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R R E E V V U U E E D D E E S S E E T T U U D D E E S S T T A A R R D D O O - - A A N N T T I I Q Q U U E E S S Histoire, textes, traductions, analyses, sources et prolongements de l’Antiquité Tardive (RET) publiée par l’Association « Textes pour l’Histoire de l’Antiquité Tardive » (THAT) ANNEE ET TOME II 2012-2013

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Page 1: DDEESS EETTUUDDEESS TTAARRDDOO ......Lodovico Dolce (1508-1568) à Venise en 154619. Dans l’épître dédicatoire de cette version, réalisée sur la latine de Della Croce20, le

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Histoire, textes, traductions, analyses, sources et prolongements de l’Antiquité Tardive

(RET)

publiée par l’Association « Textes pour l’Histoire de l’Antiquité Tardive » (THAT)

ANNEE ET TOME II 2012-2013

Page 2: DDEESS EETTUUDDEESS TTAARRDDOO ......Lodovico Dolce (1508-1568) à Venise en 154619. Dans l’épître dédicatoire de cette version, réalisée sur la latine de Della Croce20, le

REVUE DES ETUDES TARDO-ANTIQUES

REVUE DES ETUDES TARDO-ANTIQUES (RET)

COMITE SCIENTIFIQUE INTERNATIONAL

Nicole Belayche (École Pratique des Hautes Études, Paris), Giovanni de Bonfils (Università di Bari), Aldo Corcella (Università della Basilicata), Raffaella Cribiore (New York University), Kristoffel Demoen (Universiteit Gent), Elizabeth DePalma Digeser (University of California), Leah Di Segni (The Hebrew University of Jerusalem), José Antonio Fernández Delgado (Uni-versidad de Salamanca), Jean-Luc Fournet (École Pratique des Hautes Études, Paris), Geoffrey Greatrex (University of Ottawa), Malcom Heath (University of Leeds), Peter Heather (King’s College London), Philippe Hoffmann (École Pratique des Hautes Études, Paris), Enrico V. Maltese (Università di Torino), Arnaldo Marcone (Università di Roma 3), Mischa Meier (Uni-versität Tübingen), Laura Miguélez-Cavero (Universidad de Salamanca), Claudio Moreschini (Università di Pisa), Robert J. Penella (Fordham University of New York), Lorenzo Perrone (Università di Bologna), Claudia Rapp (Universität Wien), Francesca Reduzzi (Università di Napoli « Federico II »), Jacques-Hubert Sautel (Institut de Recherche et d’Histoire des Textes, Paris), Claudia Schindler (Universität Hamburg), Antonio Stramaglia (Università di Cassino).

COMITE EDITORIAL

Eugenio Amato (Université de Nantes), Jean Bouffartigue (Université de Paris X-Nanterre), Jean-Michel Carrié (École des Hautes Études en Sciences Sociales, Paris), Pierre Jaillette (Uni-versité de Lille 3), Juan Antonio Jiménez Sánchez (Universitat de Barcelona), Pierre-Louis Ma-losse (Université de Montpellier 3), Annick Martin (Université de Rennes 2), Sébastien Morlet (Université de Paris IV-Sorbonne), Bernard Pouderon (Université de Tours), Stéphane Ratti (Université de Bourgogne), Jacques Schamp (Université de Fribourg).

DIRECTEURS DE LA PUBLICATION

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Peer-review. Les travaux adressés pour publication à la revue seront soumis – sous la forme d’un double anonymat – à évaluation par deux spécialistes, dont l’un au moins extérieur au co-mité scientifique ou éditorial. La liste des experts externes sera publiée tous les deux ans.

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ISSN 2115-8266

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ACHILLE TATIUS ÉDITÉ ET INÉDIT AU XVIE SIÈCLE

* Je tiens à exprimer ma reconnaissance au Professeur Eugenio Amato d’avoir accueilli ce tra-vail pour publication ainsi qu’aux rédacteurs anonymes d’avoir amélioré mon français.

1 ACHILLES TATIUS 1601.2 Cf. PORT 1938, pp. 41, 79 nr. 202.

Abstract: The first readers of Achilles Tatius in Western Europe were theRenaissance scholars who read this novelist in manuscripts. Before the Greek textwas printed (1601), Leucippe and Clitophon appeared in Latin, and in other modernlanguages (Italian, English, and French). In 1544 Achilles Tatius was publishedanonymously and without books I-IV in a Latin version by Annibale Della Croce:this version was made from a manuscript containing the only last four books, thatseems to have been the same as MS 1197 of St Catherine on Sinai (which waswritten by the Cretan scholar Zacharias Calliergis and belonged to the learnedman Giovan Battista Rasario). Then the first complete version was printed in1551 by Francesco Angelo Coccio, Achilles Tatius’ first translator into a modernlanguage. By mid-century other scholars attempted to publish Achilles Tatius’novel but without success (Fulvio Orsini, Henri Estienne). Furthermore, beforethe Greek text was printed, a few selected passages drawn from Achilles Tatiuswere printed in Longus’ editio princeps (1598) by Raffaele Colombani.

Keywords: Achilles Tatius, manuscript tradition, MS Sinait. 1197, Renaissancereception, Latin and Italian versions, Giovan Battista Rasario, Francesco AngeloCoccio, Raffaele Colombani.

Les aventures de Leucippé et Clitophon d’Achille Tatius ont été imprimées audébut du XVIIe siècle : l’editio princeps de ce roman grec publiée ex officina Comme -liniana remonte en effet en 16011. Entreprise par Hieronymus Commelin (1550-1597), célèbre imprimeur d’Heidelberg, et poursuivie à Bâle après sa mort par Ju-da et Nikolaus Bonnenvict (Bonnvitius)2, frères de sa femme, cette édition a été

«RET» 2, 2012-2013, pp. 37-65

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modelée principalement sur un manuscrit actuellement conservé dans la Biblio-thèque du Vatican sous la signature Vat. Pal. gr. 523.

Avant la publication de l’editio princeps, Achille Tatius avait circulé bien sûr sousla forme de beaucoup de copies manuscrites, mais en particulier déjà dans destraductions en latin et en langues modernes publiées plus de cinquante ans avantla princeps : la traduction latine partielle d’Annibale della Croce (Cruceius) deslivres IV-VIII (Bâle 1544)4 suivie d’une version intégrale (Bâle 1554)5 ; la traduc-tion italienne partielle de Ludovico Dolce (livres IV-VIII, Venise 1546)6 et l’inté-grale de Francesco Angelo Coccio (Venise 1551)7 ; celle, anglaise, de WilliamBurton (Londres 1597)8 ; celles, françaises, de François de Belleforest (Paris1568)9 et de Jacques de Rochemore (Lyon 1572)10.

Le roman d’Achille Tatius, et en général le roman grec, avait commencé à cir-culer en Europe sous forme imprimé dans la première moitié du XVIe siècleentre les mains des lecteurs qui, en 1535, pouvaient déjà lire en grec les Éthio-piques d’Héliodore (les aventures de Théagène et Chariclée), le premier romangrec de l’antiquité imprimé11.

Mais l’histoire des premières traductions imprimées est tout de même liée àdes manuscrits produits au XVIe siècle. Pourtant, malgré le grand nombre de tra-ductions, partielles ou non, en latin ou en langue moderne, le texte grec duroman ne paraîtra qu’au début du siècle suivant.

La traduction latine partielle d’Achille Tatius (Bâle 1544), les quatre dernierslivres du roman, est l’œuvre de Luigi Annibale Della Croce (1509-1577)12, secré-taire du Sénat de Milan, poète latin et possesseur d’une « esatta cognitione dellelingue greca, et latina »13. Cette traduction, dédiée à Diego Hurtado de Mendo -

3 VILBORG 1955, pp. LXXVIII-LXXIX.4 ACHILLES TATIUS 1544; sur cette traduction v. ci-dessous.5 ACHILLES TATIUS 1554.6 ACHILLES TATIUS 1546.7 ACHILLES TATIUS 1551; sur cette traduction v. ci-dessous.8 ACHILLES TATIUS 1597.9 ACHILLES TATIUS 1568.10 ACHILLES TATIUS 1572.11 Pour un résumé sur le ‘retour’ des romans grecs v. REEVE 2008, pp. 288-290 (Print runs, rea-

ders and the last manuscripts).12 Della Croce figure comme interlocuteur dans les Forcianae Quaestiones (1535) de Ortensio

Lando, où il est compté avec Giulio Della Rovere [Giulio de Milan] parmi les « urbis Nostrae [scil.Milano] cives clarissimos et alta quadam mente preditos » ; encore dans les Cataloghi de Lando il estdit «milanese poeta et thosco et latino, et huomo di finissimo giuditio». Cf. ROZZO 1976, pp. 95-96.

13 PICINELLI 1670, p. 38.

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za14, ambassadeur d’Espagne à Venise, ne comprend pas le nom du romancier : letraducteur avait à sa disposition un seul manuscrit, sans les quatre premiers livreset donc sans inscriptio et peut-être même sans subscriptio (également absente dans laplus grande partie de la tradition du roman, à l’exception du Vat. gr. 1349, oùdans la subscriptio l’on ne peut lire que les noms des protagonistes). Pour cette rai-son, la première version imprimée du roman d’Annibale Della Croce parut sousla forme d’un grand fragment anonyme, comme l’indique le même titre de cetouvrage: Narrationis amatoriae fragmentum15. Plus tard, renseigné par PhilipArchinto (1495-1558)16, évêque de Saluzzo et nonce apostolique à Venice (1553-1556), de l’existence à Rome d’un manuscrit contenant le roman dans son inté-gralité – comme l’avait aussi signalé Gesner dans sa Bibliotheca universalis (1545)17,imprimée l’année suivante au Narrationis amatoriae fragmentum –, notre traducteurétait en mesure d’achever et de publier la traduction complète du roman quiparut exactement dix ans après (Bâle 1554) la précédente version partielle (revueet corrigée pour l’occasion)18.

