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La guerre contre le terrorisme aura marqué un tournant dans l'emploi des explosifs artisanaux, utilisés par les guérillas à une échelle encore jamais vue. Leur détection est devenue une priorité, et a poussé l'armée de l'air à la pointe de cette spécialité que nous vous présentons à travers les commandos cynophiles du CFA 20. Texte et photos : Emmanuel VIVENOT m Au départ, les équipes cynophiles des commandos parachutistes de l'air 20 et 30 furent créées pour assurer la sécurité et les interventions sur les bases de l'armée de l'air en opérations extérieures, les esca- drons de protection des fusiliers comman- dos de l'air s'occupant alors de sécuriser les bases en métropole. Aujourd'hui, tout le monde part en OPEX et les « cynos » des CPA sont avant tout des spécialistes. << On vient de restructurer nos équipes en grou- pes de six. Nous devons pouvoir foumirtrois maîtres-chiens pour un groupe à 24 com- mandos, de façon à assurer la disponibilité permanente d'un groupe à douze soldats comprenant une équipe cyno », explique Momo, le sous-officier qui chapeaute le groupe cynophile du CPA 20. Placées di- rectement sous le commandement du chef du CPA 20, les équipes cynophiles ne font pas partie des compagnies « Normandie » ou « Picardie ». Elles sont détachées auprès de chacune d'entre elles en fonction de leurs besoins opérationnels. Par cette froide matinée de janvier, les cynotechniciens commencent une série d'exercices visant à les préparer pour leur mission en Afghanistan. Ils révisent donc les fondamentaux : reconnaissance d'axe, recherche de cache d'armes, fouille en mi- lieu clos, pistage offensif. Ce dernier atelier est une traque, lors de laquelle le chien est tenu en laisse, prêt à être lâché pour arrêter l'ennemi. « Ça va revenir d'actualité », confie l'un des commandos de l'air. Tous les chiens sont formés sur un tronc commun de patrouille/éclairage. Ils agissent au coup de feu, à l'aboiement et au mordant. Ensuite, ils sont affectés a une spécialité, selon leurs capacités : l'intervention ou la recherche et la détection d'explosifs, arme- ments et munitions. Les chiens d'intervention sont utilisés pour interpeller ou neutraliser un élément hostile, que ce soit dans le contexte d'une patrouille de surveillance sur base, en INVEX lors de la prise d'une zone aéropor- tuaire, ou en combat pour déstabiliser un adversaire retranché, par exemple. « L'essentiel de nos missions est axé sur deux types de compétences : la recherche d'explosifs et de caches d'armes, d'une part, et la reconnaissance d'axes, de zones ou de points particuliers (ponts, carrefours, souter- rains, habitations), d'autre part. Nos chiens de recherche ont fait leurs preuves et sont tout à fait opérationnels en matière d'explosifs. Ils servent également au filtrage d'installations sensibles, ainsi qu'à la fouille de véhicules et de personnels lors des patrouilles que nous menons conjointement avec nos camara- des de l'armée de terre. » L'actualité est suffisamment parlante pour comprendre que la mission la plus exigeante des équipes cynophiles du CPA 20 reste l'Afghanistan. Cependant, leur compétence est bien antérieure et recouvre des domaines variés, comme la fouille opérationnelle spécialisée, la sécu- rité des bases à l'étranger ou la fouille de ressortissants et de leurs bagages lors de missions RESEVAC, par exemple. Elles sont à la fois un outil de recherche mais aussi de dissuasion et de contrôle de foule, qui s'est révélé bien utile autant en Afrique qu'en Afghanistan. « Lors d'une mission au Tchad, raconte Mirko, l'un des maîtres- chiens du CPA 20, je me suis retrouvé seuf- avec mon chien pour assurer la sécurité d'un plot d'avitaillement. On était en pleine cambrousse, les pilotes faisaient leur boulot avec les mecs du SEA, et nous avons vu ar- river une véritable fouie de Tchadiens venus mendier de l'essence avec des bouteilles en plastique. Je n'en menais pas large car ils étaient vraiment nombreux, mais dès que j'ai fait sortir le chien, ils ont reflué d'un seul mouvement, et tout s'est bien passé. » ___________

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Page 1: CPA 20 kutyásai

La guerre contre le terrorisme aura marqué un tournant dans l'emploides explosifs artisanaux, utilisés par les guérillas à une échelle encorejamais vue. Leur détection est devenue une priorité, et a poussél'armée de l'air à la pointe de cette spécialité que nous vous présentonsà travers les commandos cynophiles du CFA 20.

