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DE LA CIVILISATION POLITIQUE DE L'ITALIE A LA FIN DU XVC SIÈCLE J. A la fin du xv' siècle, s'il n'y a pas encore une nation ita- lienne, il y a une race italienne, consciente de ses qualités pro-7 pres et parvenue Û un haut degré de culture psychologique et moi-ale. (lest qu'on effet l'ensemble d'idées politiques, de théories sociales, de moeurs artistiques etlittéraires qu'on appelle le moyen âge, a fini plus tôt en Italie qu'ailleurs; les idées médiévales qui, parune lente évolution, avaient abouti en Allemagne don France à la foranalionde peuples profondément pénétrés d'un idéal me- narchique, avaient été pour ainsi dire étouffées en Italie par la floraison triomphante de l'individualisme religieux, artistique et politique. L'individualisme, - qu'on peut définir l'effort pôur développer harmonieusement toutes les facultés, tons les traits caractéris- tiques d'une âme eten même temps la théorie qui règle cet effort est l'essence même du génie italien au xiv' et au xv' siècle. Il sy est développé simultanément dans les hommes et dans les cités, - les cités toscanes ou lombardes, Sienne, Prato, Pavie ou Crémone, n'ayant pas en effet une personnalité moins nette que celle des hommes politiques ou des artistes. - Tandis que l'his- toire d'Angleterre ou de Franco se résume dans l'effort fait par l'État pour s'incorporer les individus, l'histoire d'Italie est la série des efforts faits par les individus pour se constituer, en quelque sôrte, en souverains indépendants. Quelles sont les causes, les origines, les étapes de cedévelop- pement de l'individu, c'est ce qu'il serait hors de propos d'exposer ici. Et il ne parait pas d'ailleurs que ces causes mômes en soient ni bien connues ni bien faciles à connaître. Ce que l'on peut dire, Document D I Il Il 11111 DIV il Ill 1111111 0000005644759

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    LA CIVILISATION POLITIQUE DE L'ITALIEA LA FIN DU XVC SIÈCLE

    J. A la fin du xv' siècle, s'il n'y a pas encore une nation ita-lienne, il y a une race italienne, consciente de ses qualités pro-7pres et parvenue Û un haut degré de culture psychologique etmoi-ale. (lest qu'on effet l'ensemble d'idées politiques, de théoriessociales, de moeurs artistiques etlittéraires qu'on appelle le moyenâge, a fini plus tôt en Italie qu'ailleurs; les idées médiévales qui,parune lente évolution, avaient abouti en Allemagne don Franceà la foranalionde peuples profondément pénétrés d'un idéal me-narchique, avaient été pour ainsi dire étouffées en Italie par lafloraison triomphante de l'individualisme religieux, artistique etpolitique.

    L'individualisme, - qu'on peut définir l'effort pôur développerharmonieusement toutes les facultés, tons les traits caractéris-tiques d'une âme eten même temps la théorie qui règle cet effort

    est l'essence même du génie italien au xiv' et au xv' siècle.Il sy est développé simultanément dans les hommes et dans lescités, - les cités toscanes ou lombardes, Sienne, Prato, Pavie ouCrémone, n'ayant pas en effet une personnalité moins nette quecelle des hommes politiques ou des artistes. - Tandis que l'his-toire d'Angleterre ou de Franco se résume dans l'effort fait parl'État pour s'incorporer les individus, l'histoire d'Italie est la sériedes efforts faits par les individus pour se constituer, en quelquesôrte, en souverains indépendants.

    Quelles sont les causes, les origines, les étapes de cedévelop-pement de l'individu, c'est ce qu'il serait hors de propos d'exposerici. Et il ne parait pas d'ailleurs que ces causes mômes en soientni bien connues ni bien faciles à connaître. Ce que l'on peut dire,

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  • LÀ CIVILISATION POLITIQUE DE L'ITALIE

    c'est que la discipline intellectuelle du moyen ftge n'avaitjamais pesé bien lourdement sur I'me italienne: les souvenirs del'antiquité républicaine étaient plus présents, et dans ce pays restépar excellence la lh5mania, l'on sentait l'étrange hérédité de l'or-gueil romain survivre sourdemént et se déceler parfois, par debrusques et inutiles révoltes; le contact quotidien des fidèles el-del'Église y avait forcé lés papes, par un concordat tacite et d'autantmieux obéi, à accorder la tolérance pour l'obtenir; la survivanceenfin de la vie politique, en développant le rationalise et l'espritpratique, avait empêché le génie iblion de s'égarer dans les rêve-ries de la métaphysique scolastique et du mysticisme chevale-resque. Cette indépendance intellectuelle avait permis à l'Italie,comme l'a si bien démontré J. l3urkhar'dt (t), d'étudier en eux-mûmes l'homme, la nature, et les rapports de Ihomino et de lanature, et de tirer de cette étude objective les règles de la mé-thode la plus propre à développer la personnalité. j