Le même sort a été partagé par la version italienne du roman publiée parLodovico Dolce (1508-1568) à Venise en 154619. Dans l’épître dédicatoire decette version, réalisée sur la latine de Della Croce20, le traducteur, qui choisit letitre Dal fragmento d’uno antico scrittore greco, reconnaît que « il presente volumetto èpervenuto alle nostre mani senza il suo principio et senza il suo fine ».

Della Croce dépendait donc d’un manuscrit mutilé, reçu par le savant OttavioFerrario, professeur de grec et latin à Padoue21, et n’était pas en mesure de préci-ser le nom du romancier de ce libellum qu’il avait entre les mains et dont

non solum partem maiorem, verum etiam auctoris nomen desideramus: quamquam, si coniectu-

14 Selon le Memorial de los libros griegos de mano de la librería del Sr don Diego Hurtado deMendoza (c’est un extrait du catalogue de la bibliothèque de Hurtado de Mendoza conservé dans lemanuscrit Egerton 602 de la British Library : il est publié par GRAUX-DE ANDRÉS 1982, pp. 364-379), Hurtado de Mendoza possédait deux manuscrits des romanciers, Achille Tatius et Héliodore(GRAUX-DE ANDRÉS 1982, p. 374 nr. 253 et p. 376 nr. 305)  : sa bibliothèque passa par suite àl’Escorial et, avant de l’incendie (1671), ces manuscrits portaient la signature respectivementVII.Z.4 et I.Γ.6 (cf. RONCALI 2001, p. 361).

15 ACHILLES TATIUS 1544. Cf. JACOBS 1821, pp. XXIII-XXIV.16 ACHILLES TATIUS 1554, p. ai.17 Achilles Statius scripsit libros octo Graece de Leucippes et Clitophontis amore. Extant Romae in Vaticana

bibliotheca (GESNER 1545, c. 2v).18 ACHILLES TATIUS 1554. Cf. JACOBS 1821, pp. XXVI-XXXII.19 ACHILLES TATIUS 1546. Cf. JACOBS 1821, pp. XXIV-XXVI.20 JACOBS 1821, p. XXV.21 Cf. RONCALI 2001, p. 362 n. 4.

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ras sequi volumus, libelli auctor videri possit Clitophon is, sub cuius persona res tota in hiscepostremis libris (sive fabula ea sit, sive historia) explicatur22.

En 1955 Vilborg écrivait: « it is not known from which codex he [scil. DellaCroce] translated the text; none of our MSS contains only the four last books »23.Mais, récemment, cette lacune a été comblée : un manuscrit longtemps négligé aété redécouvert et réévalué. L’examen philologique a établi avec assez de certitu-de que le texte du roman utilisé dans la traduction de Della Croce correspond autexte du manuscrit actuellement conservé dans le monastère de Sainte-Catherinesur le mont Sinaï avec la signature 1197 – ou du moins, si l’on veut être prudent,au texte d’un manuscrit identique jusqu’à présent perdu24.

Tout simplement le Sinaiticus 1197, parce que anépigraphe et mutilé, et peut-être aussi conservé dans un lieu excentrique, n’a été mis contribution dans laconstitutio textus d’Achille Tatius que récemment, bien qu’il fût déjà connu pourson contenu au moins à compter de l’an 1886, quand Viktor Gardthausen – surl’indication de Hermann Justus Lipsius, le célèbre auteur de Das Attische Recht undRechtsverfahren – avait signalé dans le Catalogus codicum Sinaiticorum que l’ouvrageklhtofw'nto" [sic] tou' rJhvtoro" (comme le rapporte l’annotation, dans la feuillede garde du manuscrit, qui rappelle les mots de Della Croce mentionnés ci-des-sus) n’était rien d’autre que les livres V-VIII du roman d’Achille Tatius25. Ce ma-nuscrit avait néanmoins échappé à l’auteur de la première édition critique moder-ne du roman, Ebbe Vilborg en 1955, et l’identification exacte du texte grec dansle Sinaiticus était encore négligée par ceux qui s’étaient occupés de manuscrits duSinaï26. Presque un siècle après l’identification dans le catalogue de Gardthausen,ce témoin manuscrit a été redécouvert dans un essai de D. Hagedorn et L. Koe-nen (1970) qui présente un vaste examen du texte du Sinaiticus qui a permis de re-connecter fermement ce manuscrit à un moment particulier de la tradition du ro-man au XVIe siècle : à savoir la première traduction partielle en latin de DellaCroce (1544)27. Le manuscrit sera utilisé pour la première fois dans la constitutiotextus du roman par J.-Ph. Garnaud en 1993.

22 ACHILLES TATIUS 1554, p. 4.23 VILBORG 1955, p. LXXV.24 J’ai pu avoir une reproduction sur microfiches de ce manuscrit grâce à la courtoisie de

Jacques-Hubert Sautel (IRHT, Paris) auquel va toute ma gratitude.25 GARDTHAUSEN 1886, pp. 245-246 (« Hunc librum re vera Achillis Tatii esse monuit J. H.

Lipsius»).26 Que ce soit le roman d’Achille Tatius n’est pas indiqué, par exemple, par la Checklist dans

CLARK 1953, p. 11 (« Clitophon Rhetor »), et pas même dans KAMIL 1970, p. 136 nr. 2097(« Klitophon the Orator »).

27 HAGEDORN-KOENEN 1970.

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Quant à l’étude de Hagedorn et Koenen, nous pouvons ajouter ici un autreélément qui peut aider à insérer dans son contexte le manuscrit du Sinaï et àmieux le situer dans l’histoire du texte d’Achille Tatius au XVIe siècle. En effet, lescribe du Sinaiticus, non identifié dans l’étude de Hagedorn et Koenen, ainsi quedans l’édition de Garnaud, a un nom précis, signalé pour la première fois parMichael Reeve dans une note au bas de la page dans son édition du roman deLongus (1982)28. Cette identification de M. Reeve est restée malheureusementnégligée et oubliée par les répertoires modernes et les études sur les romanciersgrecs en général et sur la tradition d’Achille Tatius en particulier  : le scribe duSinaiticus est le savant crétois Zacharias Calliergi (ca. 1470/3 - après 1524). Sonécriture est facilement reconnaissable avec ses traits particuliers, même au pre-mier regard (écriture claire et disciplinée, peu d’abréviations)29. Le Sinaiticus 1197doit donc faire partie des manuscrits écrits, entièrement ou partiellement, parCalliergi30: cette attribution contribue peut-être peu à la figure du Crétois, maiselle est très importante pour l’histoire et la fortune du texte d’Achille Tatius, etdes romans grecs, au XVIe siècle.

Parmi les nombreux manuscrits écrits par Calliergi, en effet, le Sinaiticus n’estpas le seul à contenir un roman grec, car il y a un manuscrit de la BibliothèqueVaticane (qui malheureusement a échappé à l’attention des rédacteurs duRepertorium der griechischen Kopisten), un témoin très important dans la traditionmanuscrite du roman de Longus, le Vat. gr. 1348, partiellement écrit par cesavant  : cette proposition d’identification avancée par Aristide Colonna31, il y aplus de soixante ans, a été confirmée par Paul Canart, qui « riconosce interventidel Calliergi anche nella parte riguardante Longo e conclude che le due partidell’attuale manoscritto composito furono copiate sotto la direzione del celebrescriba e tipografo cretese »32 (dans le Vat. gr. 1348 la main de Calliergi s’arrête auf. 169v). Il y a donc deux manuscrits – au moins à l’état actuel de nos connais-sances – de romanciers attribuables, entièrement ou en partie, à la main deCalliergi.

Pour revenir au Sinaiticus, il n’est pas possible de dire en quelle année et où

28 REEVE 1994, p. VIII n. 7.29 Sur Zacharias Calliergi v. GEANAKOPLOS 1967, pp. 239-265 et  la mise à jour d’AGATI

2009  (avec bibliographie)  ; sur son écriture v. BERNARDINELLO 1979, p. 63 nr. 56, etELEUTERI–CANART 1991, pp. 104-106 nr. XXXVII.

30 Voir les manuscrits recensées dans les volumes du Repertorium der griechischen Kopisten, écrits,entièrement ou en partie, par Zacharias Callierges: RGK 1, nr. 119; RGK 2, nr. 156; RGK 3, nr.197.

31 COLONNA 1940, p. 64 n. 1.32 GUIDA 1981, p. 4 n. 16.

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Calliergi l’avait copié, mais il n’est pas improbable que ce témoin d’Achille Tatiusa été écrit en Vénétie. En effet, une première circulation de ce manuscrit doitavoir eu lieu juste dans la région de la Vénétie, pour autant que nous pouvons ledéduire d’un possesseur qui y a laissé sa trace. Sur la première feuille du romandans le Sinaiticus (f. 1r selon une numérotation plus récente), dans la marge dedroite, on lit très distinctement, écrit d’une façon calligraphique et en grandscaractères, le nom RasariusJ (voir fig. 1). L’indication, négligée par ceux qui ontexaminé le Sinaiticus, fournit un élément supplémentaire à l’histoire de ce témoin.Il est possible d’identifier avec une bonne certitude ce Rasarius avec le médecin etphilosophe Giovanni Battista (Giovanbattista, Giambattista, Ioannes Baptista)Rasario33.

Né à Valduggia (dans le Piémont) en 1517 et mort à Pavie en 1578, Rasario aétudié à Pavie, et après son sejour à Milan, où il avait poursuivi ses études etobtenu la chaire de langue grecque, « fu indi chiamato a Venezia, ove per 22 annifu Professore di Lettere Greche e Latine con gran concorso di uditori, e confama di non ordinaria eloquenza »34. Il avait par la suite quitté Venise pour allerenseigner l’éloquence à Pavie de 1574 jusqu’à sa mort. Il a également joué un rôleimportant dans les premières acquisitions de la bibliothèque de l’Escurial35. Onpeut supposer que le Sinaiticus a abouti dans ses mains pendant son séjour àVenise qui a duré plus de vingt ans.

