de la réduction des endomorphismes

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- De la réduction des endomorphismes - Une aventure mathématiques conçue et réalisée par Jérôme ONILLON (e-mail : [email protected]) (c) La taverne de l'Irlandais (www.tanopah.com) Novembre 1994/Juillet 2001. Tous droits réservés. Ce cours a été rédigé en novembre 1994 alors que je préparais l'agrégation de mathématiques et mis à jour en juin et juillet 2001. Dans le cas où il comporterait des erreurs, merci de me les signaler. Il est exclusivement mis en ligne par le site "la taverne de l'Irlandais" (http://www.tanopah.com). Ce cours est du niveau Math Spé / début de Licence. Au sommaire : Des généralités. Polynôme d'endomorphisme. Polynômes minimal d'un endomorphisme. Valeur et vecteur propres. Sous-espace propre. Des théorèmes de décomposition des noyaux d'Hilbert/Dirac et de Cayley-Hamilton. 2.1 Théorème de décomposition des noyaux. 2.2 Théorème de décomposition des noyaux généralisé. Polynôme caractéristique d'un endomorphisme. 2.3 Théorème de Cayley-Hamilton. 2.4 Théorème de Hilbert-Dirac. Des endomorphismes diagonalisables et de leur diagonalisation. 3.1 Endomorphisme diagonalisable. 3.2 Caractérisation de diagonalisation avec le polynôme minimal. 3.3 Caractérisation de diagonalisation avec le polynôme caractéristique. 3.4 Endomorphisme à spectre simple. Des endomorphismes trigonalisables et de leur trigonalisation. Sous-espace caractéristique ou spectral. 4.1 Endomorphisme trigonalisable. 4.2 Caractérisation de trigonalisation avec le polynôme minimal. 4.3 Endomorphisme nilpotent. 4.4 Trigonalisation des endomorphismes nilpotents. 4.5 Caractérisation de trigonalisation avec le polynôme caractéristique. 4.6 Décomposition de Fitting.

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Page 1: De la réduction des endomorphismes

- De la réduction d es endo morphismes -

Une aventure mathématiques conçue et réalisée par Jérôme ONILLON (e-mail : [email protected]) (c) La taverne de l'Irlandais (www.tanopah.com) Novembre 1994/Juillet 2001. Tous droits réservés.

Ce cours a été rédigé en novembre 1994 alors que je préparais l'agrégation de mathématiques et mis à jour en juin et juillet

2001. Dans le cas où il comporterait des erreurs, merci de me les signaler. Il est exclusivement mis en ligne par le site "la taverne de l'Irlandais" (http://www.tanopah.com).

Ce cours est du niveau Math Spé / début de Licence.

Au sommaire : ���

Des générali tés. Polynôme d'endomorphisme. Polynômes minimal d'un endomorphisme. Valeur et vecteur propres. Sous-espace propre. � �Des théorèmes de décomposition d es noyaux d'Hilbert/Dirac et de Cayley-Hamil ton. 2.1 Théorème de décomposition des noyaux. 2.2 Théorème de décomposition des noyaux généralisé. Polynôme caractéristique d'un endomorphisme. 2.3 Théorème de Cayley-Hamilton. 2.4 Théorème de Hilbert-Dirac. � �Des endo morphismes diagon alisables et de leur diagon alisation. 3.1 Endomorphisme diagonalisable. 3.2 Caractérisation de diagonalisation avec le polynôme minimal. 3.3 Caractérisation de diagonalisation avec le polynôme caractéristique. 3.4 Endomorphisme à spectre simple. ���Des endo morphismes trigon alisables et de leur trigon alisation. Sous-espace caractéristique ou spectral. 4.1 Endomorphisme trigonalisable. 4.2 Caractérisation de trigonalisation avec le polynôme minimal. 4.3 Endomorphisme nilpotent. 4.4 Trigonalisation des endomorphismes nilpotents. 4.5 Caractérisation de trigonalisation avec le polynôme caractéristique. 4.6 Décomposition de Fitting.

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1° ) Des générali tés. Dans tout ce qui suit K désignera un corps quelconque et E un espace vectoriel sur K de dimension quelconque et donc non nécessairement finie. On parlera à ce sujet de K-ev. Rappelons qu'un endomorphisme de K-ev est une application K-linéaire d'un K-ev sur lui-même ! On notera L(E) la K-algèbre des endomorphismes sur E. De plus si A est un sous-ensemble de E et u∈L(E), alors :

• Dire que A est stable par u signifie que u(A)⊂A. • Dire que A est invariant par u signifie que u(A)=A.

Proposition 1.1 : Si u et v sont deux endomorphismes de E et qu'il s commutent (c'est-à-dire uov = vou) alors Ker(u) et Im(u) sont stables par v. En effet si x∈Ker(u) alors u(x) = 0 d'où u(v(x)) = v(u(x)) = 0 d'où v(x)∈Ker(u). De plus si x∈Im(u) alors ∃ y∈E tel que u(y) = x. C e qui donne que v(x) = v(u(y)) = u(v(y)). Donc v(x)∈Im(u).

Polynômes d'endomorphismes. Soit P∈K[X] un polynôme à coeff icients dans K. On appelle n le degré de P. On conviendra que :

∑=

=n

0i

ii X.aP .

Pour tout endormphisme u sur E et pout tout entier naturel k, la puissance k-ième de l'endormorphisme est l'endormorphisme défini par :

���$$$

fois k

u....uuuk =

La puissance 0 de l'endomorphisme u est l'application identique sur E notée IdE. Ayant définie la puissance entière d'un endomorphisme, il est possible de parler d'image de celui-ci par un polynôme P. P(u) est l'endomorphisme de E défini par :

∑=

=n

0i

ii u.a)u(P .

Notons K[u] l'ensemble des polynômes d'endomorphismes obtenus à substituant à l'indéterminée X l'endomorphisme u. K[u] est une sous-K-algèbre unitaire et commutative (pour la composition) de l'algèbre (L(E), +, o, . ). Dire que P∈K[X] est un polynôme annulateur de u signifie que P(u) = 0 (C'est-à-dire l'application nulle). L'ensemble des polynômes annulateurs de u forment un idéal de K[X]. Comme K est un corps, K[X] est alors un anneau principal. Tout idéal de celui-ciest donc monogène. Il existe un P∈K[X] engendrant cet idéal. Ce P est unique à la multiplication par un élément de K près. Pour fixer les idées, on prend P unitaire. Ce dernier est alors appelé (s'il est non nul) polynôme minimal de u. On notera mu ce polynôme.

