds de su-perstitions populaires propres au pays et aussi ancienne s

que lui .Le culte des esprits peut être regardé comme la forme pre-

mière des idées religieuses . non seulement de la Chine ,

Inais des peuples mongols en général . L'évolution s'est fait e

plus tard en Mongolie et en Chine, niais, à côté de la reli-

gion officielle, on constate toujours la survivance d'une

catégorie de magiciens, non sans prestige, parmi les tribu s

de la Mongolie, où ils sont appelés « chamanes » . Les

Chinois, à l'aurore de leur histoire, voyaient aussi partout ,

dans tous les phénomènes de la vie, l'oeuvre de génies bon s

ou malfaisants . La terre, le ciel, les mers, les montagnes ,

les rochers, les fleuves étaient animés d'êtres invisibles e t

toujours présents, et l'homme défendait sa faiblesse contr e

tant d'ennemis au moyen de conjurations, de prières, d'exor-

cistes, d'offrandes. Dans la hiérarchie qui n'avait pas tardé

à être établie entre tous les esprits, l'empereur de la Chin e

s'était réservé de faire des offrandes au Ciel, qu'ils appelaien t

o Tien >> .Du ive au 'civ e siècle, le bouddhisme régnait en Corée ,

où il était la religion officielle. A partir du xrv e siècle, il fu t

remplacé par le confucianisme . En même temps que la Coré e

adoptait alors le calendrier et, par conséquent, la faço n

chinoise de compter les années, elle prescrivait la doctrine d e

Confucius comme religion officielle, et des lois sévères con -

damnaient ceux qui ne se soumettraient pas à ces nouveau x

rites .

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Compris seulement par une élite de lettrés, ni le bouddhism eni le confucianisme n'ont eu de prise sur le Coréen ; il se pros-terne, il offre des sacrifices, mais sans comprendre . Seule ,la croyance populaire aux esprits a dominé sur l'imagina-tion des ces êtres foncièrement ignorants, naïfs et puérils, e telle en a fait un peuple extrêmement superstitieux . On peu t

dire que toutes les femmes et les trois quarts des homme sen Corée sacrifient à tous les esprits et démons dont ils on t

peuplé la terre, les maisons, les arbres ; le ciel, etc . Le rest esuit la doctrine de Confucius, et peu ou pas sont resté sbouddhistes . Et la conception religieuse de la plupart d'entr e

ceux-ci est assez peu précise pour qu'on les voie s'adresser à l a

fois à Confucius, à Bouddha et aux esprits . Tel Coréen sui t

les règles d'éducation, de morale, de vie sociale de Confu-cius ; mais il a recours à Bouddha pour formuler un souhait,soit qu'il désire un enfant, soit qu'il rêve la fortune . Enfin ,

en cas de maladie . avant d'entreprendre un voyage ou un e

affaire délicate, il ira sacrifier aux esprits.Si nous examinons le culte populaire, nous nous trouvons

en présence d'un mélange de chamanisme, de démonolàtrie ,de fétichisme, difficile à tirer au clair, d'autant plus que le s

Coréens eux-mêmes confondent le tout . Depuis les temps le splus reculés, leur crédulité a admis l'existence de démons ,

d'êtres surnaturels bienfaisants ou malfaisants, des esprit s

de toute sorte qui circulent autour de lui, qu'il voit partout ,

dans l'eau, dans l'air, dans les montagnes, dans les maisons .Chaque maladie est le fait d'un démon qu'il faut se rendr epropice en lui faisant des offrandes .

Lorsqu'il chemine, le Coréen sait que l'esprit de la route l esurveille ; et certainement, sa pensée doit être absorbée, dan s

tous les instants de sa vie, par le souci de ne pas offense r

tel ou tel de ces êtres surnaturels, dont la liste serait inter -

minable si nous voulions la dresser. Au hasard, nous choisi-rons ceux qui se manifestent le plus souvent, ceux qui on tdes fétiches un peu partout .

A chaque instant, on entend résonner le tambourin de la

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sorcière (moutang) qui vient faire des exorcismes dans une

maison où se trouve un malade . C'est alors par un brui t

effroyable de tam-tam, et par des offrandes de mets - don t

elle profite ensuite - qu'elle chasse le démon de la maladie .