    Aussi bien, l'italien s'est-il de bonne heure habitué. àl'act[onindividuelle. Alors qu'en France les grands événements du moyen-age, du xii' au xv' siècle, sont des oeuvres collectives; en ILalie cesont des oeuvres bien personnelles, d'auteurs agissant par réflexionet d'après un programme déterminé; et cela, dans toutes les . di-rections de l'activité humaine. C?est guidés par leur seule curiositéet avec leurs seules ressources personnelles que les Polo pénètrent:jusqu'au fond de l'Asie; c'est seuls et sans conseils que Cimabué -et Giotto inventent leurs procédés artistiques; seuls aussi que tra-vaillent-dans une rivalité souvent jalouse les vaillants maîtres , duQuattrocento; seuls encore quo tentent de_ remuer l'opinion lesgrands insurgés, Arnaldo da Brescia, Cola di Ilienzi, Stefano Por-cari. Aucun éloge n'est plus recherché que le nom d'uomo unico,vorno singalave; l'idéal du xvc siècle, c'est l'uomo vniversale, puagit seul, et fait seul le plus grand nombre de choses possible.Vers le milieu et la fin du xv 0 siècle, le génie italien, développédans une complète indépendance et réfractaire aux collabora-tions, s'épanouit dans ces puissantes individualités, Ï.-B. Alberti,Colomb, Laurent de Médicis, Federico di Montefeltro, Michel-Ange,César Borgia

    De même que la conscience que l'homme avait prise de sonmérite aboutit an triomphe de l'individualisme, la conscience quela cité prend de sa valeur conduit à l'établissement de personna-lités collectives. La ville italienne n'est pas seulement un groupe

    (4) Dans la Civilisation de la Renaissance en flatte. -

  • K LÀ IrIN DU xvo SIÈCLE.

    d'hommes fixés presque au bàsard autour d'un château ou réunisdans un lieu sans passé par une convenance purement géogra-phique. La commune italienne est plus qu'un groupe d'hommesréunis par le besoin de

    la défense sociale et tenus dans une tutelleétroite par un seigneur qui est souvent un ennemi : la ville ita-lienne est l'héritière consciente d'une ville romaine; la communeprolonge le municipe; chacune constitue une personne morale.La cité, n'ayant pas été bien profondément imprégnée des idéesmédiévales, sest trouvée plus propre k un développement per-sonnel. L'aristocratie vénitienne, la bourgeoisie florentine ontatteint de hauts degrés de culture spéciale et indépendante. Avecune rare harmonie de volontés, l'aristocratie vénitienne poursuit,IL travers tous les hasards de l'histoire, le même but le maintiende sa domination, par les mûmes moyens ; l'acdroissement de lagloire de la cité souveraine, et l'amélioration du bien-être desvilles sujettes. La culture génoise se caractérise par l'associationintime de la république et de la banque, qui ont su garantirl'une par l'antre leur indépendance et leur crédit. Ces personna-lités collectives ont parfois symbolisé lotir communauté d'âmepar quelque monument, comme Milan dans son Duomo, Homedans son Capitole, Florence, dans son palais do la Seigneurie; parquelque fêle, comme Sienne dans ses courses de chevaux, Venisedans ses joules sur le Canal Grande; parfois aussi c'est dans ledéveloppement d'une institution, d'une corporation, que s'estmarqué le trait distinctif dune culture Gênes se résume dans sabanque de Saint-Georges, Salerne dans son École de médecine,,Bologne ou Padoue dans son Université. Aussi bien n'est-ce pasune métaphore que de prendreles noms de Venise, de Gênes oude Florence pour représenter leur gouvernement. La cité - bStato - est vraiment une unité politique.

    Il faut retenirque le génie italien du xv° siècle, représenté qu'ilsoit par les individus ou par les États, introduit dans l'histoirecette nouveauté: la tendance constante au développement des ca-ractères et des théories individuelles.

    li. Cette recherche de l'individuel s'est traduite dans la vie po-litique italienne par une forme exceptionnelle de gouvernement,sans analogue dans l'histoire, - création spontanée dont l'exis-tence n'est sanctionnée par aucun droit, qui varie avec la fantaisiemême de son fondateur, - la tyr&nnie. La tyrannie, tantôt mdi-viduelle, tantôt collective, est ici la forme presque unique del'Etat, et dans les régions mêmes de l'italie qui semblent-sou-

  • LÀ CIVILISATION POLITIQUE DE. L'ITALIE

    mises à des formes politiques régulières, elle est le fond dtirégime.

    La plus haute expression, 1c type le plus admiré, le plus admi-rable du tyran, c'est le condottiere qui devient prince souverain.Au xiv' et au XI" siècle, les États qui se fondent, naissent, non pasde circonstances irrésistibles, de ces courants d'opinions qui, toutinexplicables qu'ils paraissent, entraînent parfois les peuples, maisde l'ambition réfléchie et de la volonté énergique d'un homme.

