d quel bâtiment bovin cette échéance-là est dorénavant

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Coordination du dossier Sylvie Conan (chambres d’agriculture de Bretagne). Rédaction Benoît Carteau, Sébastien Guiocheau, Nicolas Debethune, Charlotte Quénard, Pierre Havard, Pierrick Eouzan, Alain Bazire, Denis Follet (chambres d’agricul- ture de Bretagne) Alicia Charpiot (Institut de l’Elevage) Jacques Charlery (GIE Elevages de Bretagne) Benoît Dassé (Bretagne Conseil Elevage). Composition : Jeanine Deshoux, Terra. Partenaires de la Plate-forme Recherche & Développement 2012 Chambres d’agriculture de Bretagne - Space - GIE Elevages de Bretagne - Comité régional Bâtiment - Institut de l’élevage - Bretagne Conseil Elevage (BCEL) - GDS de Bretagne - FRCuma - Coop de France Ouest. Qui pouvait imaginer, dans les années soixante dix, que la production laitière serait un jour soumise à une limitation des volumes ? Qui pouvait, une dizaine d'années plus tard penser que la politique des quotas (1984) durerait trente ans ? Qui croyait encore, en pleine crise laitière de 2009, que ces fameux quotas seraient abandonnés aussi vite. Cette échéance-là est dorénavant fixée. Ce sera pour 2015. Autant dire demain. Que se passera-t-il ? A défaut d'y être, les éleveurs laitiers anticipent aujourd'hui cette évolution en échafaudant de multiples stratégies : aug-mentation progressive de cheptel, achat de foncier, délégation des travaux, recours à des groupements d'employeurs pour faire face au surcroît progressif de travail, mais aussi nouvelles approches - entre maîtrise et optimisation - de la conduite du troupeau. Bref, l'édifice laitier est en pleine refondation, un édifice qui comprend aussi les bâtiments et les équipements de l'élevage. Faudra-t-il pousser les murs ou les casser ? A quel prix et pour quel prix du lait ? C'est à toutes ces questions auxquelles les éleveurs laitiers sont ou seront confrontés que tentera de répondre la plate-forme recherche développement du Space (hall 4), la semaine prochaine. Présentations, maquettes, débats, rencontres avec des conseillers, tous les sujets du thème "Anticipons, vers des bâtiments et matériels du futur" seront passés en revue. Un thème qui prolonge et englobe celui de l'année passée consacré à l'Agriculture écologiquement intensive (AEI). En préambule à cette plate-forme recherche et développement consacrée aux bâtiments et matériels du futur, les 18 pages du dossier Terra de la semaine abordent largement tous les aspects de la conception du bâtiment laitier du futur. DOSSIER Crédit photo F. Mechecour - Réussir Quel bâtiment bovin demain ?

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Page 1: D Quel bâtiment bovin Cette échéance-là est dorénavant

Coordination du dossierSylvie Conan (chambres d’agriculture de Bretagne).

Rédaction Benoît Carteau, Sébastien Guiocheau, Nicolas Debethune, Charlotte Quénard, Pierre Havard, Pierrick Eouzan, Alain Bazire, Denis Follet (chambres d’agricul-ture de Bretagne)Alicia Charpiot (Institut de l’Elevage)Jacques Charlery (GIE Elevages de Bretagne)Benoît Dassé (Bretagne Conseil Elevage).Composition : Jeanine Deshoux, Terra.

Partenaires de la Plate-forme Recherche & Développement 2012 Chambres d’agriculture de Bretagne - Space - GIE Elevages de Bretagne - Comité régional Bâtiment - Institut de l’élevage - Bretagne Conseil Elevage (BCEL) - GDS de Bretagne - FRCuma - Coop de France Ouest.

Qui pouvait imaginer, dans les années soixante dix, que la production laitière serait un jour soumise à une limitation des volumes ? Qui pouvait, une dizaine d'années plus tard penser que la politique des quotas (1984) durerait trente ans ? Qui croyait encore, en pleine crise laitière de 2009, que ces fameux quotas seraient abandonnés aussi vite. Cette échéance-là est dorénavant fixée. Ce sera pour 2015. Autant dire demain. Que se passera-t-il ? A défaut d'y être, les éleveurs laitiers anticipent aujourd'hui cette évolution en échafaudant de multiples stratégies : aug-mentation progressive de cheptel, achat de foncier, délégation des travaux, recours à des groupements d'employeurs pour faire face au surcroît progressif de travail, mais aussi nouvelles approches - entre maîtrise et optimisation - de la conduite du troupeau. Bref, l'édifice laitier est en pleine refondation, un édifice qui comprend aussi les bâtiments et les équipements de l'élevage. Faudra-t-il pousser les murs ou les casser ? A quel prix et pour quel prix du lait ? C'est à toutes ces questions auxquelles les éleveurs laitiers sont ou seront confrontés que tentera de répondre la plate-forme recherche développement du Space (hall 4), la semaine prochaine. Présentations, maquettes, débats, rencontres avec des conseillers, tous les sujets du thème "Anticipons, vers des bâtiments et matériels du futur" seront passés en revue. Un thème qui prolonge et englobe celui de l'année passée consacré à l'Agriculture écologiquement intensive (AEI). En préambule à cette plate-forme recherche et développement consacrée aux bâtiments et matériels du futur, les 18 pages du dossier Terra de la semaine abordent largement tous les aspects de la conception du bâtiment laitier du futur.

DOSSIER

Crédit photo F. Mechecour - Réussir

Quelbâtiment

bovindemain ?

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Nouveau tampon
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26 DOSSIER

BâTImEnTS ET mATérIElS dU FUTUr En élEvAgES BovInS

Anticipons !

Cette année, la plate-forme recherche et développe-ment (R&D) du Space vous propose de vous projeter sur les bâtiments et matériels du futur en s’inscri-vant dans la continuité de la réflexion engagée sur la démarche de progrès que représente l’AEI, l’Agricul-ture écologiquement intensive.S’adapter au marché, au contexte social et écono-mique, nos exploitations ne cessent de le faire. Elles devront continuer à évoluer, sans doute plus vite, et, dans un contexte plus mouvant. Les sites de production doivent être évolutifs. Ces évolutions doivent être anticipées lors de la concep-tion ou l’adaptation des élevages ; les investissements étant conséquents.

Difficile pourtant, d’inventer demain ! Mais, des pistes de réflexion existent en bâtiment comme la modula-rité, la maîtrise, voire la production d’énergie,… Dans un contexte d’augmentation du niveau de production par exploitant, il faut prioriser les tâches les plus importantes et savoir en déléguer certaines. Pour envisager l’avenir, la clé d’entrée peut être aussi le matériel en automatisant les tâches répétitives ou en utilisant des techniques innovantes pour gérer et suivre les informations sur le troupeau. A chacun de venir découvrir, se renseigner, se faire accompagner pour préparer l’avenir. La plate-forme R&D, les organisations et les exposants présents au Space peuvent vous y aider.

Gilles Guillomon président de la plate-forme R&D du Space 2012

➊ Connaître sa capacité d’investissementIl est impératif de savoir quel montant d’annuités l’exploita-tion peut raisonnablement accepter afin de cadrer le montant d’investissement en bâtiment qui engage pour de nombreuses années.Exemple : coût construction (bâtiment neuf fermé couchage logettes 2 rangs tête-à-tête, 60 VL, raclé tracteur avec fosse béton, salle de traite EPI 2x6, nurserie, bureau, sanitaires et 1 silo = 8 000 €/VL (prix moyen 2012).