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En dimension finie ce polynôme existe toujours et il est toujours non nul. En effet si ce n'était pas le cas, il existerait un x∈E tel qur ∀ P∈K[X]\{0} P(u). (x)≠0E.

Autrement dit pour tout entier k la famille ( ) { }k..0ii (x)u ∈ constituerait une famille libre à k-éléments.

Ce qui dans un K-ev de dimension finie ferait légèrement désordre. . . De plus si u admet un polynôme minimal (sous-entendu non nul) alors on appelle spectre de l'endomorphisme u encore noté Sp(u) l'ensemble des valeurs propres de u. Il est clair que si u et v ∈L(E) commutent alors ∀ P et Q ∈ K[X], P(u) et Q(u) commutent. Tout cela se passant dans L(E).

Valeurs, vecteurs et sous-espaces propres. Soit u∈L(E). On dit alors que :

• Dire que x∈E\{0E} est un vecteur propre de u signifie qu'il existe λ∈K tel que u(x) =λ.x. On dit alors que λ est la valeur propre associée à x.

• Si λ est une valeur propre pour u alors l'ensemble { x∈E tel qur u(x) = λ. x} qui est aussi Ker(u -λ. IdE). C'est le sous-espace propre associé à la valeur propre λ. Dans la suite, on notera Eλ le sous-espace propre associé à la valeur propre λ.

Comme on le verra plus tard, toute valeur propre de u annule le polynôme caractéristique de u. Par ce qui a été dit précédemment si u et v ∈L(E) commutent alors tout sous-espace propre de u est stable par v (et vis et versa).

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2° ) Théorèmes de décomposition d es noyaux d'Hilbert/Dirac et de Cayley-Hamil ton. Dans ce paragraphe, nous allons énoncer et prouver les théorèmes essentiels sur lesquels s'appuient tout ce qui suivra. Théorème 2.1 de décomposition des noyaux. Soit Q et R ∈ K [X] deux polynômes premiers entre eux. On appelle P leur produit. Si u∈L(E) alors Ker P(u) = Ker Q(u) ⊕ Ker R(u). La preuve : Nous avons deux choses à prouver : d'abord une somme directe puis une égalité d'ensembles. Pour commencer on va montrer que cette somme est directe. Si x ∈ Ker Q(u) ∩ Ker R(u) alors Q(u).(x) = R(u).(x) = 0. Comme K [X] est un anneau principal et que Pgcd(Q, R) = 1K, en application du théorème de Bezout il existe deux polynômes U et V ∈ K[X] tel que U.Q + V.R = 1K. Il vient donc que :

U(u)oQ(u)+V(u)oR(u) = IdE. Et plus particulièrement pour notre x, il vient que :

x = U(u)oQ(u).(x) + V(u)oR(u).(x) Or Q(u).(x) = R(u).(x) = 0. Par suite il vient donc que x = 0. D'où Ker Q(u) ∩ Ker R(u) = {0}. Autrement dit la somme de Ker Q(u) et de Ker R(u) est directe. C'est-à-dire ce qu'on voulait ! Montrons à présent l'égalité des deux s-ev de E. Comme dirait le sage: "Montrer une égalité, c'est montrer une double inclusion !" (⊂) : Soit x ∈ Ker P(u). Par ce qui précède, on peut écrire que :

x = Q(u).(U(u). (x)) + R(u).(V(u). (x)). On appelle 1x le premier terme de cette somme et 2x le second. On peut écrire que :

R(u).( 1x ) = P(u)oU(u).(x) = U(u)oP(u).(x) = 0

donc 1x ∈Ker R(u). De même : Q(u).( 2x ) = P(u)oV(u).(x) = V(u)oP(u).(x) = 0 d'où 2x ∈ Ker Q(u). Et cela car tout commute ! (Voir fin du premier paragraphe). Ainsi 21 xxx += fait-il partie nécessairement de Ker Q(u) ⊕ Ker R(u). (⊃) : Si x ∈ Ker Q(u) alors P(u).(x) = R(u).(Q(u).(x)) = 0. Ainsi Ker Q(u) est-il i nclus Ker P(u). Il en va de même pour Ker R(u). Combinant ces deux choses, il vient que :

Ker Q(u) ⊕ Ker R(u) ⊂ Ker P(u). La double inclusion nous donne l'égalité et par là-même le théorème !

On peut facilement généraliser le théorème de décomposition des noyaux à un produit quelconque de polynômes premiers entre eux. Ainsi :

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Corollaire 2.2 (théorème des noyaux généralisé).

Si ∏=

=k

1i

iPP avec les Pi premiers entre eux deux à deux alors Ker P(u) = k

1i=⊕ Ker Pi.

Polynôme caractéristique et théorème de Cayley-Hamilton. Dans tout ce qui suit E sera de dimension finie que l'on notera n. Soit ( ) { }n..1iie ∈ une base de E.

Le polynôme caractéristique de l'endomorphisme u est noté χu et définit par :

( ) { }( )[ ]n..1iiEu e,uMatId.Xdet ∈−=χ

Le polynôme caractéristique de u ne dépend pas de la base choisie pour y exprimer sa matrice. En effet si ( ) { }n..1iif ∈ est une autre base de E et que l'on note P la matrice de passage de ( ) { }n..1iie ∈ à

celle-ci alors comme dans toute base la matrice d'IdE est la matrice identité, on a que :

( )[ ] ( )( )[ ]( )[ ]

( )[ ] )(e u,Mat -Id X.det

)(e u,Mat - Id X.det . det(P) .det(P)

P . )(e u,Mat -Id X. .Pdet )(f u,Mat -Id X.det

in

in 1-

in 1-

i E

=

=

=

χu est un polynôme unitaire de degré n. De plus s'il est entièrement scindé, c'est-à-dire s'il a ses n racines comptées avec leur ordre de multiplicité dans K que l'on note λ1, . . . , λn alors on a que