Justement, dans les collections de l’Escorial nous pouvons trouver quelquesmanuscrits appartenant à Rasario. C’est le cas du Scorial. R.I.16 (XVIe siècle,Argonautiques d’Apollonios de Rhodes) ou du Scorial. S.III.21 (XVIe siècle,Grammaire de Théodore Gaza) qui dans la marge supérieure du f. 1r portent lenom Rasarius36. Sur la base de ces données, nous pouvons retenir qu’il avait l’ha-bitude d’écrire son nom sur la première feuille des manuscrits en sa possession.

33 Pour Rasario, il nous manque un profil bio-bibliographique fiable : les informations peuventêtre obtenues à partir de GHILINI 1647, p. 142  ; COTTA 1701, p. 164 (avec liste des ouvrages)  ;TIRABOSCHI 1784, pp. 72, 442 ; AUDISIO 1919 ; KRISTELLER 1960, pp. 106-107 ; COSENZA 1962,pp. 3004-3005 ; PIETROBELLI 2009, pp. 98-106 ; SAVINO 2009, pp. 189-194.

34 TIRABOSCHI 1784, p. 442.35 GRAUX-DE ANDRÉS 1982, p. 349.36 Pour ces deux manuscrits v. REVILLA 1936, p. 64 nr. 16 et p. 392 nr. 120; GRAUX-DE

ANDRÉS 1982, pp. 135, 146 n. 39, 542 nr. 20. Cette enquête devrait être étendue à d’autres biblio-thèques. Je viens seulement de constater qu’en outre Rasario s’avait servi de la BibliothèqueMarciana en 1555, quand il avait obtenu en prêt à son nom quelque manuscrit ayant appartenu aucardinal Bessarion (CASTELLANI 1896-1897, p. 358 ; cf. ROSE 1973, p. 94 n. 214), comme le Marc.gr. 263 (moitié du XVe siècle  ; cf. MIONI 1981, pp. 378-380), le Marc. gr. 307 (XIIe siècle  ; cf.MIONI 1985, pp. 14-15) et le Marc. gr. 518 (moitié du XVe siècle ; cf. MIONI 1985, pp. 386-387).

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ACHILLE TATIUS ÉDITÉ ET INÉDIT AU XVIE SIÈCLE 43

Cette donnée nous autorise donc à déduire que le Sinaiticus d’Achille Tatius étaitdéjà mutilé quand il est arrivé dans la bibliothèque de Rasario, à savoir dans lesmêmes conditions où ce manuscrit est aujourd’hui : sans la partie initiale et doncpeu facilement identifiable par son contenu.

On peut rapporter encore à la région vénitienne la première traduction enlangue moderne (italien) et complète d’Achille Tatius  : elle a été imprimée àVenise en 155137 (voir fig. 2), c’est à dire l’année avant l’arrivée de Rasario danscette ville. L’auteur de cette version38 est le savant Francesco Angelo Coccio, ori-ginaire de l’Ombrie, auquel on attribue non seulement le mérite d’avoir publié lapremière traduction complète du roman, mais aussi d’avoir attribué l’ouvrage àson auteur, Achille Tatius, et par surcroît sous la forme correcte Tatio, au lieu deStazio jusque-là utilisée : les histoires d’amour de Leucippé et de Clitophon, eneffet, n’avaient été imprimées que sous forme partielle et anonyme.

Ce traducteur n’est pas parmi les plus connus dans la res publica literarum duXVIe siècle, mais il n’est pas si obscur : bien que nous n’ayons pas beaucoup d’in-formations sur sa vie et ses activités, nous pouvons tout de même affirmer queFrancesco Angelo Coccio devait être bien sûr un savant d’une certaine importan-ce dans le contexte de ce ‘cercle’ qui tournait autour de l’humaniste PierreArétin39.

Et pour donner une idée du rôle important de Coccio dans le milieu culturelvénitien on peut citer ici les références faites à sa personne par ceux qui font par-tie du même milieu. Coccio est défini par Lodovico Doni, son collègue àl’Académie des Pellegrini, « ingegno nobile »40 ; par Niccolò Franco (secrétaire del’Arétin à Venise) «  dotto in greco e in latino »41 ; par l’Arétin même il est dit« filosofo »42, « erudito »43, bon connaisseur de « lo idioma dei Greci, dei Latini edei Toscani »44. Précepteur à Padoue et Venise, auteur de quelques poèmes45, il

37 ACHILLES TATIUS 1551. Parfois, cette traduction est citée avec la date de 1550 : à la fin duvolume (c. 114v) nous lisons  : « Il fine de gli otto libri d’Achille Tatio Alessandrino, tradotti perFrancesc’Angelo Coccio da Iano, et nuovamente stampati da Piero et fratelli de Nicolini da Sabioin Venetia MDL », mais dans le frontispice, après la marque typographique, figure l’année MDLI.

38 Ce sont les dates de rééditions de cette version à partir du XVIe jusqu’au XIXe siècle  :Venise 1560, 1563, 1568, 1578, 1608, 1833; Florence 1598, 1617; Trévise 1600, 1601; Crisopoli1803, 1814.

39 Pour Francesco Angelo Coccio v. PROCACCIOLI 1989, et BENEDETTI 2001.40 A.F. DONI, I cicalamenti della Zucca, Tavola, 10, 11 (dans DONI 2003, p. 29).41 N. FRANCO, Il Petrarchista, sonnet 99, 8 (dans FRANCO 1979).42 P. ARETINO, ep. 211 (dans ARETINO 1999, p. 204).43 P. ARETINO, Ternali 2.222 (dans ARETINO 1992, p. 281).44 P. ARETINO, Ragionamento de le corti, partie II (dans ARETINO 1995, p. 107).45 Ces poèmes sont recueillis par PROCACCIOLI 1989, pp. 403-409.

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est mieux connu pour ses traductions : outre Achille Tatius, la version italiennede Cebete Thebano46 (1538) et de l’Institutio principis christiani d’Erasme deRotterdam47 (1539) – par contre, il est plutôt douteux qu’il soit l’auteur de la ver-sion italienne, imprimée en 1544 et traduite du français, du dialogue De nobilitatede Henri Corneille Agrippa48.

La traduction d’Achille Tatius de Coccio est précédée par une épître dédica-toire à Silvestro Gigli, «  dignissimo decano di Lucca », sur laquelle nous avonsbesoin de nous arrêter49. Certains passages de cette épître en effet méritent d’êtrecités ici dans leur intégralité, car ils offrent des informations intéressantes nonseulement sur la traduction, elle-même, mais aussi sur l’évaluation littéraired’Achille Tatius à l’époque, ainsi que sur la réception du roman au XVIe siècle.

Et volendo mandare ad essecutione questo mio desiderio50, mi diedi a pensare, etdipoi a cercar se fra i greci auttori, di quei dico che nelle stampe non siano publi-cati, alcuno se ne ritrovasse che nella latina, o nella nostra lingua non fosse statoinsino a quest’hora tradotto. In ultimo per opra di M. Giorgio ComicorinthioMonembasiense, huomo non meno di nobilissima famiglia, che di alto ingegno, etdi acuto giudicio, et che di molti scrittori, i quali non sono cosi noti a ciascuno, hamolta notitia, et con diligenza gli ha letti, et istudiati, mi venne alle mani un vagoet gentile scrittore di amorosi accidenti, del quale appresso di Suida con parole diquesto tenore n’è fatta mentione. «Achille Tatio Alessandrino scrisse dell’amore diLeucippe et di Clitophonte, et d’altri amorosi avenimenti in otto libri. fu egli chri -stiano ultimamente et Vescovo. scrisse ancho della sphera, et della etymologia, etdi varia historia, nella quale fa mentione di molti, et grandi, et mirabili huomini. ilsuo stile in tutte le opere è simile a quello, col quale ha trattato le cose amorose»51.

46 CEBETE 1538. Sur cette édition v. CASALI 1861, pp. 72-78, et BENEDETTI 2001.47 ERASMO 1539. Sur cette édition v. CASALI 1861, pp. 105-108; PROCACCIOLI 1989, pp. 389-

390, 410-411.48 AGRIPPA 1544. Sur l’attribution à Coccio (faite par HAYM 1728, p. 143 nr. 3, qui se fonde

sur des témoignages inconnus) de la traduction du De nobilitate restent fortes réserves  : «  l’unicodebole legame del Coccio con l’opera dell’Agrippa è costituito dalla sua frequentazione diLodovico Domenichi, che tre anni dopo, nel 1547, tradusse dal latino una tra le celebri opere delfilosofo tedesco [scil. Cornelio Agrippa], il De incertitudine et vanitate scientiarum » (GROHOVAZ 2001,p. 87) ; sur cette attribution voir aussi les considérations de PROCACCIOLI 1989, p. 392.

49 ACHILLES TATIUS 1551, cc. *iir-*viiiv (l’épître dédicatoire est reproduite intégralement dansPROCACCIOLI 1989, pp. 411-414); dans la présente transcription est reproduit tel qu’il est le texteimprimé (compris la ponctuation et l’orthographe), avec soin de distinguer seulement le signe de vde u.

50 C’est à dire d’honorer de façon appropriée le dédicataire de l’ouvrage.51 C’est l’article sur Achille Tatius de la Souda : ΔAcilleu;" Stavtio", ΔAlexandreuv", oJ

gravya" ta; kata; Leukivpphn kai; Kleitofw'nta, kai; a[lla ejrwtika; ejn biblivoi" hV.

