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3/2010 HENRY DUNANT En avance sur son temps Un bol d’air dans le mara- thon quotidien Bons de respiration pour parents Prévenir la noyade chez les jeunes enfants Les joies de l’eau en toute sécurité La dignité humaine en point de mire Caspar Martig

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Bienvenue dans l’univers de la Croix-Rouge suisse (CRS)!

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Page 1: CRS Magazine Humanité 3/2010

3/2010

HENRY DUNANT

En avance sur son temps

Un bol d’air dans le mara-thon quotidien

Bons de respiration pour parents

Prévenir la noyade chez les jeunes enfants

Les joies de l’eau en toute sécurité

La dignité humaine en point de mire

Caspar Martig

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RepoRtage – Henry Dunant 4 enavancesursontemps 9 Undestinlumineuxettragique10 Interview–«Ilétaitartisteetvisionnaire»

14 eNgagemeNt – Bruni Jacobs, fidèle donatrice de vieil or Uneaidediscrète

16 RéalItés – Bons de respiration pour parentsUnbold’airdanslemarathonquotidien

20 RéalItés – TibetHenry«Donam»surletoitdumonde

22 coNvIctIoN – Le troisième Principe fondamentallevolontariatcréedulien

24 RéalItés – Les joies de l’eau en toute sécuritéprévenirlanoyadechezlesjeunesenfants

26 témoIgNage – Caspar Martig, photographeladignitéhumaineenpointdemire

29 pêle-mêlelalongeolegenevoisepagejeux/caricature

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ImpressumHumanité,3eéditionaoût2010

ISSN 1664-2015

Photo de couverture: Vogt-Schild AG pour la CRS Verso: CRS, Tschad 1988

Editeur: Croix-Rouge suisse, Rainmattstrasse 10, Case postale, 3001 BerneTéléphone 031 387 71 11, [email protected], www.redcross.ch

Dons: CP 30-9700-0

Notification de changement d’adresse: par courrielà [email protected] ou par téléphone au 031 387 71 11

Adresse de la rédaction: Croix-Rouge suisse,Rédaction Humanité, Case postale, 3001 Berne, [email protected], www.magazine-humanite.ch

Rédaction: Tanja Pauli (rédactrice en chef),Urs Höltschi (Levée de fonds), Hana Kubecek (Santé et intégration), Ludger Philips, (Weboffice), Christine Rüfenacht (Secrétariat national des associations cantonales), Karl Schuler (Coopération internationale), Christina Williamson (Communication)

Contributions à la présente édition: Wanda Arnet,Philippe Bender, Annette Godinez, Annemarie Huber-Hotz, Markus Mader, Marco Ratschiller, Isabelle Roos, Katharina Schindler, Michael Walther, Renate Matthews

Abonnement: L’abonnement coûte 6 CHF par an et est offert aux donateurs de la CRS.Parution: trimestrielleLangues: français et allemandTirage: 107 000 exemplairesCopyright sur toutes les photos sans indication:Croix-Rouge suisse

Traduction: Service de traduction CRSMaquette: Effact AG, ZurichGraphisme et impression: Vogt-Schild Druck AG, Derendingen

Prochaine édition: Décembre 2010

IMO-COC-025036

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RUBRik

Comment rendre justice à Henry Dunant?

ÉDiToRiAL

Chère lectrice, cher lecteur,

Oui, un homme peut à lui seul rendre le monde meilleur. Henry Dunant, fondateur de la Croix-Rouge, en est la preuve. Il a réalisé un rêve nourri par beaucoup: accomplir quelque chose de grand, pour le bien de l’Humanité. Survivant au pas-sage du temps, son œuvre ne peut être emportée par le flot de l’actualité. Certes, de tels êtres sont des diamants rares brillant au firmament de l’Histoire. Souvent, ils ont payé un prix élevé pour leur réussite: qui est courageux connaît la peur.

Dunant était un idéaliste. Opiniâtre, têtu, résolument audacieux. Tout le contraire d’un héros lisse et auréolé de gloire. J’admire sa pensée visionnaire, son ambi-tion désintéressée même dans les moments difficiles. Son exemple m’enhardit, me motive à donner chaque jour le meilleur de moi-même. Pour les plus vulnérables et ceux qui leur viennent en aide, pour la conception de l’humanité qui était celle de Dunant et pour la Croix-Rouge, son héritage.

Découvrez dans ces pages les multiples facettes d’Henry Dunant. Bien sûr, il faudrait écrire un livre entier pour tenter de lui rendre hommage. A l’instar de l’écrivain suisse Eveline Hasler, qui a mené de longues recherches pour le roman biographique qu’elle lui a consacré. Dans une interview exclusive, elle nous livre ses impressions du grand humaniste.

Je vous souhaite une lecture enrichissante!

Markus MaderDirecteur de la Croix-Rouge suisse

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Key

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En avance sur son tempsHenry Dunant

Place Neuve à Genève: le flot de la vie défile devant le buste d’Henry Dunant. Cent ans se sont écoulés depuis la mort du fondateur de la Croix-Rouge. Au XXIe siècle, ses idées restent pourtant d’une singulière modernité, et nombre de ses prophéties se sont vérifiées.

TExTE: MICHAEl wAlTHER

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Un parcours jalonné de contradictions. A la parution d’«Un souvenir de Sol-

férino» en 1862 et à la création de la Croix-Rouge, ce fils de bonne famille à l’allure somptueuse est adulé dans toute l’Europe. le jeune entrepreneur est alors au mitan de la trentaine. Quatre ans plus tard commence son errance à travers le vieux continent, au cours de laquelle il manque mourir de faim. Dunant passe les dernières décennies de sa vie reclus à Heiden. Est-ce l’homme dont l’héritage est revendiqué par toute l’humanité?

Familier des grands de son tempsAssurément. Dunant côtoie le Gotha de l’époque. Sa biographie se mêle à celles du futur roi d’Italie Victor-Emmanuel II et de l’empereur Napoléon III, dont il veut obtenir l’autorisation d’exploiter une chute d’eau pour ses moulins. le géné-

ral Guillaume-Henri Dufour, premier pré-sident de la Croix-Rouge, est aussi l’un des pères de la Suisse moderne. Dunant partageait avec Abraham lincoln la haine de l’esclavage. Il a été proche de Florence Nightingale, pionnière des soins infirmiers, et de Clara Barton, fondatrice de la Croix-Rouge américaine, et lié à la

pacifiste autrichienne Bertha von Suttner ainsi qu’à Alfred Nobel.

A l’actif d’Henry Dunant• Dans «Un souvenir de Solférino», Dunant

dénonce la brutalité d’un siècle – le sien! – ponctué de plus de 300 guerres.

• le Genevois a fondé la première organi-sation humanitaire du monde: la Croix-Rouge, maillage planétaire de plus de 300 000 collaborateurs et 97 millions de bénévoles présents dans 187 pays.

• la création de la Croix-Rouge fait de Genève et, ainsi, de la Suisse une terre d’accueil pour les principales orga-nisations internationales. En ce sens, Dunant est à l’origine de la tradition humanitaire de la Suisse.

Si l’œuvre de Dunant est impression-nante, les apports de sa pensée vision-naire au xxe siècle ne le sont pas moins:• les quatre Conventions de Genève ont

été rédigées sous sa dictée en partie posthume. On lui doit notamment le Principe de neutralité, applicable aux

blessés et au personnel de secours sur terre et sur mer, ainsi que celui de la protection des prisonniers et des civils;

• Dunant appelait de ses vœux une re-cherche médicale planétaire – incarnée depuis par l’Organisation mondiale de la Santé;

• il revendiquait la protection des tra-vailleurs et l’abolition de l’asservisse-ment socio-économique, aujourd’hui pierre angulaire des droits sociaux;

• convaincu que le partage de la connaissance contribuerait à pacifier le monde, il a créé l’Alliance générale pour l’ordre et la civilisation, préfigura-tion de l’UNESCO et de… wikipédia;

• en 1870, il cofonde une Société char-gée de promouvoir l’instauration d’un tri-bunal d’arbitrage international. la Cour

Dunantcôtoielegothadel’époque.