Les panesou sont des aveugles qui prédisent l'avenir et en

qui le public a une grande confiance. Ce sont encore les

geoscopes, qui choisissent les emplacements des tombeaux .

Ces derniers ont décidé, il n'y a pas longtemps, le transfertdes restes de la reine Min, le lieu où se trouvait son tombeaun'étant plus favorable . A la Cour de Corée, les peoscope sdécident l'emplacement des bàtiments nouveaux à ériger, o u

font abandonner tel ou tel travail commencé, sous prétext e

que le lieu ou l'époque ne conviennent plus au projet . On

comprend aisément leur importance, et avec quel talent le s

fonctionnaires rusés et habiles utilisent leurs décisions a umieux de leurs intérêts .

Donc, chamanisme, culte naturaliste et grossier fétichisme ,telle est la religion de ce petit peuple et . des femmes surtout ,dont l'imagination est hantée par les exploits de milliers d elutins, qui ne cherchent. qu'à leur jouer de vilains tours .« Moutang et panesou » sont religieusement écoutés . Unpère qui a un fils aveugle s'en réjouit, car il sait que l'exis-tence de la famille est assurée : son enfant est un chamane .Ces aveugles et sorcières constituent deux corporations im-

portantes avec des chefs . Le gouvernement lui-même exerc eune surveillance et, une haute direction sur ces corporation s

et les candidats ne sont admis qu'après avoir subi un exa-men devant la Confrérie .

Paneson. - Comme nous l'avons dit, précédemment, le ssorciers et géomanciens sont consultés sur le choix d'u nemplacement de tombeau, de maison, de palais, même pou rles affaires difficiles à conclure et dans les cas de maladie, d enaissance, de mariage, etc . Ils exercent leur influence su rles démons au moyen de la magie, de rites spéciaux, d'offran-des de mets et d'un bon salaire. Exorcismes, ,oracles sont ac-

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compagnes de danses, de cris et de tambourins . Comme la

clientèle abonde, toujours confiante, il s'ensuit que la pro-fession de sorcier est très lucrative . D'ailleurs, ce n'est pas

une sinécure . Pour satisfaire les croyants et les démons, il sont fort à faire . La fortune et le bonheur d'un Coréen étantau pouvoir des esprits, suivant qu'il se les rendra propices

ou non, il est assuré de la prospérité ou du malheur pou r

lui et les siens. Infortunes, accidents, maladies, incendies ,tout enfin, est soumis à la volonté, à l'influence démoniaque .

Voyons comment s'y prend un << panesou » pour expulse rle mauvais esprit qui s'est emparé d'un malade . Grâce àquelques coups de sa petite boite de divination, il recon-naît le caractère et. la nature du démon et recherche le mo-ment favorable pour continuer son exorcisme . Il prend en-suite en main une baguette de bois de pin de 50 centimètre sde longueur, qu'il remet à un melnl)re de la famille du ma-lade, pour qu'il la tienne verticalement sur une pierre àbattre le linge. Il prononce alors des formules magique sjusqu'à ce que la baguette commence à s'agiter et à se soule-ver au-dessus de la pierre, ce qui indique que le démon es tentré en elle . A ce moment, une conversation, ou plutôt u ninterrogatoire s'engage entre le sorcier et l'esprit pour véri-fier l'exactitude de la nature et du nom du démon, ains ique la cause de la maladie . Les questions sont posées rapi-dement par le sorcier . Le démon répond par une oscillatio n

(le la baguette, ou il ne répond pas . Quand il juge le momen tvenu, le << panesou » ordonne au démon de disparaître, et, s i

ce dernier ne répond pas à l'injonction, le sorcier s'apprêt eà le déloger de force . Il prend alors une baguette spéciale ,en bois de pêcher, qui a le pouvoir de chasser les démons, e tqu'il fait tenir verticalement sur une petite table par u n

aide ; puis il récite des paroles énergiques, qui font remue rla baguette en dépit des tentatives de l'aide pour la teni r

immobile . Il somme l'esprit de déclarer son but, et il le me-nace de le chasser, tout en lui préparant des offrandes . L'aid e

