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CPRSI Commission Protestante Romande Suisses-Immigrés Dessins de Christian Zilocchi, www.jaune-et-vert.net

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Page 1: CPRSI - refbejuso.ch · patriotisme était l’expression naturelle du respect, de la reconnaissance et de l’amour qu’on leur portait. Il ne s’agit donc pas là d’idées politiques,

CPRSICommission Protestante Romande Suisses-Immigrés Dessins de Christian Zilocchi, www.jaune-et-vert.net

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Impressum

rédactrice responsableBrigitte Zilocchi

rédacteursBrigitte Zilocchi – Benz H. R. Schär

Gisèle Ory – René Knüsel

Karin Phildius Barry – André Jufer

Roger Puati – Karl Grünberg

dessinsChristian Zilocchi – www.jaune-et-vert.net

éditeur responsableCommission protestante romande Suisses-Immigrés

membres nommés par les Eglises romandes et les CSPChristine Fischer, EREN, Neuchâtel

Roswitha Golder, EPG, Genève

André Jufer, EERV, Clarens

Myriam Schwab, CSP VD, Lausanne

Brigitte Zilocchi, EERV, Lausanne

membres associés et nommésJean-Pierre Barbey, Eglise catholique romande (COR),

Bulle – Karin Phildius Barry, Fédération suisse

des femmes protestantes (FSFP), La Chaux-de-Fonds

membre invitéeGeneviève Jourdan, médecin, Genève

secrétaire et collaboratriceBrigitte Morier, CSP VD, Lausanne

caissière hors commissionGinette Pittet, Lausanne

a d r e s s ec/o Fraternité du CSP

Place Arlaud 2

1003 Lausanne

Tél. 021 213 03 53

graphisme et impressionAtelier Grand SAEn Budron H201052 Le Mont-sur-LausanneTél. 021 652 16 77Fax 021 652 99 02e-mail: [email protected]: ateliergrand.ch

Table des matières

1 EditorialBrigitte Zilocchi

2 Projet et promesseUn patriotismeà la hauteur du tempsBenz H. R. Schär

5 Peut-on être patriotesans être d’extrême droite?Gisèle Ory

8 Patriotisme,le rapport ville - campagneRené Knüsel

11 Interview:Le patriotisme,valeur ringarde ou porteuse de sens?Karin Phildius Barry

15 ...triote ou pas, tumeur !André Jufer

18 Le patriotismeRoger Puati

21 Quelques notes, quelques questions Karl Grünberg

25 Bibliographie

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1Éditorial

«Mon patriotisme lave plus blanc» écri-vait un journaliste français en parlant de crised’identité et de xénophobie, en évoquant l’undes candidats de droite aux présidentiellesfrançaises. Un autre titre interpellateur prôneune «Nouvelle définition du patriotisme éco-nomique: donner aux riches pour sauver l’em-ploi».

Depuis deux ans, les membres de laCPRSI discutent autour de ce thème, devenuactuel dans les débats politiques. Plus lesdiscussions avancent, moins il y a de résul-tats, car peut-on vraiment se dire patriotetout en ayant des convictions chrétiennes?«Patriote, mais pas con», comme disaitl’autre, ou: «Patriote mais pas xénophobe»ou encore: «Quand même patriote et politi-quement correct».

Il existe tant de différents patrio-tismes! A part le patriotisme qui prétendl’amour du pays, appelé souvent «patrio-tisme populaire», il y a le patriotisme éco-

nomique qui incite à manger les produitsdu terroir et à promouvoir l’économie dupays, le patriotisme linguistique, qui réha-bilite les dialectes, le patriotisme utilitairequi récupère toute forme d’intégrisme, on parle même de «folklorisation» du patrio-tisme, nouveau mot tendance.

Le patriotisme, valeur ringarde ouporteuse de sens?

Le titre de cette brochure, ainsi queles contributions des divers auteurs, souli-gnés par les dessins de Christian Zilocchi,sont un essai et un échantillon de réponsesaux questions que les membres de la CPRSIse sont posées durant ces deux années.

Mais attention! «Au fond de tout patrio-tisme il y a la guerre: voilà pourquoi je ne suispoint patriote» écrivait Jules Renard dansson journal.

A méditer!…

BRIGITTE ZILOCCHI, DIACREMÉDIATRICE ÉGLISE RÉFUGIÉS DE L’ÉGLISE

ÉVANGÉLIQUE RÉFORMÉE DU CANTON DE VAUD

PRÉSIDENTE DE LA COMMISSION PROTESTANTE

ROMANDE SUISSES-IMMIGRÉS (CPRSI)

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22 Projet et promesseUn patriotisme à la hauteur dutemps

Un coup d'œil sur l'histoire peutaider à libérer le « patriotisme » desombres du passé. Il nous montre l'idéerévolutionnaire d'un état bourgeois etlibéral, d'une nation qui trouve sa légiti-mité dans la démocratie. Nous y trou-vons la déclaration de l'indépendancedes États-Unis et le programme de laRévolution française. Liberté, égalité,fraternité (solidarité) étaient les devisesde cette « patrie », qui ne se référait pasà un acquis, mais à un programme ou àun projet. Les « patriotes », c'étaientdonc les révolutionnaires. Parmi euxnous trouvons les « Jacobins alle-mands » Hegel et Hölderlin. Nous y trou-vons aussi Henri Heine, exilé politique àParis, souffrant de l'inertie politique deses compatriotes : « On nous a donnél'ordre d'être des patriotes et noussommes devenus des patriotes, carnous faisons tout ce que nos seigneursnous demandent. Mais ce patriotismene signifie jamais le sentiment qu'onconnaît sous ce nom ici en France. Lepatriotisme du Français réchauffe soncœur et le fait déborder, afin qu'il n'em-brasse de son amour non seulement sapropre famille, mais toute la France,l'ensemble de ce pays de la civilisation.Le patriotisme de l'Allemand par contrerend son cœur plus étroit, contractécomme une peau quand il fait froid. Ainsimon compatriote finit par haïr tout cequi est étranger et de ne plus êtrecitoyen du monde, ni de l'Europe, maisrien qu'un Allemand borné. »

Nous savons que cette critique n'aguère été entendue. Pire encore: depuis lamoitié du XIXe siècle, le patriotisme devient«allemand» dans l'Europe entière. Il se lie à un nationalisme agressif et plein de préjugés raciaux. Il se manifeste par desconquêtes coloniales dans d'autres conti-nents, tandis que sur le sol européen, il pro-duit des guerres impérialistes de dimen-sions inconnues jusque-là. Ainsi est-ildevenu la cible de la critique des «apa-trides» de gauche. Pour cette gauche, la«patrie» fait partie d'une rhétorique bar-bare: «L'état se présente comme 'patrie'quand il se prépare à tuer», dit BertoldBrecht.

