culture générale et expression -...

BTS 2e année

Nathalie LE FOLL-VILLEMAIN

Faire voir : quoi ?

Comment ? Pour quoi ?

Culture généraleet expression

Institut de Grenoble Directeur de publication : Jean-Yves LEDUC

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MModuleoduleFaire voir : quoi ? Comment ?

Pour quoi ?

OBJECTIFS

➧ Défi nir les enjeux du thème

➧ Aborder les exercices de l’examen à travers le traitement du thème

Voici le nouveau thème au programme pour la session 2008 du BTS : « Faire voir : quoi ? Comment ? Pour quoi ? ».

Cet intitulé nous invite clairement à une réfl exion sur ce qui est montré, mis en évidence, mis en scène : c’est donc au « spectaculaire » en tant que phénomène de société que nous allons nous intéresser. Les trois questions orienteront notre analyse de ce qui est rendu public et donné à voir à chacun.

– « Quoi ? » : il faudra défi nir les objets qui s’offrent à nous pour être regardés, admirés, et qui peuvent infl uencer nos comportements. Quelles images nous donne-t-on à voir ? Qu’est-ce qui passe désormais par l’image ?

– « Comment ? » : quels sont les lieux, les sphères, les moyens utilisés pour mettre en lumière, en images, ce qui doit être vu ? La vie privée est-elle affectée par la tendance à « faire voir » ou est-ce la vie publique qui remplit seule cette mission, comme c’est sa vocation ?

– « Pour quoi ? » : quelle est la fi nalité de ce culte de l’image et du spectaculaire ? Quel est le rôle du public ? Qu’attend-on de lui, si tant est que l’on défi nisse qui se cache ou se montre derrière ce pronom « on »… ? Les images sont-elles un signe ou une condition de la liberté de l’individu ou une nouvelle forme d’aliénation ? Les peuples renforcent-ils leur pouvoir par l’image qu’ils donnent d’eux-mêmes ?

Remarque : alors que pourquoi en un seul mot exprime l’idée de cause, pour quoi, en deux mots, insiste sur la notion de but, d’objectif. La formulation infl échit la manière d’appréhender le sujet.

C’est dans une passionnante aventure sur le spectacle et ses enjeux que nous entraîne ce thème : place maintenant aux vedettes, fi lms, livres, œuvres, articles sur ce sujet !

Séquence 1 ......................................................................................................... 5Présenter le thème et sa problématique

Séquence 2 ......................................................................................................... 103Étudier le thème à travers la synthèse et le développement personnel

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Présenter le thème et sa problématique

SSéquence 1équence 1

OBJECTIFS

➧ Découvrir et comprendre l’intitulé du sujet

➧ Délimiter le thème : cerner les sujets qui entrent dans ce thème

➧ Lire et analyser des textes variés : se fabriquer un matériau sur un thème

➧ Apprendre à confectionner une fi che-bilan sur un livre ou un fi lm pour acquérir des connaissances

Activité 1 - Découvrir et analyser le thème « Faire voir : quoi ? Comment ? Pour quoi ? » ...................................... 9

1. Faire voir : quoi ?

2. Faire voir : comment ?

3. Faire voir : pour quoi ?

Activité 2 - Acquérir des connaissances par les textes et se confectionner des fi ches......................................... 17

1. Ce que l’on fait voir de soi aux autres : le culte du corps et de l’éternelle jeunesse

2. Faire voir pour informer ? – Le journal télévisé, une « grand-messe » au service de l’information spectacle ?

3. Faire voir le pire ? Le triomphe de la télé-réalité

4. Faire voir pour faire acheter : la publicité comme spectacle

5. La photographie, entre information et voyeurisme

6. La politique spectacle

Ce qu'il faut retenir .......................................................................................... 100

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Grille d'objectifs

En auto-évaluation

Au retour du devoir

ACTIVITÉ 1 – Découvrir et analyser le thème « Faire voir : quoi ? Comment ? Pour quoi ?

Savoirs

Connaître la notion de thème ................................................................................................................................................................

Avoir des références culturelles ..........................................................................................................................................................

Savoir-faire

Savoir déterminer les limites et les enjeux d’un thème de formulation complexe...............

Formuler des problématiques en relation avec le thème ....................................................................................

Trouver des exemples illustrant une problématique ..................................................................................................

Se construire des références pour alimenter la réfl exion sur le thème ............................................

Répertorier le contenu d’un livre en rapport avec le thème ............................................................................

ACTIVITÉ 2 – Acquérir des connaissances par les textes et se confectionner des fi ches

Savoirs

Acquérir des connaissances sur le thème à l’aide de textes.........................................................................

Connaître des citations permettant d’illustrer un développement personnel ............................

Connaître des artistes en relation avec le thème .........................................................................................................

Savoir-faire

Apprendre à confectionner la fi che-bilan d’un article, d’un roman et d’un fi lm .......................

Rédiger un essai ...................................................................................................................................................................................................

Comparer des documents .........................................................................................................................................................................

Effectuer des recherches documentaires ...............................................................................................................................

A

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Nous vous proposons ci-dessous la bibliographie sur le thème « Faire voir » tirée du

Bulletin offi ciel n° 18 du 3 mai 2007. Cette bibliographie est destinée à des enseignants

mais vous pouvez y piocher des indications de pistes à explorer à votre guise. Vous

pouvez ainsi lire, regarder, parcourir les œuvres de la liste comme bon vous semble, en

lecture partielle ou intégrale, en vous renseignant sur elles, etc.

Ces informations n’ont aucun caractère obligatoire : elles ont seulement pour but de vous

aider à réfl échir sur le thème et à élargir votre propre culture de l’image.

■ Littérature :

Pour une mise en perspective sur la façon dont une société se

donne en spectacle

• Balzac : extraits d’Illusions perdues (société et mise en scène de soi).

Première partie, la soirée de lecture chez Mme de Bargeton ; deuxième partie, la soirée

à l’opéra

• Larry Beinhart, Reality show

• Jean Genet, Le Balcon, Elle

• La Bruyère : extraits des Caractères

• Mme de La Fayette : extraits de La Princesse de Clèves (la cour comme lieu de mise

en scène de soi)

• La Fontaine, Fables

• La Rochefoucauld, Maximes

• Barry Levinson, Des hommes d’infl uence

• Molière : Le Misanthrope, Le Bourgeois Gentilhomme

• Montesquieu, Lettres persanes

• Amélie Nothomb, Acide sulfurique

• Jean-Jacques Schuhl, Ingrid Caven

• Villiers de l’Isle Adam, L’Affi chage céleste (société de la publicité et du “puff”)

Essais• Roland Barthes, Mythologies, 1957

• Pierre Bourdieu, Sur la télévision, 1996

• Guy Debord, La Société du spectacle (texte et DVD), 1967 et 1973

• Grégory Derville, Le Pouvoir des médias, mythes et réalités, 1997

• Laurent Gervereau (direction), Dictionnaire mondial des images, Éditions Nouveau

Monde, 2006

• Ernst Kantorowicz, Les deux corps du Roi, 1957 (extraits).

• Michel Meyer, Le Livre noir de la télévision, 2006

• Edgar Morin, Les Stars, 1972

• Olivier Razac, L’Écran et le zoo, 2002

• Andy Warhol, Entretiens, 1962-1987

• Dominique Wolton, Éloge du grand public, 1990

8 0187 ■ T04–1


■ Films, documents iconographiques, bandes dessinées

• Le Cauchemar de Darwin, Hubert Sauper, 2005

• Celebrity, Woody Allen, 1999

• Fahrenheit 9/11, Michael Moore, 2004

• Ginger et Fred, Fellini, 1986

• Good bye Lenin !, Wolfgang Becker, 2004

• Network, Sidney Lumet, 1976

• The Queen, Stephen Frears, 2006

• The Truman Show, Peter Weir, 1998

• Jacques Tardi et Daniel Pennac, La Débauche, 2000

• Robert Doisneau, par exemple Mes Parisiens, Nathan, coll. “Photo Poche-Société”,

1997

• Photojournalisme : numéros spéciaux annuels publiés par “Reporters sans frontiè-

res”

• Christo, Emballage du Pont-Neuf (1975) ; Emballage du Reichstag (1995)

• Philippe Decoufl é, Cérémonie d’ouverture et de clôture des XVIe Jeux olympiques

d’hiver d’Alberville (1992)

• Jean-Paul Goude, “Bleu Blanc Goude” : parade à l’occasion du 14 juillet 1989

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REMARQUE IMPORTANTE : avant de commencer la lecture de ce cours et

de faire les exercices demandés au fur et à mesure des activités, veuillez vous

procurer :

– le fi lm The Truman Show, de Peter Weir,

– le roman d’Amélie Nothomb, Acide sulfurique.

