de l’ - exarchat.eu · dans la pureté de cœur et l’énergie des forts ... qui répand sur...

9
1 Archevêché des Églises Orthodoxes russes en Europe occidentale, exarchat du patriarcat œcuménique 12, rue Daru 75 008 Paris +33 (0)1 46 22 38 91 — feuillet@exarchat. eu — www. exarchat. eu Directeur de la publication : Mgr Jean Mars 2017 n° 79 uillet de l’ xarchat E F Au clergé, aux moines, aux moniales et aux fidèles de l’Exarchat-Archevêché des paroisses orthodoxes de tradition russe en Europe Occidentale MESSAGE DE CARÊME DE MGR J EAN Le temps de carême dans lequel nous entrons en ces jours est un appel pressant à ce grand retournement du cœur exigé par la vie évangélique. Pour que la vie du Christ puisse germer en nous il faut progressivement ôter tous les obstacles liés au moi. L’ascèse apparait comme le moyen le plus sûr dans la lutte contre toutes les formes de mort mêlées à notre existence. Elle conteste en nous toutes les zones d’ombres afin de permettre à la lumière de la résurrection d’envahir notre être, de cicatriser nos plaies et de nous guérir de toutes ces maladies liées à nos égoïsmes. L’ascèse comme on a trop souvent tendance à le croire n’est pas recherche d’un quelconque mérite ou observance d’un code de conduite. Non, l’ascèse n’a qu’un seul but: permettre la rencontre personnelle avec le Christ, faire de l’homme un authentique participant de la vie du Ressuscité. La véritable ascèse chrétienne se trouve dans les Béatitudes que nos Pères nomment les «commande- ments du Christ». L’ascèse nous confronte aux idoles, aux passions qui occultent la véritable vie, elle nous permet dans la grâce de restaurer la véritable nature humaine dans le Christ. Notre nature faite de chaire et de psychisme est à la foi humaine et non humaine puisque créée à l’image et v à la ressemblance» de Dieu. Elle est à la fois ce que nous sommes et ce que nous devrions être. Nature de l’homme, la chair est pénétrée des énergies de sa personne liées à l’image. Mais elle peut devenir «contre nature» si elle est abandonnée à elle-même sans le secours de ces énergies, elle devient à elle-même sa propre fin, s’achemine vers le néant. L’ascèse nous permet de combattre cette «autonomie» de la chair pour que les énergies trouvent en s’épanouissant leurs véritables destinées: l’union aux énergies divines dans l’union au Christ, icône parfaite de la divino-humanité, pensée comme le dit Saint Maxime le Confesseur par «le Grand Conseil divin». On le voit, l’ascèse n’est pas ici un vulgaire combat volontariste et moral, car toute loi est seconde. L’ascèse, telle que nos Pères l’ont décrite, est un effort de toute l’être, pour accueillir la grâce, véritable fin et loi de l’homme. La chair et l’esprit doivent être vivifiés afin de s’emplir de lumière. L’ascèse c’est justement moti- ver son existence pour qu’elle soit peu à peu pénétrée par cette lumière. L’effort humain sera ici porté par la grâce et Dieu communiquera lui-même ses énergies à l’homme réceptif et désirant. Le temps du Carême nous fait prendre conscience de l’aspect corporel de l’ascèse. La véritable connaissance de Dieu, à l’image des noces du Cantique des Cantiques, met en jeu l’âme et le corps. L’ascèse est la réalisation nuptiale dans l’humilité de cette rencontre de l’Epoux et de l’épouse. Toute notre liturgie de Carême met en avant le jeûne comme moyen de maîtriser le désir afin de rendre consciente la relation avec Dieu. Le jeûne nous permet d’abor- der la matière non en animal prédateur, mais en homme eucharistique dont la vie est une perpétuelle action de grâces. La déviance première nous dit Romanos le Mélode fut justement le fait de manger, de consommer le monde sans action de grâces, c’est-à-dire d’avoir pris pour soi au lieu de transfigurer par la reconnaissance ce qui était offert. Le jeûne signifie aussi attente de l’Epoux. Celui qui jeûne entre dans l’humilité du Christ afin de revêtir consciemment le Christ Ressuscité qu’il rencontrera dans la joie pascale et qu’il voit à chaque rencontre eucharistique. Le Carême, nous dit Saint André de Crête, est un «festin lumineux» car l’homme s’y nourrit avant tout «de toute parole qui sort de la bouche de Dieu» - Le vé- ritable jeûne va modifier en nous bien des rapports que nous avons avec Dieu, l’autre, le cosmos et nous-même. Tout sera perçu verticalement, c’est-à-dire dans sa vérité, dans son rapport immédiat avec les énergies divines qui transparaissent en toutes choses, dans la mesure ou nous aurons augmenté notre propre réceptivité. L’homme doit par le jeûne faire jaillir la sagesse divine enfermée en toute chose. L’abstinence de sang et de chair nous rappelle notre véritable vocation qui est partout de donner et laisser se manifester la vie. «Ne nourris pas ta sensualité, mets un terme à ces meurtres et suicides auxquels conduit inévitablement la recherche des jouissances sensibles; purifie et régénère ton propre corps pour te préparer à la transfiguration du corps universel» écrit V. Soloviev dans les Fondements spirituels de la vie. Cela veut dire que le jeûne tend à rétablir nos relations avec l’extérieur et nous redonnes véritable équilibre de vie. Cependant jeûner simplement, de nour- riture n’est rien, il faut que ce jeûne soit accompagné de ce qui lui donne toute sa force: le jeûne spirituel. Ce jeûne-là nous fait quitter tout mal envers la création, le

Upload: haxuyen

Post on 15-Sep-2018

213 views

Category:

Documents


0 download

TRANSCRIPT

1

Archevêché des Églises Orthodoxes russes en Europe occidentale, exarchat du patriarcat œcuménique12, rue Daru 75 008 Paris ✆ +33 (0)1 46 22 38 91 — feuillet@exarchat. eu — www. exarchat. eu

Directeur de la publication : Mgr Jean

Mars 2017n° 79

uilletde l’ xarchatEF

Au clergé, aux moines, aux moniales et aux fidèles de l’Exarchat-Archevêché des paroisses orthodoxes de tradition russe en Europe Occidentale

Message de CarêMe de Mgr Jean

Le temps de carême dans lequel nous entrons en ces jours est un appel pressant à ce grand retournement du cœur exigé par la vie évangélique. Pour que la vie du Christ puisse germer en nous il faut progressivement ôter tous les obstacles liés au moi. L’ascèse apparait comme le moyen le plus sûr dans la lutte contre toutes les formes de mort mêlées à notre existence. Elle conteste en nous toutes les zones d’ombres afin de permettre à la lumière de la résurrection d’envahir notre être, de cicatriser nos plaies et de nous guérir de toutes ces maladies liées à nos égoïsmes. L’ascèse comme on a trop souvent tendance à le croire n’est pas recherche d’un quelconque mérite ou observance d’un code de conduite. Non, l’ascèse n’a qu’un seul but: permettre la rencontre personnelle avec le Christ, faire de l’homme un authentique participant de la vie du Ressuscité. La véritable ascèse chrétienne se trouve dans les Béatitudes que nos Pères nomment les «commande-ments du Christ». L’ascèse nous confronte aux idoles, aux passions qui occultent la véritable vie, elle nous permet dans la grâce de restaurer la véritable nature humaine dans le Christ.

