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MINISTERE DE LA COOPERATION INSEE
DDE Département de la Coopération Administrative Service de Coopération
SOMMAIRE
N° 16 - SEPTEMBRE 1978
Page
- Editorial 3
- Congrès de l'Institut International de Statistiques à New-Dehli 5
- Quel enseignement faut-il donner aux futurs cadres des services statistiques ? 8
- Projet d'enquête sur la force de travail en milieu rural colombien 22
- Système d'apurement des fichiers - SAFE 56
- Plan de sondage de l'enquête démographique à passages répétés en ate d'Ivoire 63
- Courrier des lecteurs 104
- Note de lecture 121
STATECO : Bulletin de liaison non officiel des Statisticiens et Economistes exerçant leur activité en Afrique
Directeur de la Publication : Yves FRANCHET
Secrétariat de la rédaction : INSEE - Service de Coopération Monique BONJOUR 18, Boulevard Adolphe Pinard
75675 PARIS Cédex 14
Tirage : 1.000 exemplaires
NOTE D'INFORMATION
- Monsieur Jean Pierre BEHMOIRAS, chef du Service de Coopération de
l'I.N.S.E.E., a été nommé chef du Service des Etudes Economiques et des
Questions Internationales (SEQI) au Ministère de la Coopération.
- Monsieur Yves FRANCHET, ancien chef de la Division "Programmation et
Coordination des Projets" du Service de Coopération, assure désormais
la direction de l'E.N.S.A.E. et du C.E.S.D.
- Monsieur Gérard WINTER a été nommé chef du Service de Coopération de
l'I.N.S.E.E. ; il garde provisoirement la responsabilité de la
Division "Etudes et Méthodes statistiques".au sein de ce service.
- Madame Anne Marie JAMES a été nommée chef de la Division "Programmation
et Coordination des Projets" en remplacement de Monsieur FRANCHET.
EDITORIAL
Yves FRANCHET
Les statisticiens francophones font peu parler d'eux dans
les instances internationales. Au dernier congrès de l'Institut In-
ternational de Statistique, que nous présente J.L. BODIN et Y. LEMEL,
ils n'ont présenté que 2 communications sur 80. Cette proportion me
semble donner une fausse idée du travail statistique accompli dans
ces pays sur le plan méthodologique. Nous présentons aujourd'hui la
contribution de Monsieur MALINVAUD, qui traite de l'enseignement de
la statistique. La thèse développée est que le statisticien doit
marcher sur deux jambes, celle de la technique statistique et celle
de la culture économique.
La formation donnée actuellement aux statisticiens africains
au niveau ingénieur des travaux statistiques (écoles d'Abidjan, Alger,
Dakar, Kigali, Rabat et Yaoundé) et au niveau ingénieurs statisticiens
économistes (Rabat et CESD) illustre assez bien cette position.
Les trois articles qui suivent relèvent des préoccupations
courantes de Stateco. Ce sont,la présentation par TISSIER et RODRIGUEZ
d'un projet d'enquête sur la force de travail, dans l'optique des
travaux du groupe AMIRA ; la présentation par GROULT d'un logiciel
d'apurement de fichier utilisable sur de petits ordinateurs, et qui
est particulièrement bien adapté aux moyens informatiques de nombreux
pays en voie de développement ; enfin la présentation par CLAIRIN du
plan de sondage pour une enquête démographique à passages répétés
récemment réalisée en C8te d'Ivoire.
Une partie de la problématique d'AMIRA, -celle qui consiste
à se concentrer sur les erreurs d'observation et à s'attacher plus
aux disparités qu'aux moyennes- a rencontré un écho chez un de nos
lecteurs du Secrétariat des Missions d'Urbanisme et d'Habitat. Il
nous propose ici une méthode d'élaboration rapide de données basée
sur la photographie aérienne.
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Enfin, nous présentons dans une note de lecture un ouvrage collectif
réalisé dans le cadre des travaux de l'IEDES sur l'emploi en milieu
informel. Il s'agit d'un ensemble de réflexions méthodologiques sur
un domaine au coeur des réflexions du groupe AMIRA.
- 5 -
CONGRES DE L'INSTITUT INTERNATIONAL DE STATISTIQUE
NEW DEHLI 5-15 DECEMBRE 1977
par Jean-Louis BODIN
Yannick LEMEL
L'Institut international de statistique (US) est une
association qui a été fondée en 1885 et qui rassemble, à titre
individuel, des statisticiens de tous pays et de toutes spécialités.
L'I.I.S. organise tous les deux ans un congrès dont le 41ème a eu
lieu du 5 au 15 décembre 1977 à New Dehli.
Ces congrès sont l'occasion d'échanges entre praticiens
et théoriciens de la statistique, soit dans le cadre de l'I.I.S.
à proprement parler, soit dans le cadre d'associations plus spécia-
lisées telles la Société Bernouilli de statistique mathématique et
probabilités ou l'Association internationale des statisticiens
d'enquêtes (Association dont l'INSEE anime le secrétariat). C'est
aussi à l'occasion de ces congrès qu'ont lieu les assemblées généra-
les et les réunions qui fixent l'orientation de ces différentes
associations ; ainsi, au congrès de New Dehli fut décidée la création
d'une Association internationale pour le traitement informatique des
statistiques.
La répartition par pays des participants au congrès montre
bien le poids très important des Etats Unis dans ce genre de manifes-
tation. Si on exclut les Indiens, évidemment très nombreux, les
Américains représentaient 30 % des participants. La France avait
envoyé 18 personnes (sur 673 participants au total) dont 6 de
l'administration et 12 de l'université.
Les mêmes tendances, amplifiées d'ailleurs, s'observent
dans les communications : 45 % des communications officielles (dites
"invitées") ont été faites par des Américains, les Français en faisant
deux (sur 80), dont une seule de l'administration statistique (1), et
les représentants de pays francophones guère plus.
Les sujets traités sont fort divers. En excluant les
tables rondes, et les sessions consacrées aux communications non
officielles, les dix jours du colloque ont permis le déroulement de
45 sessions que l'on peut regrouper en quelques grands thèmes :
organisation des services et institutions statistiques, théorie et
pratique des enquêtes et recensements, informatique statistique,
statistique mathématique et probabilité, sans oublier une rubrique
"divers" rassemblant des sessions à vocation très spécifique telle
que "modèles probabilistes et répartition dans l'espace" ou "éthique
de l'expérimentation médicale". Il est exclu de donner la liste de
ces 45 sessions et des communications correspondantes mais on détail-
lera un peu ce qui a porté sur les enquêtes et recensements.
La rubrique "théorie et pratique des enquêtes et recense-
ments" comportait une dizaine de sessions environ. Les unes décrivaient
des expériences pratiques : ainsi les Canadiens et les Suédois ont
présenté les résultats de travaux visant à analyser et à réduire les
défauts de réponses aux enquêtes par sondage dans les pays développés
(session IP27 présidée par E. RAPAPORTà D'autres s'intéressaient plat8t
aux méthodes d'analyse des données (IP21 organisée par G. KOSH et
L. KISH et IP19 organisée par C.R. RAO) : en particulier, différentes
communications ont traité des problèmes que pose l'utilisation de
modèles linéaires dans le cas des enquêtes par sondage dont les données
sont entachées d'un aléa d'échantillonnage (2). Signalons encore une
(1) E. Malinvaud "Quel enseignement faut-il donner aux futurs cadres des services statistiques ?" à la page du présent sommaire.
(2) B.V. SHAH, MM. HOLT, R.E. FOLSOM "inference about regression models from sample survey data" entre autres.
session consacrée aux écarts que la réalisation effective d'une
enquête entratne vis à vis des impératifs de la théorie (IP23 orga-
nisateur K.R. BREWET : une certaine perplexité semblait apparaître
sur la manière dont ces écarts, unanimement ressentis, pourraient être
comblés. De manière significative, aucune session n'était consacrée
exclusivement aux problèmes d'observation, les statisticiens d'enquête
présents semblant plus intéressés par les problèmes d'échantillonnage
que par ceux de la collecte (3), au contraire peut être des intérêts
des statisticiens français.
Le texte des communications devrait être bient8t disponible.
(3) Le phénomène se constatait aussi lors du "workshop on practical problems of survey sampling" organisé simultanément par l'AISE.
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QUEL ENSEIGNEMENT FAUT-IL DONNER AUX FUTURS
CADRES DES SERVICES STATISTIQUES ?
par Edmond MALINVAUD
I. - INTRODUCTION
Abordant cette question à l'Institut International de Sta-
tistique, je ne vais pas décrire l'expérience française, laquelle n'est
compréhensible que par référence au système très particulier que régit
l'ensemble de l'enseignement supérieur dans mon pays. Je sortirais de
mon sujet si j'essayais de promouvoir ce système ; je ne le ferais
d'ailleurs qu'en émettant à son égard de sérieuses réserves.
Il s'agit plutôt d'examiner les grandes orientations que
doivent inspirer tout effort de formation s'adressant aux cadres supé-
rieurs des services statistiques officiels. Il s'agit aussi d'étudier
comment ces orientations peuvent se traduire en programmes cohérents
d'enseignement, compte tenu de l'état actuel des disciplines qui peu-
vent trouver leur place dans de tels programmes.
L'attention sera concentrée sur les besoins des services
ayant pour mission tantôt d'organiser et de coordonner le système
statistique national, tantôt de collecter et de dépouiller les données,
tantôt de présenter au public et aux utilisateurs les plus divers les
informations statistiques sur les réalités économiques et sociales. Ces
services ont évidemment à élaborer des indices synthétiques éclairant
tel ou tel aspect important de la situation actuelle et de son évolu-
tion. A notre époque ceci implique en particulier qu'ils soient chargés
d'établir les comptes économiques nationaux et le système des indica-
teurs sociaux. Dans certains pays, en France notamment, les services
statistiques officiels participent à la planification nationale à court,
moyen ou long terme ; leur rôle consiste alors à définir et à calculer
des jeux de projections partant de diverses variantes relatives à la
politique économique ou à l'environnement dans lequel elle opèrera.
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Je ferai quelques références occasionnelles eux besoins des services
qui ont de telles responsabilités ; mais je n'ai pas l'intention de
penser plus particulièrement à eux dans ce qui suivra.
Ayant une certaine expérience de l'organisation de l'ensei-
gnement, je conserve toujours présente à l'esprit une limitation essen-
tielle de tout enseignement s'adressant à des étudiants avant leur en-
trée dans la vie active : dans un cycle couvrant deux, trois ou quatre
années, seuls peuvent être assimilés des corps de connaissances relati-
vement formalisés et présentant chacun une certaine unité ; l'assimila-
tion est d'autant plus profonde que le nombre de ces corps est plus
petit : un, deux, trois au maximum. C'est aller à l'échec que de défi-
nir un programme de cours en le calquant sur un catalogue des connais-
sances qui seront utiles, voire nécessaires, dans le métier ultérieur
des étudiants. La formation d'un homme est un processus continu qui ne
s'arrête pas au début de la vie active et certaines connaissances ne
seront jamais acquises qu'après un peu d'expérience professionnelle.
Cette limitation essentielle explique pourquoi il ne sera pas question
dans la suite de certains aspects du métier de statisticien que je sais
pourtant être importants. Pour ne prendre qu'un exemple, je suis cons-
cient de ce que des cadres ont à encadrer d'autres hommes, mais je ne
plaiderai pas pour qu'une formation à l'art de l'encadrement figure
dans les programmes conçus comme s'adressant à des étudiants.
1. - Une thèse
Mon point de départ sera une affirmation en forme de thèse
que je crois profondément exacte mais que je n'ai pas le souvenir d'a-
voir vu écrite, bien qu'elle ne prétende évidemment pas à l'originalité
La voici.
Un statisticien officiel se caractérise à la fois par sa
technique et par sa culture, les "deux jambes" avec lesquelles il doit
marcher. L'enseignement donné aux futurs cadres des services statisti-
ques doit comprendre deux parties appelées à développer respectivement
chacune des deux jambes.
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Que le statisticien ait une technique, que celle-ci doive
être apprise ne sera contesté par personne. C'est une vérité bien fami-
lière sur laquelle je n'insisterai pas. En revanche il faut sans doute
s'arrêter un moment sur cette idée selon laquelle le statisticien offi-
ciel a une "culture" qui exige un certain effort d'assimilation et qui
peut être assimilée en grande partie dans le cycle d'enseignement pré-
cédant la vie professionnelle.
Dans les sociétés modernes les statisticiens sont chargés
de fournir la mesure des multiples aspects que revêtent les phénomènes
économiques et sociaux. Ils ont à conceptualiser les préoccupations de
leurs concitoyens quant à ces phénomènes ; ils ont à rechercher quelles
sont les meilleures classifications et les meilleures grandeurs suscep-
tibles d'en rendre compte ; ils ont à trouver ou à recueillir les don-
nées fournissant les mesures ainsi définies ; ils ont enfin à présenter
le résultat de leur observation. En raison de leur fonction d'observa-
teur, ou même souvent d'arbitre, les statisticiens doivent rechercher
continuellement l'objectivité et savoir éviter le dogmatisme.
La "culture" du statisticien est précisément ce qui lui
permet de bien tenir son rôle ; elle est le fruit d'une réflexion ap-
profondie sur les phénomènes économiques et sociaux, le fruit d'une
réflexion qui, menée avec le souci de rechercher le vrai, protège na-
turellement contre le risque de parti pris.
Dans les domaines sur lesquels porte son observation, le
statisticien doit avoir une compétence dépassant celle qu'ont la plu-
part de ses concitoyens, même cultivés ; car il doit savoir aller au-
devant de leurs préoccupations et au-delà de leurs idées prédominantes.
Besoin d'une réflexion approfondie, besoin d'une avance par
rapport aux conceptions les plus répandues des contemporains, voilà
deux raisons expliquant pourquoi la formation de statisticien doit don-
ner une grande place à l'acquisition d'une culture qui, concernant les
sciences sociales, en connaisse la richesse mais aussi les difficultés
fondamentales.
A partir de la thèse que je viens d'exposer, je vais consi-
dérer successivement la formation technique et la formation culturelle
des statisticiens. Je raisonnerai comme si un cycle d'enseignement de-
vait être conçu pour des étudiants disposant d'une très bonne forma-
tion générale, scientifique et littéraire, et appelés à devenir les
cadres de services statistiques officiels. Une telle façon de poser le
problème est meilleure dans certains pays que dans d'autres, mais c'est
la plus commode pour examiner la question qui doit retenir notre atten-
tion ici. Elle n'est d'ailleurs pas inadéquate, même là où les services
statistiques recrutent sur titres leurs cadres à la sortie des univer-
sités ; car elle fait apparaître quelles études supérieures doivent être
particulièrement appréciées lors de la sélection des candidats.
2. - Formation technique
La formation des cadres des services officiels doit évidem-
ment donner une place importante à la statistique mathématique. Mais la
question se pose de savoir quelle importance attribuer à l'enseignement
des techniques de la production statistique : informatique et autres.
2.1. La statistique mathématique
Il est courant d'entendre les responsables des services of-
ficiels exprimer leur insatisfaction vis-à-vis de l'évolution prise par
l'enseignement académique de la statistique. Une telle expression n'est
pas due uniquement à l'éloignement qu'ils peuvent éprouver à regret vis-
à-vis d'une science à laquelle ils avaient consacré quelques-unes de
leurs jeunes années mais à laquelle ils n'ont plus la possibilité de
contribuer par manque de temps. Leur insatisfaction peut tenir à ce que
les recherches les plus actives en statistique mathématique ne concer-
nent plus ni l'organisation des enquêtes ni les inferences relatives
aux phénomènes sociaux. Aussi ai-je ici à essayer de faire le point sur
l'enseignement de statistique mathématique que devraient recevoir les
futurs cadres des services officiels.
A mon avis, cet enseignement devrait être organisé autour de
quatre cours principaux :
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- analyse des données,
- fondements et principales procédures de la statistique
mathématique,
- méthodes de l'économétrie,
- théorie des sondages et des plans d'expérience.
La statistique descriptive a toujours figuré dans les ensei-
gnements introductifs donnés aux statisticiens. Toutefois elle fut
souvent tenue dans un certain mépris en raison de son caractère considé-
ré tantôt comme élémentaire tantôt comme arbitraire. C'est pourquoi son
importance avait décru au point qu'on déplore parfois la maladresse des
étudiants à traiter effectivement des données chiffrées. Avec l'utilisa-
tion généralisée de l'informatique, le champ d'application des procédu-
res descriptives a beaucoup augmenté. Certains mathématiciens se sont
même intéressés à "l'analyse des données". L'enseignement de statistique
descriptive a ainsi retrouvé une difficulté propre à retenir l'attention
d'étudiants, en même temps que se répandaient les moyens de calcul per-
mettant que soient multipliés des exercices appliqués. Le risque à évi-
ter est de voir maintenant le cours correspondant se concentrer sur une
petite partie seulement des questions à traiter, plus précisément sur
les questions donnant lieu aux meilleures contributions mathématiques.
En fait le domaine des questions à traiter est très vaste : représenta-
tion des distributions multidimensionnelles (à caractères qualitatifs
ou quantitatifs), recours aux composantes principales, analyse des cor-
respondances, construction de typologies, mesures des inégalités et des
concentrations, analyse descriptive des séries temporelles, matrices de
transition et leurs distributions limites, etc ... Un tel cours ne de-
vrait pas s'interdire l'introduction de modèles mathématiques, éventuel-
lement aléatoires, chaque fois que ceci donne une signification relati-
vement directe aux prodédés descriptifs envisagés (cas du dernier exem-
ple cité).
S'agissant des fondements de la statistique inductive, ils
doivent évidemment trouver leur place à la fois comme base pour les
deux cours suivants et comme contribuant à la formation de la "culture"
du statisticien. Devraient y figurer les principes du jugement sur échan-
tillons et leur application aux tests et estimateurs. Les cas les plus
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simples, sur lesquels la théorie s'est élaborée, seraient traités de
façon aussi complète que possible. Les principes de la statistique
bayesienne et son application dans certains contextes simples seraient
présentés de façon à ce que les étudiants aient eu l'occasion de réflé-
chir sur les difficultés les plus fondamentales de l'induction et du
rôle du statisticien en tant qu'expert neutre et objectif. De même une
introduction serait donnée aux procédures dites "non paramétriques".
Le cours sur les fondements serait le plus long des quatre auxquels je
pense, mais il éviterait de s'appesantir sur les développements mathé-
matiques les plus ardus et ne devrait donc pas rechercher "la plus
grande généralité".
J'espère ne pas être induit en erreur par mes propres tra-
vaux quand je pense qu'un enseignement d'économétrie est apte, mieux
que tout autre, à former aux applications de la statistique inductive
dans les sciences sociales. J'estime en effet qu'un tel enseignement
peut avoir une unité suffisante pour une bonne assimilation et peut
fournir l'occasion d'introduire toutes les techniques statistiques les
plus couramment utilisées non seulement par les économistes, mais aussi
par les spécialistes des autres sciences sociales. Bien entendu l'équi-
libre du cours doit être conçu en fonction de son rôle dans la formation
des cadres des services statistiques : importance primordiale donnée à
la théorie des régressions et au traitement inductif des séries temporel-
les ; présentation plus rapide de certains développements tels que le
traitement des échantillons bidimensionnels (séries temporelles de cou-
pes instantanées) et que l'estimation des modèles à équations simuitanéep et 1 expose
(la réflexion sur le phénomène de simultanéité étant à privilégierld'un
catalogue de méthodes voisines à éviter) ; introduction à l'étude de
cas qui jouent un rôle moins fréquent en économétrie que dans d'autres
sciences sociales ; modèles à erreurs sur les variables ; traitements
des situations où les variables à expliquer sont discrètes ou soumises
à des contraires.
Il va de soi que les cadres des services statistiques doivent
savoir comment choisir les unités sur lesquelles porter leur observation.
Un cours sur la théorie des sondages n'a pas besoin d'autre justification•
Il me semble que, pour la même raison, ce cours devrait contenir une
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partie traitant des plans d'expérience. Peut-être préférera-t-on faire
appel à deux petits cours distincts, arguant de ce que les modèles
théoriques fondamentaux sont bien différents. J'ai le sentiment cepen-
dant que considérer les deux théories dans le cadre d'un même enseigne-
ment amènera à moins négliger certains problèmes, assez importants en
pratique, qui relèvent à la fois de l'une et de l'autre.
2.2. Techniques de la production statistique
La production statistique est devenue plus complexe au cours
des dernières décennies. Des dépouillements, qui étaient conduits au-
trefois suivant des chaînes linéaires oà se succédaient des opérations
élémentaires, ont maintenant une structure plus élaborée tantôt du fait
qu'on en tire une beaucoup plus grande richesse de données, tantôt du
fait qu'ils combinent des sources de données diverses (notamment dans le
cas des données administratives). Le recours généralisé à l'informati-
que suppose une véritable technicité. Enfin la conception même du sys-
tème statistique implique une vision claire des rôles respectifs des
diverses sources d'information, de leurs articulations réciproques et
de la façon dont elles se complètent les unes les autres.
On voit donc l'utilité d'une formation universitaire visant
à préparer les futurs cadres à concevoir correctement l'élaboration du
système statistique et les grands dépouillements. Si l'utilité est
claire, la définition de cours contribuant à une véritable formation
est moins évidente.
Sans doute faut-il mettre à part l'enseignement de l'in-
formatique qui est aujourd'hui répandu et sur lequel je suis d'ailleurs
incompétent. S'adressant à de futurs statisticiens cet enseignement ne
devrait pas poser de difficulté majeure puisque les matières à présen-
ter et la pédagogie à retenir doivent s'inspirer de ce qui est fait par
ailleurs à la fois pour l'informatique scientifique et pour l'informa-
tique de gestion.
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Pour le reste le cours à concevoir me paraît pouvoir trouver
son unité pédagogique s'il est organisé autour de l'idée d'"anelyse de
système pour la production statistique". Kais il doit alors avoir une
substance précise et éviter le risque d'un formalisme purement gratuit.
Il devrait faire référence à de nombreux exemples pris soit dans le do-
maine de la production statistique, soit dans celui de la conception
et de l'organisation du système statistique. J'ai trop peu réfléchi sur
la mise eu point de l'enseignement correspondant pour prétendre le dé-
finir avec assurance. Néanmoins je vais tenter de le faire.
La notion de système devrait être d'abord présentée : ensem-
ble de cellules ayant chacune une fonction propre, temps de réalisation
d'une opération dans une cellule, transmission des informations entre
cellules, erreurs de réalisation ou de transmission, output final du
système, contrôle du système, etc ... Puis les divers problèmes logiques
que pose la conduite d'un système devraient être étudiés un à un : temps
de réponse global en fonction des temps de réponse élémentaires et de
la structure du système (sans oublier le cas où les temps élémentaires
sont aléatoires) ; fiabilité de l'output final en fonction de la fia-
bilité des opérations élémentaires et de la structure du système ; op-
timatisation d'un système centralement contrôlé (sans oublier le choix
des techniques ou sources d'information à utiliser) ; décentralisation
du contrôle entre les cellules ; choix de l'autonomie donnée à chaque
cellule (théorie des équipes).
Ainsi envisagé l'enseignement semble laisser de côté certai-
nes questions importantes pour la production statistique, notamment
celles touchant les problèmes humains dans le travail. Je ne crois pas
que ces questions en tant que telles puissent faire l'objet d'un cours
autonome qui serait utile. En revanche ils doivent intervenir souvent
dans les exemples qui illustreront le cours d'flanalyse de système pour
la production statistique". Ceci suppose de la part de l'enseignant une
double compétence que j'espère ne pas être trop difficile à trouver :
expérience de la production statistique d'une part, connaissance appro-
fondie de certaines branches récentes des mathématiques. appliquées.
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3. - Formation culturelle
Les futurs cadres des services statistiques officiels doi-
vent, je l'ai dit, acquérir durant leur cycle universitaire une cultu-
re faite d'une réflexion approfondie sur les phénomènes économiques et
sociaux, une culture comprenant une compétence affirmée dans l'analyse
d'au moins certains de ces phénomènes. L'enseignement conçu à cette fin
doit avoir une richesse et une intensité suffisantes pour que les étu-
diants en retirent aussi bien la conscience de savoir comment opèrent
les sciences sociales que des exigences de rigueur dans l'appréhension
des réalités sur lesquelles ils auront à travailler.
Il semble bien aujourd'hui que seul un enseignement centré
sur l'économie puisse convenir. Mais s'interroger sur sa finalité per-
met de mieux dégager comment il devrait être conduit et complété.
3.1. Pourquoi une formation économique ? ------------------------- ......
Bien des raisons font que la science économique offre aujour-
d'hui le meilleur support possible de la formation culturelle des futurs
statisticiens.
En premier lieu, c'est la plus élaborée des sciences socia-
les. Elle a dégagé pour l'analyse des réalités économiques un ensemble
de méthodes, de systèmes conceptuels et de théories qui n'est certes
pas satisfaisant à tous égards et qui devra poursuivre son développe-
ment, mais qui a atteint une solidité et une maturité indéniables. La
science économique est à la fois riche dans ses structures et opération-
nelle pour le traitement de certains parmi les nombreux problèmes que
la gestion de nos économies fait apparaftre.
Etudier l'économie c'est donc avoir de multiples occasions
de réfléchir sur un monde dans lequel opèrent de nombreuses unités qui
agissent avec une autonomie plus ou moins grande à l'intérieur d'un
cadre institutionnel définissant comment doivent s'effectuer leurs rap-
ports réciproques ; c'est en somme avoir à considérer souvent la vie
dans les sociétés humaines. C'est aussi comprendre progressivement com-
ment peuvent être appréhendées les questions auxquelles les sciences
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sociales doivent apporter des réponses. C'est constater l'existence
d'un corps de connaissances objectives s'enrichissant continuellement.
C'est enfin voir que, pour un certain nombre de problèmes, l'observa-
tion et l'analyse, s'étayant l'une l'autre, peuvent conduire jusqu'à
des modèles annonçant les conséquences à attendre de décisions alterna-
tives et permettant ainsi le choix entre ces décisions.
En second lieu, un enseignement économique est indispensa-
ble pour beaucoup de ceux qui auront à travailler dans les services
statistiques. Justement parce que la science économique est la plus
avancée et la plus opérationnelle des sciences sociales, on ne peut
pas, sans une sérieuse préparation, concevoir certaines des statistiques
économiques (statistiques sur les entreprises, statistiques financières
par exemple), élaborer la comptabilité économique, présenter des des-
criptions synthétiques de l'évolution économique passée, procéder à des
analyses conjoncturelles, établir des modèles de projection.
Dès lors qu'une proportion importante des futurs statisti-
ciens doit avoir consacré une partie substantielle de ses études à l'é-
conomie, il est avantageux que celle-ci serve de base à la formation
culturelle des statisticiens.
En troisième lieu, les autres sciences sociales semblent
peu propres à donner une culture ayant toutes les dimensions voulues.
