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DANY DUBÉ DANS L’ŒIL D’UN HISTOIRES DE SPORT, LEÇONS DE VIE COACH

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DANS L’ŒIL D’UN

HISTOIRES DE SPORT, LEÇONS DE VIE

COACH

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DANY DUBÉDANS L’ŒIL D’UN

HISTOIRES DE SPORT, LEÇONS DE VIE

COACH

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DANS L’ŒIL D’UN COACH

4

Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales

du Québec et Bibliothèque et Archives Canada

Dubé, Dany, 1961-

Dans l’œil d’un coach

ISBN 978-2-89705-295-9

1. Sports - Québec (Province) - Anecdotes.

2. Sportifs - Québec (Province) - Anecdotes. I. Titre.

GV707.D82 2014 796.09714 C2014-941652-0

PRÉSIDENTE Caroline Jamet

DIRECTEUR DE L’ÉDITION Éric Fourlanty

DIRECTRICE DE LA COMMERCIALISATION Sandrine Donkers

RESPONSABLE, GESTION DE LA PRODUCTION Carla Menza

COMMUNICATIONS Marie-Pierre Hamel

ÉDITRICE DÉLÉGUÉE Nathalie Guillet

CONCEPTION GRAPHIQUE ET MISE EN PAGE Simon L’Archevêque

RÉVISION LINGUISTIQUE ET CORRECTION D’ÉPREUVES Michel Rudel-Tessier

PHOTOGRAPHIE DE LA COUVERTURE (AUTEUR) Shoot Studio/Jérôme Guibord

PHOTOGRAPHIE DES ATHLÈTES EN COUVERTURE (DE HAUT EN BAS) André Pichette, Bernard Brault,

Bernard Brault, Bernard Brault, Vincent Éthier, Bernard Brault

VÉRIFICATION DES FAITS Josée Chartrand pour les portraits de : Georges St-Pierre, Eugenie Bouchard, Les Sœurs Dufour-Lapointe,

Patrick Roy, Christine Nesbitt, Alex Harvey, Martin St-Louis, Patrick Chan, Pascal Dupuis, Sébastien Toutant, Anthony Calvillo, Jan Hudec, Carey

Price, Denny Morrison et Gilmore Junio, Saku Koivu, Marie-Philip Poulin, Kim Lamarre, Sidney Crosby, Charle Cournoyer, Lucian Bute et Jean Pascal,

Spencer O’brien

Marie-Annick L’Allier – Relations publiques pour les portraits de : Alexandre Bilodeau, Marianne St-Gelais et Charles Hamelin

L’éditeur bénéficie du soutien de la Société de développement des entreprises culturelles du Québec (SODEC)

pour son programme d’édition et pour ses activités de promotion.

L’éditeur remercie le gouvernement du Québec de l’aide financière accordée à l’édition de cet ouvrage par

l’entremise du Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres, administré par la SODEC.

Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du livre du Canada (FLC).

Nous remercions le Conseil des arts du Canada de l’aide accordée à notre programme de publication.

© Les Éditions La PresseTOUS DROITS RÉSERVÉSDépôt légal – 4e trimestre 2014ISBN 978-2-89705-295-9Imprimé et relié au Canada

Les Éditions La Presse7, rue Saint-JacquesMontréal (Québec) H2Y 1K9

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DANY DUBÉDANS L’ŒIL D’UN

HISTOIRES DE SPORT, LEÇONS DE VIE

COACH

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MOT DE L’AUTEUR 8

SKI ACROBATIQUEALEXANDRE BILODEAU 11UN CHAMPION AU CŒUR DE CONQUÉRANT !

ARTS MARTIAUX MIXTESGEORGES ST-PIERRE 16NOUS SOMMES TOUS DES AMBASSADEURS

HOCKEYCHARLINE LABONTÉ 22UN BON LEADER EST AVANT TOUT UN BON COÉQUIPIER

TENNISEUGENIE BOUCHARD 26UTILISER LA DÉFAITE POUR MIEUX GAGNER !