Tr(u) = ∑=

λn

1i

i

où Tr est la trace de u (en fait de la matrice de u dans une certaine base). On notera là encore la trace d'un endomorphisme ne dépend pas de la base choisie pour l'y exprimer. Ceci car vu que pour toutes matrices A et B, Tr(A. B) = Tr(B. A.). Quoiqu'il en soit, s'il est entièrement scindé et en conservant les mêmes notations, on a que :

χu = )X(n

1i

i∏=

λ− = inn

n

1i

1iin X).,...,(s.)1(X −

=

λλ−+∑

où les sj sont les polynômes symétriques élémentaires de K [X1, . . . , Xn]. En particulier le terme constant de χu est-il égal à (-1)n. det(u). De plus si λ est une valeur propre de u alors ( )[ ] )(e u,Mat -Id .det in λ = 0. Ceci car Eλ n'est alors pas réduit à {0}. Autrement dit λ est racine de χu le polynôme caractéristique de u. Réciproquement si λ ∈ K est une racine de ce polynôme caractéristique χu alors [ ] 0 u -Id .det n =λ .

Donc l'endomorphisme λ.IdE - u n'est pas injectif. Ce qui implique que λ est une valeur propre de u. En résumé, nous avons l'équivalence :

λ valeur propre de u ⇔ λ est une racine de χu.

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Théorème 2.3 de Cayley-Hamil ton. Tout endomorphisme annule son polynôme caractéristique. Ainsi tout polynôme minimal d'un endomorphisme divise le polynôme caractéristique de celui-ci.

La preuve : La démonstration que nous ferons n'est valable qu'en dimension finie. Avant d'entamer la manoeuvre principale, nous allons prouver un petit lemme. Avant ceci, rappelons certaines choses. E est un espace vectoriel sur K de dimension n. Mn(K ) est la K -algèbre des matrices carrées à n lignes (donc n colonnes). Si M∈Mn(K ) alors la comatrice de M notée Com(M) est la matrice formée des cofacteurs de M. C'est-à-dire que ∀ i et j ∈ {1. . n} :

( ) )= +j i,

jij i, det(A .(-1) Com(M)

où j,iA est la matrice déduite de M en supprimant la ligne i et la colonne j.

La cotransposée de M est alors la transposée de la comatrice. On note souvent celle-ci ≈M .

Le lemme qui nous aidera dans notre quête de l'éclatante vérité est le suivant : Lemme : Si (Ci)i∈{0. . n}et (Dj)j∈{0. . n} ⊂ Mn(K) sont telles que dans l'anneau Mn(K[X]) l'on ait

l'égalité ∑∑==

=n

0i

ii

n

0i

ii D.XC.X alors ∀ i ∈ {0. . n} Ci = Di .

Nous allons démontrer ce lemme. Pour tout entier k∈{0. . n}, on appelle (k)c j i, le coeff icient de la ième ligne et de la jième colonne de

la matrice Ck. Ainsi : ( ) { }1..n jet ij i,k (k)cC ∈=

De la même façon, (k)j i,d désigne le coeff icient (i ; j) de la matrice Dk. Et là encore :

( ) { }1..n jet ij i,k (k)dD ∈= On peut alors écrire que ∀ i et j ∈ {1. . n} dans K [X], on a l'égalité :

∑∑==

=n

0k

kj,i

n

0k

kj,i X).k(dX).k(c

Ce qui se traduit également par le fait que ∀ k∈{0. . n}, ∀ i et j ∈ {1. . n} (k)d(k)c j i,j i, =

Autrement dit Ck = Dk. C'est-à-dire le lemme que nous voulions ! Revenons maintenant à notre théorème. Notons M la matrice de u dans une base B quelconque de E. On pose T = X. Idn - M.

Considérons T≈

la cotransposée de T.

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Comme T≈

est une matrice carrée à n lignes on pose n} . {1. jet ij i, )(PT ∈≈

= .

j,iP étant le déterminant d'une matrice d'ordre n-1 dont chacun des coeff icients est un polynôme de

degré au plus égal à 1, celui-ci est donc un polynôme de degré au plus égal à n-1. Ceci compte tenu de ce qu'est le déterminant, D'aill eurs ∀ i et j ∈{1. . n} on écrit j,iP sous la forme :

∑−

=

=1n

0k

kj,ij,i X).k(cP .

De plus ∀ k ∈ {0. . n-1} on appelle Ck la matrice ( ) { }1..n jet ij i, (k)c ∈ .

Il va sans dire que Ck∈Mn(K). On a alors que :

≈T = ∑

=

1n

0k

kk C.X .

Pour compléter la sauce on pose C0 = Cn = 0 (Comprenez la matrice nulle). Or le produit d'une matrice par la transposée de la comatrice donne le déterminant de cette matrice multiplié par Idn. Par suite vu que [ ] un u -Id .Xdet χ= , il vient que :

( ) ∑∑=

=

≈−=−

==χ

n

0k

k1kk

n

1n

0k

kk

nu )M.CC.(XMId.X.C.XT.T Id.

En application de notre lemme, si χu=∑=

n

0i

ii X.a alors ∀ k∈{0. . n} M.CCId k1kn −= − .

Ce qui s'exprime encore par : ( )M.M.CCM 1kk −−=

Ainsi :

)K(M

1n

0k

1kk

n

1k

k1k

n

0k

kk1k

n

0k

kk

n0

M.CM.C

M).M.CC(M.a

=

−=

−=

∑∑

∑∑−

=

+

=−

=−

=

Et donc finalement χu(u) = 0. C'est-à-dire que u annule son polynôme caractéristique et donc ce dernier est divisible par le polynôme minimal. Note : Ce théorème n'est valable que lorsque E est de dimension finie. D'aill eurs la preuve a été faite dans le seul cas d'un K-ev de dimension finie. Si Cayley-Hamilton était valable en dimension quelconque alors tout endomorphisme admettrait polynôme minimal non nul. Ce qui entre nous est loin d'être la cas.

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En effet dans le K -espace vectoriel K [X], l'endomorphisme

'PP

]X[]X[:u

→→ KK est loin d'admettre u

un polynôme l'annulant. Théorème 2.4 de Hil bert/Dirac. Si λ est une valeur propre de u alors pour tout polynôme P, P(λ) est une valeur propre de l'endomorphisme P(u).