Ainsi pendant 150 ans « la patrie »,projet libérateur appartenant à toutel'humanité, s'est transformée en acquisvisé à légitimer le pouvoir et justifierl'oppression. Il perd sa force critique etson élan utopique.

Et la Suisse ? Comment aurait-ellepu échapper à l'esprit des temps ? Elleen est restée profondément marquée etpresque divisée à un moment décisif deson histoire. Coincée au milieu d'étatsnationaux belligérants au début du XXe

siècle elle discutait avec ferveur quelserait « le point de vue suisse » vis-à-visde la Guerre. Souvent les romandsoptaient pour la France, tandis que lesalémaniques avaient des sympathiespour l'Allemagne.

C'est dans cette situation-là qu’en1914 l'écrivain suisse Carl Spittelers'adressait à la Suisse. Il commençait parsouligner que les Suisses n'étaient pas

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unis par des liens d'un même sang, maisque leur unité se basait uniquement surleur volonté ferme de rester ensemble.Vers la fin de son discours, il revenait à laquestion: quel serait le «point de vuesuisse» dans ce concert européen de voixfanatiques et nationalistes, hostiles lesunes envers les autres? La réponse estsurprenante et simple: le «point de vuesuisse»? Eh bien! si vous voyez passer uncortège funèbre, qu'est-ce que vousfaites? Oui, vous êtes touchés et vousôtez votre chapeau. Voilà le point de vuesuisse.

Il faut donc éviter l'identification!

L'idéal ne peut jamais être incarné sur leplan d'une histoire nationale. L'histoire,même dans des périodes relativementcalmes, doit être considérée avec sobriété.Elle n'est pas une marche triomphale,mais plutôt un cortège funèbre et c'estjustement dans cette perspective-ci quel’on gagne la liberté d'agir pour tenterd’accomplir ce qui n'a pas encore été réa-lisé d'humain, de liberté, de solidarité. «Lapatrie», comme le royaume de Dieu, n'ajamais été réalisée, ni au Grütli, ni àl'Albisgüetli. La Patrie ou «Heimat» est«quelque chose qui pour tous a illuminé letemps de l’enfance et où personne n’aencore été.» (Ernst Bloch)

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La Suisse aurait d'excellentes chancespour entamer ce projet de patrie-là. Sonmanque d'unité «naturelle» a déjà étémentionné: le sang ne nous unit pas, ni lalangue, ni une histoire et une culture quisoit autochtones et partagées. Ce quinous lie, c'est un contrat et la volonté derester ensemble. C'est aussi le respectde la diversité et des minorités. Quellechance, dirais-je! Seulement, dans lecontexte actuel, il faudrait ajouter: soyonsun peu plus généreux dans notre amourdu prochain, pour ne pas finir comme lepauvre Allemand avec sa peau réduitedans les mains. Si la Suisse n'est paspatrie de tous ses habitants (secondos,sans-papiers, etc.), elle finit par ne l'êtreplus pour personne.

BENZ H.R. SCHÄR, PROF. DR. THEOL.RESPONSABLE DU DÉPARTEMENT MIGRATION

DES ÉGLISES DE BERNE - JURA - SOLEURE

ET CHARGÉ DE COURS À L’UNIVERSITÉ DE BERNE

Ne soyons plus Anglais, ni Français, ni Allemands.

Soyons Européens. Ne soyons plus Européens,

soyons Hommes. Soyons l'Humanité.

Il nous reste à abdiquer un dernier égoïsme:

la patrie.Victor Hugo – Choses vues (1887-1900)

Biographie

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5Peut-on être patriote sansêtre d’extrême-droite?

Autrefois, le sentiment d’apparte-nance à une communauté était trèsvivace. Chacun faisait intimement partied’unités bien définies: une famille au senslarge, dont il était solidaire, et une com-munauté villageoise, dont il connaissaittous les membres. Les liens de sang ren-forçaient encore l’esprit commun. A l’in-térieur de ce microcosme plus ou moinsfermé et éloigné des autres entités, desvaleurs pouvaient se développer en étantpartagées par l’ensemble des individus.On pouvait donc parler d’une culture villa-geoise, différente de la culture du villaged’à côté. L’amour de la famille, «despères», de la communauté avait un côtéculturel.

On était aussi attaché à son village,à la ferme de ses parents, aux terres quel’on cultivait. Il faut dire que l’on naissait làoù parents et grands-parents étaient néset avaient vécu. On mourait là où l’on étaitné. Cette terre, que l’on avait reçue de sespères, on en prenait soin chaque jour.

Chaque arbre, chaque caillou était fami-lier. Chaque bosquet, chaque ruisseaupouvait rappeler un instant d’enfance, dejeunesse, un souvenir attendri ou doulou-reux. On vivait au rythme de la nature eton savait observer chaque changement.On faisait «corps» avec l’environnement.On appartenait à une terre, la terre de sespères (patres/patrie).

La patrie se confondait avec la com-munauté et la terre que l’on aimait. Lepatriotisme était l’expression naturelle durespect, de la reconnaissance et del’amour qu’on leur portait. Il ne s’agit doncpas là d’idées politiques, mais de senti-ments. Sentiments cependant teintés deconservatisme, certes, plus proche de ladroite que de la gauche!

C’est le nationalisme qui va peu à peudonner sa couleur politique au patrio-tisme, couleur qui lui colle encore à lapeau aujourd’hui. Le nationalisme connaîtd’ailleurs aussi une évolution importante.

Défini comme l’attachement à sa famille et à sa terre, le patrio-tisme n’a pas de couleur politique. C’est l’histoire qui, en l’asso-ciant au nationalisme d’après 1870, en fait le ciment d’un mou-vement politique fondé sur le conservatisme des valeurs, la fierténationale et le rejet de l’autre, mouvement de droite et d’extrê-me droite, qui s’oppose alors farouchement à l’internationalismeprôné par la gauche. Il s’agit sans doute d’une étape dans laconstruction des états nations modernes. En ce sens, on peut sedemander si le patriotisme, en tant que tel, a encore un avenir?

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Au début du XIXe siècle, le nationa-lisme se veut généreux et émancipateur,porteur de la révolution de 1848. Il estl’agent de la modernité.

Le nationalisme récupère le patrio-tisme pour en faire une valeur fondamen-tale du citoyen. On joue sur l’attachementdes individus à leur communauté et à leurterre pour favoriser leur identification auxnouvelles nations. La Suisse vient d’ac-quérir de nouveaux cantons. L’unité del’Allemagne et de l’Italie ne se fait passans peine. Il faut en assurer la cohésion.Il faut donc favoriser l’idée que l’on neconstitue qu’un seul peuple, malgré lesdifférences. Cela se fait en s’appuyant surl’amour de la patrie et en développant unemythologie propre à attiser la fierté des«descendants d’ancêtres communs glo-

rieux»! On cherche des références histo-riques, réelles ou imaginaires! GuillaumeTell, pour autant qu’il ait existé, n’avaitcertainement pas la même représenta-tion de la Suisse que celle que nous avonsaujourd’hui, mais il a beaucoup fait pour lacohésion de la Suisse moderne!