Unespritquiaanticipélesenjeuxmajeursdesdeuxsièclespassés–est-cebientout?

Comme ici au Tchad, Dunant est vénéré aux quatre coins du globe, sur-tout dans les pays ravagés par la guerre.

Dunant à 35 ans, au temps de la création de la Croix-Rouge

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internationale de justice de la Haye est l’aboutissement de cette démarche;

• il a fondé la Société internationale de Palestine en vue de la restitution de terres aux Juifs européens. Or le conflit au Proche-Orient est toujours l’un des plus aigus de la planète.

• Dunant défendait la parité salariale entre femmes et hommes, au motif que l’élément féminin en politique et en économie était le gage d’un monde plus pacifique. Une piste de réflexion à explorer par ces temps de crise écono-mique et écologique…

• il avait prévu un xxe siècle sanglant. Une thèse accréditée par deux Guerres mondiales et plusieurs génocides.

Il y a cent ans déjà, une pensée planétaireUn esprit qui a anticipé les enjeux ma-jeurs des deux siècles passés – est-ce bien tout? Dunant a aussi son mot à dire sur le xxIe siècle, car toutes ses initiatives pro-cèdent d’une foi en l’internationalisme. les plus clairvoyants de nos politiciens actuels, qui ne conçoivent pas de solution à nos problèmes sociaux et écologiques sans un dépassement des frontières éta-tiques, s’inscrivent dans sa lignée.la notoriété d’Henry Dunant n’a cepen-dant pas été à la mesure de l’envergure

de sa pensée. Après avoir reçu le prix Nobel de la paix, le fondateur de la Croix-Rouge a, en Suisse, vite sombré dans l’oubli. Dans le cimetière zurichois de Silhfeld, sa tombe est longtemps restée à l’abandon.

Il en va bien autrement à l’étranger. Au Cambodge comme en Biélorussie, des sta-tues plus grandes que nature ont été érigées à son effigie. Dunant est également très po-pulaire dans de nombreux pays africains depuis l’indépendance. Enfin, l’attrait touris-tique de la Suisse auprès des Japonais n’est pas dû seulement à la Jungfrau et au Cervin: au même titre que Zermatt ou lucerne, Hei-den est une halte obligée pour nombre de cars de voyageurs. Dunant est surtout célé-bré là où la réalité de la guerre est présente dans les esprits – donc pas en Suisse.le fait que Dunant soit souvent cité en tête des palmarès des personnages les plus in-fluents de Suisse n’est pas étonnant. le mon-tage qui le représente en icône à la Andy warhol restitue bien l’intemporalité d’un personnage dont l’idéal traverse les siècles sans perdre de son éclat.

Forte du référentiel des sept Principes fonda-mentaux, du crédo de l’internationalisme et de l’architecture de la Croix-Rouge, l’huma-nité est bien armée pour affronter les défis à venir. Il reste à faire vivre cet héritage.➥ magazine-humanite.ch/dunant

Michael Waltherjournaliste et écrivain de Flawil SG, a collaboré avec l’association Dunant 2010 Heiden.

Dunantestsurtoutcélébrélàoùlaréalitédelaguerreestprésentedanslesesprits.

On retrouve partout dans le monde des statues de Dunant. Ici, inauguration en 1953 aux Pays-Bas.

Mur commémoratif de Solférino, où s’égrènent les plaques de 186 Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge

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Qu’adviendra-t-il de vos biens lorsque vous ne serez plus là?Le guide de la CRS répond à toutes vos questions liées à ce thème et vous aide à exprimer en toute clarté le geste que vous souhaitez faire.

un geste pour les generations futures.

Veuillezmefaireparvenirgratuitementle «Guidepourlarédactiond’untestament».

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Commande Tél.0313877283;e-mail:[email protected],ElianeBoss,Rainmattstrasse10,3001Berne,www.redcross.ch

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Un destin lumineux et tragique

Henry Dunant 1828 – 1910

secours dans chaque pays; le dévelop-pement du droit humanitaire.Une Conférence internationale adopte en octobre 1863, à Genève la charte fondatrice de la Croix-Rouge. Et, le 22 août 1864, est signée la première Convention de Genève «pour l’amé-lioration du sort des Militaires blessés dans les armées en campagne».l’idéal de la Croix-Rouge va conquérir le monde. A la mesure des souffrances des personnes et des groupes les plus vulnérables.Mais, empêtré dans ses affaires algé-riennes, condamné par la justice ge-nevoise, Dunant doit abandonner, en 1867, tout rôle dans la Croix-Rouge. Pendant 20 ans, il va parcourir l’Eu-rope, ruiné, nourrissant chimères et ressentiments. Sans jamais trouver la paix de l’âme ni le pardon de ses com-patriotes. En 1887, il cherche refuge à Heiden, en Appenzell. l’attribution, en 1901, du Prix Nobel de la Paix appa-raît comme une réhabilitation tardive. le 30 octobre 1910, à 82 ans, Henry Dunant s‘éteint à l’hospice de Heiden. Ses cendres reposent au cimetière de Sihlfeld, à Zurich. loin de la Genève natale! ➥ magazine-humanite.ch/dunant

Il s’engage tôt dans des projets de valorisation de terres agricoles en Al-

gérie, conquise par la France. les diffi-cultés financières de ses entreprises le poussent, en juin 1859, à solliciter l’ap-pui de Napoléon III, alors en campagne en Italie du Nord contre les Autrichiens. Mais il rencontre, le 24 juin 1859, sur le champ de bataille de Solférino la souffrance, le sang et la mort. la mêlée a été furieuse: 40 000 morts et blessés. les services de santé sont dépassés. le sang ruisselle sur les dalles de l’église de Castiglione, jonchées de soldats à l’agonie. Oubliés, les soucis algériens. le destin de Dunant bascule: il porte se-cours aux blessés. Sans discrimination, au cri de «Tutti Fratelli». De retour à Genève, il écrit «Un Sou-venir de Solférino», qui ébranle les consciences. Gustave Moynier, prési-dent de la Société genevoise d’utilité publique, propose que l’on étudie et diffuse les idées du «Bon Samaritain». le 17 février 1863, la commission chargée de cette tâche tient sa pre-mière séance. C’est la naissance de la Croix-Rouge! les intuitions majeures de Dunant prennent corps: la neutralisation des victimes, du personnel et du maté-riel sanitaire; la création de Sociétés de

lebâtisseurdelacroix-RougeUne personna-lité plus ordinaire que celle d’Henry Dunant, l’expres-sion de la Ge-nève protestante et libérale du xIxe siècle.Une formation solide de juriste, qui lui permettra de rédiger les textes fondateurs de la Croix-Rouge et du Droit international humanitaire.Un esprit méthodique, une volonté opiniâtre, mais aussi une quête outrée d’honneurs.Son apport décisif, ce sera la mise en œuvre et l’enrichissement des idées de Dunant. En ce sens, Moynier doit être considéré comme le bâtisseur de la Croix-Rouge. Toutefois, sa concep-tion étroite de la Croix-Rouge, vouée à l’aide volontaire en cas de guerres, le retient de promouvoir le développe-ment de l’institution dans le domaine civil. Dunant et Moynier, le visionnaire et le bâtisseur, le prophète et le juriste, la fulgurance du fou d’humanité et le labeur continu de l’homme de cabinet.

à PRoPoSHenry Dunant naît en 1828 à Genève dans une famille de la bourgeoisie calviniste. Premières initiatives: il participe à la création, en 1852, de l’Union chrétienne des Jeunes Gens et, en 1855, de l’Alliance universelle des Unions chrétiennes (YMCA).