Ce théorème aussi simple que puissant découle du fait que ∀n∈N un(x) = λn. x. A l'opposé du théorème de Cayley-Hamilton, il est valable en dimension quelconque. Le théorème de Hilbert-Dirac conduit à ce que toute valeur propre pour un certain endomorphisme est racine de tout polynôme l'annulant. Plus généralement, nos deux théorèmes sont valables sur tout A-module. La seule restriction à apporter l'est pour Cayley-Hamilton. Le A-module devant être de rang fini. Et A si possible principal, bien que là ce ne soit pas absolument nécessaire !

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3° ) Des endo morphismes diagon alisables et de leur diagon alisation. Dans ce paragraphe E ne sera pas nécessairement de dimension finie. Définition 3.1 : Dire que qu'un endomorphisme u de E est diagonalisable signifie que E est somme directe de ses sous-espaces propres.

Dans ce paragraphe, nous allons voir à quelles conditions sur son polynôme minimal ou son polynôme caractéristique, un endomorphisme est-il diagonalisable. Ce qui en dimension finie équivaut au fait que E admette une base de vecteurs propres pour u. Cela équivaut également au fait qu'il existe une base de E dans laquelle la matrice de u est diagonale. De plus cette matrice est sur sa diagonale formée exclusivement de valeurs propres de u. Réciproquement si u admet un polynôme minimal alors toute racine de mu est une valeur propre de u. En effet si λ est une racine de mu qui est le polynôme minimal de u, alors il existe un polynôme Q de degré strictement inférieur à celui de mu tel que :

mu = (X-λ). Q . De plus, comme mu est le polynôme minimal de u alors Q n'annule pas u. Autrement dit il existe x ∈E\{0} tel que Q u x( ).( )≠ 0. De là vu que mu (u).(x) = 0, il vient que :

(X-λ).(u).(Q(u). x) = u(Q(u).(x)) - λ. ( Q(u).(x)) = 0. Autrement dit Q(u). x qui est non nul est un vecteur propre de u pour la valeur propre qu'est λ. D'où ce qu'on voulait ! Ainsi si u admet un polynôme minimal mu alors on a l'équivalence :

λ est une valeur propre de u ⇔ λ est une racine de mu. Ce qui entre nous assure que pour tout endomorphisme admettant un polynôme minimal (ou même au moins un polynôme annulateur non nul) le nombre de vecteurs propres est fini.

Caractérisation des endomorphismes diagonalisables à l' aide de leur polynôme minimal. Tour repose sur le théorème suivant qui est valable en dimension quelconque. Théorème 3.2 : E est une K -espace vectoriel de dimension quelconque. u est un endomorphisme de E admettant un polynôme minimal. Alors il y a équivalence entre :

(i) u est diagonalisable. (ii ) Il existe un polynôme P scindé sur K (c'est-à-dire dont toutes les racines sont dans K ) dont toutes les racines sont simples et annulant u. (iii ) mu le polynôme minimal de u est scindé sur K et n'a que des racines simples. La preuve : Afin d'établi r l'équivalence entre les trois assertions, nous allons tourner en rond en les impliquant l'une par rapport à l'autre ! Illustration. (i) ⇒ (ii ) : Si u est diagonalisable alors E est somme directe des sous-espaces propres de u. C'est-à-dire que si on note λ1, . . . , λk les valeurs propres de u, on a alors que :

)Id . -u Ker( . . . ) Id . -u Ker( E EkE1 λ⊕⊕λ= Soit alors le polynôme P défini par :

P(X) = ∏=

λ−k

1i

i )X(

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P est un polynôme scindé sur K et à racines simples. De plus on a que :

) Id . -u o( . . . )o. Id . -u ( P(u) EkE1 λλ= Vu qu'il y a une somme directe, ∀ x∈E, ∀ i∈{1. . . k} il existe un et un seul ) Id . -u (Ker x Ei i λ∈ tel

que ∑=

=k

1i

ixx .

A partir de là, vu que si Q et R sont deux polynômes alors les endomorphismes Q(u) et R(u) commutent, il vient que ∀ i∈{1. . k}

0

)0.()Id.u()x.)x(u.()Id.u()x).(u(P E

k

ji1j

jiii

k

ji1j

Eji

=

λ−=λ−λ−= ∏∏≠=

≠=

Comme P(u) est une application K-linéaire, alors :

0)x).(u(P )(x P(u).k

1i

i ==∑=

Ainsi P annule u d'où l'assertion (ii ). (ii ) ⇒ (iii ) : Si P est un polynôme annulateur de u, scindé sur K et n'ayant que des racines simples alors par ce qui a été dit précédemment mu divise P. Donc les racines de mu sont également des racines de P. Autrement dit mu est scindé sur K et n'a que des racines simples (si ce n'était pas le cas alors P ne pourrait être scindé et/ou n'avoir que des racines simples). (iii ) ⇒ (i) : Si mu est scindé sur K et n'a que des racines simples alors mu s'écrit sous la forme :

)X(mk

1j

ju ∏=

λ−=

avec les λj deux à deux distinctes. Autrement dit ∀ i et j ∈{1. . k} les polynômes X-λi et X-λJ sont premiers entre eux si i j≠ . En application du théorème 2.2 de décomposition des noyaux, il vient que :

)Id.u(KerE)u(P Ker Ej

k

1jλ−⊕==

=.

Or l'on a vu précédemment qu'il y avait équivalence entre λ racine de mu et λ valeur propre de u. Autrement dit E est somme directe des sous-espaces propres de u ce qui équivaut que u est diagonalisable. Ce qui nous donne l'assertion (i).

Une assertion en impliquant une autre, nous avons démontré le théorème !

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Caractérisation des endomorphismes diagonalisables à l' aide du polynôme caractéristique. Ce sous-paragraphe ne concerne que les K -espace vectoriel de dimension finie. Théorème 3.3 : E est K -espace vectoriel de dimension finie. Dire que l'endomorphisme u de E est diagonalisable équivaut à dire que son polynôme caractéristique

uχ est scindé et pour toute valeur propre λ de u, la dimension du sous-espace propre associé à λ et noté

λE est égale à la multiplicité λ pour uχ . (i.e dim λE = m(λ) ).

