8/9/2019 Dans Ton Sommeil

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Dans ton Sommeil C.et E.du Potet

Un concept peu exploit par ailleurs (linsomnie), des acteurs qui y croient, un effort lanarration et la caractrisation, une photo agrable Pour un premier film, Dans ton

Sommeil avait tout pour plaire, et pourtant la sauce peine prendre. La faute, sans

doute, un traitement coupant lherbe sous le pied de ses auteurs, qui trop vouloirbien faire perdent rythme et spectateur en route.

Sarah (Anne Parillau toute en gigantesques yeux bleus) ne dort plus depuis que son adolescent

de fils est mort accidentellement (et trs btement). Elle vit dsormais seule dans sa maison

perdue en fort, dont elle ne sort que pour travailler lhpital. Un soir, elle renverse en

voiture un jeune homme en fuite (un trs lunaire Arthur Dupont) et le soigne chez elle, car il

se dit poursuivi par le cambrioleur homicide qui visite les demeures du coin. Lhomme

(Thierry Frmont !) les prend en chasse

Vous connaissez Badmovies.org ? Son factieux auteur y a mis une rubrique o, pour chaque

film chroniqu, il voque ce quil a appris en regardant le film. Alors plagiaire avou, votreserviteur va vous dire ce quil a appris en voyantDans ton Sommeil:

_Quand Thierry Frmont est lcran, a devient tout de suite intressant. Corollaire :

quand on a la chance de lavoir dans son film on peut le montrer plus de dix minutes. Mais si.

_Les armatures dans le bton servent sempaler dessus. Mme trois bons mtres dela fentre o lon se tient. Ou alors, quand on tombe dessus, cest moins une tragdie que dudarwinisme.

_ On parle toujours de manire trs cohrente et en articulant lorsquon dort. Et les

phrases grammaticalement parfaites quon prononce sur un ton perdu retracent

chronologiquement les traumatismes dont il est judicieux dinformer les gens veills dans la

pice.

_ Le cutter est larme ltale ultime. a coupe les traches, les os et les tendons sans lemoindre effort, dun simple geste nglig. Mieux quun katana. Demain jessaie sur un

labrador.

_Les maisons isoles en province nont pas de systme de scurit. Si toutefois une alarme

se dclenche par extraordinaire, il conviendra de ne pas sen inquiter : cest pas comme si

quelquun pouvait sintroduire chez soi tout de mme.

Bon, loin de nous lide daller chercher la petite bte de la sorte, tant il y a de ces petits

dtails rageants dans (presque) tous les films. Seulement, on se retrouve les compter, les

relever et sen irriter parce qu part quelques trs jolis moments, on sembte souvent un peu.

Voil un film qui fait leffet dun "long court-mtrage" alternant squences qui tirent la

ligne et ellipses trangement abruptes. A la rigueur, on se dit mme que lhistoire, resserre

puis morcele, ferait un trs bon premier acte de courtyard drama, ce qui justifierait un peu

plus le jeu sur les points de vues quon a ici. En effet, au fil des rcits et flashbacks lhistoire

sattache des faits radicalement diffrents suivant la version de tel ou tel personnage. Par ce

jeu de piste parfois abscons (cf. le rve assez peu utile, motiv principalement par le motif

astucieux dune blessure au bas-ventre), les auteurs esprent sans doute que le spectateur,affol par tant dincertitude et ne sachant qui se vouer, sera scotch par lexpectative ; mais

8/9/2019 Dans Ton Sommeil

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ces circonvolutions digtiques nont que peu dincidence sur une histoire dont la linarit

nen demandait pas tant. Mis part via le long flashback du milieu qui reconfigure lide

quon se faisait de deux des personnages (enfin, avec beaucoup de bonne volont ou de

navet tant il est ais de dmonter les identits bien plus tt), le suspense reste tout de mme

tnu. On se dit dailleurs que se concentrer sur un point de vue eut t bien mieux : ici, on na

pas le temps de sattacher un protagoniste et on finit donc par ne sattacher aucun, bref se moquer royalement de leurs sorts respectifs. Dautant plus dommage que nimporte lequel

des points de vue de lun ou lautre des trois personnages, dvelopp sur lentiret du

mtrage, aurait donn une narration autrement plus tendue et captivante que celle quon a en

ltat.

Ajoutons cela une direction dacteur discutable pour le tueur (option McCauley Culkin dans

le Bon Fils, pour les connaisseurs en saucisses qui piquent) ainsi que certains dialogues qui

sonnent affreusement faux (le repas), et on aura pas beaucoup de meubles sauver. Et cest

vraiment agaant car des qualits, il y en a. Certaines effectives, dautres quon ne peut que

deviner sous le jeu des 7 erreurs du film de gros malin quon a devant les yeux.

Dabord le jeu dacteurs qui y croient tous fond (certes, Jean-Hugues Anglade semble

transparent mais son court rle le rclame), sans toutefois verser dans lexcs, notamment en

ce qui concerne Parillau ; et il est agrable pour ne pas dire rafrachissant, de voir une actrice

qui ne passe pas tout le mtrage 145 % de suractivit dans un film de genre franais (Vyniananyone ?). Quelques jolis moments parsment ainsi la pellicule, qui pourtant auraient t

franchement casse-gueule dans dautres mains : la culpabilit via la mditation sur une

cicatrice de csarienne, labandon attendu au sommeil, et gnralement toute lambigut de

sa relation avec le jeune Dupont. De quoi retomber amoureux delle tiens. Sans surprise

Frmont est parfait, et mme dans son rle quasi-muet et aux contours volontairement peu

dfinis, il embaume le charisme cent kilomtres. Ensuite, la figure du tueur est pour une fois

crdible, puisquil nest pas une machine tuer infaillible face des personnages apolliniens

qui se dchirent, mais montr constamment comme faible, veule et lche (aprs tout, il ne tue

idalement les gens que dans leur sommeil) ne devant son "succs" et son impunit quaux

ramifications mentales effrayantes de ses victimes, ou leur navet.

A trop vouloir se dmarquer par un traitement "original", les frangins quon sent pourtant

sincres parasitent presque constamment un film dont on se rend bien compte que, plus

simple, il aurait t plus quilibr. Attendons un prochain effort aux effets mieux doss.

FL