Notre nature faite de chaire et de psychisme est à la foi humaine et non humaine puisque créée à l’image et v à la ressemblance» de Dieu. Elle est à la fois ce que nous sommes et ce que nous devrions être. Nature de l’homme, la chair est pénétrée des énergies de sa personne liées à l’image. Mais elle peut devenir «contre nature» si elle est abandonnée à elle-même sans le secours de ces énergies, elle devient à elle-même sa propre fin, s’achemine vers le néant. L’ascèse nous permet de combattre cette «autonomie» de la chair pour que les énergies trouvent en s’épanouissant

leurs véritables destinées: l’union aux énergies divines dans l’union au Christ, icône parfaite de la divino-humanité, pensée comme le dit Saint Maxime le Confesseur par «le Grand Conseil divin». On le voit, l’ascèse n’est pas ici un vulgaire combat volontariste et moral, car toute loi est seconde. L’ascèse, telle que nos Pères l’ont décrite, est un effort de toute l’être, pour accueillir la grâce, véritable fin et loi de l’homme. La chair et l’esprit doivent être vivifiés afin de s’emplir de lumière. L’ascèse c’est justement moti-ver son existence pour qu’elle soit peu à peu pénétrée par cette lumière. L’effort humain sera ici porté par la grâce et Dieu communiquera lui-même ses énergies à l’homme réceptif et désirant.

Le temps du Carême nous fait prendre conscience de l’aspect corporel de l’ascèse. La véritable connaissance de Dieu, à l’image des noces du Cantique des Cantiques, met en jeu l’âme et le corps. L’ascèse est la réalisation nuptiale dans l’humilité de cette rencontre de l’Epoux et de l’épouse. Toute notre liturgie de Carême met en avant le jeûne comme moyen de maîtriser le désir afin de rendre consciente la relation avec Dieu. Le jeûne nous permet d’abor-der la matière non en animal prédateur, mais en homme eucharistique dont la vie est une perpétuelle action de grâces. La déviance première nous dit Romanos le Mélode fut justement le fait de manger, de consommer le monde sans action de grâces, c’est-à-dire d’avoir pris pour soi au lieu de transfigurer par la reconnaissance ce qui était offert. Le jeûne signifie aussi attente de l’Epoux. Celui qui jeûne entre dans l’humilité du Christ afin de revêtir consciemment le Christ Ressuscité qu’il rencontrera dans la joie pascale et qu’il voit à chaque rencontre eucharistique. Le

Carême, nous dit Saint André de Crête, est un «festin lumineux» car l’homme s’y nourrit avant tout «de toute parole qui sort de la bouche de Dieu» - Le vé-ritable jeûne va modifier en nous bien des rapports que nous avons avec Dieu, l’autre, le cosmos et nous-même. Tout sera perçu verticalement, c’est-à-dire dans sa vérité, dans son rapport immédiat avec les énergies divines qui transparaissent en toutes choses, dans la mesure ou nous aurons augmenté notre propre réceptivité. L’homme doit par le jeûne faire jaillir la sagesse divine enfermée en toute chose.

L’abstinence de sang et de chair nous rappelle notre véritable vocation qui est partout de donner et laisser se manifester la vie. «Ne nourris pas ta sensualité, mets un terme à ces meurtres et suicides auxquels conduit inévitablement la recherche des jouissances sensibles; purifie et régénère ton propre corps pour te préparer à la transfiguration du corps universel» écrit V. Soloviev dans les Fondements spirituels de la vie. Cela veut dire que le jeûne tend à rétablir nos relations avec l’extérieur et nous redonnes véritable équilibre de vie.

Cependant jeûner simplement, de nour-riture n’est rien, il faut que ce jeûne soit accompagné de ce qui lui donne toute sa force: le jeûne spirituel. Ce jeûne-là nous fait quitter tout mal envers la création, le

2

Le Protodiacre Peter Scorer aura 75 ans cette année. Il compte parmi les plus anciens clercs de notre archevêché. Il est le petit-fils du phi-losophe religieux russe bien connu Simon Frank. Il a enseigné la littérature russe en Angleterre et est devenu diacre dans notre paroisse d’Exeter il y a maintenant beaucoup d’années. Tout en ayant des responsabili-tés dans la fondation saint Gregory’s, une association de bienfaisance de notre arche-vêché en Angleterre, et en restant très lié à l’ACER-MJO, il a été un fidèle assistant de Monseigneur Antoine Bloom. Il a participé activement à la perpétuation de sa mémoire à travers les diverses œuvres qui s’en oc-cupent. Chaque année, il est impliqué, avec le père Alexandre Fostiropoulos, dans l’anima-tion du camp d’été du doyenné anglais. Avec le père Serge Hackel, ils formaient le groupe des anciens de notre doyenné en Angleterre, rétablissant le lien entre le passé et le présent. Il est marié, père de trois enfants et plusieurs fois grand père.

prochain et nous-mêmes. Nous devons jeûner des passions qui nous habitent et du péché qui nous hante. Il faut aussi jeûner du pouvoir en retrouvant le sens du service ; jeûner de la gloire humaine en exerçant l’humilité. On doit aussi, nous disent les Pères, faire jeûner notre intelli-gence pour ne pas tomber dans

ces vaines spéculations qui à la fin ne font qu’exalter l’orgueil de la connaissance.