SKI ACROBATIQUELES SŒURS DUFOUR-LAPOINTE 32AU-DELÀ DU PODIUM

HOCKEYPATRICK ROY 36AVANT DE DEVENIR CHAMPION, IL FAUT SE COMPORTER COMME UN CHAMPION !

PATINAGE DE VITESSECHRISTINE NESBITT 42LA PERFECTION EST RECHERCHÉE, MAIS L’EXCELLENCE SERA TOLÉRÉE !

SKI DE FONDALEX HARVEY 48LE TALENT NE SUFFIT PAS

TABLEDESMATIÈRES

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HOCKEY

MARTIN ST-LOUIS 54UNE ÉQUIPE, UNE FAMILLE

PATINAGE DE VITESSE

MARIANNE ST-GELAIS 60BÂTIR SA FORCE DE L’INTÉRIEUR

PATINAGE ARTISTIQUE

PATRICK CHAN 66UN CHAMPION NE LAISSE PERSONNE LE DÉFINIR À SA PLACE !

HOCKEY

PASCAL DUPUIS 72RESTER DANS L’ACTION COÛTE QUE COÛTE !

PLANCHE À NEIGE ACROBATIQUE (SLOPESTYLE)

SÉBASTIEN TOUTANT 76LA PASSION INSPIRE, MAIS LA VISION RASSEMBLE !

FOOTBALL

ANTHONY CALVILLO 82LES ALLIANCES FONT LA DIFFÉRENCE !

SKI ALPIN

JAN HUDEC 88POUR AVOIR UNE CHANCE, IL FAUT AVANT TOUT Y CROIRE !

HOCKEY

CAREY PRICE 92LE CALME DANS LA TEMPÊTE

PATINAGE DE VITESSE

CHARLES HAMELIN 98LA CONFIANCE, ÇA SE CONSTRUIT LENTEMENT !

PATINAGE DE VITESSE

DENNY MORRISON ET GILMORE JUNIO 104UN GESTE BIEN PLUS GRAND QUE LA VICTOIRE

HOCKEY

SAKU KOIVU 108LE DÉSIR D’APPORTER SA CONTRIBUTION CARACTÉRISE LES LEADERS !

HOCKEY

MARIE-PHILIP POULIN 112ATTENTION, LEADERS… VOUS ÊTES OBSERVÉS !

BOBSLEIGH

KAILLIE HUMPHRIES ET HEATHER MOYSE 118LA CONSTANCE EST LA CLÉ DU SUCCÈS

SKI ACROBATIQUE (SLOPESTYLE)

KIM LAMARRE 124LA LOI DU MAGNÉTISME

HOCKEY

SIDNEY CROSBY 130L’ÉQUIPE FORME UN TOUT PLUS FORT QUE LA SOMME DE SES PARTIES

PATINAGE DE VITESSE

CHARLE COURNOYER 136LE TALENT N’A PAS D’ÂGE !

BOXE

LUCIAN BUTE ET JEAN PASCAL 140DANS LE DOUTE, IMPOSSIBLE DE GAGNER

PLANCHE À NEIGE ACROBATIQUE (SLOPESTYLE)

SPENCER O’BRIEN 146S’APPROPRIER SES AMBITIONS

CONCLUSION 151

RÉFÉRENCES 157

CRÉDITS PHOTOGRAPHIQUES 159

REMERCIEMENTS 159

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DANS L’ŒIL D’UN COACH

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MOT DE L’AUTEUR

MOT DE L’AUTEUR

Pour réussir, il faut savoir s’entourer, c’est bien connu. J’avais besoin de ta-lent pour m’appuyer dans ce projet. Immédiatement j’ai pensé à une per-sonne que j’admire et respecte : ma fille ! Marika possède un talent certain pour l’écriture. Elle est sensible et son jugement en fait une sage conseil-lère. Dans ce livre, vous sentirez la sensibilité et la générosité de Marika. Nous voulions ensemble vous faire découvrir les leçons qui jalonnent les expériences de la vie d’un athlète. J’espère vous faire partager mon admi-ration pour tous ceux qui ont le courage d’essayer d’être meilleurs chaque jour. À sa façon, je crois que Marika fait partie de cette catégorie de gens et ce fut un réel plaisir de faire ce projet ensemble.