TExTE: PHIlIPPE BENDER

Gustave Moynier 1826–1910

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REPoRTAgE

Quand avez-vous décidé d’écrire un livre sur Henry Dunant?C’était en 1991, lors de l’exposition «la Suisse visionnaire» d’Harald Szeemann. J’ai été fascinée par la capacité qu’avait Szeemann d’explorer la profondeur psy-chologique du personnage. On ne peut comprendre les événements historiques et leur interconnexion sans connaître l’ar-rière-plan psychologique.

Le plus frappant à vos yeux?Un aspect, très important à notre époque, m’impressionne réellement: la Croix-Rouge est présente partout dans le monde, jusque dans le village le plus reculé en Inde ou ailleurs, avec son emblème et ses collabo-rateurs chargés de poursuivre sa mission. Quel manager moderne ne rêverait-il pas de voir son logo et ses idées essaimer à l’échelle internationale? C’est tout simple-ment phénoménal! Plus étonnant encore: depuis sa fondation en 1863, la Croix-Rouge n’a rien perdu de son importance. Au contraire: cette organisation universelle est indispensable dans le monde d’au-jourd’hui, c’est un fait indéniable.

Que pensez-vous des écrits de Dunant?Son écriture était limpide et captivante. Prétendre, comme il l’a fait, que la morali-té d’un peuple se mesure au rang occupé par la femme dans la société, dénotait un esprit très en avance sur son temps. Dans mon livre, les citations de Dunant appa-raissent en italiques, et sont donc immé-diatement reconnaissables.

Votre livre a été publié il y a seize ans déjà. . .C’est vrai, mais j’ose prétendre qu’il se situe encore à la pointe de la recherche.

Pendant mes travaux, on a retrouvé à Pa-ris une liasse de lettres, adressées entre autres à Sarah Bourcart. Cette jeune femme, fille d’un ami de Dunant, avait pour mission de favoriser l’essor de la Croix-Verte, une alliance de femmes censée promouvoir les idées égalitaires du philanthrope. l’exigence d’un salaire égal pour des prestations égales était ré-volutionnaire en 1890.

De quoi faut-il tenir compte lorsqu’on écrit sur une personne qui vécut il y a un siècle?la façon de penser a fortement changé et il est difficile de porter aujourd’hui un regard sur les événements d’alors. A l’époque, la guerre était une question d’honneur. Dunant a savamment construit «Un souvenir de Solférino» en décrivant d’abord avec force détails la rencontre

INTERVIEw: TANJA PAUlI

«Il était artiste et visionnaire»Interview

Après trois ans de recherches couronnés par un roman biographique, «der Zeitreisende» (Le Voyageur, uniquement en allemand), l’écrivain suisse Eveline Hasler se dit impressionnée par la pensée d’Henry Dunant et par la Croix-Rouge.

Henry Dunant lors de son 80e anniversaire. Même âgé, il s’intéressait à l’actualité.

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idée d’une institution humanitaire. Il a ten-té d’adapter l’idéal Croix-Rouge aux exi-gences nouvelles. Personne avant lui n’a réfléchi si intensément aux mécanismes de la guerre et de la paix. Il a compris que pour prévenir les conflits armés, il faut instaurer une justice sociale, le fossé sé-parant riches et pauvres étant source de danger. En 1870, dans une France rava-gée par la guerre, il a ouvert des bureaux de placement. Selon lui encore, la com-munauté internationale se devait de témoi-gner du respect aux réalisations culturelles

de chaque peuple. En cela, il était un pré-curseur de l’ONU et de l’UNESCO. Ces idées, il les a poursuivies même après sa débâcle personnelle. Il n’a jamais cherché à occulter les faits, ne s’est jamais résigné jusqu’à sa mort à l’âge de 82 ans. Extrê-mement lucide dans la vieillesse, il menait une vie monacale tout en étant parfaite-ment au courant de l’actualité. Il était comme porté par sa mission.

On connaît peu de choses de sa vie privée…Dès le début, il était habité par sa voca-tion. S’il s’était marié, il n’aurait sans doute pas pu s’investir à ce point. Il a toujours connu beaucoup d’amitiés masculines, mais n’était certainement pas homosexuel. Vraisemblablement, il n’a tout simplement pas eu la possibilité de s’engager dans une relation suivie. Cela dit, il a beaucoup aimé léonie Kastner, une Parisienne aisée.

Quel regard Dunant aurait-il porté sur le XXIe siècle?Il aurait été heureux que la France et l’Al-lemagne, anciens ennemis héréditaires, entretiennent aujourd’hui des relations pacifiées. Mais triste de constater le rôle toujours plus prépondérant de l’argent et la trahison de nombre de valeurs par vénalité.

Quelle figure politique aurait été, à ses yeux, porteuse d’espoir?Difficile à dire. Peut-être le président Obama, qui contribue à battre en brèche

les préjugés qui collent encore aux per-sonnes de couleur. Il aurait apprécié son combat pour plus de justice sociale, sa réforme du système de santé que les plus démunis attendaient depuis si longtemps.

Moynier et Dunant étaient-ils vrai-ment des ennemis jurés?Visionnaires et pragmatiques peinent tou-jours à accorder leurs violons. Et pourtant, leurs qualités conjuguées seraient un atout pour n’importe quelle organisation. Si Gustave Moynier a porté la Croix-Rouge au quotidien, Henry Dunant en est, à mon avis, le véritable fondateur. En 1863, la Croix-Rouge reposait sur dix principes. Dunant a vite compris qu’on ne pouvait en rester là. Avec le temps, de nouveaux problèmes apparaîtraient, qu’il s’agirait de résoudre. Il a, dès le début, attaché de l’importance à la neutralité, alors que Moynier, plus timoré, n’y croyait pas. Cette idée l’agaçait même passablement. les deux hommes étaient comme chien et chat. Cependant, certains passages de son journal laissent penser que Dunant, à la fin de sa vie, aurait pardonné à Moynier. Nos plus grandes victoires sont finalement celles que nous remportons sur nous-mêmes.

En quoi notre époque aurait-elle plu à Dunant? Dunant aimait le progrès et privilégiait une vision globale. Cela dit, il n’aurait pas été d’accord avec les dérives de la mondialisation. Il aurait apprécié l’Inter-net, les communications rapides. N’a-t-il pas dépensé ses derniers sous pour des télégrammes? ➥ lisezl’interviewdanssonintégralité

sousmagazine-humanite.ch/interview

REPoRTAgE

Eveline HaslerAprès des études de psychologie et d’histoire, Eveline Hasler se consacre à l’écriture. Inspirés de faits historiques, ses romans biographiques s’intéressent à la psychologie des personnages. Lar-gement traduite, elle a remporté plusieurs distinctions.

des corps d’armée, les armures et les uni-formes étincelant sous le soleil d’Italie. Un texte destiné de toute évidence à ceux qui tiraient les ficelles. Puis, soudain, il y a une rupture dans le récit: la guerre est démas-quée comme une entreprise inhumaine.

«Un souvenir de Solférino» est donc à juste titre considéré comme un écrit exemplaire?Henry Dunant était un artiste. Jeune homme, il aurait voulu devenir écrivain. Mais des résultats insuffisants dans la branche principale, sa langue maternelle en l’occurrence, lui ont valu d’être ex-pulsé du collège. A l’instar d’Einstein par exemple, bien des personnalités célèbres n’ont pas brillé à l’école.

Vos recherches vous ont-elles rappro-chée de Dunant?Une personne animée de bonnes in-tentions, qui réalise de grandes choses mais court à l’échec par manque de sens pratique, victime de la petitesse de ses contemporains, suscite forcément l’empa-thie. Il s’est aussi heurté à l’étroitesse d’es-prit des dévots. A cette époque de calvi-nisme pur et dur, le succès est l’apanage des élus de Dieu. Ceux qui ont essuyé un gros revers – à l’image de la banqueroute subie par notre héros – sont marqués du signe de Caïn. De peur que la Croix-Rouge ne pâtisse d’une présence aussi encombrante, on biffe le nom de Dunant dans le registre des membres. la même chose arrive à la YMCA.