La démographie, que certains statisticiens auront à bien connaftre, a
certes quelques-unes des caractéristiques requises : science mûre, fai-
sant intervenir des concepts précisément définis, se prêtant à une cer-
taine modélisation, débouchant sur des résultats opérationnels. Sauf
à emprunter beaucoup à l'économie ou à la sociologie, elle reste toute-
fois relativement étroite : les phénomènes à étudier sont peu nombreux
en sorte que les questions à traiter le sont aussi. Devant l'énorme
multiplicité des phénomènes économiques et sociaux, de purs démographes
ont naturellement un sentiment d'incompétence et tendent à s'en tenir
à leur spécialité, se sentant mal à l'aise en dehors de leur domaine
étroit de compétence. De plus, comme la conceptualisation et la modéli-
sation peuvent prétendre rester très proches de réalités démographiques
qui sont simples, l'étude de la démographie n'amène pas à réfléchir sur
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les difficultés les plus sérieuses que rencontrent les sciences socia-
les et qui tiennent à ce que l'enrichissement des connaissances y sup-
pose le recours a des jeux de simplification et requiert donc que divers
aspects des réalités soient considérés successivement.
Quant à la sociologie, elle a encore les caractéristiques
d'une science à ses débuts et donc d'une science se prêtant mal à l'en-
seignement ; si la conceptualisation y a beaucoup progressé, les thèses
ambitieuses y sont nombreuses, les résultats acquis relativement rares ;
les voies d'une accumulation systématique de connaissances y sont in-
certaines ; l'attitude scientifique y est souvent critique et ne con-
duit qu'exceptionnellement à des méthodes pour la préparation des dé-
cisions.
Ainsi, il me semble encore prématuré de proposer que la for-
mation culturelle des futurs statisticiens soit centrée sur la sociolo-
gie, tout au moins dans les cas où cette formation doit être organisée
à l'intérieur de cycles conçus pour un certain nombre d'étudiants.
3.2. Quelle formation économique ?
On ne doit pas se cacher néanmoins que le recours exclusif
à la science économique risque de présenter certains inconvénients. In-
formés de ces inconvénients, ceux qui ont à définir la formation des
futurs statisticiens doivent y privilégier certaines branches de l'éco-
nomie et y faire figurer des cours complémentaires, éventuellement à
option, introduisant aux autres sciences sociales.
L'économie a un premier inconvénient qui est le revers de
sa maturité. Si les enseignants n'y prennent pas garde, elle peut ap-
paraître comme une science toute faite, sachant parfaitement rendre
compte des réalités économiques. Puisque les étudiants ont à fournir
de sérieux efforts en vue d'assimiler des théories fondamentales pré-
sentant une certaine complexité et en vue d'apprendre à utiliser des
méthodes rigoureusement établies, le risque existe qu'ils ne réflé-
chissent pas sur la nature et le sens des conceptualisations. Il con-
vient donc de fixer les programmes de telle façon qu'une place y soit
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réservée à des domaines peu avancés dans lesquels les étudiants pren-
nent nécessairement conscience des limitations de l'économie et cons-
tatent ce que peut être une science sociale en voie d'élaboration.
Le second inconvénient de l'économie est de ne pas introduire
à des préoccupations qui sortent de son champ mais dont certaines inté-
ressent beaucoup les hommes d'aujourd'hui. Tout enseignement intensif
est conduit à sélectionner et doit nécessairement négliger des domaines
que les étudiants auront à connaître dans leur vie future ; l'inconvé-
nient est cependant secondaire si les étudiants sont bien préparés à
acquérir rapidement les connaissances qui leur manquent. Des statisti-
ciens dont la culture est centrée sur l'économie sont-ils mal préparés
à l'observation des phénomènes sociaux relevant de la démographie ou
de la sociologie ? Tout dépend, à mon avis, de l'enseignement d'écono-
mie qu'ils auront reçu.
Les finalités de la science économique sont principalement
globales : assurer le plein emploi et la croissance, freiner l'infla-
tion, pour cela maintenir ou rétablir l'équilibre des échanges avec
l'extérieur, etc ... La science économique est mieux assurée pour l'é-
tude des mouvements conjoncturels et de leur régulation que pour celle
des tendances longues et des changements structurels qu'elles suscitent.
La sociologie s'intéresse au contraire aux disparités, aux relations
entre individus et entre groupes, aux structures, à leur renouvellement
de génération en génération et à leurs transformations, lesquelles, en
l'absence de révolution sociale, sont nécessairement lentes.
L'enseignement économique donné à de futurs statisticiens doit
tenir compte de ces différences d'optique ; il doit faire une certaine
place à des préoccupations analogues à celles des sociologues. Il ne
s'agit évidemment pas de traiter négligemment la présentation des théo-
ries visant à l'appréhension des phénomènes économiques globaux ; ce
serait doublement maladroit ; d'une part les statisticiens doivent con-
naître ces théories ; d'autre part une étude approfondie insistant sur
les fondements suscite justement la réflexion sur le rôle des dispari-
tés, des relations entre unités individuelles et des structures sociales.
- 20 -
Il s'agit bien davantage de jouer sur la définition du pro-
gramme en y allégeant certaines parties et y donnant au contraire une
importance particulière à des branches de la science économique qui
n'auraient pas nécessairement une grande place dans un enseignement
destiné à d'autres économistes.
Du côté des allègements je pense surtout à toute la partie qu'il faut au contraire privilégier dans la formation des économistes
d'entreprises, depuis l'étude approfondie des théories macroéconomiques
de l'optimum et des fondements du calcul économique jusqu'à l'assimila-
tion des pratiques du management. Je pense aussi aux cours concernant
le fonctionnement des institutions financières, qu'elles soient publi-
ques ou privées. Sur toutes ces questions il ne s'agit pas de suppres-
sions pures et simples. De futurs statisticiens doivent certes connaî-
tre comment est organisé la gestion des affaires publiques et privées,
puisque la base de l'information statistique réside, pour des questions
de plus en plus nombreuses, dans les instruments de gestion : comptabi-
lité, fichiers, etc ... Mais si l'on veut faire la place à des enseigne-
ments préparant à l'étude des phénomènes sociaux, il faut bien savoir
restreindre par ailleurs.
En revanche, l'accent me parait devoir être mis sur l'étude
positive de la croissance économique, une étude qui puiserait souvent
dans les travaux d'histoire économique moderne, qui amènerait à consi-
dérer les rapports entre phénomènes démographiques et phénomènes écono-
miques, qui insisterait sur la nature et le rôle des transformations
structurelles et de la mobilité sociale.
De même, une place devrait être faite pour un enseignement
d'économie appliquée qui amène à considérer certains travaux de socio-
logues. La meilleure solution me semble être l'introduction d'un cours
d'économie du travail, car dans ce domaine des questions très concrètes
font l'objet d'analyses de plus en plus fines et de plus en plus inter-
disciplinaires. A défaut on pourrait penser à un cours sur les décisions
de l'individu et de la cellule familiale (choix de la filière d'ensei-
gnement à suivre, choix du métier, mariage, choix du logement, du nom-
bre d'enfants et de l'échelonnement des naissances, etc ...).
- 21 -
Combiner formation technique et formation culturelle, tel me
semble devoir être l'objectif à viser dans l'enseignement s'adressant
aux futurs cadres des services statistiques officiels. J'ai tenté d'en
définir plus précisément l'esprit. Mais il serait vain de proposer un
programme détaillé devant une audience internationale. Le meilleur
choix d'un tel programme dépend évidemment des circonstances locales.
- 22 -
PROJET D'ENQUETE SUR LA FORCE DE TRAVAIL EN MILIEU RURAL COLOMBIEN
par : Oscar RODRIGUEZ S. Bernard TISSIER
Ce projet a été élaboré à l'occasion de la mission de trois
semaines (4 - 22 juillet 1977) que M. TISSIER a effectuée auprès du
DIES (DANE) à BOGOTA.
Après avoir abordé les difficultés conceptuelles qu'engendre
la notion de sous-emploi, le présent rapport définit une approche
possible des problèmes relatifs à la force de travail, en s'appuyant
sur une proposition d'enquête dans le département d'ANTIOQUIA.
Le rapport reste muet sur plusieurs points importants tels
que la taille de l'échantillon, les coûts de réalisation, l'exploita-
tion de l'enquête. Il n'entre pas dans le détail du plan de sondage,
il ne va pas jusqu'au dessin des formulaires mais s'arrête à un listing
des questions qui y figureront. L'absence - provisoire espère-t-on
de toute source de financement entretenait une certaine imprécision.
Par ailleurs, la nécessité de tirer la leçon des déboires subis au
cours des précédentes investigations en milieu rural, imposait que
soit donnée la priorité aux aspects méthodologiques. Enfin, la durée
trop courte de la mission ne favorisait pas un travail en profondeur.
Le projet n'est pas figé dans sa forme actuelle. Il a pour
vocation d'être analysé et discuté au sein du DANE, par les divisions
concernées (DIES, DICEPRO...). Il doit également être soumis aux
organismes qui ont manifesté leur intérêt (SENA, Départemento Nacional
de Planeacion) et de façon générale à toutes les entités susceptibles
d'accorder un concours technique ou financier.
1 - Bilan des enquêtes-emploi, en milieu rural
Les données sur l'emploi en milieu rural proviennent essen-
tiellement des recensements de la population, dont le dernier date de
1973, et des enquêtes auprès des ménages. Mais ces dernières, depuis
1974, ne sont plus réalisées qu'en milieu urbain, dans les quatre ou
les sept plus importantes agglomérations du pays, selon les cas.
- 23 -
Dans le secteur rural, en effet, la mauvaise qualité des
résultats fournis par les enquêtes auprès des ménages ont conduit
à leur suspension. Les problèmes d'échantillonnage et de concepts
semblent être à l'origine de cet échec.
Le plan de sondage était celui adopté par le Ministère
de la Santé pour une enquête sur la morbidité réalisée en 1965.
La base de sondage, bien qu'actualisée en prenant en compte les
constructions nouvelles, était donc très ancienne. Les critères de
stratification des unités primaires constituées par les communes
répondaient imparfaitement aux objectifs de l'investigation. Enfin,
pour des raisons de coût et de commodités, les unités secondaires
(logements) de l'échantillon se situaient à proximité des chefs-lieux
de commune. La force de travail concentrée près des chefs-lieux de commu-
ne présentant naturellement des traits spécifiques, l'enquête ne
pouvait refléter que partiellement les véritables conditions d'emploi
dans le secteur rural.
Mais la principale cause d'échec réside sans doute dans
l'inadaptation des concepts d'emploi, de chômage, de sous-emploi à
l'analyse de l'activité rurale, car du choix des concepts dépend
l'échantillonnage, les questionnaires, la collecte des informations
sur le terrain.
Actuellement, il n'existe donc pas, au DANS, de système
d'observation de l'emploi et autres problèmes relatifs à la force de
travail en milieu rural. Aussi le travail a-t-il pour but d'amorcer
une réflexion sur les concepts et de proposer une méthodologie d'enquê-
te sur un projet précis.
2 - Le concept de sous-emploi
La notion de "sous-emploi" appartient au vocabulaire de base
des économistes et démographes. On la requiert comme instrument analytique
pour des études théoriques sur le sous-développement en particulier ou
pour éclairer divers aspects des politiques économiques des Etats,
- 24 -
orientation des investissements dans les régions agricoles à forte
densité et plus généralement politique fondée sur le plein emploi
(ou au contraire sur le maintien d'un certain taux de chômage).
La floraison de qualificatifs - dont beaucoup évoquent
l'ombre et le mystère (partiel, latent, déguisé, insuffisant, anormal,
cyclique, structurel, de développement, occulte, visible, chronique,
saisonnier, accidentel, invisible, potentiel...) - accolés aux termes
d'"emploi", de"sous-emploi", ou de "chômage", témoignent à la fois de
la nécessité d'affiner des concepts trop généraux et vagues pour ne
pas englober des situations contradictoires et de la difficulté de
débrouiller la complexité des phénomènes se rapportant à la force de
travail.
Nous n'allons pas ici passer en revue tous les travaux sur
ce thème depuis les premiers avatars théoriques faisant coincider
sous-emploi et surpopulation. Nous nous limiterons aux définitions et
recommandations du B.I.T. (Bureau International du Travail), tâchant
d'en apprécier la pertinence dans l'analyse du milieu rural.
Dans sa formulation la plus générale, le sous-emploi se
définit par opposition au plein emploi. Le plein emploi se mesurerait
comme "l'écart entre l'emploi effectif et le plein emploi théorique
de la main-d'oeuvre" ou encore comme "l'écart entre le travail fourni
par les personnes pourvues d'un emploi et celui qu'elles pourraient
et désireraient normalement fournir".
Dans un cas, on affronte la détermination du plein emploi
théorique, lequel varie selon les critères économiques et sociaux
retenus (durée de la vie active, durée du travail journalier, niveau
d'activité, productivité du travail, mobilité professionnelle, niveau
des revenus, etc...). Dans l'autre cas, on doit accepter une hypothèse
aussi peu réaliste que celle qui à l'évidence sous-tend la définition,
à savoir l'existence d'un "homo économicus" au comportement "ration-
nel" (l'adverbe "normalement" n'implique rien d'autre), pouvant décider
ou émettre des voeux, sans aucune référence au mode de production.
- 25 -
L'imprécision et partant le caractère inopératoire de telles
formules a conduit à donner un contenu plus ferme et plus clair à la
notion de sous-emploi. Pour ce faire, ont été dégagés les éléments
supposés constitutifs du phénomène. Le principal d'entre eux est le
temps de travail. Viennent ensuite le rendement par poste d'emploi, le
revenu du travail, l'utilisation des aptitudes des travailleurs, la
productivité générale de l'entreprise, le désir du travailleur d'accéder à
un emploi plus normal.
En s'appuyant sur ces éléments, on a pu ensuite élaborer diver-
ses catégories de sous-emploi, à des fins de mesure statistique. On
distingue en particulier le sous-emploi visible et le sous-emploi invi-
sible ou déguisé.
Le sous-emploi visible est caractérisé par le fait que le
travailleur ne peut exercer son activité professionnelle que pendant
un temps anormalement court dans la période prise en référence. Il
revêt des formes différentes selon la manière dont se répartissent les
périodes d'inactivité ou insuffisante activité. C'est ainsi que l'on
est amené à distinguer trois types de sous-emploi visible : saisonnier,
chronique et accidentel. Le sous-emploi saisonnier, le seul qui nous
intéresse véritablement dans l'étude du milieu rural, se traduit par
une répartition des périodes d'inactivité en fonction des cycles de
la production, périodes d'inactivité qui se reproduisent chaque année
aux mêmes époques.
Le sous-emploi invisible met en cause l'utilisation de la
main-d'oeuvre et l'organisation du travail. Il se manifeste par
l'insuffisance des revenus perçus par les travailleurs eu égard à leur
qualification et aptitude - la durée du travail étant an demeurant
normale - et par une faible productivité.
Cet effort de conceptualisation reste fondamentalement
marqué par la référence implicite au secteur capitaliste industriel,
même si en s'approfondissant la démarche s'est ingéniée à débusquer
les diverses situations de sous-emploi auxquelles on peut être confronté
- 26 -
dans les autres secteurs de l'Économie. Or l'agriculture et l'élevage
se caractérisant par leur dépendance vis-à-vis des conditions naturelles
(si l'on fait exception de rares secteurs d'activité tels que l'avicul-
ture où la technologie est suffisamment avancée pour permettre de domi-
ner tout le processus biologique par la création d'un milieu artificiel,
rendant ainsi possible une production de masse) et conséquemment par
des formes de production spécifiques quant à la technologie, organisa-
tion et division du travail.
Il en résulte une double conséquence : les résultats entre
milieu urbain et milieu rural ne sont guère comparables ; les instru-
ments forgés pour l'analyse du sous-emploi sont d'un maniement pour le
moins délicat en milieu rural (on pourrait sans doute en dire autant à
propos du secteur non-capitaliste en milieu urbain, de ce secteur qu'on
appelle informel bien qu'il soit doté de formes d'organisation bien
déterminées).
Ainsi le nombre d'heures ou de journées de travail qui est
susceptible effectivement de révéler un sous-emploi visible dans
certaines industries parait beaucoup moins approprié quand il s'agit de
l'Agriculture, où le caractère cyclique des cultures et les aléas clima-
tiques entraînent une inégale application de la force de travail au
cours de l'année,le semis et surtout les récoltes marquant une période
de labeur intense, la phase post-récolte au contraire subissant un
creux dans l'activité.
Pourquoi mgme parler ici de sous-emploi saisonnier - le terme
de "sous-emploi" appelant son contraire "plein-emploi" -,quand il
s'agit en réalité d'une organisation du travail inhérente à l'Agriculture ?
Beaucoup d'auteurs ne prennent mgme pas la peine d'isoler le sous-emploi
saisonnier des autres formes de sous-emploi, et évaluent le sous-emploi
agricole comme la somme des jours, semaines ou mois au cours desquels
l'agriculteur est inactif.
- 27 -
Par ailleurs, dans bien des régions, l'activité agricole n'est
pas la seule. Une non négligeable des ressources monétaires provient
d'activités d'appoint, exercées pendant la période creuse. Conclure
à un excédent de main-d'oeuvre agricole (ou sous-emploi) à certaines
périodes n'a évidemment pas grande signification si on laisse de c8té
les autres activités rémunérées.
D'autres éléments qui fondent la définition du sous-emploi,
plus spécialement du sous-emploi invisible, sont également malaisés à
mesurer et à interpréter. In en va ainsi de l'appréciation sur l'utili-
sation des aptitudes des travailleurs, car dans l'agriculture, la divi-
sion sociale du travail se singularise par le fait qu'il ne peut exister
une spécialisation totale du travail (à l'inverse de ce que l'on voit
dans l'Industrie) ; un ouvrier agricole peut exécuter des taches aussi
variées que semis, récoltes, traitement aux insecticides, transport,
réparations.
On peut enfin (c'est sans doute la meilleure illustration des
obstacles que rencontre l'analyse du sous-emploi en milieu rural) aboutir
à des commentaires dissonants selon que l'on s'attache à l'une ou
l'autre forme de sous-emploi. Nous nous appuierons surtout sur l'exemple
colombien dans les paragraphes qui suivent.
Quand on traite du sous-emploi invisible qui affecte le
système de production parcellaire on ne s'aventure pas à prononcer sur
la compatibilité de formes de production anciennes (faible intensité
capitalistique, forte consommation de main-d'oeuvre par unité produite)
avec une utilisation plus productive de la force de travail. On sous-
entend seulement que si cette force de travail opérait dans des unités
de production de type capitaliste, elle serait utilisée de manière
plus efficiente, en termes de productivité du travail. Une telle trans-
lation implique naturellement la disparition des formes de production
anciennes.
- 28 -
Les choses ne sont pas si simples. Le raisonnement fait fi
de l'articulation des systèmes de production (ou plus exactement de la
domination de l'agriculture parcellaire), qui se manifeste à travers le
marché du travail. En effet, si l'on se réfère au sous-emploi visible, ou
si l'on préfère, aux temps morts du calendrier agricole, on constate, en
poussant l'investigation, qu'une fraction importante des petits paysans
trouve à s'embaucher comme journaliers (on vérifie ici encore la nécessité
de relever toutes les activités rémunérées). Autrement dit, les temps
morts dans la production parcellaire donnent lieu à un mouvement vers
des exploitations de productivité plus élevée.
Il n'est donc pas exagéré d'affirmer que la main-d'oeuvre
temporaire libérée par la petite agriculture est une des conditions de
l'existence d'une agriculture à haute productivité (la complémentarité
entre systèmes de production différents s'observe également quand on
analyse le type de culture pratiquée par l'un ou l'autre). Il est ainsi
pour le moins aventureux de parler de la disparition immédiate des formes
de production anciennes. Il est en outre tout à fait inexact de les
tenir, dans la mesure oh elles ont survécu, pour inchangées. Les structu-
res de l'agriculture dite traditionnelle, m4me quand elles subsistent
sous leur apparence ancienne, ont acquis une signification toute autre
que jadis et ne sauraient à terme échapper à un processus de transfor-
mation et remodélation, par suite de leur dépendance nouvelle à l'égard
du secteur capitaliste agricole, à travers le marché du travail, ainsi
d'ailleurs qu'à l'égard du secteur capitaliste industriel, à travers
les échanges commerciaux (approvisionnement en engrais, semences,
matériel ; achats de biens de consommation ; vente de la production
agricole).
Quittons l'examen des effets du sous-emploi visible pour
celui de son importance quantitative. La situation est alors complète-
ment renversée par rapport à ce que l'on observait dans le cas du
sous-emploi invisible. On constate en effet que le temps mort est
moindre dans les exploitations parcellaires que dans l'agriculture
commerciale. La polyculture que pratiquent les petits paysans - les
cultures permanentes et semi-permanentes, les cultures pluriannuelles
- 29 -
se combinent et souvent un petit élevage s'y ajoute - assure une répar-
tition plus égale des travaux tout au long de l'année. Si, comme nombre
d'auteurs, on faisait abstraction de la productivité du travail, on
pourrait conclure paradoxalement que la force de travail salariée des
exploitations agricoles capitalistes est davantage sous-employée que
la force de travail des exploitations parcellaires.
Ainsi, le sous-emploi, en raison des formes multiples et
contrastées qu'il peut adopter, permet difficilement de cerner les
problèmes de la force de travail en milieu rural. C'est vraisemblable-
ment la fragilité de ce concept qui a incité à lui donner un contenu
empruntant avant tout à l'organisation du travail dans le procès de
production (temps de travail ; utilisation des aptitutdes des travail-
leurs ; productivité du travail). La notion de sous-emploi n'apparait
donc pas très féconde. Dans l'étude de la production - étude nécessaire
à la compréhension des problèmes touchant la force du travail -, elle
semble s'interposer plut8t comme un écran.
3 - Les objectifs généraux d'une enquête expérimentale, en
milieu rural, sur la force de travail
Afin de dégager les lignes de force d'une telle enquête, il
nous parait utile de rappeler les grands traits de l'agriculture colombienne.
Les transformations de ces dernières années ont surtout affecté
la force de travail. Le développement des cultures commerciales requiert
une masse considérable de travailleurs saisonniers ou permanents, recru-
tés non seulement dAns la zone avoisinant les exploitations capitalistes,
mais encore dans des zones éloignées. Autrement dit, il est cause d'une
mobilité accrue de la main-d'oeuvre rurale. Celle-ci va récolter le
coton sur la c8te, puis le café dans le Caldas, et finit par se distri-
buer dans le Tolima, le Valle du Cauca et la savane de Bogota pour les
récoltes moins contraignantes du riz, du soja, du sorgho, du mals, de
l'orge.
- 30 -
A l'opposé, la paysannerie parcellaire, rejetée dans les
terres les moins fertiles, s'accroit démographiquement. Dans l'impossi-
bilité d'étendre ses terroirs, elle les fragmente et, bient8t, incapable
de subvenir à ses besoins, contraint à l'émigration une grande partie de
ses effectifs les plus jeunes. Ceux-ci deviennent journaliers agricoles,
ouvriers temporaires dans la construction, occupant en somme un champ
d'activités en perpétuelle décomposition puis recomposition.
Dans le même temps une différenciation croissante se fait
jour au sein de la paysannerie parcellaire. Deux groupes opposés de
paysans se constituent. Les premiers agrandissent leurs terres, dispo-
sent de matériel et de capital. Les seconds, qui constituent la grande
majorité, soit qu'ils aient dû abandonner de meilleures terres, soit
qu'ils aient vu leur famille se restreindre par suite de l'émigration,
sont de moins en moins capables de faire face aux aléas de la produc-
tion faute d'une main-d'oeuvre suffisante. Et devant la diminution des
rendements, ils n'ont d'autre recours que d'offrir leur force de travail
temporairement ou définitivement.
L'exode rural ou les migrations temporaires résultent, en
somme, du fait que la plupart des petits producteurs ne disposent pas
des moyens nécessaires pour augmenter leur production. Les conditions
actuelles de l'échange, sur le marché national et international sont
telles qu'ils s'appauvrissent. Le paysan ne maîtrise les prix, ni de
ce qu'il vend, ni de ce qu'il achète. Le revenu qu'il tire de la pro-
duction ne lui permet pas de couvrir ses dépenses de consommation
personnelle et ses frais de production : c'est la paupérisation absolue
qui vient encore renforcer l'endettement auquel le paysan doit se résigner
pour couvrir les besoins élémentaires.
Prix de la production insuffisant, techniques de production
trop coûteuses, le paysan ne peut pas constituer le fonds d'accumula-
tion nécessaire pour augmenter sa productivité, et partant sa production.
- 31 -
Cette situation est due aux lois de la concurrence entre
forces productives de productivité inégale que l'on peut exprimer comme
suit : plus le degré technique s'élève, plus il permet d'abaisser la
quantité de travail nécessaire par unité produite. Lorsque les produc-
tivités technique du travail sont inégales, une même valeur marchande
contient des quantités de travail inégales. On a pu, par exemple,
calculer que la production de soja américaine renfermait en moyenne
30 fois moins de travail (le travail contenu dans l'usure des machines
étant compris) qu'une production d'arachide sénégalaise, alors que les
deux produits sont vendus à peu près au même prix sur le marché. Aussi,
lorsqu'il y a échange entre secteurs de productivité inégale, il y a
échange inégal de quantités de travail pour des productions de valeur
équivalente. Le petit producteur reçoit une quantité de travail, à
travers sa consommation, plus faible que celle qu'il fournit dans sa
production. Un transfert de travail s'opère de la petite production
marchande vers le secteur de la production capitaliste. Si ce transfert
est trop important, par rapport au degré de productivité de son travail
qui détermine le volume de sa production, le paysan n'est plus en mesure
de reproduire la force productive qu'il met en oeuvre. Il doit s'endetter,
voire émigrer.
Les profonds changements qu'a connu la force de travail ont
leur parallèle au niveau des institutions. Les vieilles formes d'exploi-
tation du travail - rente en services, contrats archalques de métayage
et fermage - ont tendu à disparaitre sous l'impact du développement
capitaliste spontané. La législation a accentué cette évolution en
interdisant ces formes anciennes au profits des formes modernes de
contrats de travail.
Cette esquisse du processus de transformation de l'agriculture
colombienne a montré la nécessité de lier l'étude de la force de travail
en milieu rural aux conditions matérielles de la production. L'offre
de main-d'oeuvre reste subordonnée à la demande de main-d'oeuvre,
c'est-à-dire aux exigences de la production.
- 32 -
En conséquence, l'enquête ne se cantonnera pas dans la mesure
statistique de l'offre et de la demande de la main-d'oeuvre ou des flux
de migration. Elle s'attachera également à étudier les formes qu'emprun-
te le procès de travail dans la production agricole, en fonction des
traits distinctifs du capital dans cette activité économique. Les objec-
tifs que commande cette démarche, peuvent se formuler ainsi :
1. Identification, à partir des données existantes, des divers
systèmes de production agricole.
