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2/2010 Le flair en action REDOG Apprendre à vivre avec les blessures de l’âme Service ambulatoire Une femme hors du commun Sigrid Joss-Arnd Aide en cas de catastrophe en Haïti Faire front au chaos

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Bienvenue dans l’univers de la Croix-Rouge suisse (CRS)!

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Page 1: CRS Magazine Humanité 2/2010

2/2010

Le flair en actionREDOG

Apprendre à vivre avec les blessures de l’âme

Service ambulatoire

Une femme hors du communSigrid Joss-Arnd

Aide en cas de catastrophe en Haïti

Faire front au chaos

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RepoRtAGe – Aide en cas de catastrophe en Haïti 4 Faire front au chaos 8 entretien – «Moments d’émotion» 9 Aide en hôpital d’urgence et dans les décombres

12 tÉMoIGNAGe – L’engagement humanitaire au féminin«Ne pas toujours s’en remettre aux hommes»

14 RÉALItÉS – Emanuel Steinegger et LordLe flair en action

18 CoNVICtIoN – Le deuxième Principe de la Croix-RougeImpartialité – aider sans juger

20 RÉALItÉS – Service ambulatoireApprendre à vivre avec les blessures de l’âme

22 eNGAGeMeNt – Sigrid Joss-ArndUne femme hors du commun

25 RÉALItÉS – Sénégal Un campement après le déluge

29 pÊLe-MÊLe thé au beurre et momos dans la vallée de Katmandou page jeux / Caricature

éDitORiAL

Chère lectrice, cher lecteur,

Les enfants s’enthousiasment facilement. Leur univers affectif est riche. C’est spontanément qu’ils puisent dans leur argent de poche pour aider les victimes d’une catastrophe. Qu’ils convainquent leurs parents de les laisser déposer une piécette dans le chapeau du musicien de rue. Les enfants ne posent alors guère de questions critiques. Le fait d’avoir secouru autrui par leur geste est pour eux une évidence, ils en sont tout simplement heureux. Au sens où il constitue un enrichissement pour son auteur, le don peut être intéressé. Qui donne se sent comblé, qu’il en soit conscient ou non. Un fait confirmé par la psychologie.

Je ne puis vous garantir que l’acte d’aider sera pour vous source de bonheur. Bien que tel soit mon cas. Mais je peux vous assurer que votre don à la Croix-Rouge suisse bénéficie effectivement aux personnes en détresse, les rend souvent heureuses, et que rien n’est possible sans votre concours. S’il faut d’innombrables briques pour construire une maison, chacune d’elles n’en est pas moins indispensable. Vous – nos donatrices et donateurs – avez fait preuve d’une grande solidarité après le séisme en Haïti. Vos dons nous permettent d’agir concrètement, d’offrir un nouvel espoir et même un peu de bonheur aux plus démunis.

De tout cœur, je vous remercie de votre générosité et vous souhaite un bel été.

Markus Mader Directeur de la Croix-Rouge suisse

Le don peut-il être intéressé?

Impressum Humanité, 2e éditionJuin 2010

ISSN 1664-2015

Photo de couverture: Croix-Rouge américaine, Talia FrenkelVerso: Caspar Martig, Wabern

Editeur: Croix-Rouge suisse, Rainmattstrasse 10, Case postale, 3001 BerneTéléphone 031 387 71 11, [email protected], www.redcross.chDons: CP 30-9700-0

Notification de changement d’adresse: par courrielà [email protected] ou par téléphone au 031 387 71 11

Adresse de la rédaction: Croix-Rouge suisse, Rédaction Humanité, Case postale, 3001 Berne, [email protected], www.magazine-humanite.ch

Rédaction: Tanja Pauli (Rédactrice en chef), Urs Höltschi (Levée de fonds), Hana Kubecek (Santé et intégration), Ludger Philips (Web-office), Christine Rüfenacht (Secrétariat national des associations cantonales), Karl Schuler (Coopération internationale), Christina Williamson (Communication)

Contributions à la présente édition: Heinz Heer, Stephanie Hofer, Sigrid Joss, Markus Mader, Marco Ratschiller, René Rhinow, Katharina Schindler

Abonnement: L’abonnement coûte 6 CHF par an et est offert aux donateurs de la CRS.Parution: trimestrielleLangues: français et allemandTirage: 109 000 exemplairesCopyright sur toutes les photos sans indication: Croix-Rouge suisse

Traduction: Service de traduction CRSConception graphique: effact AG, ZurichImpression: Vogt-Schild Druck AG, Derendingen

Prochaine édition: août 2010

IMO-COC-025036

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REpORtAGE

Faire front au chaos Aide en cas de catastrophe en Haïti

Cette famille de Port-au-Prince ouvre un kit de cuisine de la Croix-Rouge. Les familles qui ont tout perdu apprécient ces ustensiles robustes, incassables, qu’elles utilisent encore souvent des années plus tard. Au milieu du chaos ambiant, la distribution des biens de secours parvenus du monde entier et la mise en place des premières infrastructures constituent des défis colossaux sur le plan logistique. Les pages suivantes illustrent la manière d’y répondre à l’exemple de l’aide d’urgence apportée en Haïti au lendemain de la catastrophe.

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REpORtAGEREpORtAGE

situation était cette fois bien plus drama-tique. L’aire aéroportuaire de Port-au- Prince ayant été sérieusement endomma-gée, la CRS a mis en place une unité logistique mobile, afin de pouvoir agir de façon autonome dès la première heure. Cette unité comprend des tentes, une cui-sine, un bureau équipé d’un téléphone par satellite, ainsi qu’un véhicule, un groupe électrogène et un chariot élévateur pour dégager les décombres.Seule une logistique pointue permet de gé-rer les biens de secours acheminés du

Le Centre logistique de la CRS à Wabern, près de Berne, s’est transformé en ruche le matin du 15 janvier 2010. Les logisti-ciens et le personnel médical ont été alertés par le service Gestion de catas-trophes de la CRS le jour même du séisme. Trois jours plus tard, l’unité d’intervention d’urgence, composée de neuf membres, était prête au départ. Tous ont dû chambouler vie professionnelle et vie privée au pied levé pour affronter durant trois semaines le chaos régnant en Haïti. Parmi eux se trouvait Thomas Büeler,

engagé depuis trois ans à la CRS en tant que logisticien de l’aide d’urgence. Avant le long voyage qui les a conduits à Port-au-Prince, il a fallu rassembler les biens de

première nécessité et les équipements re-quis pour leur intervention. En même temps, 15 tonnes de matériel étaient char-gées sur des camions pour être ensuite transportées par avion dans la région si-nistrée. La CRS dispose en permanence d’un stock de biens de secours.

Des biens de secours en provenance du monde entier Les logisticiens de la CRS sont investis d’une mission spéciale, que Thomas Büeler décrit comme suit: «Nous réceptionnons tous les biens de secours envoyés par le Mouvement international de la Croix-Rouge par voie aérienne, maritime ou ter-restre, puis nous effectuons les préparatifs nécessaires pour assurer une distribution

efficace aux sinistrés.» Durant les six pre-mières semaines après le séisme, l’équipe suisse a ainsi assumé seule la gestion de 5 000 tonnes de matériel. Ce dernier com-prenait deux grands hôpitaux de cam-pagne des Croix-Rouge allemande et nor-végienne, des installations de traitement de l’eau pour l’approvisionnement quotidien de 200 000 personnes en eau potable ainsi que des milliers de tentes et des dizaines de milliers de bâches, de cou- vertures, de kits ménagers et d’articles de toilette. L’unité logistique de la CRS joue donc un rôle essentiel pour fournir une aide rapide aux sans-abri.

tirer profit des expériences du passéCette mission en Haïti n’était pas la pre-mière pour Thomas Büeler, qui avait déjà passé trois semaines sur l’île après le vio-lent cyclone de septembre 2008. Mais la

monde entier par 40 Sociétés de la Croix-Rouge. Les 70 bénévoles haïtiens, qui ont effectué la manutention de tout ce matériel ainsi que les opérations de tri dans les

deux entrepôts, ont constitué un autre maillon important de la chaine. «Juste après notre arrivée, j’ai rencontré des col-lègues de la Croix-Rouge haïtienne, avec

lesquels nous avions collaboré efficace-ment lors de la précédente mission il y a un an et demi, relate Thomas Büeler. Grâce à leur connaissance du terrain et à leur appui énergique, il a été possible de mobiliser un nombre suffisant de bénévoles et de vé-hicules.»

