de la pauvreté multidimensionnelle des femmes en haïti ......i rÉsuummÉÉ cette étude analyse...

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SANDRALE THOMAS De la pauvreté multidimensionnelle des Femmes en Haïti (Chansolme): analyse et impact d`une stratégie de lutte Mémoire présenté à la Faculté des études supérieures et postdoctorales de l`Université Laval dans le cadre du programme de maîtrise en Économie Rurale pour l`obtention du grade de Maître ès sciences (M.Sc.) DÉPARTEMENT D`ÉCONOMIE AGROALIMENTAIRE ET DES SCIENCES DE LA CONSOMMATION FACULTÉ DES SCIENCES DE L`AGRICULTURE ET DE L`ALIMENTATION UNIVERSITÉ LAVAL QUÉBEC 2012 © Sandrale THOMAS, 2012

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Page 1: De la pauvreté multidimensionnelle des Femmes en Haïti ......i RÉSUUMMÉÉ Cette étude analyse la pauvreté multidimensionnelle des femmes en Haïti et l`impact d`un système d`activités

SANDRALE THOMAS

De la pauvreté multidimensionnelle des Femmes en

Haïti (Chansolme): analyse et impact d`une stratégie

de lutte

Mémoire présenté

à la Faculté des études supérieures et postdoctorales de l Université Laval

dans le cadre du programme de maîtrise en Économie Rurale

pour l obtention du grade de Maître ès sciences (M.Sc.)

DÉPARTEMENT D`ÉCONOMIE AGROALIMENTAIRE ET DES SCIENCES DE LA CONSOMMATION

FACULTÉ DES SCIENCES DE L`AGRICULTURE ET DE L`ALIMENTATION

UNIVERSITÉ LAVAL

QUÉBEC

2012

© Sandrale THOMAS, 2012

Page 2: De la pauvreté multidimensionnelle des Femmes en Haïti ......i RÉSUUMMÉÉ Cette étude analyse la pauvreté multidimensionnelle des femmes en Haïti et l`impact d`un système d`activités

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RRÉÉSSUUMMÉÉ

Cette étude analyse la pauvreté multidimensionnelle des femmes en Haïti et l impact d`un

système d`activités génératrices de revenu, KOFAVAC, sur les conditions de vie de celles-ci.

L`analyse des résultats de l enquête menée auprès des femmes révèle que la pauvreté touche à

toutes les dimensions de leur vie. Les déterminants de la pauvreté sont à la fois des facteurs liés

aux caractéristiques sociodémographiques et économiques de la femme et de son ménage : la

taille du ménage, le nombre d`enfants qui sont à l école, le nombre d`adultes sans profession et

qui ne mènent aucune activité rémunératrice et le niveau de dotation du ménage en actifs terre et

animaux d`élevage. L`impossibilité de satisfaire les besoins du ménage est perçue par les

femmes comme étant le premier signe de pauvreté et le facteur déterminant de leur incapacité à

rester dans le système crédit/épargne KOFAVAC. L`impact de KOFAVAC, comme apporteur

d`un revenu supplémentaire est très faible. Mais son apport en termes de contribution à la

satisfaction des besoins d`alimentation et de scolarisation des enfants est reconnu par les

femmes. Aussi, la création d`emplois et la scolarisation gratuite figurent parmi les actions

prioritaires que l État haïtien doit entreprendre à Chansolme pour une amélioration des

conditions de vie de la population selon les femmes. De même, la recherche de nouvelles

activités génératrices de revenus, l aide pour le logement, la transformation de nouveaux produits

et la recherche de nouveaux marchés sont proposées par les femmes en vue d`un meilleur appui

de KOFAVAC.

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ii

AABBSSTTRRAACCTT

This study analyses the multidimensional poverty of the women in Haiti and the impact of a

resourcefulness generating activities of income, KOFAVAC, on the living conditions of those.

The analytic results of the survey carried out near the women reveal that poverty affects all the

dimensions of their life. The determinants of poverty are at the same time factors related to the

socio-demographic and economic characteristics of the women life and her household: the size

of the household, the number of children who are not attended school, the number of adults

without profession and which do not undertake any gainful activity and the level of staffing off

land and animals breeding. The impossibility of satisfying the needs for the household is

perceived by the women as being the first sign of poverty and the factor determinant of their

incapacity to remain in the system credit/saving KOFAVAC. The impact of KOFAVAC, as

bearing an additional income is very weak; its support in terms of contribution to the satisfaction

of the needs of food and schooling for the children is recognized by the women. Therefore, the

creation of jobs and free education appear among the priority actions that the Haitian

Government must undertake in Chansolme for improvement of the conditions of the population

according to women's. In the same way, the search of new generating activities of incomes,

assistance for housing, transformation of new products and the search for new markets are

proposed by women for a better support of KOFAVAC.

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iii

AAVVAANNTT--PPRROOPPOOSS

Je voudrais remercier Dieu de m`avoir accordé la santé et la force nécessaires dans la poursuite

des études et la rédaction de ce mémoire. Je veux aussi exprimer toute ma gratitude à la

Congrégation des Filles de la Sagesse qui m`a autorisée et encouragée à poursuivre ces études et

qui n`a jamais manqué de me soutenir dans mon désir d`acquérir de nouvelles compétences pour

continuer à remplir la mission de la Congrégation : révéler l amour de la Sagesse aux plus petits.

Je témoigne toute ma reconnaissance à chacune des Filles de la Sagesse des Provinces

canadienne et haïtienne qui m`a aidée d`une manière ou d`une autre, durant tout le cycle

d`études.

Mes sincères remerciements vont à l endroit de l Agence Canadienne de Développement

International (ACDI) qui a financé les études, ainsi qu`aux membres du personnel de Programme

Canadien de Bourses de la Francophonie (PCBF) qui m`ont apporté l appui moral et matériel

nécessaire tout au long de la formation, couronnée par la rédaction de ce mémoire. Sans ce

financement et ce support, il me serait impossible d`effectuer ces études au Canada.

Je tiens surtout à remercier M. Michel MORISSET, qui m`a guidée généreusement et

parfaitement dans la réalisation de ce mémoire et tout au long du cycle d`études, particulièrement

durant les moments difficiles de mon cheminement. Votre disponibilité pour lire et relire mes

nombreuses pages, me conseiller et orienter cette recherche est grandement appréciée. Je vous

demeure infiniment reconnaissante.

Je remercie M. Daniel-Mercier GOUIN de m`avoir apporté son appui moral dans la poursuite

des études et la réalisation de ce mémoire.

J`exprime ma profonde gratitude aux femmes KOFAVAC qui m`ont ouvert la porte de leurs

foyers et surtout celle de leurs cœurs pour que je sois témoin du dur combat qu`elles mènent avec

leurs familles pour la vie.

Je tiens aussi à remercier mes parents, ma sœur et mes frères, particulièrement mon frère Gandy

Thomas, qui m`ont accompagnée à distance durant ce temps d`études. Je veux aussi remercier

tous les étudiants à la maîtrise en économie rurale que j`ai côtoyés et qui m`ont conseillée et

encouragée dans la rédaction du mémoire.

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iv

TTAABBLLEE DDEESS MMAATTIIÈÈRREESS

RRÉÉSSUUMMÉÉ......................................................................................................................................... i

AABBSSTTRRAACCTT ................................................................................................................................... ii

AAVVAANNTT--PPRROOPPOOSS ........................................................................................................................ iii

TTAABB LLEE DD EESS MMAATTIIÈÈRREESS ........................................................................................................... iv

LLIISSTTEE DDEESS TTAABBLLEEAAUUXX ........................................................................................................... vii

LLIISSTTEE DDEESS GGRRAAPPHHIIQQUUEESS ........................................................................................................ x

LLIISSTTEE DDEESS FFIIGGUURR EESS ............................................................................................................... xii

LLIISSTTEE DDEESS AACCRROONN YYMMEESS ...................................................................................................... xiii

IINNTTRROODDUUCCTTIIOONN......................................................................................................................... 1

CCHHAAPPIITTRREE II.. PPRRÉÉSSEENNTTAATTIIOONN DDEESS PPRRIINNCCIIPPAALLEESS DDOONNNNÉÉEESS SSOOCCIIOO--

ÉÉCCOONNOOMMIIQQUUEESS DD`HHAAÏÏTTII......................................................................................................... 5

11..11 LL AA SSIITT UUAA TTIIOONN PPHHYY SSIIQQ UUEE DD`HHAA ÏÏTT II.................................................................................................................................... 5

11..22 LL EESS IINN DD IICCAATT EE UURRSS SSOOCCIIOODD ÉÉMMOO GGRRAA PPHHII QQUU EESS............................................................................................................... 5 11..22 ..11 LLaa rr uurraall ii ttéé ddee ll aa ppooppuull aa ttii oonn ...................................................................................................................................... 6 11..22 ..22 LL’’aa cc cc èèss àà llaa sscc ooll aarrii ssaa ttii oonn eett ll `aall pphhaa bbééttiissaa ttii oonn ....................................................................................................... 8 11..22 ..33 LL’’aa cc cc èèss àà ll ’’aallii mmeennttaa ttii oonn............................................................................................................................................. 9 11..22 ..44 LL`aa cc cc èèss aa uuxx ss ooii nnss ddee ssaa nnttéé ......................................................................................................................................10 11..22 ..55 LL`aa cc cc èèss aa uuxx ss eerrvvii cc eess ddee bbaa ss ee ..................................................................................................................................10

11..33 LL EESS IINN DD IICCAATT EE UURRSS SSOOCCIIOOÉÉCCOONN OO MMIIQQ UUEE SS ....................................................................................................................10 11..33 ..11 LLeess ss eecc tteeuurrss dd `aa cc ttii vvii ttééss éécc oonnoommii qquueess ggéénnéérraa ttrr iicc eess ddee rr eevveennuuss......................................................................11

CCHHAAPPIITTRREE IIII.. OORRGGAANNIISSAATTIIOONN DDUU SSYYSSTTÈÈMMEE DD`AACCTTIIVVIITTÉÉSS DDEESS FFEEMMMMEESS

KKOOFFAAVVAACC .................................................................................................................................. 33

22..11 LL AA DDEESSCCRR IIPP TTIIOONN DD UU SSYYSS TT ÈÈMM EE KKOOFFAAVVAACC ....................................................................................................................33 22..11 ..11 LL`oorr ii ggii nnee eett ll `oobbjj eecc ttii ff ddee KKOOFFAAVV AACC........................................................................................................................33 22..11 ..22 LLeess pprr ii nnccii ppeess ffoonnddaa tteeuurr ss ddee KKOOFFAAVV AACC .................................................................................................................33 22..11 ..33 LLeess ddeeuuxx ppii ll ii eerrss dd`aa cc ttii vvii ttééss éécc oonnoommii qquueess ddee KKOOFFAAVV AACC.....................................................................................34

22..22 LL `OORRGGAANN IISSAA TT IIOONN DDEESS AACC TT IIVVII TTÉÉSS..................................................................................................................................34 22..22 ..11 LLaa pprroodduucc ttii oonn ............................................................................................................................................................34 22..22 ..22 LLee cc rrééddii tt// ééppaa rrggnnee.....................................................................................................................................................35

22..33 LL `OOBBJJEECC TTIIFF GGÉÉNN ÉÉRRAALL ......................................................................................................................................................35 22..33 ..11 LLeess oobbjj eecc ttii ffss ss ppééccii ff ii qquueess..........................................................................................................................................35

CCHHAAPPIITTRREE IIIIII.. PPAAUUVVRREETTÉÉ :: llee ccoonncceepptt,, llee ss ddéé tteerrmmiinnaa nnttss ee tt lleess ss ttrraattééggiieess ddee lluuttttee ........ 36

33..11 IINN TT RROODD UUCCTT IIOONN.................................................................................................................................................................36

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v

33..22 LL EE CCOONN CCEEPPTT ««PPAA UUVVRR EE TTÉÉ»» ..............................................................................................................................................37 33..22 ..11 LLaa ddii mmeennss ii oonn éécc oonnoommii qquuee ddee ll aa ppaa uuvvrreettéé...........................................................................................................37 33..22 ..22 LLaa ddii mmeennss ii oonn ss oocciiaall ee ddee ll aa ppaa uuvvrreettéé.....................................................................................................................41 33..22 ..33 LLaa ddii mmeennss ii oonn ppoollii ttii qquuee ddee ll aa ppaa uuvvrreettéé .................................................................................................................41 33..22 ..44 LL`aa pppprroocc hhee mmuull ttii ddii mmeennss ii oonnnneellll ee ddee llaa ppaa uuvvrr eettéé................................................................................................42 33..22 ..55 LLaa ppaa uuvvrr eettéé ss eell oonn ll `aa pppprroocc hhee ddeess ii nnééggaa llii ttééss .......................................................................................................42

33..33 LL EESS DDÉÉ TT EERR MMIINN AANN TT SS DD EE LL AA PPAAUUVV RREE TTÉÉ.........................................................................................................................43

33 ..33 ..11 LLii eennss eennttrree ll eess ddéétteerrmmii nnaa nnttss ddee ll aa ppaa uuvvrreettéé eett ll aa ppaa uuvvrreettéé mmuull ttii ddii mmeennss ii oonnnneell llee……………………………………………………………… ..4466

33..44 LL EESS SSTT RRAATT ÉÉ GGII EESS MM IICCRROO DDEE LL UUTT TTEE CCOONN TTRR EE LL AA PPAAUUVV RREE TTÉÉ ......................................................................................47 33..44 ..11 ..11 LLaa cc oonnss ttrruucc ttii oonn eett ll ee ddéévv eell ooppppeemm eenntt dd ee ll aa ccss cc oollll ii nnaaii rr eess...............................................................................49 33..44 ..11 ..22 LLeess mmii cc rroo--eennttrreepprr ii ss eess ddee ttrr aa nnss ffoorrmmaa ttii oonn aa ggrrooaall ii mmeennttaa ii rree ...........................................................................50 33..44 ..11 ..33 LL`aa ppppuuii àà llaa pprroodduucc ttii oonn eett àà llaa ttrraa nnss ffoorrmmaa ttii oonn dduu ll aaii tt ((ll eess ll aaii tteerrii eess LLèètt AAggooggoo)) .......................................52 33..44 ..11 ..44 LLee dd éévv eell ooppppeemm eenntt eett ll aa cc oonnss ttrruucc ttii oonn ddee ffoouurrss ss oollaa iirreess.................................................................................54 33..44 ..11 ..55 LLee pprroojj eett dd`aa ss ss oocciiaa ttii oonn ddee cc uull ttuurr ee dduu rr iiccii nn eett ddee hhaa rr ii cc oott aa uu BBrrééssii ll ..............................................................56

CCHHAAPPIITTRREE IIVV.. AAPPPPRROOCCHHEE MMÉÉTTHHOODDOOLLOOGGIIQQUUEE…………………………………………………………………………5588

44..11 LL EESS PPRR IINN CCIIPPAA UUXX IINN SSTT RRUU MM EENN TTSS DDEE CCOOLL LL EECCTT EE DD EE DDOONN NN ÉÉ EESS SS UURR LL AA PPAA UUVVRR EETT ÉÉ EE TT LL EE UURR SS LL II MMII TTEESS..............58 44..11 ..11 LLeess EEnnqquu êêtt eess ss uurr ll ee bbuuddggeett eett ll aa cc oonnss oommmmaa ttii oonn ddeess mméénnaa ggeess ((EEBBCCMM)).........................................................58 44..11 ..22 LLee QQuu eess ttii oonnnnaaii rree uunnii ffii éé ss uurr ll eess ii nnddii ccaa tteeuurrss ddee bbaa ss ee ddee bbii eenn--êêttrree ((QQ UUII BBBB)) ...................................................59 44..11 ..33 LLeess MM éétthhoodd eess ss uurr ll eess bbeess ooii nnss ffoonnddaa mmeennttaa uuxx ii nnssaa ttiiss ffaaii ttss ((MMBBFFII ))....................................................................59 44..11 ..44 LL`OOuuttii ll dd `éévvaall uuaa ttii oonn ddee llaa ppaa uuvvrreettéé dduu GGrroouupp ee cc oonnss uull ttaa ttii ff ppoouurr aa ssssiiss tteerr ll eess ppaa uuvvrreess ((CCGGAAPP))..............60

44..22 LL AA MMÉÉ TTHHOODDOOLL OOGG IIEE PPRROOPP RREE MMEENN TT DD IITT EE DD EE LL ’’EE TT UUDDEE...............................................................................................60 44..22 ..11 LLaa nnaa ttuurr ee ddee ll ’’ééttuudd ee.................................................................................................................................................60 44..22 ..22 LLeess ppaa rr ttii ccii ppaa nnttss àà ll ’’ééttuuddee ........................................................................................................................................62 44..22 ..33 LLeess mmooddaa ll ii ttééss ddee llaa cc oollll eecc ttee ddeess ddoonnnnéé eess............................................................................................................62 44..22 ..44 LLee cc hhooii xx eett ll aa ddeess cc rrii ppttii oonn ddeess vvaarrii aa bbll eess eett ddeess ii nnddiicc aa tteeuurrss rreetteennuuss ................................................................65 44..22 ..55 LLee cc hhooii xx ddeess ddii mmeennss ii oonnss ddee ll aa vvii ee ddeess ffeemmmmeess eett ddééffii nnii ttii oonn dduu nnii vveeaa uu ddee ppaa uuvvrr eettéé ddaa nnss cc hhaa qquuee

ddoommaa ii nnee ................................................................................................................................................................................68 44..22 ..66 LLeess vvaa rr iiaa bbll eess eenn ll ii eenn aa vveecc ll eess ppeerrcc eeppttii oonnss ddeess ffeemmmm eess ss uurr ll aa ppaa uuvvrreettéé ee tt ll eeuurrss cc oonnddii ttii oonnss ddee vvii ee .........69

44..33 LL `AANN AALL YYSSEE DDEESS DDOONN NN ÉÉEESS...............................................................................................................................................71 44..33 ..11 LLee cc aa ddrree dd ’’aa nnaa ll yyss ee....................................................................................................................................................71 44..33 ..22 LL’’aa nnaa ll yyss ee dduu qquueess ttii oonnnnaaiirree.....................................................................................................................................71 44..33 ..33 LL`aa nnaall yyss ee ddeess eennttrreevvuueess ss eemmii --ss ttrruucc ttuurrééeess ..........................................................................................................72

CCHHAAPPIITTRREE VV.. AANNAALLYYSSEE EETT DDIISSCCUUSSSSIIOONN DDEESS RRÉÉSSUULLTTAATTSS :: LLee ppoorrttrraaiitt ddeess

ddiifffféérreennttss mméénnaaggeess ee tt ddee lleeuurr ss iittuuaa ttiioo nn...................................................................................... 73

55..11 LL AA CCAARRAACCTTÉÉ RR IISSAATT IIOONN DD EESS FFEE MM MMEESS ............................................................................................................................73

55..22 LL `ÉÉVVAALL UUAATT IIOONN DD UU NN IIVVEEAA UU DDEE PPAA UUVVRR EE TTÉÉ DD EESS FF EE MMMM EESS EE TT DD EE LL EE UURR SS MM ÉÉNN AAGG EESS .......................................86 55..22 ..11 LL`éédduucc aa ttii oonn................................................................................................................................................................86 55..22 ..22 LL`aa ll ii mmeennttaa ttii oonn...........................................................................................................................................................91 55..22 ..33 LLee ll ooggee mm eenntt...............................................................................................................................................................95 55..22 ..44 LLaa ss aa nnttéé ......................................................................................................................................................................99 55..22 ..55 LL`eeaa uu ddee bbooii ss ss oonn eett ll `aa ssssaaii nniiss ss eemmeenntt ................................................................................................................ 100 55..22 ..66 LLee rr eevveennuu dduu mm éénnaa ggee ........................................................................................................................................... 102

55..33 LL EESS PPRR IINN CCIIPPAALL EESS DDÉÉPP EENN SSEE SS DD EESS MM ÉÉNN AAGG EESS ............................................................................................................ 112 55..33 ..11 LLeess ddéépp eennss eess dd`aall ii mmeennttaa ttii oonn dduu mméénnaa gg ee ......................................................................................................... 112 55..33 ..22 LLeess ddéépp eennss eess ddee ss cc oollaa rriissaa ttii oonn ddeess eennffaa nnttss....................................................................................................... 115

55..44 LL AA SSYYNN TTHHEESS EE DD UU CCHH AAPPII TTRR EE ........................................................................................................................................ 118

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vi

CCHHAAPPIITTRREE VVII.. AANNAALLYYSSEE EETT DDIISSCCUUSSSSIIOONN DDEESS RRÉÉSSUULLTTAATTSS :: LLeess ppeerrcceeppttiioonnss ddeess

mméénnaaggeess ssuurr llaa ppaauuvv rree ttéé ee tt ll`iimmppaacctt ddee llaa ss ttrraa ttééggiiee KKOOFFAAVVAACC .......................................... 119

66..11 LL `ÉÉTT UUDD EE DDEE SS PPEE RRCCEEPP TTIIOONN SS DDEESS FFEE MMMM EESS................................................................................................................ 119 66..11 ..11 LLaa ppeerrcc eeppttii oonn ddee ll aa rrii cc hheessss ee ................................................................................................................................ 119 66..11 ..22 LLaa ppeerrcc eeppttii oonn ddee ll aa ppaa uuvvrreettéé .............................................................................................................................. 120 66..11 ..33 LLaa ppeerrcc eeppttii oonn ddee ll aa ffeemmmm ee dd ee ss aa pprroopprr ee ssii ttuuaa ttii oonn ......................................................................................... 122 66..11 ..44 LLaa ppeerrcc eeppttii oonn ddee ll aa ffeemmmm ee dd ee ss oonn aa vveennii rr ........................................................................................................ 124 66..11 ..55 LLeess aa cc ttii oonnss pprrii oorrii ttaaiirreess ddee ll `ÉÉttaa tt àà CChhaa nnss ooll mmee ................................................................................................. 126

66..22 LL `AANN AALL YYSSEE DDEE LL `II MMPPAACCTT DDEE KKOOFFAAVVAACC ..................................................................................................................... 128 66..22 ..11 LLaa ss aa ttiiss ffaa cc ttii oonn ddeess ffeemmmm eess ................................................................................................................................. 128 66..22 ..22 LL`ii mmppaa cc tt ss uurr ll eess cc oonnddii ttii oonnss ddee vvii ee ddeess ffeemmmm eess eett dd ee ll eeuurrss mméénnaa ggeess .......................................................... 129 66..22 ..22 ..11 LL’’uu ttii ll iissaa ttii oonn dduu rr eevveennuu ...................................................................................................................................... 129 66..22 ..33 LL`ii mmppaa cc tt ss uurr ll ee ppll aa nn ss oocciiaall.................................................................................................................................... 132 66..22 ..44 DDééffaa ii ll llaa nncc ee ddaa nnss ll ee ss yyss ttèèmmee cc rrééddii tt// ééppaa rr ggnnee KKOOFFAA VV AACC.................................................................................. 133 66..22 ..55 LLeess pprrooppooss ii ttii oonnss ppoouurr uunn mmeeii ll ll eeuurr aa ppppuuii aa uuxx ffeemmmmeess ................................................................................... 135

66..33 LL AA SSYYNN TTHHÈÈSS EE DD UU CCHH AAPPII TTRR EE ........................................................................................................................................ 138

CCOONNCCLLUUSS IIOONN EETT RREECCOOMMMMAANNDDAATTIIOONNSS ....................................................................... 139

LLEESS LLIIMMIITTEESS DDEE LL`ÉÉTTUUDDEE.................................................................................................. 144

RRÉÉFFÉÉRREENNCCEESS BBIIBBLLIIOOGGRRAAPPHHIIQQUUEESS................................................................................ 145

AANNNNEEXXEE AA.. RRÉÉSS UULLTTAATTSS DD EESS TTEESSTTSS SS TTAATTIISS TTIIQQUUEESS ................................................ 156

AANNNNEEXXEE BB.. QQUUEESS TTIIOONNNNAAIIRREE DD`EENNQQUUÊÊTTEE .................................................................. 159

AANNNNEEXXEE CC.. GGRRIILLLLEE DD`EENNTTRREEVVUUEE SSEEMMII--SSTTRRUUCCTTUURRÉÉEE AAVVEECC LLEESS

NNOOTTAABB LLEESS DDEE CCHHAANNSSOOLLMMEE ............................................................................................. 172

AANNNNEEXXEE DD.. GGRRIILLLLEE DD`EENNTTRREEVVUUEE IINNDDIIVVIIDDUUEELLLLEE AAVVEECC LLEESS PPEERRSSOONNNNEESS QQUUII

AAPPPPUUIIEENNTT KKOOFFAAVVAACC ........................................................................................................... 173

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vii

LLIISSTTEE DDEESS TTAABBLLEEAAUUXX

Tableau 11..11 PPooppuullaatt iioonn ppaarr sseecctteeuurr ddee rrééss iiddeennccee,, HHaa ïïtt ii,, ddee 11995500 àà 22001100 ..................................... 8

TTaabblleeaauu 11..22 TTeerrrreess aarraabblleess eenn %% ddeess tteerrrreess eett tteerrrreess aaggrriiccoolleess eenn %% ddeess tteerrrreess aarraabblleess,, HHaaïïttii,, ddee

11996611 àà 22000000 ................................................................................................................................... 16

TTaabb lleeaauu 11..33 FFoorrmmeess ttrraadd iitt iioonnnnee lllleess ddee cc rréédd iitt,, HHaa ïïtt ii ..................................................................... 20

TTaabb lleeaauu 11..44 EExxppoorrttaa tt iioonnss eenn ttoonnnneess mmééttrr iiqq uueess,, HHaa ïïtt ii,, dd ee 11996611 àà 22000088....................................... 25

TTaabb lleeaauu 11..55 EExxppoorrttaa tt iioonnss eenn mmiillll iieerrss UUSS$$,, HHaa ïïtt ii,, ddee 11996611 àà 22000088.............................................. 25

TTaabb lleeaauu 11..66 IImmppoorrttaa tt iioonnss ddee pp rroodd uuiittss aaggrr iiccoo lleess,, HHaa ïïtt ii,, mmiill lliieerrss ddee UUSS$$,, ddee 11996611 àà 22000088 ......... 29

TTaabb lleeaauu 33..11 DDéé tteerrmmiinnaannttss ddee llaa pp aauuvvrreettéé,, dd iivveerrss ppaayyss dd uu SS uudd .................................................. 43

TTaabb lleeaauu 44..11 MMooddaa lliittééss ddee ccoo lllleeccttee ddeess ddoonnnnééeess .......................................................................... 65

TTaabb lleeaauu 44..22 VVaarr iiaabb lleess eett iinndd iiccaatteeuurrss ddee ccaarraaccttéérr iissaa tt iioonn ddeess ffeemmmmeess .......................................... 67

Tableau 4.3 Dimensions/indicateurs et niveaux retenus ............................................................. 69

TTaabb lleeaauu 44..44 VVaarr iiaabb lleess eett iinndd iiccaatteeuurrss dd`aannaa llyyssee ddee ll`iimmppaacctt dd ee KKOOFFAAVVAACC .............................. 70

TTaabb lleeaauu 55..11 PPrréésseennccee dd `uunn ccoo nnjjoo iinntt ............................................................................................ 73

TTaabb lleeaauu 55..22 ÂÂggee ddee llaa ffeemmmmee ee tt dd uu ccoo nnjjoo iinntt .............................................................................. 74

TTaabb lleeaauu 55..33 TTaa iill llee dd uu mméénnaaggee ..................................................................................................... 74

TTaabb lleeaauu 55..44 PPrréésseennccee dd `aadduulltteess aauu ssee iinn dduu mméénnaaggee .................................................................... 74

TTaabb lleeaauu 44..55 NNoommbbrree dd`eennffaannttss dduu mméénnaaggee ................................................................................. 75

TTaabb lleeaauu 44..66 ÂÂggee mmoo yyeenn ddeess eennffaannttss dd uu mméénnaaggee ........................................................................ 75

TTaabb lleeaauu 55..77 LLiieenn ddee ppaarreennttéé ddeess eennffaannttss aavveecc llaa ffeemmmmee............................................................. 76

TTaabb lleeaauu 55..88 NNoommbbrree dd`eennffaannttss ddee llaa ffeemmmmee ............................................................................... 76

TTaabb lleeaauu 55..99 RRééssuumméé ddeess ccaarraacc ttéérr iisstt iiqq uueess ddeess mméénnaaggeess .............................................................. 76

TTaabb lleeaauu 55..1100 LLiieeuu ddee nnaa iissssaannccee ddee llaa ffeemmmmee eett dduu ccoonnjjoo iinntt........................................................ 77

TTaabb lleeaauu 55..1111 RRééssuullttaattss dduu tteess tt ddee TT :: DDeeggrréé ddee ssccoo llaarr iissaa tt iioonn**nnoommbbrree dd`eennffaannttss ........................ 77

TTaabb lleeaauu 55..1122 TTeemmppss ccoonnssaaccrréé àà ll`aacc tt iivviittéé pprr iinncc iippaa llee ................................................................... 80

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TTaabb lleeaauu 55..1133 TTaa iill llee ddeess ppaa rrccee lllleess eexxpp lloo iittééeess eenn mmooddee ddee pprroopprr iiééttéé............................................. 82

TTaabb lleeaauu 55..1144 AAuuttrreess mmooddeess ddee tteennuurree ddeess tteerr rreess.......................................................................... 82

TTaabb lleeaauu 55..1155 EExxpp lloo iittaatt iioonn ddee ppaarrccee lllleess iirr rr iigguuééeess ......................................................................... 82

TTaabb lleeaauu 55..1166 AApppprréécc iiaa tt iioo nn dduu ddeeggrréé ddee rr iicchheessssee ddeess mméénnaaggeess eenn aacctt iiff tteerrrree............................... 83

TTaabb lleeaauu 55..1177 PPoosssseessss iioonn dd`aanniimmaauuxx ............................................................................................ 84

TTaabb lleeaauu 55..1188 PPoosssseessss iioonn dd`aacctt iiff aanniimmaa ll ....................................................................................... 84

TTaabb lleeaauu 55..1199 PPoosssseessss iioonn dd`aacctt iiff aanniimmaa ll eenn ééqquuiivvaa lleenntt bboo vviinn ...................................................... 85

TTaabb lleeaauu 55..2200 DDeeggrréé ddee ssccoo llaarr iissaatt iioo nn ddee llaa ffeemmmmee eett dduu ccoonnjjoo iinntt ................................................ 86

TTaabb lleeaauu 55..2211 RRééssuullttaattss ddeess tteess ttss ddee TT .......................................................................................... 88

TTaabb lleeaauu 55..2222 ÂÂggee ddee ll`eennffaanntt aauu CC EEPP.......................................................................................... 90

TTaabb lleeaauu 55..2233 RReeppaass jjoouurrnnaa lliieerrss ssee rrvviiss ppaarr llee mméénnaaggee .................................................................. 92

TTaabb lleeaauu 55..2244 VVaarr iiaabb lleess eenn ccoorr rréé llaa tt iioonn aavveecc ««LLee nnoo mmbbrree ddee rreeppaass ppaa rr jjoouurr»»............................... 93

TTaabb lleeaauu 55..2255 SSttaattuutt ddee jjoo uuiissssaannccee ddee ll`hhaabb iittaatt ............................................................................. 95

TTaabb lleeaauu 55..2266 TTaa iill llee dd uu lloo ggeemmeenntt dd eess mméénnaaggeess ............................................................................ 96

TTaabb lleeaauu 55..2277 DDeennss iittéé dd `ooccccuuppaa tt iioo nn dduu llooggeemmeenntt......................................................................... 97

TTaabb lleeaauu 55..2288 NN iivveeaauu ddee vviiee pp aarr rraappppoo rrtt aauu llooggeemmeenntt .................................................................. 98

TTaabb lleeaauu 55..2299 VVaarr iiaabb lleess eenn ccoorr rréé llaa tt iioonn aavveecc llee ««nniivveeaauu ddee vviiee eenn ttee rrmmeess ddee lloo ggeemmeenntt»».............. 98

TTaabb lleeaauu 55..3300 CCaass ddee mmaa llaadd iiee nnéécceessss iittaanntt ddeess ssoo iinnss dd`uunn cceennttrree hhoosspp iittaa lliieerr ................................ 99

Tableau 5.31 Fréquentation d`un centre hospitalier..................................................................... 99

TTaabb lleeaauu 55..3322 SSoouurrccee dd`aapppp rroovviiss iioo nnnneemmeenntt eenn eeaauu ddee bboo iissssoo nn .................................................. 100

TTaabb lleeaauu 55..3333 PPoosssseessss iioonn dd`uunnee iinnss ttaa llllaatt iioonn ssaanniittaa iirree ................................................................. 101

TTaabb lleeaauu 55..3344 NN iivveeaauu ddee rreevveennuu ddee llaa ffeemmmmee............................................................................. 103

TTaabb lleeaauu 55..3355 RRéécceepptt iioonn dd `uunn tt rraannssffee rrtt dd`aarrggeenntt ddee ll`eexxttéérr iieeuurr,, ddee jjaannvviiee rr àà jjuuiill lleett 22001111 ......... 105

TTaabb lleeaauu 55..3366 MMoo nnttaanntt ddeess ttrraannssffeerrttss rreeççuuss ddee ll`eexxttéérr iieeuurr,, ddee jjaannvviiee rr àà jjuuiill lleett 22001111 ................. 106

Taabb lleeaauu 55..3377 VVaarr iiaabb lleess ccoorrrréé llééeess aavveecc ««llee mmoonnttaanntt ttoo ttaa ll ddeess tt rraannssffee rrttss rreeççuuss ddee ll`eexxttéérr iieeuurr »» . 106

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TTaabb lleeaauu 55..3388 LL`eennddeett tteemmeenntt ddeess mméénnaaggeess ................................................................................. 106

TTaabb lleeaauu 55..3399 MMoo nnttaanntt nnéécceessssaa iirree eesstt iimméé eenn ggoouurrddee ppoouurr lleess rreeppaass// jjoo uurr //mméénnaaggee ...................... 113

TTaabb lleeaauu 55..4400 MMoo nnttaanntt nnéécceessssaa iirree eesstt iimméé ppoo uurr sseerrvviirr llee ppeett iitt ddéé jjeeuunneerr //jjoouurr//mméénnaaggee ................. 113

TTaabb lleeaauu 55..4411 MMoo nnttaanntt nnéécceessssaa iirree eesstt iimméé ppoo uurr sseerrvviirr llee rreeppaass pprr iinncc iippaa ll//jjoo uurr//mméénnaaggee ............... 113

TTaabb lleeaauu 55..4422 MMoo nnttaanntt nnéécceessssaa iirree eesstt iimméé ppoo uurr sseerrvviirr llee ssoouuppeerr //jjoo uurr//mméénnaaggee ............................ 113

TTaabb lleeaauu 55..4433 MMoo nnttaanntt nnéécceessssaa iirree eesstt iimméé ppoo uurr lleess ttrroo iiss rreeppaass// jjoouurr//mméénnaaggee ............................... 114

TTaabb lleeaauu 55..4444 MMoo nnttaanntt nnéécceessssaa iirree eesstt iimméé ppoo uurr lleess ttrroo iiss rreeppaass// jjoouurr//ppeerrssoonnnnee ............................. 114

TTaabb lleeaauu 55..4455 VVaarr iiaabb lleess ccoorrrréé llééeess aavveecc ««ll`aarrggeenntt ppoo uurr lleess tt rroo iiss rreeppaass //jjoouurr //mméénnaaggee»»................. 115

TTaabb lleeaauu 55..4466 FFrraa iiss aannnnuuee llss mmooyyeennss ddee ssccoo llaa rr iissaa tt iioonn dd `uunn eennffaanntt ppaarr mméénnaaggee .......................... 115

TTaabb lleeaauu 55..4477 DDééppeennssee aannnnuuee llllee mmooyyeennnnee ttoottaa llee ddee ssccoo llaarr iissaa tt iioonn dd`uunn eennffaanntt .......................... 116

TTaabb lleeaauu 55..4488 DDééppeennssee aannnnuuee llllee ttoo ttaa llee ddee ssccoo llaa rr iissaatt iioonn dd eess eennffaannttss qquuii ssoo nntt àà ll`ééccoo llee .............. 116

TTaabb lleeaauu 66..11 SS iiggnneess ddee llaa rr iicchheessssee pp eerrççuuss ppaa rr lleess ffeemmmmeess .......................................................... 119

TTaabb lleeaauu 66..22 PPrr iinncc iippaa lleess ccaauusseess aayyaanntt ccoonndd uuiitt àà llaa ppaauuvvrree ttéé ..................................................... 123

TTaabb lleeaauu 66..33 AAcc tt iioonnss pp rr iioorr iittaa iirreess ddee ll`ÉÉttaatt ppoouurr llaa ccoo mmmmuunnee ddee CC hhaannssoo llmmee ............................. 126

TTaabb lleeaauu 66..44 PPrr iioo rr iittéé ddeess mméénnaaggeess eenn ccaass dd `uunnee aauuggmmeennttaa tt iioo nn ddee rreevveennuu .................................. 127

TTaabb lleeaauu 66..55 UUtt iilliissaa tt iioo nnss dd uu rreevveennuu KKOOFFAAVVAACC ........................................................................ 129

TTaabb lleeaauu 66..66 AA uunnee ééppaa rrggnnee KKOOFFAAVVAACC .................................................................................... 130

TTaabb lleeaauu 66..77 IInnvveess tt iisssseemmeenntt ddee ll`ééppaarrggnnee KKOOFFAAVVAACC............................................................... 131

TTaabb lleeaauu 66..88 RRaa iissoonnss ddee ddéé ffaa iillllaannccee ddaannss llee ssyyssttèèmmee KKOOFFAAVVAACC ............................................. 134

TTaabb lleeaauu 66..99 VVaarr iiaabb lleess eenn ccoorrrréé llaa tt iioonn aavveecc llaa ««DDééffaa iill llaannccee ddaannss llee ssyyss ttèèmmee»»............................ 135

TTaabb lleeaauu 66..1100 SSeerrvviicceess pprrooppoossééss ppaarr lleess ffeemmmmeess........................................................................ 136

TTaabb lleeaauu 66..1111 PP iiss tteess dd`aacc tt iioonnss pprrooppoossééeess ppaarr lleess PPAA .................................................................. 136

TTaabb lleeaauu 66..1122 AAcc tt iioonnss ssee lloo nn lleess ffeemmmmeess ((FF)),, lleess nnoottaabb lleess ((NN)) eett lleess PPAA** .................................. 137

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LLIISSTTEE DDEESS GGRRAAPPHHIIQQUUEESS

GGrraapp hhiiqquuee 11..11 PPooppuullaatt iioo nn,, HHaa ïïtt ii,, ddee 11996600 àà 22001100 ......................................................................... 6

GGrraapp hhiiqquuee 11..22 PPooppuullaatt iioo nnss uurrbbaa iinnee ee tt rruurraa llee,, HHaa ïïtt ii,, ddee 11995500 àà 22001100 ............................................ 8

GGrraapp hhiiqquuee 11..33 PPoo iiddss ddeess sseecctteeuurrss dd`aacctt iivviittéé ddaannss llee PP IIBB,, HHaa ïïtt ii,, ddee 11998899 àà 22001100 ....................... 11

GGrraapp hhiiqquuee 11..44 PPIIBB ((PPPPAA)),, HHaa ïïtt ii,, ddee 11998800 àà 22000088 ....................................................................... 12

GGrraapp hhiiqquuee 11..55 PPIIBB pp aarr hhaabb iittaanntt ((PPPPAA)),, HHaa ïïtt ii,, ddee 11998800 àà 22000088 ................................................... 13

GGrraapphhiiqquuee 11..66 PPooppuullaattiioonn ééccoonnoommiiqquueemmeenntt aaccttiivvee ddaannss ll`aaggrriiccuullttuurree eett ppaarrtt ddaannss llaa ppooppuullaattiioonn

ttoottaa llee ééccoo nnoommiiqquueemmeenntt aacctt iivvee,, HHaa ïïtt ii,, ddee 11999944 àà 22000077 .................................................................. 14

GGrraapphhiiqquuee 11..77 ÉÉvvoolluutt iioonn dduu PPIIBB aaggrriiccoollee//hhaabb iittaanntt,, HHaaïïttii eett RRééppuubblliiqquuee DDoommiinniiccaa iinnee,, ddee 11999944 àà

22000066............................................................................................................................................... 15

GGrraapp hhiiqquuee 11..88 PPrroodduucctt iioo nn ccéérrééaa lliièèrree,, HHaa ïïtt ii,, ddee 11996611 àà 22000088 ...................................................... 21

GGrraapphhiiqquuee 11..99 IImmppoorrttaattiioonn ddee rriizz ddeess ÉÉttaattss--UUnniiss ((rriizz bbllaanncchhii eett ddééccoorrttiiqquuéé)),, HHaaïïttii,, ddee 11996611 àà

22000088............................................................................................................................................... 22

GGrraapp hhiiqquuee 11..1100 RReennddeemmeenntt eenn mmaa ïïss,, tt rroo iiss ppaayyss,, ddee 11996611 àà 22000099 ............................................... 23

GGrraapp hhiiqquuee 11..1111 RReennddeemmeenntt eenn rr iizz,, ttrroo iiss ppaayyss,, ddee 11996611 àà 22000099 ................................................... 23

GGrraapp hhiiqquuee 11..1122 RReennddeemmeennttss mmooyyeennss,, dd iivveerrss ppaayyss,, eenn 22000099........................................................ 24

GGrraapp hhiiqquuee 55..11 AAcc tt iivviittéé ééccoonnoo mmiiqq uuee pp rr iinncc iippaa llee ddee llaa ffeemmmmee...................................................... 79

GGrraapp hhiiqquuee 55..22 AAcc tt iivviittéé ééccoonnoo mmiiqq uuee pp rr iinncc iippaa llee dduu ccoonnjjoo iinntt ....................................................... 80

GGrraapp hhiiqquuee 55..33 SSuuppeerr ffiicc iiee ss ttoottaa lleess eexxpp lloo iittééeess ppaa rr llee ss mméénnaaggeess ................................................... 81

GGrraapp hhiiqquuee 55..44 RRee llaatt iioonn eennttrree ll`ââggee ddee llaa ffeemmmmee eett ssoonn ddeeggrréé ddee ssccoo llaa rr iissaa tt iioonn .......................... 87

GGrraapp hhiiqquuee 55..55 EEnnffaannttss dd uu mméénnaaggee qquuii ssoonntt àà ll`ééccoo llee.................................................................. 89

GGrraapp hhiiqquuee 55..66 NNoommbbrree ddee jjoo uurrss ssaannss llee rreeppaass pprr iinncc iippaa ll aauu ccoouurrss dd`uunn mmoo iiss .............................. 92

Graphique 5.7 Satisfaction du besoin «alimentation» ................................................................ 94

GGrraapp hhiiqquuee 55..88 RReevveennuu mmooyyeenn hheebbddoommaaddaa iirree nneett dd uu ppee tt iitt ccoo mmmmeerrccee ...................................... 103

GGrraapp hhiiqquuee 55..99 SSoouurrcceess dd `eemmpprruunntt ddeess ffeemmmmeess ........................................................................ 107

GGrraapphhiiqquuee 55..1100 EEssttiimmaatt iioo nn ddeess ppaarrttss ddee ddééppeennsseess nnéécceessssaaiirreess ccoouuvveerrtteess ppaarr llee rreevveennuu ttoottaall nneett dduu

mméénnaaggee ........................................................................................................................................ 109

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GGrraapphhiiqquuee 55..1111 EEssttiimmaatt iioo nn ddeess ppaarrttss ddee ddééppeennsseess nnéécceessssaaiirreess ccoouuvveerrtteess ppaarr lleess ttrraannssffeerrttss

dd`aarrggeenntt ....................................................................................................................................... 110

GGrraapphhiiqquuee 55..1122 EEssttiimmaatt iioo nn dduu rreevveennuu mmiinniimmuumm jjoouurrnnaalliieerr nnéécceessssaaiirree ppoouurr ffaaiirree vviivvrree

nnoorrmmaa lleemmeenntt llee mméénnaaggee .............................................................................................................. 111

GGrraapp hhiiqquuee 66..11 PPrr iinncc iippaauuxx ss iiggnneess ddee rr iicchheessssee ppeerrççuuss ................................................................. 120

GGrraapp hhiiqquuee 66..22 PPrr iinncc iippaauuxx ss iiggnneess ddee ppaauuvvrreettéé ppee rrççuuss ................................................................ 121

GGrraapp hhiiqquuee 66..33 PPeerrcceepp tt iioonn ddee llaa ffeemmmmee ddee ssoonn aavveenniirr................................................................ 125

GGrraapp hhiiqquuee 66..44 AApppprréécc iiaa tt iioonn ddee llaa ccoonnttrr iibbuutt iioonn ««aamméé lliioorraa tt iioo nn ddeess bbeessoo iinnss»» ............................. 130

Page 13: De la pauvreté multidimensionnelle des Femmes en Haïti ......i RÉSUUMMÉÉ Cette étude analyse la pauvreté multidimensionnelle des femmes en Haïti et l`impact d`un système d`activités

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LLIISSTTEE DDEESS FFIIGGUURREESS

FFiigguurree 11..11 CCaarrttee ggééoo ggrraapp hhiiqquuee,, HHaa ïïtt ii .......................................................................................................................................................................................... 77

FFiigguurree 11..22 RReepprréésseennttaattiioonn sscchhéémmaattiiqquuee dduu cciirrccuuiitt ddee ccoommmmeerrcciiaa lliissaa tt iioonn ddeess pprroodduuiittss vviivvrriiee rrss,,

ffrruuiittss eett lléégguummeess,, HHaa ïïtt ii .................................................................................................................................................................................................................................... 2277

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LLIISSTTEE DDEESS AACCRROONNYYMMEESS

ASDI Agence Suédoise de Coopération Internationale au Développement

BAC Bureau Agricole Communal

BID Banque Interaméricaine de Développement

BM Banque Mondiale

BME Bureau des Mines et de l Énergie

CCI Cadre de Coopération Intérimaire

CE Commission Européenne

CEPALC Commission Économique des Nations-Unies pour l Amérique Latine et la Caraïbe

CGAP Groupe Consultatif pour Assister les Pauvres

CNRA Conseil National de la Réforme Administrative

DSNCRP Document de Stratégie Nationale pour la Croissance et la Réduction de la

Pauvreté

DSRP Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté

DSRP-I Document de Stratégie Intérimaire de Réduction de la Pauvreté

EBCM Enquêtes sur le Budget et la Consommation des Ménages

ECVH Enquêtes sur les Conditions de vie en Haïti

EFA/CAP École Fondamentale d’Application / Centre d’Appui Pédagogique

EMMUS Enquête sur la Mortalité, la Morbidité et l’Utilisation des Services

FAO Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture

FASCH Faculté des Sciences Humaines

FMI Fonds Monétaire International

IDH Indicateur du Développement Humain

IHSI Institut Haïtien de Statistiques et d’Informatique

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IHRAD Institut Haïtien de Recherche Appliquée et de Développement

IMF Institution de Micro finance

INARA Institut National de Réforme Agraire

IPM Indicateur de Pauvreté Multidimensionnelle

INAGHEI Institut National d'Administration, de Gestion et des Hautes Études Internationales

MARNDR Ministère de l’Agriculture des Ressources Naturelles et du Développement Rural

MDE Ministère de l’Environnement

MEF Ministère de l’Économie et des Finances

MENFP Ministère de l’Éducation Nationale et de la Formation professionnelle

MPCE Ministère de la Planification et de la Coopération Externe

MTPTC Ministère des Travaux publics, Transports et Communications

MSPP Ministère de la Santé Publique et de la Population

OIT Organisation International du Travail

NU Nations Unies

ONG Organisation Non Gouvernementale

PNIA Plan National d’Investissement agricole

PNUD Programme des Nations Unies pour le Développement

PPA Parité de Pouvoir d`Achat

PVD Pays en Voie de Développement

QUIBB Questionnaire Unifié sur les Indicateurs de Base de Bien-être

SNA-EPT Stratégie nationale d’Action pour l’Éducation pour Tous

UNEP United Nations Environment Program

USAID Agence Américaine pour le Développement International

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IINNTTRROODDUUCCTTIIOONN

La pauvreté est une situation qui perdure en Haïti, revêtant ainsi un caractère chronique et

progressif. Les statistiques ne cessent de révéler la détérioration des conditions de vie de la

population. De plus, un nombre imposant de rapports, de travaux, aussi bien analytiques

qu’empiriques, et d’ouvrages ont été élaborés sur la pauvreté en Haïti. Il y a de quoi se demander,

en quoi, pourquoi et comment a-t-on péché dans la lutte contre la pauvreté en Haïti et qui a

péché ? Dans le rapport sur le développement humain 2011 du Programme des Nations-Unies

pour le Développement (PNUD) intitulé : «Durabilité et équité : un meilleure avenir pour tous»,

Haïti est classé 158e sur 187 pays évalués sur l indice de développement humain (IDH). Une

évolution positive d`un point par rapport à 2010 est obtenue (PNUD. 2011).

D`autres indicateurs d`analyse de la pauvreté monétaire en Haïti disponibles, calculés sur la base

de trois enquêtes, les deux «Enquêtes sur le budget et la consommation des ménages» (EBCM)

de 1986-87 et de 1999-2000 et l Enquête sur les conditions de vie en Haïti (ECVH) réalisée en

2001, révèlent que sur une population de 8,1 millions d’habitants, 56 % (4,4 M de personnes)

vivent avec des revenus moyens en dessous de la ligne de pauvreté extrême de 1 US$ en parité de

pouvoir d`achat (PPA) par personne par jour et 71 %, soit près de 6,2 millions, en dessous de la

ligne de pauvreté générale de 2 US$. Sur 10 personnes, environ 7,6 étaient considérées pauvres,

ne disposant pas de 2 US$ PPA par jour. L`incidence de la pauvreté extrême est de 23 % dans

l aire métropolitaine, 57 % dans les autres milieux urbains et 67 % dans le milieu rural

(DSNCRP. Nov. 2007. p.31). En 2005, il y a 88 % de la population rurale qui vit avec moins de 2

US$ par jour (MEF/MPCE/IHSI. 2005). En fait, le rapport final sur les dix communes phares de

2010 relève que 64 % des ménages consacrent la plus grande partie de leur revenu à

l alimentation (MPCE. Janvier 2010). De fait, ces chiffres permettent de se rendre compte de la

faiblesse de l’économie du pays et de l’appauvrissement de la population. Cependant, la pauvreté

ne se caractérise pas uniquement par une unique dimension monétaire ; elle est aussi de nature

multidimensionnelle touchant à la réalité économique, sociale et politique qui affecte les

conditions de vie d`un groupe de personnes ou d`un individu de la population d`un pays donné et

vivant dans un milieu spécifique. Or, les femmes haïtiennes, bien qu’elles représentent le pilier de

l’économie, sont parmi les catégories les plus vulnérables. Victimes de toutes sortes de violence,

d’exploitation et d’oppression dues aux inégalités de genre, elles sont souvent seules à faire vivre

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une famille entière. En effet, 50 % des ménages urbains et 33 % de ceux en milieu rural ont à leur

tête une femme (MSPP. Juin 2002. p.3). Ces études ont localisé des poches de pauvreté en Haïti,

dont le milieu rural. En effet, 49,6 % de la population rurale vit de l’agriculture, principale

activité économique du pays. On relate que cette activité est pratiquée par 2 488 000 personnes en

2008, et l Organisation des Nations Unies pour l alimentation et l agriculture (FAO) estime que

le produit intérieur brut (PIB) agricole est évalué à seulement 171 $ PPA en $ international

constant 2000. Plusieurs causes expliquent la situation pitoyable de l’agriculture haïtienne. Parmi

les principales, on peut citer la taille très réduite des parcelles exploitées, les conditions

climatiques défavorables, l’inaccessibilité à l’eau d’irrigation, l’érosion et la baisse de fertilité des

sols, la détérioration génétique des semences, les outils agricoles rudimentaires, l absence et

l insuffisance de crédit agricole et de subventions publiques du secteur, la faiblesse des

infrastructures, le manque de formation technique des agriculteurs, l’absence de service de

conseil et de vulgarisation agricole et la concurrence déloyale dans le commerce international

(MARNDR-PNIA. 2010-2016).

