courrier des lecteurs reflexion bloc-notes resume de …

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ACTUALITE Quichoisitnotresociétédedemain ? ParM :L .Duboin Aufildesjours par J .-P . Mon Soitditenpassant parG .Lafont Sciencesettechniques Lesoleil,sourceénergétiquedel'avenir parWilliamKlein REFLEXION Petitjeu parMarcelDubois Démographie : Deschiffressurladémographiemondiale parP .Simon Paroled'Enarque ... parH .deJoyeuse Réflexions parA .Chantraine Ouvrezdonclesyeux parH .Muller Chroniquedel'Elysée-Palace parE .Borredon COURRIERDESLECTEURS BLOC-NOTES RESUMEDENOSTHESES

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Page 1: COURRIER DES LECTEURS REFLEXION BLOC-NOTES RESUME DE …

ACTUALITE•

Qui choisit notre société de demain ?Par M : L . Duboin

Au fil des jours par J .-P . Mon•

Soit dit en passant par G . Lafont•

Sciences et techniquesLe soleil, source énergétique de l'avenir

par William KleinREFLEXION

Petit jeu par Marcel Dubois

Démographie :Des chiffres sur la démographie mondiale

par P. Simon•

Parole d'Enarque . . . par H . de Joyeuse•

Réflexions par A. Chantraine•

Ouvrez donc les yeux par H . Muller•

Chronique de l'Elysée-Palacepar E . Borredon

COURRIER DES LECTEURSBLOC-NOTESRESUME DE NOS THESES

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Qui choisit notre société de demain?par M .-L. DUBOIN

NOU S le savons, la société de demain serainformatisée, les investissements en sontfaits . Mais cette société sera-t-elle celle de

l'homme ou celle de l'inhumain ? Le paradis oul'enfer (1) . Le choix est là et tout est encore pos-sible. Mais comment se fait ce choix ?

Nous avons l'exemple, instructif, de deux paysle Japon et le Canada .Au Japon, inspiré par les conclusions du rapport

de Rome, un projet d'une société informationnelle« caractérisée par une florescence de la créativitéintellectuelle humaine » (2) a été élaboré en 1971 .Il prévoyait les moyens de développer les facultéspotentielles de l'enfant et envisageait une nouvelle« éthique centrée sur le contrôle de soi et la démo-cratie pluraliste » . En un mot, ce plan cherchait àmettre l'information au service de l'épanouisse-ment de l'homme, mais sans supprimer la loi dumarché .

Qu'en est-il advenu ? Il a été soumis au gouver-nement, lequel l'a repoussé en le déclarant tropcher et trop ambitieux . Voilà l'exemple d'une nationqui a donné à l'Etat centralisé le rôle primordialdans ce choix de l'avenir . Et cet Etat l'a étudiédans le cadre de la loi capitaliste du marché :

fallait-il investir pour développer l'intelligence, faire fleu-rir la créativité ? Tout cela n'est pas « rentable »,alors c'est « ambitieux » et on ne trouve pas d'ar-gent pour cela . Mais l'Etat en trouvera, par contre,pour acheter ou fabriquer des armes abominables .Au Canada, tout au contraire, la concertation

s'est organisée au maximum . Particuliers ou grou-pes ont fait des enquêtes, ont élaboré des études .Pour les Canadiens : « les communications doivent

émaner du peuple et être établies par le peuple,pour servir le peuple . . . Et si telle est notre volon-té, nous pourrons orienter l'exploitation des nou-velles techniques, dès maintenant et pour lesdix ou vingt prochaines années, vers la mise aupoint de services qui offriront des voies nouvel-les au mieux-être et au mieux-vivre des citoyens . . .Les Canadiens ne peuvent s'offrir le luxe d'atten-dre pour voir où mène la révolution de l'informa-tique ; ils doivent commencer à établir leurs pro-jets et à agir tout de suite, non pas demain . » (3)De nombreuses Commissions se sont intéres-

sées à tous les aspects de la « ville câblée » (trans-mission de la télévision par câbles et non parantennes aériennes) , de l'ordinateur et de sonincidence sur la vie privée, des rapports de latélécommunication et des arts et ont imaginé tousles moyens d'effectuer une utile et rapide transfor-mation des communications . Les autorités ontmême tenu à donner la parole au public pour bienconnaître les souhaits des intéressés, exprimés pareux-mêmes (2) .

Qu'en est-il résulté ?

On a tout d'abord pu constater que peu de gensont profité des possibilités d'information et dechoix qui leur étaient offerts . Il n'y a pourtant riend'étonnant à cela . L'information est une habitudeà prendre, le désir de juger et de décider s'apprend,ce qu'omet systématiquement de faire la sociétémarchande qui compte sur la publicité pour créerdes besoins et trouver ses cibles .

Mais il y a plus grave encore, et plus édifiant .« Le véritable écueil de l'informatisation au Canada,c'est la télévision par câble », constatent Lorenziet Le Boucher . Ils expliquent que le remplacementdes antennes par des fils a permis de multiplierles chaînes, ce qui aurait pu être un mieux, maisa abouti finalement à une importation accrue deprogrammes de la télévision américaine . Au fond,le public n'était pas mûr pour juger, il a cédé à latélévision commerciale . « Même risque » ajoutentles auteurs de « Mémoires volées », « pour l'infor-matique de ce pays, qui est très largement soumiseà la domination du grand frère du Sud, faute d'unpotentiel industriel indépendant » .

Voilà un exemple riche d'enseignements à tirer .Tout est là : la décision appartient en ce monde àceux qui tiennent le marché, et cela est lourd deconséquences. Laissons encore nos auteurs con-clure eux-mêmes : « Ceci veut bien dire que lameilleure volonté du monde ne tient pas un instantdevant la puissance économique des multinationa-les de l'informatique et de l'audiovisuel » .

Et en France ? Dans ce pays des Droits de l'Hom-me, aucune consultation n'est ouverte . Le colloquegouvernemental « Informatique et Société » ne futqu'une entreprise destinée à conditionner les ciblescommerciales que nous sommes .

La politique de nos dirigeants, en ce domaine,n'en est pas une car elle flotte au gré des pressionsfinancières . Il suffit de se rappeler l'épopée du (oudes) « Plan Calcul » destiné à maintenir sous con-trôle national l'industrie de l'informatique utiliséen France, de sa conception à son utilisation, enpassant par toutes les fabrications concernées .Tout se fit (4) de façon plus ou moins occulté . . . etaboutit lamentablement au torpillage de l'ordina-teur français par la « fusion » de la C .I .I . avecHoneywell Bull . Il apparaît donc que ce sont lesgrosses « boîtes » américaines qui décident, àl'heure actuelle, de notre mode de vie de demain .De même que ce sont quelques gros industrielsdu nucléaire qui ont fait le choix du « tout nucléai-re », que le gouvernement s'applique à nous prés

enter comme une nécessité. Voici encore une foisla preuve que le véritable pouvoir est détenu enfait par les banques et les gros actionnaires quidétiennent quelques gigantesques industries .

