de l'imitation d'une monnaie de toulouse, sur un sceau du xiiiesiÈcle

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DE L'IMITATION D'UNE MONNAIE DE TOULOUSE, SUR UN SCEAU DU XIII e SIÈCLE Author(s): Félix Bertrand Source: Revue Archéologique, 9e Année, No. 1 (15 AVRIL AU 15 SEPTEMBRE 1852), pp. 305-311 Published by: Presses Universitaires de France Stable URL: http://www.jstor.org/stable/41746166 . Accessed: 22/05/2014 10:33 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. . Presses Universitaires de France is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Revue Archéologique. http://www.jstor.org This content downloaded from 91.229.248.170 on Thu, 22 May 2014 10:33:31 AM All use subject to JSTOR Terms and Conditions

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DE L'IMITATION D'UNE MONNAIE DE TOULOUSE, SUR UN SCEAU DU XIII e SIÈCLEAuthor(s): Félix BertrandSource: Revue Archéologique, 9e Année, No. 1 (15 AVRIL AU 15 SEPTEMBRE 1852), pp. 305-311Published by: Presses Universitaires de FranceStable URL: http://www.jstor.org/stable/41746166 .

Accessed: 22/05/2014 10:33

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DE L'IMITATION

DUNE MONNAIE DE TOULOUSE,

SUR UN SCEAU DU XIIIe SIÈCLE (1).

En publiant cet article , notre but a été de constater, par un nouvel exemple, ce principe défait, que les sceaux peuvent souvent s'expliquer par les monnaies et les monnaies par les sceaux.

Le type que nous soumettons ici en est une preuve évidente.

S. R. de Monlagnt.

Dans le champ, un objet en forme de crosse, à côté une croisette, au-dessous deux barres.

L'image de ce sceau, qui appartient au XIIIe siècle, nous offre la représentation fidèle du type monétaire des deniers frappés à

Toulouse, au XIIe siècle, et nommés- Raymondins par le peuple

(1) L'empreinte de ce sceau nous a été communiquée par M. Ducbalais, qui la tenait de M. d'Affry de la Monnoye. Ce dernier certifie avoir vu l'original chez Capet, marcband d'antiquités, à Paris, il y a environ dix à douze ans.

IX. 20

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306 REVUE ARCHÉOLOGIQUE.

parce que la plupart des comtes de Toulouse ont porté le nom de Raymond; on en compte jusqu'à sept. Du Cange, tome IV, page 528, s'exprime ainsi au sujet des Raymondins : « Raimun- densis innuncupata moneta tomitum Tolosa? , apud quos Raimundi nomen frequens fuit ( nam ad septem recensentur in eomrn stemmate ). Raymonetus - Remmdinns, ut Raymondensis Tholo sarins. »

Pourquoi la figure d'un. Raymondin a-t-elle été adoptée par le propriétaire du sceau en question? Qui était-il? quel était son pré- nom ? C'est ce que nous allons examiner.

Le nom de Montagut est très-commun en France. L'abbé Expilly, dans son Dictionnaire géographique, historique

et politique des Gaules et de la France, tome IV, a cité quatorze localités ainsi dénommées.

D'autre part, le père Anselme , dans son Histoire généalogique de la maison de France, outre la généalogie de Montagut, sire de Marcoussi, qu'il rapporte, indique une quantité considérable de per- sonnes qui ont porté le nom de Montagu ou Montagut, et dont il donne souvent la filiation.

Or, le type signalé aujourd'hui est du midi ; R. de Montagut, doit donc, selon nous, être méridional, le t final de son nom en est d'ailleurs une preuve.

Dom Vaisette, dans son histoire, relate un grand nombre de seigneurs de divers pays de la France du nom de Montagut ou Mon- taigu.

Ainsi, au XIIIe siècle, nous voyons Bertrand de Montaigut et son frère Guillard prêter main-forte au comte de Toulouse Raymond, pour se soutenir contre les seigneurs de Montfort.

Parmi les bienfaiteurs de la chartreuse de Valbonne (diocèse d'Usez), figure un Raymond de Montagut ou Montaigu, comme il résulte de ces passages extraits de dom Vaisette, t. Ill, p. 120 et 121.

« An 1 203 . - Fondation des chartreuses de Bonnefoy et de Val- bonne. - (Seigneurs et évftques d'Usez). »

Trésor des chartes da roi. - Toulouse. « Raymond , seigneur dUsez, enrichit la chartreuse de Valbonne. - Decan, son fils, ratifia, etc....

- Donation faîte à cette chartreuse, en 1223, par Raimon, sei- gneur d'Usez, fils de Raimon, et par Guillaume Martorel, son frère.