Ces deux œuvres seront étudiées en détail dans ce cours : elles font partie du programme

de BTS.

Un certain nombre d’activités s’appuie sur des extraits, voire des chapitres entiers du

roman : il est donc indispensable que vous en ayez un exemplaire à portée de main. Nous

vous conseillons de vous procurer l’édition du Livre de Poche (n° 30796).

ACTIVITÉ 1 – Découvrir et analyser le thème « Faire voir : quoi ? Comment ? Pour quoi ? »

➧ Déterminer les orientations que peuvent prendre les termes d’un thème

➧ Défi nir les enjeux d’un thème

Analysons chacune de ces questions et les problématiques qu’elles entraînent.

1. « Faire voir : quoi ? »

Notre société technologique s’est dotée de moyens permettant de tout voir, de la sphère

privée à la sphère publique. C’est un lieu commun que de dire que nous vivons désor-

mais dans une société de l’image et du spectacle : il n’est que de songer à la fascination

qu’exercent les écrans chez les enfants et les adolescents pour se dire que ce type

d’activité répond à un désir profond de l’être humain, toujours en quête de mouvement,

de divertissement et de nouveauté. Ajoutons à cela le succès de la presse magazine

où le photographe rivalise avec le journaliste : « faire voir », montrer, séduire, instruire,

divertir et faire vendre sont bien les priorités des sociétés industrialisées.

À vous de chercher !Remplissez le tableau ci-après en indiquant deux exemples au moins pour chaque ru-

brique ! Vous imiterez le modèle suivant :

Arguments Mes exemples

Le cinéma se donne en spectacle

chaque année

Le festival de Cannes, vitrine du monde du

cinéma français et international

Le festival de Berlin, référence d’un cinéma

de qualité

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Voici le tableau à remplir :


Le corps mis en scène et transformé au niveau

individuel : une tendance actuelle

–

–

Des « artistes » qui se sont métamorphosés

physiquement

–

–

Des vedettes qui ont fait scandale par leur vie

privée

–

–

Des vedettes qui ont fait scandale par leurs prises

de position

–

–

La télévision au service de la désinformation –

–

Des images qui ont provoqué des troubles de

l’ordre public

–

–

Des émissions basées sur le voyeurisme–

–

Des images de la télévision sur un fait dramatique

qui ont fait le tour du monde

–

–

Des têtes couronnées très « people » –

–

Des têtes couronnées au destin tragique–

–

Reprenons ensemble

Je suis sûre que vous n’avez pas peiné pour trouver des exemples. Voici ce que l’on

pouvait, entre autres, proposer :


Le corps mis en scène et transformé au niveau

individuel : une tendance actuelle

– Le piercing

– Les tatouages

– La chirurgie esthétique

– Le culte de la minceur jusqu’à l’anorexie

Des « artistes » qui se sont métamorphosés

physiquement

– Michael Jackson

– La chanteuse « Cher »

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Des vedettes qui ont fait scandale par leur vie

privée

– Paris Hilton

– Brigitte Bardot

– Serge Gainsbourg

Des vedettes qui ont fait scandale par leurs prises

de position politiques

– Jane Fonda et le féminisme en Amérique

– Joan Baez contre la guerre du Vietnam

Des têtes couronnées très « people » – La famille de Monaco

– La famille d’Angleterre

Des têtes couronnées au destin tragique– Lady Di

– Grace de Monaco

Des émissions basées sur le voyeurisme– Loft story

– L’Île de la tentation

Des images qui ont provoqué des troubles de

l’ordre public

– Les portraits de Mahomet publiés dans Charlie Hebdo

– Les manifestations anti-Bush et la guerre en

Irak

La télévision au service de la désinformation

– Les images truquées de la guerre du Golfe en

1990-1991

– Le faux charnier de Timisoara et le faux procès

des Ceausescu en Roumanie en 1989

Des images de la télévision sur un fait dramatique

qui ont fait le tour du monde

– La chute du Mur de Berlin en 1989

– Les événements du 11 septembre 2001 : l’ex-

plosion des tours jumelles à New York (World

Trade Center)

– L’étudiant seul face aux chars sur la place

Tiananmen à Pékin en 1989

– Kim Phuc, la petite Vietnamienne brûlée au na-

palm en 1972

2. « Faire voir : comment ? »

2.1. Défi nition

L’intitulé du thème pose bien sûr la question des supports permettant à l’individu, aux

groupes et à la société en général de se mettre en scène et de se donner à voir.

On pense immédiatement aux supports traditionnels pour informer, montrer, dénoncer,

vanter, mettre en vitrine, jouer : le théâtre, le cinéma, la photographie, le cinéma, la

télévision, la presse écrite, voire la littérature, nous proposent des images sous des

formes diverses.

Mais de nouveaux moyens sont venus s’adjoindre sur une vingtaine d’années et ne

cessent d’évoluer vers des prouesses techniques toujours plus spectaculaires : Internet

sur l’ordinateur et sur le téléphone, échanges de propos et vue en direct au moyen d’une

webcam, téléphones portables munis de caméras numériques, essor des jeux vidéo avec

des avatars (des personnages qui constituent un autre soi idéalisé et conçu sur mesure

par son auteur) qui évoluent dans un monde virtuel.

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À ces moyens domestiques s’ajoutent aussi les puces informatiques, les satellites, les

caméras vidéo urbaines (comme dans les rues de Londres) qui procurent images et

informations à notre insu et peuvent nous suivre partout. Ces technologies sont réser-

vées à des minorités qui ont du pouvoir et qui en font un usage plus ou moins connu du

grand public.

Ces moyens, signes de modernité, sont-ils au service de la communication ou présen-

tent-ils de nouveaux dangers contre lesquels il convient de se prémunir ?

À vous de chercher !

Indiquez les avantages et les dangers que représentent les nouveaux moyens de pro-

duire des images.

Moyens techniques Avantages Dangers

La webcam

Les caméras vidéo

urbaines

Les jeux vidéo

à caractère virtuel

Internet et l’ordinateur

Reprenons ensemble

Ces réponses ont un caractère indicatif : vous avez peut-être eu d’autres idées ou les

avez exprimées avec d’autres mots.

Voici des réponses possibles :


La webcam Communiquer à distance en associant

la voix et le visage : les distances géo-

graphiques entre collègues ou entre

membres d’une famille s’abolissent.

Le voyeurisme : via la webcam, certains

se fi lment chez eux dans toutes sortes

de situations pour le plaisir d’être vus et

observés par des inconnus. Un usage

pervers n’est pas exclu.

Les caméras vidéo

urbaines

La sécurité est renforcée dans les

rues : c’est le cas de Londres où le

gouvernement affi rme avoir diminué

les voies de fait grâce à ce système de

vidéo-surveillance.

Risque d’atteinte à la vie privée : le ci-

toyen peut se sentir espionné : le risque

d’un monde à la « Big Brother » selon

le roman de George Orwell, 1984, se

profi le à l’horizon.

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Les jeux vidéo

à caractère virtuel

Un divertissement

Certains jeux développent le sens de

la stratégie ou permettent d’acquérir

des connaissances à travers des jeux à

caractère pédagogique.

Risque de dépendance envers les mon-

des virtuels et fuite du réel : exemple du

succès de « Second life » – une nouvelle

addiction.

Internet et l’ordinateur Communication planétaire

Une multitude de services rendus aux

particuliers comme aux entreprises et

aux États.

L’opacité de la toile facilite tous les tra-

fi cs : pédophilie, prostitution, trafi c de

drogue, d’armes et de produits chimi-

ques dangereux susceptibles d’être

transformés en bombes.

2.2. Quelques données culturelles

Parmi les réponses ci-dessus fi gurent deux références qui méritent quelques éclair-

cissements : retenez ces références car elles peuvent vous servir d’exemples pour le

développement personnel.

2.2.1. George Orwell et son roman d’anticipation 1984

Dans ce roman devenu très célèbre, George Orwell dénonce le totalitarisme sous les

traits d’un dictateur, Big Brother.

Mais qui est George Orwell ?

Portrait de George Orwell

– Il est né en 1903 et mort en 1950.