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Similmente Photio52 ne i commentari, et numeratione che fa de libri, i quali eglihaveva letti53, oltra le altre ne dice queste parole. «Achille Tatio pare che nellalocutione et componimento sia ornato. percioche ella è chiara et significante, etquando usa li traslati, gli usa molto acconciamente. i giri delle sue sentenze per lopiu sono concisi, aperti, et soavi, et col lor suono porgono dilettatione a gli orec-chi. et serba gran similitudine nell’apparecchio et forma delle narrationi con quelledi Heliodoro»54.

En laissant de côté pour l’instant la référence au personnage appelé GiorgioComicorinthio Monembasiense, dont nous dirons quelques mots plus loin, il fautavant tout remarquer que dans le passage cité nous trouvons la première traduc-tion italienne imprimée, à ma connaissance, de l’article dédié au romancier dans lelexique byzantin de la Souda, alors mise sous le nom de Suidas (Xe siècle) et dispo-nible dans l’editio princeps procuré par Demetrios Chalcondyle (Milan 1499) oudans l’édition Aldine (Venise 1514). Il faut en outre souligner à ce sujet que, dansla traduction de « Suidas », Coccio passe sous silence le fait que le romancier estcité dans le lexique sous la forme Stavtio" (que reflète pleinement la tradition de

gevgonen e[scaton cristiano;" kai; ejpivskopo". e[graye de; Peri; sfaivra" kai; ejtumo-logiva", kai; ÔIstorivan suvmmikton, pollw'n kai; megavlwn kai; qaumasivwn ajndrw'nmnhmoneuvousan. oJ de; lovgo" aujtou' kata; pavnta o{moio" toi'" ejrwtikoi'" (a 4695, vol. I,p. 439, 22-27 Adler).

52 On peut ajouter ici que le nom de Photio est écorché en Plotio dans la réimpression vénitiennede la traduction en 1563 (ACHILLES TATIUS 1563, p. Avr) et donc en Plotino dans la transcriptionfourni par PAITONI 1766, p. 3, s.v. Achille Tazio.

53 « Commentari, et numeratione che fa de libri, i quali egli haveva letti » est une façon de dési-gner la Bibliothèque qui semble reproduire la inscriptio des manuscrits de Photios (ajpografhv kai;sunarivqmhsi" tw'n ajnegnwsmevnwn hJmi'n biblivwn), traduit par Gesner avec Descriptio et enu-meratio authorum, quotquot ipse legerat (GESNER 1545, c. 562r); pour le titre de la Bibliothèque v. DILLER1962, p. 395 ; CANFORA 2001, pp. 159-162 ; et sur les traductions du titre pendant les siècles XVIe

et XVIIe v. LOSACCO 2003, pp. 143-144 et n. 120, et CARLUCCI 2012, pp. 125-127.54 ACHILLES TATIUS 1551, cc. *iiiiv-*vv. Ci-après le texte du chapitre 87 sur Achille Tatius (éd.

Henry)  : ΔAnegnwvsqh ΔAlexandrevw" ΔAcillevw" Tativou tw'n peri; Leukivpphn kai;Kleitofw'nta lovgoi h. “Esti de; dramatikovn, e[rwtav" tina" ajtovpou" ejpeisavgon.Kai; levxei me;n kai; sunqhvkh/ dokei' diaprevpein: eujshvmw/ te ga;r kai; ejpi; troph;noijkeivw" tetrammevnh/, o{te kai; tauvth/ crw'/to: ajforistikaiv te kai; safei'" kai; to;hJdu; fevrousai aiJ plei'stai perivodoi, kai; th;n ajkoh;n tw'/ h[cw/ leaivnousai. ΔAlla; tovge livan uJpevraiscron kai; ajkavqarton tw'n ejnnoiw'n kai; th;n tou' gegrafovto" fauliv-zei kai; gnwvmhn ejn pa'si kai; spoudhvn, kai; toi'" ajnaginwvskein ejqevlousi katav -pituston th;n ajnavgnwsin poiei'tai kai; feukthvn. Pollh;n de; oJmoiovthta ejn th'/diaskeuh'/ kai; plavsei tw'n dihghmavtwn, plh;n scedovn ti tw'n proswvpwn th'" ojnoma-siva" kai; th'" musara'" aijscrovthto", pro;" ta; tou' ÔHliodwvrou dravmata fulavttei.

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la Souda et la vulgate de l’époque)55 et non la forme Tavtio" utilisée par le traduc-teur (Achille Tatio).

Cela ne suffit pas. Dans ce passage Coccio semble vouloir nous offrir unrecueil des témoignages plus que complet sur le romancier. Au témoignage de« Suidas » il fait suivre celui du patriarche Photios, dont Coccio nous offre, cettefois aussi, la première traduction italienne imprimée, à ma connaissance, du cha-pitre 87 de la Bibliothèque : un ouvrage qui sera imprimé par David Hoeschel en1601 (la même année que l’editio princeps d’Achille Tatius). Cette traduction duchapitre 87 de la Bibliothèque de Photios sur Achille Tatius est d’une certaineimportance non seulement pour l’histoire de la réception du roman antique auXVIe siècle, mais aussi pour celle de la Bibliothèque même : en effet elle est négli-gée dans les études modernes, aussi bien dans celles sur Photios que sur leroman56.

À propos de cette traduction du chapitre 87, nous pouvons remarquer ici queCoccio, tout en restant fidèle au texte de Photios, a choisi d’omettre de traduirequelques lignes (sans le passer sous silence : oltra le altre ne dice queste parole…), c’està dire les lignes initiales et finales du chapitre et, en particulier, celles, centrales,qui contenaient les réserves morales de Photios sur le roman. Coccio laisse tom-ber la périphrase centrale, dans laquelle Photios met en garde le lecteur contre« l’indécence extrême (tov ge livan uJpevraiscron) et l’obscénité (ajkavqarton)des pensées qui ruinent par ailleurs l’esprit et la précision de l’écrivain [scil. AchilleTatius] et rendent la lecture exécrable et la font fuir (katavptuston th;n ajnav-gnwsin poiei'tai kai; feukthvn) à ceux qui veulent l’approcher ». Et dans lapartie finale du chapitre, où Photios met en comparaison Achille Tatius avecHéliodore, Coccio omet également de traduire la phrase finale sur les seules diffé-rences significatives entre les deux romans : «  les noms des personnages et ladétestable obscénité (musara'" aijscrovthto")».

Les silences et les omissions de Coccio (sur lesquels peut-être pesait le faitque, à ce moment-là, se déroulait le Concile de Trente) confirment son choixd’omettre entièrement, en traduisant le roman d’Achille Tatius, la fin des discoursde Ménélas et Clitophon, qui, en conclusion du deuxième livre, s’attachent res-pectivement à défendre l’amour homosexuel et l’amour hétérosexuel. Dans la

55 Dans les deux éditions de « Suidas » citées on lit ΔAcilleu;" Stavtio", comme d’ailleursdans la tradition manuscrite ; la forme Statius est en outre celle utilisée dans les répertoires biblio-graphiques, comme on voit dans la Bibliotheca Universalis de Gesner (v. ci-dessus n. 17), e figuredans les manuscrits Vat. gr. 1347, gr. 1348, gr. 1349, gr. 1350, gr. 2367. Voir à ce sujet BIANCHI2011, pp. 100-101.

56 En ce qui concerne le roman, nous pouvons trouver une exception importante chezDOODY 1996, p. 247, qui cite des passages.

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dernière partie de cette diatribe, Ménélas se livre à une apologie du baiser entreles garçons (II, 37, 10-38), qui est entièrement omise en traduction par Coccio decette façon :

Habbiamo in questo luogo lasciato di stampare una piccola particella, forse diventicinque versi, havendo pensato ch’ella poteva bruttamente macchiarquest’amorosa narratione, la quale nel rimanente è honestissima57.

En revenant à l’épître dédicatoire, Coccio s’est occupé de mettre au clair lesraisons qui l’ont poussé à traduire ce texte :

Io adunque, accioche quel poco d’ingegno, che Iddio m’ha conceduto per sua gra-tia, per mio difetto lasciandolo abbandonato et quasi per terra, non venga deltutto a perdersi, questo fra gli altri scrittori eleggendo, mi posi a tradurlo nella no -stra lingua, tirato et dalla piacevolezza della materia, et dalla dolce maniera deldire. Et ritrovandomi alla fine haverlo tradotto, mi venne in pensiero, et mecostesso proposi, per dimonstrar la mia grata intention verso di lei, così rozzamentetrascritto inviarlo a V.S. … […]. Ne perche l’opra sia di soggetto amoroso, debbeV.S. vergognarsi che le sia dedicata. conciosia cosa che se ella vorrà ben riguarda-re, vedrà apertamente, che oltra il divino Platone, quei savi philosophi, che la suadottrina hanno seguitato, et che con l’ali del lor sublime intelletto s’innalzaronosopra tutti alla contemplatione delle cose divine, non si riputarono a vergogna etdi parlare et di scriver d’Amore. il quale in ogni tempo se non a tutti, almeno allamaggior parte ha dato copiosa, vaga, et alta materia di scrivere et di ragionare.[…]. Siche V.S. prenda quest’opera con lieto animo, che quando dalle gravi curede gli studij suoi ella si toglie, potrà per ricrearsi, et passar via la noia dell’animoaffaticato, volgersi tal volta a legger questa piacevole narratione. Et in vero, se ’lmio giudicio non erra, parmi che questo scrittore si proponesse di usare in tuttoquella figura, la quale è dai Greci chiamata Leptologia: onde si minutamente des-crive le cose, ch’egli non pur le dipinge, ma quasi vivamente le pone altrui dinanziagli occhi. la qual cosa suole apportar incredibil piacere a quei che leggono. et oltrache l’auttore sparge per tutta l’opera molte vaghe et giovevoli sentenze, possiamoanche, volendo noi porvi diligente consideratione, pigliarne utili consigli, et ottimiammaestramenti della vita, che si stanno ascosi sotto il velame del fabuloso ragio-namento. Ma perche lungo sarebbe a volergli in questo luogo dimostrare, et loscoprirne piccola parte saria forse come niente riputato, perciò tengo sia ottima-mente fatto trapassargli: massimamente havendo io per cosa chiara, che per l’acu-tezza del suo intelletto molto meglio di me, et piu internamente potranno esserritrovati et discoperti da V.S. …58.

