crÉer une section d’accompagnement...

91
CRÉER UNE SECTION D’ACCOMPAGNEMENT SPECIALISÉ EN RÉPONSE À L’ÉVOLUTION DES BESOINS DES TRAVAILLEURS HANDICAPÉS EN ESAT Aurore GIOVANNONI 2011

Upload: dangnguyet

Post on 14-Sep-2018

222 views

Category:

Documents


0 download

TRANSCRIPT

Page 1: CRÉER UNE SECTION D’ACCOMPAGNEMENT …p3ris.com/wp-content/uploads/2013/02/Aurore-GIOVANNONI.pdf · Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique

CRÉER UNE SECTION D’ACCOMPAGNEMENT SPECIALISÉ EN RÉPONSE À L’ÉVOLUTION DES BESOINS DES

TRAVAILLEURS HANDICAPÉS EN ESAT

Aurore GIOVANNONI

2011

Page 2: CRÉER UNE SECTION D’ACCOMPAGNEMENT …p3ris.com/wp-content/uploads/2013/02/Aurore-GIOVANNONI.pdf · Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique
Page 3: CRÉER UNE SECTION D’ACCOMPAGNEMENT …p3ris.com/wp-content/uploads/2013/02/Aurore-GIOVANNONI.pdf · Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique

Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2011

R e m e r c i e m e n t s

Je tiens à remercier :

Mon employeur, la Sauvegarde 13, et particulièrement Messieurs CARLAIS et PERALDI,

de m’avoir permis de suivre cette formation ainsi que l’équipe professionnelle de l’ESAT

Léon Bérenger et les personnes accueillies pour avoir composé avec mes absences

Joëlle CHOUX, guidant de mémoire, pour sa disponibilité, son accompagnement dans ce

travail d’écriture, son soutien et ses conseils avisés

Sophie POULARD, Luc VALES et Jean-Louis SEGURA pour le partage de leurs

expériences

Mes collègues de formation pour tous ces bons moments passés ensemble

Mon conjoint, ma famille et mes amis pour leurs encouragements et leur patience pendant

ces deux ans et demi de formation ainsi que pour leur aide précieuse lors de la relecture

de ce mémoire.

Page 4: CRÉER UNE SECTION D’ACCOMPAGNEMENT …p3ris.com/wp-content/uploads/2013/02/Aurore-GIOVANNONI.pdf · Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique
Page 5: CRÉER UNE SECTION D’ACCOMPAGNEMENT …p3ris.com/wp-content/uploads/2013/02/Aurore-GIOVANNONI.pdf · Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique

Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2011

S o m m a i r e

Introduction ............................................................................................................ 1

1 LA MISSION DES ESAT : L’ACCUEIL DE PERSONNES PRÉSENTANT

TOUT TYPE DE HANDICAP ET DE TOUS ÂGES ................................................. 3 1.1 Des CAT aux ESAT : rappel des textes fondateurs ........................................... 3

1.1.1 Les origines du handicap dans les politiques publiques ................................... 3 1.1.2 Les premières lois concernant les CAT : les lois du 30 juin 1975 ..................... 4 1.1.3 Les lois de 2002 et 2005 : une révolution culturelle pour les établissements

sociaux et médico-sociaux ........................................................................................... 5 1.2 Les travailleurs en situation de handicap mental et psychique ..................... 10

1.2.1 Définition du handicap : une évolution au fil des lois ...................................... 10 1.2.2 Le handicap mental : prédominance « traditionnelle » en ESAT .................... 11 1.2.3 La montée du handicap psychique dans les ESAT ........................................ 12

1.3 Vieillissement et fatigabilité des travailleurs d’ESAT ...................................... 17 1.3.1 Le vieillissement de la population ................................................................... 17 1.3.2 Le vieillissement des personnes en situation de handicap : une question

européenne d’actualité ............................................................................................... 20 1.3.3 Les travailleurs handicapés vieillissants en ESAT .......................................... 21

2 DIVERGENCES ENTRE L’OFFRE DE SERVICE ET L’ÉVOLUTION DE LA POPULATION ACCUEILLIE À L’ESAT LÉON BÉRENGER ............................... 25

2.1 De l’ADSEA des Bouches-du-Rhône à la Sauvegarde 13 ............................... 25 2.1.1 L’ADSEA des Bouches-du-Rhône : une action orientée vers l’accueil des

personnes handicapées ............................................................................................. 25 2.1.2 La création d’une nouvelle association : la Sauvegarde 13 ............................ 27 2.1.3 Les travailleurs accueillis à l’ESAT Léon Bérenger : une population

en évolution ................................................................................................................ 29 2.2 L’ESAT Léon Bérenger ....................................................................................... 33

2.2.1 L’accueil et l’admission dans le respect de la loi 2002-2 ................................ 33 2.2.2 Le travail et la formation comme outils du projet professionnel individualisé . 35 2.2.3 Les moyens mis à disposition des usagers .................................................... 38

2.3 Les limites de l’intégration : les difficultés rencontrées lors de la prise en

charge des nouvelles populations ............................................................................. 41 2.3.1 Production et contexte économique ................................................................ 41

Page 6: CRÉER UNE SECTION D’ACCOMPAGNEMENT …p3ris.com/wp-content/uploads/2013/02/Aurore-GIOVANNONI.pdf · Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique

Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2011

2.3.2 Les difficultés liées au handicap psychique .................................................... 42 2.3.3 Le vieillissement ............................................................................................. 44

3 DE NOUVEAUX PROJETS EN REPONSE AUX BESOINS DES TRAVAILLEURS D’ESAT ..................................................................................... 45

3.1 Proposer un nouvel accompagnement complémentaire à l’ESAT :

la mise en place du temps partiel et la section d’accompagnement spécialisé ... 45 3.1.1 La mise en place du temps partiel .................................................................. 45 3.1.2 La section d’accompagnement spécialisé ...................................................... 47 3.1.3 La création, l’organisation et le financement du nouveau service .................. 48

3.2 Améliorer l’existant ............................................................................................ 52 3.2.1 Reconstruire l’ESAT pour améliorer la qualité de vie et les conditions

de travail ..................................................................................................................... 52 3.2.2 Réécrire le projet d’établissement : un outil de fédération des équipes ......... 54 3.2.3 Gestion des ressources humaines ................................................................. 56 3.2.4 L’évaluation comme garantie de la qualité des services rendus .................... 58

3.3 Une nécessaire ouverture vers l’extérieur ....................................................... 60 3.3.1 L’analyse des pratiques : partager et se rassurer entre professionnels ......... 60 3.3.2 Les partenariats pour élargir la palette de services ........................................ 61

Conclusion ........................................................................................................... 63

Bibliographie ........................................................................................................ 65

Liste des annexes ................................................................................................... I

Page 7: CRÉER UNE SECTION D’ACCOMPAGNEMENT …p3ris.com/wp-content/uploads/2013/02/Aurore-GIOVANNONI.pdf · Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique

Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2011

L i s t e d e s s i g l e s u t i l i s é s

AAH Allocation Adulte Handicapé

ADSEA Association Départementale pour la Sauvegarde de l’Enfance, de

l’Adolescence et des adultes

AEMO Action Educative en Milieu Ouvert

ANESM Agence Nationale de l’Évaluation et de la qualité des établissements Sociaux

et Médicaux-sociaux

ARH Agence Régionale de l’Hospitalisation

ARS Agences Régionales de la Santé

ASSSEA Association du Service Social de Sauvegarde de l’Enfance, de l’Adolescence

et des jeunes adultes

BAPC Budget Annexe de l’activité de Production et de Commercialisation

BPAS Budget Principal d’Action Sociale

CA Conseil d’Administration

CASF Code de l’Action Sociale et des Familles

CAT Centre d’Aide par le Travail

CDAPH Commission des Droits et de l’Autonomie des Personnes Handicapées

CDES Commission Départementale de l’Education Spéciale

CE Comité d’Entreprise

CHSCT Comité d’Hygiène, de Sécurité et des Conditions de Travail

CIH Classification Internationale des Handicaps

COOPSOC COOpération SOCiale

COTOREP Commission technique d’orientation et de reclassement professionnel

CQFMA Certificat de Qualification aux Fonction de Moniteur d’Atelier

DDASS Direction Départementale des Affaires Sanitaires et Sociales

DGAS Direction Générale de l’Action Sociale

DGCS Direction Générale de la Cohésion Sociale

DREES Direction de la Recherche, des Etudes, de l’Evaluation et des Statistiques

DUD Document Unique des Délégations

ESAT Établissement et Service d’Aide par le Travail

ETP Equivalent Temps Plein

Page 8: CRÉER UNE SECTION D’ACCOMPAGNEMENT …p3ris.com/wp-content/uploads/2013/02/Aurore-GIOVANNONI.pdf · Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique

Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2011

FAM Foyer d’Accueil Médicalisé

HID Handicap Incapacités Dépendance

INSEE Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques

ISATIS actions pour l’Intégration, le Soutien, l’Accompagnement au Travail et

l’Insertion Sociale

MAS Maison d’Accueil Spécialisé

MDPH Maison Départementale des Personnes Handicapées

OMS Organisation Mondiale de la Santé

ONDAM Objectif national des dépenses d’assurance maladie

ONU Organisation des Nations Unies

SACAT Section Annexe de CAT

SACAT Section Aménagée de CAT

SACAT Structure d’Accompagnement et de Coordination proposant des Alternatives

au Travail

SAMSAH Service d'Accompagnement Médico-Social pour Adultes Handicapés

SAS Section d’Accompagnement Spécialisé

SAVS Services d’Accompagnement à la Vie Social

STP Section à Temps Partiel

UNASEA Union Nationale des Associations pour la Sauvegarde de l’Enfance, de

l’Adolescence et des adultes

VAE Validation des Acquis par l’Expérience

Page 9: CRÉER UNE SECTION D’ACCOMPAGNEMENT …p3ris.com/wp-content/uploads/2013/02/Aurore-GIOVANNONI.pdf · Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique

Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2011 - 1 -

Introduction

Les Etablissements et Services d’Aide par le Travail (ESAT) sont confrontés, depuis

quelques années, à la modification du public qu’ils accueillent. Comme l’écrit Gérard

ZRIBI, « il est vrai que les ESAT n’accueillent plus – et cela est généralement admis – la

même population qu’à leur création. Dans la continuité des instituts médico-

psychologiques et des instituts médico-professionnels, et dans une logique de filière, de

jeunes adultes présentant des profils déficitaires marqués (…) y étaient orientés et

constituaient, dans leur cas, la population exclusive. »1 Aujourd’hui, les évolutions qui se

dégagent sont le vieillissement des travailleurs handicapés et l’augmentation

d’admissions de personnes souffrant de troubles psychiques.

Dans un contexte économique déjà difficile, cette évolution engendre de nouvelles

problématiques en terme d’accompagnement des travailleurs d’ESAT, d’organisation du

travail et du rythme d’activité, de formation des équipes encadrantes, de partenariat avec

le secteur sanitaire mais aussi de coopération entre établissements médico-sociaux. Il est

alors indispensable de composer avec cette évolution, de réfléchir et d’agir dans l’intérêt

des personnes accueillies afin de leur proposer un accompagnement adapté.

Prenant comme terrain d’observation l’ESAT Léon Bérenger dont je suis directrice

adjointe depuis trois ans, ce travail portera sur l’évolution des populations accueillies et

sur les difficultés à maintenir certaines personnes en situation de handicap dans leur

activité professionnelle.

Pour cela, je présenterai dans une première partie le champ du handicap à travers

l’histoire et les lois. Puis, j’analyserai les spécificités du handicap psychique et les

conséquences du vieillissement sur les travailleurs d’ESAT.

Dans la seconde partie, grâce à un diagnostic de l’ESAT Léon Bérenger et de sa

population, j’exposerai les constats qui m’ont amenés à travailler sur cette problématique.

Enfin, la dernière partie traitera de mon projet de création d’une Section

d’Accompagnement Spécialisée (SAS) et d’organisation du temps de travail, solutions

nécessitant la participation des équipes professionnelles, pour permettre aux travailleurs

d’ESAT de maintenir une activité professionnelle lorsque la maladie ou la vieillesse la

rend difficile.

1 ZRIBI G., 2008, L’avenir du travail protégé Les ESAT dans le dispositif d’emploi des personnes handicapées, 3e édition, Rennes : EHESP, 159 p.

Page 10: CRÉER UNE SECTION D’ACCOMPAGNEMENT …p3ris.com/wp-content/uploads/2013/02/Aurore-GIOVANNONI.pdf · Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique
Page 11: CRÉER UNE SECTION D’ACCOMPAGNEMENT …p3ris.com/wp-content/uploads/2013/02/Aurore-GIOVANNONI.pdf · Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique

Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2011 - 3 -

1 LA MISSION DES ESAT : L’ACCUEIL DE PERSONNES PRÉSENTANT TOUT TYPE DE HANDICAP ET DE TOUS ÂGES

Dans cette première partie, je propose de présenter le concept de handicap à travers les

lois et plus précisément celles qui régissent les ESAT. Ensuite, je dépeindrai une image

de la population accueillie en ESAT à travers leurs types de handicap, mental et

psychique, et leur vieillissement.

1.1 Des CAT aux ESAT : rappel des textes fondateurs

Actuellement, l’ESAT est sous la responsabilité des Agences Régionales de la Santé

(ARS) et relève du Code de l'action sociale et des familles (CASF). Il est régi par les lois n

°2002-2 du 2 janvier 2002 rénovant l'action sociale et médico-sociale et nº 2005-102 du

11 février 2005 pour l'égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté

des personnes handicapées.

1.1.1 Les origines du handicap dans les politiques publiques

Historiquement, le handicap est abordé dès le préambule de la Constitution de 19462 qui

annonce que « chacun a le devoir de travailler et le droit d'obtenir un emploi » et « tout

être humain qui, en raison de son âge, de son état physique ou mental, de la situation

économique, se trouve dans l'incapacité de travailler a le droit d'obtenir de la collectivité

des moyens convenables d'existence ».

Au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale, les hôpitaux ne sont plus en capacité

d’accueillir et de soigner les personnes handicapées. De plus, les avancées

technologiques et industrielles accentuent les difficultés, liées au handicap, à trouver un

travail.

Des associations de parents vont alors se créer, d’abord pour les enfants handicapés puis

pour les adultes. Dès 1954, on parle déjà d’« établissements d'assistance par le travail »3.

2 Préambule de la Constitution du 27 octobre 1946 3 MINISTERE DE LA SANTE PUBLIQUE ET DE LA POPULATION. Décret n° 54-883 du 2 septembre 1954 portant règlement d'administration publique pour l'application de l'ensemble des dispositions du décret n° 53-

Page 12: CRÉER UNE SECTION D’ACCOMPAGNEMENT …p3ris.com/wp-content/uploads/2013/02/Aurore-GIOVANNONI.pdf · Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique

- 4 - Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2011

Mais c’est avec la loi de 19574 que va être introduite la notion de « travailleur handicapé »

et que les premiers Centre d’Aide par le Travail (C.A.T.) vont voir le jour. En 1957, « est

considéré comme travailleur handicapé pour bénéficier des dispositions de la présente loi,

toute personne dont les possibilités d’acquérir, ou de conserver un emploi sont

effectivement réduites par suite d’une insuffisance ou d’une diminution de ses capacités

physiques ou mentales ». Durant cette période, la question du handicap passe d’une

notion médicale à l’assistance. En effet, on ne soigne plus seulement la personne

handicapée, on l’aide à trouver un travail et à s’insérer dans la société.

1.1.2 Les premières lois concernant les CAT : les lois du 30 juin 1975

Avec les lois du 30 juin 19755, le concept d’assistance laisse sa place à celui de la

solidarité. En effet, la loi nº 75-534 pose plusieurs principes fondamentaux qui témoignent

d’une conception nouvelle de la politique à mener en faveur des personnes handicapées.

Dans son premier article, elle définit les missions, la nature, les finalités et les acteurs

chargés de la mise en œuvre de cette politique.

Ses missions sont nombreuses et concernent « la prévention et le dépistage des

handicaps, les soins, l'éducation, la formation et l'orientation professionnelle, l'emploi, la

garantie d'un minimum de ressources, l'intégration sociale et l'accès aux sports et aux

loisirs du mineur et des adultes handicapés physiques, sensoriels ou mentaux ».

La nature de cette loi est nouvelle puisqu’elle impose comme obligation nationale l’accès

à l’emploi et la garantie d’un minimum de ressources. La notion de solidarité prend tout

son sens dans cette loi dont la mise en œuvre incombe à la collectivité toute entière.

La finalité de cette loi est « d'assurer aux personnes handicapées toute l'autonomie dont

elles sont capables ». Pour y répondre, elle indique que « les familles, l'État, les

collectivités locales, les établissements publics, les organismes de sécurité sociale, les

associations, les groupements, organismes et entreprises publiques et privées » doivent

s’associer dans leurs interventions.

Ces lois officialisent les C.A.T., réglementent l’emploi et les conditions d’orientation

délivrées par la Commission technique d’orientation et de reclassement professionnel

(COTOREP) et créent l’Allocation Adulte Handicapé (A.A.H.).

1186 du 29 novembre 1953 relatif à la réforme des lois d'assistance. Journal officiel du 10 septembre 1954, 8743. 4 Loi n° 57-1223 du 23 novembre 1957 sur le reclassement professionnel des travailleurs handicapés. Journal officiel du 24 novembre 1957, 10858. 5 Loi n° 75-534 du 30 juin 1975 d'orientation en faveur des personnes handicapées et loi n° 75-535 du 30 juin 1975 relative aux institutions sociales et médico-sociales. Journal officiel du 1er juillet 1975, 6596.

Page 13: CRÉER UNE SECTION D’ACCOMPAGNEMENT …p3ris.com/wp-content/uploads/2013/02/Aurore-GIOVANNONI.pdf · Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique

Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2011 - 5 -

En 1978, la circulaire 60 AS6 marque un tournant dans l’action des CAT en définissant

une double finalité qui est de « faire accéder, grâce à une structure et des conditions de

travail aménagées, à une vie sociale et professionnelle des personnes handicapées

momentanément ou durablement, incapables d'exercer une activité professionnelle dans

le secteur ordinaire de production ou en atelier protégé ; permettre à celles d'entre ces

personnes qui ont manifesté par la suite des capacités suffisantes de quitter le centre et

d'accéder au milieu ordinaire de travail ou à un atelier protégé ». Pour cela, l’ESAT doit, à

la fois, développer une activité de production (activités procurant une valeur ajoutée) et

mettre en place des actions de soutien (activités extra-professionnelles).

1.1.3 Les lois de 2002 et 2005 : une révolution culturelle pour les établissements sociaux et médico-sociaux

La loi du 2 janvier 20027 réforme la loi nº 75-535. Au moment de la parution de cette loi,

on peut caractériser le secteur médico-social comme en évolution constante dans ses

pratiques, très décentralisé avec un quasi-monopole des associations et un secteur où la

demande dépasse l’offre.

La loi 2002-2 pallie aux carences de la loi de 1975 en diversifiant l’offre de structures

sociales et médico-sociales pour s’adapter aux besoins des personnes accueillies et en

promouvant le droit des personnes. Cette loi a aussi pour objectifs de préciser les

conditions de création, de financement et de régulation des établissements et services.

Elle améliore les procédures de pilotage en rénovant l’allocation des ressources et

l’évaluation du dispositif et elle instaure une coordination entre les divers protagonistes.

Elle définit les droits fondamentaux des usagers. L’article L.311-3 du CASF garantit à

l’usager comme tout citoyen : « l’exercice général des droits et libertés individuelles ».

Ces droits incluent le respect de la dignité, de l’intégrité, de la vie privée, de l’intimité et de

la sécurité. La loi crée sept nouveaux outils permettant aux personnes accueillies

d’exercer leurs droits et de participer à la mise en œuvre de leur prise en charge :

• Le livret d’accueil

• Le contrat de séjour (ou contrat d’aide de soutien par le travail pour les usagers

des ESAT)

• La charte des droits et libertés 6 Circulaire 60 AS du 8 décembre 1978 relative aux centres d’aide par le travail 7 Loi n° 2002-2 du 2 janvier 2002 rénovant l’action sociale et médico-sociale. Journal officiel, n° 2 du 3 janvier 2002, 124.

Page 14: CRÉER UNE SECTION D’ACCOMPAGNEMENT …p3ris.com/wp-content/uploads/2013/02/Aurore-GIOVANNONI.pdf · Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique

- 6 - Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2011

• Le règlement de fonctionnement

• Le conseil de la vie sociale

• Le projet d’établissement

• Le médiateur

Cette loi rénove les modes de prise en charge et les établissements afin de diversifier

l’offre et de s’adapter aux besoins de l’usager. Ainsi, la prise en charge peut être

permanente ou temporaire, à temps complet ou partiel, avec ou sans hébergement.

Pour les établissements et services, la loi les liste et introduit aussi de nouvelles

catégories telles que les services d’aide à domicile, les structures d’accueil pour

personnes handicapées vieillissantes ou encore les centres d’addictologie.

Dans son article 15, la loi nº 2002-2 définit l'ESAT :

« Art. L. 312-1. - I. - Sont des établissements et services sociaux et médico-sociaux, au

sens du présent code, les établissements et les services, dotés ou non d'une personnalité

morale propre, énumérés ci-après : [...]

5° Les établissements ou services :

a) D'aide par le travail, à l'exception des structures conventionnées pour les activités

visées à l'article L. 322-4-16 du code du travail et des ateliers protégés définis aux articles

L. 323-30 et suivants du même code. »

Parmi les autres innovations de la loi 2002-2, les procédures d’évaluation prennent une

place importante. En effet, l’accent est mis sur la qualité des prestations proposées aux

usagers. Pour cela, deux types d’évaluation sont mis en place :

ü L’évaluation interne : elle est obligatoire et permet d’évaluer la qualité de la prise

en charge. Elle s’appuie sur des recommandations de bonnes pratiques publiées

par l’Agence Nationale de l’évaluation et de la qualité des établissements et

services sociaux et médico-sociaux (ANESM). Cette évaluation doit être

renouvelée tous les 5 ans et les résultats envoyés aux autorités compétentes.

ü L’évaluation externe : elle est obligatoire tous les 7 ans et est réalisée par un

organisme habilité

La loi 2002-2 apporte aussi une nouveauté en officialisant la notion de bientraitance.

Selon l’ANESM, « la bientraitance, démarche volontariste, situe les intentions et les actes

des professionnels dans un horizon d’amélioration continue des pratiques tout en

conservant une empreinte de vigilance incontournable. La bientraitance est donc à la fois

démarche positive et mémoire du risque. La bientraitance est une culture inspirant les

actions individuelles et les relations collectives au sein d’un établissement ou d’un service.

Elle vise à promouvoir le bien-être de l’usager en gardant présent à l’esprit le risque de

Page 15: CRÉER UNE SECTION D’ACCOMPAGNEMENT …p3ris.com/wp-content/uploads/2013/02/Aurore-GIOVANNONI.pdf · Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique

Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2011 - 7 -

maltraitance. »

Parmi les nombreuses dispositions de la loi du 2 janvier 2002, certaines obligent les

établissements à beaucoup plus de formalisation de leurs pratiques professionnelles.

Cette « révolution culturelle » permet aux établissements de repenser leurs missions, leur

organisation et leurs pratiques.

En 2005, la loi nº2005-1028 réforme la loi nº 75-534. Avec cette loi, le concept de

solidarité passe à celui de la citoyenneté. Elle donne une définition du handicap proche de

la classification de l’Organisation Mondiale de la Santé et réaffirme les principes d’égalité,

de droit à l’intégration et à la solidarité nationale.

Les lois de 2002 et 2005 modifient et modernisent le secteur social et médico-social et lui

permettent de s’adapter aux évolutions depuis les lois de 1975. C’est un secteur en

expansion qui doit répondre à une demande toujours plus importante avec des prises en

charge de plus en plus longues. La loi de 2005 concrétise des principes forts : elle

soutient le recentrage sur la personne handicapée, sur ses besoins et son intégration

dans la société, elle définit le droit à compensation et elle crée les Maisons

Départementales des Personnes Handicapées (MDPH) qui, dans un secteur très

décentralisé, apportent un service de proximité aux bénéficiaires.

Elle introduit une définition du handicap qui s’inspire de la classification de l’Organisation

Mondiale de la Santé : « constitue un handicap, au sens de la présente loi, toute limitation

d’activité ou restriction de participation à la vie en société subie dans son environnement

par une personne en raison d’une altération substantielle, durable ou définitive d'une ou

plusieurs fonctions physiques, sensorielles, mentales, cognitives ou psychiques, d'un

polyhandicap ou d'un trouble de santé invalidant. » La loi réaffirme le principe d’égalité de

traitement, de droit à l’intégration et à la solidarité nationale. Elle prévoit la représentation

des personnes handicapées dans toutes les instances qui émettent un avis ou adoptent

des décisions les concernant.