En quoi Dunant vous a-t-il étonnée ou impressionnée?Sa persévérance, sa ténacité, le fait qu’en dépit de tous ses malheurs il a imposé son ©

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Des cadeaux porteurs de sens

www.redcross.ch/boutique

porteurs de sens

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EN BREf

La Poste Suisse émet un timbre spécial à l’occasion du centenaire de la mort d’Hen-ry Dunant et de Gustave Moynier, les deux fondateurs de la Croix-Rouge, décédés en 1910 à quelques semaines d’intervalle. Ce timbre commémoratif a été conçu par le graphiste et illustrateur Martin Ebe-rhard, de Zurzach AG. D’une valeur de 1,90 CHF, il sera disponible et valide pour l’affranchissement à compter du 3 sep-tembre 2010. Les philatélistes impatients peuvent d’ores et déjà réserver ces timbres spéciaux dans le PhilaShop de la Poste: ➥ poste.ch/philashop

Ancienne maîtresse d’école enfantine, l’animatrice télé Nicole Berchtold est l’ambassadrice idéale des parrainages pour les enfants en détresse de la Croix-Rouge suisse (CRS). les parrains versent chaque mois un montant défini (30 CHF ou davantage) pour la cause qui leur tient à cœur. Nicole Berchtold a choisi sans hésiter de venir en aide aux enfants: «Ils ont tout particulière-

En hommage à Henry Dunant, des per-sonnalités de renom suisses et étrangères ont pris leur pinceau pour représenter «leur» croix rouge. Souhaiteriez-vous faire l’acquisition de l’original d’un conseiller fédéral, du chef-d’œuvre d’un grand sportif comme Carl lewis, ou en-core d’un authentique walter Roderer? Si tel est le cas, participez à la vente aux enchères en ligne qui sera organisée au profit de la Croix-Rouge suisse du 17 août au 12 septembre prochain sur ricardo.ch.➥ http://info.ricardo.ch/swissredcross

le Prix Croix-Rouge a été décerné cette année à deux femmes à l’engagement exemplaire. Nadine Burdet (à gauche), médecin domiciliée à lausanne, a fondé et dirigé en Haïti un foyer pour enfants en domesticité, tandis que Margrit Schenkel (à droite), infirmière, œuvre au Soudan à la prise en charge sanitaire de la po-pulation locale et à la mise sur pied d’in-frastructures médicales. les deux lauréates

ment besoin de soutien. Je trouve re-marquable de s’engager sur une base régulière et j’ai eu envie de participer à ma manière. J’adhère au concept des parrainages de la CRS.» Elle a confec-tionné des gâteaux avec les élèves de l’école enfantine de Gerlafingen au profit des «enfants en détresse». les élèves étaient très fiers d’avoir fait une bonne action.

se partagent la somme de 30 000 CHF. le prix récompense ainsi deux femmes qui, dans des contextes extrêmement difficiles, ont accompli des actions hu-manitaires de qualité dans l’esprit de la Croix-Rouge.le Prix Croix-Rouge distingue des pres-tations humanitaires particulièrement louables. Institué et financé par un dona-teur, il est décerné tous les deux ans.

Timbre spécial

Des gâteaux porteurs d’espoir

Et si vous faisiez l’acqui-sition d’une croix rouge?

Le Prix Croix-Rouge décerné à deux femmes

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Une aide discrèteBruni Jacobs, fidèle donatrice de vieil or

Pour le plaisir de donner: Bruni Jacobs remet régulièrement des bijoux à la Croix-Rouge suisse (CRS) pour son action «Vieil or pour redonner la vue», venant ainsi en aide à des aveugles en Afrique et en Asie.

TExTE: ANNETTE GODINEZ PHOTOS: CASPAR MARTIG

ENgAgEMENT

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ENgAgEMENT

Elle s’approche pas à pas, sans un bruit, avant de s’arrêter pour humer

l’air. Elle renifle une odeur inconnue. «N’aie pas peur», murmure Bruni Ja-cobs. la chatte dresse l’oreille en enten-dant la voix familière de sa maîtresse. Venus est complètement aveugle. Bruni Jacobs veille sur elle avec bienveillance – comme elle le fait avec toute personne qui a besoin d’aide. Ce n’est pas un ha-sard si Madame Jacobs se montre aussi empathique avec sa chatte aveugle: tou-chée par le sort des personnes frappées

de cécité, elle s’engage en leur faveur.Voici de nombreuses années que Bruni Jacobs donne des bijoux à la CRS dans le cadre de l’action «Vieil or pour re-donner la vue». Ces pièces de valeur sont ensuite revendues, les recettes de la vente servant à financer les opérations et les traitements d’enfants et d’adultes aveugles en Afrique et en Asie. Souf-frant majoritairement de la cataracte, ils recouvrent la vue après une interven-tion. «Cette perspective me réjouit», dit Madame Jacobs. Son regard chaleu-reux traduit la profondeur de son enga-gement en faveur des malades. Femme à l’esprit critique, elle ajoute: «Je par-ticipe volontiers à des actions sensées, transparentes et efficaces, comme Vieil or pour redonner la vue.»

Expériences marquantes en Afrique et en Europe de l’EstInterprète chevronnée, femme de diplo-mate et grande voyageuse, Bruni Jacobs a longtemps vécu en Afrique et en Eu-rope de l’Est où, témoin de la violence, de la faim et de la répression, elle n’a eu de cesse de lutter autant que possible contre la détresse et la misère. Une aide fournie en toute modestie, sans bruit ni tintamarre, qu’elle perpétue au-delà de sa retraite. Elle participe à toutes les expositions-ventes organisées régulière-ment par la CRS – non pour acheter des bijoux mais pour en faire don. Elle glisse

alors furtivement aux responsables une enveloppe contenant quelques pièces de monnaie ou un bijou, sans mention du donateur. Bruni Jacobs n’aime pas être au centre de l’attention.Il lui est arrivé de donner des bijoux chargés de souvenirs. «Que vaut l’or s’il n’est pas porté?», demande-t-elle de ma-nière rhétorique, expliquant qu’elle n’a aucune peine à se défaire de ces objets. On la croit aisément, tant derrière son visage beau et paisible, on devine un grand vécu. Elle sait ce qui compte vrai-ment dans la vie. Elle est d’autant plus

énervée par le nombre élevé de per-sonnes qui profitent du cours élevé de l’or pour vendre leur vieil or à des mar-chands. «C’est une joie tellement plus grande de redonner la vue à quelqu’un avec un bijou que de simplement le faire fondre.» Venus, la chatte aveugle, redresse briè-vement la tête vers Bruni Jacobs, comme

pour acquiescer aux propos de sa maî-tresse, avant de se recoucher sur le flanc.➥ magazine-humanite.ch/bijoux

«Sil’onpeutaider,ondoitlefaire»:BruniJacobsavecsachatteaveugle

Vieil or pour redonner la vueAimeriez-vous permettre à des per-sonnes de retrouver la vue en donnant des objets de valeur dont vous n’avez plus l’usage? la recette de leur vente revient exclusivement à des aveugles ou à des malvoyants qui, sans cela, ne pourraient se faire opérer. N’hésitez pas à nous envoyer dans une boîte bien scellée bijoux, montres, pièces de mon-naie ou couverts, à l’adresse ci-dessous. Merci pour votre soutien! Croix-Rouge suisseRedonner la vueRainmattstrasse 103001 Berne

à PRoPoS

«Jeparticipevolontiersàdesactionssenséesetefficacescommevieilorpourredonnerlavue.»