57 ACHILLES TATIUS 1551, c. 32v. Cf. JACOBS 1821, p. XXXIV.58 ACHILLES TATIUS 1551, cc. *vv-*vir, *viir, *viiv-*viiiv.

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Nous ne pouvons pas nous empêcher de remarquer que Coccio a écrit ici unepage exemplaire de critique littéraire sur notre romancier59 où on peut saisir lesaspects les plus importants de cet ouvrage di soggetto amoroso, qui a la même dignitéque les autres textes anciens, comme il le montre dans une apologie néo-platoni-cienne d’Amore, origine et fin de toute action humaine60. Coccio a également sou-ligné que le roman d’Achille Tatius présente l’avantage d’être une piacevole narratio-ne, pas seulement pour les événements racontés, mais aussi pour le style ; il a aussimis en évidence l’utilisation de la leptologia61, des gnomai et des sentences, desleçons de vie cachées sotto il velame del fabuloso ragionamento.

En revenant au début du passage cité de cette épître dédicatoire, nous devonsaussi nous interroger sur le manuscrit qu’il avait utilisé et comment ce texted’Achille Tatius, vago et gentile scrittore di amorosi accidenti, avait abouti entre sesmains.

Coccio a sûrement dû travailler sur un seul manuscrit du roman, comme ill’admet lui-même, dans l’avertissement Alli begnini lettori annexé à la conclusion dela traduction du roman, à propos des erreurs et des coquilles dans lesquelles peuttomber un traducteur62 :

Io veramente posso affermare, che con tutta quella diligente cura che vi ho posta,non ho potuto assicurarmi, si che in quest’opera non siano corsi quegli errori, iquali in parte sono proprij della negligenza di coloro, che sostengono un cotalcarico; et in parte de varij accidenti, che sopravengono continuamente nello stam-pare. Non voglio dir di quei, che traducendo posso haver commessi o per miopoco sapere, o perche ancho tradussi con l’aiuto solamente d’un’essemplare, il quale peraventura non era si ben corretto, che del tutto io me ne sia potuto star sicuro63.

Il s’agit donc d’un exemplaire manuscrit unique et d’ailleurs incorrect. Quelétait le manuscrit dont disposait Coccio pour sa traduction ? On ne peut pas direavec certitude : selon Jacobs et Vilborg64 un bon candidat est le manuscrit Marc.

59 Cf. MATTIOLI 1978, pp. 52-53.60 Cf. DOODY 1996, p. 247.61 Cf. Cassiodore, Expos. in Psalt. 2, 51, 8 : Et respice quemadmodum multas res his tribus versibus bre-

viter intimavit. Quae figura dicitur leptologia, id est subtilis locutio, quando res singulae minutatim ac subtiliterindicantur. A ce sujet cf. ERNESTI 1797, pp. 112-113 ; LAUSBERG 1990, § 813.

62 Coccio développe des réflexions similaires sur les défaillances produites par les imprimeursdans le dialogue Ragionamento della stampa compris dans les Marmi d’Anton Francesco Doni (dansDONI 1928, p. 173).

63 ACHILLES TATIUS 1551, cc. 115rv (cette notice aussi a été réimprimée dans PROCACCIOLI1989, p. 415) : le passage cité se lit à c. 115v (l’italique c’est le mien).

64 « Unde suspicari possumus, librum Comicorinthii aut ipsum fuisse Codicem Venetum (qui

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gr. 409, comme semblent l’indiquer quelques cas significatifs65. En effet, la pré-sence dans le Marcianus des « many errors owing to itacism »66 et les omissions decola ou des parties de phrases67 correspondent bien à la facies du manuscrit deCoccio qui non era sì ben corretto ; en outre le Marcianus conserve dans l’inscriptio laforme correcte Tativou en place de Stativou très répandu à cette époque dansles manuscrits et dans les articles bibliographiques avant que Coccio ne restaurela forme correcte Achille Tatio. Cependant, il y aurait un obstacle à cettepossibilité : dans le manuscrit Marc. gr. 409 le texte d’Achille Tatius s’arrête à lafin du f. 262v avec les mots …e[rriyan oJmoivw" (VIII.16.3), après lesquellesquelqu’un a ajouté leivpei fuvlla tinav, tandis que la traduction de Cocciocontinue jusqu’à la fin du roman. Mais nous savons par l’inventaire des manus-crits de Bessarion, auquel appartenait le Marcianus, que ce manuscrit est resté pen-dant longtemps en fascicules séparés68 : rien ne nous empêche donc de supposerqu’à la moitié du XVIe siècle le Marcianus contenait encore des folio à présentmanquants et que la perte de ces folios s’est produite après 1550 (s’il y a du vraidans cette hypothèse, nous devrions penser que l’apographe du Marcianus, le Vat.Pal. gr. 52, où même le texte du roman prend fin à VIII.16.3, est postérieur à1550, donc à la publication de la traduction de Coccio).

Le traducteur reconnaît avoir obtenu le texte grec per opra di M. GiorgioComicorinthio Monembasiense. Il s’agit de Georges, comte de Corinthe, originaire deMonembasia (Grèce), professeur de grec à Candie (1535-1539), neveu de MichelApostolios et donc cousin ainsi qu’élève d’Aristobule-Arsène : il se réfugia àVenise après la prise de Monembasia par les Turcs (1540), et y resta jusqu’en1550. A Venise il a occupé une place importante dans la colonie grecque et il étaiten contact avec beaucoup de savants de son temps (Paul Manuce, Fulvio Orsini,François Portus, Nicolas Sophianos, Georges Balsamon). Et outre la grande esti-me de Coccio, Georges de Corinthe bénéficiait aussi de celle de l’Arétin, dans

nunc est in Bibl. S. Marci nr. CCCCIX), aut certe librum ex illo Codice descriptum  » (JACOBS1821, p. XXXIV) ; cette traduction « shows that he followed a MS belonging to the group of Marc.409, M; probably he had exactly this MS at his disposal » (VILBORG 1955, p. LXXVI).

66 1) En I.6.4 Coccio a traduit le tacevw" du Marc. gr. 409 (où tous les autres manuscrits onttovte ta; tevw" ou ta; tevw" tovte ou ta; tevw" ou encore ta; tovte) avec subitamente; 2) en I.15.8Coccio a traduit avec cantando il letto di Io le texte du Marcianus (et du Vat. gr. 914, même si nonsignalé dans l’apparat critique des éditions de Vilborg et Garnaud) ΔIou'" a[/donte" eujnhvn (ΔEou'"a[/donte" eujnhvn cett.); 3) en II.11.4 il traduit in rotondo ed occulto luogo le ejgkuvklw/ du Marcianus (ejnkoivlw/ ou ejn kuvklw/ cett.).

66 VILBORG 1955, p. XXIX.67 VILBORG 1955, pp. LIV-LV.68 Dans l’inventaire des manuscrits de Bessarion du 1468 le manuscrit est ainsi décrit: Heliodori

ethiopica, in papyro, non ligata (LABOWSKY 1979, p. 170 nr. 331) ; cf. OMONT 1894, p. 162 nr. 331.

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l’entourage de qui, comme on a déjà remarqué, figurait Coccio69. Il mourut à unedate antérieure à 1560.

Georges possédait une riche bibliothèque et entra aussi en possession de celledu savant crétois Marco Mamuna (XVe siècle)70 ; en outre, il avait un accès privi-légié à la bibliothèque du cardinal Bessarion71 : il n’est donc pas impossible queCoccio ait utilisé pour Achille Tatius le manuscrit de Bessarion (le Marc. gr. 409),comme il n’est pas impossible non plus que, pour le chapitre 87 de la Bibliothèquede Photios, il ait eu accès à l’un des deux précieux témoins manuscrits qui avaientappartenus au cardinal Bessarion, les Marc. gr. 450 et 45172. À ce sujet nous pou-vons rappeler ici que, dans l’édition du 1535 des œuvres ascétiques de saint Basilepubliées par l’imprimeur Stéphane Nicolini de Sabbio, le même qui publiera en1551 la traduction d’Achille Tatius de Coccio, ont été utilisés trois manuscrits deBessarion73.

La traduction de Coccio n’est pas un cas isolé à ce moment-là. Dans lesannées ’40 et ’50 du XVIe siècle on peut enregistrer un grand intérêt partout pourle roman d’Achille Tatius. Annibal Caro (1507-1566) l’utilisera pour sa comédieStraccioni dans les années ’40 (il pouvait probablement le lire dans la version deDella Croce ou de Dolce, comme l’indique le fait que les reprises et les corres-pondances avec le texte grec sont limitées aux trois derniers livres du roman)74. ÀHenri Estienne (1528-1598) appartenait le manuscrit Royal 16 D XVIII de laBritish Library, contenant les romans d’Achille Tatius (ff. 60r-127v) et d’EustatheMacrembolite (ff. 1r-59v)75, dont il était peut-être entré en possession au cours de

69 Les données disponibles sur George de Corinthe ont été recueillies dans CATALDI PALAU1991, pp. 567-570. Dans une lettre adressée à George de Corinthe et datée octobre 1545 (ép. III,352), l’Arétin décrit George comme « greco nobile e sapiente » et « de la celeste greca dottrina sen-timento e splendore » (ARETINO 1999, p. 307).