Note : ce théorème a bien un sens car on a vu précédemment qu'il y avait équivalence entre λ racine de χu et λ valeur propre de u. La preuve : Pour démontrer l'équivalence de ce théorème, nous allons une double implication. ( ⇒) : Si u est diagonalisable alors si on désigne par 1λ , . . . , kλ les valeurs propres alors il existe une base B de vecteurs propres pour u dans laquelle la matrice de u est diagonale et ne compte sur celle-ci que des valeurs propres de u. En clair :

λ

λ

λλ

λ

=

k

k

2

1

1

000...0

000...0

0000

0...000

)B,u(Mat

Cette matrice s'écrit aussi si ∀ i ∈{1, . . . , k} iα désigne le nombre de fois que iλ figure dans celle-ci :

λ

λλ

=

α

α

α

k

2

1

Id.0000............0Id.00...0Id.

)B,u(Mat

k

2

1

De plus ∀ i ∈ {1, . . . , k} on a que :

iiEdim α=λ

Par suite comme le polynôme caractéristique de u est indépendant de la base choisie pour exprimer la matrice de u, il vient alors que :

λ−

λ−λ−

=−=χ

α

α

α

k

2

1

Id).X(0...0...............0Id).X(00...0Id).X(

))B,u(MatId.Xdet(

k

2

1

nu

D'où :

∏=

αλ−=χk

1i

iui)X()X( .

Autrement dit χu est scindé sur K et la multiplicité de chaque valeur propre de u est égale à la dimension du sous-espace propre attaché à celle-ci. D'où cette première implication ! (⇐) : Réciproquement si on a l'assertion de droite alors comme dans la preuve du théorème 3.3 quant on montre que (iii )⇒(i), la somme des sous-espaces propres de u est directe. Ceci à cause du théorème de décomposition des noyaux et de l'équivalence : λ valeur propre de u ⇔ λ racine de χu.

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Appelons F le sous-espace de E somme directe des sous-espaces propres de u. On peut dire que :

dim (F) = ∑=

λk

1j

j )(m

où si x est une racine de χu alors m(x) désigne la multiplicité de celle-ci. Vu que χu est de degré n (la dimension de E), il vient alors que :

dim (F) = n. Or des sous-espaces vectoriels de E de même dimension que lui, il n'y en a qu'un : C'est E lui-même ! Autrement dit E est somme directe de ses sous-espaces propres. Ce qui signifie encore que u est diagonalisable. D'où la fin de notre calvaire !

Avant de conclure ce paragraphe, nous allons énoncer un dernier théorème valable en dimension finie. Il concerne les endomorphismes à spectre simple c'est-à-dire à ceux dont le spectre contient n éléments (distincts) si n est la dimension de E. Théorème 3.4 : E est un K -espace vectoriel de dimension finie. u est un endomorphisme de E. Si u est à spectre simple alors il est diagonalisable et chacun de ses sous-espaces propres est une droite vectorielle (c'est-à-dire un K -sev de dimension 1).

Que u soit diagonalisable découle du fait que χu est un polynôme annulateur de u ayant n racines distinctes. C'est d'aill eurs par la même occasion le polynôme minimal ! La dimension des sous-espaces propres nous est donné par le précédent théorème 3.3.

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4° ) Des endo morphismes trigon alisables et de leur trigon alisation. Dans tout ce qui suit E sera nécessairement un K-espace vectoriel de dimension finie. Au terme "trigonalisation", certains préfèrent le mot "triangularisation".

Sous-espaces caractéristiques d'un endomorphisme.

Soit λ∈K. Pour tout entier naturel k, on note k,Eλ le noyau de l'endomorphisme kE )Id .-(u λ c'est-à-

dire l'endomorphisme EId .-u λ composé k fois. En clair on a donc que :

kEk , )Id .-(uKer E λ=λ

La suite N∈λ kk , )(E ainsi formée est une suite croissante pour l'inclusion.

Fastoche à vérifier comme il s'agit d'endomorphisme ! De plus cette suite est stationnaire. Si ce n'était pas le cas on pourrait extraire de cette suite une sous-suite Njk, )E(

j ∈λ tel que 1jk,kj, EdimEdim

+λλ < .

Autrement dit pour tout entier naturel p, on pourrait construire un sous-espace de E de dimension p. Or E est de dimension finie et il coiffe tout ce petit monde. Donc notre suite est nécessairement stationnaire. On note alors )u(Fλ le sous-espace défini par :

�Nk

k,E)u(F

∈λλ =

Autrement dit c'est la limite de notre suite. )u(Fλ est alors ce que l'on appelle le sous-espace caractéristique de u pour le scalaire λ.

Note : A l'instar des sous-espaces propres, on abrège souvent )u(Fλ par λF lorsque l'endomorphisme

suggéré ne fait pas de doute. Si )u(Fλ est non réduit à {0} alors λ est une valeur propre de u.

En effet si l 'espace ( )EId.uKer)u(E λ−=λ était égal à {0} alors ∀ x∈E\{0} u x x( ) .− ≠λ 0.

Donc pour tout entier naturel k, l'espace Eλ, k serait réduit à {0}. Ce qui impliquerait notamment que { }0)u(F =λ .

Réciproquement si λ est une valeur propre de u alors comme )u(F)u(E λλ ⊂ alors )u(Fλ est non

réduit à {0}. En résumé, nous avons donc établi l 'équivalence suivante :

)u(Fλ est non réduit à {0} ⇔ λ est une valeur propre de u.

Dans ces cas là, on dit que Fλ est le sous-espace caractéristique ou spectral de u associé ou rattaché à la valeur propre λ. Le plus petit entier k tel que λλ = FE k, est l'indice de la valeur propre λ.

Cet indice n'est en fait, rien d'autre que la multiplicité de la valeur propre λ dans mu, le polynôme minimal de u. On notera celle-ci n(λ). Montrons ce résultat ! Montrons d'abord que n(λ)≥k.

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Appelons λu l'endomorphisme induit par u sur λF . En clair, λ

=λ Fuu .