2. Etude de ces divers systèmes de production à travers des
thèmes précis tels que :
. Superficie et sols
. Régime foncier
• Capital et technologie
. Organisation du travail : main-d'oeuvre (quantité et
caractéristiques)
Types de contrat. Travaux agricoles (nature et durée)
. Production et productivité (on n'ambitionnera pas de
mesurer le transfert de travail, évoqué plus haut, de la petite produc-
tion marchande vers le secteur de la production capitaliste. Il faudrait
pour cela connaître la valeur en heures de travail des produits et ser-
vices consommés par les petits producteurs. Or les données font défaut
pour ce calcul. On se limitera donc à estimer la quantité de travail
contenu dans la production agricole afin de pouvoir déterminer la pro-
ductivité du travail. La comparaison des productivités, en fonction du
système de production, est déjà riche d'enseignement. Il serait, par
ailleurs, intéressant d'aboutir à la détermination de seuils de produc-
tivité en-dessous desquels le petit paysan, dans l'impossibilité de cou-
vrir ses besoins et ceux de sa famille, n'a plus d'autre solution que
vendre temporairement ou de façon permanente sa force de travail.
. Commercialisation
. Endettement.
4 - Une enquête sur la force de travail en milieu rural, dans
le département d'ANTIOQUIA
On ne peut concevoir actuellement d'implanter un système sta-
tistique (enquêtes périodiques et dispositif permanent d'observation)
- 33 -
couvrant tout le milieu rural colombien. Les ressources financières
manquent et il a paru préférable, au demeurant, de tester une méthodo-
logie d'enquête et d'affiner les concepts au moyen d'une enquête-pilote
dans une région déterminée. Les échecs passés incitent à la prudence et
à procéder par étapes.
Le département d'Antioquia a été choisi pour être l'objet d'une
enquête en milieu rural. La présence d'une infrastructure statistique
solide a fortement déterminé cette option. La direction départementale
d'Antioquia a notamment une longue expérience des enquêtes en milieu
rural. Les opérations de recensement des unités statistiques et de re-
connaissance du terrain, les investigations auprès des échantillons
d'exploitations agricoles, lui ont permis d'accumuler d'utiles informa-
tions sur le monde rural. Celles-ci seraient d'un profit immédiat. Par
exemple, les résultats de l'enquête agricole réalisée cette année pour-
raient contribuer à affiner le plan de sondage du projet. Cette enquête,
menée avec la collaboration de l'Université d'Antioquia a porté sur
3.300 unités d'exploitations. Elle devrait, grâce au soin apporté à
l'échantillonnage, aux questionnaires et surtout au contrôle des opéra-
tions sur le terrain, fournir des données précises et fiables sur les
aspects matériels de la production. D'autre part, l'intérêt que l'Uni-
versité d'Antioquia a témoigné à l'égard d'une investigation sur la
force de travail, sa proposition d'y participer comme à l'enquête agri-
cole, a également pesé d'un grand poids.
Le choix d'Antioquia présente, toutefois, un inconvénient.
C'est un département où prédomine largement l'agriculture traditionnel-
le. La capitalisation de l'agriculture n'a guère concerné que la pomme
de terre et la banane.
Aussi peut-on penser, a priori, que les résultats de l'enquête
sur la force de travail en Antioquia ne sont pas représentatifs de la
situation qui prévaut dans le pays et que les renseignements méthodolo-
giques attendus ne vaudront pas pour d'autres régions, dans l'éventuali-
té d'une extension de ce type d'enquêtes à tout le pays. Cependant, l'en-
quête auprès des ménages de juin 1976 révèle que le taux de migration
le plus élevé (52,37 %), des communes vers la capitale provinciale,
- 34 -
échoit à MEDELLIN (Bogota = 20,02 % ; Barranquilla = 9,74 % ; Cali =
22,08 %). De ce flux migratoire on peut inférer que le milieu rural est
en pleine évolution et restructuration. On peut donc penser que les
problèmes relatifs à la force de travail ne diffèrent pas fondamentale-
ment de ceux que connaissent les autres départements même si, en Antio-
quia, ils surviennent avec un certain décalage.
5 - Une typologie des systèmes de production agricole dans le
département d'Antioquia
Les conditions matérielles de la production déterminant la
libération et la mobilisation de la force de travail, l'exploitation
agricole apparaît nécessairement comme la cible principale de l'inves-
tigation.
Il faut que l'échantillon des exploitations agricoles soit
représentatif des différents systèmes de production, d'où la nécessité
d'identifier d'abord ces derniers. Or, en s'appuyant sur les résultats
de l'enquête agricole d'Antioquia, il est possible de construire une
typologie des exploitations. Nous élirons pour critères de classifica-
tion les éléments suivants (cités dans leur ordre d'importance décrois-
sante) qui nous semblent conditionner particulièrement la demande de
force de travail :
1. Technicité de l'unité d'exploitation : capital investi
(matériel agricole et équipement) et consommations intermédiaires (en-
grais, insecticides, pesticides, etc ...)
2. Superficie exploitée et nombre de têtes de bétail
3. Régime foncier
4. Nombre d'employés permanents (embauchés depuis au moins
6 mois)
5. Production par type de culture ; variation nette du bétail ;
production de lait et de laine.
Pour réaliser cette typologie, on peut avoir recours à l'ana-
lyse des données (analyse factorielle des correspondances ; méthode de
la classification automatique, etc ...) ou procéder de façon plus arti-
sanale. On suppose que les critères de classifications énumérées ci-
- 35 -
dessus ont été préalablement réduits à un nombre limité de classes (on
définira, par exemple, des coefficients de technicité fondés sur la
nature et l'importance des matériels et équipements concourant à la pro-
duction agricole). On détermine à partir du tableau donnant la distri-
bution des exploitations selon le croisement 1 (Technicité) x 2 (Super-
ficie), des catégories aussi homogènes que possible, moyennant des re-
groupements de cases. Le nouveau critère, issu du croisement des critè-
res 1 et 2, est à son tour croisé avec le critère 3 ...
Une telle typologie des exploitations agricoles n'a qu'un
caractère provisoire. Elle est destinée à faciliter une bonne représen-
tativité, dans l'échantillon, des divers systèmes de production. Elle
devrait, toutefois, être améliorée en intégrant les résultats de l'en-
quête sur la force de travail en Antioquia et éventuellement compléter
la nomenclature socioprofessionnelle mise au point par MM. FRESNEDA
et GOY à la Division de Estudis Sociales (DIES).
6 - Plan de sondage
On optera pour un tirage aléatoire à deux degrés. Au premier
degré, la base de sondage retenue pour l'enquête agricole d'Antioquia
(1977), soit l'ensemble des "veredas" du département, peut de nouveau
servir. Plus petite unité géographique (unité de recensement) pour la-
quelle on dispose d'informations systématiques, le choix de la "vereda"
comme unité primaire s'impose. On stratifiera les "veredas" en prenant
en compte les données disponibles suivantes :
- Nombre d'exploitations
- Superficie cultivée par culture
- Nombre de têtes de bétail
- Régimes fonciers dominants.
Les "veredas" sélectionnées aléatoirement pour constituer les
unités primaires-échantillon feront l'objet d'un recensement des exploi-
tations agricoles, sur le terrain, en vue de stratifier celles-ci selon
la typologie des systèmes de production élaborée auparavant. Quand on
aura affaire à une exploitation (morcelée ou d'un seul tenant) s'étendant
- 36 -
sur plusieurs "veredas", on s'intéressera naturellement à l'exploitation
dans son intégralité et non à la seule partie qui s'inscrit dans les
limites de l'unité primaire.
Le tirage des exploitations agricoles clôt la première étape
du plan de sondage. L'observation des unités de production répond à
l'un des objectifs du projet, l'étude de la demande de force de travail.
Quant à l'autre, l'étude de l'offre de force de travail, il suppose une
investigation directe auprès des ménages. L'échantillon des ménages
s'obtiendra par le biais d'une extension de l'échantillon des exploita-
tions agricoles à tous les ménages situés, soit sur les exploitations
elles-mêmes (à la limite ménage et exploitation coincident, comme dans
l'agriculture parcellaire), soit à l'extérieur dans la "zone d'influ-
ence" de l'exploitation. La délimitation de la zone d'influence des
exploitations conclura une démarche vraisemblablement plus empirique
que scientifique car on ne peut l'enfermer dans les règles d'une par-
faite rigueur. Il faut prendre en considération de nombreux éléments
tels que la représentativité de l'échantillon, les distances et facili-
tés de communication, la proximité éventuelle d'un bourg important ...
Ce procédé de tirage de l'échantillon des ménages offre deux avantages :
il évite une trop grande dispersion des unités d'observation et, par
suite, diminue le coût de l'enquête ; il lie force de travail et condi-
tions de la production. Il devrait également assurer une représentativi-
té satisfaisante de l'ensemble des ménages ruraux du département, étant
donné que la sélection des "veredas" et des exploitations se fait en
fonction des grandes caractéristiques économiques du milieu rural.
7 - Déroulement des opérations sur le terrain
L'enquête auprès des exploitations agricoles s'étendra sur
une année complète et prendra deux aspects
- une enquête approfondie sur un sous-échantillon d'exploita-
tions ;
- une enquête légère sur le reste de l'échantillon.
- 37 -
Le sous-échantillon, choisi aléatoirement, ou par choix rai-
sonné -peu importe la méthode-, se composera d'un nombre réduit d'unités
secondaires prises dans chaque catégorie de la typologie des exploita-
tions. Les unités du sous-échantillon seront enquêtées mensuellement.
Elles recevront donc 12 visites des enquêteurs. Cette investigation
lourde, qui diffère de la pratique statistique habituelle, doit appor-
ter une connaissance relativement détaillée sur la nature et le fonc-
tionnement des divers systèmes de production agricole, qu'il s'agisse
de la production, de la commercialisation, de la main-d'oeuvre, de la
mécanisation, de la tenure foncière. Elle vise plus à la description de
mécanismes qu'à la quantification, sans prétendre néanmoins à la
vision globale et détaillée qu'apporte une observation permanente de
caractère anthropologique.
L'enquête sur le reste de l'échantillon comportera deux pas-
sages dans chaque exploitation, à 6 mois d'intervalle. On veillera à
établir le programme de travail des enquêteurs de telle sorte que l'un
des deux passages au moins se situe en période de travaux agricoles in-
tenses. A cette fin, il serait bon de disposer de calendriers agricoles
La nature de l'investigation ne diffère pas fondamentalement mais la
notion de mesure de la demande de main-d'oeuvre devient primordiale.
Cependant, on s'efforcera de saisir un certain nombre d'indicateurs
relatifs aux conditions matérielles de la production.
L'enquête auprès des ménages respectera le même schéma que le
précédent : deux interviews à 6 mois d'intervalle pour chaque ménage.
Elle devra estimer l'offre de main-d'oeuvre, fournir quelques éléments
sur sa mobilité et ses particularités socio-économiques.
8 - Les questionnaires relatifs à la demande de force de
travail
8.1. Les questionnaires pour le sous-échantillon des ex-
ploitations agricoles .
Les questionnaires ne sont pas dessinés. L'énumération des
principales questions qui doivent y figurer en esquisse cependant les
traits essentiels.
- 38 -
Ils seront remplis, soit auprès du chef d'exploitation (ques-
tionnaires 1 à 6), soit auprès des employés de l'exploitation (question-
naire 7) soit auprès de tous les actifs, employés, chefs d'exploitation
et aides-familiaux (questionnaire 8).
8.1.1. Les questionnaires remplis auprès de l'exploi-
tant agricole.
1. Moyens de production
On s'inspirera utilement pour dessiner ce questionnaire de
celui adopté pour l'enquête agricole d'Antioquia (1977). On retiendra
les rubriques qui suivent :
- Régime foncier : en propriété - métayage - fermage - colonat
formes mixtes -sans titre de propriété- autres
On indiquera la durée des contrats de fermage et métayage et
les modalités de paiement : en espèces - en nature (pourcentage de la
récolte) - en journées de travail - en espèces plus en nature et/ou en
journées de travail.
- Bâtiments à usage productif :
. Nature (grenier, hangar à matériel, étable, silo ...)
. Année de construction
. Etat (neuf, bon état, délabré)
. En propriété : construit par l'unité d'exploitation ou ache-
té (montant)
. Loué : montant de la location (en espèces, en nature) et
périodicité
- Inventaire des parcelles :
. N° de parcelle
. Superficie
. Cultures : annuelles - permanentes
• Jachère : moins de 1 an - 1 à 3 ans
. Prairies : naturelles - artificielles
. Bois
. Régime foncier
-39-
- Bétail et oiseaux de basse-cour : dénombrement des bovins, caprins, porcins, équidés, ovins, oiseaux de basse-cour en distinguant,
selon les cas, d'après le sexe, l'âge, la fonction (animal de trait,
laitier - reproducteur)
- Matériel agricole lourd et mi-lourd : (on laissera de côté
le petit outillage agricole)
• Nature (tracteur - semoir - moissonneuse - batteuse - charrue
mécanique - épandeur d'engrais - animal de trait)
. Etat (neuf - usé) ou âge (animal de trait)
. Année d'acquisition
. Mode d'acquisition : loué - acheté - emprunté - cadeau
. Acquis auprès de qui : paysan - commerçant - société publique
artisan
. Si loué : durée de la location du matériel ou de l'animal
ainsi que montant et périodicité de la location
. Si acheté : valeur totale versée. En cas de crédit on ajou-
tera le montant restant à payer, le nombre de mois ou d'années de crédit
qui restent, le nom de l'organisme qui fait crédit.
- Matières premières consommées lors des 12 mois écoulés :
engrais - insecticides - fongicides - semences sélectionnées - combus-
tibles ...
. Main-d'oeuvre employée :
• Nom de l'employé
. Permanent - saisonnier - occasionnel
. Type de contrat : annuel ou pour la récolte - au forfait -
à la tâche - au mois ou à l'heure
. Mode de rémunération : en espèces - en nature - mixte
. En espèces : montant
. En nature : nom du produit ou service (vêtement - alimenta-
tion - logement) et quantité
. Si dispose pour son usage d'une parcelle, superficie de
celle-ci.
2. Evaluation de la production agricole :
. N° de parcelle
. Nom du produit
-40-
. Date de début de cycle productif
. Production (en kg)
3. Evaluation de la variation et de la production de l'éleva-
Variations du nombre de têtes de bovins, caprins, ovins, por-
cins, équidés :
. Naissance
. Achat
. Cadeau reçu
. Reçu en gardiennage
. Retour de gardiennage
. Vente
. Donné en cadeau
. Niort de maladie
• Abattage pour consommation
. Vol
. Donné en gardiennage
. Produits de l'élevage
. Nombre de vaches traitées hier
. Quantité de lait obtenu
. Nombre d'ovins tondus au cours du mois passé
. Quantité de laine récoltée
. Nombre d'oeufs collectés hier
. Quantité de miel recueilli
4. Vente de la production de l'agriculture et de l'élevage
. Nom du produit
. Quantité
. Valeur totale
. Vente à crédit ou au comptant
. Si vente à crédit indiquer modalités : durée - nombre et
montant des versements
. Vendu à qui : paysan - commerçant en gros - commerçant au
détail - Société privée ou organisme d'Etat (indiquer le nom) - vente
directe au marché.
- 41 -
5. Crédit - Endettement
. Organisme de crédit : CAJA AGRARIA
FONDO FINANCIERO AGRARIO
BANCOS PARTICULARES 0 MIXTOS
(BANCO GANADERO - BANCO CAFETERO etc...)
. Montant des emprunts
. Modalités de crédit : durée - nombre et montant des verse-
ments
. Montant versé à ce jour
. Reste à rembourser
. Destination précise de l'emprunt : achat de matériel (indi-
quer nature et modèle) - achat terrain - construction de bâtiments à
usage productif - achat de semences - achat de bétail ...
(Ce questionnaire devra être rempli également auprès des organismes de
crédit auxquels s'adresse l'exploitant agricole).
6. Assistance technique reçue au cours des 12 derniers mois
. Organisme privé ou d'Etat
. Nom de l'Organisme
. Type d'assistance
. Valeur de l'assistance
8.1.2. Les questionnaires remplis auprès des personnes
actives de l'exploitation.
7. Caractéristiques de la main-d'oeuvre (questionnaire rempli
auprès de chaque employé) :
. Nom de l'individu
. Type de contrat
. Mode de rémunération
. En espèces : montant
. En nature : nom produit ou service
. Si dispose pour son usage d'une parcelle, superficie de
celle-ci
. Age
. Niveau d'éducation
. Formation
. Situation familiale
- 42 -
. Nombre d'enfants
. Lieu de résidence actuel
. Lieu de résidence antérieur
. Activité dans le lieu de résidence antérieur
. Appartenance à un syndicat ou autre organisation
8. Temps de travail (chef d'exploitation et aides familiaux
enfants et adultes doivent également y répondre).
On n'enregistrera dans ce questionnaire que les activités de
production exercées par tous les actifs de l'exploitation agricole pour
le compte de celle-ci. Les activités domestiques sont exclues. On pour-
ra, pour remplir le questionnaire, se référer à une nomenclature du
type suivant :
- Façons culturales : défrichement - semis - sarclage - épan-
dage d'engrais - traitement par fongicides et pesticides
- Récolte et conditionnement
- Réparation et fabrication d'instruments aratoires
- Réparation et fabrication des instruments de stockage et
de conditionnement (claie - aires de séchage - etc ...)
- Temps de déplacement entre l'habitation et le champ
- Bétail et oiseaux de basse-cour : soins - tonte - traite -
surveillance
- Cueillette, chasse et pêche quand le produit est destiné à
être commercialisé
- Activité non agricole : artisanat - services -
En outre, on distinguera 2 questionnaires Temps de Travail :
un pour les activités agricoles concernant l'unité d'exploitation, un
pour les activités non-agricoles pour le compte de l'exploitation. Les
activités agricoles et non-agricoles pour le compte des employés ne
sont donc pas enregistrées.
Temps de travail consacré aux activités agricoles
. Nom de l'individu
. Type de contrat
. Nature de l'occupation
. Produit qui en résulte
. Matériel utilisé
- 43 -
. N° de la parcelle sur laquelle a été réalisé le travail
. Nombre d'heures et nombre de jours de travail
Temps de travail consacré aux activités non-agricoles
. Nom de l'individu
. Type de contrat
. Nature de l'occupation
. Matériel utilisé
. Produit ou service qui en résulte
. Si vendu, valeur totale
. Nombre d'heures et nombre de jours de travail
8.1.3. La périodicité des questionnaires du sous-
échantillon
Les questionnaires seront remplis, soit à chaque passage de
l'enquêteur, soit aux premier et dernier passages uniquement :
A remplir aux ter et dernier passages A remplir à chaque passage
1) Moyens de production soit :
. Main-d'oeuvre employée
2) Evaluation de la production agricole
3) Evaluation de la variation et de la production de l'é-levage
4) Vente de la production
5) Crédit - Endettement
7) Caractéristiques de la main-d'oeuvre
8) Temps de travail
1) Moyens de production soit :
. Régime foncier
. Bâtiments à usage productif
. Inventaire des parcelles
. Bétail et oiseaux de basse-cour
. Matériel agricole lourd et mi-lourd
. Matières premières consommées
6) Assistance technique
En ce qui concerne les questionnaires remplis à chaque inter-
view de nombreux renseignements demeureront identiques d'un passage à
l'autre. L'enquêteur facilitera sa tâche en ayant avec lui les question-
naires remplis lors du passage précédent et en s'y reportant pendant
l'entretien avec l'enquêté ; des répétitions pourront être ainsi évitées.
— 44 —
8.2. Les questionnaires pour le reste de l'échantillon
des exploitations agricoles.
Rappelons que ces questionnaires sont remplis deux fois au
cours de l'année d'enquête, à 6 mois d'intervalle. Chaque fois qu'ils visent la mesure de flux, la période couverte est de 6 mois, sauf men-
tion contraire dans l'énoncé des questions. Des questionnaires élaborés
pour l'enquête auprès du sous-échantillon, les suivants seront repris
sans modifications :
1) La plupart des questionnaires Moyens de Production soit :
- Régime foncier
- Bâtiments à usage productif
- Inventaire des parcelles
- Bétail et oiseaux de basse-cour
- Matières premières consommées -(à une réserve près : la
période couverte est maintenant de 6 mois)
2) Evaluation de la production agricole
3) Evaluation de la variation et de la production de l'éle-
vage (à une réserve près : la période couverte est maintenant de 6 mois
en ce qui concerne la variation de l'élevage)
5) Crédit - Endettement
6) Assistance technique
D'autres questionnaires subiront les modifications que voici :
1) Moyens de production : - Matériel lourd et mi-lourd
On ne conservera que les questions ci-après :
. Nature
. Etat
. Date d'acquisition
. Mode d'acquisition
- Main-d'oeuvre employée
- 45 -
On adoptera pour modèle le questionnaire correspondant de
l'enquête agricole d'Antioquia (capitulo VIII Personal ocupado en la-
bores agropecuarias en la unidad de explotacidn)
4) Vente de la production de l'agriculture et de l'élevage
On réduira le formulaire aux questions ci-après :
. Nom du produit
. Quantité vendue
. Valeur totale
. Vendu à qui
7) Caractéristiques de la main-d'oeuvre
On conservera toutes les questions énumérées précédemment
auxquelles on ajoutera celles-ci :
. Depuis quand travaillez-vous dans l'exploitation
. Combien de mois (ou semaines ou jours) avez-vous travaillé
au cours des 6 derniers mois
Enfin le questionnaire n° 8 (Temps de Travail) sera supprimé.
9—Les questionnaires relatifs à l'offre de force de travail
Les questionnaires statistiques sont à remplir auprès de tous
les ménages localisés sur les unités d'exploitation (dans de nombreux
cas ménage et unité d'exploitation se confondront) ainsi qu'auprès de
tous les ménages inclus dans la zone d'influence de chaque exploitation.
Les ménages y répondront deux fois dans l'année, à 6 mois d'intervalle.
Outre les questionnaires statistiques, il sera procédé égale-
ment, une fois dans l'année, à un entretien ouvert sur les problèmes de
la force de travail avec une partie des ménages du sous-échantillon.
9.1. Les questionnaires statistiques.
1) Fiche démographique familiale
. Prénom et nom
-46-
. Lien de parenté
. Sexe
. Age
. Situation matrimoniale
2) Niveau d'instruction (fiche individuelle)
. Instruction formelle (primaire ...)
. Instruction informelle (SENA, "vocacional" ...)
. Etudes ou formation en cours
3) Migrations (fiche individuelle)
. Lieu de naissance
. Commune de résidence
. Depuis quand réside dans cette commune
. Commune de résidence antérieure
• Activité dans cette commune
4) Caractéristiques de la force de travail (fiche individuelle)
Là encore, on ne relèvera que les activités productives.
. Qu'avez-vous fait la semaine passée : a travaillé - n'a pas
travaillé mais a un travail - cherche un travail mais a déjà travaillé
. Combien de temps (nombre d'heures et de jours) avez-vous
travaillé la semaine passée
. Quelle est l'activité de l'établissement, usine, atelier,
commerce, exploitation ... qui vous employait cette semaine-là ou la
dernière fois que vous avez travaillé
. Nom et localisation de l'établissement, exploitation ...
(commune et "vereda")
. Profession et type de travail
. Statut
. Type de contrat
. Mode de rémunération
. En espèces : montant
. En nature : nom du produit ou service
. Si exploitant agricole, à titre principal ou secondaire,
superficie de l'exploitation ou parcelle
-47-
. Régime foncier : en propriété - fermage ...
. Cultures pratiquées
. Destination principale de la production : autoconsommation
vente
. Appartenance à un syndicat ou autre forme d'organisation
. Depuis combien de temps travaillez-vous dans cet établis-
sement
. Combien de mois (ou semaines ou jours) avez-vous travaillé
au cours des 6 derniers mois
. Différentes activités des 6 derniers mois et temps passé
dans chacune d'elles
9.2. Le questionnaire ouvert.
On complètera les questionnaires statistiques qui, par défi-
nition, sont des questionnaires fermés, par un entretien ouvert, de
type sociologique, mené avec les petits paysans (petits propriétaires
et ouvriers agricoles) figurant dans le sous-échantillon et destiné à
faire connaître, depuis ses débuts, les aléas de leur vie active. Le
thème primordial autour duquel gravitera tout l'entretien sera la mo-
bilité de la force de travail, ses causes et ses effets. Il s'agit en
somme, de recueillir succinctement une chronique des mouvements migra-
toires du ménage enquêté, occasionnés par une expulsion des terres
qu'il cultivait ou par l'impossibilité de subvenir aux besoins faute
de pouvoir acquérir du matériel agricole ou faute de bras, ou pour
toute autre raison, une chronique des différents emplois exercés, agri-
coles et autres, des éventuelles participations à des expériences com-
munautaires ou à des activités syndicales ou corporatives.
Ce questionnaire ouvert ne doit pas être négligé car il est
seul à pouvoir donner une vision dynamique des problèmes inhérents à la
force de travail en milieu rural.
Parce qu'il exige du temps et une grande disponibilité de la
part des interviewés, on choisira, pour qu'il soit mené à bonne fin,
une période de pause dans le calendrier des travaux agricoles. Il ne se
situera pas non plus en début d'enquête ; on laissera passer le temps
- 48 -
nécessaire à l'établissement de relations confiantes entre enquêté et
enquêteur.
10 - La formation des enquêteurs
Dans la chronologie des étapes d'une enquête la formation des
enquêteurs précède le lancement des opérations sur le terrain. Nous ne
l'abordons que dans la phase ultime de ce rapport, car la description
du mode de collecte des données et l'analyse des différents question-
naires étaient nécessaires à la compréhension des besoins en ce domaine.
L'enquête sur le sous-échantillon fait appel à une technique
d'observation lourde (chaque unité fait l'objet d'interviews mensuelles
du même enquêteur, pendant un an), peu usitée dans l'investigation sta-
tistique classique, et qui de ce fait, exige qu'une attention spéciale
soit accordée au problème de la formation des enquêteurs. Ces derniers
seront embauchés à temps complet pour un an (sans compter la période
préparatoire) et seront recrutés dans le département d'Antioquia, une
bonne connaissance du milieu étant requise. Un mois et demi de prépara-
tion parait souhaitable. Les cours théoriques pour expliquer les objec-
tifs de l'enquête et présenter les questionnaires alterneront avec les
travaux pratiques destinés à remplir les questionnaires. Il serait même
indispensable de réserver une semaine ou deux à une mini-enquête. Celle-
ci viserait à familiariser les enquêteurs avec les techniques de collec-
te ainsi qu'à tester les questionnaires et éventuellement à y introduire
des modifications.
En revanche, pour la formation des enquêteurs affectés à l'in-
vestigation auprès du reste de l'échantillon des unités d'exploitation
et auprès des ménages situés dans la périphérie de ces unités, un temps
plus court suffira. L'éventail des questionnaires est moins important,
certains questionnaires sont simplifiés. Surtout, leur faible périodi-
cité (2 passages dans l'année) ne permet pas d'exiger la même précision.