    Dans notre Italie, dit Silvio Enea Piccolomini, rien n'est solide;pas un État n'est ancien; un valet peut aisément devenir roi.François Sforza est la figure la plus accomplie du chef d'État issude son propre mérite; il avait toutes les qualités qu'exige le rôlede dictateur: une popularité que ne diminuait pas son passé pleindaventuires et d'obscurités, l'amour des troupes qui l'appelaientle père des soldats, et, avec un grand talent militaire, la mauvaisefoi la plus candide. A côté de son duché de Milan, d'autres souve-rainetés grandissent h Rimini les Malatesta, les Montefeltro àUrbin, les Baglioni à Pérouse, les Bentivoglio à Bologne. Ceux-ci du moins ne font que substituer leur souveraineté à des souve-rainetés antérieures, et respectent les unités géographiques.D'autres essaient, - et ils y réussissent parfois, —de se construiredes principautés qui n'ont d'autre unité que leur caprice, d'autresfrontières que leur puissance. Sous innocent VIII, le capitaineBoccolino Gozzoni se fit souverain à Osimo; en 1495, un condot-tiere nommé Vidovero di Brescia fonda successivement deux Étatsà Cesena et à Castelnuovo. Un peu plis tard (1525), Castellan deMusse organisa une principauté surIe lac de Mine. Sous l'autoriténominale des papes, une foule de tyrannies locales se créaientdans les États de l'Eglise, et rien n'est plus significatif que la con-quête des Jiomagnes tentée par César Borgia. Bans les villes lesplus démocratiques d'apparence, Gênes, Pise, Florence, les grandesfamilles exerçaient des tyrannies peu déguisées. A Borne, le pou-voir des papes, encore qu'il fût fondé sur des titres vénérablesd'antiquité, datait surtout de ce véritable tyran ecclésiastique, lecardinal Albornoz, . A Naples enfin la domination aragonaise repo-sait plus sur la certitude d'une force militaire que sur le vague dedroits douteux et très contestables.

    Les dominations des villes sont de même nature. C'est au nomde leur génie personnel et eu faisant valoir leur plus grande puis-sance qu'elles conquièrent, c'est en faisant espérer aux conquis deplus grands avantages qu'elles conservent. La domination deVenise sur la Ghiara d'Adda et le Crémonez repose sur les mêmes

  • A LA FIN DU XV SIÈCLE.

    moyens que celle de César Borgia dans les Romagnes; la domina-tion toute fiscale de Gênes sur les rivières de Levant et de Ponantrappelle celle des Orsini sur les Castelli Romani; les attaques deFlorence contre Pise sont anâlogues à celles de Piccinino contreSienne. -

    Les États italiens qui se fondent ou se reconstituent auxvc siècle ont donc pour. bases des « droits » artificiels, tels quênont inventé lespolitiques modernes. Les dominations les plusjustifiables, celles qui s'expliquent au fond par des motifs écono-miques plus ou moins compris, semblent n'avoir que des causesviolentes. On le voit, rien ici ne rappelle les souverainetés juri-diques du moyen Lige qui assimilait 'es États aux propriétés pri-vées, et à la fondation desquelles les gens de guerre avaient moins

    •de part que les chartes et les diplômes.

    III. La vie de ces États et les rapports de ces États entre euxsubissent naturellement les conséquences du principe qui les afondés. La domination du prince est forcément très despotique àla fois et très sommaire.

    Elle est très despotique, car, la souveraineté ne reposant quesur le mérite personnel, - ou sur une hérédité trop récentepour être un droit à elle seule, - le souverain doit être unhomme de génie; s'il ne l'est pas, faire croire qu'il l'est, et, entous cas, agir comme s'il l'était, c'est-à-dire d'après sa seulevolonté, en supprimant la discussion.Anssi l'imagination contem-poraine donne-t-elle un caractère effrayant à ces existencesinquiètes de tyrans. « Les nouvellistes du xv' siècle, ditBurkhardt,nous représentent le château du prince sur une montagne, loinde toute habitation, plein de cachots et de choses sinistres,repaire de la méchanceté, dit l'un, antre de la misère, ditl'autre. » A la mort d'Alexandre VI, pendant l'exposition funèbre,un chien noir apparaît, qui erre en hurlant dans Saint-Pierre« On pensa que c'était le diable, , dit Johann Burchat'd. A Padoue,le dernier Carrara invoquait in diable, dit la tradition, et luicriait de venir lui donner la mort. Pour n'être pas en relationsavec les démons, comme le croyait la légende, ces tyrans n'onsont pas moins d'une atroce cruauté et d'un despotisme terrible.Le meilleur de tous, Laurent deMédicis, se fait une loi de l'assas-sinat politique. Sismondi a compté vingt-six meurtres avoués parlui. Ferrante d'Aragon se fait une collection des momies ou dessquelettes de ceux de ses ennemis personnels qu'il a pu faireassassiner. Innocent VIII. AlexandreVl, gouvernent par le poison.