Dans ce contexte, en vue d’atteindre leurs objectifs soit de consommation, de capitalisation ou de

transformation de l’appareil de production, les ménages haïtiens pauvres vivant en milieu rural

vont mettre en place un ensemble de mécanismes parmi lesquels, le petit commerce effectué

essentiellement par des femmes. Le petit commerce est un phénomène qui s`accentue de plus en

plus en Haïti. Or, depuis le rapport 2000 du PNUD et de la Banque mondiale (BM), les pays en

développement, et notamment Haïti, n’ont pas cessé d’élaborer des Documents stratégiques de

réduction de la pauvreté (DSRP). De nombreux acteurs, organisations non gouvernementales

(ONG), organisations étatiques, religieuses, communautaires et internationales, présentes en

Haïti, mènent des actions pour renverser la tendance. Pourtant 10 ans plus tard, le PNUD publie

un nouveau rapport soulignant que, malgré les progrès substantiels dans bien des aspects du

développement humain dans plusieurs pays, la pauvreté s`est aggravée dans le monde : le nombre

de pauvres, particulièrement dans les pays du Sud, a augmenté. Toutefois, le même rapport a pris

soin de relater que le développement est avant tout et fondamentalement une question de

personnes (PNUD. 2010. p.1). De cette manière, une étude de plus sur la pauvreté doit être

orientée vers des actions concrètes à mener pour faire reculer la pauvreté au sein d’une

population spécifique, d`autant plus qu`améliorer les conditions de vie des Intouchables en Inde

Page 18: De la pauvreté multidimensionnelle des Femmes en Haïti ......i RÉSUUMMÉÉ Cette étude analyse la pauvreté multidimensionnelle des femmes en Haïti et l`impact d`un système d`activités

3

requiert d`autres exigences que celles de réduire la pauvreté des habitants des bidonvilles de Sao

Paolo au Brésil ou des petits paysans sans terre de la Vallée de l Artibonite en Haïti.

Si effectivement la pauvreté est avant tout une question de personnes qui vivent dans un milieu

spécifique, il semble qu’on ignore qui sont les pauvres, leurs places et leurs rôles ainsi que la

diversité des situations dans lesquelles se trouve chaque groupe spécifique de ménages ; le mode

de fonctionnement qu`ils privilégient et comment ils vivent concrètement. Ce n`est qu`à partir de

cela qu`on parviendra effectivement à dégager des modèles particuliers adaptés qui permettront

de trouver les stratégies efficaces, adéquates et appropriées, capables d’influencer positivement

ou de transformer le système de pauvreté. À notre avis, il s’agit d’une étape déterminante qui

pourrait aider à raisonner le mode d’intervention et les actions de développement durable dans un

milieu donné car on ne peut pas aider véritablement une personne à sortir de la misère si on ne la

connaît même pas.

Dans ce mémoire, l étude est menée sur un groupe spécifique, les Femmes KOFAVAC

(cf. Chapitre II). Elle tente de définir : Qui sont ces femmes pauvres et pourquoi elles le sont ?

Quels sont les mécanismes ou stratégies qu’elles privilégient en vue de survivre ou qui pourraient

les aider à améliorer leurs conditions de vie? Elle se fera à l’aide d`outils appropriés prenant en

compte surtout leurs perceptions de la pauvreté et de leurs conditions de vie. Les résultats

devraient contribuer au débat sur la recherche de stratégies d`intensification, de diversification et

d`organisation durables, opérantes et efficaces d’activités qui augmenteraient effectivement leurs

revenus tout en renforçant leurs conditions d`existence et de travail.

Le rapport est structuré de cette manière. Le premier chapitre est consacré à la présentation

générale des principales données socio-économiques et agricoles d’Haïti. Ce chapitre permettra

de faire le portait des catégories pauvres d`Haïti. Le deuxième chapitre présente une description

de la stratégie KOFAVAC dont nous mesurons l impact sur les conditions de vie de ses

membres. Ensuite, seront présentés la question de recherche et les objectifs de la recherche.

Le troisième chapitre présente une revue de littérature sur le concept de «pauvreté», ses

déterminants et les stratégies de lutte contre celle-ci dans laquelle nous dégagerons un cadre

théorique des déterminants de la pauvreté de ces femmes. Le quatrième décrit la méthodologie

de collecte et d`analyse des données, notamment l’enquête et les entrevues semi-dirigées auprès

des femmes et des personnes qui appuient KOFAVAC.

Page 19: De la pauvreté multidimensionnelle des Femmes en Haïti ......i RÉSUUMMÉÉ Cette étude analyse la pauvreté multidimensionnelle des femmes en Haïti et l`impact d`un système d`activités

4

Les deux derniers chapitres discutent des résultats de la recherche. Au chapitre cinquième sont

exposées les caractéristiques sociodémographiques et économiques des ménages des femmes,

puis au sixième, les perceptions des femmes sur leur niveau de pauvreté et l’impact de

KOFAVAC sur l amélioration de leurs conditions de vie.

La conclusion rapportera certaines recommandations dans la perspective d’une meilleure

connaissance de la situation socioéconomique des femmes haïtiennes et d`une amélioration des

conditions de vie des plus pauvres. En dernier lieu, sont présentées les limites de l étude.

Page 20: De la pauvreté multidimensionnelle des Femmes en Haïti ......i RÉSUUMMÉÉ Cette étude analyse la pauvreté multidimensionnelle des femmes en Haïti et l`impact d`un système d`activités

5

CCHHAAPPIITTRREE II.. PPRRÉÉSSEENNTTAATTIIOONN DDEESS PPRRIINNCCIIPPAALLEESS DDOONNNNÉÉEESS SSOOCCIIOO--

ÉÉCCOONNOOMMIIQQUUEESS DD`HHAAÏÏTTII

11..11 LLAA SSIITTUUAATTIIOONN PPHHYYSSIIQQUUEE DD`HHAAÏÏTTII

Haïti occupe la partie Ouest de l Ile partagée avec la République Dominicaine et couvre

une superficie de 27 750 km, dont les trois quarts environ sont montagneux. Le climat

est tropical et le pays connaît deux saisons, une pluvieuse, de mai à novembre, variable

selon les régions et une autre, sèche. Certaines régions connaissent des périodes de

sécheresse de plus de six mois. Généralement, la saison pluvieuse est caractérisée par des

pluies torrentielles et parfois des ouragans cycloniques. De plus, Haïti est placé dans une

zone de forte sismicité due au mouvement des plaques tectoniques. Le bilan très lourd du

séisme du 12 janvier 2010 peut en témoigner. En plus de cela, le pays connaît un grave

processus de dégradation de son environnement physique. La couverture forestière est

estimée à moins de 2 % actuellement. Chaque année, environ 15 millions de m3 de sol

s’en vont irréversiblement à la mer du fait de l’érosion provoquée par l abattage annuel

de 50 millions d’arbres, dont 17 millions servent à fabriquer du charbon de bois. La

consommation annuelle de charbon de bois varie entre 250 et 280 mille tonnes et couvre

72 % des besoins énergétiques du pays alors qu’elle est de 9 % en Amérique Centrale et

dans la Caraïbe, 3 % en Amérique du sud et de 1 % en Amérique du Nord (BME/ÉDH.

Juin 2008). Ceci fait d’Haïti un cas aberrant en Amérique par sa vulnérabilité écologique.

11..22 LLEESS IINNDDIICCAATTEEUURRSS SSOOCCIIOODDÉÉMMOOGGRRAAPPHHIIQQUUEESS

La population d’Haïti est estimée à 10 millions d`habitants en 20101, ce qui démontre une

forte pression sur la terre. La densité est de 364 habitants par km2. En 2003, Selon le

dernier recensement, la population était de 8 millions (IHSI. 2005). Ainsi, le pays connaît

un taux élevé de croissance démographique. Sur une période de 7 ans, le taux

d`accroissement est de 17,1 %. En outre, le taux de natalité brut est encore élevé, 26,5‰

en 2010 bien qu`on observe une tendance à la baisse depuis plusieurs décennies. En 1980

et 2000, il était respectivement de 41,8 et 31,1‰. En République Dominicaine, ce taux

1 http://www.populationdata.net/index2.php?option=pays&pid=85&nom=haiti

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6

est de 21,8‰ en 2010. À Cuba, il est de 10,1‰ (Perspective Monde. 2011). La

population haïtienne présente une structure jeune. Les trois quarts de la population sont

âgés de moins de 40 ans. La population de 0 à 14 ans représente 36,3 % de la population.

Les adolescentes et adolescents de 15-19 ans représentent près de 11,0 % et les jeunes

adultes de 20-24 ans, environ 8,0 %. Globalement, les Haïtiens de 15-24 ans sont environ

1,5 millions et représentent près de 19 % de la population. Les personnes âgées de plus

de 60 ans sont moins de 10,0 % et celles de plus de 85 ans, moins de 1,0 % de la

population (IHSI. 2007).

GGrraapphhiiqquuee 11..11 PPooppuullaattiioonn,, HHaaïïttii,, ddee 11996600 àà 22001100

Source : Perspective Monde - Université de Sherbrooke. 2011. La Banque Mondiale, [en ligne].

http://perspective.usherbrooke.ca/bilan/servlet/BMTendanceStatPays?codeTheme

En 2008, l espérance de vie à la naissance de la population haïtienne était de 61 ans. On

observe une amélioration de cet indicateur au fil des années. En effet, de 1960 à 2006,

l espérance de vie de la population haïtienne est passée de 42 à 60 ans. Toutefois, elle

demeure encore faible par rapport à celle des populations de la Caraïbe. En 2006,

l’espérance de vie en République Dominicaine est de 72 ans (Perspective Monde. 2011).

11..22..11 LLaa rruurraalliittéé ddee llaa ppooppuullaattiioonn

En 2010, la population urbaine (50,4 %) est presqu´à parité avec celle rurale (49,6 %),

mais la population qui a migré en ville, vit dans des situations souvent pires qu’en milieu

0

2

4

6

8

10

12

Hab

itan

ts e

n m

illio

ns

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7

rural. Jusqu’en 1982, Haïti était essentiellement un pays rural car presque 80,0 % de sa

population y vivaient. Cependant de 1982 à 2003, la population rurale a chuté de manière

spectaculaire, passant ainsi, de 79,4 % à 59,6 %. Depuis, elle ne cesse de chuter. Le

tableau 1.1 fait remarquer cette forte migration de la population des régions rurales vers

les régions urbaines et ceci, à cause des inégalités socioéconomiques flagrantes dont est

victime le milieu rural haïtien. Ainsi, Haïti est en train de devenir un pays urbain avec

tous les problèmes d’urbanisation qui y sont liés, contrairement à la réalité qui a existé

durant deux siècles environ. Mais en fait, c’est le département de l’Ouest qui absorbe de

plus en plus de gens. En 2010, on estime que 4 millions de personnes environ vivent dans

le département de l Ouest par rapport à 3,3 millions en 2003. Or, en 2010, sur ces

4 millions de personnes vivant dans l Ouest, 2,5 millions habitent la région

métropolitaine incluant les communes environnantes : Cité Soleil, Carrefour, Delmas,

Pétion-Ville, Croix-des-Bouquets et Kenscoff. Ainsi, la région métropolitaine héberge le

quart (24,7 %) de la population totale et environ la moitié de la population urbaine

(49,0 %) du pays (IHSI, 2003 et estimation en 2010).

FFiigguurree 11..11 CCaarrttee ggééooggrraapphhiiqquuee ,, HHaaïïttii

Source : http://www.baraderes.com/album/cartehaiti.html

Chansolme

Page 23: De la pauvreté multidimensionnelle des Femmes en Haïti ......i RÉSUUMMÉÉ Cette étude analyse la pauvreté multidimensionnelle des femmes en Haïti et l`impact d`un système d`activités

8

TTaabblleeaauu 11..11 PPooppuullaattiioonn ppaarr sseecctteeuurr ddee rrééss iiddeennccee ,, HHaaïïttii,, ddee 11995500 àà 22001100 Secteurs de

résidence 1950 1971 1982 2003 2010

22 Effectif % Effectif % Effectif % Effectif % Effectif %

Urbain 377 355 12,2 880 551 20,3 1 042 102 20,6 3 204 965 40,4 5 097 298 50,4

Rural 2 719 265 87,8 3 449 440 79,7 4 011 089 79,4 4 724 083 59,5 5 016 387 49,6

Total 3 097 220 100 4 329 991 100 5 053 191 100 7 929 048 100 10 113 685 100

Source : IHSI, Recueil de statistiques sociales, vol. 1 : 19 et Recensement de 2002, Résultats préliminaires

et estimation de la population en 2010

GGrraapphhiiqquuee 11..22 PPooppuullaattiioonnss uurrbbaaiinnee ee tt rruurraallee ,, HHaaïïttii,, ddee 11995500 àà 22001100

Source : IHSI, Recueil de statistiques sociales, vol. 1 : 19 et Recensement de 2002,

Résultats préliminaires

11..22..22 LL’’aaccccèèss àà llaa ssccoollaarriissaattiioonn ee tt ll`aallpphhaabbééttiissaattiioonn

Le degré d’alphabétisme de la population de dix ans et plus est de 61 % à l’échelle du

pays. Il est plus élevé chez les hommes que les femmes : 63,8 % contre 58,3 %. Or, près

de 40,0 % de la population de 10 ans et plus ne savent ni lire ni écrire (IHSI, 2003).

Cependant, cet indicateur est de loin meilleur en milieu urbain qu’en milieu rural (80,5 %

contre 47,1 %). Les écoles publiques ne couvrent que 20,0 % de la demande totale de

l'éducation de base. Ainsi, l offre scolaire est inadéquate à tous les niveaux

d`enseignement. On compte 23 sections communales qui n’ont aucune école et 145 qui

n’ont pas d’école publique (DSNCRP. Nov. 2007. p. 63). Sur l’ensemble de la population

âgée de 5 ans et plus, 37,4 % n’ont aucun niveau de scolarisation, 35,2 % ont atteint le

niveau primaire, 21,5 % le niveau secondaire et la proportion des personnes ayant le

2 C`est la population estimée par Perspective Monde à partir des cinq données précédentes selon un mode de régression

linéaire simple. http://perspective.usherbrooke.ca

0

1

2

3

4

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1950 1971 1982 2003 2010

Urbaine 377 355 880 551 1 042 102 3 204 965 5 097 298

Rurale 2 719 265 3 449 440 4 011 089 4 724 083 5 016 387

Hab

itan

ts e

n m

illio

ns

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niveau universitaire n’est que de 1,1 % (1,4 % d’hommes par rapport à 0,7 % de

femmes).

Le taux net de fréquentation au primaire entre 2003 et 2008 est de 48,0 % chez les

hommes et de 52,0 % chez les femmes alors qu`il est de 89,0 % en République

Dominicaine. Par contre, au secondaire, le taux net de fréquentation est encore plus faible

en Haïti. Il est de 18,0 % chez les hommes et légèrement supérieur chez les femmes,

21,0 %.

Mis à part le manque d`écoles, d’autres contraintes paralysent le système éducatif en

Haïti, notamment l'exclusion et les déficiences structurelles importantes. Parmi les

principales, on peut nommer le faible niveau de formation des enseignants, 20,0 %

seulement des enseignants du primaire sont formés, et les frais de scolarité élevés par

rapport aux revenus des ménages, environ 40,0 % des revenus des ménages à faible

revenu (SNA-EPT. 2007. pp. 19-20).

11..22..33 LL’’aaccccèèss àà ll’’aalliimmeennttaattiioonn

Au plan nutritionnel et sanitaire, la situation est catastrophique en Haïti. La dernière

Enquête sur la mortalité, la morbidité et l utilisation des services (EMMUS III) citée par

le DSNCRP de 2007, établissait les taux respectifs de 23,8 % et de 9,1 % pour les formes

de malnutrition chronique et aigüe. L`étude tenait à relater que la situation est deux fois

plus grave en milieu rural que dans l’aire métropolitaine de Port-au-Prince car à peine 9,6

% des chefs de ménages indépendants agricoles disent satisfaire leurs besoins

alimentaires (DSNCRP. Nov. 2007. p. 33). L’état des carences en micronutriments

contribue à aggraver la situation : 61,0 % des moins de 5 ans et 46,0 % des femmes sont

atteints d’anémie. Un tiers des enfants de moins de 5 ans présente une carence en

vitamine A. (DSNCRP. Nov. 2007. p. 83). La disponibilité journalière per capita de

calories est évaluée autour de 1 700 calories par jour. Ainsi, elle ne permet de satisfaire

que 76 % des besoins estimés à 2 240 calories par personne et par jour. La consommation

moyenne de protéines est d’environ 41 grammes contre les 60 grammes par jour

recommandés par la FAO. Les besoins à combler en protéines animales sont estimés à 23

kilogrammes par habitant (Coordination nationale de la sécurité alimentaire (CNSA).

Nov. 2007).

Page 25: De la pauvreté multidimensionnelle des Femmes en Haïti ......i RÉSUUMMÉÉ Cette étude analyse la pauvreté multidimensionnelle des femmes en Haïti et l`impact d`un système d`activités

10

11..22..44 LL`aaccccèèss aauuxx ssooiinnss ddee ssaannttéé

Le taux de mortalité maternelle atteint 523 pour 100 000 et le taux de mortalité infantile

80‰ entre 1999 et 2000. Les infections respiratoires aigües (grippe, pneumonie), la

malnutrition ainsi que la diarrhée et la gastro-entérite infectieuse sont parmi les premières

causes de décès des enfants. Il existe 49 hôpitaux, 99 centres de santé et 405 dispensaires

recensés par le Ministère de la santé publique et de la population (MSPP), mais seulement

1,2 médecin, 1,3 infirmière et 2,7 auxiliaires sont disponibles pour chaque groupe de

10 000 habitants. Or, 73,0 % des médecins et 67,0 % des infirmières travaillent dans

l’aire métropolitaine de Port-au-Prince, alors qu’environ 50,0 % de la population vit en

milieu rural (MPCE/PNUD/FACSH. Avril 2005). Ainsi, la grande majorité de la

population n`a pas accès aux soins de santé.

11..22..55 LL`aaccccèèss aauuxx sseerrvviicceess ddee bbaassee

Les services de base, eau, électricité, routes et communications à travers le pays sont

déficients. La couverture limitée des besoins en eau potable de la population aggrave les

problèmes de santé. Les taux de couverture sont estimés à 54,0 % à Port-au-Prince,

46,0 % dans les villes secondaires, 46,0 % en milieu rural. De plus, les systèmes d’eau

potable du milieu rural mis en place dans les années 80 se dégradent, faute d’entretien

(DSNCRP. Nov. 2007. p. 39). Le réseau routier du pays se caractérise par une faible

proportion de routes revêtues, moins de 20,0 %, essentiellement concentrées sur le réseau

primaire (MTPTC. 2004. p. 13). Le défi est de taille dans les transports et communication

du pays puisque les routes construites ne relient que les principales villes à Port-au-

Prince. Ainsi, les régions rurales demeurent enclavées, ne bénéficiant presque pas

d`ouvrages de franchissement des rivières et des ravins. Le transport maritime et aérien

est peu développé et très mal organisé. On peut conclure que les disparités entre milieux

rural et urbain en termes d`accès aux services de base sont très fortes.

11..33 LLEESS IINNDDIICCAATTEEUURRSS SSOOCCIIOOÉÉCCOONNOOMM IIQQUUEESS

Page 26: De la pauvreté multidimensionnelle des Femmes en Haïti ......i RÉSUUMMÉÉ Cette étude analyse la pauvreté multidimensionnelle des femmes en Haïti et l`impact d`un système d`activités

11

11..33..11 LLeess sseecctteeuurrss dd`aaccttiivviittééss ééccoonnoommiiqquueess ggéénnéérraattrriicceess ddee rreevveennuuss

L`agriculture/élevage/pêche et le commerce, surtout de détail mais aussi de gros,

constituent les deux pivots de l économie rurale haïtienne. La répartition de la population

active dans les trois secteurs économiques à la fin de l année 1997, a été évaluée de la

manière suivante : le primaire, 76 % d'hommes et 57 % de femmes, le secondaire, 9 %

d'hommes et 8 % de femmes et le tertiaire, 15 % d'hommes et 35 % de femmes3.

Cependant, environ 50 % des actifs occupés dont 93,3 % en milieu rural, se concentrent

dans la branche «Agriculture, sylviculture, élevage, chasse et pêche», dominée surtout par

les hommes. Le secteur «Commerce de gros et de détail», dominé surtout par les femmes,

vient en second rang avec une proportion de 25,3 %. Indépendamment du milieu de

résidence, les femmes restent majoritaires dans la branche, avec 69,2 % en milieu urbain

et 88,0 % en milieu rural. Toutefois, la part relative de l agriculture au PIB diminue de

plus en plus au profit du secteur des services. Mais il faut souligner la particularité du

secteur des services, de plus en plus dominé par l informel (Lamaute-Brisson, Nathalie.

2001). En 1989-90, le secteur agricole contribuait à 36,0 % du PIB alors qu`en 2009, sa

part a chuté à 24,0 %. Le graphique suivant permet de faire le constat.

GGrraapphhiiqquuee 11..33 PPooiiddss ddeess sseecctteeuurrss dd`aaccttiivviittéé ddaannss llee PPIIBB,, HHaaïïttii,, ddee 11998899 àà 22001100

Source : IHSI, Direction des Statistiques Économiques. Unité des Comptes Nationaux

3 http://www.haiticulture.ch/Haiti.html

0%

10%

20%

30%

40%

50%

60%

70%

80%

90%

100%

Agiculture Industries Services

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12

Le PIB décroît lui aussi. En 2008, le PIB en PPA est de 10 638 millions $ (dollar

international constant 2000) alors qu`en 1980, il était de 12 136 millions $, ce qui montre

sa baisse durant la période considérée. Par contre, il y a eu une légère hausse en 2008 par

rapport à 2005.

GGrraapphhiiqquuee 11..44 PPIIBB ((PPPPAA)),, HHaaïïttii,, ddee 11998800 àà 22000088

Source : Perspective Monde-Université de Sherbrooke, 2011 / Banque Mondiale, [en ligne].

http://perspective.usherbrooke.ca/bilan/servlet/BMTendanceStatPays?codeTheme

Ainsi, on comprend que la chute du PIB national entraîne aussi le PIB par habitant. En

2008, il était de 1 087,7 $ (Dollar international constant 2000 en PPA) contre 2 132,7 $

en 1980, soit une chute d`environ la moitié (49 %). Soulignons que le PIB par habitant en

PPA de la République Dominicaine en 2008 (8 217,4 $) est d`environ 7,55 fois supérieur

à celui des Haïtiens. Le graphique 1.5 permet de suivre l’évolution du PIB national.

0

2

4

6

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1980 1985 1990 2000 2005 2008

Md

$ in

tern

atio

nal

cons

tant

200

0

PIB en PPA

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13

GGrraapphhiiqquuee 11..55 PPIIBB ppaarr hhaabbiittaanntt ((PPPPAA)),, HHaaïïttii,, ddee 11998800 àà 22000088

Source : Perspective Monde-Université de Sherbrooke, 2011 / Banque Mondiale, [en ligne].

http://perspective.usherbrooke.ca/bilan/servlet/BMTendanceStatPays?codeTheme

11..33..11..11 LLee ss ee cctteeuurr aaggrriiccoollee

Le plan d’investissement agricole (PIA) 2010-2012 du MARNDR, relate que les

systèmes de production/consommation en zone rurale sont généralement caractérisés par

une haute intensité de main-d’œuvre et un niveau élevé d`autoconsommation, mais par

contre, par un faible niveau des rendements agronomiques, d’investissement en intrants

agricoles et de revenu agricole (PNIA-Annexe 5).

LLaa mmaaiinn--dd`œœuuvvrree aaggrriiccoollee

La population économiquement active dans l agriculture croît. De 1994 à 1996, elle était

de 1 814 000. En 2005, elle a cru à 2 149 000. Selon la même source, elle est estimée à

2 224 000 en 2007 (FAO. Statistical yearbook. 2009). Cependant, sa part dans la

population totale économiquement active diminue. En 1994-96, elle était estimée à 67 %.

En 2007, elle est évaluée à 60 %. Le graphique 1.6 illustre ce fait.

1980 1985 1990 1995 2000 2005 2006 2007 2008

PIB/habitant 2132,71807,21637,71155,71190,21067,81075,11092,91087,7

0

500

1000

1500

2000

2500

$ in

tern

atio

nal

co

nst

ant

20

00

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14

GGrraapphhiiqquuee 11..66 PPooppuullaattiioonn ééccoonnoommiiqquueemmeenntt aaccttiivvee ddaannss ll`aaggrriiccuullttuurree ee tt ppaarrtt ddaannss

llaa ppooppuullaattiioonn ttoottaallee ééccoonnoommiiqquueemmeenntt aaccttiivvee ,, HHaaïïttii,, ddee 11999944 àà 22000077

Source : FAO. Statistical yearbook, 2009

Or, les ruraux représentent 80 % de la population économiquement active dans

l agriculture (Batenbaum. FAO. 2011). Mais les jeunes de 25-35 ans ne sont plus attirés

par les travaux agricoles qu’ils considèrent moins valorisants. Ils préfèrent l’exode vers

les régions urbaines de l’intérieur du pays d’abord et ensuite vers Port-au-Prince. Certains

effectuent des séjours temporaires en République dominicaine avant d’immigrer vers les

États-Unis d’Amérique (FAO. Sept. 2010).

Bien que l agriculture représente la principale activité économique d`environ 60 % des

haïtiens, le PIB agricole par habitant, d`ailleurs très faible, ne cesse de chuter. Il était de

200 US$ (constant 2000) en 1994-96. En 2006, il a diminué à 171 US$. Par contre, en

République Dominicaine, il est en croissance. Il est de 2 175 US$ en 2006, soit 12,72 fois

supérieur à celui d`Haïti. Ainsi, le poids du secteur agricole haïtien devient de plus en

faible dans l économie. En 2006, il est estimé à 950 millions US$ (constants 2000), et

représentait le quart du PIB total, soit 24,8 %. Alors qu`en 1994-96, il était de 29,0 %. En

République Dominicaine, le PIB agricole croit sans cesse mais ne représente que 11,2 %

du PIB total en 2006. D`autres secteurs de l économie, le tourisme et l industrie y

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15

apportent une contribution plus importante que l agriculture. Le graphique 1.7 permet de

comparer les deux pays.

GGrraapphhiiqquuee 11..77 ÉÉvvoolluuttiioonn dduu PPIIBB aaggrriiccoollee //hhaabbiittaanntt,, HHaaïïttii ee tt RRééppuubblliiqquuee

DDoommiinniiccaaiinnee ,, ddee 11999944 àà 22000066

Source : FAO. Statistical yearbook, 2007-2008

LLeess iinnttrraannttss aaggrriiccoolleess

LL`aaccccèèss àà llaa tteerrrree

Il y a une forte pression sur les terres agricoles en Haïti. Les terres arables4 ne

représentent que 28,3 % de la superficie totale du pays, soit 900 000 hectares en 2006 ;

mais, seulement 57,7 % sont effectivement cultivées (FAO. 2007). Le rapport 2006 des

Nations-Unies sur les pays moins avancés estiment qu`en 1994, 30 à 50 % de la

population haïtienne étaient sur des terres fragiles (PNUD. 2006) Selon des données

préliminaires du Recensement général de l’agriculture 2010 rendues disponibles par le

MARNDR/FAO, l’agriculture est pratiquée par un peu plus d’un million d’exploitations

agricoles disposant en moyenne de moins de 1,5 ha divisé en plusieurs parcelles. Les

plaines occupent seulement 550 000 hectares, mais la forte demande alimentaire pousse

4 Les terres arables sont définies comme étant les zones qui se prêtent à la culture par la qualité des sols et la présence d`eau (pluie ou irrigation). Elles comprennent aussi des zones qui sont boisées ou des zones humides qui sont

protégées et non disponibles pour l`agriculture.

0

500

1000

1500

2000

2500

1994-1996 1999-2001 2004 2005 2006

US$

co

nst

ant

20

00

Haïti République Dominicaine

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16

les agriculteurs à cultiver environ 420 000 hectares des terres marginales inaptes à la

production agricole.

L’insécurité foncière qui est présente partout à travers le pays, est causée par plusieurs

facteurs notamment l’extension des surfaces en indivision, la non-légalisation des

transactions foncières, l’aliénation du foncier en fermage, l’appropriation de surfaces

importantes par des absentéistes et l’attribution de terres en métayage (FAO. Sept. 2010)

Doura, quant à lui, relate que dans l agriculture haïtienne, les cultures de subsistance sont

prédominantes avec 84 % des terres cultivées sur pente dans des petites exploitations de

moins de 0,5 carreau (1 carreau = 1,29 ha) (Doura, 2001. Tome 1. p. 67). On estime à

600 000, le nombre de paysans haïtiens, qui n`ont pas accès à la terre (Louidor. Janvier

2007). En effet, en 2007, il y avait environ 1 million d’exploitations agricoles en Haïti,

mais leur taille moyenne n`est que de 1,5 hectare (PNIA. 2010). Laraque a souligné le

phénomène d`atomisation de la terre en Haïti. Les portions parcellaires de 1,29 ha ou

moins, qui étaient de l ordre de 39 % en 1950, ont atteint 71 % en 1971 ; et 45 % des

parcelles étaient d`une taille inférieure à 0,3 ha (Laraque. 1987. p.22). Compte tenu de la

croissance démographique rapide en Haïti, de la situation d`appauvrissement de la

population et des règles de succession de la famille élargie sur la tenure en zone rurale, on

est porté facilement à croire que le pourcentage de fermes de moins de 0,3 ha, rapporté

par Laraque, est sans doute en croissance. Ainsi, l'accès aux terres agricoles est un critère

important de classification des pauvres ruraux qui permet de distinguer les cultivateurs,

qui ont accès à la terre en tant que petits propriétaires ou fermiers, des non-cultivateurs ou

travailleurs sans terre, non qualifiés (Jules. 2006).

TTaabbll eeaauu 11..22 TTeerrrreess aarraabbll eess eenn %% ddeess tteerrrreess eett tteerrrreess aaggrrii ccooll eess eenn %% ddeess

tteerrrreess aarraabbll eess,, HHaaïï ttii ,, ddee 11996611 àà 22000000

Années Terres arables en % Terres agricoles en % 1961 32,7 60,2

1970 32,7 61,8 1980 28,3 58,0

1990 28,3 57,9 2000 28,3 57,7

Source : Perspective Monde- Université de Sherbrooke, La Banque Mondiale,

http://perspective.usherbrooke.ca/bilan/servlet/BMTendanceStatPays?codeTheme

Généralement, ceux qui exploitent la terre ne sont pas légalement des propriétaires. Cela

pourrait ne pas constituer une entrave dans la mesure où les conditions de tenure étaient

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favorables à la rentabilité des investissements. Or, le mode de gestion est informel. Il

existe des reçus d'acquisition du terrain pour 19 % seulement des parcelles rurales

(Ibrahim. 12 mai 2010). Le Plan national d`investissement agricole de 2003 (PNIA. 2003)

relate que la tenure foncière est caractérisée par l absence de formalisation des

transactions foncières :

[…] Bien que le Code Civil stipule que l enregistrement des transactions foncières et des titres de

propriété doit être effectué, dans la plupart des cas, ni les transactions portant sur les acquisitions

foncières ni les changements de propriétaires à la suite d`héritage, ne sont respectés. Un tiers des

parcelles rurales d`Haïti ne sont pas enregistrées et 19 % ont seulement le reçu d`acquisition du

terrain comme preuve d`acquisition du terrain. Environ 75 % des contrats fonciers du pays

suivent les normes et les accords traditionnels.

LL`aaccccèèss àà ll`eeaauu dd’’iirrrriiggaattiioo nn

En 2000, la quasi-totalité de l eau douce du pays était affectée à l agriculture, soit 93,9 %.

L`industrie et les usages domestiques consomment respectivement 1,0 % et 5,1 %

(PNUD. 2006). Or, même avec cette utilisation maximale de l eau en agriculture, on

constate depuis 1994, une stagnation des superficies irriguées du pays. De 1994 à 2006, il

y a seulement 92 000 ha qui sont irrigués alors que le pays dispose d`un potentiel de

900 000 hectares de terres arables. En République Dominicaine, 223 000 hectares étaient

irrigués en 2004 (FAO. 2007). Toutefois, si la superficie aménagée en Haïti est de 92

000 hectares, il n`y en a que 80 000 qui sont effectivement irrigués au moyen de 250

systèmes d`irrigation (PNIA. 2007). Les principales causes de l inefficacité du système

d`irrigation sont la détérioration des infrastructures lors des cyclones périodiques, le

manque d`entretien et la mauvaise gestion, la faible implication des usagers, la

dégradation des bassins versants entraînant une augmentation du potentiel érosif des

crues et l insuffisance d`investissements.

S`il n`y a que 3,3 % des terres qui sont irrigués, les pauvres comptent presqu`entièrement

sur la pluie pour cultiver leurs parcelles. Durant la période 1971-1980, le pays recevait en

moyenne 1 407 mm de pluie annuellement contre 1 223 mm en 2002. On pourrait croire

que c`est une quantité d`eau suffisante pour le pays. Or, on observe une grande variabilité

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de régime pluviométrique sur l ensemble du territoire. En effet, la pluviométrie varie de

400 à 4 000 mm selon la région. Certaines régions sont largement déficitaires.

LL`aaccccèèss aauuxx oouuttiillss ,, eennggrraaiiss ,, ppeess ttiicciiddeess ee tt sseemmeenncceess

Le niveau de mécanisation de l agriculture haïtienne est extrêmement faible. Il existe 0,2

tracteur par 1 000 hectares de terre arable en 2006 (FAO. 2007). De fait, l outillage de

base généralement utilisé par les agriculteurs consiste en une machette, une houe, une

pioche et une pelle. Il y a environ 30 % des paysans haïtiens qui ne les possèdent même

pas et 30 % de ceux qui en ont, l ont acheté depuis 4 ans (Doura. 2001. p. 40). De l avis

de Marc, il faut entre 300 et 600 heures de travail à la houe pour préparer un hectare de

terre alors qu’une charrue permet de labourer cette même superficie 5 à 15 fois plus vite

et un tracteur 100 fois davantage (Marc. Mai 1997. p.16). Mazoyer souligne qu`un tiers

des agriculteurs des pays sous-développés sont encore munis d`un outillage rudimentaire,

privés de semences améliorées, d`engrais et de produits de traitement, mal dotés en terre

et mal situés. Par contre, les agriculteurs des pays développés bien équipés ont une

productivité brute jusqu`à 100 fois supérieures à celle des pays sous-développés

(Mazoyer. 2001. p.2). De telles situations compromettent les rendements et par le fait

même, les revenus et la sécurité alimentaire des ménages.

L`utilisation de produits phytosanitaires et de fertilisants par les agriculteurs haïtiens est

insignifiante par rapport aux autres régions de la Caraïbe. Seuls certains grands

agriculteurs, particulièrement de la Vallée de l Artibonite, principale région rizicole du

pays, et d`autres régions pratiquant le maraîchage, utilisent des fertilisants et des

pesticides. Toutefois, les quantités utilisées sont très faibles par rapport aux besoins

potentiels des plantes. De plus, les doses sont appliquées sans aucune analyse préalable

des sols. En outre, la production maraîchère est de plus en plus consommatrice d`engrais

et de produits phytosanitaires. On relate malheureusement un usage inapproprié des doses

et des types de pesticides, ce qui a sans doute un impact négatif sur l environnement et

très probablement sur la sécurité alimentaire.

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19

Les semences des cultures vivrières utilisées par les agriculteurs proviennent soit de leur

production ou sont achetées au marché rural. Or, les mauvaises conditions de

conservation, la dégénérescence du matériel génétique, le coût élevé à cause de la pénurie

au moment de la saison agricole ainsi que le manque de moyens financiers des

agriculteurs, limitent grandement les rendements agricoles obtenus en Haïti.

LL`aaccccèèss aauu ccrrééddiitt aaggrriiccoollee

L`offre de financement rural est assuré par le Bureau de Crédit agricole (BCA) créé en

1959. Cette institution représente le principal outil de financement du secteur agricole.

Cependant, le montant annuel des prêts à la production agricole accordé par la BCA est

estimé 15 millions de gourdes (375 000 US$) (MARNDR). Cette offre de crédit agricole

est insignifiante par rapport à la demande. De plus, ce ne sont pas les petits agriculteurs

qui ont accès à ces prêts. En plus du BCA, l offre de crédit en milieu rural est assurée

par les institutions de microfinance (IMF non-coopératifs). Cependant, seulement 90

millions de gourdes par année (2 250 000 US$), ce qui représente 20 % du portefeuille de

ces institutions, sont affectées au secteur agricole. Or, en 2008, les pertes de récolte

importantes occasionnant des difficultés de remboursement des agriculteurs, ont contraint

les institutions financières à ne plus intervenir sur le marché des prêts agricoles. Augustin

décrit en ces termes la microfinance haïtienne : «En fait, la microfinance pratiquée en Haïti

est faite sur une approche de rentabilité. Elle favorise certaines entreprises par rapport à d'autres.

Malheureusement, ce sont les plus pauvres des pauvres qui n'en bénéficient pas, contrairement à

la finalité première de cet instrument financier dont les vertus ont été mises en relief par la

Grameen Bank» (Augustin. 2008).

Ainsi, pour faire face à cette carence de crédit dans le milieu rural, particulièrement dans

le secteur agricole, les paysans ont généralement recours à trois formes traditionnelles de

crédit : l usure, les avances sur récolte et les prêts de semences. Les circonstances et les

conditions de ces types de crédit sont nettement désavantageuses pour les paysans.

Page 35: De la pauvreté multidimensionnelle des Femmes en Haïti ......i RÉSUUMMÉÉ Cette étude analyse la pauvreté multidimensionnelle des femmes en Haïti et l`impact d`un système d`activités

20

TTaabblleeaauu 11..33 FFoorrmmeess ttrraaddiittiioonnnnee lllleess ddee ccrrééddiitt,, HHaaïïttii

Forme Circonstances Conditions

Usure

Urgences (maladies et

mortalité)

Petit commerce

240 à 300 % ou 20-25 % par mois

Aucune garantie exigée formellement, cependant l usurier

prend sa décision à partir des avoirs du demandeur (propriété,

bétail, récolte potentielle)

Avances sur

récolte

Rentrée des classes

Urgences

Le capital est avancé en espèces mais le remboursement se

fait en nature sur la base d`un prix de 50 à 60 % inférieur au

prix du marché, d`où un taux propre d`intérêt de 150 à 200 %

pour une durée de trois mois.

Prêts de

semences

Besoin de semences

pour emblaver les

parcelles

Une marmite5 (5 livres) est avancée pour 2 à 3 marmites

livrées après 5 mois : 30 % par mois (soit 360 % l an)

Remboursement en nature

Source : Mission d`identification, VIII FED agricole, Haïti, 1998 : 5

11..33..11..22 LLaa pprroodduuccttiioonn aaggrriiccoollee

Les cultures vivrières, maïs, riz et sorgho, haricot ainsi que les tubercules, patate douce,

manioc et igname, sont les principales cultures du pays. Ces produits constituent la base

de l alimentation haïtienne. En 1970, la production nationale céréalière a connu un pic de

530 milliers de tonnes. Depuis, elle n`a fait que chuter jusqu`en 2000 où elle a cru, mais

sans atteindre le niveau antérieur. En 2001, la production céréalière du pays a chuté à

nouveau. Par contre, une légère croissance s`observe sans pour autant atteindre la

production de l année 2000. Cette situation a pour conséquence une croissance des

importations de céréales, particulièrement le riz et ce, au détriment des agriculteurs.

5 La marmite est une mesure de capacité utilisée sur l`étendue du territoire. On distingue la grande et la petite marmite.

La grande marmite, l`équivalent de 5 livres, est utilisée pour vendre presque tous les produits qu`ils soient agricoles,

alimentaires ou autres. La petite vaut 1 livre. http://www.haiti-reference.com/economie/mesures.html.

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21

GGrraapphhiiqquuee 11..88 PPrroodduuccttiioonn ccéérrééaalliièèrree ,, HHaaïïttii,, ddee 11996611 àà 22000088

Source : FAO, 2010

Environ 80 % du riz consommé est importé des États-Unis. En 2008, les importations

provenant des États-Unis (riz blanchi et riz décortiqué) ont atteint un volume total de

318 493 TM au coût de 237 millions US$ contre 16 200 tonnes en 1980 pour 6,8 millions

US$ (FAOSTAT, 2010). Ainsi, Haïti est devenu fortement dépendant du marché du riz

américain. Or, on sait que le prix à la production du riz aux États-Unis est nettement

inférieur à celui en Haïti. De plus, les producteurs américains sont fortement

subventionnés alors que ceux d`Haïti ne le sont pas, ce qui ne fait que plonger dans la

pauvreté les 130 000 producteurs de riz du pays, dont 90 000 dans la Vallée de

l'Artibonite (Agro Presse. Janvier 2009). Cette situation est due, en grande partie, aux

tarifs douaniers qui chutèrent de 35 % à 3 % en 1994-95.

0

100

200

300

400

500

600

19

61

19

70

19

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19

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01

20

02

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20

04

20

05

20

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20

08

TM e

n m

illie

rs

Maïs Riz sorgho Total

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22

GGrraapphhiiqquuee 11..99 IImmppoorrttaattiioonn ddee rriizz ddeess ÉÉttaattss --UUnniiss ((rriizz bbllaanncchhii ee tt ddééccoorrttiiqquuéé)),, HHaaïïttii,,

ddee 11996611 àà 22000088

Sources : FAO, 2010 et compilation de l auteure

LLeess rreennddeemmeennttss ffaaiibblleess

La situation décrite antérieurement a un impact direct sur les rendements obtenus. De fait,

en plus de stagner, les rendements sont très faibles. Les rendements en maïs restent

pratiquement en dessous de 1 000 kg/ha et ceux en riz ont du mal à dépasser le seuil de

2 000 kg/ha. Pourtant, des pays de la zone obtiennent des rendements supérieurs. Or, les

rendements en riz et en maïs du pays étaient supérieurs à ceux de Cuba au cours de la

décennie 1960-70, soit 1 718,1 kg/ha et 1036,3 kg/ha contre 923,8 et 1 379,3 kg/ha à

Cuba. Maintenant, ils sont inférieurs. En 2009, le rendement en maïs de Cuba est le

double de celui d`Haïti. Celui de riz de la République Dominicaine en 2008 est plus que

le double d`Haïti. Les rendements en tubercules, patate douce et manioc, puis en

arachides non décortiquées sont très faibles aussi par rapport à ceux d`autres pays de la

zone. Les graphiques 1.10, 1.11 et 1.12 illustrent ce fait.

Vu ces rendements aussi faibles et la taille des parcelles mises en valeur, les petits

paysans doivent avoir de réelles et graves difficultés à nourrir et faire vivre leurs familles,

tels qu`ils l ont exprimé dans l ECVH de 2001.

0

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100

150

200

250

300

350

400

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1961 1970 1980 1990 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008

K TM M US$ courant

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GGrraapphhiiqquuee 11..1100 RReennddeemmeenntt eenn mmaaïïss ,, ttrrooiiss ppaayyss ,, ddee 11996611 àà 22000099

Source : FAO, 2010

GGrraapphhiiqquuee 11..1111 RReennddeemmeenntt eenn rriizz,, ttrrooiiss ppaayyss ,, ddee 11996611 àà 22000099

Source : FAO, 2010

0

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1961 1970 1980 1990 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009

kg/h

a

Cuba Haïti Rép. Dominicaine

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1961 1970 1980 1990 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009

kg/h

a

Cuba Haïti Rép. Dominicaine

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GGrraapphhiiqquuee 11..1122 RReennddeemmeennttss mmooyyeennss ,, ddiivveerrss ppaayyss ,, eenn 22000099

Source : FAO, 2012

11..33..11..33 LLee ss aaccttiivviittéé ss aaggrroo--iinndduuss ttrriiee llllee ss ee tt llaa ddiiss ttrriibbuuttiioonn

LL’’aaccccèèss aauu mmaarrcchhéé dd`eexxppoorrttaattiioonn

Toutes les activités agro-industrielles concernent principalement la transformation des

fruits, du café, du cacao, de l arachide et du manioc. Les secteurs du café et du cacao sont

les secteurs traditionnels de transformation en Haïti. Toutefois, les exportations de café

vert qui se chiffraient à 24 979 tonnes en 1980 se sont réduites à 1 008 tonnes en 2008.

Les petits paysans, n`ayant plus d`impact sur le prix du café, ont quasiment abandonné la

production au profit des denrées vivrières. Un petit volume de café torréfié est exporté.

En 2003, il était de 14 tonnes. Puis, il a chuté à deux ou trois tonnes les années suivantes

(FAO. 2010).

C`est la filière de la mangue qui est en train de se développer. Selon les sources

consultées, la filière mangue semble se substituer à la filière café. Le marché de la

Floride (USA) est très favorable non seulement à cause de sa proximité avec Haïti, mais

surtout à cause de la population importante d`immigrants haïtiens. La production de

mangues en Haïti oscille entre 200 000 à 400 000 tonnes métriques par an. Ainsi, les

exportations de mangues sont passées de 47 tonnes en 1961 à 10 266 en 2006. De 1980 à

2008, l apport de cette filière à l'économie haïtienne est passé de 1,0 à 8,2 millions US$.

0

2

4

6

8

10

12

14

16

Brésil Cuba Haïti Rép. Dominicaine

TM/h

a

Arachides non décortiquées Manioc Haricots secs Patates douces

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Cependant, les petits paysans sans terre ne sont pas les principaux bénéficiaires de cette

filière. Vu l état de déforestation du pays, une politique de reboisement et

d`intensification de la production de mangues pourrait être une stratégie de réduction de

la pauvreté en Haïti.

La filière des huiles essentielles6 comporte 4 exportateurs et a connu un déclin au cours

des décennies 1990 et 2000. À partir de 2006, il semble qu`il y a une certaine relance des

exportations. On présente aux tableaux ci-dessous les exportations de ces produits en

tonnes métriques et en milliers US$. Notons que les exportations totales provenant de ce

secteur d'activités ont généré, en 2008, un revenu de 40,7 millions US$.

TTaabblleeaauu 11..44 EExxppoorrttaattiioonnss eenn ttoonnnneess mmééttrriiqquueess ,, HHaaïïttii,, ddee 11996611 àà 22000088 Produits 1961 1970 1980 1990 2000 2002 2004 2006 2007 2008

Bananes 153 396 0 0 0 0 2 0 0 0

Café vert 16 658 16 187 24 979 9 400 4 800 2 426 1 882 1 246 1 246 1 008

Café torréfié N N N N 8 9 3 2 2 14

Fèves de cacao 878 1 697 2 337 900 3 300 4 237 3 653 3 917 3 834 5 231

Huiles essentielles 166 206 242 50 90 115 106 123 126 127

Mangues 47 397 3 229 8 000 10 200 8 380 8 065 10 266 8 408 8 208

Boissons * 29 108 108 140 140 149 205 208 190 279

* : Boissons alcoolisées distillées N : Donnée non disponible

Source : FAO, 2010

TTaabblleeaauu 11..55 EExxppoorrttaattiioonnss eenn mmiilllliieerrss UUSS$$,, HHaaïïttii,, ddee 11996611 àà 22000088 Produits 1961 1970 1980 1990 2000 2002 2004 2006 2007 2008

Bananes 9 34 14 0 0 0 1 0 0 0

Café vert 12 119 15 241 90 876 15 350 9 600 3 094 3 296 3 632 3 206 3 042

Café torréfié N N N N 47 44 8 9 7 59

Fèves de cacao 365 1 067 4 524 1 850 2 600 5 029 4 476 4 631 5 758 10 143

Huiles essentielles 1 474 2 658 5 806 2 180 4 700 4 931 7 975 11 115 15 478 18 487

Mangues 4 83 1 060 4 800 9 800 4 910 6 690 7 722 6 652 7 325

Boissons * 30 64 265 500 700 682 992 1 099 1 083 1 605

* : Boissons alcoolisées distillées N : Donnée non disponible

Source : FAO, 2010

LL’’aaccccèèss aauu mmaarrcchhéé llooccaall

La filière des produits agro-alimentaires pour le marché local (café, confiture, beurre

d`arachide) regroupe cinq ou six industriels formels.

On a pu observer durant les dix à quinze dernières années, l émergence de coopératives et

de réseaux de coopératives de producteurs de café, la fédération des associations caféières

6 Les huiles essentielles en Haïti sont les huiles de vétiver, d`amyris, de limette et de bigarade. http://www.unctad.org/trade_env/test1/meetings/haiti/MARCHE%20INTERNATIONAL%20DES%20HUILES%20ES

SENTIELLES%20ET%20POSITIONNEMENT%20D%92HAITIrev.pdf

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natives (FACN) et le réseau des coopératives caféières de la région du nord

(RECOCARNO) qui exportent le café vert sur le marché mondial du marché équitable.

D`autres initiatives émergent, telles des associations d`éleveurs, des coopératives de

femmes qui sont impliquées dans la transformation de fruits frais et de beurre d`arachide,

mais particulièrement pour le marché local. Ces initiatives naissantes sont, pour la

plupart, à l état artisanal et gérées par des membres ayant très peu de formation en

gestion des micro-entreprises et en fonctionnement des marchés. Cependant, les sources

consultées ne permettent pas de connaître exactement la taille de ces micro-entreprises,

leur production totale, leur chiffre d`affaires, les coûts de production et les marges de

bénéfices réalisés.

Malheureusement, le secteur agroalimentaire qui pourrait constituer un atout pour le

relèvement de l économie nationale fait face à un certain nombre de contraintes tant pour

le marché local que pour celui d`exportation: le très mauvais état des routes, les

infrastructures portuaires désuètes et coûteuses, l alimentation énergétique déficiente et

coûteuse, le caractère aléatoire de l offre agricole du pays, la difficulté d`assurer un

approvisionnement régulier, l absence de normes de standardisation et de systèmes de

contrôle de qualité, l absence d`accès à des informations fiables sur les prix et les

marchés, le manque voire l absence de contrôle des producteurs sur les prix des produits

récoltés, les prix élevés des matériaux de conditionnement et d`emballage importés et la

faible compétitivité des productions locales par rapport aux produits provenant des

marchés étrangers, notamment de la République Dominicaine et des États-Unis.

LLaa ccoommmmeerrcciiaalliissaattiioonn ddeess pprroodduuiittss vviivvrriieerrss ,, ffrruuiittss ee tt lléégguummeess

Il est quelque chose de particulier en Haïti que la littérature fait émerger depuis plusieurs

décennies jusqu`à nos jours: l'ampleur, l'omniprésence et la dominance de la femme

haïtienne dans la commercialisation interne des produits agricoles. Ces femmes sont

appelées «Madan Sara». Celle-ci est une revendeuse détaillante, un personnage central

qui assure la commercialisation de la quasi-totalité de la production agricole du pays,

fruits et légumes ainsi que produits vivriers. Le commerce intérieur des vivres est affaire

de femmes. Cette activité est la principale source de revenus des femmes de milieux

ruraux aussi bien qu’urbains.

