creuse-citron n°08

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  • 7/31/2019 Creuse-Citron N08

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    Creuse-CitronJournal de la Creuse libertaire - N8 2

    me

    trimestre 2006 , prix libre...

    Tous en colreT'es jeune, tu sautes : p 2-3

    La gueule toute verteLes champs du dpart : p 4-5

    Mauvaises

    frquentationsBrig Laugier, tous plis : p 6-7

    La voix de leurs

    matresMdias libres, une utopie militante : p8-9

    Capitalisme

    la poubelleFaut pas chariah : p 10

    Des menottes pour les bbs : p 11

    Mauvaises lecturesAux armes, citoyens : p 12

    Revue de crisePresse et Bruriers, tous noirs : p 13

    Mmoire aux poingsLa Charte dAmiens : p 14

    Mmoire rcenteLe CIRA : p 15

    Vous tes cerns : p 16

    NI CPE NI CDI

    DU TEMPS POUR VIVRE !

    ...Et maintenant : Faut

    que a saute !

    Depuis 2002 les atteintes incessantes au Code duTravail n'ont cess de s'amplifier. Les baissesd'impts pour les plus riches, les exonrations descotisations sociales dues par les patrons, l'accentuationdu contrle social pour les plus dmunis ainsi que lacriminalisation de tout mouvement social sont les faitsmarquants du quinquennat de Chirac et de ses sbires.

    Jamais un gouvernement de la cinquime rpubliquen'a autant t contest. Dans la continuit de Raffarin,

    Villepin enfonce le clou.La Chiraquie, toutes les prostitues des valeurs de la

    rpublique ainsi que les partisans de la fameusedmocratie parlementaire, sont dans un coma dpass.Leur droute face au mouvement anti-CPE a fait rire lereste du monde. Maintenant, ils promulguent des lois endemandant de ne pas les appliquer. Ce comportementanticonstitutionnel dclenche la fois rise et colre.

    Ces fameux lus du peuple ont atteint leur seuildincomptence. Il est temps que a s'arrte. Leur

    modle de socit librale voue au profit et ausabotage de la plante est dfinitivement foutu.

    Place aux alternatives et que a saute !

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    2 Tous en colre

    On entend beaucoup parler des contrats CPEet CNE... beaucoup moins des ContratsAvenir. Pourtant, plusieurs milliers de personnesont sign ce contrat invent par Borloo en mai

    2005.Au dbut, ces contrats taient de 2 ans pour

    un travail de 26 heures hebdomadaires plus untemps de formation obligatoire laiss au choixde l'employ(e). Les patron(ne)s n'avaient pas lechoix : ils(elles) devaient signer pour 2 ans !Bien vite, Borloo et sa clique du ministre duTravail ont "assoupli" la contrainte : le patronatpeut dsormais choisir la dure du contrat (6mois, 1 an...) mais jamais plus de 2 ans ! Hormispour les plus de 50 ans, le contrat estrenouvelable : histoire d'aller jusqu' la retraite...

    Cette volte-face aprs quelques moisd'application de ce nouveau contrat est expliqu

    par le patronat lui-mme :"C'est trop long ! Il y a trop d'incertitudes !Les employ(e)s peuvent nous lcher en cours deroute !" Il faut rappeler que ledit patronat n'a pasle droit de casser le contrat : ceci doit expliquercela !

    En tout cas, l'esclavage moderne existe bienencore : corvable merci et sr de rien.Prcarit tous les tages ! Les Contrats Aveniront remplac les CES. Merci Borloo pour cetavenir digne de Madame Soleil !

    Alayn DROPSY

    LES CONTRATS DAVENIR (RADIEUX?)

    Vous tiez dessous, mettez vous dessus. Voil la

    rvolution !

    COMITES DE LIAISON

    Dans le cadre de la loi sur l' exclusion, uneloi de Juillet 1998 stipule que doivent secrer des Comits de Liaison afin d'instaurer undialogue, au moins trois fois par an, entre

    l'ANPE, qui en a l'initiative, les syndicats desalaris et les associations de chmeurs.AC ! 23, seule association de chmeurs du

    dpartement, rclame depuis le 12 Janvier 2006la relance de ce comit de liaison. Mais en vain.Face au silence mprisant de l'agence, desmilitants d'AC se rendent sur place, en pleinepriode d'incendie de locaux d'agences, avecforce tracts pour informer sur place les usagerset exiger une entrevue avec la directrice. Deuxmois aprs, un courrier de cette directrice nousinforme de la nomination d'un nouveaudirecteur, qui "s'engage donner suite notredemande".

    Ce ne serait pas du foutage de gueule, a ?AC !23

    Marque-page usage de pense-btedistribu aux conseillers ANPE etrcupr par un chmeur.

    AUX TUDIANTS, CHMEURS,SALARIS PLUS OU MOINSPRCAIRES, , DE FRANCE ET DE

    NAVARRE, A TOUS CEUX QUI SONTCES JOURS-CI EN LUTTE CONTRE LECONTRAT PREMIERE EMBAUCHE, ETPEUT~TRE CONTRE BIEN PLUS QUECA...Puisque nous parvenons de plus en plus

    prcisment envisager le moment o la Terre

    sera entirement consume par notre mode de

    vie, Puisque les scientifiques en sont rduits

    nous promettre la colonisation d'autres plantes

    consommer,

    Nous, salaris et tudiants, stabiliss ouoccasionnels, de la rgion parisienne et d'ailleurs,occupants du Centre d'tude des Modes

    d'Industrialisation au 4 tage de l'EHESS en cepremier jour du printemps, voulons rflchir ceque pourrait tre une vie prenne et souhaitabledans un autre monde fini,Il nous semble impossible de poser la question

    de la prcarit des emplois et des revenus

    montaires sans poser aussi celle de la prcarit

    de la survie humaine globale. En ces temps dedsastre cologique trs avanc, nous pensonsqu'aucune position politique et aucunerevendication qui n'intgre pas le caractred'impasse du dveloppement conomique, de lacroissance, ne peuvent avoir la moindre valeur.

    Nous sommes donc la fois fantastiquement

    utopistes et radicalement pragmatiques, bien pluspragmatiques au fond que tous les gestionnairescrdibles du capitalisme et des mouvementssociaux (quand UNEF rime avec MEDEF...).

    Nous voulons briser le culte dont sont l'objet lescrateurs d'emplois et de richesse, rhabilitsavec le concours de la gauche dans les annes1980. Aucun discours sur l'exploitation et laprcarit n'a de sens et d'efficacit s'il s'interditde malmener comme ils le mritent cesbienfaiteurs de la collectivit.

    Nous voulons aussi lever le tabou de cemouvement anti-CPE : la perspective du plein-emploi, qui sous-tend la plupart des mots d'ordreet des revendications, n'est ni raliste nidsirable.

    Le travail humain, en Occident, est supprimmassivement par les machines et les ordinateursdepuis plusieurs dizaines d'annes. Il n'a certes

    jamais t autre chose qu'une marchandise pourle capital, mais ce qui a chang au stade actueldu progrs technologique c'est quel'accumulation d'argent exige moins d'humains exploiter qu'avant. Il faut se mettre dans la tteque le capitalisme ne peut plus crer assezd'emplois pour tous. Et reconnatre qu'en plus,ceux qu'il cre encore pniblement sont de plusen plus vides, dconnects de nos besoinsfondamentaux.

    Dans ce systme, la production matrielle estdlocalise vers les pays en voie dedveloppement , o se concentre ainsi le

    (Suite page 3)

    APPEL DE RASPAIL

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    La France vient de connatre desvnements sociaux de grandeampleur, principalement anims par les

    jeunes tudiants et lycens, avec des salaris

    un peu la remorque. Ce ne fut pas unremake des vnements de mai 68, ce futautre chose. Cest normal, le contexte abeaucoup chang tant sur le plan politiquequconomique.

    Auparavant, il y avait eu 1986 avec les loisDevaquet, puis le puissant mouvement deslycens en 2005, qui n'ont rien voir avecles mouvements de dcembre 1995 ou duprintemps 2003, essentiellement anims parles salaris. Les vnements du printemps2006 ont t sans doute dune ampleursuprieure aux prcdents sur de nombreuxplans.

    La Creuse, petit dpartement rural, avec un

    peu plus de 120 000 habitants, sans grandscentres urbains, peu de tissu industriel et pasduniversit, na pas t en reste. Les jeunescreusois se sont engags dans la lutte sanscomplexes avec peu de moyens et unecertaine inexprience.

    Ce fut trs ingal selon les endroits. Guretfut le lieu principal des luttes mme s'il y eutquelques mouvements La Souterraine etdans une moindre mesure, Aubusson,Bourganeuf et Felletin.

    Les plus gros lyces ont jou un grand rleainsi que les positions prises par lespersonnels de direction. Cela est all de lasympathie, sans aller peut-tre jusqu unsoutien franchement ouvert, jusqulintimidation, la menace et linterventiondes forces de rpression.

    Par exemple, Aubusson, les lves lesplus actifs et les plus dsireux de"radicaliser" leur mouvement ont tmenacs d'intervention de la gendarmerie etd'arrestations si le lyce tait bloqu.De mme, les forces de rpression ont tappeles pour une vacuation lors dun

    dbut doccupation des plus pacifistes !Cest sans doute le seul cas de ce type enLimousin : des "responsables" faisant unzle dpassant, et de loin, les dsirs de leurssuprieurs, recteur ou ministre. Mais cest

    vrai qu toute poque, il y a eu des genspour tre plus quaux ordres, pour devancerla collaboration demande. Et aprs ce sontles mmes que lon retrouve dans la

    promotion de "lducation citoyenne" deslycens ! Il vaut mieux en rire mme si cesattitudes de "chiens de garde" zls doiventtre dnonces avec la plus grande vigueur.

    A Guret, les lycens sorganisrent petit petit avec quelques difficults tout de mme.Leur jeunesse et leur inexprience politiqueet syndicale ne facilitrent pas les choses. Lesyndicat lycen, UNL, apparut ici ou l maisna jamais eu de vritable existence etactivit, sans parler du MJS ou autres,totalement inexistants ; mais peut-tre ce futl un bel avantage ?

    Malgr cela, les lycens surent dvelopper

    un mouvement et des actions que les salarisnont pas t capables de rejoindre, sinondans les "grandes journes nationales demobilisation", bien calmes et bien leves,assurant en quelque sorte le "minimumsyndical" !

    Pas dcourags, les lycens se lancrentdans le blocage de leurs tablissements etpar la suite, daxes routiers. La rpressionavec son cortge de violences policires afinalement t vite en Creuse, mme sicertains moments ont pu tre plus "chauds",comme lors de lenvahissement desbtiments de linspection acadmique.

    Un bel exemple pour les salaris,syndiqus ou non, que ce mouvement de

    jeunes sans complexe qui a su tracer sonchemin de lutte tout seul. De plus, ils ont tles rares dvelopper des mots dordredpassant le simple "retrait du CPE"revendiqu par toute lintelligentsia politiqueet syndicale. Ils ont compris que le CPEntait que la partie merge dune plusvaste "saloperie" dont ils feraient assurmentles frais, mais pas tous seuls !!

    Esprons que ces luttes ne soient quunchauffement, que le dbut dune

    "gymnastique rvolutionnaire", chre lanarchiste italien, Malatesta.En dautres temps, le mot dordre tait :

    CE NEST QUUN DEBUT,CONTINUONS LE COMBAT !