Texte et photos : Emmanuel VIVENOT

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Au départ, les équipes cynophiles descommandos parachutistes de l'air n° 20 etn° 30 furent créées pour assurer la sécuritéet les interventions sur les bases de l'arméede l'air en opérations extérieures, les esca-drons de protection des fusiliers comman-dos de l'air s'occupant alors de sécuriserles bases en métropole. Aujourd'hui, tout lemonde part en OPEX et les « cynos » desCPA sont avant tout des spécialistes. << Onvient de restructurer nos équipes en grou-pes de six. Nous devons pouvoir foumirtroismaîtres-chiens pour un groupe à 24 com-mandos, de façon à assurer la disponibilitépermanente d'un groupe à douze soldatscomprenant une équipe cyno », expliqueMomo, le sous-officier qui chapeaute legroupe cynophile du CPA 20. Placées di-rectement sous le commandement du chefdu CPA 20, les équipes cynophiles ne fontpas partie des compagnies « Normandie »ou « Picardie ». Elles sont détachées auprèsde chacune d'entre elles en fonction de leursbesoins opérationnels.

Par cette froide matinée de janvier, lescynotechniciens commencent une séried'exercices visant à les préparer pour leurmission en Afghanistan. Ils révisent doncles fondamentaux : reconnaissance d'axe,

recherche de cache d'armes, fouille en mi-lieu clos, pistage offensif. Ce dernier atelierest une traque, lors de laquelle le chien esttenu en laisse, prêt à être lâché pour arrêterl'ennemi. « Ça va revenir d'actualité », confiel'un des commandos de l'air.

Tous les chiens sont formés sur un tronccommun de patrouille/éclairage. Ils agissentau coup de feu, à l'aboiement et au mordant.Ensuite, ils sont affectés a une spécialité,selon leurs capacités : l'intervention ou larecherche et la détection d'explosifs, arme-ments et munitions. Les chiens d'interventionsont utilisés pour interpeller ou neutraliser unélément hostile, que ce soit dans le contexted'une patrouille de surveillance sur base, enINVEX lors de la prise d'une zone aéropor-tuaire, ou en combat pour déstabiliser unadversaire retranché, par exemple.

« L'essentiel de nos missions est axé surdeux types de compétences : la recherched'explosifs et de caches d'armes, d'une part,et la reconnaissance d'axes, de zones ou depoints particuliers (ponts, carrefours, souter-rains, habitations), d'autre part. Nos chiens derecherche ont fait leurs preuves et sont toutà fait opérationnels en matière d'explosifs. Ilsservent également au filtrage d'installationssensibles, ainsi qu'à la fouille de véhicules et

de personnels lors des patrouilles que nousmenons conjointement avec nos camara-des de l'armée de terre. »

L'actualité est suffisamment parlantepour comprendre que la mission la plusexigeante des équipes cynophiles duCPA 20 reste l'Afghanistan. Cependant,leur compétence est bien antérieure etrecouvre des domaines variés, comme lafouille opérationnelle spécialisée, la sécu-rité des bases à l'étranger ou la fouille deressortissants et de leurs bagages lors demissions RESEVAC, par exemple. Ellessont à la fois un outil de recherche maisaussi de dissuasion et de contrôle de foule,qui s'est révélé bien utile autant en Afriquequ'en Afghanistan. « Lors d'une missionau Tchad, raconte Mirko, l'un des maîtres-chiens du CPA 20, je me suis retrouvé seuf-avec mon chien pour assurer la sécuritéd'un plot d'avitaillement. On était en pleinecambrousse, les pilotes faisaient leur boulotavec les mecs du SEA, et nous avons vu ar-river une véritable fouie de Tchadiens venusmendier de l'essence avec des bouteillesen plastique. Je n'en menais pas large carils étaient vraiment nombreux, mais dèsque j'ai fait sortir le chien, ils ont reflué d'unseul mouvement, et tout s'est bien passé. »

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DI/CPA

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Ci-dessus.Le chien porte l'arme du pilote, ce qui

permet de lui maintenir la colonnevertébrale droite pour éviter les

blessures à l'atterrissage.