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27

En fait, il s’agit d’un circuit très complexe qui part de la collecte en milieu rural pour se

terminer dans tous les recoins des villes du pays. La marge de profit atteindrait près de

25 % à 35 % de la valeur des produits et le prix perçu par le producteur pourrait se situer

entre 35 % et 75 % du prix payé par le consommateur (Doura, F. 2001.Tome 2. p. 72). En

1991, la répartition du revenu de la commercialisation des produits vivriers entre les

différents intermédiaires était estimée ainsi : Dépôt : 1 %, Camion : 5-7 % ; Madan Sara :

25-35 % ; Producteurs : 55-75 % en considérant que la «Madan Sara» assure les frais de

transport et d’entreposage ainsi que d’autres coûts versés à d’autres intermédiaires tout au

long du circuit (Paysans, Systèmes et Crise. Tome 2. 1993. p. 123). Ainsi, le circuit de

commercialisation peut être schématisé comme suit :

FFiigguurree 11..22 RReepprréésseennttaattiioonn sscchhéémmaattiiqquuee dduu cciirrccuuiitt ddee ccoommmmeerrcciiaalliissaattiioonn ddeess

pprroodduuiittss vviivvrriieerrss ,, ffrruuiittss ee tt lléégguummeess ,, HHaaïïttii

Cette fonction de commercialisation et de distribution des produits vivriers, n’étant pas

sous le contrôle de l’oligarchie foncière et agro-exportatrice comme pour les denrées

traditionnelles d’exportation telles le café et le cacao, pourrait s’assimiler à une forme

d’autonomie de la paysannerie haïtienne et à un élément dynamique de survie de celle-ci.

Cependant, le système fait face à une contrainte majeure, les mauvaises conditions de

transport et de conditionnement qui occasionnent des pertes considérables, car les

produits sont transportés en vrac ou dans des paniers d’osier ne garantissant aucune

protection dans les camions. Les pertes peuvent être totales dans le cas des fruits et

CCoonnss oommmmaattee uurr

MMAADDAANN SS AARRAA CCoonnss oommmmaatteeuurr GGrrooss ss iiss ttee

PPRROO DDUUCCTTEEUURR

DDééttaaii ll llaannt GGrrooss ss iiss ttee

CCoonnss oommmmaatteeuurr

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légumes qui sont, comme nous le savons, des produits très périssables. Ces contraintes

évoquées ainsi que les frais élevés du transport et les nombreux intermédiaires

contribuent à la hausse des prix des denrées alimentaires dans les zones urbaines et les

grandes villes.

Un soutien à cette activité, non seulement en financement des investissements mais

surtout en termes d`organisation du marché incluant le transport et l entreposage, pourrait

être une stratégie efficace de lutte contre la pauvreté en Haïti par la réduction des pertes.

Les femmes du secteur méritent d`être entendues sur le sujet.

11..33..11..44 LL’’éé llee vvaaggee

En milieu rural haïtien, l’élevage est une activité associée à l’agriculture et il y joue

essentiellement un rôle d`épargne. Les élevages caprin et de volaille sont prédominants.

Depuis l’éradication de la peste porcine africaine dans le pays en 1983, l’élevage porcin a

cessé de jouer son rôle d`épargne dans l économie paysanne. Les espèces actuelles sont

jugées très exigeantes et moins rustiques par les paysans. Ainsi, il y a environ un million

de petites exploitations agricoles familiales en Haïti dont 80 % de ces exploitations

élèvent un total de quatre millions de volailles, 65 % des exploitations élèvent des

chèvres (2,5 millions de caprins), 55 % élèvent du gros bétail (1,5 million de bovins dont

environ 45 % de vaches adultes) et 35 % détiennent au total près d`un million de porcs

(PNIA/MARNDR. Mars 2010). Enfin, l’élevage des ânes, des mules et des chevaux

fournit aujourd’hui encore le principal moyen de transport des produits agricoles en

milieu rural puisque les voies routières sont soit inexistantes ou en très mauvais état.

Cette production satisfait à plus de 90 % la demande nationale en volailles, qualifiées de

rustiques, en viande de petits ruminants et de bœuf, et permet l’exportation annuelle de

cinquante mille caprins (2 millions US$) vers la République Dominicaine, en plus des

bovins et des volailles rustiques (PNIA/MARNDR. Mars 2010). La production ne peut,

par contre, satisfaire la demande nationale en produits laitiers, en œufs et en découpes de

viande de volaille industrielle. Les importations d’œufs de la République Dominicaine et

des découpes de moindre qualité (ailes, pattes, cuisses, gésiers) de volailles, puis des

pattes et queues de porcs de la Floride (USA) sont importantes.

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29

TTaabblleeaauu 11..66 IImmppoorrttaattiioonnss ddee pprroodduuiittss aaggrriiccoolleess ,, HHaaïïttii,, mmiilllliieerrss ddee UUSS$$,, ddee 11996611 àà

22000088

Produits 1961 1970 1980 1990 2005 2008

Œufs en coquille 0 2 113 160 230 619

Volaille 0 2 117 80 16 080 26 541

Porc 17 8 77 500 2 151 4 054

Source : FAOSTAT. 2010

Malgré son rôle d’épargne et les opportunités qu’il offre, l’élevage fait face à de

nombreuses contraintes telles la faible disponibilité en fourrages, en intrants, l’accès

limité aux soins vétérinaires, aux crédits, etc. À ces difficultés, il faut ajouter la

consanguinité et les prix élevés des aliments concentrés importés de la République

Dominicaine pour les élevages porcins et avicoles. De même, les maladies parasitaires et

les zoonoses telles la rage et le charbon bactéridien présents dans le pays depuis plusieurs

décennies provoquent des pertes considérables et constituent un danger pour la santé

humaine.

11..33..11..55 LLaa ppêê cchhee ee tt ll’’aaqquuaaccuullttuurree

Avec ses 1 535 km de côte, la pêche génère des revenus, mais très faibles, à ceux qui la

pratiquent. Le secteur est composé de 50 000 petits pêcheurs et pisciculteurs qui

produisent environ 16 000 tonnes de poissons annuellement, dont seulement

400 tonnes/an à partir de l’aquaculture. La production totale de poissons est estimée à

30 millions US$. Les principales espèces sont les langoustes, les crevettes, les crabes, le

lambi et les poissons. Le pays importe annuellement environ 12 000 tonnes de poissons

d’une valeur de 10 millions US$. La consommation annuelle per capita de poisson est de

2,5 kg. Elle est très faible par rapport à celle de la Jamaïque, soit 17 kg.

Le nombre annuel de pêches est de 150 par canot et la production journalière moyenne

est de quatre kilogrammes. Généralement, il y a deux pêcheurs par canot. Le prix moyen

à la plage au débarquement est de 2 US$ par kg. Ainsi, les revenus annuels par canot

seraient de 1 200 US$. Ils sont répartis entre le propriétaire du canot (33 %), le

propriétaire des engins de pêche (33 %) et l’équipage (33 %). Il existe très peu

d’association de pêcheurs (PNIA. Annexe 4). Dans la majorité des cas, les pêcheurs ne

sont pas propriétaires des canaux et des filets. Comparativement à la Jamaïque, Cuba, la

République Dominicaine, les Bahamas et d’autres Iles de la Caraïbe, la pêche est loin

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d’être pleinement exploitée en Haïti. Les deux principales contraintes sont les types et la

taille des embarcations. Les petits canots à voile empêchent l’exploitation des ressources

éloignées des côtes. Le manque d’infrastructures pour la commercialisation,

particulièrement l’électricité, la pollution par les boues et les matières plastiques (sachets

d’eau et bouteilles d’eau et de jus) sont aussi une entrave au secteur.

11..33..11..66 LLee ss ee cctteeuurr iinnffoorrmmee ll

En milieu rural haïtien, après l agriculture, c`est le secteur informel qui est le principal

pourvoyeur d`emploi. À bien observer, il s’agit plutôt d’une situation de sous-emploi de

la population, comme c’est le cas dans les pays où les revenus sont très faibles et où il n’y

a pas de système de protection sociale. Les différentes formes de chômage en Haïti

équivalent à un taux de chômage ouvert de 55 à 60 % de la population active (CEPALC.

Août 2005). En réalité, ce n`est pas tant l informel qui est un phénomène nouveau en

Haïti, mais bien sa prédominance à travers tout le pays, en milieu rural aussi bien

qu’urbain.

L’emploi informel est fortement associé aux femmes. Ces dernières comptaient pour

61,8 % de l effectif par rapport à 38,2 % pour les hommes en 1997 (Lamaute-Brisson,

2001). Les facteurs qui contribuent à l émergence et à la prédominance des activités

informelles en Haïti sont l affaiblissement de l État et l échec des politiques publiques de

développement, la croissance démographique et l exode rural qui ont amené des formes

nouvelles de relations sociales et de recomposition de l espace. Les facteurs

macroéconomiques et politiques expliquent le développement anarchique du secteur

(Lucien, 29 novembre 2008).

Il s`avère nécessaire de souligner quatre éléments qui, à notre avis, semblent constituer

une nouveauté dans le secteur informel en Haïti.

1) L`absence de local pour exercer l activité économique. Environ 32,2 % des agents du

secteur informel étaient localisés sur la voie publique et 46,6 % à domicile ; 9,5 %

chez les clients et 4,9 % dans les marchés publics. Ces types de localisation montrent

de manière claire la précarité de l informel. Les rues, les places publiques et tout

espace inoccupé deviennent des marchés bruyants et insalubres, vu la défaillance des

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services de ramassage des ordures et la croissance exponentielle des vendeurs et

acheteurs.

2) La dominance commerciale. Le commerce de détail et la restauration en plein air sur

le trottoir dominent la sphère commerciale. En 1997, le commerce et la restauration

composaient 57,6 % de l informel (Lamaute-Brisson. 2001). La littérature sur le

secteur informel du pays relate que le fonds de démarrage des petits commerces peut

provenir du financement endogène, soit exogène ou des deux à la fois. Mais il

convient de mentionner que ces fonds sont généralement très faibles. Ils peuvent être

de moins de 250 gourdes (6,25 US$). Le financement endogène peut ainsi découler de

la solidarité des membres de la famille en Haïti ou à l’étranger (USA, Canada, les

Bahamas, etc.) sous forme de dons ou de prêts ; de l épargne personnelle, jeux de

hasard, vente d’un animal, etc. Le financement exogène résulte de diverses sources,

excluant les banques commerciales. Il regroupe surtout les tontines (Sol, Sabotay), les

usuriers et les prêteurs sur gage, les caisses populaires, les Mutuelles de solidarité et

le Crédit-fournisseur.

3) La nature et l origine des produits commercialisés. La majorité des produits

commercialisés ne sont pas produits en Haïti. Ils sont importés soit des États-Unis, de

la Chine et de la République Dominicaine. Ce sont des denrées alimentaires, riz,

haricot, huile, œufs, etc. et des vêtements et des chaussures usés provenant des États-

Unis ou à l état neuf confectionnés en Chine, à Panama ou à Curaçao, des jouets ou

des articles électroménagers fabriqués en Chine. Ces produits contribuent grandement

à affaiblir l économie nationale car ils se vendent à des prix inférieurs à ceux produits

localement et dans la plupart des cas, ils sont soit subventionnés ou fabriqués à des

coûts plus bas. Ainsi, de même que le riz importé a détruit la riziculture haïtienne, les

vêtements et chaussures usagés des États-Unis et ceux neufs de la Chine, ont

contribué à appauvrir les petits cordonniers, les tailleurs et couturières du pays.

4) Finalement, vient la question des faibles revenus. L`informel se caractérise par une

très forte concentration dans les tranches de revenu assez proches du salaire minimum

légal de 36 gourdes en 1997. (Lamaute-Brisson. 2001. p. 66). Cependant, vu la hausse

du dollar et le déclin de l économie, une bonne tranche des agents économiques de

l informel ont des revenus très au-dessous du salaire minimum actuel de 150 gourdes.

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En définitive, le monde rural notamment les femmes, semble être abandonné à son sort et

il est de plus en plus vulnérable à la pauvreté. L’agriculture ne lui permet pas de vivre. Le

secteur tertiaire dominé par l informel qui se développe de plus en plus en Haïti

parviendra-t-il, à faire reculer la pauvreté en Haïti ? N`est-il pas avant tout une simple

stratégie de survie de la population ? Les agents de l informel ne sont-ils pas des

victimes d`un système socio-économique qui n`a pas su promouvoir des conditions

favorables au développement du pays et mettre en place des politiques adéquates et

égalitaires d`éducation, de santé, de création d`emplois, etc. ?

Page 48: De la pauvreté multidimensionnelle des Femmes en Haïti ......i RÉSUUMMÉÉ Cette étude analyse la pauvreté multidimensionnelle des femmes en Haïti et l`impact d`un système d`activités

33

CCHHAAPPIITTRREE IIII.. OORRGGAANNIISSAATTIIOONN DDUU SSYYSSTTÈÈMMEE DD`AACCTTIIVVIITTÉÉSS DDEESS FFEEMMMMEESS

KKOOFFAAVVAACC

22..11 LLAA DDEESSCCRRIIPPTTIIOONN DDUU SSYYSSTTÈÈMMEE KKOOFFAAVVAACC

Cette partie de l étude présente une description de la stratégie KOFAVAC nécessaire à

l’analyse de son impact sur les conditions de vie de ses membres.

22..11..11 LL`oorriiggiinnee ee tt ll`oobbjjeeccttiiff ddee KKOOFFAAVVAACC

KOFAVAC est une organisation associative née en 2004 qui avait réuni une vingtaine de

femmes. Un an plus tard, le nombre de femmes est passé à 42. Actuellement, elles sont au

nombre de 38. Il ne s`agit pas d`un mouvement mis en œuvre au bénéfice des femmes,

mais plutôt d`une organisation solidaire créée par et avec les femmes elles-mêmes. Ainsi,

les femmes en sont partie prenante. Le mouvement associatif baptisé KOFAVAC7

(Konbit Fanm Vanyan Chansòl), est mis en place dans le but de rechercher avec ces

femmes quelles sont les actions qu`elles pourraient entreprendre ensemble compte tenu

des atouts dont elles disposent, ceux la région et des contraintes auxquelles elles font

face. Les contraintes sont à la fois d`ordre socio-économiques et culturels. Elles

concernent aussi bien l environnement interne qu`externe. L`organisation vise surtout

l implication à la fois personnelle et collective dans la recherche et la mise en œuvre de

stratégies appropriées aux problèmes confrontés. Ces problèmes ne sont pas uniquement

d`ordre économique. Ils regroupent les difficultés d`ordre humain, social, religieux,

culturel et évidemment économique.

22..11..22 LLeess pprriinncciippeess ffoonnddaatteeuurrss ddee KKOOFFAAVVAACC

Ce mouvement de solidarité s`enracine dans des principes fondamentaux que les femmes

ont elles-mêmes privilégiés et ont du même coup tenu de respecter. Il repose aussi sur des

valeurs qu`elles considèrent essentielles dans leur propre culture, leur vie et la vie

communautaire ou associative. L`appartenance à la mutuelle de solidarité ne dépend pas

de la contribution monétaire apportée mais fondamentalement de la participation

physique et active à toutes les activités du groupe. Aucune cotisation monétaire n`a été

7 Le sens de KOFAVAC en français est organisation associative et solidaire des femmes vaillantes de Chansolme.

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demandée. L`appartenance au corps par sa présence régulière et active aux activités est la

seule exigée. Ainsi, un temps important est accordé lors des rencontres au renforcement

et à la consolidation de ces éléments importants que sont la solidarité et l entraide, la

participation, le respect de soi, des autres et des règles, le sens d`appartenance à un corps,

l honnêteté et l intégrité, la justice, la bonne gestion du bien commun, la distribution

équitable des richesses entre les membres, le respect de l environnement, le respect des

connaissances et des expériences des membres, etc. Cette démarche privilégiée est un

processus d`intégration et d`appropriation d`un autre mode d`organisation sociale et

économique locale, condition indispensable à sa survie.

22..11..33 LLeess ddeeuuxx ppiilliieerrss dd`aaccttiivviittééss ééccoonnoommiiqquueess ddee KKOOFFAAVVAACC

Deux principales activités en vue de renforcer le revenu des femmes sont menées au sein

de KOFAVAC. D`abord, il y a l activité de transformation et de commercialisation

denrées agricoles. Les principaux produits de KOFAVAC sont le beurre d`arachide, des

confitures et des gelées de fruits vu l abondance de fruits dans la région et la production

d`arachide à Chansolme. Cette activité leur permet d`obtenir un bénéfice réparti

équitablement entre elles. Un local a été construit mais est inachevé.

Le système épargne/crédit est la seconde activité. Des prêts sont accordés aux femmes

pour démarrer ou renforcer le petit commerce. Le montant des prêts est généralement de

2 500 gourdes, mais peut augmenter dépendamment de la capacité de remboursement de

a femme vérifiée par la régularité. La durée du prêt est de 5 mois. Cependant, à chaque

remboursement mensuel, les femmes sont incitées à épargner un montant variant de 25 à

100 gourdes, dépendamment de la situation de chacune. Ainsi, même s`il n`existe aucun

intérêt sur le prêt, ce montant à épargner est obligatoire à chaque remboursement. Le

bénéfice de la production de beurre d`arachide et autres ainsi que ces montants mensuels

constituent une épargne pour chacune des femmes.

22..22 LL`OORRGGAANNIISSAATTIIOONN DDEESS AACCTTIIVVIITTÉÉSS

22..22..11 LLaa pprroodduuccttiioonn

Les femmes sont réparties dans deux groupes de travail. L`un travaille le mercredi et

l autre, le jeudi. Ainsi, elles travaillent un jour par semaine. Différentes équipes sont

Page 50: De la pauvreté multidimensionnelle des Femmes en Haïti ......i RÉSUUMMÉÉ Cette étude analyse la pauvreté multidimensionnelle des femmes en Haïti et l`impact d`un système d`activités

35

constituées pour l achat des matières premières, la présence des membres et d`autres

activités liées à la production. L`une des personnes appuyant KOFAVAC joue le rôle de

trésorière.

22..22..22 LLee ccrrééddiitt//ééppaarrggnnee

Au terme de chaque campagne de production, généralement il y en a deux, l une des

personnes qui appuient les femmes (PA) effectue le contrôle en tenant compte des

dépenses effectuées qui sont comptabilisées. Le bénéfice réparti équitablement va

constituer l épargne de chacune. Pour ce qui est des prêts, aucune garantie n`est exigée et

toutes les femmes y ont accès. Le remboursement des prêts s`effectue tous les mois, mais

dépend de la disponibilité de la PA. Celles qui ne parviennent pas à rembourser sont

déclarées défaillantes, mais continuent de faire partie de KOFAVAC en participant aux

activités de production qui leur permettent d`obtenir le même bénéfice que les autres.

Toutefois, elles n`ont plus accès au crédit. Les retraits s`effectuent soit le jour du contrôle

de la production, du remboursement ou d`un nouveau prêt ou un autre jour en cas de

besoin.

Dans un tel contexte, comment dégager les déterminants de la pauvreté chez ces femmes

et comment est-ce qu’elles appréhendent et expriment leurs situations de pauvreté ? Quel

est l’impact de la stratégie KOFAVAC sur leurs conditions de vie ? Pour tenter de

répondre à ces questions soulevées, l’étude se fixe les objectifs suivants :

22..33 LL`OOBB JJEECCTTIIFF GGÉÉNNÉÉRRAALL

Analyser la pauvreté multidimensionnelle des femmes de KOFAVAC

22..33..11 LLeess oobbjjeeccttiiffss ssppéécciiffiiqquueess

Identifier les déterminants de la pauvreté chez ce groupe de femmes et évaluer

leur niveau de pauvreté multidimensionnelle

Examiner leurs perceptions sur la pauvreté, leurs conditions de vie et sur les

stratégies de lutte contre la pauvreté

Analyser l’impact du système d`activités KOFAVAC sur l’amélioration de leurs

conditions de vie.

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36

CCHHAAPPIITTRREE IIIIII.. PPAAUUVVRREETTÉÉ :: llee ccoonncceepptt,, llee ss ddéé tteerrmmiinnaannttss ee tt llee ss ss ttrraattééggiieess ddee lluuttttee

33..11 IINNTTRROODDUUCCTTIIOONN

Pour lutter contre la pauvreté et améliorer les conditions de vie des pauvres, il est

nécessaire avant tout de comprendre et à mieux cerner ce qu`est la pauvreté. En effet, ce

concept qu`est la pauvreté est appréhendé de différentes manières. Ainsi, dans cette

section du mémoire, nous nous sommes penchées sur les principales approches de la

pauvreté qui nous aideront à mieux saisir quels sont les aspects et les dimensions à retenir

en vue de caractériser adéquatement les ménages KOFAVAC. Étant donné qu`au cours

de ces vingt dernières années, un certain nombre d`études en Haïti et dans plusieurs pays

du sud ont été effectuées de manière à repérer les différents facteurs pouvant influer sur la

pauvreté de diverses catégories d`une population donnée, nous allons passer en revue ces

recherches capables de nous orienter dans le choix et la détermination des indicateurs à

retenir dans le cadre de notre étude. Or, étudier la pauvreté ne consiste pas uniquement à

présenter leur portrait socio-économique mais aussi et surtout à rechercher dans quelle

mesure cette connaissance peut conduire à trouver les stratégies les mieux appropriées et

les plus efficaces capables de les aider à améliorer leurs conditions de vie pour sortir de la

pauvreté.

Aussi, dans ce chapitre nous avons exposé quelques stratégies de lutte contre ce fléau en

Haïti et dans d`autres pays du sud au cours des deux dernières décennies. La stratégie

KOFAVAC ne figure pas dans ce chapitre car elle est déjà présentée au deuxième

chapitre du mémoire. La liste de stratégies présentée n`est pas exhaustive dans la mesure

où notre étude ne porte pas sur une analyse des stratégies de lutte contre la pauvreté en

Haïti. Ces trois dimensions, à savoir le concept, les déterminants et les stratégies ainsi

que les liens existant entre eux, forment le cadre conceptuel de l étude sur lequel nous

nous sommes appuyées pour atteindre les objectifs spécifiques de l étude présentés au

second chapitre du mémoire.

Page 52: De la pauvreté multidimensionnelle des Femmes en Haïti ......i RÉSUUMMÉÉ Cette étude analyse la pauvreté multidimensionnelle des femmes en Haïti et l`impact d`un système d`activités

37

33..22 LLEE CCOONNCCEEPPTT ««PPAAUUVVRREETTÉÉ»»

L`absence ou l insuffisance de revenu, la famine, la sous-nutrition, l’inaccessibilité à

l eau potable et aux soins de santé, l analphabétisme, la privation des droits civiques et

politiques, la faiblesse des liens sociaux, etc. de plus d`un milliard de personnes dans le

monde et particulièrement dans les pays du Sud, interpellent chercheurs, économistes,

gouvernements, organismes nationaux et internationaux. Tous s`accordent pour dire qu`il

s`agit d`une situation de pauvreté. Toutefois, une certaine difficulté demeure, celle

d`identifier la personne pauvre ainsi que les mesures concrètes et efficaces capables de

l’aider à s’en sortir puisqu`il n`y a pas unanimité concernant la ou les dimensions à

prendre en compte pour considérer si elle l est ou ne l est pas.

33..22..11 LLaa ddiimmeennss iioonn ééccoonnoommiiqquuee ddee llaa ppaauuvvrree ttéé

Les différentes approches de la dimension économique de la pauvreté peuvent être

regroupées en deux grandes familles, à savoir l approche monétaire et celle non-

monétaire.

33..22..11..11 LL`aapppprroocchhee mmoonnéé ttaaiirree

L`approche monétaire ou utilitariste fut le fondement pendant des années de la mesure et

de l analyse de la pauvreté. L`utilitarisme est une approche «Welfarist», selon laquelle la

seule information pertinente pour évaluer le bien-être est celle fournie par l'ensemble des

fonctions d'utilité individuelles dont le bien-être est une fonction croissante (Fusco. 2005.

p. 21). Ainsi, la pauvreté monétaire résulte essentiellement d`un manque de revenus

monétaires et de ressources matérielles nécessaires pour satisfaire ses besoins (Vérez.

2007. p. 12 ; Destremau et Pierre. 2002. p. 42). Outre l insuffisance de revenu, souligne

Vérez, la pauvreté monétaire peut être encore liée à des conditions économiques et

sociales irréversibles : sans emploi, emploi précaire, revenus aléatoires, licenciement,

surendettement (Vérez. 2007. p. 15). De ce point de vue, la pauvreté touche un nouveau

groupe de travailleurs qui, quoiqu`ayant un emploi, ne gagnent pas un revenu adéquat

leur permettant de subvenir à leurs besoins essentiels.

Page 53: De la pauvreté multidimensionnelle des Femmes en Haïti ......i RÉSUUMMÉÉ Cette étude analyse la pauvreté multidimensionnelle des femmes en Haïti et l`impact d`un système d`activités

38

LLeess lliimmiitteess ddee ll`aapppprroocchhee

Cette approche, dont les instigateurs sont la Banque Mondiale et le Fonds Monétaire

International, continue d`exister et d`être la plus répandue dans la littérature. Pourtant,

elle fait l objet de plusieurs critiques. Certains contestent sa vision réductrice fondée sur

l’observation du niveau et de l’évolution du revenu par habitant, qui ne tient pas compte

de l’accès aux services sociaux et de l’impact des biens publics sur le bien-être (Sen

Amatya. 2003. p. 95 ; Bossert, Walter ; Satya R, Chakravarty et Conchita, D’Ambrosio.

2009). Destremau et Pierre soulignent qu`un indicateur défini à partir d`un certain niveau

de revenu surestime la pauvreté puisque dans les pays moins avancés, les revenus non-

monétaires importants de l autoconsommation ne sont toujours pris en compte

(Destremau et Pierre. 2002. p. 43). De plus, l indicateur donne une mesure incomplète de

la pauvreté en ne privilégiant que le marché alors qu`il peut exister des externalités

positives ou négatives produites par l État ou les industries qui ne sont pas prises en

compte (Destremau et Pierre. 2002. p. 43). Finalement, une augmentation du revenu ne se

traduit pas obligatoirement par une amélioration des conditions de vie et par un meilleur

accès aux services sociaux de base tels la santé, l éducation et l eau potable (Aho,

Larivière, et Martin. 1997. p. 14). Dans un autre ordre d`idée, Bertin et Leyle relatent

que le seul critère monétaire ne permet pas de capter l essentiel des privations dont sont

victimes les individus et les ménages, telles la précarité des parcours de vie, la

marginalité et l exclusion en termes de droits à la santé, à l éducation et à la propriété

foncière et qui peuvent contribuer à affecter leurs conditions de vie (Bertin et Leyle.

2007). Coudouel et ses collaborateurs rejoignent Bertin et Leyle en affirmant que la

pauvreté n'est pas seulement liée au manque de revenu ou à une insuffisance de

consommation, mais aussi à des performances insuffisantes en matière de santé,

d'alimentation et d'alphabétisation, à des déficiences de relations sociales, à l'insécurité, à

une faible estime de soi-même et à un sentiment d'impuissance (Coudouel et al. 2002.

p.7). De même, en termes de flux, l approche fait l objet de critiques importantes. Ainsi,

dans la mesure où les pauvres possèdent un patrimoine, un logement ou encore des

instruments de travail, ces derniers peuvent se révéler insuffisants pour satisfaire leurs

besoins. Dans ce cas, les pauvres peuvent être définis par leur «manque» de patrimoine

suffisant en termes de logement (logement insalubre), de santé, d`éducation (capital

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39

humain) pour accéder à certains emplois, et de capital pour investir dans une activité

économique (Destremau et Pierre. 2002. p. 44). Hourriez et Legris abondent dans le

même sens en disant que si le revenu disponible monétaire est nécessaire, l approche

conduit à ignorer un paramètre important qu`est le patrimoine. Ces auteurs lancent une

autre critique quant à l aspect temporaire du revenu évalué sur une base annuelle qui ne

permet pas de se rendre compte de la durabilité de la pauvreté (Hourriez et Legris. 1998.

p. 35).

Malgré ces limites, Vérez relate que l analyse de la pauvreté monétaire est encore utile

pour identifier le fossé entre la croissance et le développement, a fortiori si on mesure

simultanément la pauvreté humaine. Ainsi, l analyse de la pauvreté humaine est

nécessaire et complémentaire à celle de la pauvreté monétaire (Vérez. 2007. pp. 63 et 81).

33..22..11..22 LL`aapppprroocchhee nnoonn mmoonnéé ttaaiirree

L`approche non monétaire diffère de l approche «utilitariste» ou «welfariste» de la

pauvreté parce qu’elle met en lumière l’aspect multidimensionnel de la pauvreté. Elle est

perçue de deux manières, l approche des besoins de base et celle des «potentialités» ou

«capacités».

LL`aapppprroocchhee ssee lloonn lleess bbeessooiinnss eesssseennttiiee llss oouu ffoonnddaammeennttaauuxx

Selon cette école, ce n`est ni l utilité, ni les habiletés ou les capacités qui manquent. La

«chose» manquante dans la vie des pauvres est un ensemble de biens et services

spécifiquement identifiés et perçus comme rencontrant les besoins de base de tous les

êtres humains. Ils sont dits «de base» car leur satisfaction est considérée comme un

préalable à l'atteinte d'une certaine qualité de vie; ils ne sont pas perçus comme

contribuant nécessairement au bien-être (Asselin et Dauphin. 2000). Cependant, même

s’il n`y a pas consensus quant à la définition et à la détermination des «besoins

essentiels», citant tout de même Stewart, les besoins essentiels sont «les biens et services

minima à la réalisation d’une vie décente », et «les quantités minima de choses telles que la

nourriture, l’habillement, le logement, l’eau et les installations sanitaires qui sont nécessaires à la

prévention d’une mauvaise santé ou la malnutrition» (Stewart. 1995). Azoulay et Dillon

relatent que cette approche fait de la pauvreté un concept multidimensionnel qui exclut

Page 55: De la pauvreté multidimensionnelle des Femmes en Haïti ......i RÉSUUMMÉÉ Cette étude analyse la pauvreté multidimensionnelle des femmes en Haïti et l`impact d`un système d`activités

40

toute tentative de réduire le phénomène à la consommation totale d`un individu ou d`un

ménage (Azoulay et Dillon. 1993. p. 21).

LLeess lliimmiitteess ddee ll`aapppprroocchhee

La tendance à l homogénéisation des besoins de la part des pays capitalistes développés à

partir de leur propre histoire est une limite à l approche (Destremau et Pierre. 2002.

p. 71). Le manque de pédagogie par son approche dévalorisante qui pointe du doigt ce qui

manque, ce que les paysans ne savent pas faire en est une autre (Reconsidérer le

Développement-BC et IF - Janvier 2006). Le fait que la priorité soit accordée à la

satisfaction des besoins matériels avant ceux non quantifiables ou immatériels, comme

les besoins de spiritualité, les besoins psychologiques d`être heureux, d`être respecté et

reconnu et ceux de sécurité, etc. réduit l’approche (Bertin. 2000). Sen, quant à lui,

considère que l approche en termes de besoins essentiels fait du pauvre un simple

réceptacle de la provision des besoins essentiels (Sen. 2003). D`un autre point de vue,

l’approche ne permet pas de saisir si l absence d`un bien est une renonciation par

commodité ou par évolution des goûts, ou une privation involontaire (Vérez. 2007. p. 17).

LL`aapppprroocchhee ppaarr lleess ppootteennttiiaalliittééss oouu llee ss ccaappaacciittééss

Pour cette école dont le principal chef est Amartya Sen, «la chose» qui manque n’est ni

l’utilité, ni la satisfaction de besoins de base, mais les habiletés ou capacités humaines

(Asselin et Dauphin. 2000). Ainsi, est pauvre une personne qui n'a pas les capacités/le

pouvoir d'atteindre un ensemble de fonctionnements. De cette manière, l approche par les

capacités va au-delà de ce qu`implique le niveau de subsistance ou les besoins essentiels,

pour s`inscrire sans ambigüité dans le champ d`une réflexion sur la justice sociale,

l égalité et les inégalités (Destremau et Pierre 2002. p. 73). Ainsi, deux types d`espaces

sont considérés par cette approche : l espace des fonctionnements (fonctionnement

potentiels et capabilités) et celui des réalisations (fonctionnements accomplis). Les

fonctionnements pertinents peuvent varier de choses aussi élémentaires que d`être nourri

de façon adéquate, d`être en bonne santé, d`éviter les risques évitables de morbidité et de

mortalité prématurée, jusqu`à des réalisations plus complexes telles qu`être heureux,

avoir du respect pour soi-même, prendre part à la vie de la communauté, etc.

Page 56: De la pauvreté multidimensionnelle des Femmes en Haïti ......i RÉSUUMMÉÉ Cette étude analyse la pauvreté multidimensionnelle des femmes en Haïti et l`impact d`un système d`activités

41

LLeess ccrriittiiqquueess ddee ll`aapppprroocchhee

On note deux critiques majeures à l approche de Sen. D`abord, la question des inégalités

des fonctionnements qui n`est pas résolue par celui-ci car deux personnes possédant les

mêmes biens peuvent ne pas réaliser les mêmes fonctionnements, ni en quantité

équivalente vu que la conversion des biens en fonctionnements dépend aussi de facteurs

exogènes. Apparaît dès lors une inégalité dans les fins (fonctionnements) et non dans les

moyens (les biens essentiels). La seconde critique qui est de Stewart, mais cité par Bertin,

souligne une ambigüité lors de la mise en œuvre de l exercice de valorisation. Le choix

entre les deux alternatives, fonctionnements accomplis ou libertés de choix, dépend de

l exercice d`évaluation des situations (Bertin. 2006. pp. 11-12).

33..22..22 LLaa ddiimmeennss iioonn ssoocciiaallee ddee llaa ppaauuvvrree ttéé

Le PNUD est l instigateur de cette approche. Pour Totte, étant donné que les êtres

humains ne sont pas seulement des moyens de production, mais la justification ultime de

la croissance, les capacités humaines sont un moyen non seulement d`accroître la

production économique, mais aussi d`amener un développement et un changement social

(Totte. 2003. p. 59). Selon Vérez, la pauvreté sociale est perçue comme une

détérioration des liens qui attachent l individu à une communauté. Elle s`apparente à

l isolement subi (plus que désiré), à la solitude involontaire, à l exclusion et à la

marginalisation (Vérez. 2007. p. 16). Sous cet angle, la notion de «capital social» est au

centre de la dimension sociale de la pauvreté. Le «capital social», selon Putman, recouvre

tous les aspects de la vie collective, telle la participation, la confiance et la réciprocité qui

rendent la communauté plus productive mais aussi plus démocratique (Putman. 2000).

Ainsi, apparaît la nécessité de mesurer la distance qui peut séparer un individu isolé de la

société dans laquelle il vit, a fortiori si les mécanismes de solidarité et/ou de

redistribution des revenus sont limités ou inexistants (Vérez. 2007. p. 84).

33..22..33 LLaa ddiimmeennss iioonn ppoolliittiiqquuee ddee llaa ppaauuvvrree ttéé

La pauvreté politique résulte d`une privation des droits civiques et de l impossibilité

politique, syndicale, culturelle de défendre sa situation économique et sociale

(Marniesse.1999. p. 5). Toutefois, la vision de la pauvreté en termes d`exclusion est

Page 57: De la pauvreté multidimensionnelle des Femmes en Haïti ......i RÉSUUMMÉÉ Cette étude analyse la pauvreté multidimensionnelle des femmes en Haïti et l`impact d`un système d`activités

42

encore embryonnaire dans l analyse des situations de déprivation dans les pays du Sud

(Totte. 2003).

33..22..44 LL`aapppprroocchhee mmuullttiiddiimmeennss iioonnnnee llllee ddee llaa ppaauuvvrree ttéé

Se basant sur la complexité de la pauvreté, ces dernières années, plus d’un se mettent

d`accord pour prendre en compte différentes facettes et non une seule en vue de mieux la

comprendre et agir pour la réduire. Le Rapport 2010 du PNUD sur le développement

humain, écrit vingt ans après le premier, rappelle que tout comme le développement, la

pauvreté est multidimensionnelle et ne se limite pas à un revenu inadéquat. La mauvaise

santé et la mauvaise alimentation, le manque d’instruction et de compétences, les moyens

d’existence inadéquats, les mauvaises conditions de logement, l exclusion sociale et le

manque de participation sont autant de facettes à considérer. Le Rapport estime qu’un

tiers environ de la population de 104 pays, soit près de 1,75 milliard d’individus,

souffrent de pauvreté multidimensionnelle8. Malgré tout, les économistes n’ont pas

encore atteint un consensus sur les dimensions qui importent, ni sur la question de savoir

comment décider de celles qui importent (Bertin et Leyle. 2007).

33..22..55 LLaa ppaauuvvrree ttéé ssee lloonn ll`aapppprroocchhee ddeess iinnééggaalliittééss

La pauvreté est aussi approchée en termes d`inégalités. Le lien entre pauvreté et

inégalités monétaires est clairement démontré dans le cas monétaire (Destremau et

Salama. 2002. pp. 59-60). Vérez relate que si les notions de pauvreté et d’inégalités sont

différentes, elles n`en sont pas moins intimement liées. Ainsi, les disparités dans les

chances de vie qui déterminent les perspectives permettant d`échapper à la pauvreté et les

inégalités en matière de nutrition, de logement, d`éducation, de santé, des droits

politiques sont nombreuses (Vérez. 2007. p. 27). Sen y voit aussi un lien très fort, mais il

ne s`agit pas des inégalités en matière de revenus et des niveaux de consommation, mais

autant en matière des capacités à y accéder (Ibid. p. 27). De ces points de vue, on peut

associer aux trois manifestations de la pauvreté les mêmes formes d`inégalités, à savoir

l inégalité monétaire, l inégalité des conditions de vie et l inégalité des capacités

(Marniesse. 1999. p. 5). D`autres formes d`inégalités sociales et de pouvoir, telles celles

8 PNUD. Rapport 2010 sur le développement humain. pp. 112 et 115.

Page 58: De la pauvreté multidimensionnelle des Femmes en Haïti ......i RÉSUUMMÉÉ Cette étude analyse la pauvreté multidimensionnelle des femmes en Haïti et l`impact d`un système d`activités

43

de genre peuvent engendrer les premières et bien d`autres comme celles d`accès au

foncier, au crédit, etc. (Bourdet et al. 2010).

33..33 LLEESS DDÉÉTTEERRMMIINNAANNTTSS DDEE LLAA PPAAUUVVRREETTÉÉ

Depuis les rapports 2000 du PNUD et de la BM sur le développement humain, plusieurs

pays en développement ont réalisé des études sur les facteurs explicatifs de la pauvreté ou

qui ont une incidence sur celle-ci, autrement dit ses déterminants. Ces derniers tiennent

compte à la fois des facteurs économiques, démographiques et sociaux et sont obtenus à

partir de divers types d’enquêtes auprès des ménages. Il en ressort que la taille élevée des

ménages, le faible niveau d’instruction et le manque d’accès aux soins de santé, le fait de

vivre en milieu rural et tous les manques qui en découlent (faibles accès aux soins de

santé, à l eau potable et à l électricité, la dépendance à l agriculture peu rentable) sont des

dénominateurs communs d`après la littérature consultée. Le tableau suivant présente la

synthèse de ces déterminants.

TTaabblleeaauu 33..11 DDéétteerrmmiinnaannttss ddee llaa ppaauuvvrree ttéé ,, ddiivveerrss ppaayyss dduu SSuudd Pays Déterminants de la pauvreté Source

Amérique

Latine99

La non possession d’actifs aussi bien humains que matériels en

particulier la terre et la faible productivité de ces actifs - la

faible scolarisation et l’éducation de mauvaise qualité - la baisse

ou l’inexistence d’emploi non agricole pour la population rurale

- le manque de mobilité de la population rurale en raison du

faible degré de formation et même parfois des caractéristiques

ethniques et des barrières linguistiques - l’inaccessibilité aux

prestations et programmes sociaux

Mistiaen, Johan A. et

Alberto,Valdés. 2000. Pauvreté

rurale en Amérique Latine :

Tendances récentes et nouveaux

enjeux.

Burkina Faso

Le milieu rural - le faible niveau d’instruction du chef de

ménage - les ménages de chef polygame - la taille élevée du

ménage - le chef de ménage non salarié et inactif - les ménages

dont le chef est agriculteur et pratique surtout la culture du

coton - l’âge élevé du chef de ménage - le nombre élevé de

personnes par pièce - la non disponibilité d’électricité, de

charrue, d’animaux de traits et le faible accès à l’eau, aux soins

de santé et au marché des biens

PNUD-MÉD-Direction générale

de l’INSD-CNCS. Février 2005.

Analyse des déterminants de la

pauvreté dans la boucle du

Mouhoun.

9 Cette étude concerne ces pays suivants : Brésil, Chili, Colombie, El Salvador, Honduras, Nicaragua, Paraguay et

Pérou

Page 59: De la pauvreté multidimensionnelle des Femmes en Haïti ......i RÉSUUMMÉÉ Cette étude analyse la pauvreté multidimensionnelle des femmes en Haïti et l`impact d`un système d`activités

44

Pays Déterminants de la pauvreté Source

Inde

La malnutrition des enfants et des adultes - l’appartenance à une

caste inférieure ou pauvre (les intouchables) - les ouvriers

agricoles sans terre (les ménages dans les zones rurales dont les

chefs sont des salariés sans terre constituaient 30 % de tous les

ménages pauvres) - les travailleurs occasionnels - la taille

réduite des exploitations agricoles et la mauvaise qualité de la

terre (terre sèche non irriguée)

Radhakrishna, R. et al., 2007,

Estimation and determinants of

chronic poverty in India: an

alternative approach

Madagascar

Les ménages vivant de l’agriculture (revenus faibles de la

branche agricole) - les ménages sans niveau d’éducation et sans

qualifications - les salaires faibles (salariés des autres ménages

ou aides familiales) - La non fréquentation scolaire - les

ménages gérés par des femmes - la faible dotation en biens de

production (surtout les terres irriguées et la main d’œuvre

adulte) - le faible niveau de productivité de ces facteurs de

production

Dorosh, Paul et al., 1998.

Structure et facteurs

déterminants de la pauvreté à

Madagascar. Cornell Food and

Nutrition Policy Program -

Institut National de la

Statistique (INSTAT).

Mali Le milieu de vie du ménage (particulièrement le milieu rural) -

le sexe du chef de ménage (dans les campagnes, un chef de

ménage masculin a un niveau de vie de l’ordre de 53 %

supérieur à celui de son homologue féminin) - la charge

démographique (une personne supplémentaire accroît la

pauvreté) - l’analphabétisme ou la faible éducation du chef du

ménage (l’éducation du chef de ménage ou de la conjointe n’a

d’effet, en termes de réduction de la pauvreté, qu’ à partir du

secondaire) - les agriculteurs qui pratiquent la culture du coton

- la taille réduite des exploitations agricoles - l’inactivité du chef

du ménage (chômage) - le faible réseau social du ménage

Backiny-Yetna, Prospère et al.,

Septembre 2009, Tendances,

profil et déterminants de la

pauvreté au Mali de 2001 à

2006, Perspective Afrique, Vol.

1-3, Article 6, No. 4 : pp. 1-24.

Maroc Les ménages de grande taille, citadins ou ruraux - les ménages

dirigés par un divorcé, ou ceux de plus de trois enfants - les

conditions non confortables de logement et de santé - le faible

niveau de solarisation et de formation professionnelle du chef de

ménage - les ménages dont le seul gagne-pain est l’agriculture

Zarra, Youssef, Mai 2005,

Pauvretés et mesures : Cas du

Maroc. Rapport de recherche

présenté en vue de l obtention

de maîtrise en sciences

économiques.

Université de Montréal.

Page 60: De la pauvreté multidimensionnelle des Femmes en Haïti ......i RÉSUUMMÉÉ Cette étude analyse la pauvreté multidimensionnelle des femmes en Haïti et l`impact d`un système d`activités

45

Pays Déterminants de la pauvreté Source

Niger

La taille élevée du ménage (la présence d’un individu

supplémentaire contribue à faire baisser le bien-être du ménage)

- le faible niveau d’éducation du chef du ménage

Les ménages dirigés par une femme - les ruraux vivant de

l’agriculture - les ménages dont le chef est polygame - les

célibataires et les personnes jamais mariées - les ménages ne

possédant pas le gros bétail

Institut National de la

Statistique- INS-Niger,

Tendances, profil et

déterminants de la pauvreté au

Niger de 2005 à 2008.

Noufou, Insa, 2007, Les

déterminants de la pauvreté en

milieu rural du Niger. Mémoire

de fin d`études, Université

Cheikh Anta Diop de Dakar.

Sénégal

L’absence ou l’insuffisance de revenu - l’accès difficile à

l’éducation et aux soins de santé - la malnutrition Le

déficit en services énergétiques et en approvisionnement en eau

Ministère de l Économie et des

Finances (MÉF) - Unité de

Coordination et de Suivi de la

Politique Économique

(UCSPE). DSRP du Sénégal.

Rwanda Le niveau d’éducation faible - la grande taille des ménages - la

superficie cultivée réduite - la petite taille ou l’inexistence du

cheptel - l’âge avancé du chef de ménage - l’agriculture

comme unique occupation du chef de ménage

Javan, Bizimana Mutimura,

2004, Les déterminants de la

pauvreté en milieu rural au

Rwanda: analyse par l’approche

microéconomique.

Haïti

Le milieu de résidence du ménage (milieu rural et à l’extérieur

de Port-au-Prince) - la taille élevée du ménage (7 à 9 personnes)

- le statut socioprofessionnel du chef de ménage (les chômeurs)

Les ménages dont le principal apporteur est une femme,

particulièrement en milieu urbain - le faible niveau d’éducation

ou l’absence de tout bagage scolaire - le nombre de personnes

qui ne travaillent pas dans le ménage - l’inactivité du principal

apporteur de ressources- l’insertion dans l’emploi peu

rémunérateur du principal apporteur - la dépendance des

ménages du milieu agricole des revenus agricoles - la faible

productivité des activités agricoles - le manque d’activités

génératrices de revenus ou d’emplois rémunérés - être issu

d’une famille pauvre et subir une pauvreté chronique - l’absence

Siméon, Alex et Dorothée

Boccanfuso, Avril 2006.

Dynamique de la pauvreté en

Haïti et ses déterminants.

GRÉDI - Université de

Sherbrooke

CCI-HAITI, 2003, Cadre de

Coopération Intérimaire. La

pauvreté en Haïti: ampleur,

déterminants et perceptions

Page 61: De la pauvreté multidimensionnelle des Femmes en Haïti ......i RÉSUUMMÉÉ Cette étude analyse la pauvreté multidimensionnelle des femmes en Haïti et l`impact d`un système d`activités

46

Pays Déterminants de la pauvreté Source

Haïti (suite)

d’encadrement des agents économiques et plus particulièrement

des paysans

Le milieu rural - les ménages ayant une femme comme principal

apporteur - l’inaccessibilité à l’éducation et aux services de base

- le chômage et l’inactivité des ménages

DSNCRP 2008-2010, Nov.

2007

Ces facteurs explicatifs de la pauvreté des populations des divers pays recensés montrent

que la pauvreté frappe davantage les ruraux même si elle est de plus en plus croissante

dans les villes à cause de l’exode rural. Parmi les ruraux, elle touche surtout ceux qui ne

vivent que de l’agriculture, les travailleurs mal rémunérés et ceux qui sont mal dotés en

facteurs de production et qui ne sont pas ou faiblement scolarisés et surtout les femmes.

33..33..11 LLiieennss eennttrree lleess ddéé tteerrmmiinnaannttss ee tt lleess ffaacctteeuurrss mmuullttiiddiimmeennss iioonnnnee llss ddee llaa ppaauuvvrree ttéé

L`analyse de ces déterminants révèle des liens avec les facteurs multidimensionnels de la

pauvreté, à savoir le revenu et les moyens d`existence inadéquats, la mauvaise santé, le

manque d`instruction et de compétences, les mauvaises conditions de logement,

l exclusion sociale et le manque de participation.

En effet, tous les pays étudiés, exceptés le Maroc et le Niger, font état de l’insuffisance

ou de l’absence de revenu du chef de ménage. Cette situation résulte essentiellement du

faible revenu de la branche agricole, du manque d’activités génératrices de revenus et

d’emplois rémunérés dans le milieu rural.

De même, tous les cas présentés relèvent de diverses manières que l inadéquation des

moyens d`existence a une incidence sur la pauvreté. Ils ont évoqué la faible dotation en

biens de production ou la non possession d`actifs. Pour certains pays, ces actifs sont

essentiellement la terre (ménages sans terre et taille réduite des parcelles cultivées) et les

animaux (absence de cheptel ou de gros bétail). Pour d`autres, ils englobent aussi les

autres moyens de production tels l eau, l électricité et les animaux de traits. La faible

productivité de ces actifs et l existence d`un unique gagne-pain en milieu rural,

l agriculture, montrent aussi l inadéquation des moyens d`existence des populations

étudiées. Un autre aspect de la pauvreté multidimensionnelle figure parmi les éléments

Page 62: De la pauvreté multidimensionnelle des Femmes en Haïti ......i RÉSUUMMÉÉ Cette étude analyse la pauvreté multidimensionnelle des femmes en Haïti et l`impact d`un système d`activités

47

qui ont une incidence sur la pauvreté de tous les pays, à l exception de l Inde. Il s`agit du

manque d`instruction et de formation professionnelle. Cet aspect est relaté en termes d`un

manque ou en termes d`inaccessibilité (faible niveau de scolarisation et de formation

professionnelle, analphabétisme et inaccessibilité à l éducation). Il convient de relater que

ce manque d`instruction qui engendre la pauvreté au sein du ménage concerne

principalement le chef de ménage.

Il ressort aussi que cet aspect de la pauvreté multidimensionnelle, à savoir, l’exclusion

sociale, n’est pas signalé, comme déterminant de la pauvreté de tous les pays cités par

l’étude. Ainsi, il constitue par le fait même un facteur manquant qui nécessiterait d’être

approfondi ou étudié. Dans les quatre pays de l’Amérique Latine concernés les barrières

linguistiques et l’inaccessibilité aux prestations et programmes sociaux influent sur la

pauvreté. L’Inde fait état de l’appartenance à une caste inférieure. Le Mali évoque le

faible réseau social du ménage et Haïti le fait d’être issu d’une famille pauvre.

Somme toute, les déterminants de la pauvreté de la plupart des pays cités par l’étude sont

en lein avec la pauvreté multidimensionnelle. Il demeure que certaines dimensions, telles

l exclusion sociale et le manque de participation, sont moins présentes dans certains pays

que dans d’autres ou ont échappé à l’analyse des chercheurs. De ce fait, dans le cadre de

notre étude, notamment pour l’enquête de terrain, mous avons retenu des déterminants de

la pauvreté non seulement en lien avec les caractéristiques sociodémographiques du

ménage mais aussi avec ceux qui prennent an compte la pluri dimensionnalité de la

pauvreté, y compris la dimension sociale. Les déterminants retenus seront clairement

exposés au quatrième chapitre qui traite de la méthodologie de collecte des données de

l’étude.

33..44 LLEESS SSTTRRAATTÉÉGGIIEESS MMIICCRROO DDEE LLUUTTTTEE CCOONNTTRREE LLAA PPAAUUVVRREETTÉÉ

Les réponses à la pauvreté sont aussi vieilles que la pauvreté au sein de la population

haïtienne. Cependant, comme il est décrit dans les pages précédentes, la pauvreté

continue de faire son chemin en Haïti. La problématique de lutte contre la pauvreté est

étudiée sous différentes formes par les politiques publiques, soit en termes d’inclusion

sociale, d’emploi, de protection sociale et du développement urbain et rural. Plusieurs

plans et documents ont été élaborés au fil des années, financés par des Organisations

Page 63: De la pauvreté multidimensionnelle des Femmes en Haïti ......i RÉSUUMMÉÉ Cette étude analyse la pauvreté multidimensionnelle des femmes en Haïti et l`impact d`un système d`activités

48

internationales bailleurs de fonds, dont le PNUD, l’USAID, la BM et la FMI. Le dernier

document recensé est le DSNCRP de 2007.