Au moment de la guerre de 70cependant, le nationalisme change devisage. Il devient peu à peu autoritaire,expansionniste, voire colonisateur. Il estporté par une droite dure. La premièreguerre mondiale en marque l’apogée. Le sentiment d’appartenir à une nation, qui visait à rassembler des populationsdiverses sous une même bannière, abou-tit aussi à séparer les différents peupleset à désigner les «autres», les ennemis.«Les imbéciles heureux qui sont nés

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quelque part», que chante Brassens, seglorifient d’être nés ici ou là et méprisenttous ceux qui sont nés ailleurs.

On peut se demander aujourd’huiquel est l’avenir de ces notions de patrio-tisme et de nationalisme dans notremonde globalisé, où la mobilité est deve-nue la première des vertus?

Si je me réfère aux définitions que j’aidonnées ci-dessus, le patriotisme est uneexpression de l’attachement au clan fami-lial et à la terre que l’on possède. Il est évi-dent que ces deux éléments ont beaucoupchangé depuis le début du XXe siècle. Leclan familial disparaît peu à peu. La familles’amenuise au point de n’être souvent for-mée que de deux personnes: un couple ouun parent avec un enfant. Elle se décom-pose et se recompose. Les liens du sangse distendent au point que l’on ne connaîtplus ses cousins germains. Et si on ne lesconnaît plus, c’est que la communautéaussi se transforme. On ne fait plus par-tie d’une collectivité fermée, dont onconnaît tous les membres. La plupart desindividus habitent de grandes villes. Ils nesavent pas qui sont leurs voisins. Ils sontintégrés dans plusieurs groupes: lafamille réduite, peut-être les voisins, lescollègues de travail, les membres de leurclub, etc. Ils déménagent souvent. Ils neconnaissent pas leur quartier, n’ont pasle temps de s’en préoccuper et finale-ment, ils ne possèdent pas de terre. Ils nes’identifient donc ni au clan familial, ni à lacommunauté d’habitation, ni à la terre surlaquelle ils vivent...

Ces éternels solitaires et déracinéspeuvent-ils alors être patriotes? Peuvent-ils encore aimer leur pays? Sans doute,mais de manière plus abstraite. L’hommed’aujourd’hui s’attache aux gens qu’ilcroise, aux amis avec lesquels il partagedes valeurs, aux villes qu’il habite, aumonde qu’il visite et aux quatre coinsduquel il laisse ses souvenirs. C’est toutcela sa patrie. Il l’aime autant qu’avant,mais son pays n’a pas de frontières et ilest difficile à définir. Il est formé de milleéléments disparates.

…Mais peut-être faudra-t-il trouverun autre mot pour désigner ce sentimentd’appartenir au monde?…

GISÈLE ORYDE LA CHAUX-DE-FONDS, ÉTUDIE LES SCIENCES

POLITIQUES À LAUSANNE. APRÈS AVOIR ÉTÉ PORTE-PAROLE DE MME RUTH DREIFUSS,

ELLE EST AUJOURD’HUI DIRECTRICE DE PRO INFIRMIS

NEUCHÂTEL ET CONSEILLÈRE AUX ÉTATS

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8 Patriotismele rapport ville - campagne

Le patriotisme fait partie de cestermes polysémiques qui font parfois lebonheur de certaines formations poli-tiques. Littéralement de pater, patrio-tisme signifie le sentiment d’apparte-nance à un pays. Il s’agit d’un sentimentfait d’amour et de fierté qui porte à sou-tenir l’idée de lien à un pays.

Il faut admettre qu’il existe plu-sieurs sortes de patriotismes : social,culturel et juridique1. En ce qui nousconcerne, c’est le patriotisme social quinous interpelle, puisqu’il renvoie à unattachement particulier à un territoire, àune terre donnée. C’est le sol qui est lelieu d’attachement, sur lequel s’est édi-fié dans la tradition une culture, uneidentité, une conscience qui dépassentl’individu, mais dont l’individu est l’uniqueporteur.

Ce culte de la tradition est plusvivace à la campagne qu’à la ville en rai-son des activités fortement liées à laterre qui s’y cultivent. Ce type de patrio-tisme s’affirme au travers de la défensedes valeurs traditionnelles dont les habi-tants se sentent investis probablementplus qu’ailleurs. Ils peuvent même sesentir légitimés à défendre des valeursmenacées par tout ce qui est différentde cette culture.

Dans les zones campagnardes, ladéfense de ces valeurs traditionnellestend à perpétuer certaines traditions,mais aussi le soutien à certaines insti-

tutions jugées fondatrices de valeursdémocratiques ( l’Église, la famille, le tra-vail ). Ces valeurs trouvent égalementleur concrétisation au travers du pro-gramme de certains courants d’idée oude partis politiques. La représentationdes valeurs traditionnelles s’affichealors au travers de l’affirmation de cer-tains intérêts de l’économie rurale contreceux du monde urbain, mais plus globa-lement du monde rural conservateurcontre le monde urbain développé.

La défense de la culture propre aupays passe naturellement par l’affirma-tion d’une conscience du «nous», perçuecomme l’authentique, contre l’autre, per-çue comme « l’étranger ». L’étranger,l’autre, celui qui ne relève pas de la cul-ture propre défendue par les autoch-tones, englobe tous ceux qui ne sont pasnés au pays, qui ne sont pas en mesurede comprendre la valeur des traditions,le sens des coutumes qui ont fait le pays.Ces étrangers constituent une menacepour le cadre traditionnel.

Les sources de cette protectiondes valeurs de la culture locale, régio-nale voire de celle du pays sont impor-tantes pour la défense d’une identité.Mais elles peuvent aussi basculer dansla défense du territoire contre une occu-pation ou une présence ressentie commeillégale ou pour le moins incongrue.Cette lutte peut alors confiner au chau-vinisme qui consistera alors à circons-crire les valeurs authentiques en cher-

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chant à exclure celles portées par la cul-ture des «autres».

Dans l’affirmation, voire la récupé-ration de la défense des valeurs tradi-tionnelles du monde rural, l’Union démo-cratique du centre ( UDC) s’est érigée enporte-parole. Dès les années 1983, lespartis UDC et radical ( PRD) ont brandile flambeau de l’antiétatisme représentépar les forces centralisatrices. Elles ontalors cherché à fonder ce nouveau com-

bat contre le développement de l’Étatsur un patriotisme rural et sur ladéfense des valeurs nationales. Ce cou-rant conservateur a pu renouveler l’imagede la «nation» suisse en aggloméranttoutes sortes de composantes a prioripeu compatibles, allant du monde pay-san conservateur à une extrême-droiteautoritaire.