Merci Marika !

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Ski acrobatique

ALEXANDRE BILODEAUUN CHAMPION AU CŒUR DE CONQUÉRANT !

Alexandre a ce je-ne-sais-quoi : un sourire confiant, un esprit vif et une personnalité at-tachante qui ont su séduire une nation. Après sa victoire historique à Vancouver en ski de bosses masculin, le pays au complet a vibré

de fierté et de joie, déambulant dans les rues en chantant l’hymne natio-nal. Les sportifs qui suscitent habituellement une réaction aussi vive au Canada ont des patins aux pieds et viennent de marquer le but gagnant. Ceux qui côtoient Alexandre depuis ses débuts dans le sport ont toujours su quelle était son arme secrète, celle qui lui donne cette vivacité et ce courage olympien qu’admirent aujourd’hui tous les Canadiens. Pour le reste d’entre nous, c’est à Vancouver que nous l’avons découvert. L’imagi-naire collectif de la nation a été marqué par les images de Bilodeau célé-brant sa victoire dans les bras de son grand frère, Frédéric. Des images qui ont donné un sens tout à fait unique et inattendu aux paroles de l’hymne olympique : « I believe in the power of you and I ».

Plus jeune, Alexandre a dû abandonner le hockey, son premier amour, pour un sport qui pouvait se pratiquer en famille avec son frère Frédéric at-teint de paralysie cérébrale. À ce moment-là, nous sommes en 1994 et les Jeux olympiques de Lillehammer sont sur tous les écrans de télévision. Alexandre, comme des millions de téléspectateurs, est très inspiré par la performance victorieuse du Canadien Jean-Luc Brassard en ski de bosses masculin. Il est immédiatement séduit par ce sport, qu’il ne connaissait pas auparavant, et décide dès lors qu’il veut l’essayer. Le jeune Bilodeau s’empresse de convaincre ses parents d’inscrire la famille en ski, leur disant qu’il s’agit du seul compromis qu’il est prêt à faire en échange du hockey.

Les victoires sont éphé­mères, mais les conquêtes marquent l’histoire !

ALEXANDRE BILODEAU

Sotchi 2014. Une descente qui a marqué l’histoire.

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DANS L’ŒIL D’UN COACH

Aujourd’hui, Alexandre peut se vanter d’avoir fait un très bon arrange-ment avec ses parents. Il se joint à l’équipe canadienne en 2004, alors qu’il n’est âgé que de 16 ans. Dès son arrivée sur le circuit compétitif inter-national, Bilodeau connaît une ascension rapide. En 2006, il participe aux Jeux olympiques de Turin et se classe 12e, puis, la même année, il écrit une page d’histoire en devenant le plus jeune médaillé d’or aux Cham-pionnats mondiaux en ski de bosses à l’âge de 18 ans. Encouragé par ces succès, Alexandre redouble d’efforts en entraînement dans le but de « faire un podium » à Vancouver en 2010, lorsqu’il prendra part à ses deux-ièmes Jeux olympiques.