Les stratégies de réduction de la pauvreté en Haïti de ce Document en lien avec les

déterminants de la pauvreté en termes d`accès à l éducation sont axées sur la

réorganisation de l offre scolaire en faveur des élèves pauvres, la requalification des

enseignants et des directeurs d`école, l encadrement adéquat des écoles, des élèves et des

parents, l amélioration de la coordination des opérateurs du secteur éducatif et en dernier

lieu, l accroissement des ressources publiques au secteur (DSNCRP. 2007. pp. 63-67).

Les lignes d`actions en termes d`accessibilité aux soins de santé concernent la remise en

état des hôpitaux départementaux de référence, la réhabilitation et la construction de

centres de santé avec lits, la réhabilitation d’hôpitaux spécialisés, la construction d’un

centre de radiothérapie et la poursuite de l’implantation de centres de diagnostic intégré

(p. 70). Dans le domaine agricole, les grandes lignes d`actions visent la promotion d`une

agriculture durable et d`une meilleure gestion du foncier, la modernisation des

infrastructures rurales, la promotion de la pêche et de l aquaculture, la relance vigoureuse

de l agro-transformation, la promotion d`une nouvelle stratégie de commercialisation, le

renforcement des structures d`appui à la production et le financement de l agriculture,

notamment l octroi de crédits agricoles (pp. 53-57).

33..44..11 LLeess ss ttrraattééggiieess ddee lluuttttee rree tteennuueess

Vu que la lutte contre la pauvreté consiste à agir sur ses différentes dimensions qui

d`ailleurs sont interdépendantes et à déterminer les facteurs les plus pertinents capables

d`améliorer les conditions de vie des pauvres, notre revue de littérature entreprend la

recension de certaines stratégies concrètes, d`une certaine manière innovatrices, qui ont

été, sont ou pourraient être mises en place à travers les différents départements d`Haïti,

en lien avec la création de nouvelles opportunités d`augmenter les revenus des

populations rurales pauvres, et la sécurité alimentaire en Haïti, ou d`arrêter la

désertification due en grande partie à la coupe des arbres pour la fabrication du charbon,

principale source d`énergie pour la cuisson des aliments. Ces stratégies sont nées ou

mises en place en Amérique Latine, en Afrique ou en Asie, au sein de populations aussi

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49

pauvres que celle d`Haïti. Il s`avère important de relater que la stratégie KOFAVAC que

nous analysons est déjà présentée au second chapitre du mémoire.

33..44..11..11 LLaa ccoonnssttrruuccttiioonn ee tt llee ddéévvee llooppppeemmeenntt ddee llaaccss ccoolllliinnaaiirreess

Depuis 1990, dans une zone marquée par six mois successifs de sécheresse du

département du Centre, se sont construits 50 retenues collinaires. Ce projet est conduit

par une Congrégation religieuse d`origine haïtienne, les Petites sœurs et les Petits frères

de l Incarnation (La Croix, 10 oct. 2009). Ces lacs collinaires permettent principalement

l accès à l eau à la population pour les besoins d`irrigation et pour les animaux, le

développement de la pisciculture et des cultures maraîchères. La production piscicole

englobe des variétés de Tilapia et différentes espèces de carpes. Environ 93 000 tonnes de

poissons sont produits annuellement et sur une base purement extensive dans les

montagnes d'Haïti où sont disposés 142 lacs collinaires (Le Nouvelliste. 4 mai 2011).

Ces deux principales activités (pisciculture et maraîchage) visent l augmentation des

revenus des paysans de la zone et l amélioration de la diète alimentaire de la population

qui fait face le plus souvent à une pénurie de matières protéiques et de légumes durant les

six mois de sécheresse. Chaque lac est exploité par une association de paysans. En 30

ans, 50 lacs ont été construits dans la zone. La construction de 150 autres est prévue. Un

autre volet est en cours : la construction d`une usine de potabilisation de l eau des lacs

collinaires en vue de fournir de l eau à la population rurale dépourvue d`eau saine.

En Afrique du Nord et du Proche-Orient (Liban, Maroc, Syrie, Tunisie, etc.), des milliers

de petits barrages ou lacs collinaires de captage d`eau de pluie ou de fonte des neige ont

été aménagés sur des terres en pente. Ces lacs ont un impact considérable sur le

développement local et le bien-être des populations car ils servent soit au bétail des

tribus nomades, soit pour l irrigation de vergers, à la pisciculture et même au

développement du tourisme, et sans compter les effets bénéfiques au plan

environnemental. La conclusion d`une étude relate les impacts positifs si l on préserve la

qualité de l eau en faisant attention aux effluents possibles générés par une agglomération

ou un élevage industriel. Généralement implantés dans des milieux ruraux à faible

concentration humaine, les petits barrages sont de petites zones humides qui contribuent à

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50

la diversité biologique et plus particulièrement à la protection des oiseaux et au

développement d'espèces aquaphiles10.

En Tunisie, la même source souligne que l'usage de l’eau permet d'introduire de

nouvelles spéculations très rentables (notamment le maraîchage et l'arboriculture] dont la

marge brute peut atteindre dix fois celle de la céréaliculture traditionnelle extensive. Cette

exploitation de l’eau des lacs collinaires est à l'origine de la création d'un supplément de

revenu annuel important qui se traduit par l'amélioration de l'habitat et une spéculation

foncière sur les terres jouxtant les lacs (Ibid. p. 83).

33..44..11..11..11 LLiieennss ddee llaa ssttrraattééggiiee aavveecc llaa ppaauuvvrreettéé mmuullttiiddiimmeennssiioonnnneellllee eett lleess

ddéétteerrmmiinnaannttss ddee llaa ppaauuvvrreettéé

Cette stratégie de lutte contre la pauvreté en visant ce triple objectif : améliorer la santé et

les conditions de vie, assurer l autonomie des populations en ressources en eau et créer

une activité industrielle de production et de maintenance d`équipements de traitement des

eaux, est en lien avec deux éléments fondamentaux de la pauvreté multidimensionnelle.

Ces derniers sont : l amélioration des conditions d`existence de la population (accès à

l eau et accès une alimentation plus riche en éléments protéiques, meilleur cadre physique

de vie par l augmentation et la protection de la diversité biologique) et l augmentation

des revenus qui par ricochet, entraîne l amélioration des conditions de logement. Ainsi,

cette stratégie travaille sur ces déterminants de la pauvreté en Haïti : le manque

d`activités génératrices de revenus en milieu rural et la faible productivité des activités

agricoles. Toutefois, la dimension sociale de la pauvreté n`est pas explicite. Il n`est pas

mentionné si cette stratégie contribue à réduire l exclusion sociale et toutes formes de

discrimination sociale au sein de la population touchée.

33..44..11..22 LLeess mmiiccrroo--eennttrreepprriisseess ddee ttrraannssffoorrmmaattiioonn aaggrrooaalliimmeennttaaiirree

Depuis une vingtaine d`années, un nouveau champ d`actions s`est développé en Haïti, les

petites entreprises de transformation agroalimentaires. Ces petites entreprises visent les

communautés rurales et particulièrement les femmes organisées en association ou en

10 Sécheresse. 2004. Petits barrages et lacs collinaires, aménagements originaux de conservation des eaux et de

protection des infrastructures aval : exemples des petits barrages en Afrique du Nord et au Proche-Orient. 15(1):78-86.

http://horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/divers10-02/010033568.Pdf.

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coopératives. On peut citer plusieurs ONG et d`autres institutions actives sur le terrain

qui appuient ces initiatives. Les principales filières développées sont celles des fruits

(confiture, gelée, fruits séchés), des céréales et tubercules (production de farine de maïs,

riz, patate douce, arbre véritable, etc.) et le lait avec la création de mini laiteries de lait de

vache. Ces stratégies se sont développées à travers tout le pays et dans tous les

départements. À titre d`exemple, citons le cas des unités de transformation du lait de la

Coopérative de Belle-Anse (Sud-Est) d`Haïti. «Le lieu d'implantation de ces unités de

transformation du lait de vache est en fonction de l'importance particulière accordée à

leurs habitants à pratiquer l'élevage de bovins laitiers. Elles ont été référées par un

système de diagnostic d'élevage réalisé par la Coordination des Organisations pour le

Développement de l Arrondissement de Belle-Anse (CODAB) avec la population locale

pour étudier la faisabilité et la viabilité des projets avec une forte participation des

femmes. Les travaux de construction de la mini-laiterie localisée dans la sixième Section

Communale de Pichon sont achevés depuis la fin de l'année 2008. Sa gestion est attribuée

par la CODAB au Mouvement des Femmes de l'Arrondissement de Belle-Anse

(MOFAB), sous le contrôle particulier de l'Association des Femmes de Pichon» (Jean-

Baptiste Anthony. 2008). L`auteur poursuit que l appui à la création des mini-laiteries de

transformation peut être qualifié comme la mise en place de PME permettant la création

d`emplois permanents par la valorisation des ressources locales.

Dans la Province de «Esmeraldas» du littoral nord de l Équateur, notamment dans les

cantons de Rioverde et d`Atacames, une association née en 2004 regroupe plus de 400

producteurs de cacao, hommes et femmes, des communes rurales. Le projet vise

l augmentation de la production, la promotion de la haute et fine qualité des produits

transformés à partir du cacao par le renforcement de la capacité technique et

organisationnelle, l établissement de groupements communautaires et la mise en place

d`équipes chargées de la production. Conscient que les communautés organisées peuvent

mieux résoudre leurs difficultés socioéconomiques, ce projet vise à consolider un système

de production axé sur la bonne qualité des produits et qui revalorise les savoirs et

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pratiques traditionnelles afro qui se perdent. Ce projet contribue à accroître le prix des

produits et par ricochet, entraîne l augmentation des revenus des producteurs11.

33..44..11..22..11 LLiieennss ddee llaa ssttrraattééggiiee aavveecc llaa ppaauuvvrreettéé mmuullttiiddiimmeennssiioonnnneellllee eett lleess

ddéétteerrmmiinnaannttss ddee llaa ppaauuvvrreettéé

Il existe un lien clairement défini entre la mise en place des micro-entreprises de

transformation agroalimentaire et deux aspects de la pauvreté multidimensionnelle. Ces

liens concernent en premier lieu l inclusion sociale à travers l organisation sociale des

femmes et leur meilleure participation à la vie et au développement de leur milieu. La

valorisation des savoir-faire locaux contribue aussi largement à améliorer l aspect social

de la pauvreté. Un autre aspect pris en compte par cette stratégie est l amélioration des

conditions d`existence en augmentant l offre alimentaire et en améliorant la valeur

nutritive des aliments. Le troisième aspect mis en évidence est l augmentation des

revenus des producteurs et transformateurs. Du même coup, cette stratégie travaille sur

l exclusion sociale particulièrement des femmes ainsi que sur le manque d`activités

génératrices de revenu en milieu rural. En effet, il est relaté que cet accroissement du

revenu aide les communautés à mieux résoudre leurs difficultés socioéconomiques sans

pour autant les préciser. Ces difficultés peuvent être l inaccessibilité aux soins de santé, le

manque d`instruction et de compétences et les mauvaises conditions de logement qui sont

des dimensions de la pauvreté sur lesquels on pourrait agir si on veut véritablement

améliorer les conditions de vie des pauvres.

33..44..11..33 LL`aappppuuii àà llaa pprroodduuccttiioonn ee tt àà llaa ttrraannssffoorrmmaattiioo nn dduu llaaiitt ((llee ss llaaiittee rriieess LLèètt AAggooggoo))

Un programme baptisé «Lèt Agogo», du lait à profusion, visant l organisation et la

structuration de la production de lait, sa transformation et sa commercialisation, est en

train de se développer en Haïti. Son but est de valoriser le lait local, c`est-à-dire

augmenter les volumes transformés et accroître la valeur ajoutée des produits finaux et

par ricochet, augmenter les revenus des producteurs. Rappelons que le lait est le

deuxième produit d`importation du pays après le riz, pour une valeur annuelle de 45

millions US$. En Haïti, on trouve plus de 500 000 vaches réparties chez environ 250 000

11

Fundación Activos Culturales Afro (ACUA). Asociación de Productores de Cacao de Acatames y Rioverde (APROCA) http://www.programaacua.org/page/productores-de-cacao-ecuador.

Page 68: De la pauvreté multidimensionnelle des Femmes en Haïti ......i RÉSUUMMÉÉ Cette étude analyse la pauvreté multidimensionnelle des femmes en Haïti et l`impact d`un système d`activités

53

familles paysannes12. Or, le potentiel de production de lait du pays est évalué à 145 000

tonnes par an, à comparer avec le niveau actuel de consommation, de l’ordre de

130 000 tonnes. Ainsi, le potentiel existe pour que les produits laitiers locaux puissent

satisfaire la demande du marché domestique, d’autant plus que l’analyse des prix montre

que les produits à base de lait local sont compétitifs par rapport aux produits similaires.

Cependant, la production de lait n’atteint actuellement que 45 000 tonnes par an13.

L`originalité de cette stratégie innovante créée en 2000 par Veterimed, une ONG

haïtienne, repose sur l alliance des paysans-producteurs avec de petits épargnants qui se

sont lancés dans le petit entreprenariat et les techniciens du développement rural alors que

le secteur privé se retirait du secteur de la transformation du lait. La grande majorité des

laiteries se sont montées, dans ce programme, en dehors d’un schéma traditionnel dans la

mesure où elles n’ont pas bénéficié de financements externes mais de fonds de petits

épargnants. D`autres services sont offerts en vue d`aider les éleveurs : des campagnes de

vaccination et de contrôle de parasites, de formation en gestion des pâturages améliorés

plus productifs, d`octroi de petits crédits à la consommation, etc. La création de ce réseau

de micro laiteries où les paysans peuvent vendre leur lait, garantit ainsi à ces derniers un

revenu plus stable. Agronome et Vétérinaire Sans Frontières (AVSF) coopère avec

Veterimed.

Les données en 2007 sont très prometteuses. Une laiterie type de 65 gallons par jour

produit environ 1 000 bouteilles de 10 onces de lait (ration individuelle). Ainsi elle

pourrait fournir une ration quotidienne à 1 350 enfants, cinq jours par semaine pendant 10

mois. Elle serait approvisionnée par une centaine de paysans possédant une à dix vaches.

Les revenus annuels provenant du lait varient entre 7 800 à 104 000 HTG par famille.

Chaque laiterie emploie une dizaine de personnes et permet à une autre dizaine de

vendeurs de lait d’avoir des revenus stables. La richesse produite est de plus de cinq

millions de gourdes annuellement distribuées sous forme de paiement de lait (1 352 000

HTG), salaires, bénéfices sur les ventes au niveau de la laiterie (580 000 HTG) et marges

de plus d’un million de gourdes au niveau du réseau de distribution). La mise en place

12

Le Nouvelliste. Haïti : le lait en Haïti. http://www.lenouvelliste.com/articleforprint.php? PubID =1& Article ID=87051 13

Projet d`appui à la production et à la transformation du lait en Haïti. http://www.veterimed.org.ht/ Developpement_du_reseau_Let_%20Agogo.htm# _ftnref1.

Page 69: De la pauvreté multidimensionnelle des Femmes en Haïti ......i RÉSUUMMÉÉ Cette étude analyse la pauvreté multidimensionnelle des femmes en Haïti et l`impact d`un système d`activités

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d’une laiterie coûte environ 3 600 000 HTG comprenant construction, équipement et un

véhicule à être partagé entre trois laiteries. La mise en place de 50 laiteries coûterait

3 585 000 US$, soit environ 179 millions HTG, alors que ces 50 laiteries peuvent générer

plus de 270 millions HTG de richesse chaque année, soit deux fois l’investissement

initial.

À la fin de l année 2010, le lait produit par environ 600 éleveurs dans treize

communautés du pays14 est absorbé par des unités de transformation rentables, qui

produisent chacune entre 250 et 600 litres par jour de yaourt et/ou lait stérilisé de qualité

reconnue. 2 093 personnes ont bénéficié d’un appui à la commercialisation du lait des

éleveurs membres du réseau Let Agogo dans les laiteries (AVSF. Soutien des réseaux de

laiteries locales haïtiennes. www.avsf.org).

33..44..11..33..11 LLiieennss ddee llaa ssttrraattééggiiee aavveecc llaa ppaauuvvrreettéé mmuullttiiddiimmeennssiioonnnneellllee eett lleess

ddéétteerrmmiinnaannttss ddee llaa ppaauuvvrreettéé

À travers son objectif de créer de la valeur ajoutée en vue d`augmenter les revenus faibles

des producteurs, cette stratégie travaille sur l un des déterminants de la pauvreté en Haïti

qui est le manque d`activités génératrices de revenu, surtout dans le milieu rural. De

même, en regroupant différents acteurs, organisations de paysans, petits épargnants et

techniciens de développement, ce projet tente d`apporter une réponse au manque de

participation qui est l un des aspects du concept «pauvreté multidimensionnelle».

33..44..11..44 LLee ddéévvee llooppppeemmeenntt ee tt llaa ccoonnssttrruuccttiioonn ddee ffoouurrss ssoollaaiirreess

Au Chili, un programme de «Fours Solaires» lancé par le PNUD, le Fonds pour

l’Environnement Mondial (FEM) et l’UE, en partenariat avec le gouvernement chilien,

est en cours dans une région rurale montagneuse et semi-désertique nommée Coquimbo.

Personne ne peut nier l impact considérable d`une telle stratégie dans la lutte contre la

déforestation et de plus, dans l amélioration du bien-être des populations et de création

d`emplois dans un pays dans la mesure où la technique est appropriée et diffusée jusqu`à

son exploitation à des fins commerciales.

14 Limonade et Terrier Rouge (Nord), Bon Repos, Arcahaie et limonade (Ouest), Torbeck (Sud), Cap -Rouge, Jacmel et Forêt des Pins (Sud-est), Verrettes et Marmelade (Artibonite), Ouanaminthe (Nord`Est), Hinche (Centre). Cette laiterie

a été inaugurée en janvier 2011. La laiterie de Thomazeau (Ouest) n`est plus fonctionnelle.

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La source relate que de nos jours, les habitants de cette région du Chili vivent mieux, sans

crainte d’un lendemain sans pain, grâce à ce projet qui a stimulé chez eux un véritable

esprit d’entreprenariat, de solidarité sociale et aussi de bons reflexes en vue de la

protection de l’environnement.

En Bolivie, ce même projet est en cours, permettant de mettre le soleil au service du

développement15. Ces stratégies sont mises en œuvre aussi en Argentine et au Pérou.

En Haïti, par le passé, plusieurs ONG avaient expérimenté le projet. Les mêmes acteurs

internationaux qui ont œuvré à la réussite de ce projet au Chili pourraient former un vrai

partenariat avec l’État Haïtien à travers la faculté des Sciences, la faculté d’Agronomie,

les écoles techniques, les organisations de la société Civile, sous les conseils et la

supervision des experts internationaux, voire chiliens, des ingénieurs et techniciens

haïtiens pour développer des modèles de fours solaires performants et adaptés aux

conditions économiques et culturelles des populations pauvres, pour la cuisson des

aliments en remplacement du charbon de bois. Mis à part les fours pour la cuisson des

aliments, d`autres types pourraient être créés pour cuire la poterie et le pain, fondre le

métal, etc. Ce projet contribuerait à promouvoir une industrie de fours solaires et parvenir

enfin à arrêter le déboisement du pays. Ces industries de fabrication de fours solaires

créeront de nouveaux emplois à travers le pays.

33..44..11..44..11 LLiieennss ddee llaa ssttrraattééggiiee aavveecc llaa ppaauuvvrreettéé mmuullttiiddiimmeennssiioonnnneellllee eett lleess

ddéétteerrmmiinnaannttss ddee llaa ppaauuvvrreettéé

Le fait qu`en Amérique Latine ce projet contribue à la création d`emplois et

l amélioration du bien-être des collectivités concernées (appropriation de la technique à

des fins commerciales, diminution ou ralentissement de la déforestation), il semble

apporter une solution à deux des caractéristiques de la pauvreté prises en compte par

l approche de la pauvreté multidimensionnelle. Ainsi, cette stratégie travaille en même

temps sur deux déterminants majeurs de la pauvreté en Amérique Latine, à savoir, les

moyens d`existence inadéquats et la baisse ou l inexistence d`emploi non agricole en

milieu rural.

15

Cuiseurs solaires en Bolivie - compensation carbone. http://www.actioncarbone.org/projet.php?typ=co2&id=24

Page 71: De la pauvreté multidimensionnelle des Femmes en Haïti ......i RÉSUUMMÉÉ Cette étude analyse la pauvreté multidimensionnelle des femmes en Haïti et l`impact d`un système d`activités

56

33..44..11..55 LLee pprroojjee tt dd`aassssoocciiaattiioonn ddee ccuullttuurree dduu rriicciinn ee tt ddee hhaarriiccoott aauu BBrrééss iill

Un projet innovant de lutte contre la pauvreté dans les zones arides du Brésil,

particulièrement dans la forêt sèche de Caatinga, associe la culture du ricin et de haricot,

denrée alimentaire traditionnelle16. Le ricin (Ricinus communis) est une plante résistante

à la sécheresse qui permet la production de biogaz. Ce projet contribue à la diversification

des cultures, à l augmentation des revenus et à la garantie des denrées alimentaires. La

source rapporte que le bilan est positif malgré certaines réserves.

En Haïti, le ricin pousse très bien dans les zones arides et désertiques. L`huile fabriquée

de manière artisanale appelée aussi huile de «Palma christi» est utilisée à des fins

thérapeutiques et cosmétiques en Haïti (massage du corps, pousse des cheveux, etc.).

L`intensification de cette culture dans les milieux arides pourra donner naissance à une

industrie de biogaz ou d`huile utilisée dans la composition de peinture ou de lubrifiants.

Le tourteau de ricin peut être utilisé comme engrais organique en horticulture et comme

répulsif contre les rongeurs. Cela pourrait à la fois favoriser le reboisement de ces régions

désertiques, créer des emplois en milieu rural et augmenter les revenus des populations.

33..44..11..55..11 LLiieennss ddee llaa ssttrraattééggiiee aavveecc llaa ppaauuvvrreettéé mmuullttiiddiimmeennssiioonnnneellllee eett lleess

ddéétteerrmmiinnaannttss ddee llaa ppaauuvvrreettéé

Cette stratégie travaille sur deux des déterminants de la pauvreté en Amérique Latine, les

faibles revenus et la faible productivité des actifs. En contribuant à une diversification des

cultures, le projet permet aussi un meilleur accès à l alimentation et apporte ainsi une

solution à cette caractéristique de la pauvreté multidimensionnelle : les moyens

d`existence inadéquats.

33..44..22 SSyynntthhèèssee ddeess ss ttrraattééggiieess ee tt lliieennss aavveecc llaa ppaauuvvrree ttéé mmuullttiiddiimmeennss iioonnnnee llllee

Toutes les stratégies évoquées tentent d`apporter une réponse au problème crucial de

manque de revenu qui engendre la pauvreté des ménages et des populations. Toutes, elles

cherchent aussi à améliorer les moyens d`existence inadéquats des personnes et

communautés pauvres. Cependant, aucune de ces stratégies ne semble apporter une

16

Brésil : une aide au «parent pauvre». Un programme national contre la désertification http://www.desertifikation.de/ bmz-cd013/BIN/BRESIL.HTM.

Page 72: De la pauvreté multidimensionnelle des Femmes en Haïti ......i RÉSUUMMÉÉ Cette étude analyse la pauvreté multidimensionnelle des femmes en Haïti et l`impact d`un système d`activités

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réponse directe sur le manque d`instruction et de compétences, les mauvaises conditions

de logement et l exclusion sociale. Il appert que la recherche de solutions visant à faire

reculer la pauvreté en améliorant les conditions de vie d`une personne ou d`une

collectivité ne parvient pas encore à embrasser toutes les dimensions de la pauvreté dans

une meilleure, dynamique et efficace synchronisation des stratégies diversifiées et

complexes, mais inter reliées.

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CCHHAAPPIITTRREE IIVV.. AAPPPPRROOCCHHEE MMÉÉTTHHOODDOOLLOOGG IIQQUUEE

Dans ce chapitre sont décrits les sources de données, la méthode d`analyse et les

instruments appropriés. Nous avons exposé spécifiquement la nature de la recherche, les

participantes à l’étude et les techniques de collecte et d’analyse des données. Mais, avant

cette description, nous avons présenté une revue des principaux instruments de collecte

des données ainsi que les indicateurs développés dans les études sur la pauvreté qui nous

guideront dans l élaboration d`un outil pertinent et adapté nous permettant de répondre

aux questions de recherche tout en tenant compte des caractéristiques

multidimensionnelles de la pauvreté : Qui sont ces femmes de KOFAVAC et quel est

leur niveau de pauvreté ? Quelles sont les perceptions et les représentations que ces

femmes se font de leurs conditions de vie? Comment les stratégies qui sont à leur portée,

les aident-elles réellement à améliorer leurs conditions de vie ?

44..11 LLEESS PPRRIINNCCIIPPAAUUXX IINNSSTTRRUUMMEENNTTSS DDEE CCOOLLLLEECCTTEE DDEE DDOONNNNÉÉEESS SSUURR LLAA

PPAAUUVVRREETTÉÉ EETT LLEEUURRSS LLIIMM IITTEESS

Généralement, pour évaluer la pauvreté et caractériser l’état de pauvreté d’une

population, plusieurs outils de collecte de données sont développés, selon la littérature

consultée. Toutefois, certains sont moins bien connus que d`autres. Puisque dans notre

étude, il s’agit de définir qui sont effectivement les ménages des Femmes de Konbit

Fanm Vanyan Chansòl (KOFAVAC), nous passons en revue ces outils qui ont décrit dans

le passé la population haïtienne ou qui pourront nous être utiles dans le cadre de cette

recherche.

44..11..11 LLeess EEnnqquuêêtteess ssuurr llee bbuuddggeett ee tt llaa ccoonnssoommmmaattiioonn ddeess mméénnaaggeess ((EEBBCCMM))

S`appuyant sur le concept de l utilité monétaire du bien-être, les Enquêtes sur le budget et

la consommation sont les pionnières des enquêtes socio-économiques auprès des

ménages. Généralement, elles visent à estimer la consommation des ménages et à

connaître la structure de celle-ci à l’aide d’un indicateur universellement reconnu

(Verneuil. Juin 1983. p.63 ; Aho et al. 1997. p. 29). En Haïti, la première EBCM date de

1948. Son objectif premier était d’élaborer un indice des prix à la consommation. Deux

autres suivirent en 1976 et 1986-1987. La dernière réalisée en 1999-2000 s`était fixé

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comme objectif parmi d`autres, de fournir des données sur les caractéristiques

démographiques et socioéconomiques de la population haïtienne permettant des analyses

poussées pour la prise de décision à tous les niveaux17. La lourdeur et la complexité tant

au niveau de la collecte que du traitement et de l analyse des données et les coûts très

élevés ont été relatés comme des contraintes majeures de l outil.

44..11..22 LLee QQuueessttiioonnnnaaiirree uunniiffiiéé ssuurr lleess iinnddiiccaatteeuurrss ddee bbaassee ddee bbiieenn--êê ttrree ((QQUUIIBBBB))

Cette méthode est à la fois récente et expérimentale dans certains pays d`Afrique. Elle n`a

pas été utilisée en Haïti. La pauvreté est analysée en termes d`accès aux services sociaux,

de leurs satisfaction et d`état de réalisation de certains indicateurs de bien-être. Cet outil

s`appuie davantage sur l approche des capacités que sur celle des besoins essentiels.

Le questionnaire permet de collecter, outre des informations sur les caractéristiques des

ménages, celles permettant de mesurer l'accès, l'utilisation et le degré de satisfaction en

matière de services sociaux. La saisie des données est rapide à l aide d`un scanner et la

possibilité d`y intégrer le module sur le revenu et la consommation est possible. Par

contre, il ne permet pas de mesurer le recul ou le progrès de la pauvreté. L`administration

du questionnaire est impossible en une seule visite et un rappel après un an est nécessaire

pour toutes les composantes de la consommation. Le coût élevé du logiciel TELEFORM

est aussi une autre contrainte (PNUD/DSBE-Niger. 2007).

44..11..33 LLeess MMéétthhooddeess ssuurr lleess bbeessooiinnss ffoonnddaammeennttaauuxx iinnssaattiiss ffaaiittss ((MMBBFFII))

Cet outil, porté sur les conditions de vie, repose sur la définition des besoins essentiels et

leurs composantes, la sélection des variables et des indicateurs exprimant le degré de

satisfaction de chaque besoin, la fixation d’un niveau minimum pour chaque indicateur

au dessous duquel l individu ou le ménage ne satisfait pas le besoin en question et la

classification selon un ou plusieurs besoins non satisfaits (Peltre-Wurtz. 2004. p.65).

Cette méthode a été privilégiée pour établir la carte nationale de pauvreté de plusieurs

PVD, dont celle d`Haïti, élaborée en 2004. Cette méthode favorise une perception

structurelle de la pauvreté en permettant d`identifier des personnes ou groupes de

personnes qui connaissent une situation de pauvreté de génération en génération (Carte de

17 République d’Haïti. MEF/IHSI. http://www.ihsi.ht/produit_enq_resultats_ebcm_pres.htm

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60

la pauvreté d`Haïti, version 2004. p.23). La simplicité du questionnaire, son

administration rapide et l analyse simple des données sont des atouts. Cependant des

inconvénients quant au nombre d`indicateurs à retenir, aux exigences variables d`un

milieu à un autre, aux variables individuelles de la pauvreté (la faiblesse d`un équipement

scolaire ou l absence d`un dispensaire proche peut ne pas rendre forcément pauvre), aux

possibilités de comparer la pauvreté entre pays (les indicateurs sont réduits car il faut les

mêmes) et au degré de gravité de la pauvreté, sont relatés (Ibid. p. 65).

44..11..44 LL`OOuuttiill dd`éévvaalluuaattiioonn ddee llaa ppaauuvvrree ttéé dduu GGrroouuppee ccoonnssuullttaattiiff ppoouurr aassss iiss tteerr lleess

ppaauuvvrreess ((CCGGAAPP))

Conçu et développé par le CGAP et l IFPRI (International Food Policy Research

Institute), il cherche à prendre en compte plusieurs dimensions de la pauvreté telles les

ressources humaines, l habitat, la sécurité alimentaire et la vulnérabilité, d`autres actifs et

l accès aux services. Il est utilisé pour évaluer le niveau de pauvreté des clients de la

microfinance (Henry et al. 2003). La méthode est très rigoureuse, objective et permet

d`évaluer le degré de pénétration d`une institution de microfinance dans une population

pauvre. Par contre, elle reste limitée pour des fins de comparaison de niveau de vie à

l échelle régionale, nationale ou internationale. D’après les études que nous avons

recensées, il semble que l’outil n’a jamais été utilisé en Haïti.

44..22 LLAA MM ÉÉTTHHOODDOOLLOOGGIIEE PPRROOPPRREEMMEENNTT DDIITTEE DDEE LL’’ÉÉTTUUDDEE

La présentation et l analyse des outils de collecte présentées dans la partie précédente

nous a aidées dans le choix des dimensions de la pauvreté à retenir et l élaboration du

questionnaire d`enquête, principal outil de collecte des données de l étude. Les sections

4.2.3 et 4.2.4 exposent ces éléments qui tiennent compte à la fois de la pluri

dimensionnalité de la pauvreté et des déterminants de la pauvreté en Haïti.

44..22..11 LLaa nnaattuurree ddee ll’’éé ttuuddee

L’étude est une recherche de terrain qui implique un contact personnel avec les sujets

concernés principalement par le biais d’entretiens produisant des données qui, analysées,

sont capables de répondre adéquatement à nos deux questions de recherche. La recherche

se subdivise en deux parties : l enquête qualitative et l enquête quantitative.

Page 76: De la pauvreté multidimensionnelle des Femmes en Haïti ......i RÉSUUMMÉÉ Cette étude analyse la pauvreté multidimensionnelle des femmes en Haïti et l`impact d`un système d`activités

61

44..22..11..11 LLaa ppaarrttiiee qquuaalliittaattiivvee ddee ll`ee nnqquuêê ttee

L`Écuyer définit la méthode qualitative comme une «méthode qui consiste à décrire les

particularités spécifiques des différents éléments regroupés sous chacune des catégories

et qui se dégagent en sus des seules significations quantitatives» (L`Écuyer. 1990, p.

107). Ainsi, la partie qualitative de l enquête a aidé à collecter d`abord des données

pertinentes touchant les différentes dimensions de vie des femmes de KOFAVAC et de

leurs familles (conjoint, enfants et autres personnes partageant le même toit et la plupart

des repas) et qui caractérisent leur niveau de vie et leur situation de pauvreté. Puis,

d’autres données ont permis d`appréhender des informations sur le fonctionnement et

l évolution du système d`activités potentielles de KOFAVAC, à savoir, la

production/transformation/prêt et épargne/petit commerce et ses effets sur les membres et

le milieu de Chansolme. L`exigence que s`impose ce travail, est une analyse centrée sur

la recherche de signification du matériel analysé. L`Écuyer affirme que l essence de la

signification du phénomène étudié réside dans la nature, la spécificité même des contenus

du matériel étudié (Ibid. p. 31).

La méthode qualitative est privilégiée parce que nous sommes intéressées à l’expérience

subjective des femmes dans leurs transactions avec leur environnement en vue de cerner

la signification qu’elles attribuent à leurs situations, aux stratégies de lutte contre la

pauvreté qui les touchent et qu`elles privilégient et à leurs combats pour améliorer par

elles-mêmes leurs conditions d’existence. La méthode qualitative offre à ces femmes

haïtiennes issues d’un milieu rural, une occasion unique de parler de leur expérience et de

leur lutte pour la survie, de révéler elles-mêmes leur identité et comment elles perçoivent

leur situation de pauvreté. Les explications des femmes nous ont aidées aider à mieux

comprendre qui elles sont, en vue de mieux cibler les actions capables de transformer leur

quotidien.

44..22..11..11 LLaa ppaarrttiiee qquuaannttiittaattiivvee ddee ll`ee nnqquuêê ttee

L’analyse quantitative se focalise sur l’expérience mesurée, rendue objective par la

mesure, de plusieurs individus dans leurs transactions avec l’environnement (Pinard.

2004). Pour caractériser la population de femmes et leurs ménages et identifier les

déterminants de la pauvreté, en conformité avec le premier objectif de la recherche, nous

Page 77: De la pauvreté multidimensionnelle des Femmes en Haïti ......i RÉSUUMMÉÉ Cette étude analyse la pauvreté multidimensionnelle des femmes en Haïti et l`impact d`un système d`activités

62

avons réalisé une analyse descriptive des données. La manière de procéder à cette analyse

est décrite ultérieurement.

44..22..22 LLeess ppaarrttiicciippaannttss àà ll’’éé ttuuddee

Les participantes de notre étude sont essentiellement les Femmes membres de

KOFAVAC. Elles sont au nombre de 38. Les femmes haïtiennes, dont 38 % sont chefs de

ménage en milieu rural et 49 % en milieu urbain (Casselli et al. 2006. p. 330) jouent un

rôle-clé dans l’économie et la société du pays. Au sein de leurs familles, elles assurent la

surveillance et la survie (Jean-Baptiste et al. 2005) en se débattant tous les jours pour

satisfaire leurs besoins et ceux de leurs enfants. Au cours des deux dernières décennies,

puisqu’elles se trouvent parmi les deux tiers de la population haïtienne pauvre18, elles

sont la population cible de plusieurs ONG et institutions financières, visant ainsi

l’amélioration de leurs conditions de vie. Six autres personnes, notables, femmes et

hommes résidents depuis au moins 10 ans à Chansolme, seront recrutées pour des

entrevues individuelles et deux autres qui appuient KOFAVAC.

44..22..33 LLeess mmooddaalliittééss ddee llaa ccoolllleeccttee ddeess ddoonnnnééeess

En vue de parvenir à collecter les informations pertinentes capables de répondre aux

questions de recherche, deux techniques de collecte de données ont été utilisées :

l’enquête proprement dite et l’entrevue individuelle semi-structurée.

44..22..33..11 LL’’ee nnqquuêê ttee

L’enquête est réalisée par des entrevues individuelles auprès des Femmes. Étant donné

qu`en Haïti les travaux sur la pauvreté ont toujours mis en évidence les relations existant

entre la pauvreté et les variables touchant les dimensions démographique, mais aussi

humaine, sociale et économique, la collecte des données sera effectuée au moyen d’une

enquête auprès des femmes et leurs ménages (enfants et/ou conjoint), en prenant en

compte ces dimensions. Le but de l enquête est de collecter auprès des parties prenantes,

des données relatives d’abord à leur identité sociodémographique, humaine et

économique ; au fonctionnement de KOFAVAC et à son apport dans l’amélioration de

18

Ministère de la Condition Féminine et aux Droits de la Femme (MCFDF)/PNUD, 2000. p. 3.

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63

leur condition de vie. Les entrevues individuelles ont été réalisées au domicile des

participantes et cela a permis d’observer aussi directement certaines variables, entre

autres, celles liées au logement et aux conditions sanitaires.

Le questionnaire19 est le principal instrument privilégié par cette technique de collecte de

données. La première partie a été rédigée en vue de définir l identité des Femmes de

KOFAVAC. Ainsi, cinq grands groupes de thèmes ont été traités, à savoir les

caractéristiques sociodémographiques des femmes et de leurs ménages ; les actifs du

ménage ou l accès aux ressources productives; les revenus et leurs sources ainsi que les

dépenses de consommation et finalement l endettement du ménage. La seconde partie

du questionnaire est construit en vue d`apprécier le degré de pauvreté

multidimensionnelle des femmes et de leurs ménages. Ainsi, huit dimensions de la

pauvreté sont retenues. Des indicateurs appropriés ont permis de les mesurer et à partir

d`un seuil établi, on a apprécié le degré de pauvreté de la population concernée. La

troisième partie a pour objectif de recueillir les perceptions des femmes sur leurs

conditions de vie et d`avoir leurs points de vue sur les stratégies mises en œuvre, entre

autres, KOFAVAC. Des indicateurs subjectifs bien que rejetés par certains outils comme

le CGAP, pour savoir le degré de satisfaction ou insatisfaction par rapport à KOFAVAC

et sur les pistes d’amélioration qu’elles proposent sont retenus. Les données recueillies à

travers ce questionnaire ont permis de caractériser ces femmes en termes de pauvreté,

d`apprécier leur niveau de pauvreté et de cerner les effets de KOFAVAC sur leur vie.

Certaines parties des entrevues ont été enregistrées en accord avec les femmes.

Le questionnaire rédigé en français a été traduit par la suite en créole, langue maternelle

des femmes. C’est la version créole qui leur a été administrée. La chercheure a conduit

elle-même l enquête.

Les deux premières entrevues réalisées auprès des femmes ont servi de pré-test. Le pré-

test a pour but de vérifier si la formulation des questions est claire, appropriée et leur

interprétation cohérente (Combessie. 2003). Il aide aussi à identifier les réponses

imprévues qui n’entrent pas dans les catégories de réponses prédéterminées. Ce qui

19

Le questionnaire est présenté en annexe B.

Page 79: De la pauvreté multidimensionnelle des Femmes en Haïti ......i RÉSUUMMÉÉ Cette étude analyse la pauvreté multidimensionnelle des femmes en Haïti et l`impact d`un système d`activités

64

permet d’apporter des correctifs nécessaires au questionnaire et de mieux l’adapter aux

conditions des participantes avant de procéder à l’enquête véritable.

44..22..33..22 LL’’ee nnttrree vvuuee iinnddiivviidduuee llllee ss ee mmii--ss ttrruuccttuurréé ee

Dans le cadre de l’étude, une première série de deux entrevues individuelles20 s’adresse

aux personnes qui appuient KOFAVAC. Il nous semble pertinent que ces personnes

soient en mesure de nous livrer leur point de vue sur les effets de KOFAVAC sur la vie

des Femmes et le milieu de Chansolme, ses points faibles et ses points forts ainsi que

leurs suggestions dans la mise en œuvre de nouvelles stratégies pour améliorer le système

KOFAVAC et le bien-être de ses membres. Les entrevues ont été réalisées à l’aide d’une

grille et les propos recueillis enregistrés sur consentement des concernés.

Une seconde série d`entrevues individuelles21 semi-structurées visent les notables de

Chansolme, hommes et femmes, capables de donner leurs opinions sur les Femmes et sur

l’impact de KOFAVAC tant sur le milieu de Chansolme que sur les femmes elles-mêmes.

Ces entrevues ont permis de compléter l analyse du fonctionnement de KOFAVAC et de

ses apports sur les diverses dimensions de la vie des femmes. L`entrevue individuelle

semi-structurée est un type d’outil dont le but est de collecter un maximum

d’informations pertinentes concernant une politique donnée (Combessie. 2007). Les

données qualitatives recueillies pour être analysées ont été retranscrites sous forme de

verbatim, en conservant l’authenticité des propos des participants. Les modalités de

collecte de données sont synthétisées dans le tableau ci-dessous.

20

La grille d`entrevue auprès des personnes qui appuient KOFAVAC est en annexe D. 21

La grille d`entrevue auprès des notables de Chansolme est en annexe C.

Page 80: De la pauvreté multidimensionnelle des Femmes en Haïti ......i RÉSUUMMÉÉ Cette étude analyse la pauvreté multidimensionnelle des femmes en Haïti et l`impact d`un système d`activités

65

TTaabblleeaauu 44..11 MMooddaalliittééss ddee ccoolllleeccttee ddeess ddoonnnnééeess

Modalités et

références

d’auteurs Parties prenantes Principales dimensions retenues Validation

Enquête

(Combessie .

2007)

38 femmes

membres de

KOFAVAC

Sociodémographiques

Accès aux ressources productives

Revenus du ménage et sources

Dépenses (alimentaires, de scolarisation des

enfants et logement)

Accès aux services de base

Perceptions sur la pauvreté

Perceptions sur les stratégies de lutte

Satisfaction/insatisfaction comme membre

de KOFAVAC

Utilisations de l’épargne

Difficultés majeures de rester dans le

système crédit/épargne KOFAVAC

Pré-test

(Combessie.

2007) auprès des

deux premières

femmes

Entrevues

individuelles

semi-

structurées

(Marmoz.

2001 ;

Combessie.

2007)

6 notables ou

personnes

ressources de

Chansolme

Opinions générales sur KOFAVAC

Points forts et Points faibles

Pistes d’amélioration

Suggestions pour l’avenir

2 personnes qui

appuient

KOFAVAC d’août

2009 à juillet 2011

Effets de KOFAVAC sur le milieu de

Chansolme et sur les femmes

Participation des membres

Fonctionnement/organisation:

forces et faiblesses

Niveau de bénéfices obtenus

Pistes d’amélioration

44..22..44 LLee cchhooiixx ee tt llaa ddeessccrriippttiioonn ddeess vvaarriiaabblleess ee tt ddeess iinnddiiccaatteeuurrss rree tteennuuss

La revue des différents instruments de collecte des données et la présentation de leurs

limites nous éclairent dans le choix des dimensions de la pauvreté retenues permettant de

répondre à nos deux questions de recherche : comment dégager les déterminants de la

pauvreté chez ces femmes et comment est-ce qu’elles appréhendent et expriment leurs

situations de pauvreté ? Quel est l’impact de la stratégie KOFAVAC sur leurs conditions

de vie ?

Étant donné que d`après le QUIBB, les indicateurs des besoins de base sont utilisés en

termes de capacités, nous nous sommes basées sur ce type d`outil pour collecter des

données sur les actifs ou les possessions des ménages, ressources productives permettant

de générer un revenu. Dans la mesure où pour produire, il faut des facteurs des

productions, et que la production obtenue permet de faire des acquisitions permettant

Page 81: De la pauvreté multidimensionnelle des Femmes en Haïti ......i RÉSUUMMÉÉ Cette étude analyse la pauvreté multidimensionnelle des femmes en Haïti et l`impact d`un système d`activités

66

d’améliorer son niveau de vie, nous avons observé les actifs, c’est-à-dire le capital

physique de la population à l’étude. Dans la mesure où ces biens sont précaires ou

inexistants, nous avons cherché à saisir les problèmes et les difficultés d`accès de ces

ménages à ces ressources. Ainsi, le questionnaire de notre étude comporte un module

«possessions ou ressources productives» des ménages.

Malgré les critiques nombreuses de l indicateur revenu, un module sur la consommation

et les revenus du ménage sera étudié en vue de connaître les activités rémunératrices et la

structure des dépenses de la population à l’étude. En effet, l’un des déterminants de la

pauvreté recensé souligne le manque d’activités génératrices de revenus ou d’emplois

rémunérés et la faible productivité des activités agricoles. À notre avis, dans la mesure où

les biens et services d’un pays ne sont fournis gratuitement, le revenu est un élément

indispensable permettant de les acquérir. De plus, les conditions dans lesquelles ce

revenu est réalisé, sa nature et le niveau de revenu minimum mensuel attendu pour

mener une vie décente et l’objectif visé par ces femmes seront pris en compte dans

l’étude en vue de voir dans quel type d’activité l’impact sur la réduction de la pauvreté

est plus fortement ressenti selon ces femmes.

Dans le contexte d`Haïti, pour analyser le niveau de pauvreté monétaire, les dépenses de

consommation sont retenues comme indicateurs pour les raisons suivantes. En premier

lieu, les flux de dépenses sont beaucoup plus réguliers et donc plus facilement

appréciables que les revenus. En second lieu, l expérience montre que les ménages qui se

livrent à des activités informelles se souviennent mieux de leurs dépenses que de leurs

revenus. Ensuite, les dépenses de consommation mettent en évidence non seulement le

fait de disposer du pouvoir d`achat, mais surtout celui d`accéder réellement aux biens et

services.

Nous avons retenu deux grands groupes de variables : les variables sociodémographiques

et celles économiques.

Les variables sociodémographiques retenues sont :

Le genre du chef de ménage ;

Le lieu de naissance du chef de ménage ;

Page 82: De la pauvreté multidimensionnelle des Femmes en Haïti ......i RÉSUUMMÉÉ Cette étude analyse la pauvreté multidimensionnelle des femmes en Haïti et l`impact d`un système d`activités

67

La structure familiale (femme mariée, femme vivant dans le «plaçage», femme

seule ou monoparentale) ;

La structure sociodémographique du ménage (la taille du ménage, le nombre de

chômeurs ou de personnes inactives, le nombre d`enfants de moins de 15 ans, le

niveau de scolarisation des membres du ménage).

Les variables économiques qui seront étudiées sont :

Les actifs/biens possédés ;

Les sources de revenus et les revenus;

Les dépenses de consommation (alimentation, scolarisation, habillement et

logement) ;

L’endettement.

TTaabblleeaauu 44..22 VVaarriiaabblleess ee tt iinnddiiccaatteeuurrss ddee ccaarraaccttéérriissaattiioonn ddeess ffeemmmmeess

Caractéristiques sociodémographiques et économiques Variable Indicateur

Le genre du chef de ménage

Présence d’un conjoint

Le statut migratoire Native/natif de Chansolme - migrant-e définitif/définitive La structure familiale Statut matrimonial de la femme La scolarisation des membres du ménage

Niveau scolaire du chef de ménage et de la femme Statut professionnel du chef de ménage et de la femme Nombre moyen d’années d’études des 17 ans et moins Niveau de scolarisation des membres de 18 ans et plus

La structure sociodémographique du ménage

Nombre d`adultes et d`enfants du ménage Ratio enfants /taille du ménage Nombre d`adultes inactifs (18 ans et plus) Nombre de personnes invalides/handicapées

Actifs

Variable Indicateur Terre Sans terre (oui/non)

Superficie agricoles exploitées en carreau (la taille des terres) Qualité du terrain/position du terrain (plaine/pente) Valeur marchande du terrain Mode de tenure des parcelles : propriété/fermage/métayage Accès à l irrigation : superficies irriguées/non irriguées

Animaux Nombre/type/valeur des animaux Variable Indicateur

Revenu agricole Sources de revenu agricole (cultures vivrières/bétail) Montant du revenu annuel Ratio du revenu agricole par rapport au revenu global

Revenu non agricole Sources de revenu non agricole Montant du revenu non agricole

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68

Caractéristiques sociodémographiques et économiques Variable Indicateur

Transferts en argent Valeur des dons en argent d`amis, de voisins ou de parents Ratio des transferts dans le revenu global

Dépenses de consommation

Variable Indicateur Scolarisation des enfants

Dépenses annuelles totales de scolarisation des enfants Part des dépenses de scolarisation dans le revenu total

Alimentation Montant nécessaire estimé pour les trois repas quotidiens Montant nécessaire estimé pour un repas principal de base ou ordinaire Part des dépenses d`alimentation dans le revenu

Endettement Variable Indicateur

Endettement Somme due à une institution financière formelle Somme due à des prêteurs privés/commerçants Somme due à des amis et/ou des membres de la famille

44..22..55 LLee cchhooiixx ddeess ddiimmeennss iioonnss ddee llaa vviiee ddeess ffeemmmmeess ee tt ddéé ffiinniittiioonn dduu nniivveeaauu ddee

ppaauuvvrree ttéé ddaannss cchhaaqquuee ddoommaaiinnee

Pour approcher le niveau de pauvreté des femmes, nous sommes portées à considérer

différentes dimensions de leur vie, vu que la pauvreté a de multiples facettes et se

présente sous différentes formes. Ainsi, nous avons fait choix de huit dimensions de la

pauvreté. Ces dernières sont basées sur les principales dimensions qui sont recensées

dans la littérature pour définir la pauvreté d`une population donnée et qui sont reconnues

par les institutions internationales. Un indicateur est retenu pour chacune de ces

dimensions de la pauvreté ainsi qu`un seuil de privation à analyser dans chaque domaine.

Le seuil est une valeur absolue qui fixe la limite, de façon relativement arbitraire, entre

pauvres et non pauvres selon la capacité ou non à pouvoir consommer en quantité

suffisante un panier de biens et services établi de manière normative. Dans la

détermination du niveau de pauvreté dans la dimension logement, on définira un ménage

de référence. Un ménage se retrouvant dans une situation pire que le ménage de

référence, se trouve confronté à la pauvreté.

Page 84: De la pauvreté multidimensionnelle des Femmes en Haïti ......i RÉSUUMMÉÉ Cette étude analyse la pauvreté multidimensionnelle des femmes en Haïti et l`impact d`un système d`activités

69

Tableau 4.3 Dimensions/indicateurs et niveaux retenus

Dimension Indicateur Niveau Monétaire Revenu monétaire des activités menées Revenu monétaire annuel < 22 260

gourdes, revenu monétaire annuel moyen

excluant l autoconsommation et le troc

(ECVH, 2001)

Éducation E : Fréquentation et progrès

F : Nombre d’années d’études

Enfant : Ne va pas ou > 2 ans retardé

Adulte : N’a pas achevé le CM1

Alimentation Difficultés à satisfaire les besoins de

nourriture

Le repas principal manque au plus trois

jours par mois

Santé Utilisation des services de santé en cas

de maladie

En cas de maladie, avoir accès rarement à

un centre de santé

Eau de boisson et

assainissement

Type d`approvisionnement (source,

rivière, fontaine publique, eau courante

à l intérieur de la maison, eau traitée) ;

lieu d`aisance (WC, latrine, etc.)