De Wabern à Haïti via le VietnamEn raison des conditions de travail et de vie éprouvantes, les équipes d’aide d’urgence de la CRS sont relayées au bout de trois à quatre semaines. Thomas Büeler a donc rejoint son bureau au Centre logistique de Wabern un mois plus tard. L’aide pour Haïti continue toutefois à faire partie de

son travail quotidien. Il prépare notamment d’autres logisticiens à leur tâche. Une mis-sion réalisée l’année dernière au Vietnam après de graves inondations lui a permis de se convaincre de la qualité des maisons résistantes aux intempéries construites par la CRS.

Cinq cents éléments de construction métal-liques fabriqués au Vietnam seront ainsi li-vrés en Haïti d’ici à l’été. Une décision prise par Hannes Heinimann, responsable de la gestion de catastrophes de la CRS, lors de sa visite sur l’île en mars. Il s’agit en effet de se préparer à la saison des oura-gans pour prévenir une nouvelle catas-trophe, car les tentes ne pourront résister aux vents violents. Les organisations d’aide doivent donc de toute urgence fournir des abris en dur. Cette conduite est dictée par l’expérience et une vue à long terme, fac-teurs essentiels d’une action efficace.➥ www.magazine-humanite.ch/haiti

La Croix-Rouge suisse (CRS) est spécialiste en logistique. Lors de catastrophes naturelles de grande ampleur, elle met son unité logistique à la disposition du Mouvement international de la Croix-Rouge. Tel a été le cas après le séisme meurtrier qui a dévasté Haïti en janvier dernier. Compte-rendu de ce centre névralgique de la gestion de catastrophes. texte: Karl Schuler

40 Sociétés de la Croix-Rouge s’appuient sur les services logistiques de la CRS.

L’équipe dispose du matériel nécessaire pour pouvoir se mettre à l’œuvre tout de suite et en toute autonomie.

Elle a reçu un colis d‘aide. Des logisticiens de la CRS veillent à une distribution efficace des biens.

Le chariot élévateur de la CRS immatriculé à Berne transborde des biens de secours en Haïti. L’aide en cas de catastrophe requiert une vue à long terme.

Une tente de la CRS sera son nouveau logement temporaire.

T. Büeler: «Au début, tout le monde était désorienté.»

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texte: Katharina Schindler

«Moments d’émotion» Aide en hôpital d’urgence et dans les décombres

Vous avez passé un mois à l’hôpital d’urgence de la Croix-Rouge en Haïti. Qu’est-ce qui vous a le plus marqué?Quand il s’agit d’enfants dans une situa-tion aussi extrême, il y a beaucoup de moments d’émotion. Il était impression-nant de voir à quel point les Haïtiens sont résistants, et ce depuis tout petit. Nous avions une fille qui pesait seulement 1 270 grammes à la naissance. Malgré notre manque d’équipements modernes, par exemple une couveuse, elle a survé-cu. A mon départ, elle pesait déjà 1 800 grammes, elle était sur le bon chemin.

Quelles ont été les principales difficultés rencontrées?L’alimentation était un problème majeur. En temps normal, les proches apportent les repas, les capacités de la cuisine d’un hôpital de campagne de la Croix-Rouge étant limitées. En Haïti, la situation ali-

mentaire était très tendue. Notre grand souci était que nombre d’enfants conti-nuaient à perdre du poids après leur hos-pitalisation – une situation intenable. Et les mères allaitantes n’avaient pas assez de lait car elles avaient à peine de quoi manger. Une solution s’est finalement im-posée: outre un don alimentaire de l’ar-mée américaine, notre cuisinier était dis-posé à faire les courses et à cuisiner en plus pour les enfants.

L’hôpital d’urgence comptait 90 employés internationaux et un vaste personnel médical et soignant haïtien. Comment s’est passée la collaboration?C’était une collaboration intense qui m’a profondément touchée. La plupart des collaborateurs locaux avaient perdu des proches lors du séisme. Beaucoup n’avaient plus de toit. Malgré tout, ils sont venus au travail jour après jour, à

l’heure et vêtus d’habits propres. Une nurse, qui avait perdu sa fille de 9 mois, est venue tous les jours à l‘hôpital de la Croix-Rouge et s’est battue pour sauver la vie d’autres enfants.

Avez-vous pu faire de la formation?Malheureusement très peu car le temps nous manquait. J’ai essayé de transmettre aux généralistes quelques particularités propres au traitement d‘enfants. Notam-ment qu’il est très difficile de trouver les veines pour une perfusion chez des en-fants déshydratés. On la pose alors direc-tement sur l’os. Quand on ne l’a encore jamais fait, la réticence est grande. Les médecins s’y sont exercés sous ma conduite – sur des os de poulet, très sem-blables à ceux des enfants en bas âge.

Comment avez-vous supporté cet engagement éreintant?Pendant ces quatre semaines, j’ai tra-vaillé sans relâche et dormi à peine six heures d‘affilée. Mais le travail était telle-ment pressant qu’on gardait toujours un peu d’énergie.

Si le savoir technique est indispensable pour apporter les premiers soins en zone sinistrée, il faut aussi disposer d’une grande résilience personnelle. Il faut en outre pouvoir quitter son poste de travail au pied levé pour plusieurs semaines. Les médecins, infirmières, laborantins et sages-femmes qui se tiennent à la disposi-tion de la CRS sont préparés à leurs inter-ventions dans le cadre de cours spéci-fiques. La pédiatre Isabelle Güss (voir entretien)s’est rendue à Port-au-Prince pour une mission d’un mois. Elle faisait partie de l’équipe médicale internationale de l’hôpital de campagne géré par la Croix-Rouge allemande dans le quartier défa-vorisé de Carrefour. Depuis le séisme, une équipe médicale de la CRS comptant jusqu’à six personnes est mobilisée en permanence en Haïti. Les intervenants restent un mois avant d’être relayés, car le stress physique et psycho-logique est élevé.