(SUITE PAGE 4)

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PETIT JEUpar Marcel DUBOIS

N OUS attirions tout dernièrement l'attention desgroupes écologistes sur la nécessité absoluede changer de régime économique si l'on

souhaite vraiment donner une efficacité réelle auxefforts entrepris pour la protection de la Nature etl'amélioration de la qualité de la vie . Nous allonsaujourd'hui revenir sur ce sujet, en empruntant àl'actualité quelques exemples typiques de la véri-table paralysie résultant de contraintes inhérentesau dit régime et qui disparaîtraient totalement enEconomie des Besoins .

PROTECTION DES ESPECES ANIMALES

Chacun connaît l'histoire des bébés-phoques,dont la destruction insensée continue en dépit detoutes les campagnes à grand spectacle lancéesces dernières années . Mais, dans une émission detélévision du 4 septembre 1979 sur Antenne 2,l'explorateur P.-E . Victor évoquait un autre drame,moins connu du public : le massacre des grandesbaleines dont il resterait environ 200 000 exem-plaires sur plus d'un million . Malgré les accordsinternationaux, et l'interdiction théorique des navi-res-usines, les pirates continuent leurs ravages entoute impunité, et le Commandant Cousteau, aucours de la même émission, déclarait avoir ren-contré seulement 2 baleines et presque plus dephoques en trois mois de voyage dans l'Antar-ticque .

LA CRISE DU PETROLE

Quant aux problèmes énergétiques, tarte à lacrème de la grande presse et des médias, ils sontpeut-être encore plus typiques .

Il y a plus de 20 ans, nous dénoncions déjà dansnotre journal l'absurdité d'une politique conduisant,pour des motifs de pure rentabilité financière, àorienter délibérément toute la production d'énergieélectrique sur le pétrole sous prétexte que le prixdu kilowatt ainsi obtenu était inférieur à celui dukilowatt hydraulique ou marémotrice .

Mais voici qu'aujourd'hui, devant l'escalade duprix du baril d'or noir, le même raisonnement incitenos dirigeants à miser sur le tout-nucléaire . Et dansune émission sur FR3 (1), M . Chapuy, Directeurd'EDF, précisait que depuis 1978 le kilowatt d'ori-gine nucléaire était devenu compétitif avec un prixde revient de 10 centimes, contre 14 centimes pourle kilowatt des centrales au charbon et 16 centimespour celui des centrales au fuel . Voilà pourquoi onpasse outre aux risques de fuites de radiation etaux dangers du stockage des déchets inutilisables,dangers pourtant mis en évidence, au cours de lamême émission, par M . Gauvenet, directeur géné-ral du Centre d'Etudes Atomiques . Voilà pourquoi« Le Figaro » ( 2) ose avouer : « Faudra-t-il sacrifier

des installations de sécurité très chères pour ren-dre le kwh produit par Super Phénix compétitif ? » .Pourtant, il eut été parfaitement possible de réser-ver les centrales nucléaires à la seule productionde l'accroissement de consommation d'énergieélectrique du pays, accroissement très contrôlabledans un régime économique permettant l'élimina-tion des gaspillages et de l'actuelle fuite en avantpour échapper au chômage .

Et puis, c'est au tour du « Figaro » (3) de nousavouer les véritables motifs de l'étonnant succèsdes récents forages de pétrole et de gaz sur leterritoire métropolitain . Devenue rentable, la pro-duction française de pétrole (1,1 million de tonnes)va vraisemblablement doubler ; le gisement dePécorade fournira 600 000 tonnes de gaz par an,prenant ainsi le relais de Lacq . On va égalementintensifier les recherches sous-marines en merd'Iroise et dans le Golf de Gascogne : P.-E . Victorrappelait pourtant en septembre dernier que lesforages off-shore sont extrêmement dangereux etpourraient déclencher une catastrophe mondialeplus grave qu'un cataclysme nucléaire .

Les esprits réalistes nous rétorqueront que nousn'avons pas le choix, et c'est hélas vrai dans lecadre du système économique actuel . Mais faut-illeur rappeler, comme le soulignait Edouard Sablierdans sa chronique radiophonique du 29 juin 1979,l'écrasante responsabilité des grandes compagniespétrolières américaines dans la hausse des prix dupétrole, et le rôle néfaste des achats américainssur le marché noir de Rotterdam subventionnéspar une prime de 5 % du Président Carter aux im-portateurs de pétrole ?

LA VOITURE ELECTRIQUE

Unes des solutions possibles à la crise du pétroleserait bien évidemment la généralisation des véhi-cules électriques . Pourquoi les pouvoirs publicsn'agissent-ils pas dans ce sens, ni en France, ni

dans les autres pays ?Voici les explications données par « Le Figaro »

(4)« Depuis des années, on en parle . Même avantla crise du pétrole, il était question de ce fameuxvéhicule électrique qui présente, dit-on, tous lesavantages : silencieux et non polluant . En fait,que constate-t-on ? A Paris et dans la région pari-sienne, 300 bennes électriques assurent la col-lecte des ordures ménagères . Mais cet achatn'est pas renouvelé - ce matériel dure long-temps et la société qui les fabriquait, la SOVEL,filiale de SAVIEM, a dû arrêter sa production,faute de commandes . Son équipe technique a étéreprise par Renault Véhicules Industriels etaujourd'hui la SITA (Société industrielle de trans-ports autonomes), qui construit des bennes àordures, a réalisé un prototype électrique .« Va-t-elle le vendre ? Les responsables desmunicipalités ne sont pas encore convaincus del'intérêt de ce matériel : il a l'inconvénient de

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coûter un peu plus cher à l'achat, 1,7 fois plusqu'un véhicule thermique. C'est dur pour lesfinances municipales budgétisées annuellement .Même si la durée de vie de ces véhicules est dedeux fois à deux fois et demie plus longue queles autres .• Les mêmes problèmes se posent pour les auto-bus . Ainsi jusqu'à présent, un seul maire, JeanRoyer à Tours, s'est lancé à fond depuis 1976dans l'expérience . Il a réinvité le 18 décembre1979 dans sa ville les municipalités pour en par-ler. Il projette lui-même de faire rouler 30 auto-bus locaux au moyen d'électricité, produites pardes turbines placées sur le Cher . Il veut aussifaire marcher des véhicules municipaux à l'alcoolproduit par une distillerie alimentée en chaleurpar l'incinération des ordures ménagères .• En fait on en est encore au stade expérimen-tal . Les batteries d'accumulateurs au plomb neprésentent que des performances médiocresmoins de 100 km d'autonomie . Les nouvellesbatteries au nickel, plus intéressantes, sont 3fois plus cher et en France les recherches surles piles à combustible ou les accumulateurssodium-soufre n'ont pas encore de débouchésindustriels . Peut-être en 1985 ?• Pour l'instant les projets français ont consistéà lancer un concours international pour des four-gonnettes et des camionnettes . Les prototypeslonguement testés ont été réalisés et une com-mande d'un millier de véhicules doit être passéepar les services municipaux, les services d'EDFet des PTT . S'ils sont d'accord .• Au stade de l'expérimentation encore, le minis-tère des Transports a retenu le projet d'un auto-bus à accumulateurs, d'une vingtaine de places,pour assurer notamment la desserte des centresvilles . Ce n'est guère avant 1985 que la commer-cialisation pourrait s'effectuer, et seulementdans les années 90 que la construction en sériepourrait commencer . Quant aux voitures indivi-duelles électriques, leur réalisation semblerepoussée aux calendes grecques . »Comparez avec ce qui pourrait être réalisé en

économie des besoins, et concluez .