70 V. PINGREE 1977, CATALDI PALAU 1991.71 George de Corinthe avait copié pour Fulvio Orsini une lettre de George de Trébizonde à

l’empereur Jean Paléologue d’après un document de Bessarion : cf. NOLHAC 1887, p. 162 et n. 1 ;CATALDI PALAU 1991, p. 570.

72 Cf. ELEUTERI 2000, pp. 139-140, nr. 111 et nr. 112.73 Les manuscrits ont été identifiés par GRIBOMONT 1953, pp. 326-329 ; voir aussi FOLLIERI

1977, pp. 505-506.74 Les ressemblances des Straccioni avec le roman d’Achille Tatius ont été reconstruites par

STERZI 1913, pp. 211-218, qui développe une recherche de STIEFEL 1904, pp. 249-250; cf. aussiFERRONI 1967, pp. 353-355.

75 Ce manuscrit est du au milieu vénitienne : les ff. 7 (marginalia) et 57 sont attribués à ArnoldArlenius (GAMILLSCHEG-HARLFINGER 1978, p. 299; RGK 1.A, p. 42 nr. 28)  ; les ff. 126v-127v àBartolomeo Zanetti (RGK 1.A, p. 44 nr. 31, CATALDI PALAU 1986, p. 231). Pour le texted’Eustathe Macrembolite le Royal 16 D XVIII semble être apographe du manuscrit Ambr. B 155sup. (daté 1545) : CATALDI PALAU 1980, p. 94.

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ACHILLE TATIUS ÉDITÉ ET INÉDIT AU XVIE SIÈCLE 51

ses voyages en Italie (1547-1555)76 : à Florence il était en mesure de lire dans lecélèbre manuscrit Laur. Conv. soppr. 627 les romans de Longos, imité dans seséglogues latines, de Chariton et Xénophon d’Ephèse, en prévision d’une éditionimprimée77, et enfin d’Achille Tatius, dont il avait transcrit quelques leçons de sapropre main dans les marges du manuscrit Royal 16 D XVIII78. En 1553 FulvioOrsini (1529-1600) avait copié dans le Vat. gr. 1347 le texte du roman de Longuset, vraisemblablement dans le même temps, le texte d’Achille Tatius79.

Avant l’editio princeps, il y avait eu des tentatives de publier le roman d’AchilleTatius. Plus d’une fois, en effet, on avait tenté de l’imprimer par l’entremise deFulvio Orsini, mais sans succès. En juillet 1568, Plantin, l’imprimeur d’Anvers,avait demandé à Orsini de lui envoyer des copies d’Achille Tatius et de Longuspour les publier ensemble (« le livre d’Achille Statio, avec l’autre inscrit ta; poi-menikav »)80. Mais cette demande a dû être renouvelée l’année suivante (mars1569): « Achillem Statium de Amoribus Leucipes [sic] et Clitophontis, si descrip-tus est, velim cum tua præfatione, nostris sumptibus, ferendum cures »81 – ondemande encore une copie écrite du roman, une transcription (si descriptus est…),on fait référence à une praefatio d’Orsini pour l’impression de ces deux romans.Mais ce projet n’a pas été réalisé. Et de nouveau l’année suivante (1570), l’impri-meur revient au même sujet (« …j’attendray il Longo Græco con l’Achille Statiodell’amore de Leucippo [sic] et Clitophonte »)82. Mais, même cette fois, la publica-tion d’Achille Tatius et de Longus ne fut pas menée à bien, puisqu’en 1593 enco-re Friedrich Sylburg83, collaborateur de Commelin, demande à Orsini d’obtenir

76 Cf. RENOUARD 1843, pp. 373-375; CLÉMENT 1898, pp. 468-469.77 GUIDA 1999, p. 278.78 VILBORG 1955, pp. XIX-XX, LVI.79 Cf. BIANCHI 2011, p. 94 n. 22.80 « Vostre Signeurie que, quand, à sa commodité et bon loisir, il luy plaira m’envoyer le livre

d’Achile [sic] Statio, avec l’autre inscrit ta; poimenika;, que je les conjoindray ensemble et ce d’au-tant plus volontiers qu’elle a le désir de les dédier à Monsigneur le Cardinal de Granvelle…  »(épître du 24 Juillet 1568, dans ROOSES 1883, I, nr. 149, p. 313).

81 ROOSES 1885, II, nr. 170, pp. 45-46.82 «  Je tiens aussi que V.S. aura, passé jà quelques deux semaines, receu le Bréviaire qu’icelle

m’avoit demandé par ses lectres, suivant lesquelles j’attendray il Longo Græco con l’Achille Statiodell’amore de Leucippo [sic] et Clitophonte con la tradutione di esso Longo del Sr Gambara, dedi-cata al patron de tutte le scientie e de tutti huomini virtuosi, mon Signeur le très illustre Cardinalde Granvelle, mon Signeur et maistre » (épître du 2 mars 1570, dans ROOSES 1885, II, nr. 220, p.127). Sur la version de Longus (une metaphrase en hexamètre latin, qui sera imprimée à Naples en1574 avec le titre Expositi), faite par le poète Lorenzo Gambara de Brescia, Ursini familiaris et cour-tisan de Alessandro Farnese, cf. les observations dans BIANCHI 2011, pp. 102-103.

83 Sylburg (1536-1596), très savant en grec, était le collaborateur scientifique le plus importantde Commelin : cf. PREISENDANZ 1937.

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52 NUNZIO BIANCHI

des copies de trois romans grecs pour l’impression : Longus, Achille Tatius etEustathe Macrembolite84.

Nous ne savons pas pourquoi Orsini n’a pas fait cette édition des romanciers,ou s’il y a renoncé de lui-même. Sûrement, à la fin du XVIe siècle, Fulvio Orsinis’était fait le promoteur de la publication du roman d’Achille Tatius, ou du moinsen avait fait la suggestion. Au début de juin 1598, en effet, dans une lettre à Bac-cio Valori (savant florentin et personnage important, ainsi que patron de l’editioprinceps de Longus), écrite par son correspondant à Rome, Marco Antonio Dovizidit que selon Fulvio Orsini le roman de Leucippé et Clitophon mérite de trouverpublication85. Un peu plus d’un mois plus tard, Dovizi retourna à ce sujet avecquelques détails : un scribe de la Bibliothèque du Vatican s’offre de préparer unecopie « di Achille Statio per stampare, et anco di Eumathio » pour la soumettre àl’approbation de l’Académie Florentine86. Malheureusement nous n’avons pas leslettres de Baccio Valori, et nous n’avons pas d’autres données à ce sujet dans lesmêmes lettres sur la réponse des académiciens florentins. Cependant, d’une lettredu 28 Août de la même année nous apprenons que Valori « aspettava risposta daaltri circa le copie d’Eumathio et di Statio se si havevano da fare, poiché della tra-duttione volgare del Caro et d’altri di simili materie lascive si vede farsi scrupolo astampare, come cose contra bonos mores »87.

Nous ne connaissons pas l’opinion des académiciens florentins sur les romansd’Achille Tatius et d’Eustathe Macrembolite (déjà disponibles en traduction)88,mais nous ne sommes pas très loin de la vérité en supposant qu’ils avaient lesmêmes scrupules qui retardèrent la publication de la version d’Annibal Caro deLongus, jugé « contra bonos mores » (cette version sera publiée à titre posthumeen 1786)89. Ces scrupules sont les mêmes qui, près d’un demi-siècle plus tôt,avaient suggéré à Coccio d’omettre en traduction la partie finale du deuxièmelivre du roman d’Achille Tatius.

84 « De Longo, Achille Statio et Eumathio, facies quod res et tempus ferent: nos vicissim ope-ram dabimus ut te huius operae ne pigeat » (NOLHAC 1887, p. 444).

85 « Tiene bene che detto autore [scil. Longus] sia più antico di Achille Statio, il quale laudereb-be [scil. Orsini] che anco esso si stampasse » (BIANCHI 2011b, ép. XVI, p. 111).

86 « Quello che copia i libri Greci qui della Biblioteca Vaticana, il quale si offerisce di mandarecopia a V.S. se vorrà di Achille Statio per stampare, et anco di Eumathio, che è un’altro autor bel-lissimo e piacevolissimo di simili materie pastorali, et V.S. potrà poi farli dar dall’Academia unamercede conveniente, di che ci rimetteremo al detto S.r Fulvio » (BIANCHI 2011b, ép. XX, p. 115).

87 BIANCHI 2011b, ép. XXIV, p. 119.88 Pour Achille Tatius v. ci-dessus ; l’editio princeps d’Eustathe sera procurée en 1617 à Paris par

G. Gaulmin, mais la traduction italienne de Lelio Carani était déjà disponible (Florence 1550).89 CARO 2002, pp. 23, 25 ; sur l’editio princeps de la traduction de Longus de Caro v. GARAVELLI

2001.

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ACHILLE TATIUS ÉDITÉ ET INÉDIT AU XVIE SIÈCLE 53

Il y a un autre élément qu’il faut rappeler ici dans le cadre de la transmission etréception d’Achille Tatius au XVIe siècle, quand ce roman était encore inédit.Bien qu’il n’y ait aucune mention dans les éditions modernes du roman, nousdevons relever que quelques années avant l’editio princeps (1601), des courts extra-its d’Achille Tatius encore inédits sont apparus en version imprimée dans le com-mentaire d’un autre romancier. Dans les brèves Notae au texte de Longus dansl’editio princeps (Florence 1598)90, en effet, Raffaele Colombani, le responsable decette édition, a ajouté quelques passages grecs pris dans les aventures de Leucippéet Clitophon, œuvre – comme il prend soin de le souligner – de l’elegantissimusscriptor Achilles Statius encore ajnevkdoto", inédit. Il s’agit donc d’une donnée decertaine importance, bien qu’il semble que ces extraits d’Achille Tatius n’aient pasattiré l’attention des savants91. Il vaut donc la peine de transcrire toutes les réfé-rences et les extraits du roman d’Achille Tatius qui sont dans les Notae92 :

1. à p. 83 (à propos de Longus I.24.4 [ed. pr. p. 11] : kai; ajrxamevnh" ejm -pnei'n etc.), nous trouvons la première référence explicite, sans texte grec, àAchille Tatius : on fait clairement allusion à II.7.3-7, où le protagoniste Clito phon,avec la même amatoria calliditas qu’utilise Daphnis dans les Pastoralia, parvient à ob-tenir les baisers de Leucippé simulant une piqûre d’abeille sur les lèvres :

Similis amatoria calliditas est illa Clitophontis apud Achil. Statium, in ore vulnusaccepisse a quadam ape simulantis, ut eius labris sua Leucippe admoveret, indequesuavia ipse furari posset.