Un hôpital d’urgence fait de tentesOutre un service des urgences, deux blocs opératoires et une maternité, l’hôpital de campagne comprend une unité de radio-graphie, un laboratoire et une pharmacie. Le personnel international est logé sur le même site, dans une tente séparée. Au cours des premières semaines qui ont suivi le séisme, 14 opérations et 200 traite-ments ambulatoires ont été réalisés chaque jour. L’hôpital comprend 90 lits, dont 20 réservés aux enfants.Les intervenants de la CRS apportent aussi une aide médicale hors de l’hôpital. Avec des unités mobiles, ils se rendent régulière-ment dans les quartiers et les grands cam-pements, qui accueillent temporairement des dizaines de milliers de sans-abri. Ils soignent les malades, auscultent les femmes enceintes et règlent les hospitalisa-tions si nécessaire. Si, durant la première

phase, leur travail a surtout consisté à soi-gner des plaies, il s’agit maintenant de ré-tablir le système de soins de base, devenu inopérationnel suite à la dévastation des dispensaires et des hôpitaux.➥ www.magazine-humanite.ch/haiti

pool d’aide d’urgence de la CRSEntretien

Pour mobiliser au plus vite du personnel médical et soignant après une catastrophe, la Croix-Rouge suisse (CRS) dispose d’un pool d’aide d’urgence. entretien: Katharina Schindler

La pédiatre Isabelle Güss s’est rendue pour la Croix-Rouge suisse (CRS) à Haïti un mois après le séisme. Elle a travaillé dans un hôpital de campagne géré par la Croix-Rouge allemande, composé de plusieurs tentes érigées sur le terrain de football du quartier de Carrefour, à Port-au-Prince.

REpORtAGE REpORtAGE

Dr isabelle GüssLa pédiatre de 38 ans pratique à Langenthal et fait partie du pool médical de la CRS. Elle s’est rendue en Haïti pour la CRS en 2008, puis en février et mars de cette année. Elle a aussi travaillé au Soudan pour le Comité inter-national de la Croix-Rouge.

Une grande solidaritéD’innombrables donateurs et organi-sations de renom ont fait parvenir des dons en faveur de Haïti à la CRS. «Nous sommes convaincus de la qua-lité et de l’importance du travail ac-compli par la Croix-Rouge, raison pour laquelle les Sociétés de la Croix-Rouge sont nos partenaires privilé-giés», déclare Janine Händel, qui di-rige le fonds d’aide en cas de catastrophe du Credit Suisse. Celui-ci incite les collaborateurs à venir en aide aux victimes et triple la somme de leurs dons. C’est ainsi qu’il a réuni 5 millions de CHF pour Haïti. Ce mon-tant a été réparti entre les Sociétés de la Croix-Rouge des pays où le Credit Suisse compte des effectifs importants et qui interviennent en Haïti.D’autres donateurs ont également té-moigné leur confiance à la CRS: Coop, la fondation de Mme Slavica Ecclestone, les cantons de Genève, Bâle-Ville, Bâle-Campagne, Zoug et du Tessin ainsi que les Villes de Genève et de Zurich. En outre, la CRS a reçu de Novartis plus de trois tonnes de médi-caments. Le soutien de particuliers re-vêt néanmoins une importance capi-tale pour la CRS. En effet, l’étendue de la catastrophe est telle qu’aucun geste de solidarité n’est de trop.

À pROpOS

Bébé dénutri à l‘hôpital d‘urgence.

Nombre d’enfants étaient dans un état très critique à leur admission à l’hôpital de campagne.Eugen Ming, infirmier de la CRS, soigne un jeune blessé.

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EN BREF

Croix-Rouge suisse, Rainmattstrasse 10, 3001 Berne, tél. 031 387 71 11 [email protected], www.redcross.ch, CP 30-9700-0, mention «Redonner la vue»

Des bijoux pour redonner la vue

Grâce aux dons, la CRS lutte contre la cécité liée à la pauvreté en Afrique et en Asie

Envoyez vos vieux bijoux et tout autre objet en métal noble à la CRS. Votre don permet à la Croix-Rouge suisse de prévenir et de guérir la cécité liée à la pauvreté.

Inserat_Altgold_A4.indd 2 31.03.2010 15:23:24

«Je n’ai personne à qui demander»: après les remerciements, c’est sans doute la phrase que les 7 400 chauffeurs béné-voles du service des transports Croix-Rouge entendent le plus souvent. La soli-tude est de plus en plus présente dans nos villes et campagnes. Et les gens âgés en souffrent d’autant plus qu’ils ont souvent du mal à se déplacer seuls. Le service des transports, qui a parcouru 12,4 mio de

kilomètres en 2009 (soit 32 fois la dis-tance entre la Terre et la Lune), leur per-met de retrouver un brin de mobilité, au moins pour se soigner. En effet, ce service est réservé en priorité aux personnes qui doivent se rendre chez le médecin, en thérapie ou en cure. ➥ www.magazine-humanite.ch/

servicedestransports

32 allers simples vers la lune

Il y a 100 ans mourait Henry Dunant, fon-dateur de la Croix-Rouge. A titre commé-moratif, la Confédération a frappé une pièce à son effigie. Conçue par l’artiste genevois Pierre-Alain Zuber, lauréat du concours organisé par la Monnaie fédérale Swissmint, la pièce d’argent de 20 CHF a été présentée le 8 mai 2010, Journée internationale de la Croix-Rouge et premier jour de l’année Dunant. Un exemplaire géant a été dé-voilé par le président du CICR, Jakob

Kellenberger (à gauche) et Kurt Rohrer, directeur de Swissmint, lors d’une céré-monie officielle à Heiden. Pour en savoir plus sur les pièces com- mémoratives, rendez-vous sur la page www.swissmint.ch. Programme de l’année Dunant: www.dunant2010.ch

Une pièce à l’effigie d’Henry DunantAprès l’inondation, en août 2007, de la place de jeux de l’Amthaus à Laufon BL, la Croix-Rouge suisse (CRS) a contribué à sa reconstruction. «En cas de catastrophe, l’assurance ne couvre pas tout. Une place de jeux attrayante est aussi un bon investis-sement d’un point de vue pédagogique», explique Josef Reinhardt, responsable CRS de la gestion de catastrophes pour la Suisse. Le Conseil municipal a remercié les donateurs et donatrices de la CRS au nom de la population de Laufon.

Reconstruction d’une place de jeux inondée

Un éclat particulierLa bijouterie Rhomberg Schmuck a orga-nisé une opération destinée à soutenir les parrainages de la Croix-Rouge suisse (CRS) pour les enfants en détresse. Gra-ziella Rogers, Miss Earth, est l’ambassa-drice de ces parrainages. En compagnie de Lukas Sallmann de la CRS, elle a ré-ceptionné le chèque d’une valeur de 30 000 CHF remis avec plaisir par Peter Kühnis de Rhomberg Schmuck. «L‘éner-gie de la CRS est littéralement conta-gieuse, a déclaré celui-ci. Nous sommes heureux de pouvoir apporter au moins un début d’aide aux enfants en détresse.» Pour en savoir plus sur les parrainages de la CRS: ➥ www.redcross.ch > «Soutien»

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téMOiGNAGE téMOiGNAGE

«Ne pas toujours s’en remettre aux hommes»

L’engagement humanitaire au féminin

Les migrantes sont toujours plus nom-breuses à s’engager au Service Croix-Rouge. Naturalisées, elles souhaitent faire quelque chose pour leur pays d’adoption, se substituant en cela à leurs maris qui, pour des raisons d’âge, ne peuvent plus accomplir le service mili-taire. La cheffe du SCR, Brigitte Rindlis-bacher, ne va pas s’en plaindre, elle qui n’a jamais eu peur de marcher sur les plates-bandes des hommes.