La loi 2005-102 introduit la notion de droit à compensation. Ainsi, toute personne

handicapée a droit à la compensation des conséquences de son handicap traduite en

aides humaines, techniques, animalières, etc. Ce droit à compensation est valable quels

que soient l’origine et la nature du handicap, l’âge ou le mode de vie de la personne

handicapée.

8 Loi nº 2005-102 du 11 février 2005 pour l'égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées. Journal officiel, n° 36 du 12 février 2005, 2353.

Page 16: CRÉER UNE SECTION D’ACCOMPAGNEMENT …p3ris.com/wp-content/uploads/2013/02/Aurore-GIOVANNONI.pdf · Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique

- 8 - Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2011

La loi réforme les conditions d’attribution de l’Allocation Adulte Handicapé (AAH) en

posant une possibilité de cumul avec les revenus du travail ou en complément

d’avantages invalidité, accident du travail ou maladie professionnelle. Ces allocations sont

attribuées par les Maisons Départementales des Personnes Handicapées.

La loi réorganise les instances en charge de l’accueil, de l’information, de l’évaluation et

de l’orientation en créant les MDPH qui ont la charge de :

ü L’orientation scolaire, professionnelle et sociale

ü L’appréciation des besoins et attributions des allocations et prestations

ü La reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé

ü La désignation des établissements et services appropriés

Les MDPH fonctionnent autour des interventions d’équipes pluridisciplinaires et de divers

référents pour la personne handicapée. Ces équipes sont chargées de l’évaluation des

besoins en matière de compensation sur la base du projet de vie et proposent un plan

personnalisé de compensation du handicap. Les décisions sont prises par la Commission

des Droits et de l’Autonomie des Personnes Handicapées (CDAPH) qui a remplacé la

Commission Départementale de l’Éducation Spéciale (CDES) et la Commission technique

d’orientation et de reclassement professionnel dont elle a fusionné les compétences.

La loi instaure pour le séjour en ESAT un contrat de soutien et d’aide par le travail,

précise les modalités de mise à disposition des personnes admises en ESAT et rappelle

le droit à réintégration. La loi introduit également la possibilité de se former en ESAT, de

faire valider ses acquis de l’expérience (VAE).

Concernant les ESAT, la loi 2005-102 et ses textes d’application ouvrent de nouveaux

droits aux travailleurs handicapés :

ü La conclusion d’un contrat de soutien et d’aide par le travail définissant les

droits et obligations réciproques de l’ESAT et de la personne handicapée

ü Le droit à une rémunération garantie versée dès l’admission en période

d’essai de l’adulte handicapé sous réserve de la conclusion du contrat de

soutien et d’aide par le travail

ü Le maintien de la rémunération garantie pendant les périodes d’arrêt

maladie

ü Le droit à un congé annuel de deux jours et demi par mois plafonné à

trente jours ouvrables.

La loi 2005-102 vient compléter la loi 2002-2 en garantissant à chaque personne

handicapée un droit à la citoyenneté. Elle confirme la mission médico-sociale des ESAT

Page 17: CRÉER UNE SECTION D’ACCOMPAGNEMENT …p3ris.com/wp-content/uploads/2013/02/Aurore-GIOVANNONI.pdf · Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique

Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2011 - 9 -

chargés d’offrir des possibilités d’activités diverses à caractère professionnel aux

personnes handicapées dont les capacités de travail ne leur permettent pas,

momentanément ou durablement, de travailler dans une entreprise ordinaire ou dans une

entreprise adaptée, et de mettre en œuvre ou de favoriser l’accès à des actions

d’entretien des connaissances, de maintien des acquis scolaires et de formation

professionnelle ainsi que des actions éducatives d’accès à l’autonomie et d’implication

dans la vie sociale (art. L. 344-2 et L. 344-2- 1 du code de l’action sociale et des familles).

En 2008, la circulaire du 1er août9 détaille les dispositions en vigueur depuis le 1er janvier

2007 concernant les ESAT et leurs travailleurs handicapés. Elles découlent des décrets

n°2006-70310 du 16 juin 2006 et n°2006-175211 du 23 décembre 2006, de l’arrêté du 28

décembre 200612, du décret n°2007-87413 du 14 mai 2007 et des deux arrêtés des 14 mai

200714 et 6 juillet 200715 pris en application des dispositions de la loi n° 2005-102 du 11

février 2005.

Dans cette circulaire, il est noté qu’« il faut veiller à ce que les ESAT restent largement

ouverts à tout type de handicap et proposent des activités accessibles aux personnes

ayant, au moment de leur admission ou après plusieurs années d’activité en raison de

leur avancée en âge, une capacité très réduite de travail ». Cette phrase me semble être

importante car elle redéfinie la population accueillie en ESAT. En ce sens, la mission des

ESAT devient alors : accueillir des personnes, quelque soit leur handicap et leur âge, et

9 MINISTERE DU TRAVAIL, DES RELATIONS SOCIALES, DE LA FAMILLE ET DE LA SOLIDARITE. Circulaire n° DGAS/3B/2008/259 du 1er août 2008 relative aux établissements et services d’aide par le travail et aux personnes handicapées qui y sont accueillies. 10 MINISTERE DE LA SANTE ET DES SOLIDARITES. Décret n° 2006-703 du 16 juin 2006 relatif aux établissements ou services d’aide par le travail et à la prestation de compensation et modifiant le code de l'action sociale et des familles (partie réglementaire) et le code de la sécurité sociale (deuxième partie : Décrets en Conseil d'Etat). Journal officiel, n° 139 du 17 juin 2006, 9126. 11 MINISTERE DE LA SANTE ET DES SOLIDARITES. Décret n° 2006-1752 du 23 décembre 2006 relatif au contrat de soutien et d’aide par le travail et aux ressources des travailleurs des établissements ou services d’aide par le travail. Journal officiel, n° 302 du 30 décembre 2006, 20104. 12 MINISTERE DE LA SANTE ET DES SOLIDARITES. Arrêté du 28 décembre 2006 fixant la base de compensation par l’Etat des cotisations versées au titre des travailleurs handicapés accueillis en établissements et services d’aide par le travail en application du b de l’article R. 243-9 du code de l’action sociale et des familles. Journal officiel, n° 22 du 26 janvier 2007, 1656. 13 MINISTERE DE LA SANTE ET DES SOLIDARITES. Décret n° 2007-874 du 14 mai 2007 portant diverses dispositions relatives aux établissements ou services d’aide par le travail et à l’exercice d’une activité à caractère professionnel en milieu ordinaire de travail par les travailleurs handicapés admis dans ces établissements ou services et modifiant le code de l’action sociale et des familles (partie réglementaire) et le code de la sécurité sociale (deuxième partie : Décrets en Conseil d’Etat). Journal officiel, n° 112 du 15 mai 2007, 8995. 14 MINISTERE DE LA SANTE ET DES SOLIDARITES. Arrêté du 14 mai 2007 fixant le montant de la compensation par l’Etat des cotisations payées par les établissements et services d’aide par le travail pour l’affiliation des travailleurs handicapés qu’ils accueillent à un régime de prévoyance en application du septième alinéa de l’article R. 243-9 du code de l’action sociale et des familles. Journal officiel, n° 112 du15 mai 2007, 2030. 15 MINISTÈRE DU TRAVAIL, DES RELATIONS SOCIALES ET DE LA SOLIDARITÉ. Arrêté du 6 juillet 2007 fixant la base de compensation par l’Etat de la participation des établissements et services d’aide par le travail au financement de la formation professionnelle continue. Journal officiel, n° 175 du 31 juillet 2007, 12862.

Page 18: CRÉER UNE SECTION D’ACCOMPAGNEMENT …p3ris.com/wp-content/uploads/2013/02/Aurore-GIOVANNONI.pdf · Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique

- 10 - Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2011

leur permettre, par le biais du travail et d’activités de soutien, de s’insérer dans la société.

L’admission en ESAT n’est donc plus limitée à un type de handicap mais s’ouvre à tous.

Le « défi » de la mixité des populations accueillies en ESAT, au cœur de l’actualité, sera

ensuite illustré en prenant l’exemple de l’ESAT Léon Bérenger, ouvert à des personnes

souffrant de troubles psychiques, dans un établissement accueillant une majorité de

personnes en situation de handicap mental et soumis au problème du vieillissement des

usagers.

1.2 Les travailleurs en situation de handicap mental et psychique

1.2.1 Définition du handicap : une évolution au fil des lois

Le handicap vient du mot anglais « hand in cap », la main dans le chapeau, en référence

au 16ème siècle en Angleterre, à un mode de compensation dans des courses de chevaux

par tirage au sort dans le chapeau.

Jusqu’en 1975, il n’existe pas de définition précise du handicap écrite par le législateur. À

partir de la loi de 1975, sont classées comme des personnes handicapées « les

personnes atteintes d’un handicap physique, sensoriel ou mental », cette définition étant

très marquée par le modèle médical.

À partir des années 1980, le britannique Philip Wood transforme la vision du handicap en

le définissant comme un désavantage.

Avec l’apparition de la Classification internationale des handicaps : déficiences,

incapacités et désavantages (CIH), publiée pour la première fois à titre expérimental par

l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) en 1980 puis de la Classification internationale

du fonctionnement, du handicap et de la santé, le but est de proposer un langage

uniformisé et normalisé pour la description des états de santé. L’Organisation Mondiale

de la Santé donne alors une définition selon laquelle « est handicapé un sujet dont

l’intégrité physique et mentale est passagèrement ou définitivement diminuée, soit

congénitalement, soit sous l’effet de l’âge, d’une maladie ou d’un accident, en sorte que

son autonomie, son aptitude à fréquenter l’école ou à occuper un emploi s’en trouvent

compromis. »

La loi du 11 février 2005 définit plus précisément le handicap. Désormais, « constitue un

Page 19: CRÉER UNE SECTION D’ACCOMPAGNEMENT …p3ris.com/wp-content/uploads/2013/02/Aurore-GIOVANNONI.pdf · Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique

Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2011 - 11 -

handicap, au sens de la présente loi, toute limitation d’activité ou restriction de

participation à la vie en société subie dans son environnement par une personne en

raison d’une altération substantielle, durable ou définitive d’une ou plusieurs fonctions

physiques, sensorielles, mentales, cognitives ou psychiques, d’un polyhandicap ou d’un

trouble de santé invalidant. »

Inspirée par celle du handicap donnée en 2001 par l’OMS, cette définition se révèle large

parce qu’elle ne procède pas d’une approche psychomédicale du handicap mais

s’attache, au contraire, à définir celui-ci à partir de ses conséquences réelles ou

potentielles : un handicap, c’est ce qui altère les capacités d’action d’une personne dans

sa vie sociale et professionnelle, que les causes en soient physiques, mentales,

sensorielles, cognitives ou psychiques.

1.2.2 Le handicap mental : prédominance « traditionnelle » en ESAT

Selon la classification internationale, la déficience se définit par une « perte de substance

ou altération d’une structure ou fonction psychique, physique ou anatomique. Elle

représente toute perturbation, congénitale ou acquise, permanente ou temporaire de la

structure et des fonctions normales du corps et de l’individu, toute maladie qui affecte de

façon durable la croissance, le développement, le fonctionnement du sujet ». On distingue

neuf catégories :

• Déficience intellectuelle

• Langage et parole

• Auditives

• Appareil oculaire

• Autres organes

• Squelette et appareil de soutien

• Esthétiques

• Fonctions générales, sensitives ou autres

La majorité des personnes accueillies à l’ESAT Léon Bérenger présente un handicap

mental que l’on peut définir comme « une limitation significative, persistante et durable

des fonctions (capacités) intellectuelles d’un sujet par rapport aux sujets normaux du

même âge »16. Selon la Nomenclature des déficiences, incapacités et désavantages17,

16 LIEGEOIS J., MANGIN de CAGNY C., Extrait du fascicule. 17 Nomenclature des déficiences, incapacités et désavantages - Arrêté du 9 janvier 1989 - Éducation nationale, Jeunesse et Sports : Évaluation et Prospective

Page 20: CRÉER UNE SECTION D’ACCOMPAGNEMENT …p3ris.com/wp-content/uploads/2013/02/Aurore-GIOVANNONI.pdf · Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique

- 12 - Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2011

cette déficience intellectuelle est légère à moyenne (QI compris entre 50 et 70). Les

origines sont variées : origine prénatale, néo-natale ou postnatale, facteurs

environnementaux ou encore carences affectives, sociales, éducatives et culturelles.

Ainsi, ces personnes présentent des difficultés d’apprentissage scolaire (difficultés de

mémorisation, d’attention, de compréhension, etc.), d’apprentissage professionnel

(lenteur dans le travail, difficultés de coordination motrice, etc.) et d’autonomie sociale.

Selon les travaux de Jean-Louis Paour18, la déficience peut être envisagée comme

résultant d’une multiplicité de facteurs (organiques, psychosociaux, psychoaffectifs) qui

ont tous une incidence sur le fonctionnement cognitif. Ces facteurs et le fonctionnement

cognitif agissent de concert sur la déficience et peuvent en déterminer l’évolution.

En tant que handicap principal, la déficience intellectuelle touche 2/3 des travailleurs en

ESAT19 en 2008. À l’ESAT Léon Bérenger, 55% de la population accueillie souffre d’un

handicap mental.

1.2.3 La montée du handicap psychique dans les ESAT

La loi du 11 février 2005 définit le handicap dans son article 2, comme « toute limitation

d’activité ou restriction de participation à la vie en société subie par une personne dans

son environnement en raison d’une altération substantielle, durable ou définitive d’une ou

plusieurs fonctions physiques, sensorielles, mentales, cognitives ou psychiques (...) ».

La prise en compte de la dimension psychique dans cette définition très large du handicap

englobe ainsi toutes les personnes souffrant de troubles psychiques qui ont des

répercussions dans la réalisation des activités quotidiennes et/ou compromettent la

scolarité, la formation, l’activité professionnelle et/ou des activités sociales et citoyennes.

Ainsi, cette population englobe aussi bien des personnes vivant dans un logement

personnel soutenues par un service d’accompagnement que des personnes accueillies en

maison d’accueil spécialisée.

Pour la majorité de ces personnes, les troubles se sont déclarés à l’âge de l’adolescence

ou quelques années après leur majorité et ont reçu des soins en psychiatrie. La

schizophrénie fait partie des maladies psychiatriques les plus fréquentes pour cette 18 Jean-Louis PAOUR, professeur des universités, département de psychologie développemental et différentiel, directeur de l’UFR de psychologie et sciences de l’éducation, Université d’Aix-en-Provence 19 DIRECTION GENERALE DE LA COHESION SOCIALE, novembre 2009, rapport final « Appui des services de l’état à la modernisation et au développement des établissements et services d’aide par le travail dans leur missions médico-sociale et économique », 82 p.

Page 21: CRÉER UNE SECTION D’ACCOMPAGNEMENT …p3ris.com/wp-content/uploads/2013/02/Aurore-GIOVANNONI.pdf · Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique

Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2011 - 13 -

population. Le déni de la maladie est une spécificité commune à la plupart de ces

personnes et explique en grande partie la discontinuité du parcours de soins constatée

par les différents acteurs (professionnels du secteur de la Santé mentale, du secteur

social ou médico-social, familles, etc.). En effet, il n’est pas rare qu’après les premières

bouffées délirantes, qui conduisent généralement à une hospitalisation psychiatrique, la

personne reprenne une vie normale, tente de se réadapter à son environnement et oublie

cet épisode difficile. Mais les rechutes vont le plus souvent jalonner le parcours de vie de

ces personnes, qui reprennent contact avec le secteur psychiatrique au moment des

crises, pour remettre ensuite de la distance.

Malgré la détention de diplômes et une efficience intellectuelle souvent performante, ces

personnes ont souvent des difficultés à mobiliser leurs capacités psychiques,

intellectuelles et physiques. Elles arrivent rarement à conserver un emploi en milieu

ordinaire et s’adaptent difficilement à des structures de travail protégé conçues pour des

personnes présentant une déficience intellectuelle. La vie dans un logement personnel est

souvent problématique et nécessite un accompagnement médico-social pour gérer

l’entretien du logement, les courses, les repas mais aussi les relations avec le voisinage.

Faute de modes de logement et de travail adaptés, une partie des personnes présentant

un handicap psychique vivent chez leurs parents, souvent seuls et éprouvés face aux

troubles et à la souffrance de leur enfant. En l’absence du soutien familial, les risques

d’exclusion de ces personnes sont importants.

La difficulté à évaluer les troubles et leurs conséquences sur la vie quotidienne et sociale

des personnes pose également problème pour l’obtention d’une reconnaissance officielle

du handicap (AAH, reconnaissance de travailleur handicapé, orientation vers un Service

d’Accompagnement à la Vie Sociale (SAVS) ou un ESAT, etc.). La question de la

reconnaissance du handicap psychique, pose encore des difficultés : bon nombre de

personnes en situation de handicap pourraient en bénéficier mais la difficulté

d’acceptation de ce statut stigmatisant est encore très prégnant. Dans bon nombre de

situations, les personnes sont dans le déni de leur maladie. Elles présentent

généralement de vraies capacités et potentialités intellectuelles et les médecins sont le

plus souvent réticents à reconnaitre comme handicap les troubles anxio-névrotiques, les

addictions et les dépressions là où n’est pour ainsi dire jamais associé le versant

déficitaire.

« La mise en place de la sectorisation psychiatrique à partir des années soixante-dix a

provoqué une demande massive de places en ESAT pour des adultes de tous âges

Page 22: CRÉER UNE SECTION D’ACCOMPAGNEMENT …p3ris.com/wp-content/uploads/2013/02/Aurore-GIOVANNONI.pdf · Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique

- 14 - Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2011

présentant des tableaux déficitaires associés à des troubles de la personnalité, des

psychoses et plus généralement dans handicap psychiques »20. En effet, depuis vingt

ans, le contexte politique est en faveur de la fermeture des lits en psychiatrie, ce qui

entraine le basculement du secteur sanitaire vers le secteur médico-social.

En 1996, le Plan Juppé réforme le système de santé. Il comporte trois ordonnances visant

à changer la protection sociale, la médecine de ville, l’hospitalisation publique et privée.

L’ordonnance du 24 avril 1996 portant réforme de l’hospitalisation publique et privée jette

les bases d’un nouveau système de contraintes. Elle instaure une régulation fondée sur

les lois annuelles de financement de la Sécurité sociale et l’Objectif National des

Dépenses d’Assurance maladie (ONDAM). Dans chaque région, est créée une agence

régionale de l’hospitalisation (ARH) qui devient l’autorité unique de régulation de

l’hospitalisation au plan régional ; elle a pour mission de définir et de mettre en œuvre la

politique régionale d’offre de soins hospitaliers, d’analyser et de coordonner l’activité des

établissements de santé (publics et privés) et de déterminer leurs ressources. En réalité la

réforme Juppé, sous couvert de rationaliser l’offre de soins, a accéléré le mouvement de

restructurations : fusions, transferts, regroupements et fermetures d’établissements se

sont multipliés au cours de ces dernières années. Dans tous les cas, l’objectif était de

réduire les coûts, et l’opération s’est soldée au final, par des suppressions de lits et de

personnels.

Dans un tel contexte de prise en charge de la maladie mentale, la situation du handicap

psychique n’est pas encore très claire. Le système sanitaire pèse encore de tout son

poids sur les orientations qui sont prises par les pouvoirs publics, même si ceux-ci ont

amorcé un virage par la reconnaissance officielle sur handicap psychique par la loi nº

2005-102 du 11 février 2005.

La fermeture des lits en psychiatrie a entrainé des séjours hospitaliers plus courts. À leur

sortie, les personnes souffrant de handicap psychique ou handicapées par la maladie

mentale doivent être prises en charge par des établissements ou services médico-

sociaux. Divers acteurs s’entraident et sont partenaires dans cette prise en charge : des

ESAT pour les personnes en capacité de travailler dans un milieu protégé, des Services

d'Accompagnement Médico-Sociaux pour Adultes Handicapés (SAMSAH) et SAVS pour

aider les personnes à la réalisation de leur projet de vie dans une dynamique d'insertion

sociale, des Maisons d’Accueil Spécialisées (MAS) recevant des adultes handicapés

20 ZRIBI G., 2008, L’avenir du travail protégé Les ESAT dans le dispositif d’emploi des personnes handicapées, 3e édition, Rennes : EHESP, 159 p.

Page 23: CRÉER UNE SECTION D’ACCOMPAGNEMENT …p3ris.com/wp-content/uploads/2013/02/Aurore-GIOVANNONI.pdf · Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique

Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2011 - 15 -

nécessitant une surveillance médicale et des soins constants ou encore des Foyers

d’Accueil Médicalisé (FAM) accueillant des personnes lourdement handicapées inaptes à

une activité professionnelle.

En 2005, le plan Psychiatrie et Santé Mentale dont les priorités sont de « réinvestir dans

les murs de l’hôpital psychiatrique, (…) d’augmenter les moyens humains (…), la

nécessaire amélioration de la formation des infirmiers et des infirmières à la psychiatrie

(…), de développer l’offre sociale et médico-sociale »21 réaffirme le lien entre les secteurs

sanitaire et médico-social.

Face aux situations cumulant précarité sociale et précarité médicale, l’enjeu de l’action

sanitaire, sociale et médico-sociale dans la société française d’aujourd’hui vise une

nécessaire coordination des travailleurs sociaux et des équipes psychiatriques. Il est

indispensable de dépasser les logiques de cloisonnement. Les dispositifs psychiatriques,

sociaux et médico-sociaux doivent évoluer vers des modes de coopération en faisant

abstraction de leurs logiques internes et en tenant compte de la réalité des personnes en

situation de précarité.

Source : DIRECTION GENERALE DE LA

COHESION SOCIALE, novembre 2009,

rapport final « Appui des services de l’état

à la modernisation et au développement

des établissements et services d’aide par le

travail dans leur missions médico-sociale et

économique », 82

Au 31 décembre 2008, le handicap psychique, dans le secteur du travail protégé,

concerne un usager sur cinq en tant que handicap principal22. Ce chiffre est à rapprocher

des données de l’enquête de la DREES (Direction de la Recherche, des Etudes, de

l’Evaluation et des Statistiques) au 31 décembre 2001 pour lesquelles le handicap 21 DOUSTE-BLAZY P., Ministre des Solidarités, de la Santé et de la Famille, discours « Psychiatrie et Santé mentale Projet de plan 2005-2008 », 4 février 2005. 22 DIRECTION GENERALE DE LA COHESION SOCIALE, novembre 2009, rapport final « Appui des services de l’état à la modernisation et au développement des établissements et services d’aide par le travail dans leur missions médico-sociale et économique », 82 p

- 25 -

2) Les enjeux liés à l’évolution des publics

2.1) La montée du handicap psychique vient questionner la vision traditionnelle des ESAT

La prédominance « traditionnelle » des usagers handicapés intellectuels ne surprendra personne. En tant que handicap principal, il représente 2/3 des travailleurs présents en ESAT et un usager sur 4 en tant que handicap associé.

Cette prépondérance ne doit cependant pas cacher l’évolution du handicap psychique dans le milieu de travail protégé : il concernerait aujourd’hui près d’un usager sur 5 en tant que handicap principal.

Répartitionen % des usagers présents en ESAT Handicap principal Handicap associéIntellectuel 66% 23%Psychique 19% 25%IMC 2% 3%Trauma cranien 2% 4%Moteur 3% 9%Sensoriel 2% 9%Troubles du comportement 3% 15%Autisme 1% 4%Autres 3% 9%Total hors non réponses 100% 100%Effectifs répondants 50998 20648Inconnu/Non réponse 1,7%Total effectifs au 31/12/2008 51876 51876% sur effectif total 98% 40%

Avec toutes les précautions nécessaires liées à des données d’enquêtes différentes, on peut tenter des rapprochements avec les données des derniers tableaux de bord des ESAT datant de 1999 (4). A l’époque :

• la déficience intellectuelle – en tant que handicap principal concernait 77% des travailleurs ;

• le handicap psychique n’était pas reconnu, néanmoins près de 11% des usagers présents en CAT étaient issus d’hôpitaux ou de secteurs psychiatriques.

4) Le dernier tableau bord des ESAT portait sur 1137 établissements se rapprochant de données quasi-exhaustives (57 non répondants) soit près du double des répondants à l’enquête. Toutefois les différences de % sont suffisamment importantes pour être significatives entre les deux échantillons.

Page 24: CRÉER UNE SECTION D’ACCOMPAGNEMENT …p3ris.com/wp-content/uploads/2013/02/Aurore-GIOVANNONI.pdf · Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique

- 16 - Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2011

psychique représentait 14% des usagers présents en CAT. On remarque donc une

augmentation des admissions de personnes souffrant de handicap psychique en ESAT.

A l’ESAT Léon Bérenger, ces personnes représentent 19% de l’effectif au 1er janvier

2011.