«c’estunejoieplusgrandederedonnerlavueàquelqu’unavecunbijouquedesimple-mentlefairefondre.»

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RÉALiTÉS

Un bol d’air dans le marathon quotidienBons de respiration pour parents

Même les jumeaux se taisent quand Carmen Gremaud raconte une histoire. La garde d’enfants expé-rimentée de la Croix-Rouge sait comment s’y prendre avec les enfants. Le tableau semble tout droit sorti d’un livre d‘images pour Sybille, maman de trois enfants, car le calme règne rarement. Comme de nombreuses femmes, cette jeune mère ne prend guère de pauses et elle se donne à 300 %.

TExTE: CHRISTINE RüFENACHT PHOTOS: ANNETTE BOUTEllIER

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RÉALiTÉS

la tribu de Sybille Flückiger, 36 ans, fait son bonheur et ça se voit. Son

visage rayonne lorsqu’elle observe son aîné jouant tranquillement avec ses deux petits frères qui ne tiennent pas encore debout. N’empêche, sa vie de maman n’est pas de tout repos. Constamment sollicitée par Noah, 4 ans, et les ju-meaux Basile et Merlin, 8 mois, elle n’a pas une minute à elle. littéralement. Ses journées lui paraissent souvent intermi-nables. «Que voulez-vous, on est tout le temps maman, de jour comme de nuit», soupire Sybille. les moments les plus éprouvants sont ceux des repas : alors que Sybille est cen-sée faire manger les jumeaux qui crient famine, l’aîné pleurniche pour attirer l’at-tention. Et pendant ce temps, le gratin destiné à son ami qui rentre à midi brûle au four. C’est le genre de situations où les parents n’ont qu’une envie: claquer

la porte et demander l’asile aux Mal-dives. Sybille, elle, tient bon. Mais celle qui considère ses jumeaux comme un «cadeau cosmique comique» atteint ses limites. «J’ai du mal à mettre ma tête sur off», dit-elle. la nuit, elle cogite au lieu de dormir. Il est évident qu’une pause ne lui ferait pas de mal, car elle est à bout. Si elle craquait au point de ne plus pou-voir s’occuper des enfants, ce serait dra-matique. Qui prendrait sa place? Mais comme beaucoup de femmes, elle hésite

à solliciter de l’aide parce qu’«elle ne tra-vaille pas».

Un bon salvateurHeureusement, la puéricultrice de Sybille, reconnaissant l’urgence, a tiré la son-nette d’alarme et lui a recommandé de se ressourcer. Ce conseil judicieux était accompagné d’un «bon de respiration» de la Croix-Rouge fribourgeoise. En échange de celui-ci, la mère de famille a pu faire garder ses enfants, chez elle, par

une collaboratrice expérimentée du ser-vice de garde d’enfants Croix-Rouge. Ce service, qui existe dans certains endroits depuis 25 ans, s’occupe des enfants ma-lades et des enfants dont les parents sont malades. «J’ai pris un bon moment pour moi, ça m’a fait du bien», reconnaît au-jourd’hui Sybille. Comme bien d’autres parents, la jeune

femme de Grandsivaz (FR) confie ses en-fants à une tierce personne uniquement lorsqu’elle doit remplir des obligations. l’avantage des bons: les bénéficiaires consacrent leur temps libre à une activité qui leur fait plaisir, et ce sans avoir mau-vaise conscience. Ils profitent vraiment de l’absence des enfants. «Car les mères ont le droit d’avoir des moments à elles, pour le bien des enfants et celui du couple», souligne Valérie Ugolini, coordinatrice nationale des services de garde d’enfants à domicile CRS.

Prévenir la maltraitanceEn remettant des «bons de respiration» aux parents épuisés, la CRS leur apporte une aide unique en son genre. De l’avis des spécialistes, quelques heures de ré-

Denombreusesfemmeshésitentàsolliciterdel’aide.

Sybille Flückiger a retrouvé l’énergie de s’occuper de Noah.

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RÉALiTÉS

parentsstressés,àquilafaute?L’idée des «bons de respiration» est née du constat que les parents sont de plus en plus stressés. Les services de garde d’enfants de la CRS obser-vent ainsi une forte hausse du nombre de demandes de mères et de pères épuisés (deux tiers des 68 900 heures effectuées en 2009). Mais pourquoi sont-il si stressés? La conciliation dif-ficile du travail et de la vie familiale en est la raison principale. On attend des parents – en particulier des mères – qu’ils soient des employés modèles, des parents aimants et des époux at-tentionnés. Simultanément, et cela ne facilite pas les choses, les familles reçoivent de moins en moins d’aide, par exemple de la part des grands-pa-rents, pour assumer le quotidien. ➥ redcross.ch/bonsderespiration

à PRoPoSpit suffisent pour repartir du bon pied. Ces bons constituent aussi une mesure de prévention, car ils permettent d’éviter qu’une situation ne dégénère et n’abou-tisse, dans le pire des scénarios, à la maltraitance des enfants. le phénomène des bébés secoués, en augmentation, est,

par exemple, le plus souvent la consé-quence d’une situation de stress extrême, explique Valérie Ugolini. la CRS ne se contente pas d’aider concrètement les parents. Afin de sensi-biliser l’opinion publique à l’épuisement, un phénomène certes connu mais peu évoqué, elle organisera le 17 novembre 2010 le symposium «Parents au bord de la crise de nerfs – risques et aides pos-sibles». Plusieurs spécialistes y prendront la parole.

Des besoins importantsles «bons de respiration» sont à la portée de toutes les bourses puisqu’ils coûtent de un à trois francs l’heure de garde. En gé-néral, les parents bénéficiaires prennent une demi-journée de congé. Dans un pre-mier temps, la CRS distribue 2000 bons. Si le financement de cette action peut être assuré à long terme, ce nombre pourrait augmenter. Il faut dire que les besoins des parents sont très importants. les bons sont remis aux mères par des spécialistes tels que médecins ou puéricultrices, plus rarement par la Croix-Rouge locale elle-même. Seize associations cantonales de la CRS participent à cette action en faveur des familles. Pour savoir si cette prestation existe dans votre région, ren-dez-vous sur la page: ➥ redcross.ch➞

associationscantonales

lespausessontprimordialespourl’enfantetpourlecouple.

Géreravecdécontractionlesdéfisposésparlesenfants,cen’estpossiblequelorsqu’onpeutsereposer.

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EN BREf

le 30 août, la Journée internationale des personnes disparues attire l’atten-tion sur les hommes, femmes et enfants dont on a perdu la trace. Une situation particulièrement éprouvante pour leurs familles, condamnées à l’incertitude. Samedi 28 août 2010, le Service de re-cherches de la Croix-Rouge suisse (CRS) tiendra un stand d’information au Bären-platz à Berne. S’appuyant sur le réseau mondial du Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, ce service traite chaque année près de 400 demandes émanant de proches de personnes portées disparues.