2. À p. 86 (à propos de Longus II.7.2 [ed. pr. p. 20] : duvnatai de; tosou'tono{son oujde; oJ Zeuv"), au sujet du passage où Longus se réfère à la puissance d’É-ros qui dépasse même celle de Zeus, Colombani introduit une courte citationd’Achille Tatius I.2.1 :

Sic Achil. Stat. de Amoris vi et ipse loquens, a[rcei brevfo" oujranou' kai; gh'"kai; qalavssh".

3. À p. 88 (à propos de Longus II.23.1 [ed. pr. p. 28] : hJmivgumnoi kai; ajnu-povdetoi: ta;" kovma" lelumevnai), Colombani a annoté le passage I.1.7 :

90 LONGUS 1598.91 Ces extraits n’avaient pas échappé à Villoison  : «  interdum in suis notis nonnulla Achillis

Tatii qui nondum lucem viderat, loca contulit [scil. Colombani] » (VILLOISON 1778, p. LIII n. *).92 Dans la transcription suivante des Notae de Colombani toutes les abréviations ont été réso-

lues et l’orthographe normalisée.

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54 NUNZIO BIANCHI

Similis apud Achil. Stat. lib. I. est descriptio earum virginum, quae Europaecomites erant, eius autem verba haec sunt. kovmai kata; tw'n w[mwn lelumev-nai: to; skevlo" pa'n gegumnwmevnon: to; me;n a[nw, tou' citw'no": to; de;kavtw, tou' pedivlou: to; ga;r zw'sma, mevcri govnato" ajnei'lke to;ncitw'na.

4. À p. 93 (à propos de Longus IV.2.4 [ed. pr. p. 58] : kai; tau'ta mevntoi lepth'"aiJmasia'" perievqei perivbolo"), Colombani cite Achille Tatius I.1.5 :

Sic Achil. Stat. lib. I. pulcherrimum et ipse pratum describens, o{lon, inquit, ejteiv-cize to;n leimw'na peribolhv.

5. À p. 93, dans la nota suivante (à propos de Longus IV.2.5 [ed. pr. p. 58] : ejnmetewvrw/ de; oiJ klavdoi sunevpipton ajllhvloi" kai; ejphvllatton ta;"kovma"), Colombani a cité Achille Tatius I.1.3 :

Achil. Stat. in simili fere descriptione. devndrwn aujtoi'" ajnemevmikto favlagx,kai; futw'n. sunech' ta; devndra: sunhrefh' ta; pevtala: sunh'pton oiJptovrqoi ta; fuvlla, kai; ejgevneto toi'" a[nqesin o[rofo" hJ tw'n fuvllwnsumplokhv.

6. Une ligne plus loin, encore à p. 93 (à propos de Longus IV.2.6 [ed. pr. p.58] : h\san kai; ajnqw'n prasiaiv), Colombani a annoté le passage I.1.5 :

Ach. Sta. aiJ de; prasiai; tw'n ajnqevwn, uJpo; ta; pevtala tw'n futw'n stoi-chdo;n ejpefuvkesan.

7. À p. 95 (à propos de Longus IV.17.6 [ed. pr. p. 66] : qeou;" ejmimhsavmhn),dans une des notes les plus longues, Colombani cite Achille Tatius I.5.6-7 (voirfig. 3) :

Quibus adiungam locum e libro primo elegantissimi scriptoris Achil. Stat. utpoteajnekdovtou. ubi, cum puer quidam, Apollinis ac Daphnes fabulam ad citharamaccinisset, Clitophontisque amori ea cantilena ardentiores faces subiecisset,uJpevkkauma ga;r, inquit ille, ejpiqumiva", lovgo" ejrwtikov". ka]n eij" swfro-suvnhn ti" eJauto;n nouqeth'/, tw'/ paradeivgmati pro;" th;n mivmhsin ejre-qivzetai. mavlisqΔ o{tan ejk tou' kreivttono" h\/ to; paravdeigma. hJ ga;rw|n ajmartavnei ti" aijdw;", tw'/ tou' beltivono" ajxiwvmati parrhsiva givne-tai. kai; tau'ta pro;" ejmauto;n e[legon: ijdou; kai; ΔApovllwn ejra'/, kaj-kei'no" parqevnou, kai; ejrw'n oujk aijscuvnetai, ajlla; diwvkei th;n parqev-non: su; de; ojknei'" kai; aijdh'/ kai; ajkaivrw" swfronei'"… mh; kreivttwn ei\tou' qeou'…

Bien que le texte contenu dans les Notae soit au total de faible longueur, on

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ACHILLE TATIUS ÉDITÉ ET INÉDIT AU XVIE SIÈCLE 55

peut néanmoins faire quelques observations sur le type textuel du manuscritd’Achille Tatius que Colombani avait utilisé93. On peut exclure le manuscrit F94,qui fait partie d’une branche distincte par rapport à les familles a (MWD) et b(VGE) :

3. tou' citw'no" Colombani MW VG : tou' leimw'no" [transp. post kavtw E] DE to;n citw'na F5. sumplokhv Col. MWD VGE : suevceia F7. ajlla; diwvkei Col. MWD VGE: diwvkein F

Nous sommes en mesure d’exclure aussi les manuscrits de la famillea (MWD) :

3. pa'n Col. VE D: a{pan MW G F5. oiJ ptovrqoi Col. VGE F: ptovrqoi MW ptovrqo" D6. stoichdo;n Col. VE : stichdo;n MWD G F

En particulier, nous pouvons exclure assurément le manuscrit D :

3. ga;r Col. codd. : om. D5. ta; pevtala MW VGE F : ta; pevtala tw'n futw'n D-. sunh'pton MW VGE F : sunh'ptwn G sunh'pteto D-. oiJ ptovrqoi Col. VGE F : ptovrqoi MW ptovrqo" D6. ajnqevwn Col. VGE : ajnqw'n MW F a[llwn futw'n D7. nouqeth'/ Col. MW VGE F : nomoqeth'/ D

En ce qui concerne la famille b (VGE), dont le texte des Notae semble êtretrès proche, il faut noter que dans Achille Tatius I.1.3 (5) Colombani imprimeejgevneto à la place de ejgivneto du reste de tradition, à l’exclusion de G, mais cechoix semble une simple coïncidence ou plutôt une modification intentionnellede l’éditeur. Le manuscrit dont Colombani a pris ces extraits semble donc être

93 Les manuscrits d’Achille Tatius sont indiqués selon les abréviations utilisées dans l’édition deVILBORG 1955 : A = Royal 16.D.XVIII, B = Monac. gr. 96, C = Vat. Pal. gr. 52, D = Vat. gr. 914, E= Ambros. G 48 sup., F = Laur. Conv. soppr. 627, G = Marc. gr. 607, H = Vat. gr. 1350, L = Vind.Phil. gr. 329, M = Marc. gr. 409, N = Par. Suppl. gr. 249, O = Reg. gr. 101, P = Par. gr. 2913, Q =Vat. Pal. gr. 418, R = Vat. gr. 1348, S = Vat. gr. 2367, T = Tubing. Mb 16, U = Vat. gr. 1347, V =Vat. gr. 114, W = Vat. gr. 1349, X = Par. gr. 2895, Z = Par. gr. 2903.

94 Ceci est également confirmé par le fait que pour l’editio princeps de Longus il n’a pas été utiliséle Laur. Conv. soppr. 627 (F), le célèbre manuscrit des romanciers, qui était conservé dans la Badiade Florence : cf. BIANCHI 2011b, p. 125 n. 51.

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56 NUNZIO BIANCHI

proche de la famille b de la tradition d’Achille Tatius (tandis que l’editio princeps duroman suivra la famille a).

Nous devons en outre souligner que la leçon gegumnwmevnon (3), à la place degegumnwmevnai des manuscrits, ne se retrouve pas dans la tradition du roman etanticipe une conjecture que Vilborg attribue à Jackson, et qui devrait donc êtreenregistrée dans l’apparat critique d’une édition future d’Achille Tatius.

Il faut noter en outre que, pour le nom du romancier (presque toujours abré-gé, sauf dans le cas 1), Colombani utilise la forme Statius qui est conforme à lavulgate du temps et qui se trouvait peut-être dans le manuscrit à sa disposition.En ce qui concerne la famille b (à laquelle semble appartenir le manuscrit deperdi-tus de Colombani), on peut relever que la forme Stavtio" apparaît seulementdans la sous-classe x de cette famille, les manuscrits UTXZ et H95 (tous du XVIe

siècle)96. A ce sujet, il faut noter que dans les Notae de Colombani les citationsd’Achille Tatius sont toutes issues du premier livre (I.1.3, 1.5, 1.7, I.2.1, I.5.6-7 ;mise à part la première référence à II.7.3-7, qui est sans texte grec) : les citations(il s’agit principalement de passages sentencieux qui dans les manuscrits sont sou-vent marqués en marge) sont donc prises par Colombani en séquence, comme s’ilavait suivi l’ordre de lecture du roman, et ne vont pas au-delà du premier livre duroman. Nous pourrions donc, tout en gardant quelque prudence, supposerquelques autres détails sur les caractéristiques de ce manuscrit perdu utilisé parColombani qui pourrait en effet refléter la même structure textuelle que lesmanuscrits UTXZ (la sous-classe x), où est transcrit Longus avec Achille TatiusI.1-1097.