Tout cela est résumé dans la Prière de saint Ephrem qui sera pour nous le guide le plus sûr en ce temps de Carême. Nous devons jour après jour la faire descendre en nos cœurs et la graver dans notre corps par les métanies qui l’accompagnent. Cette prière, l’aumône envers le pauvre, la veille dans les of-fices : tout cela, si nous le vivons intensément, nous permettra d’accueillir «l’Époux qui vient au milieu de la nuit» comme nous le rappelle le tropaire du Grand Lundi. Alors, à l’image

des Vierges Sages, nous entrerons dans la chambre nuptiale et nous participerons au lumineux festin des noces de l’Agneau en contemplant sa Résurrection.

«Commençons ce Carême dans la joie, rayonnants des préceptes du Christ notre Dieu. Dans la lumière de la charité et l’éclat de l’oraison, dans la pureté de cœur et l’énergie des fortsafin de nous hâter noblement vers la Sainte Résurrection le troisième jourqui répand sur l’univers son immortelle clarté.»

(Matines du lundi de la première semaine de Carême, 3ème cathisme)

Frères et Sœurs, à tous je souhaite un bon et vrai Grand Carême, à tous je demande humblement pardon de ce qui a pu vous offenser dans mon com-portement et sollicite de chacun d’entre vous votre fervente prière.

†Jean, Archevêque de Charioupolis Exarque du Patriarche Œcuménique

Paris, le 25 février 2017

…/…

Les ministères dans l’église :

le diaconat

Les diacresPlusieurs questions se posent à ceux qui étudient le diaconat, que ce soit dans l’Église primitive, ou plus tard dans les Églises orthodoxes. Dans le Nouveau Testament, les premières références au diaconat se trouvent dans les épîtres de Saint Paul aux philippiens et à Timothée. Les Actes des Apôtres ne mentionnent pas de diacres en tant que tels, même si traditionnellement les « sept hommes de bonne réputation, remplis de l’Esprit et de sagesse » sur lesquels les apôtres ont imposé les mains, sont considérés comme étant les premiers diacres ; ils sont simplement cités comme ceux qui devaient « servir διακονειν aux tables », pour permettre aux apôtres de « rester assidus à la prière et au service de la parole ».

Même en appliquant la plus extrême des lois de Darwin, il est difficile de comprendre comment ce serviteur des tables a pu évolué jusqu’à devenir cette figure familière des cathédrales de la Mère Russie, qui mugit les ecténies comme un sergent à l’entraînement sur le champ de mars.

La plupart d’entre nous connaissent du diacre sa fonction liturgique, celle d’assistant du prêtre durant la célébration des offices ; c’est bien ce rôle que remplit le diacre aujourd’hui dans les églises orthodoxes. Il n’est pas essen-tiel à la célébration ; le prêtre est parfaitement à même de célébrer sans lui, d’ailleurs la plupart des paroisses n’ont pas de diacre. Dans la plupart des cas, deviennent diacres ceux qui ont été ordonnés aux trois degrés inférieurs et qui se préparent à la prêtrise. Il est rare de rencontrer un diacre à vie, qui dans la tradition russe sont pour la plupart rattachés à une cathédrale.

3

…/…

Alors, comment expliquer l’évolution qui s’est opérée entre la tradition primitive lorsque les diacres prenaient en charges les veufs et servaient aux tables, et leur fonction liturgique actuelle, somme toute assez limi-tée ? Il faudrait également se poser la question : quels éléments de la fonction diaconale initiale sont-ils toujours d’actualité ?

Nous possédons peu d’information concernant le rôle des diacres dans la période pré constantinienne. À partir du ive siècle, leur tâche consiste presque exclusivement à administrer les œuvres de bienfaisance de l’Église.

La fonction initiale des diacres, celle de servir aux tables, a donc évolué dans l’Église d’Orient vers une imposante structure de bien-faisance. Selon le père Lev Gillet :

« Saint Jean Chrysostome appelle ses auditeurs à faire l’aumône aux mendiants rassemblés devant les portes des églises. La loi de 321 qui confère à l’Église un sta-tut de personne juridique a permis de multiplier les dons et les legs de charité. Grâce aux revenus prove-nant d’un seul don testamentaire, l’Église d’Antioche prenait en charge 3000 pauvres, sans compter ce qui était distribué quotidiennement aux prisonniers, aux malades et aux étrangers. Saint Jean l’Aumônier, Patriarche d’Alexandrie – dont l’Église possédait une petite flotte marchande – nourrissait jour après jour jusqu’à 7500 personnes. Il existait à Constantinople un grand nombre d’hôpitaux et de refuges. Ce sont les diacres qui en avaient la charge. »

L’œuvre de bienfaisance de l’Église croissait, et de plus en plus, les diacres étaient appelés à devenir des administrateurs ; or, ce que l’on pourrait appeler l’aide sociale devenait progressivement l’apanage de l’État. Les diacres, devenus des administrateurs expé-rimentés, finirent par jouer un rôle de plus en plus grand dans la gouvernance de l’Église. C’est ainsi qu’apparut la seconde fonction historique du diaconat. Les plus entreprenants devenaient les secrétaires personnels des évêques locaux : on leur confiait des tâches particulières, et avec le temps ils accédaient à des postes leur conférant une grand pouvoir et une grande autorité.

Mais c’est l’aspect liturgique du ministère diaconal qui devait en fin de compte supplanter les deux autres fonctions. Les diacres assistaient le prêtre ou l’évêque pendant la célébration des sacre-ments – baptêmes (pour les baptêmes des femmes, c’était des diaconesses), chrismation, mariage, onction et ordination. Peut-être également confessaient-ils. À un certain moment, les diacres donnaient également la communion sous les deux espèces, et apportaient la communion aux malades.

Avec le temps beaucoup de ces fonctions cessèrent de relever des attributions du diacre. Son rôle se réduisit à celui de servi-teur n’ayant aucun droit de célébrer seul. Ni le prêtre, ni même l’évêque, n’avait le droit d’autoriser ou de bénir le diacre à prendre en charge seul un office. Le diacre ne peut ni ne doit initier ou assurer un office seul, sans prêtre. Le diacre est le serviteur, non l’acteur des offices divins ; sans la bénédiction et la participation du prêtre, il n’a le droit ni de revêtir le sticharion, ni d’encenser, ni de dire les ecténies (cf. manuel pour le clergé de Boulgakov).

Il faut également avoir à l’esprit qu’il n’existe aucun office funé-raire spécifique pour le diacre. Il est inhumé en tant que laïc. On peut dire que la présence du diacre pendant l’Eucharistie, non seulement peut être, mais est effectivement facultative. Le diacre n’ajoute rien à la célébration du sacrement. Dans la plupart des paroisses, excepté les cathédrales et certaines églises urbaines de grande taille, il n’y a pas de diacre. Parfois, on les considère comme un luxe inutile, comme quelqu’un qui s’interpose dans la relation directe entre le prêtre et la congrégation. Je connais des prêtres qui n’aiment pas célébrer avec un diacre. P. Alexandre Schmemann et le métropolite Antoine de Sourozh préféraient s’en passer, les considérant comme une gêne.