➋ Utiliser les bâtiments existantsIl ne faut pas écarter trop vite la rénovation, l’extension ou l’utilisation partielle de l’existant. Même si cela rajoute des contraintes, le plus souvent le coût global du projet en sera réduit.

➌ Bien choisir l’emplacementLorsque l’option de la construction d’un bâtiment neuf a été retenue, il faut choisir avec soin son emplacement. Il se fera en fonction du parcellaire pour assurer l’utilisation optimale des surfaces par le troupeau, mais aussi suivant la présence de voies d’accès et des réseaux. La réalisation de voirie de qualité est indispensable mais coûteuse.

➍ Tenir compte de la topographie du site (photo 1)

Pour retenir la parcelle pour la construction, il est indis-pensable d’en étudier la topographie. La prise de points de niveaux permet d’estimer l’importance des déblais ou rem-blais, de limiter les fondations et de prévoir l’évacuation des eaux de pluies et de drainage des ouvrages enterrés. L’étude du sous-sol évitera des surcoûts (présence de roches, de sources…). La topographie du site peut impacter la future ambiance du bâtiment. Une situation en fond de vallée (peu exposée) demandera à augmenter les entrées d’air. Un bâti-ment bien inséré dans le site sera aussi bien intégré dans le paysage.

la conception d’un bâtiment destiné au logement des vaches laitières engage l’exploitant pour de nombreuses années, tant au niveau économique qu’au niveau

des conditions de travail. En effet, une fois construit, ce bâtiment aura un impact fort sur

la conduite et les résultats du troupeau ainsi que sur la pénibilité des tâches quotidiennes.

C’est pourquoi, il est indispensable de se poser les bonnes questions et de les concrétiser sur

un plan détaillé avant le démarrage de la construction.

1

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28 DOSSIER

ConCEPTEUrS ET ConSTrUCTEUrS

Ensemble pour la qualitéDepuis près de 20 ans, les concep-teurs et les constructeurs de la région Bretagne s’appuient sur les chartes qualité bâtiments bovin pour apporter les meilleures prestations aux éleveurs en phase de projet. Elles sont mises en œuvre en dans le cadre du Comité régional bâtiment (CRB), au sein du GIE élevages de Bretagne. De nombreux partenaires soutiennent l’opération, notamment Fnilouest et Coop de France Ouest, les associations de constructeurs de bâtiments agricoles, et Groupama. Le CRB bénéficie du soutien financier de FranceAgriMer et la région Bretagne.

Animé par les chambres d’agricul-ture, le CRB propose aux opérateurs deux cahiers des charges ; l’un sur la conception des bâtiments, l’autre sur la construction.

l La charte qualité "conception" est mise en œuvre par les bureaux d’études des chambres d’agriculture, laiteries privées et coopératives, les conseils en élevage et quelques bureaux d’études privés. Ce sont près de 60 conseillers sur la région qui s’engagent à étudier et proposer des solutions adaptées à l’élevage. Cette démarche intègre les aspects zootechniques et économiques, l’environnement et l’organisation du

travail, la fonctionnalité du bâtiment et ses possibilités d’évolution. Les concepteurs peuvent, au-delà des pres-tations administratives (plans permis de construire, dossier installation clas-sée) accompagner le maître d’ouvrage pour bâtir un projet de bâtiment adapté aux exigences du site et équipé des technologies répondant à ses besoins. A travers les avant-projets, des plans détaillés et un appui avant le démarrage du chantier pour présenter le projet aux constructeurs, ils peuvent apporter une prestation de qualité. L’investissement dans cet appui se retrouvera largement dans la réussite de l’installation.l La charte qualité "construction" est mise en œuvre par les trois corps de métiers principaux de la réalisation du bâtiment : terrassiers, maçons et char-pentiers. Elaborée par des artisans spé-cialistes de la construction de bâtiments d’élevage, elle analyse les points clés d’une réalisation et détaille les obliga-tions techniques à respecter. Ce sont 64 entreprises aujourd’hui qui s’en-gagent à apporter aux éleveurs toutes les garanties de fiabilité du bâtiment dans le temps. Au travers d’un devis clair et précis, ils assurent la trans-parence sur la nature des prestations apportées. En réalisant des construc-tions économiques et durables adaptées aux techniques d’élevage d’aujourd’hui et de demain, ils peuvent proposer des solutions audacieuses et des matériaux innovants.

En retour des engagements des opé-rateurs, le CRB propose des forma-tions et des journées techniques afin que concepteurs et constructeurs se retrouvent ensemble autour de ques-tions techniques. Il appuie les concep-teurs sur la méthode de conseil, produit et apporte les références techniques nécessaires. Il assure l’animation du réseau des constructeurs. Ainsi, dès aujourd’hui, avec les concepteurs et constructeurs chartes qualité, les éle-veurs bâtissent les bâtiments du futur.

Jacques CharleryAnimateur régional

Comité régional bâtiment

les bâtiments du futur, comme ceux d’aujourd’hui, sortiront

de l’imagination commune des éleveurs maîtres d’ouvrage,

des concepteurs et des constructeurs. les chartes

qualité leur offrent un cadre de travail pour proposer des solutions techniques

innovantes et performantes. les éleveurs peuvent compter

sur l’appui de partenaires pour mener les réflexions et

construire des outils adaptés et durables.

+ d'info

Les listes des concepteurs et construc-teurs signataires sont disponibles sur internet : www.gielaitviandebretagne.fr

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Il y a dix ans, un troupeau de 100 vaches laitières apparaissait comme une véritable exception, aujourd’hui les cas ne sont plus si isolés.la tendance observée à l’augmentation des cheptels n’est pas sans conséquence sur la conduite d’élevage et donc sur la conception de l’exploitation laitière.Ainsi, le concept du bâtiment compact arrive-t-il, peut-être, à ses limites dans un contexte d’évolution permanent.

le modèle compact conçu pour un moment donnéDepuis la fin des étables entravées, la stabulation laitière a pris une physio-nomie assez standardisée. Menée par quelques idées forces (accessibilité directe du logement à la traite, distribu-tion journalière de l’alimentation, indé-pendance des circuits), elle aboutit à un modèle en grand bloc dont le volume est plus ou moins fractionné.

Mais ce modèle se heurte à plu-sieurs impasses lorsqu’il s’agit de le faire évoluer de manière importante. Aujourd’hui, il ne parait pas inconce-vable de voir un troupeau passer de 80 à 150 vaches par un regroupement d’exploitation. Une stabulation de 60 m de long peut alors passer à 110 m, ce qui nécessite de réfléchir : sur la ges-tion du troupeau (un lot, deux lots ?...), sur la mécanisation (puissance des racleurs…), sur la surface à stabiliser, sur l’insertion paysagère…

La solution alternative consistant à accoler une deuxième stabulation sur un couloir d’alimentation commun pré-sente aussi des inconvénients quant à la nécessaire fonctionnalité du bâtiment (distribution de l’alimentation sur deux côtés, accessibilité à la traite pour la deuxième partie…). On voit apparaître des bâtiments avec deux tables d’ali-mentation en extérieur pour pallier ces problèmes, mais d’autres arrivent (difficulté de séparer circuits sales et circuits propres…).Enfin, dans ces bâtiments compacts, on se trouve vite confronté à l’inéquation

entre la surface de l’aire d’attente et la taille du troupeau. L’utilisation d’une partie de l’aire d’exercice résout pour un temps ce problème, mais au détriment de la fluidité de la traite. L’aire d’attente prend souvent la forme d’un "L" qui n’est pas du tout fonctionnel.

les enjeux de la conception du site d’exploitationLes enjeux auxquels doit répondre une conception "futuriste" (adaptation aux évolutions futures) du site d’exploitation sont multiples.

l Faciliter l’extension des bâtiments et du site : la longévité d’un bâtiment agricole est sans commune mesure avec le tempo de vie de l’exploita-tion. Qui sait avec certitude quelle physionomie aura sa ferme dans 5 ou 10 ans ? Alors dans 25 ans !!! Il faut donc se laisser des marges de manœuvre (de la surface libre) pour agrandir, étendre, modifier ce bâtiment.

l Adapter chaque bâtiment à sa fonc-tion : il est aujourd’hui notoire que

30 DOSSIER

la conception modulaire, conception du futur ?