    Tous en colre 3(Suite de la page 2)

    dsastre cologique (mme si nous nesommes pas en reste).

    Et chez nous, dans notre conomie deservices prtendument immatrielle,fleurissent les emplois de serviteurs :

    esclaves des cadences robotiques,domestiques des services la personne(voir les rcents plans Borloo), petitssoldats du management.

    Ce mouvement ne sera fort et porteurd'avenir que s'il fait entendre une critiquelucide du travail moderne. Et s'il permetd'tablir dfinitivement qu'il n'y aura pas desortie de crise. Loin de nous laisser abattre,nous voulons faire de ce constat unechance.

    Nous pensons qu'un mouvement socialconsquent doit se donner pour but d'aiderl'conomie s'effondrer. Le monde actuelne connat pas d'en-dehors, on ne peut pas

    esprer le fuir. Il faut donc patiemment yconstituer des milieux de vie o l'on puisseproduire ses moyens de subsistance sans leconcours de la machinerie industrielle, eto mergent de nouveaux rapportshumains, dgags d'elle.

    Il faut dans le mme temps entreprendrele dmantlement de pans entiers del'appareil de production existant, inutilesou nuisibles.

    Bien sr, tout cela exige, dans nosdiscours comme dans nos pratiques, unrejet rsolu de l'Etat et de ses reprsentants,qui seront presque toujours des obstacles

    nos projets d'autonomie.

    CESSONS DE RCLAMER UNEMPLOI STABLE POUR CHACUN

    (mme s'il arrive tout le monde dechercher du boulot ou de l'argent)

    QUE LA CRISE S'AGGRAVE!QUE LA VIE L.'EMPORTE !

    Les occupants du Centre d'Etude des

    Modes d'Industrialisation ( l'Ecole des

    Hautes Etudes en Sciences Sociales, bd

    Raspail Paris), constitus en Comit

    Pour la Dsindustrialisation du Monde,

    entre l'aube du 21 mars 2006 et le milieude la nuit suivante.

    A la Saint Villepin, tapes sur lEtat, pas dans tes mains !

    Plus de caresses

    Moins de CRS

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    Aprs avoir longuement tudi,dissqu, concass, synthtispratiques et savoirs paysans, les "expertshors-sol" sont formels : les culs-terreux,

    bouseux, ploucs, pquenots et autrespedzouilles doivent dbarrasser le plancherdes vaches pour laisser la place quelquesexploitants agricoles super productivistes.

    A leur suite, certains zlus zls selchent : "L'agriculture franaise est en voiede ringardisation dans les milieux politiques

    et notamment auprs des dputs urbains.

    Ces derniers considrent que ce secteur va

    disparatre comme les charbonnages et le

    textile" (Antoine Hert, dput alsacien).Ainsi donc les dernires traces des valeurs

    paysannes "archaques" devraient s'effacersous le vent du "modernisme" capitaliste

    dont les "russites" sur le plan social,alimentaire, environnemental donnent envied'chouer !

    Ainsi donc l'industrialisation del'agriculture devrait karchriser les 50 % dela population active mondiale qui seconsacre, encore, la tche si drisoire denourrir l'humanit !

    Liber-terre ou propri-terre ?"Si les hommes crachent sur la terre, ils

    crachent sur eux-mmes, la terre

    n'appartient pas l'homme, l'homme

    appartient la terre" dclarait en 1854 unvieil indien dwamisch au prsident desEtats-Unis. En Europe une partie de laterre est reste longtemps bien commun dansles "communaux" qui en assuraient l'usage l'ensemble des membres d'un village.

    Plus rcemment les comits de terrekanaks luttaient en Nouvelle-Caldonie poursa rappropriation collective. De mme auMexique la rvolution zapatiste de 1910

    avait conduit la "ley de ejidos" quientrinait la proprit sociale de la terredistribue de faon communautaire desgroupes de paysans (plus de 50 % des terresen 1940). C'est la mise en place de l'ALENA

    (USA, Canada, Mexique) qui a conduit laprivatisation de l'ejido en 1992.

    C'est que le dveloppement du capitalismeimplique la mise disposition d'une main

    d'uvre abondante et bon march. L ' e s s o rde l'industrialisation s'appuya sur les "loisd'enclosure" (18me sicle en Angleterre,19me en Europe) imposant la substitutionde l 'agr icul ture individuel le aucommunalisme par l'obligation des cltures.De gros propritaires vincrent les petitstenanciers qui partirent grossir les rangs duproltariat naissant. Il n'tait pas rare que cesnouveaux esclaves soient enferms la nuitdans les manufactures... Vider lescampagnes pour remplir les usines ncessitede casser les liens avec la terre.

    Les patrons europens attendent avec

    convoitise la ruine de quatre millions depetits paysans dans les pays de l'Est qui ontrejoint l'UE. Le "miracle" chinois actuel estbas sur les facilits offertes par le Parti-Etattotalitaire aux capitaux occidentaux poursurexploiter plusieurs centaines de millionsde paysans dracins.

    La terre a pris une valeur marchande, peuttre vendue, concentre, confisque,dtruite. Mme les dieux s'en mlent, leConseil Constitutionnel iranien justifiantainsi l'annulation des lois donnant auxpaysans les terres des grands domaines : "Lareligion tient la proprit comme sacre".

    L'agrobizness est dans le pr

    Les pratiques paysannes taient fondessur l'utilisation des ressources locales, l'auto-fourniture en nergie, l'autonomie desconnaissances et des modes de vie,l'importance de la socialisation. C'est aprsla seconde guerre mondiale que les effortsconjoints de politiciens, conomistes,technocrates et agronomes ont fortementacclr le dploiement de l'agricultureproductiviste.

    Dans les campagnes apparat alors unenouvelle gnration "moderniste", largementinfluence par la JAC (Jeunesse Agricole

    Catholique) trs prsente dans le CNJA(Centre National des Jeunes Agriculteurs).La messe tait dite, l'exode rural, accentupar la baisse des prix agricoles, taitprogramm : "Le problme paysan c'estcomme celui des anciens combattants : tous

    les jours il en disparat, si bien que la

    question se rglera d'elle-mme" (GnralDe Gaulle) ou encore, "Il appartient auxdirigeants agricoles d'expliquer aux

    agriculteurs que, dans leur propre intrt,

    un certain nombre d'entre eux doit s'orienter

    vers d'autres activits" (Michel Debatisse,JAC, secrtaire gnral CNJA puis FNSEA).

    Alors que les paysans avaient toujoursinnov par la fertilisation, lirrigation,lamlioration des semences, la slection deraces... la recherche agronomique concentredans des laboratoires et des champs d'essais

    impose un "savoir hors-sol" li auxindustries agroalimentaires (machines,engrais, semences hybrides, pesticides,antibiotiques, hormones...).

    En particulier la chimisation galopante apermis aprs-guerre la reconversion desindustries chimiques lies l'armement. Laspcialisation, facilite par les transports bas prix, entrane la monoculture qui puiseles sols et fragilise les plantes. Parl'imposition des semences hybrides,aujourd'hui des OGM, les paysans doivent sefournir auprs de grandes firmesinternationales, ce qui amne la disparitionde la quasi-totalit des semences localesrustiques. Il existait 2 000 varits de riz auSri Lankha, les associations locales ont puen sauvegarder une dizaine. Sur les 50 000

    espces de plantes alimentaires de la plante,seules 150 sont inscrites au registreinternational.

    Moins connu, mais tout aussi redoutable,le systme des brevets oblige les paysans despays du Sud payer pour des plantes qu'ilscultivent depuis des millnaires ! Ainsi"Conservation International", qui regroupeles 50 plus grandes multinationalesamricaines, achte des terres dans deszones riches en biodiversit (Chiapas,Colombie, Indonsie...) afin d'en tirer desbrevets et des mdicaments.

    Le paysan, qui participait autrefois latransformation des produits (abattages,conserves, produits laitiers), voit sa cour deferme envahie par les industriesagroalimentaires entranant une baisse de lapart agricole dans le prix final. Le paysan estdevenu un rouage d'une mcaniqueindustrielle sur laquelle il n'a aucun contrle.

    Cultures contre nature

    Les paysans connaissent en majorit lasolitude, les longues journes (40 %travaillent plus de 55 heures par semaine),les faibles revenus (60 % ont moins que leSMIC), l'endettement, la dpendance auxsubventions, les pressions des techniciens,

    des financiers, du march, desmultinationales... Une grande partie de leurstches a t accapare par le secteur agro-industriel.

    Un agriculteur qui s'installe "cre"plusieurs dizaines d'emplois : machines,aliments du btail, biotechnologies,agronomes, chimistes, banques, vtrinaires,transports, commercialisation, mutuelle...80 % des produits sont conditionns parl'industrie agroalimentaire qui "enrichit" nosaliments de conservateurs, dulcorants,stabilisateurs, antioxydants, correcteursd'acidit, antiagglomrants, antimoussants,

    mulsifiants, exhausteurs de got, glifiants,agents d'enrobage, humectants, amidons, gazd'emballage, stabilisants, paississants... Bonapptit ! Sont slectionns les produits quipeuvent se stocker, se transporter, au

    Les champs du dpart ?

    4 La gueule toute verte et noire

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    La gueule toute verte et noire -5

    Si un jour la merde prend de la valeur, les pauvres natront sans cul

    Biotope, cooprative de quinzeproducteurs en montagne, vend sousdiverses formes 52 plantes appartenant auxsavoirs populaires et usages alimentaire,hyginique, tinctoriaux ou agricoles.

    Elle a t rcemment condamne (lejugement est en appel) par le tribunalcorrectionnel de Nmes pour avoir vendu dela prle des champs !

    Or toute plante inscrite la pharmacopenon exclusivement mdicinale est libre la

    vente hors officine, telle la prle utilisenotamment en alimentation et en agriculture

    biologique (purin de prle). En fait letribunal argue d'une directive europenne Nouveaux aliments rglementant toutenourriture dont le procd de productionentrane des modifications significatives deleur valeur nutritive ou de leur teneur ensubstances indsirables .

    Il est significatif qu'un texte qui visait lesOGM soit utilis pour la prle, d'origineprhistorique et de cueillette sauvage, doncnon manipule !

    Les services de la rpression des fraudesdu Gard traquent aussi d'autres plantes

    traditionnelles : bleuet, bouleau, buis, souci,millepertuis...

    En fait il s'agit de s'attaquer cette filireet la libre consommation de plantesutilises dans de nombreux pays depuis trslongtemps.

    C'est pourquoi Biotope propose lasignature une ptition disponible par courriel([email protected]).Informations extraites de "Campagnes

    solidaires", fvrier 2006

    La chasse aux plantes sauvages est ouverte

    Paroles IndiennesParoles IndiennesParoles IndiennesParoles Indiennes

    Voyez mes frres, le printemps est

    venu ; la Terre a reu l'treinte duSoleil et nous verrons bientt les fruits de cetamour. Chaque graine s'veille et de mmechaque animal prend vie. C'est cemystrieux pouvoir que nous devons aussinotre existence ; c'est pourquoi nousconcdons nos voisins, mme nos voisinsanimaux, le mme droit qu' nous d'habitercette terre. Pourtant, coutez-moi, vous tous,nous avons maintenant affaire une autrerace, petite et faible quand nos pres l'ontrencontre pour la premire fois, maisaujourd'hui grande et arrogante. Asseztrangement, ils ont dans l'ide de cultiver le

    sol et l'amour de possder est chez eux une

    maladie. Ces gens-l ont tabli beaucoup dergles que les riches peuvent briser mais nonles pauvres. Ils prlvent des taxes sur lespauvres et les faibles pour entretenir lesriches qui gouvernent. Ils revendiquent notremre tous, la Terre, pour leur propre usageet se barricadent contre leurs voisins ; ils ladfigurent avec leurs constructions et leursordures. Cette nation est pareille un torrentde neige fondue qui sort de son lit et dtruittout sur son passage. Nous ne pouvons vivrecte cte.