Reste un point délicat à régler, celui de l'entretien ouvert.
Logiquement, il devrait être mené par un sociologue. A défaut, il fau-
dra, dans la formation des enquêteurs travaillant auprès des unités du
- 49 -
sous-échantillon, consacrer un temps à l'apprentissage de l'investiga-
tion de type sociologique.
Comme il était annoncé dans l'avant-propos, ce rapport n'était
pas en mesure et n'ambitionnait pas de présenter un projet techniquement
sans failles. Il a seulement ébauché une méthodologie en matière d'in-
vestigation en milieu rural. Il a tracé à grands traits le schéma d'en-
quête. Mais il laisse dans l'ombre plusieurs points importants. Ce flou
donne au moins au projet l'avantage d'une certaine souplesse, souplesse
utile face à l'incertitude quant au financement de l'enquête.
Le projet ne prendra sa forme définitive qu'une fois connu le
montant des crédits disponibles. Pour donner quelques points de repère
dans les discussions futures sur les modalités de l'enquête, essayons
de dissocier les aspects essentiels des aspects secondaires en prenant
le volet de l'enquête qui pose le plus grand nombre de problèmes, celui
qui concerne le sous-échantillon des exportations agricolesiést secon-
daire la taille du sous-échantillon. En effet, la notion de représenta-
tivité statistique n'a guère cours ici car le but recherché est moins
l'estimation de moyennes régionales que la description de mécanismes
et leur illustration par quelques indicateurs qualitatifs ou quantita-
tifs. Il est par suite loisible de diminuer ou d'augmenter la taille
du sous-échantillon en fonction du niveau des crédits accordés. A la
limite, on pourrait même exclure du sous-échantillon les grandes unités
de type capitaliste, ne conservant que la petite et moyenne paysannerie.
En revanche, le mode de collecte des données nous semble beaucoup plus
impératif. Réduire le nombre de passages, c'est affecter la validité
des résultats et compromettre le succès de toute l'enquête.
-:-:-:-:-
ANNEXE I
RECAPITULATIF DES QUESTIONNAIRES DE L'ENQUETE
Champ
d'observa- ation tion
Sous-échantillon des
unités d'exploitation
Reste de l'échantillon des
unités d'exploitation
Ménages de la zone d'influence des
unités d'exploitation
Unité d'exploita- 1) MOYENS DE PRODUCTION 1) MOYENS DE PRODUCTION
tion - Régime foncier - Régime foncier - Bâtiments à usage produc. - Bâtiments à usage produc. - Inventaire des parcelles - Inventaire des parcelles - Bétail et oiseaux de - Bétail et oiseaux de
basse-cour basse-cour - Matériel agricole lourd,
mi-lourd * Matériel agricole lourd,
mi-lourd - Matières 1ères consommées - Matières 1ères consommées - Main-d'oeuvre employée * Main-d'oeuvre employée
2) EVALUATION DE LA PRODUC- 2) EVALUATION DE LA PRODUC- TION AGRICOLE TION AGRICOLE
3) EVALUATION DE LA VARIA- 3) EVALUATION DE LA VARIA- TION ET DE LA PRODUC- TION ET DE LA PRODUC- TION DE L'ELEVAGE TION DE L'ELEVAGE .
4) VENTE DE LA PRODUCTION 4) VENTE DE LA PRODUCTION DE L'AGRICULTURE ET DE DE L'AGRICULTURE ET DE L'ELEVAGE L'ELEVAGE
5) CREDIT - ENDETTEMENT 5) CREDIT - ENDETTEMENT
6) ASSISTANCE TECHNIQUE 6) ASSISTANCE TECHNIQUE
7) CARACTERISTIQUES DE LA 7)*CARACTERISTIQUES DE LA MAIN-D'OEUVRE MAIN-D'OEUVRE
Ri TEMPS PP. TA/IVA -Ur.
* Le questionnaire diffère du questionnaire correspondant établi pour le sous-échantillon
ANNEXE I (suite)
Champ Nivea d'obser- d'observa- ation
tion
Sous-échantillon des
unités d'exploitation
Reste de l'échantillon des
unités d'exploitation
Ménages de la zone d'influence des
unités d'exploitation
Ménage 1) FICHE DEMOGRAPHIQUE FAMI- 1) FICHE DEMOGRAPHIQUE FAMI- 1) FICHE DEMOGRAPHIQUE FAMI- LIALE LIALE LIALE
2) NIVEAU D'INSTRUCTION 2) NIVEAU D'INSTRUCTION 2) NIVEAU D'INSTRUCTION
3) MIGRATIONS 3) MIGRATIONS 3) MIGRATIONS
4) CARACTERISTIQUES DE LA 4) CARACTERISTIQUES DE LA 4) CARACTERISTIQUES DE LA FORCE DE TRAVAIL FORCE DE TRAVAIL FORCE DE TRAVAIL
Ménage -
Petits paysans ENTRETIEN OUVERT
,
(thème : mobilité de la force de travail au cours de la vie active).
.
- 52 -
ANNEXE II
LE SOUS-EMPLOI DANS L'ENQUETE AUPRES DES MENAGES
L'enquête auprès des ménages réalisée périodiquement en
Colombie, dans les villes les plus importantes, adopte pour l'essentiel
les catégories énoncées dans le Chapitre 2. ("Le concept de sous-emploi")
du présent rapport. Les matériaux de l'enquête (Manual de Definiciones
y Conceptos Bsicos EH7, Manual de Diligenciamiento EH4, Memoria, Manual
de Recolecci(5n, etc ...) envisagent diverses classes de sous-emploi. Le
sous-emploi visible se réfère à ceux qui détiennent : "... un emploi
d'une durée inférieure à la normale et qui seraient disposés à accepter
un travail supplémentaire ...". Appartiennent donc à cette catégorie
toutes les personnes qui répondent positivement à un ensemble de ques-
tions articulées sur la définition précédente. Quant au sous-emploi
invisible, il apparaît dans le cas où : "bien que la journée de travail
soit normale, les revenus des personnes sont anormalement bas ou parce
que le travail auquel se dédie la personne ne lui permet pas vraiment
de mettre en valeur sa capacité ou ses aptitudes". En accord avec la
législation du travail qui est en vigueur en Colombie, on considère
comme durée normale de travail la semaine de 40 heures. Si un individu
travaille moins de 32 heures par semaine,il est classé dans l'enquête
auprès des ménages, comme sous-employé. Affinant les catégories précé-
dentes, l'enquête propose une autre modalité, le sous-emploi déguisé,
dont les caractéristiques principales seraient :
a - salaires inférieurs à ceux déterminés par la Loi
b - salaire moyen inférieur à celui de l'agriculteur
c - bas revenu, sans rapport avec le niveau d'éducation reçue.
Avant d'exposer quelques considérations sur les concepts uti-
lisés, il serait pertinent d'étudier de quelle façon ces derniers s'in-
tègrent dans les questionnaires de l'enquête.
Au commencement de l'enquête, l'interviewé doit répondre au
formulaire B, enregistrement des ménages, et s'il a plus de 12 ans doit
répondre à la section correspondant à la force de travail ; là, et
particulièrement à la question 18, il est interrogé sur les motifs d'ab-
sence du travail pendant la période de référence. Un des motifs possibles
se rapporte à des facteurs saisonniers dont on sait qu'ils sont à
- 53 -
l'origine d'une force de sous-emploi très fréquente dans le secteur
rural.
Une fois opéré l'enregistrement des ménages, on passe à l'é-
tude de la force de travail proprement dite à laquelle sont consacrés
les formulaires CI, CII et CIII.
Dans le premier de ces questionnaires, nous rencontrons la
question 2 : Désirez-vous travailler un plus grand nombre d'heures par
semaine ? OUI - NON - Pour quelle raison ? Combien d'heures en plus ?
Quand l'interviewé répond affirmativement et explique pour-
quoi il désire travailler davantage, on codifiera entre les éventuali-
tés suivantes :
1 - Obtenir des revenus plus élevés
2 - Promotion professionnelle
3 - Ambition personnelle
4 - Possibilité d'obtenir un emploi conforme aux goûts de l'intéressé.
Ultérieurement, la question 13 du formulaire CII, lequel
concerne les personnes ne travaillant pas mais ayant eu un emploi, n'est
que la répétition de la question 18 du formulaire B, à savoir : Pour
quelle raison étiez-vous absent de votre travail la semaine dernière ?
Sont proposées les modalités suivantes :
1 - Facteurs saisonniers
2 - Maladie ou accident
3 - Congés
4 - Réparation du matériel
5 - Conflit du travail
6 - Suspension (moins de 30 jours)
7 - Autre
8 - Ne répond pas.
- 54 -
Dans le manuel d'enquêteur les instructions disent : "on en-
registre sous le code 1 correspondant à "Facteurs saisonniers" si la
personne a été absente du travail en raison d'une activité qui se répète
sous une forme routinière à certaines époques de l'année, par exemple :
ouvriers de la récolte du café, du coton, qui sont en disponibilité hors
des périodes de récolte du produit".
Suivant la façon dont l'enquêté répond à ces questions ainsi
qu'à celles qui concernent le nombre d'heures de travail (p.e. la ques-
tion 1 du formulaire CI et la question 14 du formulaire CII) pendant la
période de référence, il sera classé dans l'une ou l'autre des formes
de sous-emploi signalées plus haut. Autrement dit, les questions ont
été conçues, en accord avec des concepts définis d'avance de manière
à ce que les enquêtés puissent être classés, selon leurs réponses, dans
des catégories pré-établies. Ainsi s'introduit un biais dans l'informa-
tion, biais qui s'aggravera dans le cas du secteur rural.
Des nombreuses remarques que suggère ce procédé de définition
préalable des concepts, nous détacherons les plus significatives. Le
sous-emploi visible mesuré en termes d'heures de travail ne peut s'ap-
pliquer à l'agriculture. Les variations quantitatives que l'on relève
dans ce genre de phénomènes sont liées à la période au cours de laquel-
le se déroule l'enquête et s'expliquent par des facteurs culturaux. Si
l'enquête intervient en-dehors des gros travaux agricoles, entre la
récolte et les semailles, nous pourrons trouver des taux élevés de sous-
emploi. Si au contraire, l'information est recueillie pendant la récol-
te, le sous-emploi sera à son niveau le plus bas. Il est, en somme, ré-
gulé par le cycle de la production agricole.
Le maniement conséquent des notions de sous-emploi invisible
et déguisé n'est pas sans péril dans le domaine statistique. Dans un
pays qui connaît une haute concentration des revenus et un revenu fami-
lial moyen très bas, toutes les personnes qui travaillent mais dont les
ressources sont inférieures à 11.000 par mois (montant minimal du pa-
nier familial pour les employés, contre 9.000 i pour les ouvriers) au-
ront tendance à déclarer qu'elles cherchent à faire des heures supplé-
mentaires. Il s'ensuivra une sous-estimation du nombre réel de personnes
- 55 -
employées et un gonflement du sous-emploi invisible ou déguisé.
Nous terminerons cette annexe en évoquant la non-conformité
du concept de sous-emploi retenu dans les enquêtes auprès des ménages,
s'agissant du secteur urbain malencontreusement qualifié d'informel.
Dans les pays sous-développés, où n'existe généralement pas d'assis-
tance au chômage contrairement à la situation prévalant dans les pays
développés, les personnes se retrouvant sans emploi sont dans l'obliga-
tion de rechercher les moyens de "gagner leur vie" les plus divers et
les plus ingénieux.
C'est là une des causes de la croissance des emplois margi-
naux qui n'englobent pas moins de 20 % de la population occupée, d'après
le recensement de 1973. Les individus dans cette situation, au lieu
d'être considérés comme sous-employés, pourraient être catalogués com-
me'sur-employés' -par un abus de langage-, étant donné que leur journée
de travail oscille entre 10 et 12 heures, soit 60 à 80 heures par se-
maine, durée excessive du travail et sous-rémunération allant de pair.
Ces traits se retrouvent sans grand changement dans le milieu rural,
notamment avec ces activités artisanales qui se développent dans les
petites et moyennes exploitations et qui procurent le complément de
revenu nécessaire à la subsistance du ménage.
Pour éviter ces confusions et a priori dans l'emploi de con-
cepts déterminés, nous proposons une investigation tendant à examiner
les formes que revêt le procès de travail chez les travailleurs du
secteur rural et les modalités d'obtention des revenus, ainsi que, en
toute logique, le mode selon lequel le procès de travail se déroule
dans le temps et pendant une période de référence déterminée.
-:-:-:-:-
- 56 -
SYSTEME D'APUREMENT DE FICHIERS (SAFE)
par Francis GROULT
I. - SAFE:un ensemble de programmes conçus pour de petits ordinateurs
et écrits en COBOL. Ils ont été réalisés dans le cadre d'une action
conjointe Ministère de la Coopération-Département Coopération de
l'INSEE.
•
II. - CONTRAINTES
- 32 K octets utilisables,
- compilateur COBOL,
- enregistrements de LONGUEUR FIXE et UNIQUE dans le fichier.
Actuellement cette longueur est de 80 caractères (il est
facile de passer à 128 caractères pour tenir compte de
l'emploi des disquettes).
- CODE CARTE sur 2 caractères maximum (alphanumériques)
22 code-cartes maximum dans un fichier.
Ces code-cartes peuvent être organisés dans une structure
à 3 niveaux maximum.
- l'INDICATIF (identifiant de l'unité statistique + code_
carte + code "rang", éventuellement) doit
. avoir la même structure pour chaque code carte,
. avoir 30 caractères maximum.
- Les RUBRIQUES peuvent avoir de 1 à 6 caractères.
III. - SAFE vérifie la VALIDITE des données à l'intérieur de chaque
enregistrement du fichier.
Chaque rubrique est testée sur :
-57-
- sa forme (présence ou absence)
- sa classe (numérique, alphabétique, mixte),
- ses bornes (minimum, maximum)
- son appartenance à une liste de codes.
Chacun des contr8les est facultatif.
Les contr8les croisés (dans un même enregistrement) sont
possibles en ajoutant les instructions COBOL dans le programme, à
l'endroit prévu à cet effet. (Ceci est à la charge de l'utilisateur).
Les enregistrements ayant un code carte erroné ont été
éliminés par le 1er programme, de la chaîne.
Tous les enregistrements sont ensuite gardés dans le
fichier. Les erreurs de validité sont signalées dans l'enregistrement
(par un code erreur distinguant erreur dans l'indicatif ou erreur
dans le reste de la carte).
IV. - SAFE vérifie la STRUCTURE d'un fichier hiérarchisé à structure
variable et 4 niveaux maximum. C'est le point intéressant de ce
système.
L'arboresrence décrivant la structure du fichier est fournie
par :
- L'ordre d'énumération des code - cartes,
- Le niveau attribué à chacun des code - cartes,
- Le niveau attribué à chaque rubrique de l'indicatif.
Ne participent au contr8le de structure que les enregis-
trements réputés bons dans leur partie indicatif. Ce programme sert
à l'édition d'une liste d'erreurs, mais ne renseigne pas de code
erreur dans l'enregistrement.
Au premier niveau on doit avoir une unité obligatoire. Les
autres unités peuvent être obligatoires ou facultatives.
le type
les types "
le type n
Le ménage
L'individu t
Le champ 't
tt B
C et D (une seule carte étant insuffisante pour décrire un individu).
- 58 -
Le programme vérifie qu'il n'y a PAS DE DOUBLES, et que toutes
les CARTES OBLIGATOIRES SONT PRÉSENTES (ces contr8les sont systéma-
tiques).
Si l'utilisateur le désire il peut inclure dans l'indicatif:
- un n° de RANG ou de séquence (pour différencier les indi-
vidus d'un même logement par exemple) alors le programme pourra véri-
fier que la séquence est sans trou ni double.
Mais attention, ce contr8le n'est possible que sur les éléments
terminaux d'une arborescence.
- et un code "DERNIERE CARTE" qui sert à repérer la
dernière carte d'une séquence.
Ce code laissé à blanc par ailleurs, est mis à "1" quand la carte
est la dernière de sa séquence (dernier individu d'un ménage par
exemple).
Ces deux contr8les ("rang" et "dernière carte") sont
prévus dans le programme mais leur exécution est facultative pour
éviter un "filtrage" trop strict dans certains cas.
V. - EXEMPLE :
Soit une enquête à 4 questionnaires
- Logement occupé ou vide,
- Ménage si le logement est occupé
- Individu
- Champs si c'est un ménage d'agriculteurs.
Le logement constitue le type de carte A
A I Logement
B I Ménage
-59-
Arborescence décrivant la structure du fichier :
Niveau 1
Niveau 2
Niveau 3
Niveau 4
Composition de l'indicatif :
Code carte Identifiant
A N° de logement
B N° de ménage
+ N° d'individus
H N° de champs
Il a la structure suivante :
(2),(3) I (4),
1 - Code carte
2 - N° de logement ou n° de ménage
Dans cet exemple le ménage est facultatif dans le
logement (le logement peut-être vide) mais est unique (il ne peut
y avoir qu'un ménage par logement). C'est pour cela que le code
logement peut aussi servir de code ménage. Mais le ménage est placé
C
Il
D
E
It
- 60 -
sous le logement car il ne peut y avoir de ménage sans logement.
- N° d'individu ou de charnus
Un ménage peut évidemment contenir plusieurs individus,
donc il faut un n° d'individu dans le ménage, et de plus : l'individu
est placé sous le ménage.
La carte D est placée sous la carte C parce que c'est
une suite de la carte C. Elle est obligatoire et unique.
Un ménage peut posséder 0, 1 ou plusieurs champs. Cette
carte ne dépend pas de l'individu (donc elle est placée au même niveau
que lui). De plus elle est facultative et multiple.
4 - N° de rang
Le contr8le de rang ne peut être fait que sur une zone
rang spéciale, décrite dans la carte GD2. De plus il ne peut être
effectué que sur les éléments terminaux de l'arborescence.
Dans cet exemple le programme vérifiera que :
- tout ménage dépend d'un logement connu,
- tout individu et tout champ dépend d'un ménage connu,
- tout individu est décrit par ses 2 cartes.
- Si le n° de champ est un n° séquentiel sans trou partant
de 1 il pourra aussi vérifier qu'il ne manque aucune
carte E (E est une carte sans descendant).
- Mais pour vérifier qu'il ne manque aucun individu dans
le ménage il faudra contr8ler le sous-fichier :
- h1 -
A
B
C
Dans ce cas la carte C est un élément terminal de
l'arborescence. Il faut en outre que la code "N° de Rang" soit
renseigné.
Une note technique complète existe sur le fonctionnement
du programme de contr8le de structure.
VI. - LES SORTIES DU SYSTENE
a - Analyse du dictionnaire.
Le dictionnaire est l'ensemble des cartes paramètres décri-
vant :
- les code - cartes,
- l'indicatif,
- les rubriques de chacune des cartes,
- l'ensemble des codes composant les différentes nomenclatures
dans lesquelles certains codes prennent leur valeur.
Le dictionnaire est soigneusement analysé et doit être
entièrement bon avant de commencer les autres contr8les.
- 62 -
b - Tri à plat.
Statistique par code carte et par colonne d'enregistrement
donnant la fréquence des codes rencontrés.
c - Nombre de cartes enregistrées par code - carte et liste des
cartes rejetées à cause d'un code carte inconnu.
d - Statistique des anomalies de validité par code carte et
par rubrique.
e - Liste des anomalies détectées par le contr8le de validité
f - Statistique du nombre de cartes par code pour chaque
identifiant, sur chacun de ses niveaux (facultatif). Ceci offre la
possibilité de sous-totaux.
g - Liste des anomalies détectées par le contr8le de structure
h - Liste des anomalies de mise à jour.
- 63 -
PLAN DE SONDAGE DE L'ENQUETE DEMOGRAPHIQUE A PASSAGES REPETES EN COTE
D'IVOIRE par : Rémy CLAIRIN
Principes :
La population de la Côte d'Ivoire sera répartie en 5 grandes
strates dans lesquelles on s'efforcera d'obtenir des résultats de pré-
cision comparable.
Ce sont :
Population recensement
Estimation vers fin 1977
Savane rurale 1.570.000 1.630.000
Foret rurale 2.960.000 3.300.000
Centres urbains de savane 426.000 495.000
Centres urbains de foret (sauf Abidjan)
813.000 967.000
Grand Abidjan 923.000 1.090.000
Les données recherchées en priorité concernent :
- l'accroissement naturel,
- les migrations.
L'accroissement naturel est évidemment la donnée fondamen-
tale à laquelle on donne généralement la première place en bâtissant
le plan de sondage de façon à avoir une précision bien déterminée (pré-
cision mesurée par l'intervalle de confiance à 95 %, égal à environ 2
écarts-types).
Mais il ne faut pas perdre de vue que la précision ainsi dé-
finie ne correspondrait à la réalité que dans l'hypothèse oh il n'y
aurait aucune autre source de fluctuation ou d'inexactitude, c'est-à-
dire que les valeurs à observer soient rigoureusement définies (et
invariables) et que les observations soient parfaites.
Or, en fait, en ce qui concerne le premier point, les taux
(de natalité, mortalité, accroissement naturel, etc ...) obtenus à
- 64 -
partir d'une enquête, sont ceux d'une année bien déterminée (de deux
années au maximum dans le cas d'une enquête à plusieurs passages durant
un an). Or ces taux ne sont pas constants dans le temps. Ils subissent
deux sortes de variations :
a) - d'une part, une évolution à moyen ou court terme : pres-
que partout actuellement dans les pays en voie de développement, il y
a une tendance à une baisse de la mortalité, très rapide dans certains
cas. Pour la fécondité par contre, les tendances peuvent être très di-
verses suivant les cas en raison de la multiplicité des facteurs qui
interviennent. Il ne faut pas perdre de vue qu'il arrive fréquemment
que cette tendance soit à la hausse.
b) - en outre, il y a bien entendu, des variations aléatoires
ou des fluctuations conjoncturelles d'une année à l'autre. Evidemment
ces irrégularités risquent d'être d'autant plus marquées que la zone
étudiée est peu étendue et homogène.
L'ordre de grandeur de ces dernières variations n'est pas con-
nu et ne peut être estimé qu'à la suite d'observations de longue durée.
En ce qui concerne l'Afrique Noire, les données à cet égard sont très
peu nombreuses ; on peut citer notamment à ce propos la série d'enquê-
tes ORSTOM au Sénégal et des études faites à partir des relevés d'état-
civil en Sierra Léone. Ces observations et quelques autres, donneraient
pour ces variations annuelles un écart-type (en valeur absolue) de 3
à 4 pour 1.000 pour le taux brut de natalité et de 2 à 3 pour 1.000
pour le taux brut de mortalité, soit environ 4 à 5 pour 1.000 pour le
taux d'accroissement naturel. Ces valeurs sont assez élevées, mais com-
me les études en question portaient sur des zones peu étendues, on
trouverait sans doute des variations nettement inférieures pour de
grandes zones, comme les deux grandes strates rurales de Côte d'Ivoire.
Par contre, il est difficile de porter un jugement en ce qui concerne
les strates urbaines. En particulier, on peut penser qu'une épidémie
ou une variation climatique pourrait affecter de façon sensible l'en-
semble de la population d'Abidjan (bien que celle-ci atteigne le chif-
fre considérable d'un million d'habitants), tandis que son impact serait
beaucoup moins fort sur une population d'un million d'habitants disper-
sée dans des centaines de villages.
- 65 -
En pratique, on estime que l'ordre de grandeur des taux bruts
en C8te d'Ivoire serait de l'ordre de 50 %opour la natalité ; pour la
mortalité ce taux irait de 18 %oà. Abidjan à 22 %dans les autres cen-
tres urbains et 26 %odans les zones rurales.
Par conséquent, même si les estimations de l'écart-type tra-
duisant l'effet des variations inter-annuelles sont gonflées du fait
notamment que, au Sénégal, les enquêtes ont porté sur des zones limi-
tées, il n'en reste pas moins qu'on est probablement optimiste en
retenant comme valeur relative de l'écart-type + 2,5 % pour le taux
brut de natalité et + 5 % pour le taux brut de mortalité (en se rap-pelant que cette variance en pourcentage est sans doute nettement plus
élevée dans les centres urbains.
Les intervalles de confiance à 95 % (environ 2 écarts-types) seraient donc en l'absence de toute autre cause de fluctuation de :
- pour le taux brut de natalité 50 %o(+ 0,05) 52,5 %o --"" 47,3 %o
- pour le taux brut de mortalité 26 %e(+0,10) 28,6 %o (zones rurales) 23,4 %o
Le second type d'erreurs (erreurs d'observation) risque d'être
beaucoup plus sérieux, puisque non seulement il peut conduire à accroî-
tre encore la variance, mais en outre introduire une erreur systémati-
que (biais).
•
Dans les enquêtes classiques à un seul passage, ces erreurs
sont principalement de deux types :
- erreur sur la période de référence (où l'on enregistre les
événements) généralement dahs le sens d'un allongement de cette période ;
- omissions d'événements qui se sont produits pendant ladite
période ou inversement, enregistrements d'événements qui ne devraient
pas l'être (en général, le nombre des omissions l'emporte nettement).
- 66 -
Ces considérations ont conduit Christopher SCOTT à écrire
(dans "Manuel des Enquêtes Démographiques par Sondage en Afrique") ce
qui suit : "il est probable que la majorité des spécialistes qui ont
l'expérience des enquêtes démographiques africaines seraient d'accord
pour douter que l'on puisse en toute objectivité, s'attendre à obtenir
dans la collecte des données une précision supérieure à + 2 pour mille
dans le cas des taux démographiques (soit environ 4-5 pour 100 des nais-
sances et 8-10 pour 100 des décès)".
Cette remarque s'applique bien entendu aux enquêtes démogra-
phiques classiques à un seul passage, Le grand intérêt des enquêtes à
passages répétés et qui Justifie amplement leur coût relativement élevé,
est justement d'éliminer ou au moins de réduire considérablement ces
deux causes d'erreurs ; mauvaise détermination de la période de référen-
ce, omissions ou enregistrement abusif d'événements.
Bien entendu, dans ces enquêtes on a le plus grand intérêt à
combiner en fait les deux méthodes : lors du premier passage, on enre-
gistre les événements de façon rétrospective sur une période d'un an,
aux passages suivants, on enregistre les événements qui se sont produits
dans l'intervalle. Ceci présente précisément le grand avantage de per-
mettre d'évaluer la qualité et la précision des taux obtenus par la mé-
thode classique de façon plus précise que les indications peut-être un
peu subjectives énoncées par SCOTT.
Ajoutons que depuis quelques années, des méthodes de contrôle
et d'estimation indirecte des données de mouvement naturel de la popu-
lation ont été élaborées qui permettent d'accroître leur précision. En
particulier, la simple comparaison des résultats du recensement et de
ceux de l'enquête (après un intervalle compris entre 2 et 3 ans) devraient
permettre des analyses fort intéressantes et des estimations du mouve-
ment naturel, même en l'absence de tout enregistrement des événements.