Ce qui se remarque le plus sur cette exploitation, c’est sans doute que les différents bâtiments sont disposés à distance les uns des autres avec de larges passages de desserte. Si la nurse-rie est contiguë à la laiterie, les deux bâtiments génisses ont été positionnés pour permettre un accès direct au pâturage dès que le temps le permet. Ainsi disposé, chaque bâtiment est mieux ventilé et le soleil pénètre ainsi au maximum pour un meilleur éclairage du lieu de vie des animaux.

"C’était pourtant tentant de tout mettre sous le même toit, mais nous sommes très satisfaits d’avoir un site de constructions dif-férenciées, et, plus éclatées car chaque bâtiment à un volume mieux adapté à chaque catégorie d’animaux comme la nurse-rie pour les jeunes veaux par exemple ! D’ailleurs, nous avons deux autres bâtiments génisses, le premier d’un volume inter-médiaire pour loger les génisses à la sortie de la nurserie et le deuxième pour loger les génisses de 15 mois au vêlage".

la modularité par l'exemple

l 80 vaches en morbihan

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les résultats techniques en élevages sont bien meilleurs lorsque le bâti-ment est adapté aux animaux qu’il loge. Ainsi, les problèmes liés à l’éle-vage des veaux dans des bâtiments trop hauts, souvent situés au nord de surcroît, sont en recrudescence. Les besoins sont différents pour une vache, un veau ou le stockage du foin. Chaque bâtiment doit être conçu en fonction de son usage.

l Faciliter la constitution des circuits : sur une exploitation, les circuits sont multiples (alimentation, collecte du lait, intervenants, animaux, déjec-tions), leurs croisements étant à éviter, la réflexion sur l’organisation du site est primordiale. Mais, elle devient complexe si les circuits se concentrent dans des lieux limités. La dispersion des bâtiments permet une gestion plus fluide et, pour peu que le site soit aéré, une conduite plus facile.

l Permettre l’étalement des investis-sements : la maîtrise des coûts prend une part de plus en plus importante

dans la conception des projets bâti-ment. Au-delà de la nécessaire réu-tilisation du parc bâtiment existant, le phasage des investissements permet à l’exploitation d’évoluer en fonction des chantiers prioritaires (traite, cou-chage, nurserie….).

la conception modulaire pour répondre à ces enjeuxLa modularité, c’est quoi ?La conception modulaire des sites d’ex-ploitation consiste à séparer les diffé-rentes fonctions du parc bâtiment en éléments distincts géographiquement. Les fonctions de couchage, d’alimen-tation, de traite, d’élevage des jeunes, de stockage se situent ainsi dans des bâtiments différents adaptés en terme de taille et de volumétrie à leur usage.

Les exemples commencent à émerger, notamment autour de la séparation traite/couchage.Dans les pays de grands troupeaux, elle est déjà souvent la norme. Les stabulations abritent des troupeaux "gérables"(de 60 à 200 vaches selon les cas !) qui se rendent tour à tour à la

salle de traite. L’aire d’attente nécessite moins de surface, les tâches de net-toyage se font dans une stabulation vide d’animaux… et les vaches rentrent très bien toutes seule !

Les systèmes innovants d’alimenta-tion viendront peut être aussi modifier le standard de la rangée de cornadis. Pourquoi ne pas imaginer un affoura-gement par trémie ou cube désilé qui permette, sur un module détaché, de tenir à disposition permanente du maïs à disposition du troupeau ? Le volume du bâtiment de couchage pourrait alors peut-être s’affranchir de la hauteur de poteau dictée par l’encombrement du bol mélangeur et se rapprocher du besoin des animaux.

Nicolas Debétune

la conception modulaire, conception du futur ?

Au moment où certains éleveurs cherchent à fermer leur stabulation, cet exemple dans La Haute Marne donne à réfléchir. Confrontés à une extension d’élevage né-cessitant une délocalisation, les éleveurs n’ont pas hésité à opter pour une stabu-lation paillée ouverte à l’est, dans un souci de bonne maîtrise de l’élevage et du bud-

get d’investissement. Le troupeau se compose actuellement de 2 lots logés dans 2 bâtiments de 80 places chacun relié à un bloc de traite indépen-dant.Le positionnement de la fumière, en re-trait, permet de doubler la taille de l’éle-vage.

l 140 vaches en Haute marne

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devant l’augmentation du coût des énergies et la raréfaction des ressources fossiles, l’éleveur bovin de demain devra maîtriser ses consommations énergétiques mais aussi leur coût. Par exemple, en produisant des énergies renouvelables.

Au départ, un diagnosticIl faut tout d’abord savoir quelles éner-gies sont utilisées, dans quelles quan-tités, et, à quel coût. C’est le point de départ indispensable pour se fixer des objectifs cohérents avec la stratégie de l’exploitation à court, moyen ou long terme.

la priorité aux économies d’énergieL’énergie la moins chère est celle que l’on ne consomme pas. En élevage lai-tier, cela nécessite de travailler sur les consommations électriques d’une part (200 kWh/VL/an) et l’usage des trac-teurs pour l’alimentation, le paillage et la gestion des déjections, d’autre part (45 litres/VL/an).Cela passe par la conception des bâti-ments : localisation et conception de la laiterie, valorisation de l’éclairage naturel, optimisation des circuits et des temps de travaux des tracteurs.S’agissant de l’électricité, le plus gros consommateur est le tank. L’équiper d’un pré-refroidisseur peut permettre

de diviser sa consommation par 2, en diminuant la température du lait avant qu’il n’arrive dans le tank. Il existe, aujourd’hui, des références sur la per-formance des matériels et une com-pétence auprès d’installateurs agréés grâce au programme Eco énergie lait conduit par le GIE élevages de Bretagne.N’oublions pas que le coût de l’élec-tricité va fortement augmenter durant les prochaines années. De plus, en Bretagne, l’approvisionnement élec-trique est difficile en hiver et notam-ment aux heures de pointe pendant les-quelles les tanks fonctionnent.Vient ensuite le chauffe-eau. Pour réduire sa consommation, on peut l’équiper de capteurs solaires (au moins 45 % d’économie) ou bien d’une pompe à chaleur qui récupérera la cha-leur ambiante dans la laiterie (chauffe-eau thermodynamique). Le matériel le plus efficace reste le récupérateur de chaleur qui transfère les calories du lait (qu’il faut refroidir) vers l’eau (qu’il faut chauffer). Il est souhaitable que les tanks à lait en soient à l’avenir pré-équipés.Pour réduire les consommations de fioul, il convient d’abord de réduire les transports internes à l’exploita-tion : adduction d’eau vers les par-celles accessibles, pas d’épandage des effluents peu chargés. La struc-ture foncière des exploitations a ici un rôle essentiel car elle conditionne les consommations de fioul liées aux dépla-

cements et aux transports, mais aussi l’accessibilité au pâturage.Par ailleurs, que ce soit pour le raclage de l’aire d’exercice, le paillage ou la distribution de l’aliment, on peut réduire les consommations d’énergie en utilisant des moteurs électriques plutôt que des moteurs thermiques car ils sont moins puissants.