Ci-contre.Lors d'une démonstration, le chienmarque une charge placée sous unvéhicule. Ce cas de figure peut seproduire en Afghanistan, où un blindépris dans un embouteillage peut trèsbien être la cible d'une charge collée àl'insu de l'équipage.(Photo CPA 20)

Ci-dessous.Comme pour le saut en parachute, le

chien peut très bien être transportépar son maître lors d'une descente enrappel, avec les mêmes conditions deconfiance entre le « cyno » et l'animal.

(Photo CPA 20)

1

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Culturellement, le chien inspire parfois unetelle crainte que sa seule présence permetde faire la différence.

Ainsi, les équipes cynophiles du CPA 20participent aux tests d'émotivité de la sélec-tion du GIGN, lors de laquelle sont observéesles réactions des candidats face à un chien.A l'image des équipes MASA qui sécurisentles sites et l'événementiel sensibles, les« cynos » ont assuré la fouille de bagageslors du sommet du G8 et de l'anniversairede Verdun.

Une Iraentre I'

La base du travail de recherche est assezsimple et repose sur une association d'idéesentre un objet choisi par le maître commejouet ou « récompense » et les différentesodeurs d'explosifs que l'on va rechercher. Audébut, le jouet se trouve à côté de l'explosif,et l'on exerce le chien à le retrouver. Puis, lemoment venu, on retire le jouet, et le chiencherche l'odeur. Une fois la charge trouvée,on lui donne alors sa récompense pour entre-tenir cette relation entre l'objet et l'odeur.

L'entraînement de base se fait régulière-ment et comporte plusieurs tests : un testde recherche d'explosifs dans un parkingabritant 25 véhicules, dont l'un est piégé ; puisun test de fouille d'habitation, dans un bureauqui contient un ordinateur, lui aussi, piégé ;enfin, une fouille de bagages, lors de l'embar-quement de personnels dans un avion. Maisle maître s'occupe quotidiennement de sonchien et peut étoffer librement l'entraînementde l'animal en fonction de la mission qu'il auraà exécuter, car beaucoup de cas particuliers

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peuvent se présenter en plus de ceux abor-dés habituellement. Il peut ainsi multiplierles éléments qui composent une situationà laquelle le chien sera confronté. Le chiendevient donc un véritable capteur dont il fautconnaître, affûter et entretenir la sensibilité,car c'est d'elle que dépend son efficacité.La plupart des chiens qui intègrent l'arméede l'air viennent du civil, avec une base dedressage (réaction au coup de feu et mordant,appris lors d'un dressage pour la sécurité, parexemple). Ils sont affectés à un soldat pourl'intégralité de leur temps de service.

« Lorsque le chien arrive chez nous, ilest en général âgé d'une dizaine de mois.Commence alors une période préparatoiredite "de débourrage", où l'on va lui faire décou-vrir les choses, pendant deux à quatre mois.Ensuite vient une formation de trois mois àl'Ecole des fusiliers commandos de l'air, quiconstitue le tronc commun patrouille/éclai-rage, suivis de quinze jours de stage pour laspécialité "explos". Ensuite, on va le garderpendant douze mois, durant lesquels on vapratiquer, essayer et driller toutes sortes desituations, de cas de figure différents, quivont permettre au chien de se constituer une

Ci-dessus.Bien que ce mode de mise à terre soit peuemployé au sein des missions du CFA 20,les cynotechniciens peuvent être intégrésau sein d'une équipe chuteurs, si la missionl'exige, et renforcer une équipe Resco ou TACP,par exemple.(Photo BA 123/CASV)

Ci-contre.Récupération du chien au sol après

l'atterrissage. Parachuter une équipe decommandos comptant un cynophile implique

au moins un chuteur breveté tandem.