  • LA CIV1L1SATIONPOLITIQUE DE L'ITALIE

    Jen-MarieVisconti a des chiens dressés à dévorer les hommes,et fait courir sus au peuple dans les rues de Milan. Florence faitraser les palais des citoyens opposants ou les livre au peuple.Vênise encourage la délation, met neuf fois à prix la tête deFrançois Sforza, et l'on connaît les meurtres politiques duConseil des Dix.

    Très despotique, cette domination est très sommaire. Leprince n'administre guère que les finances et la justice. 11 a dessoldats à lui pour la guerre et la police. A la condition de ne pointdiscuter son pouvoir et de payer les tailles ordinaires et extraor-dinaires, ses sujets sont en général heureux. Les paysans, leclergé, les humanistes et les artistes jouissent de bien plusgrandes libertés alors que sous les régimes monarchiques duxw e siècle. L'opposition est d'ailleurs peu redoutable. Au pouvoirindividuel elle ne peut opposer que la satire violente, - commecelle de Pogge ou plus tard de l'Arétin, - ou l'assassinat quiréussit rarement. Cependant les administrations que réclame leprince sont très savantes. Le régime judiciaire •de Milan, parexemple, le système financierde Gênes, sont compliqués. Maistandis que dans les monarchies les institutions administratives etsociales sont l'oeuvre collective et difficile à modifier d'une tradi-tion séculaire et souvent anonyme, dans l'Italie du Nv e siècleelles sont la création spontanée, très variable, d'une volontéindividuelle. Aussi le théoricien de cet état politique fait-il untraité non plus de la Monarchie, mais du Prince. Au lie monarehiade Dante s'oppose le Libre del Principe de Machiavel. Cela seulindique la révolution survenue.

    il

    I. Pourquoi donc ce développement général de la personnalité-n'a-t-il pas abouti dans toute l'Italie à un état politique uniforme?Comment le principe individualiste de la tyrannie a-t-il pu créertoutes ces formes gouvernementales si distinctes qui existent enItalie vers 1500 - Remarquons d'abord, que nous trouvons - et aussi loin quenous pouvons remonter dans les siècles - l'Italie occupée pardespopulations diverses d'origine les Allobroges des Alpes, lesCeltes du bassin du PÔ, les mystérieux Veneli des lagunes del'Adriatique et les Ligures de la Riviera, les Étrusques de l'Aruo,-les montagnards de l'Apennin, les populations, pélasgiques

  • A LA FIN nU XV SIÈCLE;.

    peut-être, du Sud et de la Sicile si fortement liillénisées, -. tous,cos peuples, si solidement pris qu'ils aient été dans les cadres del'administration romaine, n'ont fait que subir le joug de Rome.Cette invasion latine, non plus que les invasions barbares, n'adétruit les caractères ethniques primordiaux, les marques dis-tinctives de leur origine première. Non certes que je prétendeque les populations italiennes du xve siècle fussent dans lediverses régions les héritières directes des tribus qui les avaienthabitées avant elles; mais enfin il faut constater que là oà étaientles frontières anciennes, la géographie, l'ethnographie et la lin-guistique ont toujours laissé les limites du Piémont, du Mitanez,du Vénitien, de la Toscane, de l'Agro romano, des Romagnes, duNapolitain. Rien encore n'a pu prévaloir contre ces divisions fon-damentales, qui ont créé les histoires régionales de l'Italie.

    11. A ces distinctions ethniques s'ajoute la diversité des emrpreintes que l'histoire du moyen ûge a laissées sur les diversesrégions italiennes. Que si l'on considère en effet l'évolution histo,-rique de l'Italie, on verra que tous les événements qui s'y sontsuccédé y ont laissé, peut-être plus qu'ailleurs, outre des tracesmatérielles, des restes de théories et de formes politiques.

    De la grande décomposition du 'n'° siècle deux choses avaientsurvécu : l'une essentiellement pratique : l'organisation inunici-pale, l'autre purement théorique et idéale: la floinania,la théoriede l'universel. L'une et l'autre furent retenues pal les populationsqui on avaient le plus profité;

    C'était l'Italie du Nord et du Centre, depuis Milan et Pavie jus-qu'à Florence et Sienne, qui avait bénéficié du Code théodosien,dernière tentative pour assurer la vie locale à un grand corpsdéjà ruiné. Aussi le dcfcnsor civitails, les conseils de ville, lesfonctionnaires municipaux de tout rang et de toute capacitéprévus par cc code ont-ils survécu. Dans le relâchement des liensqui les unissent au pouvoir central, les villes s'habituent à vivreseulement par elles-mêmes; elles luttent contre toutes les souve-rainetés qu'on veut leur imposer, universelles ou régionales: elless'organisent en républiques, et, tout en développant leur géniearistocratique ou démocratique collectif, répugnent & laisser 'tropd'indépendance à leurs citoyens..