– Fils d’un petit fonctionnaire de l’administration des Indes, il a fait des études à l’université anglaise d’Eton comme

boursier.

– Pendant cinq ans, il est sergent dans la police impériale en Birmanie avant de démissionner, en désaccord avec une

idéologie oppressive.

– Commence alors une période diffi cile, ponctuée de petits travaux et de chômage, pendant laquelle Orwell reste fi dèle

à l’écriture : il écrit des romans et des nouvelles qui ne trouveront pas d’éditeur.

– Pendant la guerre d’Espagne, il combat dans les rangs de la POUM (Parti ouvrier d’Unifi cation marxiste) pour

défendre la République contre les fascistes du général Franco.

– Gravement blessé, il est réformé durant la Seconde Guerre mondiale et travaille pour la BBC (radio britannique),

tout en écrivant des essais politiques et en collaborant à des journaux et des revues, dont une chronique au London Tribune.

– Il rédige ses deux plus célèbres romans quelques années avant sa mort : La ferme des animaux (publié en 1945) et

1984 (publié en 1948).

– Il s’éteint en 1950, rongé par la tuberculose.

En quoi le roman 1984 est-il en relation avec le thème de l’image qui nous intéresse ?

En voici les grandes lignes. Pour le détail de l’action dans sa chronologie, je ne peux que

vous inviter à lire ce roman qui, en général, plaît beaucoup aux lecteurs de tous âges.

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Voici les idées majeures du roman :

Analyse du roman 1984

– Le cadre : trois États totalitaires perpétuellement en guerre se partagent le monde : l’Océania, dirigée par Big Bro-ther, l’Eurasia et l’Estasia.

– Ce régime a mis fi n à la vie privée : partout, visibles ou cachés, des « télécrans » fi lment les faits et gestes des ha-bitants, mais aussi épient et écoutent leurs paroles et leurs pensées. La police de la pensée est là pour réprimer les idées contraires ou hostiles à Big Brother.

– Un régime de terreur est instauré : des hélicoptères s’approchent des appartements pour que les habitants n’oublient pas qu’ils sont en permanence sous le regard de Big Brother.

– Un personnage, Winston Smith, va tenter d’échapper avec son amie Julia à ce contrôle. Les deux amants vont trou-ver refuge dans un lieu isolé où ils croient échapper aux télécrans pour goûter à la liberté comme avant le régime de Big Brother.

– Mais ils seront arrêtés et torturés : Winston Smith n’est plus que l’ombre de lui-même à la fi n du roman, broyé par la dictature.

On retiendra donc d’après ce roman :

– l’usage pervers des images par l’État, au service de l’aliénation de la population

– les télécrans : prémices de nos caméras urbaines de vidéo-surveillance ?

– la fi gure de Big Brother, entré dans le langage courant pour désigner tout dictateur

exerçant une oppression sur la vie privée de la population

– le lien entre images, propagande et totalitarisme.

2.2.2. Le jeu vidéo planétaire « Second life »En quoi consiste ce jeu : quels en sont les principes ?

L’internaute se crée un « avatar », double idéalisé de lui-même qui va évoluer dans un

univers virtuel via Internet. Voici un article extrait du magazine Cerveau et Psycho de

juillet-août 2007, p. 16.

Doc. 1 Cerveau et Psycho, n°22 , juillet-août 2007

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Que pouvez-vous retenir de cet article ?

– L’origine du mot « avatar ».

– L’avatar permet d’« accéder à ses désirs sur un mode virtuel ».

– Le risque est grand de confondre le fantasme et la réalité.

Passons maintenant au troisième terme du thème.

3. « Faire voir : pour quoi ? »

Quel est le but de ces images dont nous sommes inondés ? Quels sont les objectifs

de ces mises en spectacle, de ce recours permanent au spectaculaire ? Pour quelles

raisons les nouvelles technologies sont-elles à ce point tournées vers la communication,

réelle ou virtuelle ?

Il y a bien sûr des fonctions simples à défi nir.

À vous de chercher !Faites correspondre à chaque fonction les moyens existants et indiquez au moins un

exemple précis en citant des titres de fi lms ou d’émissions.

Fonctions Moyens Exemples

Informer

Divertir

Dénoncer

Manipuler

Faire rêver

Inciter

au voyeurisme

Jouer sur

les émotions

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Reprenons ensemble

Voici un certain nombre de réponses possibles. À vous de juger !

Fonctions Moyens Exemples

InformerLes actualités, les reportages,

les documentaires

LCI (la Chaîne de l’Information),

«Reportages », « La marche du siècle » (program-

mation qui a cessé), « Envoyé spécial »

DivertirLes jeux télévisés, les jeux

vidéo sur Internet, le cinéma

Les jeux vidéo, le théâtre et les concerts retransmis

à la télévision, les « James Bond » au cinéma

DénoncerLe cinéma engagé, les repor-

tages, la télévision

Séries télévisées : Shoah, Holocauste ;

La Liste de Schindler ou Amen au cinéma.

Manipuler La télévision, Internet La désinformation, les mensonges sur la Guerre du

Golfe sur CNN, les sites révisionnistes sur Internet

Faire rêver

Les émissions sur les stars

et le monde du luxe, les fi lms

au cinéma

« Saga », la « Star académie »

Inciter au

voyeurismeLa télé-réalité

« Secret story », « L’Île de la tentation », la « Star

académie »

Jouer sur

les émotionsLa télé-réalité, les talk-shows

Certains fi lms et documentaires, la mise en scène

à la télévision hollandaise d’une femme choisissant

parmi des candidats à qui elle ferait un don d’or-

gane…

L’ essentielL’ essentiel

Le thème au programme de votre année de BTS est : Faire voir : quoi ? Comment ? Pour quoi ? À quoi renvoie chacun des termes de l’intitulé ? – « Faire voir » renvoie aux idées de spectacle, de mise en scène, de contrôle de ce qui est

montré et de la manière de montrer. L’expression implique la présence de quelqu'un qui montre et de quelqu'un qui regarde.

– « Quoi » invite à défi nir ce qui est montré. L’objet, l’événement, la personne accèdent au statut d’image. Notre manière de regarder, de percevoir mais aussi d’être en est nécessairement modifi ée. Les notions de vie privée et de vie publique sont parfois à redéfi nir.

– « Comment ? » pose la question des moyens utilisés pour mettre en lumière, en ima-ges ce qui est montré. L’évolution technologique de notre société a forcément une incidence sur notre façon de vivre et de penser.

– « Pour quoi » (et non « pourquoi ») insiste sur les buts dans lesquels image et specta-culaire sont ainsi mis en avant. Séduire, instruire, divertir, vendre sont autant de buts plus ou moins clairement affi chés. Les questions du public, de l’individu, de la liberté ou au contraire de l’aliénation apparaissent comme essentielles.

Venons-en maintenant aux textes qui vont nous permettre d’approfondir le thème sous

tous ses aspects.

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ACTIVITÉ 2 – Acquérir des connaissances par les textes et se confectionner des fi ches

➧ Se forger une culture à l’aide de documents variés

➧ Apprendre à confectionner des fi ches-bilans

1. Ce que l’on fait voir de soi aux autres : le culte du corps et de l’éternelle jeunesse

1.1. Un théoricien de l’artifi ce : Charles Baudelaire et son « Éloge

du maquillage », article extrait de Critiques

1.1.1. Qui est Charles Baudelaire ?

Portrait de Charles Baudelaire

– Né en 1821 et disparu en 1867.

– 1827 : Charles Baudelaire perd son père.

– 1828 : sa mère se remarie avec le général Aupick. C’est une blessure pour l’enfant qui n’appréciera pas son beau-

père.

– 1836 : il est élève au Collège Louis-le-Grand à Paris.

– 1839 : il obtient son baccalauréat.

– 1840 : il mène une vie de dandy au Quartier latin et rêve de devenir poète contre l’avis de sa famille.

– 1841 : son beau-père l’éloigne de Paris et le fait embarquer sur un paquebot en direction des Indes mais son voyage

s’arrêtera à l’Île Maurice (Île Bourbon à l’époque). Le poète en gardera le goût de l’exotisme.

– 1842 : Baudelaire dépense sans compter l’héritage paternel : alcool, amour, art. Il fait connaissance avec Jeanne

Duval, une métisse qu’il appellera sa « Vénus noire ».

– 1845-1846 : il publie de nombreux articles de critique et vit du journalisme d’art.