"base de données" sensitive, qu'il va mettrerégulièrement à jour avec un drill cyclique. Ilfaut le confrontera différents types de terrains,en forêt et en milieu urbain, chemin de fer,installations diverses et variées, par tempschaud, par temps froid, sous la pluie, avecd'autres odeurs parasites, etc., de façon à cequ'il s'habitue à faire le tri et qu'il ne se laissepas perturber le jour où l'on en aura besoin.Ainsi, il développe véritablement son flair etsa connaissance de l'odeur que l'on va luidemander de chercher. Il doit pouvoir la dis-tinguer dans toutes les conditions et ne passe laisser distraire. La température, l'hygro-métrie, la durée entre la pose de l'explosif etl'arrivée du chien, la quantité utilisée, la pro-

fondeur à laquelle elle est enfouie, tout celaentre en ligne de compte dans cette "culturede l'explo" que l'on inculque à l'animal. »

Au bout de ces douze mois d'entraînement,le chien suit un stage de perfectionnementd'une semaine, avant de se présenter à sonévaluation finale, d'une durée de deux jours,à laquelle il n'aura droit qu'à un échec. S'ilréussit, il est considéré comme étant opéra-tionnel et peut commencer à servir aussi bienen France qu'en OPEX.

Du côté des maîtres, la sélection inter-vient dès les classes à l'Ecole des fusilierscommandos de l'air (EFCA), où sont repérésles éléments correspondant au profil d'unmaître-chien. Le postulant à la spécialité

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cynophile doit aimer le travail avec l'animalet faire preuve d'une discipline supérieure,car un chien, c'est aussi un être vivant donton doit s'occuper quotidiennement ; ce quiimplique un sens des responsabilités et unestabilité émotionnelle accrus. Pas question dese laisser aller et de déserter sans prévenir,alors qu'il faut sortir et nourrir quotidienne-ment son compagnon d'armes, surveillersa santé et entretenir ses capacités. Dureste, la composante NEDEX du métier decynotechnicien, dont les éléments suiventun stage Reco NEDEX de deux semai-nes, constitue une spécialité technique quiréclame de la patience.

Un chien travaille en moyenne deux heu-res, puis on le repose entre cinq minutes etune demi-heure, et ainsi de suite. De cettemanière, on peut le faire travailler environhuit heures. Au bout de huit ans d'activité,les chiens sont réformés et retirés du service.

Ils se voient attribuer un matricule et peuventrecevoir des décorations. Ils sont considéréscomme des soldats à part entière. Si les aléasdu service laissent un chien seul, il sera réaf-fecté à un autre soldat qui devra recréer unlien avec l'animal et apprendre à le connaître.Si c'est le chien qui quitte le service avant lemaître, ce qui est le plus courant, celui-ci severra affecter un nouvel arrivant dont il assu-rera la formation depuis le départ.

A l'épreuvedu terrain afghan

En Afghanistan, les équipes cynophilesseront employées de manière croissantedans la spécialité de recherche d'explo-sifs, aussi bien en patrouille pour fouillerindividus, véhicules et habitations que pourla fouille de personnels et de véhicules àl'entrée des bases.

Aujourd'hui, les « cynos » accompagnentles groupes de combat en patrouille dansles montagnes afghanes, où ils effectuentégalement des reconnaissances d'itinéraires.« Face au vent, un chien bien entraîné peutdétecter une charge jusqu'à 300 mètres enavant de sa position. Sansvent, celatombeà100 mètres. L'avantage du chien est qu'il peutratisser rapidement une zone gigantesque,de l'ordre de SOOnfen dix minutes », expliqueMirko. Selon la charge enfouie, 250 mètresd'avance peuventtoutjustesuffireàéchapperaux effets de l'explosion en cas de déclen-chement impromptu. « Les procédures OTANsont claires : dès qu'un IED est détecté, onforme une bulle de sécurité dans un périmètrede 250 à 500 mètres, puis on appelle les EOD,voire la QRF si besoin est, avec interdictiondes accès et évacuation des habitations. »L'accent est mis sur le respect de la procédureNEDEX, avec appel de l'officier d'incident etde la QRF.