    Rame par contre s'était imprégnée de la théorie de l'universel,dont les bienfaits s'y étaient accumulés et y survivaient. Les habi-tants d'ailleurs avaient conservé le respect de la tradition de l'em-pire. Enfin, un pouvoir né de la catastrophe du iv' siècle avait

  • 40LA CIVILISATION POLITIQUE DE L'ITALIE

    repris à son compte ce programme de dominationiiniverselle, etfaisait profiter sa capitale de l'accomplissement de ce programme.La domination des papes, la hiérarchie ecclésiastique furent doncacceptées à Rome, et l'esprit monarchique y prospéra pendantque l'esprit municipal florissait en Lombardie.

    Quelques siècles après, aux éphémères royaumes barbares, àl'empire austrasien, succède, en halle comme ailleurs, l'organisa-tion féodale avec son double aspect, la suzeraineté au sommet, àla hase la division territoriale. Le système des fiefs ne réussit (111edans les Alpes, où les Savoisiens l'installent, et dans le Napolitainoit l'apportent les Normands. Partout ailleurs, dans les Romagnes,par exemple et l'Agro romano, la propriété féodale reste privéeet n'acquiert pas d'importance politique. Dit voisinage di royaumed'Arles s'inspirent, (le SOfl démembrement se forment plusieurspetits litais, dont quelques-uns deviennent considérables. A Asti,à Saluces, dans le Montferrat, en Piémant, des familles réussissentà créer des dynasties, et à établir une civilisation subalpine assezdifférente de celle de l'Italie.

    De l'imitation des moeurs féodales françaises naît dans le Sudune puissante noblesse qui se groupe autour d'un suzerain. Demême que le suzerain a peu d'influence dans les Alpes, de mêmele vassal a peu de force dans le Sud. A une population assez peuromanisée, moins italienne encore, se superposent une culture sep-tentrionale, un régime féodal centralisé, une dynastie étrangère.

    La Lombardie avait subi assez fortement la suzeraineté del'Allemagne. Encore qu'elle ait été la première h combattre l'espritgibelin, elle en garde la marque: tin pouvoir tout platonique et fortéloigné ne gênait pas et pouvait servir ses progrès locaux. Tandisque le Piémont et les Alpes retiennent du moyen âge le systèmedes fiefs indépendants, que Naples en garde la royauté féodale,la Lombardie reste attachée h l'idée de la suzeraineté impériale.

    Enfin, et bien que l'Italie n'ait pris qu'une faible part aux expé-ditions religieuses du moyen âge, ce sont les croisades qui ontdéterminé le caractère maritime, commerçant et colonisateur desrépubliques de Pise, de Gênes et de Venise.

    Ainsi : puissance de l'esprit municipal, vif sentiment de lathéorie de l'Universel, persistance de la féodalité, dominationsétrangères, recherche de la grandeur maritime, tels sont les restesdu passé auxquels vient se heurter l'individualisme. C'est de larencontre de ces survivances médiévales et du génie italien duxiv' siècle que naissent les diverses modalités politiques des Étatsde l'Italie moderne.

  • A LÀ FIN DU XV SIÈCLE. II

    III

    J. Examinons rapidement leur situation à la fin du xVe siècle.A l'ouest, les États féodaux restent à l'écart de ce renouveau de lavie italienne; le comté d'Asti est aux mains d'une famille française,les d'Orléans; les comtés de Montferrat et de Saluces sont réduitsà l'impuissance. Les ducs (le Savoie, étroitement alliés à la Francedepuis Louis XI, tentent (le se développer à. la fois sur le lac deGenève et sur le versant italien des Alpes, sans choisir encore lecentre de leur état, l'orientation définitive de leur politique, neprévoyant sans doute pas encore leur future grandeur, incertainsde leurs destinées et dit de leur effort,

    mccvii quo fata forant, uhi sistc,'c detur.

    En Lombardie, c'est de la rencontre de l'esprit municipal, durespect de l'Empire, avec l'individualisme, qu'est née la domina-tion de Sforza. Elle a pour bases de la part du prince vis-à-vis deses sujets, le respect des chartes communales, des privilèges in-dustriels et commerciaux, un concours sagement donné à l'agri-culture, aux arts du tissu, aux institutions de bienfaisance; vis-a-,vis de l'Empire, la demande d'une investiture qui s'obtient parlepaiement d'un subside périodique; - de la part des sujets, lacrainte du prince, le paiement des impôts, as gez lourds, l'entretiende l'armée ducale. En moins de cinquante ans, l'union est faiteassez intimement entre le prince et l'État pour que la dynastierêve des agrandissements territoriaux et pour qu'elle n'ait pas àsouffrir de ses dissensions domestiques. Elle a créé à son usageune très savante administration, une chancellerie très minutieu-sement organisée. Le Dominio Sforzcsco est le type le plus remar-quable, sinon le plus pur, de la tyrannie au xv' siècle.