qui tient la baguette magique est, à ce moment, violemment

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repoussé par une force surnaturelle en dehors de la maison ,et il entraîne avec lui le funeste visiteur . Alors, un flacon àlarge goulot est placé sur le plancher de la chambre et surune bande de papier est inscrit. le nom de l'esprit malfaisantque la divination du panesou a pu déterminer exactement . Cepapier, touché par la baguette magique, est mis dans la bou-teille ; celle-ci, rapidement bouchée, est portée dans le che-min .ou sur le coteau voisin, où on l'enterre . Comme on le voi tcette mise en bouteille est assez originale . Mais ces exorcis-mes durent quelquefois plusieurs jours, et sont accompagné sd'offrandes qui doivent se présenter ô des moments déter-minés par les rites .

Les offrandes ordonnées par le Gouvernement au printemp set à l'automne, avant les semailles et après la moisson ,sont des coutumes de ce culte naturaliste, ce qui montre bie nqu'il règne partout, et même dans les classes élevées, aux -quelles le confucianisme ne suffit pas . Ces sacrifices son tofficiels, et ont lieu partout en Corée, à partir de la tombée dujour. Quelquefois même, ils ont lieu à minuit, mais ils doi-vent toujours être terminés avant le chant du coq, qui chass eles esprits et détruit les exorcismes. Naturellement, les for-mules employées par les chamanes n'ont d'effet que dans leu rbouche. Cependant, dans les cas critiques, il y a une formul equi peut être prononcée par tous avec quelque chance d esuccès, c'est. la phrase des << vingt-huit étoiles », récitée e navant, en arrière et de côté .

Grâce à des paroles magiques, des signes cabalistiques e tdes poudres, les chamanes disent l'avenir, retrouvent le sobjets perdus, tirent l'horoscope d'un enfant avec l'anné ede sa naissance, le mois, le jour et l'heure . Si l'horoscopeannonce quelque mauvaise chance, le sorcier débite des for -mules spéciales et., d'un arc en bois de pêcher, il tire de sflèches en roseau dans un emplacement favorable .

En cas de mariage, la décision de la date par le panesouest très importante pour éviter que les mauvais esprits, l amalchance n'entrent en ménage avec les jeunes époux,

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Le matériel du devin << panesou » se compose d'un peti tgong ou d'un tambourin, d'une sonnette, d'une boîte de divi-nation et de baguettes magiques .

Les boites de divination ont la forme d'une tortue qu iremue la bouche. Elles renferment trois pièces de monnaie ,sur lesquelles le sorcier débite une invocation en les lançan ttrois fois : la combinaison des caractères obtenus lui perme tde tirer ses oracles .

Un autre instrument de leur métier est un tube en cuivr eou une canne en bambou fermée aux deux extrémités, saufun trou percé dans l'une d'elles, et qui permet la sortie d el'une des huit aiguilles de bambou qui sont. enfermées clans c etube. Ces aiguilles portent des entailles dont le nombre vari ede une à huit, et qui correspondent à des signes de la Ho-pai, une table de divination chinoise vieille de trente siècles .Le sorcier fait sortir des aiguilles de façon à obtenir hui tcaractères correspondant à un des symboles, un des signe sde la table, à laquelle il se reporte pour déterminer so noracle .

Enfin, ils fabriquent et vendent des amulettes contre le smaladies, qui consistent en éclats de bois frappé par l afoudre . D'autres charmes consistent en caractères chinois o uen dessins d'insectes tracés à l'encre rouge sur un papierjaune préparé spécialement pour cet usage .

Moutang . - Voyons à présent la catégorie féminine de cetteimportante corporation de devins ou chamanes .

Le nom de << nioutang » s'applique aux sorcières, ains iqu'à une classe de sorciers, les Pak-Sou-Mou, qui sont de shommes habillés en femmes, et que tout le monde considèrecomme femmes, du moins dans l'exercice de leur métier .