Convaincue par les opérations de maintien de la paixLes origines de l’engagement humani-taire de Brigitte Rindlisbacher remontent à son enfance. A l’âge de 7 ans, elle s’occupe en effet de ses frères et sœurs afin de décharger sa mère. Rien d’extra-ordinaire à cela, affirme-t-elle: «Une grande solidarité régnait dans notre fa-

mille.» Mais le réel déclic se produit après un reportage télévisé sur les casques bleus de l’ONU au Golan (terri-

toire occupé par Israël en Syrie). Les sol-dats de la paix l‘impressionnent. «J’ai pensé: voilà ce que je veux faire plus tard.»Dans un premier temps, elle emprunte toutefois une autre voie: un apprentis-sage de laborantine en chimie. Sa pas-sion pour la chimie lui vient de son père, qui réalisait souvent de petites expé-riences à la maison, et de sa soif de sa-voir, qui la pousse à aller au fond des choses. Comme elle le souhaitait, elle est embauchée dans un laboratoire de re-cherche. C’est là que des collègues lui font connaître le SCR. «J’ai hésité. Mais heureusement, ils ont insisté et j’ai com-pris que le SCR pouvait être un sésame pour effectuer un séjour à l’étranger.» Elle intervient alors régulièrement dans le laboratoire d’un hôpital militaire et s’y engage courageusement pour des amé-liorations, qu’elle réussit à obtenir.Puis arrive le moment où elle éprouve le besoin de se lancer corps et âme dans l’aventure. En 1989, année où l’Armée suisse participe pour la première fois à une mission de l’ONU, Brigitte Rindlis-bacher s’enrôle pour quatre mois dans le

laboratoire de la mission en Namibie. «L’Afrique était pour moi un rêve de tou-jours. L’expérience a été si concluante que j’ai décidé de faire mon métier du maintien de la paix au sein de l’armée.» Elle contribue alors à l’élaboration du cours pour les observateurs militaires suisses à l’ONU et exerce même quelques années comme instructrice. Mais cela ne lui suffit pas: elle ambi-tionne elle aussi de devenir observateur. Elle est la première femme à suivre un cours en Autriche, où elle fait une ré-clame formidable en faveur de la gent féminine. A l’issue des conflits en ex- Yougoslavie, elle est envoyée un se-mestre en Croatie.

Seule femme sur 28 observateurs issus de 26 pays, elle sort à nouveau des sen-tiers battus. Sa fonction d’officier logis-tique la mène par ailleurs à plusieurs re-prises à Sarajevo. «En traversant des villages bombardés et des champs de mines, j’ai mesuré l’horreur de la guerre et l’importance de l’empêcher.»

engagement en faveur desfemmesUne fois les missions à l’étranger sur les rails, Brigitte Rindlisbacher quitte son poste au Département militaire. Au-jourd’hui cheffe du SCR, elle est fière d’aider d’autres femmes à «ne pas tou-jours s’en remettre aux hommes». Au nom de l’égalité des chances, les femmes doivent pouvoir bénéficier pleinement des évolutions et des formations conti-nues proposées par l’armée. Tout comme elle, qui, sans avoir suivi le parcours académique classique, est parvenue à force de volonté à réaliser son rêve.➥ www.rkd-scr.ch

Les femmes du Service Croix-Rouge (SCR) sont déployées en cas de catastrophe ou participent à des opérations de maintien de la paix lors de crises internationales ou sont déployées en cas de catastrophe. Le SCR est réservé aux femmes ayant suivi une formation aux métiers de la santé. Depuis 2006, il est dirigé par Brigitte Rindlisbacher, 55 ans, qui a notamment été la première Suissesse observateur militaire à l’ONU.texte: Heinz Heer

«Je voulais aller au fond des choses.»

«J’ai vu l’horreur de la guerre.»

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«La collaboration avec des femmes engagées me procure un plaisir sans cesse renouvelé.»

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RéALitéS RéALitéS

Lord, berger hollandais à poil dur, a passé l’exercice avec brio.

Assise par terre en pleine forêt, adossée à une souche couverte de mousse, j’es-saie d’imaginer quel serait mon état d’esprit si, en cueillant des champi-gnons, j’avais glissé, dévalé une pente abrupte et fini ma course avec une jambe cassée, sans téléphone portable. Par chance, la scène d’aujourd’hui n’est qu’une simulation.Soudain, je vois un gros chien gris se précipiter vers moi. Il renifle brièvement mes pieds et repart. Tout s’est passé si vite que je me demande si je n’ai pas rêvé. Quelques minutes plus tard, j’en-tends une voix masculine ordonner: «Montre!» Les halètements et les bruisse-ments se rapprochent. L’instant d’après, le chien gris est couché contre moi, doux, calme, rassurant.

Emerge alors des fourrés un homme en veste rouge vif équipé d’une radio, d’une corde et d’une trousse de premiers secours. C’est Emanuel Steinegger, le maître de Lord. Il félicite son berger hol-landais à poil dur pour son travail. Lord gambade joyeusement dans les feuilles. L’opération semble avoir été d’une sim-plicité déconcertante pour lui, presque un jeu. Si j’avais vraiment été blessée, nul doute qu’en ce moment je ne pour-rais réprimer des larmes de soulage-ment.

plusieurs interventions par anDans la réalité, il arrive hélas que l’issue soit moins heureuse. Des disparitions sont signalées tous les ans en Suisse: des gens qui ne reviennent pas de randon-née, ou qui n’ont plus été vus après avoir enfourché leur vélo au terme d’une soi-rée de jass. Emanuel Steinegger fait par-tie des bénévoles qui s’engagent à tra-vers REDOG, la Société suisse pour

chiens de recherche et de sauvetage. Celle-ci veille, 365 jours par an, à ce que des maîtres-chiens soient dispo-nibles dans chaque région de Suisse pour prendre part à des recherches.

N’importe qui peut demander des chiens de rechercheEn général, les équipes de recherche de REDOG entrent en scène si l’enquête de police piétine. Mais Emanuel Steineg-ger se souvient de l’affaire d’un retraité disparu où lui et Lord avaient été alertés par des proches. «Beaucoup de gens ignorent qu’en cas de disparition, n’im-porte qui peut demander des chiens de recherche en appelant le 1414, le nu-méro de la Rega», explique-t-il. Dans les deux heures qui ont suivi l’appel, Ema-nuel Steinegger, qui peut compter sur la

compréhension de son employeur, était sur place avec Lord. «La perspective de mettre en pratique ce pour quoi on s’en-traîne depuis si longtemps provoque une véritable poussée d’adrénaline.» Pendant deux jours, des équipes de re-cherche assistées de riverains et de

proches du disparu ont effectué des bat-tues dans les bois environnants. En vain: aucun chien n’a flairé de piste. Plusieurs semaines plus tard, le journal annonçait qu’une joggeuse avait trouvé le cadavre de l’homme. «Je me suis dit: pourvu que ce ne soit pas dans le secteur que j’ai fouillé avec Lord.»

Doté d’un odorat très développé, le chien peut sauver des vies. REDOG, la Société suisse pour chiens de recherche et de sauvetage, éduque des animaux qui seront appelés à chercher des disparus ou des personnes ensevelies sous les décombres lors de catastrophes. REDOG est membre de la Croix-Rouge suisse (CRS).texte: Christina Williamson

photos: Annette Boutellier

«Me retrouver a été un jeu d’enfant pour Lord.»

«Les proches nous sont recon-naissants de participer aux recherches.»

Le flair en actionEmanuel Steinegger et Lord

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RéALitéS

Le vent joue un rôle décisif: ici, Emanuel Steinegger teste avec du talc l’orientation du vent à hauteur de la truffe du chien.

Il s’est avéré que le corps avait été re-trouvé dans une forêt que la police avait exclue du périmètre de recherches du fait de la dernière localisation du télé-phone portable de la victime. La grati-tude que lui ont néanmoins témoignée les proches est allée droit au cœur d’Ema nuel Steinegger: «Une recherche est presque une affaire de famille. J’ai été très affecté.»

