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Ressources de géographie pour les enseignants Le monde indien : populations et espaces De Bangalore à Whitefield : trajectoire et paysages d’une région urbaine en Inde Publié le 24/03/2015 Auteur(s) : Hortense Rouanet, doctorante en aménagement et urbanisme à l’Université Paris-Est, UMR LATTS ; ingénieure d’études, projet ANR Finurbasie, Aurélie Varrel, chercheuse à l'Institut Français de Pondichéry (MAE-CNRS), chercheuse associée, Centre d'Etudes de l'Inde et de l'Asie du Sud (UMR 8564, CNRS-EHESS), Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales, Paris. SOMMAIRE 1. La trajectoire géo-historique d’une métropole technopolitaine 2. De la métropole industrielle au « Silicon Plateau » : modalités et paysages technopolitains 3. Les nouveaux paysages de la croissance : la technoburb de Whitefield À travers l’exemple de Bangalore [1], cinquième ville de l’Inde par la population, cet article donne à voir les défis que constituent tout à la fois l’ampleur de la croissance démographique et les modalités de la croissance économique à l’heure de l’émergence pour gouverner les métropoles indiennes. Bangalore à cet égard est un cas frappant : ne serait-ce qu’estimer sa population pose la question de l’échelle pertinente pour le faire. En effet si l’unité urbaine prise en compte pour le recensement (Urban Area [U.A.]) est passée de 5,7 à 8,5 millions d’habitants entre 2001 et 2011, la population du Greater Bangalore aurait pour sa part bondi de 8,49 à 12,38 millions d’habitants (Center for Policy Research, 2013) [2]. Bangalore fait figure de métropole inattendue. Les villes de plus de dix millions d’habitants, qui dominent la hiérarchie urbaine indienne depuis l’Indépendance, sont les anciennes capitales de l’Empire britannique des Indes, Calcutta puis Delhi, ainsi que les grands ports de commerce de Bombay et Madras. Bangalore qui occupe la cinquième position de cette hiérarchie urbaine depuis 2001 se démarque d’elles Les dynamiques démographiques et spatiales de l'agglomération de Bangalore De Bangalore à Whitefield : trajectoire et paysages d’une région urbain... http://geoconfluences.ens-lyon.fr/informations-scientifiques/dossiers-r... 1 sur 15 12/07/2015 03:13

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Ressources de géographie pour les enseignants

Le monde indien : populations et espaces

De Bangalore à Whitefield : trajectoire et

paysages d’une région urbaine en IndePublié le 24/03/2015Auteur(s) : Hortense Rouanet, doctorante en aménagement et urbanisme àl’Université Paris-Est, UMR LATTS ; ingénieure d’études, projet ANRFinurbasie,Aurélie Varrel, chercheuse à l'Institut Français de Pondichéry (MAE-CNRS),chercheuse associée, Centre d'Etudes de l'Inde et de l'Asie du Sud (UMR 8564,CNRS-EHESS), Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales, Paris.

SOMMAIRE

1. La trajectoire géo-historique d’une métropole technopolitaine2. De la métropole industrielle au « Silicon Plateau » : modalités et paysagestechnopolitains3. Les nouveaux paysages de la croissance : la technoburb de Whitefield

À travers l’exemple de Bangalore [1], cinquième ville de l’Inde par la population, cet articledonne à voir les défis que constituent tout à la fois l’ampleur de la croissancedémographique et les modalités de la croissance économique à l’heure de l’émergencepour gouverner les métropoles indiennes. Bangalore à cet égard est un cas frappant : neserait-ce qu’estimer sa population pose la question de l’échelle pertinente pour le faire. Eneffet si l’unité urbaine prise en compte pour le recensement (Urban Area [U.A.]) est passéede 5,7 à 8,5 millions d’habitants entre 2001 et 2011, la population du Greater Bangaloreaurait pour sa part bondi de 8,49 à 12,38 millions d’habitants (Center for Policy Research,2013) [2].

Bangalore fait figure de métropoleinattendue . Les villes de plus de dixmillions d’habitants, qui dominent lahiérarchie urbaine indienne depuisl’Indépendance, sont les anciennescapitales de l’Empire britannique desIndes, Calcutta puis Delhi, ainsi que lesgrands ports de commerce de Bombay etMadras. Bangalore qui occupe lacinquième position de cette hiérarchieurbaine depuis 2001 se démarque d’elles