Il apparaît donc que les diacres ne sont plus chargés des œuvres de bienfaisance de l’Église, qu’ils sont désormais rares à occuper des postes de direction administrative, et que leur fonction litur-gique est superfétatoire. Virons les diacres !

Mais je me dois de justifier mon existence et de défendre le statut de mes collègues diacres. Je voudrais donc soulever quelques points.

Certes, le diacre est inhumé comme un laïc, mais en même temps, dans sa fonction liturgique il est sans cesse en mouvement entre l’espace occupé par les laïcs – le narthex – et celui occupé par le clergé supérieur – le sanctuaire. Il circule entre le monde déchu et le Royaume de Dieu. Au nom du peuple, il instruit le prêtre au début de la Liturgie : « Voici le temps d’agir pour le Seigneur. Bénis, maître. » Il conduit la prière du peuple dans les litanies, en leur indiquant ce pour quoi il faut prier. Il attire leur atten-tion sur les moments importants de la Liturgie, en ordonnant : « Tenons-nous droit », « Soyons attentifs ». À la petite entrée, il sort le livre de l’Évangile du sanctuaire pour le porter au peuple ; et c’est le diacre qui proclame la Parole de Dieu. Il prend les ingrédients nécessaires à l’Eucharistie qui ont été apportés par le peuple, pour les donner au prêtre qui à son tour les offre à Dieu. C’est le diacre qui prend les Saints Dons de la Sainte Table et les apporte au peuple.

L’étole que porte le diacre est bien entendu une variante de l’étole servant à marquer les différents degrés de la hiérarchie byzantine. Mais elle a également été interprétée comme représentant les ailes de l’ange. Il est de tradition de représenter sur les portes Nord et Sud de l’iconostase, soit des anges, soit des diacres. On connaît d’ailleurs ces portes sous le nom de portes des diacres. Un ange est un messager, un héraut de Dieu, celui qui apporte les messages de Dieu au monde. C’est la symbolique même du service du diacre, qui est un intermédiaire, celui qui apporte les requêtes du peuple dans le Saint des Saints, et qui apporte la parole de Dieu du Royaume céleste au monde déchu.

4

Le diacre sert à la Table de notre Seigneur. Les ingrédients qu’il apporte à la table sont le pain et le vin, puis c’est ce pain transfiguré qu’il rapporte au peuple. Ce n’est pas un hasard si le ministère des pauvres et des affamés est ici métamorphosé en un ministère pour ceux qui ont faim de la Parole de Dieu, et soif de l’Eau de la Vie.

Dans le même temps, c’est justement ce ministère, ce service à la table de Dieu, qui doit s’exprimer dans la vraie charité, dans l’amour pour ceux qui sont dans le besoin. D’une façon mystérieuse le diacre représente un concept eucharistique de la charité, et est une icône du Christ serviteur souffrant. Il en reste quelque chose dans l’office d’ordination du diacre, lorsque l’évêque dit : « Accorde-lui la grâce que tu as donnée à ton protomartyr Étienne. »

Le jour de mon ordination, il y a plus de 40 ans, notre bien-aimé Métropolite Antoine de Sourozh a prononcé un sermon sur le thème du diaconat.

« … La mission des premiers diacres était d’exprimer l’amour plein de compassion de l’Église. L’Église est charité, l’Église est amour, et rien d’autre. Si elle deve-nait autre chose, elle cesserait d’être l’Église dans sa plénitude. Cela doit être un amour aigu, un amour profond, personnel, concret. Dès les premiers siècles de la vie chrétienne, alors que l’Église était toute fré-missante d’amour, elle choisit des personnes au cœur profond, vivant, des hommes de prière, et en fit des instruments d’amour pour ceux qui étaient pauvres,

qui avaient été frappés par le malheur, abattus par le chagrin.

… Cet amour, qui est la mission du diacre, reçut plus tard de l’Église une application toute particulière : attacher le diacre à la célébration des sacrements. Dans ce rôle, il protège la prière du prêtre, et en même temps il conduit les fidèles dans leur prière. C’est lui qui vous indique le sujet de votre prière. C’est en réponse aux demandes qu’il prononce que vous répétez « Seigneur, aie pitié », ou que vous vous remettez entre les mains de Dieu en disant « à toi, Seigneur ». Ou encore, pour confesser la vérité de l’Église, que vous répondez « Amen ». C’est un grand amour : pas à pas le diacre nous conduit dans le mystère de la Liturgie, nous entraîne dans les profondeurs de celui-ci, auxquelles vous ne pourriez accéder seuls dans votre vie spirituelle.

Mais le diacre a encore une mission : il doit protéger la prière du prêtre. Durant l’office, le prêtre doit lui-même devenir prière. Il doit tout oublier afin de se tenir comme une flamme vivante devant Dieu. C’est au diacre de se préoccuper du déroulement de l’office, c’est même à lui de le diriger, afin que le prêtre puisse se consacrer sans réserve à la prière. Souhaitons que la prière de notre nouveau diacre soit d’une telle profondeur spi-rituelle qu’elle vous emmènera jusqu’au plus profond du mystère liturgique. Qu’il soit un homme au cœur paisible, et au corps paisible, capable de défendre la prière du prêtre afin que celui-ci puisse se tenir devant Dieu dans toute son intégrité.

Enfin, la troisième chose que je veux vous rappeler, c’est que le diacre proclame l’Évangile ; il n’a pas pour vocation de prêcher - acte qui, suivant un proverbe ancien, fait du prêtre un cinquième Évangile. La tâche du diacre est simplement de proclamer la Parole ; mais de la proclamer avec puissance, avec autorité. La Parole n’atteindra les cœurs et les esprits avec une conviction ardente, que si le diacre la comprend, s’il la proclame du plus profond de son cœur et de sa vie chrétienne, comme la Parole du Maître qu’il a comprise et à laquelle il obéit. En conséquence, il doit lire l’Évangile atten-tivement, il doit vivre l’Évangile aussi complètement qu’il le peut, de façon qu’en le proclamant il n’annonce pas sa propre condamnation. »

Diacre Peter ScorerTraduit de l’anglais

par Élisabeth Toutounov

5

la diaconie féminine dans l’orthodoxie

De nos jours dans l’orthodoxie le problème de l’or-dination des femmes à un ministère est tout à fait actuel : le féminisme actif aux USA, les ordinations de femmes prêtres, pasteurs ou évêques en Scandinavie et en Angleterre remettent toujours cette question à l’ordre du jour pour nous autres, femmes orthodoxes, même si nous nous contentons de participation à des congrès locaux. L’une des façons d’éluder la question est de déplacer la question vers la diaconie.