Boit directement l eau de source ou du

robinet

Ne possède pas une latrine sur le lieu de

résidence

Logement Statut d`occupation du logement

(propriétaire avec titre de propriétaire,

aucun titre de propriété, loyer, fermage,

logé gratuitement)

Taille du logement (nombre de pièces)

Solidité du logement (matériau des

murs, de la toiture et du parquet, etc.)

Densité du logement (Nombre de

personnes dans une pièce)

Analyse de correspondances multiples &

ménage de référence

Autonomie de la

Femme

Activité rémunératrice autre qu`agricole

menée

A une épargne personnelle

44..22..66 LLeess vvaarriiaabblleess eenn lliieenn aavveecc lleess ppeerrcceeppttiioonnss ddeess ffeemmmmeess ssuurr llaa ppaauuvvrree ttéé ee tt lleeuurrss

ccoonnddiittiioonnss ddee vviiee

L`étude s’intéresse aussi à saisir la perception des femmes sur la pauvreté et leurs

conditions de vie et à avoir leur point de vue sur les stratégies de lutte contre la pauvreté

mises en œuvre à Chansolme, entre autres, KOFAVAC. Cette partie de l analyse est

importante dans la mesure où le manque d’écoute des personnes pauvres dans la

formulation des stratégies de lutte contre la pauvreté est sans doute l’une des causes des

échecs ou l’un des points faibles des politiques. Cette approche qui consiste à connaître la

propre appréciation d`un ménage de son niveau de vie et des stratégies mises en œuvre

est complémentaire à l approche antérieure dont le principe est de demander à un ménage

son niveau de revenu ou de consommation. La pauvreté des femmes a été étudiée à partir

de ces indicateurs subjectifs :

La perception générale de la pauvreté;

Les signes ou les principales manifestations de la pauvreté et de la richesse perçus ;

Page 85: De la pauvreté multidimensionnelle des Femmes en Haïti ......i RÉSUUMMÉÉ Cette étude analyse la pauvreté multidimensionnelle des femmes en Haïti et l`impact d`un système d`activités

70

La perception de leur niveau de pauvreté.

Les indicateurs subjectifs portant sur les stratégies de lutte contre la pauvreté porteront

sur :

Les stratégies perçues comme celles pouvant améliorer les conditions de vie à

Chansolme

Les stratégies prioritaires et efficaces retenus par les Femmes

44..22..77 VVaarriiaabblleess ddee ll`aannaallyyssee dd`iimmppaacctt ddee KKOOFFAAVVAACC

Nous nous sommes basées sur l outil d`évaluation de la pauvreté du CGAP pour

identifier les besoins en crédit des femmes. La question du financement est un problème

majeur au sein de la population haïtienne. L’un des déterminants de la pauvreté en Haïti

est l’absence d’encadrement des agents économiques et particulièrement des paysans. Or,

le crédit est un outil privilégié dans la lutte contre la pauvreté dans la mesure où il

permet de financer des activités génératrices de revenus capables de faire vivre

décemment un ménage. Toutefois, le crédit mérite d’être accompagné par une série

d’autres mesures. En abordant le crédit, nous avons cherché à mesurer l impact du

système d`activité de KOFAVAC sur l amélioration des conditions de vie des femmes et

de leur ménage. Les variables et les indicateurs spécifiques sont présentés au tableau

suivant.

TTaabblleeaauu 44..44 VVaarriiaabblleess ee tt iinnddiiccaatteeuurrss dd`aannaallyyssee ddee ll`iimmppaacctt ddee KKOOFFAAVVAACC

Variable Indicateur Apport KOFAVAC Le montant des bénéfices obtenus de décembre 2010 à juin 2011

Montant épargné provenant de KOFAVAC

Utilisation du revenu KOFAVAC

Utilisation de l épargne KOFAVAC

Appréciation Perception de la satisfaction ou de l insatisfaction

Défaillance dans le système Défaillance dans le système crédit/épargne /commerce

Causes/facteurs responsables de la défaillance

Capital social Participation à une ou des organisations/associations avant et après

l’intégration de KOFAVAC

Capacité de prise en charge de soi

Capacité de prise de décision au sein du ménage

Capacité d`autonomie

Page 86: De la pauvreté multidimensionnelle des Femmes en Haïti ......i RÉSUUMMÉÉ Cette étude analyse la pauvreté multidimensionnelle des femmes en Haïti et l`impact d`un système d`activités

71

44..33 LL`AANNAALLYYSSEE DDEESS DDOONNNNÉÉEESS

Les données collectées au cours de l’étude sont traitées de manière à répondre aux

questions de la recherche.

44..33..11 LLee ccaaddrree dd’’aannaallyyssee

Le cadre conceptuel de notre recherche s’est appuyé sur les facteurs explicatifs de la

pauvreté en Haïti à partir de deux sources (Siméon et Boccanfuso. Avril 2006 ; CCI-

Haïti. 2003). Ce cadre a servi dans la grille d’analyse. En effet, la pauvreté des femmes

de KOFAVAC est influencée par un ensemble de caractéristiques intrinsèques et par des

facteurs socioéconomiques et des éléments de l environnement externe que nous avons

cherché à capter à partir d’informations recueillies auprès d`elles. Nous avons tenu

compte des relations multiples et des interdépendances qui existent entre les dimensions

de pauvreté des femmes.

44..33..22 LL’’aannaallyyssee dduu qquueessttiioonnnnaaiirree

Les données du questionnaire ont été codifiées puis traitées au moyen du logiciel SPSS.

Ensuite, il y a eu une réorganisation du matériel en fonction des besoins de l analyse pour

atteindre les objectifs de l étude.

Nous avons produit au moyen de SPSS des statistiques descriptives pour variables

qualitatives et quantitatives permettant de déterminer les fréquences et les pourcentages

par catégorie d`une variable en vue de caractériser les femmes. Des histogrammes sont

créés en vue de donner une vue d`ensemble de la situation décrite par les variables.

L`identification des différences de caractéristiques sociodémographiques et économiques

entre les femmes ou les ménages aidera à comprendre en quoi les femmes diffèrent en

termes de niveau de pauvreté. Ces différences sont déterminées à l aide de tests de T et de

Khi-deux pour les tableaux croisés.

À l intérieur des variables, sont créés des indicateurs de pauvreté en termes d`actifs

possédés (terre et animaux d`élevage) et de logement permettant de mesurer ces deux

aspects de la pauvreté relative des femmes. Pour identifier les variables les plus

appropriées et les plus pertinentes explicatives des différences dans le niveau de pauvreté

Page 87: De la pauvreté multidimensionnelle des Femmes en Haïti ......i RÉSUUMMÉÉ Cette étude analyse la pauvreté multidimensionnelle des femmes en Haïti et l`impact d`un système d`activités

72

relative des ménages, nous avons effectué des tests de corrélation linéaires. Le niveau de

signification est fixé à 0,05 ou moins.

44..33..33 LL`aannaallyyssee ddeess eennttrreevvuueess sseemmii--ss ttrruuccttuurrééeess

Les enregistrements des entrevues auprès des notables et des personnes qui appuient

KOFAVAC sont retranscrits sous forme de verbatim dans le but de garder l’authenticité

des propos des participantes et participants à l’étude. Ensuite, l analyse des verbatim est

effectuée en vue de repérer les ressemblances et différences de points de vue entre les

divers groupes. Ces divergences et convergences de points de vue et perceptions sont

recherchées d`une part au niveau de l impact de KOFAVAC sur la vie des femmes et

d`autre part, sur les actions futures à mener en vue de mieux encadrer les femmes.

Page 88: De la pauvreté multidimensionnelle des Femmes en Haïti ......i RÉSUUMMÉÉ Cette étude analyse la pauvreté multidimensionnelle des femmes en Haïti et l`impact d`un système d`activités

73

CCHHAAPPIITTRREE VV.. AANNAALLYYSSEE EETT DDIISSCCUUSSSSIIOONN DDEESS RRÉÉSSUULLTTAATTSS :: LLee

ppoorrttrraaii tt ddeess ddii fffféérreennttss mméénnaaggeess eett ddee ll eeuurr ssii ttuuaattii oonn

Dans cette première section de l analyse des données et la discussion des résultats de

l étude, nous présentons le portrait des différents ménages KOFAVAC et de leur situation

socio-économique.

55..11 LLAA CCAARRAACCTTÉÉRRIISSAATTIIOONN DDEESS FFEEMMMM EESS

La population étudiée est composée de 34 femmes. La première partie de l analyse

présente de façon détaillée les caractéristiques sociodémographiques puis économiques

essentielles des ménages, permettant ainsi de répondre à notre première question de

recherche, à savoir «identifier les déterminants de la pauvreté chez ce groupe de femmes

et évaluer leur niveau de pauvreté multidimensionnelle».

55..11..11 LLeess ccaarraaccttéérriiss ttiiqquueess ssoocciiooddéémmooggrraapphhiiqquueess

LLaa pprréésseennccee dd`uunn ccoonnjjooiinntt

On compte 22 des 34 femmes qui ont un conjoint. Ainsi, environ le tiers des ménages

(35,29 %) sont monoparentaux. Toutefois, le statut matrimonial des femmes ayant un

conjoint diffère. La moitié vit en concubinage, appelé couramment en Haïti «plaçage»

et l autre, mariée.

TTaabblleeaauu 55..11 PPrréésseennccee dd`uunn ccoonnjjooiinntt

Réponse Nombre Pourcentage Oui 22 64,7 %

Non 12 35,3 % Total 34 100,0 % Source : Calculé à partir des données de l enquête, 2011

LL`ââggee ddee llaa ffeemmmmee ee tt dduu ccoonnjjooiinntt

L`âge moyen des femmes est de 42 ans alors que celui des conjoints est 47. En moyenne,

les conjoints sont plus âgés. Le groupe majoritaire chez les conjoints est celui des plus de

50 ans (40,9 %) alors que chez les femmes, ce sont les 36-45 ans.

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TTaabblleeaauu 55..22 ÂÂggee ddee llaa ffeemmmmee ee tt dduu ccoonnjjooiinntt

Tranche d`âge

Nombre Pourcentage

Femme Conjoint Femme Conjoint

20-35 6 3 17,6 % 13,6 %

36-45 17 5 50,0 % 22,7 % 46-50 6 5 17,6 % 22,7 %

>50 5 9 14,6 % 40,9 % Total 34 22 100,0 % 100,0 % Source : Calculé à partir des données de l enquête, 2011

LLaa ttaaiillllee dduu mméénnaaggee

La taille moyenne des ménages est de 7 personnes, mais varie de 3 à 14. Toutefois, les

ménages de 4 à 6 personnes sont les plus courants. Rares sont les ménages de trois

personnes.

TTaabblleeaauu 55..33 TTaaiillllee dduu mméénnaaggee

Personnes Nombre Pourcentage 3 6 17,6 %

4-6 10 29,4 % 7-9 9 26,5 %

≥10 9 26,5 % Total 34 100,0 %

Statistiques

Moyenne 6,97 Mode 7

Minimum 3 Maximum 14 Source : Calculé à partir des données de l enquête, 2011

LLee nnoommbbrree dd`aadduulltteess dduu mméénnaaggee

Les ménages sont composés d`un nombre moyen de 3,79 adultes. Les plus nombreux sont

ceux de 3 à 5 (55,9 %). Toutefois, il y a des ménages d`un seul adulte, nommément la

femme.

TTaabblleeaauu 55..44 PPrréésseennccee dd`aadduulltteess aauu ssee iinn dduu mméénnaaggee

Adultes Nombre Pourcentage 1 4 11,8 %

2 6 17,6 %

3-5 19 55,9 % 6-10 5 14,7 %

Total 34 100,0 % Source : Calculé à partir des données de l enquête, 2011

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LLee nnoommbbrree dd`eennffaannttss pprréésseennttss ddaannss llee mméénnaaggee

Le nombre moyen d`enfants est d`environ 4 (3,78). Toutefois, on compte des ménages

qui n`ont aucun enfant de 0 à 18 ans (11,8 %). Or, les ménages les plus courants sont

ceux de 3 à 4 enfants (44,1 %).

TTaabblleeaauu 44..55 NNoommbbrree dd`eennffaannttss dduu mméénnaaggee

Enfants Nombre Pourcentage

0 4 11,8 %

1-2 8 23,5 % 3-4 15 44,1 %

≥ 5 7 20,6 % Total 34 100,0 % Source : Calculé à partir des données de l enquête, 2011

LL`ââggee mmooyyeenn ddeess eennffaannttss dduu mméénnaaggee

L`âge des enfants du ménage varie de 2 jours à 18 ans. La moyenne est d`environ 10 ans

(10,43). La tranche des 6 à 12 ans est majoritaire.

TTaabblleeaauu 44..66 ÂÂggee mmooyyeenn ddeess eennffaannttss dduu mméénnaaggee

Tranche d`âge Nombre Pourcentage 0-5 2 6,7 %

6-12 20 66,6 % 13-18 8 26,7 %

Total 30 100,0 % Source : Calculé à partir des données de l enquête, 2011

LLeess eennffaannttss qquuii nnee ssoonntt ppaass ddeess ffiillss ddee llaa ffeemmmmee

Tous les enfants du ménage ne sont pas fils et filles de la femme. On en compte 22 qui

sont répartis dans 14 ménages. Le nombre de ces enfants au sein des ménages varie de

1 à 5. Parmi eux, le plus grand groupe est celui des neveux et nièces (12/22). Il est suivi

par les petits fils (5/22). Il y a tout de même un enfant de service22.

22

Un enfant de service est un enfant âgé de 5 ans et plus, confié par des parents pauvres du milieu rural à une famille

en ville en mesure de lui offrir un peu de nourriture et un toit, espérant ainsi lui assurer une vie plus décente.

Cependant, dans la majorité des cas, cet enfant est sous-alimenté, ne reçoit aucune instruction et subit des violences physiques et sexuelles. C`est une pratique très ancienne en Haïti. Ces enfants en domesticité sont appelés « restavèk ».

Ils sont souvent coupés de tout lien avec leur propre famille.

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TTaabblleeaauu 55..77 LLiieenn ddee ppaarreennttéé ddeess eennffaannttss aavveecc llaa ffeemmmmee

Statut Nombre Pourcentage

Petit fils/fille 5 22,7 % Frère/Sœur 2 9,1 %

Neveu/Nièce 12 54,5 % Cousin 1 4,5 %

Filleul 1 4,5 % Enfant de service 1 4,5 %

Total 22 100,0 % Source : Calculé à partir des données de l enquête, 2011

Les femmes sont mères de quatre enfants en moyenne, mais le nombre varie de 1 à 9. On

retrouve des mères qui ont 7 à 9 enfants (11,8 %).

TTaabblleeaauu 55..88 NNoommbbrree dd`eennffaannttss ddee llaa ffeemmmmee

Enfants Nombre Pourcentage 1-2 11 32,4 %

3-4 9 26,5 %

5-6 10 29,4 % 7-9 4 11,8 %

Total 34 100,0 % Source : Calculé à partir des données de l enquête, 2011

TTaabblleeaauu 55..99 RRééssuumméé ddeess ccaarraaccttéérriiss ttiiqquueess ddeess mméénnaaggeess

Quelques indicateurs sociodémographiques Âge moyen de la femme 42 ans Âge moyen du conjoint 47 ans Âge moyen des adultes 36 ans

Âge moyen des enfants 10 ans Taille moyenne du ménage 7 Taille minimale du ménage 3 Taille maximale du ménage 14 Nombre moyen d`adultes/ménage 3,79 Nombre moyen d`enfants/ménage 3 Nombre moyen d`enfants de la femme 4 Source : Calculé à partir des données de l enquête, 2011

LLee lliieeuu ddee nnaaiissssaannccee ddee llaa ffeemmmmee ee tt dduu ccoonnjjooiinntt

La majorité des conjoints (81,8 %) sont de la commune de Chansolme. Les hommes

natifs d`une autre commune sont une minorité (4/22). On trouve un plus grand nombre de

femmes déplacées, 32,4 % contre 18,2 % pour les conjoints.

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TTaabblleeaauu 55..1100 LLiieeuu ddee nnaaiissssaannccee ddee llaa ffeemmmmee ee tt dduu ccoonnjjooiinntt

Lieu

Nombre Pourcentage

Femme Conjoint Femme Conjoint

Commune de Chansolme 23 18 67,6 % 81,8 %

Autre commune/département 11 4 32,4 % 18,2 % Total 34 22 100,0 % 100,0 % Source : Calculé à partir des données de l enquête, 2011

Nous avons vérifié s`il y a une relation entre le nombre d`enfants de la femme et d`autres

caractéristiques du ménage. Serait-ce les plus jeunes femmes? Ce qui serait normal. Est-

ce que d`autres facteurs entrent en ligne de compte? De fait, le nombre d`enfants est

corrélé significativement avec le niveau d`études de la femme (r=-0,435 et p=0,017), et

son âge (r=0,436 et p=0,010). Ainsi, plus la femme est jeune, moins elle a d`enfants. Plus

son niveau de scolarisation est faible, plus elle en a.

En effet, les résultats de tests de T pour observations indépendantes (t(21) =-2,16;

p=0,042) confirment que les femmes de 25 à 35 ans ont significativement moins

d`enfants (M.=2,17 enfants; É.T.=0,75 enfant) que celles âgées de 36 à 45 ans (M.=4

enfants; É.T.= 2 enfants). Il en est de même lorsque l on compare ce même groupe avec

les autres tranches plus âgées.

Les femmes qui n`ont pas été scolarisées ont significativement plus d`enfants que celles

qui ont débuté les classes du secondaire (t(16)=2,88; p=0,011). Il ressort aussi que celles

qui ont débuté les études primaires sans les achever ont significativement plus d`enfants

que celles qui les ont achevées, puis commencé le secondaire (t(15)= 2,43; p=0,028).

TTaabblleeaauu 55..1111 RRééssuullttaattss dduu ttee ss tt ddee TT :: DDeeggrréé ddee ssccoollaarriissaattiioonn**nnoommbbrree dd`eennffaannttss

Degré de scolarisation de la femme

N

Nombre d`enfants de la femme Moyenne Écart-type

Sans scolarisation 11 4,73 2,10 Début des études primaires 10 4,60 2,41

Début des études secondaires 7 2,14 1,34 Source : Résultats des tests de T sur SPSS, 2011

Le niveau d`études de la femme et celui de son conjoint sont significativement corrélés

avec le nombre d`enfants de la femme (r=-0,435 et p=0,010 ; r=-0,584 et p=0,004).

Toutefois, le nombre d`enfants de la femme n`est pas corrélé significativement avec la

présence d`un conjoint et son statut matrimonial. Que la femme soit mariée ou placée ou

encore sans conjoint, cela n`affecte pas le nombre de ses enfants.

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Le nombre de personnes du ménage est corrélé significativement avec la possession

d`animaux (r=0,346 et p=0,045). C`est une corrélation positive et moyenne. Ainsi, plus le

ménage possède d`animaux, plus sa taille est élevée.

Le test de T (t(32)=-2,32 et p=0,033) confirme que la taille des ménages qui ne possèdent

pas d`animaux (M=5,73 personnes; E.T.=3,15 personnes) est plus faible que celle des

ménages qui en possèdent (M=7,95 personnes; E.T.=2,63 personnes).

RRééssuumméé

Le nombre d`enfants de la femme est corrélé significativement et positivement avec son

niveau de scolarisation et son âge. Il est aussi corrélé avec le niveau de scolarisation du

conjoint. Ceci est normal et prévisible.

La possession d`actifs, notamment animal, a un impact significatif sur la taille des

ménages. Contrairement à ce qu`on pourrait prédire, la terre exploitée et possédée, le

revenu net de la femme, la présence d`un conjoint et le statut matrimonial n`influent pas

significativement sur le nombre d`enfants de la femme.

L`âge et le lieu de naissance de la femme n`influent pas significativement sur le statut

matrimonial de la femme.

Les enfants de service continuent d`exister même au sein de cette population pauvre.

55..11..22 LLeess ccaarraaccttéérrii ssttiiqquueess ééccoonnoommii qquueess dduu mméénnaaggee

LL`aaccttiivviittéé ééccoonnoommiiqquuee pprriinncciippaallee ddee llaa ffeemmmmee ee tt dduu ccoonnjjooiinntt

Il y a 20,6 % (7/34) des femmes qui ne mènent aucune activité principale (AP). Parmi

celles qui s`adonnent à une AP, 61,8 % effectuent un petit commerce de détail. Ainsi,

l AP des femmes est le petit commerce. Deux femmes estiment que leur AP est

l agriculture. En fait, elles effectuent aussi un petit commerce puisque l agriculture n`est

qu`une activité saisonnière. Une seule femme est «Madan Sara23». Aucune n`est salariée

du secteur public ou privé.

Il y a 63,6 % (14/22) des conjoints qui sont agriculteurs. De ce fait, l AP des conjoints

est l agriculture. Ceci est d`autant plus vrai puisque même ceux qui ont une autre AP,

23

La Madan « Sara » est une revendeuse détaillante qui assure la commercialisation de la quasi-totalité des produits vivriers, des fruits et légumes. Elle achète sur les marchés ruraux et dans les campagnes environnantes et va revendre

dans les centres urbains. Elle est un maillon fort de la commercialisation des produits agricole en Haïti.

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pratiquent l agriculture. Ceux qui exercent un petit métier ne sont que six. Ils sont

mécaniciens/chauffeurs et coiffeurs. Un conjoint est membre du petit personnel d`une

université privée à Port-de-Paix et un autre assure la garde à l hôpital de Port-de-Paix.

Salarié de l État, il a révélé n`avoir pas reçu son salaire depuis plus d`un an.

GGrraapphhiiqquuee 55..11 AAccttiivviittéé ééccoonnoommiiqquuee pprriinncciippaallee ddee llaa ffeemmmmee

Source : Réalisé à partir des données de l enquête, 2011

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GGrraapphhiiqquuee 55..22 AAccttiivviittéé ééccoonnoommiiqquuee pprriinncciippaallee dduu ccoonnjjooiinntt

Source : Réalisé à partir des données de l enquête

LLee tteemmppss ccoonnssaaccrréé ppaarr llaa ffeemmmmee àà ll`AAPP

La majorité des femmes (15/28) consacrent un jour par semaine à l AP, soit le mardi, jour

de marché à Chansolme. Un quart l exerce 5 jours et plus et parmi lesquelles se trouvent

une couturière et deux vendeuses de lait et café, pain, beurre d`arachide et banane, menu

du petit déjeuner traditionnel haïtien.

TTaabblleeaauu 55..1122 TTeemmppss ccoonnssaaccrréé àà ll`aaccttiivviittéé pprriinncciippaa llee

Jours/semaine Nombre Pourcentage

1 15 53,6 % 2 2 7,1 %

3 4 14,3 % 5-7 7 25,0 %

Total 28 100,0 % Source : Calculé à partir des données de l enquête, 2011

On peut conclure que les femmes sont sous-employées puisque plus de la moitié n`exerce

l AP qu`un seul jour par semaine et 75 %, trois jours et moins. En effet, l emploi informel

que représente le petit commerce de la majorité des femmes ne les occupe que peu de

temps durant une semaine. Mis à part le mardi, les autres jours de la semaine, les produits

sont exposés devant la maison dans l espoir qu`un client arrive.

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LLeess aaccttiiffss dduu mméénnaaggee

LLaa tteerrrree mmiissee eenn vvaalleeuurr

Les ménages exploitent en moyenne 0,72 carreau de terre (1car=1,29 ha). Quatre

ménages ne pratiquent pas l agriculture. La taille des parcelles varie de 0,125 à 5

carreaux. Toutefois, un seul ménage exploite cinq carreaux. Parmi les 82,9 % qui

mettent en valeur des terres agricoles, on s`aperçoit que la majorité (15/30) exploite

moins d`un demi-carreau.

GGrraapphhiiqquuee 55..33 SSuuppeerrffiicciieess ttoottaallee ss eexxppllooiittééeess ppaarr lleess mméénnaaggeess

Source : Réalisé à partir des données de l enquête, 2011

LLeess tteerrrreess eexxppllooiittééeess eenn mmooddee ddee pprroopprriiéé ttéé

La moyenne (0,11 car) des superficies exploitées en mode de propriété est six fois plus

petite que la moyenne des terres exploitées (0,72 car). Plus de la moitié des ménages,

(61,8 %) sont des sans-terres. Et parmi les propriétaires, 69,2 % (9/13) possèdent moins

d`un quart de carreau. Un seul ménage possède plus d`un demi carreau.

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TTaabblleeaauu 55..1133 TTaaiillllee ddeess ppaarrccee lllleess eexxppllooiittééeess eenn mmooddee ddee pprroopprriiéé ttéé

Superficie en carreau Nombre Pourcentage

0 21 61,8 % ≤0,25 9 26,5 %

0,26-0,50 3 8,8 % >0,50 1 2,9 %

Total 34 100,0 % Source : Calculé à partir des données de l enquête, 2011

LLeess tteerrrreess eexxppllooiittééeess eenn dd`aauuttrreess mmooddeess ddee tteennuurree

Le fait de ne pas posséder sa terre ne signifie pas qu`on ne pratique pas l agriculture.

Parmi les 30 exploitants, il y en a qui sont fermiers, métayers et en situation d`indivision.

Ils peuvent cumuler aussi 2 ou 3 types de tenure. La majorité des ménages sont en

situation d`indivision (17/30). Les ménages qui parviennent à exploiter une parcelle en

fermage sont moins nombreux (11/30).

TTaabblleeaauu 55..1144 AAuuttrreess mmooddeess ddee tteennuurree ddeess tteerrrreess

Superficie en car

Fermage Indivision Métayage

Nombre % Nombre % Nombre %

0 19 63,3 % 13 43,3 % 17 56,7 %

≤0,25 5 16,7 % 10 33,4 % 6 20,0 % 0,26-0,50 4 13,3 % 4 13,3 % 4 13,3 %

0,51-1,00 1 3,3 % 2 6,7 % 2 6,7 % >1 1 3,3 % 1 3,3 % 1 3,3 %

Total 30 100,0 % 30 100,0 % 30 100,0 % Source : Calculé à partir des données de l enquête, 2011

LLeess ppaarrccee lllleess iirrrriigguuééeess

La majorité des ménages (61,8 %) met en valeur des parcelles non irriguées, situées

généralement en montagne. Parmi les exploitants d`une parcelle irriguée, 61,54 % (8/13)

disposent de moins d`un demi carreau. Les superficies exploitées étant très faibles, il est

tout à fait normal que la taille des parcelles irriguées le soit aussi.

TTaabblleeaauu 55..1155 EExxppllooiittaattiioonn ddee ppaarrccee llllee ss iirrrriigguuééeess

Réponse Nombre Pourcentage Non 21 61,8 %

Oui 13 38,2 % Total 34 100,0 % Source : Calculé à partir des données de l enquête, 2011

La superficie totale exploitée par les ménages est corrélée significativement et fortement

avec la présence d`un conjoint, variable prédite. Le coefficient de corrélation r est égal à

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0,549 et la valeur de p est de 0,001. Ainsi, un ménage avec un conjoint semble exploiter

plus de terre qu`un ménage monoparental.

Le résultat du test de T s`avère statistiquement significatif (t(32)=-2,43 et p=0,021).

Ainsi, les femmes sans conjoint exploitent significativement moins de terres

(M= 0,22 car; É.T.=0,26 car) que celles qui en ont (M=1,00 car; É.T.=1,08 car). Par

contre la superficie exploitée par les ménages n`est pas corrélée significativement avec

ces variables prédites : l âge des conjoints et des femmes et leur lieu de naissance.

Toutefois, le fait de posséder une parcelle agricole n`est corrélé significativement avec

aucune de ces variables prédites : la présence d`un conjoint et son lieu d`origine, le statut

matrimonial de la femme, le type d`activité économique menée soit par le conjoint et la

femme ainsi que le niveau d`études de la femme et du conjoint et la taille du ménage.

Le niveau de richesse/pauvreté en termes de possession de la terre a été vérifié au moyen

d`une variable synthétique créée en combinant quatre autres : «Exploite en mode de

propriété un demi-carreau et plus», «Exploite au moins un demi-carreau et plus (tous les

modes de faire-valoir compris», «Exploite une parcelle irriguée», «Exploite au moins une

terre agricole». Les combinaisons permettent d`obtenir quatre classes : moyenne élevée

(4 oui/4); moyenne faible (3 oui/4); pauvre (2 oui/4) et très pauvre (0-1 oui).

L`analyse de cet indicateur «Niveau de possession d`actif terre» permet d`observer que la

majorité des ménages (47,1 %), se retrouve dans la classe très pauvre en ce qui a trait à la

possession de l actif terre. Ceux considérés moyens élevés sont une minorité (2/34). En

additionnant les pauvres et très pauvres, on s`aperçoit que près des trois quarts (73,6 %)

des ménages sont défavorisés par rapport à la possession de la terre, alors que 88,2 %

(30/34) pratiquent l agriculture et par le fait même, vivent à ses dépens.

TTaabblleeaauu 55..1166 AApppprréécciiaattiioonn dduu ddeeggrréé ddee rriicchheessssee ddeess mméénnaaggeess eenn aaccttiiff tteerrrree

Niveau Nombre Pourcentage Moyen élevé 2 5,9 %

Moyen faible 7 20,6 % Pauvre 9 26,5 %

Très pauvre 16 47,1 % Total 34 100,0 % Source : Calculé à partir des données de l enquête, 2011

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Les animaux possédés

Il y a 41,2 % des ménages qui ne possèdent aucun animal d`élevage. C`est l élevage

caprin qui est prédominant et les ménages possèdent deux têtes en moyenne. Toutefois,

71,4 % de ménages qui possèdent des animaux ont plus de deux têtes et 42,0 %, de cinq à

huit têtes.

TTaabbll eeaauu 55..1177 PPoosssseessssii oonn dd`aannii mmaauuxx

Réponse Nombre Pourcentage Non 14 41,2 %

Oui 20 58,8 % Total 34 100,0 % Source : Calculé à partir des données de l enquête, 2011

L`élevage porcin est quasiment absent car seuls 5,9 % (2 ménages sur 34) possèdent un

porc adulte et 8,8 % en possèdent deux. Quant à l élevage bovin, 76,5 % des ménages

n`en possèdent pas. Ceux qui en possèdent (8/34) ont d`une à trois têtes. Il y a trois

ménages qui possèdent un cheval ou un âne, principal moyen de transport des denrées des

parcelles à la résidence.

TTaabblleeaauu 55..1188 PPoosssseessss iioonn dd`aaccttiiff aanniimmaall

Bovin caprin Cheval/âne

Tête Ménage Tête Ménage Tête Ménage

0 26 0 22 0 31 1 2 1 4 1 3

2 4 2 2 - - 3 2 5-12 6 - -

Total 34 Total 34 Total 34 Source : Calculé à partir des données de l enquête, 2011

Le degré de richesse/pauvreté des ménages en termes de possession d`actif animal est

étudié au moyen de l indice «équivalent bovin24» créé.

Cet indicateur révèle que les ménages sont défavorisés en termes de possession

d`animaux. Or, une des fonctions de l élevage en Haïti est l épargne. Ainsi, parmi les

58,8 % de ménages qui possèdent des animaux, on compte 40,0 % (8/20) qui n`ont pas

l équivalent d`un quart de tête de bovin. Ceux qui ont l équivalent d`une tête et plus sont

45,0 % (9/20).

24

Sur la base de notre propre enquête sur les prix des animaux sur le marché de Chansolme les mardis 21 juillet et 11 août 2011, nous avons établi une échelle d`équivalence bovine. Ainsi, 1 cheval, 2 ânes, 10 caprins adultes, 4 porcs

adultes et 80 poules représentent chacun l`équivalent d`une tête de bovin.

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TTaabbllee aauu 55..1199 PPooss ss ee ss ss iioonn dd`aaccttiiff aanniimmaall ee nn éé qquuiivvaallee nntt bboovviinn

Équivalent tête de bovin Nombre Pourcentage

0 14 41,2 %

<0,25 8 23,5 % 0,25-0,50 1 2,9 %

0,51-0,99 2 5,9 % 1-2 4 11,8 %

>2 5 14,7 %

Total 34 100,0 % Source : Calculé à partir des données de l enquête, 2011

Cet indicateur est significativement corrélé avec une des variables prédites, le nombre

d`enfants à l école privée (r=0,428 et p=0,012). Ainsi, plus le ménage possède d`animaux

équivalent bovin, plus ses enfants sont à l école privée. Par contre, il n`est pas en

corrélation avec la présence d`un conjoint et son lieu de naissance, la taille du ménage,

l âge de la femme et son statut matrimonial.

RRééssuumméé

L`AP de la femme est un petit commerce et celle du conjoint, l agriculture. Ceci est confirmé

par les études réalisées, notamment celles de Lamaute-Brisson (2001). «L`agriculture est

pratiquée par 76,0 % d`hommes et le secteur commerce de gros et de détail concernent les

femmes, dont 88,0 % en milieu rural».

Les ménages ne sont pas bien dotés en actifs terre bien que ce soit l agriculture qui est la

principale source de revenu du conjoint. Les sans-terres représentent 61,8 % et ceux qui

possèdent moins d`un quart de carreau, 26,5 %. Ainsi, ce fait est corroboré par les données de

Doura qui révèlent que les petites exploitations de 0,5 carreau, sont prédominantes en Haïti

(Doura, F. 2001) et de Laraque : les parcelles inférieures à 0,3 ha représentent 45,0 % des

parcelles exploitées (Laraque. 1987) est aussi vrai pour les ménages KOFAVAC.

L`élevage caprin est prédominant et cela est dû au fait que les caprins sont moins exigeants en

termes de capital d investissement et en ressources alimentaires. Les ménages sont défavorisés

en actif animal bien que l élevage joue encore le rôle d`épargne en milieu rural. En fait, il

semble que c`était principalement du porc créole rustique qui assurait la fonction d`épargne.

Or, depuis l éradication de la peste porcine africaine en Haïti, l élevage porcin a du mal à

reprendre sa place. En effet, six ménages (17,6 %) possèdent seulement un ou deux porcs. Le

principal handicap pour la revalorisation de l élevage porcin est le coût des aliments, jugé trop

élevé par les femmes.

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86

55..22 LL`ÉÉVVAALLUUAATTIIOONN DDUU NNIIVVEEAAUU DDEE PPAAUUVVRREETTÉÉ DDEESS FFEEMMMMEESS EETT DDEE LLEEUURRSS

MMÉÉNNAAGGEESS

Pour répondre à notre première question de recherche, à savoir dégager les déterminants

de la pauvreté des femmes et du coup atteindre le premier objectif de la recherche qui

consiste à identifier les déterminants de la pauvreté des femmes et évaluer leur niveau de

pauvreté, plusieurs dimensions ont été étudiées : la scolarisation, l alimentation, le

logement, la santé, l eau de boisson et l assainissement, le revenu et le niveau

d`autonomie de la femme.

55..22..11 LL`éédduuccaattiioonn

55..22..11..11 LLee nniivvee aauu dd`éé ttuuddee ss ddee llaa ffee mmmmee ee tt dduu ccoonnjjooiinntt

Aucune femme ni aucun conjoint n`a bouclé le secondaire, encore moins des études

universitaires. Bien qu`il est vrai que la proportion de femmes non scolarisées est plus

élevée (32,4 %) que celle des hommes (18,2 %), les femmes ont achevé leurs études

primaires sensiblement dans la même proportion que les hommes et elles ont débuté leurs

études secondaires dans une plus forte proportion (20,6 %).

TTaabblleeaauu 55..2200 DDeeggrréé ddee ssccoollaarriissaattiioonn ddee llaa ffeemmmmee ee tt dduu ccoonnjjooiinntt

Niveau Nombre Pourcentage Femme Conjoint Femme Conjoint

Pas de scolarisation 11 4 32,4 % 18,2 % Début d`études primaires 10 10 29,4 % 45,5 % Études primaires achevées 6 4 17,6 % 18,2 % Début d`études secondaires 7 4 20,6 % 18,2 % Total 34 22 100,0 % 100,0 %

Source : Calculé à partir des données de l enquête, 2011

Ce fait semble refléter la supériorité de genre en Haïti. Aujourd`hui encore, comme le

confirment les chiffres de l IHSI, le degré d`alphabétisme des hommes est plus élevé

(63,8 %) que celui les femmes (58,3 %) (IHSH, 2003). Ainsi, les femmes sont

défavorisées en matière d`instruction par rapport à leurs conjoints car elles sont plus

nombreuses à ne pas être scolarisées.

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LL`éévvaalluuaattiioonn dduu nniivveeaauu dd`éé ttuuddeess ddeess mmeemmbbrreess dduu mméénnaaggee

Aucune des femmes âgées de 25 à 35 ans n`est analphabète. Les non scolarisées sont

parmi les trois autres catégories d`âge plus élevées. Aucune de celles de 46 ans et plus n`a

débuté les études secondaires. Celles qui ont achevé les études primaires et débuté le

secondaire sont les 25 à 35 ans (42,9 %) et les 36 à 45 ans (57,1 %).

GGrraapphhiiqquuee 55..44 RRee llaattiioonn eennttrree ll`ââggee ddee llaa ffeemmmmee ee tt ssoonn ddeeggrréé ddee ssccoollaarriissaattiioonn

Source : Réalisé à partir des données de l enquête, 2011

Le niveau de scolarisation de la femme est fortement et significativement corrélé avec

son âge (r=-0,569 et p=0,000). La corrélation est négative. Ainsi, plus la femme est âgée,

plus son niveau de scolarisation est faible et vice-versa.

Le résultat d`un test de T pour observations indépendantes confirment que les femmes qui

n`ont pas été scolarisées sont significativement plus âgées que celles qui ont achevé leur

études primaires (t(15)=2,56, p=0,022) de même que celles qui ont entamé le secondaire

(t(15)= 3,27, p=0,005).

0

10

20

30

40

50

60

70

80

90

Pas descolarisation

Début desétudes primaires

Études primairesachevées

Début desétudes

secondaires

Po

urc

en

tage

25-35 ans 36-45 ans 46-50 ans >50ans

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TTaabblleeaauu 55..2211 RRééssuullttaattss ddeess tteess ttss ddee TT

Degré de scolarisation de la femme

N

Âge des femmes

Moyenne Écart-type

Sans scolarisation 11 48,3 ans 8,1 ans

Études primaires achevées 10 39,0 ans 4,6 ans Début des études secondaires 7 36,2 ans 5,3 ans Source : Résultats des tests de T sur SPSS, 2011

Ces résultats semblent confirmer un certain progrès en termes de scolarisation en Haïti,

particulièrement des femmes. Les plus jeunes pourraient avoir complété plus d`années

d`études que les plus âgées ou encore les filles sont de plus en plus scolarisées.

La variable, lieu de naissance, qui pourrait être en corrélation avec le niveau d`études de

la femme et du conjoint ne l est pas d`après le résultat du test de corrélation. Ainsi, que la

femme soit du bourg de Chansolme ou d`une section communale, cela ne semble pas

avoir une relation significative avec son niveau de scolarisation. Or, certaines études

révèlent que le taux d`alphabétisme est meilleur en milieu urbain qu`en milieu rural

(80,5 % contre 47,1 %). Et les écoles publiques ne couvrent que 20,0 % de la demande

totale de l éducation de base et 23 sections communales n`ont aucune école (DSNCRP.

Nov. 2007. p. 63).

LLeess aadduulltteess dduu mméénnaaggee

Les adultes du ménage ne sont pas tous scolarisés. Il y a 50,0 % des ménages qui ont

entre 1 à 4 adultes non scolarisés. Ce chiffre semble énorme d`autant plus que le nombre

moyen d`adultes du ménage est de quatre personnes. Il y a 11,8 % de ménages qui n`ont

aucun adulte ayant achevé le cycle primaire et 85,3 % qui n`en ont aucun qui a complété

le secondaire.

LLee ddeeggrréé dd`aallpphhaabbééttiissmmee ddeess aadduulltteess

Le degré d`alphabétisme des adultes est apprécié en termes du nombre d`adultes non

scolarisés par rapport au nombre total d`adultes du ménage. Parmi les ménages, on en

compte un qui a tous ses membres (4/4) qui n`ont jamais été à l école ; 29,4 % des

ménages ont un tiers de leurs membres adultes non scolarisés.

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LLeess eennffaannttss dduu mméénnaaggee

Tous les enfants en âge d`aller à l école sont à l école. Ainsi, la fréquentation scolaire est

très élevée et la scolarisation des enfants est une priorité pour les ménages. Le nombre

moyen d`enfants à l école par ménage est de trois. On compte 14,7 % (5/34) des ménages

qui n`ont aucun enfant en âge de scolarisation (0 à 18 ans). Cela ne veut pas dire pour

autant que ces ménages n`ont pas de membres à l école. Le plus grand groupe de

ménages (44,1 %) a trois ou quatre membres à l école.

GGrraapphhiiqquuee 55..55 EEnnffaannttss dduu mméénnaaggee qquuii ssoonntt àà ll`ééccoollee

Source : Réalisé à partir des données de l enquête, 2011

Si la fréquentation scolaire est bonne, par contre il s`observe un certain retard dans la

scolarisation des enfants. Ce retard est de 3 à 5 ans pour plus de la moitié de l échantillon.

L`étendue d`âge de l enfant au CEP est de 12 à 17 ans. L`âge normal pour atteindre le CEP

est de 12 ans. Or, sur un total de 17 enfants qui sont en 6e Année (année du CEP), il n`y en

a qu`un seul (5,9 %) âgé de 12 ans. On en compte 29,4 % qui ont 13 et 14 ans et 64,7 %

sont âgés de 15 à 18 ans.

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TTaabblleeaauu 55..2222 ÂÂggee ddee ll`eennffaanntt aauu CCEEPP

Tranche d`âge Nombre Pourcentage

12 1 5,9 % 13-14 5 29,4 %

15-18 11 64,7 % Total 17 100,0 % Source : Calculé à partir des données de l enquête, 2011

La comparaison de l âge moyen au CEP avec celui de 12 ans, reconnu officiellement par

le MENFP comme l âge normal au CEP à l aide d`un test de T est hautement

significative (t(17)=7 et p=0,000) : l âge moyen des enfants au CEP est de 15 ans. Par

conséquent, on peut confirmer l hypothèse que l âge moyen des enfants au certificat est

significativement supérieur à 12 ans. D`où un retard scolaire de plus de trois ans des

enfants.

Dans ce contexte, les enfants commencent le troisième cycle fondamental à l âge où ils

devraient finir le secondaire ou commencer l université. De fait, on compte 44,1 % des

ménages qui ont 1 à 3 adultes de 19 ans à 28 ans qui sont encore soit à l école

fondamentale ou au secondaire. Ainsi, ceci confirme que même les ménages qui n`ont pas

d`enfants en âge d`aller à l école (0 à 18 ans) ont des membres qui sont effectivement à

l école. En conséquence, ils sont à la charge des parents puisqu`ils ne travaillent pas.

Plusieurs ménages, soit 44,1 %, n`ont aucun enfant à l école publique ou nationale de

Chansolme. Ainsi, la grande majorité des enfants de ces femmes sont à l école privée,

soit à Chansolme ou ailleurs. Environ 58,8 % des femmes ont 1 à 3 enfants à l école

privée. On compte aussi 14,6 % qui ont leurs enfants à l école à Port-de-Paix ou à Port-

au-Prince.

Vu le coût relativement élevé de l école privée par rapport à l école publique, il serait

intéressant de questionner ces femmes pour saisir la raison de leur choix. Serait-ce le

manque de places à l école nationale, la qualité de l enseignement, l irrégularité des

enseignants ou d`autres facteurs, tels le sentiment d`infériorité de fréquenter une école

nationale qu`il faudrait questionner? Notre étude n`avait pas pour objet de trouver une

réponse à cette interrogation. Cependant, on sait que l unique école nationale de

Chansolme, comme partout ailleurs dans le pays, a une capacité d`accueil très réduite et

la qualité de l enseignement est jugée faible par plus d`un. En effet, une des sources

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consultées relatait que le faible niveau de formation des enseignants (20,0 % seulement

des enseignants du primaire sont formés) et les frais de scolarité élevés par rapport au

revenu des ménages sont les principales causes de paralysie du système éducatif (SNA-

EPT. 2007. pp. 19-20).

RRééssuumméé

Le niveau de scolarisation de la femme de KOFAVAC est faible car 32,4 % n`ont pas été

scolarisées et de plus, il n`y a que 17,6 % (4/34) des femmes qui ont décroché leur CEP.

Il y a 85,3 % de ménages qui n`ont aucun membre adulte qui a complété le secondaire,

encore moins le cycle universitaire.

Tous les enfants de la femme sont à l école. Ainsi, il ne semble pas y avoir de

discrimination de genre entre les enfants, ni aucune forme de favoritisme des garçons par

rapport aux filles. Toutefois, la quasi-totalité des enfants est retardée en matière de

scolarisation. On compte 94,1 % qui atteignent le CEP à plus de 12 ans, âge normal pour

boucler le cycle primaire.

55..22..22 LL`aalliimmeennttaattiioonn

L`alimentation des ménages est étudiée par le nombre de repas servis au cours d`une

journée et le nombre de fois où le repas principal manque au cours d`un mois.

55..22..22..11 LLee nnoommbbrree ddee rree ppaass ss ee rrvviiss ppaarr jjoouurr

La majorité des ménages (52,9 %) consomme deux repas quotidiens. Cependant, on

compte 32,4 %, presque le tiers des ménages, qui ne servent qu`un seul repas par jour.

Ceux qui ont trois repas sont minoritaires. Les propos d`une femme ne pouvant offrir

qu`un seul repas à ses enfants sont explicites : «Je n`ai pas un homme dans la maison et

j`ai des enfants sans papa. Leur papa est vivant, mais ne s`occupe pas d`eux. Comment

puis-je les nourrir? Je n`ai pas un emploi et le petit commerce ne peut pas leur donner à

manger25».

25«Mwen pa gen yon mesye nan kay la epi yon bann timoun nan men ou san papa. Misye la men li pa fà anyen pou yo.

Kòman ou vle pou m ba yo manje? Mwen pa gen yon travay ki rapòte ou kòb e ti komès pa ka ba timoun yo manje»

(E-05).

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92

TTaabbll eeaauu 55..2233 RReeppaass jjoouurrnnaall ii eerrss sseerrvvii ss ppaarr ll ee mméénnaaggee

Nombre de repas/jour Nombre Pourcentage 1 11 32,4 %

2 18 52,9 % 3 5 14,7 %

Total 34 100,0 % Source : Calculé à partir des données de l enquête, 2011

55..22..22..22 LLee nnoommbbrree ddee jjoouurrss ppaarr mmooiiss ss aannss llee rree ppaass pprriinncciippaall

Un certain nombre de femmes ne parviennent pas à servir ne serait-ce que le repas

principal tous les jours du mois. Il y en 29,4 % (10/34) qui l ont tous les jours. Cependant

50 % (17/34) n`ont pas ce repas quatre jours et plus au cours d`un mois. En moyenne, le

repas principal manque 3,85 jours par mois.

GGrraapphhiiqquuee 55..66 NNoommbbrree ddee jjoouurrss ssaannss llee rreeppaass pprriinncciippaall aauu ccoouurrss dd`uunn mmooiiss

Source : Réalisé à partir des données de l enquête, 2011

Le «nombre de repas servis par jour» est significativement corrélé avec quatre autres

variables : le nombre d`enfants présents dans le ménage, le revenu hebdomadaire net de

l AP de la femme, le fait d`avoir une épargne KOFAVAC et le nombre d`enfants à l école

privée à Chansolme. Ces corrélations sont toutes moyennes et positives. Ce qui était

prévisible sauf pour les deux corrélations avec le nombre d`enfants. On aurait pensé à

une corrélation négative, autrement dit les ménages qui ont un nombre élevé d`enfants

serviraient moins de repas par jour. Toutefois, c`est la relation inverse. Plus il y a

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d`enfants, plus le nombre de repas par jour augmente. Les enfants ne peuvent pas se

priver de nourriture selon les propos des femmes26 : «Tout ce que tu possèdes est dépensé

pour la bouche des enfants. La bouche des enfants n`a pas de frein».

TTaabblleeaauu 55..2244 VVaarriiaabblleess eenn ccoorrrréé llaattiioonn aavveecc ««LLee nnoommbbrree ddee rreeppaass ppaarr jjoouurr»»

Variables

Niveau de

signification

Valeur et signe

du coefficient

de corrélation r

Nombre

d observations

1. Revenu hebdomadaire net de l`AP de la femme 0,005** 0,516 28

2. Nombre d enfants à l`école privée 0,011* 0,430 34

3. Nombre d enfants présent dans le ménage 0,033* 0,367 34

4. A une épargne KOFAVAC 0, 038* 0,357 34

*Corrélation significative au niveau 0,05 (bilatéral) ** Corrélation significative au niveau 0,01 (bilatéral)

Source : Résultats des tests sur SPSS à partir de la base de données de l enquête, 2011

Il appert que le revenu de l AP des femmes est déterminant dans le nombre de repas servi

par jour. Ainsi, les femmes qui gagnent 200 gourdes et moins par semaine servent

significativement (t(10)=-2,24 et p=0,049) moins de repas par jour (M.=1,67; É.T.=0,52)

que celles qui gagnent entre 1 000 et 1 500 gourdes par semaine (M.=2,33; É.T.=0,52). Il

appert aussi que celles qui gagnent entre 250 et 350 gourdes offrent significativement

(t(12)=-4,128 et p=0,001) moins de repas par jour (M.=1,25; É.T.=0,46) que celles qui

gagnent entre 1 000 et 1 500 gourdes par semaine (M.=2,33; É.T.=0,52). Ainsi, plus le

revenu hebdomadaire de la femme est élevé, plus elle est en mesure de mieux nourrir son

ménage en lui offrant plus de repas journaliers.

Le degré de possession en actif animal influe sur le nombre de repas servis par jour. Il

s`est avéré que les ménages ayant un niveau élevé en actif animal servent

significativement (t(21)=3,59 et p=0,002) plus de repas par jour (M.=2,75; É.T.=0,50)

que ceux estimés très pauvres (M.=1,58; É.T.=0,61).

Par contre, d`autres variables prédites telles la taille du ménage (nombre total de

personnes et nombre d`enfants présents), le degré d`activité des adultes du ménage ainsi

que la présence ou non d`un conjoint, n`ont aucun impact sur le nombre de repas servis

au cours d`une journée par le ménage.

Un indicateur «Satisfaction du besoin alimentation du ménage» a été créé en combinant

les deux variables étudiées «Nombre de jours sans le repas principal par mois et nombre

26

«Tout sa ou genyen se nan bouch timoun li pase. Bouch timoun pa gen fren» (E-12).

Page 109: De la pauvreté multidimensionnelle des Femmes en Haïti ......i RÉSUUMMÉÉ Cette étude analyse la pauvreté multidimensionnelle des femmes en Haïti et l`impact d`un système d`activités

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de repas servis par jour». L`analyse de celle-ci montre que la moitié (17/34) des ménages

a un niveau faible et 26,5 % (9/34), très faible d`alimentation. Les ménages des deux

catégories supérieures sont peu nombreux.

Graphique 5.7 Satisfaction du besoin «alimentation»

Source : Réalisé à partir des données d el enquête, 2011

La force et la pertinence de cet indicateur de la pauvreté des ménages ont été testées par

des tests de corrélation. Comme c`était prévisible et de manière significative, le degré de

satisfaction de ce besoin est fortement et négativement corrélé avec le revenu principal de

l AP de la femme. Le coefficient de corrélation r est de -0,517 et le niveau de

signification p de 0,005. Ainsi, plus le revenu de l AP est faible, moins le degré de

satisfaction est élevé.

La «satisfaction du besoin alimentation du ménage» est corrélée significativement et

positivement aussi avec «le degré de dotation en actif animal», r=0,375 et p=0,029.