Les dynamiques démographiques

et spatiales de l'agglomération de

Bangalore

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sur au moins deux plans : elle occupe unesituation intérieure au cœur de la partiesud de la péninsule indienne ; elle n’avaitpas de rôle historique ni administratifparticulier jusqu’à ce qu’elle devienne lacapitale de l’État régional du Karnataka en1956 (contrairement à la ville qui arrive ensixième position, Hyderabad, capitalehistorique des puissants Nizams).Pourtant Bangalore (U.A) comptait aurecensement de 2011 près de huit millionsd’habitants, au terme d’une croissancesoutenue qui l’a fait passer en un siècle

du 18ème rang de la hiérarchie urbaine en

1901 au 5ème en 2001 (Swerts, Pumain,2013). L’ampleur de la croissance spatialede l’agglomération invite à parler d’unerégion urbaine en formation.Cette ascension spectaculaire dans lahiérarchie urbaine s'accompagne del'affirmation de Bangalore comme villephare du boom du secteur des servicesinformatiques en Inde (Didelon, 2003 ;Leducq, 2010). Nous ne reviendrons pasici sur la notion de technopole/pôle(Leducq, 2013) mais force est deconstater que l’insertion de Bangaloredans la mondialisation s’est effectuéepour une large part selon des modalitésparticulières, grâce au développementlocal du secteur des servicesinformatiques. L’analyse spatiale del’espace bangaloréen doit prendre encompte le fait que près de 7% de lapopulation active travaille aujourd’hui dansce secteur - selon la Banque mondiale –ce qui se traduit notamment par l’essor dela edge city de Whitefield.

Réalisation : H. Rouanet, 2014(cliquer ici pour une meilleure résolution)

Cet article propose d’éclairer les mécanismes et les formes de cette croissance spatialespectaculaire. Il présente la trajectoire géo-historique remarquable de Bangalore ens’attachant à souligner l’historicité des éléments technopolitains qui en font une villeparticulière au regard des dynamiques urbaines dans les pays émergents. Laspécialisation dans l’économie des services informatiques modèle certaines des formesrécentes de la croissance spatiale de la ville, ce que la troisième partie de l’articleprésentera de manière détaillée à travers l’étude d’une périphérie excentrée, Whitefield, quiest devenue un pôle secondaire façonné par le caractère technopolitain de Bangalore etqui témoigne de l’apparition d’une véritable région urbaine.

1. La trajectoire géo-historique d’une métropole te chnopolitaine

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1.1. Bangalore, une ville restée longtemps secondai re en Inde du Sud

Bangalore, restée durant longtemps une ville au rôle secondaire et à la situationpériphérique voire liminale dans son environnement régional, n’a été valorisée qu’àl’époque coloniale. Au XVIe siècle, ce n’est qu’une place forte (kote), maillon d’un réseaude forteresses contrôlant les confins de l’Empire de Vijayanagar qui règne alors sur lapartie centrale du Sud de la péninsule indienne. Même après le contrôle par lesBritanniques du Sud de l’Inde à la fin du XVIIIe siècle, cette situation périphérique sembledevoir perdurer : c’est Mysore, plus à l’ouest, qui devient la capitale de l’État princierinstauré dans le sud du Deccan et vers l’est, et c’est Madras qui joue le rôle de grandcomptoir côtier du sud de l’Inde. Bangalore se limite à la fonction de ville de garnison

pour les troupes coloniales . Mais au cours du XIXème et au début du XXème siècles, laville s’affirme comme un pôle militaire majeur en Inde du Sud. Ce choix des Britanniquespeut s’interpréter comme une stratégie alternative de concentration des troupes à distancede Mysore et Madras, deux villes importantes d’où contestations et résistances auraient puprovenir. Si Bangalore est une ville marquée par le fait militaire et productif (proto-industrietextile) dès l’époque précoloniale, cette tendance est renforcée par le Raj en vertu d’unevision stratégique visant à fixer une garnison dans un lieu salubre car situé sur un plateauà plus de 900 m d'altitude, bénéficiant donc d'un climat plus frais [3].

1.2. Une ville fortement marquée par le fait coloni al

De cette implantation britannique, Bangalore hérite un modèle d’urbanisme dualcaractéristique des contextes coloniaux (Dupont, 2010). À l’est de la ville précoloniale(appelée "City" par les Britanniques) se développent une vaste garnison (cantonment) etune ville blanche (civil lines) qui ont leur propre centralité commerciale (bazar), quiconstituent une deuxième entité urbaine appelée "Station" (Civil et Military Station), mêmesi à Bangalore jusqu’à aujourd’hui on parle au quotidien simplement du cantonment. Laspécialisation militaire permet la croissance économique et démographique de cettedeuxième entité : aux soldats pour partie britanniques, pour partie recrutés dans l’Empire,s’ajoutent les marchands, employés de bureau et personnels de service venus de tout leBritish Raj. Ces migrations génèrent une population cosmopolite, ce qui tient le contextelocal à distance et dilue les contestations de l'autorité coloniale. Le souci de mise àdistance est bien visible sur la carte de Bangalore en 1924 où les deux entitésphysiquement et administrativement distinctes sont séparées matériellement par le glacisvégétal de Cubbon Park. Ce quartier se développe lui-même en jouant le rôle de pôlecommercial en situation de contact entre le plateau du Deccan et la plaine littorale deCoromandel (Delvert, 1991).