NOUS N'AVONS PLUS LE TEMPS

Chacun de vous, en feuilletant la presse ou enregardant la télévision peut se livrer à ce petit jeuet accumuler les preuves du blocus économiqueet financier imposé à toutes les tentatives écolo-giques .

Entendons-nous bien . Les efforts actuellemententrepris sont très loin d'être inefficaces et dansbien des domaines des résultats presque inespérésont été obtenus grâce aux prises de conscienceprovoquées par les déclarations, les écrits et lesactes d'hommes et de femmes courageux, animésd'une foi à toute épreuve alimentée par leursconnaissances scientifiques et leur lucidité .

A une autre époque, et si les dangers pour la

survie de l'humanité étaient moins pressants, ileut sans doute été possible d'attendre que de tellesactions, en se multipliant, finissent par renverserle courant. Malheureusement, nous n'avons plus letemps et il est même déjà trop tard dans beaucoupde domaines où les dégâts sont dès maintenantirréversibles . Pour sauver le reste, l'urgence im-pose de faire sauter tous les verrous, et d'éliminerau premier chef le régime économique actuel, prin-cipal responsable des pollutions actuelles et obsta-cle n° 1 sur le chemin du salut .

Alors, une nouvelle fois, nous invitons nos amisécologistes à nous rejoindre et à combattre avecnous pour un monde plus sensé et plus équilibré,où le progrès technique sera enfin mis au servicedes Besoins de l'homme .

(1) Le 4 mai 1979 .(2) Du 15 décembre 1979 .(3) Du 12 décembre 1979 .(4) Le 8 décembre 1979 .

Qui choisit notre société de demain ?•

SUITE DE LA PAGE 2

Combien dérisoire est un bulletin de vote, unejournée de grève ou un défilé, même « unitaire »,face à une telle puissance occulte !

Et cela durera tant que les Français se désin-téresseront des mécanismes économiques, ou selaisseront berner par des mots ronflants, obscurs,destinés à les convaincre que les lois du marchésont des lois immuables qu'ils ne doivent pasremettre en question, des lois très difficiles àexpliquer, des lois qu'ils sont incapables de com-prendre et que par conséquent ils doivent accepterindéfiniment .A nous de leur ouvrir les yeux !

(1) Voir. G .R . n` 779, l'éditorial dont celui-ci est la suite .(2) Voir « Mémoires volées » par J .-H. Lorenzi et E. Le Bou-

cher, dont nous avons déjà parlé dans le dernier numéro .(3) Dans « Instand World » (un univers sans distance), Rap-

port sur les télécommunications au Canada, Ottawa, 1971 .(4) Voir « French Ordinateurs » de Jublin et Quatrepoint

(éd . A. Moreau) .

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Au Fil des Jours

L'O .C .D .E . retarde d'une cin-quantaine d'années : une confé-rence qu'elle a organisée les 16et 17 avril 1980 a ratifié le prin-cipe élémentaire du « droit autravail » pour tous, hommes etfemmes .Dès 1934, Jacques Duboin

avait changé le « Droit au tra-vail » qu'il avait créé en « Droitau revenu garanti » ou écono-mie distributive .

Exode cubain . - 10 000, 50 000indésirables ou indésirés ontpris le large et leurs distancesavec un régime dit « d'oppres-sion », ce qui est peu au regarddes quelques 8 millions deCubains continuant à vaquer àleurs occupations. Dans les paysde « liberté » le taux des mécon-tents atteint de tout autresproportions . Après la révolutioncastriste, les opprimés comp

taient principalement parmi lesmilliardaires américains privésde leurs somptueux palaces, deleurs plages privées, les prosti-tuées, de luxe, les chauffeursde taxis, la maffia des jeux, lescommerçants et les ex-grandspropriétaires des plantations .

Si, en raison du blocus écono-mique de la part des Américainset des accidents survenus auxrécoltes, du départ d'un certainnombre de cadres et d'une insuf-fisante qualification de la main-

-d'oeuvre, le décollage de l'éco-nomie cubaine accuse aujour-d'hui un certain retard, du moinsles Cubains sont-ils libres, au-jourd'hui, de nourrir leurs famil-les, de se soigner, de s'instruireet de se loger . Et ils votent .

A tout prendre, il semble que

les Cubains soient plus libresque les clandestins mexicainstravaillant à Los Angelès, jouantà cache-cache avec les autori-tés. Dénuée de scrupule, la libreentreprise profite de la situationpour exercer un chantage surleurs salaires. Pour ces gens lemot liberté ne saurait guèreavoir de sens .Ce mini-exode cubain aura

servi de support à un délire depropagande anti-castriste . Quiprétendrait que les libertésétaient mieux garanties à l'épo-que du régime pourri et dictato-rial de Baptista ? Nombre deréfugiés s'imaginent-ils que l'ac-cueil qu'ils reçoivent dans lescamps de transit du Costa-Rica,perdurera lorsqu'ils devront s'in-tégrer à la dure réalité du libé-ralisme yankee, l'un des pluscruel, des plus déshumanisésdes régimes ?

Des milliers de Haïtiens dé-barquent, chaque année, en Flo-ride, fuyant la dictature qui rè-gne dans leur pays . Mais, ici,pas de tamtam pour ameuterl'opinion mondiale . Haïti n'a pasle régime de Cuba .

(Tiré du Bloc-Note de H . Muller)

Parlant de la militarisation àoutrance qui se développe par-tout dans le monde, capitalisteet socialiste, J . Madaule conclutson article : « Le pouvoir au boutdu fusil » ( Le Monde » du 20-5-1980) :« Si nous ne voulons pas que

l'humanité connaisse, un jourprochain, le plus grand désastrede son histoire, il faut lutteravec lucidité pour le désarme-ment . Cela veut dire sans illu-sion sur les énormes difficultéséconomiques et politiques qu'ilfaudra vaincre pour aboutir, carle militarisme technocratiqued'aujourd'hui est lié à toute latechnostructure de nos sociétés« avancées » .