A l’occasion de la 13e action «2 ✕ Noël »,placée sous la devise «Partageons notre surabondance», la population suisse a témoigné d’une solidarité sans faille. La Croix-Rouge suisse (CRS) a réceptionné 72 000 paquets, distribués pour moitié à des personnes défavorisées en Suisse et pour l’autre moitié à des habitants démunis en Biélorussie, en Moldavie et en Bosnie-Herzégovine. Dans ces pays, la CRS vient depuis longtemps en aide aux êtres privés de tout soutien et vi-

Pour commémorer le centenaire de la disparition d’Henry Dunant, l’association «Année Dunant 2010» organise tout au long de l’année diverses activités, dont l’œuvre musicale multimédia «Henry Dunant – une vie dramatique» marquera le couronnement. Composée par Gion An-toni Derungs, elle illustre en cinq scènes les

Bien des personnes âgées et malades ne pourraient vivre à la maison sans le dévouement d’un proche. Une res-ponsabilité lourde à porter pour les aidants, qui ont besoin de soutien pour l’assumer au mieux. Dans la ré-gion du Plateau bernois, la CRS leur propose désormais une permanence téléphonique: «infodraht». Ils y trou-vent une oreille attentive, des conseils

vant dans la précarité: les sans-abri, les familles nombreuses et les personnes âgées seules. Tous se réjouissent des ca-deaux offerts par la population suisse, à l’image de cette fillette au centre so-cial pour enfants de Svetlogorsk, dans le sud de la Biélorussie. La CRS remercie Allianz Suisse, le nouveau sponsor de l’action, ainsi que La Poste Suisse et SRG SSR idée suisse qui participent au projet depuis son lancement. ➥ 2xnoel.ch

événements heureux et tragiques qui ont jalonné la vie du fondateur de la Croix-Rouge jusqu’à sa mort à Heiden, dans le canton d’Appenzell. le spectacle sera donné du 30 octobre au 12 novembre 2010 en l’Eglise protestante de Heiden. ➥ ticketcorner.com

et de l’aide. la ligne 0844 144 144 est ouverte tous les matins, du lundi au vendredi. les conseils sont dispensés gratuitement avec le soutien de la ville de Berne. l’aide aux aidants est l’une des activités clés de la Croix-Rouge en Suisse, qui offres diverses formes de soutien en fonction des besoins régio-naux.

Se souvenir des personnes disparues

Noël au printemps

Une commémoration en musique

Permanence téléphonique pour les aidants

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RÉALiTÉS

Henry «Donam» sur le Toit du monde

Tibet

Henry Dunant n’aurait certainement pas imaginé que ses idéaux se propageraient jusqu’au Tibet et perdureraient 100 ans après sa mort.

TExTE: KATHARINA SCHINDlER

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RÉALiTÉS

Un grand homme, cet Henry Donam», s’exclame avec admiration lhamo

à l’adresse de lobsang. Fille et père examinent avec attention le portrait or-nant la roue de la chance au stand de la Croix-Rouge suisse (CRS) dans la ville tibétaine de Shigatse. N’arrivant que difficilement à prononcer le nom du fon-dateur de la Croix-Rouge, les Tibétains l’ont surnommé «Donam», un patronyme populaire dans la région autonome. l’héritage d’Henry Dunant perdure égale-ment sur le Toit du monde. les Principes d’humanité, d’indépendance et de neutra-lité revêtent une signification particulière pour les habitants de cette terre isolée.

Une épingle Croix-Rouge en récom-pense lhamo fait tourner la roue d’un geste vi-goureux. Chaque chiffre correspond à un volet du programme de santé que mène la CRS au Tibet. Une épingle Croix-Rouge ou un jeu de cartes est offert à qui répond correctement. Ayant étudié en détail les

panneaux du stand, lhamo et lobsang donnent aisément les informations deman-dées sur le programme ophtalmologique de la CRS: tests de la vue proposés même dans les villages reculés, opérations de la cataracte réalisées par la Croix-Rouge dans les hôpitaux publics, prévention de la cécité liée à la pauvreté par une meilleure hygiène et une alimentation riche en vita-mines.

Eau potable et prévention du sida le programme hydraulique fascine la jeune femme et son père. En collaboration avec la population de dizaines de villages, la Croix-Rouge a posé des conduites et construit des puits afin que les femmes ne doivent plus parcourir de longues distances pour la cor-vée d’eau. l’organisation mène également un projet «Mère et enfant» portant notam-ment sur les contrôles de grossesse et les ac-couchements sécurisés. Enfin, elle a conçu un parcours informatif itinérant de village en village pour la prévention du VIH. «Mais la Croix-Rouge intervient aussi dans

les villes auprès des marginaux», fait remar-quer lhamo. Ses bénévoles se rendent dans les bars pour sensibiliser les jeunes prosti-tuées aux risques du sida.

Peu d’œuvres d’entraide étran-gères C’est grâce aux principes définis par Henry Dunant que la CRS peut travailler au Tibet. «En tant qu’organisation neutre et impartiale visant uniquement à venir en aide aux plus démunis, nous bénéfi-cions de la confiance des autorités et de la population, explique la responsable du programme, Monika Christofori-Khadka. Nous sommes l’une des rares organisa-tions humanitaires étrangères actives au Tibet – et ce depuis plus de 20 ans.»

c’estgrâceauxprincipesdéfinisparHenryDunantquelacRspeuttravaillerautibet.

Plus grande œuvre d’entraide en Chine la Croix-Rouge jouit d’une excellente ré-putation partout en Chine. Son statut de plus importante organisation humanitaire du pays lui permet d’apporter une aide rapide et efficace en cas de catastrophe, comme lors du violent séisme dans la pro-vince de Qinghai en février dernier. l’esprit d’Henry Dunant est toujours bien vivant. Preuve en est cette déclara-tion dans une newsletter récente de la Croix-Rouge chinoise: «Nous désirons suivre à la lettre les recommandations de M. Henry Dunant et mettre en œuvre ses principes.» ➥ magazine-humanite.ch/tibet

Lhamo et son père, qui tient dans ses mains un moulin à prières, au stand de la CRS à Shigatse.

Deux jours après avoir été opérés, ces patients peuvent enlever leur pansement et reçoivent des instructions de l’ophtalmo-logue pour la poursuite du traitement.

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Le volontariat crée du lienLe troisième Principe fondamental

Dans le monde, plus de 100 millions de personnes œuvrent volontairement et sans contrepartie financière sous la bannière de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge. Intervenant auprès des plus vulnérables, ils font avancer la cause de l’humanité. Dans notre pays, la Croix-Rouge suisse et ses organisations membres mobilisent quelque 50 000 bénévoles, qui mettent leur temps, leur énergie et leurs compétences au service de leurs prochains.

TExTE: ANNEMARIE HUBER-HOTZ

CoNviCTioN

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peut donner. les bénéficiaires de l’acti-vité bénévole ne sont pas seulement les individus auprès de qui elle se déploie, mais également le corps social et l’édi-fice étatique, dont la cohésion est ainsi

cimentée. «la force de la communauté se mesure au bien-être du plus faible de ses membres», lit-on dans le préambule de la Constitution fédérale. Si le chemin vers un monde meilleur est long et pavé

d’embûches, il ne peut se parcourir que pas à pas. Aux quatre coins de la planète et sur de multiples terrains, des bénévoles veillent, par leurs efforts désintéressés, à ce que personne ne reste sur le bord de la route. Ce faisant, ils contribuent à forger un monde meilleur, plus humain et plus solidaire.➥ redcross.ch➞bénévolat

CoNviCTioN

Mieux que tout autre acteur humani-taire, le Mouvement international

de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge incarne l’aide volontaire et désintéressée aux plus vulnérables. En 1859, Henry Dunant improvisait des secours aux bles-sés de la bataille de Solférino avec le concours de la population locale. Cet élan spontané allait se muer en une entre-prise tentaculaire qui, 150 ans plus tard, trouve des relais dans 186 pays. le Mou-vement est aujourd’hui le premier réseau de bénévoles du monde.Voici les mots par lesquels Kofi Annan, alors Secrétaire général de l’ONU, avait ouvert l’Année internationale des volon-taires 2001: «Service et solidarité, tels sont les idéaux sur lesquels repose le volontariat, avec la conviction que nous pouvons rendre notre monde meilleur.»

le bénévolat met en jeu les valeurs de solidarité, d’entraide et d’amour du pro-chain. Car tous les individus ne sont pas capables dans la même mesure de pour-voir à leurs besoins. Quiconque met son temps, ses aptitudes, ses connaissances et son cœur au service des autres le fait par conviction. Ici, l’essentiel n’est pas ce que l’on peut gagner, mais ce que l’on

Annemarie Huber-HotzL’ancienne chancelière de la Confédération suisse a été élue en 2007 membre du Conseil de la Croix-Rouge, dont elle assume la vice-présidence. Elle est entre autres présidente de la Société suisse d’utilité publique (SSUP).