Bangalore en 1924

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Source : John Murray, Murray's Handbooks for Travellers, 1924.En rose, les quartiers habités ; en vert, les espaces végétaux ; en bleu, les "tanks"[4].

La City précoloniale (ou Petta) dominée par l'ancien fort est séparée de la Station (limitéepar un trait rose) par un no man's land végétal. Dans la Station, se regroupent les

garnisons et l'habitat civil.

Les deux parties de la ville prennent le tournant industriel selon des modalités différentes :

dans la City, le pôle textile ancien se modernise au XXe siècle (Didelon, 2003), tandis quedans la garnison coloniale s’implantent, à partir de la Première Guerre Mondiale, desusines d’armement, puis en 1940, la première usine aéronautique du monde colonisé. La

ville connaît alors une très forte croissance, passant du 18ème rang de la hiérarchie urbaine

au 7ème dès 1931, rang qu’elle conserve jusqu’après l’Indépendance, ce qui témoigne deson attractivité en dépit de sa position liminale (Swerts, Pumain, 2013, p.9). Aurecensement qui suit l’Iindépendance du pays, en 1951, Bangalore frôle les 800 000habitants, répartis entre City et Station selon un rapport deux tiers – un tiers.

1.3. L’accession au rang de métropole nationale apr ès l’Indépendance

Après l’Indépendance, Bangalore, grâce à sa situation très éloignée des frontières, devientl'un des pôles du complexe militaro-industriel dans un contexte de tensions avec la Chineet le Pakistan. Bangalore demeure aujourd’hui un pôle militaire d’envergure. Dans le cadredu développement de l’industrie nationale, y sont créées de grandes unités industriellespubliques correspondant à des technologies avancées (matériel électrique, téléphonie,machines-outils, aéronautique). De nouveaux centres de recherche de pointe, par exempledans le domaine de l’aérospatiale et de la médecine, viennent rejoindre le tissu préexistantd’écoles d’ingénieurs et d’universités scientifiques créées à l’époque coloniale. C’est doncdès l’Indépendance que les acteurs publics ont entrepris la mise en place d’un territoireinnovant de rayonnement national , qui s’appuie en partie sur la spécialisation militaireinitiée par les autorités coloniales. S’y trouvent regroupés des compétences (ingénieurs etpersonnel qualifié des grandes entreprises publiques), des infrastructures de niveaunational (aéroport) et un tissu économique particulier adossé à des grandes entreprises

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publiques, qui viennent s’ajouter à un pôle industriel ancien important, notamment dans ledomaine textile (Didelon, 2003). Ceci amène J. Nehru (Premier ministre du pays de 1947 à1964) à affirmer dans un discours prononcé en 1962 que Bangalore est « davantage quetoutes les autres grandes villes [d’Inde], une image de l’Inde du futur, en raison de laconcentration de science, de technologie et d’industries du secteur public » (Nehru, cité parNair, 2005, p. 220). Enfin la ville acquiert une importance administrative nouvelle en tantque capitale de l’État du Karnataka créé en 1956.Les implantations industrielles d’initiative publique, le regain de l’industrie à capitaux privéslié à la fin du joug colonial, le maintien de la fonction militaire se traduisent spatialementd’au moins trois manières. Sur la frange ouest de la ville, une ceinture industriellecomposée d’établissements de taille variable est associée à l’habitat ouvrier ; dans ce quiétait la Station et vers l’est la présence militaire se maintient et s’étend avec ledéveloppement des activités liées au complexe militaro-industriel (aéronautique,électronique) ; et dans la périphérie nord de la ville notamment, se créent des "townships"industriels, c’est-à-dire des complexes associant activité industrielle et offre de logementset de services de base pour une partie des employés. Cette phase d’expansionéconomique est aussi une phase de forte croissance démographique, similaire à celle queconnaît en même temps le groupe de tête des grandes villes millionnaires du pays (Swerts,Pumain, 2013, p.15).