Et pourquoi pas produire sa propre énergie ?S’il faut réduire ses besoins en éner-gie, on peut aussi produire sa propre énergie dans un élevage bovin. On est ainsi plus à l’abri de la hausse des prix. De plus, s’agissant d’énergies renou-velables, on participe ainsi à la réduc-tion des impacts sur l’environnement et à la lutte contre le réchauffement climatique.

32 DOSSIER

François Trubert - Gévezé (35) lait, volailles de chair, cultures

Yannick Le Bars - Plouha (22) 292 000 litres de lait - 79 ha

"Pour maîtriser mes charges, j’ai choisi d’agir notamment sur mes consommations d’énergie. Je suis certain que les prix de l’électricité et du fioul vont beaucoup augmenter. En 2007, dans le cadre de ma mise aux normes, j’ai fait le choix d’un traitement des eaux peu chargées par un filtre planté de ro-seaux. Cet investissement est moins onéreux qu’un stockage classique et permet de réaliser des économies de fioul. Sans parler du temps gagné, car je n’ai plus besoin d’épandre ces volumes à faible valeur fertilisante ! Je me suis aussi pen-ché sur les économies d’électricité en 2009. J’ai choisi un pré-refroidisseur tubulaire classique. J’ai aussi changé mon chauffe-eau. Il est équipé de capteurs solaires et d’une pompe à chaleur qui récupère les calories qui sortent du condenseur du tank. Quand ces 2 systèmes sont insuffisants, une résis-tance électrique prend le relais".

"Soucieux d’une gestion optimale des ressources, je réfléchissais depuis plusieurs années à l’autonomie de mon exploitation. Producteur de lait, de volailles de chair et de cultures, je me suis efforcé de trouver des complémentarités entre les productions. Aujourd’hui, la cogénération du biogaz permet de vendre l’électricité à EDF, et, d’utiliser la chaleur produite sur l’exploita-tion : chauffage des poulaillers, de l’eau chaude pour l’élevage, de ma maison et séchage de fourrage (lu-zerne notamment). En conséquence, j’ai pu diversifier mon système fourrager avec un fourrage de qualité su-périeure et réduire mes achats de concentrés. Enfin, je peux fertiliser plus facilement prairies et céréales avec de l’azote organique grâce au digestat pour des raisons sanitaires, d’odeurs et d’efficacité".

vers plus d’autonomie énergétique

Prérefroidisseur tubulaire.

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Quels équipements, à quel coûtet pour quels gains de temps ?

Pour produire de l’électricité, on peut couvrir certaines toitures de panneaux photovoltaïques. Si aujourd’hui l’électri-cité ainsi produite est destinée intégra-lement à être revendue, on imagine à l’avenir plutôt son auto-consommation quand les technologies de stockage de l’électricité auront évolué. Si le site s’y prête, on pourra aussi choi-sir d’implanter une petite éolienne pour répondre à ses besoins.De nombreux agriculteurs s’équipent d’une chaudière à bois déchiqueté. Elle permet de chauffer l’eau mais aussi de sécher des fourrages. On valorise ainsi le bois d’entretien des haies de l’exploitation.La méthanisation, quant à elle, per-met de produire à la fois de l’électricité et de la chaleur. On peut y incorporer des déjections animales, des cultures intercalaires à vocation énergétique et des déchets de cultures. Sans oublier d’autres déchets produits par exemple sur la commune (tontes de pelouse, déchets verts, déchets de cantine). La chaleur pourra être utilisée pour sécher des fourrages dans une perspective d’autonomie protéique de l’exploitation ou encore pour chauffer des habita-tions et des équipements collectifs. Le biométhane pourra aussi être valorisé comme carburant.

ne pas oublier les énergies indirectesQuand on parle d’énergie, on pense avant tout aux énergies directes : fioul, gaz, électricité, bois… Il ne faut pas occulter les énergies indirectes, prin-cipalement les aliments achetés et les engrais azotés. Leur fabrication et leur transport vers les fermes mobilisent beaucoup d’énergie. Cela rend d’ail-leurs leurs prix dépendants de l’évo-lution du coût du pétrole. Pour réduire globalement son impact énergétique, un élevage bovin peut donc aussi tra-vailler sur le raisonnement de la fer-tilisation pour limiter le recours aux intrants de synthèse, sur l’autonomie fourragère, en produisant des protéines sur l’exploitation ou en privilégiant des ressources locales. Mais aussi, sur le choix de matériaux produits localement, comme le bois de construction qui a, en plus, l’avantage de fixer du carbone et ainsi de participer à la lutte contre le réchauffement climatique.

Charlotte Quénard

distributrice, mélangeuse ou tapis ?En hiver, de nombreux élevages consacrent plus d'une heure par jour à l'alimenta-tion, souvent distribuée en deux fois (2nd poste en temps d'astreinte après la traite). Les coûts varient de manière importante puisqu'ils peuvent aller de moins de 5 € (objectif à rechercher) à 20 €/1 000 litres. Un très gros effort d'investissement y est parfois consacré, motivé par la qualité de la ration et/ou la simplification du travail. C'est d'abord à cette deuxième situation que répond la solution tapis d'alimentation avec remorque distributrice à poste fixe.

La remorque distributrice et la mélangeuse nécessitent deux tracteurs : un pour le chargement, l’autre pour la distribution. Le tapis n'exige que le chargeur. Les coûts ont été calculés avec des durées d'amortissement technique de 12 ans pour la distributrice et la mélangeuse et 15 ans pour le tapis considérant, pour ce der-nier, que la durée d'amortissement sera limitée par des changements majeurs dans la vie de l'exploitation.La remorque distributrice est moins chère à l'achat et nécessite moins de temps de tracteur (pas de mélange). Le coût global comprenant le chargement est légère-ment inférieur à 6 €/1 000 litres avec 195 h de traction et de main d’œuvre par an. Avec la mélangeuse, le coût est de 10 €/1 000 litres pour 250 h de traction et 195 heures de main d’œuvre. Pas de temps gagné mais la technicité de l'alimentation est différente. Le tapis d'alimentation revient à un coût intermédiaire avec 7,6 €/ 1 000 litres pour un temps de travail limité de 110 heures. Le tapis permet dans cette situation de gagner 80 heures/an soit plus de 20 minutes par jour en hiver. Le surcoût annuel est d'environ 900 €, soit 14 € par heure d'astreinte évitée. De plus, le chargement du soir peut être anticipé. La Cuma de distribution supprime complètement cette astreinte pour un coût compris entre 7 € et plus de 20 €/1 000 litres selon les groupes (MO comprise).Des systèmes beaucoup plus sophistiqués se développent telles que les mélan-geuses robotisées avec "cuisine" en amont (gros élevages).

râclage : rabot et tracteur versus racleurLe rabot, souvent attelé à un tracteur suranné, nécessite au moins 20 min/jour. Il conserve toujours quelques frais fixes : assurance, remisage et entretien. Au final, le coût du tracteur (amorti) et de son rabot sera proche de 1 200 €/an pendant que celui du racleur sera de l'ordre de 1 500 €/an. Une différence de 320 €/an pour 80 heures évitées (coût de 4 €/h d'astreinte évitée).Le temps consacré à ces astreintes, varie d’une exploitation à l’autre et dépend également du tempérament. Les agriculteurs "simplificateurs" de travail acceptent quelques conséquences sur la qualité. Les "perfectionnistes" ne comptent pas leurs heures pour un travail "bien fait". D'autres enfin, sont "inter-médiaires". Le temps d'astreinte est donc un tout auquel les investissements ne répondent que partiellement.