u Moutang » veut dire sorcière, possédée par le démon ;celui-ci est supposé se saisir de la femme et lui imposer se s

volontés . Celles qui entrent dans cette voie doivent rompretoute relation de famille et ne subir d'autre autorité qu e

celle du démon qui les dômine. Contrairement aux panesou,

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qui en sont les maîtres, puisqu'ils réussissent à les chas-

ser, à les vaincre, au moyen de formules magiques, le s?noutanq n'ordonnent rien aux esprits, mais elles se les ren-dent propices par des prières et des offrandes . Elles son taussi très nombreuses et sont appelées partout, chez la plu shumble des servantes comme à la cour, pour la reine et le sdames d'honneur. Elles exercent, donc les pacifications et le spropitiations de démons qui se divisent en propitiations oc-casionnelles et propitiations périodiques ou fêtes des dé-mons. L'une de ces fêtes est publique et a lieu tous les troi sans. Quand le moment est venu, les habitants de chaqu evillage forment un Comité d'organisation, qui dure troi sou quatre jours. Les frais sont couverts par les villageoi seux-mêmes . Un sorcier choisit le jour qui- doit ouvrir l aréunion, et il est nécessaire qu'il prenne des bains fréquents e tne mange pas de viande au moins pendant une semain eavant l'époque fixée pour le choix du jour .

La moutang prépare ses offrandes . C'est, en un mot, l afête du démon ou esprit de la localité que l'on veut rendr epropice au village. Au jour convenu, une baraque décoré e

d'étoffes voyantes est dressée près de l'autel du lieu, et a ubruit assourdissant des cris et du tam-tam, les moutang s

dansent et gesticulent autour de la table des offrandes, com-posées de mets variés. On suppose que le démon s'incarnedans la sorcière, qui prononce des oracles . Alors, les habi-tants lui apportent chacun leur bol de riz et lui demandent l arévélation de leur avenir pendant les trois années qui von tsuivre jusqu'au prochain sacrifice . La moutang brûle descornets de papier blanc dans le bol ; si le papier reste aufond, c'est un mauvais présage pour l'avenir ; si, au contraire ,le papier brûlé vient au bord du bol et s'envole, l'augure est bon .

De même que la moutang est louée, car il va sans dir equ'elle ne travaille pas sans salaire, pour se rendre propic ele démon d'un village, elle est louée aussi pour le démo nde la maison. Pendant ses exorcismes, l'esprit du logis

s'incarne en elle et lui révèle l'avenir . C'est û. elle qu'on a

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recours pour purifier la demeure visitée par la mort, la ma-ladie ou toute autre cause qui est l'oeuvre d'un mauvai sgénie,, dont l'arrivée intempestive oblige l'esprit gardie ndu logis à quitter la place . Il s'agit de faire réintégrer l e

domicile au fugitif, et ce sera la moutang qui y parviendra ,

au moyen de ses baguettes, de ses formules magiques et d e

ses prières spéciales, pendant que résonnera le tam-tam, e tque l'eau pure sera versée sur le plancher de la maison .

Voici, d'ailleurs, comment elle s'y prend pour faire réin-tégrer au logis l'esprit tutélaire . Elle attache une bande d e

papier autour d'une baguette de chêne, qu'elle tient en l'air ,

et elle sort à la recherche du fuyard . Quelquefois, l'esprit s etient tout près de la maison, d'autres fois, il est très loin ,niais la sorcière reconnaît sa présence parce que, lorsqu'ellele rencontre, il secoue si violemment la baguette que plu -sieurs hommes ne peuvent la tenir . La moutang le rapport ealors à la maison, où il est reçu avec les plus sympathique s

démonstrations . Le papier qui entourait la baguette de chên e

est alors, avec quelques menues monnaies à l'intérieur, plié e ttrempé dans du vin coréen, puis lancé contre une poutre de l amaison, .où il se colle . On jette ensuite contre ce papier un epoignée de riz, dont quelques grains restent adhérents : c'esten ce point que l'esprit (le la maison désormais résidera, jus -qu'à ce qu'un nouvel événement vienne provoquer sa fuite .

Les sorcières ont plusieurs procédés de divination . Tantôtelles jettent des grains de riz sur une table et observent le scombinaisons formées ainsi au hasard par les grains . Tan -

tôt elles emploient un béton (le noisetier surmonté d'un cercle

garni de clochettes, et c'est alors aux sons du carillon qu'elle s

reconnaissent les intentions du démon .

Les Coréens, qui ont une grande préférence pour leur s

garçons, et désirent que leur avenir soit le plus heureu x

possible, les consacrent à un esprit, pensant que c'est l a

meilleure façon de leur éviter les mauvais tours des démons .