Si l'on veut aboutir, il fautse mettre de la cire dans lesoreilles pour ne pas , entendre lechant des sirènes qui voudraientnous faire croire que la courseaux armements, ce sont ceuxd'en face qui la relancent quandelle tend à ralentir . Il n'y a pasd'innocents dans cette affaire .

C'est une révolution qu'il fautpartout entreprendre, mais unerévolution tout autre que celledont on nous parle depuis plusd'un siècle . »

Comment on freine le pro-grès : Aux Etats-Unis la méca-nisation de l'agriculture ; se pour-suit à un rythme soutenu . EnCalifornie, depuis le début desannées 60, on utilise des machi-nes à récolter les tomates . Dansde nombreuses universités onpoursuit des recherches où l'ondéveloppe des prototypes demachines destinées à ramasserles laitues, à cueillir les raisins,les melons, à secouer les citron-niers, etc . . .

Cela se traduit évidemmentpar d'importantes pertes d'em-plois dans l'agriculture : de 1964à 1972 le nombre des travail-leurs de la tomate est passé de50 000 à 18 000 ! Ce qui a con-duit le Secrétaire fédéral à l'agri-culture à déclarer qu'il fallaitque le gouvernement supprimeles crédits destinés à des re-cherches qui pourraient priverd'emploi les ouvriers agricoles .

C'est une position qui a aumoins le mérite d'être très clai-re . D'autres, plus hypocrites,nais recherchant le même but,disent que mécaniser l'agricul-ture, « c'est renoncer à une cer-taine façon de vivre » . Le doscourbé sans doute ?

Quelques chiffres d'actualitéFrance : aggravation, du chô-

mage au mois d'avril : 1,7 O/ deplus qu'en mars, soit 6,6 % deplus en un an . Pendant ce mêmeintervalle de temps la producti-vité de l'industrie a augmentéde 6 %, les sociétés produisantplus, avec moins de personnel,et un temps de travail plutôtécourté . Ce qui n'a pas empê-ché les prix industriels d'aug-menter. On accuse bien sûr lahausse du coût des matières pre-mières mais pendant ce tempsles milieux boursiers déplorentle baisse du prix de l'argent mé-tal, le repli des cours de l'étainet l'effondrement du plomb quise trouve à son niveau le plusbas depuis vingt mois . . .

J .-P . MON

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DEMOGRAPHIE

Des chiffres sur la démographie mondialepar Pierre SIMON

IL y a exactement quinze ans, en 1965, les démo-graphesgraphes britanniques prévoyaient qu'il naîtraitdans leur pays 1 150 000 enfants en 1978 . II en

est né en fait 687 000 (soit une erreur de plus d'untiers) . Aucune explication sérieuse ne peut êtredonnée à ce renversement de tendance, qui a d'ail-leurs affecté les autres grands pays européens .Si on considère les graphiques qui montrent

l'évolution de la population des pays, on constatedes variations souvent considérables d'une décen-nie à l'autre. Certains événements majeurs, commeles guerres, expliquent sans doute des change-ments profonds. Mais, là encore, la prudence s'im-pose . Si nous reprenons le cas de la Grande-Bre-tagne, nous constatons que le taux de natalité aconsidérablement chuté pendant la première guerremondiale mais s'est, par contre, assez régulière-ment élevé durant la seconde qui n'était pourtantpas plus joyeuse . Bien sûr, dans les deux après-

guerres, le taux s'est élevé rapidement pendant unou deux ans .Ces remarques ne visent qu'à montrer à quel

point il est difficile de prévoir avec précision l'évo-lution de la population mondiale . Or, cette évolu-tion nous touche tous de près . Quelques milliardsd'hommes ou de femmes en plus ou en moins surla planète et tout peut fortement changer . II fautdonc être très prudent avant d'annoncer ce quesera l'avenir .Certes, des tendances semblent se faire jour ;

des similitudes apparaissent. Ainsi, certains cher-cheurs ont cru remarquer que la natalité avaitencore tendance à croître dans les pays où la popu-lation est en bonne partie rurale et pratique unereligion . La France peut prouver le contraire, lacroissance de la population étant restée voisinede zéro de 1840 à 1950, si l'on ne tient pas comptede l'apport des immigrants .

D'autres pensent que la contraception est res-ponsable de la dénatalité des pays industriels . Or,toujours en Grande-Bretagne, le taux de natalitédans les années 30 n'était pas plus élevé qu'il l'esten 1980 . Ceci semblerait prouver que, si la ten-dance est à la diminution du nombre des naissan-ces les effets sont assurés par des méthodes quel-conques qui, selon les époques, ont pu être l'absti-nence et l'avortement ou la pilule .

A l'échelon mondial, qui nous préoccupe au moinsautant que l'échelon européen, les prévisions fontapparaître, comme on peut s'y attendre que, d'icil'an 2000, les pays développés verront leur popu-lation croître presque imperceptiblement (à condi-tion que la tendance ne se renverse pas dans les

pays où le taux de natalité dépasse 2,1) . Par con-tre, les pays moins développés connaîtront uneexpansion beaucoup plus nette si bien que, en fai-sant une moyenne, on peut dire que la populationmondiale passerait d'un peu plus de 4 milliardsd'individus en 1975 à près de 6,5 milliards en l'an2000 .

C'est beaucoup . En fait, les pays à forte nata-lité ne font pas toujours les efforts nécessairespour faire baisser le taux des naissances . Les gou-vernements s'y heurtent souvent à des taboussociaux et religieux contre lesquels ils sont malarmés pour lutter. Parfois, ces pays connaissentune réelle prospérité économique, comme le Kenya,et ne voient pas de raison de se refuser une popu-lation jeune .

Les organismes internationaux s'efforcent biende promouvoir la limitation des naissances là oùil semble qu'elle s'impose, mais, pour ce faire, illeur faut de l'argent que les pays riches leur ver-sent à regret puisqu'il ne représente pas un inves-tissement direct générateur de commerce .

Est-ce à dire qu'on ne peut guère agir sur l'évo-lution de la population mondiale ? La parole est àchaque pays . A cet égard, l'exemple de la Chineest intéressant. Si elle atteint son objectif d'unenfant par famille, toutes les prédictions sur lesvariations de la population mondiale pourraientbien être déjouées si l'on pense qu'elle a, à pré-sent, environ un milliard d'individus, soit le quartdes hommes .

Plus palpable est le changement survenu à Singa-pour où, selon les statisticiens, la croissance a étéstabilisée en 12 ans, de 1966 à 1978 . De tels résul-tats sont plus facilement obtenus dans des paysde petite taille surtout s'ils se sont dotés de gou-vernements autoritaires .

La solution au problème de la démographie mon-diale viendra peut-être tout simplement de l'évo-lution. Les pays qui entament leur croissance éco-nomique ont en général des taux de natalité élevés .A mesure qu'ils progressent, ces taux devraientbaisser pour rejoindre ceux des pays industrialisés .Malgré cela, il est vraisemblable que la populationmondiale continuera à croître jusque vers 2030 .L'humanité n'a trouvé qu'un moyen de réduire seseffectifs. Puissions-nous en être préservés .