Pierre Havard

l'automatisation des tâches dans l'élevage permet de réduire le temps de travail d'astreinte. le projet d'équipement ou d'automatisation doit être réfléchi à la construction ou la modernisation du bâtiment. Comparons quelques solutions d'équipements pour deux tâches : la distribution et le raclage.

Chargement de la remorque distributrice.

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l’automatisation des travaux d’astr einte en élevage laitierEn élevage laitier, la traite est le premier poste d’astreinte devant l’alimentation. Afin de limiter et de faciliter ces 2 tâches quotidiennes et répétitives, certains éleveurs repensent leur organisation, d’autres mettent en place des astuces simples et peu coûteuses, enfin, certains investissent dans des nouvelles solutions technologiques. Ces solutions qui ne sont pas neutres en termes d’investissement, soulagent le travail et réduisent le recours à la traction mécanique. Elles demandent un suivi régulier et un goût pour les nouvelles technologies.

l l’automatisation de la traiteEn premier lieu, il est possible d’améliorer l’existant en travaillant sur les conditions de travail (installation de décro, plain-pied, revêtement souple et isolant au sol…), d’alterner les trayeurs pour se soulager, d’avoir recours au salariat pour des durées différentes (remplacement, week-end ou à temps plein). Aussi, des solutions de traite automatisée sont déjà pré-sentes sur le marché ou en développement. Ces équipements munis de bras robotisés, lavent, branchent, traient et traitent les vaches laitières sans intervention directe de l’éleveur.

les robots monostalles : 34 % des nouvelles installations en BretagneDans ce type de conception, le bras robotisé est solidaire de la stalle dans laquelle les vaches se présentent une à une pour se faire traire. Suivant la production individuelle et la part de pâturage, l’installation d’une deuxième stalle devient nécessaire aux alentours de 60 à 70 vl.Différents modes de branchement sont maintenant propo-sés, latéral, le plus fréquent ou par l’arrière.

les robots multistalles Afin de limiter l’effet seuil qui oblige à acquérir une stalle complète supplémentaire, les fabricants de robot multis-talle proposent un bras robotisé se déplaçant pour inter-venir sur plusieurs stalles où les vaches attendent d’être traites. Ainsi, l’évolution du système est possible par l’ad-jonction de simples stalles supplémentaires (moins coû-teuses qu’un robot complet). Du fait des déplacements du bras, le rendement d’un tel système est inférieur au robot monostalle. Il est important pour ce type d’installation de réserver dès la conception un emplacement pour les futures stalles.

le roto de traite robotisé Une société d’équipement de traite développe depuis plusieurs années, un roto où interviennent 5 bras robotisés : 2 bras lavent et préparent 2 vaches, tandis que 2 autres branchent les 2 vaches précédentes, enfin le dernier bras assure la désinfection des trayons après la traite. Le constructeur annonce pour l’instant une cadence de 90 vaches à l’heure. Cet équipement est destiné à de très grands troupeaux (plus de 200 vaches).

Le robot monostalle branchement arrière.

Le roto de traite robotisé.

Le robot multistalles.

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l’automatisation des travaux d’astr einte en élevage laitier

le pousse fourrage et l’auge mobile associés à des cubes d’ensilageCes équipements, de conception simple, per-mettent de distribuer le fourrage sous forme de cubes 1 à 2 fois par semaine. La ration est alors régulièrement rapprochée de la vache en déplaçant les cubes ou en faisant avancer

les cornadis. Le fourrage est ainsi laissé en libre service avec un nombre de places à l’auge limité. La compacité de ce système est un avantage, mais le nombre de places disponibles rend difficile le rationnement en période de transition alimentaire.Pour ce qui concerne les tables d’alimentation tradition-nelles, des équipements permettent de rapprocher la ration sans recours au balai. Les solutions, plus ou moins technologiques, sont très nombreuses.

l l’automatisation de la distribution

les tapis d’alimentationCes systèmes de tapis convoyeur, font progresser la ration sur la table d’alimentation ou bien, lorsqu’ils sont placés au dessus des cornadis, distribuent régulièrement les aliments. Dans tous les cas, une zone de chargement plus ou moins complexe doit être prévue à une extrémité du bâtiment.

Le pousse fourrages. Le tapis d’alimentation. Dans cet élevage, une remorque distributrice à poste fixe mélange et répartit la ration sur le tapis qui avance en fond d’auge.

les wagonnets et les robots d’alimentationLes wagonnets sont constitués d’une désileuse électrique suspendue à un rail qui va s’approvisionner dans une remorque mélangeuse fixe préala-blement chargée. Ce wagonnet circule ensuite dans l’étable pour nourrir les différents lots d’animaux présents dans la stabulation.Le robot autonome peut, lui, une fois chargé, mélanger le contenu de son bol et distribuer dans différents bâtiments.Certains modèles proposent par ailleurs, de réaliser un stockage des ali-ments pour plusieurs jours (sous forme de cube pour les ensilages) dans une "cuisine" où ils seront automatiquement identifiés, chargés et pesés.Tous ces systèmes offrent la possibilité de distribuer plusieurs fois par jour, sans entrer en tracteur dans le bâtiment.

Sébastien Guiocheau et Pierrick Eouzan.

Le wagonnet suspendu : alimenté par une mélangeuse fixe, il circule sur un rail pour distribuer la ration.

Le robot d’alimentation autonome : les aliments stockés sont chargés par une griffe avant mélange et distribution.

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l’assistance à la traite indispensableen grand troupeau

Bien identifier les vachesen salle de traiteLa réussite de la lecture de la boucle électronique dans les salles de traite en épi ou Traite par l’arrière (TPA) dépend de la conception de l’entrée du quai. Un aménagement est souvent nécessaire pour garantir une bonne lecture de la boucle électronique. Nous préconisons de bien marquer l’entrée de quai par un petit couloir long au minimum de 2,30 m et large de 0,80 m maximum. Ce couloir évite d’avoir deux animaux qui se présentent en même temps devant le panneau de lecture et par conséquent évite des inversions lors de l’affichage. Le panneau de lecture (1,20 m de haut, 0,60 m de large) positionné toujours côté gauche dans le sens d’avancement des animaux à 0,40 m du sol ne doit pas être en contact avec les tubes métal-liques pour ne pas perturber le champ de lecture.

L’aménagement en entrée de roto est souvent plus facile à réaliser compte tenu de l’espace disponible. Dans les salles de traite où il n’est pas possible de réaliser un couloir, il est envisageable de mettre des panneaux de lecture à chaque poste de traite. Cependant, au-delà de 14 postes, le coût est plus élevé.Un logiciel associe les numéros lus au quai (gauche ou droite) et à la position de la vache sur celui-ci.

Afficher les numéroset les alertesLe trayeur est intéressé par visualiser rapidement, de la fosse de traite et en un clin d’œil, les vaches qui ont besoin d’une intervention particulière (traite sur le pot, tarissement …). Pour cela, le choix a été fait de mettre un écran en hauteur et en bout de salle de traite.

depuis quelques années, la taille des troupeaux laitiers augmente et par conséquent

le nombre de trayeurs par exploitation. Il est en plus

difficile de reconnaître toutes les vaches et de se rappeler

toutes les interventions à réaliser. le tableau blanc accroché au mur de la salle

de traite où sont enregistrées les consignes n’est plus adapté

dans ce type d’élevage. le trayeur a besoin

d’un assistant performant, actualisé et fiable.