Bien entendu, cette consécration ne peut se faire que par

l'intermédiaire des exorcismes des moutangs . On ajoute au

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nom de l'enfant, celui de l'esprit à qui il est consacré . C'es tsouvent à la moutang elle-même que l'enfant est confié . Dan sce cas, elle apprend - par un rite spécial - au démon qu i

la possède qu'elle doit prendre cet enfant sous sa protection .

Elle emporte de la maison du père un bol de riz, une cuillèr eenveloppée clans un morceau d'étoffe de coton, sur lequel est

écrite la cession du jeune garçon, et. elle place ces objets chez

elle, dans la chambre réservée à son démon . Aux fêtes pério-

diques, elle fera des offrandes à ce dernier en faveur de s

enfants ainsi adoptés .Lorsque la u moutang est appelée auprès d'un malade ,

elle arrive avec une aide . Celle-ci apporte un panier . Elles'assied sur le sol, et se met en devoir de gratter ce panieravec un morceau de bois, imitant ainsi le bruit d'un rat . C'estleur manière spéciale pour faire appel à un esprit . Pendantce temps, la sorcière danse, s'agite avec frénésie, invoqu el'invisible . C'est au moment où son agitation est à son combleque l'auditoire, assis tout autour de la chambre, estime qu ele démon s'est emparé de la femme, qu'il parle par sa bou•elle . Elle crie, en effet, et révèle son none ; elle dit ce qu'ilfaut faire pour guérir le malade, quelle somme il faut ajou-ter pour que la guérison soit certaine . Ceci fait., le malin estsupposé s'en être allé du corps de la sorcière, et celle-ci ,soudain calmée, rie laisse plus voir aucune trace de sa ré-cente crise . Il est même à remarquer que la crédulité d eces pauvres gens est si grossière que les sorcières, en somm ehabiles à les exploiter, ne se donnent souvent même pas l apeine de simuler la moindre fatigue, le moindre épuisement .

Enfin, nous ajouterons encore que le peuple a recours à l au moutang » pour se mettre en communication avec l'espri tdes morts . Ceux-ci sont questionnés sur ce qui se passe dan sle royaume des Ombres . On veut savoir s'ils ont vu telle o utelle personne morte depuis peu .ou d 'ancienne date, et il srépondent avec d'autant plus de sang-froid qu'ils ne craignen tpas d'être contredits . Dans la croyance des Coréens ignorants ,l'autre monde est gouverné par un chef dont il est difficile

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d'obtenir les faveurs . Il s'agit donc de faire quelque chos epour le mort en lui conciliant les hautes protections du lieu .Aussi, lorsque la conversation est terminée avec le défunt ,dit-on à la « moutang » d'appeler le Grand Juge (ils ont dixjuges pour le royaume des Morts), et c'est le Juge suprêm e

que l'on invoque en lui présentant des mets et en le prian t

de rendre l'existence dans l'autre monde facile à celui qui es t

parti . Généralement, le Grand Juge promet tout ce qu'o n

veut, et se retire en remerciant la compagnie des mets excel-lents qu'elle lui a présentés . Et la séance de démonolàtrie es t

levée .Nous terminerons cette longue série des services rendus pa r

les sorcières en disant qu'une de leurs plus importantes fonc-tions est d'être l'intermédiaire avec le Kwe-yuk Tà-Sin ou l e

Grand esprit de la petite vérole, car c'est la seule maladi e

qui ait le privilège de posséder son esprit à elle. C'est qu'ell eest la maladie la plus redoutée, étant la plus fréquente, e t

trop souvent entraînant. la mort . Lorsque la petite vérole a ét é

constatée clans une famille, les membres ne doivent plus sepeigner, ni changer de vêtements, ni balayer la maison. I l

ne faut pas implorer l'esprit protecteur de la maison. Les

parents du malade ne doivent manger que du riz sans fèves .

Enfin, aucun animal ne doit être tué, parce que le san g

versé ferait gratter et saigner le malade Le danger de tuer des animaux pendant la petite vérole a

a été récemment attesté pendant la. maladie du jeune prince .