– 1847 : il rencontre Marie Daubrun, évoquée dans ses poèmes à travers son regard clair.

– 1851 : il dénonce le coup d’État de Napoléon III.

– 1852 : début de sa liaison passionnée avec Apollonie Sabatier, une femme mariée.

– 1857 : mort de son beau-père.

– 1857 : juin : publication du recueil des Fleurs du mal qui fait scandale. Août : procès en moralité. Baudelaire est

condamné. Plusieurs poèmes devront être retirés.

– 1864 : Baudelaire est en Belgique où il donne des conférences. Mais il est atteint par la syphilis et a de plus en plus

recours à la drogue.

– 1866 : il est atteint d’aphasie et d’hémiplégie.

– 1867 : il revient à Paris et meurt à 46 ans.

1.1.2. Éloge du maquillageÀ vous de chercher !

Lisez le texte ci-après et revenez ensuite sur le passage qui commence par « La femme

est bien dans son droit » et s’achève sur « avec une espèce de candeur ».

18 0187 ■ T04–1


Doc. 2 : L'éloge du maquillage

BAUDELAIRE Ch., AnnaBTS Français 2002

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➢ 1. Quel rôle le poète accorde-t-il au maquillage ?

➢ 2. Quel jugement porte-t-il sur la nature et sur l’artifi ce ?

➢ 3. Dans quelle mesure ce texte trouve-t-il sa place dans notre thème « faire

voir » ?

Reprenons ensemble

➢ 1. Le maquillage rend la femme « magique et surnaturelle ». Le poète voit la femme

comme une divinité qui doit avoir le monde à ses pieds.

➢ 2. Baudelaire est l’ennemi du naturel : il voit dans le maquillage un moyen de do-

miner la nature et presque un geste artistique. Le point de vue de Baudelaire est

esthétique et philosophique. Le maquillage donne un surcroît de charme à celle

qui en porte.

➢ 3. Par son éloge du maquillage, Baudelaire apparaît comme le précurseur du culte

du corps et de la recherche de la perfection physique : l’aboutissement en est

aujourd’hui la popularité des « top models » en couverture des magazines dont

les visages sont systématiquement retouchés dans un laboratoire spécialisé. Ne

parle-t-on pas d’« icône » de la mode, métaphore qui n’est pas très éloignée de

celle qu’emploie Baudelaire ?

1.2. La chirurgie esthétique ou l’obsession de l’apparence

1.2.1. Article « Venezuela, paradis des bistouris », de Rakel Sosa, extrait du Courrier de l’Unesco de juillet-août 2001

L’essor de la chirurgie esthétique de nos jours n’échappe à personne : les médias en font

régulièrement des émissions (notamment pour dénoncer les dangers de ce culte des

apparences), les vedettes du cinéma en abusent souvent de manière visible.

Ce phénomène ne touche pas que les femmes : que dire de la métamorphose de Michael

Jackson, méconnaissable si l’on compare les photos de ses vingt ans et celles de son

visage vingt ans après ?

Voici un article qui montre bien les excès où mène ce diktat de la beauté et de la jeu-

nesse.


Lisez l’article ci-après, puis complétez le résumé proposé.

20 0187 ■ T04–1


Doc. 3 1/2

0187 ■ T04–1 21


Doc. 3 2/2 Courrier de l'Unesco, juillet-août 2001

Le Venezuela se caractérise par le culte de la beauté : c’est ce que prouvent

………………………………. que le pays a remportés en 50 ans.

Se conformer au modèle …….……………………….. est pour les femmes un moyen

de ………………………………………………… . Le canon de la beauté consiste à être

………………………………………………… .

Malgré la grande misère qui règne dans ce pays, des sommes considérables sont consa-

crées à l’……………………. qu’on donne de soi.

Actuellement, les demandes en chirurgie esthétique ne portent pas seulement sur les

modifi cations du ……………………., mais sur le remodelage complet ……………………. .

Ainsi, pour maigrir, les ……………………………… sont très demandées.

Les femmes, insatisfaites de leur ………………………, voient la chirurgie esthétique

comme un moyen de s’affi rmer professionnellement. Certaines reconnaissent avoir pris

cette décision sous l’infl uence de ……………………….……………………….. . Beauté

rime alors avec ……………………. .

Dans cette confusion des valeurs, où le ………………….. fi nit par l’emporter sur

l’ ……………………., le Venezuela est devenu le royaume du ……………………………..,

mais risque d’y perdre son ………………………………….… .

22 0187 ■ T04–1


Reprenons ensemble

Le Venezuela se caractérise par le culte de la beauté : c’est ce que prouvent les titres de Miss monde et de Miss univers que le pays a remportés en 50 ans. Se conformer

au modèle américain est pour les femmes un moyen de promotion sociale. Le canon

de la beauté consiste à être blonde, mince, à avoir les yeux bleus, un petit nez et la peau claire.

Malgré la grande misère qui règne dans ce pays, des sommes considérables sont consa-

crées à l’apparence qu’on donne de soi.

Actuellement, les demandes en chirurgie esthétique ne portent pas seulement sur les

modifi cations du nez ou du buste, mais sur le remodelage complet de la silhouette. Ainsi,

pour maigrir, les gastroplasties sont très demandées.

Les femmes, insatisfaites de leur image, voient la chirurgie esthétique comme un moyen

de s’affi rmer professionnellement. Certaines reconnaissent avoir pris cette décision sous

l’infl uence de messages publicitaires télévisés. Beauté rime alors avec succès.

Dans cette confusion des valeurs, où le paraître fi nit par l’emporter sur l’être, le Venezuela

est devenu le royaume du paraître, mais risque d’y perdre son identité (son âme).

1.2.2. Un court essaiÀ vous de chercher !Voici un sujet d’entraînement au développement personnel : en dix ou douze lignes,

répondez à la question posée dans le cadre prévu ci-dessous.

Croyez-vous qu’on ne puisse échapper à l’infl uence des médias en matière de chirurgie

esthétique et de perfection physique ?

Cadre pour votre essai

0187 ■ T04–1 23


Reprenons ensemble

Les médias exercent une véritable infl uence sur le public. La presse magazine présente

une image idéalisée, voire factice, de la féminité : peu de vedettes échappent à la chirur-

gie esthétique et certaines ne s’en cachent pas, comme la chanteuse Cher ou encore

Michael Jackson.

Pour que les lectrices (ou les lecteurs) se conforment aux « tops modèles », de nouvelles

techniques toujours plus performantes sont vantées dans la presse féminine. Mais je

ne pense pas qu’il faille se laisser culpabiliser si on ne ressemble pas aux mannequins

ainsi mis en lumière : on n’est pas obligé de se renier en cherchant à avoir la bouche ou

le nez standard, ou un visage tellement tendu qu’il en devient grimaçant ! On peut aussi

craindre des complications liées à l’opération sur le plan de la santé, comme aussi la

perte de son identité à force de transformations.

Il me semble qu’il faut prendre le show-business et le monde des stars pour ce qu’ils

sont : des lieux où l’artifi ce est roi, où il faut briller sans être forcément soi. Certaines

publicités et photos sont artistiques et ne prétendent nullement être le refl et fi dèle de la

réalité : elles font rêver, c’est leur raison d’être. Ce sont des images qu’on peut admirer

en toute lucidité. Toute infl uence a ses limites !

1.3. Le corps transpercé et tatoué : ce qu’il dit et montre de soi aux autres

1.3.1. Article « Piercings, tatouages et implants », de Bernard Andrieu, extrait

du magazine Cerveau et psycho de juillet-août 2007

Cet article de fond analyse les pratiques qui visent à mettre en scène le corps selon un

axe chronologique : il y a donc matière à constituer une fi che très claire dans la mesure où

la démarche de l’auteur est très pédagogique et entre pleinement dans notre thème.

Une fi che-bilan a comme fonctions :

– d’aller à l’essentiel,

– de livrer des informations sous forme de notes afi n que la consultation soit facile et

agréable,

– de présenter un plan structuré pour une mémorisation effi cace.

Chacun a sa manière de constituer une fi che-bilan, comme une liste de courses ou un

mail : c’est personnel, mais il faut que ce soit pratique et précis en même temps.

Voici donc une manière de faire, à aménager à votre gré : vous pouvez aussi utiliser des

couleurs, souligner des idées essentielles, utiliser des lettres capitales pour les titres ou

certaines idées.

L’article proposé est long, d’où la diffi culté suivante : comment concilier concision (aller

à l’essentiel) et précision sans trahir l’intérêt de l’article ?