En conclusion, on peut dire qu'il est illusoire d'espérer ob-
tenir une précision très grande de l'estimation du mouvement naturel en
augmentant considérablement l'effectif de l'échantillon.
- 67 -
Supposons en effet que l'effet de la variabilité inter-
annuelle du taux de mortalité se traduise par un intervalle de confian-
ce de + 10 % et qu'un échantillon de n personnes donne un écart de son- - dage (+ 2e) égal aussi à 10 %. L'intervalle de confiance global sera
de \/100 + 100 %, soit environ + 14,1 %.
Si l'on double l'effectif de l'échantillon qui passe à 2 n,
l'écart de sondage sera d'environ 10 %, soit environ 7,1 % et l'inter-
valle de confiance devient : \ri V100 + 50 %, soit environ
+ 12,2 %.
On peut alors se poser sérieusement la question de savoir si
l'augmentation considérable du coût occasionné par ce doublement de
l'échantillon est justifiée par un gain de précision aussi modeste.
Etude des mouvements migratoires :
Si l'emploi de la méthode des enquêtes à plusieurs passages
représente un progrès important par rapport aux enquêtes classiques,
quant au calcul du mouvement naturel, ses avantages sont beaucoup plus
décisifs pour la connaissance des mouvements migratoires.
Actuellement, la connaissance très insuffisante de ces mou-
vements constitue certainement la lacune la plus grave dont souffre
l'information démographique sur l'Afrique de l'Ouest, ce qui constitue
un handicap sérieux pour tout effort de planification ou de perspectives.
Il est inutile d'insister sur le fait que la C8te d'Ivoire
est peut-être le pays de la région où ce phénomène présente le plus
d'acuité.
Depuis quelques années, on a pris conscience de cette carence
et le problème des migrations, soulève beaucoup d'intérêt sans que,
jusqu'ici, beaucoup de progrès aient été réalisés sur le plan pratique
de la recherche des données.
En effet, les mouvements migratoires (ou d'une façon générale
- 68 -
les déplacements ou la mobilité de la population), soulèvent des pro-
blèmes considérablement plus complexes que les composants du mouvement
naturel qui résulte d'événements bien définis (naissances vivantes et
décès) et non renouvelables.
Au contraire, la définition même et la typologie des mouve-
ments migratoires sont des questions qui n'ont pas reçu de réponse sa-
tisfaisante et sur lesquelles les différents spécialistes ne parviennent
pas à se mettre d'accord.
Ainsi, on n'est pas parvenu à définir des critères objectifs
permettant de distinguer les simples déplacements temporaires des migra-
tions proprement dites (sans parler du problème des déplacements saison-
niers).
Une migration (ou un déplacement) fait intervenir des critè-
res fort divers : durée prévue et durée effective, motif, activité
économique, moyens de transports utilisés, intégration au milieu d'ac-
cueil, etc ... ; une différence essentielle avec les événements intéres-
sant le mouvement naturel est qu'elle fait intervenir au minimum deux
lieux et deux milieux : celui de départ et celui d'arrivée. Parmi les
rares classifications sur lesquelles tout le monde est à peu près d'ac-
cord, on peut citer la distinction fondée sur le caractère urbain ou
rural des points de départ et d'arrivée et celle qui découle du fait
que ces points se trouvent ou non dans le même pays ou dans la même
région du même pays.
On aura ainsi des déplacements inter-régionaux et interna-
tionaux, des déplacements ruraux-ruraux, ruraux-urbains, urbains-
urbains, urbains-ruraux.
Les recensements et les enquêtes à un seul passage ne four-
nissent que des renseignements assez sommaires et d'une interprétation
difficile sur les mouvements migratoires : lieu de naissance (et éven-
tuellement dernière résidence ou résidence à une date donnée) et durée
de présence des résidents, recensement des résidents temporairement
- 69 -
absents et des personnes de passage. En tout cas, on ne saisit qu'un
bout de la chaîne et on ne peut, au mieux, estimer que des soldes et
non les flux eux-mêmes.
L'enquête à passagesrépété3semble bien être actuellement
la méthode la mieux adaptée pour appréhender ces flux (aussi bien les
entrées que les sorties) ; évidemment on ne couvrira qu'une année mais
ce sera déjà un progrès considérable, si l'on considère l'ignorance
presque complète qui règne encore dans ce domaine.
Une autre approche du phénomène migratoire consiste à inter-
roger les individus sur leur "histoire migratoire" pendant une certaine
période (par exemple 5 ou 10 ans voire même toute leur vie, comme on
l'a fait en Haute-Volta, ce qui présente certes un grand intérêt histo-
rique, mais est moins primordial pour l'analyse de la situation présen-
te). Cette technique présente les inconvénients inhérents à toutes les
méthodes fondées sur un interrogatoire rétrospectif faisant appel à la
mémoire des intéressés. Cependant, quelques expériences en la matière
ont donné des résultats bien meilleurs que ce que l'on espérait a
priori.
Ces interrogatoires rétrospectifs demandent relativement
beaucoup de temps pour être effectués avec soin. A cet égard également,
l'enquête à passages répétés offre des conditions favorables, car le
relevé des renseignements démographiques de base (état et mouvement
naturel de la population), est beaucoup plus rapide au deuxième passa-
ge et laisse du temps libre pour remplir des questionnaires supplémen-
taires.
Il y aura lieu de déterminer qui fera l'objet de cet interro-
gatoire (ensemble des personnes ayant déclaré avoir émigré au cours de
la période considérée ou sous-échantillon de ces individus).
On a vu que pour le mouvement naturel de la population, la
précision des estimations obtenues tend assez rapidement à "plafonner"
quand l'effectif de l'échantillon augmente c'est donc dans le domaine
- 70 -
de l'étude des migrations que l'on s'efforcera d'arriver à des gains
de précision.
A ce sujet, malheureusement, on manque complètement de don-
nées d'appréciation et l'un des grands avantages que l'on pourra tirer
de l'analyse des résultats de l'enquête en préparation sera sans doute
de donner quelques lumières à cet égard. Si l'on se limitait aux taux
bruts d'entrées et de sorties pendant la période donnée, on pourrait
appliquer au moins en première approximation et en négligeant "l'effet
de grappe" sur lequel on reviendra, les formules relatives aux taux
bruts de natalité et de mortalité. Mais évidemment de tels renseigne-
ments sont tout à fait insuffisants. Il faut au minimum distinguer les
migrations intra-régionales, inter-régionales et internationales, puis
ventiler de façon plus "fine" en distinguant les pays d'origine pour
les migrations internationales et les régions pour les migrations in-
ternes (avec la circonstance favorable pour ces dernières que l'on a
une possibilité de recoupement entre les données relatives aux régions
de départ et aux régions d'arrivée).
Il serait à cet égard intéressant de diminuer la fraction de
sondage, c'est-à-dire d'étudier un plus grand nombre de personnes dans
les régions connues pour être des foyers importants d'émigration ou
d'immigration. Toutefois dans le cadre que l'on s'est fixé ici (on ver-
ra plus loin qu'on a retenu comme hypothèse un échantillon global d'en-
viron 200.000 personnes), on ne pourrait procéder ainsi sans faire tom-
ber l'échantillon étudié dans les autres régions à un niveau trop bas
pour être vraiment significatif.
L'application de ce principe entrainerait des frais supplé-
mentaires pour lesquels dans les conditions actuelles, des crédits ne
sont pas disponibles.
Effet de grappe :
Les formules élémentaires d'estimation de la variance sont
fondées sur l'hypothèse d'un tirage à équiprobabilité des unités d'ob-
servation de l'échantillon. Mais en fait, l'observation se fait au ni-
veau de l'individu ou du ménage et ces individus ou ces ménages ne
- 71 -
seront pas tirés directement sur une liste complète pour la totalité
de la Côte d'Ivoire.
En pratique, on tire des unités de sondage (US), telles que
villages, districts, hameaux, flots ou quartiers, et on étudie l'ensem-
ble des personnes qui y habitent. Mais on ne peut assimiler l'ensemble
des personnes ou des ménages d'une même unité de sondage à un échantil-
lon aléatoire ; il est évident qu'il y a des points communs entre les
habitants d'une même unité c'est-à-dire une corrélation positive entre
leurs caractéristiques démographiques.
On dit alors que les unités de sondage constituent des grap-
pes d'individus (ou de ménages). Le fait que l'observation se passe au
niveau de la grappe, se traduit par une diminution de la précision
c'est-à-dire par une augmentation de la variance et de l'écart-type.
En première approximation, on peut considérer que cette ac-
croissement de la variance est fonction de deux quantités :
- n, taille de la grappe (nombre de personnes par unité de
sondage)
- coefficient de corrélation intra-grappe qui traduit le
degré d'homogénéité entre les individus appartenant à une même grappe.
La formule est :
Vg = Vo + (n - 1)c5)
ou
Tg = To \11 + (n - 1 )e5
Vg et Tg sont la variance et l'écart-type compte tenu de l'ef-
fet de grappe.
Vo et To la variance et l'écart-type en l'absence d'effet de
grappe (c'est-à-dire les valeurs données par les formules élémentaires
d'estimation). n est l'effectif moyen de la grappe (en pratique, on
peut presque toujours confondre n et n-1, l'effectif de la grappe
- 72 -
étant généralement de plusieurs centaines de personnes).
La seule inconnue est donc la valeur de S; cette dernière dépend d'une part, du caractère étudié, d'autre part, des conditions
propres à la population.
Un certain nombre d'estimations ont été faites par Ch. SCOTT
(op. cité). Remarquons à cet égard que par le passé, on a généralement
négligé cet aspect et il en résulte que les variances et écarts-types
donnés dans certains rapports anciens sont sous-estimés et que le plus
souvent, on n'a pas conservé ou exploité les données permettant ce
calcul.
Les estimations de c( par SCOTT sont les suivantes :
pour le taux brut de natalité 0.001 à 0.003
pour le taux brut de mortalité 0.002 à 0.004
pour le "taux de migration" 0.005 à 0.010
A vrai dire, le manuel ne précise pas exactement ce qu'on
entend par "taux de migration". Sans doute puisqu'il traite essentiel-
lement des enquêtes démographiques classiques, s'agit-il de la propor-
tion de résidents absents.
On notera que même avec cette définition très sommaire, S
est nettement plus élevé pour le "taux de migration" que pour les
autres taux. En fait, il est à craindre que si l'on étudie les mouve-
ments migratoires de façon plus approfondie, ce coefficient soit encore
plus important ; il suffit de considérer la différence que l'on rencon-
trera à cet égard entre un village traditionnel de culture de subsistan-
ce et un village à cultures rémunératrices en expansion.
Dans les centres urbains, cette corrélation risque d'être
encore plus forte, même en ce qui concerne le mouvement naturel. On
peut s'attendre à trouver dans des quartiers à habitat sommaire où les
facilités hygiéniques sont moins développées une mortalité nettement
plus élevée que dans les quartiers résidentiels.
- 73 -
Ce sont autant de points qui mériteront une grande attention
lors de l'analyse des résultats. Dans une grande mesure, l'enquête dé-
mographique à passages répétés de C8te d'Ivoire présente un aspect
"pionnier" pour l'Afrique Noire et permettra certainement d'enrichir
la méthodologie des enquêtes par sondage.
Au stade actuel, on ne peut que faire quelques estimations
compte tenu des ordres de grandeurs donnés par SCOTT.
Voici quelles seraient les "fourchettes" de l'accroissement de
l'écart-type avec différents effectifs moyens de la grappe (n).
Coefficient multiplicatif traduisant l'accroissement de l'écart-type
n
200
\/1 + (n - 1) g
taux brut de natalité 1,10 à 1,26
taux brut de mortalité 1,18 à 1,34
"taux de migration" 1,41 à 1,73
300
taux brut de natalité 1,14 à 1,38
taux brut de mortalité 1,26 à 1,48
"taux de migration" 1,58 à 2,00
400
taux brut de natalité 1,18 à 1,48
taux brut de mortalité 1,34 à 1,61
"taux de migration" 1,73 à 2,23
500
taux brut de natalité 1,22 à 1,58
taux brut de mortalité 1,41 à 1,73
"taux de migration" 1,87 à 2,45
750
taux brut de natalité 1,32 à 1,80
taux brut de mortalité 1,58 à 2,00
"taux de migration" 2,18 à 2,91
-74-
n \/1 +(n- 1) 1.000
taux brut de natalité 1,41 à 2,00
taux brut de mortalité 1,73 à 2,24
"taux de migration" 2,45 à 3,32
On voit que, si l'on passe d'une taille moyenne de grappe de
200 personnes à une taille moyenne de 500 personnes, en retenant le
chiffre moyen de chaque "fourchette", il faudrait multiplier l'échan-
tillon par les coefficients suivants pour avoir la même précision :
- pour le taux brut de natalité : 1,43
- pour le taux brut de mortalité : 1,56
- pour le "taux de migration" : 1,90
L'augmentation de la taille de la grappe se traduit donc
par une perte de précision. Toutefois on ne peut adopter une taille
trop faible. La multiplication du nombre des unités entraîne en effet
une augmentation considérable des temps et des coûts de transport de
l'étude préliminaire des unités de travail de délimitation de ces der-
nières, ce qui se traduit par l'équation suivante :
CT = C
o +C1 m + C2
nm
CT
étant le coût total, ce qui dans toute enquête est un fac-
teur rigoureusement limitatif,
Co
les frais généraux indépendants de la taille de l'échan-
tillon,
C1
le coût occasionné par l'étude d'une grappe supplémentaire,
C2 le coût occasionné par l'étude d'un individu,
m le nombre d'unités de sondage (grappes),
n le nombre moyen d'individus par unité,
nm le nombre total d'individus dans l'échantillon.
On démontre que la taille optimale de la grappe est donné
par la formule :
-75-
no = 7- é;
On ne connaît pas exactement les valeurs de Cl et C
2, non
plus que celle de t qui d'ailleurs dépend du paramètre étudié (par
exemple, taux brut de natalité ou de mortalité).
Mais compte tenu des observations faites sur d'autres popu-
lations de la même région, on peut penser que cet optimum n'est pas
très différent de 300 personnes.
Nous retiendrons donc -pour des zones rurales- (les centres
urbains présentant des problèmes différents) une taille moyenne des
unités de sondage de l'ordre de 300 personnes.
Stratification
A) - Zones urbaines
I. - Le grand Abidjan à une population estimée à 1.090.000 habitante
au moment de l'enqu4te.
Au moment du recensement de 1975, cette population était de
922.800 habitants, ainsi répartis :
Abidjan - ville
Abidjan - banlieue
685.828
236.972 (a)
922.800
a) - dont 133.351 pour Abobo-Gare et 58.586 pour Yopougon-
SICOGI et 44.854 répartis en 22 localités soit en moyenne 2.039 par
localité.
II. - Les centres urbains de la zone forestière sont au nombre de 46
avec au total une population estimée en 1977 à 967.000 personnes
(813.000 en 1975).
- 76 -
III. - Les centres urbains de savane sont au nombre de 20 avec au to-
tal une population estimée en 1977 à 495.000 personnes (426.000 en 75).
B) - Strates et sous-strates rurales
Un simple découpage en zone de forêt et zone de savane serait
tout à fait insuffisant. En effet :
- On a tout intérêt à stratifier au maximum avant le tirage ;
un échantillon tiré indépendamment dans chaque strate, même avec la
même fraction de sondage, sera pratiquement toujours plus précis qu'un
échantillon sans stratification ou avec une stratification plus sommai-
re (au pire, on est sûr qu'il n'y aura aucune perte de précision).
- L'examen des résultats peut faire apparaître l'intérêt de
regroupement des chiffres de certaines sous-strates présentant des ca-
ractères communs en vue d'obtenir des résultats significatifs. Il est
possible que ces regroupements ne soient pas les mêmes suivants les ca-
ractères considérés (par exemple, les taux démographiques et les données
migratoires).
- Il est possible que l'on adopte le principe de prendre des
fractions de sondage inégales de façon à avantager les sous-strates fai-
sant l'objet de mouvements migratoires particulièrement intenses.
Finalement on a divisé la Cote d'Ivoire rurale en 15 sous-
strates dont 7 en savane et 8 en forêt dont on trouvera ci-dessous le
détail ; les chiffres de population sont ceux du recensement de 1975
en raison de la difficulté d'actualiser les chiffres au niveau de cha-
que sous-strate . La répartition par département et sous-préfecture est
donnée en annexe. (Voir carte de l'annexe 1).
Savane (S)
Sous-strate Superficie
(km2)
Nbre de
villages
Population
(1975)
Densité
rurale
Taille moyenne de villages
S-1 Nord-ouest savane 30.695 399 223.687 7,3 561
S-2 Centre nord savane 30.230 983 294.275 9,7 299
S-3 Est savane 31.510 681 188.810 6,0 277
S-4 Centre savane 19.090 304 109.274 5,7 359
S-5 Centre-sud savane 18.950 1.084 472.909 25,0 436
S-6 Centre-ouest savane 21.900 402 138.382 6,3 344
S-7 Ouest savane 13.670 408 143.507 10,5 352
savane rurale Total 166.045 4.261 1.570.844 9,5 369
Forêt (F)
F-1 Est forêt 13.390 342 292.513 21,8 855 F-2 Boucle du cacao 5.570 106 171.664 30,8 1.619
F-3 Centre-est forêt 9.080 134 228.190 25,1 784
F-4 Centre-nord forêt 21.750 598 495.999 22,8 829
F-5 Centre-sud forêt 31.100 841 658.794 21,2 784
F-6 Centre-ouest forêt 22.100 610 483.256 21,9 792
F-7 Centre forêt 25.800 756 484.164 18,8 640
F-8 Sud-ouest forêt 25.800 549 141.524 5,5 257
Forêt rurale Total 154.590 3.936 2.956.104 19,1 781
- 78 -
La sous-strate la moins peuplée compte environ 138.000 habi-
tants, chiffre suffisamment élevé pour que le nombre d'unités de l'é-
chantillon ne soit pas trop faible.
Ce qui ressort le plus nettement de ce tableau est la grande
inégalité des tailles moyennes des villages (et qui serait encore plus
marquée si l'on avait distingué les départements et parties de départe-
ment constituant chaque sous-strate).
La taille moyenne pour l'ensemble des villages de Côte
d'Ivoire serait de 635 habitants ; elle est inférieure à ce chiffre
pour toutes les sous-strates de savane et lui est supérieure pour toutes
celles de forét, à l'exception du Sud-Ouest (département de Sassandra)
qui constitue, à maints égards, une région très particulière où la tail-
le des villages atteint son minimum absolu. Par contre la région dite de
la "boucle du cacao" se distingue par la taille très élevée des villages.
En distinguant quelques catégories de taille, on a la réparti-
tion suivante par grande strate.
Nombre de villages :
Taille des villages Savane Foret
0-199 1.922 707
200-599 1.632 1.582
600-999 416 769
1.000-1.999 226 604
2.000 et plus 65 274
4.261 3.936
Il ne faut pas se dissimuler que cette inégalité considérable
des tailles des villages et l'existence d'un nombre assez important de
très gros villages posera des problèmes ardus sinon pour le tirage de
l'échantillon, mais pour la délimitation des unités et la préparation
du travail sur le terrain.
- 79 -
Mffectif de l'échantillon
D'après les contraintes budgétaires, on peut retenir pour l'en-
semble de la Côte d'Ivoire un effectif total de l'échantillon de 200.000
personnes environ.
La répartition de cet effectif entre les différentes strates
dépend de ce que l'on recherche en priorité : une estimation optimale
au niveau de l'ensemble ou des estimations de précision comparable au
niveau de chaque strate. C'est évidemment la seconde solution qui est
retenue.
Dans ce cas, et si l'on admet que la dispersion des caractères
étudiés est sensiblement la même à l'intérieur de la population de cha-
que strate, les effectifs de l'échantillon dans chaque strate devront
être du même ordre de grandeur.
La formule donnant ces effectifs est :
Nh - n
h V
Cte Nh
nh
avec 2:nh = n (ici n = 200.000)
Nh étant la population totale de la strate h
nh la population de l'échantillon de la strate h
V la variance du caractère considéré.
Les effectifs Nh des différentes strates (actualisés vers la
fin de 1977) étant les suivants (en milliers) :
• - Rural savane 1.630
• - Rural forêt 3.300
• - Urbain savane 495 • - Urbain forêt 970
• - Grand Abidjan 1.090
l'application de cette formule donnerait les effectifs théoriques des
échantillons, nh, des différentes strates suivants (arrondis au millier
-80-
d'habitants) :
. - Rural savane - 41
- Rural forêt : 41
- Urbain savane . 38
. - Urbain forêt • 40
- Grand Abidjan : 40
200
Les différences entre les nh sont faibles ; en outre, la
formule ci-dessus implique que la variance du caractère étudié, V, soit
la même pour toutes les strates. Or, rien ne prouve qu'il en soit ainsi
d'une façon générale. On peut penser que, pour certains caractères, la
dispersion sera plus grande dans les centres urbains et que pour d'autres,
elle sera plus forte dans les zones rurales. Prenons par exemple le
taux brut de mortalité qui a été proposé comme critère pour déterminer
l'effectif optimal de l'échantillon dans chaque strate. Si on appelle
th le niveau de ce taux dans la strate h, on peut écrire approximative-
ment (en négligeant l'effet de grappe) :
Vt = Nh - nh tn (1 - tn)
h
Nh
nh
Ici donc, on ne peut considérer que V est constant d'une
strate à l'autre.
Ceci suppose évidemment que l'on ait au moins l'ordre de gran-
deur des th' ce qui constitue un cercle vicieux puisque l'un des objec-
tifs de l'enquête est précisément d'estimer ces quantités.
Nous retiendrons les valeurs suivantes qui ont été avancées :
- Zones rurales
- Centres urbains
:
:
26 %0
22 c/04,
(0,026)
(0,022) (sauf Abidjan)
- 81 -
- Grand Abidjan • 18 joe, (0,018)
A partir de ces chiffres, en appliquant la formule ci-dessus,
on obtient les estimations suivantes pour l'écart-type relatif égal à
\1777.,h et l'intervalle de confiance à 95 %, égal approximativement à + 2 écarts-types relatifs (estimations sans effet de grappe), avec les
effectifs de l'échantillon nh ci-dessus.
Ecart-type Intervalle de relatif confiance
- Zones rurales 0,030 + 6 % - Centres urbains 0,033 + 6,6 _ %
(sauf Abidjan)
- Grand Abidjan 0,036 + 7,2 %
La précision serait dans ces conditions un peu moins bonne
pour les centres urbains et pour le grand Abidjan, ce qui inciterait à
gonfler l'effectif de l'échantillon pour ces strates ; mais si on fait
intervenir l'effet de grappe (et en prenant pour le coefficient de cor-
rélation intra-grappe S la valeur moyenne de 0,003), on constate que
dans les strates rurales où l'effectif moyen d'une grappe est de 300
personnes, les écarts-types estimés doivent être multipliés par :
+ (299 x 0,003) = 1,38 (soit un écart-type relatif
de 0,04).
Pour les strates urbaines, l'estimation de l'effet de grappe
est plus délicate, la méthode de tirage étant différente. Si l'on admet
que l'on tire des îlots comptant en moyenne 100 habitants (en fait la
taille moyenne de ces îlots sera sans doute très inférieure à ce chif-
fre), l'estimation de l'écart-type doit être multipliée par le coeffi-
cient :
V 1 + (99 x 0,003) = 1,14
L'écart-type relatif passerait alors à 0,038 pour les centres
- 82 -
autres qu'Abidjan et à 0,041 pour le grand Abidjan. Rien ne justifie-
rait alors le choix d'un échantillon plus important pour les centres
urbains.
Bien entendu ces résultats, plausibles sinon conformes aux
conditions réelles (qui ne pourront être estimées qu'a postériori) ne
s'appliquent qu'aux taux bruts de mortalité.
Pour les données sur les migrations -dont on a souligné l'in-
térêt primordial- et pour lesquelles les éléments d'appréciation font
presque complètement défaut, la situation risque d'être totalement dif-
férente.
En conclusion, il est parfaitement illusoire de chercher à
bâtir un schéma de répartition de l'échantillon rigoureux et nous re-
tiendrons le principe d'un effectif de l'ordre de 40.000 personnes dans
chaque strate.
Tirage de l'échantillon dans les strates urbaines
Les strates urbaines comprennent :
- 20 centres de savane ; population estimée en 1977 : 495.000
- 46 centres de forêt ; population estimée en 1977 : 970.000
- Le Grand Abidjan ; population estimée en 1977 : 1.090.000
Tous les centres urbains devront être étudiés et feront l'ob-
jet de la même fraction de sondage dans chaque strate. Le principe d'un
échantillon de l'ordre de 40.000 personnes étant retenu, ces fractions
seront les suivantes :
- 1/12 dans les centres de savane,
- 1/25 dans les centres de forêt et à Abidjan.
Le principe du tirage dans les centres urbains est le tirage
d'îlots délimités par des rues, pistes, cours d'eaux et autres obstacles
faciles à identifier sur le terrain, la répartition devant être aussi
- 83 -
"fine" que possible. Les îlots ainsi définis sont ensuite numérotés
dans un ordre bien défini (par exemple d'Ouest en Est, en allant du
Nord au Sud) et tirés de façon systématique ce qui assure une repré-
sentation adéquate de tous les quartiers et types d'habitat (il est
même recommandé de procéder à un "balayage" alternatif, en numérotant
par exemple le côté Nord d'une artère dans le sens Ouest-Est et le
côté opposé dans le sens Est-Ouest).
Cette technique implique un travail cartographique ou topo-
graphique considérable. Il ne suffit pas de disposer d'une cartogra-
phie ou de plans (voire de photos aériennes), mais il faut effectuer
des vérifications sur le terrain en vue d'une mise à jour (créations
de quartiers nouveaux ou de "zones d'habitat spontané").
Applicable à un centre de 10, 20 ou 30.000 habitants, elle
risque de se heurter à des difficultés presque insurmontables dans
une agglomération comme celle d'Abidjan (si l'on admet qu'en moyenne
un tel îlot compterait 50 habitants, il y en aurait environ 20.000
pour l'ensemble de l'agglomération).
Or, on dispose d'une information supplémentaire qui faisait
défaut dans beaucoup d'enquêtes anciennes : les données du Recensement
de 1975, grâce auquel on possède la liste des districts de recense-
ment avec des effectifs effectivement recensés.
Ceci permet de procéder à un sondage à 2 degrés (il ne faut
cependant pas oublier que le tirage à deux degrés a pour conséquence
un accroissement de la variance dans une proportion difficile à estimer
a priori).
Il est donc proposé de tirer 1/5e de ces districts, d'y ef-
fectuer le travail cartographique qui, même ainsi réduit, ne sera pas
une tâche légère et de tirer 1/5e des îlots.