Le Gouvernement a défendu d'abattre nul bétail pendant

neuf joursLe treizième jour est regardé comme celui où le danger es t

conjuré . L'esprit se retire alors et la « moutang » préside à

son départ, en lui présentant des mets et un petit cheval e n

bois - confectionné dans ce but - et chargé de menues mon-naies et de riz, provisions de voyage du dangereux visiteur ,

auquel on souhaite un bon retour à sa résidence personnelle .

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SOCIETE DANTHROPOLOGIE DE LYON

Les « moutang » appartiennent à la basse classe de lasociété . Leur profession est héréditaire . Il paraîtrait qu'elle ssont aussi adoratrices de Bouddha, car leur maison renfermedes images de ce dieu à côté de celles des démons . Autrefois ,elles prédisaient l'avenir en observant les mouvements d'un etortue de mer, sur la carapace de laquelle elles appliquaientun fer chaud, ou en observant, comme les pythonisses d eDodone, les feuilles de certains arbres . Aujourd'hui, leurprofession s'est compliquée, ce qui montre que le prestigede ces chamanes n'a pas diminué d'importance . Les fille sprennent les leçons de leur mère en les accompagnant . Ily a aussi - connue je l'ai dit précédemment - celles que ledémon possède soudain, et qui, par ce fait, sont désignée spour ce métier. Pendant le temps de leur maladie, ces pos-sédées rêvent de dragons, d'arcs-en-ciel, de pêchers en fleur sou d'un homme d'armes subitement transformé en animal ;elles profèrent des paroles grossières, voient beaucoup d echoses curieuses, et menacent de mort tous les gens de l amaison, si on ne leur permet pas de se livrer à la pratique de sexorcismes . Il en est même dont l'imagination est tellemen tfrappée par ces divagations démoniaques qu'elles succomben tdevant la résistance de leur famille .

Quand une fille noble est possédée par le démon, on l atue, ou l'on s'en débarrasse, pour que la disgrâce ne retomb epas sur toute la famille . Celle qui embrasse sa nouvell evocation quitte les siens, et va habiter la maison d'un e« moutang » décédée dont elle prend les vêtements et le sinstruments. Cette prise de possession s 'accompagne, bie nentendu, d'exorcismes. Elle inscrit ensuite son nom sur un etablette, qu'elle place dans une chambre, et commence àexercer son métier .

Toute « moutang » doit posséder plusieurs robes, don tquelques-unes très coûteuses, un tambourin de forme spé-ciale, des cymbales en cuivre, une baguette en cuivre sur -montée de clochettes, des bandes de soie, des bannière squ'elle déploie quand elle danse, des éventails, des ombrelles,

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des baguettes magiques, des images d'hommes et d'animaux ,des gongs, et une paire de paniers allongés employés -comme nous l'avons dit précédemment - pour s'emparer d el'esprit de certaines maladies, que l'on attire au moyen d egrattements . La pratique des exorcismes entraîne certainsjeûnes. Il arrive parfois que les sorcières mettent une tell efrénésie dans leurs danses qu'elles tombent inanimées ,l'écume à la bouche, et ont besoin de soins empressés pou réchapper à la mort. Elles gagnent très largement leur vi eet celle de leur famille . Aussi trouvent-elles parfois à se ma-rier, niais, dans l'esprit de l'astucieux mari, c'est à seule fi nd'avoir toujours une table bien garnie. Les sorcières de bonn efamille exercent à domicile, et sont enterrées sur un flan cde coteau, avec les instruments de leur profession .

Les esprits et les dénions qui peuplent l'univers des Coréen ssont innombrables . Nous indiquerons - d'après le Rév. Jone s- les plus connus . Il faut ajouter qu'en dépit de la plus qu ecertaine origine indigène de ce culte de la nature et de tout ecette démonoffitrie, c'est sous la forme chinoise qu'il estsurtout pratiqué, en ce sens que l'on retrouve, dans toute sles formules et les cérémonies qu'il comporte, les caractère set les prédictions chinoises .

Esprits de haut rang .

1. Esprit du ciel .2. Esprit de la terre .3. Esprits des montagnes et des collines .4. Esprit des Dragons .5. Esprits gardiens des districts .6. Esprit de la foi bouddhique.

Esprits de la maison.