    Jiessor que l'individualisme a donné à l'esprit municipal etait maritime dans des races spéciales a produit au Xve sièclela puissance des républiques de Gênes et de Venise. Toutes deuxont su à la fois asseoir leur puissance continentale sur la conquêtedes territoires et des cités moins puissantes qui les avoisinent, etaccroître les sources de leurs revenus et de leur autorité par lafondation de colonies lointaines. Leur nom se mêle inséparable-ment à l'histoire de la décadence de l'empire byzantin et desconquêtes ottomanes. Leurs maisons de banque, leurs armateurs,

  • .42LA CIVILISATION 'POELLTIQUE DE L'ITALIE

    ont, les derniers en Occident, et non sans succès, lutté contre leprogrès des Turcs. Gênes possède la Corse, explore l'Atlantique.Venise défend pied à pied l'lllyrie et la Dalinatie, et garde (lesrelations avec l'Égypte musulmane. Mais leur destinée politique-est différente à Gênes l'esprit communal n'a pu triompher desluttes des familles, et pendant que les factions des Fregoso, desAdorni, des Doria s'y disputent la direcLion des affaires politiques,étroitement unies dans cette république aux affaires d'argent,la ville a dû recourir, pour assurer le maintien de l'ordre, au

    • protectorat des Sfora et accepter l'union personnelle avec le ducde Milan. Venise, au contraire, a su tourner au profit de son indé-pendance toutes les ambitions individuelles de son aristocratie,toutes les ressources de son génie commercial, toutes les forcesde son organisation municipale elle peut lutter seule contre lesplus redoutables adversaires et être victorieuse.

    L'esprit municipal semble régner sans partage dans les répu-bliques de Toscane et d'Ombrie, et là tyrannie n'y existe que sousle couvert des constitution;. C'est ainsi qu'à Sienne dominaient

    'les Petrucci; qu'à Florence, la ville la plus répùblicaine en appa-rence, s'installa, avec la complicité d'une démocratie enrichie par

    • le travail, la tyrannie des Médicis. Mais heureusement cos agita-tions politiques n'ont pas suffi à contenter le génie, mobile et-passionné de ces cités d'élite et l'individualisme artistique a pus'y développer librement. C'êst à Florence, à Sienne, k Pise quese- sont bâties ces merveilles de l'art ombrien, les Dômes, le CampoSanto, le Baptistère; c'est là qu'un maltre inconnu a égalé legénie de Dante en peignant- le Triomphe de la Mort; c'est làque Sandro Botticelli a donné dans son allégorie du Printempsle symbole le plus exquis de cette fratcheur d'idéeset d'espoirs

    '-qui ravisait alors le monde; c'est là que le Pende, le Saint Jean,les Portes de Bronze ou le Penscroso gardent une jeunesse éter-nelle aux noms de Michel-Ange, de Ghiberti, de Gellini, de Doua-telle; et aujourd'hui que, dans le lointain des siècles, de toutesles querelles politiques de Guelfeset de Gibelins, de Blancs et de

    - Noirs, de pazzi et de pallesehi, ue restent que des noms disparus- et des idées mortes; ce qui demeure, ce sont ces fresques et cesmarbres, comme au ciel, -dont les espaces enveloppent les restesépars des mondes éteints, brille seul l'éclat des étoiles.

    L'individualisme triomphe dans les liomagnes et l'italie cen-trale, de Ferrare à Pérouse, et- de 'Bologne à Rimini. Là, autantde villes et de châteaux, autant d'Etats, autant de tyrans. Les unssont les simples chefs de bandes,campés dans le pays, prêts

  • A LA FIN DU XVC SIÈCLE. 13

    à le quitter sur l'offre d'une forte solde ou l'appât d'une richecurée. Cosmopolites dhs champs de bataille; ce ne sont que degrands marchands d'hommes et de victoires. Les autres, (le plushaute valeur morale s'efforcent de justifier leur tyrannie par laprotection des lettrés et des artistes. Plusieurs de ces petitèscours; Urbin, Ferrare, Rimini, ont trouvé leurs titres (le posses-sion dans les beaux vers qu'elles ont payés. Tous, du reste, sesavent sans influence politique réelle; trop divisés même entreeux pour s'allier contre les Etats plus puissants qui les menacent,unis à peine contre leur commune suzeraine l'Eglise, leur pou-'voir n'est qu'incertitude, leurs territoires sont terra nullius, champlargement ouvert à toutes les conquêtes.