«laforcedelacommunautésemesureaubien-êtreduplusfaibledesesmembres.»

Jeune ou moins jeune, tout candidat au bénévolat trouve une activité qui lui convient comme, ici, au service de visites.

Des engagements variés: entraînement d’un chien à la recherche de personnes ensevelies (ci-contre) et fourniture de premiers secours par des bénévoles de la Croix-Rouge haïtienne après le séisme (ci-dessous).

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RÉALiTÉS

la Société Suisse de Sauvetage (SSS), organisation membre de la Croix-

Rouge suisse, vise à favoriser les joies de la baignade tout en veillant à la sécurité dans et autour de l’eau. les tout-petits en particulier doivent apprendre à nager sans crainte tout en acquérant le courage de résister aux risques, aux dangers et à la pression du groupe. les enfants en âge préscolaire sont vulnérables dans le trafic routier mais aussi, et tout particuliè-rement, en milieu aquatique. Ils sont atti-rés comme par magie par les biotopes, les ruisseaux, les bassins pour enfants et les piscines. Avec des conséquences dramatiques, comme le montre la statis-tique sur les accidents: les noyades sont la deuxième cause de mortalité liée à des accidents chez les enfants. Face à ce constat, la SSS a initié en 2006 un projet ambitieux destiné aux écoles enfantines, dont le but est d’enseigner aux enfants en âge préscolaire les dix règles d’or du comportement à adopter dans et autour de l’eau.

30 000 enfants dans 1600 écoles enfantines Intitulé «l’eau et moi», ce projet a d’em-blée rencontré un écho très favorable auprès de tous les participants. Sa mise sur pied a été soutenue par des écoles enfantines, des crèches, des parents, des nageurs sauveteurs bénévoles de

la SSS et de nombreux sponsors. Des ambassadeurs de l’eau spécialement formés ont pu recueillir rapidement de premières expériences lors de visites dans les écoles. Aujourd’hui, plus de 10 000 enfants dans toute la Suisse se réjouissent chaque année du passage de «leur» ambassadeur ou ambassa-drice de l’eau. les messages de sécu-

rité aquatique sont portés par Pico, la goutte d’eau intelligente qui apprend de manière ludique aux tout-petits à se comporter correctement dans et autour de l’eau. Par exemple, qu’à la piscine, il faut toujours dire où l’on va. Ou qu’il faut aller dans l’eau seulement jusqu’au ventre si l’on ne sait pas encore bien nager.

Prévention urgentel’expérience montre que les enfants, certes, mais aussi les accompagnants sous-estiment fréquemment les dangers liés à l’eau, ignorant trop souvent la triste réalité qu’en moyenne, 12 enfants meurent par noyade chaque année. le projet «l’eau et moi» sensibilise donc aussi le personnel d’encadrement au travers des activités organisées dans les écoles enfantines et les crèches. l’ap-prentissage précoce en groupe permet d’acquérir les connaissances de base, qui seront par la suite élargies et appro-fondies durant les cours de natation à l’école primaire.le site Internet www.leau-et-moi.ch fournit des informations générales et détaillées aux ambassadeurs de l’eau intéressés, aux parents, aux écoles enfantines, aux crèches, aux communes et aux sponsors. ➥ leau-et-moi.ch

TExTE: RENATE MATTHEwS

Prévenir la noyade chez les jeunes enfants Les joies de l’eau en toute sécurité

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RÉALiTÉS

Prévenir la noyade chez les jeunes enfants Lia-Luisa prend du plaisir à faire l’exercice à sec avec un vrai matériel de sauvetage. Luca, lui, montre fièrement son nombril; c’est jusque-là qu’il peut aller dans l’eau car il ne sait pas encore nager. Lara, quant à elle, dit qu’elle reste toujours près de sa maman à la piscine, après avoir été bien grondée pour s’être aventurée une fois près du grand bassin. Tous sont curieux de connaître l’avis de Pico la goutte d’eau.

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lors de ma mission au Cambodge fin mai en compagnie des frères Caspar

et Franz Martig, je dois avouer que nous avons beaucoup ri. N’allez toutefois pas vous imaginer que notre quotidien était d’une franche gaieté. Nous étions investis d’une mission claire, à savoir prendre des photos et filmer les premiers spots pour la nouvelle campagne d’information de la CRS. Plus qu’un photographe, Caspar Martig, 40 ans, parvient à saisir ce que le non-averti ne perçoit guère. Grâce à son œil d’artiste, une concentration extrême et une sensibilité très développée, il capture des moments qui sont en soi uniques.

La quête de l’image parfaiteIl nous en a donné la preuve dès notre premier jour dans le district de Romdoul,

où une tempête avait détruit plusieurs di-zaines d’habitations la veille. Ensemble, la Croix-Rouge cambodgienne et la CRS distribuaient des kits d’urgence et d’autres biens de secours. Nous étions en train de faire un portrait de famille lorsqu’un arc-en-ciel a fait son apparition. le pur fruit du hasard, certes, encore faut-il savoir capter la magie du phénomène. Selon Caspar Martig, «les missions pour la CRS présentent un défi particulier, car les normes éthiques régissant la pratique sont nettement plus strictes, c’est-à-dire les restrictions beaucoup plus nombreuses que dans d’autres œuvres d’entraide». le Principe d’humanité implique aussi de préserver la dignité humaine. Pour mon-trer que l’aide est nécessaire sans pour autant exploiter de manière irrespec-

La dignité humaine en point de mireCaspar Martig, photographe

C’est un mandat de la Croix-Rouge suisse (CRS) qui a lancé la carrière de photographe de Caspar Martig. Durant ses voyages pour la CRS, il a été témoin de moments porteurs d’espoir mais souvent aussi de scènes d’une cruauté insoutenable. Notre auteur et Caspar Martig se sont intéressés au travail de la CRS au Cambodge.

TExTE: URS HölTSCHI

TÉMoigNAgE

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tueuse la détresse et les souffrances des victimes en tombant dans l’émotionnel, il faut du tact. «Souvent, en effet, nous pourrions dépeindre la misère avec plus d’acuité, mais nous y renonçons sciem-ment», explique le photographe, qui est au service de la CRS depuis près de 20 ans. «J’aime mon métier. les missions pour la CRS ont toujours une valeur très particulière, d’autant que c’est à cette or-ganisation que je dois mon tout premier reportage!»

Un cyclone aux conséquences dramatiquesEn 1991, alors âgé de 21 ans, Caspar Martig, cuisinier de formation et photo-graphe de jeunes stars, s’est rendu au Bangladesh avec un médecin de la CRS. le hasard – ou peut-être était-ce la Provi-dence, selon ses propos – a voulu que pendant son séjour, le pays soit ravagé par le cyclone le plus dévastateur de son histoire, causant 138 000 victimes. Pour lui, ce fut d’abord un grand choc, car ja-mais auparavant il n’avait été confronté à autant de misère et de souffrances. Mais

lacRss’imposedesnormeséthiquesbienplusstrictesqued’autresœuvresd’entraidesurlamanièredephotogra-phierlamisèreetlessouf-frances.