La montée du handicap psychique dans les ESAT pose trois types de difficultés que je

rencontre dans l’établissement que je dirige :

• dans un premier temps, des difficultés de cohabitation entre les travailleurs

souffrant de handicaps différents;

• ensuite, des problèmes d’organisation de travail dus principalement à

l’absentéisme

• enfin, des difficultés pour les établissements à assurer une prise en charge

psychiatrique.

L’ESAT rencontre une problématique supplémentaire liée, elle aussi, à l’évolution de sa

population. Les personnes en situation de handicap, entrées dans les années 1980, à

l’ouverture de l’établissement, ont vieilli et montrent aujourd’hui des difficultés à suivre le

rythme de travail de l’ESAT.

14%  

41%  

2%  

19%  

5%  

5%  

2%  

12%  

Pathologies  des  personnes  accueillies  à  l'ESAT  Léon  Bérenger  

Retard  mental  moyen  

Retard  mental  léger  

Troubles  de  la  conduite  et  du  comportement  

Troubles  psychiques  

Dé?icience  du  langage  et  de  la  parole  

Surdité  -­‐  mutité  

Hémiplégie  

Handicap  multiple  

Page 25: CRÉER UNE SECTION D’ACCOMPAGNEMENT …p3ris.com/wp-content/uploads/2013/02/Aurore-GIOVANNONI.pdf · Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique

Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2011 - 17 -

1.3 Vieillissement et fatigabilité des travailleurs d’ESAT

1.3.1 Le vieillissement de la population

Le vieillissement peut être défini comme : « le fait de devenir vieux, l’ensemble des

phénomènes qui marquent l’évolution d’un organisme vivant vers la mort »23. C’est un

phénomène biologique normal, lent et progressif qui débute dès la naissance et qui doit

être distingué de la maladie. Il est le résultat des effets de facteurs génétiques et de

facteurs environnementaux auxquels est soumis l’organisme tout au long de sa vie. Le

vieillissement a des impacts biologiques, psychologiques et sociaux sur la personne.

Même si la vieillesse est, par tous, perçue comme un âge particulier de la vie, il n’existe

pas d’accord sur l’âge précis au-delà duquel l’homme devient vieux. A travers l’histoire de

France, le seuil de la vieillesse a beaucoup varié. Dans le Dictionnaire de Richelet en

167924, le « vieillard » est un homme de 40 à 70 ans et « l’âge décrépit » se situe après

70 ans. Au 17ème siècle, la vieillesse est perçue comme une retraite spirituelle et une

période de recherche du salut. Au début du 18ème siècle, son image est peu flatteuse,

empreinte de maladies incurables. C’est au milieu du 18ème siècle que les discours sur la

vieillesse changent et deviennent bienveillants et positifs. Cette nouvelle perception

conduit à revoir le régime de vie réservé aux personnes âgées : la vieillesse doit être

active jusqu’à son terme. Au 19ème siècle, ce concept est oublié au profit des anciennes

perceptions de la vieillesse : la personne âgée est une charge pour la famille et la société.

Aujourd’hui, l’OMS retient l’âge de 65 ans comme critère de la vieillesse mais, au regard

de la législation du travail, catégorie des séniors débute à 45 ans.

Le vieillissement de la population des personnes handicapées imite le vieillissement de la

population générale : les progrès de la médecine et l’amélioration générale des conditions

de vie favorisent une espérance de vie plus longue pour l’une comme pour l’autre. Autre

point commun : il n’est pas égal d’une personne à l’autre, y compris parmi la population

handicapée. Par ailleurs, la personne handicapée vieillissante peut avoir encore devant

elle plusieurs années de vie ; c’est pourquoi, il est essentiel que son projet de vie soit

évolutif et ne donne pas lieu à des réponses standardisées. Enfin, de même que pour la

population générale, le vieillissement d’une personne en situation de handicap n’est pas

une maladie, c’est un progrès.

23 Le petit Larousse illustré, 2011 24 RICHELET P., 1679, Dictionnaire de Pierre Richelet, Genève : P. Richelet

Page 26: CRÉER UNE SECTION D’ACCOMPAGNEMENT …p3ris.com/wp-content/uploads/2013/02/Aurore-GIOVANNONI.pdf · Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique

- 18 - Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2011

Une personne handicapée vieillissante est une personne qui est en situation de handicap

avant de connaître les effets du vieillissement. Ces effets consistent, plus ou moins

tardivement en fonction des personnes, en l’apparition simultanée :

• d’une baisse supplémentaire des capacités fonctionnelles déjà altérées du fait du

handicap,

• d’une augmentation du taux de survenue des maladies liées à l’âge pouvant

aggraver les altérations de fonction déjà présentes ou en occasionner de

nouvelles.

Cette définition impose une prise en compte du vieillissement comme un phénomène

individuel, influencé par l’histoire et l’environnement de la personne, se traduisant en

termes de perte d’autonomie.

La population française vieillit. En 2010, selon l’INSEE, 23% de la population a plus de 60

ans et 8,9% plus de 75 ans (annexe 1). Ainsi, l’espérance de vie s’accroît de quelques

mois chaque année. En 2010, l’espérance de vie d’un homme à la naissance est de 78,1

ans et celle d’une femme de 84,8 ans (annexe 2).

Plus largement, les estimations de l’Union Européenne montrent que l’Europe connaîtra le

vieillissement de sa population au cours du 21ème siècle (annexe 3). Entre 2005 et 2050,

les estimations présentent une augmentation de 8,7% des travailleurs âgés (55 – 64 ans),

de 44,1% des « seniors » (65 – 79 ans) et de 180,5% des personnes très âgées (plus de

80 ans). L’augmentation la plus importante aura lieu entre 2010 et 2030.

L’Union Européenne estime aussi que toutes les régions du monde connaîtront le

vieillissement au cours de ce siècle à des périodes différentes. Les États Unis verra leur

population augmenter de 25,6% entre 2000 et 2025. A l’opposé, l’Afrique et le Moyen-

Orient connaîtront ce vieillissement plus tard : la population est actuellement plus jeune,

avec un âge moyen de 20 ans ou moins, contre plus de 35 ans en Europe.

Il est possible d’évaluer que les « seniors » verront leur nombre s’accroître fortement

après 2010, et jusqu’en 2030 environ (+ 37,4%). Ils seront sans doute plus actifs parce

qu’en meilleure santé. Ils pourront souhaiter poursuivre une activité professionnelle, ou

concilier leur retraite et un emploi à temps partiel, ce qui se développe aux États-Unis. Le

taux d’activité des 65-74 ans est de 5,6% dans l’Union européenne en 2003, contre

18,5% aux USA.

Grâce aux gains d’espérance de vie, l’Europe voit croître fortement le nombre de

personnes très âgées (plus de 80 ans) : + 17,1% entre 2005 et 2010, + 57,1% entre 2010

et 2030. Elles seraient alors près de 34,7 millions, contre 18,8 millions environ

aujourd’hui.

Page 27: CRÉER UNE SECTION D’ACCOMPAGNEMENT …p3ris.com/wp-content/uploads/2013/02/Aurore-GIOVANNONI.pdf · Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique

Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2011 - 19 -

Selon l’OMS, le vieillissement de la population sera l’un des plus grands défis à

surmonter. Le vieillissement est décrit, en 2002, comme «la diminution de la proportion

d’enfants et de jeunes gens et d’autre part l’augmentation de la proportion des plus de 60

ans».

Les statistiques disponibles montrent que l’espérance de vie des personnes handicapées

rattrape celle de la population générale. L’enquête Handicaps-Incapacités-Dépendance

(HID), réalisée entre 1998 et 2001 par l’INSEE, permet d’identifier les personnes de 40

ans ou plus qui présentent au moins une déficience survenue avant l'âge adulte et une

incapacité apparue avant 20 ans. Cette étude permet d’évaluer le nombre de personnes

handicapées vieillissantes à environ 635 000, dont 267 000 sont âgées de 60 ans ou plus

et 140 000 de plus de 70 ans. Il s'agit essentiellement de personnes sourdes ou

malentendantes (37%), aveugles ou malvoyantes (22%), muettes ou avec des troubles du

langage (22%) ou souffrant de déficience psychologique ou du comportement (17%)

(annexe 4).

Ce gain d’espérance de vie concerne surtout les personnes handicapées mentales et les

personnes polyhandicapées cumulant notamment un handicap mental avec une autre

forme de handicap. De grandes différences demeurent selon le type. Par exemple, au

début des années 1990, l'espérance de vie moyenne était de plus de 70 ans pour une

personne atteinte de maladie mentale mais de 40 ans pour une personne

polyhandicapée.

On peut parler de vieillissement précoce chez les personnes handicapées même si ce

terme est à utiliser avec précaution. En effet, chaque cas est différent et il est difficile d’en

faire émerger une généralité. Le vieillissement précoce pourrait être défini comme le

« décalage entre l’âge où apparaîtraient des manifestations de vieillissement et l’âge

attendu normalement pour ces manifestations »25. Ce phénomène est avéré dans le cas

de certains handicaps, telle que la trisomie 21. Plus généralement, chez les personnes

handicapées mentales, le mode de vie peut contribuer à un vieillissement spécifique.

Certains facteurs comme la prise de neuroleptiques, les mauvaises conditions de travail

en ESAT, une alimentation mal équilibrée ou l’isolement social peuvent engendrer un

vieillissement précoce.

25 AZEMA B., MARTINEZ N., 2005, « Les personnes handicapées vieillissantes : espérances de vie et de santé ; qualité de vie – Une revue de la littérature », Revue française des affaires sociales, n°2, p. 297-333

Page 28: CRÉER UNE SECTION D’ACCOMPAGNEMENT …p3ris.com/wp-content/uploads/2013/02/Aurore-GIOVANNONI.pdf · Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique

- 20 - Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2011

Ces définitions et statistiques nous ont permis de faire un état des lieux de la population

en France et de comprendre ce qu’est le vieillissement pour la population en général et

les personnes handicapées vieillissantes.

1.3.2 Le vieillissement des personnes en situation de handicap : une question européenne d’actualité

Si la littérature sur les personnes handicapées vieillissantes est riche, les travaux de l’Etat

concernant à la fois le handicap et le vieillissement sont encore rares et assez récents.

Lors de la parution de la loi d’orientation du 30 juin 1975, la question des personnes

handicapées vieillissantes a été ignorée. En effet, les priorités étaient ailleurs, vers

l’éducation des enfants et des adolescents, vers le secteur du travail protégé et vers

l’accueil des personnes plus lourdement handicapées. De plus, dans l’esprit des

professionnels comme dans celui des familles, l’espérance de vie des personnes en

situation de handicapé était limitée.

Dans son livre vert en 2005, la Commission des Communautés Européennes explique

que « L’allongement continu de la durée de vie (…) est le fruit des progrès considérables

de la santé et de la qualité de vie dont bénéficient les Européens : l’espérance de vie en

bonne santé ne cesse d’augmenter »26. Il en est de même pour l’espérance de vie des

personnes handicapées et la question de leur prise en charge lorsqu’elles vieillissent est

alors d’actualité. Le vieillissement est reconnu comme thème prioritaire du programme

européen et 2012 sera l’année européenne du vieillissement.

En 1996, le Conseil de l’Europe, dans l’article 15 de sa Charte Sociale Européenne,

reconnaît comme objectif d'une politique poursuivie sur le plan national et international

que « toute personne handicapée a droit à l'autonomie, à l'intégration sociale et à la

participation à la vie de la communauté »27.

26 COMMISSION DES COMMUNAUTÉS EUROPÉENNES. COM(2005) 94 final du 16 mars 2005 relatif au Livre vert "Face aux changements démographiques, une nouvelle solidarité entre générations" [en ligne]. Disponible sur internet : http://eur-lex.europa.eu/LexUriServ/site/fr/com/2005/com2005_0094fr01.pdf 27 CONSEIL DE L’EUROPE. Charte Sociale Européenne (révisée) du 3 mai 1996 [en ligne], disponible sur internet : http://conventions.coe.int/treaty/fr/treaties/html/163.htm

Page 29: CRÉER UNE SECTION D’ACCOMPAGNEMENT …p3ris.com/wp-content/uploads/2013/02/Aurore-GIOVANNONI.pdf · Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique

Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2011 - 21 -

Mais c’est en 2009 que le Conseil de l’Europe publie des recommandations sur le

vieillissement et le handicap à l’attention des Etats membres. Il est écrit « Considérant

que le but du Conseil de l’Europe est de réaliser une union plus étroite entre ses

membres et que ce but peut être poursuivi notamment par l’adoption de règles communes

dans le domaine des politiques en faveur des personnes handicapées, en vue de

promouvoir la protection des droits politiques, civils, sociaux et culturels ; (…) relevant que

le vieillissement progressif des personnes handicapées, notamment de celles dont l’état

requiert une assistance élevée, pose aux sociétés européennes de nouveaux défis qui,

pour être relevés, exigent des approches novatrices dans toute une série de domaines

d’action et de services »28. Ces recommandations concernent les besoins des personnes

handicapées vieillissantes et se fondent sur l’analyse des pratiques des Etats membres

du Conseil de l’Europe en matière de prestation de services.

La problématique du vieillissement de la population, et plus particulièrement des

personnes handicapées, est un sujet au cœur des politiques européennes. Nous allons

maintenant envisager ce phénomène au sein d’un ESAT et étudier les difficultés que cela

engendre.

1.3.3 Les travailleurs handicapés vieillissants en ESAT

La question de vieillissement des usagers est un thème plusieurs fois abordé dans la

littérature sociale et dans les colloques du secteur mais aussi par les professionnels dans

leur travail quotidien. Cela traduit le souci d’apporter la meilleure réponse aux personnes

accueillies, d’adapter cette réponse, également d’anticiper cette évolution et de prévoir

des solutions alternatives de prise en charge comme le temps partiel ou l’articulation avec

d’autres dispositifs de jour.

Tous les ESAT, hormis sans doute les plus récents, sont impactés par le vieillissement de

leur population. Dans l’enquête de la DREES en 200629, 4% des travailleurs d’ESAT ont

plus de 55 ans et 22% ont entre 45 et 54 ans.

28 CONSEIL DE L’EUROPE, COMITE DES MINISTRES. Recommandation CM/Rec(2009)6 du 8 juillet 2009 sur le vieillissement et le handicap au 21e siècle : cadres durables permettant une meilleure qualité de vie dans une société inclusive [en ligne], disponible sur internet : https://wcd.coe.int/wcd/ViewDoc.jsp?id=1470081&Site=CM 29 DREES, juin 2008, « Les établissements pour adultes handicapés : des capacités d’accueil en hausse », Etudes et résultats, n° 641.

Page 30: CRÉER UNE SECTION D’ACCOMPAGNEMENT …p3ris.com/wp-content/uploads/2013/02/Aurore-GIOVANNONI.pdf · Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique

- 22 - Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2011

Source : DREES, juin 2008, « Les

établissements pour adultes handicapés :

des capacités d’accueil en hausse », Etudes

et résultats, n° 641

Cette problématique concerne près d’un quart des travailleurs dits « fatigables » c’est-à-

dire réalisant moins facilement et/ou moins rapidement la production compte tenu de leur

âge et de l’évolution de leur handicap. A l’ESAT Léon Bérenger, 34% des personnes

accueillies ont plus de 45 ans et la moyenne d’âge est de 39 ans.

Nous avons vu que l'espérance de vie varie selon le handicap et que l'avancée en âge ne

se traduit pas de la même façon pour tous. Le phénomène global de vieillissement pose

alors la problématique d’adaptation du travail aux personnes accueillies en ESAT. Il

convient d'apporter à cette question des solutions diversifiées et adaptées au cas par cas

aux travailleurs handicapés et non de choisir entre deux cadres de prise en charge, celui

des personnes âgées ou celui des personnes en situation de handicap.

Cette évolution de la population a lieu dans un contexte économique difficile pour les

structures de travail protégé : diminution des financements publics et mise en

Les établissements pour adultes handicapés : des capacités d’accueil en hausse 5

100 personnes accueillies en ESAT etde 45 dans les foyers d’hébergementoù l’accueil est essentiellement eninternat. Ce taux dépasse 100 ETPpour 100 places dans les MAS et lesFAM, établissements qui accueillenten permanence des personnes lour-dement handicapées, ayant besoind’une assistance pour les actes essen-tiels de la vie quotidienne mais éga-lement d’une surveillance et de soinsmédicaux. Tous les taux d’encadre-ment considérés sont supérieurs àceux de 2001.

Dans tous les établissements, lepersonnel éducatif, pédagogique etsocial constitue la plus grande partdes effectifs. Dans les ESAT, ce typede personnel représente 60 % desETP (tableau 4) ; il a pour fonctionessentielle l’accompagnement au tra-vail, tels les moniteurs d’atelier.Dans les foyers pas ou peu médicali-sés, il constitue plus de la moitié desETP et a pour principale fonctionl’éducation (éducateurs spécialisés,moniteurs éducateurs et aides mé-dico-psychologiques - AMP). Dansles MAS et les FAM, le recours à dupersonnel paramédical comme lesaides soignants et les infirmiers estégalement très fréquent (un tiers desETP). Enfin, la part du personnel dedirection et des services générauxvarie de 22 % dans les MAS et lesFAM à 36 % dans les foyers d’héber-gement.

Par ailleurs, 12 % des ESAT ontrecours au bénévolat, contre 23 %

personnes accueillies au 31 décembre2006 en ESAT et 56 % dans les struc-tures centrées sur l’hébergement.

Un peu moins d’un tiers des per-sonnes accueillies ont entre 35 et 44ans : 31 % en ESAT et 28 % dans lesétablissements centrés sur l’héberge-ment (graphiques 1 et 2). Les per-sonnes travaillant en ESAT sont unpeu plus jeunes (37 ans en moyenne)que celles accueillies dans les autresétablissements (40,4 ans en moyenne).Dans toutes les catégories d’établis-sements, l’âge moyen a augmentédepuis 2001 : de un an dans lesESAT à plus de deux ans dans lesMAS et les FAM. Ce vieillissementest plus important que celui de lapopulation française entre 2001 et2006. Les personnes de 55 ans etplus sont moins présentes dans lesESAT que dans les autres établisse-ments (4 % contre 13 %), en raisonde l’orientation vers le travail de cespremiers. Enfin, 5 % des ESAT et12 % des établissements centrés surl’hébergement ont une section spéci-fique pour l’accueil de personneshandicapées vieillissantes.

Moins de personnes souffrantde déficiences intellectuellesqu’en 2001 mais plus dedéficiences psychiques

Dans tous les types d’établisse-ments étudiés, la majorité despersonnes accueillies souffre princi-palement d’une déficience intellec-tuelle4 (tableau 5). Les personnes

des établissements centrés sur l’hé-bergement.

Plus de 200 000 adultesaccueillis fin 2006, avec unemajorité d’hommes et depersonnes entre 35 et 44 ans

Le taux d’occupation est proche de100 % dans chaque type d’établisse-ment. Cependant, le nombre total depersonnes prises en charge dans l’en-semble de ces établissements ne cor-respond pas à la somme des placescar une même personne peut occuperune place dans deux établissementsdifférents : être hébergée dans l’un eten accueil de jour dans l’autre. C’estnotamment le cas de neuf personnesen foyer d’hébergement sur dix, quiont une activité en ESAT une partiede la journée. Cette proportion est de32 % sur l’ensemble des établisse-ments centrés sur l’hébergement. Autotal, ces « doubles comptes » sontestimés à plus de 30 000 et le nombrede personnes effectivement prises encharge à un peu plus de 200 000.

Cependant, la majorité des per-sonnes des ESAT n’est pas hébergéedans un établissement médico-social,un tiers ayant un logement personnel,un autre tiers vivant avec sa famille.À l’opposé, la quasi-totalité des per-sonnes présentes en MAS et en FAMy demeure en permanence.

Les hommes restent majoritairesparmi les adultes handicapés accueil-lis dans les établissements médico-sociaux. Ils représentent 60 % des

4. Dans les déficiencesintellectuelles, sontcompris : le retard mentalprofond et sévère, leretard mental moyen, leretard mental léger et lesautres déficiences del’intelligence, comme lesdétériorationsintellectuellesrencontrées au cours desdémences de l’adulte.

!! GRAPHIQUE 1

Âge des adultes handicapés accueillis dans les ESAT

Champ • Public accueilli par les établissements médico-sociaux pour adulteshandicapés.Sources • Échantillon national, enquête ES 2006, DREES.

113

29

31

22

4

Moins de 20 ans20 - 24 ans25 - 34 ans35 - 44 ans45 - 54 ans55 - 64 ans

!! GRAPHIQUE 2

Âge des adultes handicapés accueillis dansles établissements centrés sur l'hébergement

1 9

24

28

25

112

Moins de 20 ans20 - 24 ans25 - 34 ans35 - 44 ans45 - 54 ans55 - 64 ans65 ans et plus

Champ • Public accueilli par les établissements médico-sociaux pour adulteshandicapés.Sources • Échantillon national, enquête ES 2006, DREES.

en % en %

0  5  10  15  20  25  30  

18  ans   De  19  à  28  ans  

De  29  à  38  ans  

De  39  à  48  ans  

De  49  à  58  ans  

59  ans  et  +  

Tranches  d'âge  des  personnes  accueillies  à  l'ESAT  Léon  Bérenger  

Page 31: CRÉER UNE SECTION D’ACCOMPAGNEMENT …p3ris.com/wp-content/uploads/2013/02/Aurore-GIOVANNONI.pdf · Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique

Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2011 - 23 -

concurrence des ESAT avec les entreprises ordinaires. Le risque est donc de voir

s'opérer une sélection à l’entrée des travailleurs handicapés selon des critères de

productivité et une réorientation des travailleurs handicapés vieillissants vers des foyers

de vie ou des FAM. Je crains une évolution du public traditionnel des ESAT vers un public

de travailleurs handicapés plus « performants », ce que laisse entrevoir la circulaire du 1er

août 2008 en élargissant l’accueil en ESAT, comme nous l’avons vu plus avant.

Je suis pleinement consciente que les contraintes économiques et l'exigence accrue de

productivité peuvent engendrer une usure prématurée des travailleurs handicapés

d’ESAT, ce qui va accroître le phénomène de vieillissement déjà observé dans les

structures.

La montée du handicap psychique et le vieillissement des travailleurs handicapés sont un

défi important qui se présente aux ESAT dans un contexte en pleine mutation. De ce fait,

il est nécessaire de mettre en place des systèmes de prise en charge innovants, adaptés

aux nouvelles populations et individualisés.

Page 32: CRÉER UNE SECTION D’ACCOMPAGNEMENT …p3ris.com/wp-content/uploads/2013/02/Aurore-GIOVANNONI.pdf · Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique
Page 33: CRÉER UNE SECTION D’ACCOMPAGNEMENT …p3ris.com/wp-content/uploads/2013/02/Aurore-GIOVANNONI.pdf · Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique

Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2011 - 25 -

2 DIVERGENCES ENTRE L’OFFRE DE SERVICE ET L’ÉVOLUTION DE LA POPULATION ACCUEILLIE À L’ESAT LÉON BÉRENGER

Dans cette partie, je propose de présenter l’ADSEA des Bouches-du-Rhône, ses valeurs

et son organisation et d’expliquer sa fusion avec une autre association du secteur social,

puis de décrire le fonctionnement de l’ESAT Léon Bérenger et la population accueillie.

Enfin, j’exposerai les limites du fonctionnement de l’ESAT et les difficultés rencontrées

suite à l’évolution des travailleurs.

2.1 De l’ADSEA des Bouches-du-Rhône à la Sauvegarde 13

2.1.1 L’ADSEA des Bouches-du-Rhône : une action orientée vers l’accueil des personnes handicapées

Née de la volonté d’apporter une réponse appropriée aux besoins des personnes les plus

fragiles et les plus exclues de notre société, l’Association Départementale pour la

Sauvegarde de l’Enfance, de l’Adolescence des Bouches-du-Rhône (ADSEA 13) a été

créée en 1951.

L’ADSEA 13, association loi 1901 et reconnue d’utilité publique par son affiliation à l’Union

Nationale de la Sauvegarde de l’Enfance, de l’Adolescence et de l’Adulte (UNASEA), a

été fondée par Madame Poinso-Chapuis, alors ministre de la Santé et députée des

Bouches-du-Rhône avec l’appui de Monsieur Marchal, à l’époque directeur de la Direction

Départementale des Affaires Sanitaires et Sociales (DDASS) des Bouches-du-Rhône.

L’objectif initial de l’ADSEA 13 était la gestion d’établissements médico-sociaux et la prise

en charge de l’enfance en difficulté. Très vite, l’association se concentre sur l’assistance

des personnes mentalement déficientes laissant à l’Association du Service Social de

Sauvegarde de l’Enfance, de l’Adolescence et des jeunes adultes (ASSSEA) des

Bouches-du-Rhône le soin de prendre en charge la protection de l’enfance, association

avec laquelle elle fusionne en 2011.