2. De la métropole industrielle au « Silicon Platea u » : modalités

et paysages technopolitains

2.1. L’essor du secteur des technologies de l’infor mation en Inde

Le secteur des technologies de l’information en Inde s’est développé en trois étapes qui sesuperposent plus qu’elles ne se succèdent [5]. Après une première phase dite de bodyshopping où les entreprises indiennes se sont fait connaître en louant les servicesd’informaticiens indiens partis travailler dans des entreprises étrangères (onsite) (Leclerc,2010), l’Inde se positionne, à partir des années 1990, comme un lieu de délocalisation(offshore) pour des activités de services simples qui peuvent être effectuées à distancegrâce aux nouveaux réseaux de communication (par exemple : centres d’appelstéléphoniques, transcriptions médicales, maintenance informatique en ligne, opérations degestion et de comptabilité). Puis par effet de remontée de filière, les entreprises indiennesconvainquent leurs clients essentiellement occidentaux de leur confier des tâches de plusen plus sophistiquées au fil des années 2000.C’est dans cette troisième phase que Bangalore se singularise en attirant plus que d’autrespôles indiens des activités à haute valeur ajoutée (R&D, délocalisation d’activitésd’études et d’analyse – Knowledge Process Outsourcing) (Leducq, 2010). Bangalore est lelieu privilégié d’implantation en Inde de centres de développement pour les multinationales,notamment à la faveur de l’intérêt éveillé par l’énorme marché de l’Asie du Sud qui compteplus d’un milliard et demi de personnes. Cela génère les conditions d’attractivité d’unsystème économique territorial dynamique, varié et qui draine capitaux et travailleurs àl’échelle pan-indienne. Cette évolution s’appuie largement sur les conditions présentéesci-dessus (ville du complexe militaro-industriel, large réservoir de compétences, activitésde pointe) qui placent historiquement Bangalore sur une trajectoire technopolitaine, dont laroute 128 ou le Golden Triangle aux États-Unis sont les archétypes [6]. Il n’est pasétonnant de constater que c'est durant la décennie 2000, lorsque s’établit la suprématie deBangalore, que le taux de croissance démographique de la ville est le plus fort d’Inde.

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2.2. Géographie des activités de services informati ques dans l’aire

urbaine

Ce glissement de l’économie locale du secondaire ve rs le tertiaire s’est opéré aussigrâce à un contexte politique régional favorable aux activités innovantes et potentiellementexportatrices. En effet, dès 1976, pour « faire de la place » littéralement à ces activités, legouvernement du Karnataka leur attribue des lieux réservés, dotés d'un certain nombred’avantages tant urbanistiques que financiers. Ainsi, une agence dédiée au développementde l’électronique lance en 1977 "Electronics City ", un nouveau township de 136 hectares,situé à 25 km au sud du centre de Bangalore et dédié à des entreprises d’électroniquetournées vers l’exportation (cf. carte n°1). Les entreprises qui s’y implantent bénéficient depriorités en matière d’accès à l’électricité et d’infrastructures de télécommunication ainsique de subventions gouvernementales. Électronique, informatique : ces secteurs alorsbalbutiants et mal connus se font une place à Electronics City. Il est significatif qu’Infosys ,l’une des trois plus grandes sociétés d’informatique d’Inde, ait installé son siège social àElectronics City. Cette opération d’aménagement visant à soutenir une activité économiquenaissante est emblématique de la manière dont les autorités façonnent la ville.

Complément : Infosys, le géant de l'informatique in stallé à Bangalore

Cette nouvelle facette de l’économie bangaloréenne après s’être inscrite d’abord dans lesimmeubles de bureaux du centre colonial et des quartiers péricentraux commeKoramangala (cf. carte n°1), suscite le développement de zones d’activités spécifiquessituées de plus en plus loin en périphérie (Aranya, 2008). L'initiative publique majeured'Electronics City est rapidement relayée par le secteur privé de la promotion immobilière.Ce mouvement s’est accéléré dans la seconde moitié des années 2000 grâce à desmesures nationales : dérégulation de l’investissement financier (2004), puis del’investissement étranger (2005), loi fédérale sur les Zones Economiques Spéciales (2005).Toutes ces mesures bénéficient aux promoteurs locaux dont les moyens financiers étaientjusque-là limités : de nombreux accords sont alors signés entre des promoteursimmobiliers de Bangalore et des investisseurs institutionnels internationaux qui spéculenten particulier sur la construction de vastes projets de bureaux (Halbert & Rouanet, 2014).

Là où des terrains étaient disponibles àmoindre coût, les promoteurs immobiliersont bâti, sur plusieurs hectares voireplusieurs dizaines d’hectares, soit descampus pour une entreprise, soit desparcs d’activités loués pour une longuedurée, tels que Manyata Tech Park. Cetype de territoires technopolitains sediffuse alors dans l’ensemble de la régionurbaine, quoique dans une moindremesure à l’ouest. Seule la crise financièreinternationale à partir de 2009-2010 créeune pause : tandis que les chantiers deconstruction prennent du retard, lesprojets de bureaux achevés sont vendusavec beaucoup de difficultés.

Manyata Tech Park

Manyata Tech Park, construit par legroupe immobilier Embassy situé dans la

périphérie nord de la ville, est un parc

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d'activités de 4 000 m² qui accueille desfirmes comme IBM, Nokia Networks,

Philips, Alcatel-Lucent.