    Paroles de Tatanka Iyotanka (Sitting Bull)

    chef Lakota Hunkpapa

    dtriment des qualits gustatives etnutritionnelles. Ainsi la majorit de lapopulation consomme des alimentsnormaliss, empoisonns aux pesticides etadditifs chimiques.

    Depuis 50 ans plus de 100 000 molculeschimiques s'accumulent dans la nature ;

    seulement 3 000 ont t testes et on ne saitrien des effets de leurs combinaisons ! 70 %de l'eau disponible sur la plante est utilisepar l'agriculture, puisant les zones aquifres(culture du mas, varits slectionnes deriz et de bl ncessitant trois fois plusd'eau...).

    Aujourd'hui les rendements stagnent alorsque 500 espces d'insectes, 150 maladies desplantes, 70 types de champignons parasitessont devenus rsistants aux produitschimiques ! Les hausses de productivitclaironnes ne tiennent aucun compte del'nergie consomme, des intrants*

    chimiques, ni bien sr de l'environnement etde la vie des gens. Une tude anglais eralise en 1995 dans 52 pays dmontre quepour produire une mme quantit denourriture l'agriculture industrielle ncessite60 fois plus d'intrants que la polyculturetraditionnelle. Pourtant les choix des"dcideurs" restent les mmes et sontsymboliss par la FAO (Organisation desNations Unies pour l'Alimentation et

    l'Agriculture). Depuis sa cration en 1945,elle a vant le productivisme outranceauprs d'une paysannerie considre commeignorante. En 1966 elle a impuls la crationde l'ICP (Industry Cooperative Program),coordonnant 100 firmes agroalimentaires,90 % des fabricants de machines agricoles et

    des producteurs de pesticides... afin de"stimuler l'expansion agro-industrielle dans

    les pays en dveloppement". En 2004 elleprconise l'utilisation des biotechnologiespour les cultures vivrires de base telles quemanioc, pomme de terre, riz, bl !

    Sous les pavs... la terre ?Face aux catastrophes cologiques,

    sanitaires et humaines qui s'amplifient, lecapitalisme avance de nombreuses"solutions" : "agriculture raisonne",imposture mitonne par la FNSEA et l'agro-industrie promettant un zeste de pesticides etd'engrais en moins tout en prservant lesystme nergivore et rducteur debiodiversit ; "dveloppement durable",contradiction dans les termes car ledveloppement dans le domaine agricole acontribu dtruire ressources locales etcultures vivrires ; "commerce quitable",supercherie** apportant bonne conscienceau consommateur tout en conservant lesrouages du march mondial (transports,transformation, emballage, distribution...) ;

    "tourisme solidaire", fumisterie participant la transformation d'un espace de travail et devie en espace de loisirs marchands...

    Sortir des absurdits du systme impliqueune rupture totale base sur les valeurspaysannes d'autonomie, de solidarit,d'quilibre.

    Aujourd'hui, partout dans le monde, denombreux paysans s'y investissent traversdes luttes et des pratiques renouveles :paysans franais "hors-normes" se passantdes aides l'installation, paysans brsiliensrcuprant des terres par l'action directe,cooprativistes andalous retrouvant lesprincipes libertaires de la rvolutionespagnole, paysans sud-corens manifestantcontre les sommets mondiaux...

    Toutes ces initiatives dpassent lecorporatisme et nous concernent tous :Creuse-Citron y reviendra dans un prochainnumro.

    Elan NoirEn souvenir de mon grand-pre qui m'avait

    dit, peu avant sa mort survenue dans sa

    96me anne, qu'il ne regrettait pas sa vie

    de petit paysan creusois, car il aimait la

    libert et n'aurait pas support qu'un patron

    lui donnt des ordres.

    * intrant : tout ce qui vient de lextrieur delexploitation agricole (engrais, pesticides)**voir Creuse-Citron n1

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    6 Mauvaises frquentations

    Tu signes Brig Laugier "sculptrice de

    livres" ; quand j'ai connu ton travail le

    qualificatif qui m'est venu est "plieuse de

    culture". Est-ce que cette appellation te

    convient aussi?

    Pourquoi pas? J'aime bien jouer avec lesmots. Du volume je fais un Volume. J'avaisquelque chose dire sur le livre. Un jour,envahie par les livres, il fallait que j'en fassequelque chose : les donner unebibliothque, les jeter. J'ai dcid de lesprendre comme matire. J'en avais marre

    aussi de vivre avec des gens qui tiraient leurexprience uniquement de la lecture. Alorsj'ai transform le livre en quelque chose deplus positif. Avec ma matire je suis assurede ractions pidermiques, il y a forcmentun ct provocation, qui dclenche trsrapidement la communication.

    L'ide est de prendre le livre et d'avoir unseul geste. Mon geste je l'ai trouv, c'est legeste du pli, page par page, et le livre resteintact. Il s'agit simplement d'unemtamorphose d'une matire premire quiest le livre. A chaque page je garde le gestede la lecture puisque c'est page aprs page

    que je travaille. A chaque livre le rsultatdonne une forme diffrente. Mais je travailleaussi sur la notion de l'intact puisque le livreest intact : toutes les pages sont l et il n'y apas de geste de destruction, seulement detransformation.

    C'est dire que le livre pli reste lisible si

    on dfait chaque pli?

    Oui cela reste possible, mais mon travailc'est de sortir de la fonction du livre qui estd'tre lu, videmment : je vois une autrefonction qui est d'tre une matire entre mesmains. Je ne recherche pas faire del'esthtisant, il se trouve qu' la fin c'est

    beau, tant mieux pour moi et pour tout lemonde, mais ce n'est pas mon propos. Laforme au final peut tre une traduction de ceque j'ai pens du contenu.

    Tu lis le livre en mme temps que tu le

    transformes?D'une certaine faon, avant de transformer

    le livre j'ai besoin d'en palper le contenu, pasforcment d'en faire une lecture complte,mais au moins de savoir de quoi a traite.

    Par contre tu t'interdis de l'abmer ou de

    le transformer de faon irrmdiable?

    Ce n'est pas une interdiction mais unethique : je ne conois pas que mon travail

    soit une destruction. Il s'agit d'unetransformation. Certains prennent a pourune destruction car on ne peut plus le liredirectement. Ce reproche m'est tranger. Ilfaut savoir que je travaille essentiellement

    sur des livres qui sont hors circuit de lalecture, je ne ferai pas la dmarche d'entrerdans une librairie acheter un livre pour leplier, il faut qu'il y ait une histoire, duhasard : je trouve, je rcupre, on me donne,

    je sauve. Je me venge aussi : il y a desmontagnes de bouquins de droit, debouquins religieux, tous les petits missels.

    Que faire de toute une littrature qui n'aplus cours? Et bien je les "faille"! Je les metsen "gueule"!

    Le premier livre que j'ai pli, je l'ai appel

    "je gueule", le pliage l'ouvre comme unegueule.

    Je peux taler plein de formes parce quej'en ai fait des centaines mais ma forme debase c'est la faille (c'est par a que j'aidmarr) et aussi la gueule : ouvrir le livreen forme de faille ou de gueule.

    Mais ce n'est pas un travail artisanaltechnique avec un projet de forme raliser.

    Il y a quand mme un grand soin, le pliageest parfaitOui, mais a reste une improvisation car je

    ne connais pas la forme qui en rsultera. Jeprends le livre, je commence plierquelques pages, je cafouille un peu et puisc'est parti, c'est la forme qui m'appelle. Audmarrage j'ai le sentiment par rapport cette matire premire de vouloir faire unefaille ou une vague, ou une pyramide, deschoses comme a, trs gnrales. Puis monhumeur du moment, ou une erreur de pliagepeuvent me conduire ailleurs.

    Le pli me fait mettre le texte l'extrieurdu livre, contrairement au livre qui est en

    rayon dont on ne voit que le dos. Je prsentele texte de face, j'are le livre, j'are laculture. On m'a donn tous les titres : ladvoreuse, la plieuse perverse. J'avais besoinde ce geste, plier, fermer le texte, et au final

    le livre est ouvert.C'est fait trs simplement, je suis contente

    de pouvoir faire une oeuvre avec un gesteque tout le monde peut faire. Mon travail estsimplement le travail d'une ide. Pour moitre artiste c'est a. Tout le monde a desides, mais que faire de ses ides, qui enfaire part ?

    Je ne veux pas faire l'artiste qui faitquelque chose que personne ne peut faire.a intrigue beaucoup quand je dis que c'esttrs simple et que je n'ai que mes mains,

    sans aucun outil, et mes genoux sur lesquelsje pose le livre. Je peux travailler n'importeo avec des gestes simples, et ma matirepremire je l'ai partout, il y a toujours unlivre qui trane par l.

    J'aime bien travailler avec une matireexistante. J'ai expos Eymoutiers au"Monde allant vers..." je fais partie desartistes qui travaillent avec des dchetsrecycls.

    Tu plies chaque livre individuellement,

    mais t'attaques-tu aussi des sries?

    J'ai d'abord travaill pice par pice, puisun livre en appelle un autre, comme les

    encyclopdies ou les tomaisons, j'ai alorstravaill par sries c'est dire dans une autredimension permettant d'envahir des espaces.Par exemple une srie de livres de poche que

    j'ai faills et ficels, autre intervention que legeste du pli que je m'autorise. Je peux enfaire des colonnades, comme des moulinsposs les uns sur les autres en hauteur, oubien une ligne continue blanche l'horizontale. Ce sont des univers. Autreexemple, "conversation" : les trente cinqvolumes d'une encyclopdie o j'ai cr uneouverture qui de livre en livre s'ouvre, semultiple, comme une vague.

    Mon propos est aussi dans l'installation.Les gens cherchent quoi a ressemble, par

    exemple les colonnes exposes dans desmangeoires moutons ou suspenduesreprsentent pour certains des moulins prire ou des turbines. Mais je ne cherchepas ce que a ressemble quelque chose.

    Plieuse de culture ? entretien avec Brig Laugier

    Brig Laugier est une artiste plasticienne qui pose souvent sa valise en Creuse. Depuis quelquesannes, elle a entrepris de plier les pages des livres pour crer d'tonnantes sculptures. Loin del'esthtisme, son uvre est directement en prise avec le monde qui nous entoure. Pour Brig, plier des

    livres n'est pas une provocation gratuite, c'est une activit porteuse de sens social et politique.