Ce faisant, le patriotisme tradition-nel, basé sur une culture du respect des

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valeurs agraires, s’est mâtiné de contenupolitique antiétatique, anticentralisateur,antieuropéen, antiétranger. Cet amal-game tend aujourd’hui à «dichotomi-ser», à «partitionner» fortement ledébat politique en Suisse, tout en se fon-dant sur l’image d’un patriotisme rural,remontant aux traditions fondatricesdes valeurs démocratiques de ce pays.

Les tentatives de monopole ou d’ac-caparement des valeurs patriotiquespar l’UDC a fait réagir le Parti socialistesuisse dans une campagne pour lesélections fédérales de 2003, au coursde laquelle il affirmait : «Notre patrio-tisme ne connaît pas de frontières !».Sur l’affiche était représentée la célèbrescène du serment du Grütli2 ; les conju-rés de l’époque portant un blason auxcouleurs de la Suisse, de l’Europe et desNations unies.

N’est-ce pas la meilleure preuveque le terme patriotisme est devenu undes enjeux de légitimation des discourspartisans en Suisse?

RENÉ KNÜSEL EST POLITOLOGUE.IL ENSEIGNE LA POLITIQUE SOCIALE À LA FACULTÉ DES

SCIENCES SOCIALES ET POLITIQUES DE L’UNIVERSITÉ DE LAUSANNE.IL A PUBLIÉ PLUSIEURS OUVRAGES SUR DES THÈMES

TOUCHANT AUX PROBLÈMES SOCIAUX,SUR LA VIE POLITIQUE LOCALE COMME

SUR LES PROBLÈMES DE MINORITÉS EN SUISSE.

1. Claude Nicolet, L’idée républicaine en France (1789-1924): essai d'histoire critique, Paris, Gallimard,1995

2. Tableau de Jean Renggli l’Ancien.

Le patriotisme est la plus

puissante manifestation

de l'âme d'une race.

Il représente un instinct de

conservation collectif qui,

en cas de péril national,

se substitue immédiatement

à l'instinct de conservation

individuelle.

Gustave Le Bon

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11Interview«Le patriotisme, valeur ringarde ou porteuse de sens?»

As-tu des souvenirs liés au drapeausuisse? Que représente cet emblèmepour toi?

Je crois que les premiers souvenirsdu drapeau suisse datent de mon enfance,quand on habitait en Afrique et que lesSuisses se réunissaient pour fêter le pre-mier août. Mais je me rappelle surtoutl’inquiétude de voir la police arriver, aler-tée par le bruit des fusées…! Sinon, je n’aiaucun souvenir particulier, car le dra-peau suisse n’est pas très importantpour moi. J’en ai une représentationassez intellectuelle : il représente monpays, la Suisse, mais il n’y a pas beaucoupd’émotions derrière. Ma représentationest assez froide, car je ne me sens passpécialement Suissesse; cela est dû aufait que j’ai vécu plusieurs années auRwanda et que j’ai beaucoup et long-temps voyagé.

Comment expliques-tu le succèsdes t-shirts rouge à croix blancheou des autres objets marqués decet emblème, en particulier auprès

des jeunes ces trois à quatre der-nières années ?

Je pense qu’à cause de la globalisa-tion, qui est de plus en plus intense, il y aun mouvement contraire de revendicationdes cultures propres aux pays, de peur dese fondre dans la masse. Pour ce qui estplus spécifiquement de la croix blanche,affichée de toutes les manières possiblej’imagine que cela vient du succès du foot-ball, où l’équipe utilise les couleurs du dra-peau de son pays pour être reconnue. Leboom des t-shirts à croix blanche portéspar les supporters du mondial l’été passémontre à quel point l’envie de revendiquerson pays devient de plus en plus impor-tante.

Est-ce que c’est important pour toid’afficher son appartenance à laSuisse?

Personnellement, comme je ne mesens pas vraiment Suissesse, en afficherl’appartenance perd de son sens. Pour cequi est des autres, je trouve toujours un

Marili Zuercher, 25 ans, psychologue, Suissesse et un quartFrançaise. En contact avec le milieu de l’asile et les questionsliées aux frontières culturelles par son mémoire de licenceconcernant la problématique des conditions des personnesfrappées de NEM (Non-Entrée en Matière) et son stage à Pointd’Appui, lieu de soutien aux personnes frappées par l’asile.

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peu dangereux d’afficher son appar-tenance, surtout si c’est d’une manièretrop intense, car cela risque de soulignerencore plus une barrière entre les Suisseset les autres. Et comme actuellement, leclimat entre les Suisses et les Etrangersest assez tendu dans certains domaines,cela ne fait qu’aggraver les choses.

Y a-t-il des moments où tu t’es sen-tie Suissesse et fière de l’être?

Quand je voyage et qu’au fin fond d’unvillage perdu je rencontre des Suisses,alors là, je me sens Suissesse et je suistoute contente de pouvoir parler de monpays, des lieux connus, de la nourriturequ’on y mange, de nos coutumes. Puis jeme retrouve de nouveau avec les autoch-tones et je me fonds dans leurs habitudes,leurs manières de faire et là, je ne mesens à nouveau plus tellement Suissesse.

T’est-il arrivé de revendiquer ton ap-partenance à ta région ou de mettreen avant tes origines?

C’est difficile pour moi de revendi-quer mon appartenance à une région ouà mes origines, car comme je suis néeà Zurich, que j’ai grandi jusqu’à 6 ansdans un village en Suisse allemande, queje suis partie en Afrique, revenue habi-ter à Bienne pendant 10 ans, avant dedéménager à Renens, je n’ai pas vrai-ment un endroit où je me sens chez moi,où j’ai des racines. Je suis ni Zurichoise,ni Biennoise, ni Lausannoise. Quand jesuis à l’étranger, ça m’est arrivé demettre en avant mon pays, mais c’était

dans la globalité et non pour une régionen particulier.

Y-a-t-il selon toi un «cas particulier»suisse ou des valeurs qui seraienttypiques aux Suisses?

En parlant de valeurs typiques auxSuisses, on entre vite dans les préjugés,selon moi. Je ne crois pas qu’il y ait desvaleurs types: chaque Suisse est différentet peut avoir des valeurs contraires à sonvoisin. En plus, avec les mouvementsmigratoires de plus en plus grands, les«purs» Suisses deviennent moins nom-breux et ceux qui le sont encore sontinfluencés par les cultures environnantes.Il faut donc être prudent par rapport àcela.

Mais si l’on écoute les gens de l’ex-térieur, ils disent que les Suisses sonttrès ordrés, ponctuels et renfermés. Il y apeut-être quand même quelque chose devrai dans ces tendances très générales?