2.3. De la métropole à la région urbaine

La croissance démographique et la nouvelle géographie des activités économiques sont àl'origine de l’évolution vers une structure polycentrique de l’air e urbaine . Lephénomène de diffusion des activités tertiaires en grande périphérie a coïncidé avec ledépart d’une partie des activités industrielles qui se concentraient historiquement dansl’ouest de la ville, sous l’effet conjugué de la hausse de la pression sur le foncier, desrèglements d’urbanisme et des lois environnementales (carte n°1). Le coût du foncier lescontraint généralement à se réinstaller plus loin que les zones tertiaires, voire à sedesserrer vers de plus petites villes du Karnataka et de l’État voisin du Tamil Nadu. Parailleurs, se développent de nouvelles centralités, situées en dehors du centre historiquedual City-Cantonment, en réponse à l’allongement des distances et encore plus des tempsde parcours, du fait de la saturation des axes routiers (Grondeau, 2009).On parle dorénavant d’une région urbaine , transition prise en compte par les acteurspolitiques et administratifs qui dotent Bangalore des instruments de gestion d’une villeinsérée dans la mondialisation : schéma directeur d’aménagement (Master Plan 2015)conçu par un consultant étranger [7] en 2007 (Halbert & Halbert, 2007), suivi d’un schémade développement régional, triplement de la surface de la municipalité (de 226 km² à 716km²) avec la création du Greater Bangalore en 2007 afin d’assurer une meilleure maîtrisedu développement urbain (carte n°1). Toutefois ces instruments sophistiqués ne setraduisent pas vraiment dans le quotidien de la gestion municipale. En Inde, singulièrementen ce qui concerne la gouvernance urbaine, l’appareil réglementaire et législatif existe maissa mise en œuvre est limitée, faute de volonté politique, de capacité administrative, decoordination à tous les niveaux ; cette inertie est en outre confortée par la corruption, elleaussi présente à tous les niveaux (Zerah, 2010).

3. Les nouveaux paysages de la croissance : la technoburb de

Whitefield

3.1. Une réserve d’espace en périphérie valorisée p ar des initiatives

publiques et privées

Whitefield se trouve à l’est de Bangalore,à plus de vingt kilomètres du centrehistorique (carte n°1). Ce lieu-dit autoponyme d’époque coloniale est situéau-delà des larges emprises militaires quis’étendent à l’est du Cantonment,auxquels succèdent un aéroport actifjusqu’en 2005 et des townships industriels(aéronautique, armement, tels que celuide l’ISRO visible sur la carte ci-desous). À

la fin du XIXe siècle, un groupe de

Témoignages de résidents sur le

passé colonial de Bangalore

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chrétiens indiens était venuvolontairement s’y installer encommunauté, à l'écart de la ville,contribuant à donner à cet espace l’imaged’un lieu isolé. D’ailleurs, il s’agissait

jusqu’aux dernières années du XXe siècled’un paysage à dominante rurale, avecdes terrains agricoles aux rendementspeu intéressants : des cocoteraies, desterrains de parcours pour des troupeauxet un peu d’agriculture irriguée autour deslacs.

Voir six vidéos sur le site NeighbourhoodDiaries (en anglais)

Whitefield constituait donc une réserve d’espace en périphérie. Cet espace présentaitaussi l’avantage d’être bien relié à Bangalore par des axes de transports majeurs, qui ontfait l'objet d'améliorations au cours des années 1980-1990 : route de l’aéroport au sud, OldMadras road au nord. Cette réserve a été intégrée à la métropole par les processusd'internationalisation et de tertiarisation de l’économie bangaloréenne. Deux initiatives degrande ampleur ont permis d’opérer ce tournant :

En 1984, l’agence du gouvernement du Karnataka pour le développement industriel(KIADB) y acquiert 159 hectares, puis de nouveau plus de 110 ha en 1993.L’ensemble est labellisé « Export Promotion Industrial Park » (EPIP) en 1994. Lesentreprises peuvent s’installer en louant à bail de vastes parcelles viabilisées où uncertain nombre d’avantages et d’exemptions leur sont offerts à condition que leurproduction soitt destinée à l’exportation (Heitzman, 2004, p.192).

Suite à cette initiative publique, enpartenariat avec le gouvernementrégional, un consortiumd’entreprises privées indiennes etsingapouriennes se forme pour créerun parc d’activités offrant électricité24 h sur 24, connectivité grâce à destélécommunications par satellite etimmeubles de bureaux« plug-and-play » en partie sur lesterrains de l’EPIP. Cet ensembleinauguré en 2000 sous le nomd’International Technology ParkBangalore rencontre un succèsimmédiat en dépit de l’éloignementet marque le début de latransformation de Whitefield enterritoire technopolitain. L’ensemblea été converti en Zone EconomiqueSpéciale (SEZ) en vertu de la loi de2005. Ses tours de bureaux, que l’onsurvolait jusqu’en 2005 avantd’atterrir sur l’ancien aéroport

L'ITPB : le centre commercial

destiné aux salariés

Voir aussi la brochure publicitaire del'ITPB publiée par le groupe singapouriend'immobilier d'entreprise, Ascendas.