Le polynôme minimal de uλ divise celui de u. Ceci car mu(uλ) = 0 et tous les idéaux de K[X] sont monogènes.

Comme )Id .-(uKer F kEλ=λ , on peut alors écrire que k) - (X λ est le polynôme minimal de λu .

Ceci à cause du choix de k.

Par suite, k) - (X λ divise nécessairement um .Donc k ne peut excéder la multiplicité de la racine λ.

Donc n(λ) ≥ k. Supposons à présent que n(λ) soit strictement supérieur à k. On aurait alors que :

)n(E

k E )Id .-(uKer )Id .-(uKer λλ=λ

De plus, il existerait un polynôme non nul Q tel que )n(u )-(X m λλ= .Q

De part son constitution, Q serait premier avec )n()-(X λλ et donc aussi avec k)-(X λ .

On aurait alors que les sommes )n(E )Id .-(uKer Q(u)Ker λλ+ et k

E )Id .-(uKer Q(u)Ker λ+ seraient directes. La première est égale à um Ker c'est-à-dire E.

De plus vu que kE

)n(E )Id .-(uKer )Id .-(uKer λλ =λ , il viendrait que la seconde somme serait aussi

égale à E.

Autrement dit en la personne de Q .)-(X kλ , nous aurions trouvé un polynôme annulateur de u de

degré inférieur à celui de um , le polynôme minimal de u.

Ce qui n'est hélas pas possible ! Par suite il vient donc que k n'est pas strictement inférieur à n(λ) et donc que :

n(λ) = k. C'est-à-dire ce qu'on voulait ! De plus si λ1, . . . , λk sont les valeurs propres de l'endomorphisme u alors la somme de tous les sous-espaces caractéristiques qui y sont attachés, est directe. En effet comme toutes ses valeurs propres sont distinctes alors pour tous entiers naturels non nuls p et

q, pour tout couple (i, j)∈{1, . . . , k} avec i j≠ les polynômes pi )-(X λ et q

j )-(X λ sont premiers

entre eux. En particulier lorsque p et q sont des indices de valeur propre, par le théorème 2.2 de décomposition

des noyaux, il vient que la somme i

Fk

1iλ

=⊕ est directe.

Ce qui s'exprime encore que les sous-espaces 1

Fλ , . . . . , k

Fλ sont linéairement indépendants entre

eux. A présent, nous pouvons définir ce qu'est un endomorphisme trigonalisable. Définition 4.1 : E est K -espace vectoriel. Dire que l'endomorphisme u de E est trigonalisable signifie que E est somme directe des sous-espaces caractéristiques de u.

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On notera que la notion d'endomorphisme trigonalisable n'est en général pas extensible en dimension quelconque. Si toutefois les sous-espaces caractéristiques sont pour une raison de dimension finie, il serait alors envisageable de définir la notion en question. Si u n'est pas trigonalisable alors sur chacun de ses sous-espaces caractéristiques λF , cet

endomorphisme u s'écrit sous la forme :

λ+λ=λ

v Id . u F

où λv est un endomorphisme de λF nilpotent d'indice k.

Il en est ainsi car en posant λ

λ−=λ FId.uv , on montre que 0v k =λ du fait de la définition même de

λF .

Ainsi : Si u est trigonalisable alors λv est nilpotent d'ordre n(λ).

Enfin, comme u et ( )kEId . -u λ commutent, alors λF est stable par u.

Toutes les éléments préliminaires ayant été abordés, nous allons voir comment caractériser un endomorphisme trigonalisable à partir de son polynôme minimal puis à partir de son polynôme caractéristique. Caractérisation des endomorphismes trigonalisables à l' aide du polynôme minimal. Tout repose sur le théorème suivant que voici : Théorème 4.2 : E est un K -espace vectoriel de dimension finie. u est un endomorphisme de E. Il y a équivalence entre :

(i) u est trigonalisable. (ii ) Il existe un polynôme annulateur de u qui est scindé sur K . (iii ) mu est scindé sur K . La preuve : Pareill ement à ce qui a été fait pour le théorème 3.2 analogue de diagonalisation, nous allons établi r un cercle de trois implications. (i) ⇒ (ii ) : Soient 1λ , . . . , lλ les valeurs propres de u. On supposera les avoir pris distinctes !

On appelle alors 1k , ...., lk les indices respectifs de ces valeurs propres.

Intéressons-nous au polynôme P(X) = ∏=

λ−l

1j

kj

j)X( .

On peut écrire que pour tout j∈{1, . . . , l}, on a : ∀ x∈j

Fλ 0 (x) .)Id . -(u jkEj =λ

Donc ∀ x ∈ j

Fλ , 0)x).(u(P = .

Par suit,e P(u) étant un endomorphisme de E et E étant somme directe de ses sous-espaces caractéristiques, il vient que :

∀ x∈E, P(u).(x) = 0. Autrement dit, P est un polynôme annulateur de u qui est scindé d'où (ii ).

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(ii ) ⇒ (iii ) : On a alors que mu divise P un polynôme annulateur de u qui est scindé sur K . Nécessairement on a alors que mu est scindé. (iii ) ⇒ (i) : Si 1λ , . . . , lλ sont les valeurs propres de u, on a alors compte tenu de ce qui a été dit précédemment et vu que mu est scindé, les racines de mu sont les valeurs propres de u et mu s'écrit :

∏=

λλ−=l

1j

)(nju

j)X(m .

Là-dessus vu que ( ) ( )jnj-X λλ et ( ) ( )in

i-X λλ sont premiers entre eux si i≠j, en application du

théorème 2.2 de décomposition des noyaux, il vient que Ker P(u) c'est-à-dire E est somme directe des ( )jn

Ej )Id . -(u Ker λλ avec j compris entre 1 et l.

Or on a vu précédemment que ( )jn λ n'est rien d'autre que l'indice de la valeur propre de u, c'est-à-dire

notre jk .

Autrement dit ( )

jj F)Id . -(u Ker

nEj λ

λ =λ pour tout j∈{1, . . . , l}.

Donc E est somme directe des sous-espaces caractéristiques de u. Ainsi u est-il trigonalisable.