Quatre ans de préparationEmanuel Steinegger consacre tous ses loisirs à l’éducation de son chien et à REDOG. Il est moniteur et suppléant du

chef de la région Suisse centrale. «C’est une occupation formidable», s’enthou-siasme cet amateur de balades en forêt ou en montagne, pour qui Lord est plus qu’un animal domestique: «Il est mon

plus fidèle compagnon. J’apprécie de pouvoir faire avec lui quelque chose d’utile et d’enrichissant.» Chaque maître-chien doit passer plu-sieurs examens: premiers secours, encor-dement, lecture de cartes. «Le plus dur a été d’apprendre à lire le chien. Com-prendre ce qu’il cherche à me dire, dé-crypter son comportement dans diverses situations.» Emanuel Steinegger et Lord se sont en-traînés près de quatre ans avant de for-mer un tandem opérationnel pour les re-cherches en surface.➥ www.redog.ch

A chaque chien sa spécialitéLes chiens de recherche en surface, comme Lord dans cet article, détec- tent des personnes disparues sur des terrains accidentés. Mais REDOG éduque aussi des chiens spécialisés dans d’autres missions. Les plus connus sont les chiens de catastrophe, qui cherchent des personnes ensevelies à la suite d’un séisme, par exemple. Les équipes de recherche de personnes sont quant à elles déployées pour pis-ter des individus en milieu urbain. Les chiens de recherche de personnes sont capables de suivre de telles pistes après plusieurs heures, voire plusieurs jours, et ce sur des distances considé-rables.Pour financer la formation des équipes cynophiles et les équipements, REDOG dépend de la générosité de donateurs.

À pROpOS

La pauvreté est responsable de 90 % des cas de cécité dans le monde. Consciente que la plupart d’entre eux seraient évi-tables si les personnes concernées étaient prises en charge à temps, la Croix-Rouge suisse (CRS) combat ce fléau dans les pays déshérités, notamment dans le nord du Mali, où le problème des maladies oculaires se pose avec une acuité parti-culière. Pendant trois ans, elle y bénéfi-ciera du soutien de la chaîne d’opticiens suisse McOptic. Un partenaire de projet idéal, à qui le thème de la santé des yeux

tient autant à cœur qu’à la CRS. Matthias Brozek, CEO de McOptic: «Nous sommes très honorés de pouvoir soutenir les activi-tés de la Croix-Rouge suisse. Ce partena-riat est en phase avec notre philosophie d’entreprise, qui repose sur la volonté de procurer un avantage durable à la collec-tivité.» McOptic a déjà offert à la CRS plus de 2 000 nouvelles montures de lunettes en faveur de personnes handi- capées de la vue au Népal, au Tibet et au Togo.

Une chaîne d‘opticiens rend heureux

Quels sont les besoins les plus urgents après une catastrophe naturelle? Quelles sont les mesures à prendre en cas de ca-tastrophe pour fournir une aide rapide et efficace? Autant de questions auxquelles le Centre logistique de la Croix-Rouge suisse à Wabern, près de Berne, a répon-du lors d’une visite guidée. La CRS y stocke des biens de secours, et c’est de-puis là qu’elle déploie ses unités d’inter-

vention en cas d’alerte. En avril, pour la première fois, des donateurs et donatrices fidèles ont pu découvrir les coulisses. Si vous souhaitez recevoir une invitation aux prochains événements de la CRS, appelez- nous au 031 387 71 11 ou envoyez un courriel avec votre nom et la mention «Evénements destinés aux donateurs CRS» à l’adresse [email protected].

Au cœur de l’actionA l’occasion du centenaire de la mort d’Henry Dunant, un camp d’été est or- ganisé du 28 juillet au 4 août 2010. Quelque 120 jeunes bénévoles de la Croix-Rouge et d’autres organisations viendront du monde entier passer une se-maine à Heiden, dans le village où Dunant a vécu ses dernières années. Ils partici- peront à de nombreux ateliers sur les thèmes de l’humanité et de la paix. Le camp «YOUR HUMANITY» est organisé par l’association «Année Dunant 2010, Heiden» et par la Croix-Rouge suisse.➥ www.dunant2010-across.com

Camp d’été internatio- nal pour les jeunes bénévoles Croix-Rouge

Des cadeaux porteurs de sensL’eau est le constituant essentiel de tout être vivant – et de cette horloge au design moderne! En effet, cette dernière fonc-tionne sans piles. Il suffit de la remplir d’eau toutes les deux semaines pour qu’elle donne l’heure. L’horloge coûte 23 CHF et sur ce montant, 3 CHF sont versés aux parrainages pour un accès à l’eau de la Croix-Rouge suisse (CRS). Les parrains soutiennent des projets à long terme visant à assurer un accès à l’eau potable dans les pays les plus touchés par la pénurie et la pollution de l’eau. Vous pouvez commander l’horloge ainsi que d’autres cadeaux porteurs de sens:➥ www.redcross.ch/boutique

ou par téléphone au 031 387 71 11

Chaque maître-chien doit passer plusieurs examens, dont la lecture de cartes et l’encordement.

EN BREF

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impartialité – aider sans juger

Le deuxième principe de la Croix-Rouge

Faire preuve d’impartialité, c’est aider tous ceux qui en ont besoin. Qu’ils soient auteurs ou victimes, ennemis ou amis, coupables ou innocents. A l’origine du Mouvement, l’impartialité s’est manifes-tée dans la volonté de secourir sans dis-tinction tous les blessés sur le champ de bataille. C’est l’exemple donné à Solfé-rino en 1859 par Henry Dunant, fonda-teur de la Croix-Rouge. La mise en œuvre de ce précepte peut poser un défi de taille aux intervenants

sur le terrain, contraints de faire abstrac-tion de leurs valeurs et sympathies per-sonnelles. Guerres civiles et troubles politiques sont des situations particu- lièrement difficiles. Et même en Suisse,

l’assistance à tous les démunis suscite parfois l’incompréhension. Car le Prin-cipe d’impartialité nous dicte de venir en aide aussi à ceux qui ne jouissent pas de la bienveillance sans partage de tous les

citoyens, aux réfugiés, aux sans-papiers, aux exclus. Dans la réalité, il n’est pas toujours pos-sible d’appliquer à la lettre le Principe d’impartialité. Quand, après une catas-trophe, les intervenants ne disposent pas de biens de secours en suffisance et manquent de ressources en personnel, ils doivent prendre des décisions doulou-reuses. Où intervenir en premier? Faut-il

aider d’abord les enfants? Donner la priorité aux personnes grièvement bles-sées? Qu’est-ce qu’une blessure grave? Tel était le cas récemment en Haïti, où d’innombrables personnes étaient ense-velies sous les décombres à l’heure où des milliers d’autres avaient besoin d’une assistance médicale, d’eau et de nourriture. Devant une telle tragédie, il s’agit de ne pas oublier non plus toutes les victimes de catastrophes silencieuses, tributaires elles aussi d’une aide urgente.

Il est essentiel que notre travail humani-taire soit perçu comme impartial et neutre. Afin que notre aide soit accep-

tée par tous, que nous ayons accès aux plus nécessiteux et que nous puissions accomplir notre mission.

Les sept Principes fondamentaux de la Croix-Rouge sont au cœur du Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge. Après le Principe suprême d’humanité vient celui d’impartialité. Il stipule que tous les humains ont droit au même traitement. Le Mouvement n’opère aucune distinction de nationalité, d’origine, de religion, de condition sociale ou d’appartenance politique.texte: pr René Rhinow

L’impartialité, c’est venir en aide à tous, sans distinction ni exception.

CONViCtiON CONViCtiON

pr René Rhinow, docteur en droitPrésident de la Croix-Rouge suisse depuis 2001. Dans cette fonction, il dirige aussi le Conseil de la Croix-Rouge, organe de direction stratégique.