Page 34: CRÉER UNE SECTION D’ACCOMPAGNEMENT …p3ris.com/wp-content/uploads/2013/02/Aurore-GIOVANNONI.pdf · Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique

- 26 - Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2011

À ce jour, l’ADSEA 13 gère directement dix établissements (annexe 5) :

• Le siège social

• Trois Instituts Médico-Educatifs (IME)

• Trois Établissements et Services d’Aide par le Travail (ESAT)

• Un foyer occupationnel

• Un foyer d’hébergement

• Une entreprise adaptée

Ces établissements concourent à l’accueil, l’hébergement continu ou discontinu, au

soutien et à l’aide des usagers confiés, et de leur famille ou entourage.

Les valeurs de l’association s’appuient sur les lois n ° 2002-2 du 2 janvier 2002 rénovant

l’action sociale et médico-sociale et nº 2005-102 du 11 février 2005 pour l'égalité des

droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées.

L’ADSEA 13 agit au quotidien dans le respect des droits et obligations prévus à l’article

L.311-3 du CASF, c’est-à-dire dans le « respect de la dignité, de l’intégrité et de la vie

privée, de l’intimité et de la sécurité de ses usagers et salariés, l’accompagnement

individualisé de qualité favorisant le développement, l’autonomie et l’insertion du

travailleur handicapé, la confidentialité des informations le concernant, l’information sur

ses droits fondamentaux et les protections particulières légales et contractuelles dont il

bénéficie, ainsi que sur les voies de recours à sa disposition, la participation directe par la

conception et la mise en œuvre du projet d’accueil et d’accompagnement qui le

concerne ».

Les valeurs fondamentales de l’association sont l’expression de la citoyenneté et l’égalité

des chances.

Exprimer sa citoyenneté, c’est avoir droit à l’instruction, droit au travail, droit au respect de

la vie privée et familiale, droit à la protection contre la pauvreté et l’exclusion sociale, droit

à un logement décent. Les personnes en situation de handicap sont des citoyens à part

entière. Or, ces droits fondamentaux sont encore inaccessibles à la plupart. Afin que ces

droits deviennent une réalité, l’ADSEA 13 refuse toute forme de discrimination. Elle offre

des prestations indispensables telles que le soutien et l’assistance et veut également

donner à tous ses usagers la possibilité d’exercer les mêmes droits politiques, sociaux,

économiques et culturels que tout autre citoyen.

L’expression de la citoyenneté des usagers passe par des valeurs importantes que

défend l’ADSEA 13 telles que :

• L’intérêt général de l’association : en effet, l’ADSEA 13 qui appartient au monde

économique social et solidaire exclut de son fonctionnement tout profit individuel.

Page 35: CRÉER UNE SECTION D’ACCOMPAGNEMENT …p3ris.com/wp-content/uploads/2013/02/Aurore-GIOVANNONI.pdf · Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique

Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2011 - 27 -

La finalité des institutions qu’elle gère est d’être au service de la personne dans

une perspective d’intégration sociale.

• La laïcité : l’association agit indépendamment de tout principe d’ordre religieux ou

politique. Elle s’engage à respecter les croyances et les différences propres à

chacun. Elle lutte contre les exclusions et encourage à la tolérance.

• L’égalité en droits et en devoirs : au-delà de la notion de handicap, l’ADSEA 13

s’adresse à ses usagers dans le respect de l’ensemble de leurs droits et

obligations.

Afin de promouvoir l’égalité des chances, l’ADSEA favorise les notions essentielles que

sont :

• Le respect de l’usager : l’association s’engage dans la continuité du service rendu

à la personne et veille en permanence à la qualité et au professionnalisme du

service rendu. Chaque personne accueillie a droit à une prise en charge

individuelle, adaptée, progressive, visant à développer ses aptitudes, ses

compétences, ses goûts afin de soutenir un projet de vie le plus conforme possible

au respect de sa dignité et de son rôle social.

• L’intégration et la participation sociale : l’intégration sociale, professionnelle,

culturelle, sportive est un vecteur de lutte contre l’exclusion. Elle permet la

participation de chacun et ainsi que le droit à la reconnaissance et à l’expression.

• Le dialogue : l’accompagnement des personnes handicapées se caractérise par la

volonté de développer leurs capacités d’expression afin que chacun puisse

exercer au mieux son rôle de citoyen. Dans chaque établissement, une grande

place est laissée au dialogue et à l’écoute et l’ADSEA 13 garantit à ses usagers et

salariés le droit à l’information et à la participation.

L’ADSEA 13 agit dans le respect des droits et de la dignité des personnes en situation de

handicap. Elle a comme moyens d’action des établissements médico-sociaux qui mettent

en place une politique d’accueil et d’accompagnement adaptée à chaque personne en

fonction de son âge et de son handicap. Son but est l’autonomie individuelle, sociale voire

professionnelle et l’exercice de sa citoyenneté.

2.1.2 La création d’une nouvelle association : la Sauvegarde 13

La Sauvegarde 13 est née le 10 mai 2011. Elle est issue du rapprochement de deux

champs de l’action sociale, le champ du handicap, et le champ de la protection de

l’enfance (annexe 6).

Page 36: CRÉER UNE SECTION D’ACCOMPAGNEMENT …p3ris.com/wp-content/uploads/2013/02/Aurore-GIOVANNONI.pdf · Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique

- 28 - Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2011

Deux associations fusionnent et deviennent la Sauvegarde 13 :

• l’ADSEA 13, créée il y a 60 ans, intervient dans le champ du handicap mental et

gère des instituts médico-éducatifs, des ESAT et des foyers pour adultes, emploie

320 ETP salariés et accueille 560 usagers dans dix établissements avec un

budget annuel de 25 millions d’euros.

• l’ASSSEA 13 intervient dans le champ de la protection judiciaire et administrative

de l’enfance en danger depuis 75 ans, emploie 273 ETP salariés, gère 6000

mesures d’Action Educative en Milieu Ouvert (AEMO) chaque année grâce à 15

antennes sur le département et 18 millions d’euros de budget annuel.

L'ASSSEA 13 exerce toutes missions confiées par l’autorité judiciaire en matière de

protection des mineurs, dès la naissance, et des jeunes majeurs jusqu’à 21 ans.

Compétente sur tout le département des Bouches-du-Rhône, c’est une association

départementale qui intervient auprès de plus de 6000 jeunes en difficulté chaque année.

« Elle s’efforce de promouvoir des méthodes ou des structures permettant l’insertion

sociale et l’acquisition de l’autonomie, elle sensibilise les pouvoirs publics sur ces

questions, elle milite avec ses adhérents pour défendre et promouvoir une politique en

faveur des jeunes en danger, enfin elle affirme l’aptitude du secteur associatif à s’adapter

aux évolutions permanentes et à diversifier ses réponses grâce à la souplesse et à

l’adaptabilité de ses structures »30.

La fusion absorption de l’ASSSEA 13 par l’ADSEA 13 résulte de l’évolution du contexte

des politiques publiques qui a incité les deux associations à se rapprocher afin de

présenter une meilleure gestion administrative, technique et financière.

A mon avis, cette fusion génère des atouts :

• Elle renforce la logique de prise en charge des enfants, adolescents et adultes sur

le territoire des Bouches-du-Rhône en diversifiant l’offre de service afin de

répondre sur le plan social et médico-social aux problématiques rencontrées.

• Elle renoue le lien historique d’intervention sur un territoire donné pour mieux

intégrer le réseau des Sauvegardes.

• Elle permet une diversification des sources de financement.

• Elle propose des parcours professionnels diversifiés aux salariés des deux

associations.

30 ASSSEA 13, site Internet : http://www.asssea13.org/site1/?codepage=projet_associatif

Page 37: CRÉER UNE SECTION D’ACCOMPAGNEMENT …p3ris.com/wp-content/uploads/2013/02/Aurore-GIOVANNONI.pdf · Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique

Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2011 - 29 -

• Elle répond à la demande des politiques publiques en terme de regroupement

d’associations.

• Elle permet la mise en œuvre d’une mutualisation des moyens et de services à

travers un contrôle et une vision globale de meilleure qualité.

• Elle renforce le rôle des bénévoles en créant une meilleure gouvernance

associative grâce à l’apport significatif des deux associations.

Les objectifs de la Sauvegarde 13 sont les suivants :

• la mise en œuvre d’une véritable mutualisation des services et des besoins des

deux associations,

• la mise en place d’une complémentarité des interventions éducatives, sociales,

psychologiques et médico-sociales ainsi que leur développement,

• la création de nouveaux services,

• une logistique commune associée à une gestion des ressources humaines de

qualité afin de promouvoir la formation, la qualification et les trajectoires

professionnelles des salariés.

Ces objectifs, nés de la fusion des deux associations, vont dans le sens de la prise en

charge de la population accueillie à l’ESAT et de son évolution. La Sauvegarde 13, par la

mutualisation de ses moyens financiers, logistiques et humains, peut mettre en œuvre,

selon moi, une nouvelle politique qui permettra de répondre aux nouvelles problématiques

des personnes accueillies.

2.1.3 Les travailleurs accueillis à l’ESAT Léon Bérenger : une population en évolution

« C’est un établissement accueillant 90 adultes handicapés mentaux :

Hommes et femmes âgés de 18 à 60 ans, déficients intellectuels légers et moyens,

autonomes dans leur transport et orientés par la Commission des droits et de l’autonomie

des personnes handicapées (CDAPH) »31

31 ADSEA 13 ESAT Léon Bérenger, 2006, Projet d’établissement

Page 38: CRÉER UNE SECTION D’ACCOMPAGNEMENT …p3ris.com/wp-content/uploads/2013/02/Aurore-GIOVANNONI.pdf · Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique

- 30 - Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2011

La population accueillie à l’ESAT Léon Bérenger est mixte. La population féminine

représente 33 % de l’effectif total.

La moyenne d’âge des personnes accueillies à l’ESAT Léon Bérenger est de 39 ans et

35% de la population accueillie a entre 39 et 48 ans. On note que les personnes âgées de

plus de 50 ans représentent 16% et ce chiffre est en augmentation chaque année.

Leur ancienneté au sein de l’établissement est en moyenne de 15 ans. On remarque que

40% de la population a entre 5 à 15 ans d’ancienneté dans l’établissement et 39% d’entre

eux sont entrés à l’ESAT Léon Bérenger il y a plus de 20 ans. Certaines personnes

accueillies ont une ancienneté bien plus importante puisqu’elles sont entrées en 1982, à

l’ouverture de l’ESAT.

67%  

33%  

Répartition hommes - femmes

Homme  

Femme  

0  10  20  30  

18  ans   De  19  à  28  ans  

De  29  à  38  ans  

De  39  à  48  ans  

De  49  à  58  ans  

59  ans  et  +  

Tranches d'âge des personnes accueillies à l'ESAT Léon

Bérenger

Page 39: CRÉER UNE SECTION D’ACCOMPAGNEMENT …p3ris.com/wp-content/uploads/2013/02/Aurore-GIOVANNONI.pdf · Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique

Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2011 - 31 -

Les travailleurs de l’ESAT sont, en majorité, en situation de handicap mental pour 58%

d’entre eux. Près d’1/5 souffre de troubles psychiques. Cette proportion tend à

augmenter.

Afin de cerner l’état de l’insertion dans la vie sociale, je vais aborder des sphères variées :

le statut matrimonial, les conditions et le lieu d’habitat, les modes de transports.

Alors que près de 37% de la population française de plus de 15 ans est célibataire32,

c’est-à-dire n’est ni mariée, ni pacsée, ni divorcée, ni veuve, 87% des personnes

accueillies à l’ESAT Léon Bérenger (qui, rappelons-le, sont toutes majeures) est dans

cette situation. Cela peut être l’indicateur d’une insertion sociale particulièrement difficile.

34 % des usagers de l’ESAT Léon Bérenger vivent en habitat individuel : ils sont seuls, en

couple ou avec des enfants. Ce tiers de la population de l’ESAT n’est donc pas

institutionnalisé, et est en capacité de vivre dans un habitat individuel.

42% vivent avec au moins un de leurs parents et 24% sont en foyer d’hébergement. Plus

de la moitié des personnes accueillies à l’ESAT ne peuvent vivre seules et ont besoin

d’un soutien pour accomplir les actes de la vie privée (alimentation, ménage, courriers

administratifs, etc…).

L’ESAT Léon Bérenger est situé dans le 10ème arrondissement de Marseille, entre le

quartier de La Capelette et celui de La Timone. Il est bien desservi par les transports en

commun (arrêts de bus et station de métro à proximité) ainsi que par les routes (sortie

32 INSEE, bilan démographique

0  5  10  15  20  25  30  35  

- de 1 an

De 1 à 2 ans

De 2 à 3 ans

De 3 à 4 ans

De 4 à 5 ans

De 5 à 10 ans

De 10 à 15 ans

De 15 à 20 ans

20 ans et +

Ancienneté des personnes accueillies à l'ESAT Léon Bérenger

Page 40: CRÉER UNE SECTION D’ACCOMPAGNEMENT …p3ris.com/wp-content/uploads/2013/02/Aurore-GIOVANNONI.pdf · Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique

- 32 - Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2011

d’autoroute et du tunnel Prado Carénage à côté). Pour autant, la majorité des personnes

accueillies à l’ESAT habite dans les arrondissements de Marseille proche de l’ESAT. Cela

démontre que l’offre de places en ESAT existante est diversifiée géographiquement sur

Marseille et ses environs.

Majoritairement, les personnes accueillies à l’ESAT Léon Bérenger empruntent les

transports en commun pour rejoindre leur lieu de travail. Une minorité est accompagnée

par un parent, vient en vélo ou en cyclomoteur. Seules deux personnes accueillies ont le

permis de conduire.

En ce qui concerne ces quelques variables qui permettent, selon moi, d’appréhender le

niveau d’insertion sociale, les pourcentages obtenus pour la population accueillie à

l’ESAT Léon Bérenger sont éloignés des taux moyens de la population française :

Sur le plan « juridique », seulement un peu plus d’un sur dix a une vie de couple (union

libre, PACS, mariage). Les autres 9/10èmes sont juridiquement déclarés comme seuls

(célibat, divorce, veuvage).

Parmi les 2/3 qui vivent en habitat individuel, 1/3 vit avec un parent, ce qui représente

seulement 34% de la population totale.

Ces caractéristiques concernent globalement l’ensemble de la population majeure

protégée et s’éloignent de celles de la population française.

Les personnes accueillies à l’ESAT Léon Bérenger rencontrent des difficultés de deux

niveaux :

• L’apprentissage scolaire avec :

Des troubles de la symbolisation se traduisant par une maîtrise insuffisante de la

lecture, de l’écriture et du calcul

Des difficultés de mémorisation, d’attention ou de concentration

Des difficultés de compréhension et d’expression verbale

Des difficultés au niveau de l’organisation spatio-temporelle

• L’apprentissage professionnel avec :

Une lenteur dans le travail

Une difficulté d’apprécier l’importance relative des informations

Une difficulté de jugement dans la prise de décision, de coordination motrice et de la

planification

Ces personnes ont également des difficultés d’autonomie sociale les empêchant

d’exécuter seules les actes leur permettant d’assumer leur citoyenneté.

Le besoin essentiel des usagers de l’ESAT Léon Bérenger est celui d’être accueilli et pris

Page 41: CRÉER UNE SECTION D’ACCOMPAGNEMENT …p3ris.com/wp-content/uploads/2013/02/Aurore-GIOVANNONI.pdf · Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique

Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2011 - 33 -

en charge. Il se décline en deux besoins : professionnel et médico-social.

Au niveau professionnel, le premier besoin est celui de travailler et d’être rémunéré pour

le travail accompli. Ensuite, il est essentiel que le statut de travailleur soit reconnu, en

tenant compte des difficultés et en appréciant la qualité des tâches effectuées. Enfin, les

usagers ont besoin de maintenir et d’améliorer leurs potentialités professionnelles. Pour

cela, ils ont besoin de bénéficier d’un encadrement compétent et bienveillant.

Au niveau médico-social, les personnes accueillies à l’ESAT Léon Bérenger sont en

demande d’accompagnement dans certains actes de leur vie sociale (être aidé à la

constitution des dossiers, avoir une interface entre l’établissement et les services

extérieurs). Elles peuvent aussi avoir besoin d’un soutien psychologique auquel l’ESAT

répond par un entretien avec la psychologue ou l’assistante sociale de l’établissement.

Le profil type d’une personne accueillie à l’ESAT Léon Bérenger, est un homme d’une

quarantaine d’année, célibataire, habitant seul dans les environs de l’établissement,

souffrant d’un handicap mental et dont le parcours au sein de l’ESAT est relativement

long.

2.2 L’ESAT Léon Bérenger

L'ESAT Léon Bérenger a été créé en 1982 lorsque le Conseil d’Administration de

l’ADSEA 13 décide de transférer le Centre d’Aide par le Travail Les Chênes au 39 rue de

la Timone à Marseille. Grâce à l’arrêté préfectoral du 22 février 1983, il augmente sa

capacité d’accueil de 21 à 60 places. L’établissement est agréé en 1990 pour recevoir 70

travailleurs. En 1996, la DDASS des Bouches-du-Rhône lui accorde une extension de 10

places. Enfin, en 1997, le nombre de travailleurs accueillis est porté à 90.

2.2.1 L’accueil et l’admission dans le respect de la loi 2002-2

De nombreuses personnes en situation de handicap ne peuvent envisager de façon

momentanée ou durable leur insertion en milieu de travail ordinaire. Dans ce cas, à

l’ESAT Léon Bérenger, nous leur permettons d’exercer une activité à caractère

professionnel adaptée à leurs possibilités tout en profitant d’une vie en collectivité et d’un

suivi médico-éducatif.

Page 42: CRÉER UNE SECTION D’ACCOMPAGNEMENT …p3ris.com/wp-content/uploads/2013/02/Aurore-GIOVANNONI.pdf · Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique

- 34 - Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2011

L’équipe de l’ESAT Léon Bérenger veille en permanence à la santé mentale et physique

des personnes accueillies. L’action mise en place dépasse la mise au travail de ces

personnes. Elle a pour finalité de répondre de façon adéquate aux besoins de chacun

d’entre eux. Nous accueillons, prenons en charge et accompagnons les usagers à divers

niveaux : professionnel, médico-social et sur le plan de la socialisation.

Les personnes accueillies à l’ESAT Léon Bérenger sont orientées par la CDAPH qui est

chargée de reconnaître la qualité de travailleur handicapé, d’apprécier l’aptitude au travail

et de proposer une orientation professionnelle. La personne qui souhaite être admise à

l’ESAT Léon Bérenger doit présenter une demande manuscrite et son orientation CDAPH

en cours de validité.

Toutes les demandes d’admission sont instruites. La procédure débute par un entretien

entre la personne intéressée (avec, selon les cas, sa famille ou un accompagnateur) et le

directeur et/ou la directrice adjointe, la psychologue et l’assistante sociale. Lors de cet

entretien, le futur usager reçoit un dossier d’information lui permettant d’appréhender le

fonctionnement de l’ESAT. Ce dossier comprend : le livret d’accueil, le règlement de

fonctionnement, la Charte des Droits et Libertés, une demande de renseignements

confidentiels et la liste des pièces administratives à fournir avant admission. Le futur

usager est informé des activités professionnelles réalisées à l’ESAT et des places

disponibles dans ces activités. À l’issue de cette rencontre, il a la possibilité de rencontrer

le moniteur principal et de visiter l’établissement. Un stage de découverte de quinze jours

peut lui être proposé pendant lequel il essaiera une ou plusieurs activités.

Les candidatures sont examinées périodiquement par la commission d’admission

commune aux trois ESAT de l’ADSEA 13 et au foyer d’hébergement. Durant cette

commission, le dossier est présenté par les différents professionnels ayant instruit la

demande. Cette commission est composée du directeur, des directeurs adjoints, des

psychologues et des assistantes sociales de chaque établissement. L’admission est

prononcée par le directeur en fonction du choix d’activité du candidat et des places

disponibles. Les candidats sont ensuite informés par courrier des décisions prises en

commission.

À son admission, la personne accueillie se trouve en situation d’essai avec possibilité de

renouvellement. Cette période, fixée à six mois, permet à la personne accueillie de

s’adapter aux activités proposées et à nos équipes d’évaluer sa capacité de travail réelle

ou potentielle. À l’issue de la période d’essai ou de sa prolongation, sur avis du directeur

et présentation d’un bilan, l’orientation en ESAT est confirmée ou non.

Page 43: CRÉER UNE SECTION D’ACCOMPAGNEMENT …p3ris.com/wp-content/uploads/2013/02/Aurore-GIOVANNONI.pdf · Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique

Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2011 - 35 -

2.2.2 Le travail et la formation comme outils du projet professionnel individualisé

La personne accueillie bénéficie d’un suivi individualisé tout au long de sa prise en

charge. Ce suivi se matérialise dans le projet professionnel individuel mis en place au

bout d’une période de six mois et après examen du « bilan de compétences sociales et

professionnelles » (annexe 7), des désirs de la personne accueillie et des possibilités

offertes par l’ESAT. Ce document formalise par écrit les actions et les objectifs

personnalisés mis en place par le référent et l’équipe pluridisciplinaire afin d’optimiser et

de développer les capacités du travailleur dans l’ESAT. La participation du travailleur est

recherchée. Ce projet prend en compte les compétences socio-professionnelles acquises

ou à développer, et tout le travail d’accompagnement qui revient à l’équipe d’encadrement

des activités.

Ce projet est évalué chaque année au cours de la réunion de bilan et d’évaluation du

projet mais également à chaque fois que nécessaire à la demande de l’usager, du

référent et / ou de la famille (ou du représentant légal). Cette réunion est préparée en

amont par l’usager et son référent qui établissent un « bilan des compétences sociales et

professionnelles » grâce aux grilles d’évaluation par activité professionnelle mises en

place en 2011. Tout changement ou modification substantielle du projet personnalisé de

l’usager fait l’objet d’un avenant annexé au contrat d’aide et de soutien par le travail.

L’ESAT Léon Bérenger est un lieu de travail protégé. Il propose différents secteurs

d’activité afin de permettre à chaque ouvrier handicapé de participer, de s’adapter et de

s’intégrer en fonction de ses capacités à des travaux de production dans le cadre

d’ateliers ou de prestations de services dans des entreprises extérieures. L’ESAT Léon

Bérenger est à la fois un espace de production et un lieu de soutien individuel. Il a pour

finalité l’autonomie, l’épanouissement et l’insertion sociale des personnes accueillies par

le biais du travail.

Les activités professionnelles proposées sont variées (annexe 8), s’intègrent dans le

monde économique actuel et permettent aux usagers ayant des niveaux différents de

trouver un travail adapté à leurs compétences. Ces activités sont les suivantes :

• En interne : fabrication et conditionnement de produits cosmétiques, petits

conditionnements divers, saisie informatique.

• En externe : prestations d’espaces verts, prestation d’entretien de locaux,

prestations en entreprise, restauration.

Il est nécessaire de donner des précisions sur certaines activités. Tout d’abord, deux

Page 44: CRÉER UNE SECTION D’ACCOMPAGNEMENT …p3ris.com/wp-content/uploads/2013/02/Aurore-GIOVANNONI.pdf · Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique

- 36 - Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2011

activités sont génératrices de 75% du chiffre d’affaires : les prestations en entreprise et la

restauration (respectivement 45 et 30% du chiffre d’affaires).

Les prestations en entreprise sont principalement effectuées dans une entreprise

partenaire des ESAT de la Sauvegarde 13 depuis leur création : Eurocopter. Les activités

réalisées sur place sont : agent magasinier, préparateur de commande, manutentionnaire

et dessinateur de plans assisté par ordinateur. Ce partenariat permet à environ soixante

travailleurs handicapés des trois ESAT encadrés de moniteurs de se rendre chaque jour

sur le site du constructeur d’hélicoptères. Cette expérience est enrichissante pour les

personnes en situation de handicap qui sont valorisés par le travail en entreprise.

Cependant, je note le risque, dans l’hypothèse peu probable de perte de ce client, de voir

le chiffre d’affaires diminuer de 45%, ce qui aurait pour conséquence une mise en danger

de la pérennité de la structure.

Ensuite, la restauration permet à douze usagers de travailler chaque jour à la préparation

de 800 repas livrés en liaison froide, au service du midi et lors de prestations traiteur en

entreprise ou chez des particuliers.

Enfin, l’activité de fabrication et conditionnement cosmétique est une vitrine pour l’ESAT

Léon Bérenger. En effet, cette activité, peu répandue dans les ESAT, est unique dans les

Bouches-du-Rhône. Elle demande de la technicité, un service qualité dédié pour

conserver la certification ISO 9001 et valorise les travailleurs.