Éluder la question, c’est mon avis ! Je m’explique donc : si le sacerdoce féminin est une instauration ou restau-ration de l’égalité des droits et des pouvoirs avec les hommes, alors bien sûr, l’orthodoxie retarde un peu ! Chez nous, on devrait revenir aux pratiques ancestrales des évêques mariés et des femmes-prêtres (ou évêques là où cela s’avèrerait nécessaire ! Et si nous comprenons le problème de cette façon-là, il faut revenir à la pratique de femmes-diacres, ce qui serait une première étape sur le chemin de cette égalité de droits et de pouvoirs, donc de privilèges L’autre aspect de cette égalité comprise comme une ascension jusqu’au niveau des homme-prêtres, c’est le danger que ces derniers ne ( se ) disent : « les femmes nous ficheront la paix si on cède sur la diaconie: après tout c’est une ordination, un service d’autel… » etc.   Et alors on interprète la diaconie comme une une friandise pleine de promesses, généreusement offerte à ces êtres inférieurs par les hommes-supérieurs !

Je ne pense pas qu’une telle vision (même occultée) de la diaconie soit vraiment orthodoxe !

Heureusement dans l’histoire de l’église indivise, la dia-conie a existé, elle est attestée au moins depuis le IVe siècle : il s’agit d’un travail accompli, autour de la prêtrise, notamment pour l’assistance aux nouveaux baptisés. Bien évidemment lorsque l’on baptise une femme adulte, on la revêt de quelque chose pour couvrir sa nudité : ce service doit être accompli par une femme ! Mais on ne va pas réduire la diaconie à un problème de vestiaire !

En fait, sans remonter aux situations antiques, le pro-blème de l’ordination des femmes a intéressé et pré-occupé des orthodoxes à notre époque aussi. Le livre d’Elisaberh Berh-Sigel et de Mgr Kallistos Ware date de 1998, mais bien avant la revue Orthodoxe Contact a accordé une place significative à ce sujet (depuis 1988 : NN° 143 ;159 ; 174 ;195 ; 201…) . Bon nombre d’entre nous ont gardé un souvenir reconnaissant d’Elisabeth Behr, animant des réunions régulières de femmes consacrées au même sujet, tandis que de multiples congrès de la Fraternité Orthodoxe occidentale en faisaient un thème d’ateliers obligés. Même si le Saint et Grand Concile de Crète (Pentecôte2016) n’a pas soulevé la question, il existe à présent une association Ste Phèbe consacrée au thème de la diaconie fondée aux USA (après 1956) .

Ste Phèbe elle-même, mentionnée par Saint Paul (épître aux Romans, 16 ;1-2) est considérée désormais comme la patronne des diaconesses, tout comme Sant Stéphane est le patron des diacres .On a découvert sa fonction et parlé d’elle, peut-être sous l’influence de l’église romaine qui célèbre sa mémoire le 3 septembre et les calendriers slaves l’ont inscrite dans les leurs .

Évolution encore plus récente le synode du Patriarcat d’Alexandrie a pris la décision lors de sa réunion de novembre 2016 « de restaurer l’institution de diaco-nesses » et de former une commission d’évêques « pour un examen approfondi de la question ». «  Les membres du Synode du Patriarcat Grec Orthodoxe d’Alexandrie ont voulu souligner que les différents problèmes de la vie de l’Église ne sont pas pour nous des déviations des vérités orthodoxes : ils représentent des adaptations à la réalité africaine » . (Agence Fides Alexandrie en Egypte).Ajoutons qu’une conférence panorthodoxe consacrée au renouvellement du diaconat masculin et féminin est planifiée pour octobre prochain en Californie (USA) sur le sujet. La bibliographie proposée par ce centre montre que le sujet de la diaconie féminine reste très actuel.

Je pense pour ma part que de nombreuses femmes sont déjà diaconesses sans être ordonnées – question de charismes ! Mais il s’agit tout de même de bien autre chose que de charité, , vêtements de baptêmes ou de visites de malades pour des entretiens cœur à cœur, voire pour leur apporter la communion !

Véronique Lossky

6

Dimitri : Bonjour diacre Nikola pourrais tu te présenter briè-vement car je ne te connais pas et nous donner un bref état civil (rires) avant de passer du vif du sujet !

Diacre Nikola : diacre Nikola Trifunovic je suis d’origine serbe né à Paris de parents serbes émigrés économiques et non croyants. Je n’ai donc pas baigné dans un milieu croyant orthodoxe. Je suis enseignant de français, his-toire-géographie en lycée professionnel depuis 9 ans. Marié et père de 2 bientôt 3 enfants (depuis l’interview il est papa d’une petite Marina)

Dimitri: Comme tu l’as sou-ligné tu es d’un milieu non croyant pourrais tu détailler ton chemin vers l’orthodoxie ?

Diacre Nikola : Mes parents n’étaient pas croyants mais mon père était baptisé, ma mère s’est fait baptiser tar-divement. Ils vivaient au Monténégro et en Serbie à la période communiste où

les églises et les monastères étaient des lieux culturels mais présents. J’ai découvert l’or-thodoxie avec le renouveau serbe et l’histoire byzantine par mes études d’histoire. Au début j’ai reçu le baptême en 1994 mais sans travail pastoral derrière je venais pour Noel, Pâques l’essentiel…

Dimitri : baptiser un peu pour l’histoire ?

Diacre Nikola :  pour l’histoire peut-être pour une identité oui. Puis ensuite un chemin personnel par rapport à la pratique du jeûne et des dis-cussions avec un prêtre. Une catéchèse pour jeune adulte suivie à la paroisse serbe de St Sava (Paris) mes 2 amis ont commencé à servir à l’autel et moi j’ai fait mes premiers pas à la chorale. À partir de là tous les dimanches, le samedi…

Dimitri: Comment es-tu devenu diacre ?