Ainsi, plus le degré de dotation en actif animal est élevé, plus le degré de satisfaction

alimentaire du ménage est élevé.

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RRééssuumméé

La situation alimentaire des ménages est précaire. Les trois quarts d`entre eux sont

concernés comme le soulignent les données du DSNCRP qui révèlent qu`à peine 9,6 %

des chefs de ménage indépendants agricoles disent satisfaire leurs besoins alimentaires

(DSNCRP. Nov. 2007. p. 33).

55..22..33 LLee llooggeemmeenntt

55..22..33..11 LLee ss ttaattuutt dd`ooccccuuppaattiioonn

Il y a 47,1 % des ménages qui sont propriétaires de leur maison. Parmi les non

propriétaires, il y a des locataires (29,4 %), des résidents d`une maison familiale en

indivision (17,6 %) et une minorité qui a droit de jouissance, sous forme de don d`une

ONG ou en étant l hôte d`un ami. Ainsi, les non propriétaires sont majoritaires (52,9 %).

TTaabblleeaauu 55..2255 SSttaattuutt ddee jjoouuiissssaannccee ddee ll`hhaabbiittaatt

Statut Nombre Pourcentage Propriétaire 16 47,1 %

Locataire 10 29,4 % Habitation familiale/en indivision 6 17,6 %

Autres 2 5,9 % Total 34 100,0 % Source : Calculé à partir des données de l enquête, 2011

En Haïti, le fait de posséder sa maison, qu`elle soit grande ou petite, faite de matériaux

peu ou très solides, est un signe de notoriété et de richesse. Cependant, environ 53 % des

femmes (18/34) ne sont pas propriétaires de leurs résidences. Parmi les 16 propriétaires,

il y a en 11 dont le conjoint est natif de Chansolme.

Une corrélation positive très forte et significative au seuil de p<0,0001 entre le type de

propriété de la maison et le lieu de naissance du conjoint de la femme est observée

(r=0,696 et p=0,000). Ainsi, on peut affirmer que le ménage dont le conjoint est natif de

Chansolme a tendance à habiter sa propre maison.

55..22..33..22 LL`éé ttaatt dduu llooggee mmee nntt

On note que 79,4 % des ménages habitent une maison dont la toiture est en tôle ondulée

et 5,9 % (2/34) habitent une maison avec une toiture en chaume. Il n`y a que 14,7 %

(5/34) des ménages qui habitent une maison en béton. Or, en Haïti, la possession d`une

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maison avec une toiture en béton est un signe de richesse, à cause d`une part de la solidité

en cas d`inondation et de pluies assez fréquentes, et d`autre part, du prix relativement

élevé des matériaux fer et ciment par rapport à la tôle ondulée et à la chaume.

Le parquet des maisons est en terre (29,4 %) ou en ciment (70,6 %). Par contre, il n`y a

aucune maison en carrelage de mosaïques ou céramiques. Pourtant, en Haïti, habiter une

maison avec ce type parquet est un signe de richesse. La grande majorité des murs des

maisons sont en bloc de ciment, mais on compte 23,5 % qui sont en bois ou en paille,

matériaux moins solides.

Vu la situation, près de la moitié des ménages (48,5 %) estime que leur maison est

inachevée. Les ménages qui avouent habiter une maison en mauvais état représentent

69,7 %; ceux qui avancent qu`elle est en très mauvais, 15,2 %. Il n`y a que 6,1 % qui

jugent que leur résidence est en excellent état et 9,1 % en bon état.

55..22..33..33 LLaa ttaaiillllee dduu llooggee mmee nntt

Le nombre moyen de pièces par ménage est de trois. Toutefois, on recense 11,8 % de

femmes qui résident dans une seule pièce. La grande majorité des ménages (41,1 %)

résident dans deux et trois pièces. Toutefois, il y a un groupe important qui réside dans

quatre à six pièces.

TTaabblleeaauu 55..2266 TTaaiillllee dduu llooggeemmeenntt ddeess mméénnaaggeess

Nombre de pièces Nombre Pourcentage

1 4 11,8 % 2 -3 16 47,1 %

4-6 14 41,1 % Total 34 100,0 % Source : Calculé à partir des données de l enquête, 2011

Le nombre de pièces de la maison est significativement et positivement corrélé avec le

nombre d`adultes (r=0,597 et p=0,000) et le nombre total de personnes du ménage

(r=0,505 et p=0,002). Les corrélations sont fortes. Ainsi, c`est la taille générale du

ménage ou sa composition en membres adultes qui conditionnent la taille du logement.

Plus le nombre d`adultes et de personnes du ménage est élevé, plus le nombre de pièces

augmente.

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97

55..22..33..44 LLaa ddee nnss iittéé dd`ooccccuuppaattiioonn dduu llooggee mmee nntt

Le plus grand groupe de ménages a deux personnes par pièce, alors que la superficie des

pièces ne dépasse pas le plus souvent 12 m2. Par contre, 47,0 % de ménages ont trois à six

personnes dans une même pièce.

TTaabblleeaauu 55..2277 DDeennss iittéé dd`ooccccuuppaattiioonn dduu llooggeemmeenntt

Personnes/pièce Nombre de ménages Pourcentage

1 7 20,6 % 2 11 32,4 %

3 8 23,5 % 4-6 8 23,5 %

Total 34 100,0 % Source : Calculé à partir des données de l enquête, 2011

Toutefois, les tests statistiques n`indiquent aucune corrélation significative entre le mode

de jouissance de la maison et sa taille (nombre de pièces), ni non plus entre le nombre de

pièces de la maison et le statut matrimonial de la femme ainsi que son niveau de revenu.

Ainsi, les propriétaires ne semblent pas avoir une maison plus grande que les autres

catégories.

55..22..33..55 LL`éé vvaalluuaattiioonn dduu llooggee mmee nntt ee tt llaa ddiiss ccuuss ss iioonn

L`indicateur synthétique de fréquence créé en combinant les variables liées à l habitat :

«Possède sa maison», «Le matériau du toit est en béton», «Le matériau des murs est en

blocs/pierres reliés avec du ciment», «Le matériau du sol est en ciment», «La maison

possède au moins trois pièces» et «La densité est de moins de 3 personnes», a permis de

mesurer le niveau de richesse des ménages. Quatre niveaux ont été retenus: bon (6 oui/6);

moyen (4 oui-5 oui/6); pauvre (2-3 oui/6) et très pauvre (0-1 oui/6).

L`analyse de cet indicateur a permis de classer les ménages en quatre groupes. Les

pauvres représentent le plus grand groupe, 44,1 %. Les «bons» sont très minimes. Les

deux sous-groupes, «pauvre et très pauvre», constituent 60,0 % des ménages. Les moyens

forment un groupe assez important (38,2 %).

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TTaabblleeaauu 55..2288 NNiivveeaauu ddee vviiee ppaarr rraappppoorrtt aauu llooggeemmeenntt

Niveau Nombre Pourcentage

Bon 2 5,9 % Moyen 13 38,2 %

Pauvre 15 44,1 % Très pauvre 4 11,8 %

Total 34 100,0 % Source : Calculé à partir des données de l enquête, 2011

La pertinence de l indicateur dans l identification du niveau de pauvreté relative des

femmes, son niveau et le sens de sa corrélation avec plusieurs variables ordinales et

d`échelle ont été testés.

Les résultats des tests révèlent une corrélation significative entre le niveau de vie des

ménages selon les conditions de logement et quatre autres variables, comme c`était

prévisible. Il est corrélé fortement et positivement avec le degré de possession en actifs

productifs du ménage. Ainsi, plus le ménage possède d`actifs, plus il semble être bien

logé. La note d`appréciation du logement est corrélée fortement et positivement aussi.

Ainsi, plus le niveau de logement est élevé, plus la note d`appréciation est forte. De

même, le nombre d`enfants du ménage qui sont à l école à Port-de-Paix ou dans une ville

autre, est corrélé moyennement, mais négativement. Dans ce cas, plus le ménage est mal

logé, moins il a d`enfants à l école à l extérieur de Chansolme. Aussi, plus la femme est

de la commune de Chansolme, mieux elle est logée. Les ménages mal logés remboursent

plus difficilement leurs prêts. Par contre, le niveau de vie du ménage en termes de

logement, n`est pas significativement corrélé avec d`autres variables prédites telles la

présence d`un conjoint et son lieu de naissance, ainsi que le statut matrimonial de la

femme ou le degré de scolarisation du ménage.

TTaabblleeaauu 55..2299 VVaarriiaabblleess eenn ccoorrrréé llaattiioonn aavveecc llee ««nniivveeaauu ddee vviiee eenn tteerrmmeess ddee llooggeemmeenntt»»

Variables

Niveau de

signification

Valeur et signe

du coefficient de

corrélation

Nombre

d observations

1. Note d appréciation du logement 0,009** 0,447 33

2. Degré de richesse/pauvreté en actifs productifs 0,009** 0,438 34

3. Arrive à rembourser son prêt 0,045 -0,491 17

4. Nbre d enfants à l`école à P-de-P ou autre ville 0,013* -0,422 34

5. Lieu de naissance de la femme 0,009** 0,442 34

*Corrélation significative au niveau 0,05 (bilatéral) **Corrélation significative au niveau 0,01 (bilatéral)

Source : Résultats des tests de corrélation sur SPSS avec les données de l enquête, 2011

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99

RRééssuumméé

Les conditions de logement des ménages apparaissent aussi hypothétiques que leur

situation alimentaire. Les propriétaires représentent moins de la moitié (47,1%) et la

majorité d`eux sont les ménages dont le conjoint est natif de Chansolme (11/16). Les

ménages qui vivent dans une pièce sont très peu nombreuses (4). Par contre, le mauvais

état de la maison, l exigüité des pièces, la densité d`occupation élevée et l absence de

d`une installation sanitaire (latrine et eau courante) dénotent la mauvaise condition de

logement des ménages KOFAVAC.

55..22..44 LLaa ssaannttéé

Plus de 82,3 % (28/34) des ménages ont confirmé avoir eu au moins un cas de maladie de

janvier à juillet 2011 nécessitant un suivi médical ou une hospitalisation.

TTaabblleeaauu 55..3300 CCaass ddee mmaallaaddiiee nnéécceessss iittaanntt ddeess ssooiinnss dd`uunn cceennttrree hhoossppiittaalliieerr

Réponse Nombre Pourcentage

Oui 28 82,3 % Non 6 17,7 %

Total 34 100,0 % Source : Calculé à partir des données de l enquête, 2011

Même si les cas de maladie nécessitant des soins hospitaliers sont fréquents, cela ne sous-

entend pas que les ménages fréquentent automatiquement un centre hospitalier. Cela

dépend de plusieurs facteurs. Ainsi, le degré d`utilisation des services de santé diffère

d`un ménage à un autre. Plus de la moitié des femmes (53,0 %) fréquente toujours un

centre hospitalier en cas de maladie d`un membre du ménage.

Tableau 5.31 Fréquentation d`un centre hospitalier

Degré Nombre Pourcentage Rarement 10 29,4 %

Souvent 6 17,6 % Toujours 18 53,0 %

Total 34 100,0 % Source : Réalisé à partir des données de l enquête, 2011

L`accès aux soins de santé a été évalué par rapport au degré de fréquentation d`un centre

hospitalier en cas de maladie. Le recours «rarement» à un centre de santé est le niveau

retenu pour évaluer les ménages. Or, malgré la présence du Centre de santé de

Chansolme et la proximité de l hôpital de Port-de-Paix, il y a environ 30,0% des ménages

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100

qui affirment avoir recours rarement à un centre hospitalier. En fait, les femmes déplorent

les coûts élevés des médicaments et des examens de laboratoire et la mauvaise qualité des

services dans les hôpitaux publics. En effet, pour se faire soigner en Haïti, l accessibilité

doit être non seulement physique (présence d`un centre hospitalier), mais elle doit être

surtout en termes de disponibilité (présence des agents de santé) et en termes monétaires

(possession d`argent pour payer les frais de consultation, les analyses médicales et les

médicaments). Ainsi, il est évident que les soins de santé pèsent lourdement sur le

ménage à un point tel qu`ils sont considérés le quatrième besoin prioritaire qu`il souhaite

satisfaire en cas d`une augmentation de revenu. De plus, l accès gratuit aux soins de

santé, la construction d`un hôpital sont au nombre des actions prioritaires que les femmes

souhaitent que l État haïtien entreprenne pour améliorer les conditions de vie de la

population de Chansolme.

Les variables prédites, revenu hebdomadaire de l AP de la femme, âge et niveau d`études

de la femme n`influent pas sur son degré de fréquentation d`un centre hospitalier.

Cependant, celui-ci est corrélé significativement et négativement avec la dotation en

ressources animales (r=-0,444 et p=0,009). Ainsi, plus le ménage est pauvre en actif

animal, moins son degré de fréquentation d`un centre de santé est élevé. En effet, la vente

d`un animal est le premier recours d`un ménage en cas d`une difficulté dans la famille,

décès, maladie, etc. Par conséquent, l élevage continue d`assurer sa fonction d`assurance

en milieu rural haïtien.

55..22..55 LL`eeaauu ddee bbooiissssoonn ee tt ll`aassssaaiinniisssseemmeenntt

Les ménages ont accès à l eau de boisson par trois voies différentes. Toutefois, la plus

utilisée est l eau de source (73,5 %). Chansolme est privilégié en eau à cause de plusieurs

sources et fontaines publiques qui existent27.

TTaabblleeaauu 55..3322 SSoouurrccee dd`aapppprroovviiss iioonnnnee mmeenntt eenn eeaauu ddee bbooiissssoonn

Type Effectif Pourcentage

Source 25 73,5 % Fontaine publique 1 3,0 %

Robinet dans la cour 8 23,5 %

Total 34 100,0 % Source : Réalisé à partir des données de l enquête, 2011

27

«Bondye ban nou dlo Chansòl» (E-10).

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101

Les variables prédites, revenu de la femme et degré de possession en actifs n`ont pas

d`impact significatif sur la source d`accès à l eau de boisson.

Si Chansolme est bien coté en eau par rapport à d`autres communes du département

«Dieu nous a donné de l eau à Chansolme»28, la qualité de l eau est variable. Après

chaque pluie, elle devient boueuse. Or, aucun ménage n`a accès à l eau traitée

embouteillée et vendue. Deux usines de traitement d`eau existent à Port-de-Paix. Avant

l apparition de l épidémie de choléra dans le pays en octobre 2010, tous les ménages

buvaient directement l eau de source ou du robinet. Mais, actuellement ils la traitent avec

du chlore. Tous les ménages semblent être au même niveau quant à la qualité de l eau

consommée. Toutefois, la différence se pose par rapport à la distance pour aller chercher

l eau. Ainsi, ceux qui ont un robinet dans leur cour sont privilégiés par rapport à ceux qui

ne l ont pas. Une autre différence se situe par rapport au dosage lors du traitement de

l eau et à la difficulté d`approvisionnement en chlore, car tout bien a un coût.

Presque la moitié 47,1 % (16/34) des ménages habite une maison dépourvue d`une

installation sanitaire. Aucun ménage ne dispose d`une toilette hygiénique.

TTaabblleeaauu 55..3333 PPoosssseessss iioonn dd`uunnee iinnssttaallllaattiioonn ssaanniittaaiirree

Réponse Nombre Pourcentage

Oui 18 52,9 % Non 16 47,1 %

Total 34 100,0 % Source : Calculé à partir des données de l enquête, 2011

Les femmes qui n`ont pas une latrine tiennent le cyclone Jeanne pour responsable. Les

latrines ont été détruites par le cyclone Jeanne en 2004. Depuis, elles n`ont pas les

moyens de les reconstruire. Une femme s`est exprimée en ces mots : «Le cyclone a

détruit la latrine, mais le propriétaire de la maison ne l a pas reconstruite». «Je ne peux

pas reconstruire la latrine par manque d`argent29». Toutefois, au moment de réaliser

l enquête, l ONG CARE a lancé un programme d`aide aux ménages de Chansolme pour

reconstruire les latrines en fournissant, tôle, ciment, fer, planches et maçon. Le ménage

contribue en pierre, eau et au forage. Plusieurs femmes bénéficient de ce projet.

28

Le taux de couverture en eau potable dans le milieu rural est de 46 %. 29

«Se siklòn Jan ki kraze latrin yo. Men mèt kay la poko rekonstwi l».(E-21). «Mwen pa rekonstwi latrin

nan akoz lajan» (E-29).

Page 117: De la pauvreté multidimensionnelle des Femmes en Haïti ......i RÉSUUMMÉÉ Cette étude analyse la pauvreté multidimensionnelle des femmes en Haïti et l`impact d`un système d`activités

102

La possession d`une latrine n`est pas corrélée significativement avec plusieurs variables

prédites, tels le revenu de l AP de la femme, les événements qui ont conduit à la pauvreté

et le type de jouissance de sa maison. Cependant, elle l est fortement et significativement

avec le degré de possession en actif animal (r=-0,505 et p=0,002). Ainsi, plus le ménage

est pauvre en actif animal, moins il peut habiter une maison avec une installation

sanitaire.

RRééssuumméé

L`accessibilité à un centre de santé ne représente pas une difficulté majeure pour

ménages KOFAVAC. Par contre, la fréquentation se révèle souvent difficile et

compromettante à cause des coûts estimés très élevés dans un système où les ménages ne

bénéficient d`aucune assurance sociale. Le manque ou l absence d`une installation

sanitaire et la mauvaise qualité de l eau semblent influer sur la santé des membres du

ménage.

55..22..66 LLee rreevveennuu dduu mméénnaaggee

La principale source de revenu du conjoint est l agriculture et celle de la femme est le

petit commerce.

55..22..66..11 LLee rree vvee nnuu aaggrriiccoollee

Les ménages ne comptabilisent pas l activité agricole. Ainsi, les données sur les revenus

de l agriculture n`ont pas pu être collectées. Toutefois, j`ai pu constater que l agriculture

reste une agriculture d`autoconsommation notamment pour les cultures vivrières. En

effet, les femmes estiment que plus de 50,0 % des denrées récoltées sont destinées à

l autoconsommation. Les cultures de rente des ménages sont essentiellement la banane

plantain, l arachide, le taro et l échalote dont la presque totalité est vendue. De plus, le

manque de ressources financières lors de la saison de culture, les problèmes dus aux

mauvaises conditions climatiques, particulièrement la sécheresse, les difficultés liées à

l irrigation et à l accès aux intrants et au crédit agricole, la baisse de fertilité des sols et

les pestes et maladies des parcelles, notamment l infestation par les fourmis depuis 2 ans,

sont cités par les femmes comme les principaux facteurs de la baisse de rendements et par

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103

ricochet du revenu agricole. À ces causes, nous ajoutons la taille très réduite des parcelles

exploitées.

55..22..66..22 LLee rree vvee nnuu dduu ppee ttiitt ccoommmmee rrccee

Le revenu hebdomadaire des femmes de KOFAVAC varie entre moins de 150 à 1 200

gourdes. Parmi les 28 femmes qui ont un petit commerce (82,4 %), il y en a 21,4 %

(6/28) qui estiment avoir un revenu net hebdomadaire de moins de 200 gourdes; ce qui

signifie un revenu journalier de moins de 28,5 gourdes (environ 0,70 US$ cents). Il y en

a aussi 21,4 % qui sont dans la tranche supérieure de 1 000 à 1 500 gourdes.

GGrraapphhiiqquuee 55..88 RReevveennuu mmooyyeenn hheebbddoommaaddaaiirree nnee tt dduu ppeettiitt ccoommmmeerrccee

Source : Réalisé à partir des données de l enquête, 2011

L`équivalent revenu journalier du petit commerce des femmes est calculé à partir de la

moyenne des intervalles des tranches de revenu.

TTaabblleeaauu 55..3344 NNiivveeaauu ddee rreevveennuu ddee llaa ffeemmmmee

Pourcentage

de femmes

Revenu net

hebdomadaire

gourde

Revenu moyen

gourde

Revenu

journalier en

gourde

Revenu

journalier

évalué en US$

21,4 % ≤ 200 100,00 14,28 0,34 28,6 % 250-350 300,00 42,85 1,02

28,6 % 400-750 575,00 82,14 1,95 21,4 % 1 000-1 500 1 250,00 178,57 4,25 Source : Calculé à partir des données de l enquête, 2011

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104

Ainsi, 21,8 % des femmes ont un revenu de moins de 50 cents par jour ; 28,6 % ont

1 dollar. De plus, plus des trois-quarts des femmes gagnent moins de 2 US$/jr de leur

petit commerce. Celles qui ont quatre dollars et quelques cents représentent 21,4 %. Étant

donné qu`un faible pourcentage de femmes (23,5 %) effectue une activité secondaire en

dehors du petit commerce, on peut comprendre que pour les femmes sans conjoint, ce

revenu représente le plus important revenu qu`elles gagnent. Les femmes qui mènent une

seconde activité saisonnière (4/34) sont dans la majorité des cas, agente de sensibilisation

de la population dans le cadre du choléra, mandataire dans un bureau de vote lors des

élections, vendeuse d`eau pour le bétonnage de la rue principale de Chansolme,

couturière ou lessiveuse.

Le revenu hebdomadaire net de l AP de la femme n`est pas corrélé avec la présence d`un

conjoint, le statut matrimonial et l âge de la femme ainsi que son niveau d`études et le

nombre de jours par semaine consacré à l AP.

Un test de T comparant le revenu moyen annuel de l activité principale des femmes au

cas où celles-ci l exerceraient 52 semaines avec la valeur critère de 22 260 gourdes

(revenu monétaire annuel excluant l autoconsommation et le troc estimé par l ECVH

défini comme seuil de pauvreté en 2001) confirme que ce revenu moyen des femmes qui

s`élève à 26 557,14 gourdes n`est pas avérée significativement (t(27)=1,199, p=0,241)

différent de 22 260 gourdes. Ainsi, en 2012, alors que l inflation est à la hausse en Haïti,

les femmes ont un revenu annuel égal à celui de 2001. L`indice des prix à la

consommation de la fonction «Alimentation, boissons et tabac» en juillet 2011 était de

193,5 par rapport à 173,5 en juillet 2010. La variation annuelle est de 11,5 %. L`indice

des prix à la consommation du poste «Loyer du logement, eau, énergie» a augmenté

aussi. Il est passé de 193,5 en juillet 2010 à 216,5 en juillet 2011, accusant une variation

annuelle de 12%30.

Les résultats des tests de Khi-deux et de corrélation ne révèlent aucune différence

significative entre les revenus des femmes selon la présence d`un conjoint.

30

Banque de République d`Haïti. Note mensuelle d`inflation-Juillet 2011. http://www.brh.net/note_inflat0711.pdf

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105

55..22..66..33 LLee ss aauuttrree ss aappppoorrttss mmoonnéé ttaaiirree ss dduu mméé nnaaggee

Mis à part l AP de la femme et les revenus agricoles (AP du conjoint) qui n`ont pas pu

être estimés ni comptabilisés, les ménages ont deux autres entrées d`argent qui sont les

dons sous forme de transferts de l extérieur et les emprunts d`argent.

De janvier à juillet 2011, 47,1 % des ménages n`ont pas reçu d`argent de l extérieur. Par

contre, 52,9 % en ont reçu de trois pays : la République Dominicaine (1/18), les États-

Unis d`Amérique (12/18) et les Bahamas (5/18). Le montant moyen des transferts est de

5 940 gourdes. Le montant minimal est de 1 000 et le maximal est 72 000 gourdes. Il faut

relater que la nature de l expéditeur a un impact sur le montant reçu. Plus l expéditeur est

un proche parent (conjoint, fils/fille, parents, frère/sœur), plus la valeur du transfert est

élevée.

TTaabblleeaauu 55..3355 RRéécceeppttiioonn dd`uunn ttrraannssffeerrtt dd`aarrggeenntt ddee ll`eexxttéérriieeuurr,, ddee jjaannvviieerr àà jjuuii ll lleett 22001111

Réponse Nombre Pourcentage

Non 16 47,1 %

Oui 18 52,9 % Total 34 100,0 % Source : Calculé à partir des données de l enquête, 2011

Parmi les 18 ménages ayant reçu un transfert, il y en a un qui n`a pas précisé le montant

reçu. Ainsi, le plus grand groupe de ménages (58,8 %) ont reçu entre 1 000 et 6 000

gourdes. La plus forte somme, 72 000 gourdes, est reçue par une seule femme de son

Face à la situation de faiblesse ou d`insuffisance de revenu, les femmes combinent à la

fois plusieurs stratégies de survie, dont la plus courante est le recours à l emprunt. La

majorité des femmes (88,2 %) se disent endettées. En effet, telle que prédite, la variable

«montant total des transferts reçus de l extérieur» est corrélée significativement et

négativement avec la variable «A emprunté auprès d`un particulier, ami ou parent».

Ainsi, plus la femme reçoit un faible montant d`argent de l extérieur, plus il a recours à

l emprunt. Par contre, le montant total des transferts reçus de l extérieur, n`est pas corrélé

significativement avec d`autres variables analysées, notamment l accumulation de

richesse dans le cheptel et le nombre de jours sans le repas principal dans le ménage.

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106

TTaabblleeaauu 55..3366 MMoonnttaanntt ddeess ttrraannssffeerrttss rreeççuuss ddee ll`eexxttéérriieeuurr,, ddee jjaannvviieerr àà jjuuiillllee tt 22001111

Montant en gourde Effectif Pourcentage

1 000-2 500 4 23,5 % 2 501-6 000 6 35,3 %

6 001-10 000 2 11,8 % 10 001-25 000 4 23,5 %

72 000 1 5,9 % Total 17 100,0 % Source : Calculé à partir des données de l enquête, 2011

Taabblleeaauu 55..3377 VVaarriiaabblleess ccoorrrréé llééeess aavveecc ««ll ee mmoonnttaanntt ttoottaall ddeess ttrraannss ffeerrttss rreeççuuss ddee ll `eexxttéérriieeuurr »»

Variables

Niveau de

signification

Valeur et signe

de r

Nombre

d observations

1. A emprunté auprès d un particulier/ami 0,048* -0,342 34

2. Estimation de la possession en actif animal 0,554 -0,105 34

3. Possède des animaux 0,354 -0,164 34

4. Nombre de jours sans le repas principal 0,227 -0,213 34

* Corrélation significative au niveau 0,05 (bilatéral)

Source : Résultats des tests sur SPSS à partir de la base de données de l enquête

TTaabblleeaauu 55..3388 LL`eennddeetttteemmeenntt ddeess mméénnaaggeess

Réponse Effectif Pourcentage Non 4 11,8 %

Oui 30 88,2 % Total 34 100,0 % Source : Calculé à partir des données de l enquête, 2011

Les sources d`emprunt varient d`un ménage à un autre et sont diverses. Toutefois,

l emprunt bancaire est très rare, sinon absent, chez les ménages. Le recours à l emprunt

usuraire (2/34) est aussi rare contrairement à ce qu`on pourrait penser. De fait, un seul

ménage (2,9 %) a contracté un prêt bancaire et deux (5,9 %), un emprunt usuraire. Un

même ménage peut cumuler plusieurs sources. Les trois sources les plus fréquentes sont

les particuliers voisins et les petits/gros commerçants, les membres de la famille et les

caisses populaires (CP). Les emprunts auprès des CP sont destinés à renforcer le petit

commerce, et par conséquent, sont productifs. Les autres permettent surtout de nourrir les

enfants, puis de les soigner. Le récit de deux femmes éclaire ce fait.31 «Que veux-tu

qu`on fasse. Nous sommes obligées d`avoir recours à des emprunts pour donner à manger

aux enfants et les amener à l hôpital s`ils sont malades»; «Voici comment nous vivons :

31 «Kisa ou vle nou fè, nou oblije prete lajan, pou bay timoun manje epi tou mennen yo lopital si yo malad» (E-03).

«Men kijan n ap viv : lè nou fin fè dèt nan achte gode manje pou timoun manje, nou bouche tout pòt kote pou nou

frape, nou pa wè kisa pou nou fè ankò» (E-34).

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107

après avoir emprunté ici et là pour acheter à manger aux enfants, nous avons fermé toutes

les portes et nous ne savons plus quoi faire».

Une autre stratégie fréquente est le recours à la vente d`un bien, généralement la literie

ou la vaisselle. Il y a 44,1 % des femmes qui l’ont utilisée.

GGrraapphhiiqquuee 55..99 SSoouurrcceess dd`eemmpprruunntt ddeess ffeemmmmeess

Source : Réalisé à partir des données de l enquête

Le montant des dettes des femmes varie de 750 à 25 000 gourdes. Les deux plus grands

groupes de femmes doivent entre 2 000 à 6 999 gourdes et 15 000 gourdes et plus. Les

montants de 10 000 gourdes et plus sont les crédits octroyés par les Caisses populaires.

Depuis environ un an, une caisse populaire existe à Chansolme. En comparant le faible

revenu annuel net de l AP des femmes avec le montant des dettes, on se rend compte de

la précarité de leur condition de vie.

Le test de T (t(14)=-2,18 et p=0,046) confirme que le montant de la dette des ménages

moyennement pourvus en terre est significativement inférieur (M.=3 028,57 gourdes;

É.T.=2 082,03 gourdes) à celui des ménages pauvres en terre (M.=9 933,33 gourdes;

É.T.=8 100,30 gourdes). Ainsi, moins le ménage est doté en terre, plus il est endetté.

Il appert aussi que le montant de la dette des ménages qui ne possèdent aucun animal est

significativement (t(32)=-2,21 et p=0,042) inférieur (M.=3 976,50 gourdes;

É.T.=4 998,19 gourdes) à celui des ménages qui en possèdent (M.=8 857,78 gourdes;

0%

10%

20%

30%

40%

50%

60%

70%

80%

90%

100%

Voisin/commerçant

Famille CaissePopulaire

Usurier Banquecommerciale

Non 56% 79% 79% 94% 97%

Oui 44% 21% 21% 6% 3%

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108

É.T.=7 530,34 gourdes). Il s`avère que les ménages qui ont zéro tête équivalent bovine

ont significativement (t(14)=-4,098 et p=0,001) une dette inférieure

(M.=3 976,50 gourdes; É.T.=4 998,19 gourdes) que ceux qui ont entre 0,5 et 1 tête

équivalent bovine (M.=19 000,00 gourdes; É.T.=2 121,32 gourdes). De même, le montant

de la dette des ménages possédant moins d`un quart de tête équivalent bovin est

significativement (t(8)=-2,479 et p=0,038) inférieur (M.=3 976,50 gourdes;

É.T.=4 998,19 gourdes) à celui des ménages qui ont entre la moitié et une tête équivalent

bovin (M.=19 000,00 gourdes; É.T.=2 121,32 gourdes). Ainsi, plus le ménage est pourvu

en bétail, plus il est endetté. Généralement en milieu rural haïtien, la possession de biens,

notamment des animaux, est une assurance de la capacité de remboursement du débiteur.

D`autres variables prédites, telles la taille du ménage, le nombre d`enfants à l école, la

présence d`un conjoint ou le statut matrimonial de la femme, le niveau d`études et le fait

de recevoir un transfert de l étranger ainsi que le montant reçu, n`ont pas pourtant fait

varier significativement le montant de la dette du ménage.

55..22..66..44 LL`éé vvaalluuaattiioonn dduu rree vvee nnuu ttoottaall ppaarr llee ss ffee mmmmee ss

Même si les femmes n`ont pas réussi à estimer le revenu total net de leurs ménages, elles

parviennent à l évaluer. Selon elles, le revenu total net est nettement insuffisant pour qu`il

réponde à tous les besoins. Il n`y a qu`une seule femme qui estime que celui-ci peut

couvrir tous ses besoins et une autre, 75 % des besoins. La majorité estime qu`il couvre

25 % et moins.

Page 124: De la pauvreté multidimensionnelle des Femmes en Haïti ......i RÉSUUMMÉÉ Cette étude analyse la pauvreté multidimensionnelle des femmes en Haïti et l`impact d`un système d`activités

109

GGrraapphhiiqquuee 55..1100 EEssttiimmaattiioonn ddeess ppaarrttss ddee ddééppeennsseess nnéécceessssaaiirreess ccoouuvveerrtteess ppaarr llee

rreevveennuu ttoottaall nnee tt dduu mméénnaaggee

Source : Réalisé à partir des données de l enquête, 2011

Dans ce contexte, environ le quart des femmes estime que ce sont les transferts d`argent

qui suppléent à leur faible revenu. Ainsi, 16,7 % estiment qu`elles parviennent à effectuer

la moitié de leurs dépenses grâce aux transferts. La grande majorité des femmes, 55,5 %

(10/18) estiment que les transferts aident à effectuer moins du quart des dépenses

nécessaires du ménage.

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110

GGrraapphhiiqquuee 55..1111 EEssttiimmaattiioonn ddeess ppaarrttss ddee ddééppeennsseess nnéécceessssaaiirreess ccoouuvveerrtteess ppaarr lleess

ttrraannssffeerrttss dd`aarrggeenntt

Source : Réalisé à partir des données de l enquête, 2011

Face à ce faible revenu, les femmes ont estimé le montant d`argent minimal journalier

nécessaire pour faire vivre leurs ménages (satisfaction de tous les besoins). La fourchette

de ce revenu journalier estimé est de 400 à 2 000 gourdes, environ 10 à 50 US$. La

moyenne est de 980,58 gourdes.

En fait, le plus grand groupe de femmes, 38,2 % (13/34) estiment avoir besoin entre 700

et 1 000 gourdes chaque jour pour faire vivre normalement leur ménage. Elles sont

suivies par une autre tranche, 23,5 % (9/34) estimant qu`il leur faut entre 1 000 à 1 500

gourdes. Une seule femme estime avoir besoin de 2 000 gourdes.

La borne supérieure du revenu journalier estimé par les femmes qui est de 2 000 gourdes,

soit l équivalent de 50 US$, paraît particulièrement élevée vu le contexte haïtien. Le

revenu annuel serait de 18 250 US$. Cependant, un certain nombre de facteurs pourraient

expliquer ce fait. On peut relever un certain nombre, tels le coût élevé de la vie

particulièrement des produits de première nécessité, particulièrement les aliments, le prix

élevé du loyer, le coût élevé de la scolarisation des enfants (peu d`écoles publiques), le

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111

coût élevé des soins de santé (absence d`assurance santé) et la taille élevée des ménages.

Ce montant peut ne pas être surestimé dans la mesure où il doit couvrir tous les besoins

du ménage (alimentation, eau, soins de santé, écolage des enfants, habillement, logement,

etc.) pour que celui-ci mène une vie décente.

GGrraapphhiiqquuee 55..1122 EEssttiimmaattiioonn dduu rreevveennuu mmiinniimmuumm jjoouurrnnaalliieerr nnéécceessssaaiirree ppoouurr ffaaiirree

vviivvrree nnoorrmmaalleemmeenntt llee mméénnaaggee

Source : Réalisé à partir des données de l enquête, 2011

Certains facteurs prévisibles, tels la taille du ménage et le nombre d`adultes semblent

influencer le revenu journalier minimum estimé nécessaire pour faire vivre

convenablement le ménage. Les résultats du test de T pour observations indépendantes

confirment que les ménages de plus petite taille (trois personnes) estiment avoir besoin

significativement (t(13)=-2,269 et p=0,041) d`un revenu journalier nécessaire pour les

faire vivre normalement plus petit (M.=666,66 gourdes; É.T.=258,19 gourdes) que ceux

de 10 personnes et plus (M.=1 163,33 gourdes; É.T.=488,46 gourdes). Il ressort aussi que

les ménages constitués d`un à deux adultes estiment avoir besoin significativement

(t(14)=-2,353 et p=0,034) d`un revenu journalier minimum moins élevé

(M.=920,00 gourdes; É.T.=293,63 gourdes) que ceux d`au moins six adultes

(M.=1 361,66 gourdes; É.T.=463,48 gourdes).

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112

RRééssuumméé

Même si l agriculture demeure la principale activité économique des ménage en milieu

rural, il existe un petit groupe de ménages KOFAVAC (4/34) qui ne la pratique.

L`agriculture associée au petit commerce de détail représentent les deux principales

sources de revenu interne du ménage. L`absence de comptabilité de l activité agricole

par les ménages n`a pas permis d`évaluer les revenus associés à celle-ci. Toutefois, vu la

faible taille des parcelles cultivées et les conditions difficiles de leur mise en valeur, on

peut affirmer que les revenus obtenus sont très faibles. Il en est de même du revenu du

petit commerce, activité menée par la majorité des femmes. Ce fait est confirmé par les

femmes qui attestent que la totalité leur revenu ne leur permet pas de couvrir tous les

besoins les revenus du ménage. En effet, ce sont les transferts d`argent qui aident la

plupart des ménages, bien que plus de la moitié affirment ne pas en recevoir. Face à

cette situation, la totalité des ménages KOFAVAC ont du recourir à l emprunt. Ainsi, la

quasi-totalité des femmes sont endettées. La satisfaction de tous les besoins du ménage

nécessite un montant journalier variant de 400 à 2 000 gourdes selon les femmes.

Considérant le contexte haïtien, le revenu journalier de 2 000 gourdes (50 US$/jr) paraît

exorbitant. Cependant, vu le coût élevé de la vie en Haïti et la taille élevé des ménages,

cette somme pourrait révéler un certain réalisme des femmes, une aspiration profonde à

mener une vie décente et un désir légitime de briser réellement le joug de la pauvreté.

55..33 LLEESS PPRRIINNCCIIPPAALLEESS DDÉÉPPEENNSSEESS DDEESS MMÉÉNNAAGGEESS

Deux des principales dépenses de consommation du ménage ont été étudiées :

l alimentation du ménage et la scolarisation des enfants.

55..33..11 LLeess ddééppeennsseess dd`aalliimmeennttaattiioonn dduu mméénnaaggee

Les ménages ne comptabilisent pas leurs dépenses alimentaires ni les denrées agricoles

autoconsommées. Dans ce contexte, les dépenses d`alimentation ont été étudiées à partir

d`une estimation de la femme au cas où elle devrait acheter tous les ingrédients en vue

d`offrir les trois repas à son ménage. Le tableau suivant résume les montants nécessaires

estimés par les femmes.

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113

TTaabblleeaauu 55..3399 MMoonnttaanntt nnéécceessssaaiirree eess ttiimméé eenn ggoouurrddee ppoouurr lleess rreeppaass //jjoouurr//mméénnaaggee

SSttaattiiss ttiiqquueess PPee ttiitt ddéé jjee uunnee rr RRee ppaass pprriinncciippaall SSoouuppee rr TTrrooiiss rree ppaass

Moyenne 236,0 459,4 149,4 845,0 Médiane 200,0 460,0 137,5 800,0

Minimum 100,0 250,0 75,0 450,0 Maximum 750,0 1 000,0 250,0 2 000,0

Source : Calculé à partir des données de l enquête, 2011

Le montant moyen nécessaire pour servir le petit déjeuner par jour et par ménage est 236

gourdes. Or, 21,4 % des femmes estiment avoir un avoir un revenu hebdomadaire net de

moins de 200 gourdes.

TTaabblleeaauu 55..4400 MMoonnttaanntt nnéécceessssaaiirree eess ttiimméé ppoouurr sseerrvviirr llee ppee ttiitt ddéé jjeeuunneerr//jjoouurr//mméénnaaggee

Montant en gourde Nombre Pourcentage 100-200 18 52,9 %

201-400 13 38,2 % 401-600 2 5,9 %

>600 1 2,9 % Total 34 100,0 % Source : Calculé à partir des données de l enquête, 2011

En ce qui a trait au repas principal, le plus important en quantité et en qualité de la

journée, le montant moyen nécessaire par jour et par ménage est de 459 gourdes. On

comte 85,3 % (29/34) des femmes qui estiment que 250 à 550 gourdes leur sont

nécessaires. Par contre, 11,8 % estiment qu`il leur faut plus de 700 gourdes.

TTaabblleeaauu 55..4411 MMoonnttaanntt nnéécceessssaaiirree eess ttiimméé ppoouurr sseerrvviirr llee rreeppaass pprriinncciippaa ll// jjoouurr//mméénnaaggee

Montant en gourde Nombre Pourcentage

250-400 16 47,1 % 401-550 13 38,2 %

551-700 1 2,9 % >700 4 11,8 %

Total 34 100,0 % Source : Calculé à partir des données de l enquête, 2011

Le montant moyen nécessaire pour le souper est estimé à 149 gourdes. Or, les femmes

qui estiment avoir besoin de plus de 150 gourdes pour ce repas représentent 29,4 %.

TTaabblleeaauu 55..4422 MMoonnttaanntt nnéécceessssaaiirree eess ttiimméé ppoouurr sseerrvviirr llee ssoouuppeerr//jjoouurr//mméénnaaggee

Montant en gourde Nombre Pourcentage 75-100 9 26,5 %

101-125 8 23,5 % 126-150 7 20,6 %

>150 10 29,4 % Total 34 100,0 % Source : Calculé à partir des données de l enquête, 2011

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114

L`évaluation des dépenses alimentaires est réalisée avec la variable «Montant total estimé

pour les trois repas journaliers par ménage». La moyenne nécessaire est de 845 gourdes.

Or, 78,6 % des femmes ont un revenu hebdomadaire de leur activité principale de moins

de 750 gourdes. Le plus grand groupe de ménages (32,4 %) estime nécessaire entre 750 et

900 gourdes pour les trois repas. 23,5 % estiment nécessaire plus de 900 gourdes.

TTaabblleeaauu 55..4433 MMoonnttaanntt nnéécceessssaaiirree eess ttiimméé ppoouurr lleess ttrrooiiss rreeppaass //jjoouurr//mméénnaaggee

Montant en gourde Nombre Pourcentage

450-550 7 20,6 % 551-750 8 23,5 %

751-900 11 32,4 % 901-1050 3 8,8 %

>1050 5 14,7 % Total 34 100,0 % Source : Calculé à partir des données de l enquête, 2011

Le montant moyen des trois repas par personne et par jour a été calculé. Il varie de 64 à

330 gourdes. La moyenne est de 143,62 gourdes. Mais plus du tiers des ménages

(38,2 %) estime avoir besoin de plus de 150 gourdes par personne par jour pour les trois

repas.

TTaabblleeaauu 55..4444 MMoonnttaanntt nnéécceessssaaiirree eess ttiimméé ppoouurr lleess ttrrooiiss rreeppaass //jjoouurr//ppeerrssoonnnnee

Montant en gourde Nombre Pourcentage

≤ 75 5 14,7 % 76-100 7 20,6 %

101-125 5 14,7 % 126-150 4 11,8 %

>150 13 38,2 % Total 34 100,0 % Source : Calculé à partir des données de l enquête, 2011

Telles que prédites, la taille du ménage sous ses différentes facettes (nombre total de

personnes, nombre total d`enfants et nombre d`enfants à l école) et le revenu

hebdomadaire de l AP de la femme sont corrélés positivement et significativement. Ainsi,

plus la taille du ménage est grande et plus il y a d`enfants, plus l argent estimé nécessaire

pour fournir les trois repas est élevé. De même, plus la femme a un haut revenu, plus elle

estime avoir besoin d`argent pour procurer à manger quotidiennement à son ménage.

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115

TTaabblleeaauu 55..4455 VVaarriiaabblleess ccoorrrréé llééeess aavveecc ««ll`aarrggeenntt ppoouurr lleess ttrrooiiss rreeppaass //jjoouurr//mméénnaaggee»»

Variables

Niveau de

signification

Valeur et signe

du coefficient

de corrélation r

Nombre

d observations

1. Revenu hebdomadaire net de l`AP de la femme 0,007** 0,499 28

2. Nombre d enfants du ménage qui sont à l`école 0,007** 0,456 34

3. Nombre d enfants présents dans le ménage 0,011* 0,428 34

4. Nombre total de personnes du ménage 0,015* 0,415 34

* Corrélation significative au niveau 0,05 (bilatéral) ** Corrélation significative au niveau 0,01 (bilatéral) Source : Résultats des tests sur SPSS à partir de la base de données de l enquête

Le revenu moyen net hebdomadaire de l AP de la femme, le petit commerce, est comparé

au montant moyen d`argent estimé par la femme nécessaire pour procurer les trois repas

journaliers au ménage (845 gourdes). Le résultat du test de T atteste significativement

(p=0,000) que le revenu net hebdomadaire de l AP de la femme est inférieur au montant

journalier moyen estimé par la femme nécessaire pour servir les trois repas au ménage.

Ainsi, le revenu net hebdomadaire de la femme ne peut même pas offrir les trois repas à

son ménage, ne serait-ce qu`un seul jour.

55..33..22 LLeess ddééppeennsseess ddee ssccoollaarriissaattiioonn ddeess eennffaannttss

Les frais moyens annuels de scolarisation d`un enfant, incluant les frais obligatoires et

l écolage quand c`est le cas, varient de 300 à 7 820 gourdes selon les ménages. Le coût

moyen est de 1 564 gourdes. La majorité des ménages (62,1 %), dépensent entre 1 000 et

2 000 gourdes. Les ménages qui vont au-delà de 2 000 gourdes ne sont que deux.

TTaabblleeaauu 55..4466 FFrraaiiss aannnnuuee llss mmooyyeennss ddee ssccoollaarriissaattiioonn dd`uunn eennffaanntt ppaarr mméénnaaggee

Montant en gourde Nombre Pourcentage

300-500 5 17,2 % 501-1 000 4 13,8 %

1 001-2 000 18 62,1 % 2001-5 000 1 3,4 %

>5 000 1 3,4 % Total 29 100,0 % Source : Calculé à partir des données de l enquête, 2011

Toutefois, il est important de relater que le coût annuel de scolarisation d`un enfant

dépend du type et du lieu de l école fréquentée. En effet, les frais scolaires des écoles

nationales sont les plus faibles, mais uniformes. Par contre, ceux des établissements

privés varient d`une école à une autre. Pour une même classe, ces frais peuvent être

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116

jusqu`à cinq fois plus élevés que ceux de l école publique à Chansolme, selon les données

collectées.

En ce qui a trait à la scolarisation d`un enfant, il n`y a pas que les frais obligatoires, mais

aussi les dépenses en fournitures scolaires, uniforme et sac d`école. La moyenne annuelle

de ces frais, 2 333 gourdes, est 1,5 fois plus élevée que celle d`écolage. Variant de 733 à

6 200 gourdes, en les additionnant aux frais de scolarité, le coût annuel total de

scolarisation d`un enfant varie de 1 033 à 14 020 gourdes. Le plus grand groupe de

femmes (44,8 %) dépensent entre 3 000 et 4 500 gourdes pour une année de scolarité

d`un enfant.

TTaabblleeaauu 55..4477 DDééppeennssee aannnnuuee llllee mmooyyeennnnee ttoottaallee ddee ssccoollaarriissaattiioonn dd`uunn eennffaanntt

Tranche d`argent en gourdes Nombre Pourcentage

1 000-2 999 8 27,6 %

3 000-4 500 13 44,8 % 4 501-8 300 7 24,1 %

>8 300 1 3,4 % Total 29 100,0 % Source : Calculé à partir des données de l enquête, 2011

Ainsi, compte tenu du nombre d`enfants à l école par ménage, la dépense totale pour

scolariser tous les enfants au cours de l année académique 2010-2011, paraît élevée. Elle

varie de 2 750 à 70 100 gourdes. La moyenne est de 11 611 gourdes. Il y a 72,4 % des

ménages qui sont en dessous de cette moyenne. Les autres sont au-dessus. Un unique

ménage dépense plus de 20 000 gourdes. Il s`agit d`un cas isolé.

TTaabblleeaauu 55..4488 DDééppeennssee aannnnuuee llllee ttoottaallee ddee ssccoollaarriissaattiioonn ddeess eennffaannttss qquuii ssoonntt àà ll`ééccoollee

Argent en gourdes Nombre Pourcentage 2 750-5 000 4 13,8 %

5 001-7 500 6 20,7 % 7 501-10 000 8 27,6 %

10 001-15 000 7 24,1 % 15 000-20 000 3 10,3 %

>20 000 1 3,4 % Total 29 100,0 % Source : Calculé à partir des données de l enquête, 2011

Les moyennes des dépenses entre les ménages ont été comparées avec plusieurs variables

prédites. Il appert que le niveau de scolarisation de la femme influence ses dépenses

annuelles pour scolariser un enfant. Il s`est avéré que les femmes qui n`ont pas été

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117

scolarisées dépensent significativement (t(12)=-2,369 et p=0,035) en moyenne moins

d`argent (M.=2 921,97 gourdes; É.T.=987,28 gourdes) pour payer une année de scolarité

d`un enfant que celles qui ont leur CEP ((M.=4 121,39 gourdes; É.T.=863,02 gourdes).

Ainsi, plus le niveau d`éducation de la femme est élevé, plus elle dépense pour scolariser

ses enfants.

Le nombre d`enfants de la femme influe aussi sur ses dépenses pour les scolariser. Il

appert que les femmes qui ont trois ou quatre enfants dépensent significativement

(t(8)=2,665; p=0,029) en moyenne plus d`argent (M.=3 891,61 gourdes;

É.T.=835,33 gourdes) pour scolariser un enfant que celles qui ont sept à neuf enfants

(M.=2 731,45 gourdes; É.T.=224,10 gourdes). Ainsi, moins la femme a d`enfants, plus

elles dépensent pour scolariser un enfant, ce qui était attendu.

La dotation en terre a aussi un impact. Il appert que les ménages plus riches en terre

dépensent significativement (t(13)=2,397 et p=0,032) plus pour la scolarisation d`un

enfant (M.=8 610,00 gourdes; É.T.=7 650,89 gourdes), que ceux jugés très pauvres en

actif terre (M.=3 740,00 gourdes; É.T.=1 694,11 gourdes). Par contre, le revenu de l AP

de la femme, comme on l a prédit, n`a aucun impact sur les dépenses pour la scolarisation

d`un enfant.

La «dépense moyenne de scolarisation d`un enfant du ménage» est significativement et

négativement corrélée avec le «niveau de vie par rapport au logement» (r=-0,386 et

p=0,038). Ainsi, plus le niveau de vie par rapport au logement est faible, plus la dépense

moyenne de scolarisation d`un enfant est faible.

RRééssuumméé

Les deux principales dépenses des ménages KOFAVAC sont celles d`alimentation et de

scolarisation des enfants. Le montant moyen estimé capable de procurer au ménage les

trois repas journaliers est de 845 gourdes (21 US$). Or, en 2001, on estimait qu’environ

6,2 millions d’haïtiens vivaient en dessous de la ligne de pauvreté générale de 2 US$/

jour (ECVH. 2001). Ce fait permet de comprendre combien les besoins alimentaires des

ménages KOFAVAC sont loin d’être satisfaits d’autant plus que le revenu hebdomadaire

net du petit commerce, principale activité génératrice de revenu, varie de 150 à 1 200

gourdes. Le coût annuel total de scolarisation d’un enfant est aussi élevé pour les

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118

ménages et le plus grand groupe de ménages estiment avoir besoin de 3 000 à 4 500

gourdes. La scolarisation peut devenir une charge très pesante pour un ménage comptant

plusieurs enfants. Rappelons que 42,1 % des femmes KOFAVAC ont 3-4 enfants et

20,6 % davantage.

55..44 LLAA SSYYNNTTHHÈÈSSEE DDUU CCHHAAPPIITTRREE

Cette première partie de l analyse des résultats nous a permis de répondre à la première

question de la recherche : comment dégager les déterminants de la pauvreté chez les

femmes KOFAVAC ? Il ressort clairement que la pauvreté qui touche à la vie des

ménages KOFAVAC est influencée par un ensemble de déterminants socioéconomiques

retrouvés par les études réalisées en Haïti. Par contre, nous avons identifié aussi deux

autres facteurs explicatifs de la pauvreté des ménages KOFAVAC, la présence d`un

conjoint au sein du ménage et le statut matrimonial de la femme ainsi que le lieu de

naissance de la femme et du conjoint, qui n`ont pas été relatés par ces études. Toutefois,

l une des trois études revues, a relaté que les ménages les plus pauvres en milieu urbain

sont ceux dont le principal apporteur est une femme (CCI-Haïti. 2003). Le fait de

spécifier cela ne signifie pas pour autant que la femme vit seule ou n`a pas de conjoint.