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Soit dit en passant

par Gabriel LAFFONT

LA REPRISE DES « AFFAIRES » 2

On n'est pas encore sorti dutunnel, mais ça vient

. Les « affaires »reprennent. Timidement.On doit peut-être ce démarrage .à M . Alain Peyrefitte qui, désireux de laisser un grand souve-nir de son passage place Ven-dôme et de montrer qu'on ne lepaye pas à roupiller comme unvulgaire balayeur du métro, s'estmis en tête de réformer le Codepénal . Vous ne voyez pas le rap-port ? Attendez qu'on vous ex-plique .

Le projet de réforme du minis-tre, inspiré peut-être de son sé-jour chez Mao-Tsé-Toung - non,il n'y a pas la moindre chinoise-rie dans cette histoire - qui aété soumis à l'approbation dugouvernement, sera discuté enfin de session au Palais-Bourbon .Et s'il n'y a pas un coup fourréd'ici là ou au cours des débats,on espère que la lumière, toutela lumière, sera faite sur « l'af-faire » de Broglie - pour ne par-ler que de celle-là - dont ledossier attend toujours qu'unjuge curieux le sorte du tiroirpoussiéreux où il moisit depuistrois ou quatre ans .M . Peyrefitte entend réveiller

notre Thémis somnolente . La len-teur de la justice, en effet, estl'une des conclusions auxquel-les il s'est arrêté au cours deson enquête : « Il y a actuel-lement 40 000 détenus dont19 000, soit près de la moitiéattendent leur jugement . Ilsattendent parfois plusieurs an-nées » . C'est le ministre lui- même qui nous l'apprend dans

une interview au « Journal duDimanche » . Il n'en dit pas plusmais on devine qu'il serait prêtà nous rassurer en expliquant

Primo, que ces 19 000 détenusen attente se les roulent auxfrais de la princesse, nourris,dorlotés, dans des prisons deluxe (trois étoiles) avec télé encouleurs où nos smigards se-raient heureux de passer leursvacances ; Secundo, que cer-tains hauts personnages impli-qués de près ou de loin dansl'affaire « de Broglie » - entreautres - sont encore en liberté .Soucieux de mettre tout ce

joli monde à l'abri des intem-péries et des accidents, M . Pey-refitte s'inquiète devant l'aggra-vation de la criminalité qui em-plit les prisons au point que l'onrisque de manquer de place . Ilfaut donc accélérer la procédu-re . Comment? Mais en débar-rassant le Code de tout le fatrasdont il est encombré et qui nefait que ralentir l'action judi-ciaire . Notamment, mais sans ledésigner nommément, l'article439 dont on a beaucoup parlé .Ce qui permettrait au Garde desSceaux de remplacer - progrèsoblige - l'éteignoir par le voteà la sauvette. Et rendrait le sou-rire à M . Poniatovski .J'abandonne aux exégètes et

autres coupeurs de cheveux enquatre cet article que l'on vou-drait - je me demande pour-quoi - escamoter, et je livre àvos réflexions le passage de l'in-terview« En France, entre 1972 et 1978le nombre des faits de grandecriminalité a plus que doublé(+ 115,5 %) . Si notre produc-tion avait suivi la même cour-be nous serions aujourd'hui lepeuple le plus riche du mon-de . »

Et alors ? On n'est pas le peu-ple le plus riche, mais on n'estpas des fauchés. Si M . Peyrefitteen doute qu'il demande à Ray-mond Barre . Le premier écono-miste de France se fera un plai-sir de lui apprendre, s'il est debon poil - ça arrive - que,question de pépètes, depuis qu'ilest, lui, à Matignon, la Francen'a pas à se plaindre . Et que, s'illes lâche avec un élastique auxsmigards et autres mendigo-teurs jamais contents, il trouvetoujours le fric nécessaire pourassainir les denrées excédentai-res que l'on ne réussit plus àvendre, ou pour doter de tempsà autre la France éternelle d'unnouveau sous-marin nucléaireen vue du grand feu d'artificede l'an 2000 .

Enfin, pour en revenir au tauxde criminalité, et puisque leGarde des Sceaux aime les sta-tistiques, qu'il se renseigne au-près du ministre du Travail surl'accroissement du chômage .C'est pas meilleur . Il en arriveraà cette conclusion que le nom-bre des sans emploi suit sensi-blement la même courbe quecelui des grands délinquants .

Alors, entre nous, si la sociétélibérale dite avancée n'est mê-me pas foutue de donner du tra-vail avec l'espoir de créer unmonde plus fraternel à tous lesjeunes qui entrent dans la vie,je ne vois pas comment le Codepénal revu et corrigé, même enescamotant l'article 439, feraitde tous les révoltés des agneauxbêlants disposés à se laissertondre .

P.S . - L'article 439, à ce qu'ondit, punit de la réclusion crimi-nelle quiconque aura détruit oudissimulé un document de natu-re à faciliter la recherche decrimes ou délits . Mais qui celapeut-il concerner ?

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Comme il nous l'avait promis dans le derniernuméro, Hilarius emploie le langage des économistesdistingués . . .

PAROLE D'ENARQUE...

La spécificité de notre compétitivité serait unecontre-performance si elle était répétitivitée . Occul-ter le performant de notre module dans notre espa-ce ludique, même en enclos privatif, est une actionponctuelle, du moins optionnelle . Si, à notre brie-fing, sont matériellement représentés des trisomi-ques 21, le contexte fera dispatcher le stress d'unetentative d'autolyse vers le quart monde des caté-gories subéconomiquement chétives

. Cette plate- forme non-phallocratique, dans sa quotidiennetéobsolescente donc antisophistiquée, recherche l'im-pact chez l'être immature . Impulser l'informel dansles infrastructures d'un know-how logistique auniveau du produit lessiviel brut, managé par unparallèle promotionnel de notre timing y comprisdans le tissu urbain . C'est radicaliser et verbaliserles problèmes et, consécutivement, traumatiser lesécurisant par un vecteur protubérantiel .

« Ces mots sont obscurs peut-être ? Ils le sontmoins que je ne l'ai voulu» (Paul Eluard) . Il n'endemeure pas moins qu'à l'avenir et désormais c'estainsi que le filandreux Hilarius va s'exprimer afinde se faire comprendre des éclairés obscurantistesdes « Mass-Média » (un de plus ou de moins . . . !)afin qu'ils daignent aplatir leur regard nébuleux surl'Economie distributive . Les mécontents sont priésde s'abonner au FIGARO (ou aux autres quotidiens,de toutes façons c'est toujours du Hersant) .

Hilarius de JOYEUSE .