Henry Dunant, fondateur de la Croix-Rouge, est un exemple d’impartialité.

Ainsi seulement, la Croix-Rouge peut accomplir sa mission.

Partout dans le monde, collaborateurs et bénévoles de la Croix-Rouge obéissent aux Principes fondamentaux.

Une aide dénuée de tout préjugé

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Page 11: CRS Magazine Humanité 2/2010

Maelin est un homme grand et élancé, marqué par de longues grèves de la faim en prison. «J’ai la résistance d’un mulet», dit-il. Il lui aura fallu aussi beau-coup de chance pour survivre à des an-nées d’incarcération et à de longs mois

de torture. Son corps en porte les stig-mates, invisibles pour ceux qui ne le connaissent pas. Maelin est réservé, voire méfiant, quand il franchit pour la première fois le seuil du Service ambu-latoire pour victimes de la torture et de la guerre CRS. Il semble calme, mais à l’intérieur, il est tendu. Il dort mal. Arrivé en Suisse après avoir fui son pays, il s’est d’abord bien inté-gré. Puis, l’entreprise qui l’emploie doit fermer ses portes et il se retrouve au chô-

mage. Il s’isole, devient de plus en plus agressif. Sa femme et ses enfants souf-frent de ses accès de colère et de sa ner-vosité, ce qui ne fait qu’accroître son sentiment de culpabilité. Il aimerait être à nouveau «résistant comme un mulet». Et retrouver du travail, pour oublier «les événements du passé».

Reprendre confiance et redonner un sens à la vieAu Service ambulatoire (voir encadré), Maelin apprend à se libérer de ses an-goisses. Il reprend confiance, retrouve son estime de soi. Après plusieurs séances de thérapie, il renoue avec le monde du travail dans le cadre d’un pro-gramme d’occupation. Capable de re-donner un sens à sa vie, il parvient de nouveau à s’occuper de sa famille.

traumatisme suite à une catastropheCette histoire vraie est caractéristique des personnes qui souffrent des douleurs infligées par autrui. Au moment des faits, toute catastrophe quelle qu’elle soit dé-clenche les mêmes phénomènes: peur de la mort, panique, détresse, perte de

contrôle et impuissance. Sur le plan psy-chique, le fait que l’événement traumati-sant soit une catastrophe naturelle ou

une catastrophe d’origine humaine telle que guerre, torture ou persécution, n’est pas sans importance. Pour les victimes, les traumatismes causés par autrui sont les plus graves.➥ www.torturevictims.ch

prise en charge holistique auService ambulatoireDepuis quinze ans, le Service ambu-latoire pour victimes de la torture et de la guerre CRS (afk) assure le suivi de personnes traumatisées par la vio-lence extrême, au travers d’un encad-rement médical, psychothérapeutique et psychosocial. Chaque cas requiert une approche thérapeutique adaptée, l’important étant d’insuffler au patient un sentiment de sécurité et de restau-rer la confiance. La thérapie doit per- mettre aux victimes d’intégrer les évé-nements traumatisants dans leur vécu et d’apprendre à vivre avec les bles-sures de l’âme. Dans la mesure du pos-sible, les proches sont impliqués dans le processus thérapeutique.➥ www.redcross.ch/ambulatoire

Aujourd’hui, Maelin a retrouvé le goût de vivre.

Apprendre à vivre avec les blessures de l’âme

Service ambulatoire

Sources de souffrances indicibles, tortures et conflits armés entraînent souvent un traumatisme grave. Dans la plupart des cas, un traitement intensif et généralement durable s’impose. Pensant s’en sortir sans aide, bien des victimes n’acceptent un soutien que lorsqu’elles sont confrontées à la douleur de leur famille, qui subit le contrecoup de leur traumatisme.texte: Hana Kubecek

photos: peter Dammann, Agentur Focus

À pROpOS

Les souvenirs douloureux l’assaillent la nuit.

Les traumatismes infligés par l’homme sont les pires.

Grâce à l’afk, Maelin a renoué avec le monde du travail.

Pensif, mais confiant

RéALitéS RéALitéS

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ENGAGEMENt ENGAGEMENt

Son ordinateur portable lui est indispen-sable. Pour commander une place de concert en quelques clics, mais aussi et surtout pour accéder à son courrier élec-tronique. Mais revenons en arrière, au temps des machines à écrire. A 12 ans, Sigrid Joss recevait de son père deux francs d’argent de poche. Parce qu’elle devait consigner toutes ses dépenses, elle sait encore, près de septante ans plus tard, à qui est allé son premier don. «23 août 1943, 20 centimes, Croix-Rouge», atteste une écriture d’écolière appliquée. «Cela représentait tout de même 10% de mon revenu mensuel!», remarque-t-elle avec malice.

Curieuse par nature, Sigrid Joss s’inté-resse très tôt au Tibet. Elle dévore littéra-lement les récits de voyage du Suédois Sven Hedin. En 1959, lorsque le dalaï-lama est contraint à l’exil, elle suit de près les informations. Un événement de l’histoire mondiale qui va marquer son destin.

Le mieux qui pouvait arriverQuand le Verein Tibeter Heimstätten (VTH) voit le jour, elle y adhère immédia-tement. Et c’est à la suite d’une requête déposée par le VTH que le Conseil fédé-ral autorise, en 1963, l’accueil de 1 000 réfugiés tibétains en provenance d’Inde.

Vient toutefois le moment pour la petite association de chercher le soutien d’une institution reconnue. Elle trouve dans la CRS un partenaire idéal, tant la neutra-lité et l’impartialité sont fermement ancrées dans les Principes fondamen-taux de la Croix-Rouge. Sigrid Joss n’en doute pas: «C’était le mieux qui pouvait nous arriver! La CRS avait de l’expé-rience et disposait déjà d’un vaste ré-

seau international.» A 32 ans, Sigrid Joss réalise alors son rêve d’enfance: lorsqu’on lui propose de partir deux mois en Inde pour le compte de VTH/CRS, elle saute sur l’occasion. Sa mission principale dans le nord de l’Inde est de préparer les Tibétains à l’éventua-lité d’un départ. Mais il n’est pas facile de leur présenter la Suisse. «Ils vivaient pour ainsi dire au Moyen-Âge. Comment leur décrire un pays moderne et démo-cratique, bien loin de ce qu’ils pouvaient imaginer?» Sur place, Sigrid Joss est re-çue pour la première fois par le dalaï-lama, qu’elle a depuis rencontré à plu-

sieurs reprises. «Joss, Redcross! – s’est-il exclamé la dernière fois, en me recon-naissant», sourit-elle.A peine rentrée en Suisse, Sigrid Joss est approchée par l’actuelle DDC qui lui

propose de travailler plusieurs années avec des Tibétains au Népal. Après un instant d’hésitation, elle accepte. C’est à cette époque qu’elle fait la connais-sance de celui qui deviendra son mari, Max Joss, et qu’elle va par la suite ac-compagner dans les divers postes qu’il occupera à l’étranger.

Une offre d’emploi inattendueAu moment même où son époux, de vingt ans son aîné, arrive à la retraite, elle reçoit une offre d’emploi de la CRS, qui souhaite lui confier la tâche dé-licate de coordonner l’encadrement des Tibétains en Suisse. S’ensuivent de pas-sionnantes années à Berne, auprès de la CRS. Malgré le décès de son mari et son propre départ à la retraite, Sigrid Joss continue à se mettre au service des autres. Le couple a réglé de longue date les détails de sa succession en couchant sur son testament ses filleuls et les œuvres caritatives qui lui tiennent à cœur, dont la CRS. Sigrid Joss s’engage aujourd’hui encore avec passion et donne souvent un coup de main aux archives de la CRS le mercredi après-midi. Les Principes de la Croix-Rouge ornent son frigo, et elle les a appliqués à sa propre exis-tence. Elle déborde d’idées et de pro- jets pour l’avenir. «J’espère surtout pou-voir conserver mon adresse e-mail à la CRS jusqu’à mon dernier souffle. A mon âge, il est trop tard pour en changer!»➥ en page 29, Sigrid Joss présente le

plat national tibétain.