7. Esprit de la toiture (c'est le chef de tous ceux de la mai -son) .

S. Esprit des meubles et des tentures .

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0. Esprit démon de la famille Yi .10. Esprit de la cuisine .1l . Esprit serviteur de l'esprit démon de la famille Yi .12. Esprits qui servent leurs ancêtres .13. Les gardes et servants de l'esprit démon de la famille Yi .14. Les esprits qui assistent les jongleurs .15. Esprit de la petite vérole .

Fui . 1 . - Fétiches du village de Solinurru .

16. Esprits qui prennent la forme d'animaux .17 . Esprits qui prennent possession des jeunes filles et e n

font des sorcières ,18. Esprits des Sept Etoiles qui forment le Plongeur ,19. Esprit du lieu de la maison .

1)/ // crrials csprils .

20. Esprits qui font les hommes braves .21. Esprits qui résident dans les arbres .

'l'uut arbrisseau noueux, tout arbre difforme, est. supposéèi re la résidence de l 'un dc s ce esprits. C'est eux qui eau-

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sent les morts violentes ou prématurées . Toute personnemorte avant l'àge de soixante ans est regardée comme victim ecle l'un de ces esprits .22. Esprits qui poussent les tigres à manger les hommes .23. Esprits qui font mourir les hommes sur les chemins .24. Esprits qui rôdent autour des maisons, causant toute s

sortes de calamités .

it . - Fétiches du village de Solinurru .

25. Esprits qui font mourir les honmles loin de leur habi-tation, de leur village .

26. Esprits qui font mourir certains hommes pour d'autres ,

connue remplaçants, connue délégués.27. Esprits qui font. mourir les hommes par strangulation .2S. Esprits qui font mourir les hommes par noyade .29. Esprits qui font mourir les femmes en couches .30. Esprits qui inspirent le suicide aux hommes .31 . Esprits qui font périr les hommes dans le feu des ince n

dies .Enfin, les esprits de la peste, du choléra, etc ., etc . Dans c e

peuple de lutins bons et méchants, tout asiatique, certain s

Soc . Ami' . 'r . XX'I I, I O3 .

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personnages apparaissent comme propres à la Corée . 'l'el es tle personnage mythique appelé Tan-Koun, dont la légende seplace vers 2300 avant Jésus-Cln'ist .

Ouang-eung, fils du créateur Chisok, descendit sur la terr epour y créer un royaume terrestre (2332 av . J .-C .) Il se repos aavec ses compagnons sous un arbre, le « Pal : Tal », et se pro -clama roi de l'univers . . . F choisit connue lieutenants l e<< Gouverneur de la pluie », le « Général du vent » et l e<< Maitre des nuages » . Il entendit un jour un tigre et un our squi prétendaient devenir des lion nies. Il leur conseilla pourcela de s'enfermer dans une grotte pendant vingt et un jour ssans essayer de voir la lumière . Ils obéirent, mais le tigr esortit avant la date fixée. L'ours, plus patient, resta ving tet un jours enfermé, et se transforma en une superbe femme .Le premier désir de celle-ci fut d'avoir un fils, et, comme ell eémettait ce voeu, Ouang-eung, qui passait par là sur l event, l'entendit et exauça sa prière . Elle eut mi fils, et c'es t

que les indigènes à demi sauvages trouvèrent sous l'arbr ePale et appelèrent 'l'an-Kouo .

Nous avons une idée, d'apri's la liste précédente, du l avariété de ces esprits tourmenteurs des hommes . On leurattribue des fétiches : papier, pierre, bois, paille, véteuients ,arbres, etc., etc ., qui sont sacrés aux yeux du Coréen, pourlequel une identification complète existe entre l'esprit et so n

fétiche .Voyons ù . présent ce que sont les esprits de haut rang .

Nous avons pour cela eu recours au Ires intéressant travai l

du ltev . Jones M . A . . publié dans les comptes rendus de l a

« noyai :Asiatie Society, Korean lu .ancli », ainsi qu'à celu i

de M. Maurice Courant sur les cultes coréens .A tout seigneur tout tanneur . Voici O-bang-tchang-gon n

(lchanq-ga ui signifie le chef du monde, et o-boer, les cinqcôtés) . Cela veut dire les esprits, les généraux des cinq par -lies du ciel, et. ils portent des noms spéciaux correspondant .au ciel oriental, méridional, occidental, septentrional et cen-tral . Ce sont les principales divinités coréenlies qui gouver-

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167lient le ciel . celles que les cllauianes invoquent pour com-battre les démons .