Le cercle implicatif étant bouclé, notre démonstration est terminée ! Pour note, si K est un corps algébriquement clos comme C, alors tout endomorphisme de E est trigonalisable. Trigonalisation des endomorphismes nilpotents, matrices triangulaires et endomorphismes trigonalisables. Avant toute chose, nous devons rappeler ce qu'est un endomorphisme nilpotent. Définition 4.3 : Dire que l'endomorphisme u de l'espace vectoriel E est nilpotent signifie qu'il existe un

entier naturel k tel que ��� $$

fois k

u....uuk = soit l 'application nulle.

Le plus petit entier naturel k tel que uk = 0 est ce que l'on appelle l'indice de nilpotence de u. Il est possible de caractériser matriciellement les endomorphismes nilpotents. Théorème 4.4 : E est un K -espace vectoriel. Dire que l'endomorphisme u de E est nulpotent équivaut à dire qu'il existe une base B de E dans laquelle la matrice de u soit triangulaire supérieur nilpotente. (Autrement dit les éléments diagonaux de celle-ci sont tous nuls).

La preuve : Pour démontrer ce théorème, nous avons une double implication à établi r. (⇒) : Cette implication, nous allons la faire par récurrence sur n la dimension de E. Pour n = 1 : si u est nilpotent alors la matrice de u dans une certaine base est de la forme (a) avec a∈K .

Or nous savons qu'il existe un entier k tel que Ek 0u = . Nécessairement, on a alors que 0ak = .

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K étant un corps intègre, a est donc nécessairement nul. Autrement dit, ce que l'on voulait ! Au rang n : Supposons que l'implication vraie pour tout espace vectoriel de dimension strictement inférieure à n. Soit E un espace vectoriel de dimension n et u l'un de ses endomorphismes nilpotent de E d'indice k. On a alors que dans n'importe quelle base B :

( )[ ] [ ]( ) B) Mat(u,det B ,uMat det 0 kk ==

Autrement dit, le déterminant de la matrice de u dans toute base B est nul. Donc u n'est pas injective. Autrement dit il existe x∈Ker u qui est non nul. Comme E est de dimension finie et égale à n , par le théorème de la base incomplète, il existe des éléments n2 e,....,e tel que { x, n2 e,....,e } soit une base de E. Appelons-la B. La matrice de u dans cette base est alors :

=

A0

'B0)B,u(Mat �

où B' est une matrice ligne à n-1 colonnes et A une matrice carrée à n-1 lignes. Or nous savons que :

Mat(u, B)k = 0. Avant d'aller plus loin, nous devons établi r certaines choses. Si l 'on multiplie deux matrices, on a alors que:

++++=

'D.D'B.C'C.D'A.C'D.B'B.A'C.B'A.A

'D'C'B'A.DC

BA

Note : Ici A, B, C, D, A', B', C' et D' sont des matrices quelconques sans rapport avec celles de notre manoeuvre. Cette égalité est valable pour A et A'∈ )(M p p, K , B et B'∈ )(M p-n p, K , C et C'∈ )(M p p,-n K

et D et D'∈ )(M p-n p,-n K .

Utili sant cette remarque, on montre par récurrence sur m que Mat(u, B)m est de la forme

m

m

A0

B0� avec

Bm ∈ )(M 1-n1, K .

Pour m=1, c'est assez évident ! Pour m+1 : supposons l'assertion vraie au rang m. On peut alors écrire:

=

=

++

1m

m

m

m1m

A0

A'.B0

A0

B0.

A0

'B0)B,u(Mat ���

D'où ce que nous avancions ! En particulier pour m=k, on a nécessairement que Ak = 0. Autrement dit, A qui est la matrice d'un endomorphisme v sur le sous-espace F = Vect( n2 e,....,e ) est nilpotente. Or F est un espace de dimension n-1. En application de l'hypothèse de récurrence, on peut trouver une base B' de F dans laquelle la matrice de v soit triangulaire supérieure. Par suite, la matrice de u dans la base de E qu'est { x} ∪B' est une matrice triangulaire supérieure qui est donc nilpotente.

D'où ce qu'on voulait !

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(⇐) : Réciproquement s'l existe une base B de E dans laquelle la matrice de u soit triangulaire supérieure mais surtout nilpotente, il est bien clair que pour un certain entier naturel k (le même que la matrice), on a que :

,

E surnulle nApplicatiofois k

Ek 0u....uu == ��� $$

Sinon il n'en serait pas de même pour notre matrice ! D'où le théorème 4.4

Dimension des sous-espaces spectraux (ou caractéristiques). Si u est un endomorphisme de E alors on montre que pour toute valeur propre λ de u, la dimension du sous-espace caractéristique associé à λ que l'on note )u(Fλ est égal à la multiplicité de la racine λ dans

le polynôme caractéristique uχ .

Caractérisation des endomorphismes trigonalisables à l' aide du polynôme caractéristique. Comme ses camarades de ce quatrième paragraphe, le théorème qui suit est uniquement valable en dimension finie. Théorème 4.5 : E est un K -espace vectoriel de dimension finie. U est un endomorphisme de E. Il y a équivalence entre :

(i) u est trigonalisable. (ii ) Il existe une base B de E dans laquelle la matrice de u est triangulaire supérieure.

(iii ) Le polynôme caractéristique de u noté χu est scindé sur K . La preuve : Pour prouver ce théorème, nous allons prouver que chaque assertion implique la suivante. Ainsi nous ferons un cercle qui nous fournira l'équivalence. (i) ⇒ (ii ) : Si u est trigonalisable et si on note 1λ , . . . , lλ sont ses valeurs propres de u alors nous

savons que : )u(FEj

l

1jλ

=⊕= .

Notons ju la restriction de l'endomorphisme u au sous-espace caractéristique j

Fλ .

En vertu de ce qui a été démontré en ouverture de ce paragraphe, on peut écrire qu' il existe alors un endomorphisme nilpotent jv tel que :

jFjj v Id . u j

+λ=λ

En application du théorème 4.4, il existe une base jB du sous-espace

jFλ telle que la matrice de vj

dans cette base soit une matrice triangulaire supérieure. Et même nilpotente ! Par suite la matrice de ju dans la base jB en tant que somme d'une matrice diagonale et d'une matrice

triangulaire supérieure est une matrice triangulaire supérieure.