Comme je l’ai démontré précédemment, l’ESAT oriente ses activités vers les prestations

de service. Aujourd’hui, l’idée d’un établissement médico-social fonctionnant comme un

système figé et clos sur lui-même est dépassée. Désormais les modes de fonctionnement

des ESAT doivent permettre aux travailleurs handicapés de trouver leur place dans la

chaine économique. Pour cela, l’ESAT développe des activités en lien étroit avec celles

des entreprises :

• Des activités sociales pour favoriser l’intégration et l’épanouissement de la

personne en situation de handicap en lui permettant de travailler et de recevoir en

contrepartie une reconnaissance sociale et une rémunération,

• Des activités économiques car l’ESAT Léon Bérenger possède un large éventail

d’activités en sous-traitance, production propre et prestations de services. Il a la

volonté d’améliorer constamment ses prestations en répondant aux exigences de

compétence et de compétitivité. Comme les entreprises, l’ESAT fournit des biens

ou des services à des clients dans un environnement concurrentiel.

Dans l’établissement, le travailleur handicapé est, comme en milieu ordinaire, soumis à

des contraintes, des responsabilités et des objectifs. Les activités de travail sont

organisées par équipe. Au sein des équipes, chacun est affecté à une tâche particulière.

Page 45: CRÉER UNE SECTION D’ACCOMPAGNEMENT …p3ris.com/wp-content/uploads/2013/02/Aurore-GIOVANNONI.pdf · Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique

Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2011 - 37 -

Le principe de cette organisation du travail est d’instaurer une dynamique de groupe tout

en permettant la progression individuelle et la mise en valeur des potentialités de chacun.

Par le travail, l’usager découvre son potentiel pour l’exploiter au maximum. Le travail

permet aussi de mettre à jour un certain nombre de blocages pour les dépasser. Les

équipes qui s’occupent de l’usager veillent particulièrement à lui garantir l’accès aux

différents apprentissages nécessaires. Ainsi, la polyvalence de l’usager à divers postes

de travail est recherchée et favorisée afin d’éviter les incidences liées à la monotonie

(usure et perte d’intérêt) et de lui permettre de développer des potentiels des et savoir-

faire individuels. Les travailleurs ne sont donc pas astreints à un atelier particulier mais

travaillent sur différents postes.

La formation représente pour les personnes accueillies un atout majeur en vue de leur

insertion sociale. La loi nº 2005-102 du 11 février 2005 pour l’égalité des droits et des

chances donne pour mission aux ESAT de favoriser les actions d’entretien des

connaissances, de maintien des acquis scolaires et de formation professionnelle par une

mise en place de coopération des structures de travail protégé et les organismes de

formation pour adultes.

L’ESAT Léon Bérenger propose plusieurs sortes de formations :

• L’apprentissage dans les ateliers : il intervient lorsqu’un nouveau travail se

présente. Il a pour but d’améliorer les acquis en réalisant une commande. Les

usagers sont formés par le moniteur en charge de l’atelier.

• La formation spécifique à une prestation : ces sessions ont lieu chez le client dans

le cas d’un contrat de prestation de service. Ces formations sont organisées en

interne avec le personnel de l’entreprise.

• La formation professionnelle continue : des sessions de formation en interne sont

organisées. À chaque fois que cela est nécessaire, et notamment au cours de la

période d’essai, la personne accueillie reçoit une formation liée à son poste de

travail.

• Le plan de formation : l’ESAT Léon Bérenger s’est engagé dans un plan de

formation annuel des personnes accueillies pour des formations professionnelles

et d’aide à l’autonomie.

En 2011, l’ADSEA 13 est à l’origine d’OTOS 13, une association dotée d’une

gouvernance interassociative qui met en œuvre des actions de formation en faveur des

personnes en situation de handicap accueillies en ESAT et en entreprise adaptée. OTOS

13 permet à plusieurs ESAT des Bouches-du-Rhône de s’associer afin de proposer aux

travailleurs de leurs établissements des formations diversifiées.

Page 46: CRÉER UNE SECTION D’ACCOMPAGNEMENT …p3ris.com/wp-content/uploads/2013/02/Aurore-GIOVANNONI.pdf · Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique

- 38 - Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2011

2.2.3 Les moyens mis à disposition des usagers

« En accueillant les usagers, l’ESAT souhaite avant tout :

• Faire progresser l’usager en vue de son insertion professionnelle et sociale,

• Développer l’autonomie de chacun (hébergement, transport, démarches

administratives),

• Améliorer les compétences professionnelles,

• Sensibiliser l’usager aux problèmes d’hygiène et de sécurité,

• Sensibiliser et former chacun à la qualité. »33

Les moyens mis en œuvre pour répondre à ces objectifs et aux besoins des personnes

accueillies sont des locaux et matériels adaptés aux usagers et au travail, des ressources

financières, une équipe pluridisciplinaire formée et du travail adapté aux capacités de

chacun (comme nous l’avons déjà vu dans le paragraphe précédent).

L’ESAT est propriétaire du terrain et des locaux qu’il occupe. Cependant, ces locaux sont

anciens et ne sont plus adaptés pour accueillir les travailleurs handicapés ni les équipes

sur place. Un projet de démolition et de reconstruction, actuellement à l’étude, permettra

un accueil plus fonctionnel et dans des conditions de sécurité optimales.

L’ESAT Léon Bérenger équilibre chaque année ses comptes sociaux et commerciaux afin

de répondre aux besoins des personnes tout en assurant la pérennité de la structure. Les

deux sources de financements des ESAT sont :

• « le BPAS (Budget Principal d’Activité Sociale) assuré par l’ARS et alimenté par

une dotation globale annuelle, destiné à tout ce qui est de l’ordre de l’accueil des

personnes handicapées (encadrement et frais entraînés par les activités des

soutiens inhérentes aux activités professionnelles des personnes handicapées

mais également à celles concourantes à leur épanouissement) ;

• le BAPC (Budget Annexe de l’Activité de Production et de Commercialisation) issu

de la production de l’établissement par l’activité travail et des aides aux postes

versées par l’Etat qui permet notamment la rémunération garantie des travailleurs

handicapés, le paiement des charges sociales et fiscales, des achats de matériel

destiné à la production (machines, outils, matières premières et le paiement des

33 ADSEA 13 ESAT Léon Bérenger, 2006, Projet d’établissement

Page 47: CRÉER UNE SECTION D’ACCOMPAGNEMENT …p3ris.com/wp-content/uploads/2013/02/Aurore-GIOVANNONI.pdf · Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique

Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2011 - 39 -

salaires des personnes non couverts par le BPAS). »34

Au 31 décembre 2010, les comptes administratifs sont les suivants :

Charges Produits Résultat

BPAS 1 096 975 € 1 096 979 € + 4 €

BAPC 4 159 749 € 4 604 147 € + 444 398 €

L’excédent réalisé en 2010 est équivalent à celui des années précédentes. Ces bénéfices

résultent, chaque année, d’une recherche constante de nouveaux contrats commerciaux.

L’adhésion à la Coopsoc fournit une aide précieuse dans cette recherche. La Coopsoc

(Association pour la Coopération Sociale) est une association créée en 1965 par plusieurs

directeurs d’ESAT afin de répondre à la nécessité d’avoir un interlocuteur unique pour

mutualiser et réguler la production des ESAT face aux gros donneurs d’ordre. Aujourd’hui,

cette association est, pour 29 ESAT et 3 entreprises adaptées des Bouches-du-Rhône,

une interface avec les entreprises, petites et grandes, départementales et nationales.

Comme le montre l’organigramme en annexe 9, le personnel de l’ESAT Léon Bérenger

est reparti en plusieurs groupes :

• Une équipe de direction composée d’un directeur de filière (directeur de la filière

« travail protégé et hébergement » composée de trois ESAT, d’une entreprise

adaptée et d’un foyer d’hébergement) et d’une directrice adjointe. Les

compétences et missions confiées au directeur sont décrites dans le Document

Unique des Délégations (DUD) et celles de la directrice adjointe dans sa fiche de

poste.

• Une équipe administrative organisée en un secrétariat, un service comptable (le

chef comptable étant financé par la filière « travail protégé ») et un service qualité.

• Une équipe socio-éducative avec deux moniteurs principaux, un responsable des

activités internes à l’ESAT et le second sur le site aéronautique d’Eurocopter, et

des moniteurs d’atelier pour chaque activité. Ce personnel est principalement

recruté pour des compétences techniques associées des qualités humaines.

Après leur embauche, les moniteurs sont formés au métier social grâce à

l’obtention du Certificat de Qualification aux Fonctions de Moniteur d’Atelier

(CQFMA).

• Une équipe paramédicale composée d’une psychologue et d’une assistante

34 DIRECTION GENERALE DE LA COHESION SOCIALE, novembre 2009, rapport final « Appui des services de l’état à la modernisation et au développement des établissements et services d’aide par le travail dans leur missions médico-sociale et économique », 82 p

Page 48: CRÉER UNE SECTION D’ACCOMPAGNEMENT …p3ris.com/wp-content/uploads/2013/02/Aurore-GIOVANNONI.pdf · Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique

- 40 - Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2011

sociale, toutes deux à temps partiel.

• Un service formation rattaché et financé sur le budget commercial de l’ESAT Léon

Bérenger jusqu’en avril 2011, puis à la nouvelle association Otos 13.

• Un service de revente d’emballage composé d’un commercial et d’un magasinier

cariste. Cette activité est attachée à l’ESAT depuis son emménagement dans les

locaux actuels en 1996. En effet, avant cette date, les bâtiments étaient utilisés

par une entreprise de vente de papier, cartonnage et emballages. A l’achat des

locaux, l’ESAT a repris une partie de l’activité et a intégré à ses effectifs trois

anciens salariés de l’entreprise.

• Une équipe des services généraux composée d’agents de service et d’un

chauffeur.

Le personnel est financé selon la répartition suivante :

BPAS BAPC

Nombre de salariés 22 17

Nombre d’ETP 15,714 11,5

Le personnel financé sur le BAPC est celui le plus en lien avec la production (secrétaire

commerciale, chauffeur…) et les travailleurs en situation de handicap (moniteurs).

Le personnel, éducatif ou non, travaille dans le respect des personnes accueillies. Pour

cela, et afin que le personnel administratif ou des services généraux (moins au contact

des travailleurs handicapés que les moniteurs) soit formé, des réunions mensuelles pour

tout le personnel sont organisées avec pour thème les recommandations de bonnes

pratiques publiées par l’ANESM. Ces regroupements, animés chaque mois par la

responsable qualité et la directrice adjointe, ont aussi pour but de préparer l’ensemble du

personnel à l’évaluation, processus engagé depuis 2006 par l’ESAT.

Enfin, l’ESAT Léon Bérenger met à disposition des personnes accueillies des modes de

communication leur permettant d’être entendus et associés à la vie de l’établissement.

Dans le respect de la loi 2002-2, le Conseil de la Vie Sociale se réunit une fois par

trimestre. Ce conseil donne son avis et émet des suggestions sur toute question

intéressant le fonctionnement de l’établissement : l’organisation interne et la vie

quotidienne, les projets et travaux d’équipement, le règlement de fonctionnement, etc. Le

conseil est composé d’un représentant de l’association, d’un représentant de la direction

de l’ESAT, d’un représentant du personnel, d’un représentant des familles ou tutelles et

de trois représentants des usagers élus au suffrage universel par les usagers eux-

mêmes. D’autres modes d’expressions sont mis en place tels que l’affichage, la boîte à

idées et les entretiens individuels.

Page 49: CRÉER UNE SECTION D’ACCOMPAGNEMENT …p3ris.com/wp-content/uploads/2013/02/Aurore-GIOVANNONI.pdf · Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique

Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2011 - 41 -

2.3 Les limites de l’intégration : les difficultés rencontrées lors de la prise en charge des nouvelles populations

Malgré les moyens humains, financiers et logiques mis à disposition par l’ESAT pour les

personnes accueillies, des difficultés sont présentes et sont dues au contexte économique

mais aussi à l’évolution de la population et donc au manque de formation du personnel.

2.3.1 Production et contexte économique

Les équipes qui s’occupent des personnes accueillies sont soumises à un paradoxe qui

est propre à l’ESAT : comment concilier des contraintes de production et de rentabilité

avec l’intérêt personnel des travailleurs handicapés à travers leur prise en charge, leur

évolution et dans le respect de leurs droits ?

En effet, l’ESAT, par sa définition et ses missions, ne peut nier sa dualité : être à la fois un

établissement médico-social, axé sur l’accompagnement, et un établissement commercial

axé sur sa production.

L’établissement doit sans cesse jongler entre son budget social et son budget commercial

afin d’équilibrer ses comptes. La diminution ou la stagnation des budgets sociaux, alors

que l’inflation augmente, oblige les ESAT, dans un contexte économique peu favorable

depuis quelques années, à trouver sans cesse de nouveaux marchés.

Nous sommes, de plus, confrontés à la comparaison avec une entreprise de la part des

clients qui attendent du travail fourni : rapidité d’exécution, qualité et prix attractifs. La

concurrence avec les entreprises du secteur marchand se fait ressentir et nous nous

engageons à fournir un travail d’aussi bonne qualité.

Ainsi que je l’ai décrit précédemment dans la procédure d’admission, cette dernière se fait

sur des critères de motivation mais aussi sur la disponibilité des places dans les activités

professionnelles demandées par la personne accueillie. Cependant, nous constatons de

plus en plus une dérive quant à la sélection des candidats à l’entrée. Ce phénomène, à

déplorer, pose un questionnement éthique. En effet, la pression opérée par les clients et

la concurrence des entreprises incite à choisir des travailleurs handicapés présentant les

meilleures compétences.

Je me questionne alors :

• L’orientation en ESAT étant prononcée par la CDAPH, de quel droit pouvons-nous

la remettre en question ?

Page 50: CRÉER UNE SECTION D’ACCOMPAGNEMENT …p3ris.com/wp-content/uploads/2013/02/Aurore-GIOVANNONI.pdf · Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique

- 42 - Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2011

• Que deviennent les personnes en situation de handicap, orientées en ESAT, ayant

moins de capacités à produire si leur place n’est plus dans ces établissements ?

• De même, que deviennent les personnes accueillies en ESAT n’ayant plus les

capacités de travailler, fatiguées, usées ?

2.3.2 Les difficultés liées au handicap psychique

Les expressions de souffrance ou de troubles psychiques sont souvent déstabilisantes

tant pour la direction, que pour les équipes en ateliers. Ces manifestations viennent

perturber le contexte du travail et rendent inopérants les outils d'intervention classiques

dont disposent les professionnels.

Après avoir admis plusieurs travailleurs souffrants de troubles psychiques au sein de

l’ESAT Léon Bérenger, nous avons constaté certaines difficultés. Le personnel, par

manque de connaissance de ce type de handicap, n’a pas su s’adapter aux

problématiques de ce public. Les personnes accueillies ont des difficultés à trouver leur

place au sein des équipes, composées majoritairement de personnes handicapées

mentales, et à s’adapter au rythme de travail.

Nous pouvons comparer, en quelques points, les deux types de handicap des personnes

accueillies à l’ESAT Léon Bérenger :

Handicap mental Handicap psychique

Apparaît à la naissance Apparaît à l’adolescence ou à l’âge adulte

Déficience durable Capacités intellectuelles souvent intactes

Soins médicaux peu fréquents Soins médicaux indispensables

Grande stabilité Évolution fréquente

Par ce simple tableau, nous pouvons comprendre que les besoins de la nouvelle

population à l’ESAT Léon Bérenger sont différents de ceux du public déjà accueilli.

En effet, le fait de « devenir handicapé » à l’âge de l’adolescence ou pendant la vie adulte

laisse présager un déni de la maladie, une difficile acceptation d’une vie qui ne sera plus

jamais la même qu’avant la maladie. Le besoin de faire son deuil de la vie passée est très

présent chez les personnes handicapées psychiques.

Les soins médicaux fréquents traduisent une coopération entre les mondes sanitaire et

médico-social. Cette alliance est très peu présente dans un ESAT tel que celui qui

m’emploie où la population accueillie n’a pas besoin d’un suivi médical accru.

Page 51: CRÉER UNE SECTION D’ACCOMPAGNEMENT …p3ris.com/wp-content/uploads/2013/02/Aurore-GIOVANNONI.pdf · Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique

Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2011 - 43 -

Le personnel se retrouve en difficulté face, dans un premier temps, au sentiment

d’étrangeté que suscitent certains comportements de personnes handicapées

psychiques : caractère imprévisible, troubles variés et difficulté d’identifier et de

comprendre les manifestations de ce handicap. De plus, bien que plus autonomes dans le

travail, les déplacements extérieurs ou les actes de la vie quotidienne, les personnes

accueillies présentant un handicap psychique nécessitent paradoxalement un

encadrement renforcé et un suivi régulier pour mobiliser leurs capacités et être attentif

aux changements de comportement que la pathologie peut entraîner à tout moment. C’est

pourquoi, les ESAT accueillant des personnes déficientes, tel que l’ESAT Léon Bérenger,

se trouvent souvent en difficulté dans l’accueil de personnes handicapées psychiques

quant au nombre insuffisant d’encadrants ou leur psychologue souvent à temps partiel.

Pour l’ESAT, la principale répercussion du handicap psychique est l’instabilité se

traduisant par un absentéisme plus important et des difficultés pour respecter les horaires

et les règles communes. Le manque de concentration peut également compromettre la

sécurité de ces personnes et constituer ainsi une des origines des accidents du travail. Il

est également évoqué des états dépressifs qui se manifestent par des risques répétés

d’abandon de travail.

De même, les troubles du comportement des personnes accueillies posent des difficultés

dans leur accompagnement mais perturbent aussi l’ensemble des usagers. La violence

physique et verbale et les crises d’angoisse correspondent aux manifestations les plus

souvent repérées.

Enfin, l’absentéisme est perçu comme un frein financier. En effet, depuis le décret nº

2006-70335 du 16 juin 2006 relatif aux établissements ou services d'aide par le travail et à

la prestation de compensation, les rémunérations des travailleurs handicapés doivent être

maintenues indépendamment des congés maladie. Pour une population caractérisée par

un taux d’absentéisme important, la directrice gestionnaire que je suis est consciente des

risques de coûts supplémentaires que cette mesure engendre pour les ESAT :

• compromettre l’équilibre financier des structures accueillant une part importante de

personnes handicapées psychiques,

• inciter une sélection à l’entrée des ESAT comme nous l’avons vu dans le

paragraphe précédent.

35 MINISTERE DE LA SANTE ET DES SOLIDARITES. Décret n° 2006-703 du 16 juin 2006 relatif aux établissements ou services d’aide par le travail et à la prestation de compensation et modifiant le code de l'action sociale et des familles (partie réglementaire) et le code de la sécurité sociale (deuxième partie : Décrets en Conseil d'Etat). Journal officiel, n° 139 du 17 juin 2006, 9126.

Page 52: CRÉER UNE SECTION D’ACCOMPAGNEMENT …p3ris.com/wp-content/uploads/2013/02/Aurore-GIOVANNONI.pdf · Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique

- 44 - Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2011

2.3.3 Le vieillissement

Face au vieillissement des travailleurs handicapés, le personnel de l’ESAT Léon Bérenger

se retrouve en difficulté. De nombreux parallèles peuvent être établis par les

professionnels entre les problèmes liés à la prise en charge de personnes souffrant de

troubles psychiques et ceux des personnes handicapées vieillissantes.

La première difficulté est l’absentéisme des travailleurs vieillissants, due à des problèmes

de santé plus fréquents. Cet absentéisme récurrent entraine une désorganisation du

travail. Et, comme je l’ai souligné précédemment, la pression imposée par les clients pour

réaliser les travaux dans les délais convenus nous oblige à remplacer le travailleur

absent. Cela entraine une angoisse face au changement et des difficultés à mémoriser

une nouvelle tâche.

Le deuxième obstacle est le maintien d’une cohésion dans le groupe. Le travailleur

handicapé vieillissant, par son rythme de travail ralenti, se voit progressivement exclu de

son groupe de travail. Des comportements proche de la jalousie sont aussi perçus dans

l’équipe : « pourquoi cette personne travaille moins ? », « j’ai fermé trois cartons et lui n’a

pas fini le premier ! ». Ces chamailleries, parfois même ces comportements agressifs,

rendent complexes les relations entre travailleurs mais aussi entre les travailleurs et

l’équipe encadrante. Les plaintes et agressivités, toujours traitées, peuvent souvent

exprimer un mal-être de la personne.

Plus généralement, les personnes handicapées vieillissantes ont des difficultés à tenir

physiquement leur poste de travail. Certaines activités professionnelles, plus physiques

que d’autres, telles que l’entretien des espaces verts ou le ménage, attirent souvent les

personnes les plus jeunes lors de leur admission en ESAT. Par la suite, ces activités se

révèlent fatigantes par la lourdeur des outils utilisés ou la force physique nécessaire pour

leur réalisation. Des changements ou des aménagement de poste sont souvent

nécessaires vers des activités plus sédentaires.

En conclusion de cette partie, je note que, malgré les efforts déployés par le personnel de

l’ESAT Léon Bérenger pour accueillir dans les meilleures conditions les travailleurs

handicapés, il reste des limites à leur prise en charge :

• un manque d’anticipation et de formation à l’arrivée de personnes souffrant de

troubles psychiques et de personnes handicapées vieillissantes,

• des locaux anciens qui ne sont plus adaptés à l’accueil de travailleurs handicapés,

• une organisation du travail uniquement à temps plein qui demande à être

aménagée.

Page 53: CRÉER UNE SECTION D’ACCOMPAGNEMENT …p3ris.com/wp-content/uploads/2013/02/Aurore-GIOVANNONI.pdf · Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique

Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2011 - 45 -

3 DE NOUVEAUX PROJETS EN REPONSE AUX BESOINS DES TRAVAILLEURS D’ESAT

Je propose maintenant d’expliquer la stratégie que je vais développer à l’ESAT Léon

Bérenger en m’appuyant sur des données externes telles que les politiques publiques et

les contraintes de l’environnement mais aussi sur les constats posés en interne par le

personnel et les personnes accueillies.

Garante de l’adéquation entre les besoins des travailleurs handicapés et les services

proposés à l’ESAT, ma stratégie se décompose en trois axes :

• la mise en place d’un projet permettant de répondre aux attentes des nouvelles

populations,

• l’amélioration des dispositifs existants,

• l’ouverture de l’ESAT vers l’extérieur et des partenariats.

3.1 Proposer un nouvel accompagnement complémentaire à l’ESAT : la mise en place du temps partiel et la section d’accompagnement spécialisé

3.1.1 La mise en place du temps partiel

L’évolution de la population, la prise en compte du vieillissement des travailleurs d’ESAT

ainsi que les problèmes de régularité dans le travail pour les personnes souffrant de

troubles psychiques m’obligent à revoir la répartition du travail à l’ESAT.

Selon les chiffres de la Direction Générale de l’Action Sociale (DGAS) en 2008, 8% des

travailleurs en ESAT sont à temps partiel en 2000 pour 13% en 2005. Dans le rapport36

de la Direction Générale de la Cohésion Sociale (DGCS) en 2009, on note que « la mise

en œuvre de temps partiels est réalisée par 88% des ESAT et concerne aujourd’hui un

usager sur six (13,6% des effectifs présents en ESAT) ».

36 DIRECTION GENERALE DE LA COHESION SOCIALE, novembre 2009, rapport final « Appui des services de l’état à la modernisation et au développement des établissements et services d’aide par le travail dans leur missions médico-sociale et économique », 82 p

Page 54: CRÉER UNE SECTION D’ACCOMPAGNEMENT …p3ris.com/wp-content/uploads/2013/02/Aurore-GIOVANNONI.pdf · Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique

- 46 - Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2011

A l’ESAT Léon Bérenger, les travailleurs sont tous à temps complet. Cependant, la prise

en compte du vieillissement et des troubles psychiques de la population accueillie passe

en partie par le développement du travail à temps partiel. Plusieurs questions se posent

alors :

• Comment organiser une prise en charge séquentielle sans pénaliser la

production ?

• Comment financer l’absence de l’ESAT des travailleurs à temps partiel ?

• Quel aménagement faut-il prévoir pour les temps libérés ?

L’ESAT Léon Bérenger a une autorisation de 90 places. A ce jour, 90 personnes

travaillent à temps complet. Afin de conserver ce financement, tout en accueillant des

travailleurs à temps partiel, il devient inévitable d’admettre plusieurs personnes physiques

sur une place financée pour arriver à 90 ETP. Cette « surpopulation » de l’ESAT a un

double intérêt : maintenir le financement global assuré par l’ARS et aménager les activités

de production afin que le temps partiel n’ait pas d’impact sur cette dernière. Il sera donc

nécessaire d’admettre de nouvelles personnes, de préférence à temps complet pour

limiter l’impact sur les équipes éducatives, administratives et sur le budget.