En ce qui concerne la méthode de tirage, plusieurs techni-
ques peuvent être proposées :
- 84 -
a) - Tirage à équi-probabilité (et systématique) d'un dis-
trict sur 5, c'est-à-dire tirage aléatoire d'un chiffre compris entre
1 et 5, par exemple 2, et inclusion dans l'échantillon des districts
numérotés 2, 7, 12, 17, 22, etc ...
Dans ce cas, le tirage au second degré devra également être
effectué à équi-probabilité.
b) - Tirage des districts proportionnellement à la taille
(également de façon systématique).
Supposons que l'on ait pour Abidjan-Ville 620 flots d'une
population totale de 686.000 personnes, on commencera par calculer la
population cumulée, les districts étant classés par situation géogra-
phique et non par taille.
La taille moyenne d'un district est de 686.000 = 1.106,45 620
L'effectif moyen d'un groupe de 5 districts (dont 1 sera in-
clu dans l'échantillon) est 1.106,45 x 5 = 5.532 (en arrondissant).
On tire un nombre au hasard dans une table de nombres à 5
chiffres, par exemple 2.327, et on inclut dans l'échantillon les dis-
tricts correspondant aux populations cumulées :
2.327 = 2.327
2.327 + 5.532 = 7.859
2.327 + (5.532 x 2) = 13.391 2.327 + (5.532 x 3) = 18.923
2.327 + (123 x 5.532) = 682.763
On vérifie que l'on a bien tiré 620 - 124 districts.
5
Ceci implique qu'au deuxième degré on tire approximativement
la même population dans chaque district échantillon.
- 85 -
Supposons que, compte tenu de l'accroissement intervenu entre
le recensement et l'enquête et de la répartition de la population entre
la ville et la banlieue, on soit arrivé à un chiffre de 25.000 personnes
(recensement de 1975) pour la ville proprement dite.
Il faudra s'arranger pour étudier dans chaque district 25.000
202 personnes (chiffres de 1975). 124
Les deux méthodes ont leurs avantages et leurs inconvénients :
La première (équi-probabilité aux deux degrés de sondage) est
beaucoup plus simple à mettre en oeuvre. Mais elle risque de donner
lors du sondage au second degré des unités de taille très inégale, dont
certaines pourraient être trop petites.
La seconde a l'avantage de conduire à des unités au second
degré de taille sensiblement constante. Mais des variations considéra-
bles de la population de certains îlots peuvent fort bien rendre cet
avantage illusoire. D'autre part la méthode de tirage est assez complexe
Taille des unités du second degré
Dans une enquête à un seul passage, il serait recommandé de
constituer les îlots les plus petits possibles et de les prendre comme
unité au second degré. Mais dans une enquête à passages répétés, il sem-
ble préférable de s'arranger pour avoir des unités dont la taille ne
tombe pas au-dessous d'un minimum qui pourrait être de 50 ou de 100
personnes.
Dans tous les cas, il est impératif d'avoir au moins deux
unités du second degré dans chaque district -échantillon. Autrement,
le calcul d'analyse de la variance serait impossible (il est en effet
indispensable de pouvoir comparer la variabilité des caractères étudiés
entre districts et à l'intérieur des districts).
Il faudra donc s'efforcer de constituer des flots dont la po-
pulation est estimée à 50 ou 100 personnes dans chaque district-
échantillon et d'en tirer 1/5 (à équi-probabilité) si l'on adopte la
- 86 -
méthode (a), et un nombre fixe (2 ou 4 par exemple) si l'on adopte la
méthode (b).
L'étude du grand Abidjan soulève deux problèmes particuliers :
- Banlieue : la banlieue d'Abidjan regroupe 24 localités dont
2, très importantes, peuvent être traitées comme la ville elle-même :
Abobo-Gare, population recensée : 133.351 habitants,
Yopougon-SICOGI, : 58.586 tt
Par contre, il en est de très petites puisque 7 comptent moins
de 1.000 habitants, et 9 de 1.000 à 2.000 habitants.
Il sera nécessaire d'opérer des regroupements sur une base
géographique de façon à obtenir des unités dont la population ne soit
pas inférieure à 10.000 personnes. Pour ces petites localités, il est
superflu de procéder à un tirage à 2 degrés. Il suffira de les répartir
en îlots et de tirer ceux-ci directement (on peut adopter pour ces îlots
une taille plus élevée, par exemple de l'ordre de 200 personnes puisque
les résultats ne seront pas affectés par l'accroissement de la variance
due à l'emploi du tirage à 2 degrés.
- Zones d'habitat nouveau : un cas particulièrement épineux
qui risque de se présenter est l'apparition de nouvelles zones habitées
n'existant pas lors du Recensement.
Il est tout d'abord nécessaire de les identifier soigneusement
Deux cas peuvent se présenter :
a) - Apparition d'habitations isolées ou de "petits écarts" :
Ce cas devra être prévu lors de la détermination des districts, de façon
qu'une habitation ou un petit groupe d'habitations nouvelles soit ratta-
ché sans ambiguité à un district.
- 87 -
h) - Naissances de nouvelles agglomérations : Il est peu pro-
bable qu'une telle création soit passée inaperçue. Il faudra alors pro-
céder à un "pré-recensement" en faisant un plan des unités nouvelles et
en relevant soit le nombre de logements, soit le nombre de ménages, ou
encore en faisant un dénombrement rapide de la population. Des unités
dont la taille moyenne est estimée à 100 ou 200 personnes seront ensuite
constituées et on en tirera 1/25.
Centres urbains autres qu'Abidjan
Ces centres sont de taille très inégale. Certains comptent
moins de 5.000 habitants, c'est-à-dire que la population "a priori" de
l'échantillon sera de moins de 200 habitants en forêt et de moins de
420 habitants en savane.
Citons :
en forêt Toulepleu 4.323 habitants
Ayamé 4.249
en savane • Sakassou 3.980 tg
Dabakala 3.272
Par contre, il existe des centres très importants : Bouaké,
Dale*, etc ...
Il est évident que dans le premier cas la technique à utiliser
s'apparentera à celle des villages et dans l'autre cas, on s'inspirera
de ce qui se fait à Abidjan.
Pour les centres de moins de 10.000 habitants
On procèdera à une répartition en îlots de 50 à 100 habitants
et à un tirage systématique au 1/12 en savane et au 1/25 en forêt.
Pour les centres de plus de 10.000 habitants et de moins de 24.000 en
savane et de moins de 50.000 en forêt
On procèdera en principe comme ci-dessus, mais si l'on rencon-
tre des difficultés sérieuses de cartograpJie, on pourra procéder comme
- 88 -
suit :
On définira sans ambiguité les îlots mais sans les identifier
sur la carte avant le tirage ; on fera alors un tirage systématique
(1/12 en savane, 1/25 en forêt), et on n'effectuera le travail cartogra-
phique que sur les districts de recensement où se trouvent les îlots
de l'échantillon.
Pour les gros centres (Plus de 24.000 habitants en savane, plus de 50.000 en forêt), sauf BOUAKE
On partira du principe que l'on tire au premier degré 20
districts de recensement quel que soit le nombre total de districts
(soit N ce nombre).
Au second degré, on tirera une proportion d'îlots telle que
l'on retrouve la fraction de sondage de 1/25.
— x f2 = — ou — M 25 12
f2' fraction de sondage au 2e degré est égal à : M 1 20 x25 f2 -
ou — =
12
et dans le cas de la forêt : M 1 20 x 12
f2 - ou
20 x 12
Exemple : En forêt, on a 71 districts de recensement ; la fraction de
sondage au 1er degré est : 20
71
Au second degré elle sera : 71 1
= 0,142 = - f2 = 20 x 25 7
on a bien : 20 1 1
f = fl f2 = — x - = 71 7 25
On a 20 1 1
20 x 25 M
f 2
-89-
En savane si M 20
f1 = -- f2 = 71
20 f = f
1 f2 =-
43
= 43 : 43
= 0,179
1
1
= — 6 20 x 12
1 X - =
6 12,9
(il y a en moyenne compensation)
Pour BOUAKE, seconde ville de Côte d'Ivoire, on utilisera la même tech-
nique que pour Abidjan.
Strates Rurales
Principe : on adopte un effectif estimé à un peu plus de
40.000 personnes pour l'échantillon dans chacune des grandes strates
rurales. On a vu plus haut que la taille moyenne d'une grappe a été
fixée à 300 personnes. On retiendra donc 135 unités de sondage dans
chacune des deux grandes strates.
La répartition de ces unités entre les sous-strates a été
faite au prorata de la population recensée en 1975 (on n'a pas cherché
à faire "actualisation différentielle", les chiffres étant sujets à
trop d'aléas).
Cette répartition est la suivante :
Strate savane
Sous-strates Population en milliers Unités échantillon
S1 Nord-Ouest savane 224 19
S2 Centre Nord savane 294 25
S3 Est savane 189 16
S4 Centre savane 109 10
S5 Centre Sud savane 473 41
S6 Centre Ouest savane 138 12
S7 Centre Est savane 144 12
135
- 90 -
Strate forêt
Sous-strates Population en milliers Unités échantillon
F1 Est forêt 293 13
F2 Boucle du cacao 172 8
F3 Centre Est forêt 228 10
F4 Centre Nord forêt 496 23
F5 Centre Sud forêt 659 30
F6 Centre Ouest forêt 483 22
F7 Ouest forêt 484 22
F8 Sud Ouest forêt 142 7
135
Tirage de l'échantillon
Deux points sont à considérer :
a) - définition des unités de sondage,
b) - tirage de ces unités.
Nous traiterons le second point d'abord.
Méthode de tirage
Le système préconisé est un tirage systématique avec proba-
bilité proportionnelle à la taille (celle-ci étant définie comme la
population recensée en 1975).
Lorsque l'on tire directement des villages, cette méthode
n'est pas recommandée ; en effet, chaque individu d'un village de 800
habitants a alors 4 fois plus de chance d'être étudié qu'un individu
d'un village de 200 habitants.
Il n'en est pas de même dans le cas présent puisque l'on
s'efforcera d'obtenir des unités de sondage dont la taille est voisine
de 300 personnes.
- 91 -
Le tirage se fera au niveau de la sous-strate. Soit P la
population totale de la sous-strate, et n le nombre d'unités à tirer ;
on fera le rapport : K n
A l'aide d'une table de nombres au hasard à 5 chiffres, on
tire un nombre compris entre 1 et K, soit N, et on étudie les unités
correspondant aux populations cumulées : N, N + K, N + 2K etc ...
Exemple : Soit la strate S6 (Centre Ouest savane) ; la population en
1975 était de 138.382 habitants et il y a 12 unités à étudier :
138.382 = 11.532
12
Supposons que le nombre tiré soit 05.764, les unités à in-
clure dans l'échantillon correspondront à :
5 764 40 360 74 956 109 552
17 296 51 892 86 488 121 084
28 828 63 424 98 020 132 616
Constitution des unités
a) - Villages moyens
Les villages dont la population est comprise entre 200 et
599 habitants ne posent aucun problème. Il constituent chacun une uni-
té de sondage et en cas de tirage sont étudiés entièrement.
b) - Petits villages
Les villages comptant moins de 200 habitants ne regroupent
qu'une faible proportion de la population totale, mais ils posent ce-
pendant un problème.
Leur répartition est très inégale, ils sont en général beau-
coup plus nombreux en savane qu'en fort, sauf dans le Sud-Ouest
(Sassandra) où ils représentent près de la moitié (48 %) du nombre des
villages, tandis qu'en savane ils constituent 60 % des villages de la
- 92 -
sous-strate Centre Nord et 60 de ceux de la sous-strate Est.
Par contre, on n'en compte que 7 dans la sous-strate "Boucle
du cacao" et 3 dans la sous-strate Centre st forêt.
Dans ces deux derniers cas, il faudra, avant le tirage re-
grouper ces quelques villages en unités dont la population est aussi
voisine que possible de 300 personnes.
Pour les autres sous-strates, on pouvait a priori imaginer
les techniques suivantes :
- regroupement démographique des villages voisins de façon à
constituer les unités de sondage. Ceci a été dans d'autres pays effec-
tué sur des zones réduites et s'est révélé être un travail des plus
ardus. Sur l'ensemble de la Côte d'Ivoire, c'est absolument irréalisa-
ble.
D'ailleurs, si le regroupement de villages voisins présente
beaucoup d'intérêt pour des enquêtes portant sur l'agriculture et sur
la consommation et les budgets des familles, il n'en est pas de même
pour les enquêtes démographiques : rien n'empêche de confier à des agents
différents l'étude de villages appartenant à la même unité de sondage.
Il est même possible que le fait que ces villages soient distincts géo-
graphiquement diminue l'effet de grappe et donc augmente la représenta-
tivité de l'échantillon.
- Constitution a priori d'unités de sondage à partir de la
liste des villages en équilibrant ces unités de façon à ne pas trop
s'écarter de la moyenne. En fait, on a constaté que si ce n'était pas
impossible à réaliser, cela impliquerait des ajustements assez délicats
et cela risquait d'entraîner une perte de temps considérable et appa-
ramment non justifiée.
Finalement, on s'est arrêté à la solution suivante :
- 93 -
a) - Dans chacune des sous-strates, on dressera une liste de
ces petits villages (moins de 200 habitants) avec la population cumulée
correspondante.
Supposons que cette population totale soit de 24.219 habi-
tants, le nombre total d'unités dans cette catégorie de villages sera
de 24.219 :
- 80,7 que l'on arrondira à 81. La taille moyenne effec- 300
24.219 tive passera alors à : - 299 habitants.
81
b) - On détermine les limites des unités en multipliant suc-
cessivement le chiffre moyen (en l'occurence 299) par 1, 2, etc ...
et on prendra en pratique comme limite celui des deux villages dont la
population cumulée est la plus voisine de la limite théorique.
Exemple : (taille moyenne : 299)
Population des villages
Population cumulée
Limites théoriques
Limites effectives
Effectif des unités
Report 4 470 - 4 485
+
47 4 517 268
52 4 569
35 4 604
134 4 738 - 4 784
+
114 4 852
103 4 955 387
51 5 006 - 5 083
119 5 125 +
132 5 257 295
40 5 297 - 5 382
123 5 420 +
135 5 555 283
27 5 582 - 5 681
121 5 703 +
47 5 750
- 94 -
On constate que l'on a par exemple :
4 784 = 299 x 16
4 784 - 4 738 = 46
4 852 - 4 784 = 68
On fixera donc la limite supérieure de la 16e unité au villa-
ge correspondant au total 4 738 (celui dont l'écart par rapport au
chiffre théorique 4 784 est le plus faible).
Le village suivant (population = 114 habitants) est donc le
premier constituant la 17e unité de sondage.
La limite supérieure de cette dernière est fixée de la même
façon à partir de 17 x 299 = 5 083 ; le total cumulé le plus proche est
5 125. La population totale de l'unité composée des villages dont la
population est : 114, 103, 51 et 119 s'élève à 387 personnes environ
(cette unité est donc relativement favorisée alors que les 3 autres
données dans l'exemple ont une taille plutôt trop faible, on a en fait
constaté sur un certain nombre de tests que les écarts très importants
étaient extrêmement rares).
c) - Il est inutile de constituer à l'avance toutes les uni-
tés de sondage, il suffit de reconstituer les unités tirées.
5 312 Supposons que l'on ait tiré le nombre 5 312 : -= 17,8
299
On a donc tiré la 18e unité ; on calcule les limites théori-
ques de cette dernière qui sont :
et 299 x 17 = 5 083
299 x 18 = 5 382
On cherche ensuite les totaux cumulés les plus proches de ces
deux chiffres, respectivement 5 125 et 5 420, ce qui détermine l'unité
à étudier composée des 3 villages de population 132,40 et 123 soit 295
au total.
- 95 -
Il pourra arriver que la limite théorique se trouve à égale
distance des deux populations cumulées encadrantes.
Imaginons le cas suivant :
limite théorique : 27 x 299 = 8 073
La population cumulée jusqu'au village précédent•un village
de 96 habitants est de 8 025. La population cumulée correspondant à
ce village serait donc de 8 025 + 96 = 8 121.
8 073 est la valeur médiane de l'intervalle 8 025 - 8 121.
On peut donc fixer la limite aussi bien au village en ques-
tion qu'au village précédent.
La solution consistera à retenir celle des deux limites pour
laquelle la différence entre les tailles des unités successives est la
plus faible.
Supposons que l'on ait :
- en fixant la limite à 8 025, 225 pour l'unité précédente
389 pour l'unité suivante
- en fixant la limite à 8 121, 321 pour l'unité précédente
293 pour l'unité suivante
on adoptera la limite de 8 121.
c) - Gros villages (600 habitants et plus)
On adoptera une taille uniforme de 300 pour les unités de son-
dage. On divisera la population au recensement par 300 et on retiendra
pour le nombre d'unités de sondage l'entier le plus voisin de ce quo-
tient.
Exemple : Si un village comptant 2 327 habitants est tiré, on aura :
2 327 7,76. 300
- 96 -
Ce village sera donc étudié au 1/8 (la taille théorique de
l'unité de sondage sera donc : 2 327 - 291). 8
Il faudra donc procéder à un degré supplémentaire de tirage
dans ces villages, ce qui, on l'a déjà remarqué, augmente la variance.
Comme pour les centres urbains, ce tirage devra se faire sur des îlots
exactement définis et faciles à identifier, sans ambiguité, sur le ter-
rain lors des passages successifs.
Pour permettre l'analyse de la variance entre les deux degrés
de sondage, il est absolument indispensable que l'unité de sondage dans
chaque village comprenne au moins deux îlots.
En fait, il est recommandé, au moins pour les villages de plus
de 2.000 habitants, de constituer des unités composées de 3 îlots de
100 habitants ou de 6 îlots de 50 habitants, comme pour les centres
urbains.
La raison est la suivante : les gros villages sont générale-
ment composés de quartiers présentant des caractéristiques très diffé-
rentes à de nombreux points de vue : type de résidence, activités éco-
nomiques, origines ethniques ou géographiques (autochtones et immigrants)
des habitants.
Plus la population échantillon est concentrée dans un petit
nombre d'îlots, plus les "effets de grappe" peuvent être considérables
(voire énormes pour certaines caractéristiques), ce qui compromet l'ef-
ficacité de l'enquête.
D'autre part, il est évident qu'un découpage aussi "fin" peut
poser des problèmes sérieux en ce qui concerne la cartographie et la
définition précise des unités. Egalement l'observation des mouvements
migratoires et déplacements est beaucoup plus aisée sur un îlot assez
important que sur plusieurs îlots dispersés dans le village.
- 97 -
A cet égard comme à beaucoup d'autres, la planification au-tant que l'exécution de l'enquête poseront des problèmes d'optimum fort
délicats à résoudre.
CONCLUSION
Ce plan de sondage ne prétend pas être parfait ni complet. Il
donne un cadre général dont l'application aux conditions pratiques de-
mandera beaucoup d'efforts et "d'astuce" de la part des responsables
de l'enquête.
La très grande inégalité de la taille des villages et en par-
ticulier l'existence d'un nombre non négligeable de très gros villages
soulève des problèmes ardus dans toute enquête nationale, et peut-être
plus en Cête d'Ivoire que dans beaucoup d'autres pays de la région.
Ceux qui ont l'expérience du travail sur le terrain sont cons-
cients du fait que le meilleur plan de sondage ne peut tout prévoir et
que des décisions devront être prises, souvent dans des délais fort
brefs, pour les différents cas particuliers qui pourront se présenter.
Il faut mettre l'accent sur la nécessité d'avoir un très bon encadrement en raison de ces difficultés et en particulier de celles que
soulèvera le travail de cartographie. Il est nécessaire que les liaisons,
les contacts suivis avec les enquêteurs et les transports soient assurés
de façon satisfaisante, tout retard pouvant être très coûteux.
A cet effet, il est indispensable d'obtenir une étroite colla-
boration du Ministère de l'Intérieur et une assistance soutenue de la
part des services des départements et sous-préfectures.
Il est également nécessaire que les responsables de l'opéra-
tion n'aient pas les mains liées par les règles administratives ou fi-
nancières rigoureuses. Celles-ci sont parfaitement justifiées dans le
cas du fonctionnement de sources d'implantation déjà ancienne et fonc-
tionnant sur un rythme continu. Une grande souplesse est, par contre,
indispensable à l'exécution d'une enquête nationale -la première du
- 98 -
genre en Côte d'Ivoire- dont le succès dépendra dans une large mesure
de l'esprit d'initiative -et, bien sûr, dans beaucoup de cas d'impro-
visation dont l'encadrement pourra faire preuve dans des conditions
très variables et souvent imprévisibles au départ.
Ceci implique en particulier une grande aisance sur le plan
financier. Il serait en particulier hautement souhaitable, voire indis-
pensable d'alléger les circuits financiers et administratifs de façon
à permettre à ces responsables de faire face à ces imprévus dans les
meilleurs délais.
La réussite de l'opération dépendra en premier lieu de la
qualité du personnel d'exécution et en second lieu, de l'adaptation
des structures à la tâche à remplir.
ANNEXE I
CARACTERISTIQUES DES SOUS-STRATES RURALES
Sous-Strates Nombre de
villages
Population Taille moyenne
des villages
Superficie Densité moine de 200
Tail
200 - 600
le des villagea
600 - 1000
1000 - 2000
Nombre d'unités
échantillon 2000
et plus
SAVANE
S1 - Nord-Ouest 399 223.687 561 30.695 7,3 93 184 65 44 13 19
S2 - Centre Nord 983 294.275 299 30.230 9,7 590 271 64 43 15 25
S3 - Est 681 188.810 277 31.510 6,0 427 179 41 25 9 16
S4 - Centre 304 109.274 359 19.090 5,7 135 128 27 9 5 10
S5 - Centre Sud 1.084 472.909 436 18.950 25,0 286 574 150 63 11 41
S6 - Centre Ouest 402 138.382 344 21.900 6,3 187 154 37 20 4 12
S7 - Ouest 408 143.507 352
-
13.670 10,5 204 142 32
-
22 8 12
TOTAL SAVANE 4.261 1.570.844
,
369 166.045 9,5 1.922
-
1.632 416 226 65 135
FORET
F1 - Est 342 292.513 855 13.390 21,8 44 123 82 70 23 13
F2 - Boucle du cacao 106 171.664 1.619 5.570 30,8 7 23 22 30 24 8
F3 - Centre Est 134 228.190 784 9.080 25,1 3 28 23 44 36 10
F4 - Centre Nord 598 495.999 829 21.750 22,8 58 247 129 123 40 23
F5 - Centre Sud 841 658.794 784 31.100 21,2 155 320 146 150 70 30
F6 - Centre Ouest 610 483.256 792 22.100 21,9 53 278 162 74 43 22
F7 - Ouest 756 484.164- 640 25.800 18,8 125 340 168 92 31 22
F8 - Sud-Ouest 549
..-
141.524 257 25.800 5,5 262 223 37 21 6 7
TOTAL FORET 3.936 2.956.104 781 154.590 19,1 707 1.582 769 604 273 135
TOTAL ZONES RURALES 8.197 4.526.948 552 320.635 14,1 2.629 3.214 1.185 830 338 270
ANNEXE II COMPOSITION DU SECTEUR URBAIN
Sous- Strates Département
Sous- Préfecture Ville
Population urbaine
Taux d'urba- nisation
S 1 BOUNDIALI Boundiali Boundiali 9.869 - II ft Tengréla 8.872 -
ODIENNE Odienné Odienné 13.864 -
TOTAL - - 32.605 12,7
S 2 FERKE Ferkéssé Ferkéssé 25.307 - KORHOGO Korhogo Korhogo 47.657 -
TOTAL - - 72.964 19,9
S 3 BONDOUKOU Bondoukou Bondoukou 19.111 - BOUNA Bouna Bouna 5.787 -
TOTAL - - 24.898 11,7
S 4 DABAKALA Dabakala Dabakala 3.272 - KATIOLA Katiola Katiola 21.559 -
TOTAL - - 24.831 18,5
S 5 BOUAKE Bouaké-Ville Bouaké 173.248 - " Béoumi Béoumi 11.367 - u Botro Botro 7.064 - " Sakassou Sakassou 3.980 - " Tiébissou Tiébissou 5.826 -
DIMBOKRO Dimbokro Dimbokro 30.986 - BOUAFLE Zuénoula Zuénoula 9.325 _
TOTAL - - 241.796 33,8 ,
ANNEXE II (suite) COMPOSITION DU SECTEUR URBAIN
Sous- Strates Département
Sous- Préfecture Ville
Population urbaine
Taux d'urba- nisation
S 6 SEGUELA Mankono Mankono 6.570 - H Séguéla Séguéla 12.587 -
TOTAL - - 19.157 12,2
S 7 BIANKOUMA Biankouma Biankouma 4.734 - TOUBA Touba Touba 5.256 -
TOTAL - - 9.990 6,5
TOTAL SAVANE 426.241 21,3
F 1 BONDOUKOU Tanda Tanda 7.101 - ABENGOUROU Abengourou Abengourou 31.239 -
H Agnibilékro Agnibilékro 13.970 -
TOTAL - - 52.310 15,2
F 2 DIMBOKRO Arrah Arrah 18.663 - H Bongouanou Bongouanou 17.524 - H M'Batto M'Batto 9.056 -
TOTAL - - 45.243 20,9
F 3 ADZOPE Adzopé Adzopé 23.361 - It Afféry Afféry 14.472 -
Akoupé Akoupé 11.592 _ AGBOVILLE Agboville Agboville 27.192 -
TOTAL ,
- - _
76.617 25,1
ANNEXE II (suite) COMPOSITION DU SECTEUR URBAIN
Sous- Strates Département
Sous- Préfecture Ville
Population urbaine
Taux d'urba- nisation
F 4 BOUAFLE Bouaflé Bouaflé 15.917 - H Sinfra Sinfra 16.399 -
BOUAKE M'Bahiakro M'Bahiakro 10.278 - " Toumodi Toumodi 12.983 -
Yamoussokro Yamoussokro 35.585 _ DIMBOKRO Bocanda Bocanda 7.390 -
" Daoukro Daoukro 20.517 -
TOTAL - - 119.069 19,4
F 5 ABIDJAN-Commune - Abidjan 685.828 - ABIDJAN Anyama Anyama 25.400 -
Bingerville Banlieue Abidjan 236.972 - H H Bingerville 18.218 - " Bonoua Bonoua 16.818 - " Dabou Dabou 23.870 _ H Grand Bassam Grand Bassam 25.808 - " Grand Lahou Grand Lahou 4.070 _ H H
Tiassalé H
N'Douci Tiassalé
8.143 13.399
- -
ABOISSO Aboisso Aboisso 14.272 _ H te
Adiaké Ayamé
Adiaké Ayamé
5.963 4.249
- -
DIVO Divo Divo 37.896 _ H H Hiré Watta 10.070 _ tt Lakota Lakota 12.717 -
TOTAL - - 1.143.693 63,0
ANNEXE II (fin) COMPOSITION DU SECTEUR URBAIN
Sous- Strates Département
Sous- Préfecture Ville
Population urbaine
Taux d'urba- nisation
F 6 DALOA Daloa Daloa 60.958 - " Issia Issia 11.143 - " Vavoua Vavoua 9.154 _
GAGNOA Gagnoa Gagnoa 42.362 - " Guibéroua Guibéroua 5.423 - ft Oumé Oumé 16.823 -
TOTAL - - 145.863 23,2
F 7 DANANE Danané Danané 19.872 - GUIGLO
tl
Duékoué Guiglo
Duékoué Guiglo
17.465 10.441
- -
II Toulépleu Toulépleu 4.323 - MAN Man Man 50.315 -
TOTAL - - 102.416 17,5
F 8 SASSANDRA San Pédro San Pédro 27.616 - " Sassandra Sassandra 9.404 - tt Soubré Soubré 6.195 - If Tabou Tabou 7.255 -
TOTAL - - 50.470 26,3
TOTAL FORET 1.735.681 36,9
TOTAL COTE D'IVOIRE 2.161.922 32,3
- 104 -
COURRIER DES LECTEURS
SECRETARIAT DES MISSIONS D'URBANISME ET D'HABITAT
SECTEUR FORMATION, 80 RUE DE TURENNE . 75003 PARIS _ TEL : 887.97.12
SIEGE SOCIAL, 11 RUE CHARDIN . 75016 PARIS _ TEL : 525 • 94 • 36
646 - JD/AF
Monsieur Yves FRANCHET INSEE Coopération Boulevard Adolphe Pinard
75014 PARIS
PARIS, le 7 Avril 1978
Mon Cher FRANCHET,
Lisant le N° 14 de STATECO, qui relate une réflexion sur les enquêtes ménages dont BEHMOIRAS m'avait dit un mot, je retrouve des constatations que nous avons faites pour notre part : risques dans les erreurs d'obser-vations, supériorité des enquêtes répétitives réutilisant un même échan-tillon, nécessité de connaître des disparités plutôt que des moyennes ...