Je vais résumer la première moitié de l’article, jusqu’à la fi n du paragraphe « S’auto-

mutiler pour exister ». Vous serez chargé(e) de terminer ce travail et d’aller jusqu’à la

fi n de l’article.

Tout d’abord, lecture du texte !

24 0187 ■ T04–1


Doc. 4 1/3

0187 ■ T04–1 25


Doc. 4 2/3

26 0187 ■ T04–1


Doc. 4 3/3 Cerveau & Psycho, n°22, juillet-août 2007

0187 ■ T04–1 27


Passons maintenant à la fi che.

À vous de chercher !À vous de compléter cette fi che en étudiant la fi n de l’article. Soyez aussi concis(e) que

vous le pouvez : utilisez le moins de phrases possible !

Fiche-bilan

Ce que l’individu fait voir de lui : le culte du corps

Article « Piercings, tatouages et implants » de Bernard Andrieu, extrait de Cerveau et psycho, de juillet-août 2007.

I – Historique

– Piercing, tatouages, scarifi cations et implants : pratiques ancestrales, connues chez

les Mayas, les Papous et les Massaïs – idem en Europe (momie congelée portant

des marques corporelles découverte en 1991 dans les Alpes italo-autrichiennes).

– Tableaux des XIVe, XVe et XVIe siècles : anneaux, chaînes sur le corps. Sur les tableaux,

ces objets sont attribués à des personnages hostiles à la foi chrétienne.

– Occident : tatouage concerne matelots, soldats et bagnards, ceux qui connaissent

de gré ou de force des horizons lointains et sont au contact de peuples primitifs.

– Piercing : né en Occident avec le mouvement punk dans les années 70, puis associé à

la musique techno. Maintenant réhabilité en tant que bijou et marque d’originalité.

– Actuellement : piercing = « un acte volontaire et revendicatif ».

II – Des corps étrangers sous la peau

– Implants sous-cutanés : utilisés dans le cadre du « body art », mouvement né dans

les années 60, où le corps devient un matériau de création. Ils se sont surtout dé-

veloppés en Grande-Bretagne et aux États-Unis.

– C’est un objet introduit dans le corps lors d’une opération chirurgicale pour créer un

effet de relief et y accrocher éventuellement un bijou. Ces objets peuvent être des

billes, des tiges, des plaques en acier ou en silicone.

– Dans les années 60, le corps est devenu pour les jeunes un moyen d’expression où

on raconte sa propre histoire : c’est une sorte de livre offert au regard des autres : il

s’agit bien de faire voir et de faire comprendre un message.

– Le corps est vu comme une œuvre d’art par laquelle l’individu se construit une nou-

velle identité, choisie et assumée, interprétation qui contredit celle des psychologues

qui voient dans le tatouage une destruction du corps naturel.

– Depuis quelques dizaines d’années, on observe un culte du corps que chacun veut

façonner selon ses désirs de manière à ce qu’il soit vu : en transformant son corps

on se transforme soi-même.

– À travers le sport, la danse, les vêtements, le piercing, le corps est modelé désormais

dans sa chair et non seulement au niveau des apparences.

– Aujourd’hui, la métamorphose du corps va jusqu’à l’amputation qui n’épargne aucune

partie du corps.

– Quelle est la clientèle de ces pratiques ? Elle est plutôt jeune mais de toutes condi-

tions sociales. La clientèle s’est multipliée, tout comme les centres de tatouage et de

piercing : il a fallu légiférer pour garantir des conditions d’hygiène aux clients.

28 0187 ■ T04–1


III – S’automutiler pour exister

– Succès croissant du piercing et des tatouages auprès des adolescents.

– Tatouage : il est porteur de nouvelles fonctions : une recherche esthétique et un signe

de la société de consommation.

– Les marques sur le corps n’ont plus d’autres signifi cations que ludiques ou ironi-

ques.

Pourquoi cet engouement pour ces pratiques ?

– Selon un sociologue, elles ont « une fonction de construction de soi », « de dimen-

sion identitaire ».

– Une mise en scène du corps ludique et érotique.

– Une diffi culté à s’accepter tel qu’on est : une tentative de se forger une nouvelle

identité corporelle.

– Un geste narcissique où l’érotisation est tournée vers soi et non vers les autres.

IV – Liberté du corps ou contraintes librement consenties

0187 ■ T04–1 29


Reprenons ensemble

Lisez la fi che entièrement complétée et comparez la dernière partie proposée avec ce

que vous avez trouvé par vous-même.

Fiche-bilan

Ce que l’individu fait voir de lui : le culte du corps

Article « Piercings, tatouages et implants » de Bernard Andrieu, extrait de Cerveau et psycho, de juillet-août 2007.

I – Historique

– Piercing, tatouages, scarifi cations et implants : pratiques ancestrales, connues chez

les Mayas, les Papous et les Massaïs – idem en Europe (momie congelée portant

des marques corporelles découverte en 1991 dans les Alpes italo-autrichiennes).

– Tableaux des XIVe, XVe et XVIe siècles : anneaux, chaînes sur le corps. Sur les tableaux,

ces objets sont attribués à des personnages hostiles à la foi chrétienne.

– Occident : tatouage concerne matelots, soldats et bagnards, ceux qui connaissent

de gré ou de force des horizons lointains et sont au contact de peuples primitifs.

– Piercing : né en Occident avec le mouvement punk dans les années 70, puis associé à

la musique techno. Maintenant réhabilité en tant que bijou et marque d’originalité.

– Actuellement : piercing = « un acte volontaire et revendicatif ».

II – Des corps étrangers sous la peau

– Implants sous-cutanés : utilisés dans le cadre du « body art », mouvement né dans

les années 60, où le corps devient un matériau de création. Ils se sont surtout dé-

veloppés en Grande-Bretagne et aux États-Unis.

– C’est un objet introduit dans le corps lors d’une opération chirurgicale pour créer un

effet de relief et y accrocher éventuellement un bijou. Ces objets peuvent être des

billes, des tiges, des plaques en acier ou en silicone.

– Dans les années 60, le corps est devenu pour les jeunes un moyen d’expression où

on raconte sa propre histoire : c’est une sorte de livre offert au regard des autres : il

s’agit bien de faire voir et de faire comprendre un message.

– Le corps est vu comme une œuvre d’art par laquelle l’individu se construit une nou-

velle identité, choisie et assumée, interprétation qui contredit celle des psychologues

qui voient dans le tatouage une destruction du corps naturel.

– Depuis quelques dizaines d’années, on observe un culte du corps que chacun veut

façonner selon ses désirs de manière à ce qu’il soit vu : en transformant son corps

on se transforme soi-même.

– À travers le sport, la danse, les vêtements, le piercing, le corps est modelé désormais

dans sa chair et non seulement au niveau des apparences.

– Aujourd’hui, la métamorphose du corps va jusqu’à l’amputation qui n’épargne aucune

partie du corps.

– Quelle est la clientèle de ces pratiques ? Elle est plutôt jeune mais de toutes condi-

tions sociales. La clientèle s’est multipliée, tout comme les centres de tatouage et de

piercing : il a fallu légiférer pour garantir des conditions d’hygiène aux clients.

30 0187 ■ T04–1


III – S’automutiler pour exister

– Succès croissant du piercing et des tatouages auprès des adolescents.

– Tatouage : il est porteur de nouvelles fonctions : une recherche esthétique et un signe

de la société de consommation.

– Les marques sur le corps n’ont plus d’autres signifi cations que ludiques ou ironi-

ques.

Pourquoi cet engouement pour ces pratiques ?

– Selon un sociologue, elles ont « une fonction de construction de soi », « de dimen-

sion identitaire ».

– Une mise en scène du corps ludique et érotique.

– Une diffi culté à s’accepter tel qu’on est : une tentative de se forger une nouvelle

identité corporelle.

– Un geste narcissique où l’érotisation est tournée vers soi et non vers les autres.

IV – Liberté du corps ou contraintes librement consenties

– Trois types de modifi cations du corps : la déformation consiste à imposer au corps

une marque sociale (piercing, vêtement) ; l’information consiste à marquer le corps

par un insigne identitaire (tatouage, bracelet électronique) ; la reformation consiste

à réparer le corps en le modifi ant (chirurgie esthétique, implants).