Face à ce constat et avec l’arrivée de la boucle électronique officielle, les chambres d’agriculture de Bretagne par l’intermédiaire de l’Etablissement de l’élevage (EDE) et les entreprises de conseil en élevage (contrôles de performances) (Eilyps et BCEL Ouest) avec l’aide de la société Agid ont conçu un outil d’affichage en salle de traite qui permet à la fois de posi-tionner les vaches, d’afficher les alertes (surveillance, traitement…) et de communiquer avec le logiciel de l’éleveur.

Cécile et Denis Planchais sont installés sur une exploi-tation de 80 hectares avec 80 vaches laitières et les génisses de renouvellement à Noyal sur Vilaine (35). Depuis un an, ils possèdent un distributeur de concen-trés (DAC) pour l’alimentation des vaches et ID Traite. Depuis 6 mois, ils ont choisi d’équiper leurs vaches d’un podomètre pour mesurer l’activité et détecter plus faci-lement les chaleurs.

l Cécile, pourquoi avoir choisi ID Traite ?La plupart du temps c’est moi qui assure la traite, ce-pendant Denis vient m’aider de temps en temps. Nous avons un salarié qui me remplace au moins une traite par semaine et un week-end quelquefois. J’ai toujours peur d’oublier de transmettre une consigne. Avec cet outil, je suis rassurée et notre salarié trouve cela très confortable.

l Denis, les dimensions préconisées pour le couloir d’entrée de quai vous inquiétaient ?

En effet, j’ai un troupeau mixte (Normandes et Hols-teins). J’avais peur que mes vaches normandes aient des difficultés à passer à cause de la largeur (0,80 m). En définitive, elles circulent bien et le rythme n’est pas ralenti. De plus, nous avons profité de faire un passage d’homme en même temps que le couloir. Par contre, je perds quelques places.

l Cécile, depuis 2 mois, la mesure de suractivité s’af-fiche en salle de traite : qu’en pensez-vous ?

C’est bien, je gagne du temps et je n’ai pas besoin d’al-ler consulter l’automate. Cela nous aide à confirmer la détection de chaleur, mais la décision finale revient tou-jours à l’éleveur.

Cécile et Denis Planchais - Noyal sur Vilaine (35)

36 DOSSIER

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Lors du passage des animaux devant le panneau de lecture, les numéros appa-raissent au fur et mesure sur l’écran dans la case correspondant au poste de traite. Si une consigne ou une alerte a été renseignée pour une vache, elle s’affiche en alternance avec le numéro de l’animal. A la fin de la traite, l’ouverture du por-tillon de sortie remet l’écran à zéro et permet l’affichage de la nouvelle série de vaches à traire.

Au cours de la traite, l’éleveur remarque qu’une vache nécessite une attention particulière aux traites suivantes (par exemple, le trayon arrière gauche à surveiller), il lui suffit à l’aide d’une souris "longue portée" de cliquer sur la position de la vache. Une fenêtre appa-raît lui permettant de renseigner cette consigne et elle s’affichera lors des pro-chains passages en salle de traite.Dans les élevages où le nombre de trayeurs est important, il n’est pas

toujours facile de transmettre toutes les consignes, avec cet outil dès que la vache va entrer en salle de traite, ses propres informations s’afficheront quel que soit l’intervenant.

Communiquer avec le logiciel de l’éleveur Au quotidien, l’éleveur enregistre les différents événements survenus sur son troupeau, cela va du traitement sani-taire à l’observation d’un événement particulier (une chaleur ou une boite-rie, etc.). Ces informations sont souvent consignées dans un logiciel propre à l’élevage. Toutes ces données sont com-plétées par des informations issues du Contrôle laitier, des résultats du labora-toire d’analyse du lait, des dates d’insé-mination... Une partie de ces éléments intéresse l’éleveur pendant la traite (ex : vache à tarir, traitement …).

Pour faciliter la consultation de ces informations en salle de traite, un lien a été créé entre le logiciel de l’éleveur (notamment Agraël) et l’assistant de traite. Chaque jour, à heures régu-lières, l’assistant interroge Agraël et récupère les alertes utiles en salle de traite : celles-ci s’affichent lors du passage de la vache concernée. Les alertes affichées ne doivent pas être nombreuses, mais bien ciblées : c’est pourquoi, l’éleveur a la possibilité de les sélectionner, de mettre un niveau de priorité par des couleurs (rouge : impor-tant, vert : information) ou choisir le jour d’affichage d’une alerte. C’est souvent le cas du tarissement qui s’effectue un jour donné.

Cet assistant de traite est ouvert, évolu-tif et peut échanger avec d’autres logi-ciels ou automates à condition que son éditeur en fasse la demande auprès de la société Agid. A titre d’exemple, un lien vient d’être réalisé entre un auto-mate de mesure d’activité et l’assistant de traite. Celui-ci récupère les alertes de suractivité et les affiches en salle de traite. L’éleveur n’a plus besoin d’aller consulter son automate avant la traite, l’information s’affiche et il peut décider d’isoler la vache en sortie de salle de traite s’il le désire.

Le panneau de lecture.

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e-Traite à Saint-Ségal - Jérôme daniel

l Pourquoi avez-vous choisi e-Traite ?e-Traite était un outil indispensable pour nous pour transmettre de l’information entre nos différents trayeurs. Notre éle-vage est particulier car ce sont en moyenne 50 stagiaires qui passent faire la traite par an, ainsi que les vachers et des porchers le week-end. Aucun ne connaît toutes les vaches et encore moins les informations concernant le troupeau.

l Qu’est-ce que e-Traite a changé dans l’organisation de travail ?Avant nous utilisions un tableau blanc clas-sique en salle de traite pour faire passer de l’information d’une traite à l’autre entre les différents trayeurs. De plus nous utili-sions 5 bandelettes différentes pour repé-rer les vaches : rouge = au pot ; noir = tarie ; jaune = 3 quartiers ; bleu = lente ; vert = qui tape. Par sécurité, nous avons conservé les bandelettes rouges. Toutes les informa-tions notées sur le tableau blanc et celles concernant les bandelettes sont désormais dans e-Traite, et sont donc sécurisées.

l Etes-vous satisfait de l’utilisation au quotidien ?C’est un système très simple d’utilisation. Tous les stagiaires peuvent l’utiliser, et les informations essentielles arrivent sur l’écran. Nous ne posons plus la question sur les informations qui arrivent car elles

proviennent de notre logiciel de gestion de troupeau, donc, nous avons confiance en celles-ci. Les alertes que nous utilisons le plus sont vache à mettre au pot, retour 3 semaines, retour 6 semaines, à tarir, lente, qui tape, leucocytes. De nouvelles alertes et indicateurs arriveront par la suite.

l D’après vous, à quel type d’élevages et d’éleveurs s’adressent e-Traite ?Au-delà de la taille du troupeau, e-Traite s’adresse surtout aux éleveurs qui veulent être plus sereins quant à la circulation des informations et des données du troupeau : celles-ci arrivent directement en salle de traite grâce à e-Traite. Cette circulation d’informations est d’autant plus nécessaire dans des élevages avec beaucoup de pas-sages à la salle de traite (nombre d’asso-ciés, salariés, stagiaire, remplaçant) et un nombre de vaches laitières élevés.Avec e-Traite, j’ai pu voir une vache qui était en retour 3 semaine après IA. J’ai donc pu l’observer particulièrement après la traite et voir qu’elle était en effet en chaleur et j’ai donc positionné mon IA. Mon outil de détec-tion de chaleurs, Heat Phone, m’a confirmé une chaleur sur cette vache 2 heures après.

e-Traite est proposé par BCEL Ouest sur les 3 départements 22, 29 et 56.