En effet, l’autorisation d’accueillir plus de personnes physiques que le permet l’agrément

engendre, selon moi, une difficulté financière. En effet, le financement du surcoût médico-

social (surtout sur le plan du personnel mobilisé) résultant de la présence de plusieurs

personnes physiques sur une même place financée pourrait être pris en compte dans le

calcul de la dotation globale de fonctionnement.

Concernant l’autorisation de « surpopulation » des ESAT, la circulaire 24 juin 201137

précise que le nombre réel de places occupées en ETP doit être équivalent au nombre de

places autorisées et financées.

Enfin, il est important de pouvoir proposer une alternative au travail à temps complet en

ESAT en créant un service accueillant les personnes à temps partiel : une section

d’accompagnement spécialisé. Je vais expliquer dans la partie suivante le fonctionnement

de cette nouvelle structure.

37 MINISTERE DES SOLIDARITES ET DE LA COHESION SOCIALE. Circulaire n° DGCS/SMS3b/2011/260 du 24 juin 2011 relative à la campagne budgétaire des établissements et services d’aide par le travail pour l’exercice 2011.

Page 55: CRÉER UNE SECTION D’ACCOMPAGNEMENT …p3ris.com/wp-content/uploads/2013/02/Aurore-GIOVANNONI.pdf · Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique

Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2011 - 47 -

3.1.2 La section d’accompagnement spécialisé

L’évolution des personnes vieillissantes en situation de handicap ainsi que des personnes

souffrant de troubles psychiques remet en question l’organisation du travail en ESAT. En

effet, l’évolution actuelle de la population des ESAT ne doit pas renforcer les phénomènes

d’échec, et conduire ces derniers à se restructurer en lieux d’accueil occupationnels.

La Section d’Accompagnement Spécialisé est un service qui, par sa vocation initiale, évite

des phénomènes d’exclusion. Elle apporte au quotidien une aide et un soutien

indispensable aux personnes qui sont les plus en difficulté.

Section d’Accompagnement Spécialisé (SAS), Section Annexe (ou Aménagée) de CAT

(SACAT), Structure d’Accompagnement et de Coordination proposant des Alternatives au

Travail (SACAT), Section à Temps Partiel (STP) ou encore accueil de jour : ces

structures, différentes par leur dénomination, ont toutes la même mission. Financées par

les Conseils Généraux, elles portent différents noms selon les départements.

La SAS est un service médico-social pour adultes âgés de 18 à 60 ans dont le handicap

ne permet pas de mener une vie professionnelle à temps plein. Elle a pour mission de

proposer aux travailleurs d’ESAT à temps partiel des activités aménagées et adaptées qui

tiennent compte de l’autonomie de chacun. Elle offre une alternative transitoire au travail

et à l’environnement exigeant et rythmé de l’ESAT, modulée en fonction des capacités, de

la fatigabilité et de la situation personnelle du travailleur handicapé. La SAS permet

d'accompagner, pour certains, la découverte du monde du travail de façon progressive en

étant une passerelle pour l’entrée en ESAT, pour d'autres, de maintenir une activité

salariée ou d'être accompagné vers une cessation progressive d'activité professionnelle.

Elle propose différentes activités axées sur :

• le développement de l’autonomie,

• l’apprentissage et le maintien des savoirs de base (lecture, écriture, calcul, formes,

couleurs),

• la valorisation des apprentissages sociaux,

• l’accompagnement professionnel adapté permettant de développer des

compétences qui pourront être utilisées sur le poste de travail en ESAT,

• le bien-être.

Elles se réalisent sous la forme d’ateliers : informatique, travail du bois, musique,

horticulture, couture, bibliothèque, cuisine, peinture, broderie, gymnastique, piscine…

Page 56: CRÉER UNE SECTION D’ACCOMPAGNEMENT …p3ris.com/wp-content/uploads/2013/02/Aurore-GIOVANNONI.pdf · Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique

- 48 - Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2011

La SAS est un soutien indispensable aux travailleurs d’ESAT grâce à :

• un accompagnement individualisé,

• un fonctionnement souple qui leur permet d’évoluer dans un espace respectueux

des compétences et de l’individualité,

• une adaptation à leurs besoins grâce à un accompagnement interne et un

partenariat externe.

Les missions de l’ESAT et de la SAS se complètent donc pour proposer à chacun, en

fonction de ses capacités, une modulation du temps d’accueil entre temps de travail

(ESAT) et temps d’accompagnement individualisé (SAS).

Financée par le Conseil Général et avec une orientation déterminée par la CDAPH, la SAS

accueille :

• des adultes handicapés qui, de par le vieillissement ou l'évolution de leur

pathologie, ne peuvent plus soutenir un rythme de travail à temps complet, mais

dont l’accueil à la SAS à temps partiel leur permet de conserver leur emploi et

leur statut de travailleur handicapé tout en bénéficiant d’activités

occupationnelles,

• de jeunes adultes pour un apprentissage progressif vers les ateliers de l’ESAT

tout en continuant à développer leurs compétences socio-professionnelles à la SAS,

• des adultes handicapés en difficulté temporaire, dont l’efficience au travail est

perturbée, pour un passage à temps partiel suite à une maladie ou une

hospitalisation et pour une reprise progressive du travail.

3.1.3 La création, l’organisation et le financement du nouveau service

La SAS est un service qui viendra compléter l’offre de service proposée par les trois

ESAT de la Sauvegarde 13.

Fort d’une première expérience réussie de création d’un accueil de jour, autofinancé

pendant un an, la direction de l’ESAT Léon Bérenger a élaboré une ébauche de projet de

SAS. Présenté au Conseil d’Administration qui a donné son aval, le projet a d’abord

nécessité de trouver un financement. Le projet a alors été exposé au Conseil Général des

Bouches-du-Rhône au moment de la discussion annuelle du budget du foyer

d’hébergement de l’association. Conscient de l’utilité d’une telle structure au sein de

l’association, le Conseil Général a accepté de ne pas reprendre l’excédent de N-2 (2009)

Page 57: CRÉER UNE SECTION D’ACCOMPAGNEMENT …p3ris.com/wp-content/uploads/2013/02/Aurore-GIOVANNONI.pdf · Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique

Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2011 - 49 -

de 120 000 euros du foyer d’hébergement et de laisser cette somme pour le

fonctionnement de quatre années de la SAS.

Le financement trouvé, le projet demandera durant l’année 2011 d’être développé grâce

aux propositions d’un comité de pilotage composé de professionnels et de personnes

accueillies pour une mise en place en 2012. En voici les orientations déjà déterminées.

La mission de la SAS sera double :

• Mission d’intégration professionnelle : elle permet d’apporter à la personne

accueillie un emploi à temps partiel qui, en raison de son handicap, de sa fatigue

ou de son vieillissement ne peut plus suivre le rythme de l’ESAT à temps complet.

• Mission d’accompagnement : elle permet à la personne accueillie de conserver un

lien avec le travail et de pouvoir bénéficier des accompagnements

socioprofessionnels dans des activités individuelles ou collectives permettant le

maintien des acquis et une ouverture sociale et culturelle. La SAS est un support

d’aide complémentaire, visant l’amélioration de la prise en charge des travailleurs

de l’ESAT.

Pour chaque personne, nous souhaitons que la SAS puisse proposer des prestations en

adéquation avec les besoins et les attentes des personnes accueillies :

• Préserver les acquis professionnels du travailleur d’ESAT. Elle vise, sans tenir

compte de la performance et du rendement, à préserver les acquis et les habiletés

techniques du travailleur en le confrontant à des situations de travail. Il s’agit

également de favoriser l’émergence de nouvelles capacités.

• Favoriser une extension des compétences de la personne accueillie. Ce

développement repose sur les aspirations et les capacités constatées par l’équipe.

• Promouvoir des activités à vocation sociale, culturelle, artistique et sportive dans

un souci de valorisation et de développement personnel. Ces activités sont autant

d’opportunités pour la personne accueillie de s’inscrire dans la vie sociale et de

développer une confiance en soi.

• Assurer au travailleur de l’ESAT un suivi au plan de la santé. Au regard de son

évolution professionnelle, de sa fatigabilité, des observations menées par les

moniteurs d’ateliers et de la demande de la personne elle-même, une attention

particulière est portée. Cela se traduit encore par un aménagement des locaux et

une organisation assouplie de l’emploi du temps.

• Assurer une aide psychologique quand le travailleur en manifeste le besoin ou

l'équipe professionnelle décèle une difficulté. La SAS propose des temps d’écoute

et d’expression.

• Assurer une vigilance en matière d'autonomie, de sécurité et d'hygiène. Il s’agit

Page 58: CRÉER UNE SECTION D’ACCOMPAGNEMENT …p3ris.com/wp-content/uploads/2013/02/Aurore-GIOVANNONI.pdf · Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique

- 50 - Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2011

d’éviter tout risque de dégradation physique, sociale ou psychologique de la

personne accueillie et de maintenir un bon niveau d’image personnelle.

• Préparer la personne handicapée vieillissante à la retraite et l’accompagner dans

son parcours de vie.

La SAS accueillera six ETP travailleurs handicapés, soit douze personnes à mi-temps,

des trois ESAT de l’association, principalement des travailleurs vieillissants lors de son

ouverture. A ce jour, deux travailleurs à l’ESAT Léon Bérenger ont une orientation en

foyer occupationnel. Faute de place disponible, ils restent à l’ESAT. Ces deux travailleurs

seraient les premiers admis à la SAS. D’autres personnes des deux autres ESAT sont

aussi intéressées par ce service. Toute décision concernant l’admission d’un travailleur à

la SAS ne peut être prise uniquement sur des critères de productivités ou d’âge mais

dans l’intérêt de la personne en tenant compte de son état physique et / ou

psychologique.

Faute d’un budget important, la mutualisation des moyens techniques, financiers et

humains sera nécessaire. La SAS sera accueillie dans les locaux du foyer

d’hébergement, en général non occupés la journée. Ce bâtiment présente plusieurs

avantages :

• réhabilité en 2009, il est neuf, agréable et équipé de mobilier fonctionnel et adapté,

• il est situé sur le terrain arboré de Vert-Pré (où se trouve un ESAT, un IME et le

siège social), ce qui permettra des contacts avec les travailleurs de l’ESAT, tout en

n’étant pas très éloigné de l’ESAT Léon Bérenger,

• il est proche d’un stade, de commerces et des transports en commun.

La SAS pourra utiliser, dans ce bâtiment construit de plain-pied, une grande salle servant

de salle-à-manger, la cuisine professionnelle, la terrasse et le jardin. De plus, le foyer

mettra à disposition de la SAS son matériel informatique, les livres et jeux de société ainsi

que ses véhicules. L’IME, situé sur le même terrain, s’est doté en 2010 d’un local

permettant de réaliser de nombreuses activités culturelles telles que le théâtre, le dessin

et la peinture, la musique. Un partenariat sera signé avec l’IME afin d’utiliser ses locaux et

d’accroître le nombre d’activités.

La SAS sera ouverte selon le calendrier des ESAT soit cinq jours par semaine, du lundi

au vendredi, avec une semaine de fermeture à Noël et quatre semaines en août. Une

demi-journée par semaine sera réservée aux réunions d’équipe. Les repas seront pris au

self de l’ESAT Vert-Pré afin de maintenir un contact avec les travailleurs de l’ESAT et de

limiter les coûts financiers.

Page 59: CRÉER UNE SECTION D’ACCOMPAGNEMENT …p3ris.com/wp-content/uploads/2013/02/Aurore-GIOVANNONI.pdf · Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique

Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2011 - 51 -

Le financement du Conseil Général permettra l’embauche d’un moniteur éducateur à

temps plein qui assurera l’animation de la SAS. Son action se déroulera au sein de

l’équipe pluridisciplinaire qui définira les objectifs et évaluera périodiquement les résultats

des actions menées. La direction sera assurée conjointement par le directeur de la filière

travail protégé et la chef de service du foyer d’hébergement. Le secrétariat, la comptabilité

et l’équipe pluridisciplinaire (assistante sociale et psychologue) seront communs aux

ESAT et à la SAS. L’équipe pourra être consolidée par des intervenants vacataires selon

les spécificités et la nature des activités programmées.

La SAS étant un service annexe à l’ESAT, il existera un projet individualisé de la

personne accueillie commun aux deux services. Lors de la réunion annuelle de révision

du projet individualisé, l’accompagnement et les activités proposées seront déterminées

en collaboration avec la personne accueillie et l’équipe pluridisciplinaire composée du

référent à l’ESAT, du moniteur éducateur de la SAS, de la psychologue, de l’assistante

sociale et de moi-même. Ces objectifs seront inscrits dans l’avenant au contrat de soutien

et d’aide par le travail de la personne accueillie. Placer l’usager au cœur du débat permet

de lui donner une autre représentation de lui-même. Il n’est plus un usager pris en charge

mais bien l’acteur accompagné dans la construction de son projet personnel.

Chaque semaine, des réunions seront organisées et pourront être :

• une réunion pluridisciplinaire qui permettra de fixer les grands axes de travail de la

SAS,

• une réunion entre l’animateur de la SAS et le psychologue pour apporter un

éclairage spécifique,

• une réunion permettant à l’équipe pluridisciplinaire de réfléchir et d’élaborer les

projets personnalisés et les prises en charge des personnes accueillies en

fonction des évènements écoulés lors de la semaine,

• une fois par an, l’animateur de la SAS participera à une réunion commune avec

l’ESAT afin d’actualiser le projet personnalisé de la personne accueillie.

Pour mener à bien ses missions et ses actions, et dans l’objectif de varier les activités tout

en limitant les coûts, la SAS signera des conventions avec certains partenaires en vue de

favoriser la socialisation et l’intégration des personnes accueillies comme par exemple :

une bibliothèque municipale, un théâtre, l’IME Vert-Pré, etc…

Page 60: CRÉER UNE SECTION D’ACCOMPAGNEMENT …p3ris.com/wp-content/uploads/2013/02/Aurore-GIOVANNONI.pdf · Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique

- 52 - Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2011

3.2 Améliorer l’existant

Créer une nouvelle structure permet de répondre aux besoins des personnes accueillies

en ESAT et d’offrir un panel plus important de services. Cependant, il est aussi

nécessaire de s’intéresser aux dispositifs existants dans l’établissement, tels que la

gestion des ressources humaines ou le projet d’établissement, afin de réfléchir

régulièrement à leur révision. Cette démarche d’amélioration continue s’inspire largement

de la démarche qualité, outil indispensable dans les ESAT autant pour les activités de

production que pour les services médico-sociaux.

Ainsi, comme l’explique Jean-Marie MIRAMON, « on ne peut présider ni diriger une

organisation, si performante soit-elle, avec la gestion quotidienne pour seule ambition.

(…) L’institution doit ouvrir des perspectives, tracer des pistes, affirmer des valeurs. Tous

ces éléments sont autant de points d’ancrage pour l’avenir, mais aussi de références

immédiates pour fédérer et harmoniser au quotidien le fonctionnement des équipes. Le

projet, fenêtre sur l’avenir, sert également le présent. »38

3.2.1 Reconstruire l’ESAT pour améliorer la qualité de vie et les conditions de travail

L’environnement joue un rôle très important dans les conditions de travail. Un bâtiment

agréable, des pièces lumineuses et aérées et du mobilier adapté contribuent à améliorer

la qualité de vie au travail des salariés et des personnes accueillies.

En 1989, la directive européenne39 impose aux employeurs des obligations afin d'assurer

une meilleure protection des travailleurs sur leur lieu de travail au moyen de mesures

préventives des accidents du travail et des maladies professionnelles, de l'information, de

la consultation, de la participation équilibrée, de la formation des travailleurs et de leurs

représentants.

La consultation des travailleurs et de leurs représentants est expressément formulée à

l’article 11, « Consultation et participation ». Elle vise à faire en sorte que les avis et

propositions des travailleurs soient pris en considération par les employeurs avant toute

prise de décision.

38 MIRAMON J-M., 2009, Manager le changement dans les établissements et services sociaux et médicosociaux, 3e édition, Rennes : Presses de l’EHESP, 149 p. 39 CONSEIL DES COMMUNAUTÉS EUROPÉENNES. Directive 89/391/CEE du 12 juin 1989 concernant la mise en œuvre de mesures visant à promouvoir l’amélioration de la sécurité et de la santé des travailleurs au travail. Journal officiel, L 183 du 29 juin 1989.

Page 61: CRÉER UNE SECTION D’ACCOMPAGNEMENT …p3ris.com/wp-content/uploads/2013/02/Aurore-GIOVANNONI.pdf · Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique

Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2011 - 53 -

Comme je l’ai expliqué dans un paragraphe précédent, l’ESAT Léon Bérenger n’est plus

un lieu de travail agréable et sécurisé. Un projet de démolition et de reconstruction du

bâtiment est actuellement à l’étude. Un groupe d’étude composé d’administrateurs, du

directeur général de la Sauvegarde 13 a amorcé la réalisation de ce projet en faisant venir

des géomètres pour l’étude des sols et en recherchant un architecte.

Au-delà des considérations administratives et techniques, il me semble important de

prendre en compte les questions de santé, de conditions de travail et d’ergonomie dans

ce projet de déménagement. Pour cela, et en collaboration avec le Comité d’Hygiène, de

Sécurité et des Conditions de Travail (CHSCT) et la médecine du travail, je souhaite

mettre en place des groupes de travail afin :

• d’anticiper les situations futures de travail et d’aborder les questions d’organisation

et de conditions de travail

• de consolider une dynamique collective sur le projet de déménagement

• outiller le groupe d’étude dans ses choix d’aménagements et d’organisation du

travail puis de valider les choix techniques et organisationnels proposés dans le

cadre du projet

Faire du déménagement une démarche partagée devient une nécessité, en intégrant la

réalité du travail, en rendant plus lisible l'action du groupe d’étude, et en donnant la parole

aux personnes accueillies et aux salariés.

Actuellement, l’ESAT Léon Bérenger est sur deux sites :

• un premier site qui comprend : les deux ateliers de conditionnement, le laboratoire

cosmétique, les bureaux administratifs, la salle-à-manger et les zones de stockage

• un second bâtiment, dans la même rue, où est situé la cuisine centrale, le

restaurant et, à l’étage, des salles de réunion.

Les objectifs de ce projet sont :

• de réunir les locaux de l’ESAT sur un même site ainsi que ceux de l’ESAT André

de Villeneuve et donc de vendre le bâtiment où se situe la cuisine centrale afin de

financer une partie du projet,

• de regrouper les ateliers, les vestiaires et la salle-à-manger en rez-de-chaussée

afin de faciliter l’accessibilité pour les travailleurs handicapées,

• de créer un parking permettant aux personnes accueillies, salariés et clients de se

garer à l’intérieur de l’établissement.

Le projet, évalué à 6,5 millions d’euros, sera financé par :

• autofinancement grâce à la vente du bâtiment de la cuisine centrale estimé à 1,2

Page 62: CRÉER UNE SECTION D’ACCOMPAGNEMENT …p3ris.com/wp-content/uploads/2013/02/Aurore-GIOVANNONI.pdf · Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique

- 54 - Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2011

millions d’euros

• le transfert de loyer de l’ESAT André de Villeneuve pour 80 000 euros par an

• un emprunt de 5 millions d’euros sur vingt-cinq ans

• la renégociation des prêts actuels à un meilleur taux

Selon moi, conduire ce projet immobilier, c’est penser et accompagner les changements

liés à l’organisation du travail, à l’aménagement des postes et des espaces et à l’évolution

des métiers. Anticiper ces changements permet d’assurer l’avenir du projet et évite un

travail curatif coûteux pour la santé des salariés (par exemple : apparition de troubles

musculo-squelettiques liés à des problèmes de conception ou chocs dus à des problèmes

d’encombrement et de circulation) et pour la performance de l’organisation (sous-

utilisation par défaut d’appropriation).

Bien anticiper suppose de tenir compte du travail réel des salariés et des caractéristiques

de la population handicapée accueillie. Cela implique également de se poser la question

de l’impact des solutions envisagées sur les personnes en matière de santé, bien-être et

développement professionnel pour construire un compromis entre les contraintes liées à

l’investissement et celles liées à l’activité. Il s’agira, pour moi, dans ce projet, d’organiser

les modalités de recueil des informations utiles, de favoriser l’innovation participative mais

surtout, de trouver des lieux et des temps d’élaboration et de validation de solutions

pertinentes pour anticiper le travail futur.

3.2.2 Réécrire le projet d’établissement : un outil de fédération des équipes

Selon Patrick LEFEVRE, « Il y a effectivement des liens étroits entre la dimension du

projet et le métier de directeur. Imaginer le futur, anticiper le changement, traduire les

intentions et les perspectives dessinent l’activité du responsable et tous acteurs de

direction. La légitimité du directeur réside selon nous dans sa capacité à intégrer le passé

et penser l’avenir pour structurer le présent… Le projet se situe dans cette articulation

temporelle et culturelle et ouvre sur la question du changement. »40

Le projet d’établissement est un document temporel : c’est un état des lieux actuel de

l’établissement, traduisant les expériences du passé et exposant une vision du futur. Ainsi

qu’il est stipulé dans l’article L.311-8 du CASF, « pour chaque établissement ou service

40 LEFÈVRE P., 2011, Guide du métier de directeur en action sociale et médico-sociale, 3e édition, Paris : Dunod.

Page 63: CRÉER UNE SECTION D’ACCOMPAGNEMENT …p3ris.com/wp-content/uploads/2013/02/Aurore-GIOVANNONI.pdf · Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique

Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2011 - 55 -

social ou médico-social, il est élaboré un projet d’établissement ou de service, qui définit

ses objectifs, notamment en matière de coordination, de coopération et d’évaluation des

activités et de la qualité des prestations, ainsi que ses modalités d’organisation et de

fonctionnement. [...] Ce projet est établi pour une durée maximale de cinq ans après

consultation du conseil de la vie sociale ou, le cas échéant, après mise en œuvre d’une

autre forme de participation. »

Rendu obligatoire par la loi du 2 janvier 2002, le projet d’établissement est un document

détaillant les objectifs d’action médico-sociale au regard de la population accueillie, les

missions définies et les choix stratégiques vis-à-vis des valeurs associatives. Le but

principal est de répondre au mieux aux besoins des personnes accueillies et aux attentes

de l’environnement et des partenaires.

Dans sa réalisation, le projet est également l’occasion, pour l’ensemble des

professionnels, d’interroger leurs pratiques de manière individuelle, tout en se fédérant

par un projet commun. Source de communication transversale, ce travail permet de sortir

des logiques cloisonnées et d’une mutualisation des compétences. Il est très utile à

l’ESAT Léon Bérenger, comme dans d’autres ESAT, pour renouer les liens entre les

équipes de production et les équipes médico-sociales.

Le projet d’établissement est un outil de travail évolutif qui constitue une référence

institutionnelle. Il sera régulièrement évalué afin d’analyser les écarts et de pouvoir

proposer des ajustements.  

Il me paraît opportun d’aborder l’écriture du projet d’établissement à ce moment-là pour

plusieurs raisons :

• légalement, le projet d’établissement doit être mise à jour au maximum tous les

cinq ans. Celui de l’ESAT Léon Bérenger, élaboré en 2006, doit être révisé en

2011

• l’évolution de la population, comme nous l’avons vu précédemment, demande de

revoir le projet d’établissement et l’accompagnement proposé

• la nouvelle organisation du temps de travail (temps partiel) et la création du

nouveau service de la SAS doivent apparaitre dans le projet d’établissement

Pour la réalisation du nouveau projet d’établissement, je projette de mettre en place des

groupes de travail composés de personnels de fonctions différentes (administratifs,

médico-social, services généraux). Ces réunions seront introduites par moi-même puis

animées par la directrice adjointe ou un des moniteurs principaux, sur les sujets suivants :

• état des lieux de l’établissement : population accueillie, activités proposées,

moyens techniques mis à disposition

Page 64: CRÉER UNE SECTION D’ACCOMPAGNEMENT …p3ris.com/wp-content/uploads/2013/02/Aurore-GIOVANNONI.pdf · Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique

- 56 - Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2011

• instances de participation des personnes accueillies

• équipes d’encadrement et réunions

• procédures d’admission, de stage, etc…

Grâce aux informations récoltées dans chaque groupe de travail, le comité de pilotage

pourra rédiger le projet d’établissement et faire un retour vers les groupes de travail pour

avoir des propositions d’ajustement. De même, le projet sera présenté au Conseil

d’Administration (CA), au Comité d’Entreprise (CE) et au CVS pour avis. Un fois finalisé,

le document sera communiqué en interne puis évalué à un an pour une analyse des

écarts avec la réalisation effective, et à trois ans pour les stratégies majeures

d’établissement.

3.2.3 Gestion des ressources humaines

Selon Jean-Marie MIRAMON, « la rareté du travail, les exigences de plus en plus fines en

matière de management, l’évolution de la nature des emplois et surtout les changements

techniques rapides et constants ont fait de la gestion des ressources humaines une

préoccupation essentielle du secteur social. »41

En effet, la gestion des ressources humaines est essentielle pour mobiliser et motiver le

personnel, pour optimiser les emplois et mettre en adéquation le projet du salarié avec le

projet d’établissement.