– Le fi lm eXistenZ montre les transformations de soi sur le plan corporel mais aussi sur

le plan moteur ou mental : les joueurs d’un jeu vidéo sont reliés à un monde virtuel

par une console, un « pod », une masse de tissus vivants qui se connecte au système

nerveux du joueur. Le fi lm repose sur la confusion entre le réel et le virtuel.

– Le processus de transformation du corps relève de l’hybridation : l’individu a un

sentiment de toute puissance sur lui-même car il peut modifi er l’image de son corps

par la chirurgie esthétique. En modifi ant ses hybrides, il recherche des performances

toujours plus visibles, ce qui peut conduire au dopage.

– Au gré des découvertes biotechnologiques, l’individu démultiplie ses identités pos-

sibles : on parle alors de « corps mutant ».

– La volonté de l’individu est d’affi rmer son altérité, sa différence par des artifi ces qui

le singularisent et qui se voient. Cette tendance à l’hybridation prouve que le corps

tel que la nature le façonne n’est pas un déterminisme fi gé, mais qu’il évolue sous

l’infl uence de l’environnement, selon le milieu, les lieux et le temps.

– Cette métamorphose du corps et de l’image corporelle ne va pas sans poser des

questions identitaires.

0187 ■ T04–1 31


2. Faire voir pour informer ? Le journal télévisé, une grand-messe au service de l’information spectacle ?

Bien évidemment, dès lors que l’on aborde le thème de l’image, on pense à la télévision :

c’est le média le moins cher (pensons au prix d’une place de cinéma !), le plus populaire

(il reste peu de foyers avec une seule télévision et non plusieurs), le plus puissant aussi

(puissance démultipliée par les centaines de chaînes qui existent et par la diversité des

programmes proposés).

Mais le succès de la télévision n’a d’égale que la polémique qu’elle suscite très régulière-

ment. Des interrogations pèsent sur la manière dont elle est utilisée : sa mission est-elle

bien d’informer ? En a-t-elle les moyens ? En a-t-elle la volonté ? Sa mission n’interfère-

t-elle pas avec des exigences fi nancières, avec le diktat de la rentabilité ?

Examinons de plus près ces questions !

La télévision délivre des informations sur tous les domaines : documentaires, actualité,

fi lms… Les catégories sont très nombreuses.

Nous nous intéresserons en premier lieu au journal télévisé, appelé parfois « la grand-

messe » du 13 heures ou du 20 heures.

2.1. Le journal télévisé : son image, ses images

Voici un premier texte qui permet de cerner les enjeux et les dérives de ce lieu informa-

tionnel. Nous en ferons une étude complète car ce texte, par sa richesse et la pertinence

de son analyse, est susceptible d’entrer dans de nombreuses problématiques liées au

thème.

L’article est long mais très bien construit. Le vocabulaire aussi mérite qu’on s’y arrête :

c’est le sens du travail que nous allons mener ensemble.

Article d’Ignacio Ramonet, intitulé « S’informer fatigue » publié dans Le Monde diplo-matique en octobre 1993.

Qui est Ignacio Ramonet ?

Portrait d’Ignacio Ramonet

– Il est né en 1943, en Galice, en Espagne.

– Il est journaliste, directeur du mensuel Le Monde diplomatique depuis 1991 et fondateur du mouvement Attac.

– Il travaille en France depuis 1972, est docteur en sémiologie, diplômé de l’École des Hautes Études en sciences sociales

de Paris.

– Il a fait partie des promoteurs du Forum social de Porto Alegre autour du slogan « Un autre monde est possible ».

2.2. Analyse de l’article d’Ignacio Ramonet : approche par le vocabulaire


Voici le texte qui permet une approche claire et assez complète des questions que pose

l’image dans le journal télévisé.

32 0187 ■ T04–1


Doc. 5 1/2

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Doc. 5 2/2 Français BTS, Hachette éducation

Lisez l’article d’Ignacio Ramonet et cherchez le sens des mots ou références que le texte

comporte et qui fi gurent dans la liste ci-après. J’ai indiqué le paragraphe où se trouve

chacun des mots.

Vous formulerez l’explication du sens avec vos propres mots ou utiliserez un diction-

naire.

34 0187 ■ T04–1


Bien sûr, il est tentant pour vous d’aller à la rubrique suivante, que maintenant vous

connaissez, pour lire directement les réponses. Mais c’est plus formateur pour vous

de prendre le temps de vous interroger sur le sens des mots et de consulter un diction-

naire.

Souvent, les jeunes et les adultes se plaignent du manque de vocabulaire, manque dont

ils sont conscients. Cet exercice aura pour fonction d’enrichir votre vocabulaire : dans

cette optique, faire cette recherche marquera plus votre mémoire que la simple lecture,

passive, des explications de vocabulaire.

En espérant avoir pu vous convaincre, voici les mots qui méritent de retenir votre atten-

tion.

Mots à expliquer § Vos explications

Une révolution copernicienne 3

Jubilatoire 3

Emblématisation 3

Nolens volens 4

La scansion 5

Le charnier de Timisoara 6

La guerre du Golfe 6

Vain 7

Discours pléthorique 8

Une démocratie cathodique 8

La surinformation 9

La désinformation 9

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Reprenons ensemble

Mots à expliquer § Vos explications

Une révolution copernicienne 3

Copernic (1473-1543) : il a formulé, dans un traité, l’idée du

mouvement de la Terre et des autres planètes autour du soleil. Il

rompt avec le système géocentrique du monde.

Une révolution copernicienne est une métaphore qui désigne un

bouleversement des données ou des croyances.

Jubilatoire 3 Qui provoque une joie intense et expansive.

Emblématisation 3Un emblème est un symbole. Une emblématisation est l’action

de transformer un fait en image symbolique.

Nolens volens 4Expression latine signifi ant « bon gré mal gré » – nolens : « sans

le vouloir » – volens : « en voulant ».

La scansion 5 Le rythme.

Le charnier de Timisoara 6

En 1989, la Roumanie se révolte contre le dictateur Nicolae Ceau-

sescu et sa femme Elena. Les médias ont annoncé la découverte

d’un charnier à Timisoara dont les corps étaient atrocement mu-

tilés. L’information impute ces actes au couple au pouvoir.

Une enquête ultérieure a démontré une manipulation médiatique

dans la mesure où il s’agissait de corps autopsiés et jetés dans

une fosse commune : le culte du « scoop », de l’exclusivité a primé

sur la vérifi cation rigoureuse de l’information. Ce scandale a fait

date dans les annales de la télévision occidentale.

La guerre du Golfe 6

En 1991, la chaîne de télé de Ted Turner, CNN, a proposé des

images de la guerre 24 heures sur 24 en truquant les images.

Les spécialistes ont reconnu l’insertion d’images d’autres guerres

pour maintenir les spectateurs en haleine.

Vain 7 Inutile.

Discours pléthorique 8 Pléthorique signifi e « d’une abondance excessive ».

Une démocratie cathodique 8

Le tube cathodique est l’un des constituants du poste de télévision.

Par métaphore, il s’agit de démocraties dont le vrai pouvoir n’est

pas aux mains du peuple mais des médias.

La surinformation 9 Excès d’information – matraquage de l’information.

La désinformation 9 Donner de fausses informations.

36 0187 ■ T04–1


2.3. Approche par la structure de l’article


Nous voici aux abords du texte : nous allons étudier tout d’abord le plan d’ensemble.

En effet, la construction de ce texte guide son sens. Vous répondrez aux trois questions

suivantes.

➢ 1. Relevez les mots de liaison, notamment ceux qui sont placés au début des para-

graphes : soulignez-les sur le texte. Quel est leur sens ?

➢ 2. Combien de changements l’auteur examine-t-il successivement dans l’informa-

tion ?

➢ 3. Soulignez trois phrases qui montrent la victoire des images sur le texte et sur la

presse écrite en particulier.

Reprenons ensemble

➢ Question 1

– § 1 – « Pour quelles raisons ? » : l’auteur va rechercher les causes de la crise que

traverse la presse écrite.

– § 2 – « En premier lieu » : 1er changement – état de l’information avant l’invasion de

la télévision : « jusqu’il y a peu ».

– § 3 – « désormais » : état de l’information actuellement.

On conclut que les § 2 et 3 sont les deux volets d’une même idée.

– § 5 – « également » : une 2e mutation est évoquée.

– § 8 – « Enfi n » : dernier élément d’une liste.

– § 9 – « Pour trois raisons » : « d’abord », « ensuite », « enfi n ».