Quand je dis le mot «patriote», qu’est-ce que cela évoque chez toi?

Je ressens plutôt de l’antipathieenvers les personnes patriotes, du moinsavec l’interprétation que j’en fais du mot.Je vois dans une telle personne quelqu’unqui est fier de son pays, trop fier, croyantson pays supérieur aux autres, regardantles personnes étrangères de haut. J’auraisplutôt envie d’argumenter avec lui d’unemanière critique.

Peut-on être, selon toi, à la foisouvert d’esprit et patriote?

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Dans ma conception, le termepatriote est plutôt antinomique à « ouvertd’esprit ». Mais peut-être que maconception est trop fermée et que despersonnes peuvent tout à fait être à lafois patriotes et ouverts aux autres.

Peut-être que ma vision vient du fait queje n’ai pas encore rencontré de tellespersonnes ? Ou peut-être que je n’ai pascatégorisé de patriotes les personnesaimant leur pays tout en ayant de l’inté-rêt pour les autres?

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Une Suisse toujours plus multicultu-relle : comment le vis-tu et t’y sens-tu?

Je me sens bien où j’habite, àRenens, une banlieue très multiculturelle.J’aime marcher dans la rue et sentir toutd’un coup les odeurs de l’Afrique s’échap-per d’une boutique africaine, ou entendredes personnes discuter dans leur langued’origine. Je me sens alors un peu enAfrique ou en Asie et ça provoque alorsen moi une douce nostalgie. Je trouvetrès enrichissant de côtoyer toutes cesdifférentes cultures. Cela permet d’ouvrirl’esprit sans avoir besoin de voyager.

Dans cette Suisse multiculturelle, quelest le message que tu aimerais don-ner aux jeunes?

Je leur dirais qu’il est essentiel d’al-ler vers les autres, de connaître ces per-sonnes d’ailleurs pour pouvoir ensuiteles comprendre. Je lancerais un mes-sage d’ouverture pour le cœur et l’esprit,afin de rencontrer l’autre sans préjugéset créer une relation authentique.

INTERVIEW PRÉPARÉE PAR KARIN PHILDIUS BARRY,PASTEURE DE L’ÉGLISE RÉFORMÉE ÉVANGÉLIQUE DU CANTON

DE NEUCHÂTEL ET MEMBRE DE LA CPRSI

L'amour, le travail, la famille, la religion, l'art,

le patriotisme sont des mots vides de sens

pour qui meurt de faim.O. Henry

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15...triote ou pas, tumeur!Mes parents, ma maîtresse d'école,

les célébrations du premier août ontimprégné jusqu'à la moelle de mes osl'amour de ma patrie et la fierté d'appar-tenir à un pays ennobli par la haute qua-lité du travail de ses entreprises, la sûretéet la précision horaire de ses trains, lapropreté de ses cités, la consciencehumanitaire de sa population, la beautéunique de ses montagnes. J'ai vécu toutemon enfance, ma jeunesse et les débutsde ma vie adulte, habité par cette fiertéd'être Suisse, une Suisse pétrie d'unemodestie affichée mais nourrie par la cer-titude d'être le seul pays dont les institu-tions démocratiques sont exemplairespour les autres nations et dont la réussiteéconomique est un exploit d'autant plusremarquable que notre sol n'a pas dematières premières. Pendant mes vacan-ces d'apprenti, j'ai sillonné les routes deFrance, du sud de l'Allemagne et du sudde l'Angleterre à vélo, avec, planté dansmon baluchon à l'arrière, le drapeausuisse. Ce petit drapeau me donnait desailes.

Mais la révélation de zones d'ombresprojetées sur notre histoire a, petit àpetit, refroidi ma fierté. La répressionsanglante de notre armée contre la mani-festation ouvrière antifasciste le 9novembre 1932 à Genève, fusillade quiavait déjà eu des précédents, tel le tir denos troupes contre les grévistes du tun-nel du Gothard le 28 juillet 1875; les sym-pathies nazies qu'ont eues trop de nosplus hauts magistrats et les collabora-tions que plusieurs patrons de notre éco-nomie ont entretenues avec le troisièmeReich; le refoulement des Juifs à nos

frontières pour les renvoyer vers leschambres à gaz; plus récemment lesventes d'armes et des fameux PilatusPorter à des dictatures et à des pays enguerre; les opérations prospères et nau-séabondes, même si l'argent n'a pasd'odeur, de nos trois plus grandes banquesavec le régime sud-africain de l'apartheid;et surtout depuis l'entre-deux guerres ledurcissement progressif, pour ne pasdire endémique, de nos lois en matière depolitique d'asile et des étrangers: toutcela m'indigne, me déprime, m'écoeure etme révolte. Pourtant, malgré ces faitsgravissimes, j'aime mon pays.

Mais voilà que se sont mises à proli-férer des affiches au graphisme qui faitfroid dans le dos, tant il évoque la propa-gande du fascisme montant des années30. Voilà comment un certain parti poli-tique, phagocyté par son aile pure et duredes rives de la Limmat, fait sa campagneen suintant la haine de l'étranger et ens'autoproclamant le seul à être authenti-quement patriotique. Ce parti se dit ducentre. Si le centre c'est ça, alors noussommes tous à gauche et la barque n'apas besoin dêtre pleine pour chavirer! Etsi le patriotisme c'est ça, alors bonjour lesdégâts pour notre pays!

Mais au fait, l'histoire ne montre-t-elle pas que le patriotisme va trop souventde paire avec l'extrême-droite? qu'ildérape trop fréquemment vers l'hystérienationaliste pour justifier et commettreles pires horreurs? Porterait-il engermes le poison du fascisme? Ou bienest-ce le fascisme qui aurait inoculé sonvenin dans le patriotisme? Certes, nous

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assistons en Amérique latine à la montéede nouveaux gouvernements qui s'ap-puient sur le patriotisme pour défier lapuissance «étasunienne». Exemple d'unpatriotisme de gauche? d'un patriotismelibérateur? L'avenir seul le dira.

Il n'empêche que chez nous le termeme paraît irrémédiablement atteint par latumeur xénophobe. Il est par trop infectépour être porteur de sens identitaire,constructif et ouvert sur l'avenir.

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Et je le confesse : je suis patrioted'une autre patrie, qui n'a pas encore delieu, qui est donc utopique. Elle est, sansexclusion aucune, la patrie de l'humanitétoute entière dans son extraordinairediversité ethnique, culturelle et spiri-tuelle. La Bible dit qu'elle est «céleste»,terme signifiant moins un lieu géogra-phique qu'une réalité spirituelle qui, pourl'instant, n'a pas son pareil sur terre.