    Rome et le patrimoine de Saint Pierre dans le Latium semblentl'État le plus solidement organisé. Mais là, de la fusion mal faiteentre la théorie monarchique, les idées féodales, l'esprit com-munal, et l'individualisme, est S résultée une confusion de droitset de prétentions qui ruine toute autorité. Contre la noblesserurale, imbue de ses droits, acharnée à la défense de ses châteauxdans la campagne et (le 505 tours dans Itorne même; contre lepeuple romain, qui a mis au Capitole le centre de sa vie munici-pale et qui voit dans la table de marbre de la Lex regia la pre-,mière charte de ses libertés, le saint-siège a quelque peine àmaintenir ses droits de justice et de finances. Le pouvoir papalSemble exclure par sa nature- même la tyrannie personnelle:mais l'individualisme trouvb ici une ferme spéciale; le népotisme.Les proches parents des papes, Girolamo Itiario, FranceschettoCybe, Césarliorgia tentent de détourner le pouvoir du Saint- -Siège à leur profit, de séculariser le domaine de l'Église et d'yfonder leur tyrannie. Malgré ces désordres, la grande autoritémorale que garde l'Eglise grêce à ses richesses plutôt qu'à sabonne renornmjie, maintient le pouvoir des papes elle rend mêmeredoutable au dehors.

    La domination étrangère continue à Naples. Une maison espa-foIe, la famille d'Aragon, exploite à son profit la théorie monar-chique féodale établie par les princes normands, régularisée parFrédéric il et les roiangevins. Ces princes aragonaisfurent fortméprisables: ils joignaient à l'orgueil cruel de leur race tout lelaisser-dller de moeurs de leur patrie d'adoption. Ils respectaientles plus napolitaines des libertés nécessaires, la liberté -dû far-niente et la liberté du cynisme; Par la même ils plaisaient, et ilsn'eurent à lutter-que contre les Siciliens toujours àdemi insurgés,et contre les :barons qui formaient parfois contre eux des-com-

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    l lk LA CIVILISATION poLl I [QuE DE L'ITALIE

    plots comme celui dont Porzio a raconté l'histoire. Mais cotte mo-narchie, plutôt tolérée qu'établie, gouvernait avec les moyens destyrans : elle n'avait pas de sérieuses attaches dans le pays, lemoindre choc de l'extérieur devait l'emporter.

    Tèls sont, sommairement décrits, ]es principaux Etats de l'Ita-lie quottroeenlista. Si rapide soit-elle, cette peinture a peut-êtresuffi à indiquer comment l'individualisme avait su s'adapter auxdiverses idées politiques que les époques antérieures avaientlaissées en Italie et quels types dEtats étaient résultés de la com-binaison de ces formes anciennes et de cet esprit nouveau.

    Il. De ces États ainsi organisés quels furent les principes derelations extérieures et la politique internationale? Ils étaient ce

    - qu'ils pouvaient être, étant donné la part de convenu 9t d'ar-tificiel que j'ai dit qui se trouvait à la base (le chaqi'e État: ilsétaient le contraire d'une application du droit naturel. Les intri-gues, les ligues, les armements, les tentatives de corruption, lestrahisons sont les procédés ordinaires des princes italien s entreeux et à l'égard de leur alliés d'outre-monts; les premiers, ils

    • créent l'usage des ambassadeurs résidents et élèvent à la dignitéde science diplomatique des fourberies qui semblent empruntéesà leur ,zovelliere. Les relations des (ambassadeurs vénitiens sontdes chefs-d'œuvre de psychologie et d'espionnage; les ambassa-deurs de Florence ne leur cèdent en rien: c'est l'un d'eux quipour ses Legazioni autant que pour ses théories.a mérité que sonnom devint synonyme de diplomatie. Ludovic le More appelleCharles Vil! en Italie, puis forme une ligue contre lui; puis, cetteligue fôrmée, l'abandonne et traite avec Charles VIII. PandolfoMalatesta prête des troupes à « son bon ami » Vidovero pourprendre une ville vassale de Venise, puis, sur l'ordre de Venise, ils'empare de son bon ami s et le fait étrangler. Alexandre VInégocie simultanément avec Bajazet et avec Charles VlIl au sujetde Djem k l'un il promet de lui remettre ce prince, à l'autre dele tuer; il tient sa double promesse, en le livrant, mais emoi-soéné. Venise négocie à la fois avec Commynes et Ludovic Sforzapour- s'allier avec Charles VIII ou contre lui. Une politique sansprincipes, tout entière d'expédients et de ruses, n'ayant pourbut que l'intérêt personnel du prince, pour horizon que sonintérQt immédiat, et, malgré toute la finesse d'esprit des princes

    • et d- diplomates, à cause de cette finesse peut-être, plus apteencore à prévoir les événements qu'à les prévenir; une politiqueinternationale éminemment réaliste et violente, perfide et pra-

  • À LA FIN DU XV' SIÈCLE.

    tique, telle est celle des États italiens de la Renaissance: ce sontd'avance nos contemporains.

    III. Deux grands faits dominent ce conflit permanent d'intérêtsindividuels et expliquent toute la politique italienne : l'absence depatriotisme, conséquence (le l'individualisme, et l'habitude et ledésir des dominations étrangères, reste du moyen ûge.