- Almoffis, veuve de Rostâing de Sabran , connétable du comte de Toulouse, vendit, eu 1.215, a la maison de Valbonne, le -domaine

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IMITATION D'UNE MONNAIE DE TOULOUSE. 307

de Cadenet, da consentement de Guillaume des Baux, prince d'O- range, tuteur de Rostaing et de Guillaume de Sabran , fils du même Rostaing. - Enfin, divers autres seigneurs du voisinage firent beaucoup de bien à cette chartreuse dans le temps de sa fondation. De ce nombre furent Géraud de Montagut, Hélène, sa femme, Thibaud et Saurine, leurs enfants, Raymond Géraud et Pierre Géraud de Montagut, frères, etc. »

C'est donc à ce Raymond de Montagut, seigneur du comté de Tou- louse et bienfaiteur de la chartreuse de Valbonne, que nous propo- sons d'attribuer notre sceau , attendu que relativement au temps où il a vécu il y a concordance parfaite entre les caractères paléogra- phiques de la légende et l'époque de l'existence de ce personnage.

Pour faire allusion à son prénom , qui n'est indiqué que par la lettre R, Raymond de Montagut a pris un type parlant, c'est-à- dire l'image d'un Raymondin.

Il est bon de remarquer qu'à l'époque où vivait Raymond , il est certain que ni lui ni les comtes de Toulouse ne connaissaient le sens du type des monnaies dites Raymondins. C'était une empreinte consacrée depuis des siècles. Il en était de même dans toute la France , à l'égard de tous les autres types employés sur les monnaies. Ainsi, à Nevers, depuis Louis d'Outre-Mer jusqu'au milieu du XIIe siècle , on continuait à marquer sur les légendes des monnaies le nom de Louis, et à inscrire le mot rex dans le champ , mot , qui à

partir de la fin du XIIe siècle, finit par se changer en une faucille

et une étoile (sic) g x Le nom de Louis paraît encore à Angoulème , à Saintes , à Lan-

gres, et jusqu'au XIVe siècle, dans le Chablais et à Lausanne, on continue à frapper des deniers semblables à ceux que Louis le Dé- bonnaire émettait, et qui d'un côté portent une croix avec la légende: HLVDOVICVS. IMP. AUG., et au revers : un temple et CRIS- TIANA RELIGIO.

Si l'on analysait tous les types monétaires de cette époque, ceux de Tours ďoů vient le type tournois, du pays Chartrain, de Sens, de Provins, etc., on arriverait à la même conclusion, c'est-à-dire qu'au XII* siècle chaque province avait un type monétaire propre. Mais il faut aussi remarquer quefeeux qui usèrent de ce type le firent sans

trop savoir ce qu'il signifiait. Tel était l'usage du type des Raymon- ds».

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308 REVUE ARCHÉOLOGIQUE. A l'aide de l'étude et de la comparaison des monuments entre eux,

la science moderne est parvenue à retrouver l'origine de- la plus grande partie de ces figures bizarres. C'est le savant Lelewel qui le premier nous a mis sur la voie à ce sujet. Selon lui, le type moné- taire de Toulouse porte une crosse et une croix pour marquer que l'évèque d'Alby qui , dans- sa ville épiscopale, partageait avec le comte de Toulouse et le sire de Bonafos le droit de monnayage, jouissait probablement de ce droit à Toulouse même et avait le privilège d'imposer son empreinte sur la monnaie des comtes. ~

« Le comte de Toulouse , dit-il , frappait sa monnaie à Toulouse, è Saint-Gilles , à Châteauneuf de Bonafos ; l'évèque d'Albi possé- dait le tiers de cette dernière, et je crois que son droit reparaît sur différentes pièces tolosanes qui offrent une crosse avec l'alpha et l'omicron pour l'oméga, ou bien, un bâton à la croix accostée de deux o ou anneaux, ou enfin , une triple crosse, c'est-à-dire un bâton à

la croix accosté de deux crosses. Le bâton , surmonté d'une croix . remplace les marques de dignité suprême, un sceptre

Jl ou une crosse. » Nous croyons, contrairement à l'opinion de Lelewel, que les signes

qui se remarquent dans le champ du sceau de Raymond de Mon tagut, et sur les monnaies de Toulouse, dites deniers Raymondins, sont la

dégénérescence du mot Vgo qui se lit sur les plus anciennes monnaies baronales de Toulouse, frappées au nom de Charles le Simple et de Guillaume Taillefer.

Pour faire comprendre ce que nous venons de dire , nous allons entrer dans quelques détails sur le type monétaire de Toulouse.

Un denier de Toulouse qui doit être attribué à Charles le Simple, porte pour légende au droit : Tolosa cm; dans le champ une croix,

y g et : Carias rex au revers ; dans le champ q .

Or, Vgo est le nom d'un évèque qui, 'à cette époque, occupa pendant cinquante ans le siège épiscopal de Toulouse.

Guillaume Taillefer, qui posséda de 950 à 1037 le comté de Tou- louse , fut le premier comte qui mit son nom sur les espèces de cette ville. Voici un denier de son temps ; Vilelmo, croix dans le champ.

y g # : Tolosvciv, dans le champ q .

L'évèque Atton , successeur de Hugues , frappa le denier suivant

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IMITATION D'UNE MONNAIE DE TOULOUSE. 309 en communauté avec Guillaume; Vilelmo, croix cantonnée de deux

E T annelets. v : Tolosvciv; dans le champ q .