Diacre Nikola : Depuis 13 ans que je suis à l’Institut

1976 – 2016

L’église de Maastricht fête ses quarante ans

Avant c’était une magasin de billard - aujourd’hui une église, qui accueille régulièrement une vingtaine de fi-dèles. Une épopée spirituelle racontée par Mère Marthe le 19 novembre lors de la célébration du 40e anniversaire de la paroisse qui s’est déroulée en présence de Mgr. Jean de Charioupolis, Exarque patriarcal du trône œcuménique pour les paroisses orthodoxes de tradition russe en Europe occidentale. « Notre église est petite mais elle est à nous et la présence même de Mgr Jean lui donne une nouvelle envergure » (Mère Marthe).

C’est dans les années soixante-dix, marquées dans tous les Pays-Bas par un grand élan missionnaire, que le projet de construire une église locale de langue vernaculaire a pris forme. Il a pu se réaliser notamment grâce au travail de feu l’archimandrite Adrien du monastère St. Jean le Précurseur à La Haye. Grâce à lui les livres liturgiques les plus importants ont pu être traduits et nous avons pu envisager de célébrer le cercle liturgique. D’autant plus qu’en 1976 le père Guido - futur archevêque Gabriel - était ordonné diacre et prêtre par Mgr Georges Tarassov à Paris et envoyé à Maastricht, dans la petite communauté de St Jean Chrysostome et St. Servais, reçu dans la juridiction de l’Archevêché. »

Pour nous permettre de débuter notre activité liturgique, les sœurs Ursulines ont mis à notre disposition, sans aucune compensation financière, une salle dans leur couvent. Elle était très grande et pas accessible de la rue, alors très vite nous avons cherché un lieu plus conforme à l’avenir de notre paroisse. On ne peut pas dire que notre ville si ancienne et si chrétienne, sept saints évêques dans les pre-miers sept siècles, avait un manque de chapelles ou d’églises, mais toutes étaient trop chères, trop grandes ou pas disponibles pour le culte. Alors restait une seule possibilité, celle d’acheter un magasin ou une ancienne maison assez grande pour y installer un lieu de culte, avec en outre la possibilité d’y habiter. Après avoir reçu la bé-nédiction de l’archevêque Georges (Tarassov) et avec l’aide de Dieu, nous avons trouvé un magasin, idéalement situé entre le Marché et la Gare, avec un arrêt de tous les bus presque devant la porte. La maison, construite fin du 19e siècle, était en état d’abandon mais les travaux ont pu commencer.

Au Marché aux Puces

Chaque samedi au marché aux puces je vendais des petits souve-nirs dont la plupart provenaient des voyages de Vladyka Georges (Wagner). Il y avait des matriochkas, un petite buste de Lénine avec un calendrier sur la poitrine, ou un petit modèle du samovar de Tolstoï, etc. Dans l’année cela nous a permis de collecter une bonne somme de 20 mille florins ! Le père Guido avait un emploi à temps plein, 36 heures la semaine d’instruction de religion dans un collège d’enseignement économique, moi, encore en chômage, j’avais l’oc-casion d’apprendre de nouveaux métiers. Le travail de plâtrier m’a toujours plu. Un jour, j’étais en train d’enlever le monstrueux papier peint du plafond, lorsqu’un un petit gamin de l’école paroissiale est entré et m’a demandé : « est-ce que le petit Jésus va habiter ici ? » Et le gamin proposait d’aller chercher l’aspirateur de sa maman pour mettre un peu d’ordre. Jolis et touchants souvenirs.

Il a fallu attendre septembre 1985 pour que l’église soit prête pour les célébrations et Vladyka Georges (Wagner) est venu pour la consé-cration ; 200 cents personnes étaient présent pour cette célébration.

renContre diaConale

…/…

Nous vous proposons ci-dessous une interview réalisée par le jeune lecteur Dimitri Sollogoub, 18 ans, venu à la rencontre du diacre Nikola Trifunovic de la paroisse St Serge à Paris et ordonné en octobre 2016.

…/…

7

La paroisse se développait aussi grâce aux bons contacts avec les catholiques qui ont été attirés par la richesse de notre Divine Liturgie. Certains ont été reçu dans l’orthodoxie, d’autres sont restés de bons amis. Parmi les premiers je veux mentionner un groupe de 5 étudiants de l’Institut Supérieur de Théologie (Catholique) à Heerlen. Deux d’entre eux sont devenus prêtre, le père Lambert et le père Joseph, maintenant prêtre à Bréda.

Missionnaires

La paroisse était dans ce temps complètement néerlando-phone. La consécration de l’église était le début d’une période pleine d’élan et d’activité missionnaire. Après son travail, Père Guido servait aussi dans la communauté de Frise, dis-tante de 5 heures en voiture depuis Maastricht. Il a servi à Deventer, avant l’arrivée du Père Théodore, et à Breda, avant celle du Père Martin. Maastricht se développait. C’était que dans les « années nonante », que les premiers immigrants de l’Est arrivaient: Russes, Ukrainiens, Roumains, Bulgares, Serbes. Mais la langue dans les services, le néerlandais, était un empêchement.

En 1993 le père Lambert a été ordonné prêtre par Vladyka Georges et nommé recteur de la paroisse, puisque Vladyka Georges avait demandé le père Gabriel, devenu moine et ar-chimandrite, de servir à la paroisse à Liège, après le départ du père Nicolas Koschinsky.

Un début de siècle difficile

Le début du XXIe siècle a été catastrophique pour l’Orthodo-xie en Pays-Bas parce que le nombre de prêtres est passé de 6 à 1. Vladyka Gabriel - parti pour Liège, le père Lambert - parti pour Nantes, le père Martin - décédé, le père Pachom, diabétique, amputé de ses deux jambes, placé en maison de repos, et le père Séraphin, surchargé, quittant la prêtrise. Seul le père Théodore nous restait. Pour quelques mois un prêtre américain, un ‘Padre’ orthodoxe d’une base de l’OTAN, est venu célébrer chez nous.

A cette époque, la ville de Maastricht a subi d’importantes développements sociologiques. L’université, établi en 1981, ne comptait au début qu’une Faculté de Médecine avec une centaine d’étudiants, tous néerlandophones, montrait une croissance sans précédent, à cause de l’afflux d’étudiants étrangers, principalement d’origine de l’Europe Sud et Est. Après la signature du « Traité de Maastricht » (1992), elle a obtenu le droit d’attribuer des diplômes Européens. D’autres disciplines suivait: tels que Économie, Commerce, Hospital Management, le Tourisme, l’Institut de Traducteurs et d’In-terprètes, et bien sûr les Beaux-Arts, déjà présent comme enseignement supérieur ont reçu le statut universitaire :

Saint Serge, j’ai connu plusieurs marguilliers, plusieurs recteurs, j’ai eu le temps de voir, écouter et comprendre et c’est finalement le Père recteur Vladislav qui m’a demandé de devenir diacre. J’ai dit oui avec une grande joie. J’aime transmettre et donner et en plus on n’avait pas de diacre. La voie était tracée et j’en étais heureux…

Dimitri: Dans la continuité de l’action ?