Le manuscrit dont Colombani a tiré le texte de Longus pour l’impression del’editio princeps des Pastoralia a abouti ex Bibliotheca Aloisii Alamannii (à savoir LuigiAlamanni, 1558-1603)98, qui, « sans doute confié directement à l’imprimeur, dis-parut sans laisser de trace »99, du point de vue textuel, est très proche aux manus-

95 Le manuscrit R présente Tativou ante correctionem ; certains manuscrits sont sans inscriptio (E,L)  ; dans G une autre main à écrit ΔAgaqivou scolastikou'. Il faut noter que V et ses exem-plaires OQ présentent la forme incorrecte Tativw / (après les génitifs ΔAcilevw" [sic]ΔAlexandrevw") et en particulier que dans le manuscrit O, au-dessus de l’inscriptio, une main peut-être du XVIe siècle à écrit Achilles Statius etc.

96 Le plus ancien, le Paris. gr. 2895 (X), ne peut pas être postérieur à 1539 ; le Vat. gr. 1347 (U)et le Tubing. Mb 16 (T) sont étroitement liés à Fulvio Orsini (le premier est écrit de sa propre mainet le second sous propre initiative par Giovanni Onorio).

97 Très intéressant, à ce sujet, le cas textuel suivant : mavlisqΔ Col. WD F UTZ H: mavlisqa Xkai; mavlisqΔ M ABC K kai; mavlista VEG O Q (7).

98 Expert en théologie et philosophie, mathématique et astronomie, français et hébreu, LuigiAlamanni était un excellent traducteur, il connaissait bien le grec, qu’il avait appris auprès de PieroVettori. Cf. VIEILLEFOND 1987, p. XL.

99 VIEILLEFOND 1987, p. LXI.

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ACHILLE TATIUS ÉDITÉ ET INÉDIT AU XVIE SIÈCLE 57

crits UTXZ. Il faut mettre en compte, à ce point, la possibilité que Colombaniavait trouvé le texte d’Achille Tatius dans le même manuscrit que Longus : en cecas, nous aurions, donc là, un indice supplémentaire pour reconstruire la physio-nomie du manuscrit perdu d’Alamanni : outre le roman de Longus, il est possibleque ce manuscrit contenait également le texte d’Achille Tatius, à la deuxièmeplace et fragmentaire ainsi que dans les manuscrits UTXZ.

En 1601, après une longue période de gestation, donc, précédée, comme onl’a déjà dit, par plusieurs tentatives infructueuses, et par des traductions impri-mées, partielles ou intégrales, et quelques excerpta imprimés, le roman d’AchilleTatius a été finalement mis sous presse.

Università degli Studi di Bari NUNZIO [email protected]

ABRÉVIATIONS

ACHILLES Tatius 1544 = Narrationis amatoriae fragmentum e graeco in latinum conversumL. Annibale CRUCEIO interprete, Lugduni 1544.

ACHILLES Tatius 1546 = Amorosi ragionamenti. Dialogo, nel quale si racconta un compassionevoleamore di due amanti, tradotto per M. Lodovico DOLCE dai fragmenti d’uno antico scrit-tor greco, Vinegia 1546.

ACHILLES TATIUS 1551 = Achille Tatio Alessandrino, Dell’amore di Leucippe et diClitophonte, nuouamente tradotto dalla lingua greca, Venetia 1551 [c. 114v : « Il fine degli otto libri d’Achille Tatio Alessandrino, tradotti per Francesc’Angelo Coccio daIano, et nuovamente stampati da Piero et fratelli de Nicolini da Sabio in VenetiaMDL»].

ACHILLES TATIUS 1554 = Achillis Statii Alexandrini de Clitophontis et Leucippes amoribuslibri VIII e graecis latini facti a L.A. CRUCEIO, Basileae 1554.

ACHILLES TATIUS 1563 = Achille Tatio Alessandrino, Dell’amore di Leucippe, et diClitophonte, nuouamente tradotto dalla lingua Greca, Venetia 1563.

ACHILLES TATIUS 1568 = Les amours de Clitophon et de Leucippe, escrits jadis en Grec, parAchilles Statius Alexandrin, et depuis mis en Latin, par L. Annibal [DELLA CROCE]Italien, et nouvellement traduits en vers françois [par François DE BELLEFOREST],Paris 1568.

ACHILLES TATIUS 1572 = Propos amoureux contenans le discours des amours et mariage du sei-gneur Clitophant [sic] et damoiselle Leusippe d’Achilles Tatius, traduitz de grec en langue lati-ne et tusquane, et depuis nouvellement remitz en langue franc̜oyse [par Jacques DEROCHEMAURE], Lyon 1572.

ACHILLES TATIUS 1597 = The most delectable and plesant historye of Clitophon and Leucippe […]nowe newlie translated into English by W.B. [William BURTON], London 1597.

ACHILLES TATIUS 1601 = Achillis Tatii De Clitophonts et Leucippes amoribus lib. VIII, Longi

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58 NUNZIO BIANCHI

Sophistae De Daphnidis et Chloes amoribus lib. IV, Parthenii Nicaeensis De amatoriis affec-tibus lib. I iterum edita graece et latine [par Juda et Nikolaus BONNENVICT],[Heidelberg] 1601.

AGATI 2009 = M. L. AGATI, Erotemata e altri inediti di Zaccaria Callierge (ca. 1470/3 -1524?), dans ouj pa'n ejfhvmeron. Scritti in memoria di Roberto Pretagostini. Offerti daColleghi, Dottori e Dottorandi di ricerca della Facoltà di Lettere e Filosofia, a cura di C.BRAIDOTTI, E. DETTORI, E. LANZILLOTTA, I, Roma 2009, pp. 13-33.

AGRIPPA 1544 = [AGRIPPA DE NETTESHEIM], Della Nobiltà et Eccellenza delle Donne, nuo-vamente dalla lingua francese nella italiana tradotto, Vinegia 1544.

ARETINO 1992 = P. ARETINO, Poesie varie, a cura di G. AQUILECCHIA e A. ROMANO, I,Roma 1992.

ARETINO 1995 = P. ARETINO, Ragionamento delle Corti, a cura di F. PEVERE, Milano 1995.ARETINO 1999 = P. ARETINO, Lettere, III. Libro III, a cura di P. PROCACCIOLI, Roma

1999.AUDISIO 1919 = G. AUDISIO, «G. B. Rasario, oratore ufficiale della Battaglia di Le -

panto», Bollettino storico per la provincia di Novara 13, 1919, pp. 96-106.BENEDETTI 2001 = S. BENEDETTI, La Tavola di Cebete Thebano, «Dialogo ridotto di greco

in volgare» da Francesco Angelo Coccio, dans Il sapere delle parole. Studî sul dialogo latino e italia-no del Rinascimento, Giornate di studio, Anversa 21-22 febbraio 1997, a cura di W. GEERTS,A. PATERNOSTER, F. PIGNATTI, Roma 2001, pp. 79-97.

BERNARDINELLO 1979 = S. BERNARDINELLO, Autografi greci e greco-latini in Occidente,Padova 1979.

BIANCHI 2011 = N. BIANCHI, «Fulvio Orsini e i romanzi greci. Una lista di scrittori diamatoria nel Vat. gr. 1350», QS 73, 2011, pp. 87-103.

BIANCHI 2011b = N. BIANCHI, Romanzi greci ritrovati. Tradizione e riscoperta dalla tarda anti-chità al Cinquecento, Bari 2011.

CANFORA 2001 = L. CANFORA, Il Fozio ritrovato. Juan de Mariana e André Schott, con l’ine-dita Epitome della Biblioteca di Fozio ed una raccolta di documenti a cura di G.SOLARO, Appendici di R. RONCALI, N. ZORZI, M. LOSACCO, L. CANFORA, Bari2001.

CARLUCCI 2012 = G. CARLUCCI, I Prolegomena di André Schott alla Biblioteca di Fozio,Bari 2012.

CARO 2002 = Annibal CARO, Amori pastorali, a cura di E. GARAVELLI, Manziana (Roma)2002.

CASALI 1861 = S. CASALI, Annali della tipografia veneziana di Francesco Marcolini da Forlì,Forlì 1861.

CASTELLANI 1896-1897 = C. CASTELLANI, «Il prestito dei codici manoscritti dellaBiblioteca di San Marco in Venezia ne’ suoi primi tempi e le conseguenti perdite de’codici stessi. Ricerche e notizie», AIV 55, 1896-1897, pp. 311-377.

CATALDI PALAU 1980 = A. CATALDI PALAU, «La tradition manuscrite d’EustatheMakrembolitès», RHT 10, 1980, pp. 75-113 (rééd. dans A. CATALDI PALAU, Studies inGreek Manuscripts, II, Spoleto 2008, nr. 21, pp. 643-691).

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ACHILLE TATIUS ÉDITÉ ET INÉDIT AU XVIE SIÈCLE 63

Fig. 1. Manuscrit d’Achille Tatius, Sinait. 1197 (Zacharias Calliergi), f. 1r

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64 NUNZIO BIANCHI

Fig. 2. Traduction d’Achille Tatius par F. A. Coccio (Venice 1551, cc. *viiiv-1r)

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ACHILLE TATIUS ÉDITÉ ET INÉDIT AU XVIE SIÈCLE 65

Fig. 3. Achille Tatius dans l’editio princeps de Longus (Florence 1598, p. 95)