➢ Question 2

– § 1 : Introduction : pourquoi cette crise de la presse écrite ?

– § 2 et 3 : 1er changement : le sens du mot « informer ».

– § 4 : 2e changement : le sens du mot « actualité ».

– § 5 : 3e changement : le rythme de l’information.

– § 6 et 7 : 4e changement : l’authenticité de l’information.

– § 8 : 5e changement : le statut du journaliste.

– § 9 : Conclusion : un malentendu sur le sens du mot « informer ».

➢ Question 3

– « La télévision construit l’actualité, provoque le choc émotionnel et condamne prati-

quement les faits orphelins d’images au silence, à l’indifférence. » (§ 4)

– « Dans le nouvel ordre des médias, les paroles ou les textes ne valent pas les

images. »

– « Ainsi s’établit petit à petit la trompeuse illusion que voir, c’est comprendre. »

2.4. Les idées essentielles de l’article… et quelques citations

Quelles idées faut-il retenir de cet article, dont nous avons déjà cerné l’orientation ? En

voici les principales. À vous de sélectionner des formules de l’article à mémoriser en

vue de les citer éventuellement dans un développement personnel. Faites-vous votre

« banque » de citations !

J’ai indiqué, à titre indicatif, les paragraphes où ce type de formules est le plus évident.

0187 ■ T04–1 37



§ 1 Crise de la presse écrite : pourquoi ?

Cause = les fondements du métier de journaliste

ont été bouleversés

§ 2 et 3 1er changement : le sens du mot « in-

former »

– § 2 : Naguère : informer = raconter et analyser un

événement.

– Mission de la presse écrite = amener au lecteur

des explications, des éclairages, fournir une

analyse.

– § 3 : Mais aujourd’hui ce principe est révolu : le

journal a dénaturé l’information : les règles ont

changé.

– Ces nouvelles règles sont :

1. le culte du direct : les images évincent les com-

mentaires du journaliste ; le spectateur croit à tort

que les images sont « parlantes » et qu’il est un

acteur de l’événement.

2. la simplifi cation et l’appauvrissement de l’infor-

mation : les médias retiennent un fait à condition

qu’il s’accompagne d’images symboliques et spec-

taculaires. Toute analyse de fond est bannie : c’est

la dictature de l’image.

§ 3 : Citations à repérer

§ 4 2e changement : le sens du mot

« actualité »

– Nécessaire sélection des informations à diffuser :

c’est la télévision qui maintenant dicte ses choix :

la presse écrite est condamnée à les entériner

– La télévision fabrique l’actualité en fonction des

images : téléspectateur invité à apprécier un fait

selon le poids des images diffusées = fausse

échelle de valeurs

– Montrer des images = loi absolue


38 0187 ■ T04–1


§ 5 3e changement : le rythme

de l’information

– Les médias audiovisuels ont imposé la règle du

direct : la presse écrite ne trouve pas sa place

– Faiblesses de la presse écrite : 1. en décalage avec l’événement (toujours en

retard)

2. par manque de temps elle ne peut proposer

aucune analyse pertinente : elle est un simple écho

de la télévision.

§ 6 et 7 4e changement : l’authenticité

de l’information

§ 6 : avant : information fi able, précise et vérifi ée

aujourd’hui : information jugée valable si les médias

la reprennent à l’unisson : des manipulations de

l’information ont déjà été commises.

§ 7 : la presse écrite a perdu sa vocation : les mé-

dias forment une grande famille dont aucun mem-

bre n’a un rôle défi ni. Chacun s’inspire de l’autre.

Deux références historiques à retenir

§ 8 5e changement : le statut du journaliste

Les journalistes sont concurrencés par toutes les

instances de la société qui ont découvert l’art de

communiquer : les médias eux-mêmes peuvent

être abusés habilement.

§ 9 Conclusion : les erreurs des télé-

spectateurs

– Les gens s’imaginent informés une fois rassasiés

dans la passivité de leur fauteuil.

– Or, c’est un leurre : trois arguments1. le journal télévisé ressemble à un divertisse-

ment : c’est un feuilleton moderne

2. l’individu est noyé sous un fl ot d’informations

très superfi cielles

3. s’informer est incompatible avec le fait d’être

passif devant sa télévision : seule une démarche

volontaire basée sur la curiosité, l’analyse et le recul

fera du spectateur un citoyen averti.


0187 ■ T04–1 39


Reprenons ensemble

§ 1 Crise de la presse écrite : pourquoi ?

Cause = les fondements du métier de journaliste

ont été bouleversés

§ 2 et 3 1er changement : le sens du mot

« informer »

– § 2 : Naguère : informer = raconter et analyser un

événement

– Mission de la presse écrite = amener au lecteur

des explications, des éclairages, fournir une

analyse.

– § 3 : Mais aujourd’hui ce principe est révolu : le

journal a dénaturé l’information : les règles ont

changé.

– Ces nouvelles règles sont :

1. le culte du direct : les images évincent les com-

mentaires du journaliste ; le spectateur croit à tort

que les images sont « parlantes » et qu’il est un

acteur de l’événement.

2. la simplifi cation et l’appauvrissement de l’infor-

mation : les médias retiennent un fait à condition

qu’il s’accompagne d’images symboliques et spec-

taculaires. Toute analyse de fond est bannie : c’est

la dictature de l’image.


– « Le journal télévisé, grâce notamment à son

idéologie du direct et du temps réel, a imposé peu

à peu une conception radicalement différente de

l’information. »

– « Ainsi s’établit, petit à petit, la trompeuse illusion

que voir, c’est comprendre. »

– « Une affl igeante fascination pour les images,

"tournées en direct", d’événements réalistes,

même s’il ne s’agit que de faits divers violents et

sanglants. »

§ 4 2e changement : le sens du mot

« actualité »

– Nécessaire sélection des informations à diffuser :

c’est la télévision qui maintenant dicte ses choix :

la presse écrite est condamnée à les entériner.

– La télévision fabrique l’actualité en fonction des

images : téléspectateur invité à apprécier un fait

selon le poids des images diffusées = fausse

échelle de valeurs.

– Montrer des images = loi absolue.


– « Peu à peu s’établit dans les esprits l’idée que

l’importance des événements est proportionnelle

à leur richesse en images. »

– « Dans le nouvel ordre des médias, les paroles ou

les textes ne valent pas les images. »

§ 5 3e changement : le rythme

de l’information

– Les médias audiovisuels ont imposé la règle du

direct : la presse écrite ne trouve pas sa place.

– Faiblesses de la presse écrite : 1. en décalage avec l’événement (toujours en

retard)

2. par manque de temps elle ne peut proposer

aucune analyse pertinente : elle est un simple écho

de la télévision.

40 0187 ■ T04–1


§ 6 et 7 4e changement : l’authenticité

de l’information

§ 6 : avant : information fi able, précise et vérifi ée

aujourd’hui : information jugée valable si les médias

la reprennent à l’unisson : des manipulations de

l’information ont déjà été commises.

§ 7 : la presse écrite a perdu sa vocation : les mé-

dias forment une grande famille dont aucun mem-

bre n’a un rôle défi ni. Chacun s’inspire de l’autre.

Deux références historiques à retenir

« C’est ainsi, on s’en souvient, que furent construits

le mensonge du "charnier de Timisoara" et tous

ceux de la guerre du Golfe. »

§ 8 5e changement : le statut du journaliste

Les journalistes sont concurrencés par toutes les

instances de la société qui ont découvert l’art de

communiquer : les médias eux-mêmes peuvent

être abusés habilement.

§ 9 Conclusion : les erreurs des téléspecta-

teurs

– Les gens s’imaginent informés une fois rassasiés

dans la passivité de leur fauteuil.

– Or, c’est un leurre : trois arguments1. le journal télévisé ressemble à un divertisse-

ment : c’est un feuilleton moderne.

2. l’individu est noyé sous un fl ot d’informations

très superfi cielles.

3. s’informer est incompatible avec le fait d’être

passif devant sa télévision : seule une démarche

volontaire basée sur la curiosité, l’analyse et le recul

fera du spectateur un citoyen averti.


– « Le journal télévisé, structuré comme une

fi ction, n’est pas fait pour informer, mais pour

distraire. »

– « S’informer fatigue, et c’est à ce prix que le ci-

toyen acquiert le droit de participer intelligemment

à la vie démocratique. »

2.5. Un court essai


Vous relativiserez le point de vue d’Ignacio Ramonet lorsqu’il dénonce le voyeurisme

qu’encourage le journal télévisé par la formule : « Une telle conception conduit à une

affl igeante fascination pour les images, "tournées en direct", d’événements réalistes,

même s’il ne s’agit que de faits divers violents et sanglants ».