«Dans la foi, ils moururent tous,sans avoir obtenu la réalisation des pro-messes, mais après les avoir vues etsaluées de loin et après s'être reconnuspour étrangers et voyageurs sur laterre. Car ceux qui parlent ainsi mon-trent clairement qu'ils sont à larecherche d'une patrie. [...] En fait c'està une patrie meilleure qu'ils aspirent, àune patrie céleste. »(Epître aux Hébreux 11, 13-16)

Précisons que «mourir dans la foi »veut dire que tous ces gens qui sontmorts s'étaient engagés pour leur opi-nion et avaient mené, jusqu'au prix deleur vie, un combat pour la paix et la jus-tice, tels qu'ils s'en sentaient respon-sables devant Dieu. Au sujet de cettemême patrie, le visionnaire de l'Apocalypsedonne le détail à la fois politique et sym-bolique surprenant de «guérison desnations» : «Au milieu de la place de lacité et des deux bras du fleuve est unarbre de vie produisant douze récoltes.Chaque mois, il donne son fruit, et sonfeuillage sert à la guérison des nations. »(Ap.22, 2)

Cette patrie-là est la source d'unsursaut de conscience qui m'aide à sortir de la torpeur dans laquelle leschantres du patriotisme populiste etxénophobe ont tout intérêt à nous voirsombrer. Cette patrie-là motive ma déter-mination à m'insurger contre lesmesures iniques, dont les étrangers sontla cible et qui, tôt ou tard, pourraient seretourner contre nous... car l'histoire ades effets de boomerang qui peuvent êtreterribles.

ANDRÉ JUFERNÉ EN 1940, CFC DE COMPOSITEUR

TYPOGRAPHE EN 1960, LICENCE DE THÉOLOGIE EN 1972,

PASTEUR DE L'EERV PUIS RETRAITÉ,MARIÉ, 3 ENFANTS, 4 PETITS ENFANTS.

Le patriotisme mal compris,au lieu d'être une vertu,

devient un défaut ridicule.José Cadalso –

Extrait de Lettres marocaines

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18 Le patriotisme

Issu du traumatisme des invasions,le terme «patriotisme» prend naissanceau milieu du XVIIIe siècle. Se dévouer poursa patrie, la défendre contre les menacesextérieures, en être fier, sont au départles principes qui le constituent. Dès1850, l’émergence d’une pensée ethno-centrique vulgarisée par les sciencessociales, les sciences de la vie et lesreprésentations qui se sont construiteslors de l’expansion coloniale, la concep-tion du patriotisme se radicalise. Cettecristallisation se vérifie dans l’élaborationd’un système et l’enseignement fonda-mental de celui-ci à l’école. On en arrivedonc à une idéologisation du patriotisme,instaurant un culte et un cérémonialrépublicain comme cadre de productionet de reconnaissance des mythes et dessymboles de la nation. Les nouveauxmoyens de communication, comme la

photographie, la presse et la bande des-sinée, assureront la diffusion de cettevision nouvelle, dont le paroxysme s’expri-mera dans deux grandes guerres et leursatrocités.

Le patriotisme est intimement lié àl’idée de nation. Cette fièvre, qui s’emparedes émotions de ceux qui, à un momentdonné de l’histoire, trouvent la nécessitéd’exalter leur appartenance à une nation,masque des divisions internes de celle-ci enmettant en évidence la division externe. Entant que sentiment, le patriotisme est sou-vent utilisé pour entamer toute velléitéd’une conscience universelle ou universali-sante du monde. C’est un mythe consistantà glorifier son appartenance au détrimentde celles des autres. L’insoutenable danscette construction idéologique, c’est le faitqu’elle s’érige non pas pour ou avec les

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autres, mais contre les autres. Or, laconscience humaine, fruit de la culture etde l’instruction, s’oppose au patriotismeen tant qu’il est la résultante d’un condi-tionnement traditionnel étroit et régres-sif.

Le danger du patriotisme ne résidepas dans le fait d’aimer son pays, maisdans l’exacerbation de sa dimensionsacrée. Son côté séculier ne doit en rienocculter sa propension à l’absolu qui luiconfère un caractère religieux exclusif.C’est une raison pour laquelle il ne peut yavoir de patriotisme sans une certainedose de fanatisme. C’est dans ce sensque ce sentiment a besoin d’un rituel etd’un cérémonial qui le nourrissent et d’undiscours élaboré susceptible de galvani-ser ses adhérents et de séduire les«tièdes». Il y a quasiment toujours un«dedans» et un «dehors» dans la pers-pective du patriotisme. Pas de patrio-tisme sans stigmatisation de ceux qui, denaissance, devraient être «dedans» etceux qui, quoi qu’ils fassent (ou ne fassentpas), resteront «dehors».

Le croyant du patriotisme estimerason pair comme étant plus utile à la nationque l’ouvrier moyen produisant des biensde première nécessité ou le travailleurgarantissant de bien meilleurs profits àson pays. Seul jouira d’un plus grand pres-tige, le héraut de la fierté nationale. C’esten cela que le patriotisme est dangereux.

Superstition créée de toute pièce etentretenue par un discours simpliste etrépétitif, fait de mensonges et de faussesévidences, le patriotisme enlève à l’hu-main toute possibilité de se penser cor-

rectement, sans artifice. Ce principeaccroît son arrogance et son mépris del’autre différent. Pour Tolstoï, le patrio-tisme est un principe qui justifie l’instruc-tion d’individus qui commettent des mas-sacres de masse; un commerce qui exigeun bien meilleur outillage pour tuerd’autres hommes. Le patriotisme est-ilcapable de pousser à des actions, à desparoles, d’entacher l’honneur de la nationdont on est fier? Certainement. Maisl’adepte du patriotisme ne s’en préoccupeguère.

Trois éléments fondamentaux carac-térisent le patriotisme: le mépris, l’arro-gance et l’égoïsme.

Aussi répandu que le patriotismepuisse nous paraître, il touche davantageles couches basses et pauvres de lasociété que ceux qui détiennent larichesse et le pouvoir. Le patriotisme estun sentiment du «petit peuple». Quandbien même son discours est élaboré parun certain milieu aisé, celui-ci n’y croitpas, il s’en sert par égoïsme. Car le richeest Anglais en Angleterre, Australien enAustralie, Français en France et Brésilienau Brésil. A l’intérieur de son propre pays,il veut occuper tout le terrain tout eninvestissant d’autres théâtres sur lascène internationale.

N’est patriote que celui qui a unecertaine idée de supériorité de son payspar rapport aux autres. Pour être lui-même, le patriotisme s’efforce d’écarter,tant soit peu, la dimension critique qui luidonne l’impression de faire descendre deson piédestal l’objet de son culte, la patrie.Si cette dernière devient comme les

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autres, le patriotisme meurt de sa bellemort. L’angoisse suscitée par une telleéventualité peut conduire à des actes deviolence inouïs. Dans le patriotisme, il y abien plus que de l’amour pour sa patrie, ily a adoration et vénération. Et c’est avecjustesse que l’écrivain uruguayen, JorgeMajfud, dit que «pour que cet amour (dela patrie) nous porte à la mort sans le pas-sage obligé d’une profonde réflexionmorale, un code inquestionnable estnécessaire, une condition de fanatisme,l’anesthésie d’un rite religieux.»