Ma première piste de travail, en matière de ressources humaines, est la formation du

personnel. Comme l’explique Jean-René LOUBAT, « la différence se fera en fonction des

capacités d’adaptation, de mobilité et de flexibilité dont elles sauront faire montre. L’intérêt

croissant porté à la formation est précisément fonction de ce devoir d’adaptabilité des

institutions dans un environnement de plus en plus complexe et mouvant. »42 La formation

est un investissement pour l’avenir et elle est nécessaire dans le cas d’évolution des

population pour que les actions du personnel restent en adéquation avec les besoins des

travailleurs handicapés. Dans notre cas, la prise en charge de personnes handicapées

vieillissantes et de personnes souffrant de troubles psychiques est pénible voire

impossible sans la connaissance de ces publics, de leurs besoins et de leurs difficultés.

Au sein de l’établissement, les travailleurs handicapés passent 90% de leur temps au

contact des moniteurs d’ateliers. Cette formation concerne donc en priorité ces salariés 41 MIRAMON J-M., 2009, Manager le changement dans les établissements et services sociaux et médicosociaux, 3e édition, Rennes : Presses de l’EHESP, 149 p. 42 LOUBAT J-R., 2006, Penser le management en action sociale et médico-sociale, Paris : Dunod, 381 p.

Page 65: CRÉER UNE SECTION D’ACCOMPAGNEMENT …p3ris.com/wp-content/uploads/2013/02/Aurore-GIOVANNONI.pdf · Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique

Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2011 - 57 -

qui travaillent quotidiennement avec les personnes accueillies, qui ont besoin de

connaître le handicap psychique et de détecter les signes laissant apparaître un

changement de comportement. Mais cette formation s’applique à nous tous : l’équipe de

direction qui doit savoir réagir en cas de difficultés ou de crise, ou la secrétaire de

direction qui doit connaître les attitudes à avoir pour répondre aux demandes des

personnes accueillies en direct ou téléphoniques.

J’inscrirai au plan de formation des actions collectives, moins couteuses que des actions

individuelles et réalisables sur site, qui ont l’avantage d’augmenter la cohésion d’équipe et

de renforcer le sentiment d’appartenance, afin que tout le personnel ait des

connaissances sur les maladies psychiques et le vieillissement des personnes

handicapées.

Afin de compléter ces connaissances et pour intervenir sous forme de régulation lors de la

formation, je ferai intervenir un psychiatre.

Afin d’accompagner les personnes souffrant de troubles psychiques que l’ESAT accueille,

il me semble indispensable que le poste de psychologue soit à temps complet. Ce

professionnel, au-delà de son travail auprès des personnes handicapées, est un soutien

pour les équipes de moniteurs. Grâce aux résultats financiers dégagés par le budget

commercial chaque année, je recruterai une psychologue clinicienne à temps partiel afin

de compléter le temps déjà effectué par la psychologue en poste à l’ESAT.

Nous remettons à chaque personne accueillie, à son arrivée ou lors d’un stage, un livret

d’accueil reprenant les informations essentielles à son intégration. Je souhaite réaliser un

document équivalent à l’intention de nouveaux salariés. Il permettrait au nouvel

embauché de prendre connaissance d’informations utiles qu’il n’aurait pas retenu lors de

l’entretien, mais aussi de présenter un des supports de communication existant dans

l’établissement. Le nouveau salarié, grâce aux informations contenues dans le livret

d’accueil, pourra visualiser sa place dans la hiérarchie et investir sa fonction.

Ce livret sera travaillé et rédigé en réunion d’équipe. Il devra faire apparaître plusieurs

présentations :

• de l’association, de l’ESAT et de leurs missions et valeurs, avec un rappel des lois

régissant le secteur médico-social

• de la population accueillie

• du personnel, grâce à un organigramme et une définition des différentes fonctions,

et des instantes de représentation du personnel

• d’informations générales (horaires d’ouverture de l’établissement, fonctionnement

des différentes machines, lieu de prise des repas, etc…)

• en annexe, le règlement intérieur

Page 66: CRÉER UNE SECTION D’ACCOMPAGNEMENT …p3ris.com/wp-content/uploads/2013/02/Aurore-GIOVANNONI.pdf · Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique

- 58 - Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2011

Mon dernier axe de travail en terme de management est la gestion des réunions car elles

« représentent des moments clés de la vie d’une entreprise, parce que les professionnels

qui vaquent ordinairement à leurs occupations, en ordre plus ou moins dispersé, se

retrouvent ensemble, débattent et agissent directement sur la vie de celle-ci. »43 L’intérêt

de ces réunions, en tant que directrice, est de mobiliser et de fédérer les équipes autour

de valeurs et de sujets communs, d’entendre leurs points de vue et leurs idées mais aussi

de communiquer sur mes décisions et mes orientations et de les faire adhérer à ces

dernières. Elle me permet également de détecter et d’analyser les dynamiques de groupe

ainsi que les tensions.

La difficulté, en ESAT, est de libérer du temps aux moniteurs afin de se réunir. Les

plannings sont très chargés et rassembler tout le personnel implique de fermer

l’établissement. C’est pourquoi, ces réunions sont rares. Par contre, il est plus aisé de

former des petits groupes.

Hormis les réunions de synthèse des projets individualisés et les réunions qualité existant

déjà, je préconise différents types de réunions à des échéances diverses :

• réunions de projet tous les quinze jours : dans un premier temps pour la réécriture

du projet d’établissement, elles continueront par la suite pour mettre en place

l’évaluation interne

• réunions d’analyse des pratiques tous les quinze jours : j’aborderai leur objectif

dans une partie ultérieure

• réunions de direction chaque mois : elles permettent à l’équipe de direction

d’établir des stratégies et de prendre des décisions

• réunion de service chaque trimestre : elles ont pour objectif de coordonner les

actions d’un service et de travailler sur la création ou la révision des procédures

• réunion thématique chaque trimestre : elles ont pour intérêt d’informer les salariés

sur des sujets d’actualité et / ou de travailler sur des notions communes

(recommandations de bonnes pratiques, réflexions éthiques par exemple)

Il est évident que les réunions doivent être préparées et avoir un but précis afin de ne pas

tomber dans l’excès de réunions sans intérêt.

3.2.4 L’évaluation comme garantie de la qualité des services rendus

L’article L 312-8 du CASF créé l’obligation pour les établissements et services sociaux et

médico-sociaux de « procéder à l’évaluation de leurs activités et de la qualité des

prestations qu’ils délivrent. » 43 LOUBAT J-R., 2006, Penser le management en action sociale et médico-sociale, Paris : Dunod, 381 p.

Page 67: CRÉER UNE SECTION D’ACCOMPAGNEMENT …p3ris.com/wp-content/uploads/2013/02/Aurore-GIOVANNONI.pdf · Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique

Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2011 - 59 -

Deux types d’évaluations sont prévus par la loi :

• Une évaluation interne réalisée par l’établissement dont les résultats sont

communiqués tous les cinq ans à l’autorité ayant délivré l'autorisation

• Une évaluation externe réalisée par un organisme extérieur habilité. Ce dernier,

sélectionné par l’établissement sur une liste constituée par arrêté du ministre

chargé de l'action sociale, doit respecter un cahier des charges fixé par décret.

Les résultats de cette évaluation sont également communiqués à l'autorité ayant

délivré l'autorisation. Elle doit être effectuée au cours des sept années suivant

l'autorisation ou son renouvellement et au moins deux ans avant la date de celui-

ci. Pour les établissements créés avant 2002, une seule évaluation externe doit

être réalisée au plus tard deux ans avant la date de renouvellement de leur

autorisation (soit une évaluation avant le 31 décembre 2014 pour un

renouvellement de l’autorisation le 1er janvier 2017).

L’évaluation vise d’abord à apprécier comment se situe la structure, notamment au regard

des procédures, références et recommandations de bonnes pratiques professionnelles.

Elle est centrée sur la qualité des prestations et sur la manière dont elles sont délivrées.

L’évaluation doit permettre de mesurer si, au-delà de la proclamation de bonnes

intentions, les pratiques quotidiennes témoignent bien d’une véritable personnalisation de

la prise en charge, d’une juste réponse aux attentes des personnes accueillies et d’un réel

respect des usagers.

Une première évaluation interne a été réalisée en 2006. Puis en 2008, nous avons fait

appel à un cabinet d’évaluation afin de réaliser une évaluation externe de nos pratiques.

Nous avons procédé de la même façon en 2011.

Ces trois évaluations ont été menées par le secteur travail protégé (les trois ESAT de la

Sauvegarde 13) afin de mutualiser les moyens humains et de mener un travail commun

sur les procédures. L’organisation mise en place est constituée d’un comité de pilotage

regroupant des salariés des trois ESAT une fois par mois et un groupe de travail dans

chaque établissement. L’appui d’un cabinet extérieur a été une aide précieuse afin de

guider nos démarches.

Suite à la dernière évaluation réalisée, des préconisations ont été données par le cabinet

d’évaluation, dont la réécriture du projet d’établissement. Je maintiens donc le comité de

pilotage et les réunions de travail chaque mois afin de réviser le projet. Un fois terminé,

les réunions continueront dans le but de préparer l’évaluation externe qui aura lieu en

2014. Je souhaite également mettre en place une évaluation après un an de

fonctionnement de la SAS.

Page 68: CRÉER UNE SECTION D’ACCOMPAGNEMENT …p3ris.com/wp-content/uploads/2013/02/Aurore-GIOVANNONI.pdf · Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique

- 60 - Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2011

J’ai démonté, dans cette partie, qu’il est possible d’agir sur l’existant afin d’améliorer

l’accompagnement des personnes accueillies. Cependant, l’ESAT ne peut vivre isolé. La

mutualisation des ressources et des idées est essentielle et le partenariat se révèle

indispensable.

3.3 Une nécessaire ouverture vers l’extérieur

Ainsi que l’expliquait Kofi ANNAN dans un de ses discours à l’Organisation des Nations

Unies (ONU), « la seule voie qui offre quelque espoir d'un avenir meilleur pour toute

l'humanité est celle de la coopération et du partenariat. »44 Aujourd’hui, les résultats

financiers obligent les établissements sociaux et médico-sociaux à mutualiser des

moyens techniques et humains. Cependant, au-delà de ces préoccupations matérielles,

l’ouverture vers l’extérieur est essentielle pour échanger et partager des idées et des

pratiques mais aussi pour permettre de proposer à la personne accueillie une palette plus

large de services dans l’intérêt de son parcours de vie.

3.3.1 L’analyse des pratiques : partager et se rassurer entre professionnels

L’analyse des pratiques professionnelles est, selon moi, de plus en plus nécessaire parce

qu’elle accompagne la transformation du travail, son organisation et ses activités. Les

métiers du secteur social et médico-social ne sont pas simplement des métiers

techniques mais des métiers humains car ils agissent et travaillent sur l’autre et avec

l'autre. L’accroissement de la réflexion en groupe et la nécessité de penser ce que l’on fait

démontrent que l’analyse des pratiques professionnelles fait partie intégrante du travail de

demain.

Dès lors que le professionnel s'inscrit dans une pratique réfléchie, il devient

incontournable pour lui de s'interroger, d'observer, d'analyser et de chercher à

comprendre les actes qu’il pose. Cependant, il est difficile, voire irréalisable, de faire cela

lorsqu'il est dans le feu de l'action. D'où un nécessaire recul qui l’aidera à donner de la

clarté à ses actions.

Cette distanciation peut se faire seule, mais elle est bien plus riche lorsqu'elle est conduite

à plusieurs, que les professionnels réfléchissent, essaient de comprendre avec d'autres,

tout particulièrement avec des pairs, en vue d'élaborer un savoir de l'expérience.

44 ANNAN K., discours, 24 septembre 2001, Assemblé Générale de l’ONU

Page 69: CRÉER UNE SECTION D’ACCOMPAGNEMENT …p3ris.com/wp-content/uploads/2013/02/Aurore-GIOVANNONI.pdf · Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique

Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2011 - 61 -

Selon moi, le métier de moniteur suppose des qualités et des responsabilités particulières

de sérieux, de rigueur au travail et de discernement dans les jugements. De manière

générale, j’attends de l’équipe professionnelle qu’elle se réfère à une éthique qui oriente

ses valeurs, son engagement et qu’elle soit capable d’une réflexion critique.

J’espère que ces réunions d’analyse des pratiques permettront de développer une

dynamique du groupe. Les commentaires respectueux de l’autre et les échanges de

suggestions créent une expérience enrichissante qui favorise à la fois la transmission, la

mutualisation et l’assimilation des savoirs et la mise à jour des compétences.

Je vais mettre en place des groupes d’analyse des pratiques professionnelles. A raison

d’une tous les mois dans un premier temps, ces réunions seront animées par le

psychiatre d’un ESAT voisin (qui nous facturera ses interventions) et regrouperont trois

moniteurs afin de ne pas fragiliser le planning des activités.

Je pense que l'analyse des pratiques professionnelles en groupe permettra aux

professionnels d’acquérir certaines capacités et compétences dont celles-ci :

• accepter d'être responsable de ses actes

• accepter d’être confronté à soi, à l'autre, aux autres

• savoir écouter

• savoir émettre des hypothèses de compréhension de ce qui s'est passé

• renoncer à vouloir modifier l'autre

• augmenter la cohésion d’équipe et le sentiment d’appartenance

3.3.2 Les partenariats pour élargir la palette de services

La mission des ESAT est d’accompagner les personnes en situation de handicap grâce

au travail. Afin de répondre à ses autres besoins (logement, soin, vie sociale, etc…) et

dans une logique de continuité du parcours de vie, l’ESAT doit nécessairement s’associer

avec des partenaires.

Là où il y a encore quelques années, le partenariat avec un foyer d’hébergement ou un

SAVS, souvent présents dans l’association, pouvait être suffisant. L’évolution de la

population, et surtout la montée du handicap psychique, nécessitent la mise en place de

partenariats plus diversifiés et avec le secteur sanitaire. Il est important de créer du lien

avec tous les acteurs entourant la personne accueillie.

Page 70: CRÉER UNE SECTION D’ACCOMPAGNEMENT …p3ris.com/wp-content/uploads/2013/02/Aurore-GIOVANNONI.pdf · Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique

- 62 - Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2011

L’insertion des personnes en souffrance psychique requiert un rapprochement et une

collaboration de l’ensemble des acteurs. Il est utile en effet pour éviter la dégradation de

l’état de santé des personnes en situation de handicap psychique ou pour favoriser leur

maintien à domicile, de constituer des réseaux de gestion de situations de crises et de

mailler les interventions des soignants et des travailleurs sociaux.

Dans un premier temps, un partenariat étroit avec un service psychiatrique proche de

l’ESAT peut être tissé par le psychologue de l’ESAT. Ensuite, un partenariat serait aussi

souhaitable avec des Centre Médico-Psychologique (CMP). Il regroupe des médecins

psychiatres, des psychologues cliniciens, des infirmières, des assistantes sociales, des

psychomotriciens, des orthophonistes et des éducateurs spécialisés. Il assure

généralement des consultations, visites à domicile ou encore des soins infirmiers.

Les Groupes d’Entraide Mutuelle (GEM) peuvent être un partenaire important pour

l’ESAT dans le cadre de l’accompagnement des personnes handicapées psychiques et

notamment sur la gestion des temps partiels. Le GEM est un outil de lutte contre

l’isolement de personnes en situation de grande fragilité et en souffrance psychique qui a

une double vocation de prévention et de retour à la vie. En participant à la vie du groupe,

les personnes souffrant de handicap psychique sʼentraident, construisent des projets et

recréent des liens sociaux au cœur de la cité.

Il est aussi utile de mettre en place un partenariat avec des services d’aide à la vie

quotidienne et au logement tels que des SAMSAH ou des SAVS. L’offre offerte aux

personnes accueillies, quel que soit leur handicap, doit être la plus complète possible.

L’association ISATIS (actions pour l’Intégration, le Soutien, l’Accompagnement au Travail

et l’Insertion Sociale), présente sur la région PACA pour l’accueil, l’accompagnement et le

suivi des personnes souffrant de troubles psychiques, est aujourd’hui partenaire de

l’ESAT Léon Bérenger par convention. L’ESAT sert de lieu de stage pour des personnes

suivi par les services d’ISATIS afin d’y réaliser un bilan professionnel. En retour, ISATIS

est un soutien dans l’accueil de personnes souffrant de troubles psychiques admises à

l’ESAT.

L’ouverture vers l’extérieur, les partenariats et les réseaux ont aujourd’hui une part

importante dans le fonctionnement des ESAT, et des établissements médico-sociaux en

général.

Page 71: CRÉER UNE SECTION D’ACCOMPAGNEMENT …p3ris.com/wp-content/uploads/2013/02/Aurore-GIOVANNONI.pdf · Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique

Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2011 - 63 -

Conclusion

Les établissements sociaux et médico-sociaux doivent constamment repenser leurs

actions et s’adapter à l’évolution de la population pour maintenir des services en

adéquation avec les problématiques des personnes accueillies. Cela nécessite de la

réactivité, de l’innovation et une équipe de professionnels impliqués et engagés dans

l’accompagnement des travailleurs.

Partant de la circulaire du 1er août 200845 confirmant l’ouverture des ESAT à tout type de

handicap et le maintien dans une activité quelque soient les capacités ainsi que du

constat de l’évolution de la population de l’ESAT dans lequel je travaille, je me suis

engagée à proposer des améliorations, mobiliser les équipes et créer des partenariats

pour faire face à la montée du handicap psychique et au vieillissement des travailleurs.

Le contexte politique, depuis vingt ans, en faveur de la fermeture des lits en psychiatrie, a

entrainé le basculement du secteur sanitaire vers le secteur médico-social. Les demandes

d’admission de personnes souffrant de troubles psychiques en ESAT ont alors augmenté.

Face à ce nouveau public, ces établissements, habitués à accompagner des personnes

présentant principalement une déficience intellectuelle, ont dû s’adapter en proposant de

nouveaux modes d’accompagnement.

Parallèlement à cette modification de la population, une avancée en âge des travailleurs a

été observée. Le vieillissement est devenu un enjeu national mais aussi une nouvelle

problématique pour les établissements sociaux et médico-sociaux.

Mon travail, en tant que directrice, a été de réfléchir avec l’équipe pluridisciplinaire aux

nouveaux modes d’accompagnement, de mettre en place le temps partiel et de projeter

l’ouverture d’une SAS. Ces améliorations devront ensuite être réalisées, évaluées et

réajustées. Mes préconisations de réécriture du projet d’établissement et de réunions

d’analyse des pratiques m’ont permis de mettre en application un management

participatif, centré sur le partage d’idées, de fédérer l’équipe autour d’un projet commun et

de travailler la notion de changement.

45 MINISTERE DU TRAVAIL, DES RELATIONS SOCIALES, DE LA FAMILLE ET DE LA SOLIDARITE. Circulaire n° DGAS/3B/2008/259 du 1er août 2008 relative aux établissements et services d’aide par le travail et aux personnes handicapées qui y sont accueillies.

Page 72: CRÉER UNE SECTION D’ACCOMPAGNEMENT …p3ris.com/wp-content/uploads/2013/02/Aurore-GIOVANNONI.pdf · Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique

- 64 - Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2011

Cette problématique d’évolution des populations accueillies est commune à de nombreux

ESAT et chacun témoigne d’innovations. Consciente que les améliorations proposées

devront sans cesse être évaluées et repensées, j’envisagerai, grâce à une politique

d’innovation et d’amélioration continue de la qualité du service rendu, de nouvelles

perspectives tout en développant un réseau local de partenariat.

Page 73: CRÉER UNE SECTION D’ACCOMPAGNEMENT …p3ris.com/wp-content/uploads/2013/02/Aurore-GIOVANNONI.pdf · Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique

Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2011 - 65 -

Bibliographie

Ouvrages

AYME S., HENRARD J.-C., COLVEZ A., et al., 1996, Handicap et vieillissement :

politiques publiques et pratiques sociales, Paris : INSERM, 347 p.

BAPTISTE R., 2005, Reconnaître le handicap psychique Développer et améliorer la

réinsertion sociale et professionnelle, Lyon : Chronique sociale, 165 p.

CCAH (Comité national de Coordination de l’Action en faveur des personnes

Handicapées), 2003, Les personnes handicapées âgées, où en est-on ? ,Paris :

L’Harmattan, 234 p.

LEFÈVRE P., 2011, Guide du métier de directeur en action sociale et médico-sociale, 3e

édition, Paris : Dunod.

LOUBAT J-R., 2006, Penser le management en action sociale et médico-sociale, Paris :

Dunod, 381 p.

MINISTÈRE DE LA SANTÉ ET DES SOLIDARITÉS, MINISTÈRE DE L’EMPLOI, DE LA

COHÉSION SOCIALE ET DU LOGEMENT, 2007, Quelles trajectoires d’insertion pour les

personnes handicapées ? , Rennes : ENSP, 159 p.

MIRAMON J-M., 2009, Manager le changement dans les établissements et services

sociaux et médicosociaux, 3e édition, Rennes : Presses de l’EHESP, 149 p.

RICHELET P., 1679, Dictionnaire de Pierre Richelet, Genève : P. Richelet

ZRIBI G., 2008, L’avenir du travail protégé Les ESAT dans le dispositif d’emploi des

personnes handicapées, 3e édition, Rennes : EHESP, 159 p.

ZRIBI G., BEULNÉ T., 2009, Les handicaps psychiques Concepts, approches, pratiques,

Rennes : Presses de l’EHESP, 212 p.

ZRIBI G., SARFATY J., 2008, Handicapés mentaux et psychiques vers de nouveaux

droits, 2e édition, Rennes : EHESP, 128 p.

Rapports

CNSA, 2010, Aide à l’adaptation et à la planification de l’offre médico-sociale en faveur

des personnes handicapées vieillissantes

Page 74: CRÉER UNE SECTION D’ACCOMPAGNEMENT …p3ris.com/wp-content/uploads/2013/02/Aurore-GIOVANNONI.pdf · Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique

- 66 - Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2011

COMMISSION DES COMMUNAUTÉS EUROPÉENNES. COM(2005) 94 final du 16 mars

2005 relatif au Livre vert "Face aux changements démographiques, une nouvelle

solidarité entre générations" [en ligne]. Disponible sur internet : http://eur-

lex.europa.eu/LexUriServ/site/fr/com/2005/com2005_0094fr01.pdf

CONSEIL DE L’EUROPE. Charte Sociale Européenne (révisée) du 3 mai 1996 [en ligne],

disponible sur internet : http://conventions.coe.int/treaty/fr/treaties/html/163.htm

CONSEIL DE L’EUROPE, COMITE DES MINISTRES. Recommandation CM/Rec(2009)6

du 8 juillet 2009 sur le vieillissement et le handicap au 21e siècle : cadres durables

permettant une meilleure qualité de vie dans une société inclusive [en ligne], disponible

sur internet : https://wcd.coe.int/wcd/ViewDoc.jsp?id=1470081&Site=CM

DIRECTION GENERALE DE LA COHESION SOCIALE, novembre 2009, rapport final

« Appui des services de l’état à la modernisation et au développement des établissements

et services d’aide par le travail dans leur missions médico-sociale et économique », 82 p

DOUSTE-BLAZY P., Ministre des Solidarités, de la Santé et de la Famille, 4 février 2005,

Psychiatrie et Santé mentale Projet de plan 2005-2008

LUQUET V., 2006, Vieillissement et cessation d’activité des travailleurs handicapés en

ESAT

Revues

AZEMA B., MARTINEZ N., 2005, « Les personnes handicapées vieillissantes :

espérances de vie et de santé ; qualité de vie – Une revue de la littérature », Revue

française des affaires sociales, n°2, p. 297-333

DREES, juin 2008, « Les établissements pour adultes handicapés : des capacités

d’accueil en hausse », Etudes et résultats, n° 641.

Sites internet

www.anact.fr

www.anesm.sante.gouv.fr/

www.insee.fr

www.legifrance.fr

www.sante.gouv.fr/etudes-et-resultats,4001.html

Page 75: CRÉER UNE SECTION D’ACCOMPAGNEMENT …p3ris.com/wp-content/uploads/2013/02/Aurore-GIOVANNONI.pdf · Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique

Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2011 - 67 -

Textes législatifs

Préambule de la Constitution du 27 octobre 1946

MINISTERE DE LA SANTE PUBLIQUE ET DE LA POPULATION. Décret n° 54-883 du 2

septembre 1954 portant règlement d'administration publique pour l'application de

l'ensemble des dispositions du décret n° 53-1186 du 29 novembre 1953 relatif à la

réforme des lois d'assistance. Journal officiel du 10 septembre 1954, 8743.

Loi n° 57-1223 du 23 novembre 1957 sur le reclassement professionnel des travailleurs

handicapés. Journal officiel du 24 novembre 1957, 10858.