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international, sont un des symbolesdu « Silicon Plateau », dont la photoapparaît volontiers sur les supportsde communication officiels ou privés.

Réalisation : H. Rouanet, 2014(cliquer ici pour une meilleure résolution)

Le développement de ce parc d’activités rapidement suivi par l'installation de campusd’entreprises en quête de terrains peu chers a bouleversé le paysage de Whitefield à partirdu milieu des années 2000. Dans un contexte global de forte croissance des activités liéesau secteur IT, et d’accélération des délocalisations d’activités informatiques, les promoteursimmobiliers sont incités à construire en masse, soutenus par l’afflux d’investissementsinternationaux. De très vastes opérations immobilières sont mises en chantier sur ce quin’était que des vergers, des palmeraies, des champs et des friches industrielles à perte devue. Il s’agit, pour l’essentiel, de créer de grands immeubles de bureaux (technoparks), decomplexes résidentiels fermés (gated communities) et de centres commerciaux (shoppingmalls). À cet égard, on peut parler de l’enclave comme outil d’urbanisation (Varrel,2010).

3.2. Paysages de la technoburb

Cette frénésie de la fin des années 2000 agénéré une ambiance de « Far East »dans Whitefield : pour accéder à telcampus à partir des axes principaux, ilfaut emprunter des routes encore nonviabilisées qui sont défoncées par lepassage des engins de chantier, descamions, des bus acheminant le

Fermeture du paysage urbain

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personnel des entreprises, soulevant unepoussière considérable. Les projetsimmobiliers sont généralement entouréspar un mur et protégés par un dispositif desurveillance. Même les terrains nonconstruits sont désormais clos, unepratique que l'on retrouve dans lespériphéries métropolitaines convoitéespartout en Inde. Généralisation del’urbanisme d’enclave et spéculationfoncière empêchent ainsi d’embrasserd’un seul coup d’œil le paysage deWhitefield. Sans cesse, le regard seheurte à la clôture d’une résidencecossue, aux palissades de tôles quiprotègent les chantiers de construction, àun mur de briques sur lesquels s'affichentles disputes foncières. Le paysage seferme , se dissimule et se révèleseulement à celles et ceux qui peuvents’en garantir l’exclusivité.

Clôture signalant l’un des nombreux casde litiges fonciers à Whitefield.

À l'intérieur des enclaves, une fois les clôtures franchies, les gardiens passés, on cheminele long d’allées rectilignes, bordées de bougainvillées et de petites maisons uniformes. Latour qui surmonte le clubhouse (bâtiment collectif qui sert aux loisirs et activités sportivesdes résidents) évoque le clocher d’une église hispano-californienne. Le silence contrasteavec le brouhaha des bords de routes. On n’entend que les enfants, qui chahutent sur lescourts de tennis ; aux heures chaudes de la journée, on ne voit que les employé(e)s demaison et les jardiniers qui entretiennent les pelouses verdoyantes. Dans les campus, toutest aussi calme et verdoyant, si ce n'est le vrombissement constant de la climatisationnécessaire au refroidissement des bureaux et surtout celui des énormes groupesélectrogènes qu’impose la fourniture défaillante en électricité.

Entre ces enclaves et le front d’urbanisation avançant depuis l’ouest, s’est opérée demanière plus diffuse et non coordonnée une densification du bâti le long des axes routiers,dans et autour des villages et bourgades des environs (Savin, 2006). Progressivementl'enclave excentrée est ainsi intégrée au tissu urbain de la région urbaine. Il est d’ailleursprévu de construire à Whitefield le terminus de la ligne de métro aérien en construction.

3.3. Shantiniketan : un grand projet multifonctionn el au cœur de

Whitefield

Prestige Shantiniketan marque un tournant dans la manière dont la ville est construite àWhitefield et à Bangalore. Le passage à un urbanisme d’enclave d’une nouvelle ampleur etde nature différente est l'oeuvre d'un acteur privé, le groupe Prestige . Cette entreprisede promotion immobilière, la plus grande de Bangalore, s’est lancée seule dans la créationex nihilo d’un espace de type urbain destiné à être multifonctionnel (mixed use) etautonome. La mise en place financière, foncière et la réalisation architecturale du projets’est étalée sur près d’une décennie, signe de la nouveauté et des difficultés rencontrées.

Prestige Shantiniketan, la production d'une immense enclave privée

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Localisation au sein de la

technoburb

Situé à 22 km à l'est du centre-ville, à 35km au sud du nouvel aéroport

international, Shantiniketan est entouré deparcs technologiques.

Une enclave multifonctionnelle

Activités économiques dans le croissant,appartements dans les tours à

l'arrière-plan et services d'accueilvoisinent au sein de cet ensemble intégré.