C'est pourquoi, en collaboration avec un cabinet spécialisé dans les méthoc d'analyse, le S.M.U.H a développé une méthode présentée sommairement dans l'article ci-joint. La photo aérienne étant pour nous un outil de travail essentiel, particulièrement sûr et facile à mettre à jour, c'est à partir d'elle qu'est constituée une base exhaustive; ici se trouve une différence avec la méthode proposée dans STATECO : nous corrélons ce qui se voit à la photo avec les observations sur le terrain et utilisons une méthode des quotas.
Je serais heureux que nous confrontions nos points de vue et puissions en tirer des conclusions en vue, par exemple, de réaliser un travail en commun ou de publier dans la revue P.H.I destinée aux coopérants et administration de l'urbanisme et de l'aménagement du territoire du Tiers-Monde. Pour cela, je suis à votre disposition pour de plus amples détails, l'article ci-joint restant très succinct sur les questions de méthode.
Je te prie de croire en mes sentiments les meilleurs.
Secrétaire Général
405 - Thème d'illustration
S.M.U.H.-S.I.D.A.U. (1)
Une méthode d'élaboration rapide de données localisées
A rapid method for local data generation
1. Pourquoi une nouvelle méthode ?
1.1. Qu'il s'agisse de décider quels terrains lotir en vue
de la construction, d'améliorer le réseau d'eau ou d'assainissement, de savoir comment rénover un quartier, les autorités — et leurs techniciens — ont besoin de connaître la population qui occupe un quartier et les bâtiments qui y sont construits.
Les autorités ont besoin d'informations :
- à jour A la vitesse où évoluent ces villes, à quoi servent
des chiffres d'il y a six ou huit ans ? Or, il est bien rare de disposer des résultats d'un recensement de population récent. Et si, par extraordinaire, le recen-sement est récent, il faut souvent en attendre long-temps l'exploitation.
- localisées
Connaître la distribution des revenus des ménages d'une agglomération ou d'une région est certaine-ment utile pour un Plan de développement économi-que et social. Mais dès qu'il s'agit de réaliser une opération de construction ou d'aménagement urbain, il faut de plus savoir la distribution des revenus des ménages selon le quartier où ils habitent.
Or, les enquêtes par sondage ne donnent pas un tel résultat et les enquêtes exhaustives coûtent cher. Le cadastre, lui, est bien utile, mais il ne couvre pas toute l'agglomération et ne renseigne pas sur la po-pulation.
Enfin, elles ont besoin de pouvoir suivre l'évolution, au cours du temps, des données recherchées.
1. Why a new method ?
1.1. To decide which specific plots of land should be
parcelled out for construction, to improve the water supply or sanitation system, or to determine how to renovate a district, the Authorities — and their techni-cians — need information concerning the population inhabiting the district and the buildings existing there. The Authorities need information which is :
- up-to-date Considering the speed at which these towns are
growing today, figures dating back six or eight years are of little use. As it so happens, the results of a re-cent population census are rarely available. And if, by sheer luck, the census is a recent one, its analysis often takes a very long time.
- localized A knowledge of the income distribution among the
families of a town or region is certainly useful for an economic and social development plan. However, when a construction or town planning operation is in-volved, it is also important to know the household in-come distribution in a specific neighbourhood.
Sample surveys do not provide these results, and exhaustive surveys are expensive. While the cadastral survey is very useful, it does not cover the entire built-up area, and provides no information about the population. - finally, the Authorities need to keep Crack of chan-ges in these data occurring with the passage of time.
(1) Secrétariat des Missions d'Urbanisme et d'Habitat. 11, rue Char-din 75016 PARIS. Société Civile d'Études et de Recherches d'Informatique et d'Analyse Urbaine. 63, avenue de Paris 94160 Saint-Mandé.
(1) Secrétariat des Missions d'Urbanisme et d'Habitat, 11, rue Char-din, 75016 Paris. Société Civile d'Études et de Recherches d'Informatique et d'Analyse Urbaine. 63, avenue de Paris 94160 Saint-Mandé.
population x 30 11.,
population X 20
population x *IO
ABIDJAN x
TOME x
DJAKARTA Ji
MOSCOU x NEW YORK x PARIS
1930 40 50 60 1970
•106-
LA CROISSANCE DES VILLES - GROWTH OF TOWNS
Croissance dans l'espace
Spatial growth
(Source : Planche de la croissance spatiale de Kinshasa (Zaïre) publiée dans le Justificatif du schéma directeur d'aménagement et d'ur-banisation (S.D.A.U.) de Kinshasa par le Bu-reau d'Etudes et d'Aménagements urbains (B.E.A.U.) - Décembre 1976).
CROISSANCE DES VILLES
Croissance de la population
Population growth
(Source : Extrait de l'audio-visuel « Le pouvoir des Images . présenté par le SMUH au Congrès Habitat de_ Vancouver en mai-Juin 1976).
2
- r1oV-
Or, la plupart des enquêtes, réalisées une fois dans un but précis, ne sont pas renouvelées ; seul, le re-censement de la population est fait systématiquement sur les mêmes bases, mais combien peu souvent ...
PAYS
Dernier recensement exploité PAYS
dernier recensement exploité
Algérie 1966 Mozambique 1970 Angola 1970 Namibie 1970 Botswana 1971 Guinée Portugaise 1970 Iles du Cap Vert 1970 R. Sud Africaine 1970 Tchad 1966 * Réunion 1967 Comores 1966 Ouganda 1969 Guinée équat. 1970 Rhodésie Sud 1969 Gabon 1969-70 Seychelles 1970 Ghana 1970 Swaziland 1966 Kenya 1969 Tanzanie 1967 Lesotho 1966 Togo 1970 Malawi 1966 Tunisie 1966 Maroc 1971 Zambie 1969
Recensement administratif amélioré.
1.2. On a donc besoin d'un instrument de connaissance
- rapide, donc ne nécessitant pas le dépouillement d'enquêtes lourdes, - précis, pour fournir des données chiffrées (popula-tion, emploi, terrains constructibles...) par quartiers d'une agglomération, voire par ilôts. - gérable, pour mettre périodiquement à jour les ré-sultats sans nouvelle enquête lourde.
Most surveys, carried out with a specific objective in mind, are not repeated. Only the population census is taken systematically on the same basis, but at very long intervals.
Country
Latest census analyzed Country
Latest census analyzed
Algeria 1966 Mozambique 1970 Angola 1970 Namibia 1970 Botswana 1971 Portuguese Guinea 1970 Cape Verde Islands 1970 Republic•of South Africa 1970 Chad 1966 * Réunion 1967 Comores 1966 Seychelles 1970 Equatorial Guinea 1970 Southern Rhodesia 1969 Gabon 1969/70 Swaziland 1966 Ghana 1970 Tanzania 1967 Kenya 1969 Togo 1970 Lesotho 1966 Tunisia 1966 Malawi 1966 Uganda 1969 Morocco 1971 Zambia 1969
* Improved administrative census
1.2. Hence the Authorities need an instrument for ga-
thering information which is :
- rapid and therefore not requiring time-consuming analyses,
- precise supplying data with figures (population, oc-cupation, constructible land) covering the districts of a town, and possibly by blocks.
- manageable so that the results can be brought up-to-date periodically without a new massive survey.
2. Principe de la méthode proposée
2.1. Remarques préliminaires
La méthode proposée repose d'abord sur les remar-ques suivantes : - toute occupation humaine modifie le paysage natu-rel. - ces modifications suivent certaines règles dépen-dant très fortement du caractère propre des popula-tions occupant le site (importance de population, de sa structure sociale, de son type d'activités, de sa so-lution propre pour son habitat...)
2.2. Utilisation de la photo aérienne Or, nombreuses sont les modifications qui sont re-
pérables, quantifiables, analysables sur les seules photos aériennes ; qui sont de plus des documente exhaustifs et incontestables sur l'état d'un site à un moment donné.
Les couvertures aériennes réalisent un « éloigne-ment » nécessaire, et ceci de deux points de vue : - (a) dans l'espace car il devient possible de voir si-multanément, donc de comparer et d'analyser des zones suffisamment éloignées pour ne jamais pouvoir être directement comparées au niveau du sol.
Certaines structures apparaissent alors, indépen-damment des détails des adaptations particulières aux conditions locales.
Par exemple structure des quartiers autour de cer-tains équipements, structure des villages et leur rela-
2. Principle of the proposed method
2.1. Preliminary remarks
The proposed method is based on the following re-marks : - any human occupancy alters the natural landscape, - these alterations follow certain rules which depend closely on the intrinsic character of the population occupying the site (population size, social structure, type of activity, preferred type of dwelling).
2.2. The use of aerial photography Many of these laterations can be identified, quanti-
fied and analyzed by aerial photographe, which also constitute detailed, incontrovertible documents concerning the condition of a given site at a given time.
Aerial cover provides a necessary « distance », from two standpoints :
(a) in terms of space, because it makes it possible to see simultaneously - and hence to compare and ana-lyze — zones which are sufficiently distant from each other to prevent direct comparison on the ground.
Aerial photography reveals certain structures, inde-pendent of the details of special adaptation to local conditions.
For example, it reveals the structure of neighbour-hoods existing around certain facilities, the structure
3
- )1tD8 _
tion avec l'environnement, structure de la disposition des logements sur leurs parcelles... (b) dans le temps car il devient possible de comparer des photos aériennes d'un même site, mais à des dates différentes, donc, et c'est essentiel, de déceler les éléments permanents des structures de leurs élé-ments évolutifs.
2.3. Enquête sur échantillon Toutefois, la seule photo aérienne ne peut fournir
toutes les informations nécessaires, par exemple, l'importance exacte d'une population, le nombre de jeunes de cette population, la proportion d'actifs de telle ou telle catégorie...
Il est donc indispensable de se rendre sur les lieux pour compléter ces informations.
Or, l'expérience prouve qu'il existe très souvent des relations de nature statistique entre les caractè-res non visibles de la photo aérienne et les caractères identifiables et qualifiables sur cette seule photo.
En conséquence il n'est pas nécessaire de recueil-lir d'une manière exhaustive les informations non visi-bles de la photo aérienne, mais seulement sur certai-nes des parties de la zone étudiée, parties judicieusement choisies (échantillon).
Il est en effet possible de déterminer les relations statistiques qui existent entre les deux types d'infor-mation au seul niveau de l'échantillon.
Dans ces conditions, sous réserve bien sûr que de telles relations existent réellement, on peut calculer, pour toute zone de la photo aérienne ayant la même structure (ou mieux la même morphologie) que la par-tie d'échantillon lui correspondant, les quantités rela-tives aux informations que l'on peut seulement connaître par enquête. '
Il est donc possible d'étendre les résultats d'une enquête légère, rapide parce que très limitée dans l'espace, à l'ensemble d'une zone déterminée et de connaître ainsi à un coût minimum des données dont le recueil exhaustif aurait été à la fois très lent et très onéreux.
Enfin, l'expérience montre que la précision des in-formations ainsi estimées est largement acceptable et qu'en tous cas la rapidité d'acquisition des résultats compense amplement d'éventuelles imprécisions de détail.
En outre, on s'aperçoit que l'échantillon initial, du fait même de sa faible importance, devient un moyen très efficace et particulièrement peu coûteux de ges-tion de l'information générale. Il suffit, en effet, de surveiller périodiquement cet échantillon sur seule-ment certains de ses caractères pour remettre très fa-cilement à jour — et valablement — des données qui auraient été caduques au bout de peu de temps. La mise en place de l'échantillon « d'observation » per-met donc de dire que l'utilisation de la méthode SMUH-SIDAU correspond beaucoup plus à un inves-tissement dont la rentabilité n'est pas l'utilisation uni-que que l'on fait des enquêtes classiques, mais s'étale dans le temps par l'exploitation permanente de l'échantillon et de l'actualisation ainsi possible des in-formations fournies.
Cette méthode fournit donc non plus seulement les données nécessaires à l'établissement de décisions à long terme (plan d'aménagement, plan d'urbanisme etc.), mais permet également de contrôler l'effet de telles décisions de manière quasi permanente.
of villages and their relationship to the environment, the structure of the layout of dwellings on their res-pective plots,
(b) in terms of time, because the aerial photographs of a particular site taken at different dates can be compared, making it possible to distinguish the per-manent elements of the structures from their chan-ging aspects.
2.3. Semple surveys However, aerial photography atone cannot provide
all the necessary information such as, for example, the size of the younger age group among the popula-tion, the proportion of active members in such and such a category etc.
Hence a local survey is indispensable to complete the information.
As it so happeras, experience has shown that a sta-tistical type of relationship often exists between cha-racteristics which are not visible in an aerial photo-graph and characteristics which can be identified and qualified from the photograph.
Consequently, it becomes unnecessary to make an exhaustive collection of the information unavailable from the aerial photograph, but merely to concentrate on some carefully selected portions of the zone sur-veyed (sample).
In effect, it is possible to determine the statistical relationships existing between the two types of infor-mation at the sample level.
In these circumstances, and naturally provided that these relationships actually exist, one can calculate, for any zone of the aerial photograph exhibiting the same structure (or the same morphology) as the sam-ple section corresponding to it, the quantities relating to the information which can only be derived by a sur-vey.
Hence it is possible to extend the results of a rapid — limited space — survey requiring few resources to the whole of a given zone, thus deriving, at minimum cost, the data for which an exhaustive survey would have been tremendously time-consuming and very ex-pensive.
Finally, experience has shown that the accuracy of the figures thus evaluated is by and large acceptable, and in any event, the rapidity of data gathering amply outweighs any inaccuracies of detail.
Furthermore, owing to its limited size, the initial sample becomes a highly effective and particularly cheap means of general information management. In effect, it suffices to monitor this sample periodically by examining some of its aspects, to make an easy, valid updating of the data which would normally have become obsolete within a short time. The implemen-tation of the « observation » sample makes it possible to state that the use of the SMUH-SIDAU method cor-responds far more closely to an investment made not only for immediate returns, but which continues to provide benefits through the permanent exploitation of the sample and the updating of the data supplied, which thus becomes possible.
Hence this method no longer merely supplies the data necessary for the establishment of long-term de-cisions (planning programme, town plan etc.), but also makes it possible to examine the effect of these decisions more or less permanently.
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- /109-
Le tableau suivant montre les avantages et les dé-fauts de chacun des outils habituellement utilisés : re-censements, cadastre, fichiers administratifs (état civil, distribution de l'eau ou de l'électricité...) enquê-tes par sondage.
The following table shows the advantages and drawbacks of the various methods usually employed : censuses, cadastral survey, administrative files (regis-try office, water and electricity supply) and surveys.
TABLEAU COMPARATIF DES DIFFÉRENTES MÉTHODES DE CRÉATION D'INFORMATION
Quantification
globale localisée
Connaissance des
mécanismes
Facilité de mise à jour des données
Coût relatif
Accessibilité rapide
des résultats Observations
Recensement exhaustif
oui non non difficile très coûteux
exploitation très lente
porte en général essentiellement sur la population.
Cadastre non oui non oui en fonction de la période
de mise à jour
porte sur le sol existe très souvent mais ne porte que sur une partie de la ville.
Fichier administratif
non (ne porte que sur des cas
spécifiques)
non non en général, actualisées ?
demande des exploitations particulières
Enquêtes classiques par sondages
oui, par générali-
cation des résultats
non possible non relativement faible
rapide ne porte que sur des questions limitées.
COMPARATIVE TABLE OF DIFFERENT INFORMATION COMPILATION METHODS
Quantification
overall local
Knowledge of
mechanisms
Ease of updating
data
Relative pst
Accessibility and speed of results
Observations
Exhaustive census
Yes no no difficult very costly
time- consuming
analysis
essentially deals with the population.
Cadastral survey
no yes no yes depends on updating period
deals with land, is generally available but only covers part of the town.
Adminis- trative files
no (only covers
specific cases)
no no generaily brought up-to- date
? requires special
analytical procédures
Conven- tional surveys
yes, by
general- ization of
results
no possible no relatively low
rapid only deals with limited matters.
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délais I 3mois
11111 Y t •
7:727727
une ville ou une région connue exhaustivement par photo aérienne
a town or region known in detail by aerial photography
prise de connaissance de la photo aerienne et des divers documents existants.
ORDINATEUR COMPUTER
'II, 1 .3.! • •'!,
>[ .traitement informatique des donna du fichier et classement des outils d'analyse selon leurs caracteres data processing of file data and classification of analytical tools according to features
'pour certains aspects par des études ou des enquêtes antérieures.
for certain aspects, by previous studies or surveys
familiarity with aerial photography and various existing .documents
Etablissement d'un fichier exhaustif de données par unité d'analyse. creation of an exhaustive data file by analytical unit
vd
'Établissement d'une pré-problématique permettant : . la définition d'une Stratégie d'enquête. . la mise au point du questionnaire. . la définition d'échantillon d'enqu . la mise au point du guide de dépouillen
establishment of a preliminary procedure enabling : . determination of a survey strategy . drafting of a questionnaire . definition of the survey sample . establishment of analytical guideline!
Définition des caractéristiques des traces visibles de la photo aérienne qui ont une relation avec l'objet de l'étude. Elaboration du fichier et du processus de saisie de données sur la photo aérienne.
definition of characteristics of features visible in aerial photographs, which have a relationship to the survey objective generation of the file and data gathering process using aerial photographs
photo-analyse qualitative et quantitative photo -analysis qualitative and quantitative
des questions quantitatives et qualitatives posees par des responsables politiques ou techniques sur l'avenir de cette ville ou de cette region
quantitative and qualitative questions raised by political leaders and technicians responsible concerning the future of this town or region
etablissement d'un fond de operationnel localisant chaq unite d'analyse preparation of an operational base map localizing each analytical unit
établissement d'une cetedes zones de même morphologie preparation of a map with zones of the same morphology
Analyse des interrogations et des objectifs de l'étude.
analysis of interviewa and survey objectives
3 months
3. Description de la méthode 440 -
3.1. Succession des opérations
l'Cuadret pré analyse
""ger- giVor '111Pe
pre analysis attleeneequâtar of the survey
P
OICHED'EN E SUPNEY. FORM 3 4 , 7 9 : 9 110''' '2 ,4
N 0. A V : - Traitement informatique des résultats de l'échantillon, modélisation, généralisation.
data processing of sample results, mode) maki ng /generalization
111,111:lt1 .11111 III
ri,: ' 7, ' ',:!1221 777271,222757 1/7:
117,1111,1711
a ,e ''I se ■aa -
ENOUE,E SOCIO ECONOMIOUE bordereau de dépouillement I
441- 3. Description of the method 3.1. Sequence of operations
le ête e " ton 1 mois , 2 mois
résultats results
41 Recrutement et formation des enquêteurs et des contrôleurs pouvant assurer par la suite la gestion et la mise à jour des données. 2 Réalisation de l'enquête sur échantillon et éventuellement d'enquêtes complémentaires exhaustives (Equipements - Industries). 3 Vérification/dépouillement des questionnaires
1 recruitment and training of interviewers and checkers capable of subsequently handling management and updating of the data 2 carrying out of the survey on a sample, possibly with additional exhaustive surveys (facilities, industries) 3 checking and analysis of survey questionnairej
Résultats quantifiés à différents niveaux : îlot, quartier, ville.
quantified results at different levels block district town
Résultats localisés et visualisés. Cartographie des différentes variables.
localized and visuel results cartography of different variables
ynthèse et diagnostic (rapport expliquant les résul tats et complétant la carto graphie, guide de lecture). ynthesisanddiagnosi
(report explaining the results and supplementing the carto •raphy and readin. •uide
1 month 2 mont hs
survey processing
-442-
3.2. Calendrier
3.2. Calendar
Phase 1 : Pré-analyse Phase 1 : Pre-analysis
- Prise de connaissance des documents existants - Examination of existing documents
- Analyse des objectifs - Analysis of objectives
- Critériologie de la photo-analyse - Criteriology of photo-analysis
- Constitution du fichier (bordereau Photo-analyse) - Creation of the file (photo-analysis form)
- Traitement du fichier - choix d'échantillons modulés - File processing - choice of modular samples
- Mise au point des gestionnaires, guides d'enquête, bordereau d'exploitation... - Drafting of management rules, survey guidelines, implementation forms etc.
Phase 2: Enquête Phase 2: Survey
- Recrutement des enquêteurs et contrôleurs - Recruitment of interviewers and checkers
- Levé planimétrique des flots - Planimetric survey of blocks
- Enquête sur le site et contrôle permanent - On-site survey and permanent monitoring
- Enquête complémentaire (activités et équipements) - Supplementary survey (activities and facilities)
- Dépouillement sur place et remplissage des borde-reaux - On-the-spot analysis and filling of forms.
PHASE 3 : Exploitation Phase 3 : Processing
- Perforation et traitement - Key punch and data processing
- Analyse des résultats sur échantillon - Analysis of results of the sample
- Modélisation généralisation - résultats numériques - Model-making and generalization : numeric results.
- Cartographie et rapport de synthèse - Cartography and final report.
3.3. Coûts et délais
La mise en oeuvre complète de la méthode SMUH-SIDAU nécessite un délai de 6 mois pour un domaine d'étude de l'ordre de 100 000 habitants.
MO I S
L
••••• • ••
3.3 Costs and time required
The complete implementation of the SMUH-SIDAU method requires a period of six months for a survey project covering about 100,000 inhabitants.
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_ 44 3 -
Elle peut être décomposée en 3 phases comme le montre le tableau ci-avant :
Phase 1 Création du système d'information. Constitution de l'échantillon d'enquête - durée 3 mois.
Phase 2 Enquête sur place - durée 1 mois -
Phase 3 Exploitation et définition de zones de même problématique et de l'image à un terme - durée 2 mois -
Ce délai court à partir de la fourniture par le Maître d'ouvrage de documents nécessaires au commence-ment de l'étude soit : - Prise de vues aériennes exploitables sous forme de couples stéréoscopiques à l'échelle 1/5 000 1/10 000 pu 1/20 000. - Fond de plan ou orthophoto-plan aux mêmes échel-les. - Documents bibliographiques ou cartographiques divers.
Plutôt que d'exprimer un coût en valeur absolue, c'est une évaluation du temps passé par chaque spé-cialiste qui est donnée ici en se basant sur le pha-sage ci-avant :
Directeur d'étude
Chargé d'étude
Assistant d'étude
Enquêteurs (20)
Phase 1 Phase 2 Phase 3
1,5 mois 0,5 mois 1 mois
3 mois 2 mois 2 mois
3 mois —
2 mois 1 mois
TOTAL 2,5 mois 7 mois 5 mois 20 mois
Coût d'informatique : 7.000 F en 1975
It way be broken down into three phases as shown by the following table :
Phase 1 : creation of the data system.
Creation of the survey sample : three months.
Phase 2 : on-the-spot survey : duration one month.
Phase 3 : processing and definition of zones exhibi-ting the same problematics and of the long-term pat-tern : duration two months.
This period begins with the provision, by the Engi-neer, of documents necessary for initiating the study : - analyzable aerial photographs in the form of ste-reoscopic pairs at 1 :5000, 1 :10,000 or 1 :20,000 scale, - map base or orthophoto-map on the same scales,
miscellaneous bibliographie and cartographic docu-ments.
The following analysis, rather than expressing costs in absolute value, represents an evaluation of the time spent by each specialist, and is based on the foregoing phase subdivisions.
Survey Director
Survey Manager
Survey Assistant
Interviewers (20)
Phase 1 Phase 2 Phase 3
1,5 month 0,5 month 1 month
3 months 2 months 2 months
3 months —
2 months 1 month
TOTAL 2,5 months 7 months 5 months 20 months
Cost of data processing : 7.000 F in 1975.
3.4. La méthode s'applique à toutes les questions pour lesquelles la localisation des résultats est un carac-tère important, par exemple :
- Comme instrument de connaissance et de gestion
- pour une étude d'urbanisme, estimer les popula-tions et l'occupation du sol et expliquer les mécanis-mes d'évolution d'une ville ou d'une région, - pour le Cadastre, la Municipalité ou la Direction de l'Urbanisme, fournir un tableau de bord des principa-les caractéristiques d'une ville : il suffit de répéter pé-riodiquement l'enquête au sol.
- Comme aide à la décision
Elle permet : - De tester les options d'un plan d'aménagement. - De simuler les effets à terme d'une décision (ex : construire tel équipement à tel endroit). - D'optimiser la politique des moyens d'action d'une municipalité ou de l'État. - De proposer un ou des objectifs à long terme (ex : plan d'aménagement) qui se serve le plus possible des tendances spontanées des agents et ait, de ce fait, une forte probabilité d'être réalisé.
3.4 The method is applicable to all matters in which the
localization of results is an important feature, for example :
as an instrument of knowledge and management : - for a town planning survey, to estimate the popula-tion and ground occupancy, and to explain the me-chanisms of change of a town or region, - for the cadastral survey, municipality or town plan-ning directorate, to provide a log of the main charac-teristics of a town : it suffices to repeat the on-the-spot survey periodically.
for assistance in decision making : The method makes it possible to :
- Test the options of a planning programme,
- Simulate the long-term effects of a decision (e.g. to build certain facilities at a given location),
- Optimize the policy for implementing the resources of a municipality or a state,
- Suggest one or more long-term objectives (e.g. planning programme) which benefit from the sponta-neous tendencies of the survey staff, increasing the probability of realization.