C’est aux Jeux de Vancouver que les Canadiens ont appris à connaître Bilodeau, alors qu’il dévalait les pentes bosselées avec aisance et confiance avec les meilleurs compétiteurs au monde de sa discipline. Le petit garçon de Rosemère surprend en remportant la médaille d’or, le premier skieur d’ici à réaliser cet exploit en sol canadien. Les images tou-chantes d’Alexandre, au bas de la piste avec son grand frère Frédéric, célébrant sa descente victorieuse, ont fait le tour du monde et en ont ému plusieurs. C’est à cette occasion que Bilodeau a d’ailleurs révélé que Frédéric était son arme secrète, sa source d’inspiration quotidienne, ce qui le motive à se dépasser et à réaliser ses rêves en permettant du même coup à son frère de les vivre à travers lui. Dès lors, le Canada se passionne pour l’histoire d’Alexandre et les commanditaires, les associations carita-tives et les médias se ruent sur lui. En plus de tous ses nouveaux engage-ments postolympiques, Bilodeau tente de poursuivre ses études et son entraînement, ce qui s’avère beaucoup trop de travail pour le jeune skieur.

ENJEU

Il décide de se retirer du circuit compétitif pour la saison 2011-2012 afin de rester au Canada et de partager équitablement son temps entre ses nou-veaux engagements, son école, sa vie personnelle et son entraînement. Pendant ce temps, le jeune Mikaël Kingsbury, coéquipier de Bilodeau dans l’équipe canadienne de ski de bosses, s’illustre comme l’étoile montante de son sport au Canada. Avec 13 coupes du monde, 13 podiums et 8 vic-toires (dont 6 consécutives), Mikaël est sur une lancée. Lorsque Bilodeau fait son retour sur le circuit compétitif pour la saison 2012-2013, il se retrouve devant un adversaire de taille, qui porte les mêmes couleurs que lui. La rivalité devient intense, et les deux skieurs se mesurent constam-ment l’un à l’autre, à l’entraînement comme en compétition. En 2011 et en 2013, Alexandre remporte les Championnats du monde de ski de bosses

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en parallèle, mais au terme de la saison pré-olympique, Kingsbury termine tout de même premier en pointage sur le circuit compétitif. Bilodeau a de la pression et il fait de son mieux pour bien la gérer. Pour tous les amateurs de ski, cette rivalité est le gage d’une finale exci-tante aux Jeux de Sotchi en 2014, probable-ment la plus anticipée depuis l’introduction de ce sport aux Jeux de Calgary en 1998.

Jour J à Sotchi : Kingsbury termine la demi- finale devant Alexandre, comme il l’avait fait sur le circuit mondial. Tous les yeux sont rivés sur les deux Canadiens. Premier compétiteur au départ de la finale, Alexandre donne le tout pour le tout et livre la performance de sa

vie. Calme en coulisse, Kingsbury, le dernier compétiteur au départ, observe la course de Bilodeau et se prépare à relever le défi le plus important de sa carrière. Le pointage d’Alex-andre restera insurpassé jusqu’au passage de Kingsbury. La tension est à couper au cou-teau dans la foule rassemblée à la montage Rosa Khutor. Malheureusement pour lui, mal-gré ses meilleurs efforts, Mikaël terminera tout juste derrière son rival. La médaille d’argent de Kingsbury aura tout de même une saveur d’or pour le jeune Canadien qui participait à ses tout premiers Jeux olympiques. Les deux rivaux ont célébré ensemble leurs victoires respectives, et n’avaient que de bons mots à dire l’un sur l’autre devant les médias.

ALEXANDRE BILODEAU

Sotchi 2014. Alexandre et son frère Frédéric, sa plus grande inspiration.

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DANS L’ŒIL D’UN COACH

RÉFLEXION DU COACH

Ce qui m’a interpellé dans l’attitude et l’approche d’Alexandre aux Jeux de Sotchi provient des propos qu’il a tenus sur les ondes de Radio-Canada avant de participer à ses troisièmes Jeux. En entrevue, le champion a tenu à préciser qu’il n’allait pas à Sotchi pour défendre sa médaille de Vancouver. Au contraire, celle de Vancouver était gagnée, disait-il, et il n’avait plus à en prouver la valeur. Il se rendait plutôt à Sotchi pour une toute nouvelle expérience, une toute nouvelle course, et pour gagner une tout autre médaille.