Fu ; .

Tan-Kouo . le seigneur mythique . sacrifiait au ciel é Kaug-lloa, au sunuuel du )l tri-Sune . à la 10 e lune. Les rois du

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Sin-raï également . Des sangliers et. clés cerfs étaient sacrifié sau ciel . Partout, et en tout temps, on a sacrifié au ciel, et e ntemps de guerre pour obtenir la victoire .

Pour M. Courant, ces sacrifices ne sont pas d'origine chi -noise, car eu Chine ils sont réservés à l'empereur seulement ,tandis qu'en Corée ce droit est étendu à tous . Les sacrificesconsistent en piste de riz et en fruits offerts sur les autel sen expiation, et pour se rendre favorables ces puissances cé -

Fu, . j .

lestes. Des prières sont récitées dévotement, avec accolupa-gnen.ent de clochettes et pendant que l'encens brûle . Les nom sdes maîtres du ciel sont écrits sur une bannière placée au -dessus de l'autel . Ce sont les u panesou » qui sont chargés de ssacrifices .

Ces o-ban f-leu anq-pouuoo sont les dieux tutélaires des villa-ges ; ils détournent de ceux-ci les esprits errants et malin squi rôdent aux alentours, dans les vallées . Leurs fétiches son tnombreux et placés par groupes à l'entrée et à la sortie de sbourgs, des hameaux, ou Ô. l'entrée d'une vallée. Mais il sem-blerait cependant qu'en divers endroits, ces grossiers féti-ches sont délaissés, car ils jonchent le sol et seront employé sprobablement un jour colonie bois de chauffage (fig . 1 et 2) .

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Placés, connue nous l'avons dit., à l'entrée des villages e tdes vallées, ces fétiches sont souvent précédés d'une longu eperche plantée en terre, et au sommet de laquelle est fixé eune racine d'arbre grossièrement taillée en forme de canard ,qui est. l'insigne des généraux (fig . 3) . On leur offre des sacri-fices au printemps et u l'automne. Ces images, appelées auss iIsou-suri (rangée de soldats) sont grossièrement sculptéesdans des poteaux en cliène ou en sapin . Elles représenten tdes figures humaines monstrueuses, quelques-unes recou-vertes d'un chapeau de mandarin ù ailettes . Des bras son tquelquefois rapportés et fixés sur les côtés du poteau, ains ilue le nez et les oreilles . Ils porten t , en outre, en caractère ssculptés on écrits, la distance de la localité au chef-lieu . Il sservent. donc en même temps de poteaux indicateurs . Mai sil faut également les distingueur des Tclaangj-scunq (fig. 4.) ,qui sont, eux, réellement et spécialement des poteaux indica-te_trs sans caractère fétichiste, et qui sont . pourtant de formeidentique iacelle des Isou-sari . Ce sont des poteaux à face hu-maine que l'on trouve :p ur toutes les routes de la Corée, d e111 lis en 10 lis ou de 5 en 5 lis (fig . 3) . Ils sont peints enrouge et en noir, mais, eux aussi, tombent en ruines e tne sont pas remplacés . Ils sont la survivance, ainsi qu eles fétiches Isou-sari, d'une époque de barbarie, qui cède l epas rapidement aux progrès d'une civilisation tout européenn een Corée .

Voici la légende rapportée au sujet des poteaux TcAang-seucaq. Au temps jadis, un noble, du nom de Tchang, accus é

et, reconnu coupable de trahison, fut mis au pilori . Il fut.

décidé, pour rendre sa mémoire exécrable à tout le peuple ,qu'il serait figuré sur des poteaux de bois, et que ceux-ci se -raient plantés partout sur les chemins . Il est possible qu el'on ait eu l'idée d'utiliser ensuite ces poteaux conne indica-teurs de distances .

La séance est levée ù G h . 1/?.

T,'un (lrs Srrrélaire .c ries séaucrs, A . POP,CnERFT . .