Diacre Nikola : oui dans la continuité de l’action, même si j’avais la possibilité de refuser pour de multiples raisons. Mais répondre à l’Église, c’est répondre à Dieu et cela dépasse tout le reste. Parfois j’ai l’impression de manquer de temps, j’en voudrais un peu plus pour moi, être avec mes enfants ou mes amis mais je suis aussi conscient de mes nouveaux devoirs et finalement j’ai plaisir à les accomplir même si cela me donne le sentiment parfois de négliger un peu le reste. J’ai accepté le diaconat et quand on est croyant, on sait que cela ne doit rien au hasard. Alors…

Dimitri : Entre besoins et devoirs tes sentiments sont mélangés ?Diacre Nikola : Oui. Quand j’ai parlé à ma femme de ce projet, elle a été très contente pour moi et à aucun moment elle ne m’a reproché les absences que cela imposait. J’allais déjà très régulièrement aux offices, quasi toujours, aussi bien aux Vigiles qu’à la Divine Liturgie mais aussi pour les grandes fêtes et en semaine quand j’étais libre. Et puis pour moi, le diaconat c’est un peu l’aboutissement du reste, du chant. Le diacre ne donne pas le ton mais il apporte la dynamique, il donne le ton de la prière, celle que l’on fait pour les autres mais aussi pour soi-même. C’est une responsabilité, un hon-neur et un plaisir. S’accorder aux autres et à l’esprit de la communauté de Saint Serge, c’est également se mettre à l’unisson sur le plan spirituel. Heureusement, je suis bien soutenu et entouré par le père Vladislav, les membres de la chorale, Antoine Nivière qui est très précis et connaît très bien l’ordo, père Alexis etc… Je me suis renseigné, on m’a expliqué, j’ai demandé, j’ai noté, j’ai quelques livres. J’en suis au début et le Grand Carême arrive, il faut que je fasse de mon mieux.

Dimitri : C’est le moment de vérité ! (rires)Diacre Nikola : Oui effectivement. Mais je suis porté par l’esprit liturgique de Saint Serge et soutenu par la foi. Être membre du clergé est très important, cela change beaucoup de choses et donne une tout autre perspective du rite et du travail à accomplir à l’autel. Cela faisait un moment que l’on n’avait plus de diacre mais c’est une chose de voir le clergé qui sert et c’est autre chose de faire partie du clergé et de servir soi-même. On a envie de faire bien pour les autres et pour soi-même. C’est une responsabilité plus lourde que ce que l’on peut supposer car mes erreurs éventuelles peuvent rompre l’harmonie et la beauté d’une célébration et provo-quer la déconcentration des gens qui prient. J’ai une grande chance car le père Vladisla m’a assez rapidement demandé de prononcer les homélies. Père Vladislav prononce en russe après l’Évangile, et père Alexis en français à la fin de la liturgie.

…/……/…

8

Théâtre, Musique et Arts visuels. Mais le plus grand change-ment c’était que la langue d’enseignement devenait l’Anglais. Maintenant 15% des habitants de Maastricht sont étudiants et la moitié sont des étrangers.

Une deuxième université, japonaise, a été créée également.

Et maintenant

En 2003 Vladyka, élu archevêque, partait pour Paris. Et moi je l’ai suivi. Notre paroisse sans prêtre et restée fermée jusqu’en 2005. Une fois que le père diacre Athanase est venu à Paris et qu’il soit devenu cellulaire de Vladyka, j’ai pu revenir à Maastricht, où j’ai trouvé encore trois personnes. Mais très vite de nouveaux paroissiens sont venu : des Ukrainiens, Russes, Grecs, Chypriotes, Écossais, Géorgiens, Albanais … un certain moment la paroisse comptait 16 nationalités. Mais : pas de prêtres néerlandophones, ni de chantres néerlandophones. Et, peu à peu la langue dans les services est devenue le Slavon, avec un peu d’Anglais, en gardant avec obstination un peu de néer-landais. Vladyka Gabriel envoyait deux fois par mois un prêtre de Paris : en général des étudiants de l’Institut Saint Serge. Une facilité qui nous a été supprimée après son décès et qui m’a obli-gée à aller chercher de l’aide en Pologne auprès du Métropolite Sawa en espérant qu’il pourrait nous envoyer un étudiant sou-haitant faire ses études à Louvain. En retour on lui demanderait deux célébrations par mois.

Avec l’aide de Dieu et sous l’égide de notre nouvel archevêque Mgr Jean, qui vient de présider cette belle célébration des 40 ans de notre paroisse, l’espoir renait. Sa structure s’est mise en place ainsi. Notre recteur est le doyen, le père Theodore (van der Voort). Le desservant est l’hiéromoine Pawel, un jeune étudiant de Pologne qui a commencé son PhD en Théologie à Louvain en Belgique, également en Anglais. Nous avons aussi quelques jeunes femmes avec leurs petits enfants. Environ 25 fidèles fré-quentent régulièrement notre église.

Je souhaite terminer cet exposé en remerciant chaleureuse-ment Père Philippe, supérieur du Monastère Chevetogne qui a ouvert ses portes pour abriter les derniers mois de Vladyka Gabriel. Assisté par le père Christophe et le diacre Athanase et en présence du père Philippe – en ce temps supérieur du monas-tère - Vladyka a encore pu tonsurer le moine Michel (Evelson). Vladyka a tellement souhaité rester dans ce monastère jusqu’à la fin de sa vie, mais son état de santé était déjà trop grave. Je ne pourrai jamais assez exprimer ma gratitude pour cette immense générosité bénédictine qui a adouci les derniers mois de Vladyka Gabriel.

Rendons grâce à Dieu pour tout.Mère Marthe

www.destem-maastricht.nl

Comme ces derniers temps le père Alexis voyage assez souvent pour aller célébrer dans d’autres paroisses, c’est moi qui prononce l’homélie. J’essaie d’être concis pour qu’il y ait une idée une chose un aspect et qui soit retenu. J’ai été ordonné diacre le jour de la fête de saint Serge par notre archevêque Mgr Jean. Quand on a parlé tous deux de cette ordination, j’ai été impres-sionné par sa bonté et tout s’est fait dans la simplicité.