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    Mauvaises frquentations 7Je suis dans le concret puisque je plie dupapier, mais je ne suis pas dans la cocotte enpapier. Je n'ai aucun propos raliste. C'estsimplement une histoire de regard : on peutregarder n'importe quelle chose qu'on aautour de soi avec un regard autre quel'habituel, l'utilitaire. Je tourne et dtourne

    les pages. Les enfants comprennent a trsbien, et je n'ai pas de problme avec leregard des enfants, ils n'ont pas cetteraction c'est-y-pas malheureux de faire aavec des livres qu'on a tous.

    Mettons que tu aies entre les mains le

    Droit la paresse de Paul Lafargue et le

    Manifeste du Parti Communiste, est-ce que

    le contenu va influencer sur le pliage ?

    Attends, j'ai un cadeau pour Creuse-Citron.

    Brig Laugier revient avec en mains un

    volume pli "faill" des oeuvres de Staline

    dans une dition hongroise de 1949.

    Ce livre l a toute une histoire. J'taisinvite, en tant qu'artiste, travailler enHongrie. J'y trouvais plein de livres carchaque famille avait eu l'obligation d'avoirtoutes les oeuvres de Lnine et de Staline.Certains les avaient jets d'autres mis lacave comme la famille qui m'hbergeait. Leslivres avaient pris l'humidit, il y en avaittoute une collection et j'ai travaill avec a.J'en ai fait des cercles et des lignes. Celui

    que je vous donne fait partie de cette srie.Tu as donc introduit une flure dans

    Staline.

    J'ai travaill aussi sur le petit livre rouge,et je l'ai trait comme je traite les missels,c'est le mme papier, il n'y a que la couleurqui change ! Il y a des enluminures que jefais ressortir sur la tranche et a m'amuse deles mettre cte cte. J'ai aussi beaucouppli la Bible.

    Est-ce que tu plies pareil la Bible, le

    Coran et la Tora?J'ai pli, confront et expos les deux

    premiers, avec des formes identiques. J'ai dretirer le Coran parce qu'on ne joue pas avecla parole de Dieu ! Le texte de l'expo taitcelui-ci Je pleure toutes nos guerres, voicile Coran, voici la Bible, replis sur eux-mmes, textes mis au secret".

    Creuse-Citron contemple un missel quiressemble une crte d'Iroquois

    Mme ceux qui ne sont plus cathos du touttiennent leur missel, nom de dieu. Il n'y apas dire, chacun de nous a ses limites."Alors tu plies tout. Mais quand mme

    pas..." Tu as toujours un "mais", peut-treque vous en avez un aussi ? Oui, mais ?Dans l'glise de Royre j'ai bloqu la nef

    avec un mur de livres isolant le choeur, lesbigotes ont t choques et ont ferml'glise. C'est une oeuvre conue en rapportavec la destruction du mur de Berlin et laconstruction du mur en Palestine. Les deuxcent cinquante livres utiliss sont desexemplaires invendus et trouvs par hasardd'un livre sur les graffitis du mur de Berlin.Chaque livre est pli pour qu'il prenne duvolume, comme une brique et que je posel'un sur l'autre comme un chteau de carte,c'est trs fragile. Tu pousses un lment dela construction et tout s'croule. Les murssont construits mais ils sont fragiles.

    Il y a donc un lien entre ton activit

    cratrice et ce qui se passe dans le monde

    ou tes positions politiques.

    Ce lien est direct. Quand je parle du murque j'ai travaill en rapport avec le murconstruit en Palestine et que je bloque lechoeur avec, le rapport est direct. Quand jeplie toute l'Encyclopedia britannica et que jeveux exposer a dans un lieu europen lerapport est l. Quand je plie les oeuvres deStaline que j'ai trouves en cave en Hongrie.Quand je rclame qu'on me sorte desbibliothques les petits livres rouges. Ce lienest aussi dans ma faon de dire : "qu'est-ceque c'est tous ces gens qui ne vivent qu'avecla lecture ?" Il y a le monde des gens qui nelisent jamais et il y a le monde des gens quine font que lire qui vivent dans l'abstrait, levirtuel avec aujourd'hui l'ordinateur etinternet qui sont en train de supplanter lelivre.

    Es-tu alle jusqu' la destruction ?

    Oui ! J'allume mon feu avec certains demes travaux que je n'ai pas dcid deconserver. Le livre pli brle trs bien carles pages sont ares, mais a ne passe paspour ceux qui en sont spectateurs, il y adouble destruction : du livre et de l'oeuvre !Mais on peut revenir sur le terme dedestruction ; souvent invite dans lesbibliothques j'ai pris conscience del'existence du pilon. Qu'on ne vienne pas medire que je dtruis, au contraire je valorisecertains livres qui ne sont jamais lus.

    Quel est ton public, comment c'est reu

    par les bibliothcaires, les libraires ?

    Mon travail touche tout le monde parce quetout le monde a eu un livre en mains un jourmme si ce sont des gens qui ne lisent pas.Tout le monde a une position face au livre,qu'on le lise, qu'on le collectionne ou qu'onne veuille pas y toucher, toutes classessociales confondues. Quant exposer dansune bibliothque c'est souvent vcu commeune provocation : dans les librairies c'est

    encore pire. J'aime bien ce ct provoc : il ya quelque chose de sacr dans le livre et onnous prsente a !

    Pour moi la fonction de l'artiste estvraiment l : faire se poser des questions.

    As-tu des expositions prvues en

    Limousin ?Rien actuellement mais je suis prte venir. Je prfre exposer dans des lieux quine soient pas ddis l'art : je prfreexposer dans une grange que dans unebibliothque. Maintenant si j'expose je veuxle faire dans un lieu o a ait du sens, propos d'un vnement.

    J'ai pu monter ce mur dans l'glise parcequ'on est en Creuse, ailleurs je ne crois pasque a aurait t possible.

    J'aime bien tre off, je n'arrive pas tredans l'institutionnel. Au festival "Folie les

    mots" de Faux la Montagne, j'ai installtoute une encyclopdie sur la pierre dulavoir, une encyclopdie de merde, l je mesuis venge, j'avais le choix de toutremballer, mettre dans ma bagnole et ne passavoir o le stocker, mais j'ai tout mis dansl'eau. On pourrait appeler a un happeningou une performance mais moi je noyais laculture, l'eau votre encyclopdie demerde ! Pour le Centre d'art Contemporainde Vassivire, j'ai fait une prsentation "off",avec une quipe de copains du coin, encontinu sur dix mtres de long. En utilisanttout une dition qui partait au pilon. Je

    n'attends pas d'tre artiste invite pouroccuper un espace. Je suis dans le plaisir del'action.

    En fait, j'ai trouv "plier la culture",comme tu dis, pour "ne pas plier".

  • 7/31/2019 Creuse-Citron N08

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    E njeu majeur du pouvoir, l'information est dtenue par une litequi en choisit le contenu et la production, comme le montre ledegr avanc de concentration que connat le monde de l'dition,aujourd'hui entre les mains des plus grands groupes militaro-industriels. L'ensemble des mdias forme un bloc prsentant une

    unanimit suspecte : cette dpossession de la connaissance du relanesthsie notre esprit et modle notre opinion. Les rgles de ladmocratie ne sont-elles pas fausses ? Ne sommes-nous pasenferms dans un culte de l'impuissance, dans une instruction de

    l'ignorance ?Patrick Le Lay, patron de TF1 disait en 2004 : "le vritable mtier

    de TF1 est de vendre Coca-cola du temps de cerveau humain

    disponible ..."Alain Accardo, sociologue, crit dans "casseurs de pub" de

    novembre-dcembre 2005 : "La mainmise des groupes capitalistessur les mdias a tu leur indpendance. la libert de la presse n'est

    plus qu'un mythe entretenu artificiellement par une profession qui,

    du fait de sa composante sociologique, est immanquablement attire

    par un mode de vie bourgeois et consommateur, la dfense de

    l'idologie librale et la haine des mouvements sociaux... (...)

    Si ces groupes placent des capitaux normes dans les mdias,

    c'est une double fin : d'une part pour en retirer de substantiels

    profits financiers, par le biais de la publicit principalement,

    d'autre part pour garder en main des moyens de peser sur la viepublique. En fait d'information, les mdias sont devenus pour

    l'essentiel des instruments de propagande et d'imposition de

    l'idologie dominante, c'est dire des moyens "d'abrutissement des

    masses."

    L'information n'est pas un produit comme les autresUne presse libre est-elle forcment une presse parallle, militante,

    bnvole? La presse militante affiche la couleur, elle ne prtend pas une objectivit consensuelle, elle est engage dans un projet detransformation sociale. Creuse-Citron se situe dans cette optique,mais, revers de la mdaille, il est produit par des non professionnelsqui ne se prtendent journalistes aucun moment, n'en n'ont pas lescomptences et ont d'autres activits par ailleurs.

    Si l'on veut que des journalistes professionnels puissent faire leurtravail sans subir de pressions, ne faut-il pas affirmer que la presseest un service public au vrai sens du terme, c'est dire chappantaussi bien aux lois du march qu' la mainmise de l'Etat ?

    8 - La voix de leurs matresDes mdias libres? Une utopie militante

    En marge du premier Salon des mdias libres qui se tient Chanteix en Corrze, les 12 et 13 mai,

    (programme encart dans le journal) voici quelques rflexions sur la libert de l'information, thme

    qui touche Creuse-Citronde trs prs.

    O n n'avait que l'embarras duchoix : informations dformes,ou carrment bidon, charlataneries,

    amalgames, strotypes, tlachat,

    brouhaha idologique, bourrages decrnes, soliloques prtentieux, effets

    de mode, renvois d'ascenseur et

    nuages de fume, le florilge que vous

    trouverez dans ces pages n'est pas

    exhaustif, loin s'en faut [].

    En dcloisonnant les genres et le

    thmes, en regroupant contributions

    indites et articles dj publis, en

    alternant les matraquages les plus

    rcents avec les vieux classiques de

    la dsinformation la franaise, nous

    avons tch de runir dans un mme

    volume les objets disperss de la

    critique des mdias.Dans le dispositif mdiatique, le

    "journalisme de terrain" est au mieux

    un alibi, au pire un obstacle. L e s

    barons de la presse ne s'en cachent

    mme plus : "Mieux vaut rester au

    bureau, lire un bon rapport, connatre

    un dossier; mener des investigations sur

    Internet que courir micro en main La

    Courneuve", expliquait en juin 2005Jean-Paul Cluzel, le prsident de Radio

    France, devant la Socit des

    journalistes. Comment s'en tonner?

    Mme si la noble figure du "grand

    reporter" est bien brche elle aussi

    par des impostures [] il lui arrive

    encore ici ou l de rpondre la

    dfinition que l'on voudrait se faire du

    journalisme : une activit foncirement

    indiscipline qui consiste jeter un

    regard curieux sous le jupon des

    apparences, porter tmoignage du

    monde qui nous entoure et des forces

    qui le gouvernent.Or les mdias ont besoin de

    discipline. Le journalisme, ils ne le

    conoivent que sous forme de biens

    de consommation standards, plus ou

    moins bcls, plus ou moins nocifs,

    mais toujours bien ordonns.

    En ce sens, la critique des mdias

    constitue bel et bien une dfense du

    journalisme, une contribution poursauver ce qui peut l'tre et

    l'encourager ne pas se confondre

    avec ses avatars dominants.

    .

    Un "almanach contre l'info transgnique"C'est ainsi que se prsente L'Almanach critique des mdias, d'Olivier Cyran et Mehdi Ba, auxditions Les arnes. Une lecture dcapante dont voici un extrait.