Loi n° 75-534 du 30 juin 1975 d'orientation en faveur des personnes handicapées et loi n°

75-535 du 30 juin 1975 relative aux institutions sociales et médico-sociales. Journal

officiel du 1er juillet 1975, 6596.

Circulaire 60 AS du 8 décembre 1978 relative aux centres d’aide par le travail

Loi n° 2002-2 du 2 janvier 2002 rénovant l’action sociale et médico-sociale. Journal

officiel, n° 2 du 3 janvier 2002, 124.

CONSEIL DES COMMUNAUTÉS EUROPÉENNES. Directive 89/391/CEE du 12 juin

1989 concernant la mise en œuvre de mesures visant à promouvoir l’amélioration de la

sécurité et de la santé des travailleurs au travail. Journal officiel, L 183 du 29 juin 1989.

Loi nº 2005-102 du 11 février 2005 pour l'égalité des droits et des chances, la participation

et la citoyenneté des personnes handicapées. Journal officiel, n° 36 du 12 février 2005,

2353.

MINISTERE DE LA SANTE ET DES SOLIDARITES. Décret n° 2006-703 du 16 juin 2006

relatif aux établissements ou services d’aide par le travail et à la prestation de

compensation et modifiant le code de l'action sociale et des familles (partie réglementaire)

et le code de la sécurité sociale (deuxième partie : Décrets en Conseil d'Etat). Journal

officiel, n° 139 du 17 juin 2006, 9126.

MINISTERE DE LA SANTE ET DES SOLIDARITES. Décret n° 2006-1752 du 23

décembre 2006 relatif au contrat de soutien et d’aide par le travail et aux ressources des

travailleurs des établissements ou services d’aide par le travail. Journal officiel, n° 302 du

30 décembre 2006, 20104.

MINISTERE DE LA SANTE ET DES SOLIDARITES. Arrêté du 28 décembre 2006 fixant

la base de compensation par l’Etat des cotisations versées au titre des travailleurs

handicapés accueillis en établissements et services d’aide par le travail en application du

b de l’article R. 243-9 du code de l’action sociale et des familles. Journal officiel, n° 22 du

26 janvier 2007, 1656.

Page 76: CRÉER UNE SECTION D’ACCOMPAGNEMENT …p3ris.com/wp-content/uploads/2013/02/Aurore-GIOVANNONI.pdf · Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique

- 68 - Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2011

MINISTERE DE LA SANTE ET DES SOLIDARITES. Arrêté du 14 mai 2007 fixant le

montant de la compensation par l’Etat des cotisations payées par les établissements et

services d’aide par le travail pour l’affiliation des travailleurs handicapés qu’ils accueillent

à un régime de prévoyance en application du septième alinéa de l’article R. 243-9 du

code de l’action sociale et des familles. Journal officiel, n° 112 du15 mai 2007, 2030.

MINISTERE DE LA SANTE ET DES SOLIDARITES. Décret n° 2007-874 du 14 mai 2007

portant diverses dispositions relatives aux établissements ou services d’aide par le travail

et à l’exercice d’une activité à caractère professionnel en milieu ordinaire de travail par les

travailleurs handicapés admis dans ces établissements ou services et modifiant le code

de l’action sociale et des familles (partie réglementaire) et le code de la sécurité sociale

(deuxième partie : Décrets en Conseil d’Etat). Journal officiel, n° 112 du 15 mai 2007,

8995.

MINISTÈRE DU TRAVAIL, DES RELATIONS SOCIALES ET DE LA SOLIDARITÉ. Arrêté

du 6 juillet 2007 fixant la base de compensation par l’Etat de la participation des

établissements et services d’aide par le travail au financement de la formation

professionnelle continue. Journal officiel, n° 175 du 31 juillet 2007, 12862.

MINISTERE DU TRAVAIL, DES RELATIONS SOCIALES, DE LA FAMILLE ET DE LA

SOLIDARITE. Circulaire n° DGAS/3B/2008/259 du 1er août 2008 relative aux

établissements et services d’aide par le travail et aux personnes handicapées qui y sont

accueillies.

MINISTERE DES SOLIDARITES ET DE LA COHESION SOCIALE. Circulaire n°

DGCS/SMS3b/2011/260 du 24 juin 2011 relative à la campagne budgétaire des

établissements et services d’aide par le travail pour l’exercice 2011.

Mémoires

COLOMINA P., 2009, Valoriser les trajectoires des travailleurs handicapés d’ESAT par

des stratégies internes et externes d’insertion, Mémoire pour le Cafdes : EHESP, 106 p.

DEGRAND S., 2009, Adapter un ESAT à l’évolution du public et aux contraintes de

l’environnement, Mémoire pour le Cafdes : EHESP, 113 p.

FRENOIS A., 2007, Conjuguer sujet de droits et enjeux économiques en ESAT, Conduire

un processus de personnalisation, de contractualisation et de participation, Mémoire pour

le Cafdes : ENSP, 101 p.

LOFFICIAL F., 2006, Poursuivre l’intégration professionnelle des travailleurs d’ESAT

malgré le vieillissement et la fatigabilité, Mémoire pour le Cafdes : ENSP, 105 p.

SIMONET G., 2006, Construire un projet socioprofessionnel pour personnes handicapées

psychiques à partir d’un ESAT, Mémoire pour le Cafdes, ENSP, 97 p.

Page 77: CRÉER UNE SECTION D’ACCOMPAGNEMENT …p3ris.com/wp-content/uploads/2013/02/Aurore-GIOVANNONI.pdf · Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique

Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2011 I

Liste des annexes

Annexe 1 Population française en pourcentage par sexe et groupes d'âges en 2010

Annexe 2 Evolution de l’espérance de vie en France

Annexe 3 Estimation en pourcentage de la population européenne par groupes

d’âges entre 2005 et 2050

Annexe 4 Répartition en pourcentage des personnes handicapées vieillissantes en

France par type de handicap survenu avant l’âge adulte en 1999

Annexe 5 Organigramme de l’ADSEA des Bouches-du-Rhône

Annexe 6 Organigramme de la Sauvegarde 13

Annexe 7 Grilles d’évaluation des compétences sociales et professionnelles

Annexe 8 Répartition du chiffre d’affaires de l’ESAT Léon Bérenger en décembre

2010

Annexe 9 Organigramme de l’ESAT Léon Bérenger

Page 78: CRÉER UNE SECTION D’ACCOMPAGNEMENT …p3ris.com/wp-content/uploads/2013/02/Aurore-GIOVANNONI.pdf · Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique

II Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2011

Annexe 1

Population française en pourcentage par sexe et groupes d'âges en 2010

en %

Femmes Hommes Ensemble Moins de 15 ans 17,5 19,6 18,5 15-19 ans 5,8 6,4 6,1 20-24 ans 6,1 6,6 6,3 25-29 ans 6,0 6,3 6,2 30-34 ans 6,0 6,3 6,1 35-39 ans 6,6 6,9 6,8 40-44 ans 6,8 7,0 6,9 45-49 ans 6,8 7,1 7,0 50-54 ans 6,6 6,7 6,7 55-59 ans 6,4 6,4 6,4 60-64 ans 6,3 6,3 6,3 65-69 ans 4,2 4,1 4,1 70-74 ans 4,0 3,5 3,7 75 ans ou plus 10,9 6,8 8,9 Ensemble 100,0 100,0 100,0

Source : INSEE, estimations de population (résultats provisoires arrêtés fin 2010)

Page 79: CRÉER UNE SECTION D’ACCOMPAGNEMENT …p3ris.com/wp-content/uploads/2013/02/Aurore-GIOVANNONI.pdf · Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique

Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2011 III

Annexe 2

Evolution de l’espérance de vie en France

Espérance de vie des hommes Espérance de vie des femmes

Année (en années) (en années) à 0

an à 1 an

à 20 ans

à 40 ans

à 60 ans

à 0 an

à 1 an

à 20 ans

à 40 ans

à 60 ans

1994 73,6 73,1 54,6 36,3 19,7 81,8 81,3 62,6 43,3 25,0 2000 75,2 74,6 56,0 37,2 20,4 82,8 82,1 63,4 43,9 25,6 2001 75,4 74,8 56,2 37,4 20,6 82,9 82,2 63,5 44,0 25,7 2002 75,7 75,1 56,4 37,6 20,8 83,0 82,3 63,6 44,1 25,8 2003 75,8 75,2 56,5 37,6 20,8 82,9 82,2 63,5 44,0 25,6 2004 76,7 76,0 57,3 38,4 21,5 83,8 83,1 64,4 44,8 26,5 2005 76,7 76,0 57,4 38,4 21,4 83,8 83,1 64,3 44,8 26,4 2006 77,1 76,5 57,8 38,8 21,8 84,2 83,5 64,7 45,1 26,7 2007 77,4 76,7 58,0 39,0 21,9 84,4 83,6 64,8 45,3 26,9 2008 (p)

77,6 76,9 58,2 39,1 22,0 84,3 83,6 64,8 45,3 26,9

2009 (p)

77,7 77,1 58,3 39,3 22,2 84,4 83,7 64,9 45,4 27,0

2010 (p)

78,1 77,4 58,7 39,6 22,4 84,8 84,1 65,2 45,6 27,2

Source : INSEE, estimation de population et statistiques de l’état civil

Page 80: CRÉER UNE SECTION D’ACCOMPAGNEMENT …p3ris.com/wp-content/uploads/2013/02/Aurore-GIOVANNONI.pdf · Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique

IV Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2011

Annexe 3

Estimation en pourcentage de la population européenne par groupes d’âges

entre 2005 et 2050

Source : COMMISSION DES COMMUNAUTÉS EUROPÉENNES. COM(2005) 94 final du 16

mars 2005 relatif au Livre vert "Face aux changements démographiques, une nouvelle solidarité

entre générations" [en ligne]. Disponible sur internet : http://eur-

lex.europa.eu/LexUriServ/site/fr/com/2005/com2005_0094fr01.pdf

FR 4 FR

En effet, le taux de dépendance démographique totale6 passera de 49 % en 2005 à 66 % en 2030. Il faudra non seulement atteindre, mais aussi dépasser l’objectif de la stratégie de Lisbonne - un taux d’emploi de 70 % - pour compenser la baisse attendue de la population d’âge actif : la participation à l’emploi devra être plus importante, et l’âge de fin d’activité devra continuer à s’élever. Il faudra aussi évaluer et discuter les moyens de compenser les effets les plus négatifs de ces évolutions.

Estimez-vous que le niveau européen soit pertinent pour ouvrir une réflexion sur les évolutions démographiques et la gestion de leurs conséquences ?

Si oui, quels pourraient en être les objectifs, et quels domaines politiques vous semblent être concernés ?

1. LES DEFIS DE LA DEMOGRAPHIE EUROPEENNE

Les trois causes du vieillissement se retrouvent partout en Europe, mais avec une grande diversité de situations, que l’on peut résumer ainsi7 :

x L’Union ne possède plus de « moteur démographique ». Les États membres dont la population ne diminuerait pas avant 2050 ont un poids très réduit. Parmi les cinq États membres les plus peuplés, seules les populations britannique et française augmenteraient entre 2005 et 2050 (+ 8 % et + 9,6 %)8. La baisse de la population commence parfois avant 2015, et serait dans certains cas supérieure à 10 % ou à 15 % à l’horizon 2050.

x L’immigration a récemment atténué le déficit de naissances dans un grand nombre de pays.

x La situation des pays candidats accentue les contrastes démographiques. Les projections concernant la Bulgarie et la Roumanie révèlent des évolutions négatives (-21 % et -11 % d’ici 2030), comme celles de l’ONU pour la Croatie (-19 %). A l’inverse, la population turque augmenterait de plus de 19 millions entre 2005 et 2030 (+25%).

Scénario de base d’Eurostat , EU-25 (entre parenthèses, en milliers)

2005-2050 2005-2010 2010-2030 2030-2050

Population totale -2,1% (-9642)

+1,2% (+5444)

+1,1% (+4980)

-4,3% (-20066)

Enfants (0-14) -19,4% (-14415)

-3,2% (-2391)

-8,9% (-6411)

-8,6% (-5612)

Jeunes (15-24) -25,0% (-14441)

-4,3% (-2488)

-12,3% (-6815)

-10,6% (-5139)

Jeunes adultes (25-39) -25,8% (-25683)

-4,1% (-4037)

-16,0% (-15271)

-8,0% (-6375)

Adultes (40-54) -19,5% (-19125)

+4,2% (+4170)

-10,0% (-10267)

-14,1% (-13027)

Travailleurs âgés (55-64) +8,7% (+4538)

+9,6% (+5024)

+15,5% (+8832)

-14,1% (-9318)

« Seniors » (65-79) +44,1% (+25458)

+3,4% (+1938)

+37,4% (+22301)

+1,5% (+1219)

Personnes très âgées (80+) +180,5% (+34026)

+17,1% (+3229)

+57,1% (+12610)

+52,4% (18187)

Ces tendances s’inscrivent dans un cadre plus large : toutes les régions du monde connaîtront le vieillissement au cours de ce siècle. Notre partenaire principal, les États Unis, verra sa population augmenter de 25,6 % entre 2000 et 20259. En Chine, par exemple, il sera rapide, avec une baisse de la population à partir de 2025. A l’opposé, le « voisinage » de l’Europe, en Afrique et au Moyen-Orient, connaîtra ce vieillissement beaucoup plus tard : la population est beaucoup plus jeune, avec un âge moyen de 20 ans ou moins, contre plus de 35 ans en Europe.

6 Le rapport de la population de 0 à 14 et de plus de 65 ans et de celle de 15 à 64 ans. 7 Voir annexe 2. 8 L'Espagne connaîtrait une croissance de 5,7 % entre 2005 et 2030, et une baisse de 0,8 % entre 2005 et 2050. 9 Projections de l’ONU, 2002.

Page 81: CRÉER UNE SECTION D’ACCOMPAGNEMENT …p3ris.com/wp-content/uploads/2013/02/Aurore-GIOVANNONI.pdf · Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique

Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2011 V

Annexe 4

Répartition en pourcentage des personnes handicapées vieillissantes en France par type

de handicap survenu avant l’âge adulte en 1999

Source : DREES, Décembre 2002, « Les personnes handicapées vieillissantes : une

approche à partir de l’enquête HID », Etudes et résultats, n°204

5

LES PERSONNES HANDICAPÉES VIEILLISSANTES :UNE APPROCHE À PARTIR DE L’ENQUÊTE HID

ÉTUDES et RÉSULTATS

N° 204 • décembre 2002

qu’elles ont atteint l’âge de 20 ans, voireplus tôt encore, 7 % ne sont pas en me-sure de faire leur toilette seules et sansdifficultés, sortir du domicile pose desproblèmes à 8 % d’entre elles, 13 % nepeuvent pas s’orienter seules (cf. ta-bleau 3). Au total, le nombre moyen d’in-capacités anciennes qu’elles déclarent estde 2,5. Cette moyenne recouvre de for-tes disparités liées au handicap d’origine.La présence conjointe, avant l’âge adulte,de déficiences intellectuelles ou menta-les et de déficiences physiques, qui con-cerne environ 7 % des personnes handi-

capées vieillissantes (tableau 2), est lasituation qui semble la plus invalidante :on comptabilise en moyenne chez cespluri-déficients intellectuels et physiquesneuf incapacités apparues avant l’âge de20 ans. Les problèmes de mobilité, lesgênes liées à la souplesse ou à la mani-pulation, les difficultés à communiquer,ou à se repérer dans l’espace ou dans letemps sont vécues au quotidien, depuisau moins l’âge de 20 ans, par plus desdeux tiers d’entre eux.

Dans près de neuf cas sur dix, l’ap-parition du handicap est liée à la présenced’une seule déficience (tableau 2). Ainsi,59 % des personnes considérées commehandicapées vieillissantes n’avaient,avant l’âge adulte, qu’une déficience sen-sorielle, viscérale ou métabolique. Cesont très souvent des déficiences senso-rielles qui sont responsables du handicapsurvenu pendant l’enfance ou l’adoles-cence : 36 % des personnes handicapéesvieillissantes présentaient à l’origine uni-quement une déficience auditive (ta-bleau 2). Les incapacités anciennes sontalors moins nombreuses (1,9 en

moyenne) et moins invalidantes puis-qu’elles se restreignent, pour la majoritéd’entre elles, à des difficultés à entendreune conversation.

Un accroissement sensibledes déficiences et des incapacités

avec l’avancée en âge

Les personnes handicapées vieillis-santes présentent-elles une vulnérabilitéaccrue à certains effets de l’avancée enâge, qui justifierait que l’on parle à leurégard de « vieillissement précoce » ?Certaines études, par exemple, ontavancé l’hypothèse d’une réduction del’autonomie des personnes paraplégiqueset tétraplégiques avec l’âge ; d’autressoulignent la survenue précoce de trou-bles liés au vieillissement chez les per-sonnes atteintes de trisomie 215. Les ré-sultats disponibles ne permettent pas deséparer les effets du vieillissement et ceuxdu handicap ; tout au plus peut-on com-parer la situation des personnes handica-pées vieillissantes et celle des autres per-sonnes de 40 ans et plus.

prévalence des déficiences survenues avant l’âge adulte (déficiences recodées)1T•01

1. Ces taux de prévalence sont fortement tributaires des résultats du recodage des déficiences et de leur période de survenue (encadrés1 et 2), qui conduisent vraisemblablement à une sur-représentation des déficiences sensorielles, au détriment des déficiences intellec-tuelles et mentales.Lecture : 5 % des personnes handicapées vieillissantes ont une déficience motrice des 4 membres ou des 2 membres inférieurssurvenue à la naissance, pendant l’enfance ou l’adolescence.Source : HID-Institutions 1998 et HID-Domicile 1999.

PersonnesDéficiences survenues avant l’âge adulte handicapées

vieillissantes (%)Déficiences motrices des 2 membres inférieurs ou des 4 membres, polyhandicap ................................................................... 5paraplégie, tétraplégie, hémiplégie…Déficiences motrices d’un seul membre, autres déficiences motrices des membres, déficiences du tronc, autres déficiences motrices .. 8monoplégie, amputation, fracture du col du fémur, scoliose, lombalgie, mouvements involontaires, tremblements…Aveugles complets (ou seule perception de la lumière), malvoyants, autres troubles de la vision, déficiences visuelles non précisées .... 22champ visuel, couleurs, poursuite oculaire...Sourds (surdité complète), malentendants .................................................................................................................................... 37Autres déficiences auditives, déficiences auditives non précisées .............................................................................................. 5 bourdonnement, acouphènes, sifflements...Absence totale de parole (muet...), troubles de l’élocution, troubles du langage, déficiences du langage ou de la parole non précisées ... 22bégaiement, prononciation, cordes vocales, laryngectomisé, aphasie, dysphasie, dyslexie…Déficiences viscérales et métaboliques ......................................................................................................................................... 6incontinence des urines, incontinence des selles, diabète, thyroïde, obésité, leucémie, hémophilie, SIDA…Déficiences des fonctions intellectuelles supérieures ................................................................................................................... 8retard mental moyen, grave, profond ou sévère, retard léger, déficience intellectuelle légère, troubles des acquisitionset des apprentissages, perte des acquis intellectuels, troubles de la mémoire, désorientation temporo-spatiale(démences, détérioration...)…Déficiences psychologiques ou du comportement, déficiences intellectuelles ou du psychisme non précisées ...................... 17troubles du comportement, troubles de la personnalité et des capacités relationnelles, troubles de l’humeur, dépression, épilepsieAutres déficiences, déficiences non précisées ............................................................................................................................. 5douleurs, asthénie, fatigue, vertiges, troubles de l’équilibre, déficiences esthétiques…

5. Cf. par exemple Dr Philippe GABBAÏ :« Processus et modalités de l’avancée en âgedes personnes handicapées mentales et phy-siques », Le colporteur, CREAHI Champa-gne-Ardenne, n° 344 et 345, mars 1998 et Dr

Philippe GABBAÏ : « L’avancée en âge despersonnes polyhandicapées », EMPA, n° 37,2000 ; Pr HELD, interview par Jean SAVY :« Le vieillissement des handicapés moteurs »,Réadaptation, n° 386, janvier 1992.

Page 82: CRÉER UNE SECTION D’ACCOMPAGNEMENT …p3ris.com/wp-content/uploads/2013/02/Aurore-GIOVANNONI.pdf · Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique

VI Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2011

Annexe 5

Organigramme de l’ADSEA des Bouches-du-Rhône

Page 83: CRÉER UNE SECTION D’ACCOMPAGNEMENT …p3ris.com/wp-content/uploads/2013/02/Aurore-GIOVANNONI.pdf · Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique

Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2011 VII

Annexe 6

Organigramme de la Sauvegarde 13

Page 84: CRÉER UNE SECTION D’ACCOMPAGNEMENT …p3ris.com/wp-content/uploads/2013/02/Aurore-GIOVANNONI.pdf · Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique

VIII Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2011

Annexe 7

Grilles d’évaluation des compétences sociales et professionnelles

Page 85: CRÉER UNE SECTION D’ACCOMPAGNEMENT …p3ris.com/wp-content/uploads/2013/02/Aurore-GIOVANNONI.pdf · Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique

Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2011 IX

Page 86: CRÉER UNE SECTION D’ACCOMPAGNEMENT …p3ris.com/wp-content/uploads/2013/02/Aurore-GIOVANNONI.pdf · Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique

X Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2011

Page 87: CRÉER UNE SECTION D’ACCOMPAGNEMENT …p3ris.com/wp-content/uploads/2013/02/Aurore-GIOVANNONI.pdf · Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique

Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2011 XI

Page 88: CRÉER UNE SECTION D’ACCOMPAGNEMENT …p3ris.com/wp-content/uploads/2013/02/Aurore-GIOVANNONI.pdf · Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique

XII Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2011

Page 89: CRÉER UNE SECTION D’ACCOMPAGNEMENT …p3ris.com/wp-content/uploads/2013/02/Aurore-GIOVANNONI.pdf · Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique

Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2011 XIII

Annexe 8

Répartition du chiffre d’affaires de l’ESAT Léon Bérenger en décembre 2010

1%  

3%   8%   2%  

3%  

45%  

6%  

30%  

1%  

Chiffre  d'affaires  2010  

CONDITIONNEMENT  

COSMETIQUES  

VENTE  D'EMBALLAGES  

ESPACES  VERTS  

ENTRETIEN  DE  LOCAUX  

PRESTATIONS  EN  ENTREPRISE  

CONSERVATEUR  DE  RAISIN  

RESTAURATION  

SAISIE  INFORMATIQUE  

Page 90: CRÉER UNE SECTION D’ACCOMPAGNEMENT …p3ris.com/wp-content/uploads/2013/02/Aurore-GIOVANNONI.pdf · Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique

XIV Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2011

Annexe 9

Organigramme de l’ESAT Léon Bérenger

Page 91: CRÉER UNE SECTION D’ACCOMPAGNEMENT …p3ris.com/wp-content/uploads/2013/02/Aurore-GIOVANNONI.pdf · Aurore GIOVANNONI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique

GIOVANNONI Aurore Novembre 2011

Certificat d’aptitude aux fonctions de directeur d’établissement ou de service d’intervention sociale ETABLISSEMENT DE FORMATION : IRTS PACA ET CORSE

CREER UNE SECTION D’ACCOMPAGNEMENT SPECIALISE EN REPONSE A L’EVOLUTION DES BESOINS DES TRAVAILLEURS HANDICAPES EN ESAT

Résumé : La population accueillie en ESAT a évolué depuis 1975, année de publication des premières lois relatives aux établissements sociaux et médico-sociaux et d’orientation des personnes handicapées. En effet, depuis 2005, les personnes souffrant de troubles psychiques sont reconnus comme handicapés et intègrent des ESAT, autrefois accueillant principalement des personnes déficientes intellectuelles. De plus, les avancées de la médecine ont permis un allongement de l’espérance de vie et la population des ESAT vieillie, impliquant problèmes de santé et fatigabilité des travailleurs. Une des missions du directeur d’ESAT, en collaboration avec l’équipe pluridisciplinaire, consiste à adapter le mode d’accompagnement des personnes accueillies grâce au travail. A l’ESAT Léon Bérenger, établissement de la Sauvegarde 13, la population accueillie a évolué depuis quelques années. La mise en place de temps partiel et la création d’une Section d’Accompagnement Spécialisé permettront d’accompagner ces personnes et de maintenir une activité professionnelle.

Mots clés : ESAT, HANDICAP, TROUBLES PSYCHIQUES, VIEILLISSEMENT, TRAVAIL, TEMPS PARTIEL, SECTION D’ACCOMPAGNEMENT SPÉCIALISÉ, PROJET D’ETABLISSEMENT, MONITEUR D’ATELIER

L'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique n'entend donner aucune approbation ni improbation aux opinions

émises dans les mémoires : ces opinions doivent être considérées comme propres à leurs auteurs.