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SCIENCES ET TECHNIQUES

Le soleil, source énergétique d'avenir par William KLEINA mesure que les réserves de pétrole s'épuisent et

que les prix montent en flèche, l'énergie solairedevient de plus en plus compétitive . Aujourd'hui .même les pays de la zone tempérée envisagent desatisfaire une partie de leurs besoins grâce à cettesource d'énergie diffuse, mais constante, cependantque les pays en voie de développement situés dansla « zone solaire » voient en elle une ressource éner-gétique de première importance .

Ancien président de l'association internationale del'énergie solaire, le Dr William H . Klein, présidentdu Smithsonian Radiation Biology Laboratory deRockville, Maryland (Etats-Unis), brosse ici le tableaude ce que nous réserve « l'avenir solaire » immédiatet plus lointain . Le présent article est tiré d'une inter-view radiophonique enregistrée lors d'un colloquesur les grands problèmes de l'énergie dans le monde,organisé par l'Unesco en juin dernier à Saint-Jacquesde Compostelle .

L AVENIR de l'énergie solaire réside dans ladiversité de ses applications, tant du point devue technique que géographique . Dans les

petites communautés rurales faiblement peupléesdes pays en développement, elle peut servir àl'éclairage, à la cuisine, au pompage de l'eau et àl'irrigation . Dans le monde industrialisé, on met aupoint des centrales solaires destinées à servir lesbesoins de villes d'une centaine de milliers d'habi-tants .

Pour l'essentiel, ces centrales consistent enune tour ou récepteur central, équipé d'un champd'héliostats qui concentrent les rayons du soleilsur une chaudière . L'eau de la chaudière transfor-mée en vapeur actionne une génératrice qui ali-mente en électricité un réseau de type classique .Un système de stockage permettra à la centrale defonctionner la nuit . Le prototype d'une tour de cegenre est en cours de construction à Barstow, enCalifornie . Il devrait entrer en service en 1981-82 .

Dans un avenir plus lointain, il devrait être pos-sible de fournir de l'énergie à des agglomérationsplus importantes grâce à des installations de typemodulaire auxquelles on ajouterait des élémentsà mesure que les besoins de la communauté aug-menteraient .

Dans les pays en développement, où les petitescommunautés rurales se trouvent à l'écart desgrandes routes et du réseau central d'électricité,on aura recours aux techniques photovoltaïques -qu'il s'agisse de mosaïques bidimensionnelles decellules à silicium, ou de systèmes de cellulessolaires à concentration - pour transformer direc-tement le rayonnement solaire en électricité . Lecourant ainsi obtenu serait suffisant pour alimenterde petits moteurs de 3,5 kilowatts environ, capa-bles d'actionner une pompe pour l'irrigation .

Un panneau de cellules photovoltaïques actuel-lement à l'essai à Mead, dans le Nebraska, assureà la fois l'irrigation en été et le séchage des récol-tes à l'automne en vue de leur conservation .

La réalisation des cellules photovoltaïques estactuellement fort onéreuse : environ 9 dollars parwatt-heure de crête . Mais les recherches se pour-suivent et il semble que d'ici à 1982 on pourraramener leur prix à 50 cents .

L'énergie solaire deviendrait ainsi compétitivepar rapport aux formes d'énergie classiques . Déjàelle soutient la comparaison dans certaines régionsavec le chauffage électrique par effet joule . Et aurythme auquel le prix de l'essence augmente, ellepourrait concurrencer d'ici deux à trois ans lechauffage de l'eau et des maisons .

Les systèmes de chauffage solaire, en usagedepuis longtemps en Australie, aux Etats-Unis, enIsraël et ailleurs, sont en mesure de fonctionnermême dans des pays à climat tempéré, à conditionqu'il y ait un nombre suffisant de journées d'enso-leillement .

Le coût d'installation de ces systèmes - actuel-lement d'environ 2 000 dollars - pourrait êtreréduit de 75 pour cent, à condition de fabriquerdes modèles plus simples, sans dispositifs auto-matiques, fondés sur le principe de la convection .

La transformation biologique de l'énergie solairepar le processus de la photosynthèse fournit cha-que année, sous forme de biomasse, une réserved'énergie égale à environ dix fois la consommationmondiale annuelle . Certes, ce processus a une effi-cacité globale très réduite, mais il existe et peutêtre exploité sur la plus grande partie de la planète .Le bois, par exemple, fournit un sixième des res-sources en combustibles utilisées dans le monde,et environ la moitié des arbres abattus chaqueannée le sont pour les besoins de la cuisine etdu chauffage. Dans les, pays en développement quine sont pas membres de l'OPEP, où résident plusde 40 pour cent de la population du globe, lescombustibles non-commerciaux fournissent sou-vent jusqu'à 90 pour cent de l'énergie utilisée . Ilscomprennent, outre le bois, le fumier et les déchetsagricoles .

Il s'agit de trouver des procédés permettant d'ex-ploiter de façon plus efficace la photosynthèsenaturelle qui, par le passé, nous a donné charbon,pétrole, gaz, bois combustible, fibres et produitschimiques. On envisage par exemple de créer des« fermes énergétiques » où la biomasse serait culti-vée en vue de produire de l'énergie . La Nouvelle-Zélande, qui possède une agriculture très avancéemais une faible densité de population et qui dépen-se une grande partie de ses devises pour acheter

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du pétrole, étudie, semble-t-il, la possibilité d'uti-liser la biomasse comme source de combustible .Le seul problème qui se pose à cet égard est queces projets risquent d'entrer en concurrence avecl'agriculture . Aujourd'hui, les terres arables sontessentiellement consacrées à la production alimen-taire et, à mesure que la population augmentera,cette tendance ne peut que s'intensifier .

Gaz à base de maïs et de . . . choux

Au nombre des produits énergétiques qu'onpourrait tirer de la biomasse, citons l'électricité,l'ammoniaque, le méthanol, l'éthanol et peut-être legaz pauvre . Des études ont montré que la produc-tion de vapeur et d'électricité et la digestion anaé-robique sont les techniques de transformation lesplus réalisables sur le plan économique . Du pointde vue du prix de revient, elles sont souvent com-pétitives avec l'énergie produite à partir de com-bustibles fossiles .

Outre les arbres, on peut envisager comme plan-tations énergétiques divers arbustes et herbes, lesalgues et les résidus de certaines plantes vivriè-res . En Australie, cinq espèces d'herbes sont àl'étude et des résultats prometteurs ont été obte-nus dans certains cas . D'autre part, l'alcool à basede manioc s'est révélé être une solution écono-miquement viable, et des rapports font état desrésultats obtenus avec de l'alcool tiré des pins etdu biogaz à base de maïs et même de choux . AuxPhilippines, une étude a montré qu'une plantationde bois d'un peu plus de 9 100 hectares pouvaitalimenter une centrale à vapeur de 75 mégawatts .