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    E ntre le printemps 2004 et le printemps2005, les trois principaux quotidiens"nationaux" ont boulevers leuractionnariat : Le Figaro rachet par

    Dassault, Libration renflou par douardde Rothschild (39 % du capital), et LeMonde recapitalis par Lagardre hauteurde 17 %.

    Cette situation, indite depuis 1944, n'apas mu Alain Lancelot et ses compres,chargs en mars 2005 par Jean-PierreRaffarin d'examiner "Les problmes deconcentration dans le domaine des mdias".

    Aprs neuf mois d'une rflexion alimentepar des repas avec Patrick Le Lay et desdirigeants du groupe Lagardre, lacommission accouche de son rapport. Et,miracle, il n'est plus question de

    "problmes" que dans le titre.Pour le reste, "dans son tat actuel, lepaysage mdiatique franais n'a pas atteint

    un degr de concentration alarmant".Mieux, selon Lancelot, "le pluralisme et ladiversit culturelle n'apparaissent pas

    directement menacs, aujourd'hui, par la

    concentration dans les mdias". Il faut doncacclrer cette dernire.

    Francisque Gay, rsistant et responsablede la presse au Secrtariat gnralde !'information du Gouvernement

    provisoire, expliquait peu aprs laLibration : "Il est un point sur lequel, dansla clandestinit, nous tions tous d'accord.

    C'est qu'on ne devait pas revoir une presse

    soumise la domination de l'argent". C'taitle 7 mars 1945. cette date, Laurent Joffrinn'tait pas n.

    Heureusement! Car soixante ans plus tard,le directeur de la rdaction du NouvelObservateur couinait sur France Culture(2.10.04) : "On n'y peut pas grand chose surle plan des structures conomiques. [...] Il

    est logique que le propritaire fixe une

    orientation".

    Le Plan B, sous-titre "Critique des mdias et

    enqutes sociales", mensuel, vient de sortir

    son premier numro

    L a tl libre Zalea TV est interdite dediffusion par le CSA depuis juin 2003.Sa candidature la TNT nationale a trejete deux fois. Son obstination dnoncer allgrement la toxicit idologiquede la tlvision marchande (service publico-commercial compris) ny est sans doute paspour rien...

    Dsentubages cathodiques prsente uneslection de dcryptages en images des

    arnaques en tous genres du petit cran.Du mensonge la mystification en passant

    par la manipulation et la fausse impartialit,cest toute la logique de la dsinformation etde labrutissement qui est mise jour.

    Quand le roi des mdias et ses bouffonspolitico-journalistiques sont passs au crible

    dun contre pouvoir audiovisuel radical, lediscrdit des "lites" sanctionn par lerfrendum du 29 mai se comprend mieux.

    Avec Dsentubages cathodiques, lquipede Zalea a pris le parti den rire et den fairerire, mme si au fond, ses dcouvertes sontplutt inquitantes. Par la mise en scnedune srie de techniques trs simples detlgitime dfense, ce film est aussi uneinvitation sauto-dsentuber enpermanence.

    Un nouveau jeu de socit est n, amusez-vous bien !

    La voix de leurs matres 9

    La date du 5 mars est, pour un certainnombre de Creusois, associe la lutte,commence depuis plusieurs annes dj,pour la dfense et le dveloppement desservices publics.

    Cette anne, France-Inter a choisi cedimanche 5 mars pour consacrer sonmission du dimanche matin "interception", un reportage sur les services publics enCreuse, intitul "le cri de la Creuse".

    Jean-Marc Sylvestre n'aurait pas faitmieux.

    Qu'une journaliste, de l'quipe de France-

    Bleu Creuse qui plus est, consacre les troisquarts de son reportage aux commerces deproximit quand il s'agit de traiter desservices publics, relve soit de l'ignorance,donc de l'incomptence, soit d'un parti prisultra-libral au regard de la signification etde l'organisation du service public.

    Le droulement du reportage tait divisen courtes squences, de 3 5 minutes, etbeaucoup de remplissages en bruits detoutes sortes, pour faire "campagne".

    Du reste, pour que l'auditeur sache bienqu'on est en pleine campagne, les cinqpremires minutes sont consacres auxtournes des boulangers dans les villages.

    Certes, on pourrait imaginer que ladistribution du pain soit un service public,mais hlas, nous ne sommes pas ici dans untel monde, et l'on s'aperoit, ds le dpart,que notre journaliste confond dlibrment

    service public et services de proximit.La deuxime squence traite du problme

    des mdecins de campagne, travers le cas,assez dramatique il est vrai, du mdecin deChnrailles qui ne trouve pas d'associpour remplacer son collgue parti depuis unan. Cette histoire est ici prsente commeune fatalit, et rien d'autre dans l'missionne sera abord au sujet de la sant : pas unmot sur l'hpital en particulier.

    Le problme de la poste sera ensuiteabord, travers trois histoires : celle deChamborand avec son point-poste install

    dans un restaurant, celle de St Georges laPouge, dont le maire raconte que son agencepostale communale se gre comme uneentreprise, et ne doit pas se trouver endficit ; et enfin celle de Vidaillat dont lamaire n'a pas voulu installer d'agencepostale communale, sans que l'on neparvienne savoir pourquoi. On aura eu unquart d'heure sur la poste, pratiquementconsacr la rentabilit de la vente detimbres dans les points postes ou les agencespostales, sans que jamais ne soient abordsles autres services de la Poste, et enparticulier le distribution du courrier.

    La misre des dessertes localesferroviaires est aborde ensuite travers unesquence sur le "train de la colre" :manifestation du 1er octobre 2005 sur laligne Montluon-Ussel, et une prise deparole du collectif de dfense des services

    publics de Combrailles, ainsi que duconseiller gnral de Crocq,

    Aprs une courte squence sur ladisparition des petits commerces (l encore,rien que de la fatalit), l'mission finit parun rappel de la dmission des 263 luslocaux en 2004, et l'interview de PhilippeBreuil sur son combat pour conserver l'cole Magnat-l'Etrange.

    Pour terminer en fanfare, quelques slogansentendus la manifestation nationale Parisle 19 novembre 2005.

    Ainsi, durant ce reportage de presque une

    heure, soit disant sur les services publics,notre journaliste aura russi ce tour de forcede ne mentionner aucun moment ni le nomni mme l'existence du Collectif de Dfenseet Dveloppement des Services Publics, nide la manifestation du 5 mars 2005, ni desassises de juin 2005, qui ont abouti lacration de la Convergence des collectifs auniveau national.

    Ne parler des services publics qu'entermes de services au public, privatisables volont, sans donner la parole ceux quifont leur combat de dfendre, ou mieuxencore d'imaginer ce que devraient tre devritables services publics, relve de lapropagande librale et non duprofessionalisme journalistique.

    Marie-Ange Camus

    Enfumage radiophonique

    Un film voir :Dsentubages cathodiques

    Lu dans "Le Plan B"

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    10 Capitalisme la poubelle

    Je ne suis pas islamophobe, que la vroledcime mes collatraux si semblableflau sabat sur mon me. Je ne suis pas non

    plus christianophobe, ni judaphobe, nonplus que bouddhaphobe, confucianophobeou hindouiphobe. Une phobie est une crainteinstinctive, irrationnelle, irraisonne, etlhorreur que minspirent les pouvoirsreligieux est solidement taye par des faitsconcrets.

    La foi, comme la sexualit, est affaireintime, personnelle. Et comme la sexualit,elle doit jouir dune entire libert de choix.Mais quand la foi se mle des affaires dusicle, elle devient largument arbitraire dunpouvoir totalitaire. Les lois fondes sur ledogme gnrent des institutions policires et

    judiciaires, le bras sculier sarme jusquauxdents, les ttes commencent tomber, laplus pouvantable dictature se met en place.Quiconque se penche sur lhistoire en ressortclabouss du sang de toutes les boucheriesqui se sont droules sous ltendard de lafoi. Pour se limiter au champ Europen, lescroisades se droulent avec leurs cortges demassacres, sans prjudice de lexterminationroutinire des hrtiques, lesquels rejoignentdans le grand charnier du service de Dieu lesmillions de sorcires brles vives entre leXVe et le XVIIIe sicle par la SainteInquisition. Protestants et catholiquesscharpent avec ivresse, les perscutions

    prolifrent. Mais il faut dcidment croireque lhomme napprend jamais rien delhistoire.

    Do vient que des familles politiquesentires, qui, il y a un sicle applaudissaientlanticlricalisme froce de revues commeLa Calotte ou Les Corbeaux, fricotentaujourdhui avec des autorits religieusespar essence dix mille fois plus ractionnairesque leurs pires adversaires politiques ?

    Le MRAP retient le conceptdislamophobie, aussitt adopt parlensemble de la classe politique. La phobiedune religion, le plus souvent suscite par

    ses indniables tendances totalitaires,devient un dlit dopinion. On serait mieuxinspir, en France, de parler dunearabophobie elle bien relle, et engraisse devieilles haines coloniales recuites. Il sagittout simplement de racisme. Dans le monde,lIslam a plus souvent les yeux brids queles cheveux boucls, mais de cet Islam l lesFranais se foutent.

    Bientt peut-tre les femmes courageusesqui dans tout le monde musulmanvilipendent le voile et la tyrannie religieusese feront-elles traiter de musulmanesislamophobes, comme les juifs quiaujourdhui ont le toupet de se proclamerantisionistes se font traiter de juifsantismites. On atteint l le fond delindigence argumentaire, qui dailleurs estle propre de toute polmique dont on bannitle raisonnement au profit du dogme. De la

    mme manire, on peut tre rvolt parloccupation Isralienne en Palestine sanspour autant se sentir oblig de marcher main

    dans la main avec des reprsentantspolitiques qui nont que le mot de Chariah la bouche. Comment se sentent ceux qui neveulent pas passer pour islamophobes quandune jeune fille est lapide pour avoir couchavec un homme ? Quand des millions defemmes subissent la dictature dautoritsreligieuses qui appliquent avec la dernirefrocit des lois dune misogyniemeurtrire ? Est-ce que ce sujet est tabouchez les dmocrates ? Est-il assimil auracisme de dplorer les violences atrocesdont sont victimes les femmes sous desprtextes religieux ?

    En fait, on nous laisse le choix entre unfminisme forcment raciste et ununiversalisme qui ne peut tre quemisogyne. Joli tour de passe-passe. Le choixest cornlien.

    Jadmets volontiers que le fminisme vatotalement lencontre de tous les dogmesreligieux. La libert sexuelle, la matrise dela fcondit et donc le droit lacontraception et lavortement, le droit untravail salari et lautonomie conomique,lgalit des droits civiques qui mancipent

    juridiquement de lautorit masculine,lexercice de lautorit parentale par lesfemmes sont autant de coups de poignardsdans le cur des intgristes. Le simple faitque les femmes soient juridiquementmajeures et seules juges de ce qui lesconcerne leur broie les tripes. Une vritableobsession sexuelle ngative, qui se cristallise

    sur le corps des femmes et tend les priverde toute libert, atteint dans les troisreligions du livre des proportions effarantes.

    Ne la laissons pas contaminer tout le champsocial sous le prtexte dune fallacieusetolrance. Une tolrance qui englobe lesprincipes liberticides sappelle lchet.