Alexandre a compris que son succès n’était pas acquis et qu’il doit constamment le reconquérir. S’il s’était préparé pour 2014 en tentant de répéter l’exploit qu’il avait réalisé en 2010 dans des conditions complè-tement différentes, il n’aurait probablement pas eu le même succès. Bilodeau a su reconnaître que son environnement avait changé. La pres-sion causée par la montée de Mikaël Kingsbury l’a conduit à adapter sa préparation physique et mentale au nouveau défi qui l’attendait à Sotchi.

« Je ne vais pas à Sotchi pour défendre ma mé-daille d’or de Vancouver. Celle-là, je l’ai déjà gagnée. Maintenant, je travaille pour aller en gagner une nouvelle. » — Alexandre Bilodeau

Les leaders savent flairer le changement et s’y adapter. Ils savent renouveler leurs mé-thodes et leurs approches pour rester au

sommet, quelles que soient les conditions dans lesquelles ils opèrent. Alexandre a cette qualité importante, et c’est pourquoi il est un champion avec un cœur de conquérant. À Sotchi, Bilodeau avait la confiance d’un champion grâce à sa médaille d’or de Vancouver, mais il avait un cœur de conquérant, car il savait qu’il ne pouvait tenir son statut pour acquis. L’his-toire d’Alexandre confirme pour moi quelque chose en quoi j’ai toujours cru : le succès n’est pas permanent et ça prend du courage pour le reconquérir !

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PAROLES D’ATHLÈTE

« MON GRAND-PÈRE M’A DIT UN JOUR : TROUVE CE QUE TU AIMES VRAIMENT FAIRE ET FAIS-EN TON GAGNE-PAIN. »

— ERIN MIELZYNSKISKI ALPIN

RÉFLEXION DU COACH

C’est la passion qui permet de s’engager à fond dans ce que l’on fait. Ceux qui ont de l’amour pour leur travail en font plus qu’un gagne-pain, ils en font une vocation !

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DANS L’ŒIL D’UN COACH

Arts martiaux mixtes

GEORGES ST-PIERRENOUS SOMMES TOUS DES AMBASSADEURS

Qu’est-ce qui fait le plus mal ? Un œil avec une ecchymose ? Des coups répétés à la tête ? Une épaule disloquée ? Assurément, toutes ces blessures sont très douloureuses, mais pour Georges St-Pierre, la réponse ne se trouve pas dans cette liste. Aux yeux d’un

homme qui gagne sa vie, très littéralement, à la sueur de son front et à l’usure de ses mains, ces blessures font simplement partie du quotidien.

Ce qui effraie réellement le combattant lorsqu’il monte dans l’octogone, ce ne sont pas les coups de poing et les coups de pied qui l’attendent. Georges l’admet, il a une peur incontrôlable de la défaite et du sentiment d’humiliation qu’elle fait naître en lui. Une peur qui le hante, certes, mais qui nourrit aussi le feu de sa passion pour les arts martiaux mixtes.

Né à Saint-Isidore en 1981, Georges St-Pierre grandit dans un état perpé-tuel d’anxiété et de crainte. Tous les matins, il appréhende d’aller à l’école primaire du quartier, où il doit retenir son souffle et faire de son mieux pour ne pas être remarqué. La plupart du temps, il ne peut se fondre à la masse. Frêle, petit, nerveux et silencieux, il est la proie facile de ceux qui s’en prennent aux élèves les plus marginaux et mal-aimés. Régulièrement, il est accueilli à l’école par des garçons de 12 et de 13 ans qui se sont donné pour mission de rendre sa vie misérable. À l’âge de sept ans, intimidation, harcèlement et humiliation sont des réalités inévitables de son quotidien.