Benoît Dassé

38 DOSSIER

l’assistance à la traite (suite)

Cet outil est commercialisé en Bretagne par Eilyps en Ille-et-Vilaine sous le nom de ID Traite et par Bretagne Conseil Elevage Ouest sous le nom de e-Traite (@-traite) dans le Finistère, les Côtes d’Armor et le Morbihan. Son prix varie de 9 000 € à 12 000 € suivant les amé-nagements à réaliser. Cet outil s’adapte à toutes les salles de traite. A ce jour, une vingtaine d’installations a été réa-lisée en Bretagne, elles donnent entière satisfaction à leurs utilisateurs.

Alain Bazire

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l’IdEnTIFICATIon élECTronIQUE dES BovInS

Une technique au service des éleveursle suivi des bovins nécessite tout au long de leur vie de nombreuses lectures et saisies du numéro d’identification ; source d’erreurs ou de pertes de temps. la lecture visuelle d’une boucle pendant une pesée et le repérage d’un numéro d’identification, en salle de traite ou lors d’un tri, ne sont pas toujours faciles à effectuer. Par contre, la lecture du numéro national, à partir d’une puce électronique et d’un appareil de lecture, simplifie et fiabilise toutes ces tâches.

gain de temps et sécurité : depuis 5 ans à mauronLes expérimentations sur la station nécessitent une manipulation régu-lière des animaux (allotement, pesées, notation de l’état d’engraissement …). Toutes ces tâches s’avèrent pénibles avec des risques pour les intervenants. Dès l’arrivée de l’identification électro-nique officielle, les responsables de la station bovine des chambres d’agricul-ture à Mauron ont souhaité valoriser cet identifiant.

La cage de contention, fabriquée par les établissements Mazeron, de Magny (89), a été équipée d’un lecteur et d’un sys-tème de vérins relié à un automate de pesée. A l’avant, trois portes, dont deux manœuvrées par des vérins, permettent

le tri. L’automate de pesée pilote l’en-semble du système et échange avec le logiciel de gestion de troupeau. Pour trier les animaux, il suffit de sélection-ner un critère (sexe, poids,…) dans le logiciel et de charger l’information dans l’automate qui commande l’ouverture de la porte sélectionnée lors de la lec-ture dans la cage.

Depuis son installation (2007), cette cage donne entière satisfaction comme en témoigne Philippe Pocard, techni-cien : "nous l’utilisons pour la pesée et

le tri des animaux, il n’y a plus besoin de lire visuellement le numéro d’identifica-tion, ni d’ouvrir et fermer manuellement les portes, ce qui rend moins pénible notre travail avec moins de risques d’erreurs. Nous gagnons du temps et travaillons en toute sécurité". Ce sys-tème est développé par d’autres fabri-cants de matériel (Marechalle pesage, Satene…), en poste fixe ou bien sur des parcs de contention mobiles (intérêt engraisseurs de bovins, éleveurs de vaches allaitantes).

Alain Bazire et Denis Follet

Alloter en sortie de salle de traite

Dans les grands troupeaux laitiers, beaucoup d’éleveurs gèrent l’alimentation des vaches par lots (rang de vêlage, production). Pour se faciliter la tâche au moment de la traite, ils regroupent les lots puis les séparent à la sortie. Le Gaec des Fenassiers à Plénée Jugon (22) a fait ce choix lors de la réalisation d’une nouvelle salle de traite (roto De Laval). La boucle électronique officielle est lue en entrée de roto pour le repérage des animaux et dans le sas de tri en sortie pour recréer les lots. L’information de tri est paramétrée dans le logiciel lorsque la vache arrive dans le sas de tri. Sa boucle d’identification est lue et une des deux portes de tri s’ouvre, une troisième porte permet de diriger les animaux malades, les vaches taries ou vendues vers un box dédié. Après quelques mises au point, le sys-tème donne entière satisfaction aux associés du Gaec comme en témoigne Luc Gesret : "lorsque nous avons su que nous pouvions utiliser la boucle électronique comme moyen pour repérer et trier nos animaux, nous avons exigé que notre installateur adapte son installation à cette lecture à la place des colliers et nous en sommes totalement satisfaits. Le mélange des lots avant la traite et le tri en sortie se traduit par un gain de temps non négligeable. Après la traite, nous n’avons plus besoin d’aller trier des animaux".

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40 DOSSIER

les thématiques travaillées à l’étranger

la place du bâtiment au sein du système d’élevage : des systèmes "low cost"L’Irlande, l’Ecosse, l’Angleterre et le Pays de Galles ont suivi le chemin emprunté par la Nouvelle Zélande dans la manière d’aborder la question des bâtiments d’élevages. La recherche de systèmes "low cost", basé sur le pâturage induit une mini-misation des investissements au niveau des bâtiments, par exemple : le Parc stabilisé d’hivernage (PSH). La Nouvelle Zélande confrontée à des problèmes de pollution par les nitrates a récemment diminué le pâturage hivernal au profit de bâtiments simplifiés de type tunnel, à des coûts d’envi-ron 800€/vache. En Irlande, les équipements de la ferme de démonstration de Greenfield se résument à une salle de traite 2×30 vaches, ligne haute et simple équipement, à un PSH combiné à une table d’alimentation non couverte et à un petit bâtiment pour les veaux, soit environ 1 000€/vache (hors équipement pour le pâturage).

le bâtiment d’élevage au sein d’un territoire : intégration paysagère et qualité architecturaleL’augmentation de la surface par animal liée à des problé-matiques de bien-être animal accroît la taille des bâtiments d’élevages en zones de montagnes. Leur intégration dans l’environnement est ainsi importante. Des partenaires de la zone alpine de l’Allemagne, de l’Autriche et de la Suisse ont travaillé cette question (projet européen). Ce projet (Interreg) traitait de l’intégration paysagère des bâtiments d’élevages dans les paysages de montagnes. La qualité architecturale des bâtiments d’élevage y a été particulièrement étudiée. Afin de concilier construction rurale et paysage, une méthode basée sur une évaluation objective de la fréquence de visibi-lité d’un bâtiment dans son environnement a été développée (dite analyse de visibilité).

dans le bâtiment, d’autres questions se posent : adaptation à la chaleur, bien-être de l’éleveur, émissions gazeuses, bien-être animal, etc.Les pays méditerranéens sont confrontés à des périodes estivales de plus en plus chaudes. Le Portugal a caractérisé les évolutions climatiques sur certaines zones d’élevage en mettant en évidence des épi-sodes caniculaires de plus en plus fréquents. N’étant pas conçus pour fonctionner par des températures élevées, une adaptation des bâtiments est nécessaire. Des équipements sont ainsi envisagés pour contrôler le climat intérieur du bâtiment : ventilation et brumisation par exemple.En Italie, différents types de toits sont évalués par rapport à la chaleur (modélisation du comportement thermique du bâtiment). Les réflexions portent, par exemple, sur les choix bi pente ou multi pente, le pourcentage de pente et l’isolation ou non de la toiture. En Italie, également, sont menés des travaux sur la robotisation de la traite, dans l’objectif de faci-liter le travail de l’éleveur. L’opportunité d’appliquer un bras robotisé simple à des aménagements existants est étudiée. Au Pays-Bas, des systèmes alternatifs aux logettes sont réfléchis pour améliorer le bien-être des animaux (boiterie). Des systèmes de litières compostées ont été développés, inspirés de bâtiments israéliens et américains, augmentant ainsi la surface par vache. En Europe, les Hollandais sont en avance pour les mesures des émissions gazeuses. Ainsi, le système sur litière compos-tée a été évalué sur le bien-être des animaux et les émissions gazeuses, dès son développement. De nombreux travaux sont également menés sur les types de sols en bâtiments à logettes lisiers dans le but de réduire les émissions d’ammo-niac (en favorisant notamment le drainage des lisiers).