    Toutes les autorits religieuses sontdaccord sur un point : elles exercent unlobbying la mesure de leur influencepolitique pour restreindre ou limiter lesdroits des femmes partout sur terre. Elles ontrussi faire avaler aux institutionsinternationales le principe dquit, quibafoue celui dgalit. Elles tentent unforcing hont pour rtablir une sorte dedlit dhrsie qui sappliquerait aussi auxnon croyants.

    En quel honneur une forme particulire dedictature serait-elle respectable ? La foi estrespectable. Mais si les droits des femmessont incompatibles avec les religions, lesreligions doivent disparatre du champ socialplutt que les femmes.

    Il est vrai que tous les pouvoirs politiques,de la gauche la droite, apprcient enconnaisseurs la capacit des autoritsreligieuse faire rgner lordre.

    On na pas le droit de mpriser leshumains, mais sopposer aux puissances quiles oppriment est un devoir. Tous lespouvoirs religieux sont oppressifs,

    ractionnaires et dictatoriaux. Si lglisecatholique a cess de ltre dans notre pays,cest parce quelle sest fait foutre la portedu pouvoir politique, non parce quelle estdevenue plus tolrante et universaliste.Redonnez-lui le moindre pouvoir et ellerecommencera pourrir la vie de tous ceuxet celles qui ne se conformeront pas sesdiktats. Aujourdhui les islamistesgouvernent plusieurs pays, et ce ne sont pasdes hvres de bonheur ni de libert. Ce sontdpouvantables dictatures. La police desmurs y interdit toute libert. Lordre moraly rgne haineusement. Est-ce un idal

    politique ? Je ne suis pas islamophobe. Jesuis irrductiblement anti-islamiste,antichristianiste, antijudaste, antireligieuse.Je rappelle que selon les derniresstatistiques ce sujet, qui portent sur 2005,nous sommes un milliard quatre centmillions dathes sur cette terre. Les genspeuvent croire ce quils veulent, construiredes lieux de culte, observer des rites, pasimposer leur morale comme le cadre

    juridique dune socit policire dictatoriale.Et aucune croyance, aucun dogme ne mriteplus de respect que les tres humains que seszlateurs oppriment, insultent et terrorisent.Soyons vigilants et comptons nos forces. notre poque de franche raction, les droitsdes religions pourraient trs rapidement fairedisparatre les droits de lhomme.

    Laurence Biberfield

    FAUT PAS CHARIAH ! LES PHOBIES de LAURENCE BIBERFIELD.

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    Sur le collier du chien que tu laisses aumois d'aotSur la vulgarit de tes concours de petsSur l'tendard nazi et sur le drapeaurougeSur la rosette au coin du vieillard officielSur les blousons kaki, sur les kpis dorsSur le cul blanc des fministesSur le mandrin des misogynesSur le bret obtus des chauvins aveuglsSur la croix des cathos, le cro desathesSur tous les bulletins et sur toutes lesurnes

    O les crtins votants vont se faireentuberSur l'espoir en la gaucheSur la gourmette en or de mon coiffeur dedroiteSur la couenne des connes aplaties surles plagesSur l'asphalte encombr de cercueils roulettesSur les flancs blancs d'acier des bombes neutronQue tu t'offres prix d'or sur tes imptsforcsSur la sbile humiliante et drisoire

    Qu'il faut tendre pourtant tous lescarrefoursPour aider freiner l'ardeur desmtastasesSur le mur de la honte et sur les barbelsSur les fronts dgarnis descommmorateursPleurant au cimetire qu'ils ont eux-mmes empliSur le petit cran qui bave encore plusblancSur l'encphalogramme ternellementplatDes muscls, des Miss France et despublicitairesSur l'tendard vainqueur de la mdiocritQui flotte sur les ondes hlasabandonnesAux moins mritants des handicapsmentauxSur la Bible et sur Mein Kampf

    Sur le Coran frntiqueSur le missel des marxistesSur les choux-fleurs en trop balancsaux orduresQuand les enfants d'Afriquecartels de faimSavent que tu t'empiffres mourir clatSur le nuage sur la luneSur le soleil atomiqueSur le cahier d'colier de mes enfantsirradisJ'cris ton nom : HOMME.

    Pierre Desproges

    Travailler, oui, mais moins quhier et

    plus que demain

    Sarkozy et sa politique scuritairesemblent ne plus avoir de limites.Aprs stre occup des adultes et des

    adolescents, cest au tour des enfants,voire des tout-petits dtre dans lecollimateur du ministre de lintrieur.Cest vrai quil avait annonc la couleuren novembre 2005 : Ce nest pasquand un adolescent de 15 ans estdevenu un dlinquant multircidivistequil faut commencer se proccuperde son cas .

    A lautomne dernier, le dput UMP,Bnisti avait publi un rapport quitablissait dj, sans grande finesse, lelien entre certains comportements( dviants !) des enfants et laprobabilit quils deviennent des

    dlinquants endurcis. Le Syndicatnational des commissaires de policenavait pas voulu tre en reste,proposant didentifier les signesprcurseurs de la dlinquance ds lacrche, la maternelle ou lcoleprimaire ! Il ne manquait plus quunecaution scientifique et mdicale pourque Sarkosy nous concocte un bon vieuxprojet de loi sur la prvention de ladlinquance dans lequel serait propos,entre autres, la cration pour chaquee n f a n t d u n c a r n e t d ecomportement ! Et bien, notre cher ministre a trouv ce dont ilavait besoin pour donner un peu depoids ses lucubrations scuritaires :une expertise collective de lINSERM(Institut national de la sant et de larecherche mdicale) sur le troubledes conduites chez lenfant . Ce texteprcon ise le reprage desperturbations du comportement ds lacrche et lcole maternelle . Ainsi laboucle totalitaire est boucle :policiers, mdecins et chercheurs sontmain dans la main. Sarkozy nosaitmme pas rver dune telle alliance !

    Tout est effrayant dans cette affaire,

    i l n y a qu c i ter quelquescomportements ou attitudes ( reprer)prsents par lINSERM commeassocis la prcocit des agressions et donc prdictifs dunedlinquance annonce. Ouvrez lesyeux : froideur affective, tendance la manipulation, cynisme, indocilit,htroagressivit,... faible contrlemotionnel, indice de moralit bas(!) , tout a pour un gosse de 3 ans.

    CREUSE-CITRON peut aussi proposerquelques pistes : le dpistage in utrode ces dviances avec IVG

    obligatoire au moindre doute.

    On croit rver mais ces travaux sont tout ce qui a de plus rels. Etderrire les recommandations etsolutions prconises, cest tout unenjeu idologique sans quivoque quontrouve : les comportements sont-ils lefruit de multiples facteurs dontbeaucoup dordre ducatif ou social oubien ne sont-ils que le fruit dundterminisme aveugle dominantehrditaire ?Face ce dlire des plus dangereux,

    des professionnels de la sant (entreautres) appellent sopposer linacceptable . Ils posent quelquesquestions fondamentales telles que : Faudra-t-il aller dnicher la crcheles voleurs de cube ou les babilleursmythomanes et sinquitent dunepossible psychiatrisation des petits ainsique dun fichage mdico-social desindividus de leur naissance jusqu leurmort. Cela fait penser des drivestotalitaires pas si vieilles que a. Pourcertains, il existerait un parallle plusqutroit entre la philosophie deSarkosy et les chercheurs de lINSERM :une sorte dapplication du libralismeau champ socital . De l voir une

    continuit avec une certaine loi surlgalit des chances , il ny a quunpas que nous franchirons sanshs i t a t i on . S i t u es pauv re, dlinquant , chmeur, ne tenprends qu toi-mme. Cest toi le seulresponsable.Aprs le CPE, le combat continue. A

    vos stylos (ou plus) ! Une ptitionnomme Pas de zro de conduite pourles enfants de 3 ans (www.pasde0deconduite.ras.eu.org) a djdpass les 100 000 signatures.

    Francis LAVEIX

    Capitalisme la poubelle- 11

    DANGER : BBS DLINQUANTS ! Lucidit oupessimisme ?

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    Aux armes citoyens Barricades et manifestations de rueen France de 1870 nos jours de Pierre-Louis Basse etCarole Bitoun, aux ditions Hugo.doc.

    Voici un gros livre (prs de300 pages, grand format) quivaut par son iconographie et

    dont le titre clair et net, nelaisse pas place au moindredoute quant son contenu !

    Ce voyage inhabituel dans lemonde de la contestation derue, commence par une"Louise Michel sur lesbarricades" lors de laCommune de Paris en 1871(peint en 1885 par T.ASteinlen) pour se terminer par

    la manifestation du 21 avril 2005 Paris pour protester contre lesinterpellations qui eurent lieu lors de loccupation dune annexe duministre de lEducation.

    Ce livre vaut essentiellement pour les trs nombreuses photos,gravures, dessins, qui maillent plus dun sicle de "descentesdans la rue" (sans oublier celles de lextrme droite !).

    Que dmotions en voyant ces enfants et ces hommes travaillantdans la mine poser pour la photo ! Et ces "crosses en lair" desmutins du 17me Bziers lors des manifestations de milliers devignerons en 1907. Etonnante photo que celle de ces "ouvriersparisiens manifestant avec des couteaux entre les dents pourridiculiser la propagande anticommuniste (1er mai 1919)". Il y aurabien sr, 1936 et le Front populaire, la guerre de 39-45, les"vnements" dAlgrie, Mai 68, la pitoyable manifestation de juin1984 pour "lcole libre", dcembre 1995 et puis a continue !

    Prenons bras le corps le slogan crit sur les murs de Paris aumoment de louverture des Etats gnraux (5 mai 1789) et faisons

    en une ralit intangible : "Les grands ne nous paraissent grandsque parce que nous sommes genoux : LEVONS NOUS !"

    Attention anarchiste ! : une vie pour la libertpar AugustinSouchy. ditions du Monde libertaire, 2006. 255 p. (Grainedananar).

    Ce livreest le rcit de la vie militante dAugustin Souchy (1892-1984). Cet anarchiste et syndicaliste rvolutionnaire allemand a tacteur ou tmoin de nombreux vnements du XXe sicle : les deuxGuerres mondiales, la rpublique de Weimar, le Mexique, larvolution espagnole, les kibboutz israliens Homme daction, ilfut aussi confrencier, orateur et auteur prolixe.

    Les Editions Libertaires (de

    lle dOlron) enrichissentleur collection "paroles" : aprs"Paroles anticlricales", voici des"Paroles ant imi l i tar i s t es"illustres par des collages dE.Coulaud. Ce nest pas un inconnudans le milieu libertaire. Il a, eneffet, cr le site internet"lEphmride Anarchiste" surlequel on a accs une multitude debiographies de militants. Aconsulter pour ceux qui neconnaissent pas !Cathy Ytak nous prsente cettepublication en quelques phrases :"lhistoire de lantimilitarisme ne

    sarrte pas aux tranches de la der des der. Elle continue,

    aujourdhui, dans ces guerres que lon dit propres . Et tant quil y

    aura des armes, il y aura des guerres, et tant quil y aura des

    armes, il y aura des tres humains pour dserter et refuser de se

    soumettre : des rfractaires, des objecteurs ().Des images. EricCoulaud en a plein la tte. Elles sont toutes, leur manire, le

    reflet de sa colre devant lhumain asservi, le mensongedestructeur, la mort omniprsente, lanimal que lon flatte, ltre

    quon humilie, et de la force de dire non qui explose, brutale, dans

    des hurlements de couleurs et de formes enchevtres."