S’il y a une chose que tous ceux qui connaissent St-Pierre savent de lui, c’est qu’il n’a pas l’habitude de se plaindre. C’est vrai aujourd’hui comme c’était vrai quand il avait sept ans. Son père, lui-même ceinture noire en karaté, l’inscrit en arts martiaux pour contrer l’intimidation dont il est quo-tidiennement victime et dans l’espoir de l’aider à prendre confiance en lui. Le garçon se passionne immédiatement pour cette activité et il s’y investit totalement. Habité d’une rage qu’il ne peut ignorer, Georges ne perd pas

Les actions, les paroles et les convictions des véritables leaders sont toujours cohérentes.

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une minute. Lorsqu’il est frustré et en colère, il libère ses émotions en s’acharnant sur le sac de sable que son père a suspendu à une poutre dans le sous-sol de la demeure familiale.

À l’âge de 12  ans, il regarde le tout premier combat télévisé de la Ultimate Fighting Cham-pionship (UFC) mettant en vedette le légen-daire Royce Gracie. Georges découvre alors le jiu-jitsu brésilien, une technique de combat innovatrice. Inspiré par la victoire fracassante de Gracie, il décide ce jour-là qu’il deviendra, lui aussi, champion en arts martiaux mixte.

La révélation est comme un choc, et Georges trouve enfin un sens à la violence gratuite qu’il a subie toute son enfance : il est destiné à se battre pour sa dignité. Dès lors, Georges se sent investi d’une mission, et il met toute son énergie à l’accomplir, cumulant les heures d’entraînement au gymnase tout en travaillant et en étudiant.

À 16 ans, alors qu’il est au volant de sa voiture à Montréal, il aperçoit Kristof Midoux, cham-pion français d’arts martiaux mixtes, sur le trottoir du boulevard Saint-Laurent. St-Pierre ne fait ni une ni deux et immobilise sa voiture au beau milieu du trafic, il en descend et se précipite vers Midoux pour l’implorer de lui donner l’occasion de s’entraîner avec lui. Cette réaction impulsive de Georges chan-gera le cours de sa vie. Surpris par la fougue du jeune homme, Midoux lui donne l’adresse de son gymnase de Terrebonne et l’invite à y faire un tour. St-Pierre s’y rend à la première heure le matin suivant. Impressionné par le courage de Georges à l’entraînement, Kristof Midoux décide de prendre le jeune combat-tant sous son aile.

À partir de ce moment, la carrière de Georges St-Pierre prend son élan. Cette même année,

Georges St-Pierre affronte Nick Diaz au Centre Bell.

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après s’être entraîné rigoureusement avec son nouveau mentor, il gagne son premier combat amateur contre un adversaire de 25 ans. Cette victoire confirme ce que Midoux pensait de son poulain : il a le potentiel de de-venir un grand combattant. Quatre ans plus tard, ayant fait ses preuves sur le circuit ama-teur, il participe à son premier championnat de la UFC. Son premier combat est un suc-cès, St-Pierre gagne par décision contre son adversaire, Karo Parisyan.

Celui que le monde entier connaît aujourd’hui sous les surnoms de « Rush » et « GSP » gagne-ra ensuite son titre de champion du monde des poids mi-moyens de la UFC en 2006, lors d’un combat remporté par TKO (technical knock-out) contre Matt Hughes, le champion en titre. À ce jour, il a défendu son titre de champion neuf fois, un record dans l’organisation.

ENJEU

Saint-Pierre jouit d’une excellente réputation partout dans le monde. Selon un sondage mené par l’agence montréalaise de publicité Sid Lee, GSP est vu comme un homme hon-nête et authentique. Ce qui est assez éton-nant puisque le grand public ne semble pas avoir une opinion très favorable des arts mar-tiaux mixtes. Depuis ses débuts, la UFC a toujours eu du mal à trouver des locaux pour accueillir les événements en raison de la mauvaise réputation du combat extrême qui est souvent qualifié de spectacle sanglant et barbare par les médias traditionnels et les légis lateurs. Georges St-Pierre, toutefois, a toujours tenu à véhiculer une image publique qui est, selon lui, à la hauteur de son sport. Il a souvent dit que les arts martiaux mixtes ont une mauvaise réputation parce que le