Vous privilégierez les arguments. Il n’est pas nécessaire dans cet exercice de rédiger

l’introduction ni la conclusion.

Vos arguments pourront tenir en une dizaine de lignes : rédigez-les sur une feuille à

part !

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Reprenons ensemble Voici quelques idées possibles : ce n’est pas un modèle mais un exemple de dévelop-

pement personnel.

On ne peut nier que le journal télévisé, qui obéit à la loi de l’audimat, a tendance à

privilégier les images choquantes ou les scoops en matière d’information. Ce sont les

images porteuses d’émotions, voire tragiques, tournées en direct de préférence, qui ont

la faveur du public. On se souvient des images de cette petite fi lle Colombienne qui est

morte devant les caméras, en 1985, victime d’une gangue de boue après l’éruption du

volcan Nevado Del Ruiz. Les secours ne sont pas arrivés à temps, la fi llette est morte de

froid et d’épuisement après avoir clamé au monde entier qu’elle ne voulait pas mourir. Sa

mort et les images qu’elle a suscitées à la télévision et dans la presse écrite ont laissé

un profond malaise chez les journalistes.

Pourtant, on ne peut réduire la fonction du journal télévisé à cette seule dérive. En effet,

nombre de gens ne lisent pas le journal – ce que l’on peut déplorer mais le constat est

là – et la télévision est leur seul point de rendez-vous avec le monde et les faits qui s’y

déroulent. La plupart des informations sont vérifi ées, fi ables, les journalistes n’ayant pas

pour vocation d’être des acteurs au service d’une mascarade. Les images sont certes

un support très utilisé, mais parfois à des fi ns pédagogiques lorsque les médias nous

présentent des cartes géographiques pour situer l’événement ou l’état des lieux après

un événement. Les images chocs du 11 septembre 2001 ont certes été surexploitées

pour leur caractère spectaculaire et inédit, mais on peut objecter que l’Occident a pris

conscience de sa fragilité et du jusqu’au-boutisme des terroristes. Le traumatisme est

bien là, et pas seulement en Amérique ; mais s’il y avait eu moins d’images sur ce drame

humain, on aurait certainement reproché aux Américains d’occulter leurs faiblesses au

nom de leur impérialisme.

Les images et leur toute-puissance font débat, mais c’est également une condition de la

démocratie, laquelle n’est pas à l’abri de manipulations volontaires ou de négligences.

Le recul et la vigilance s’imposent et il est loisible à chacun d’ouvrir un livre d’histoire ou

de consulter les journaux.

Lorsque vous rédigez un texte, même court, même au brouillon, n’oubliez pas de

ménager des paragraphes et de créer des alinéas !

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2.6. Un peu de lecture sur les attentats du 11 septembre 2001 : analyse de

l’impact des images

Article intitulé « Catastrophes en direct : quelles réactions ? » de Nicolas Journet, extrait

de la revue Sciences Humaines, décembre 2003/janvier-février 2004 (hors-série).

Doc. 6 Science Humaines, HS 43, dec. 2003/jan. fev. 2004

3. Faire voir le pire ? Le triomphe de la télé-réalité

3.1. Un peu d’histoire sur ce genre d’émission

Nous connaissons tous le terme de télé-réalité. L’exemple le plus ancien qui nous vient

à l’esprit est « Loft story ». De quelle année date cette émission de télé-réalité ? 1999,

déjà !

Voyons de plus près une défi nition accompagnée d’un bref historique.

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Petite histoire de la télé-réalité

– Défi nition : La sociologue Monique Dagnaud a défi ni cette émission dans le magazine Label France en ces

termes : « Ce sont des émissions qui font du spectacle avec la vie des gens ordinaires, en particulier avec

leur intimité. » Dans les années 1980-1990, ces émissions étaient surtout constituées de témoignages ou de

confessions de personnes qui exposaient leurs problèmes ou leurs souffrances d’ordre privé : les reality shows.

Aujourd’hui, la télé-réalité est davantage constituée de divertissements où les participants sont placés dans

des situations de compétition donnant souvent lieu à des procédures d’élimination. On observe les réactions

psychologiques ou physiques des candidats soumis à un certain nombre d’épreuves. Ce que l’on teste, c’est

leur vulnérabilité. Ces jeux permettent de gagner des prix. Dans le cas de « Loft story », le prix à gagner est

tout simplement le fait de passer à l’écran, c’est-à-dire la notoriété médiatique qui s’y rapporte.

– Une histoire qui a trente ans

1) L’ancêtre du genre date de 1973 : « An American Family » montre la vie d’une famille aisée de Santa Bar-

bara, la famille Loud, en plusieurs épisodes.

2) 1974 : la BBC diffuse la série « The Family », histoire d’une famille ouvrière.

3) 1992 : la chaîne américaine MTV fi lme pour la première fois des anonymes en dehors de leur cadre de vie

réel : « The Real World ».

4) 1999 : la chaîne hollandaise Veronica lance « Big Brother ». Pour la première fois les épisodes se déroulent

en temps réel. Le producteur de cette émission se nomme « Endemol »…

5) 1999 : en France, inspiré de « Big Brother », est créé « Loft Story ». Succès et scandale sont énormes.

6) 2003 : « Star Academy » est le résultat de « Popstar » (né en 1999 en Nouvelle-Zélande pour former de

jeunes talents) et du vote des téléspectateurs.

7) 2007 : un canular est mis en scène par une chaîne hollandaise sur le thème du don d’organes : des patients

en fi n de vie devaient choisir à qui ils donneraient leur rein post-mortem ! La chaîne a révélé sa supercherie

prétendument destinée à sensibiliser le public au don d’organes.

8) 2007 : nouveau scandale en Hollande autour de la télé-réalité intitulée « La cage dorée » : tout est fi lmé,

sans exception, et diffusé. Violences, insultes, abus en tous genres. Les politiques protestent mais le taux

d’audience atteint un record. C’est la fi n de l’intimité et le retour à la loi de la jungle.

3.2. Analyse de l’article « Big Brother », d’Ignacio Ramonet, Manière de voir, mai-juin 2002

Voici un article long mais dont l’auteur ne vous est pas inconnu : nous avons déjà étudié

un article de ce journaliste. Dans son article « S’informer fatigue », Ramonet dénonçait

le culte du direct et de l’image dans le journal télévisé.

Le titre non plus ne vous est pas étranger : vous venez de lire un résumé du roman d’an-

ticipation 1984, dont l’auteur George Orwell est l’inventeur du personnage de dictateur

« Big Brother » (« Grand frère » en anglais). Mais cette image rassurante de grand-frère

protecteur constitue en réalité une antiphrase car ce grand frère qui cultive autoritarisme,

violence et coercition n’a rien de fraternel !

Lisez cet article très virulent et très documenté sur la portée d’une émission comme

« Loft Story ».

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Doc. 7 1/4

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Doc. 7 2/4

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Doc. 7 3/4

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Doc. 7 4/4 Manière de voir, mai-juin 2002

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À vous de chercher !Les questions qui suivent ne respectent pas le déroulement de l’article. Mon but n’est

pas de vous embarrasser mais de préparer une fi che sur la télé-réalité. La mise en forme

est destinée à vous faciliter la tâche.

Questions Réponses

Quel fi lm peut être considéré comme l’ancêtre du

voyeurisme ?

Indiquez quatre principes de base de « Loft

story ».

–

–

–

–

Qui a contribué à faire de cette émission un phé-

nomène de société ?

Montrez que, par défi nition, une émission de télé-

réalité présente des héros types, fabriqués sur

mesure.

Quels sentiments contradictoires une émission

de télé-réalité veut-elle provoquer chez le spec-

tateur ?

Repérez et expliquez la formule d’Annie Le Brun.

– Formule :

– Sens :

Citez deux titres de fi lms sur l’intimité livrée au

public.

–

–

Quelles séries américaines à succès s’inspirent de

la mise en scène de l’intimité ?

Pourquoi l’auteur évoque-t-il « la généralisation

d’un conformisme de l’abjection » ? Expliquez

cette formule.

Reprenons ensemble

Voici les réponses aux questions. Elles sont présentées sous forme d’une fi che, ce qui

impose de rappeler les références de l’article.

culture générale et expression -...

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