    Jean-Pierre Levaray, notre compagnon libertaire, ouvrier-crivain (qui eut les louanges dune grande partie de la pressepour son fameux "Putain dusine"), continue, son rythme, de"nous faire partager et connatre des moments dusine Parcequon ne sait pas, lorsquon y travaille pas, ce qui se passe ni ce

    qui se dit derrire les murs des usines" en publiant, cette fois, unepice de thtre "Des nuits en bleus" (Editions Libertaires). Cettepice, cre en janvier 2006, tourne actuellement en France et peut-tre, aurons nous loccasion de laccueillir en Creuse ? Un projet monter et associer avec la venue de lauteur !

    Emile Pouget, par Xose Ulla Quiben, Editions libertairesIl porte toujours son feutre confdral et sa pointe de

    barbiche. Il sen va lentement, de son pas tranquille, perdu dans ses

    rveries, quelquefois avec un filet provisions en mains. Il a

    toujours son allure de bon employ scrupuleux et mthodique,

    dhomme paisible et rang.

    Ceux qui le rencontrent ne se doutent point quils viennent de

    coudoyer le terrible terroriste de 1894. On peut saluer ce vtran, il

    nen existe pas des douzaines comme celui-l. Victor Mric(Souvenirs dun militant, La Vague, 28 fvrier 1925).EMILE POUGET est n en 1860 Pont de Salars (Aveyron).Marqu jamais par le procs des communards de Narbonne qui setient Rodez, il affte sa plume incisive et rvolte ds ses anneslycennes. Mont Paris, il est condamn 8 ans de prison pouravoir protg Louise Michel la manifestation des sans travai l.

    Sa plume rouge et noire donne vie au virulent Pre Peinard,journal pamphltaire

    Condamnations, prison puis exil Le gniaff journaleux nen finitpas de sadresser aux bons bougres et bonnes bougresses quipeinent dans la mistoufle, conspuant les bouffe-galettes delAquarium aussi bien que les pisse-froids de socialos

    Le prfet de lAveyron crit au ministre de lIntrieur en mars1894: Cet individu est considr dans le pays commedangereux"...

    Effectivement, avec les anarchistes davant la grande guerre, ilouvre la voie au syndicalisme rvolutionnaire en fondant la CGT.

    XOSE ULLA QUIBEN est n en 1958 en Galice (Espagne). Ilrside en Aveyron o, sous son nom francis" de Josef Ulla, ilexerce le mtier d'instituteur.

    12 - Mauvaises lectures

    Ecrire un livre calibr pour rapporter de largent, cest se greffer un anus dans le

    crne, et vivre avec lodeur pour le restant de ses jours. K.Werdmann

    Les ditions Libertaires viennent de crer un Club du livrelibertaire qui doit permettre pour les lecteurs l'achat de livres petits prix et pour l'diteur l'dition d'un maximum de titres.L'adhsion au Club est de 15 euros. Les adhrents bnficient de 30% de rduction sur l'ensemble des titres du catalogue et ils peuventacqurir les titres paratre avec 50 % de rduction. Les ditionsLibertaires souhaitent que d'autres diteurs se joignent cetteinitiative.Adresse : Le Club du livre libertaire, c/o Les ditions Libertaires,35 alle de l'Angle, Chaucre, 17190 Saint-Georges-d'Olron(chque l'ordre des ditions Libertaires).

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    D ans son dernier numro de janvier, le"bulletin de critique bibliographique"A contretemps (n22) nous livre un trsriche dossier sur lcrivain mythique au dou-ble nomRet Marut / B. Traven (1882-1969).Qui ne connat ou na lu "le Trsor de laSierra Madre", "La Rvolte des pendus" ouencore "le Vaisseau des morts" ? Par contre,le militantisme libertaire de la premire par-tie de sa vie est srement beaucoup moinsconnu. Il fut rdacteur dun journal rvolu-tionnaire Der Ziegelbrenner ("le Fondeur debriques"), ainsi qu'une figure marquante de"la rpublique des conseils de Ba-vire" (1918-1919) aux cts de grandsnoms de lanarchisme munichois tels E.Mhsam (assassin par les nazis en 1934),

    G. Landauer (sans doute assassin ds sonarrestation en 1919) ou encore E. Toller(suicid en 1939). A la chute de cet pisodervolutionnaire et de sa terrible rpression, ilchappa de peu la mort et quitta dfinitive-ment le continent europen. Ce sera la fin de

    son militantisme en tant que tel, seule la lit-

    trature recueillera, alors, son anarchisme !Malgr dsillusions, dsenchantements, B.Traven gardera en lui, jusqu la fin, laflamme ternelle dune rvolte bien difficile teindre.Voici deux extraits pour nous faire entrerdans le champ intellectuel de Ben Traven :

    "Je veux, pour ma part, contribuer ceque disparaissent les autorits et le respect

    de lautorit, que tout homme conforte en

    lui-mme sa conscience dtre tout aussi

    important et indispensable lhumanit que

    nimporte quel autre, quoi quil fasse et quoi

    quil ait fait."Die Weltbhne, 1929." Malgr ses troubles et ses dfauts, ses

    dceptions, ses souffrances, ses problmes,

    ses vnements fcheux et ses averses de

    grle ponctuelles, ce monde reste nan-

    moins trop beau pour quon labandonne

    (). Tenez bon. Poursuivez la lutte, ne lais-

    sez pas tomber. Crachez au visage de la

    mort et tournez lui le dos. (Dernier crit de

    B. Traven, le 4 mars 1969, quelques jours

    avant sa mort)

    E n cet hiver 2005-2006, la revue liber-taire "de rflexion et de combat" laQuestion sociale publie son numro 3.Comme dans ses numros prcdents, lapublication est centre sur un thme prcis.Cette fois-ci, cest une tude sur "le syndica-lisme alternatif" (en France, Espagne et Ita-lie) qui nous est propose. Elle fait suite larflexion sur la nature du syndicalisme dau-

    jourdhui qui avait t le cur du dossierprcdent ("Le syndicalisme institutionnel").

    On pourra y trouver les "regards croiss de

    membres ou anciens membres de SUD surleur exprience syndicale au sein de quatre

    SUD diffrents PTT, Culture, Rail, Educa-

    tion".Ce document sur le syndicalisme alternatif

    franais est complt par trois interviews demilitants appartenant aux diffrentes CNT"les convictions libertaires lpreuve du

    terrain".

    Puis avec des exemples pris en Espagne eten Italie, sont abordes deux questions degrande importance.

    Quelle alternative syndicale construiredans un capitalisme modernis ?

    C o m m e n t s o p p o s e r l a"rsistible" (irrsistible ?) ascension de labureaucratie dans le syndicalisme alternatif ?

    A signaler dans le dernier numro deNO PASARAN (n46 Jan-fv 2006),un dossier "Contre la privatisation du vi-vant" avec des articles aux titres sans ambi-gut : "Ni proprit, ni communaut, vivelinalinabilit !", "OGM, le vivant privati-s", "Capitalistes affameurs ! Productivistesempoisonneurs !"

    Revue de crise 13REVUE DE LA PRESSE ANARCHISTE EN FRANCE

    Cette presse, encore trop marginale, est toujours aussi riche dinformations, de rflexions, danalyses diverses, Ellenous permet davoir une autre vision que celle qui nous est rgulirement assne tout azimut !

    Lopra des loups de Bruriernoir chez Wagram. Pour pasmal dentre nous, les Bru, ctaitdu rock "alternatif" qui crachait lagueule du rock "institutionnel". Pasde franche recherche musicale, des

    paroles teintes de "politique"hurles mais une nergie revendre ! Que pouvait-on demanderde plus en ces temps de rock

    aseptis, consensuel, rocken rollement correct ? Vers la fin desannes 80, ils dcidrent den rester l.

    Et puis, ne les voil-t-il pas repointer leur nez il y a 3 ou 4 ans ?Une quinzaine dannes, cest presque une nouvellegnration. Mme si ce retour peut sembler avoir des relents pastoujours trs clairs (bizness oblige !), quune certaine dmagogie nesoit pas trs loin, que leur "militantisme" reste des plus hasardeux,cest tout de mme intressant que cette nouvelle gnration aitdautres gens voir et couter que des gus la "rocken rollattitude" blante et soumise.

    Cette nouvelle production (DVD + CD), extraits de concerts Qubec, Rennes, et Paris lors dune apparition surprise unefte de la CNT, ne peut que nous rjouir. Lactualit de leursmorceaux na pas perdu de son "charme", il ny a qu se rappelerquelques extraits de "Petit agit":

    " Une banlieue maudite/En zone interdite/Une arme de flics/

    Marqus par la haine/Les jeunes se dchanent/On na rien

    perdre/Les bagnoles crament/La zone en flamme/Et la folie gagne"

    Sites : http://beruriernoir.fr ou celui de leur label Folklore de laZone Mondiale www.fzm.fr

    Jamais debout, toujours par terre,constamment dfonc la bire

    24 juin 2005 : les Vieilles Salopescommettent un nouvel album,autoproduit et disponible le jour mmeen tlchargement sur leur site web. Unconcept hlas encore trop rare, mmedans le monde du punk franais, c'estpourtant la meilleure faon de faire la

    nique l'empire Universal et Cie.Des mlodies entranantes sur du punk efficace, un chant mixe bien

    gr, la recette fait mouche. Contrairement ce que pourrait laisserpenser le titre du disque les paroles parfaitement audibles dlaissentles hymnes la bire pour vous parler plutt de leur copine Evelyne

    Thomas, d'un punk crtin, des macho-beaufs, ou encore de lapdophilie en milieu ecclsiastique.Avec ce deuxime album les Vieilles Salopes affirment leur style

    et franchissent une tape qui les place parmi les incontournables dupunk franais.

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    V ote le 13 octobre 1906 lors ducongrs de la CGT, la charted'Amiens proclame l'indpendance dusyndicat par rapport l'tat oppresseur,

    au patronat exploiteur et l'ensemble despartis politiques.

    Elle est, l'origine, le fruit dusyndicalisme rvolutionnaire face auxdiffrents courants socialistes qui rvaientde faire du syndicalisme la courroie de

    transmission de leur ambition politique. Lessyndicalistes rvolutionnaires reprenaient lacritique marxiste du capitalisme, mais ils yajoutaient la critique de l'tat, base sur lescrits de Bakounine et de Jean Grave. Poureux l'tat n'tait n'est- qu'un instrumentd 'opp ress ion . Les synd ica l i s te srvolutionnaires n'avaient donc qu'un but :dtruire l'tat.

    Pour Victor Griffuelhes, premiersecrtaire de la CGT de 1901 1909, lecongrs d'Amiens avait l'ambition deraliser sur le terrain conomique l'unitconcrte de la classe ouvrire.

    Pour Fernand Pelloutier, fondateur desBourses du travail il s'agit de dvelopper lesides anarchistes dans les syndicats. Cetteposition anarcho-syndicaliste, reprise par lacharte, rejette la sujtion du syndicat unparti ou un groupe politique, car le syndicata ses propres solutions pour latransformation sociale, les partis tantforcement quivoques de par leur encartage , leurs mthodes, leur jeulectoral et parlementaire.Les anarchistes, s'ils sont l'origine de

    l'ide d'indpendance et de grve gnrale,vont vite tre convertis au syndicalisme, ydveloppant au maximum leur propagande

    libertaire .