grand public ne voit que la brutalité de ce sport, et non ses aspects techniques et athlé-tiques. C’est pourquoi GSP a toujours fait de son mieux pour présenter une image im-peccable, se présentant tiré à quatre épingles à toutes ses conférences de presse et démon-trant respect et admiration pour ses adver-saires en tout temps. Entraîné en arts martiaux traditionnels comme le karaté et le jiu-jitsu, il a toujours pratiqué sa discipline en harmonie avec la spiritualité et les principes des grands maîtres qui l’ont précédé. C’est probablement pour cette raison que les observateurs de la UFC disent de lui qu’il contribue à l’avance-ment professionnel d’un sport qui est encore méconnu dans plusieurs régions du monde. C’est dans cette perspective qu’il s’est aussi donné pour mission de redorer l’image des arts martiaux mixtes et d’enseigner au grand public les vertus de son sport.

Toutefois, en mars 2013, Nick Diaz a porté des accusations graves contre le champion. GSP avait déjà défendu sa ceinture contre Diaz plus tôt cette année-là, mais cette fois, c’était sa réputation qu’il serait appelé à défendre. Diaz a affirmé publiquement, sans preuves à l’appui, qu’il croyait que St-Pierre bénéficiait d’un passe-droit auprès de la ligue en matière de tests antidopage, et qu’il était certain que le champion prenait des stéroïdes.

Outré, GSP a répondu à ces accusations en proposant de se faire tester au-delà des stan-dards minimaux prévus par la UFC avant son combat à venir contre Hendricks, le plus ré-cent prétendant à la ceinture du champion. Georges a offert de payer les tests supplé-mentaires de sa poche et a invité son oppo-sant Johny Hendricks à participer au même exercice de transparence. Ce dernier a im-médiatement acquiescé.

GEORGES ST-PIERRE

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DANS L’ŒIL D’UN COACH

Toutefois, la bonne volonté de Hendricks n’a pas duré longtemps. Il est ra-pidement revenu sur sa parole, déclarant qu’il s’en tiendrait au processus de dépistage habituel puisqu’il craignait que le programme antidopage choisi par GSP le favorise d’une quelconque manière. St-Pierre s’est dit déçu que son opposant ait choisi de faire marche arrière, et a quant à lui choisi de respecter son engagement initial de se soumettre aux tests vo-lontaires. Les tests de GSP sont revenus négatifs : il était propre. Hen-dricks aussi, selon les tests de la UFC, était propre.

RÉFLEXION DU COACH

J’ai un grand respect pour Georges St-Pierre en tant qu’athlète et en tant qu’homme. Il a toujours tenu l’histoire et l’essence de son sport en haute estime. GSP est un champion qui comprend l’importance de son rôle et qui est conscient de l’influence qu’il exerce dans son sport. C’est pour-quoi il a toujours cherché à promouvoir les valeurs qu’il a apprises par la pratique des arts martiaux mixtes : celles du respect, de la persévérance et de la confiance en soi, qui sont trop souvent oubliées en raison de la nature brutale de ce sport.

C’est une de ses citations récentes qui m’a rappelé les qualités de leader de GSP. Lors d’entrevues données au Brésil, il a rappelé à tous que nous avons tendance à confondre la UFC et les arts martiaux mixtes, alors que l’une est une organisation à but lucratif et l’autre est le sport que pra-tiquent les athlètes.