De même que les TACP de l'armée del'air, les « cynos » représentent donc unatout pour leurs camarades « terriens »dans l'accomplissement de leur mission.« Envoyer le chien évite de nous exposer,c'est certain. Mais c'est surtout pour sa rapi-dité et sa souplesse d'emploi qu'il représenteun tel intérêt pour nous. »

Ci-dessus.Exercice de reconnaissance dans un fort. Le

maître-chien se trouve en avant du groupe, quiassure la couverture des angles pendant la

phase de recherche.

Ci-contre.L'image même du travail de recherchecynophile : le maître invite son chien àfouiller soigneusement le sol, de même queles hauteurs et autres murets qui pourraientrenfermer un explosif ou une cache.

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Voici ce qui pourrait ressembler aune patrouillede sécurité sur base, avec éléments cynophilesdébarqués. Le chien est à même d'être lâchépour faciliter la maîtrise d'un indiviàu.

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Armementet équipement

des équipescynophiles

Hormis les équipements spécifiquesaux maîtres-chiens, réduits à une longe,un jouet et des véhicules civils utilitairesaménagés avec des cages, les << cynos »sont dotés comme les autres commandosdu CPA 20. L'armement de base est leFAMAS en 5,56 mm avec pointeur laser etred dot Aimpoint COMP M2, récemmentremplacé par le HK 416, ainsi qu'un PA9 mm MAS G2 en double dotation. Aucunfusil ne comporte de M203, ce qui nesemble pas manquer. « Les Américainsutilisent des grenades de 40 mm, maisje préfère les grenades à fusil. Elles sontplus lourdes à transporter, mais elles sontplus puissantes et plus précises que lesgrenades de 40. Pour déloger un tireurembusqué, il n'y a pas mieux », certifieMomo, responsable du groupe cynophiledu CPA 20.

Les équipements de combat consistenten un gilet Ciras, emportant des plaquesde Kevlar (protection balistique de ni-veau 4 selon le STANAG 4569), avec unchest webbing Rhodesian Recon Vestet un ensemble de poches Molle pourchargeurs, grenades, kit de premierssoins et autres outils, le tout fabriqué parEagle Industries. Les casques sont lesSpectra réglementaires dans toute l'arméefrançaise, complétés par des masquesbalistiques ESS.

Equipe cynophile du CPA 20, vue sur unexercice de recherche d'IED. Le binôme maître

et chien est utilisé tant pour les missions OTAN(OMLT, force protection) que pour la Resco ou

les TACP de l'unité.

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Puma, l'un des chiens du CPA 20, a été décoré dela Valeur militaire et de la médaille de la Défense na-tionale, pour son efficacité lors de plusieurs périodesen Afghanistan, totalisant ainsi plus de dix-neuf inter-ventions ayant mis à jour des RCIED1 et des cachesd'armes. « Un jour, il en a trouvé une qui renfermait degrosses quantités de RPG-7 ainsi que des caisses àmunitions, le tout piégé par grenades. »

Momo poursuit : « En Afghanistan, j'emportais sixchargeurs pleins sur le brêlage, plus douze supplé-mentaires dans le sac à dos, avec encore 1200 coupsnon grailles, six grenades à fusil, mon PA et parfois unfusil à pompe Beretia, Lors d'une patrouille, je me suisretrouvé en appui de mes camarades accrochés parles talibans, et j'ai vidé tous mes chargeurs en moinsde dix minutes. Les appuis sont très importants dansce type d'action, notamment les tireurs de précision, quipeuvent sérieusement peser dans la balance. Et unefois l'action commencée, il y a deux choses auxquellesil faut vraiment faire gaffe : la gestion des munitions,qui partent très vite, malgré le nombre de chargeurs, etl'eau. A chaque fois, je me suis retrouvé déshydraté aubout de dix minutes : on apprend vite la leçon. »

Et lorsqu'on leur demande si les chiens supportentbien les rigueurs du terrain, Momo et les autres sontunanimes : « Pour le froid, il n'y a pas de problème, lesbergers belges sont d'une résistance à toute épreuve etsupportent sans souci l'hiver afghan, là où le blizzard etl'altitude mettent à rude épreuve même les plus aguerris

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1. Radio ControlledIED : IED déclenché à distance par radio ou partéléphone portable.