Comme la somme des sous-espaces propres est directe et vaut E, la famille B = �l

1j

jB

=

est une base de

E.

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De plus comme u et ( ) ( ) )u.(nj

j-X λλ commutent, alors ( ) ( )jj

nEj Id .-uKer F λ

λ λ= est stable par u.

La matrice de u dans la base B est formée sur sa diagonale des matrices des ju dans les bases jB .

En clair, nous avons la chose suivante :

Mat(u, B)=

)B,u(Mat000...000)B,u(Mat

ll

11.

Cette matrice n'ayant sur sa diagonale que des matrices triangulaires supérieures et des 0 aill eurs, elle est elle-même triangulaire supérieure. D'où l'assertion (ii ). (ii ) ⇒ (iii ) : Soit B cette base dans laquelle la matrice de u est triangulaire supérieure. Nous savons que le polynôme caractéristique est défini par :

( ) B) (u,Mat - Id X.det nu =χ

Or la matrice dont on considère le déterminant est elle-même triangulaire supérieure en tant que somme d'une matrice diagonale et d'une matrice t triangulaire supérieure. Si n1 a,....,a désignent les éléments diagonaux de Mat(u, B) alors il vient que :

)aX((X)n

1j

ju ∏=

−=χ .

Autrement dit le polynôme caractéristique de u set scindé sur K . D'où l'assertion (iii ). (iii ) ⇒ (i) : Pour cette implication, nous allons utili ser l'assertion (ii ) du théorème 4.2. Comme on a un polynôme annulateur de u qui est scindé sur K en la personne uχ , , u est alors

trigonalisable. D'où le théorème !

La dernière carte : Décomposition de Fitting. Le théorème suivant qui consacre la décomposition de Fitting est en fait une proprièté des endomorphismes trigonalisables c'est-à-dire des endomorphismes dont le polynôme caractéristique est scindé sur K . Théorème 4.6 de décomposition de Fitt ing. Si u un endomorphisme de E trigonalisable alors u s'écrit d'une et une seule manière sous la forme

u = d + v où d est un endomorphisme diagonalisable et v un autre nilpotent. De plus, v et d commutent. La preuve : Pour démontrer ce théorème, nous devons établi r l'existence et l'unicité d'un tel couple (v ; d) d'endomorphismes. L'existence d'un tel couple. Comme u est trigonalisable, E est donc somme directe des sous-espaces caractéristiques. Si λ est une valeur propre de u alors il existe un endomorphisme nilpotent de λF noté λv tel que :

Sur λF , λ+λ=λ

v Id . u F

Notons λk l'indice de nilpotence de λv .

On construit alors sur E deux endomorphismes d et v tel que : Si x fait partie d'un sou-espace caractéristique )u(Fλ alors d(x) = λ.x et v(x) = vλ(x).

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Vu que E est somme directe des sous-espaces caractéristiques de u, d et v sont alors parfaitement définis en tant qu'endomorphismes. Une chose évidente est l'équivalence :

λ est une valeur propre de u ⇔ λ est une valeur propre de d. De plus le sous-espace caractéristique )u(Fλ pour u est également le sous-espace propre de d associé à

la valeur propre (pour d) λ. Autrement dit E est somme directe des sous-espaces propres de d. Ce qui équivaut au fait que d est diagonalisable. Intéressons-nous à présent à v. On note k = λ

∈λkSup

)u(Spoù Sp(u) désigne le spectre de u c'est-à-dire l'ensemble des valeurs propres de u.

Notons l1,...,λλ les l valeurs propres de u.

Vu que E = j

Fl

1jλ

=⊕ , on a que :

∀ x∈E, il existe pour tout j∈{1, . . . , l} xj∈ jFλ tel que ∑

=

=l

1j

jxx .

On regarde alors l'endomorphisme��� $$

fois k

v...vvk = . On peut écrire pour tout x∈E :

)x.()v()x(v)x(v j

l

1j

kj

l

1j

kkj∑∑

=

==

Vu que ∀ j∈{1, . . . , l} kkj

≤λ , il vient que pour tout x∈E 0)x(vk = .

Donc v est nilpotent ! De plus comme sur chaque sous-espace caractéristique d et v commutent et que la somme de ceux-ci est E, il vient que d et v commutent sur E. D'où l'existence du couple ! L'unicité d'un tel couple ! On suppose donc qu'il existe un autre couple ( )11 v;d tel que 11 vdu += avec 1d diagonalisable, 1v nilpotent et ces deux-là qui commutent entre eux ! Soit alors λ une valeur propre de 1d . On considère alors le sous-espace propre associé à la valeur

propre λ qu'on notera ( )1dEλ .

Vu que 1v est nilpotent, il existe un entier naturel k' tel que 0v 'k1 = .

Pour tout x de ce sous-espace propre ( )1dEλ , on peut écrire que :

( ) )x(du0)x(v 'k1

'k1 −==

Or sur ( )1dEλ , on a : x.)x(d1 λ= .

Ainsi vient-il qu'il existe k' tel que ( ) 0 (x) .Id . -u k'E =λ .

Ainsi a-t-on que (u)F )(dE 1 λλ ⊂ .

Ce qui implique aussi que toute valeur propre de 1d est valeur propre de u.

A partir de là, comme d1 est diagonalisable, on a que E = )d(E 1)d(Sp 1

λ∈λ

⊕ .

Or comme u est diagonalisable (car χu scindé sur K), on a également que )u(FE)u(Sp

λ∈λ

⊕= .

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Il vient que pour tout ( )1dSp∈λ (u)F )(dE 1 λλ = .

Sinon E serait un espace de dimension strictement supérieure à n. Cela nous dit aussi que toute valeur propre de u est valeur propre de 1d . Sinon E serait un espace de dimension strictement inférieure à n car une valeur propre de u aurait échapper à 1d .

L'important est que sur chacun des sous-espaces caractéristiques )u(Fλ , on a :

dId.d1 =λ= Or la somme de ces sous-espaces caractéristiques est directe et vaut E. Cela suff it à définir un endomorphisme sur E. Ainsi vient-il que :

dd1 = L'unicité de l'endomorphisme d entraîne aussi celle de v. En effet :

vduduv 11 =−=−= D'où l'unicité du couple !