« La UFC, ce n’est pas les arts martiaux mixtes, ce n’est qu’une organisation. » — Georges St-Pierre

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CRÉDITS PHOTOGRAPHIQUES ET REMERCIEMENTS

CRÉDITS PHOTOGRAPHIQUES

REMERCIEMENTS

Jérôme Guibord/Shoot Studio, page : 9

Brault, Bernard/La Presse, pages : 10, 13, 14, 15, 17, 18, 20-21, 22, 23, 24, 25, 33, 34, 38, 40, 42, 43, 44, 45, 46, 48-49, 51, 52, 53, 54, 56, 60-61, 62, 63, 64, 65, 68-69, 71, 72, 73, 74, 76-77, 79, 82, 83, 87, 88, 89, 90, 93, 94, 95, 96-97, 98-99, 100, 101, 102, 103, 104, 105, 106, 108, 110, 111, 113, 114-115, 117, 124-125, 127, 128, 129, 130, 131, 132, 133, 134, 137, 138, 139, 140-141, 142, 144

David Boily/La Presse, pages : , 28-29, 30, 41

Ivanoh Demers/La Presse, page : 86

Le Droit, page : 70

Olivier Jean/La Presse, page : 81

André Pichette /La Presse, page : 39

Edouard Plante-Fréchette/La Presse, pages : 119, 122

Robert Mailloux /La Presse, page : 37

Robert Skinner/La Presse, pages : 26-27, 57

Patrick Woodbury/Le Droit, page : 67

Source/La Presse Canadienne/Sergei Grits, page : 147

Source/La Presse Canadienne/John Lehmann, page : 120

Les Éditions La Presse remercient Bernard Brault pour sa précieuse collaboration.

Les Éditions La Presse remercient Marie-Annick Lallier – Relations publiques pour leur aimable collaboration et pour leur aide dans la vérification des faits des portraits de Marianne St-Gelais, Charles Hamelin et Alexandre Bilodeau.

Page 22: DANS L’ŒIL D’UN COACH · 2018. 4. 13. · DANS LIL DUN COACH 4 Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada

DES ATHLÈTES INSPIRANTS

ALEXANDRE BILODEAU

GEORGES ST-PIERRE

CHARLINE LABONTÉ

EUGENIE BOUCHARD

LES SŒURS DUFOUR-LAPOINTE

PATRICK ROY

CHRISTINE NESBITT

ALEX HARVEY

MARTIN ST-LOUIS

MARIANNE ST-GELAIS

PATRICK CHAN

PASCAL DUPUIS

SÉBASTIEN TOUTANT

ANTHONY CALVILLO

JAN HUDEC

CAREY PRICE

CHARLES HAMELIN

DENNY MORRISON ET GILMORE JUNIO

SAKU KOIVU

MARIE-PHILIP POULIN

KAILLIE HUMPHRIES ET HEATHER MOYSE

KIM LAMARRE

SIDNEY CROSBY

CHARLE COURNOYER

LUCIAN BUTE ET JEAN PASCAL

SPENCER O’BRIEN

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Atteindre ses objectifs, triompher des embûches, gérer le stress ou apprendre de ses échecs n’est pas réservé qu’aux champions !

Commentateur parmi les plus appréciés au Québec et ancien entraîneur de hockey, Dany Dubé s’est inspiré du parcours de grands athlètes pour nous livrer ses réflexions sur les enjeux auxquels ils font face. Des réflexions éclairées qui peuvent nous guider dans notre quotidien.

Plus que de simples récits sportifs, Dans l’œil d’un coach regroupe des histoires passionnantes, qui sont aussi de formidables leçons de vie.

DANY DUBÉ Au cours de sa carrière, Dany Dubé a dirigé des équipes de hockey

de tous les niveaux. En 1994, il est nommé entraîneur de l’équipe

canadienne pour les Jeux de Lillehammer, laquelle remportera la

médaille d’argent.

Aujourd’hui, Dany Dubé est chroniqueur sportif et analyste de hoc-

key à Ici Radio-Canada et au 98,5, pour les parties du Canadien de

Montréal. En février 2014, il a commenté les Jeux de Sotchi, à Bons

Baisers de Sotchi, sur les ondes de Ici Radio-Canada.

DANS L’ŒIL D’UN COACHHISTOIRES DE SPORT, LEÇONS DE VIE

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