Source : Prestige constructions

Pour une visite virtuelle, consulter la vidéopromotionnelle du groupe Prestige quidonne à voir un "non-lieu" (Marc Augé,

1992)

Le site en 2002 : une frange à

dominante agricole

Le site en 2014 : un espace

urbanisé

Source : Google Earth

Pour voir le site construit, aller sur lefichier .kmz du globe virtuel

(12°59'30.04"N et 77°43'50.06"E). Datedes images satellite : 26 février 2014

Les négociations avec le propriétaire foncier, entamées au début des années 2000,aboutissent finalement en 2005 : le promoteur annonce alors la construction d’ungigantesque township intégré de 13 ha, comptant 2 800 appartements (30 tours), unvaste immeuble de bureaux, un hôtel de luxe et un centre commercial. Comme pour lamajorité des grands projets immobiliers, le promoteur n’a pas acheté le foncier, seulementles droits de développement. Le propriétaire est associé à l’élaboration du projet parl’intermédiaire d’une de ses entreprises et reçoit un certain nombre d’appartements en

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compensation. Ce propriétaire est un homme d’affaire fortuné et très influent : distributeurrégional des bières Kingfisher, membre de la chambre haute du Parlement (Lok Sabah) etgrand propriétaire foncier à Whitefield. La taille imposante du projet pose des difficultéspour le financement des travaux : il faut d’abord trouver les fonds suffisants, alors que lesbanques pratiquent des taux d’intérêts très élevés. Prestige emprunte donc à 17 Indiensfortunés basés à Dubaï et privilégie la vente sur plan, qui oblige les futurs occupants deslogements à payer à chaque étape de la construction. Le projet a été achevé en 2010.

Shantiniketan à la fois illustre, accompagne et renforce la tendance générale vers unvéritable fonctionnement polynucléaire de l’aire urbaine . Les actifs de ces polaritéséconomiques excentrées résident de plus en plus souvent à proximité, ce qui s’expliquenotamment par l’augmentation continue du trafic routier, conséquence de la croissancedémographique et de l’adoption de nouvelles pratiques de déplacements par descatégories sociales aisées (achat de voiture individuelle dont les prix baissent)elles-mêmes de plus en plus nombreuses. Ces choix résidentiels sont accompagnés parles divers acteurs : de nombreux établissements scolaires, magasins, restaurants ontdésormais plusieurs succursales ou antennes dans différentes parties de la ville. Uneenclave comme Shantiniketan – d’autres sont apparues dans le même temps dansd’autres parties de la région urbaine - ne fait que pousser plus loin cette logique centripèteà l’œuvre au sein de la région métropolitaine.

Conclusion

Bangalore est une métropole à la trajectoire géo-historique originale. La ville s’est de plusillustrée depuis trente ans comme lieu emblématique du boom du secteur des nouvellestechnologies en Inde, réussite qui a suscité l’émulation à Hyderabad, Chennai, Poona...,mais aussi déchaîné les intérêts spéculatifs les plus divers. Seule la crise financièreinternationale à partir de 2009-2010 a créé une pause dans ces dynamiques spéculatives :tandis que les chantiers de construction prenaient du retard, faute de liquidité financière,les projets de bureaux achevés se sont vendus avec difficulté. Les promoteurs locaux ontdû baisser les prix (de 10 à 20 % selon les gammes de projets) et redoublé de campagnespublicitaires pour séduire les ménages hésitants. Toutefois, la situation fut moinscatastrophique qu’à Delhi et Mumbai où les valeurs foncières nettement supérieures onteffrayé les banques et les investisseurs étrangers. Même pendant cette période deralentissement de la croissance économique indienne, le marché immobilier bangaloréen acontinué à profiter de la croissance de l’emploi dans le secteur informatique. La situations’améliore globalement depuis 2013-2014 : les bonnes performances de l’économienationale se conjuguent à l’espoir de voir s’accomplir les promesses du gouvernementModi. Pour autant, le taux de croissance démographique de Bangalore depuisl’Indépendance reste dans l’ensemble similaire à celui de l’ensemble des grandes villesmultimillionnaires du pays. Et Whitefield est rêvée, de l’aveu même de certains acteursprivés, comme une réplique de moindre ampleur de Gurgaon, la ville construite depuistrente ans par DLF, le plus grand promoteur du pays, à une heure au sud de Delhi. Cetarticle propose donc une étude de cas située et singulière mais évoque des dynamiques etdes défis communs à l’ensemble des régions urbaines indiennes et au-delà.

Notes

[1] La ville a été rebaptisée Bengaluru en 2006, mais nous gardons ici le toponyme colonialcar il est très proche.