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119

CCHHAAPPIITTRREE VVII.. AANNAALLYYSSEE EETT DDIISSCCUUSSSSIIOONN DDEESS RRÉÉSSUULLTTAATTSS :: LLeess

ppeerrcceeppttiioonnss ddeess mméénnaaggeess ssuurr llaa ppaauuvvrree ttéé ee tt ll`iimmppaacctt ddee llaa ss ttrraattééggiiee KKOOFFAAVVAACC

Dans cette deuxième partie de l analyse des résultats de l étude, nous présentons les

résultats de leurs perceptions de la pauvreté et l analyse de l impact de KOFAVAC sur

les conditions de vie de ses membres.

66..11 LL`ÉÉTTUUDDEE DDEESS PPEERRCCEEPPTTIIOONNSS DDEESS FFEEMMMMEESS

Notre étude essaie non seulement de dégager les déterminants de la pauvreté chez les

femmes, mais aussi de saisir les mots avec lesquels ces dernières expriment leurs

situations. Ainsi, cette section présente l analyse des perceptions des femmes sur la

pauvreté/la richesse, leurs conditions de vie et les stratégies qu`elles pensent prioritaires

en vue d`une amélioration de leurs conditions de vie.

66..11..11 LLaa ppeerrcceeppttiioonn ddee llaa rriicchheessssee

Les femmes ont leur propre perception de la richesse. La synthèse des réponses aux trois

principaux signes perçus de la richesse présentée au tableau suivant éclaire ce fait.

TTaabblleeaauu 66..11 SSiiggnneess ddee llaa rriicchheessssee ppeerrççuuss ppaarr lleess ffeemmmmeess

Signe

N

Activité

rapportant de

l`argent

Possède sa

maison, grande

et bien meublée

Possède beaucoup

de terre et des

animaux

Peut satisfaire ses

besoins et ceux

de sa famille Nbre % Nbre % Nbre % Nbre %

1er 34 19 55,9 % 7 20,6 % 5 14,7 % 0 0,0 %

2e 34 5 14,7 % 10 29,4 % 1 2,9 % 15 44,1 %

3e 34 4 11,8 % 4 11,8 % 4 11,8 % 17 50,0 %

Total 28 82,4 % 21 61,8 % 9 29,4 % 35 94,1 % Source : Calculé à partir des données de l enquête, 2011

Ainsi, dès la première réponse, les femmes (55,9 %) perçoivent que le premier signe de

la richesse est le fait d`avoir une activité, un emploi qui rapporte de l argent capable de

satisfaire adéquatement tous les besoins du ménage. Ainsi, selon ces femmes, l emploi est

premier, car il permet de gagner de l argent, nécessaire pour vivre32 : «… Dans ce pays, si

tu n`as pas d`argent, tu ne peux pas vivre et tu n`es rien». Puis, les réponses aux deux

autres signes, placent la satisfaction adéquate de tous les besoins (alimentation,

32

«Si ou pa gen lajan nan peyi sa, ou pa ka viv e ou pa anyen»(E-29).

Page 135: De la pauvreté multidimensionnelle des Femmes en Haïti ......i RÉSUUMMÉÉ Cette étude analyse la pauvreté multidimensionnelle des femmes en Haïti et l`impact d`un système d`activités

120

scolarisation, habillement, santé), et la possession d`actifs productifs (terre et animaux)

aux premiers rangs. La possession de sa maison se détache des besoins à satisfaire pour

constituer une catégorie distincte. Toutefois, il convient de relater que d`autres signes de

richesse sont perçus aussi, même si ce n`est que par une seule femme : possession d`une

voiture (1/34), a des parents à l étranger (1/34) et peut voyager à l étranger (1/34). Il est

reconnu normal qu`une fois les besoins essentiels satisfaits, on accorde la priorité à

d`autres besoins.

GGrraapphhiiqquuee 66..11 PPrriinncciippaauuxx ss iiggnneess ddee rriicchheessssee ppeerrççuuss

Source : Réalisé à partir des données de l enquête, 2011

66..11..22 LLaa ppeerrcceeppttiioonn ddee llaa ppaauuvvrree ttéé

Les réponses des femmes sur les «Signes perçus de la pauvreté» sont très claires. Relatées

dans les trois groupes de signes, ce sont : l impossibilité de satisfaire ses besoins, la non

possession de sa maison et le fait de ne pas avoir un emploi. Une femme s`est exprimée

en ces termes : «Quand tu ne peux pas manger, ni envoyer tes enfants à l école ou les

vêtir ou encore les soigner, n`es-tu pas un pauvre?33». Toutefois, il y a d`autres signes de

la pauvreté perçus aussi : être orphelin (2/34), le manque de considération aux yeux de

la société (2/34) et le manque ou l absence de terres agricoles (2/34) et le fait de ne pas

avoir un membre de sa famille à l étranger (2/34). Ainsi, ne pas avoir un membre de la

33

«Lè ou pa manje, ou pa ka voye pitit ou lekòl, ou pa ka abiye pitit ou epi ou pa ka ale lopital lè ou malad, eske se pa yon pòv malere ou ye?» (E-12).

0%

10%

20%

30%

40%

50%

60%

Premier Second Troisième

Activité rapportant de l`argent Possession de sa maison

Possession de terre et d`animaux Satisfaction de tous ses besoins

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121

famille à l étranger est un signe de pauvreté : «Oh! Tu n`as personne à l étranger qui te

tend la main34». Les principaux signes de la pauvreté perçus par les femmes sont illustrés

par le graphique 4.14.

GGrraapphhiiqquuee 66..22 PPrriinncciippaauuxx ss iiggnneess ddee ppaauuvvrree ttéé ppeerrççuuss

Source : Réalisé à partir des données de l enquête, 2011

Le principal signe de pauvreté perçu par les femmes est surtout et avant tout

l insatisfaction des besoins (tous les besoins en général), puis la possession de sa maison.

Cette perception corrobore tout à fait l approche non monétaire de la pauvreté axée sur

l insatisfaction des besoins essentiels. Ensuite, vient l un des moyens capables d`aider à

se procurer de l argent, l emploi qui certainement permettra d`accéder aux biens et de

satisfaire les besoins (approche monétaire). Le manque de considération évoqué par

seulement deux femmes (5,8 %), en relation avec la dimension sociale de la pauvreté, où

tout être humain a le désir d`être reconnu et intégré au sein de sa communauté, surprend

un peu. Peut-on penser que les femmes, trop préoccupées par les besoins essentiels à

satisfaire et les soucis de la vie ordinaire, n`accordent pas la priorité à l intégration ou à la

reconnaissance sociale ? Est-ce qu`au sein d`une société, d`une catégorie sociale et d`un

pays différents, l intérêt pour la reconnaissance sociale serait plus grand ou plus

34

«Adje! Ou pa gen pèsonn ki nan peyi etranje k ap lonje men ba ou» (E-9).

0%

10%

20%

30%

40%

50%

60%

70%

80%

Premier Second Troisième

Ne peut pas subvenir à ses besoins Ne possède pas sa maison

Ne travaille pas

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122

important? Pourtant, cet élément s`inscrit dans la ligne de la dimension sociale de la

pauvreté dont le PNUD est l instigateur.

RRééssuumméé

La femme KOFAVAC classe le fait de mener une activité rapportant de l argent comme

le premier signe de richesse perçu. Le second est la possession de sa maison

d`habitation. Par contre, la possession de terre et d`animaux est relayée à un niveau

inférieur tant pour les signes de richesse que ceux de pauvreté perçus. Or, jadis en milieu

rural haïtien, la possession de terre et d`animaux était considérée comme un signe

majeur de richesse.

Il y a un lien assez fort entre les signes de richesse et de pauvreté au point que les trois

principaux signes de pauvreté perçus (ne peut pas subvenir à ses besoins, ne pas

posséder sa maison et ne pas avoir un emploi) sont inclus, mais sous la forme

affirmative, dans l ensemble des principaux signes de la richesse (satisfaction de tous ses

besoins, avoir un emploi, une activité rapportant de l argent, posséder sa maison,

posséder beaucoup de terre et d`animaux). Ainsi, selon la perception des femmes, la

pauvreté est l inverse de la richesse et vice-versa.

66..11..33 LLaa ppeerrcceeppttiioonn ddee llaa ffeemmmmee ddee ssaa pprroopprree ss iittuuaattiioonn

Après avoir caractérisé les ménages et évalué leur niveau de pauvreté à partir des données

sociodémographiques et économiques, leurs perceptions sur leur situation de vie ont été

analysées. Aucune des femmes ne se classe au rang des riches. La majorité (76,5 %) croit

qu`elles sont plutôt pauvres. Il y aussi 11,7 % (4/34) qui estiment qu`elles sont parmi les

très pauvres. Celles qui affirment faire partie de la classe moyenne, ne sont que 11,7 %.

De cette manière, ce sont 90,0 % des femmes qui affirment être soit pauvres ou très

pauvres.

Il existe une corrélation linéaire positive et forte (r=0,456 et p=0,007) entre la perception

de la femme de sa situation et le nombre de jours sans le repas principal au cours d`un

mois. Ainsi, moins le ménage peut se procurer le repas principal au cours d`un mois, plus

la femme pense être dans une situation de pauvreté. Les propos d`une des femmes

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123

traduisent bien ce fait : «Oh! Je ne peux pas compter le nombre de jours où je n`ai pas

mis la poêle sur le feu car la situation est difficile35».

La perception de la femme de sa situation est corrélée positivement et significativement

(r=0,396 et p=0,021) avec la variable prédite, «niveau de satisfaction du besoin

alimentation». On peut conclure que plus le niveau de satisfaction du besoin

«alimentation» est faible, plus le ménage perçoit négativement sa situation et se classe

parmi les pauvres. Ainsi pour la femme KOFAVAC, le principal indice de pauvreté est

l incapacité de subvenir à ses besoins, notamment de nourrir sa famille.

Toutefois, la perception de la femme de sa situation n`est pas corrélée significativement

avec le niveau d`études de la femme, le fait d`avoir un conjoint, le type d`activité

économique mené ainsi que son statut matrimonial. Elle ne l est pas non plus avec des

variables prédites en rapport avec la taille du ménage (le nombre total de personnes, le

nombre d`enfants du ménage et de la femme), la dotation en terre et animaux et le revenu

de l AP de la femme.

Or, selon les femmes, cette situation de pauvreté dans laquelle elles se trouvent est due à

des causes particulières. Les 30 femmes qui se considèrent soit pauvres ou très pauvres

évoquent quatre causes majeures qui les ont enfoncées dans la pauvreté: l absence

d`emplois à Chansolme, le cyclone Jeanne en 2004, le trop grand nombre d`enfants et les

frais de scolarité trop élevés. Ces causes sont évoquées à la fois dans les trois questions

posées. D`autres, telles les cas de maladie, la rupture avec le conjoint, la naissance dans

une famille pauvre, la mort des parents et l irresponsabilité de l État sont aussi avancées

au plus par trois femmes.

TTaabblleeaauu 66..22 PPrriinncciippaalleess ccaauusseess aayyaanntt ccoonndduuiitt àà llaa ppaauuvvrree ttéé

Cause

N

Manque/absence

d`emplois Cyclone Jeanne

en 2004 Trop d`enfants

dans le ménage Frais de scolarité

trop élevés

Nbre % Nbre % Nbre % Nbre %

1ère 34 8 26,7 % 9 30,0 % 5 16,7 % 0 0,0 %

2e 34 9 30,0 % 6 20,0 % 1 3,3 % 4 13,3 %

3e 34 6 20,0 % 5 16,7 % 1 3,3 % 0 0,0 %

Total 23 76,7 % 20 66,7 % 7 29,4 % 4 13,3 % Source : Calculé à partir des données de l enquête, 2011

35

«Woy! Mwen pa ka konte jou nou dife pa limen nan kay la paske bagay yo rèd» (E-01).

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124

Les causes ou événements majeurs qui ont conduit à la pauvreté sont aussi en relation

avec deux des quatre actions prioritaires que l État devrait mener à Chansolme pour

améliorer les conditions de vie de la population, la création d`emploi et la scolarité

gratuite. Toutefois, il semblerait que le cyclone Jeanne qui a eu lieu, il y a sept ans, a

fortement contribué à faire basculer les femmes dans la misère. Il avait causé

d’importantes pertes en vies humaines et biens matériels : maisons démolies, plantations

détruites, bétail emporté, système d’irrigation très endommagé. Les femmes en parlent

comme si c`était hier : «J`ai tout perdu pendant le cyclone et jusqu`à présent, je ne peux

même acheter mon lit car je l avais perdu36».

66..11..44 LLaa ppeerrcceeppttiioonn ddee llaa ffeemmmmee ddee ssoonn aavveenniirr

Environ 50 % (17/34) pensent que leur situation de pauvreté s`améliorera dans les cinq

prochaines années. Celles qui pensent que la situation de leurs ménages s`aggravera sont

peu nombreuses (3/34) : «Je crois que la situation s`empirera car mon mari a trop

d`enfants et deux foyers37». Par contre, le plus grand groupe de femmes (12/34) affirment

ne pas savoir de quoi sera fait l avenir de leurs ménages. Toutefois, qu`il s`agisse des

femmes qui pensent que leur situation s`améliorera ou de celles qui ne peuvent pas

prédire l avenir, toutes comptent sur Dieu qui est Tout-Puissant et qui peut changer leur

situation. Elles sont très positives et optimistes, convaincues que Dieu est le Maître de

l histoire. C`est cet appui sur Dieu qui conduit ces femmes à espérer contre toute

espérance : «Nous croyons que notre situation sera meilleure, elle s`améliorera de toutes

façons car nous sommes des enfants de Dieu». «Nous ne pouvons pas savoir comment

sera notre situation parce que Dieu est bon. Nous comptons sur Lui38».

36 «Mwen pèdi tout sa m te genyen et jis kounye a mwen poko ka achete yon bon kabann pou m kouche. Sa m te

genyen an mwen te pèdi l» (E-02). 37 «Mwen kwè bagay yo ap vin pi rèd paske mesye a gen twòp pitit epi responsab de kay» (E-22). 38 «Nou kwè bagay yo ap vin pi bon, l`ap amelyore kan menm paske se pitit Bondye nou ye» (E-28). Une autre : «Nou

pa kapab di kijan sitiyasyon n`ap ye paske Bondye bon. Nou konte sou li» (E-11).

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125

GGrraapphhiiqquuee 66..33 PPeerrcceeppttiioonn ddee llaa ffeemmmmee ddee ssoonn aavveenniirr

Source : Réalisé à partir des données de l enquête, 2011

Malgré cette confiance dans la Toute-puissance de Dieu qui peut changer positivement la

situation, la «Perception de la femme de son avenir» est corrélée significativement et

positivement avec le mode de propriété de l habitat (r=0,478 et p=0.004), et le nombre

d`adultes du ménage ayant appris une profession (r=0,347 et p=0,044). Plus la femme est

propriétaire de son logement, plus elle pense que sa situation de pauvreté s`améliorera.

De même, plus il y a de personnes au sein du ménage ayant appris une profession, plus la

femme pense que sa situation de pauvreté s`améliorera. Ainsi, les variables corrélées à la

perception de la femme de son avenir sont le mode de propriété du logement et le nombre

de personnes sans profession et qui du coup, n`apportent aucun revenu au ménage. La

perception de l avenir n`est pas corrélée significativement avec aucune autre variable

prédite, le nombre d`enfants qui sont à l école, l âge moyen des enfants et la possession

d`actifs terre et animaux. Or, en Haïti, la tendance est de compter surtout sur les enfants

pour l amélioration future des conditions de vie de la famille. Les enfants sont les biens

du malheureux, aime-t-on répéter.

Pour la quasi-totalité des femmes (32/34), l avenir dépend aussi du renforcement du petit

commerce. Quant aux deux autres, l une pense que l ouverture d`un restaurant peut

grandement contribuer à améliorer la situation de son ménage et l autre pense qu`un

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126

investissement dans l élevage serait un bon moyen d`avoir de l argent pour faire vivre sa

famille. Ainsi, en dehors du petit commerce, il n`y a pas d`espoir. Cette quête de

nouvelles conditions de vie peut-elle reposer uniquement sur le petit commerce de

produits importés à 90 % ou la création d`emplois verrait-elle le jour en Haïti?

66..11..55 LLeess aaccttiioonnss pprriioorriittaaiirreess ddee ll`ÉÉttaatt àà CChhaannssoollmmee

Les réponses des femmes à cette question sont diverses. Toutefois, elles se recoupent.

En effet, selon les femmes, la création d`emplois, la scolarité, sous une forme ou une

autre (scolarité gratuite, ouverture des classes du secondaire et d`une école

professionnelle), la baisse du coût de la vie (baisse à proprement parler ou ouverture de

magasins à bas prix pour les plus pauvres), les soins de santé gratuits devraient être les

priorités de l État à Chansolme. Toutefois, elles ont mentionné une autre action aussi bien

nécessaire : l aide à la construction ou la construction de logements sociaux (2/34).

TTaabblleeaauu 66..33 AAccttiioonnss pprriioorriittaaiirreess ddee ll`ÉÉttaatt ppoouurr llaa ccoommmmuunnee ddee CChhaannssoollmmee

Action

N

Création

d emplois

Scolarisation

gratuite

Baisse du coût

de la vie

Soins de santé

assurance santé

Prêts aux

femmes

Nbre % Nbre % Nbre % Nbre % Nbre %

1ère

34 13 38,2 % 8 23,5 % 7 20,6 % 1 2,9 % 0 0,0 %

2e 32 8 25,0 % 14 43,8 % 6 18,8 % 1 2,9 % 2 6,2 %

3e 28 7 20,6 % 4 14,3 % 0 0,0 % 9 32,1 % 4 14,3 %

Total 28 83,8 % 26 81,6 % 13 39,4 % 4 37,9 % 6 20,5 %

Source : Calculé à partir des données de l enquête, 2011

Les résultats des tests statistiques n`indiquent aucune corrélation significative de la

variable «actions prioritaires de l État» avec l âge de la femme. Elle n`est pas non plus

corrélée avec les variables prédites de dotation du ménage en actifs terre et animal.

Par contre, le premier groupe d`actions est corrélé significativement et négativement avec

son niveau d`éducation (r=-0,372 et p=0,030) et avec le revenu journalier minimum

estimé capable de faire vivre le ménage (r=-0,343 et p=0,047). Le second groupe

d`actions est corrélé significativement avec la taille du ménage (r=0,348 et p=0,033) et le

nombre de personnes inactives (0,474 et p=0,006).

Ainsi, la taille du ménage et le nombre de personnes inactives influent vraiment sur la vie

du ménage et sur ses priorités et ses choix. Avoir une famille nombreuse et des membres

qui n`apportent rien représentent un poids pour les femmes. Par conséquent, conscientes

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127

de la situation, elles pensent que le mieux que l État haïtien puisse faire est la création

d`emplois ou des prêts permettant de démarrer une petite entreprise, l aide à la

scolarisation des enfants et pour les soins de santé et la baisse du coût de la vie, surtout

des produits alimentaires et de première nécessité.

TTaabblleeaauu 66..44 PPrriioorriittéé ddeess mméénnaaggeess eenn ccaass dd`uunnee aauuggmmeennttaattiioonn ddee rreevveennuu

Besoin

N

Logement Scolarisation Alimentation Soins de santé

Nbre % Nbre % Nbre % Nbre %

1er

34 23 67,6 % 2 5,9 % 9 26,5 % 0 0,0 %

2e 34 3 8,8 % 15 44,1 % 3 8,8 % 6 17,6 %

3e 34 2 5,9 % 5 14,7 % 7 20,6 % 9 26,5 %

Total 28 82,3 % 22 64,7 % 19 55,9 % 15 44,1 %

Source : Calculé à partir des données de l enquête, 2011

RRééssuumméé

Les trois quarts des femmes KOFAVAC (76,5 %) affirment qu`elles sont pauvres. On a

observé à la fois une certaine incertitude et un certain optimisme quant à l amélioration

future de leurs conditions de pauvreté. Il y a 35 % des femmes qui ne savent pas si leur

situation future se dégradera ou non et 50% qui croient qu’elle s’améliorera. Aussi, les

femmes mentionnent que la création d`emplois, la scolarité et la baisse du coût de la vie

devraient être les priorités de l État à Chansolme pour une amélioration du niveau de vie.

Bien qu`il n`existe pas de corrélation significative des actions prioritaires à entreprendre

par l État haïtien dans la commune de Chansolme avec les signes de richesse, il reste que

le fait d`avoir un emploi stable ou de mener une activité rentable représente le second

signe de richesse (82,4 %) perçu par les femmes, succédant à la capacité de satisfaire

tous les besoins du ménage. De même, il y a un lien avec la première cause de la

pauvreté qui est le manque d`emploi, Ainsi, en cas d`une augmentation de revenu, les

femmes estiment par ordre de priorité, qu`elles chercheraient à satisfaire les besoins

suivants : le logement (82,3 %), la scolarisation (64,7 %), l alimentation (59,9 %) et les

soins de santé (44,1 %).

Page 143: De la pauvreté multidimensionnelle des Femmes en Haïti ......i RÉSUUMMÉÉ Cette étude analyse la pauvreté multidimensionnelle des femmes en Haïti et l`impact d`un système d`activités

128

66..22 LL`AANNAALLYYSSEE DDEE LL`IIMMPPAACCTT DDEE KKOOFFAAVVAACC

Une des questions de l étude est de vérifier l impact de KOFAVAC sur les conditions de

vie des femmes et de leurs ménages. Afin d`y parvenir, nous avons procédé d`abord à

l analyse de la satisfaction des femmes, puis à celle de l impact de KOFAVAC proprement

dit sous divers aspects : amélioration des besoins, résistance à la pauvreté, possibilité

d`épargner, investissement et intégration sociale. Ensuite, la défaillance des femmes dans

le système crédit/épargne est étudiée. En dernier lieu, nous avons étudié les propositions

d`actions concrètes formulées tant par les femmes que par les personnes appuyant

KOFAVAC et les notables, pour que KOFAVAC parvienne à mieux remplir sa mission :

améliorer les conditions de vie de ses membres.

66..22..11 LLaa ssaattiiss ffaaccttiioonn ddeess ffeemmmmeess

Sur la période d`octobre à mars 2011 (24 semaines), le bénéfice total par femme - de

participer à KOFAVAC - est de 1 800 gourdes, soit l équivalent d`un revenu

hebdomadaire de 75 gourdes. À la question relative au degré de satisfaction par rapport à

KOFAVAC, 61,7 % (21/34) des femmes affirment que la contribution est faible contre

32,3 % (11/34) qui l estiment forte et 5,9 % (2/34), très faible.

Le principal facteur responsable de la faible contribution de KOFAVAC en termes de

revenu, évoqué aussi bien par les femmes que par les personnes appuyant KOFAVAC,

est la perte du client principal, les Frères des Écoles Chrétiennes, une Congrégation

religieuse d`origine canadienne, présente à Port-de-Paix depuis plusieurs décennies. La

majeure partie de la production de beurre d`arachide était absorbée par ce client en vue

d`offrir un petit déjeuner aux élèves d`un de leur établissement scolaire. De ce fait, la plus

grande difficulté actuelle de KOFAVAC est le marché d`écoulement. D`autres difficultés

sont nommées par les PA. Une d`elle évoque les coûts de production très élevés à cause

de la hausse du prix des arachides sur le marché de Chansolme et des prix élevés des

bocaux : «…une autre difficulté est que les dépenses sont très élevées par rapport aux

ventes à cause des prix de l arachide, des bocaux et d`autres produits de conditionnement

(étiquettes, encre pour imprimante, etc.) qui sont très élevés. Le recyclage des seaux de

peinture et de beurre de cuisine est un moyen, mais ils ne sont pas jolis» (PA-02). En

effet, des seaux en plastic sont récupérés, c`est-à-dire achetés sur le marché, permettant

Page 144: De la pauvreté multidimensionnelle des Femmes en Haïti ......i RÉSUUMMÉÉ Cette étude analyse la pauvreté multidimensionnelle des femmes en Haïti et l`impact d`un système d`activités

129

ainsi de diminuer les coûts de production. L`autre PA, quant à elle, évoque d`autres

facteurs inhérents aux femmes, tels leur manque de motivation pour aller

s`approvisionner en matières premières dans les localités avoisinantes et leur incapacité à

faire équipe, à travailler ensemble en vue du bien commun. De ce point de vue, un autre

facteur important est l irresponsabilité de plusieurs membres du groupe et le manque ou

l absence du sentiment d`appartenance.

66..22..22 LL`iimmppaacctt ssuurr llee ss ccoonnddiittiioonnss ddee vviiee ddeess ffeemmmmeess ee tt ddee lleeuurrss mméénnaaggeess

L`impact est analysé en termes d`utilisation du revenu KOFAVAC. Le bénéfice généré par

KOFAVAC et distribué équitablement à chacun des membres est généralement utilisé par

ces derniers à des fins diverses.

66..22..22..11 LL’’uuttiilliiss aattiioonn dduu rree vvee nnuu

L`alimentation et le logement figurent parmi les réponses aux trois questions relatives à

l utilisation du revenu KOFAVAC. Toutefois, on se rend compte que le revenu

KOFAVAC sert d`abord et avant tout à satisfaire les besoins d`alimentation du ménage et

de scolarisation des enfants. Le tableau suivant présente ce fait.

TTaabblleeaauu 66..55 UUttiilliissaattiioonnss dduu rreevveennuu KKOOFFAAVVAACC

Alimentation

scolarisation

Commerce

Habitat

mobilier Articles

de toilette Remboursement

de dettes

1ère 23,5 % 26,5 % 17,6 % 11,8 % 0,0 % 0,0 %

2e 23,3 % 20,0 % 0,0 % 16,7 % 23,3 % 0,0 %

3e 31,8 % 0,0 % 0,0 % 9,1 % 18,2 % 13,6 %

Total 78,6 % 46,5 % 17,6 % 37,6 % 41,5 % 13,6 %

Source : Calculé à partir des données de l enquête, 2011

66..22..22..22 LLee ss ddiifffféé rree nnttee ss ffoorrmmee ss ddee ccoonnttrriibbuuttiioonn ddee KKOOFFAAVVAACC

LLaa ccoonnttrriibbuuttiioonn àà ««ll`aamméé lliioorraattiioonn ddeess bbeessooiinnss»»

Pour apprécier l impact de KOFAVAC, sur la base d`une échelle de 1 à 10, où 1

représente la plus faible contribution et 10 la plus forte, il a été demandé aux femmes

d`estimer l apport en attribuant une note dans la mesure où il contribue fortement ou

faiblement à améliorer certains besoins de leurs ménages. La moyenne de 8,3, mais,

Page 145: De la pauvreté multidimensionnelle des Femmes en Haïti ......i RÉSUUMMÉÉ Cette étude analyse la pauvreté multidimensionnelle des femmes en Haïti et l`impact d`un système d`activités

130

environ 61,7 % (21/34) de femmes attribuent 10, le plus haut niveau d`appréciation. La

plus faible note 4 est attribuée par 5,9 % de femmes (2/34).

GGrraapphhiiqquuee 66..44 AApppprréécciiaattiioonn ddee llaa ccoonnttrriibbuutt iioonn ««aamméé lliioorraattiioonn ddeess bbeessooiinnss»»

Source : Réalisé à partir des données de l enquête, 2011

Sur la même échelle de 1 à 10, environ 14 femmes octroient 10 à KOFAVAC estimant

qu`il a contribué à les aider à faire face à la pauvreté. Presque la moitié (16/34) lui

accorde entre 6 et 9. La moyenne est de 7,9.

La capacité de KOFAVAC à remplir la fonction d`épargne a été testée par le nombre de

femmes possédant une épargne KOFAVAC. Moins du quart des femmes (23,5 %)

parviennent à épargner leur revenu KOFAVAC. En effet, sur une échelle de 1 à 10, la note

moyenne de contribution de KOFAVAC à l épargne est très faible, 2,6.

TTaabblleeaauu 66..66 AA uunnee ééppaarrggnnee KKOOFFAAVVAACC

Réponse Nombre Pourcentage Oui 8 23,5 %

Non 26 76,5 % Total 34 100,0 % Source : Calculé à partir des données de l enquête, 2011

La majorité de femmes (61,8 %) parviennent à investir le bénéfice de KOFAVAC, soit dans

leur petit commerce soit dans l achat d`un animal.

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131

TTaabblleeaauu 66..77 IInnvveess ttiisssseemmeenntt ddee ll`ééppaarrggnnee KKOOFFAAVVAACC

Réponse Nombre Pourcentage Oui 21 61,8 %

Non 13 38,2 % Total 34 100,0 % Source : Calculé à partir des données de l enquête, 2011

Selon les femmes, le revenu KOFAVAC les aide d`abord et avant tout à satisfaire

certains de leurs besoins de base. De cette manière, on comprend la raison pour laquelle

la majorité (21/34) accorde 10 à ce niveau de contribution «Satisfaction des besoins». De

plus, trois des six utilisations du revenu correspondent à trois des quatre besoins

prioritaires que les femmes souhaitent satisfaire en cas d`une augmentation de revenu, à

savoir l alimentation, la scolarisation et le logement. Toutefois, quelques femmes

parviennent à investir le bénéfice dans leur commerce. Vu que certaines femmes, quoique

peu nombreuses, parviennent à avoir un certain montant épargné, on peut dire qu`elles

acquièrent un certain degré d`autonomie ainsi qu`une capacité à faire face à des

imprévus.

Les notables et les PA voient un apport positif de KOFAVAC. L`opinion de ces deux

groupes de personnes sur l impact de KOFAVAC sur la vie des femmes, considère l apport

monétaire, mais va au-delà de cet aspect. Le rôle de créateur d`emplois de KOFAVAC

est évoqué par les notables car ils considèrent que certaines femmes qui ne travaillaient

pas et qui, pourtant, ont plusieurs enfants à éduquer, parviennent à tirer un revenu, si

faible soit-il : «Nous pouvons dire que c`est une très belle initiative parce que la majorité

des femmes ne faisaient rien et elles ont plusieurs enfants à éduquer39». D`autres pensent

que KOFAVAC redonne courage à ces femmes qui étaient mises à l écart et humiliées.

Ainsi, KOFAVAC renforce les relations, les liens sociaux des femmes entre elles et avec

le milieu. De fait, selon un notable, KOFAVAC rassemble, regroupe des femmes, les met

ensemble pour qu` elles apprennent à réfléchir et à découvrir leurs problèmes spécifiques

et travailler à trouver les solutions appropriées. Ce notable met l accent sur le «être

ensemble et faire ensemble». «Il est difficile d`améliorer les conditions de vie d`un

39

«Mwen kapab di se yon trè bèl inisyativ paske majorite medam yo pa tap fè anyen e yo gen plizyè pitit pou yo edike» (N-01).

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132

individu pris isolément, mais ensemble il est plus facile car ils sont capables de découvrir

leurs propres problèmes et de chercher des moyens de les résoudre40».

Cette opinion est partagée par l une des PA. Elle croit que l impact est très positif et

pense aussi que c`est une bonne initiative de mettre ce groupe sur pied. Les raisons

majeures qu`elle avance sont la mise en commun, le faire ensemble et l autonomie. Selon

elle, ces trois points constituent le pilier qui supporte KOFAVAC. La seconde PA abonde

dans un autre sens en s`exprimant en ces termes : «Ainsi, ça les occupe un peu et quand

elles viennent, elles ont déjà un espoir qu`elles vont avoir quelque chose pour subvenir à

leurs besoins» (PA-02).

Toutefois, si les femmes semblent être insatisfaites vu le faible bénéfice qu`elles

obtiennent de KOFAVAC, les deux responsables, quant à elles, font état d`un ensemble de

difficultés rencontrées empêchant ainsi KOFAVAC de contribuer pleinement et

efficacement à l amélioration des conditions de vie des femmes. Certaines de ces

difficultés viennent des femmes elles-mêmes qui, selon elles, ne comprennent pas très

bien le sens du travail ensemble : «Elles ont de la difficulté à travailler ensemble. Or, ce

sont celles qui travaillent très peu qui réclament beaucoup, davantage de bénéfices. La

difficulté majeure est l incapacité de travailler ensemble, de faire coopérative. S`il y a une

chose sur laquelle il faudrait insister, c`est le bien fondé de travailler ensemble, le bien

fondé d`une coopérative» (PA-01). La seconde responsable rejoint d`une certaine manière

la première car elle affirme «Ce n`est pas un groupe qu`on doit laisser comme ça, sinon

ça va tomber à la dérive, même s`il y a quelques unes qui prennent leur responsabilité à

cœur. Mais la majorité ne comprennent pas qu`elles font partie d`un groupe, que nous

avons donné notre mot, nous avons tant d`heures de travail à donner par jour et nous

avons ça une fois par semaine, nous devons venir et fournir le temps nécessaire» (PA-02).

66..22..33 LL`iimmppaacctt ssuurr llee ppllaann ssoocciiaall

L`impact sur le plan social n`a pas pu être apprécié au moyen des deux questions de

l enquête. La première visait à demander si l appartenance des femmes à des

organisations ou mouvements sociaux datait d`avant ou d`après KOFAVAC et la

40

«Li difisil pou pote yon chanjman pou amelyore lavi yon moun, men ansanm li pi fasil paske yo kapab dekouvri pwòp pwoblèm yo e chèche mwayen pou rezoud yo » (N-09).

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133

deuxième question consistait à accorder une note d`appréciation à certaines dimensions

sociales, telles le renforcement de l autonomie ou de la prise de décision au sein du

ménage. La première question ne pouvait pas permettre de vérifier l impact social de

KOFAVAC car 90 % des femmes faisaient partie d`un mouvement religieux bien avant

d`être membre de KOFAVAC. En effet en Haïti, la religion continue de jouer un rôle

important dans la vie des gens, particulièrement des plus pauvres. Les rencontres de

prières régulières et même journalières renforcent les liens et permettent de vivre une

certaine solidarité. Quant à la seconde question, les notions d`autonomie et capacité de

prise de décision n`étaient pas bien comprises, malgré toutes les explications

supplémentaires du chercheur. De plus, les familles monoparentales (12/34) ne font pas

face à la difficulté de ne pas pouvoir décider au sein du ménage. Ce sont ces femmes qui

portent seules la responsabilité de leurs ménages et par le fait même, décident. Toutefois,

on peut dire que le fait que quelques femmes parviennent à épargner, accorde une

certaine autonomie et même un certain pouvoir de décision.

Les notables estiment que KOFAVAC est un appui social pour les femmes. Un d`eux s`est

exprimé en ces termes : «Socialement, c`est une bonne activité car elles célèbrent leur

anniversaire de fondation et se réunissent pour échanger et travailler. Puis le mardi, elles

vont acheter des arachides41». Les notables estiment aussi que KOFAVAC aide les femmes

à tisser des relations plus solides entre elles et contribue au développement de l esprit de

solidarité et d`entraide.

66..22..44 DDééffaaiillllaannccee ddaannss llee ssyyssttèèmmee ccrrééddiitt//ééppaarrggnnee KKOOFFAAVVAACC

Le système KOFAVAC, en plus de l activité de production, accorde à ses membres des

prêts pour démarrer une activité économique génératrice de revenu. Le montant

minimum du crédit accordé est de 2 500 gourdes, mais peut atteindre 10 000 gourdes

selon la capacité de remboursement de la femme. Les prêts sont accordés sans intérêt,

mais les femmes sont obligées d`épargner une certaine valeur variant de 25 à 100 gourdes

selon la situation de chacune. Or, il n`y a qu`une minorité de femmes (7/33) qui

parviennent à rembourser leurs prêts. En juillet 2011, au moment de l enquête, 8 femmes

41 Sosyalman se yon bon aktivité paske medam yo selebre anivèsè fondasyon yo, pou yo travay epi chita koze ansanm.

Epi le madi, y al achte pistach (N-03).

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134

avaient accès au crédit KOFAVAC. La majorité (78,8 %) a défailli dans le système. Une

des femmes n`a jamais fait partie du système par peur de ne pas être en mesure de

rembourser.

Les femmes ont évoqué les causes majeures qui les empêchent de rembourser

normalement les prêts. Elles sont présentées dans le tableau 4.55.

TTaabblleeaauu 66..88 RRaaiissoonnss ddee ddéé ffaaiillllaannccee ddaannss llee ssyyssttèèmmee KKOOFFAAVVAACC

Raisons évoquées Nbre Pourcentage

Alimentation des enfants 6 23,1 % Scolarisation des enfants 6 23,1 %

Soins de santé des enfants 6 23,1 % Irrégularité dans les remboursements due à l`absence de la responsable 3 11,5 %

Peu d`entrées d`argents et beaucoup de besoins à satisfaire 2 7,7 % Non rentabilité du petit commerce 2 7,7 %

Grossesse 1 2,9 % Total 26 100,0 %

Source : Calculé à partir des données de l enquête, 2011

Les trois premières causes d`incapacité de rembourser les prêts mentionnées par les

femmes sont liées à la satisfaction des besoins d`alimentation, de scolarisation et de soins

de santé. En effet, il appert que la défaillance dans le système crédit/épargne est corrélée

significativement avec les variables en lien avec la satisfaction du besoin alimentation du

ménage, tel que nous l avions prédit: le nombre de repas par jour, le nombre de jours sans

le repas principal au cours d`un mois et évidemment la variable satisfaction de la fonction

alimentaire. Ainsi, moins le ménage parvient à s`alimenter convenablement, plus sa

défaillance dans le système est évidente. Moins il y a de repas journaliers et plus le repas

principal manque, plus le risque de défaillance est élevé ; la corrélation avec ces deux

facteurs étant négative. La défaillance dans le système est corrélée aussi significativement

et positivement avec le mode de jouissance de la maison habitée. Les propriétaires de

leurs résidences ont moins de risque de défaillance. L`âge de la femme est corrélé

significativement et positivement. Ainsi, le risque de défaillir augmente avec l`âge. Par

contre le conjoint, le statut matrimonial et la taille du ménage (nombre de personnes et

d`enfants) n`ont aucun impact significatif sur la défaillance de la femme.

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135

TTaabblleeaauu 66..99 VVaarriiaabblleess eenn ccoorrrréé llaattiioonn aavveecc llaa ««DDééffaaiillllaannccee ddaannss llee ssyyss ttèèmmee»»

Variables

Niveau de

signification

Valeur et signe du

coefficient de corrélation

N

1. Âge de la femme 0,007** 0,459 33

2. Niveau de satisfaction du besoin alimentation 0,013* -0,426 33

3. Nombre de jours sans le repas principal 0,015* -0,421 33

4. Mode de propriété de la maison 0,026 0,387 33

5. Nombre de repas servis par jour 0,039* 0,361 33

* Corrélation significative au niveau 0,05 (bilatéral) * Corrélation significative au niveau 0,01 (bilatéral)

Source : Résultats des tests de corrélation sur SPSS avec les données de l enquête, 2011

Les facteurs de défaillance des femmes dans le système crédit/épargne ont été abordés

avec les PA. Les deux estiment que le manque de moyens de subsistance est une

contrainte majeure pour les femmes : «Quand elles font un emprunt pour un petit

commerce, l argent ne sert pas seulement au petit commerce, mais elles y font des

prélèvements surtout pour la nourriture des enfants et la satisfaction des besoins

élémentaires. À mon avis, c`est cela qui constitue la difficulté majeure» (PA-01). «La

première difficulté est le coût de la vie. Parfois si elles ont un petit commerce, au fur et à

mesure qu`elles vendent quelque chose, c`est dans l argent qu`elles prélèvent

particulièrement pour nourrir la famille. Ainsi la première difficulté est la misère de la

population» (PA-02). Ce qui rejoint les causes évoquées par les femmes elles-mêmes et

les résultats des tests de corrélation.

Une PA a pensé à une technique qui pourrait aider à accroître la capacité de

remboursement des femmes. Il s`agit de faire un don d`abord capable d`aider à subvenir

aux besoins. «C`est très difficile, mais je dis ce que je pense. Vu la situation des

personnes du milieu que je connais, si on dispose d`un prêt de 2 500 gourdes pour du

commerce, ce qui pourrait les aider à garder cet argent-là, c`est de leur faire un cadeau

pour pouvoir démarrer en vue de satisfaire les besoins de première nécessité. Ainsi, cette

somme est donnée en vue de les empêcher de prélever du capital emprunté pour répondre

aux besoins. Chaque mois, les exiger à rembourser. Là encore, il y a des personnes qui ne

savent pas comment gérer. Il y en a qui vont réussir, et d`autres qui ne réussiront pas»

(PA-01).

66..22..55 LLeess pprrooppooss iittiioonnss ppoouurr uunn mmee iilllleeuurr aappppuuii aauuxx ffeemmmmeess

Les femmes souhaitent que KOFAVAC les encadre mieux. Elles ont proposé des services

qui pourraient leur être offerts. En totalisant les réponses aux trois questions posées, en

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136

tête de liste se trouvent l ouverture d`un magasin de gros, d`un atelier d`artisanat et de

confection, la transformation de nouveaux produits et la recherche de nouveaux marchés,

l encadrement et finalement l aide pour la construction de leur maison.

TTaabblleeaauu 66..1100 SSeerrvviicceess pprrooppoossééss ppaarr lleess ffeemmmmeess

Actions Nombre Pourcentage Magasin de gros de divers produits 18 52,9 % Atelier d`artisanat/de confection/de broderie 12 35,3 % Transformation de nouveaux produits 11 32,3 % Augmentation du montant des prêts 5 14,7 % Recherche de nouveaux clients/exportation 4 11,7 % Boutique de semences agricoles 3 8,8 % Aide pour la construction de logement 2 5,9 % Encadrement par une personne disponible et de poids 1 2,9 % Source : Réalisé à partir des données de l enquête, 2011

Les notables ont eux-aussi proposé des actions pour que KOFAVAC parvienne à mieux

encadrer ses membres. Ces propositions reposent sur ces piliers :

Nouveaux membres /élargissement aux sections communales Nouveaux marchés/nouveaux clients

Nouveaux produits à base de fruits ; des liqueurs, etc.

Nouvelles activités rentables Formation des femmes

Organisation de foires/d`exposition

Recherche de financement/de fonds

Les PA, quant à elles, croient que l avenir de KOFAVAC dépend de ces actions, classées

dans deux groupes, les activités pratiques et les nouvelles activités rentables. Le tableau

4.58 présente ces actions.

TTaabblleeaauu 66..1111 PPiiss tteess dd`aaccttiioonnss pprrooppoossééeess ppaarr lleess PPAA

Actions pratiques Nouvelles activités Fonds plus important de roulement Étagères pour exposer les produits Femme vendeuse à temps plein Clôture de la propriété de KOFAVAC Personne de poids pour encadrer Comité de gestion formé de membres de KOFAVAC Formation des membres Transformation de nouveaux produits Nouveaux marchés/nouveaux clients Achat d`un véhicule pour l approvisionnement en MP Installation des WC

Stockage de denrées : échalotes, maïs, haricots…

Boutiques de semences agricoles

Élevage de pondeuses

Source : Compilation des entrevues semi-dirigées avec les PA

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137

Les actions des trois groupes se recoupent. Certaines sont proposées à la fois par les trois

groupes ou par deux. En effet, les actions visant à lutter contre la pauvreté nécessitent

une prise de conscience de tout un chacun, une certaine organisation et formation ainsi

que des moyens financiers. Le tableau 4.59 présente un récapitulatif des actions en

relatant les points communs aux trois groupes.

TTaabblleeaauu 66..1122 AAccttiioonnss ssee lloonn llee ss ffeemmmmeess ((FF)),, llee ss nnoottaabblleess ((NN)) ee tt lleess PPAA**

Propositions d`actions F N PA

Transformation et développement de nouveaux produits × × ×

Recherche de nouveaux marchés/clients × × ×

Mise en place de nouvelles activités rentables × × ×

Formation des femmes × ×

Recherche de financement × ×

Élargissement à de nouveaux membres /aux sections communales × ×

Encadrement par une personne disponible × ×

Ouverture d`une boutique de semences agricoles × ×

Aide à la construction de logement × Augmentation du montant des prêts × Organisation de foires, d`expositions × Mise en place d`un comité de gestion ×

Clôture de la propriété KOFAVAC ×

Installation des WC ×

Choix d`une femme vendeuse à temps plein ×

Mise en place d`étagères ×

Achat d`un véhicule ×

Élevage de pondeuses ×

*Personnes qui appuient KOFAVAC

Source: Compilation des données de l enquête et des entrevues, 2011

RRÉÉSSUUMMÉÉ

Plus de la moitié des femmes (61,7 %) estiment l apport de KOFAVAC en termes de

revenu est faible. Néanmoins, il contribue à améliorer certains besoins du ménage,

notamment l alimentation et la scolarisation des enfants. En effet, ces deux dépenses

représentent les plus fondamentales des ménages. Incapables de satisfaire les besoins

élémentaires du ménage, les femmes font des prélèvements majeurs dans le fonds

crédit/épargne KOFAVAC, rendant ainsi inéluctable la défaillance dans le système.

En ce qui a trait à la contribution de KOFAVAC au plan social, la seule possibilité

d`épargner confère aux femmes une certaine autonomie. Il convient de relater que

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138

l apport de KOFAVAC à partir des questions de l enquête en termes d`intégration et

reconnaissance au sein du village et d`une plus grande participation dans la prise de

décision au sein du ménage n`a pas pu être clairement apprécié à partir des questions de

l enquête.

Les deux PA relèvent une certaine dégradation du capital social des femmes qui découle

même de leur situation de pauvreté. Ainsi, la formation et la recherche de financement

semblent être une priorité des encadreurs pour que KOFAVAC contribue pleinement à

l amélioration des conditions de vie des femmes. Cependant, ces deux pôles ne figurent

pas parmi les priorités des femmes. Celles-ci perçoivent surtout et avant tout des actions

capables d`augmenter leurs revenus.

66..33 LLAA SSYYNNTTHHÈÈSSEE DDUU CCHHAAPPIITTRREE

Cette partie de l analyse a permis d`atteindre deux des trois objectifs spécifiques de

l étude qui visent d`abord l examen des perceptions des femmes sur leur niveau de

pauvreté, leurs conditions de vie et les stratégies pouvant les aider à sortir de la pauvreté

et ensuite l appréciation de l impact de KOFAVAC. De ce fait, il y a un lien très fort

entre les perceptions des femmes sur la pauvreté, leur situation socio-économiques et les

moyens qu`elles privilégieraient en vue de satisfaire les besoins du ménage.

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139

CCOONNCCLLUUSSIIOONN EETT RREECCOOMMMMAANNDDAATTIIOONNSS

Il est nécessaire de rappeler à la fin de l étude l objectif général qui est d`analyser la

pauvreté multidimensionnelle des femmes en Haïti. La population étudiée est composée

de 34 femmes appartenant à une Mutuelle de solidarité, KOFAVAC, fondée à Chansolme

en janvier 2005. L`étude s`était fixée aussi des objectifs spécifiques, à savoir identifier les

déterminants de la pauvreté chez ce groupe de femmes et évaluer leur niveau de pauvreté,

examiner leurs perceptions sur la pauvreté, leurs conditions de vie et les stratégies de lutte

contre la pauvreté et finalement analyser l impact du système d`activités KOFAVAC sur

l amélioration de leurs conditions de vie.

Les analyses ont permis d`identifier ces caractéristiques sociodémographiques et

économiques essentielles des femmes et de leurs ménages :

1) Les femmes ont un niveau de scolarisation très faible. Environ le tiers (32,4 %)

est non scolarisé et aucune n`a bouclé le secondaire. Toutefois, les plus jeunes

semblent avoir un niveau supérieur de scolarisation que celui des plus âgées. Les

conjoints, quant à eux, sont plus nombreux à commencer leur scolarisation

primaire que les femmes.

2) Les femmes sont mères de 3 enfants en moyenne. Leurs ménages sont composés

d`environ 7 personnes (6,97). Tous les enfants en âge d`aller à l école fréquentent

une institution scolaire et ceci sans aucune discrimination de genre. Ainsi, les

femmes investissent dans l éducation de leurs enfants en vue d`assurer le revenu

et le bien-être futur de ceux-ci. Toutefois, on a constaté que les enfants sont

retardés en matière de scolarisation. La majorité atteint le CEP à un âge plus

avancé que l âge normal et certains à l âge même où ils devraient terminer le

secondaire.

3) La principale activité génératrice de revenu pour ces femmes est le petit

commerce qu`elles effectuent. Le revenu hebdomadaire du petit commerce varie

de 150 à 1 200 gourdes et peut à peine fournir un repas principal journalier au

ménage. Pour les femmes chefs de ménage composant le tiers de l échantillon, ce

montant est le principal pour faire vivre le ménage. Que la femme ait un conjoint

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140

ou non, le revenu total du ménage est insuffisant pour faire vivre normalement le

ménage.

4) Les femmes sont très faiblement dotées en actifs productifs : terre et animal. Le

constat est pire que ce qu`on pouvait imaginer : 41,2 % des ménages des femmes

ne possèdent pas l équivalent d`une tête de bovin et 23,5 % en possèdent moins

qu`un quart de tête. Plus de la moitié des ménages sont des sans-terres et parmi les

propriétaires, un seul (2,9 %) possède plus d`un demi-carreau.

5) Le niveau d`endettement des femmes est très élevé.

La première conclusion qui se dégage de cette étude est celle-ci. Malgré les études

effectuées et les nombreux documents officiels rédigés en vue de réduire la pauvreté,

celle-ci est présente en Haïti et ne semble pas avoir reculé. La population étudiée est plus

pauvre qu`on ne le pense. La taille moyenne des exploitations agricoles de 1,50 hectare

en Haïti ne reflète pas la situation de ces ménages. Ils sont loin d`exploiter un demi

hectare de terre. La pauvreté touchant à la vie de ces femmes est influencée par un

ensemble de facteurs. Le premier groupe de déterminants de la pauvreté des femmes est

constitué de facteurs liés aux caractéristiques sociodémographiques du ménage. Il

s`agit du lieu de naissance de la femme et du conjoint, du statut matrimonial de la femme,

du nombre total de personnes du ménages, du nombre total d`enfants du ménage et de la

femme, du nombre total d`enfants qui sont à l école privée et du nombre d`adultes du

ménage ayant appris une profession. Le second groupe est lié aux caractéristiques

économiques du ménage, à savoir le degré de possession en actifs terre et en animaux

d`élevage, le mode de propriété du logement et le nombre d`adultes inactifs ou qui ne

mènent aucune activité rapportant de l argent.

La deuxième conclusion se situe par rapport au second objectif de l étude qui concerne

les perceptions des ménages sur leur niveau de pauvreté et les stratégies de lutte estimées

capable de les aider à sortir de la pauvreté. D`une manière générale, la première partie de

l étude a identifié les facteurs explicatifs de la pauvreté des femmes. Cependant, les

femmes ont leurs propres perceptions de leur situation et de la pauvreté ou de la richesse.

Les pauvres sont des personnes qui réfléchissent et qui savent exactement ce qui peut les

aider à sortir de la pauvreté. Il y a eu une cohérence et une objectivité évidente dans leurs

réponses par rapport au choix des actions concrètes que l État haïtien devrait mener à

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141

Chansolme. Aussi, l implantation ou la mise en place d`un projet ou d`une stratégie de

lutte à Chansolme ne devrait pas se faire sans la participation de cette population, et ce à

toutes les étapes du projet, de l étude de la faisabilité à la réalisation/suivi. Le temps de

«faire pour les pauvres» semble être résolu.