Aujourd’hui, malheureusement, lamondialisation se conjugue davantageavec l’économique qu’avec l’humain. Laconstruction de grands ensembles,comme l’Union européenne, ne serait-

elle pas une manière de désacraliser les Etats-nations pour en juguler lesspasmes historiques et barbaresconnus? En politique, la droite extrêmeen a saisi les enjeux. Mais c’est dom-mage que des murs s’élèvent autour decette idée qui, hélas, épouse les fron-tières de la couleur de la peau, sinon dela religion. Vive le suprapatriotisme?

ROGER PUATIPASTEUR DE L’ÉGLISE ÉVANGÉLIQUE

RÉFORMÉE DU CANTON DE VAUD,CHARGÉ DE COURS DE L’ÉCOLE

D’ÉTUDES SOCIALES ET PÉDAGOGIQUES DE LAUSANNE,CHERCHEUR SUR LA QUESTION DE LA TRAITE

NÉGRIÈRE EN LIEN AVEC LE CHRISTIANISME,ANCIEN DEMANDEUR D’ASILE ET CONGOLO-SUISSE.

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21Quelques notes quelques questions

Les succès de l'équipe suisse de foot-ball ont suscité de joyeux débordements dela jeunesse suisse que les médias se sontplus à relever l'été dernier.

Depuis trois ans, le courant identi-taire propose sur internet une richepalette de textes où vulgate fasciste,racisme crasse et sentimentalité à quatresous font bon ménage.

Jour après jour, l’UDC blochériennedécline avec savoir-faire orgueil, national etcampagnes de caricatures.

Ces quelques faits s’articulent commeles figures d’un kaléidoscope. Ils ignorentles sentiments, l’émotion, la nostalgiepatriotique. Mais où ces derniers trou-vent-ils donc à s’exprimer? Hors de labulle médiatique, en famille, parmi desproches, en montagne, et n’en a-t-il pastoujours été ainsi? Tou-te-s nous savonspourtant que quelque chose a changé etnous nous accordons à désigner la mon-dialisation que la plupart s’accordent àdécrire comme un monstre fait de boule-versements politiques, de délocalisations,d’immigration.

Beaucoup rêvent de lui opposer lerempart de celles et ceux qui partage-raient en commun la nostalgie de lapatrie. La fabrication de remparts pro-tège-t-elle nos souvenirs ou les stérilise-t-elle? Ne ferme-t-elle pas les portes del’avenir?

Le monstre n’existe peut-être pasplus que le village d’Astérix, son antidoteidyllique. La nostalgie évoque un espoirdéçu et recèle un joyau au cœur de ladéception. L’espoir, porteur d’avenir.

A la fin du XIXe, la mondialisation, déjà,atteignait l’empire des tsars. Réveillait lessentiments nationaux de peuples soumis.Jetait les Juifs de l’Est sur les routes del’exil. Quelle patrie allait protéger cettenationalité sans terre, saisie par la moder-nisation?

Leur migration européenne, améri-caine, allumaient un nouvel antisémitismesur les braises de la judéophobie chré-tienne, que l’émancipation démocratiquedes juifs européens avait à peine éteintes.Pour expliquer la brutalité de l’économiedominante, des aventuriers en attri-

Karl Grünberg est né le 3 février 1949, à Genève, dans une famille cos-mopolite. Sensible à la résurgence des politiques racistes et nationa-listes contre une société qui se diversifiait, il a participé à la création deSOS Racisme Suisse en 1985. Assistant social au CSP de Genèvedepuis 1986, il s’est engagé contre les discriminations pesant sur les"étrangers" et les préjugés qui les justifient, dans tous les combatspour la reconnaissance de l'égalité en droit et en dignité de toutes et detous. Secrétaire général d'ACOR SOS Racisme et membre de laCommission consultative de l'intégration (Genève).

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buaient la cause à ces juifs, qui pourtanten étaient clairement victimes.

Ne vivons-nous pas aujourd'huiquelque chose de semblable? D'autresmalheureux sont jetés sur des routes quitraversent nos foyers, nos patries. A nou-veau, les voyageurs sont accusés, plutôtque les maîtres de chantier. Oh! les "rai-sons" ne manquent pas. Ils violeraient lesfilles. Ils drogueraient nos enfants. Ils nerespecteraient pas l'égalité des femmes...

De quelle patrie avons-nous besoin?Le patriotisme exprime-t-il ce besoin?

Depuis quelques années, un phéno-mène identitaire aux multiples facettesémerge en Suisse. La croix blanche surfond rouge illustre toutes sortes d'objets.Un clin d’œil souriant salue généralementle plaisir de reconnaître les couleursnationales sur les objets qu'elles frap-pent.

«Sans complexes ni fausse honte,les Suisses s’affirment comme tels etc’est très sain» se félicitent les médias àl’occasion du Premier août, férié depuis1993, après que 83,8% des votants –résultat exceptionnel – avaient approuvél’initiative qui ouvrait cette possibilité. Queles Démocrates suisses, aujourd’huiabsorbés par l’UDC blochérienne, enaient fait leur cheval de bataille n’embar-rassa personne. Eût-il fallu s'en préoccu-per?

Le Premier août 2000, suprématistesblancs et néoracistes se sont invités sur laplaine du Grütli. Chaque année jusqu’en2007, ils ont réuni près de la moitié desparticipants à la cérémonie, assurant ainsila visibilité de leur mouvance. L'été dernier,les autorités ont pris des mesures.

Quelque lien unirait-il ce désir defête, si largement partagé, et cette mino-rité extrémiste?

La question pourrait être posée dif-féremment. Peut-être devrait-on sedemander s'il n'est pas temps de s'alar-mer de l’affirmation que «des personnes,participant à des soirées de parents àl'école, n'osent même pas évoquer lesproblèmes posés par les fortes propor-tions d'étrangers dans les classes, decrainte de s'entendre accusées deracisme?»1

Parce que la réponse apportée àcette affirmation est vraiment logique:«Toute la population en pâtit. Il est inac-ceptable dans un Etat démocratique etlibéral que des plaintes pénales puissentêtre lancées sans autre contre des per-sonnes défendant des opinions qui déplai-sent à certains. » (Pour ces raisons, l'UDCs'engage pour la suppression de l'article261bis CPS contre le racisme.) 2

C’est clair. Les étrangers menacentnos enfants et les «antiracistes» les pro-tègent.