Alicia Charpiot

dressons un panorama des questions de recherches existantes à l’étranger portant sur les bâtiments d’élevages bovins. de la nouvelle Zélande au Portugal, elles sont multiples et variées !

Le bâtiment italien.

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vErS UnE PlUS HAUTE vAlEUr EnvIronnEmEnTAlE

l’éco construction des bâtiments d'élevageBâtiments à énergie positive, bâtiments basse consommation, haute valeur environnementale : des mots largement utilisés aujourd’hui dans la construction. les bâtiments d’élevages bovins, déjà très performants dans ce domaine, doivent continuer à évoluer pour participer à leur niveau au progrès général. mais il faut compter aussi sur de nouvelles exigences climatiques et environnementales. Ces tendances peuvent nous aider à préfigurer le bâtiment du futur.

Les bâtiments d’élevages bovins sont depuis longtemps les pionniers de la "bio climatie" en valorisant une bonne orientation et la ventilation naturelle. Ils sont aussi très économes de par leur simplicité de conception et la valorisa-tion des matériaux bruts : bois, béton et acier. Leur implication dans des sys-tèmes valorisant la nature et enrichis-sant les paysages, les placent au cœur de la maîtrise environnementale. Enfin, dans notre région où la densité d’éle-vages permet un maillage important d’acteurs, ils participent au développe-ment local.

Mais, cette position particulière dans le domaine de la construction est aussi un défi : respect du site et biodiversité, ges-tion de l’eau, utilisation de ressources locales, limitation du prélèvement de matières premières, diminution des rejets et gestion des déchets, diminu-tion des nuisances de chantier, pro-duction et économies d’énergie, éco-nomies d’eau, préservation du confort et de la santé des personnes et des animaux. En inscrivant leur projet dans une démarche d’éco-construction, les éleveurs pourront prendre en compte l’ensemble des problématiques, tout en favorisant le confort et l’efficacité du travail, la performance technique, l’inté-gration des nouvelles technologies et la durabilité de leur système et de leurs constructions.

Certains défis sont à relever dans un avenir assez procheL’avancée de la société sur les exi-gences environnementales ne man-quera pas de rattraper la conception des bâtiments d’élevage. Les émissions de méthane et les rejets d’ammoniac sont les prochains facteurs à maîtriser. Le choix des modes de logement, des techniques de raclage, des ouvrages de stockage - comme la couverture des fosses à lisier par exemple, ou la maî-trise de la ventilation - seront détermi-nants pour y répondre.Le changement climatique et l’épui-sement des ressources nous amènent

déjà à intégrer des techniques éco-nomes en énergie, voire productrices. Mais demain, il faudra sans doute aller plus loin et intégrer l’impact environne-mental des techniques et des matériaux de construction : valoriser la construc-tion bois qui participe au stockage du carbone d’autant plus que l’on utilise le bois local, réutiliser les eaux de pluie pour les lavages ou l’abreuvement, limiter l’usage des produits d’entretien dans le choix de matériaux, réduire la consommation de l’espace en travaillant sur la modularité et l’optimisation des circuits et des usages des bâtiments, adapter les techniques d’élevage - et donc les équipements - aux ressources locales (séchage du foin en grange pour valoriser l’herbe, système lisier en l’ab-sence de paille).

le portrait robotdu bâtiment du futurBien que "high tech" dans ses équipe-ments et sa conception, il profitera des avancées technologiques environne-mentales dans ses orientations tech-niques, ses matériaux et ses modes constructifs. Concepteurs et construc-teurs sont au cœur de ces choix au côté des éleveurs maîtres d’ouvrage. Ils sont à leur disposition pour innover ensemble.

Jacques Charlery

L’architecture de cette stabulation bovine autrichienne optimise les volumes, valorise le bois et offre une ambiance bio climatique, avec des courettes extérieures, pour le bien-être des animaux.

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42 DOSSIER

PlATE-FormE rECHErCHE ET dévEloPPEmEnT SPACE 2012

Bâtiments et matériels du futuren élevage bovin

Cette année la plate-forme est axée sur les bâtiments et matériels du futur en élevage bovin. venez découvrir des matériels et animations proposant des solutions en termes d’automatisation, gestion de l’information, modularité, énergie, et le résultat du concours bâtiments du futur.

En droite ligne de l’édition 2011 consa-crée à la présentation de la démarche de progrès de l’Agriculture écologi-quement intensive (AEI), les élus des chambres d’agriculture de Bretagne et le Space, vous invitent à prolonger cette réflexion sur les bâtiments et le maté-riel en élevage bovin.

Automatisationet bras robotiséFace à l’augmentation de la production par exploitant, l’automatisation des tâches répétitives au niveau de la traite, de la distribution des fourrages et du tri des animaux est une solution. Du maté-riel sera en démonstration, comme le bras robotisé en salle de traite, l’auge tapis pour la distribution des fourrages. Des vidéos permettront de présenter d’autres innovations sur le tri des ani-maux, et les systèmes de distribution des fourrages…

Les technologies de l’information et de la communication, les progrès informa-tiques, permettent d’équiper les trou-peaux de différents capteurs, d’enregis-trer les informations, de les analyser, et les visualiser là où on le souhaite. A la fois matériel de précision, de gestion, de suivi entre associés, des exemples seront présentés sur la plate-forme.

modularité et énergieImaginer l’évolution de son exploitation dans les 20-30 prochaines années, ce n’est pas simple dans un tel contexte mouvant. Aussi pour faciliter l’adapta-tion des bâtiments dans le temps, un jeu de maquettes permettra de montrer sur un espace défini la nécessaire modula-rité des bâtiments.

C’est sur cet espace que sera abordée la question des économies et produc-tions d’énergie, du pré-refroidisseur aux panneaux photovoltaïques en pas-sant par le méthaniseur. Le choix de ces nouvelles énergies est à penser de manière stratégique et en amont des réalisations pour une bonne intégration dans la configuration de l’exploitation.Sur cette approche globale de l’exploi-tation, les agents des chambres met-tront sur la table le thème du coût du travail ou plus précisément "dans un contexte de main d’œuvre limitée, si je veux dégager du temps, laquelle prio-risée", en prenant des exemples sur le

raclage des déjections, l’alimentation, le paillage.

Concours bâtiment du futurUn concours "Mon bâtiment du futur en élevage bovin", a été organisé par les chambres d'agriculture de Bretagne, le Space et le magazine Terra au prin-temps 2012. Ouvert à tous, éleveurs, techniciens, le concours proposait de réaliser un dessin ou une maquette, représentant une exploitation bovine futuriste (lait ou viande), son ou ses bâtiments et leurs abords. Les 3 meil-leurs projets ont été retenus par un jury, et seront à découvrir au centre de la plate-forme.

Une table rondesur la place de l’éleveurL’évolution des exploitations, les révolu-tions technologiques, vont repositionner le rôle de l’éleveur et lui ouvrir de nou-velles possibilités. Une table ronde aura lieu sur "la place de l’éleveur demain dans les exploitations", le mercredi 12 septembre à 11h30 sur la plate-forme.

Benoît CarteauCoordinateur de la plate-forme R&D Space

+ d'info

La plate-forme est au Hall 4 – stand B 41.