TÉMoigNAgE

Unecampagned’information,pourquoi?Il est indispensable de montrer les conditions dans lesquelles vivent les personnes dans le besoin pour prou-ver la nécessité de l’aide, mais aussi pour rendre compte de l’affectation concrète des fonds versés par les do-nateurs.Depuis 2007, chaque année au mois de septembre, la CRS mène une campagne d’information sous le titre «Chaque jour voit son lot de misère et de souffrances. Nous avons besoin de votre soutien.» A l’aide de spots vidéos filmés au quotidien et diffusés en Suisse, elle informe sur la réalité de la détresse humaine et sur l’aide apportée. En tant qu’organisation d’utilité pu-blique, la CRS bénéficie de conditions spéciales auprès des maisons d’édi-tion et de la télévision, ce qui lui évite de devoir recourir inutilement à des dons.➥ vidéos,photosetinformations

complémentairesdisponiblessous:

magazine-humanite.ch/campagneinfo

à PRoPoS

L’œil professionnel du photographe, même dans les moments chargés d‘émotion

Apparition d‘un arc-en-ciel lors de la distribution des kits d’urgence – la distance prime le côté pratique.

La dignité humaine en point de mirece fut aussi une chance, en ce sens qu’il était le premier reporter-photographe sur place. «l’expérience au Bangladesh m’a marqué surtout en tant qu’individu. J’ai saisi toute la signification de la détresse et l’importance de l’aide fournie par la Croix-Rouge pour pouvoir réagir face au sentiment d‘impuissance et éviter qu’il ne prenne le dessus.»Depuis, le photographe travaille réguliè-rement pour la CRS, entre autres pour le magazine Humanité. Il est souvent appelé à travailler dans des conditions difficiles, comme au Cambodge, où il a sué à grosses gouttes par 40 degrés. Mais cela ne lui pose aucun problème: «Je suis im-pressionné par le travail de la CRS. C’est absolument incroyable. Sans oublier le degré d’engagement des bénévoles.» Sur ce, il retourne derrière son objectif, concentré et décidé à braver la poussière de la rue.

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Cette année, Allianz Suisse a parrainé l’opération «2x Noël» de la Croix-Rouge suisseet y a contribué par un don financier ainsi que par l’organisation d’une collecte parmises collaborateurs, dont certains se sont rendus au centre logistique de la CRS pourdéballer les colis reçus.

Allianz Suisse soutientl’opération «2x Noël» de la CRS.

Allianz Suisse est le partenaire officiel de la CRS.Nous unissons nos forces pour protéger et pour aider.

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PêLE-MêLE

lentillesauvinrougePour 4 personnes250 g de lentilles, 1 c. à s. de beurre, 1 oignon, 1 gousse d’ail, 1 feuille de laurier, 500 ml de vin rouge, 500 ml de bouillon, 1 pomme de terre farineuse, ¼ de céleri-rave, 1 carotte, 1 petit poireau, 1 bouquet de persil, 2 c. à s. de thym frais ou séché, 1 c. à s. de vi-naigre, sel et poivre

préparationFaire tremper les lentilles pendant au moins 2 heures et les égoutter. Hacher finement ail et oignon, et les faire reve-nir dans le beurre. Ajouter les lentilles et les faire revenir à leur tour. Verser le vin rouge et le bouillon. Ajouter la pomme de terre râpée et la feuille de laurier. Porter à ébullition puis laisser frémir pendant env. 20 min. Retirer la feuille de laurier. Couper en petits dés et incorporer le céleri, la carotte et le poireau. laisser de nouveau frémir pen-dant env. 15 min. Assaisonner avec le sel, le poivre et le vinaigre. Ajouter le persil haché. Servir avec la longeole.

Quel authentique Genevois n’a pas dégusté la traditionnelle longeole?

Henry Dunant et Gustave Moynier, aux familles si enracinées dans la terre de Calvin, en étaient sans doute friands. lors de votre prochain passage à Genève, goûtez donc à ce mets roboratif! le pro-duit original bénéficie désormais d’une IGP (indication géographique protégée).

Maturation interrompue, forme allongée et chair onctueuse – voilà ce qui carac-térise cette saucisse de porc composée de viande maigre, de lard de cou, de couennes crues et de grains de fenouil noir. la recette en aurait été inventée il y a des siècles par un moine de l’Abbaye de Pommier, le père longeot.Vendue crue dans les boucheries gene-voises, la longeole doit, selon sa taille, cuire pendant deux à trois heures dans une eau à peine frémissante (70°C au maximum). la piquer aux extrémités avec un cure-dent pour prévenir l’éclatement. On la sert accompagnée d’un gratin de pommes de terre, d’une salade de pommes de terre ou de betteraves rouges. Ou encore de lentilles. Avec un bon cru rouge du vignoble genevois, un Gamay du Mandement, par exemple.➥ magazine-humanite.ch/recettes

La longeole genevoiseLa longeole est un produit de charcuterie qui se marie très bien avec un plat de lentilles. Savoureuse et épicée grâce à l’adjonction de vin rouge, cette garniture est pauvre en graisses – heureux complément à la saucisse du Bout du Lac!

Les charcutiers genevois détiennent le secret de la fabrica-tion de la vraie longeole.

Le coin des saveurs

à PRoPoS

TExTE: PHIlIPPE BENDER

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Humanité3/2010 29

Page 30: CRS Magazine Humanité 3/2010

Karma, alias Marco Ratschiller, est caricaturiste et rédacteur en chef du magazine satirique «Nebelspalter».

LabyrintheTracez le chemin qui va de l’entrée à la sortie de ce labyrinthe tortueux. Si vous le faites correctement, une figure apparaîtra.

( C ) C o n c e p t i s P u z z l e s 4 0 0 0 6 1 2

PêLE-MêLE

HUMANITé 2/2010Solution des derniers mots croi-sés: GESTION DE CATASTROPHES

Astrid Kung, GenèveEmil Mettler, MogelsbergTony Sigrist, Giswil Sandrine Solcà, PullyDenise wunderlin-Schwaller, Oberkulm

Solutions aux autres jeux de la dernière édition:

Vous trouverez les solutions du sudoku, des mots cachés et du labyrinthe dans la prochaine édition et sur la page Internet.➥ magazine-humanite.ch

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30 Humanité3/2010

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PêLE-MêLE

Mots croisésCÉDA

PAYSASIATIQUE

FLEUVERUSSE

MÉLANGES

JEUNE

ARGENT COLLE

RÉACTIONS ENGEN-DRERA

SINGERAS

ROUÉES DECOUPS

MISE

LETTREGRECQUE

BERCEAUDE LACROIXROUGESAISONÉTABLIE

ÂCRE

EXISTER

DERNIERS

INFINITIF LENTILLE

CHROMEROULÉ

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CÉDA

PAYSASIATIQUE

FLEUVERUSSE

MÉLANGES

JEUNE

ARGENT COLLE

RÉACTIONS ENGEN-DRERA

SINGERAS

ROUÉES DECOUPS

MISE

LETTREGRECQUE

BERCEAUDE LACROIXROUGESAISONÉTABLIE

ÂCRE

EXISTER

DERNIERS

INFINITIF LENTILLE

CHROMEROULÉ

ABHORRÉE

MÉTAL

GAMINSDE PARIS

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VANTE

ARTICLE

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Mots cachés Découvrez les 20 mots qui se cachent dans cette grille, que ce soit à l’horizontale, à la verticale ou en diagonale. les lettres peuvent servir à créer plusieurs mots.

À GAGNER Cinq trousses de toilette de voyage bleu marine sont à gagner par tirage au sort parmi les bonnes réponses. Grâce à ses multiples poches intérieures, son crochet et son miroir intégré, cet accessoire vous sera très utile lors de vos déplacements. Envoyez-nous la solution correcte des mots croisés et votre adresse par courriel à [email protected] ou sur une carte postale à:

Croix-Rouge suisseMagazine «Humanité» Case postale3001 Berne

Délai d’envoi des réponses: 30 septembre 2010

Sudoku

Remplissez la grille de sudoku de manière à ce que chaque chiffre de 1 à 9 ne se trouve qu‘une seule fois sur chaque ligne, dans chaque colonne et dans chaque petit carré de trois cases sur trois.

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Henry DunantNous poursuivons son œuvre pour plus d’humanité.

Nous avons besoin de vous. Comptepostal30-9700-0