    Le 8 octobre 1906, le guesdiste VictorRenard, dpose une motion demandant unecollaboration troite entre la CGT et laSFIO. Aussitt Victor Griffuelhes, et les

    leaders anarcho-syndicalistes, combattent lamotion Renard. Elle est rejete par 720 voixcontre 34 et 37 abstentions. C'est unemotion radicalement inverse qui est adoptele 13 octobre. La Charte d'Amiens obtient830 voix contre 8 et une abstention.

    Le congrs confirme que La CGTgroupe, en dehors de toute cole politique,

    tous les travailleurs conscients de la lutte

    mener pour la disparition du salariat et du

    patronat. Comme le souhaitent les anarcho-syndicalistes, la grve gnrale illimitereste l'arme absolue. La CGT n'abandonnepas un parti politique quel qu'il soit, le

    soin de raliser l'mancipation intgrale destravailleurs. C'est le mouvement syndicalqui ralisera la Rvolution par la grvegnrale. De l dcoule cette dclaration desdroits et des devoirs des travailleurs : devoird'adhrer au groupement essentiel qu'est

    le syndicat ; droit de participer, en dehors

    du syndicat, toute action correspondant

    ses conceptions philosophiques et

    religieuses ; enfin devoir de ne pas

    introduire ces opinions dans le syndicat.

    Dsormais, une concurrence s'est instaureentre la SFIO et la CGT. Les militantssyndicalistes multiplient les sarcasmes

    l'gard des politiciens et, toujours imprgnsd'idologie libertaire, se dclarent firementantivotards. Pour ces militants le vraiparti du Travail, c'est la CGT, reprenantl'expression d'Emile Pouget.

    En se dfinissant si prcisment face aupolitique, la Confdration obligeaitdsormais les partis, et spcialement lespartis qui se dclarent ouvriers, se dfinireux-mmes par rapport elle. Cette

    primaut du syndical par rapport au

    politique a t mise mal avec lamobilisation des militants et des dirigeantsen 1914, mais surtout aprs 1921 avecl'mergence d'un parti communiste

    reprenant la vieille tradition d'infodationdu syndicalisme la politique. Pourtant, ledfi de la charte d'Amiens est toujoursd'actualit, mme si ce texte est avant toutun texte de compromis entre les tendancesanarchistes et rformistes de la CGT.

    Si la Charte tablit le principe de grvegnrale expropriatrice, elle assure surtoutune bienveillante neutralit du syndicatenvers les partis politiques qui, en dehors et ct, peuvent poursuivre en toute libert

    la transformation sociale. Alors que la CGT"apolitique" ne se donnera jamais lesmoyens de donner vie au principe de grve

    gnrale, les partis politiques saurontutiliser toute leur "libert" ainsi garantiepour renforcer leur pouvoir sur le dos destravailleurs.

    Aujourd'hui, 100 ans aprs, la CGT et sesavatars sont devenus lespartenaires obligsde l'Etat pour n'offrir que de lacontestationinutile. Quand au "mouvement anarchiste" ilest partag entre ceux qui vendent del'anarchisme (dont certainEs proclament nepas tre anarchistes) et ceux qui dfendentencore un projet de socit. Ce projet desocit c'est le communisme anarchiste, ceprojet appellant un dpassement dusyndicalisme. En effet, le syndicalisme tantun mode d'organisation dont la forme eststructure par le capitalisme, il ne peutabolir le capitalisme sous peine de s'abolirlui-mme.

    Donc s'il venait grer la socit future, ilreproduirait fatalement le capitalisme, lesstructures ayant toujours tendance privilgier leur propre survie.

    Alain Dekne

    Sources : Combat Syndicaliste ; Pages

    dhistoire de Force Ouvrire.

    La Charte dAmiens : un syndicat, pas un parti !

    14 - Mmoire au poing

    Bernard Thibautchef de la CGT

    Victor Griffuelhesr

    Emile Pouget

    Les girouettes ne tournent pas, c'est juste le vent qui change de sens

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    Le CIRA a t fond Marseille en1965 par une poigne de militantsanarchistes parmi lesquels se trouvaitRen Bianco (1941-2005). A l'origine, ils'agissait d'un dpt-annexe du CIRA deLausanne, fond lui en 1957. Puis leCIRA de Marseille est devenu plusautonome.

    Le principal but du CIRA est decollecter, de classer et d'archiver tout ce

    qui a un rapport avec l'anarchisme. Lefonds se compose de plusieurs milliers delivres et plusieurs centaines de brochures(dont Creuse-Citron). Ces documents ontt crits par des anarchistes, publis pardes anarchistes ou portent d'une manireou d'une autre sur le mouvement ou lesides anarchistes. Le CIRA possdegalement des archives personnelles demilitants, des affiches, des tracts, descassettes vido, des documentsiconographiques (cartes postales,photos), des travaux universitaires, desdossiers biographiques

    La bibliothque de prt est alimentepar les dons et les services de pressed'diteurs (plusieurs dizaines de titreschaque anne). De nombreux priodiquessont envoys par ceux qui les ditent. LeCIRA possde un rpertoire recensant3212 publications anarchistes parues enlangue franaise entre 1850 et 1993.L'ensemble du fonds peut tre consultpar toute personne intresse : militant, tud ian t , che rcheur , c r iva in ,universitaire, journaliste ou simplecurieux.

    Le CIRA organise rgulirement desdbats, des tables rondes, des expositions,

    des rencontres avec des auteurs et desditeurs. Il prte des documents pour desexpositions. Il participe diverses ftesdu livre, anarchiste ou non, prsentant laproduction des diteurs libertaires.

    Le CIRA fait partie de la Fdrationinternationale des centres d'tude et dedocumentation libertaire (FICEDL).

    Le CIRA compte actuellement environ200 membres, originaires de toutes lesrgions de France et de l'tranger.Certains, bien qu'loigns de Marseille,participent trs activement au CIRA(correspondances, recherches). Depuis1987, il est constitu en association Loi de1901. La gestion du Centre est faite demanire collective et bnvole par unconseil d'administration lu en assemblegnrale. Le Centre vit essentiellementdes cotisations de ses membres.

    Le CIRA se trouve au 3 rue Saint-Dominique Marseille (13001), 5minutes pied de la gare Saint-Charles et de laCanebire.

    Le CIRA prsente ses activits, sespublications et sa bibliothque surInternet l'adresse suivante : cira.marseille.free.fr

    Le courrier peut tre envoy au choix la BP 20040, 13381 Marseille cedex 13ou au 3 rue Saint-Dominique, 13001Marseille.

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    euros par an. L'adhsion permet l'empruntde documents.(sources : CIRA)

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    nous publierons toutes les informationsque vous nous ferez parvenir.

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    Du "syndrome du

    puceron"

    Et si la psychose actuelle suscite parl'hypothtique pandmie de la grippedu poulet tait surtout destine masquer

    l'ampleur du syndrome du puceron quigangrne irrsistiblement notre corps social?Car en ce dbut de troisime millnaire,

    nos gouvernants rivalisent bien d'ingniositpour imposer la France la rsurgence defeu l'Ancien Rgime. Cette restauration,sournoisement orchestre par unedcentralisation dbride, engendre unenouvelle fodalit provinciale qui sedveloppe et prospre allgrement sur leterreau fertile des multiples strates dumillefeuille intercommunal. Chaquemandarin territorial cumule et accumuleainsi titres et privilges qui lui permettent dergenter sa guise la cour des vassauxmunicipaux, tous plus ou moins tributairesdes faveurs et subsides du suzerain. Mais cetdifice pyramidal ne peut se consolider etperdurer qu'en phagocytant la base, sanscesse largie, de la servitude populaire.Comme la socit des fourmis qui pratique

    l'levage de sa colonie de pucerons pour enrcolter le prcieux miellat, voil donc notrecaste des nantis qui entretient son dvou etdocile cheptel de manants, l'humiliantsuffisamment pour pouvoir le maintenirdans une soumission rsigne, l'affamant

    juste assez pour qu'il demeure laborieux etproductif, sans manifester la moindre

    vellit d'affranchissement. Et nos dirigeantspoussent plus loin encore le mimtismeanimalier : telles les fourmis qui concdentaux abeilles butineuses une part de la subtilepitance exsude par les pucerons, nos litesinstitutionnelles sous-traitent leur proltariatdomestique auprs de toute une nue deprdateurs financiers et boursiers aveclesquels ils cohabitent d'ailleurs en parfaitesymbiose.Il ne reste qu' esprer que le petit peuple

    servile des pucerons finira bien par secouervigoureusement son frle rameau pour allerchercher des poux sur la tte de toutes les

    frivoles cigales du libralisme cannibale!Tir du courrier des lecteurs de la revue "A

    contre courant" n 271.

    Nous vous proposons Creuse-

    Citron prix libre. Cest, pour

    notre collectif, une dmarche

    politique, non marchande, alors

    que par ailleurs, lhabitude est de

    payer le mme prix, que lon soit

    fortun ou pauvre. Le prix libre

    nest pas pour autant la gratuit :

    cest donner la possibilit

    dacqurir un mme produit selonses moyens et ses motivations.

    Sachant que tout a un cot, sachez

    que celui de fabrication de

    Creuse-Citron est de 50cts.

    Mmoire rcente 15

    IPNS

    CentreInternationaldeRecherchessur

    l'Anarchisme

  • 7/31/2019 Creuse-Citron N08

    16/16

    20 ans aprs Tchernobyl

    Jeudi 11 mai 21 heures LATELIER

    (Royre de Vassivire)

    Alors que la France semble senga-ger, dans lindiffrence gnrale,

    dans la relance de son programme lectro-nuclaire, avec la construction dun premierracteur EPR Flamanville, le projet desite denfouissement Bure ou la volontde vendre ses racteurs lInde ou laChine, il est urgent de revenir sur laccidentde Tchernobyl, lorchestration de son oc-cultation ainsi que de son oubli, pour entirer quelques leons afin de dvelopperune opposition radicale au nuclaire au-

    jourdhui.PROJECTION suivie de DEBAT de 2moyens-mtrages de Vladimir TCHER-KOFF

    LE SACRIFICE qui suit pendant plu-sieurs annes, lvolution dun liquidateur,un de ces hommes (de 300 900 000) quifurent utiliss aprs la catastrophe pour enlimiter les consquences.

    CONTROVERSES NUCLEAIRES quidcrit les dbats relatifs aux consquencessanitaires de laccident lors dune runioninternationale dexperts mise en parallleavec des images relatives aux conditions devie dans les rgions dites contamines .

    Pour tout renseignement : 05 55 64 92 11

    16 Vous tes cerns !

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    Bar Chez JosianeSt Laurent: BarL'Envole 13rue desCerisiersEymoutiers: LibrairiePasse-TempsLupersat: BarLheure creuseChampagnat / St Domet : La Naute

    et bien sr

    dans les manifs et rassemblements

    Carnet rougeet noir

    Le syndicat Intercorporatif CNT dela Creuse est heureux de vous an-noncer la naissance du Syndicat desSalaris de l'Aide la Personne et sonenvironnement et de la Bourse du Tra-vail des Salaris du particulier em-ployeur.

    Cette Bourse du Travail a pour but demutu