Militance nationaliste, extrémiste,raciste, fasciste, diverses lectures peu-vent être faites et les caractérisationspolitiques les distinguent avec précision.

Mais pourquoi peinons-nous à fairecomprendre la politique raciste qu'ouvrentles clichés: «Kosovars = violeurs», «Noirs= dealers», à stigmatiser les médias scan-daleux qui les manipulent sans vergogne,conscients des émotions qu'ils éveillent?

Pourquoi l’envie d’emprunter cettevoie-là gagne-t-elle les rangs des partisgouvernementaux? 3 Pour «gagner desvoix»? Est-il difficile d'identifier ce danger?

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Notre État comporte une institutionprotéiforme, tantôt nommée police desétrangers, tantôt politique des étrangers,tantôt droit des étrangers.

Fondée sur la lutte contre la préten-due menace d’Überfremdung,4 cette ins-titution pilote depuis nonante ans le natio-nalisme suisse.5 Jamais elle n’a fait l’objetd’un véritable débat public. Décidée par leConseil fédéral, sa mise enœuvre, pour-tant, n’était pas allée sans poser pro-blème. Il fallut modifier, en 1925, laConstitution fédérale6 pour légaliser, en1931, l'Office fédéral central des étran-gers, créé en 1917.

Les gravats du chantier sont depuislongtemps nettoyés. Ne reste-t-il donc vrai-ment plus que le paysage mental qu'il a des-siné dans lequel, nous autres Suisses,sommes supposés craindre les étrangers?

Qu’il est simple, en 2006, d’affirmer

sans malice que les accords bilatérauxnous font privilégier l’accueil de nos voi-sins. Qu’il est facile d’oublier que leConseil fédéral a posé en 1991 ce critèreraciste: notre porte est fermée à celleset ceux qui «n’ont pas les idées euro-péennes (au sens large)»7, les ressortis-sants du «reste du monde».

Nous? Qui est nous? Qui sommes-nous? Avons-nous vraiment, Suisses,quelque chose en commun que menace laprésence d'étrangers dans nos rues, surnotre sol, dans notre «espace vital»?

Ne devons-nous pas plutôt voir quepresque tous les êtres humains chéris-sent la mémoire de lumières, de terres,de joies qui sont nos patries et que seulela recherche de notre cohabitation har-monieuse permettra de donner le jour àune patrie qui nous soit commune.

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Presque? Le nombre de celles etceux qui, naissant dans des camps, dansla terreur, dans l'exil, ne cesse de croître:quelle mémoire chérissent-ils? Leur bles-sure nous est-elle indifférente à nous quiavons pour devise: «Un pour tous et touspour un»?

ConclusionEn conclusion de ces quelques

lignes, je choisis de citer le Rapporteurspécial des Nations Unies, M. DoudouDiène, qui terminait ainsi son récent rap-port sur la Suisse, suite à sa visite de jan-vier 2006:8

«Le Rapporteur spécial est conscientque la stratégie juridique ne peut, à elleseule, combattre des préjugés qui ont,ici comme ailleurs, une grande profon-deur historique et culturelle. Il recom-mande ainsi de compléter la stratégiepolitique et juridique par une stratégieculturelle et éthique visant, pour pallierles impasses et tensions d’une gestionidéologique et partisane d’une multicul-turalisation de facto non maîtrisée, à laconstruction volontariste, graduelle et àlong terme d’un multiculturalisme démo-cratique, égalitaire, non discriminatoireet interactif, articulé autour de deuxorientations liées : la promotion de laconnaissance réciproque entre les com-munautés reflétant la diversité de lasociété suisse ainsi que la promotiondes interactions et des interféconda-tions entre ces communautés. Il s’agitd’appliquer, ici et maintenant, pour pro-mouvoir un vivre ensemble fécond et nonantagoniste, le principe de la dialectiquede l’unité et de la diversité, fondateur du

fédéralisme suisse, en tenant compte dudouble défi actuel de la complexificationde la diversité par l’immigration noneuropéenne et non chrétienne et de ladynamique de replis identitaires, nourriepar l’instrumentalisation politique.»

Tous citoyens, tous solidaires. Un seul cercle: la terre entière!

KARL GRÜNBERGSECRÉTAIRE GÉNÉRAL

ACOR SOS RACISME

23 MARS 2007

1. Communiqué de presse du 6 octobre 2006, «Une normepénale abusée à des fins politiques».

2. Communiqué de presse du 16 novembre 2006, «L'UDC veutrenforcer la libre expression des opinions».

3. Passeport de l’intégration, nationalisation à l’essai, dénatio-nalisation des délinquants étrangers.…

4. C’est-à-dire de la lutte contre l’altération de l’identité natio-nale.

5. Les premiers pas vers le «droit fédéral des étrangers» sefont sous le régime des pleins pouvoirs. La première ordon-nance du Conseil fédéral dans cette direction date du 21novembre 1917. On la dénomme: «Ordonnance sur la policeà la frontière et le contrôle des étrangers». Elle entre envigueur le 20 décembre 1917 et permet la création de FF1918, II, 8 ; FF 19 l'Office central de police des étrangers(OCPE). 18, III, 93-95; RO 33, 989 ss.

6. Le 25 octobre 1925, le peuple suisse ratifiait l'introductiondans la Constitution de l'article 69 ter qui donne à laConfédération « le droit de légiférer sur l'entrée, la sortie, leséjour et l'établissement des étrangers». Initialement, l'ar-ticle 69 donne compétence à la Confédération de légiféreren matière de protection contre les «maladies transmis-sibles» , «maladies très répandues» , «maladies particuliè-rement dangereuses de l'homme et des animaux». L'article69 bis intercalé à la fin du XIXe siècle, il «concerne la légis-lation en matière de circulation des «denrées alimentaires»,des «articles de ménage et objets usuels en tant qu'ils peu-vent mettre en danger la santé ou la vie».

7. Rapport du Conseil fédéral du 15 mai 1991 sur la politiqueà l’égard des étrangers et des réfugiés.

8. Pour télécharger le Rapport :http://www.ohchr.org/english/bodies/hrcouncil/4ses-sion/documentation.htm

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Bibliographie

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Gérard Delaloye, Aux sources de l'esprit

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Alfred Berchtold, Guillaume Tell, résistantet citoyen du monde, Editions Zoé, 2004

Peter von Matt, Sang d'encre, traduit del’allemand par Colette Kowalski, Editions Zoé,2005.

Antoine Chollet, La Suisse, nation fêlée,essai sur le nationalisme helvétique, Les Pressesdu Belvédère, 2006.

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Cikuru Batumike, Etre noir africain enSuisse, Editions L'Harmatan à Paris, 2006

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Christian Zilocchi, “Ta gueule, s’il te plaît”Petit guide de survie pour celui qui veut en pla-cer une, Editions Jouvence, 2007

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