    Quoi qu'on puisse diri là contre, à la fin du xvesiècle, la nationitalienne n'existe pas encore. Ce qui inspira Machiavel, ce qui in-spirait Dante et Pétrarque dans leurs plaintes et leurs aspirationsà l'unité, ce n'est pas l'avenir, c'est le passé; ce n'est pas la théo-rie de l'Italie une, c'est celle de l'universelle Remania. Mêmepour une entreprise d'intérêt général telle que la résistance auTurc, les États italiens se refusent à une action commune. Il fal-lait que les Italiens eussent mangé ensemble le pain amer de laservitude pour (ltle naquit chez eux le sentiment de la nation. Auxv' siècle, les États se jalousent, se combattent et ne rêvent queleur destruction réciproque.

    Si l'individualisme aboutit ainsi à l'absence de patriotisme,c'est la conscience que l'Italie avait de son histoire qui produitl'habitude des interventions extérieures, le goût de la dominationou du patronat de l'étranger. Ne remontons pas jusqu'aux fonda-tions de Théodoric et des Lombards, aux campagnes de Charle-magne et d'Otl on, au llomfahrt de Frédéric Barberousseet de Fré-déric II. Le xv' siècle avait vu Sigismond, Frédéric 111, venir faireacte d'autorité impériale en Italie. Il avait vu Charles VI rêverpeut-être pour le duc d'Anjou la création du royaume d'Adria;Charles VII et Louis XI agir en vrais patrons des États italiens,recevoir l'hommage de vassalité des Génois, les assurances defidélité des Vénitiens; René d'Anjou tenter la conquête de Naples.Charles VIII avait rempli l'Italie d'épouvante, Maximilien lui-mêmeavait guerroyé contre les Florentins. Il y avait des princes espa-gnols en Sicile et à Naples, des papes espagnols àhome, des ty-rans espagnols dans les Romagnes, des princes franco-grecs àAsti.Le contact de l'étranger était donc chose permanente et n'étonnaitplus. C'était même une sorte de tradition que les grands Étatsitaliens fussent les clients des puissances européennes comme ilsétaient eux-mêmes patrons des petites souverainetés. Les rois deNaples étaient les protégés naturels de l'Espagne; il y avait d'é-troites relations avec Ludovic Sforza et Maxiinilien; les Florentinsétaient les alliés ordinaires (le la France. Seules, Venise et Homesuivaient une politique, périlleuse d'équilibre envers l'Europe.

  • 46LA CIVILISATION POLITIQUE DE L'ITALIE

    Personne ne coiisidéait I'àppeï à l'étranger comme une faute, flj

    même comme une honte. - A la fin du xv° siècle, il n'y a douepas plus de politique extérieure italienne qu'il n'y a de nation ita-lienne il n'y a pas de principes politiqùes,il n'y e que des inté-rôts et que des diplomates.

    Des États despotiques, dont laconstitution repose sur de vieillesthéories vivifiées par le génie de la Renaissance, des dominationsinstables qui laissent vivre au-dessous d'elles les libertés munici-pales et les ambitions particulières, des relations extérieures foui-dées sur l'dgoïmc et la perfidie; - tout cc qui dan. les traditionshistoriques d'une race comme dans le génid particulier d'un sièclepeut s'opposer àl'établissement d'une vie nationale et l'expansionextérieure d'un peuple, voilà donc ce que nous présente la citilisation politique de l'italie à la fin du xr siècle; disons, pourpréciser mieux, après les deux actes qui avaient réuni pour peude temps dans une action commune quelques-uns des États italiens;k ligue du 30 mars 1495 et la trêve du 5 mars 1407. La paix yré-gnait alors presque partout l'empereur Maximilien avait renoncéau siège de Livourne; Alexandre VI avait traité avec les Orsini étles Vitelii; Trivulce n'avait pas réussi à prendre Gênes ,' une con-spiration de Pierre de Médicis contre Florence avait échoué, et lea mars 1491 la mort de Savonarole supprimait la dernière causé

    de trouble moral dans la péninsule. Quelques mois s'écoulerontavant ipie Louis XII n'entre en scène. Il y e vraiment là un mo-ment de repos dans la vie si mouvementée, si émouvante de cettefin de siècle, un de ces temps d'arrêt de l'histoire dont l'historiendoit profiter pour analyser les éléments dramatiques de la piècedont il aura ensuite à raconter les grandes scènes

    Pâtis.— Typ: G. Chamerot, Ii, rue de, sainu-Pbre.. - 21682.

    J

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    CIVILISATION POLITIQUET) E

    L'ITALIE

    A Lk FIN 1111 XV 0 SIÈCLE

    lPAR

    L.-G-. PÉLISSIER

    (Extrait de la Revue inie,uationale de l'Enseiqnernent

    du 15 juillet 1889.)

    PARIS

    ARMAND COLIN ET dE, tÉDITEURS

    I, 3, 5, RUE DE MÉZIÉRES

    1889