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4. Trois exemples d'application
1- cas : Évaluation de la population d'une agglomé-ration
Pendant le temps qui sépare deux recensements de population, il est très utile de connaître approxima-tivement la population d'une agglomération, en parti-culier dans le Tiers-Monde où les villes s'accroissent très vite.
Pour proposer des aménagements il ne suffit pas de connaître la population totale, il faut aussi savoir sa répartition par sexe et âge, sa localisation par quàrtiers, ainsi que les mouvements de population entre la ville et l'extérieur ou à l'intérieur de la ville. Les résultats suivants pris à MBUJI-MAYI au ZAIRE, illustrent bien le fait que notre méthode prend en compte ces différents aspects de la question.
1. Densité nette des bâtiments à l'hectare alcawanif.. »as.. kobesioame.
4. Three sample applications
Case 1 : Assessment of the population of a built-up ares
During the time interval between two population censuses, it is very useful to determine approximately the population of a population centre, especially in the Third World, where towns are growing very fast.
In suggesting a planning programme, it is not enough to know the total population, but also the sex and age breakdown, localization by districts, as well as population movements between the town and the surroundings, or within the town itself.
The following results, obtained at Mbuji-Mayi in Zaire, clearly illustrate the fact that our method ac-counts for the different aspects of the matter.
2. Densité nette de population
La densité nette de bâtiments exprime le nombre de constructions principales à usage d'habitation sur un hectare de terrain réservé à cette fonction.
La planche correspondante permet d'identifier les secteurs où l'on peut s'attendre à trouver une forte population.
Sur le plan opérationnel, la planche permet de re-pérer immédiatement les endroits où les interventions seront les plus délicates.
Densité nette de population
La densité nette de population exprime le nombre de personnes à l'hectare de terrain uniquement utilisé par l'habitat.
La relation entre la densité de bâtiments et la den-sité de population met en évidence, sous réserve des secteurs de bâtiments hauts :
Ici uutiultly ucttsny pel 1/CUld/C
The net building density expresses the number of main residential buildings on a hectare of land ear-marked for this function.
The corresponding plate makes it possib é to iden-tify the sectors in which a high population density can be expected.
From the operational standpoint, the plate provides an immediate idea of the areas in which action will be most problematic.
Net population density The net population density gives the number of per-sons per hectare of land used exclusively for residen-tial purposes.
The relationship between building density and po-pulation density pinpoints the following, except for sectors with tall buildings :
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_ 445 -
- les secteurs surpeuplés (peu de bâtiments et beau-coup d'habitants). - les secteurs qui se dépeuplent (beaucoup de bâti-ments et peu d'habitants) - les secteurs stables.
La connaissance de la surface d'une zone et de sa densité permet de calculer la population de cette zone. La somme de la population des zones donne la population totale de la ville.
- overpopulated sectors (few buildings and many in-habitants), - underpopulated sectors (many buildings and few in-habitants), - stable sectors.
A knowledge of the area of a zone and its density makes it possible to calculate the population of the zone. The sum of the populations of the different zones gives the total population of the town.
Age des personnes
La distribution des âges observée sur l'ensemble de la ville est la suivante : - 55 % des personnes ont moins de 15 ans (jeunes) - 39,5 % des personnes ont de 15 à 50 ans (adultes « actifs ») - 5,5 % des personnes ont plus de 50 ans (âgés)
La dominance ou tendance va exprimer la situation de chaque îlot par rapport à cette distribution : - par exemple les zones « en trame à petits points » signifient qu'il y a plus de jeunes que la moyenne de la ville dans ces zones. - les zones « en trame à petits carrés » sont celles où adultes et âgés sont plus nombreux que la moyenne de la ville.
La connaissance de la distribution géographique des différentes tranches d'âge et leur dominance va permettre de critiquer, d'apprécier et d'expliquer les structures mises en évidence par les deux planches précédentes :
ex : sur un secteur stable à forte densité, la pré-sence d'une population composée d'une proportion plus forte que la moyenne à la fois de jeunes et de vieux, est un signe de mutabilité probable.
Age ot innaoltants The overall age distribution observed in the town is as follows : - 55 % are less than 15 years of age (the young) - 39.5 % are 15 to 50 years of age (« active » adults) - 5.5 % are more than 50 years of age (aged).
The dominance or trend expresses the situation of each block in relation to this distribution : - for example, the « fine point » zones indicate that the number of young in these zones is greater than the town average, - the « small squares » zones are those in which the adults and the aged are more numerous than the town average.
Determination of the geographic distribution of the different age groups and their dominance makes it possible to criticize, evaluate and explain the structu-res highlighted by the two previous plates : e.g. in a stable sector with high population density, the pre-sence of a population comprising a higher than ave-rage proportion of young and aged simultaneously is a sign of probable mutability.
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Date d'occupation des parcelles
En moyenne on a observé la distribution suivante pour les dates d'arrivée des chefs de famille sur leur parcelle : - 19,2 % après 1970, - 46,2 % entre 1963 et 1970, - 34,7 % avant 1963.
Comme précédemment, la dominance se traduit par une trame et exprime la situation de l'îlot par rap-port à la moyenne.
La lecture de la planche montre à la fois l'impor-tance de l'accroissement démographique par immi-gration et sa localisation, et l'importance des mouve-ments internes de population dans la ville.
2e cas : Évaluation de la réceptivité de la ville
En d'autres termes : combien de bâtiments peuvent encore être construits dans le périmètre de l'agglo-mération actuelle ?
Avant d'aménager de nouveaux terrains à bâtir à la périphérie de la ville, il est utile autant que possible de construire sur les terrains déjà desservis par les voies, l'eau, les égouts et les autres équipements existants.
Pour évaluer la quantité de terrains encore disponi-bles dans le périmètre de la ville actuelle il faut tenir compte : - de l'organisation du parcellaire - des habitudes locales de construction - du mode de vie des habitants etc.
Ces critères font varier la capacité d'accueil d'une partie à l'autre de la ville.
Aussi vaut-il mieux identifier les zones qui risquent le plus de se densifier ou d'être rénovées plutôt que mesurer globalement une capacité d'accueil théori-que.
Les illustrations qui suivent, prises parmi les résul-tats de la méthode appliquée au cas de SAHR, mon-trent que la prise en compte de certains critères ap-propriés permet de définir avec plus de précision la réceptivité.
Date of occupancy of plots On the average, the following distribution was obser-ved for the dates of arrivai of heads of families on their plots : - 19.2 % after 1970, - 46.2 % from 1963 to 1970, - 34.7 % before 1963.
As above, the dominance is reflected by a pattern (points or squares) and reflects the situation of the block in relation to the average.
Observation of the plate reveals simultaneously the extent of demographic growth by immigration and its localization, and the magnitude of internai population movements within the town.
Case 2 : Assessment of the town's receptivity
In other terms : how many more buildings can be erected within the perimeter of the present built-up area.
Before developing new building estates at the town periphery, it is wise to build as much as possible on land already served by roads, water, drainage and other existing facilities.
To assess the amount of land still available within the town perimeter, it is necessary to consider : - the organization of the detailed land survey, - local building habits, - life style of inhabitants, etc.
These criteria have an effect on the accommoda-tion capacity of the different sectors of the town. It is also wise to identify zones which are most liable to densification or renovation, rather than making an overall determination of a theoretical accommodation capacity.
The following illustrations, selected from the results of the method applied to the case of SARH, show that the consideration of certain suitable criteria gives rise to a more accurate determination of receptivity.
Densité brute à l'hectare
La densité brute exprime le nombre d'habitants à l'hectare de terrain quelle que soit l'occupation du sol. - Elle ne représente qu'un des indicateurs permettant d'apprécier la réceptivité d'une zone, mais ce n'est pas le seul : une zone dense peut recéler des parcel-les vides ou des logements vacants qui lui donnent une certaine potentialité d'accueil.
Utilisation du sol
Pour chaque zone, la répartition moyenne de l'oc-cupation des parcelles est la suivante : - 16 % de parcelles ayant des logements vacants.
- 10 % de parcelles libres. - 72 % de parcelles construites et habitées.
La dominance exprime la situation de chaque îlot par rapport à cette distribution : - par exemple les zones en gros points signifient plus de la moyenne de parcelles libres dans cette zone.
Cross density per hectare The gross density reflects the number of inhabitants per hectare of land, irrespective of ground occu-pancy. It only represents one of the indicators providing an assessment of the receptivity of a zone, but not the only one : a dense zone may contain vacant plots and vacant dwellings which give it a certain accommoda-tion potential.
Use of the land For each zone, the average distribution of ground oc-cupancy is as follows : - 16 % of plots have vacant dwellings, - 10 % free plots, - 72 % built-up and lived-in plots.
The dominance expresses the situation of each block in relation to this distribution : - for example, the zones with large dots imply a higher than average proportion of free plots in this zone,
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5. Densité brute à l'hectare 6. Utilisation du sol
- les zones en noir signifient qu'il y a plus de la moyenne de parcelles vacantes et habitées.
En comparant cette planche à celle des densités brutes on peut mettre en évidence des phénomènes de dépopulation traduisant une émigration.
Cette planche permet de déceler les zones où existe le plus grand nombre de parcelles libres c'est-à-dire non mises en valeur, (ce qui peut cacher un phénomène spéculatif).
- zones coloured black indicate a higher than ave-rage proportion of vacant and lived-in plots.
By comparing this plate to the gross density pat-tern, it is possible to highlight depopulation aspects reflecting em ig ration .
This plate makes it possible to detect the zones featuring the largest number of free plots, namely, not yet developed (this may indicate speculation).
3" cas : Quelles catégories de populations vivent dans quels quartiers ? Pourquoi ?
Les différents quartiers d'une ville sont habités par des populations de niveaux de vie et d'activités diffé-rents.
La localisation de ces quartiers n'est pas indiffé-rente à celle des pôles d'activité et d'équipements de la ville.
De même chacune des catégories de population habitant les quartiers a une manière originale d'occu-per et d'organiser l'espace dans lequel elle vit.
Pour prévoir les conséquences des aménagements qu'ils proposent, le Maître d'Ouvrage et les Urbanis-tes doivent donc bien connaître les populations de chaque quartier et ne peuvent se contenter de la seule analyse des constructions existantes.
Les planches qui suivent, prises dans l'étude de SARH, permettent de comprendre et d'expliquer la morphologie actuelle des différents quartiers en rap-port avec les populations qui y habitent.
Case 3: Which population categories live in specific districts, and why ?
The various districts of a town are inhabited by po-pulations with different standards of living and activi-ties.
The localization of these districts is not unrelated to that of the centres of activity and facilities of the town.
Similarly, each population category inhabiting the districts has its own way of occupying, and organi-zing the space in which it lives.
In order to foresee the consequences of develop-ments which they propose, the Engineer and the Town Planners must therefore be thoroughly familiar with the population of each district, and must not be content with a simple analysis of existing structures.
The following plates, taken from the SARH survey, provide an understanding and an explanation of the current morphology of the different districts, in rela-tion to the population groups inhabiting them.
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• :I le. .1 .r.e. .4,11 o n L. al a Is
Les parcelles de chaque îlot de la ville ont été ré-parties en trois classes de taille : - moins de 400 m2 (petites parcelles) - de 400 à 800 m2(parcelles moyennes) - plus de 800 m2 (grandes parcelles)
La moyenne observée est de : - 41 % de petites - 32 % de moyennes - 27 % de grandes.
La dominance exprime la situation de chaque ilôt par rapport à cette distribution.
En conséquence en superposant cette planche avec celle des densités, on peut mettre en évidence par exemple : - des phénomènes de rétention foncière (grandes parcelles bien situées, mais faiblement occupées), - des phénomènes ayant trait à l'utilisation (grandes parcelles périphériques utilisées pour l'agriculture). - la connaissance de la taille et du mode d'utilisation des parcelles permet une meilleure programmation des futurs lotissements.
Nombre de logements par parcelle
Les variables utilisées pour cette planche sont : - parcelles à 1 logement - parcelles à 2 logements - parcelles à 3 logements.
La moyenne observée sur l'ensemble de la ville est de : - 83 % de parcelles à 1 logement - 13 % de parcelles à 2 logements - 4 % de parcelles à 3 logements
The plots in each City block have been subdivided into three size groups : - less than 400 m2 (small plots), - 400 to 800 m2 (medium plots), - over 800 m2 (large plots).
Consequently, by superimposing this plate on the density plate, the following may be highlighted : - occurrences of land retention (large, well-situated plots which are under-occupied). - features relating to use (large peripheral plots used for agriculture), - a knowledge of the size and use of the plots provi-des for a better programme for future development.
Number of dwellings per plot The following variables are employed : - plots with 1 dwelling, - plots with 2 dwellings, - plots with 3 dwellings.
The average observed over the entire town is : - 83 % with 1 dwelling, - 13 % with 2 dwellings, - 4 % with 3 dwellings.
dans l'ensemble de la ville The overall average observed in the town is : - 41 % - 32 % medium, - 27 % large.
The dominance reflects the situation of each block in relation to this distribution.
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-'14 9 La distribution dans ce cas précis montre une fai-
ble proportion de parcelles de plus de 2 logements. Le calcul de la réceptivité doit donc tenir compte de ce caractère. Cette élasticité est à prendre en compte dans la programmation des besoins.
En croisant cette planche avec la précédente, on peut déceler les zones où il reste une capacité d'ac-cueil interne (grand parcellaire comportant peu de lo-gements).
9. Dominance âge des bâtiments Building age
The distribution in this specific case reveals a low proportion of plots with more than two dwellings. Hence the receptivity assessment must account for this characteristic. This elasticity must be taken into account in programming for requirements.
By comparing this plate with the above one, one can detect zones with residual internai accommoda-tion capacity (large plot area with few dwellings).
10. Dominance activité des chefs de famille Activity of heads of familles
Age des Patiments
Cette planche exprime la comparaison pour cha-que zone entre la distribution des bâtiments classés suivant leur date de construction en trois groupes et la distribution moyenne de la ville : - depuis 1974 18 % - de 1965 à 74 39% - avant 1965 ou inconnu 43 %
L'âge des bâtiments permet une première appro-che de la structure du tissu urbain (identification de vieux quartiers, quartiers récents... etc).
C'est déjà un premier élément qui peut guider la nature de l'aménagement à proposer : rénovation, ré-habilitation, opération d'ensemble...
Activité des chefs de famille
Cette planche exprime la comparaison pour cha-que zone entre la distribution en trois groupes des chefs de famille selon l'origine de leurs revenus et la distribution moyenne de la ville : - agriculture, pêche : 34 % - administration, enseignement, industrie, anciens combattants : 36 % - artisanat, commerce, services : 30 %
Building age This plate reflects the comparison for each zone
between the buildings classified according to their construction date in three groups and the average distribution in the town : - since 1974 18 %, - 1965 to 1974 39 %, - Before 1965 or unknown 43 %.
The age of the buildings provides an initial ap-proach to the structure of the urban fabric (identifica-tion of old districts, recent districts etc).
This provides an initial guideline for determiriing the nature of the proposed development project : re-novation, rehabilitation, combined operation etc.
Activity of heads of familles
This plate illustrates the comparison for each zone between the distribution of heads of families in three groups according to their source of income, and the average distribution of the town : - agriculture, fishing : 34 %, - administration, education, industry, war veterans : 36 %, - crafts, business, services : 3 %.
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_ 4 2,0 - La superposition de cette planche avec la précé-
dente permet de mettre en évidence : - l'histoire du développement de la ville, du point de vue de ses fonctions compte tenu du fait que c'est le chef de famille qui choisit la localisation pour la fa-mille. - la localisation induite par le lieu de travail et le ni-veau de revenus.
11. Dominance types d'activités Types of activities
The superposition of this plate on the foregoing makes it possible to highlight the following : - the history of the town's development, from the standpoint of its functions, considering the fact that it is the head of the household who selects the precise location for his family, - this localization derives from the location of work and the income level.
12. Taux d'actifgs salariés Active waae earners
Cette planche exprime la comparaison pour cha-que zone entre la distribution en trois groupes des actifs et la distribution moyenne de la ville : - agriculture, pêche : 48 % - administration, enseignement, industrie, anciens combattants : 24 % - artisanat, commerce, services : 28 %
L'activité des personnes vivant sur une parcelle donne une approche du niveau vie. On voit appa- raître comme type d'activités dominant à la fois des anciens combattants et des agriculteurs, ce qui tra-duit une nécessité de source de revenus secondaires, et permet de prévoir à terme une mutation du quartier (lorsque la génération actuelle des anciens combat-tants sera éteinte).
Taux d'actifs salariés Le taux d'actifs salariés stables est le rapport entre
les personnes qui ont déclaré avoir un emploi salarié stable et l'ensemble des personnes ayant un emploi dans la zone.
Cette carte permet d'identifier les zones les plus in-tégrées à la vie urbaine et, par différence, les zones marginales.
Elle permet, en outre, par croisement avec la plan-che précédente de tester le dynamisme des différen-tes activités.
Dans le cadre d'une opération d'habitat il est né-cessaire de savoir où se trouve la population à reve-nus stables, de façon à moduler les programmes d'habitat.
This plate provides a comparison for each zone between the distribution of activities divided into three groups, and the average distribution of the town : - agriculture, fishing : 48 %, - administration, education, industry, war veterans : 24 %, - crafts, business, services : 28 %.
The activity of the inhabitants of a plot provides an approach to the standard of living. Auxiliary activities emerge, strengthening the function of the district. For example, in a zone in which the head of the family is a war veteran, the dominant type of activity which emerges combines war veterans and farmers, reflec-ting the need for a secondary source of income. This foreshadows changes in the district (when the pre-sent generation of veterans will have disap-peared).
Active wage earners The proportion of stable active wage êarners is the
ratio of persons claiming stable salaried employment to the total number of persons employed in this zone.
This map makes it possible to identify the zones most closely integrated into the life of the city and, by deduction, the marginal zones.
A comparison with the foregoing plate also provi-des a test of the dynamism of the different activities.
As part of a housing development operation, it is necessary to know where the population with stable income is located, so as to modulate the housing pro-grammes.
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- 121 -
NOTE DE LECTURE
LA PETITE PRODUCTION MARCHANDE ET L'EMPLOI
DANS LE SECTEUR "INFORMEL" - LE CAS AFRICAIN
par : Philippe HUGON - Nhû Lê ABADIE - Alain MORICE avec la participation de : Anne ALOUIS - NGUYEN TRONG Nam Tram - NGUYEN Tingh Nghia, chercheurs à l'IEDES - Victor AYASSOU et Olivier BERTRAND
Paris - IEDES - 1977 - 272 pages
Le ch8mage est un des drames majeurs des sociétés contemporai-
nes. Dans les pays en développement, il est, comme le rappelle l'écono-
miste MYRDAL, un "luxe" que ne peut se permettre l'ensemble de la popu-
lation urbaine, en expansion rapide, non couverte par des aides sociales
et qui doit trouver des moyens de subsister. L'étude que l'IEDES vient
de consacrer à La petite production marchande et l'emploi dans le sec-
teur "informel" prend place dans l'évolution des idées quant aux solu-
tions à envisager dans ce domaine.
Les stratégies d'emploi, pour et dans les pays en voie de dé-
veloppement, se sont en effet profondément modifiées depuis les années
1970. Il y a 20 ans, les postulats implicites pouvaient être ainsi sché-
matisés : l'industrialisation et le développement du secteur dit "moder-
ne" devaient permettre d'absorber progressivement la main-d'oeuvre prove-
nant du secteur dit "traditionnel" et, à cause de la très faible produc-
tivité de cette dernière, l'absorption devait se dérouler sans baisse de
la production nationale ; l'inégalité des revenus consécutive à l'accu-
mulation du capital entraînerait une épargne favorisant l'investissement ;
les pays pauvres en capital devraient se spécialiser dans des activités
créatrices d'emplois et n'exigeant que peu de capitaux.
Or, cette analyse et ses implications se sont trouvées généra-
lement infirmées ; la croissance économique de certains pays en dévelop-
pement s'est réalisée sur la base d'une forte intensité de capital et
de technologies généralement importées ; il s'en est suivi des progrès
- 122 -
importants de productivité sans effets positifs sur l'emploi, les firmes
rapatriant une grande partie des surplus. Les industries ont conquis des
marchés satisfaits jusqu'alors par des formes de production artisanales.
Dans le cas de pays producteurs de matières stratégiques, la mobilisa-
tion des ressources pour financer une partie des investissements s'est
réalisée au détriment de la paysannerie.
Tout le monde est aujourd'hui à peu près d'accord pour consi-
dérer que l'absorption des travailleurs par le développement du secteur
moderne est illusoire dans des pays connaissant un taux de croissance
démographique supérieur à 2,5 %. Pour que les nouveaux arrivants sur le
marché du travail soient insérés dans le secteur moderne, il faudrait
que les emplois salariés représentent la moitié de la population active.
Or, malgré la décalage entre offre et demande de travail, le
chômage apparent ou déguisé n'a pas augmenté aussi rapidement que le
laisserait supposer le rythme d'exode rural. Il faut donc expliquer com-
ment les chômeurs peuvent subsister en ville ; les explications tradi-
tionnelles par le parasitisme (un salarié fait vivre des non-salariés)
ou par les transferts de la campagne vers la ville se sont souvent trou-
vées infirmées. Il est apparu, et les experts du BIT ont contribué à
mettre le phénomène en évidence, qu'il existait un secteur "non structu-
ré" ou "informel" mal connu qui jouait un rôle essentiel d'absorption
des migrants (secteur transitionnel), de création d'emplois, de circula-
tion des flux réels et financiers dans les villes. Les enquêtes réalisées
depuis 1969, notamment dans le cadre du Programme Mondial de l'Emploi du
BIT, estiment que les activités de ce secteur non structuré représentent
dans la plupart des villes du Tiers-Monde entre 30 et 50 % des emplois.
De nouvelles stratégies ont alors été élaborées, proposant le
développement prioritaire du secteur "non structuré", qui serait créa-
teur de revenus aux effets multiplicateurs d'emplois, qui utiliserait
des travailleurs qualifiés bien que de niveau scolaire limité et qui uti-
liserait des technologies "douces" et "appropriées". L'objectif n'est
plus de maximiser la production mais, en priorité, d'accroître l'emploi.
Lutte contre le chômage et lutte contre la pauvreté deviennent indisso-
ciables : redistribution des revenus, satisfaction des besoins essentiels,
sont les volets nécessaires de cette nouvelle stratégie. Dans le modèle
- 123 -
davantage autocentré, freiner la paupérisation de la paysannerie permet
de limiter l'exode rural et de fournir une main-d'oeuvre nécessaire aux
agro-industries et induit une demande exerçant des effets d'entrainement
sur le secteur non-agricole. De même, stimuler le secteur informel urbain
permet à la fois d'accroître l'offre et de créer des revenus élargissant
le marché intérieur. Ainsi, a-t-on été conduit à proposer que les petites
unités de production soient protégées de la concurrence capitaliste in-
terne ou externe, ou que des contrats de sous-traitance permettent une
articulation des grandes unités de production avec l'ensemble des petites
unités (dans un modèle de type japonais).
Il est trop tôt pour juger des implications d'une telle stra-
tégie et l'étude de l'IEDES n'aborde pas cette phase d'évaluation. Mais
elle fait le bilan critique des travaux consacrés à l'emploi et au sec-
teur non structuré. Elle note certaines des contradictions de la politi-
que définie plus haut : le développement très rapide des activités infor-
melles dans les villes du Tiers-Monde n'a été rendu possible que parce
qu'il existait une grande concurrence et une entrée sur le marché, libre
de toute contrainte ; une certaine compétitivité est le résultat d'une
très faible rémunération du travail qui compense le bas niveau de produc-
tivité par rapport aux grandes industries. Structurer ces activités, per-
mettre l'émergence de petites unités de production moderne, revaloriser
les revenus distribués à l'intérieur de celles-ci, risque d"bntraîner,à
l'intérieur même du secteur non structuré, une différenciation entre les
unités qui deviennent rentables par soutien et aide de l'Etat et celles
qui sont éliminées par le jeu de la concurrence. La constitution de pe-
tites entreprises nationales à côté de grandes unités modernes ne semble
pouvoir se réaliser qu'au prix d'une marginalisation de la plupart des
petites unités et d'une réduction de leur création d'emplois. C'est une
évolution de ce type que l'on observe en tout cas dans la plupart des
pays qui ont développé une stratégie prioritaire de constitution de pe-
tites unités nationales de production.
L'ouvrage a donc utilisé le concept de petite production mar-
chande, "production à petite échelle où les rapports sociaux internes ne
sont pas capitalistes et dont les biens et services sont des marchandises"
Il montre comment cette petite production connaît un processus de trans-
formation permanent par création/destruction, dont la logique ne peut se
- 124 -
comprendre indépendamment de ses liaisons avec le secteur capitaliste.
Au-delà d'un "secteur" homogène, existent des formes de production très
complexes et diverses qui ne peuvent être analysées que distinctement
et spécifiquement ; on peut distinguer la production de biens et de ser-
vices, sources de valeur d'usage pour un consommateur final, les produc-
tions de biens et services dépendantes du secteur commercial et indus-
triel lui fournissant des inputs, enfin la production, sur un marché, de
biens qui deviennent marchandises. Ainsi sont différenciées sept activi-
tés spécifiques, répondant chacune à une logique propre : les services
personnels, les services d'entretien, les métiers producteurs de valeurs
d'usage, les petits commerçants et transporteurs, les petits producteurs
marchands, la sous-traitance et les petites unités capitalistes.
Quatre parties composent l'ouvrage :
- La première, avec le bilan des travaux consacrés à l'emploi
informel et au secteur non structuré, présente les analyses dualistes qui
opposent secteur moderne et secteur non structuré et les analyses syté-
miques qui s'attachent à différencier les formes de production, les pe-
tits producteurs, les marginaux et leurs relations avec le secteur capi-
taliste.
- La deuxième est plus spécifiquement consacrée à la petite 1.»
production marchande et aux différentes formes de sous-traitance dans
les pays d'Afrique au Sud du Sahara.
- La troisième se place à un niveau plus analytique en abordant
les principaux éléments du débat à propos du rôle que joue et est appelé
à jouer la petite production dans la croissance économique, la création
de revenus, l'absorption de la main-d'oeuvre, la formation des travail-
leurs ou l'émergence de petits entrepreneurs. Sont opposées les thèses
qui la considèrent comme un secteur stratégique et celles qui soulignent
la dépendance des petits producteurs. L'accent est mis principalement
sur le rôle de ce type d'activités quant à la reproduction de la force
de travail dans les villes du Tiers-Monde.
- Une méthodologie d'investigation des diverses formes "d'em-
plois informels" est proposée en quatrième partie et une bibliographie
aussi exhaustive que possible complète l'ouvrage.
Imp. ETIENNE JULIEN - PARIS 567.67.70 - 783.89.81