Cet usage d'inscrire dans le champ des deniers le nom de l'évêque eut une grande influence sur le type des monnaies de Toulouse. On

prit l'habitude d'y tracer trois caractères qui presque toujours n'étaient y g

que la dégénérescence du mot q > dont le sens était perdu. On en voit un exemple dans la gravure du revers de la monnaie

du comte Raymond. Cette révolution s'était opérée dès le règne de Pons, fils de Guil-

laume Taillefer (1037-1060). Deux types différents nous viennent VX de ce comte : Io + Urbs Tolosa ; dans le champ q ; H : +•

Poncio Comes , croit à branches égales ; 2° Poncio Comes, croix chrismée et cantonnée de deux besants.

î£: + AiANRGO (peut-être pour xristiana religio) ; dans le champ R A

X w rex)- A

Comme on doit le remarquer, on s'éloignait parfois du type le plus usité, sans changer cependant la disposition des lettres qui servaient de signe local ; il en fut de même à Carcassonne et dans d'autres villes du Languedoc.

De 1098 à 1100, sous le règne de Guillaume le Jeune, le type V G •

formé de la dégénérescence du mot q prit •

le dessus ; car à cette

époque ce prince frappa le denier suivant : vvielmo come entre

grenetis; croix à branches égales dans le champ, v •• + Tolosa

civí entre grenetis , dans le champ.

Raymond V (1148 à 1194) émettait ce denier, qui est le plus commun de tous les Raymondins -

Ramon comes. Croix à branches égales dans le champ, cantonné d'un S au deuxième canton.

î£:+ Tolosa civi +

Ce type est précisément l'image qui a été adoptee comme emblème

parlant par notre Raymond de Montagut.

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310 REVUE ARCHÉOLOGIQUE. Cest, à notre connaissance, le premier exemple d'une médaille co-

piée sur un sceau.

Cependant un Belge, M. Piot, a fait paraître une brochure ayant pour titre : De l'imitation des sceaux des communes sur les monnaies des provinces méridionales des Pays-Bas et du pays de Liège .

Il faut remarquer que, si l'ouvrage de M. Piot a quelque mérite, si les rapprochements quii propose sont souvent heureux, l'auteur a un tort, c'est de s'imaginer que les sceaux sont des copies des monnaies du moyen âge. Il n'a pas réfléchi sans doute, que le type ou character dune monnaie ou d'un sceau, sont des signes propres à la personne, ou à l'être de raison qui les emploie ; et que, par consé- quent, le sceau et la monnaie ne sont pas les copies les uns des autres , mais bien deux objets parallèles , indépendants et émanés d'une même volonté.

Ainsi, lorsque le conseil municipal appose sa marque particulière sur le sceau, il atteste par là qu'il a mis le signe particulier de la ville, afin que les actes revêtus de cette empreinte, et certifiés véri- tables par l'autorité compétente, puissent offrir un caractère d'au- thenticité. Par la même raison, lorsque ce même signe se reproduit sur la monnaie , l'intention a été de prouver que cette monnaie est de bon aloi.

C'est encore une erreur de la part de M. Piot de penser que per- sonne ne l'ait précédé dans l'application en général du système de com- paraison des monnaies aux sceaux. En 1835 , MM. Dancoisne et Delanoy reconnurent parfaitement, à l'aide du sceau de Douay, la monnaie Douysienne, dans de petites pièces reléguées jusqu'alors parmi les incertaines, et certes, ils ne pensaient pas que ce fut là le seul exemple qui pût se présenter, la seule application qui pût se faire, et que cette manière de procéder n'était pas de nature à s'éten- dre davantage. Or, l'ouvrage de M. Piot n'a paru qu'en 1848 : Il est donc singulier qu'il vienne se poser en inventeur, et crier au plagiat lorsque deux savants avant lui ont mis en pratique le même pro- cédé (1). On lit, en effet, dans cet ouvrage, p. 240 :

« La Reçue numismatique belge m'apprenait l'autre jour que je m'é- tais rencontré avec M. Piot sur la corrélation des types des sceaux avec ceux des monnaies du moyen âge ; fait que la moindre connais- sance de ces deux catégories de monumenta permettait d'ailleurs de

(i) Voy. Considérations historiques et artistiques sur les monnaies de France , par M. Fillon; Fontenay-Vendée, 1850.

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IMITATION D'UNE MONNAIE DE TOULOUSE. 311

constater, et que le savant collaborateur de la Reçue de Bruxelles for- mule ďune manière inexacte j car il avance que les sceaux des rois, des villes et des seigneurs étaient imités des monnaies, tandis que l'in- verse est presque partout arrivé. »

« Pour formuler cette proposition dans toute son exactitude, il faut dire que sur les sceaux et fes monnaies on se servait des mê- mes types.»

Dans l'espèce que nous signalons , il y a Bien une véritable imita- tion, puisque Raymond de Montagut n'a copié le type du denier Ray- mondin que pour faire allusion à son prénom, et qu'il n'avait proba- blement aucun droit de prendre ce type comme emblème. Il a mis sur son sceau un Raymondin, comme un nommé Heusé aurait mis botte , un Legeai un geai , La pie une pie , etc., etc.

Félix Bertrand.

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