Une autre étude récemment effectuée en Franceindique qu'à long terme le pays pourrait produireà partir des ressources de la biomasse des com-

bustibles liquides et solides, représentant 11 et 14pour cent respectivement de ses besoins globauxen énergie ; le problème de l'utilisation de terresarables reste cependant entier . En Suède, une autreétude souligne que, d'ici à 2015, des plantationsénergétiques occupant 7 pour cent de la superficiedu pays pourraient permettre de subvenir aux deux- tiers des besoins nationaux en énergie.

Cependant, le programme le plus ambitieux aété élaboré au Brésil, où l'on se propose de tirerde l'alcool de plantes telles que la canne à sucre,le sorgho et le manioc . Mélangé à l'essence dansune proportion n'excédant pas 20 pour cent, cetalcool pourrait permettre de satisfaire un cinquiè-me des besoins du Brésil en carburant .La firme Volkswagen met au point un moteur

fonctionnant à l'alcool qui fera l'objet d'essais auBrésil en 1980 .

Des générateurs dans l'espace

Je n'ai évoqué jusqu'ici que des projets terres-tres. Mais si les Etats-Unis construisent une navet-te spatiale et mettent un laboratoire sur orbite au- dessus de notre planète, il serait possible d'envi-

sager une centrale solaire spatiale qui capteraitl'énergie du soleil, la transformerait en électricitéet l'acheminerait à terre à l'aide de micro-ondes .Ce « satellite photovoltaïque » présenterait ungrand avantage : étant toujours tourné vers lesoleil, il en absorberait l'énergie et produirait del'électricité vingt-quatre heures sur vingt-quatre .Aucun système de stockage ne serait donc néces-saire . C'est sans doute une entreprise qui mérited'être envisagée pour l'avenir .

" Cet article est reproduit du n° 747 de « InformationsUNESCO » .

REFLEXIONS par Albert CHANTRAINE

Dans tous les domaines de la production et dela distribution, tout se trouve dans les mains desvrais producteurs, c'est-à-dire dans les mains dessalariés . Le système financier leur met tout dansleurs mains, mais il fait en sorte de ne rien leurmettre dans la tête . C'est cela leur seule puis-sance. Les forces du pouvoir ont pris le plus grandsoin de les conditionner à un système, de façonà ce que tous les hommes, manuels ou intellec-tuels, croient que l'argent est nécessaire pourvivre .

Oui, les salariés ont tout en mains pour préparerla grande révolution pacifique et la noble évolu-tion. Il ne leur reste plus qu'à vaincre leur igno-rance et à bien vouloir se déconditionner .

Mais cela est une autre révolution ! . . .

Nous vivons dans la confusion économique laplus totale . Chacun s'y débat sans bien s'en rendre

compte ou sans rien comprendre, sans en chercherla cause . Et par conséquent sans pouvoir y appor-ter une solution valable .

Nous vivons sans cesse sous l'effet de l'igno-rance héréditaire soigneusement entretenue parles puissances de l'argent .

Comment dessiller les yeux des dirigeants etdes dirigés ? L'homme est prisonnier de lui-même .Va-t-il encore se soumettre longtemps aux imbé-cillités administratives et commerciales ? Va-t-ilcroire à la politique d'aujourd'hui qui n'est en faitqu'une politique d'inconscience ? Va-t-il encore sesoumettre à payer des impôts de toutes sortes quilui créent des difficultés inouïes, des fatigues, desénervements et des pertes de temps ? Va-t-il enfinvaincre son ignorance et sa passivité ? Pourra-t-ilun jour, se servir des puissants instruments qu'ila entre les mains, à savoir les grèves intelligentes,instructives et humoristiques, des grèves qui pro-duisent et distribuent ? Bref des grèves utilitairesqui rendent service à tous les hommes .

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LECTURES

par H. MULLER

Aux Français, Haroun Tazieff recommande

OUVREZ DONC LES YEUX« La chasse au gaspi : un genre de guignolerie . Lajournée du soleil : une faribole. Le rôle du média-teur : de la poudre aux yeux . Partout, on fait sem blant. Le mensonge est devenu un moyen de gou-

vernement. La publicité : elle crée de faux besoinset constitue un intolérable facteur de gaspillage .Les escroqueries cautionnées par l'Etat rempli-raient un bouquin . »Suite de conversations à bâtons rompus, écrit dans

un style sans fioritures, le livre d'Haroun Tazieffrespire la sincérité, rappelant, par le ton, cet autrelivre : La France Pauvre, publié il é a une quinzained'années. Plus qu'un constat c'est un réquisitoire quedresse H. Tazieff à l'encontre de tout ce qui ne vapas dans notre « démocratie » livrée à l'hypocrisie, aumensonge, aux injustices .

Il dénonce avec feu les gaspillages qui permettentau capitalisme d'alimenter ses débouchés industrielset miniers, tandis que le maudit problème, celui durevenu agricole, ne trouve pas d'autre solution quele malthusianisme, la mobilisation des contribuablespour financer les stockages, les exportations, les aidesextérieures et les destructions de récoltes .H. Tazieff ne se prétend pas économiste . Il s'abs-

tient donc de faire référence aux travaux des cher-cheurs en ce domaine. Il é a chez H . Tazieff unmélange de lucidité et d'ingénuité . Lucidité quand ildécortique les tares d'un régime pourri, décadent,exsudant le scandale ; ingénuité quand il croit à unsursaut de bonne conscience pour mettre un terme,sans révolution économique, à cette accumulation deturpitudes dont sont victimes les populations . En fait .les vices de notre civilisation, stigmatisés sans relâchepar l'auteur, sont la conséquence d'une règle du jeu,d'usages monétaires qu'il faut avant tout changerpour que change tout le reste .

Ainsi la pollution est-elle associée au conflit rentabilité-utilité, c'est-à-dire aux usages monétaires eux- mêmes. Pour lors la dépollution n'est rentable qu'au

niveau des entreprises fournissant les coûteux maté-riels d'épuration .

Rappelées dans le livre, certaines propositions del'U.F.C. ont séduit H . Tazieff qui n'en discerne pasl'irréalisme : augmenter les durées d'usage n'est qu'unvoeu pieux face à la rage de vendre laquelle constituele credo de la libre entreprise. N'exigeons pas. demême, d'une entreprise qu'elle s'intéresse aux diffi-cultés de transport de sa main-d'oeuvre . Enfin . l'U .F.C.voudrait ruiner la très puissante industrie des trans-ports routiers au bénéfice du rail et de la voie d'eau .Le morceau est vraiment gros à avaler .A propos de l'information nucléaire : « ce qui

m'inquiète le plus, écrit-t-il, c'est le manque de fran-chise qui caractérise la conception du programme

nucléaire depuis ses coûts jusqu'à ses défaillanceséventuelles » . Et il ajoute : « EDF et l'Etat redoutentà tel point toute clarification qu'ils pèsent d'un poidstrès lourd sur les médias et sur la Presse pour quele silence se poursuive aussi longtemps que se pour .suit la construction des centrales que certains groupesde pression imposent à la nation française . »