Un second constat ressort de l analyse des perceptions des femmes. Celles-ci sont

conscientes qu`elles sont pauvres parce qu`elles se considèrent incapables de satisfaire

leurs besoins et ceux de leurs ménages, notamment l alimentation et la scolarisation des

enfants. Cependant, consciente que la scolarisation des enfants est le moyen de sortir du

cercle de la pauvreté, les femmes investissent beaucoup à ce niveau. Cependant, vu le

taux d`emploi très faible du pays, cet investissement ne garantit pas nécessairement un

meilleur avenir pour les enfants de ces femmes. Ainsi, les femmes estiment que la

création d`emplois est la principale action urgente et prioritaire que l État haïtien doit

mener à Chansolme, dans la mesure où l emploi seul peut garantir un revenu adéquat au

ménage lui permettant d`augmenter son pouvoir d`achat en vue de satisfaire les besoins et

de vivre décemment. Ces perceptions des femmes renforcent le premier constat, à savoir

qu`elles ne demandent pas de l aide alimentaire ou des dons, mais des possibilités de

travailler pour gagner dignement leur vie. Cette place de premier plan accordée à

l emploi est justifiée par le fait que l analyse des données détache une des femmes du

groupe, bien qu`elle ne mène aucune activité économique. Sa situation semble être

supérieure aux autres parce que son mari vivant en Haïti exerce une profession qui

apporte un revenu suffisant et régulier au ménage. De ce fait, la satisfaction des besoins

de base n`est plus pour elle une priorité. Ainsi, être riche pour cette femme, consiste à

posséder sa voiture et à être en mesure de visiter d`autres pays. Ceci est conforme à la

théorie qui soutient qu`une fois les besoins de base satisfaits, on pense à d`autres types de

biens qui apporteront un niveau de satisfaction plus grand.

Un autre constat qui ressort de cette étude est par rapport à la possession de terre et

d`animaux d`élevage. Ces deux actifs sont perçus comme un signe de richesse, mais de

second rang. En effet, aucune des femmes n`a mentionné l inaccessibilité à la terre ou le

manque de terre comme facteur responsable de leur pauvreté. Ainsi, on se rend compte

que même au sein d`une population rurale et vivant de l agriculture, la terre est reléguée

au second plan comme signe de richesse. Il serait intéressant de savoir si cela réfère à sa

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142

faible productivité ou à la perception du métier d`agriculteur en Haïti comme non

valorisant. Ainsi, tout agent ou acteur qui croit nécessaire de mettre en place des actions

de lutte contre la pauvreté axées sur le renforcement de l agriculture familiale, se doit de

se mettre à l écoute des exploitants.

La troisième conclusion est en rapport avec les résultats de l étude d`impact de

KOFAVAC:

1) La stratégie KOFAVAC ne parvient pas à fournir à ces femmes un complément de

revenu capable de les aider réellement à améliorer leurs conditions de vie. De fait, les

coopératives de production qui se sont lancées ces dernières années dans la

transformation agroalimentaire, ont pensé exploiter la matière première disponible et

créer de la valeur ajoutée. Cependant, la réalité actuelle de KOFAVAC montre qu`il

ne s`agit pas de produire uniquement, mais d`avoir un marché sûr garantissant la

rentabilité des investissements. De plus, il s`agit de réduire les coûts de production et

d`être compétitif. En effet, il existe beaucoup de micros entreprises de transformation

agroalimentaire nées dans le pays au cours des 10 dernières, et elles transforment à

peu près les mêmes produits. Ainsi, il est impératif de comprendre l organisation du

marché, les lois de l offre et de la demande et parvenir à diversifier les produits et à

améliorer leur qualité. D`un autre côté, l état des routes est un frein à la croissance de

ces initiatives. L`État se doit de travailler à améliorer les infrastructures routières

pouvant aider à réduire le temps et les coûts de transport.

2) Les prêts octroyés pour le petit commerce sont détournés involontairement par les

femmes. Le fait que le ménage fait face à un manque de revenu capable de satisfaire

ses besoins primaires, le risque de défaillance dans le système devient plus grand.

Ainsi, le microcrédit peut devenir un soutien efficace aux ménages et un outil de lutte

contre la pauvreté au sein de ces ménages, si d`autres mesures d`accompagnement

sont mises en place.

Ainsi, par rapport à ces résultats de l étude, nous sommes amenées à formuler trois

principales recommandations :

1) Vu qu`il existe très peu de données récentes sur le revenu net des ménages et

principalement sur le revenu agricole des petits exploitants agricoles qui se fixe

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143

comme principal objectif l approvisionnement de la famille en vivres alimentaires, il

serait utile de réaliser une étude visant à établir un vrai compte d`exploitation

et ainsi, déterminer les dépenses effectuées et les quantités produites et vendues

pour connaître le revenu net agricole de ces derniers. Cela permettrait de mieux

évaluer le niveau de pauvreté des petits exploitants agricoles.

2) Compte tenu que les femmes placent la scolarisation au premier rang de leurs

besoins prioritaires et par le fait même, investissent beaucoup dans l espoir d`une

amélioration future de leur situation et de celle des enfants, il serait intéressant

qu`on cherche à déterminer la qualité et la quantité de ressources allouées par ces

femmes à leurs enfants par rapport aux résultats obtenus.

3) L`atteinte de l objectif de KOFAVAC qui est l amélioration des conditions de vie

des femmes ne se réalisera pas sans ces facteurs :

- La formation et la sensibilisation des femmes à l auto-développement et à

l esprit coopératif, l esprit d`équipe ;

- La formation technique permettant l acquisition de compétences en gestion et en

organisation et le développement de l esprit d`entrepreneuriat ;

- La diversification des produits, la transformation de nouveaux produits pour

lesquels il existe un marché.

Au terme de cette étude, nous sommes de plus en plus convaincues que la lutte contre la

pauvreté en Haïti mérite d`être une des priorités du gouvernement haïtien. Cela nécessite

un débat national qui placerait les pauvres eux-mêmes comme des acteurs à part entière.

Les décisions et les actions doivent être pensées au niveau local et en fonction des

ressources et des opportunités du milieu.

Ainsi, d`autres recherches pourraient être réalisées dans toutes les communes du pays, en

milieu urbain aussi bien que rural, pour donner la parole aux pauvres en vue de connaître

leurs besoins réels et trouver les stratégies les plus appropriées. La décentralisation à

l ordre du jour en Haïti depuis deux décennies environ est nécessaire pour l atteinte de

cet objectif : améliorer les conditions de vie en Haïti.

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144

LLEESS LLIIMMIITTEESS DDEE LL`ÉÉTTUUDDEE

L`une des principales limites de l étude est de ne pas pouvoir obtenir le revenu net issu de

l agriculture, principale activité des conjoints, et ainsi, analyser le revenu total du

ménages. En effet, les femmes et les conjoints n`ont pas pu estimer ni les quantités

récoltées, ni celles autoconsommées et vendues, car ils ne les comptabilisent jamais.

Certains ont avoué perdre la récolte de l année à cause de la sécheresse. D`autres ont

affirmé que leurs parcelles était en plantation au moment de l enquête. Il se pourrait aussi

que certains n`aient pas voulu déclarer leur revenu net agricole, de peur de ne pas pouvoir

obtenir les avantages d`un quelconque projet futur.

Aussi, ces données manquantes n`ont pas permis d`analyser la part des principales

dépenses de consommation du ménage (alimentation, scolarisation des enfants, logement)

dans le revenu total. Ainsi, toute l analyse des dépenses de consommation est faite avec

le revenu hebdomadaire net de l AP de la femme. Une telle analyse a ses limites.

La seconde limite se situe dans l analyse de l impact social de KOFAVAC. Les deux

variables n`avaient pas été clairement définies et identifiées en demandant aux femmes

d`attribuer une note à KOFAVAC par rapport à certains aspects tels que l autonomie, le

renforcement de la capacité de décision au sein du ménage et l insertion dans le milieu.

Les notions d`autonomie et de capacité de prise de décision, quoique traduites en créole,

puis expliquées, n`ont pas été bien comprises par les femmes. Ainsi, l impact de

KOFAVAC sur le plan social, n`a pas pu être réellement estimé par les femmes elles-

mêmes.

L`analyse d`impact de KOFAVAC a reposé uniquement sur l enquête auprès des femmes

membres. Toutefois, il serait intéressant de faire une étude comparative avec d`autres

femmes non membres de KOFAVAC, ce qui pourrait être envisagé dans une étude

ultérieure.

Le manque d`intimité observé lors de l enquête (enfants, conjoint et autres membres du

ménage) pourrait apporter un certain biais dans les réponses quant au revenu réel de

l activité principale de la femme et la possession d`actifs du ménage. Ces effets peuvent

diminuer la fiabilité des données collectées.

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145

RRÉÉFFÉÉRREENNCCEESS BBIIBBLLIIOOGGRRAAPPHHIIQQUUEESS

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Page 171: De la pauvreté multidimensionnelle des Femmes en Haïti ......i RÉSUUMMÉÉ Cette étude analyse la pauvreté multidimensionnelle des femmes en Haïti et l`impact d`un système d`activités

156

AANNNNEEXXEE AA.. RRÉÉSSUULLTTAATTSS DDEESS TTEESSTTSS SSTTAATTIISSTTIIQQUUEESS

Corrélations

Nombre de

repas servis par jour

Revenu moyen

hebdomadaire net de l`AP de

la femme

Nombre

d`enfants présents dans

le ménage

Nombre d`enfants de 3 à 18 ans qui

sont à l`école privée à

Chansolme A une épargne

KOFAVAC

Nombre de repas servis par jour

Corrélation de Pearson 1 ,516**

,367* ,430

* ,357

*

Sig. (bilatérale) ,005 ,033 ,011 ,038

N 34 28 34 34 34

Revenu moyen hebdomadaire net de l`AP de la femme

Corrélation de Pearson ,516**

1 ,105 ,545**

,169

Sig. (bilatérale) ,005 ,597 ,003 ,391

N 28 28 28 28 28

Nombre d`enfants

présents dans le ménage

Corrélation de Pearson ,367* ,105 1 ,273 -,092

Sig. (bilatérale) ,033 ,597 ,118 ,606

N 34 28 34 34 34

Nombre d`enfants de 3 à 18 ans qui sont à l`école

privée à Chansolme

Corrélation de Pearson ,430* ,545

** ,273 1 ,016

Sig. (bilatérale) ,011 ,003 ,118 ,928

N 34 28 34 34 34

A une épargne KOFAVAC

Corrélation de Pearson ,357* ,169 -,092 ,016 1

Sig. (bilatérale) ,038 ,391 ,606 ,928

N 34 28 34 34 34

**. La corrélation est significative au niveau 0.01 (bilatéral).

*. La corrélation est significative au niveau 0.05 (bilatéral).

Corrélations

Argent nécessaire

estimé pour servir les 3 repas

Revenu moyen

hebdomadaire net de l`AP de la femme

Nombre d'enfants de 3 à 18 ans vivant au

sein du ménage qui sont à l`école

Nombre d`enfants

présents dans le ménage

Nombre total

de personnes du ménage

Argent nécessaire estimé pour servir les 3 repas

Corrélation de Pearson

1 ,499**

,456**

,428* ,415

*

Sig. (bilatérale)

,007 ,007 ,011 ,015

N 34 28 34 34 34

Revenu moyen hebdomadaire net de l`AP de la femme

Corrélation de Pearson

,499**

1 ,120 ,105 ,356

Sig. (bilatérale)

,007

,544 ,597 ,063

N 28 28 28 28 28

Nombre d'enfants de 3 à 18 ans vivant au sein du

ménage qui sont à l`école

Corrélation de Pearson

,456**

,120 1 ,800**

,642**

Sig. (bilatérale)

,007 ,544

,000 ,000

N 34 28 34 34 34

Nombre d`enfants

présents dans le ménage

Corrélation

de Pearson

,428* ,105 ,800

** 1 ,723

**

Sig.

(bilatérale)

,011 ,597 ,000

,000

N 34 28 34 34 34

Page 172: De la pauvreté multidimensionnelle des Femmes en Haïti ......i RÉSUUMMÉÉ Cette étude analyse la pauvreté multidimensionnelle des femmes en Haïti et l`impact d`un système d`activités

157

Nombre total de personnes du ménage

Corrélation de Pearson

,415* ,356 ,642

** ,723

** 1

Sig. (bilatérale)

,015 ,063 ,000 ,000

N 34 28 34 34 34

**. La corrélation est significative au niveau 0.01 (bilatéral).

*. La corrélation est significative au niveau 0.05 (bilatéral).

Corrélations

Niveau de

vie par rapport au

logement

Note d`appréciation de

l`état de l`habitat

Degré de richesse en

actifs

productifs

Nombre d`enfants de 3 à 18 ans qui sont à l`école à Port-de-Paix ou

une autre ville

Arrive à rembourser

le prêt

Lieu de naissance

Femme

Niveau de vie par rapport au logement

Corrélation de Pearson

1 ,447**

,438**

-,422* -,491

* ,442

**

Sig. (bilatérale)

,009 ,009 ,013 ,045 ,009

N 34 33 34 34 17 34

Note d`appréciation de l`état de l`habitat

Corrélation de Pearson

,447**

1 ,385* -,284 -,067 ,266

Sig. (bilatérale)

,009

,027 ,110 ,800 ,134

N 33 33 33 33 17 33

Degré de richesse en actifs productifs

Corrélation de Pearson

,438**

,385* 1 -,368

* -,311 ,217

Sig. (bilatérale)

,009 ,027

,032 ,225 ,219

N 34 33 34 34 17 34

Nombre d`enfants de 3

à 18 ans qui sont à l`école à Port-de-Paix ou une autre ville

Corrélation

de Pearson

-,422* -,284 -,368

* 1 ,326 -,076

Sig. (bilatérale)

,013 ,110 ,032

,202 ,669

N 34 33 34 34 17 34

Arrive à rembourser le prêt

Corrélation de Pearson

-,491* -,067 -,311 ,326 1 -,101

Sig. (bilatérale)

,045 ,800 ,225 ,202

,699

N 17 17 17 17 17 17

Lieu de naissance Femme

Corrélation de Pearson

,442**

,266 ,217 -,076 -,101 1

Sig. (bilatérale)

,009 ,134 ,219 ,669 ,699

N 34 33 34 34 17 34

**. La corrélation est significative au niveau 0.01 (bilatéral).

*. La corrélation est significative au niveau 0.05 (bilatéral).

Page 173: De la pauvreté multidimensionnelle des Femmes en Haïti ......i RÉSUUMMÉÉ Cette étude analyse la pauvreté multidimensionnelle des femmes en Haïti et l`impact d`un système d`activités

158

Corrélations

Est encore dans le

système crédit -épargne KOFAVAC

Age Femme KOFAVAC

Niveau de satisfaction de la

fonction alimentaire

Nombre de jours

sans le repas principal durant un

mois

Nombre de repas servis

par jour Mode de propriété

Est encore dans le système crédit-

épargne KOFAVAC

Corrélation de Pearson

1 ,459**

-,426* -,421

* ,361

* ,387

*

Sig.

(bilatérale)

,007 ,013 ,015 ,039 ,026

N 33 33 33 33 33 33

Age Femme KOFAVAC

Corrélation de Pearson

,459**

1 -,005 -,340* -,170 ,436

**

Sig. (bilatérale)

,007

,976 ,049 ,336 ,010

N 33 34 34 34 34 34

Niveau de satisfaction

de la fonction alimentaire

Corrélation

de Pearson

-,426* -,005 1 ,686

** -,846

** -,230

Sig.

(bilatérale)

,013 ,976

,000 ,000 ,191

N 33 34 34 34 34 34

Nombre de jours sans le repas principal durant un mois

Corrélation de Pearson

-,421* -,340

* ,686

** 1 -,390

* -,321

Sig. (bilatérale)

,015 ,049 ,000

,023 ,064

N 33 34 34 34 34 34

Nombre de repas servis par jour

Corrélation de Pearson

,361* -,170 -,846

** -,390

* 1 ,162

Sig. (bilatérale)

,039 ,336 ,000 ,023

,360

N 33 34 34 34 34 34

Mode de propriété Corrélation

de Pearson

,387* ,436

** -,230 -,321 ,162 1

Sig.

(bilatérale)

,026 ,010 ,191 ,064 ,360

N 33 34 34 34 34 34

**. La corrélation est significative au niveau 0.01 (bilatéral).

*. La corrélation est significative au niveau 0.05 (bilatéral).

Corrélations

Nombre d`enfants de la femme de

KOFAVAC Niveau d`études

de la femme Niveau d`études

du conjoint

Nombre d`enfants de la femme de KOFAVAC Corrélation de Pearson

1 -,435* -,584

**

Sig. (bilatérale) ,010 ,004

N 34 34 22

Niveau d`études de la femme Corrélation de Pearson

-,435* 1 ,545

**

Sig. (bilatérale) ,010 ,009

N 34 34 22

Niveau d`études du conjoint Corrélation de Pearson

-,584**

,545**

1

Sig. (bilatérale) ,004 ,009

N 22 22 22

*. La corrélation est significative au niveau 0.05 (bilatéral).

**. La corrélation est significative au niveau 0.01 (bilatéral).

Page 174: De la pauvreté multidimensionnelle des Femmes en Haïti ......i RÉSUUMMÉÉ Cette étude analyse la pauvreté multidimensionnelle des femmes en Haïti et l`impact d`un système d`activités

159

AANNNNEEXXEE BB.. QQUUEESSTTIIOONNNNAAIIRREE DD`EENNQQUUÊÊTTEE

PPaarrttiiee II :: CCaarraaccttéérriissaattiioonn ddeess ffeemmmmeess

SSeeccttiioonn AA : Profil sociodémographique du ménage (comprendre par ménage, l’ensemble des personnes qui dorment dans la même maison et qui prennent ensemble la plupart de leurs repas, surtout le repas principal)

AA11.. MMeemmbbrreess aadduulltteess ââggééss ddee 1188 aannss ee tt pplluuss ee tt eennffaannttss ddee mmooiinnss ddee 1188 aannss qquuii

ttrraavvaaiilllleenntt

ID

Nom

Lieu

de

naissance

S ituation

(A)

Relation

avec le chef

de ménage

(B)

Genre

(C)

Age

Dernier niveau

d’étude

atteint

(D)

Activité

principale

en cours

(E)

1 (Femme de Kofavac)

2 (Chef de ménage/conjoint)

3

4

5

6

7

8

(A) 1- placé avec conjoint vivant au sein du ménage, 2- marié, avec conjoint vivant au sein du ménage, 3-

marié avec conjoint migrant, 4 -Femme seule ou monoparentale, 5- divorcée ou séparée, 6-

célibataire, 7- veuf/veuve

(B) 1- fils/fille, 2- beau-fils/belle fille, 3- père/mère, 4- frère/sœur ; 5- grands-parents, 6- oncle/tante, 7-

autre lien de parenté

8- autre sans lien de parenté

(C) 1 -Homme, 2- Femme

(D) 1- pas de scolarisation, 2- est alphabétisé en créole, 3- début études primaires, 4- études primaires

complètes, 5- début études secondaires, 6- études secondaires complètes 7-école professionnelle, 8-

Centre ménager, 9- études supérieures ou université

(E) 1- auto-emploi dans l’agriculture, 2- couture, 3- petit commerce, 4- étudiant, 5- travailleur salarié

dans le secteur agricole, 6- à la recherche d’un emploi, 6- incapacité physique (handicap), 8-

chômage 9- travailleur salarier dans le secteur public, 10- travailleur dans une entreprise privée,

10- servante/gardien, 12- aucune activité, 13- madan Sara, 14- lessiveuse

Page 175: De la pauvreté multidimensionnelle des Femmes en Haïti ......i RÉSUUMMÉÉ Cette étude analyse la pauvreté multidimensionnelle des femmes en Haïti et l`impact d`un système d`activités

160

AA22.. EEnnffaannttss dduu mméénnaaggee ddee 00 àà 1177 aannss àà ll`ééccoollee oouu nnoonn,, mmaaiiss nnee ttrraavvaaiilllleenntt ppaass

ID

Nom Situation

par

rapport à

la femme

(A)

Age

Genre

(B)

Est à

l’école

(C)

Classe ou

dernière

classe

Lieu de

l’école

(D)

Type

École

(E)

Coût

école

/an

*

Dépenses

livres/sac

uniformes

**

1

2

3

4

5

6

7

8

(A) 1- Fils/Fille, 2- Petit-fils/petite-fille, 3- Beau-fils/belle-fille (enfants du conjoint), 4- Frère/Sœurs 5-

Neveu/Nièce

6- Autre parent, 7- Filleul/Filleu le, 8- Enfant de service, 9- Autre (à spécifier)

(B) 1- Garçon, 2- Fille

(C) 1- Oui, 2- Non

(D) 1- Chansolme, 2- Rosier, 3- Port-de-Paix, 4- Port-au-Prince, 5- autre que ces lieux (spécifiez-le)

(E) 1- nationale, 2- presbytérale, 3- privée, 4- autre

* Ces coûts incluent les frais obligatoires de scolarité et l’écolage mensuel. Ils sont en monnaie locale (la

gourde). Ils sont indiqués pour chaque enfant qui est à l’école durant l’année académique 2010-2011.

** Ces dépenses effectuées pour l’année scolaire 2010-2011 incluent celles pour l’uniforme, la paire de

chaussures, le sac d’école et les livres. Cette question doit être posée en présence du conjoint et des

enfants, si ces derniers sont assez grands pour aider les parents dans les réponses.

SSeeccttiioonn BB.. SSiittuuaattiioonn ééccoonnoommiiqquuee dduu mméénnaaggee

BB11.. NNoommbbrree ee tt vvaalleeuurr ddeess aaccttiiffss ppoossssééddééss ppaarr llee mméénnaaggee ddee llaa ffeemmmmee

EEss ppèècceess aanniimmaalleess

NNoommbbrree

ddee ttêêtteess

VVaalleeuurr ddee rreevveennttee aauu pprriixx

CCoouurraanntt dduu mmaarrcchhéé eenn ggoouurrddeess

1. Bovins 2. Cochons adultes 3. Cabris, moutons 4. Volailles adultes 5. Chevaux et ânes AArrbbrreess ((ffrruuii ttiieerrss ,, cchhêênneess eett aauuttrreess )) UUnnii ttéé EEss ttiimmaattiioonn ddee llaa pprroodduuccttiioonn// dduu bbooii ss eenn ggoouurrddeess

6. Fruits 7. Planche et autres OOuuttii ll ss aaggrriiccoolleess Unité MMooyyeennss ddee ttrraannss ppoorrtt Unité 8. Houe 17. Bicyclette 9. Machette 18. Motocyclette 10. Pioche 19. Voiture 11 Brouette 20. Autre 12. Autre (à spécifier) 21. Autre 13. 22. Autre

Page 176: De la pauvreté multidimensionnelle des Femmes en Haïti ......i RÉSUUMMÉÉ Cette étude analyse la pauvreté multidimensionnelle des femmes en Haïti et l`impact d`un système d`activités

161

OOuuttii ll ss ddee llaa pprrooffeess ss iioonn dduu ccoonnjjooiinntt Unité AAppppaarreeii ll ss mméénnaaggeerrss //éélleeccttrriiqquueess UUnnii ttéé

14. 23. Radio 15. 24. Magnétoscope/Télévision 16. 25. Réfrigérateur

* La valeur de revente du cheptel est une

estimation par la femme selon le prix courant

sur le marché de Chansolme.

26. Cuisinière électrique ou à gaz 27. Réchaud à charbon 29. Ventilateur 30. Génératrice 31. Autre

Terres agricoles

Terres exploitées

Taille en

carreau

Nbre d années

d exploitation

Localisation

Plaine/Morne

(A)

Accès

à l`irrigation

(B)

Terre possédée avec titre de propriété

Terre en indivision (mineure) Terre en fermage Terre en métayage Autre mode de faire-valoir SS uuppeerrffiicciiee ttoottaallee eexxppllooii ttééee eenn ccaarrrreeaauu

(A) 1- Plaine, 2- Morne

(B) 1- Oui, 2- Non

BB..22 RReennddeemmeennttss ddeess ccuullttuurreess ee tt rreevveennuuss nnee ttss oobbtteennuuss ((jjuuiillllee tt 22001100 àà jjuuiillllee tt 22001111))

PPaarrccee ll ll ee ss

DDii mmee nnss ii oonn

ee nn ccaarrrree aauu

CCuull ttuurree ss

mmii ssee ss ee nn

vvaall ee uurr

SS ee mmee nnccee ss

((AA))

DDéé ppee nnssee ss

TToottaall ee ss

((BB))

QQ uuaannttii ttéé

pprroodduuii ttee

**

QQ ttéé

aauuttooccoonn

ssoommmmééee

((CC))

QQ ttéé

vvee nndduuee

**

PPrrii xx

uunnii ttaaii rree

GG

PPrrii xx

ttoottaall

GG

P 1

P 2

P 3

P 4

P 5

PJachère

TToottaall

*Précisez l`unité de mesure (marmite, sac de 100 livres ou de 200 livres, macoute ou autres)

(A) Le mode d`approvisionnement en semences 1- Réserve propre 2- Avance en gourde 3- Échange

entre producteurs 4- Achat sur le marché 5- Don de l État 6- Don d`une organisation 7- Don

d`un particulier 8- Autre

(B) Il s`agit des dépenses concernant : 1- Achat de semences 2- Frais de mise en place de la culture

(sarclage, grattage, semis, etc.) 3- irrigation 5- autres. Elles incluent les dépenses agricoles

globales.

(C) La quantité autoconsommée peut être estimée soit dans une unité de mesure ou en pourcentage de la

quantité produite.

Page 177: De la pauvreté multidimensionnelle des Femmes en Haïti ......i RÉSUUMMÉÉ Cette étude analyse la pauvreté multidimensionnelle des femmes en Haïti et l`impact d`un système d`activités

162

BB33.. SSoouurrcceess ddee rreevveennuuss ee tt lleess rreevveennuuss nnee ttss ((jjuuiillllee tt 22001100 àà jjuuiillllee tt 22001111)) dduu mméénnaaggee

FFeemmmmee mmeemmbbrree ddee KKOOFFAAVVAACC

AAccttiivvii ttéé

11

AAccttiivvii ttéé

22

AAccttiivvii ttéé

33

AAuuttrreess

rreevveennuuss

((BB))

KKOOFFAAVVAACC

Type d`activité

Nombre d`années de pratique de l activité

Temps accordé à l activité (A)

Bénéfice net hebdomadaire en gourdes

Bénéfice net mensuel en gourdes

Revenu net de l activité en gourdes**

CChheeff ddee mméénnaaggee ((ccoonnjjooiinntt))

AAccttiivvii ttéé

11

AAccttiivvii ttéé

22

AAccttiivvii ttéé

33

AAuuttrreess

rreevveennuuss

((BB))

Type d`activité

Nombre d`années de pratique de l activité

Temps accordé à l activité (A)

Bénéfice net hebdomadaire en gourdes

Bénéfice net mensuel en gourdes

Revenu net de l activité en gourdes

Si l une des activités est l agriculture, ne rien noter concernant le bénéfice.

**Revenu net de l activité = revenu mensuel * 12 mois de l année a. C`est une estimation du temps moyen consacré à l activité en nombre de jours par année

b. 1- Rente (foncière, immobilière) 2- Retraite ou pension 3-Vente d`animaux 4- Autre

BB44.. TTrraannssffeerrttss rreeççuuss eenn ggoouurrddeess ppaarr llee mméénnaaggee ee tt lleeuurrss eexxppééddiitteeuurrss

EExxppééddii ttee uurrss

((AA)) DDee ll `iinnttéérriieeuurr

MMoonnttaanntt eenn ggoouurrddeess DDee ll `ééttrraannggeerr

MMoonnttaanntt eenn ggoouurrddeess

TToottaall eenn ggoouurrddeess

(A) 1- Conjoint 2- Enfants 3- Père/Mère 4- Frère/sœur 5- Autres Parents 6- Amis

11.. Est-ce que l ensemble ou la totalité des revenus que vous avez perçus excluant les revenus

de transferts d`argent ou de produits alimentaires au cours des 12 derniers mois dans votre

ménage vous ont permis de faire : Encerclez la lettre correspondant à votre réponse.

a. toutes les dépenses nécessaires du ménage?

b. les trois quarts (75 %) des dépenses nécessaires du ménage?

c. la moitié (50 %) des dépenses nécessaires du ménage ?

d. le quart (25 %) des dépenses nécessaires du ménage?

e. moins de 25 % des dépenses nécessaires du ménage ?

Page 178: De la pauvreté multidimensionnelle des Femmes en Haïti ......i RÉSUUMMÉÉ Cette étude analyse la pauvreté multidimensionnelle des femmes en Haïti et l`impact d`un système d`activités

163

22.. Est-ce le transfert reçu de l étranger qui permet à votre ménage d`effectuer : Encerclez la

lettre correspondant à votre réponse.

a. la plus grande partie de ses dépenses nécessaires ? (Plus de 50 %) ?

b. la moitié (50 %) de ses dépenses nécessaires ?

c. le quart (25 %) de ses dépenses nécessaires ?

d. moins que le quart (25 %) de ses dépenses nécessaires ?

33.. À votre avis, quel est le revenu minimum (montant d`argent nécessaire) que vous auriez

besoin pour répondre aux besoins de votre ménage?

a) Par jour

b) Par semaine

c) Par mois

44.. Au cours des 12 derniers mois, pour faire toutes vos dépenses, est-ce que votre conjoint ou

vous-même étiez dans l’obligation ……………….. : Encerclez la ou les lettres

correspondant à votre réponse.

a. d`emprunter auprès d’un usurier, d’une maison d’affaire (Bric à Brac) ?

b. de placer des biens chez le prêteur à gages (plann) ?

c. de vendre les biens du ménage (terre, lit, radio, etc.) ?

d. d`emprunter auprès de parents ou d’amis ?

e. de demander un don d`argent à un parent ou un ami ?

f. d`hypothéquer des biens (maison) ?

55.. Avez-vous des dettes ? /__/Oui /__/Non Si oui, auprès de qui ?

1) d`un particulier/usurier ? /__/Oui Montant ________ gdes /__/Non

2) des membres de la famille /__/Oui Montant ________ gdes /__/Non

3) d`amis/voisins /__/Oui Montant ________ gdes /__/Non

4) d`une autre source_________ /__/Oui Montant ________ gdes /__/Non

Gourdes

Gourdes

Gourdes

Page 179: De la pauvreté multidimensionnelle des Femmes en Haïti ......i RÉSUUMMÉÉ Cette étude analyse la pauvreté multidimensionnelle des femmes en Haïti et l`impact d`un système d`activités

164

SSeeccttiioonn CC.. QQuuee llqquueess ddiimmeennss iioonnss ddee llaa ppaauuvvrree ttéé ddeess ffeemmmmeess

CC11.. AAlliimmeennttaattiioonn

66.. Combien de repas prenez-vous par jour le plus souvent ? /__/1 /__/2 /__/3

77.. Qu`est-ce qui compose le plus souvent généralement ces repas que vous prenez?

a) Le repas principal ------------------------------------------------------------------------------------- ------------------------------------------------------------------------------------------------------------

b) Le repas du matin ---------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

c) Le repas du soir ------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

88.. Au cours des 3 derniers jours, vous est-il arrivé de ne pas pouvoir servir le repas principal ? /__/ Oui /__/Non Si oui, combien de fois cette situation est-elle survenue ces 4 dernières semaines ? /___/

99.. Combien d’argent vous faut-il pour acheter tous les ingrédients pour que tous les membres

du ménage mangent à leur faim ?

a) du repas principal

b) du repas du matin

c) du repas du soir

CC22.. AAccccèèss ddee llaa ffeemmmmee aauu ccrrééddiitt

1100.. Avez-vous contracté cette année un prêt d`une Institution Financière ?

/__/Oui /__/Non

1111.. Si oui, quel est le montant emprunté? _________ Le taux d intérêt perçu ? _________

1122.. Quelle est la garantie que vous avez présentée ? ----------------------------------------------------

1133.. Quelle est la nature de l activité pour laquelle le prêt est destiné ?/__/Commerce /__/Activité agricole

/__/Élevage /__/Artisanat /__/Autre événement familial (1ère communion, mariage, funérailles, etc.).

/__/Écolage des enfants /__/Soins de santé /hospitalisation /__/Achat d`un autre bien (terre, maison)

1144.. Est-ce que vous arrivez à rembourser normalement votre prêt ? /__/Oui /__/Non

Gourdes/jour

Gourdes/jour

Gourdes/jour

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165

CC33.. HHaabbiittaatt dduu mméénnaaggee

1155.. Combien de pièces compte la maison ? (Inclure les pièces à part situées sur la propriété si elles appartiennent au même ménage) /__/pièces

1166.. De quel type de matériau, le toit de l habitat principal est-il fait ?

/__/Paille /__/Tôle /__/Béton /__/Bâche plastic

1177.. De quel matériau les murs extérieurs sont faits /__/Bâche plastic /__/Branches et brindilles

/__/Terre battue /__/Planche /__/Pierres liées avec des poutres en bois /__/Bois

/__/Pierres liées par du ciment avec des poutres de fer /__/Blocs/ciment

1188.. Quel est le type de sol de l habitat ?/__/Terre /__/Ciment /__/Planche /__/Céramique

1199.. D`après les observations, sur une échelle de 1 à 5, 1 signifie excellent état et 5 très

mauvais état, quel est l état de l habitat principal ? Encerclez le chiffre correspondant.

1 2 3 4 5

2200.. Quel est le mode de jouissance de l habitat ? /__/Propriétaire avec titre /__/Fermage

/__/Habitation familiale en indivision /__/Loyer /__/Autre

2211.. Si la maison est louée, combien coûte le loyer (en gourdes) ?

2222.. Dans le cas d`un contrat de fermage de la terre sur laquelle tu as construit la maison, quel est le nombre d`années du contrat et le montant payé ?

/__/1an Prix _______ Gourdes /__/2 ans, Prix ___________ Gourdes /__/5 ans, Prix _______ Gourdes /__/10 ans, Prix ___________ Gourdes

CC44.. SSooiinnss ddee ssaannttéé ,, eeaauu ee tt aassssaaiinniisssseemmeenntt

2233.. Est-ce qu il y a eu des cas de maladies graves dans votre ménage exigeant une

hospitalisation cette année ? /__/Oui /__/Non

2244.. En cas de maladie grave, fréquentez-vous un centre de santé ou hospitalier ? /__/Rarement /__/Toujours /__/Quelquefois /__/Souvent /__/Jamais

Gourdes/mois

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2255.. Où trouvez-vous le plus souvent l eau que vous buvez et celle pour faire à manger ?

/__/Eau de source traitée avec du chlore /__/Rivière /__/Source /__/Fontaine publique /__/Robinet sur la cour /__/Eau de pluie /__/Eau traitée achetée /__/Robinet dans la maison

2266.. De quel type d installation sanitaire l habitat est-il pourvu ? /__/Aucune installation

/__/Simple fosse dans la cour/le jardin /__/Latrines à fosse améliorée et ventilée

/__/Toilettes avec chasse d`eau /__/Latrine ordinaire /__/Autre, à spécifier _________

PPaarrttiiee IIII.. PPeerrcceeppttiioonn ddeess ffeemmmmeess ssuurr llaa ppaauuvvrree ttéé ee tt lleeuurrss ccoonnddiittiioonnss ddee vviiee

2277.. D’après vous, quelles sont les trois (3) principales manifestations ou signes de la richesse ?

((NNee ppaass lliirree lleess rrééppoonnsseess ccii--ddeessssoouuss àà ll`eennqquuêêttééee,, mmaaiiss ddee pprrééfféérreennccee nnootteerr lleess ssiieennnneess qquuii

sseerroonntt eennssuuiittee ccoommppaarrééeess àà cceelllleess qquuii yy ssoonntt ddaannss llaa lliissttee)) a) Ne pas avoir de difficulté pour prendre trois repas tous les jours b) Avoir les moyens nécessaires pour prendre soin convenablement de sa famille c) Envoyer tous ses enfants en âge scolaire à l’école d) Etre propriétaire de sa maison e) Posséder un véhicule (une voiture) f) Posséder suffisamment de terres pour produire les vivres alimentaires pour la famille g) Posséder sa propre entreprise h) Pouvoir voyager à l’étranger seul ou avec les membres de sa famille i) Possède des terres j) Avoir une épargne à la Banque k) Recevoir de l’argent en provenance de parents ou d’amis vivant à l’étranger l) Financer la scolarisation de ses enfants à l’étranger m) Etre en mesure de satisfaire tous ses besoins et au-delà n) N`avoir pas besoin de s`endetter pour vivre

__________________________________________________________________________________________________________________________________________________ _________________________________________________________________________

2288.. Selon vous, quelles sont les trois (3) manifestations ou signes de la pauvreté ? ((nnee ppaass lliirree

lleess rrééppoonnsseess ccii--ddeessssoouuss àà ll`eennqquuêêttééee,, mmaaiiss ddee pprrééfféérreennccee nnootteerr lleess ssiieennnneess qquuii sseerroonntt

eennssuuiittee ccoommppaarrééeess àà cceelllleess qquuii yy ssoonntt ddaannss llaa lliissttee)) a) La personne ne peut pas nourrir les membres de son ménage et n’a pas assez de moyens

pour manger à sa faim b) Le logement est trop petit et n’est pas en bon état (délabré, toiture troué, etc.) c) La personne ne peut pas aider ses parents ou ses amis d) La personne ne travaille pas ou n’entreprend aucune acticité économique e) Il n’y a pas assez de membres du ménage qui perçoivent des revenus d’activités f) La personne n’a pas assez d’argent pour avoir accès aux soins de santé pour elle et les

membres de son ménage g) Les revenus sont irréguliers h) Les revenus sont très faibles i) La personne n’est pas en mesure d’envoyer tous ses enfants tout au long de l’année à l’école j) La personne ne peut pas se procurer tous ses vêtements

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k) Endettée, la personne ne peut pas honorer ses engagements ni récupérer les biens donnés en gage

l) La personne ne bénéficie d’aucune reconnaissance sociale dans le quartier, le bourg ou la section communale

m) La personne n’a aucun recours dans les situations difficiles n) La personne ne sait ni lire ni écrire o) La personne souffre physiquement et mentalement d`une incapacité pour travailler ou

étudier _________________________________________________________________________ __________________________________________________________________________________________________________________________________________________

2299.. Dans quelle catégorie, classeriez-vous votre ménage ? (Il faut lire toutes les catégories pour la

femme) /__/ 1. Très riche (grand propriétaire terrien, bourgeois) 2. Un peu riche 3. Moyenne (plus ou moins riche / ni riche ni pauvre) 4. Un peu pauvre (si oui, allez à la question 30) 5. Très pauvre (Indigent/misérable) *allez à la question 30

3300.. Est-ce que vous avez toujours été dans cette situation de pauvreté /de misère ?

/__/ Oui /__/ Non (passer à la question 31)

3311.. Si non, quels sont les trois (3) plus importants événements qui expliquent que vous soyez pauvre/indigente ? ((nnee ppaass lliirree lleess rrééppoonnsseess ccii--ddeessssoouuss àà ll`eennqquuêêttééee,, mmaaiiss ddee pprrééfféérreennccee

nnootteerr lleess ssiieennnneess qquuii sseerroonntt eennssuuiittee ccoommppaarrééeess àà cceelllleess qquuii yy ssoonntt ddaannss llaa lliissttee)) a. Perte de votre emploi ou celui de votre conjoint et d`autres membre du ménage b. Maladie qui entraîne l incapacité de travailler ou oblige à travailler moins c. Dépenses importantes pour cause de maladie d. Dépenses importantes/vente de biens-patrimoine pour cause de décès de l un des membres

de la famille e. Vente de biens-patrimoniaux pour payer le voyage (l émigration) d`un membre de la famille

à l étranger f. Décès du principal apporteur de ressources du ménage (enfant, conjoint, ou autre membre de la

famille, etc.)

g. Divorce / séparation avec le conjoint h. Catastrophes naturelles (fortes pluies, inondation, cyclone de 2004, sécheresse) qui ont

entraîné la Perte de biens importants (logement, bétail) et des récoltes i. Dépréciation de la gourde j. Forte augmentation des prix des produits de premières nécessité et de l essence k. Insécurité /cambriolage l. Les animaux possédés sont morts m. Incendie n. Abattage des porcs créoles o. Faillite des coopératives (perte d`argent)

__________________________________________________________________________________________________________________________________________________ _________________________________________________________________________

3322.. Dans les cinq prochaines années, que pensez-vous de votre situation de pauvreté ? /__/ 1. Va beaucoup diminuer/ va beaucoup s`améliorer

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2. Va un peu diminuer/ va un peu s`améliorer 3. Va rester stable 4. Va un peu s`aggraver 5. Va beaucoup s`aggraver

Pourquoi, selon vous ? -----------------------------------------------------------------------------------------

PPaarrttiiee IIIIII.. PPeerrcceeppttiioonnss ddeess ffeemmmmeess

SSeeccttiioonn DD.. SSttrraattééggiieess ddee lluuttttee ccoonnttrree llaa ppaauuvvrree ttéé eenn ggéénnéérraall

3333.. Si vous aviez une revendication à faire, quelles sont les trois (3) principales actions que

vous jugez importantes et prioritaires que l État haïtien doit mener le plus vite que possible pour améliorer les conditions de vie à Chansolme ? ((nnee ppaass lliirree lleess rrééppoonnsseess ccii--ddeessssoouuss àà

ll`eennqquuêêttééee,, mmaaiiss ddee pprrééfféérreennccee nnootteerr lleess ssiieennnneess qquuii sseerroonntt eennssuuiittee ccoommppaarrééeess àà cceelllleess qquuii

yy ssoonntt ddaannss llaa lliissttee))

1. Créer et développer des activités génératrices de revenus

2. Créer des emplois pour les jeunes

3. Appuyer les petites entreprises 4. Mise en place des mécanismes d’assurance-santé/maladie pour tous

5. Ouvrir les classes du secondaire avec des enseignants compétents

6. Ouvrir une école professionnelle (promouvoir la formation professionnelle)

7. Faciliter l’accès au crédit aux exploitations agricoles 8. Permettre aux plus pauvres d’obtenir de la terre et du crédit pour travailler la terre

9. Réduire l inflation (la vie chère), surtout pour les produits de première nécessité

10. Construire des maisons pour les sans-abris (les victimes du cyclone de septembre 2004)

11. Mettre en place des plans de parrainage pour garantir la scolarisation des enfants

12. Construire les routes qui relient Chansolme aux sections communales et villes du département 13. Augmenter et améliorer la capacité du système d irrigation

13. Faciliter l’accès des paysans aux moyens de conservation des produits agricoles

14. Alphabétiser les adultes

15. Améliorer les services de santé du dispensaire 16. Endiguer les Trois-Rivières pour empêcher les inondations répétées

_____________________________________________________________________

__________________________________________________________________________________________________________________________________________

3344.. Si vous parveniez à avoir un montant d`argent à votre disposition, quels sont les trois problèmes prioritaires chercheriez-vous à résoudre ou les trois besoins que vous chercherez à satisfaire pour vous et votre ménage? 3 réponses à classer par ordre d importance.

/__/ /__/ /__/ 1

er 2

e 3

e

1. Nourriture 2. Vêtements 3. Écolage des enfants 4. Logement

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5. Soins de santé 6. Autres ________________________

3355.. Si vous obtenez une certaine somme d`argent, dans quelle activité économique allez-vous

l investir en vue d`améliorer votre condition de vie et celle de votre ménage ? ------------------

Pourquoi ? -------------------------------------------------------------------------------------------------

---------------------------------------------------------------------------------------------------------------- ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------

SSeeccttiioonn EE.. SSyyssttèèmmee ddee pprroodduuccttiioonn//ééppaa rrggnnee //ccrrééddiitt //ccoommmmee rrccee ddee KKOOFFAAVVAACC ee tt ssoonn

iimmppaacctt

3366.. Estimez-vous que KOFAVAC contribue à améliorer votre condition de vie ? /__/Contribution très faible /__/Contribution faible /__/Contribue forte

/__/Contribution très forte /__/Ne contribue pas du tout

3377.. Sur une échelle de 1 à 10 (1 signifie fortement en désaccord et 10 fortement en accord),

pensez-vous que KOFAVAC vous a permis de réaliser les objectifs suivants ? Encerclez le

chiffre correspondant à votre réponse.

a) Améliorer certains besoins 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10

b) Épargner 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10

c) Investir 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10

d) Prendre des décisions 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10

e) Emprunter 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10

f) Renforcer votre confiance 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10

g) Exprimer vos opinions 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10

h) Renforcer la confiance 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10

des autres en vous

i) Résister à la pauvreté 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10

3388.. Possédez-vous actuellement une épargne sur votre compte KOFAVAC ? /__/Oui /__/Non

3399.. Avez-vous une épargne personnelle dans une Institution financière ? /__/Oui /__/Non

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4400.. Le revenu ou bénéfice obtenu de KOFAVAC vous a-t- il permis d investir ? /__/Oui /__/Non

Si oui, quelle est la nature de l investissement ? /__/ Activité agricole /__/Commerce

/__/Achat d`animaux /__/Achat d`outils agricoles /__/Achat de semences /__/Autre________

4411.. Faites-vous encore partie du système de prêt/commerce de KOFAVAC ? /__/Oui /__/Non

4422.. Si votre réponse est non, à votre avis, quels sont les trois principaux facteurs qui vous ont

empêché de rembourser le crédit KOFAVAC ?

1) -------------------------------------------------------------------------------------------------------------

2) -------------------------------------------------------------------------------------------------------------

3) -------------------------------------------------------------------------------------------------------------

4433.. Nommez les trois principales utilisations que vous faites généralement de ce revenu 1ère-------------------------------------------

2e ------------------------------------------- 3e -------------------------------------------

4444.. Êtes-vous membre de ces organisations/associations ? Encerclez le ou les chiffres

correspondant à votre/vos réponse (s). Puis, spécifiez si votre appartenance date avant

KOFAVAC ou après en cochant dans la case appropriée.

1. Tontine (sol, sangl, sabotay) ? /__/Avant KOFAVAC /__/ Après KOFAVAC

2. ONG ? /__/Avant KOFAVAC /__/ Après KOFAVAC

3. Comité du quartier ? /__/Avant KOFAVAC /__/ Après KOFAVAC

4. Association ou comité de parents ?/__/Avant KOFAVAC /__/ Après KOFAVAC

5. Comité de gestion de l eau ? /__/Avant KOFAVAC /__/ Après KOFAVAC

6. Mouvement ou groupe religieux ?/__/Avant KOFAVAC /__/ Après KOFAVAC

7. Association culturelle ? /__/Avant KOFAVAC /__/ Après KOFAVAC

88.. Groupement/organisation paysan-ne ?/__/Avant KOFAVAC /__/ Après KOFAVAC

99.. Groupement de femmes (autre)?/__/Avant KOFAVAC /__/Après KOFAVAC

1100.. Parti politique ? /__/Avant KOFAVAC /__/ Après KOFAVAC

1111.. Autre __________________ /__/Avant KOFAVAC /__/ Après KOFAVAC

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MMééccaanniissmmeess dd`aamméélliioorraattiioonn,, ddee ttrraannssffoorrmmaattiioo nn oouu ddee cchhaannggeemmeenntt

4455.. Souhaitez-vous que KOFAVAC vous offre d`autres services/activités ? /__/Oui /__/ Non

4466.. Si oui, nommez trois services ou activités que vous jugez à la fois importants et prioritaires

que KOFAVAC pourrait vous fournir pour mieux vous encadrer.

1) -----------------------------------------------------------------------------------------

2) -----------------------------------------------------------------------------------------

3) -----------------------------------------------------------------------------------------

4477.. Face à votre situation de pauvreté, quels sont les gestes que vous posez ou les stratégies que

vous déployez afin de faire vivre votre ménage ?

------------------------------------------------------------------------------------------------------------

------------------------------------------------------------------------------------------------------------ ------------------------------------------------------------------------------------------------------------

------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

AAuuttrreess iinnffoorrmmaattiioo nnss

Nom de la Femme : _______________________________________________

Lieu : __________________________________________________________

Nom de l enquêteur : ______________________________________________

Date de l enquête : ______ / ________/ 2011

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AANNNNEEXXEE CC.. GGRRIILLLLEE DD`EENNTTRREEVVUUEE SSEEMMII--SSTTRRUUCCTTUURRÉÉEE AAVVEECC LLEESS

NNOOTTAABBLLEESS DDEE CCHHAANNSSOOLLMMEE

LLee ssyyssttèèmmee dd`aaccttii vvii ttééss ddee KKOOFFAAVVAACC :: PPrroodduuccttii oonn//ÉÉppaarrggnnee//CCrrééddii tt

1. Vous connaissez certainement KOFAVAC qui fonctionne à Chansolme depuis sa

création en janvier 2005. Quelle est votre opinion sur KOFAVAC ?

2. Pensez-vous que KOFAVAC a sa raison d`être à Chansolme ? Comment jugez-

vous qu`il est apprécié par la population de Chansolme ? Est-ce que voyez des

raisons à cela?

3. Que pensez-vous des produits de KOFAVAC (la qualité des produits) ?

IImmppaaccttss ssuurr ll eess ffeemmmmeess eett ll ee mmii ll ii eeuu

4. Est-ce que vous pensez que KOFAVAC a aidé ses membres ? Comment

percevez-vous cela ?

5. Qu`avez-vous remarqué dans la vie des femmes avec la création de KOFAVAC ?

6. Pensez-vous que KOFAVAC a apporté un changement à Chansolme et dans la vie

de ses membres? Si oui, en quoi consiste ce changement ?

CCoonnsseeii ll ss ppoouurr ll `aavveennii rr

7. Est-ce que vous voyez qu`il y a des choses qui pourraient aider KOFAVAC et les

femmes à aller plus loin ? Voulez-vous nous parler de ces choses ?

8. Quels sont vos souhaits pour KOFAVAC et les femmes ?

9. Désirez-vous ajouter quelque chose par rapport à ce que l on vient de dire ?

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AANNNNEEXXEE DD.. GGRRIILLLLEE DD`EENNTTRREEVVUUEE IINNDDIIVVIIDDUUEELLLLEE AAVVEECC LLEESS PPEERRSSOONNNNEESS

QQUUII AAPPPPUUIIEENNTT KKOOFFAAVVAACC

1. Vous appuyez KOFAVAC depuis un certain temps, comment percevez-vous

KOFAVAC?

2. Quelles sont les difficultés rencontrées dans l accompagnement de KOFAVAC par

rapport :

a) aux femmes ?

b) à l activité de production ?

c) au système crédit/épargne ?

d) au marché d`écoulement des produits ?

3. Quels sont les facteurs qui empêchent aux femmes de rembourser leurs prêts ? Est-ce

que vous avez perçu quelques facteurs responsables de l incapacité des femmes à

rembourser leurs prêts ?

4. D`après vous, qu`est-ce qui pourrait améliorer le système crédit/épargne/petit

commerce ?

5. Pensez-vous que KOFAVAC a apporté une quelconque transformation dans la vie

des femmes ? À quels niveaux percevez-vous cela ?

6. Comment voyez-vous l avenir de KOFAVAC ? Quels sont les nouveaux défis ?

7. Pensez-vous que KOFAVAC peut continuer à exister sans l appui des Filles de la

Sagesse ?

8. Est-ce qu`une équipe à la tête de KOFAVAC serait une bonne chose ?

9. Ce système d`activités pourrait-il exister dans d`autres régions du pays ?

10. Est-ce que vous pensez à d`autres activités économiques en vue de mieux encadrer les

femmes ?

11. Voulez-vous ajouter autre chose?