Dimitri : Jusqu’à présent, tu as toujours célébré à St Serge. Maintenant ça va être différent ? Diacre Nikola : Une paroisse n’est pas un lieu de passage pour les fidèles, c’est une communauté. Mais comme me l’a dit Mgr Jean, compte-tenu de nos besoins en prêtre et dans le clergé, je serai peut-être amené à aller là où on aura besoin de moi. J’espère néanmoins pouvoir être le plus souvent à la paroisse de ma famille car si je devais amener tout le monde avec moi lors de déplacement, ce serait ingérable.

Dimitri : Une dernière question pour finir cela fait très peu de temps que tu es engagé dans le diaconat mais est-ce que c’est une démarche pour aller un peu plus loin dans le clergé…Diacre Nikola :  C’est une des premières questions de paroissien et une affirmation « alors bientôt prêtre » le jour même de mon ordination. (rires)

Dimitri : Oui on manque aussi de prêtre alors…Diacre Nikola :  vraiment cela ne me vient pas du tout à l’esprit. L’aspect social , l’aspect humain du diaconat me rend heureux. Je pense que le diaconat n’est pas développé comme il le faudrait il n’est pas là seule-ment pour embellir. Je le vois comme ça. Il faudrait développer l’ordre social, aider. S’il faut organiser des choses le diacre sera celui qui va aider Il est la main, le bras qui va être tendu. Cela peut-être d’ordre social, pastoral, la catéchèse. Imagine qu›un membre du clergé rende visite à une personne malade; Imagine ce que cela représente pour la personne , les personnes âgées ou l’accueil des personnes seules ou égarées, le diacre peut aider par une petite parole une petite discussion quand le prêtre n’a pas le temps. Évidemment cela demande du temps, du sacrifice dans une société pressée et un peu individualiste.

Dimitri : le diacre a plus un rôle social auprès des gens.Diacre Nikola : Social….c’est du socialo-spirituel si je peux m’exprimer ainsi.

Dimitri : Oui une petite discussion pour égayer un peu la vie et les amener un peu plus vers le ChristDiacre Nikola : C’est exactement cela c’est ce vers quoi nous devons tendre.

Dimitri : Merci beaucoup pour cet échange diacre NikolaDiacre Nikola : Merci à toi Dimitri.

9

w le diacre Lazarus Christensen a été ordonné prêtre pour la paroisse of the Gudsmoders Beskyttelse in Copenhague (Danemark)

w le diacre Weniamin Zervos a été ordonné prêtre Communauté St Martin von Tours à Balingen (Allemagne)

w Bartholomeos Cobben a été ordonné hypodiacre pour St Jean Baptiste St. John-Chrysostom et St. Servais Church ( Maastricht – Pays-Bas)

w le Lecteur Jean-Paul Bleré a été ordonné hypodiacre pour la paroisse de la Sainte -Trinité (Paris – Fr)

w l’hypodiacre Ernsts Serafims Dregvalds a été ordonné diacre pour la paroisse Notre-Dame-du-Signe (Paris – Fr)

w M. Matthieu Jurconi a été ordonné lecteur pour la paroisse de la Sainte -Trinité (Paris – Fr)

w le Diacre Christos Kapinga a été ordonné prêtre pour la paroisse de la Sainte -Trinité (Paris – Fr)

w le Lecteur Ivan Birr a été ordonné hypodiacre puis diacre pour la paroisse de la Sainte -Trinité (Paris – Fr)

w le diacre Oleg Turcan a été ordonné prêtre pour l’église de la Nativité-du-Christ (Florence – Italie)

w M. Pierre Benic a été ordonné lecteur pour l’église St-Séraphin (Paris – Fr)w M. Nicolas Vodé a été ordonné lecteur pour l’église St-Séraphin (Paris – Fr)

w M. Renaud Presty a été ordonné lecteur l’église St-Séraphin (Paris – Fr)

w Le Lecteur Renaud Presty a été ordonné hypodiacre puis diacre l’église St-Séraphin (Paris – Fr)

w le Lecteur Nicolas Petit a été ordonné hypodiacre puis diacre pour l’église de la paroisse de la Trinité et Saint-Hilaire-de-Poitiers (Poitiers – Fr)

w M. Sylvain Baron a été ordonné lecteur pour la chapelle du Saint-Esprit du Sépulcre à Plérin pour la communauté Saint-Brieuc (Fr)

w M. Theophile Vitalis a été ordonné lecteur pour la chapelle de la Dormition de la Mère de Dieu à Plumaudan pour la communauté Saint-Brieuc (Fr)

cdcdcdcdcdcdcdcdccdccdccdcc

dc

cd

cc

dc

cd

cd

cd

cd

cd

c

ORDINATIONS pAR MgR JeAN

Le monastère Notre-Dame-de-Toute-Protection vient de faire paraître, avec les Éditions du Désert, les Chroniques du monastère de Séraphimo-Divéyevo, ouvrage de référence sur la vie, la personnalité et l’enseignement de saint Séraphin de Sarov (tome 1 – 560 pages) et sur l’histoire riche en événements et en figures spirituelles du couvent de Divéyevo (tome 2 – 450 pages) que saint Séraphin a fondé et dirigé de loin.

Les Chroniques du monastère de Séraphimo-Divéyevo

Ces Chroniques ont été composées à partir de 1891 par le futur métropolite et saint nouveau-martyr Séraphin Tchitchagov (1856-1937) à partir des archives du monas-tère de Divéyevo et des souvenirs des moniales dont certaines avaient personnellement connu saint Séraphin. Travail colossal réalisé avec une grande rigueur histo-rique dans la recherche, la vérification et le traitement des sources, les Chroniques sont avant tout une œuvre spirituelle qui dessine le portrait le plus complet de saint Séraphin, relate directement ou indirectement ses enseignements – elles sont la source de tous les livres qui ont été écrits sur le saint –, mais présente aussi les riches figures de ses disciples (comme Mantourov ou Motovilov) et des saintes higoumènes, moniales, et folles-en-Christ qui ont illustré ce monastère.

Père Boris Bobrinskoy, qui a participé aux travaux de publication, a écrit la préface de cet ouvrage.

Pour commander :Monastère Notre-Dame-de-Toute-Protection, 11 rue de la Forêt, 89400 Bussy-en-Othe, [email protected] : 27 € tome I – 23 € tome II frais de port en sus