Un premier don destiné à la Croix-Rouge

«Joss, Redcross! – s’est exclamé le dalaï-lama.»

Sigrid Joss aux côtés du dalaï-lama en avril 2010 à Zurich

Une femme hors du commun

Sigrid Joss-Arnd

A 79 ans, Sigrid Joss-Arnd est une femme de caractère. Un qualificatif qui va comme un gant à cette person-nalité ouverte sur le monde, engagée et moderne, qui a pris sa destinée en main. Jeune fille, elle avait déjà une idée précise de ce qui allait marquer sa vie: le Tibet et la Croix-Rouge suisse (CRS).texte: tanja pauli

photos: Annette Boutellier

«Les Principes de la Croix-Rouge m’ont convaincue.»

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Un campement après le déluge

Sénégal

L’automne dernier, de graves inondations ont fait des centaines de milliers de sans-abri en Afrique occidentale. Dans le nord du Sénégal, la Croix-Rouge suisse (CRS) a fourni une aide d’urgence à des habitants qui, même en temps normal, n’ont pas une vie facile.texte: Katharina Schindler

RéALitéS

Devenez parrain ou marraine à la Croix-Rouge suisse!Les enfants sont particulièrement vulnérables dans les situations de catastrophes et de conflits armés. Avec 1 CHF par jour, vous pouvez contribuer à offrir un avenir aux plus démunis et à leurs mères à travers la four-niture ciblée de nourriture, de soins médicaux, d’infrastructures scolaires et d’un encadrement bienveillant. Aidez-nous à alléger leur détresse en souscrivant un parrainage de la Croix-Rouge suisse. Les enfants vous en seront très reconnaissants.

OFFREz UN AVENiR À DES ENFANtS COMME LUiS

Plus de carte-réponse? Vous trouverez toutes les informations sur www.redcross.ch. Ou appelez-nous au 031 387 72 83 – merci!

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Page 14: CRS Magazine Humanité 2/2010

Pendant des semaines, Sira avait tenu bon dans l’espoir que la pluie allait enfin cesser. Mais l’eau continuant à monter, elle se résigna à réunir le strict néces- saire et à le charger sur sa tête. Puis, elle arrima le plus petit de ses trois en-fants sur son dos, attrapa les autres par la main et partit à l’assaut de l’eau, qui lui arrivait aux genoux. Cette nuit-là, le

village entier dut fuir et abandonner, la mort dans l’âme, maisons, biens, champs, petit bétail et réserves de céréales pour trouver refuge quelques kilomètres plus loin, au sec.Quelques jours plus tard, le personnel chargé d’acheminer l’aide d’urgence de la CRS découvrit un bien triste ta-bleau. «La pluie s’était arrêtée et les gens se tenaient debout, sans protection, sous un soleil de plomb. Ils n’avaient pu sauver que quelques maigres affaires et n’avaient même pas d’eau potable. Plu-sieurs enfants étaient déjà malades», re-late Balz Halbheer, l’un des logisticiens de la CRS. Le camion de la Croix-Rouge transportait 126 tentes, ainsi que des articles d’hygiène et des ustensiles de cuisine pour permettre aux gens d’assurer leur survie.

Des conditions de vie difficiles L’ensemble du Sénégal était en état d’ur-gence climatique. La région, régulière-ment éprouvée par la sécheresse dans le passé, était à présent ravagée par des inondations. Des semaines durant, des trombes d’eau s’étaient déversées, détrui-sant les maisons en torchis et les cabanes en paille. Les eaux stagnantes formaient désormais un milieu propice aux vec- teurs d’épidémies. Paludisme, diarrhée et éruptions cutanées se répandaient parmi les enfants.

L’immense plaine bordant le fleuve Séné-gal, dans le nord du pays, s’était transfor-mée en lac. Les repérages menés par la CRS mirent en évidence la profonde dé-tresse des Peuls, une ethnie semi-nomade qui vit dans cette région avec ses trou-peaux. Même en temps normal, sa préca-rité est extrême du fait du climat, rendu hostile par la chaleur accablante, de l’iso-lement et de l’absence de soins. Tandis que les hommes marchent toute la jour-née avec leurs vaches et leurs chèvres, les femmes cultivent des jardins et des champs pour leur propre consommation.

Un espace de vie menacéLa région offrait autrefois d’abondantes zones de pâture que les Peuls sillon- naient librement avec leur bétail. Mais à présent, la culture du riz et de la canne à sucre s’est largement approprié les terres fertiles longeant le fleuve. Les bergers ont ainsi vu leur espace de vie se réduire, ce qui les a contraints à se rabattre sur des zones inondables. Le village de Sira en avait fait les frais. Il fallut trois jours pour monter les tentes stables qui allaient pouvoir loger les fa-milles de bergers pendant un à deux ans.

Des latrines et un approvisionnement en eau douce furent également installés avec l’aide précieuse de 30 bénévoles de la Croix-Rouge venus de la bourgade de Richard Poll, non loin de là. Si les femmes restèrent à l’écart, les hommes et les enfants prirent part aux manœuvres. «J’ai été frappé par leur résistance. Pour nous autres Européens, travailler dans cette chaleur extrême était incroyable-ment dur», explique Balz Halbheer. Avant l’installation dans le campement, l’imam vint et se livra à un rituel de béné-diction clos par le sacrifice d’une chèvre. Sira et d’autres femmes fabriquèrent en-suite un foyer et préparèrent un véritable festin auquel les Suisses furent chaleureu-

sement conviés. Oubliant alors en partie leur timidité, les femmes se joignirent à la fête. «Merci, les Suisses», lança Sira dans un large sourire, tandis que les enfants s’amusaient avec le ballon de football of-fert par les délégués de la Croix-Rouge en guise de cadeau d’adieu.➥ www.magazine-humanite.ch/senegal

De la sécheresse au déluge, des extrêmes toujours plus fréquentsEn Afrique occidentale, il est assez rare que des intempéries dégénèrent en graves inondations. Le Sahel est en effet plutôt confronté aux sécheresses. Ses terres arides s’étendent sur plu-sieurs centaines de kilomètres de large, au sud du Sahara, et ceinturent l’Afrique. De vastes territoires du Séné-gal, du Mali, du Burkina Faso ou du Niger se trouvent dans cette zone éco-logiquement sensible qui, bien qu’in-hospitalière, accueille de très nom-breux bergers et nomades. Une mau- vaise saison des pluies et la crise alimentaire est inévitable.Or, depuis quelques années, les ex-trêmes climatiques se multiplient. La région a ainsi souffert de pluies dilu-viennes et d’inondations en 2007. L’an dernier, les pluies ont commencé dès le mois de juin. En août, la situa-tion a empiré, les sols arides ne parve-nant plus à absorber l’eau. Les inonda-tions ont touché seize pays et fait plus de 600 000 sans-abri. Dans certains pays, les structures lo-cales de la Croix-Rouge ont pu parer directement aux besoins des familles. Elles ont distribué des biens de secours achetés sur place et aidé les gens à bâtir des logements de fortune. Mais au Sénégal et au Burkina Faso, des centaines de milliers de sans-abri ont rendu la situation bien plus drama-tique.En réponse à l’appel de la Fédération internationale de la Croix-Rouge, la CRS a dépêché cinq logisticiens au Sénégal et au Burkina Faso. Ils ont coordonné toute l’aide internationale de la Croix-Rouge et se sont chargés de distribuer le matériel envoyé de-puis la Suisse, qui comprenait, outre les tentes, des ustensiles de cuisine, des sets d’hygiène et des outils pour plus de 1 000 familles.