Ci-dessus.Les « cynos » le menottent et ramassent son arme :

l'agresseur est neutralisé.

Ci-contre.Le binôme maître et chien, une symbiose fragile pour unemission très spécifique.

Page de droite.Un commando de la section cynophile avec son chien, en

tenue de combat complète. Il est armé d'un HK 416, qui estvenu remplacer le FAMAS depuis peu.

(Photo BA102)

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d'entre nous. En été, c'est moins évident, maisl'Afghanistan n'est pas le pire endroit poureux, et pour peu qu'on les hydrate correcte-ment, il n'y a aucun problème. Le vrai soucipour les chiens, c'est Djibouti. »

En effet, en Afrique de l'Est, les commandosde l'air doivent être particulièrement attentifsà leurs compagnons canins, encore plusqu'avec les soldats, et il n'est pas rare qu'unanimal ne meure d'un coup de chaleur.

Autre mission d'actualité, la participationau concept de Force Protection (FP), déve-loppé par l'OTAN pour renforcer la sécuritéde ses bases en Afghanistan. La FP est unerestructuration majeure standardisant les pro-cédures pour correspondre aux besoins desopérations multinationales, et dont le principeconsiste à établir une bulle de sécurité de20 km, avec MEDEVAC (évacuation sani-taire), drones et EOD. Les « cynos » des CPA

sont partie prenante de cette tâche qui lesverra mener des patrouilles blindées autourdes bases à la manière du RAF Régiment,à ceci près que ce dernier ne dispose pasd'équipes cynophiles, qui seront fourniespar les CPA lorsqu'ils prendront la mission,notamment à Kandahar et à Kaboul.

Une autre mission à laquelle lescynotechniciens des CPA participent deplus en plus est celle concernant la fouilleopérationnelle, pour laquelle sept maîtres-chiens ont été formés à l'Ecole du génie avecle 17e RGP, les 1er et 2e REG, afin d'assisterles fouilles de caches d'armes.

Chaque année, les « cynos >> et leurs ca-marades Resco et TACP s'entraînent avecle groupe aérien européen lors de l'exercicefranco-anglais Volcanex, qui vise à travaillerl'interarmes multinational et à échanger avec

des unités équivalentes des pays de l'OTAN.Comme les autres commandos de l'air, lesmaîtres-chiens exploitent la moindre sortiesur le terrain pour en tirer une expérience.« Les instructeurs de l'EFCA s'intéressent àce qu'on fait et utilisent notre expérience pourétoffer leurs stages », confirment-ils.

Au même titre que leurs camarades Resco,TACP et OMLT, les « cynos » ont le venten poupe avec l'Afghanistan, et ils mettentà profit cette diversification de leurs mis-sions ainsi que l'utilisation extensive de leurscompétences.

Alors que leur expérience du terrain lesplace en tête des unités cynophiles françai-

ses, le rythme des missions est déjà élevéet ne devrait pas décroître à l'avenir, enparticulier avec le renforcement décidépar l'administration Obama et l'implicationde la France dans l'OTAN. O

Ci-dessus.Munitions découvertes dans une cache

d'armes. De nombreux obus ont ainsiété conservés pour fabriquer des EFP

: (Explosively Formed Projectiles), lesIED les plus dangereux utilisés contre

la coalition.

En haut à droite, de haut et en bas.Fouille de cache d'armes au profit des

commandos Marine. Le chien a flairé lacache à travers la fente visible à l'arrière-plan,alors qu'elle est enfouie sous le sable le long

d'une structure en béton.

Ci-contre.Patrouille de sécurité sur base autour d'une FOB.

Ci-contre, au centre.Butin d'une fouille de cache d'armes incluantRPG, PKM et divers modèles de Kalachnikov.(Photos CPA 20)