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[2] En 2007, le gouvernement du Karnataka a étendu les limites de l'agglomération. Lanouvelle municipalité (Bruhat Bengaluru Mahanagara Palike) administre désormais unterritoire de 741 km2 appelé Greater Bangalore. La Bangalore Metropolitan Area, c'est-à-dire la zone soumise à la juridiction de l'agence en charge de la préparation du pland'aménagement régional (Bangalore Development Autorithy) est plus vaste (1 279 km2) etde formation plus ancienne (1984). La BMA comprend l'unité urbaine du Greater Bangaloreet un pourtour plus rural où les développements non-agricoles sont théoriquement interdits.Voir la carte de l'agglomération de Bangalore.

[3] Initialement les Britanniques avaient établi leurs troupes près de l’ancienne capitaleSrirangapatnam, à plus basse altitude, mais la forte mortalité liée aux « fièvres »(paludisme) les incita rapidement à chercher un meilleur site.

[4] Les tanks sont des lacs en partie artificialisés qui servent de réservoirs notamment pourl'irrigation. Pour l’évolution du rôle, des paysages et de la façon dont sont perçus ces plansd’eau, voir Varrel, 2008.

[5] Pour plus de détails, voir Leducq, 2010, 2013.

[6] Cette comparaison est établie de manière détaillée notamment dans The NewArgonauts (2006) de AnnaLee Saxenian.

[7] Le bureau d'études français SCE - CrecOcéan a travaillé durant 5 ans (2002-2007) surle projet.

Pour compléter :

Ressources bibliographiques

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(dir) La grande ville : enjeu du XXème siècle. Mélanges en hommage à Jean Bastié,Paris : Presses Universitaires de France, pp.279-290.Didelon Clarisse, 2003, « Bangalore, ville des nouvelles technologies »,Mappemonde, n°70, pp.35-40.Dupont Véronique, 2010, « Urbanisation ». In Landy F. (dir.) Dictionnaire de l’Indecontemporaine, Paris : Colin, pp. 509-511.Glaeser Edward L., 2010, "Making Sense of Bangalore", Center for Policy Research,30 p.Grondeau Alexandre, 2009, « Cluster TIC et dynamiques urbaines à Bangalore : deslogiques antagonistes destructrices de compétitivité ? », NETCOM, vol.23(3-4), pp.245-262Halbert Audrey, Halbert Ludovic, 2007, « Du "modèle" de développementéconomique à une nouvelle forme de gouvernance métropolitaine ? Mondialisation,TIC et transformation urbaine à Bangalore », Métropoles, vol.1 (2), pp.27-62.Halbert Ludovic, Rouanet Hortense, 2014, “Filtering Risk Away: Global FinanceCapital, Transcalar Territorial Networks and the (Un) Making of City-Regions: AnAnalysis of Business Property Development in Bangalore, India”, Regional Studies,vol.48(3), pp. 471-484.

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de deux photos de rues du cantonment.

Varrel Aurélie, 2008, « Les lacs de Bangalore. Éléments de lecture de la Garden Citydu Sud de l’Inde », Géographie et cultures, n°62.Zerah Marie-Hélène, 2010, « Une "Vision Mumbai" pour transformer la ville ou ladifficulté à (re)penser la gouvernance métropolitaine », EchoGéo, 10.

Ressources webographiques

e-geopolis, base de données statistiques sur les aires urbaines mondialesBangalore Development Authority, l'organisme de planification urbaine dugouvernement du KarnatakaSCE, la société de conseil française qui a conçu le Master Plan Bangalore 2020(description du projet à télécharger à partir du site)India SEZ Politics, le blog de recherche sur les Zones Economiques Spéciales del'Union indienne des chercheurs du Centre de Sciences Humaines de Delhi et duCenter for Policy ResearchITPL, le site de l'International Tech Park et de la SEZ de BangaloreManyata Tech Park, le site du parc Manyata du groupe immobilier EmbassyPrestige constructions, le site du groupe immobilier Prestige qui a construit PrestigeShantiniketanet les pages sur Prestige Shantiniketan Infosys, le site de l'entreprise bangaloréenne de SSII

Aurélie VARREL,

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chercheuse à l'Institut Français de Pondichéry (MAE-CNRS),chercheuse associée au Centre d'Etudes de l'Inde et de l'Asie du Sud (UMR 8564,

CNRS-EHESS)[email protected],

Hortense ROUANET,doctorante en aménagement et urbanisme à l’Université Paris-Est, UMR LATTS,

ingénieure d’études, projet ANR Finurbasie,[email protected]

conception et réalisation de la page web : Marie-Christine Doceul,

pour Géoconfluences, le 6 mars 2015

Pour citer cet article :

Hortense Rouanet, Aurélie Varrel, « De Bangalore à Whitefield : trajectoire et paysagesd’une région urbaine en Inde », Géoconfluences, 2015, mis en ligne le 24 mars 2015URL : http://geoconfluences.ens-lyon.fr/informations-scientifiques/dossiers-regionaux/le-monde-indien-populations-et-espaces/articles-scientifiques/de-bangalore-a-whitefield

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