Un village de tentes érigé sur un haut plateau aride loin de tout Une tente de la CRS peut abriter cinq personnes.

RéALitéS RéALitéS

À pROpOS

tout le village prit la fuite.

«C’était incroyablement dur.»

Les eaux stagnantes, un milieu propice aux vecteurs d’épidémies

26 Humanité 2/2010 Humanité 2/2010 27

Page 15: CRS Magazine Humanité 2/2010

Momos tibétainsPour 4 personnes

Ingrédients pour la pâte:600 g de farine, 2,5 dl d’eau chaude1 cc de sel, 1 cs d’huilePétrir le tout jusqu’à obtenir une pâte souple, puis laisser reposer 30 min.

Ingrédients pour la farce:500 g de viande de bœuf (ou des légumes finement hachés), 2 gousses d’ail pressées, Sel, gingembre râpé, poivre, poivre de Cayenne, év. garam masala, (mélange d’épices indiennes)

Mélanger les ingrédients pour la farce. Pour la farce végétarienne, étuver les légumes dans un peu d’huile. Etaler des boulettes de pâte pour en faire des rondelles assez fines. Placer un peu de farce au milieu, les plier en deux, ramener les bords au centre et bien fermer. Replier ensuite les deux pointes vers le milieu. Badigeonner le dessous des momos d’un peu d’huile afin qu’ils n’attachent pas. Les placer dans le panier-vapeur et faire cuire en-viron 20 min. On peut tremper les momos dans de la sauce de soja, un chutney ou du vinaigre de malt. ➥ Vous trouverez des photos

de la recette sous

www.magazine-humanite.ch

L’aridité des hauts plateaux tibétains se reflète dans la cuisine locale. Le Tibet, aussi appelé le Toit du monde, compte parmi les régions habitées à l’altitude la plus élevée: sa capitale, Lhassa, est située à 3 500 m et affiche une tempéra-ture moyenne de 8 degrés. L’essentiel de l’alimentation est constitué de viande et de produits laitiers. Les Tibétains élèvent des moutons, des chèvres, des yaks et des dzo (croisement entre une femelle yak et un taureau). Sigrid Joss nous fait partager ses souvenirs culinaires.

Souvenirs de Sigrid Joss :«L’une des spécialités du Tibet est le thé au beurre. Traditionnellement préparé avec du beurre de yak, il est omniprésent et répond aux besoins énergétiques éle-vés d’une population confrontée à un cli-mat très rude. Parmi les plats typiques, il faut citer les momos, des mets à base de pâte qui ressemblent aux raviolis italiens ou aux wan tan chinois. A vrai dire, je ne me rappelle pas quand j’en ai mangé pour la première fois. La recette consis-

tant à farcir une pâte de divers aliments avant de la mettre à cuire a quelque chose d’universel. Je pense qu’on la trouve dans le monde entier. Au Népal, j’ai été invitée plusieurs fois par des Tibétains vivant dans la vallée de Katmandou à partager un pique-nique de momos. Nous emmenions tous les ingré-dients avec nous puis, installés sous un arbre, nous mettions à émincer, hacher, mélanger, pétrir et farcir, tout en riant beaucoup. Une fois les momos confec-tionnés, on les cuisait ou les étuvait et tout le monde racontait des histoires – que je ne comprenais pas, mais auxquelles je riais quand même. Lorsque les momos étaient prêts, on les mangeait en conti-nuant à bavarder, à rire et à chanter. J’en ai des souvenirs magnifiques!»

thé au beurre et momos dans la vallée de KatmandouPlusieurs décennies d’activité auprès des Tibétains ont donné à Sigrid Joss une profonde connaissance de leur culture. Rares sont les livres qu’elle n’a pas lus sur l’Himalaya et les peuples de cette partie du monde.

Invitée à une fête équestre à Gyelthang, dans l’ouest de la Chine, une vallée peuplée en majorité de Tibétains

Sigrid Joss-ArndA dirigé l’accueil des réfugiés tibétains depuis 1978 pour le compte de la CRS. S’est rendue à six reprises au Tibet et a vécu plusieurs années au Népal.

La cuisine tibétaine

pÊLE-MÊLE

À pROpOS

Veuillez m’envoyer la brochure sur les testaments.

Merci de prendre contact avec moi.

Commande Croix-Rouge suisse, Eliane Boss, Rainmattstr. 10, Case postale,3001 Berne, courriel : [email protected] postal 30-9700-0, www.redcross.ch

Nom

Prénom

Rue/n°

NPA/localité

Tél. Date de naissance

En rédigeant un testament, vous avez l’assurance que votre patrimoine sera réparti selon vos dernières volontés et que vos valeurs vous sur-vivront. La brochure sur les testaments éditée par la Croix-Rouge suisse vous aidera dans cette démarche.

VOTRE DERNIERE VOLONTE PEUT ETRE UN GESTE POUR L’AVENIR.

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texte: Sigrid Joss/tanja pauli

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Page 16: CRS Magazine Humanité 2/2010

HUMANitE 1/2010Solution des derniers mots croi-sés: AIDeR LeS pLUS DÉMUNIS

Bravo aux heureux gagnants:Carola Brawand, Muri bei BernSuzanne Borloz, VersoixMano Gerster, NeukirchDoris Meier, PfeffingenBernard Menoud, Sâles

Solutions aux autres jeux de la dernière édition:

LabyrintheTracez le chemin qui va de l’entrée à la sortie de ce labyrinthe tortueux. Si vous le faites correctement, une figure apparaîtra.

Mots croisés POUR

VICTIMESDE GUERRE

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Mots cachés Découvrez les 20 mots qui se cachent dans cette grille, que ce soit à l’horizontale, à la verticale ou en diagonale. Les lettres peuvent servir à créer plusieurs mots.

Karma, alias Marco Ratschiller, est caricaturiste et rédacteur en chef du magazine satirique «Nebelspalter».

Vous trouverez les solutions du sudoku, des mots cachés et du labyrinthe dans la prochaine édition et sur la page Internet.➥ www.magazine-humanite.ch

À GAGNER Cinq linges de bain Redcross, d’une taille pratique de 100 cm x 150 cm, sont à gagner par tirage au sort parmi les bonnes réponses. Envoyez-nous la solution correcte des mots croi-sés et votre adresse par courriel à [email protected] ou sur une carte postale à:Croix-Rouge suisseMagazine «Humanité» Case postale3001 BerneDélai d’envoi des réponses: 20 juillet 2010

SudokuRemplissez la grille de sudoku de manière à ce que chaque chiffre de 1 à 9 ne se trouve qu‘une seule fois sur chaque ligne, dans chaque colonne et dans chaque pe-tit carré de trois cases sur trois.

4 0 0 2 0 0 3( C ) C o n c e p t i s P u z z l e s

329657418

148329756

657184932

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984563127

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584791632

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30 Humanité 2/2010 Humanité 2/2010 31

Page 17: CRS Magazine Humanité 2/2010

thomas Büeler, logisticien de la CRS

«Le travail en Haïti était très dur, mais nous avons fait front au chaos. Nous avons pu parer au plus urgent.»

Nous avons besoin de votre aide.Compte postal 30-9700-0