Encore à propos d'EDF : « La nationalisation aconduit à une certaine excellence technologique maiselle a permis la trahison des intérêts mêmes de lapopulation au bénéfice d'énormes intérêts privés . »

Selon H. Tazieff les sociétés suisses et américainespratiqueraient une tout autre démocratie ; jugementqu'il convient de nuancer . Le panégyrique des moeurspolitiques de la Suisse, repaire de la fraude mondialeet coffre-fort de l'argent du crime, semble quelquepeu idéalisé . Les hommes d'affaires suisses, en dépitde leur courtoisie légendaire, se sont taillés, dans lemonde, une solide réputation de rapacité. De même,radio et télévision américaine sont peut-être indé-pendantes du Pouvoir politique, mais elles sont soli-dement tenues en main par le Pouvoir économiquelequel commande le Pouvoir politique, quand il nese confond pas avec celui-ci . « En un quart de siècle,dit H. Tazieff, les trusts internationaux ont réduit lesEtats à un rang subalterne . »

L'alternance du Pouvoir tient toujours le blackpower sur la touche . Républicains et démocrates sontpareillement conservateurs, attachés au règne de l'ar-gent. Bien piètre idéal qui débouche inévitablementsur un gaspillage insensé d'énergie et de ressourcesnaturelles. sur des guerres incessantes, indispensablesdébouchés d'appoint pour l'industrie américaine,sources d'énormes profits pour les « intérêts supé-rieurs américains » .

Pour protéger la petite sécurité qu'ils possèdent,observe à son tour Claude Mossé, les gens par paresseont peur de tout. De là résulte l'acceptation silen-cieuse de situations inacceptables dont aucune justicene viendra jamais modifier le cours » .

« Ouvrez donc les yeux » : un livre qui dérange,qui trouble le ronron de la pensée conformiste, unlivre courageux, bravant le Pouvoir, téméraire, auda-cieux dans ses jugements. H. Tazieff dit tout haut etclairement ce que le public, livré au panurgisme, nepeut exprimer au sein d'une démocratie qui tricheavec la règle .

Un livre qui ne connaîtra ni les honneurs d'APOS-TROPHES ni le tremplin de la presse bien pensante .« Ouvrez donc les yeux » ne saurait plaire à ceux dontle souci majeur est d'enfouir dans le sable la têtedes autres .

(1) Par Haroun Tazieff, publié chez R . Laffont, éd ., 1er tr. 1980.

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CHRONIQUE DE L'ÉLYSÉE-PALACE. . .

Confidencesrecueillies parJacques VEAU(ex Bonhomme)Français Moyen

et rapportées parE.R. BORREDON.

BARRE ? NON : CIRCUS !Je pourrais, sans risque d'être

contredit par l'intéressé, attri-buer cette boutade à Cicéron etcontinuant sur ma lancée pré-ciser que Cicéron c'est pointBarre, auquel cas rappelant Tal-leyrand au travers de Cambron-ne, conclure que cela Bas desoie !

Mais glissons sur le contenude ce dernier avec l'espoir quecela nous portera bonheur !Et revenons à nos moutons

quoi qu'en pensent nos amisd'outre-Manche qui n'ont certai-nement pu s'empêcher d'évo-quer Waterloo .

En fait, il m'a paru honnêtede vous donner des précisionscomplémentaires sur ce que leshistoriens de mon présent sep-tennat désigneront sans doutecomme le cas Barre .

Lorsque vous m'avez élu en1974, je pensais sincèrementpossible un redressement rapi-de de la situation économiqueet sociale de notre pays .Après deux ans d'aggravation

que trop d'entre vous étiez ten-tés de mettre à la charge demon incompétence, j'ai dû merendre à l'évidence que je nepourrais plus m'en tirer qu'en

me mettant à l'abri d'une per-sonnalité providentielle d o n tpersonne ne serait en mesurede contester l'autorité .

Et c'est ainsi que j'ai été ame-né à faire appel à la sommitéqui est depuis mon Premier Mi-nistre et qui le restera, du moinsje l'espère, jusqu'à la fin de cesacré septennat .

Voici d'ailleurs ce qui a em-porté ma décision . Je cherchaisnaturellement l'homme idoineparmi les spécialistes des scien-ces économiques, me réservantle social qui est tout de mêmedavantage à ma portée . Je prisdonc connaissance de leurs pu-blications caractéristiques etcelle qui me frappa le plus futjustement le Précis d'économiepolitique du professeur de laFaculté de Droit et des Scienceséconomiques de Paris, RaymondBarre .Je dois cependant avoue r

qu'ayant entrepris de lire etd'assimiler cette oeuvre fonda-mentale, je n'ai pu en dépasserles deux premiers titres sur laquinzaine qu'en comporte l'ou-vrage .

Il m'est apparu qu'il s'agissaitd'une laborieuse compilation,consciencieuse et appliquée,mais indigeste et sans ouver-

ture d'esprit, sans créativité, etprésentant sans doute peu d'at-trait pour les étudiants qui sui-vaient les cours de son auteur .Si un tel enseignement avait

figuré au programme de Poly-technique, je crains bien que jen'aurais jamais été admis auconcours de notre prestigieuseécole ! Mais tout cela m'a con-firmé dans le choix d'un PremierMinistre dont j'étais assuré quenul, parmi les autres membresdu gouvernement et les élus dela nation, ne serait en mesure,en se référant à son oeuvre, decontester la compétence .

Sur ce point, comme nous leconstatons depuis quatre ans,je ne me suis pas trompé .

Notre économiste distinguépoursuit sa route, sûr de lui etde sa doctrine, buté sur les con-cepts d'une économie de marchébasée sur la rareté et la concur-rence sauvage, ignorant avec unorgueilleux dédain, quand il n'estpas méprisant, les réalités hu-maines et techniques qui con-damnent tous les jours davan-tage ses conceptions .Je ne donnerai pour exemple

de ce comportement que la su-perbe ignorance réservée parson enseignement au pionnierde l'économie distribution Jac-ques Duboin, dont les conféren-ces et les ouvrages ont cepen-dant marqué la moitié de cesiècle .

Mais Jacques Duboin n'étaitni professeur, ni philosophe . Sonraisonnement était à base d'in-telligence, de bons sens et d'hu-manité, ce qui lui enlevait d'offi-ce toute valeur .

Où irions-nous si la totalitédes êtres humains pouvait béné-ficier des facilités de vie quidevraient raisonnablement dé-couler des progrès des techni-ques de production et de distri-bution, et s'il n'y avait plus enconséquence, d'intérêt majeuraux promotions sociales par lesavoir faire et le savoir combi-ner, dont je suis personnelle-ment, je le crois, un exempleparticulièrement convaincant ?

Que vous n'avez pas manquéde sanctionner par le vote qui,en 1974, m'a porté à la Prési-dence de notre République .

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